Au Parloir - Épisode #11 Emanuel
Episode Date: November 8, 2023Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations....
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Aujourd'hui, le podcast est une présentation de
Comparer ma prime.
Je te lis ça, puis après ça, je te fais un résumé.
Comparer ma prime simplifie le processus d'assurance
en fournissant une comparaison exhaustive et transparente
parmi les plus grandes compagnies d'assurance au Canada.
Ils ont une équipe qui regroupe des CPA,
des conseillers et des planificateurs financiers.
Bon, ça, c'est le bas de plate, là, mais c'est une belle plug.
Mais ce qui est cool, eux autres,
c'est qu'ils se spécialisent, dans le fond,
dans les cas refusés.
Tu sais, souvent, les anciens détenus,
c'est dur de se faire assurer.
T'as pogné une balloune,
après ça, c'est dur d'avoir de l'assurance.
T'as été cancellé pour non-payement des assurances.
Si t'es jeune, des fois, c'est dur de se faire assurer. Et eux autres
se font la mission du aucun
cas refusé. Il y a le site
Internet ici en bas à l'écran.
Mais si tu vas sur YouTube,
dans la description de la vidéo YouTube,
ils ont tous leurs liens. Tu cliques, tu vas tomber
sur leur site Internet. Rentre en communication
avec eux autres. Si t'as des problèmes d'assurance,
puis même si t'as pas de problème d'assurance, ils vont faire
des comparaisons, puis ils vont trouver la meilleure prime possible.
Comparez votre prime.
Salut tout le monde,
ici Cédric Bergeron,
je suis l'animateur du podcast Au Parloir.
Si tu es un fan du podcast
puis que tu veux supporter,
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C'est vraiment une belle
façon de m'aider. Sinon, il y a une façon
gratuitement. C'est simple. Tu vas sur YouTube,
tu t'abonnes à la page, tu likes,
tu laisses un commentaire,
tu partages au monde. Pour toi, ça va te prendre
deux secondes. Pour moi, ça fait une grosse différence.
Ça va vraiment aider à « reach » le plus grand nombre de personnes possible.
Super apprécié.
Bienvenue au Parloir.
Aujourd'hui, on a reçu Emmanuel Ouellet.
Condamné, prison à vie, meurtre,
premier degré.
Emmanuel a fait 18 ans
d'emprisonnement
pour son meurtre.
C'était un
gros trafiquant
à Montréal, dans le domaine du
crack.
C'est un milieu où règne
la violence et il a poussé la violence au maximum. C'est un gars
repenti aujourd'hui, c'est un gars extrêmement religieux, mais c'est un gars hyper ouvert avec
son histoire et c'est un podcast extrêmement intéressant. Encore une fois, je ne suis pas
nécessairement en accord avec les gestes,
les idéologies et les termes utilisés
par mes invités, mais je suis une
personne qui prône la liberté d'expression.
J'aime les gens francs qui parlent avec
leur cœur. Bienvenue au Parloir. Sous-titrage Société Radio-Canada Aujourd'hui, on reçoit Emmanuel Ouellet.
Emmanuel, on ne se connaît pas personnellement.
Moi, je connais un peu ton histoire.
Je t'ai vu à la télé.
Je t'ai vu sur les médias sociaux.
Tu n'es pas au parloir pour rien.
Tu as un background hyper intéressant.
Puis, écoute, présente-toi pour les gens qui ne te connaissent pas. Tu es qui? Tu viens d'où? Tu as un background hyper intéressant.
Présente-toi pour les gens qui ne te connaissent pas.
Tu es qui? Tu viens d'où?
On va arriver à ce qui t'est arrivé,
mais au début, je suis vraiment curieux de voir ce qui t'a mené à tout ce qui est arrivé dans ta vie
qu'on va découvrir.
Vite, vite, mettons, je suis un gars de Montréal,
centre-ville de Montréal.
J'ai déménagé pas mal mal mais toujours dans le coin du centre-ville
fils de mère monoparentale
problème de santé mentale
problème de consommation de drogue
au niveau de ta mère?
oui au niveau de ma mère, elle a commis un suicide
quand moi j'ai 17 ans
elle s'est suicidée, j'avais 17 ans
ça allait déjà mal avant mais à ce moment là ça a accéléré les choses Moi, j'ai 17 ans. Elle s'est suicidée. J'avais 17 ans.
Ça allait déjà mal avant.
Mais à ce moment-là, ça a accéléré les choses.
Tu voulais dire parce que ça allait déjà mal avant?
Je vendais déjà de la dope.
J'avais déjà commencé à... On était pauvres.
Je cherchais des solutions.
J'étais quelqu'un qui n'aimait pas ça, être pauvre.
Je voulais que ça avance.
Je voulais que ça bouge.
Au niveau de l'école?
Toujours bien fonctionner.
Ça, à ce niveau-là.
Ma mère a travaillé
fort. Elle a eu des
bourses pour moi. Je me suis retrouvé dans une école privée
pendant les trois premières années du secondaire.
Ça l'a aidé un petit peu, mais quand je suis
arrivé au public,
je suis tombé dedans solide.
Dans la consommation? Pas consommation.
Je n'ai jamais été un consommateur.
Moi, c'était la vente. C'est drôle, il y a
différentes façons, je pense, d'être accro à la substance, si tu veux.
Puis moi, c'était vraiment la vente.
C'était l'idée de faire de l'argent.
Mais je n'étais pas capable de décrocher puis de décoller de tout ça.
Fait que je retournais toujours à ça.
OK.
Fait que déjà, à 17 ans, tu étais comme pocheur de ton coin.
17 ans, j'étais au centre-ville de Montréal.
Puis je n'étais pas en charge d'un coin de rue mais j'étais sur un coin de rue
qui roulait pas mal
t'étais sur le blanc sur le vert
non moi je vendais juste du crack
ok 17 ans t'étais déjà sur la rame de crack
la poudre je trouvais ça trop compliqué
faut que tu fasses des sachets
pis c'est long à mesurer
la roche t'accuit, t'accoupe
nous autres on avait des petits playtex à l'époque
pis on les scellait dans le scellant j' petits playtexts à l'époque. On les scellait
dans le scellant. J'arrête pas de bouger le mic.
Mais on les scellait.
C'était ça qu'on faisait à l'époque.
Ok. Tu étais cook.
Tu faisais tout. Moi, j'ai commencé.
Quand je suis arrivé au public,
je vais te raconter l'anecdote.
J'arrive à l'école publique.
Je suis super naïf.
J'ai 15 ans.
Secondaire 4, 1997.
Je réalise
le monde, il fume des joints.
À l'école privée, je n'avais pas tant
observé ça. Ça ne veut pas dire que ça n'existe pas, mais je ne l'avais
jamais vraiment vu.
Je comprends, le monde achète des dindes,
10$ le petit sac.
Chez nous, pour tout ce qu'on manquait,
il y avait toujours un gros Ziploc dans le congélateur
rempli de potes.
Que ça aille bien, que ça aille mal,
il y avait toujours un gros Ziploc.
Je réalise que ça se vend
en 10$, le petit chunk.
Ça a pris une semaine, peut-être.
La deuxième semaine d'école,
quand j'ai compris ce qui se passait,
j'ai ramassé une grosse poignée
dans le
congélateur. Ma mère s'en est jamais rendue compte.
Puis je me suis mis à vendre. Fait que je vendais des grosses cocottes.
Ça n'a pas été long. Tout le monde s'est mis à venir me voir.
Puis on est au secondaire.
Fait que le monde, ils n'ont peut-être pas le meilleur pote, mais ma mère,
elle en avait du bon.
Ça a duré une semaine. Puis la semaine
d'après, il y a un gars qui est venu me voir. Il a dit, si tu veux
vendre, il faut que tu vendes pour moi.
Moi, je n'avais aucun repère moral. Tu sais, il y a du monde qui grandisse, me voir et il a dit si tu veux vendre faut que tu vendes pour moi moi j'avais aucun repère moral
il y a du monde qui grandisse
mettons avec des belles valeurs
des affaires comme ça puis peut-être qu'il s'égare
puis moi j'ai vraiment grandi
je me souviens ma mère j'avais 7-8 ans
puis elle m'assoit
puis elle me dit tu peux faire tout ce que tu veux
dans la vie sauf être prêtre
police ou aller dans l'armée
tu comprends tu? ça montre les valeurs qu'elle avait.
Puis moi, je suivais.
J'adhérais.
Mais j'étais quand même straight.
J'étais quand même focussé sur l'école.
Mais quand je suis arrivé, comme je te dis, à l'école publique,
j'ai vu tout ce qu'il y avait de disponible.
Il y avait des belles opportunités d'affaires.
Potentiel de faire du cash.
Oui, c'est ça qui m'attirait.
Chose que tu n'as jamais eue dans la vie.
Je n'avais pas pantoute.'est ça je me souligner faisait
dur mon linge faisait dur puis je voulais que ça change fait que là tu as
commencé à vendre du weed et travailler pour quelqu'un d'autre c'est ça y'a un gars qui me
donnait un 11 je faisais mes 40 petits sacs je faisais mon t'sais ça roulait
puis j'ai fait ça pendant un bout puis à un moment donné je me suis mis à fumer du pot
là je faisais plus d'argent là y'a un gars qui'a dit « ça te tente-tu de vendre du crack? » Ben oui. Ça s'est passé vraiment de même.
J'ai rencontré un gars, je me suis ramassé à Saint-Laurent-Sainte-Catherine puis ils m'ont donné mon premier stock.
À l'époque on avait un pager, tu pagais le gars puis tu allais chercher ton re-up pis tu continuais là je reviens à
grosse épreuve
donc ta mère quand t'as 17 ans
s'enlève la vie
donc si t'es un fils de mère monoparentale
à 17 ans tu te retrouves
tout seul, tu prends charge par la DPJ
t'as 17 ans, non?
non
en fait j'étais déjà plus
chez nous, fait que quand ma mère est décédée
ça m'a donné un petit boost parce que là ma famille
a comme repris
j'avais des oncles
j'avais des tantes, le monde a comme repris
surface un petit peu
j'ai un ami de la famille, je l'appelle mon parrain
il s'appelle Michel
un homme extraordinaire, il a dit écoute si tu veux une place pour rester
si t'as le goût de remettre ta vie
ses rails viens rester chez nous je vais m'occuper de toi un homme extraordinaire, pis il a dit, écoute, si tu veux une place pour rester, si t'as le goût de remettre ta vie sur ces rails,
viens rester chez nous,
je vais m'occuper de toi.
Pis je suis allé là, pis j'ai fini mon secondaire 4 chez eux.
T'avais-tu l'air charru un peu?
Complètement.
