Au Parloir - Épisode #1 Jean-Louis Lévesque 1/2
Episode Date: July 14, 20231er parie de L'épisode 1 avec Jean-Louis Lévesque Un homme condamné à vie pour meutre nous raconte son histoireHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'infor...mations. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Transcript
Discussion (0)
Bonjour, ici Cédric Bergeron et je suis vraiment content de vous présenter le premier épisode de mon podcast Au Parloir.
Un podcast où on reçoit des gens qui ont été touchés de près ou de loin par le milieu carcéral.
Aujourd'hui, j'ai reçu M. Jean-Louis Lévesque, un homme de 81 ans qui a été retrouvé coupable de meurtre.
Il a fait un peu plus de 17 ans derrière les barreaux après avoir été sentencé à vie.
On a parlé pendant
près de deux heures, moi et M. Jean-Louis. C'est pour ça
que j'ai coupé le podcast en deux.
Donc, aujourd'hui, je vous présente la première partie
du podcast. Et
si t'aimes le podcast, n'hésite pas
à le liker, à le partager,
à en parler,
à t'abonner aux pages. C'est un podcast que je
produis 100% moi-même. Donc, ça va
m'aider pour pouvoir produire d'autres épisodes. Et moi, je ne suis pas nécessairement d'accord
avec les gestes, les idéologies ou les termes utilisés par mes invités, mais la chose
est sûre, c'est que je suis une personne qui prône la liberté d'expression. J'aime
les gens francs, qui parlent avec leur cœur, et ça, je l'ai eu avec M. Jean-Louis.
Bienvenue au Parloir. Bonjour M. Jean-Louis. Bonjour. Sous-titrage Société Radio-Canada une fois par mois. Vous êtes un de mes locataires. J'ai acheté un immeuble et vous étiez
locataire. On se parlait
une fois par mois parce que
je venais vous voir. Vous me racontez
toujours un petit peu de votre histoire que je trouvais
super intéressante. Puis vous êtes
en fait
la moitié de la création
de ce podcast-là, dans le fond.
Vous êtes l'inspiration de ce podcast-là
parce que vous me parliez toujours
de votre histoire que je trouvais
intéressante, un univers
très peu connu de la plupart
des gens.
Donc, c'est ça.
On est au Parloir, on reçoit M.
Jean-Louis Lévesque,
qui va nous raconter, dans le fond, son histoire,
son passage
dans l'univers carcéral québécois-canadien, dans le fond.
Fait que présentez-vous, racontez-nous un peu votre histoire.
On vous écoute, on va se parler, on va se poser des questions.
On oublie les caméras, on oublie le micro, on se parle comme quand je viens chez vous chercher le loyer.
À chaque fois, depuis que j'ai décidé de partir de ce projet-là, M. Jean-Louis me parle.
Je dis, dites-moi ça, pas trop. On veut garder ça
pour le podcast. Je veux pas trop en savoir
parce que je veux vraiment poser des questions
sur le fly.
Vous venez d'où? Vous êtes dans quelle
année? Vous avez grandi
dans quel coin? Tout ça.
Je suis natif de la Gaspésie.
Je suis venu au monde
en 1942. J'étais un enfant de la guerre. Mon père était en guerre quand ma mère était… mais il a été dischargé par rapport qu'il avait les pieds plats. Il est revenu à la maison. Mais ils faisaient des... Saint-Jobbeur, ils prenaient des contrats des coupes de bois.
OK.
Puis, si ma mère ne faisait pas la cuisine,
il n'y avait pas de bûcheron.
Fait que t'es une bonne cuisinière.
Oui, excellente.
Ça fait que j'ai été élevé en plein milieu d'un bois.
OK.
À peu près cinq à six mois par année.
Puis c'est les bûcherons qui m'ont élevé.
J'ai peut-être eu
peut-être dix pères dans ma vie.
Parce que ma mère,
elle n'avait pas le temps de s'occuper de moi.
Elle faisait la cuisine peut-être
pour quinze, vingt hommes.
Dans le fond, votre père était un peu comme le
« farman » des bûcherons. Les bûcherons venaient travailler
puis votre mère s'occupait.
Elle faisait la cuisine. Les bûcherons s'en travailler, puis votre mère s'occupait, puis on s'entendait.
Je faisais la cuisine.
Les bûcherons s'en mangent, là.
Oui, oui, puis il fallait qu'ils mangent bien.
Mais il y en a tout le temps un ou deux qui restaient dans le camp,
parce qu'il y en a tout le temps un qui s'occupait de moi.
Je changeais les couches, je changeais tout.
La chanson de Tex Lecor, de Noël au camp,
j'ai appris à sacrer avant de marcher.
Des fois, ça se peut que je n'échappe pas.
Ici, on est sur Internet,
des crises d'écolistes.
On a le droit d'aider.
Il n'y a pas de censure ici.
À l'école, c'était excellent.
Je n'ai jamais étudié.
Mais ça vient-tu d'éducation, des boucherons?
J'ai eu peut-être dix sortes d'éducation.
Je n'ai jamais eu la même.
À l'école, je n'ai jamais étudié.
Puis j'étais tout le temps premier.
Fait que là, on parle, mettons, jusqu'à...
Virons quel âge, ça veut dire?
Jusqu'à 12 ans.
À 12 ans, j'ai été déraciné de la Gaspésie.
Mon père, il avait trouvé un emploi à Vallée-Fille.
OK, Espald, on est dans le même coin, là.
Puis, rendu à Vallée-Fille, il OK, Espoir, dans le même coin, là. – Puis,
rendu à Vallée-Fille,
il y avait une ruelle en arrière.
J'avais peut-être 13 ans.
Mais à 13 ans, là,
mais
j'ai toujours pris soin des démunis.
Ceux-là qui n'avaient pas de défense.
Moi, à l'école, là,
je n'ai battu un bon paquet.
Moi, le gars qui voulait
brosser un autre
qui n'avait pas de défense,
il vient t'en prendre
à moi.
Là, les gens voient aussi, mais
vous êtes une personne pas très grande,
pas très massée.
Non, 5 pieds 6, puis je pesais 140 livres.
Mais il y avait du stock dans la machine.
Mon père, mon frère
ils pèsaient en haut de 200.
Mon père était fort comme un bœuf.
On avait un station wagon
66,
si je me rappelle bien.
Il levait le devant.
Les deux tailleurs,
il partait de terre en avant.
Puis mon frère,
il était fort lui avec. Avec mon frère, bien, il était fort, lui, avec.
Avec mon frère, bien, il est devenu éditeur.
OK. OK.
Puis moi, bien, j'ai fait de la boxe.
J'aurais pu être dans Golden Glove,
mais j'ai commencé à prendre un coup, j'avais 14 ans.
OK. Mais juste parce que vous me dites, là, à 13 ans,
fait que, mettons, école secondaire,
si on peut dire. Oui, oui.
Vous n'aimiez pas, mettons,
l'intimidation, ces choses-là. Non.
Si un est plus grand, un plus gros,
un plus petit, vous vous en mêliez.
Je m'étais toujours battu contre le plus fort.
Toujours. Mais j'ai marré de la
marde toute ma vie aussi.
Puis là, vous avez dit quelque chose
que vous avez commencé à... Vous quelque chose que vous avez commencé à...
Vous avez dit que vous avez commencé à prendre un coup
à 14 ans. Pas commencé à boire.
J'ai commencé à boire. Moi aussi, j'ai commencé à boire
à 14 ans. Mais c'est pas ce que vous avez dit.
Vous avez dit que vous avez commencé à prendre un coup à 14 ans.
Je suis conscient qu'il y a une nuance entre les deux.
On prend un coup puis on prend un verre.
Oui, oui. J'en prenais plus qu'un verre.
À 14 ans.
Qu'est-ce qui a fait qu'à 14,
on commence à prendre un coup?
Mon père en prenait,
puis il cachait ses bouteilles de boisson
autour du lit.
Je savais ce qu'étaient les bouteilles de boisson.
J'allais
en chercher,
puis on s'en allait dans la ruelle.
On se saoulait.
Des fois, je couchais dans la chaise,
t'as plus qu'à rentrer dans la maison.
Puis là,
on a commencé à se promener dans les hôtels,
à cet âge-là,
peut-être 15 ans,
puis on rentrait partout,
on était pas trop achalés.
Moi, je vous pose
des questions, s'il y a des questions que vous êtes pas à l'aise
à répondre, vous hésitez pas, je préfère des questions. S'il y a des questions que vous n'êtes pas à l'aise à répondre,
n'hésitez pas à me dire. Je préfère ne pas parler de ça.
La boisson, c'était dans votre univers familial.
Est-ce qu'il y avait de la violence dans votre univers familial?
Il y en a eu un peu.
Il y en a eu un peu.
Mais quand j'étais plus vieux, un peu plus vieux,
j'ai averti mon père, surtout chez ma mère,
il va t'arriver quelque chose.
OK.
Parce qu'il avait trouvé un gars dans le fond de ma tête d'oreiller, puis… On parle de quel âge à peu près, là?
Peut-être 19-20 ans.
OK. Là, on a passé de 14 à 19, mais je veux quand même…
Qu'est-ce qui a fait qu'à 19 ans, vous av avait un gars en dessous de votre oreille.
Mais là, on a commencé à s'éloigner des hôtels,
des gangs, des affaires là.
Mais ils n'avaient qu'ils volaient,
mais moi, je n'ai jamais volé.
Je n'étais pas un voleur, moi.
Mais je me suis battu.
Il y avait une traque,
il y avait des filles.
On n'a pas le droit de passer
au bord de la traque
parce que c'était des Anglais. On n'a pas le droit de passer au bord de la traque parce que c'était des Anglais.
On n'a pas le droit. Moi, je passais pareil.
J'ai passé, j'ai même été
en batte sur leur galerie.
Ça fait que...
C'est commencé de même.
Les hôtels,
les batailles, c'était des...
Quelqu'un, il achalait à bord de main,
il achalait à la maîtresse,
il disait, viens t'en prendre à moi.
Ça fait que... Mais là là j'étais pas gros
je suis allé à bord de sonite
c'était pas trop long
j'avais assez une bonne masse
mais
donc vous
vous considériez
pas comme un criminel
non
parce que dans le fond vous viviez pas du crime, dans le fond.
Non, non, je n'ai jamais vécu du crime.
OK.
C'était vraiment, vous, c'était prendre un coup.
Prendre un coup, avoir du foie.
Tu me tapes ses nerfs, je te tape sa gueule.
Oui.
OK.
C'était ça, mais c'est le cheminement que j'avais.
Fait que, tu sais, on a arrêté à 14, 15, 16, 17, 18.
Ah, oui. Fait que c'était juste un cheminement qui all'avais. Fait que, tu sais, on a arrêté à 14, 14, 15, 16, 17, 18, 19.
Fait que c'était juste un cheminement qui allait de plus en plus.
On sort plus, on boit plus, on se bat plus.
C'était comme un cercle dans lequel vous étiez.
Peut-être à 21, 22 ans.
J'ai travaillé à plusieurs places.
J'étais un travaillant.
Je travaillais toujours.
Puis, j'ai rencontré un gars du syndicat.
Syndicat de, là, on parle, travailler.
Moi, je le sais, je pense, construction, si je ne me trompe pas.
Vous avez pas mal travaillé en construction.
Ça n'a pas commencé là.
OK.
J'ai rencontré, mon père, il travaillait dans une corlure de pierre.
OK.
Mais c'est là, quand on transférait avec les filles,
sa job, c'était là.
C'était un de mes oncles, puis il travaillait dans une corlure de pierre.
Puis, vu qu'il prenait un coup, mon oncle, mon oncle, c'était pas mon oncle à moi, c'était les oncles à eux autres, mon père, ma mère, de loin.
Il l'a... il l'a mis à la porte.
Il l'a...
À cause de la boisson.
Oui. Mais moi, je m'étais rendu pour rentrer dans le cordier. J'ils appelaient le pit en bas,
dans le trou.
C'est là que j'avais
convoqué les gars pour...
On avait une pièce et une de l'heure
dans le temps. J'avais convoqué
les gars pour rentrer le syndicat.
Mais le premier de ça,
c'était... Le gars, il avait
un gros garage. À un moment, il était bien plein.
Il a tout convoqué, les gars,
au garage,
puis il les a donnés chacun une bouteille de boisson,
puis il les a fait signer une résiliation
qu'ils voulaient pas avoir, le syndicat.
Moi, ils m'ont mis dehors.
Mais j'ai continué.
J'ai continué, j'ai continué. Ça a pris peut-être
trois, quatre mois.
Le syndicat, il est rentré.
Mais là, vous étiez plus un employé de la carrière, mais vous avez continué à essayer de rentrer le syndicat est rentré. Mais là, vous n'étiez plus un employé de la carrière,
mais vous avez continué à essayer de rentrer
le syndicat dans la carrière.
Oui, j'ai continué à fêter, je n'ai pas arrêté.
Là, on parle début vingtaine à peu près.
À peu près, 21 ans peut-être, dans ce coin-là.
Puis,
le syndicat est rentré.
Ils ont été obligés de me rengager.
Toutes mes payées, les rétroactifs,
tout ça.
J'avais eu un chèque,
une couple de mille,
je pense, là.
Après ça, j'ai lâché la job.
J'ai lâché la job, j'ai commencé
à travailler un peu dans les hôtels,
dans les tavernes, j'étais waiter.
Après ça, j'ai rentré dans le syndicat
pour la FTQ.
Ils appelaient ça la Zing, il y avait des filles.
Il y avait de la construction.
C'est là que j'ai rentré dans la construction.
J'ai commencé dans la construction, là.
Mais je n'étais pas...
J'étais assez dur à retenir,
parce qu'il y avait un conflit sur le chantier.
C'était pas long, je le réglais.
Vous vous en mêliez.
Ah oui, j'ai jamais demandé de l'aide de personne.
Parce que j'ai quasiment toujours travaillé tout seul.
Je ne demandais pas de l'aide de personne, c'est moi qui allais le régler.
J'avertissais pas le bas.
Mais là, des fois, je réglais le problème.
Pas nécessairement de la bonne façon.
Non, non, un coup de deux par quatre
en orner de la tête.
C'était assez expéditif.
Fait que là, on est dans les années
60.
À peu près, oui. 60, 61.
C'est des années qui brassent.
Je sais qu'au Québec,
les années 60,
la violence, le crime
est très, très, très présent
autant dans les médias. on parle des frères Dubois
pis de ce temps-là, fait que c'est une époque
qui était assez rock'n'roll, fait que j'imagine
sur les chantiers de construction ça devait être quelque chose de...
Sur les chantiers de construction, les Jeux de gang
j'ai tout rencontré aussi
pis
ça a continué de même
pis
je prenais toujours les coups je prenais ça a continué de même. Puis,
je prenais toujours les cours.
Je prenais peut-être à moitié plus,
à 41 par jour.
Mais je n'étais jamais à la même place.