Quand ma mère est morte, j'ai dit, ok, je vais vivre ma vie
correctement, pis
j'ai essayé de le faire tout seul,
pis de faire la bonne chose mais j'avais
tellement de douleur tellement de souffrance il y avait des blessures profondes qui étaient là qui
était avant sa mort qui est peut-être amplifié après ça j'imagine même comme tu dis monoparentale
problème au niveau de la santé mentale de la consommation fait que ça devait être quand même
une relation qui devait pas facile c'était explos devait être pas facile c'était explosif le feu était toujours pris
tout était super dramatique
t'sais pis t'as la blessure aussi du petit gars qui grandit sans son père
toute cette notion là
la dynamique avec ma mère c'était toujours
si t'es pas content fais comme ton père pis va-t'en
c'est le mot qu'elle utilisait
c'est correct moi j'ai pas de misère
mais c'est exactement le mot qu'elle utilisait c'est le mot qu'elle utilisait c'est correct moi j'ai pas de misère mais c'est exactement le mot qu'elle utilisait
c'est ça
c'est ça
zéro contact ton père
t'as-tu reparlé
mon père est décédé en 2017
mon père la dernière fois que je l'ai vu
on était en 88
peut-être
puis il est parti en Amérique du Sud puis il est allé rester en Amérique du Sud OK, c'est pas mal. Puis il est parti en Amérique du Sud.
OK, OK, OK.
Puis il est allé rester en Amérique du Sud.
Fait que je sais c'est qui.
Tu sais, j'ai toujours eu...
Je savais c'était qui,
mais dire j'ai eu une relation avec lui,
jamais de relation.
Jamais, OK.
Je te ramène ce que...
Ton oncle, donc,
sont la 4 et je suis ton oncle, tout ça.
Puis...
Tu sembles aller sur le droit chemin un peu.
Bien, c'est un homme rationnel.
Fait que ça change toute ma vie,
toute ma perception
de tout ce qui se passe. Tu sais, il y a un problème, on le règle. On n'a pas besoin de capoter parce qu'il droit chemin un peu. C'est un homme rationnel. Ça change toute ma vie, toute ma perception de tout ce qui se passe.
Il y a un problème, on le règle. On n'a pas besoin de capoter
parce qu'il y a un problème.
C'est quoi le problème? On le règle.
On parle, on discute, on n'est pas obligé de crier
et de tout casser.
Exactement. Tu ne te fais pas mettre dehors.
Mais en même temps, il y a des attentes sur ce qu'il veut que je fasse.
Et tu n'as jamais eu de structure tant que ça.
Zéro.
Je ne suis pas capable d'obéir
j'ai vraiment une tête forte
si tu me dis d'aller à gauche je vais aller à droite
juste pour te montrer que je suis capable de le faire tout seul
ça fait des comportements qui sont complètement destructifs
puis on arrive
dans le fond à la fin de l'année scolaire
puis il me dit
l'année scolaire finit
mettons le 23 juin règle générale.
Puis je me souviens, il m'avait dit, 1er juillet, si t'as pas de job, faut que tu t'en ailles.
Puis moi, tout ce que j'ai entendu, c'est faut que tu t'en ailles.
Fait que j'ai pacté mes affaires, puis je suis retourné sur mon coin de rue.
Puis je me suis remis à la vente de la roche.
As-tu eu des arrestations liées à la vente de stupéfiants?
Oui.
Combien? Des arrestations, je à la vente de stupéfiants? Oui. Combien?
Des arrestations, je me suis fait pogner une fois.
Il y a eu plusieurs arrestations.
Je réussissais, j'ai laissé du stock deux fois dans l'auto de police
et ils ne l'ont pas trouvé.
Je réussis à m'en sortir.
J'ai eu une possession simple.
L'année, je ne pourrais pas te dire,
mais possession simple, des petites affaires.
Pour pas de sentence, tant que ça est relié.
J'ai vu la prison, j'ai vu Bordeaux, j'ai vu Rivière,
mais pour dire que j'ai fait du temps,
j'avais pas fait de temps avant. T'as pas fait de temps.
OK. Fait que
ça a été des années. Toi, t'as pas de
consommation, fait que tu faisais tes shit, tu faisais ton
argent, ton appart,
tu faisais ta vie. J'avais 20 ans, je vivais bien, j'avais un bel appartement
au centre-ville. Je connais
le crack, fait que t'avais des bons revenartement au centre-ville. Je connais le crack.
Tu avais des bons revenus.
Tu gagnais bien ta vie, j'en doute pas.
Si tu étais au centre-ville, tu vendais du crack.
Surtout si tu ne consommes pas.
Tu avais un bon train de vie. J'avais tous les Jordans. J'avais tout le lane.
Je mangeais dans les meilleurs restos.
Je faisais la belle vie. Je ne me posais pas de questions.
L'argent sortait comme il rentrait.
Tu as-tu suivi la courbe
de tu passes du coin de rue à... Oui, moi, rapidement, c'est ça. J'ai, il sortait comme il rentrait. T'as-tu suivi la courbe de... Tu passes du coin de rue
à... Ouais, moi, rapidement, c'est ça.
J'ai parti ma propre run.
Puis je me suis
déplacé. Fait que je suis parti de la même, puis je suis allé un petit peu
plus dans l'ouest. J'avais remarqué qu'il y avait pas...
On va se le dire,
mais il y a comme deux marchés.
À l'époque, en tout cas, il y avait
les motards, puis il y avait, mettons,
les noirs.
Moi, j'ai décidé
de partir tout seul à un moment donné
et d'aller m'occuper plus de l'Ouest.
Il y a eu l'opération Printemps 2001, je ne sais pas si tu te souviens.
Oui, je me souviens très bien.
Ça a créé une espèce de vide. Il y avait plein d'opportunités
et à peu près en même temps,
les gars qui étaient dans le project,
le plan Jeanne-Mance,
eux autres aussi se sont fait ramasser.
Le centre-ville était comme...
C'était un fruit no man's land.
En plus, c'était le changement d'une époque où tu n'avais plus
besoin d'être sur un coin de rue, les cellulaires roulaient.
Moi, je suis un des
premiers que j'ai... On était une couple
de gars, mais moi, j'ai commencé
sur un coin de rue. Tu restais sur le coin de rue,
tu avais tes affaires, la police venait, tu partais. Les clients, ils venaient au coin de rue, c'était un gars, un autre gars, j'ai commencé sur un coin de rue. Tu restais sur le coin de rue, pis t'avais tes affaires à la police de Neuville, pis tu partais, pis tu sais,
mais les clients, ils venaient au coin de rue,
pis c'était un gars, un autre gars, pis là, on se battait pour les
servir. Parce que, tu sais, il y a...
C'est weird, la façon dont je vais te dire, mais il y a
l'avantage, je suis le manquissement
de parentère, mais l'avantage du crack et de l'héroïne
quand t'es un trafiquant de crack et d'héroïne,
c'est que le gars, il y en a souvent
tout le temps. Tu sais, souvent,
tu sais, la poudre, oui, t'en as, mais t'as beaucoup de récréatifs aussi, tandis que ça, c'est que le gars, il y en a besoin tout le temps. Souvent, la poudre, oui, tu en as, mais
tu as beaucoup de récréatifs aussi, tandis que ça, c'est des drogues
que... C'est pour ça qu'il y a un numéro de téléphone
val cher.
Les lignes valent cher dans la rue
pour les runs d'héroïne pis de crack.
Parce que c'est ça, c'est du redondant.
Les gars, c'est tout le temps. C'est aux 3h, aux 4h.
Absolument. Repeat business.
C'est ça, exactement. C'est pour ça que ça devient une rentabilité.
Et c'est pour ça qu'il y a beaucoup de violence reliée à ces deux
trafics là plus parce que
elles sont tellement payantes
les sentences sont plus élevées aussi
bon
ça grossit
la business va bien
il se passe quelque chose
à un moment donné
j'ai une run qui fonctionne bien j'ai une équipe puis j'ai La business va bien. Il se passe quelque chose à un moment donné. Oui, je me retrouve.
J'ai une run qui fonctionne bien.
J'ai une équipe.
Quand je me suis mis à vendre du crack,
tous mes chums étaient pauvres comme moi.
Ça n'a pas été long que je suis retourné les voir.
J'ai dit, les boys, ça ne sert à rien d'être pauvres.
Venez avec moi, on va tout en vendre.
Vous allez faire du cash.
Écoute, on faisait 500 ou 1000,
entre 500 et 1000$ par soir.
Ça roulait dans le temps,
sur le coin de rue.
Les gars sont tous descendus.
Presque tous mes chums se sont mis à faire ça.
À mesure que le temps passe,
l'argent arrive,
il y a des sentiments qui rentrent,
il y a un qui se frustre avec un autre,
puis on se sépare.
Parce que tes chums,
oui, c'est tes chums, ça devient tes employés.
Ils deviennent tes employés, à un moment donné
ils décèdent qu'ils veulent faire leur affaire,
fait qu'ils deviennent tes compétiteurs,
pis moi ce qui est arrivé c'est que c'est un de ces gars-là
qui s'est mis à fournir un de mes vendeurs.
Avant que tu rembourse,
je sais où tu t'en vas, je sais très bien où tu t'en vas,
dans ta vie de tous les jours,
avant cet événement-là,
la violence avait quelle proportion dans ta vie?
T'étais-tu un gars à taper sa gueule dans la vie?
Pas tant.
Quand c'était nécessaire, mais t'étais pas un...
Pour moi, c'était utilitaire.
C'est une façon de régler des problèmes.
En même temps, tu me demandes la violence.
J'ai grandi dans un milieu où la mort était très présente.
Si tu remontes
à 2003,
puis même les années avant,
aujourd'hui, il y a 30 meurtres par an
à Montréal, puis ça fait les nouvelles.
En 2003,
je pense qu'il y en a eu 64, 65.
C'est ça la raison.
Aujourd'hui, c'est juste qu'ils sont moins subtils.
C'est parce qu'ils s'entraînent en plein jour
pis c'est dans un bloc où il y a des enfants au-dessus
pis c'est ça la différence aujourd'hui
mais étant impliqué dans le milieu, j'ai des amis qui
c'était normal, c'était même pas quelque chose
qui se questionnait, fait qu'il y a la mort de ma mère
moi je me suis fait poignarder à 18 ans
j'étais arrivé à l'hôpital cliniquement mort
ils m'ont ressuscité
pis ils m'ont ramené
dans le dos,
j'ai une cicatrice d'à peu près deux pieds.
OK. Mais c'est ça, je suis allé
dans un party, puis je jouais à ça, puis...
Il y en a un qui a joué à ça plus que toi.
Ouais, il était plus que moi, en tout cas.
Lui, il a pas joué.
Ouais, à la fin, ça m'a le viré, tu sais.