À cette époque-là, aviez-vous déjà...
On va venir, on est au parloir,
donc, du milieu carcéral. On n'a pas encore parlé,
mais on va y arriver. Mais à cette époque-là,
aviez-vous déjà été arrêté?
J'ai été arrêté? Aviez-vous déjà fait un...
J'ai été arrêté pour des bateaux.
Avez-vous eu des sentences? C'était plus comme une nuit au poste,
des grises comme toi, et puis on sort le lendemain?
Ah, mais je faisais
de l'argent, je payais.
J'avais trois avocats. J'avais deux
avocats Montréal, bien un avocat
Valéphile. Je payais.
Je faisais de l'argent.
J'avais de l'argent.
Fait que les avocats,
vous arriviez à vous en sortir sans...
– Oui, oui, oui. – Fait que vous aviez un dossier
de voies de fait épais, mais pas de sentence
vraiment. – Non, non, pas de sentence.
Je payais tout le temps.
Je passais devant le bureau
de l'avocat, puis je parquais mon char en avant,
puis je rentrais pas de...
pas de rendez-vous ou rien,
je cognais dans la porte, je rouvrais la porte,
j'écris 2-300 sur le bureau,
puis salut.
Alors, que tu as demandé aussi,
il est pris un coup hier, il y en a un qui m'a tapé
ses nerfs, il est tapé sa gueule,
puis raconte-moi ça.
Il y a certaines gangs que
m'arrangeaient assez bien avec eux autres,
s'il y avait un problème,
il y en a un qui se faisait arrêter,
souvent, j'appelais mon avocat et je disais,
« Va le sortir. »
– Mais sinon, c'est ça,
on n'était pas dans des...
Il n'y a pas de sentence, pas rien.
– Non, non, non, pas de...
– Fait que là, on est en retour,
années 60, début vingtaine,
vous êtes dans l'union, construction, tout ça.
– Oui. – Fait que vous réglez des problèmes,
pas toujours nécessairement de la bonne façon, mais... – Non, mais c'est ça qu' dans l'union, construction, tout ça. Vous réglez des problèmes, pas toujours nécessairement
de la bonne façon, mais...
Non, mais c'est ça qu'ils m'ont dit souvent,
c'était pas de la bonne façon.
J'ai dit, qu'est-ce que c'était efficace,
il recommençait plus.
Moi, j'ai compris jeune
que
en Gaspésie,
quand je restais là,
le voisin chez nous, il avait 18 enfants,
puis l'autre voisin, je pense qu'il en avait 14, nous autres, on était deux.
Puis la madame m'a amené voir ma mère, elle disait,
« Ils ne comprennent pas l'autre chose qu'une bonne claque en arrière de la tête. »
C'est plein de jeunes qui ont été élevés à coups de pied dans le cul,
à coups de claque en arrière de la tête.
Comment tu leur parlerais? Ils ne comprennent pas.
J'ai écrit ces bons coups de poing dans arrière de la tête. Comment tu leur parlerais? Ils ne comprennent pas. Tu écris un bon coup de poing dans mon cheval,
dans un côte,
pourquoi tu m'as frappé?
Oui, mais fais-toi au foie.
Des fois, je faisais mes meilleurs amis.
Ils comprenaient,
mais avec un coup dur.
J'en ris,
mais en même temps, je trouve pas ça drôle,
mais je comprends, c'est notre mœurs,
notre mentalité, une autre époque aussi,
parce qu'on s'entend, aujourd'hui, bon,
j'ai comme pas pensé éteindre ma salle de téléphone,
mais je comprends que,
vous comprenez aussi qu'aujourd'hui,
dire, ouais, mon enfant écoute pas,
moi, ça crée une banderette dans les côtes.
Ça passe un peu moins aujourd'hui.
J'ai garanti.
Mais, je'est parce que
pour moi, il n'y a pas grand-chose
de changé. C'est parce qu'il en parle plus.
C'est parce qu'il y a plus
de journalistes, il y a plus de communicateurs,
c'est pour ça qu'il en parle plus.
Mais d'après moi, il n'y a pas grand-chose
de changé.
Moi, je me promène un peu
dans le
communautaire, là, des affaires là.
Fait que, non, moi,
d'après moi, c'est juste la technologie
qui a changé. L'être humain,
il n'a pas changé.
Oui, ça, j'aurais de la misère à vous contredire
là-dessus.
Si on revient, on va revenir à nos moutons un peu,
parce qu'on est dans l'union, tout ça.
Oui.
Vingtaine, vous faites construction.
Votre vie, c'est un mix, boisson, construction.
Oui.
Un coup point saillage.
Attends, il dit ça.
C'est ça.
Parfait, OK.
Puis, je ne suis pas un voleur,
mais à un moment donné, on aquait un gars sur le pouce,
les gars, ils ont volé
sa montre. Je ne suis même pas
au courant. Mais vu
toutes les batailles que j'avais, puis tous les
dossiers que j'avais au poste de police,
des fois, j'avais
des charges
un peu partout dans le Québec.
Je rapprochais tout ça, puis je faisais un deal, puis je voulais être coupable.
Puis là,
il avait tout sorti ça,
quand je me suis fait arrêter pour
vol avec violence.
J'ai dit, carrément,
c'est un gars qui était à Saint-Nordic
qui avait volé à la montre du gars.
Ils m'ont donné trois ans.
Première sentence, trois ans.
Pour une montre? Puis je n'étais même pas au courant. Mais là sentence, trois ans. Pour une montre. Bien, puis, j'étais
même pas au courant. Mais là, parce qu'il disait
vol avec violence, fait que j'imagine...
Bien, ils l'avaient brossé. OK, OK, OK.
Il y a un gars sur le
pouce, on a arrêté, on a arrêté
de l'embarquer, puis les gars en orner,
ils l'ont bousculé, puis après ça,
la police, elles vont pas
arrêter, c'est un cas...
Je pense que le gars là
qui faisait du pot je pense qu'il en connaissait un
ok
il a dit qu'il avait fait voler sa montre
puis
il me mettait tout sur le dos
c'est Jean-Louis
c'est tu oui
les personnes du dosis ont fait un plus un
à cette époque là mettons que
moi je n'ai jamais délaté
personne
j'ai pas un informateur
j'ai jamais fait ça
je formais ma gueule puis je prenais ma
ma pelule
vous aviez à quel âge la première sentence 3 ans
ça c'est en 64
en 64
j'avais 22
23 ans peut-être.
Vous vous êtes retrouvé, quel pénitencier?
Saint-Vincent-de-Paul.
Saint-Vincent-de-Paul à Laval.
Oui.
Trois ans à la ferme?
J'avais fait une vingtaine de mois.
Une vingtaine de mois.
Une vingtaine de mois parce que je n'avais pas eu de libération.
C'est-tu comme
aujourd'hui, dans le fond, un
deux ans et plus fédéral? Oui.
Deux ans et moins. Oui, oui, c'était la même chose, ça, ça avait
pas changé. Non, non, je pose la question, c'est ça. Ça avait pas changé.
C'est comme ça aujourd'hui. Mais il y avait pas
les libérations conditionnelles, ces affaires-là,
là, ça fonctionnait pas
comme ça fonctionne aujourd'hui, là.
Ah ben, vous avez pogné trois ans, vous avez fait 20 mois,
quand vous sortez, vous sortez, c'est d'attitude-là,
puis dossier clos.
Comment vous avez trouvé ça,
cette première incarcération-là,
un 20 mois enfermé
en début vingtaine?
Dire que ça a été rough,
il n'y a jamais...