Mais c'était normal, pour moi.
Puis...
C'est ça, ça changeait pas grand-chose dans ma vie.
Ça faisait partie de la réalité des choses.
J'ai des chums qui se sont fait tirer et j'avais des chums qui tiraient
d'autres gars.
À l'époque, il n'y avait pas encore les lois
un peu, ces armes à feu. Un gars se faisait pogner avec un gun,
il allait faire six mois. Il était parti
pour une saison. Si il se faisait arrêter
l'été, il était revenu l'hiver. Si il se faisait arrêter l'hiver,
il revenait l'été. C'était normal
et c'était comme accepté. À l'heure, tu en asu l'hiver. S'il se faisait arrêter l'hiver, il revenait l'été. C'était normal et c'était comme accepté.
À l'heure, tu en as un chez vous, c'est 30 mois
automatiquement. Oui, c'est ça. Les choses ont changé.
Ça a changé avec le temps. C'est ironique
parce que les peines sont plus sévères pour ça.
Il y en a deux fois plus. Oui, c'est ça.
C'est ça l'ironie.
Je te laisse avec...
J'arrive à ce moment-là. Il y a Sony
qui s'appelait.
Il se met à fournir un de mes vendeurs.
Je suis parti une fin de semaine.
Je suis revenu et les chiffres,
ils n'additionnaient pas.
Il y avait eu un problème quelque part.
C'est de voir sur quels chiffres ça s'est passé.
On trouve qui travaillait ce chiffre-là.
Qu'est-ce qui s'est passé?
Tu parlais de ta psylle.
Tu poses des questions.
Il ne disait rien que c'est passé,
c'était juste slow.
Ça roulait sur le chiffre avant et ça roulait sur le chiffre après. Pourquoi ça roueul. Tu poses des questions. Il disait rien qui s'est passé. C'était juste slow. Mais ça roulait sur le chiffre avant
pis ça roulait sur le chiffre après. Fait que pourquoi ça roulait
slow là? Pose des questions, pose des questions.
Insiste un petit peu.
Sony m'a donné du stock. Bon.
C'est pas la première fois que ça arrive.
Pis moi, à ce moment-là, je suis tellement investi
dans mon identité. Tu sais, tu parlais
de l'argent. Mais pour moi,
plus que l'argent, c'est l'identité.
C'est ça que toi... On s'investit là-dedans parce que là... C'est ta business. Plus que ça, c'est ma personne. mais pour moi, plus que l'argent, c'est l'identité. C'est ça que... On s'investit là-dedans,
parce que là... C'est ta business.
Plus que ça, c'est ma personne. Parce que moi, qu'est-ce que je fais?
Je donne des jobs à du monde.
Fait que n'importe qui qui veut faire 500$
par jour, pas d'éducation,
pas rien, là, tu sais.
Tu veux faire 500$ par jour, tu viens travailler sur un chiffre.
Fait que les gars, sans dire qu'ils se battent,
mais ils se battent pour avoir des chiffres.
Je te dirais pas qu'ils se battent, mais ils têtent. « Hey, Manny, je peux-tu avoir un chiffre? » « Manny, come on, donne-moi un chiffre. Fait que les gars, sans dire qu'ils se battent, mais ils se battent pour avoir des chiffres. Je te dirais pas qu'ils se battent, mais ils têtent.
« Hey, Manny, je peux-tu avoir un chiffre? Manny, come on, donne-moi un chiffre.
Manny, come... » Fait que les gars, ils veulent
travailler. Fait que moi, je les traite comme
de la merde. Je les traite mal.
J'ai aucun respect pour eux autres.
Puis eux autres, ils l'acceptent. Fait que ça me permet
moi de me sentir gros, puis important,
puis costaud. — Ça te définit, tu sais.
— Ben oui! Là, je me sens
hâte. Tu sais, après avoir vécu
une vie où on n'était pas
ou j'avais rien,
mon père m'a abandonné,
tout ça.
Là, finalement,
je suis on top.
Là, je ne vais pas
laisser tomber ça.
Fait que là,
je suis investi là-dedans.
Pis là, il y a ce gars-là
qui vient.
Pis si tu connais
la vente de drogue,
tu sais qu'il y a un gars,
quand il arrête
de t'appeler toi,
quand il appelle
pis qu'il n'y a pas de service
ou qu'il y a du mauvais stock,
il appelle l'autre après. Pis quand est-ce qu'il va'y a pas de service ou qu'il a du mauvais stock, il appelle l'autre après.
Quand est-ce qu'il va revenir? Tu ne le sais pas.
Ce qui se passe, c'est que
les chiffres continuent à baisser après ça
parce que Sony
fournit mon vendeur, mais son stock
n'est pas bon. Non seulement
sur ce chiffre-là, je perds des revenus,
mais là, j'ai perdu ma clientèle.
Parce qu'ils sont venus sur ce chiffre-là,
ils ne vont pas aller sur le chiffre d'après. Il ne rappelle plus, il rappelle l'autre. Quand estèle parce qu'ils sont venus sur ce chiffre là ils disent que c'est ça qui est pas bon
ils rappellent l'autre
quand est-ce qu'ils vont revenir
moi dans ma tête je pars d'une panique
parce que mon identité est là
je dis comment ça va se passer
je te dis
le lundi soir j'ai appris
qu'est-ce qui s'était passé
le mardi toute la journée
qu'est-ce que je vais faire
stressé, anxieux je suis arrivé au mardi toute la journée. Qu'est-ce que je vais faire? Qu'est-ce que je vais faire? Stressé, anxieux.
Je suis arrivé au mardi soir.
La seule solution
qui faisait du sens, c'était de le tuer.
J'ai dit, ça va être réglé.
On n'aura plus besoin de faire face à ce problème-là.
C'est réglé. Dans ma tête,
ce n'était même pas une question.
Je savais que c'était illégal,
mais je ne savais pas que c'était mal.
Parce que c'est une façon de régler les problèmes t'es tellement dans ce game là
jeune
ça fait tellement longtemps que t'es dans ce game là
t'as grandi là-dedans
c'est normal
t'as pas l'option
je vais appeler la police
c'est ça
les problèmes se règlent comme ça
le monde
Sont drillés dans cette mentalité-là
Tu fais ça, il y a une conséquence
Tu fais ça, il y a une conséquence
Puis on grandit dans ce monde-là, dans un monde de conséquences
Moi j'ai grandi chez nous
Avec ma mère, tout avait une conséquence
Des fois la conséquence, elle changeait du jour au lendemain
Mais
Toujours, toujours, il y a une conséquence
À ce qui arrive
Puis le gars a fait quelque chose, il faut qu'il paye Il y a une conséquence à ce qui arrive.
Puis le gars, il a fait quelque chose,
bien, il faut qu'il paye.
Il y a une conséquence.
C'est quoi la conséquence?
C'est ça.
Puis moi, je me sens complètement justifié.
Je ne me pose même pas la question.
T'as-tu, écoute, c'est sûr,
t'as-tu eu la réflexion de genre,
si je fais juste le ramasser puis il crissonne voler,
il y a des chances que la deuxième option
qui est, mettons, le tuer,
à survivre contre toi.
Oui, il y a cette question-là.
Mais il y a aussi
la question d'on est déjà passé par cette étape-là.
On l'a déjà eu, la conversation
de dire arrête d'essayer de fournir mes vendeurs.
Parce que les gars, ils font ça.
Mon vendeur,
il n'est même pas sur le téléphone.
Il transfère. Il y a un téléphone qui est staché
quelque part. On transfère la ligne sur son téléphone. Le gars, je ne le vois pas. En plus, j transfère. Il y a un téléphone qui est staché quelque part, on transfère la ligne
sur son téléphone.
Le gars, je ne le vois pas.
En plus, j'ai un gars
qui load sur son chiffre.
De savoir
qu'est-ce qui se passe,
de dire que j'ai un contact,
à ce moment-là,
je ne suis plus sur la rue
à ce même niveau-là.
Je me retrouve
dans une position
où je sais.
Il y a des problèmes.
Les gars me disaient
que Sony est venu
et a essayé
de me donner un 7.
Il a essayé
de me donner
une coupe de piste.
Des fois, tu en as qui sont bons.
Ils te le disent, mais combien
ils ne te le disent pas et qu'ils passent une coupe.
Je le sais que ça se passe.
Est-ce qu'il va lui donner une meilleure cut sur ce match-là?
Il va faire plus de cash.
Exactement.
La conversation, je l'ai eue souvent.
Arrête de faire ça.
Pas juste avec lui.
C'est un phénomène courant.
Il y a plein de monde qui essaye de vivre de même,
qui se ramasse une petite affaire, je vais le donner
à un vendeur, puis les gars font ça.
Des fois, c'est le vendeur qui se fait battre.
Il y a plusieurs façons de gérer
un problème. La loyauté dans ce milieu-là
est très faible. Zéro.
Zéro, zéro, zéro. Il n'y en a pas d'amour.
C'est une question de pouvoir tout le temps.
C'est qui a le plus de pouvoir le plus fort
j'ai remarqué ça à un moment donné
que la dynamique
quand t'es dans une dynamique de pouvoir
tu veux toujours être du bord du plus fort
même si le plus fort t'es pas d'accord avec ses valeurs
ou qu'est-ce qu'il croit
t'embarques dans son équipe
tu dis tantôt on verra comment est-ce qu'on va gérer le problème
c'est sûr que c'est ça la dynamique.
Tu l'as géré le problème.
Oui.
J'ai décidé...
Je ne sais pas à quel point tu veux...
Je suis ouvert.
Non, non, non.
C'est ça.
Je te laisse raconter ça.
Si tu vas loin, autant que tu veux aller loin...
Je n'ai pas...
J'ai pris la décision le mardi soir.
Je te dis, j'étais stressé, je ne dormais pas.
Fume des cigarettes, fume des joints joints qu'est-ce que je vais faire
la décision je la prends et je me suis dit je vais le tuer
je me suis endormi
10 minutes après, la paix
mon problème était réglé
pour moi c'était vraiment, il n'y avait aucune considération humaine
il n'y avait aucune question de savoir
ce gars là c'est qui
c'est quoi sa famille, qu'est-ce que ça va causer comme répercussion.
Puis en plus, je me pense tellement
smart que je ne considère même pas
la possibilité qu'il me pogne.
Tu comprends ce que je veux dire? J'ai regardé assez de films,
j'ai regardé assez d'émissions qui montrent comment s'en sortir.
Dans ma tête, je me dis, c'est sûr qu'ils ne me pogneront pas.
T'avais-tu dans l'angle
de donner le contrat?
Non, non, non. Moi, dans ma tête, le plan initial,
c'est je vais l'attendre, je sais où il reste.
Il va sortir, bang, je m'en occupe, puis je pars.