Il n'y a pas grand-chose
qui m'a dérangé dans la vie.
J'étais capable d'en subir les conséquences,
peu importe ce qui m'arrivait.
Vous assumiez, dans le fond.
Là, c'est plate parce qu'on va vous dire
que vous n'aviez pas vraiment rapport
dans le vol de cette fameuse montre-là.
Non, non.
Mais vous vous assumez que c'est ça qui m'arrive,
c'est ça qui m'arrive, puis moi, je vais vivre avec.
C'est ça. C'est vrai que ça.
Peu importe ce qui m'arrivait,
j'étais capable de vivre avec.
Je me disais tout le temps dans ma tête,
moi, là,
je suis assez fort pour passer au travers,
les autres ne sont pas capables.
Tu as eu quelque chose
de spécial, entre parenthèses,
qui s'est passé dans ces 20 mois-là
qui mérite
de prendre du temps sur cette sentence-là?
Il y avait de l'homosexualité.
Là, on sortait...
On sortait peut-être...
Anyway, il fallait se mettre en rang.
Je pense qu'on sortait une demi-heure.
On passait 23h30 dans la cellule par jour.
Ah, c'est bon.
On sortait une demi-heure, mais il fallait se mettre en rang,
tout l'arranger, se mettre en rang,
attendre que tous les gars soient sortis.
Après ça, on décollait tranquillement
puis ça allait dans la cour.
Puis des fois,
cinq, dix minutes avant
que ça fasse une demi-heure,
il y a encore un rang
puis on revenait dans la cour.
On revenait dans nos cellules.
– Finalement, vous sortiez 15 minutes.
– Des fois, même pas 10 minutes.
À un moment donné,
il reformait toutes les cellules.
À un moment donné,
il y avait un gars qui était caché
en dessous de mon lit.
Il a embarqué.
Il a essayé de vouloir m'autotonner.
Ça ne marche pas avec moi.
Ça ne marche pas avec moi.
Je parlais des bûcherons tout à l'heure.
Il n'y a jamais eu d'affaires sexuelles.
Oui, non, je comprends.
Mais quand j'ai commencé l'école, j'étais gardé par mon oncle et ma tante.
Il y avait un de mes cousins qui m'avait assaillé.
Je lui avais crissé un coup de talon dans le front.
Il m'a jamais assailli.
J'ai dit, là, non, non, moi, je veux rien savoir de ça.
Mais oui, le gars, il est couché mais là les postes sont tout barrés
il dit tabarnak
il va passer un mauvais quart d'heure il pensait en avoir du fun ici il en aura pas
en fin du compte si c'est arrangé je sais pas que c'est arrivé est ressorti, il y a quelqu'un qui est venu ouvrir la porte,
mais c'est tout,
comment je dirais ça, c'est tout arrangé,
entre détenus, là.
C'était pas un projet solo,
mettons, il y en avait qui savaient
ce qui allait se passer.
Oui, oui, oui, j'étais pas trop vieux,
j'étais jeune, j'étais pas bien jeune,
mais...
Pas vieux, pas grand.
Oui, oui. Puis, jeune, pas vieux et jeune. Pas vieux, pas grand. Oui.
Puis...
J'ai...
J'ai...
J'ai fait du temps dur,
je m'en rappelle pas.
OK. Fait que cette sentence-là, c'était pas à voir ça.
Non, non.
Ça s'est fait, comme on sort, check.
C'est fait, on passe à d'autres choses.
Moi, l'ennui, ces affaires-là,
la peine, ces affaires-là, la peine,
les affaires-là, je connais pas ça tellement. Je connais pas ça tellement.
Mais je me dis tout le temps...
Un rock.
Oui, mais tu regardes le monde autour de toi,
ils ont de la peine, ils ont des remords,
ils ont des chagrins.
Mais vous me dites ça,
puis en même temps,
les premiers mots que vous avez dit dans le podcast,
je vous ai senti super émotif, par exemple.
Je le sais qu'il y a...
Il y a un petit gars encore,
M. Jean-Louis.
C'est garanti, c'est garanti.
C'est émotif, puis j'aime pas
voir souffrir les autres.
J'aime pas voir souffrir les autres.
Quelqu'un qui souffre, là,
je vais y aller,
puis je vais essayer de le ramener.
De le ramener, puis faire...
pour qu'il y ait un peu de bonheur,
qu'il soit un peu heureux.
Mais le vôtre, tu sais, c'est beau penser aux autres.
J'ai jamais pensé à moi.
J'ai jamais pensé à moi.
Je viens de faire une intoxication alimentaire, là.
J'ai passé cinq jours à la maison, à me tourner. Je n'ai jamais appelé l'ambulance. C'est ma chum qui, au dépanneur, est rentré chez nous. J'étais couchateur dans la chambre de bain. J'ai appelé dans le milieu criminel, mais je n'ai jamais adhéré au milieu criminel. J'ai eu des belles offres. Oh, des belles offres! Je les ai toujours refusées parce que je le sais que si je les prenais, qu'elles allaient me demander d'autres choses en retour.
Ça, c'est sûr.
Ça fait que je n'ai jamais accepté.
Le milieu criminel, ce n'est pas un one-way.
Non, non.
On donne quelque chose, on attend en retour.
C'est vrai que ça.
Je connais...
J'avais compris ça.
Oui, je sais.
Ça fait que...
On ne parle pas de moi aujourd'hui,
mais je sais de quoi vous parlez.
Je ne peux pas dire que je ne lui ai pas rendu des services.
C'est garanti que je les ai rendus des services
parce qu'à un moment donné, j'avais besoin d'argent.
Mais pas des services
pour battre
quelqu'un et les affaires-là.
Battre quelqu'un, ça a arrêté
je pense que ça fait
une minute, là.
Mettez-vous pas dans le trône!
84,
quand j'ai commencé à travailler sur moi J'ai jamais refrappé personne
Depuis 84
On parle d'un bon
40 ans
C'est bon ça
On revient
Libération après cette sentence-là
3 ans, quasiment mi-vingtaine
Oui
Il se passe quoi quand vous sortez? Je continue à travailler libération après cette sentence-là, trois ans, fait quasiment mi-vingtaine. Oui.
Il se passe quoi quand vous sortez?
Je continue à travailler encore dans le syndicat.
OK.
Là, on a,
ils nous disent, il y a bien
de l'ouvrage à Sept-Îles.
On part trois gars, la tente
dans le char, tout,
les gants de balle, les balles, parce que moi, je suis un pitcher
de fastball. Puis je pitch,
je suis pas pire.
Là, on arrive à...
Pardon.
On arrive à Sept-Îles,
puis on connaît pas personne, là.
Là, on est parqué
à Moisy,
la cambre, puis la cambre
était parsée, maintenant qu'il mouillait. Puis
là, il y avait, on s'en va sur un terrain de balle, il y avait plein de monde qui jouait
à la balle. Le gars, il disait, c'est les 50 heures de la batte. Du coup, on sort nos
gants, puis nos balles, puis on se met de côté, puis je commence à me pratiquer.
Là, mon chum, il me fait ça,
en gardant un orier,
il y avait peut-être 15-20 personnes qui m'en gardaient.
Je lui ai dit, hey, ça a l'air...
Bon, c'est normal.
J'ai de la drive, ça.
Quand la balle, elle me lâche des mains.
J'avais cinq sortes de balles.
J'ai joué contre les Chevaliers au Kiev.
J'ai joué contre les Molson,
des affaires-là.
Puis,
le gars, il disait,
« Ça t'intéresserait-tu de jouer pour nous autres? »
Il dit, « On a 50 heures. »
Puis, il dit, « Parce qu'il y avait
2-3 000 piastres. »
En ce temps-là, c'était en 71,
72, il y a 2-3 000 piastres. En ce temps-là, c'était en 71, 72,
il y a 2-3 000 piastres de bourse.
Il dit, « Tu peux pas, la ligne est faite. » Il dit, « On va enlever un nombre, on va l'embarquer. »
Je m'appelais Dino, Dino, quelque chose,
je ne me rappelle plus du nom.
En tout cas, on est arrivé en finale.
Je pense qu'on avait eu 500 piastres.
Mais là, ça nous a ouvert les portes.
Parce que c'est la Côte-Nord.
Encore aujourd'hui, Rambo, c'était la même chose dans notre temps.
Les gars de Montréal, les affaires-là,
ils vont prendre les gars de la place avant.
Mais moi, vu que je venais de la Gaspésie,
puis j'avais pitché à balle
avec eux autres, c'était maintenant que j'étais bienvenu. Là, on a commencé à…
– On s'est récommenté un ami, mettons. – Oui, oui. On est deux qui sont rentrés
dans les hôtels, un tube bavarois, puis mon autre chum, il est rentré au 3000, une usine des boulettes de fer, là,
qui s'amenait du Mont-Ret
où j'ai été après.
Fait que vous êtes sur la Côte-Nord,
vous arrivez là,
vos skills en lançage
de balles vous font un peu adhérer
avec la gang, vous font...
Oui, et ils nous font rentrer dans le milieu.
Fait que là, vous travaillez
Côte-Nord,z... Là, on travaille dans...
Côte-Nord, construction...
Non, je suis pas dans la construction.
Je suis pas dans la construction tout de suite.
On rentre à Tlidfer.
Ils appelaient ça un club bavarois.
OK.
Un club de 500 places.
Il y avait à peu près 400 femmes
tous les soirs.
OK.
Parce que les gars, ils partaient le dimanche,
ils appelaient ça la ligne, ils partaient le dimanche,
puis ils allaient avec le train,
puis ils allaient travailler sur la ligne.
Ils appelaient ça le train des cocus.
Parce que les femmes, elles restaient toutes à la maison.
À la maison.
Les gars, ils revenaient une semaine après.
En tout cas, l'hôtel,
il y avait à peu près 350 à 400 femmes à toutes les soirées.
Mais c'était plein d'argent
dans ce temps-là.
Des deux, puis des unes,
puis des cinq, tu n'en voyais pas bien.
Des vingt, des cinquante, puis de dix gars.
On parle des années 70 en plus.
Oui, oui, des années 70.
Ça fait que, après ça, il y a eu un conflit au Mont-Rey.
Le gars qui travaillait sur la construction,
il était bien chum avec les gars d'union,
les agents d'affaires, les gérants d'affaires,
les affaires-là.
Ils m'ont dit, « Hey, on va t'envoyer au Mont-Rey,
tu s'abrauches. »
Oui.
Vous aviez déjà une réputation qui s'était refaite
sur la Côte-Nord
monsieur Jean-Louis avait déjà sa réputation
la réputation était là
il est là
laissez-les tranquille
parce qu'il est fou un peu dans la tête
il se collisse de tout
c'était vrai aussi il n'y a rien qui me dérangeait.
Je n'avais pas peur.
La peur, là...
Je ne pense pas d'avoir connu trop la peur dans ma vie.
Je me suis dit, bien jeune,
si j'ai peur, je prends un assis de chance
à manger un bon coup de poing dans la face,
je me lance à la gueule.
Mais si je n'ai pas peur,
peut-être que j'ai une chance d'en donner un.
Fait que...
Mais des fois, avec une réputation comme ça,
j'en connais du monde qui ont un peu
cette réputation-là, tu sais, puis
j'ai un ami qui m'a donné une connaissance
justement qu'il avait cette
réputation-là, puis il y a quelqu'un
qui a entendu que lui me cherche
parce qu'il n'a pas de bonne humeur après moi,
tu sais. Puis quand il l'a vu dans un bar,
le gars est reparti
et il est revenu armé. Il m'a
pogné avant que tu me pognes. Ce n'est pas quelque chose
qui vous a... Ça m'a arrivé.
Ça vous est arrivé.
Je sais que Jean-Louis, même qu'il me voit, il va me donner une tape sa gueule.
Ça m'a pogné avant qu'il me pogne.
Ça m'a arrivé.
Je ne te parlerai pas de ça tout de suite
Le travail que j'ai fait sur moi
J'ai tout un travail sur moi
Je ne suis pas arrivé ici aujourd'hui
Mettons qu'avant 84
J'aurais peut-être préféré ne pas vous parler tant que ça
Ce n'était pas bon
Mais si tu étais chum avec moi,
oh, il y avait aucun problème.
Je protégeais les gars
autour de moi, les gars
qui avaient du respect, puis
s'il y avait de la magouille,
non. Puis quand
ils m'ont envoyé au Mont-Rey,
ça a brossé.
Il y en a un qui est parti après moi avec la chaine ça,
mais j'ai fait siffler deux, trois balles
à côté des oreilles
et il a lâché la chaine ça.
Puis là, on a commencé à faire le manœuvre.
Je vous ramène vite, vite.
Vous lui avez fait siffler deux, trois balles
pas loin de la tête.
Vous étiez armé.
Il vous a couru après avec une chaine ça,
vous avez tiré pas loin de lui.
Calme-toi, je tasse mon bras d'un mètre. Oui, a couru avec une chaîne de ça. Vous avez tiré pas loin de lui. Calme-toi.
Je ne voulais pas monter là avec ma grosseur.
Je suis capable de me défendre.
M. Jean-Louis, ça brasse pas trop.
On se pognent un morceau.
J'avais un P-38.
J'avais 9 balles dedans.
Mais je n'ai jamais tiré.
Vous n'alliez pasé quelqu'un avec.
Vous n'alliez pas là dans le but de... Non, non, non.
Je vais me protéger de quelque chose.
C'est ça.
Quand un gars te court après avec une chaîne de ça,
tu n'es pas mécontent d'avoir un 38 dans les culottes.
On va se le dire.
Puis on a fait le ménage.
La magouille,
la corruption, les affaires-là,
on a sorti une couple de chantier. On a sorti une
couple du chantier, mais là tu te fais pas les mains, tu failles, ils menacent, puis des menaces,
puis hey, tiens-toi tranquille, puis là t'as pas le droit de travailler, je suis délégué syndical
moi, puis ils veulent pas que tu travailles, les délégués ils travaillent pas.
Puis là moi, c'est un de mes hommes qui est pris dans un trou,
m'a sauté dans le trou pour aller y aider.
C'est ça que je faisais, puis là ils attendaient.
« Hé, il n'est pas là. » « Hé, crie sur moi un peu. Crie sur moi un peu. »
Puis là ils se disaient « Hé, on va t'arranger ça maintenant. »
Ouais, il n'est pas équipé pour ça, toi.
Il n'est pas équipé, pas du tout, pour m'arranger ça, toi.
Ça fait qu'il a grandi de même.
Un moment donné, je suis allé dans le Nord.
Il a lâché le Nord.
Puis, j'ai été travailler avec des filles.
Tu es revenu.
Oui.
– Là, on est fin 20 ans, quoi?
– Le 75, peut-être,
74, 75.
– C'est fait.
– De 71, 72 à 74,
j'étais sur la Côte-Nord.
C'est-il mon rite?
Puis après ça, je m'étais revenu à Valéphile.
J'ai tombé tout de suite dans le syndicat.