OK.
C'était ça, le plan initial.
Puis le lendemain matin, par un concours de circonstances,
j'avais une autre run dans une autre ville
avec un de mes chums.
Ce chum-là, il m'appelle,
puis il me raconte une histoire.
Je lui dis « Qu'est-ce que tu fais? » Il me dit « Il y avait une auto
louée qui avait été louée par quelqu'un
d'autre qui avait été donnée
d'un char intraçable. »
L'idée, elle me vient. « Oh, si on a un char
qui n'est pas intraçable, à la place de le pogner dans la rue,
je pourrais le mettre dans le char et aller le porter dans le bois. » Je suis froid comme ça à cette époque-là. Il n'y a rien. C'est vraiment traçable, à la place de le pogner dans la rue, je pourrais le mettre dans le char et aller le porter dans le bois.
Je suis froid comme ça à cette époque-là. Il n'y a rien.
C'est vraiment bang, bang, bang.
C'est...
J'avais le terme en tête.
C'est mécanique.
C'est exactement ça.
1 plus 1 égale 2.
2 moins 1 égale 1.
1, c'est moins. Je suis content.
Je suis au top de la pyramide.
La pyramide, c'est pointu. Il y a un gars qui fait au au top de la pyramide. Exactement. Une pyramide c'est pointu,
il y a un gars qui fait au-dessus de la pyramide, à 2
il y en a un qui va tomber, pis c'est pas ça pour moi.
Pis faut que je règle le problème,
fait que je me retrouve vraiment...
Fait que là, je dis à mon chum,
il passe à la maison, là il passe à la maison,
là j'explique, j'ai le problème avec
Sony, c'est ça qui se passe,
je vais aller le tuer.
T'attends-tu venir avec moi?
Pis pour te montrer à quel point mon monde est fou,
il dit, ben ouais, let's go.
Il n'y a même pas de, voyons donc.
Non, OK, let's go, j'y vais.
À ce même moment-là, mon partner que j'avais
sur ma run au centre-ville,
il est arrivé chez nous,
par hasard, puis il dit, ah, qu'est-ce que vous faites?
Je lui dis, ben le problème avec Sony, je m'en vais le régler aujourd'hui.
On parlait en anglais, puis je lui dis, you wanna roll? Il dit, qu'est-ce que vous faites? » Pis là, je dis « Ben, le problème avec Sony, je m'en vais le régler aujourd'hui, t'sais. » On parlait en anglais, pis je dis « You wanna roll? »
T'sais, ils disent « T'embarques-tu? »
Ils disent « Ok, let's go. »
Pis on est embarqués dans le char,
pis on est allés le chercher.
Chez eux, on l'a embarqué dans le char,
pis on est descendus à Drummondville.
De force.
Même pas.
Même pas.
Ben, t'sais,
t'sais,
t'sais,
quand t'es dans le trouble,
pis que t'as fait quelque chose de mal
pis que t'arrives t'essayes d'acheter la paix des fois
tu te dis peut-être que je vais être capable de m'en sortir
fait que je suis pas arrivé super agressif
pis je pense que lui il s'est dit
je vais être capable de m'en sortir ou peut-être qu'ils vont chialer
un petit peu peut-être que je vais manger une tape ou deux
c'est qu'à la base t'sais des chums
way back là
oui oui exactement fait que dans sa tête il se dit, selon moi, je ne sais pas,
mais il est embarqué dans le char et ça n'a pas été compliqué.
On fait la règle.
On est arrivé à un moment donné et je l'ai amené dans le bois.
C'était décidé.
Les deux gars qui étaient avec moi qui savaient,
ça m'a pris du temps avant de réaliser ça,
mais eux autres, je ne pense pas qu'ils pensaient que c'était vrai.
Tu sais, il y a du monde, il y a des gars, là,
chaque jour, c'est « Ah, on va le tuer, on va le tuer, on va le tuer. »
J'étais pas tant un gars de même, moi.
Quand je le dis, c'est parce que ça va se passer.
Mais eux autres, un de mes chums,
en tout cas, lui,
chaque jour, il pétait des coches, tu sais.
Fait que je pense pas qu'il a pris au sérieux ce que je...
Pis je suis sorti,
on est allé dans le bois.
Jusqu'au dernier moment, ils pensaient
qu'ils faisaient peur, ils donnaient une bonne leçon,
ils mettaient une bonne volée.
Je pense pas qu'ils réalisaient le sérieux
de ma démarche quand j'ai dit qu'on s'en allait
faire ça. Puis on est
arrivés dans le bois. Moi puis
Gabriel, on est sortis.
Je l'ai tiré.
Puis...
Je suis rembarqué dans le char.
On est juste partis.
Je suis pas le silencieux.
On est revenu à Montréal.
Juste avant de débarquer,
on a donné des instructions.
C'est ça le plan, c'est le moment que ça va se passer.
S'ils posent des questions, on répond ça.
C'est drôle, ça fait 20 ans. C'est arrivé le plan, c'est le moment que ça va se passer s'ils posent des questions, on répond ça c'est drôle, ça fait 20 ans c'est arrivé le 3 septembre 2003
on enregistre ça aujourd'hui
on est le 9
9-10, ouais
c'était ça
je retournais à la maison, je me suis couché
j'étais tellement froid
tellement déconnecté
tellement
le jour que je me suis fait à renoncer que ma mère était morte, c'est mon chum qui est venu me dire ça J'étais tellement froid, tellement déconnecté, tellement...
Tu sais, moi, je me souviens, le jour que je me suis fait
à renoncer que ma mère était morte,
c'est mon chum qui est venu me dire ça.
Je savais qu'elle s'était suicidée.
Moi, j'étais sur la main à l'époque.
C'était la nuit, puis je gardais une chambre.
Pour ceux qui connaissent la main, j'étais au boléro.
J'avais une chambre au boléro,
puis les clients, ils venaient me voir à la chambre.
Puis c'est ça, quand ils m'ont annoncé
que ma mère était morte, j'ai dit « Hey, don't be a con. »
Je me suis allumé une cigarette puis c'était tout.
Il n'y a pas eu de pleurs, il n'y a pas rien eu. J'étais froid,
j'étais déconnecté. Le monde disait « Manny,
c'est une machine. » Puis j'étais fier de ça.
J'étais vraiment investi dans l'idée.
Il n'y a rien qui m'affecte.
Peu importe ce que c'est, je suis capable de le gérer.
Ça ne me dérange pas.
Le pétique, je veux dire, dans ce business-là,
il faut que tu sois de même.
Mais c'est valorisé.
C'est ça.
C'est valorisé.
Tu n'as pas le choix.
Oui, tu as raison.
Si tu n'es pas de même, tu vas te faire manger.
C'est clair.
Oui.
Si tu es au parloir et que tu m'en parles en ce moment,
tu n'es pas en train de tout au snitch.
Ils le savent.
Ils le savent, c'est ça.
Je ne sais pas comment c'est arrivé, on va en parler,
mais je pense que la première gaffe que tu as faite dans ce soir-là,
c'est que tu n'étais pas tout seul.
Il y a des bonnes choses.
Leçon numéro un.
Leçon numéro un.
C'est ça, je pense que ça a été la... Qu'est-ce qui s'est que tu n'étais pas tout seul. Il y a des bonnes choses. Leçon numéro un. Je pense que ça a été...
Qu'est-ce qui s'est passé?
Ils l'ont trouvé rapidement?
Non.
Non, même pas?
Ça a pris deux mois avant qu'ils le trouvent.
Mais là, bon,
l'enquête s'est commencée, à savoir...
Une disparition en premier.
Une disparition. Je pense
qu'en dedans d'une couple de jours,
il a fait la première page
du journal de Montréal.
Fait que là,
il y avait un petit peu
de pression.
Fait que l'enquête commence.
Toi, tu continues
ta business.
Moi, en fait,
je me suis retiré rapidement.
Quand les crimes majeurs
sont débarqués chez nous,
ils sont venus
puis je me souviens
de l'histoire
qui était cachée
dans le plafond
j'avais
pas un double plafond
mais tu sais
c'est un beau condo
avec des lumières encastrées
t'enlèves la lumière
pis tu laisses ça
dans le plafond
y'avait du stock
dans le plafond mettons
pis quand ils sont débarqués
chez nous un matin
j'ai dit non
c'est pas bon
que je continue à faire ça
je vais brûler la run
pis je reviens à l'identité
pour moi c'est ça
qui est plus important
que quoi que ce soit
c'est ça
c'est la run qui prime
fait que je laisse à mes partners
je leur laisse, ok, gérer ça
moi je vais me retirer parce que la pression est sur moi
je me retire
puis
pendant deux mois
les policiers une fois de temps en temps ils viennent
ils tentent le terrain, ils posent des questions
finalement la séquence des choses,
Gabriel,
qui était avec moi,
qui était mon partner, il va se faire arrêter.
Lui qui a amené le char, ça? Ou le runner
que t'avais? Ouais. OK. Fait qu'il y avait Gabriel,
il y avait Yann.
Puis,
Gabriel va se faire arrêter pour une niaiserie.
Puis les policiers
vont y mettre de la pression.
Ils vont dire, tu vas te ramasser en dedans pour meurtre.
Puis là, c'est pas moi qui l'a fait, c'est Mané.
Je vais vous dire, il est où le corps?
Là, il le remonte, il est où le corps?
Le meurtre se produit le 3 septembre.
Il découvre le corps le 12 novembre, peut-être.
C'est peut-être une affaire la même.
Parce que lui, avec ses antécédents,
il savait qu'il était juste...
C'était quelqu'un qui était porté disparu mais il était persuadé que
je sais pas, je vais être honnête avec toi
moi une des affaires que
avec lequel
j'ai encore de la difficulté aujourd'hui
quand j'y pense
c'est qu'est-ce qui est arrivé
à la famille
les parents qui sont là
t'as pas de corps, qu'est-ce que tu fais? Tu vas t'accrocher au positif.
Tu dis non, il est encore en vie. Il va revenir.
Il va revenir.
Un coup que le meurtre est commis,
il n'y a pas rien que je peux faire par rapport à ça.
Mais si j'avais dit,
si j'avais parlé,
si j'avais expliqué ce qui s'était passé,
à la place de leur donner un faux espoir
et qu'ils s'investissent là-dedans.
Ça, c'est de la torture de laisser du monde pendant deux mois penser que leur fils
est encore en vie, quand tu sais très bien
qu'il est mort. Puis là, ils combattent ça,
puis là, tu sais, t'essayes de croire, t'essayes
de combattre l'idée fataliste
qu'il est peut-être mort, puis tu sais...
— Mais ça, c'est le minding du gars qui est repenti
aujourd'hui. — Oui, oui, c'est ça. À ce moment-là,
je suis incapable de penser à ça. Moi, je veux juste
m'en sortir, je veux pas avoir de conséquences.
— La famille du gars,éro zéro zéro zéro
à ce moment là
c'est aucune considération
pis
fait que c'est ça
il découvre le corps
le 12 novembre
à peu près là
peut-être que je me trompe
d'une couple de jours
whatever
le 9 décembre
il est back chez nous
je me souviendrai toujours
ils ont un mandat
pour ton arrestation
pis
j'étais un petit peu un comédien
je dis pour d'étiquette il m'a dit non j'ai dit je peux- Ils ont un mandat pour ton arrestation. J'étais un peu un comédien. Je dis, pour d'étiquette?
Il m'a dit non.
J'ai dit, peux-tu voir le mandat?
Article 235.
Meurtre premier degré.
J'ai vu.
Là, tu vois, dans le mandat d'arrestation,
il y a un nom à la place d'en avoir deux.
Il y a mon nom, il y a le nom de Yann,
et il n'y a pas le nom de Gabriel.
Je sais ce qui s'est passé.
À partir de ce moment-là,
je me retrouve incarcéré.
C'est un processus
de deux ans peut-être,
avoir enquête préliminaire.
Procès. Je me retrouve à avoir un procès
qui débute au début septembre 2005.
Toi, tu n'as jamais été libéré du cas...
Jamais.
Si on n'est pas un meurtre au Québec, c'est très rare.
Je sais, mais je pose la question. Je connais sa réponse. C'est ça. Si on n'est pas un meurtre au Québec, c'est très grave. Non, je sais. Je pose la question.
Je connais sa réponse.
C'est ça.
Je me retrouve...
C'est ça. Un procès qui devait durer
trois semaines, qui dure un mois et demi,
presque deux mois. Je suis condamné
le 28 octobre. Le jury revient
avec un verdict de culpabilité.
Meurtre premier degré. Je suis condamné
à prison à perpétuité sans possibilité
de libération conditionnelle avant 25 ans.
Ça donne un coup.
Mais je suis encore dans le déni.
Je me dis, je vais avoir un appel, je vais m'en sortir.
Je suis tellement mindé.
Je me retrouve transféré,
centre de réception.
À cette époque-là, remords,
pas de remords ou t'es encore froid
je suis inhumain
je suis pas à la question
je sais que t'es qui aujourd'hui
mais je sais pas t'es qui
à cette époque-là
c'est pour ça que je pose la question
aucune émotion
je suis le centre de l'univers
pis c'est juste moi qui compte
pis les autres on s'en fout
les autres là ils sont pas importants je suis en centre de l'univers pis c'est juste moi qui compte, pis les autres on s'en fout les autres là, ils sont pas importants
pis je suis en compétition
moi je vis dans un monde là où
tout le monde je regarde pis comment est-ce que je vais prendre
le dessus, comment est-ce que je vais prendre avantage, qu'est-ce que je peux aller
chercher, pis c'est vraiment, tout est
utilitaire, y'a pas d'amour, ça existe pas
je sais pas c'est quoi, je n'ai jamais vécu
fait que c'est toujours d'aller en chercher plus pis
checker le monde autour de toi, fait que non
te dire remords là, c'est... d'aller en chercher plus puis checker le monde autour de toi te dire
remords
je savais même pas c'était quoi je pense
condamné
transféré
25 ans
transféré au centre de réception
je me souviens le jour
je suis condamné
c'est un vendredi après midi
à midi le jury revient.
Il me trouve coupable.
Je retourne arriver à des prestations. Tu fais la ronde de lait.
Tu retournes dans le bullpen.
Je me souviens, j'étais assis.
As-tu du monde... Excuse-moi, je te coupe.
As-tu du monde de la famille? As-tu du monde proche de toi?
As-tu du support? Moi, je suis marié à cette époque-là.
Je suis marié avec une fille.
Pas d'enfant? Pas d'enfant.
Sa famille, c'est comme ma famille un petit peu, si tu veux.
Il connaissait-tu ton mode de vie?
Elle connaissait son cousin.
C'est le monde proche, mais le reste, non.
Elle a vu ça difficilement.
Quand je dis difficilement...
Elle savait-tu avant que tu te fasses arrêter?
Moi, je ne l'ai jamais dit à personne
avant un autre...
Chronologiquement, la première fois
que j'ai admis à quelqu'un que j'avais tué ce gars-là,
on est en 2008.
Je ne l'ai jamais dit. Moi, je l'avais vu, ça,
dans l'émission. Je ne me ferai pas pogner parce que
j'ai dit à quelqu'un qui va venir dire...
Mais tu avais deux gars avec toi dans ton genre.
Oui, mais je n'avais pas compris ce point-là.
Mais je n'allais pas le dire. Tu t'avais deux gars avec toi dans ton genre. Oui, mais j'avais pas compris ce point-là. Mais j'allais pas le dire.
Tu comprends-tu?
Fait que...
C'est ça.
Fait que t'es expédié là,
elle prend ça dur.
Moi, je me souviens de me réveiller le lendemain matin
dans ma rangée à Rillard-des-Prairies,
pis de regarder, pis de dire « Wow, c'est le reste de ma vie pour 25 ans. »
C'était un choc, là.
Le jour même, je l'ai vécu pas mal bien.
Le lendemain, ça m'a donné un coup.
Le matin, quand je me suis levé et que j'ai regardé arranger,
je vois encore l'image dans ma tête.
Le S1 à la rivière.
Ça se passe comment?
Les étapes.
Transfert, prison provinciale au fédéral,
t'envoyé au centre de réception.
Au centre de réception,
ils font une analyse
de ta personne, pis de ton dossier,
pis tout ça, pis c'est ma première sentence fédérale,
pis je suis capable de jouer du violon,
je raconte une belle histoire, pis tout.
Pis t'sais, j'ai l'histoire triste en arrière aussi,
t'sais, fait que ma mère est décédée, pis j'ai eu des
circonstances difficiles, pis
à cette époque-là, il existe,
pendant deux ans, le projet
pilote a existé, mais il commence du monde
sur des sentences
vies dans des médiums. Fait qu'il y a une dérogation.
Normalement, t'es supposé de commencer au max.
Pis ils font
ça avec du monde, ils les mettent dans des médiums.
Moi, je suis un de ces gars-là qui s'est ramassé en médium.
Fait que...
J'arrive
là en octobre, je suis transféré en février
à Archambault
Archambault je trouve ça rough
la relation avec ma femme
écoute à 23-24 ans
à ce moment là
25 ans c'est long
fait qu'elle prend le bord vite
elle reste pas là trop longtemps
fait que là je me retrouve complètement tout seul
pis c'est difficile c'est rough
fait que là, je me retrouve complètement tout seul pis c'est difficile, c'est rough.
Fait que là, ce que je fais,
je retourne à ce que je connais.
On va faire du cash.
Fait que j'ai un chum
qui va faire rentrer
de la roche.
On se remet à vendre
de la roche.
Pis là,
en plus,
j'ai un ancien client
qui est avec moi
à Archambault.
Pis lui,
il vient d'avoir un héritage de 50 000$ de sa grand-mère. Sa grand-mère
est décédée, puis là, il a eu 50 000$.
Fait que... C'est ça.
Fait qu'on a fait du cash.
Je me suis fait pogner, transférer
Donnacona. Donnacona, je me retrouve
là. Mon appel est rejeté.
Je te disais, ça a pris 5 ans avant que je le dise.
Puis le jour qu'ils ont rejeté mon appel,
je suis en train de prendre ma douche et il y a un gars à côté qui dit
« Manny, j'ai entendu dire qu'ils ont rejeté ton appel. »
Je dis « Ouais. »
Il dit « Vas-tu aller à la Cour suprême? »
Je dis « Non. »
Il dit « Pourquoi? » « C'est parce que je l'ai tué. »
C'est la première fois que j'ai dit à va-haut
que je l'avais tué.
Puis là, j'arrête de vivre dans un monde imaginé,
puis je fais face à la réalité.
C'est lourd, c'est pesant.
Parti de ce processus-là, quand tu reconnais ton crime,
bien là, ils veulent que tu vois la psychologue.
Fait que je vois la psychologue.
La psychologue qui me dit que ça ne va pas bien.
Puis dans ma tête, je me dis, elle est complètement folle, cette madame-là.
Voyons donc, ça va pas bien.
Elle me dit,
tu purges une sentence vie
pour un meurtre commis dans le cadre de trafic de drogue,
t'es transféré dans un maximum
pour trafic de drogue. Elle dit, ça va pas bien.
Moi, mon seul critère,
c'est soit t'es un junkie, soit t'es pas un junkie.
Les junkies, y'a rien à faire, là, ça va pas bien.
Si t'es pas junkie, t'es correct.
Je suis dans une rangée avec mes chums. Du monde qui tue du monde, y'a rien à faire, là, ça va pas bien. Si t'es pas junkie, t'es correct. J'ai une rangée avec mes chums.
Du monde qui tue du monde, je connais ça
depuis assez longtemps. Fait que c'est pas...
Pour moi, y'a pas de questionnement là-dessus.
Pis tout le long, je me dis
elle est folle. Fait que je la rencontre pendant une heure,
pis après l'heure, je me dis elle est folle, pis je marche
son bureau, pis là, je passe le carrefour,
je m'en vais dans ma rangée, pis de
n'importe où, les planchers sont comme...
Les rangées sont... C'est comme un demi-sous-sol
pis une mezzanine, si tu veux, là, tu sais, fait que t'as les deux
pis nous autres
on était en bas, pis je
regarde le gardien, pis là j'arrive
pis là les gars sont en train de faire comme une mini-émeute
ils pitchent des affaires sur le contrôle, ils sont en train
de gueuler, lâche, aise, nique
pis là je vois la scène, pis pour la première fois
je dis peut-être que ça va pas bien
là, lorsque la madame elle me disait j'ai comme un flash, je le vois, pis je regarde le gardien pis je dis ouf, c'est là, je vois la scène, puis pour la première fois, je dis peut-être que ça va pas bien. Là, ce que la madame me disait,
j'ai comme un flash, je le vois, puis je regarde
le gardien, puis je dis, ouvre ma cellule, je vais aller
chez nous. Puis je m'en vais dans ma cellule,
puis je me dis, OK, si je me suis trompé,
où est-ce que j'en suis?
Je suis embarqué solide,
il me reste encore un autre 20 ans avant d'être éligible.
Si tu t'es trompé, qu'il n'y a pas de sortie
avant 100 kilomètres, c'est le temps.
Il est bien plus compliqué que si tu as une sortie tantôt.
Il y a comme une réflexion qui s'amorce
de dire peut-être que je me suis trompé.