Fait qu'on est fin 20e, début 30e.
Non, non, j'avais… je me suis fait arrêter en 76, puis j'avais 34 ans.
Ah, OK, fait que 32entour de 30 ans. Puis, j'ai rentré dans le syndicat, je m'occupais de trois chantiers à Vallée-Fille, Bournois, puis un autre chantier, je m'occupais aussi.
En tant que représentant syndical. Oui, en tant que délégué de chantier. Parfait.
Puis ça brossait, puis les gars,
il y avait un gars qui avait des coffrages.
Puis il y avait peut-être 15-20 gars qui travaillaient pour lui.
Moi, j'avais été dans une réunion syndicale,
mais évidemment, ils me connaissaient,
mais j'ai tout le temps été à l'écart,
en arrière des autres.
Moi, le... Oups!
Pas de problème.
C'est juste le repli un peu.
Oui, et voilà.
Moi, le flasher, puis le bien-paraître, là, le bien-paraître, là, ça n'a jamais été dans moi.
J'ai toujours travaillé pas mal dans l'ombre.
T'es pas là pour faire le show
non non non il y en avait d'autres pour ça
vous vous étiez là dedans
par principe
et non par la gloire
pour le travailleur
puis le travailleur voulait qu'il soit bien
puis il y avait une réunion syndicale
les gars ils avaient dit
on a de la misère
à Bournois au barrage on a de la misère à Bois-Noix, au Borage, on a de la misère avec telle personne. J'écoute ça, moi, là, là. Le lendemain matin, je suis au-dessus de mon char, je m'en vais sur le chantier, je descends à Bois-Noix, je me dresse sur le chantier, les gars, ils me voyaient passer. Il a dit...
Il dit... Je serais tendant.
Je serais tendant. C'est un ancien lutteur.
Il faisait à peu près
250, 260 livres.
Un assis de pièces...
Un assis de pan de meubles.
Une pièce d'homme, comme on dit.
Là, il est dans le bureau.
OK.
Je ne cogne pas. Il rentre dans le bureau. OK. Cogne pas, hein?
Il rentre dans le bureau. Bang!
Il est assis à l'arrière du bureau, comme ça.
Je suis pas dans le bureau. Je l'écrase sur lui.
Je le crie dans le mur.
J'écris Alice Legonde dans la face.
Là, je lui dis, tu vas t'emmener avec moi.
On va aller prendre un cognac à l'hôtel à Port-Noir, là.
Puis,
on va s'expliquer.
J'ai dit, là, le slavage, c'est fini ça là. C'est fini là. Le pic-papel, les affaires là, crier après les gars là. Non Les gars, ils allaient au bureau,
ils disaient, « Hey, où est-ce que tu vas
travailler? » Ils disaient, « On voudrait aller
travailler sur le chantier. »
Mais là, je vous arrête.
On est des années 70 arrivés
parce qu'on s'entend. Aujourd'hui,
quelqu'un fait ça,
il vient de partir pour 4-5 ans.
Il est juste rentré dans un bureau,
il ressent un gars dans la face d'un gars.
Il dit, viens avec moi, on va jaser.
Mais il n'y a pas personne de témoin.
Non, mais lui, il s'en est un témoin.
Il n'a pas porté plainte.
Dans ce temps-là,
je n'avais pas le temps de porter plainte contre moi.
Je suis pas sûr de mettre un peu le monde.
Il y a des gens de tout âge
qui restent à nous écouter.
C'est un kid de 18 ans.
Lui, il est 70, ça lui dit rien.
C'était pas les mêmes mœurs, mettons.
Non, c'était une autre...
Faut pas penser
que la FTQ, c'est un miracle
qu'ils ont eu tant
de pouvoir.
Que c'est qui sont aujourd'hui le Fonds de solidarité.
Il y a du monde qui se sont battus.
Il y a du monde qui ont travaillé en bas.
Le monde qui a travaillé en bas,
ils ont payé la note, comme moi.
Moi, je l'ai payé la note.
Je l'ai payé cher.
Oui.
On va revenir, mais...
C'est ça.
Puis,
les chantiers sont stabilisés.
Il disait,
« Tu voulais bien qu'il est revenu dans le décor
juste mon nom là
il y en a bien qui sont servis de mon nom
ils ont été collectés de l'argent
sur mon nom
mais sur le coup tu le sais pas ça
t'es pas au courant, tu sais pas que c'est que c'est
tu réalises ça des années
puis des années après
parce que le monde avait peur de vous
fait qu' on disait,
« Hey, c'est parce que si tu payes pas nous autres, c'est-tu Louis qui va venir te collecter? »
Oui, oui. Puis là, votre réputation était faite,
fait que le monde faisait, « Oh, Christ, j'ai pas envie d'avoir
un bureau peignant de l'en face! »
Ah non!
Non, mais ça opérait
que moi, puis c'est plein
qui sont sortis de moi.
C'est une époque où vous-même, vous auriez pu profiter
de cette, entre parenthèses, notoriété-là.
Oui! Justement pour faire de l'argent, mais comme vous avez dit, vous auriez pu profiter de cette, entre parenthèses, notoriété-là. Oui.
Justement pour faire de l'argent, mais comme vous avez dit, vous n'êtes pas un criminel.
Non.
Puis de l'argent, mais il rentrait tout le temps.
Je n'ai jamais pensé à me morder, je n'ai jamais pensé à avoir des enfants,
je n'ai jamais pensé à avoir une maison.
Je n'ai jamais pensé à ça.
Il rentrait de l'argent.
À dépenser à mesure.
À dépenser à mesure.
À l'hôtel.
À l'hôtel. On est dans la boisson. J'arrivais avec quelqu'un. Elle dépensait à mesure. Elle dépensait à mesure. À l'hôtel, on était en boisson.
À l'hôtel, j'arrivais avec quelqu'un
qui était malade de boisson.
Je fouillais dans mes poches,
je sortais un 10, un 5,
je le garrochais sur la table.
Je lui disais, ramène-toi.
C'était ça.
Il aidait tout le monde.
J'avais une shop d'électronique.
Puis, mon père, ma mère,
mon père était en astie.
En plus, il dit, tu payes les morceaux,
tu ne les charges rien pour réparer la télévision,
le radio, quoi que ce soit. »
Puis il dit, « Papa, ils sont plus pauvres que moi. »
Quand ça arrive là, les deux, trois, les enfants,
la mort va au nez, la couche,
pas pour les charger de l'argent.
Si, au moins...
Mais...
Si on arrive au...
Si vous me dites là-dedans, vous avez
dit que vous avez été arrêté en 76,
est-ce que vous me comptez, on est en 74?
Oui, oui.
Il y a un ou deux ans où votre nom, syndicat,
vous gardez vos chantiers.
Oui, oui.
Qu'est-ce qui s'est passé?
Il s'est passé
que j'étais tanné d'avoir des menaces.
— Des menaces de?
— Des menaces de mort.
— Des menaces qui venaient de?
— Du syndicat.
— Ça venait du syndicat?
— Oui.
— Vous étiez délégué syndical,
puis vous receviez des menaces du syndicat?
— Oui, oui.
Parce que, oui,
j'ai jamais embarqué dans ma gouille, moi, là.
J'ai jamais embarqué dans la corruption.
J'ai jamais voulu ça.
Je me battais contre ça.
OK. Fait que, dans le fond, vous vous battiez
pour les employés, contre les boss,
mais vous vous battiez contre le syndicat
qui, eux autres, essayait aussi de profiter des syndiqués.
Oui. OK, OK.
Moi, là, j'étais délégué de chantier
pour les travailleurs.