Mon idée, c'est que je vais arrêter
de foutre le bordel.
Tu te pognes avec un autre gars.
Avant, je disais qu'on va le battre. À ce moment-là, je dis qu'on va essayer d'y. Je vais essayer... Fait que, mettons, tu te pognes avec un autre gars. Avant, je disais, bon, on va le battre.
À ce moment-là, je dis, ouais, mais on va essayer d'y donner une chance.
Fait que je change un petit peu de perspective.
J'essaye juste de faire
la bonne chose. Je me dis, je vais essayer d'être un bon gars.
T'essaies de changer ta mentalité un peu.
Vraiment ça. Le gars que j'ai été,
clairement, c'est un peu comme tu dis,
ça marche finalement.
Le gars que j'ai été, je suis là.
Puis je me suis trompé.
Ma femme est partie, il ne reste plus personne autour de moi.
Il y a une solitude
qui prend une place incroyable.
Tu ne dois pas avoir tant de monde que tu connais.
Tes chums ne sont pas là.
Je suis dans une rangée avec des chums.
Ça, on fait du bon temps.
À ce moment-là, pour mes valeurs, j'étais à la bonne place.
On faisait du bon temps.
J'étais avec des gars que j'aimais et qui m'aimaient.
Je les aime encore.
Les gars...
Je te dirais,
les valeurs ne sont peut-être plus à la même place
aujourd'hui, mais c'est des gars pour qui j'ai une affection
profonde. Si on pouvait se rejoindre,
il me manque. Ça, c'est clair
parce qu'il y avait une belle fraternité.
C'est ça le maximum. La culture...
Tu crées des liens avec ce monde-là.
C'est intense. C'est la vie, la mort, tous les jours,
presque. Tout se règle assez
intensément. C'est des liens intenses qui se créent.
C'est ça.
Mais j'essaye à ce moment-là
d'essayer de
mitiger les conflits un petit peu.
Ma nouvelle vision, c'est que je vais essayer
d'être un bon gars.
Je fais ça pendant un an, puis là, ils me renvoient
au médium. À travers ça, j'ai que je vais essayer d'être un bon gars. Je fais ça pendant un an, puis là, il me renvoie au médium.
À travers ça, j'ai une cousine
qui commence à venir me voir. Puis là, ma cousine,
moi, je me vois comme un monstre, un petit peu,
puis je suis fier de ça un peu, puis elle,
elle rit de moi. Elle dit « Je t'ai tenu, t'étais un petit bébé.
T'es pas un monstre, là, je te connais.
Tu comprends-tu? » Elle ramène l'aspect humain dans ma vie
un petit peu, puis elle me donne comme un espoir
de dire « Je suis peut-être une personne différente. »
Puis elle a un petit gars de 16 ans à l'époque.
Puis elle l'amène
à la visite.
Pour voir son cousin. Puis pour moi,
il y a quelque chose de profondément humain là-dedans.
Il y a comme un début de relation humaine
avec ma famille qui se crée.
Ça me donne un espoir.
Ça m'aide à poursuivre
mon chemin et à changer un petit peu.
Je me retrouve
au médium, pis à un moment donné,
je vais me poser la question,
qu'est-ce que je fais
pour faire quelque chose de productif avec mon temps?
Pis je me suis dit, je vais lire tous les classiques.
Comme ça, je vais sortir,
pis je vais avoir une belle éducation,
je vais être articulé, ça va servir
à quelque chose au moins. Pis je suis allé à la bibliothèque, pis je suis rentré, pis il y avait un livre, pis je m'en belle éducation, je vais être articulé, ça va être... ça va servir à quelque chose, au moins.
Pis je suis allé à la bibliothèque,
pis je suis rentré, pis il y avait un livre,
pis je m'en souviendrai toujours, pis c'était écrit Hemingway.
Je connaissais le nom Hemingway,
grand auteur, fait que je me suis dit, c'est parfait, je prends le livre, je sors.
Pas plus de questions que ça.
Pis j'ai ouvert le livre, pis dans le livre, il y a une méditation,
en anglais, le livre est en anglais,
mais je vais te la dire en français, pis ça dit
« Nul n'est un homme entier en lui-même. » Tout le monde
fait partie d'un tout, puis là, il continue
puis il dit, il y a une phrase,
puis ça, c'est la phrase qui m'arrête net,
puis qui dit « La mort
de tout homme m'amoindrit
parce que je suis impliqué dans l'humanité. »
Puis j'avais compris que j'avais des conséquences
pour le geste que j'avais posé. La société
m'avait mis des... Mais j'avais des conséquences pour le geste que j'avais posé. La société m'avait mis des...
Mais je n'avais jamais réalisé que moi-même,
ça m'avait affecté de tuer quelqu'un,
de causer la mort.
Plus encore,
je n'avais jamais conçu
que je faisais partie de l'humanité.
Tu comprends-tu? Moi, j'étais en compétition
contre l'humanité. C'était « me against the world ».
Moi, j'ai grandi dans cette mentalité-là.
« Me against the world », je suis tout seul. En plusité là Me Mike Stéphane, je suis tout seul
en plus t'as plus ta mère, t'es plus fait que tu es tout seul
t'es pas parti d'un tout toi là
zéro, c'est moi contre le tout
Tupac avait une chanson à l'époque aussi
Just Me Against The World, c'était populaire
quand tu l'as dit, c'est la première chose que tu m'as pas fait en tête
c'était comme la mentalité, combien de chums que j'ai
qui l'ont tatoué, le Me Against The World
il y avait Only God Can Judge Me et Me Against The World
c'est comme ça que j'approchais la vie pis là je lis cette affaire là tatoué, le « Me against the world ». Il y avait « Only God can judge me » et « Me against the world ».
Puis c'est comme ça
que j'approchais la vie. Puis là, je lis cette affaire-là
puis ça met tout
à l'envers dans ma perception.
Puis comme je te dis, la citation est en anglais.
Fait que je vais en parler avec
quelqu'un.
Mais tout le staff, ils parlent français.
Tout le monde qui pourrait m'aider, ils parlent tout français.
Le seul gars qui parle l'anglais que je peux
penser, c'est un aumônier. L'aider, il parle tout français. Le seul gars qui parle l'anglais que je peux penser,
c'est un aumônier.
L'aumônier protestant.
Puis je l'ai vu dans deux, trois activités.
C'est un bonhomme.
C'est un petit peu spirituel.
Qu'est-ce que je viens de lire? Je vais lui faire une requête puis je vais lui demander d'en parler.
Puis il me dit, bien oui,
viens au bureau.
Écoute, je te pose la question.
Honnêtement,
étais-tu vraiment à la base,
base, base, quand tout ça
a commencé dans ta vie,
ce processus-là,
étais-tu vraiment toi qui dis
à 100% de ta tête
de dire « J'ai envie de changer »
ou tu étais plus
à la base, dans le « minding » de
« Je veux juste que dans mon dossier
bonne conduite
je te pose la question
honnêtement
je connais bien des gars
pour que ça paraisse bien
je veux juste que ça paraisse bien dans mon dossier
pour que quand je vais arriver à l'étape de libération
jusqu'à ce point là j'ai exactement cette attitude
je fais tout oui bonjour puis j'essaie que ça paraisse bien.
Mais la réalité, c'est que ça ne va pas bien dans ma vie.
Je ne sais pas pourquoi ça ne va pas bien.
Tu comprends ce que je veux dire?
Je pense toujours que c'est extérieur.
En lisant ça, je réalise qu'il y a peut-être quelque chose
à l'intérieur de moi qui ne va pas bien.
Là, je suis confronté à ça.
Ce que je veux à ce moment-là, en voyant ça,
puis là, le processus s'enclenche, mais c'est vraiment un processus
de dire
que je sorte, que je ne sorte pas.
Y'a-tu moyen que j'arrête
de toujours être mal?
Tu comprends ce que je veux dire?
Y'a-tu une paix? Moi, je suis toujours en train de rager.
Y'a toujours un combat. Je suis jamais
en paix.
Je ne suis jamais content.
Tu sais, j'ai eu tout.
Je les ai toutes faites, les tripes.
Tu comprends ce que je veux dire? C'est jamais...
L'argent, j'avais 21 ans, je n'avais pas mal.
Je ne te dirais pas que j'étais millionnaire,
mais ce n'était pas une préoccupation.
Tu comprends-tu?
Si je voulais quelque chose, je l'achetais
et je ne me posais pas la question
c'est combien le prix.
Mais je ne me suis jamais senti satisfait.
Je ne me suis jamais senti heureux. Il y avait toujours un vide.
Puis je lis ça, puis là,
pas que ça me l'explique, mais ça me dit
que je n'ai jamais pensé à ça.
Ça t'amène une réflexion. Exactement.
J'ai jamais...
Je vais en parler.
Puis là, j'en parle avec ce gars-là, l'aumônier.
Puis l'aumônierier c'est un homme costaud
Pis je viens d'un monde que
Un homme c'est tough
Ça fait du bruit, ça parle fort
Pis ça pousse, ça donne des tables
Tu comprends-tu
La force
Pis lui il est costaud
Aujourd'hui il est plus vieux
Mais à l'époque, mettons
6'2, 260 livres
Un homme Des grosses mains Mais doux, douons, 6-2, 260 livres. Un homme.
Des grosses mains.
Mais doux, doux, doux, puis calme.
Chaque fois que j'y raconte, je suis frustré.
Tel gardien a fait telle affaire,
puis un tel dans la rangée, je suis écoeuré.
Il me raconte toujours des histoires,
disant que j'ai vécu une situation
un peu de même une fois.
Dieu est venu et a fait telle affaire dans ma vie.
Il me parle toujours de Dieu,
mais il ne me met jamais de pression
sur quoi que ce soit.
Écoute, on a un âge
similaire.
Je n'ai pas
la même vie,
mais je viens d'un milieu quand même.
Je me doute
que
les mots
Dieu et Jésus, quand tu les entends,
c'est probablement ce que moi j'entendais.
Ridicule.
Il y a zéro point de référence.
Zéro, zéro point de référence.
Pour moi, je ne comprends même pas.
Ce n'est même pas quelque chose
qu'on estime les anges de Dieu.
Mais ça paie.
Ça paie à me parler.
Tu comprends?
Son corps pas réel.
Non, plus que ça.
Il parle, puis il est doux,
puis il est calme.
Tu sais, on est deux,
puis on parle fort.
On est deux, puis on parle fort.
Puis lui, il est là,
puis il est plus gros que nous deux.
Puis il est posé.
Il parle tranquillement.
Il n'y en a pas de stress.
Puis tout ce qu'il vit,
il n'y a pas de problème.
Puis je vois des situations.
Un gars, tiens,
puis il est toujours calme.
Il est toujours là, toujours en paix.