Ma priorité, c'était le travailleur.
C'était ça qui était
important pour moi.
Tu ne veux pas que le boss profite du travailleur,
tu ne veux pas que le syndicat profite du travailleur.
C'est ça. C'est pas plus compliqué
que ça.
Crée-moi
que s'il ne voulait pas,
il arrivait à quelque chose.
Ça, on a compris votre méthode.
Je pense que tout le monde a compris votre méthode de travail.
Il arrivait à quelque chose.
Ça fait que...
Je ne vous demande pas d'aller dans...
Je ne veux pas de détails, tout ça.
Non, pour qui, pourquoi, mais en disais tout à l'heure je t'attendais d'avoir des menaces je continue à prendre un coup
puis là j'avais goûté au speed. OK. Et charmant de speed.
Vous venez m'appeler plus MDMO aujourd'hui.
J'ai été trois jours sur la brosse sans me coucher.
OK.
J'avais une suite au Balmoral, en haut.
J'ai parqué mon char, j'ai rentré.
Mais étant allé dans le bar, il y avait deux gars dans le bar. Le gars qui est mort, puis un autre gars.
– OK. – Mais le gars qui est mort, il me dit à moi, il dit, m'envoie ta femme, m'envoie ta maison, je vais t'avoir.
C'était un
méchant pente-murs.
C'était un gars du syndicat?
Non, c'était un gars
d'une bonne soeur d'un hôtel
et un joueur de musique.
J'avais une bonne soeur d'un portier
dans un hôtel.
Un gars à peu près dans mon genre.
Un gars qui battait le monde.
Un tenant.
Oh, il n'était pas mieux que moi.
Parfait.
Mais quand il m'a dit,
je vais avoir ta maison.
Ta femme et ta motowire.
Là, il s'est approché de moi
et il m'a collé sur une poussée.
J'ai tombé
de la vitre à la vitre à casser et je m'a collé sur une poussée. J'ai tombé de la vitre à la vitre à la
casser et je m'ai coupé une pouce. J'ai dit là, me dire une affaire, tu ne repousseras
plus jamais personne de ta vie. C'est la dernière fois parce qu'il avait battu un
de mes partners pas longtemps avant, je ne le savais pas la première fois, il m'a
pogné avec, il faisait une couple de fois, mais quand je n'étais pas trop avant, je ne me suis pas le premier fois à me pogner avec, je le faisais une couple de fois,
mais quand je n'étais pas trop chaud,
je me cognais ça de lui, mais là,
trois jours.
Trois jours sur le speed, l'alcool.
Je m'avais tout fait friser la tête,
les naffros,
on faisait du remestie.
T'as fait qu'il y avait un état beau,
sinon on faisait du remames de sti.
Ouais, j'ai dit, tu repousseras plus
jamais personne de ta vie, toi.
J'ai monté en haut,
j'ai chargé le gun, j'avais un 25
en haut dans la chambre.
J'ai redescendu et j'ai tiré.
J'ai poigné
dans l'épaule, mais la balle a
tourbillonné, puis il a fait...
Il est mort à l'hôpital.
Ils m'ont dit...
Un moment donné, ils m'ont dit
qu'il n'était pas encore mort. J'ai dit,
je vais aller le finir à l'hôpital.
Je vais aller le finir à l'hôpital.
Un coup, un moment donné, ils m'ont dit,
OK, il est mort. Moi, j'ai décollé,
j'ai appelé mon chum, il est collé sur mon camp-ville.
Il est allé à Montréal.
Tout le monde avait
des institutions, des affaires là,
ils pouvaient nous changer le visage, ils pouvaient nous faire
bien des affaires.
Fait que,
il est allé chez
quelqu'un, puis le gars, bien, il a pogné panique.
Il a appelé la police,
puis il est là qu'ils m'ont arrêté.
Ils m'ont arrêté, puis...é ça aurait été probablement une question de temps
vous étiez connu, vous étiez fiché
partout
à la limite vous auriez fait
deux trois semaines
ah ouais
il m'aurait tué
je comprends l'alcool
c'est parce qu'il y a un moment aussi à Manus
il y a le déclic qui se fait
quand on prend le temps de monter dans sa chambre,
de charger et de redescendre, on est conscient de ce qu'on s'en va faire.
Oui.
Moi, je suis la meute.
Pendant qu'on est
dans ce moment-là,
ça m'est déjà arrivé de me pogner une aire.
Je me suis déjà battu avec quelqu'un.
Aviez-vous en tête,
après, c'était le moment présent.
Il n'y a pas de... Je vais finir là, après, où c'était le moment présent, là, il n'y a pas de
« je vais finir mes jours en prison ».
C'est le moment présent,
c'est là, c'est « je suis écoeuré,
toi, mon chum, ça s'arrête là ».
Oui, c'est fini. D'après moi, dans ma tête,
moi, il faisait partie de toute la gang
qui m'avait menacé, puis
là, probablement, j'étais au bout du rouleau.
C'est ça. J'étais au bout du rouleau,
mais des fois, j'essayais de parler,
puis les paroles sortaient plus.
J'étais à Magané.
Je faisais une bonne secousse que je buvais.
Ça fait une vingtaine d'années que je buvais.
Ça fait que tout le temps, dans le phare,
je prenais pas de bière trop, trop, moi, là.
Puis...
Ça fait que là, vous êtes...
Je suppose, Montréal, ça fait quoi, le lendemain Non non 10 jours après
10 jours après
Ils ont venu m'arrêter où j'étais
Là il était à lui
Il était mort de ses blessures
Oui oui oui
La même soirée
Puis
Il était accusé de meurtre au deuxième degré
Déjà là surprenant Je me meurtre au deuxième degré.
C'est déjà là surprenant.
Je me serais entendu à un premier degré.
Tout le monde y pense que j'étais au premier degré,
mais j'étais au deuxième degré parce qu'ils n'ont aucune preuve contre moi.
Il n'y a pas d'astide témoin,
il y a des preuves circonstancielles.
Mais il devait y avoir des témoins.
J'imagine, en partant, vous avez dit qu'il y était deux à la base.
Je sais que personne ne parlait, mais il y avait des témoins.
L'autre, quand j'ai dit
que tu ne pousserais plus
jamais personne,
il n'y a pas resté là.
Il n'y a pas resté là.
La taverne, c'est quasiment vidé.
C'était un petit cocktail, un petit bar.
Il y a du monde, ils ont dit qu'ils m'ont vu.
Pas vrai. Il y a des affaires qui sont vraies. Il y a des monde, ils ont dit qu'ils m'ont vu. Pas vrai. Il y a des affaires
qui sont vraies. Il y a des affaires, des preuves
circonstanciennes.
Oui, je comprends.
Puis,
là,
t'es quatre jours,
t'es trois ou quatre jours en procès.
Puis l'aider non coupable,
j'imagine.
Oui, oui, oui. Je veux jamais dire que t'es coupable.
On m'a dit pas pour une réduction.
Oui, oui.
Ils m'ont offert. Ils m'avaient offert 9 ans.
Puis,
comme d'habitude,
je les ai envoyés chier.
Tu sais, on fait juste se remettre.
On n'a pas encore dit votre entente,
mais vous avez eu
ce qu'on appelle une sentence de vie, dans le fond.
La perpétuité.
Qui au Canada, c'est 25 ans
maximum. Pour premier degré.
Pour premier degré.
Deuxième degré, c'est de
10 à 25 ans.
Je fais juste une pause là. Aujourd'hui,
avec ce que vous avez passé,
est-ce que vous regrettez de pas avoir pris le deal de 9 ans?
J'y pense,
mais je me dis que je sais que ça me donne
d'avoir du regret.
Non, non, non, mais tu sais, je pose juste la question.
Moi, je n'y penserai.
Puis moi, je me dis que ça me donne à moi d'avoir du regret.
Non, non, non, c'est pas que je vous demande
de regretter, vous, non, c'est juste que vous êtes inquiet.
En voici, le deal de 9 ans,
t'as pas supprimé ça.
9 ans, tu sais, quand on y pense.
La majorité des êtres humains ont du regret
avoir dit, ben non
fait qu'ils vous ont fait 9 ans, fuck you
fuck you, vous allez continuer
ils ont menacé
mon avocat de le faire rire du barreau
il est arrivé
au parloir le soir
il broyait
pis là, c'était maintenant que des 3-4 000 du coup.
J'avais pas ramassé
d'argent, moi, là.
Moi, je dépensais à mesure.
J'avais un GTO
69, c'est une édition
spéciale. Il dit, ton char,
tu peux vendre ton char.
J'ai fait 5 coups de poing dans la vie du
parloir.
Il dit, ils veulent me faire rayer du poro,
puis ils veulent me donner une amende de 100 000 piastres. »
– Mais pourquoi?
– Parce qu'ils fêtaient pour moi.
Ils n'ont pas de preuves.
– OK.
– Ils n'ont pas de preuves.
Ils ont dit, « Tu vas nous le donner. »
– Ce n'est pas trop le concept d'un avocat de la défense.
Le but d'un avocat de la défense, c'est de défendre son client.
Il avait peur de moi.
Parce que lui, quand je rentrais dans le bureau,
il garochait des belles descents, là.
Il savait un peu ce que je faisais, lui.
Fait que...
D'après moi, j'ai tenu un bon paquet de monde sur la peur pendant des années.
Le juge l'a dit.
Le juge...
Oui, parce qu'il y avait quand même votre dossier
qui devait avoir une bonne épaisseur.
Je me demandais ce qu'il m'avait connu.
Il m'avait dit,
aussitôt qu'il rentrait dans un hôtel,
la place se vidait par enchantement.
Il faisait peur à tout le monde.
C'était un juge de Sept-Îles.
Ah, OK. Il avait désarmé une police à Sept-Îles. Il faisait peur à tout le monde. C'était un juge de Cécile.
Ils avaient désarmé une police à Cécile.
C'est drôle, mais c'est pas drôle
en même temps.
Je comprends. Aujourd'hui,
vous pouvez vous permettre d'en rire.
Oui, aujourd'hui,
je suis capable d'en parler.
Quand ça a commencé, j'étais émotif. Je suis capable d'en parler quand ça a commencé j'étais émotif
mais je suis capable d'en parler sans trop vivre
les émotions parce qu'avant ça
j'en parlais et je vivais
les émotions en même temps
à chaque fois que vous le comptiez
il n'y a pas grand monde qui pouvait m'écouter
je capotais
quand vous avez commencé j'étais comme
ça va être rough ça maintenant
vous avez le droit de vivre vos émotions aussi,
mais j'étais comme, OK, ça va être...
Mais souvent, c'est parce que je monte au mental.
Je ne veux pas faire vivre ça au monde non plus.
Fait que, quatre jours de procès.
Oui, quatre, cinq jours.
Sentence finale.
Sentence, je suis trouvé coupable le 1er avril 77.
J'ai dit aux gardiens, attendez une minute.
Tu sais bien que c'est un poisson d'avril, ça là.
Voyons donc, ça n'a pas de bon sens.
Coupable.
Pas de poisson d'avril.
Perpétuité.
Ils vous ont donné le deuxième.
Vous le disiez tantôt, premier degré, c'est 25 ans.
Deuxième degré, c'est entre 10 et 25.
Ils vous ont donné le 25 direct.
Non, non. Perpétuité.
Trouver coupable, sentence à perpétuité.
Le juge,
je ne sais pas, c'est 5...
Le 1er avril,
le 5 avril, la sentence,
la date d'éligibilité.
Date d'éligibilité,
je m'attendais à 10 ans.
La majorité, c'est 10 ans.
10, 12 ans, 15 ans.
Avec votre dossier, vous vous dites, ça a peut-être dépassé un peu le 10 ans.
25.
25, direct, bang.
Tabarnak.
Je me disais, mais Christ,
je ne sais pas. Il n'y a pas grand-chose
qui me dérangeait.
Dans la salle, ça...
Puis moi, je riais. Je ne sais pas. Dans la salle, ça... Puis moi, je riais.
Dans la salle,
aviez-vous...
Les parents étaient-ils encore...
Oui, mon père était là.
Ma mère était en train de venir.
Mon père était là.
Avec les années,
j'ai pensé que si je les avais fait vivre...
J'imagine.
Je me mets dans le pot de mes parents aujourd'hui
si je me retrouve dans cette situation-là.
Oui, oui.
Moi, il n'y avait pas de femme, pas d'enfant impliqué,
c'est déjà ça.
25 ans, avez-vous fait appel?
Oui, étant appel, mon père a payé.
Un moment donné, j'ai dit que ce ne serait rien.
Comment je ressortirais,
ils vont me repogner une affaire.
Fait que début avril 77,
coupable,
25 ans. Oui. Vous en allez où?
Partenais.
Partenais.
Partenais, réception.
Réception.
Réception.
Choix. Archambault, au velon. Pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, réception choix
Archambault au velon
pénitentiaire Saint-Vincent-de-Paul
le vieux peine
que vous connaissez déjà un peu
oui, j'avais été
j'ai dû au bout de temps
commencer dans la marde tout de suite
Saint-Vincent-de-Paul
pas une super réputation,
cette prison-là, on va se le dire.
Aux vieux peines.
Tu rentres là.
Oh!
Il venait d'abolir la peine de mort
en 76, au mois de juillet
76, c'est pour ça ces sentences-là.
Pensez-vous que vous,
mettons, un recul d'un an,
pensez-vous que vous l'auriez eu? Vu la façon que le juge avait l'air de traiter votre cause, pensez-vous que vous mettons un recul d'un an pensez-vous que vous l'auriez eu
vu la façon que le juge avait l'air de traiter votre cause
pensez-vous que ça serait
rendu là ou
je pose la question de même
probablement que oui
parce qu'ils m'avaient envoyé, j'ai passé une couple de jours
à Bordeaux
dans le couloir des sentanciers à mort
ça doit être pesant
ça doit être lant, ça.
Ça doit être pesant.
Ça doit être lourd comme ambiance, mettons.
C'est parce que j'ai de la misère à dire que ça va être lourd.
Parce qu'il n'y a pas grand-chose qui m'affecte.
Je ne sais pas pourquoi,
mais ça ne m'affecte pas.
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Probablement que ça vient de mon enfance.
Comme je disais,
j'ai eu dix paires.
Un peu garroché dans le bois avec des bûcherons.
Oui, et c'est dur, ça.
C'est rough, le monde des bûcherons.
J'imagine, oui.
Oui, il y a de la violence, il y a de tout.
Je n'en doute pas.
Après ça, le syndicat,
je suis en prison. Il y a quelque chose. Mais, j'en doute pas après ça le syndicat fait sa prison
il y a quelque chose
mais d'aujourd'hui je suis assez fort
pour passer au travers
vous vous retrouvez pour une deuxième fois
à Saint-Vincent-de-Paul
vous avez une centaine de vies
Saint-Vincent-de-Paul
trentaine en trentaine
34 ans
c'est une nouvelle vie qui commence.