Moi, je n'ai jamais vu ça de ma vie.
Tout le monde dans mon environnement capote.
Surtout pas à ce grosseur-là.
Non, écoute, si tu es gros de même, c'est sûr que tu donnes des tapes. C'est ça.
Si j'avais ta grandeur, ta grosseur...
Oui, je suis 5 pieds 9.
Je suis toujours en train de brosser.
Tu comprends-tu? Imagine si j'étais costaud de même.
Fait que ça, ça me parle.
Là, je suis curieux de qu'est-ce qu'il y a, lui, que moi, j'ai pas.
Puis plus que je l'écoute,
puis plus que j'essaie de démolir qu'est-ce qui m'avance,
plus que ça devient clair que la seule chose qu'il y a que moi, j'ai pas,
c'est une relation avec Dieu.
C'est la seule chose.
C'est la seule chose qu'il y a que moi, j'ai pas. Je deviens relation avec Dieu. C'est la seule chose. C'est la seule chose qu'il y a que moi j'ai pas.
Je deviens curieux.
Puis là, il m'invite à la chapelle.
Je viens à la chapelle.
La chapelle, c'est le dimanche. Moi, je suis un fan de football.
À la chapelle, ça m'intéresse pas.
Les dimanches, j'ai des choses à faire. J'ai des priorités.
C'est pas vrai que je...
Le peu de plaisir que tu as,
je vais pas aller te rappeler ça pour
parler de Jésus.
Puis à ce même moment-là,
il y avait un autre gars
qui venait du Ghana.
Moi, j'avais des chums qui venaient du Ghana
puis qui m'ont aidé et qui ont été bons pour moi.
Puis là, ce gars-là est arrivé et il se faisait abuser un petit peu.
Les gars, ils prenaient avantage
puis je l'ai défendu.
Puis lui, c'est un chrétien.
Puis lui, il me disait « Quand est-ce que tu vas venir à la chapelle? »
Puis je disais toujours « Mais qu'il n'y ait plus de football, j'aimerais. »
En voulant dire « Laisse-moi tranquille. » Maislle pis je disais toujours mais qu'il y ait plus de football j'aimerais arrêter en voulant dire
laisse moi tranquille
ben le premier dimanche
qu'il y a pas eu de football
là
il était à la porte
en train de dire
il y a pas de football
aujourd'hui
tu t'en viens-tu à la chapelle
je suis un gars de parole
je me suis fait pogner
je te filme
j'ai l'impression
que t'as même affaire
tu t'es poussé
t'as poussé
t'as un excuse
là il m'a pogné ok là c'est la même affaire tu t'es poussé t'as poussé t'as un excuse là il m'a poigné
ok là c'est beau
ok là on y va
à ta chapelle
là tu rentres
t'as tous les bénévoles
ils sont tous souriants
qu'est-ce qu'ils veulent
tu comprends-tu
moi si tu me dis
on s'en va se battre
je sais qu'est-ce qui va se passer
je comprends la dynamique
le monde fin
tu sais pas c'est quoi
t'as une bonne humeur
tu me connais même pas
je comprends pas
j'arrive j'ai zéro point de référence ça m'insécurise au plus haut point Le monde fin, tu sais pas c'est quoi. T'as une bonne humeur, tu me connais même pas. Je comprends pas.
J'ai zéro point de référence.
Ça m'insécurise au plus haut point.
Fait que là, faut que tu rentres.
Ils disent tous bonjour.
Des beaux sourires.
Moi, je marche la journée,
le min-mug, la journée longue.
Tout le monde, c'est ça que je comprends.
T'es souriant, t'es bizarre. Rentre dans la chapelle. T'es faible. Oui, oui pis c'est ça que je comprends. Si t'es souriant, t'es bizarre.
Rentre dans la chapelle.
T'es faible, t'sais, je veux dire,
sauf en prison. Oui, oui, c'est ça.
T'es souriant, t'es un délire, t'es pas normal, là.
Exactement. Fait que je me ramasse de même dans la chapelle, pis y'a un gars
qui prêche un message. Là, il parle, il parle,
il parle. OK, il raconte une histoire.
Pis là, il fait un appel au salut qu'on appelle.
Fait qu'il dit,
si vous n'avez jamais demandé à Jésus de vous pardonner de vos péchés,
faites-le.
C'est comme ça qu'on a une relation.
Puis c'est ça que la Bible enseigne.
Elle dit, si tu demandes à Jésus de te pardonner,
ton passé est effacé, tu recommences à zéro.
Reset.
Levez la main.
J'ai le goût de la main.
Pour de vrai, ça me parle.
Mais je suis tord.
Je n'ai pas le courage d'aller contre mon image
un petit peu. Levez la main.
Je ne lève pas la main.
Juste avant de finir,
il dit « Si pour une raison ou pour une autre,
vous n'avez pas levé la main,
allez-en par là à un bénévole après. »
Ça finit.
Il y a un gars qui est bénévole.
Il me regarde, je le regarde.
As-tu déjà accepté Jésus?
Je dis, ah non, non, non.
Tu voudrais-tu? Je dis, oui, mais je ne suis pas prêt.
L'excuse.
Puis il est parti à rire. Il a ri de moi.
Il a dit, c'est quoi ton plan pour te préparer pour que Dieu
envoie son fils mourir pour toi
c'est quoi que tu vas faire concrètement c'est quoi les étapes
je sors la carte cachée
je comprends pas j'ai tué un homme
j'ai des affaires à faire
faut que je fasse
pis il a fait il a ri mais moins fort
pis il est parti aller chercher un nouveau testament
je sais pas si t'as déjà vu les petits nouveaux testaments ben j'écoute Il a ri, mais moins fort. Il est parti chercher un nouveau testament.
Je ne sais pas si tu as déjà vu les petits nouveaux testaments.
J'écoute.
Il devait être au primaire la dernière fois que j'ai eu ça dans les mains.
Il en sort un.
On lit ensemble.
Acte chapitre 7.
Le premier verset de chapitre 8.
Acte chapitre 7, c'est un meurtre.
Il tue Étienne.
Là-dedans, il raconte.
À la fin du premier verset de chapitre 8 ça dit, et Saul a consenti
à son meurtre
fait que là il me dit Saul il a participé au meurtre
pis il dit Saul il est devenu Paul
Saint Paul, pour les catholiques
qui ont un point de référence là-dedans
qui a écrit le
deux tiers du Nouveau Testament
il dit y'a rien qui le disqualifie pour Dieu
pis c'est pas
si t'as déjà fait de la vente,
mais il y a des objections.
Quand il n'y a plus d'objections,
tu es rendu là.
Tu es rendu là.
Je dis, je vais aller prier la prière avec toi.
J'ai prié la prière.
Il t'a dit que j'ai eu un changement automatique.
Non.
Mais j'ai continué à lire la Bible.
La Bible, il y a ça de beau,
c'est que tu la lis,
puis Dieu nous parle,
puis il nous donne des leçons éternelles
là-dedans. Des affaires qui ont été écrites il y a 4000 ans,
que si tu le lis aujourd'hui,
ça s'applique à 100%. Il n'y a rien de nouveau.
La parole est éternelle.
Puis, ouf, tranquillement, pas vite,
j'apprends des affaires. J'apprends que mes valeurs
ne sont pas les bonnes. Je me souviens,
un moment donné, on a fait une étude biblique, puis c'était
« Le fruit de la chair, le fruit de l'esprit.
Fait que le fruit de la chair,
c'est la colère,
la jalousie,
se saouler, les orgies,
y'a plein d'autres affaires,
t'sais, mais ces affaires-là, moi, chez nous,
moi, j'ai grandi, là,
si je m'étais saoulé, je m'étais battu,
pis que je m'étais mis, c'était une bonne soirée.
Tout le monde disait, alright boy, vraiment, t'as eu une bonne journée.é, je m'étais battu pis que je m'étais mis, c'était une bonne soirée. Tout le monde disait « Alright, boy.
Vraiment, t'as eu une bonne journée. »
Moi, je suis dans les...
Des beaux objectifs pour un beau vendredi soir.
Si je suis capable de le faire un mardi,
c'est encore mieux.
Mais c'était mes valeurs.
J'ai grandi là-dedans.
T'appelles tes boys,
t'aurais dû voir que c'est passé, on a tapé un,
pis après ça, j'ai couché avec elle.
Tout le monde dit « Alright! »
T'appelles tes chums pour leur dire ça.
Puis là, j'apprends
que Dieu a quelque chose de mieux pour moi.
Pour de vrai, moi, je l'ai jamais appris.
Il y a du monde qui a grandi avec des belles...
Moi, je l'ai jamais appris.
Puis l'idée de la paix, puis de la joie,
puis de l'amour, la gentillesse,
la compassion, la patience,
le contrôle de soi.
Puis là, je me dis, OK, comment je réussis à vivre de même?
Je ne sais pas. Moi, je suis un gars, je pète des coches.
Si tu fais quelque chose, tu manques de respect, il faut que ça se règle.
Puis là, j'apprends à vivre différemment.
Fait que là, je suis dans le même environnement.
Il n'y a rien qui a changé autour de moi.
Mais là, j'essaie de vivre différemment. Moi, je me souviens, puis je donne encore le conseil au monde, je suis dans le même environnement. Il n'y a rien qui a changé autour de moi. Mais là, j'essaye de vivre différemment.
Moi, je me souviens, puis je donne encore le conseil au monde.
Je dis, mais un sur deux.
Fait que quand il y en a un qui fait quelque chose,
puis j'ai le goût d'y rentrer dedans,
j'y donne une chance.
Mais le prochain, je vais le pogner.
Tu comprends-tu?
Puis là, tranquillement, pas vite, les comportements, ils changent.
Puis là, je commence à avoir de la conversion.
Puis plus que je lis,
je n'avais pas une grosse vie de prière à cette époque là mais plus que je lis
pis plus que je vois que wow
la clé du succès je l'ai pas pantoute
c'est pas pour rien que je me suis ramassé en prison à vie là
parce que je m'en allais dans la mauvaise direction
mais pour toi t'avais du succès
pis t'avais du succès
c'est comment on définit le succès mais après ça je te dirais
tu sais aujourd'hui on fast forward
je suis dehors ça fait deux ans je fais peut-être pas tout à fait le même argent que je faisais mais je aujourd'hui, on fast-forward. Je suis dehors, ça fait deux ans.
Je fais peut-être pas tout à fait le même argent que je faisais,
mais je t'empêche, je suis heureux, je vis bien,
je manque de zéro. Tu comprends-tu?
Fait que le succès, comment on le définit?
— Ouais, non, non, c'est sûr.
— Puis, tranquillement, pas vite,
je change.
J'arrête de fumer.
J'arrête de me pogner. Là, mes chums, ils me trouvent bizarre.
Mes chums, ils ont...
Tu sais, la prison, c'est beaucoup ça la dynamique
si tu fais pas les affaires avec nous autres
les gars ils ont peur
il va-tu devenir un rat à un moment donné
il va-tu nous vendre pour essayer de sortir
pis moi ça c'était clair
c'est jamais bon un changement de comportement drastique
quand t'es en dedans
moi je me suis mis à vivre ma vie vraiment avec l'idée
ok Dieu me regarde
pis je vais vivre comme ça
tu penses, je sais puis tu m'embarques beaucoup
puis j'ai pas de problème avec ça, je sais que la religion est
hyper présente dans ta vie
t'arrêter pas la religion, moi je pense que la religion ça tue
je te laisse continuer
tu sais, puis je m'en ai dit d'autres choses
justement puis
je reviens sur religion, je reviens sur le mot religion
parce que pour quelqu'un qui
est comme moi,
je ne vais pas définir mes croyances ou quoi que ce soit,
mais pour moi, les religions,
le gros cercle des religions souvent tourne beaucoup le partage en mots.
Qu'est-ce que le Coran dit?
Qu'est-ce que la Bible dit?
Je n'ai lu ni l'un ni l'autre.
Je parle de ce que tu comprends,
de ce que j'ai entendu.
Dans ta situation, à toi,
c'est ça
qui t'a accroché.
C'est ça qui m'a changé.
C'est ça, Mathieu, je veux dire, toi, c'est ça
qui est venu te chercher. Penses-tu que
ça aurait pu être autre chose?
C'est ça qui a marché pour toi?
Je ne sais pas si tu comprends un peu où je vais aller.
Te trouver une corde
à laquelle t'accrocher dans le bon sens
ça aurait pu être peut-être
autre chose si
je sais pas
tu poses la question peut-être
mais ce que je veux dire c'est que pour moi
c'est la seule chose qui est vraie
si tu te testes
je vais te raconter l'anecdote
puis peut-être ça va répondre un petit peu à la question
si tu veux, mais
tu arrives au provincial.
Il y a toujours un gars avec une voix, une grosse voix
et il te dit « Open, open, c'est de même.
Tu vas voir, open. »
Là, tu arrives au pen et tu as un gars qui te dit « Au max.
Au max, c'est de même. »
Là, tu pousses pour voir
c'est quoi la vérité. Tu comprends ce que je veux dire?
Je me suis mis à vendre du pot, je vais vendre du crack.
Si je fais plus d'argent, je vais peut-être être heureux.
J'ai couché avec une fille, je vais coucher avec deux
en même temps. Peut-être que je vais être plus heureux.
Puis avec trois, je vais être plus heureux. Puis on pousse,
puis on essaie. On check, on talk.
Je m'achète un char,
je m'achète un plus gros char. Tu sais, je m'achète
une Toyota, je suis content. Je m'achète une Lexus,
je suis plus content. Là, je me dis, mais si j'avais une Bentley,
je serais vraiment content. Tu vois, moi,
je passe de vivre dans des Taudis à je vis dans les condos,
je vais être content. Je suis toujours pas plus content.
Je vais acheter une maison, j'achète une maison,
je vais être plus content. Je suis toujours pas content.
Il y a toujours un vide qui est là.
Puis là, il arrive cette affaire-là que je le fais le test.
Le même test que j'ai fait pour tout.
Tu sais, la même... Je fais le même...
Mais le test, il bosse à tous les coups.
OK. Plus tu pousses... Plus tu pousses, plus c'est vrai
plus ta vie change, plus que t'as une paix
plus que t'as une paix
t'as dit que les religions fonctionnent
c'est vrai ce que tu dis, c'est le principe
aimer les autres, soyez fin
peut-être que Dieu va te donner une chance
peut-être que Dieu va faire quelque chose
c'est ça le grand mensonge des religions
c'est pour ça que la religion je suis pas capable
parce que c'est de faire quelque chose dans l'espo le grand mensonge des religions. C'est pour ça que moi, la religion, je ne suis pas capable. Parce que c'est de faire quelque chose
dans l'espoir d'avoir d'autres choses.
C'est une transaction. Ça ne marche pas.
C'est la même affaire que le monde.
C'est aussi bien de faire ce que tu veux et d'aller chercher
ce qui te donne un plaisir immédiat.
La religion, ça tue le monde.
Mais le jour que tu comprends l'amour de...
Moi, j'étais dans ma cellule un soir.
Je revenais de la chapelle.
Puis là, au peine, je ne sais de la chapelle pis là, open là
je sais pas si vous avez couvert ça
mais open au Canada
service correctionnel, tu commences ta sentence
t'as 30 jours pour rentrer ton stock
pour toute ta sentence
que tu fasses un 2, que tu fasses un 5, que tu fasses un 10
que tu fasses une vie, 30 jours
fait que tu peux pas rentrer de la nouvelle musique
tu peux pas, t'es pogné
pis moi ce que j'avais de musique chrétienne,
si tu veux, parce que là, j'essaye
de me nourrir un peu,
pis c'était des vieilles chansons de Johnny Cash.
Pis y'a une chanson là-dedans qui s'appelle
« The Old Count ».
Pis la chanson, ça dit,
grosso modo, y'avait un compte
avec mon nom, pis y'avait des dettes.
Pis y'a quelqu'un qui est venu
les payer les dettes.
Pis le jour que j'ai compris ça,
que je n'avais pas besoin d'avoir honte,
puis que Dieu, le créateur de l'univers,
m'aime tellement qu'il a envoyé son fils mourir pour moi,
puis que cet amour-là, il n'est pas conditionnel à ce que je fais.
Il n'est pas conditionnel à qui je suis ou à ce que j'ai fait.
Il sait tout. Il sait tout ce que j'ai fait puis ce que je fais. Il n'est pas conditionnel à qui je suis ou à ce que j'ai fait. Il sait tout. Il sait tout
ce que j'ai fait et ce que je vais faire.
Quand même,
écoute, c'est rare qu'un gars va mourir
pour un bon gars.
Il est mort, pour moi,
un tueur. Un tueur,
j'ai tué un gars, mais combien de personnes
j'ai tuées en le vendant du crack?
Combien de familles j'ai démolies? Combien de jeunes
qui ont grandi dans des environnements dysfonctionnels parce que je donnais de la dope à leurs parents? J'en aiant du crack. Combien de familles j'ai démoli? Combien de jeunes qui ont grandi dans des environnements
dysfonctionnels parce que je donnais de la dope à leurs parents?
J'en ai fait du tort.
J'en ai fait du tort.
J'en ai fait du tort.
Puis,
de comprendre,
parce que c'est juste de le comprendre,
la relation avec Jésus, c'est la foi.
Il faut que tu le crois. Parce que si tu n'y crois pas,
tu n'y crois pas. Mais de comprendre cet amour-là,
puis de le laisser changer
ma vie...
Je suis parti à brailler. J'étais assis dans ma cellule.
J'aurais pu me noyer dans les larmes tellement je braillais
parce que je n'ai jamais été aimé.
Ma mère, depuis que je suis tout petit, elle dit « Si tu n'es pas content,
fais comme ton père. » Comme tu disais.
Tu comprends ce que je veux dire?
La notion d'être
accepté, d'être reçu, d'être aimé,
ça n'existe pas.
Je suis toujours en compétition.
Si je fais plus, je vais être aimé.
Si je fais plus, finalement, je vais être accueilli.
Si je fais plus, ça n'arrive jamais.
Je reviens à ce qu'on parlait tantôt.
Ça se passe comment?
Probablement 99 % des gens qui vont regarder
la religion
a pas
belle figure, c'est pas en mode là on s'entend
c'est encore, je vais t'arrêter
tu sais je vais te donner l'exemple, mon église là
on est 700 personnes chaque dimanche
non mais tu comprends
je te suis, ouais ouais
c'est pas du disque
je parle du milieu dans le milieu carcéral je me doute que c'est un du disque. Je parle du milieu.
Dans le milieu carcéral,
je me doute que...
C'est un milieu qui est rough.
Quand tu tombes dans ce minding-là,
c'est ça.
Tu viens perçu comment?
Parce que ça partait de chum.
T'es bizarre.
Ça t'a-tu créé des fucks
avec du monde, des frictions,
du monde qui ont voulu te lâcher à cause de ça.
Il y a du monde avec...
Premièrement, quand tu arrêtes de consommer,
tu réalises qu'il y a bien du monde que tu étais chum avec parce que tu consommais.
Avec eux autres, c'est ça.
On s'entendait bien. Pourquoi? Parce qu'on fumait des joints
et on riait ensemble. Mais c'est pas que je t'aime,
j'ai rien en commun avec toi.
T'es pas si bright que ça.
Mais on est gelés les deux.
Fait qu'on rit.
On se rejoint là
les gens se connectent
à travers plein d'affaires
mais t'as pas de connexion
t'as ton drinking buddy
ton chum que tu rencontres au bar
c'est la même affaire, tu vas le voir au bar
pis tu t'assois au bar avec
mais s'il y avait pas de bar
t'assurais-tu avec pis avoir une conversation
comme on est entrés dans le noir
zéro y'a plein de ch, tu t'assierais-tu avec et avoir une conversation comme on est entré dans un endroit là? Non, non, non.
Zéro?
Zéro.
Fait qu'il y a plein de chums
qui, écoute,
j'avais rien en commun,
ils se sont tassés.
Puis le monde,
je parlais de test,
mais ils font le test avec moi.
Tu sais, la prison,
c'est beaucoup,
surtout quand tu fais
une sentence vie,
c'est beaucoup,
tiens mon chum,
il te donne un cadeau.
Tu comprends-tu?
Parce que les temps sont durs,
ça fait longtemps
que j'en fais plus de cash.
Fait que là, un gars va venir, il va te dire, oh, un petit que les temps sont durs. Ça fait longtemps que j'en fais plus de cash. Un gars va venir, il va te dire un petit paquet.
Tiens. Je dis, j'en comprends pas.
C'est fini, moi, ces affaires-là.
Il y a une intégrité qui est testée.
À travers l'intégrité, le monde voit que c'est vrai.
Le monde y teste.
Là, si tu dis non, c'est pas vrai.
Les bottines suivent les babines.
À un moment donné,
il y a quelque chose qui se prouve là-dedans,
puis oui, il y a plein de monde qui se sont tassés.
C'est drôle, depuis que je suis sorti,
il y a plein de monde que je croise,
puis des gars qui s'étaient tassés,
puis ils disent,
« Mani, t'avais raison.
Je le vois aujourd'hui. »
Mais il y a des gars qui sont restés
puis qui sont devenus des vrais chums,
parce que là,
ils ne sont pas chums
avec l'image ou l'impression que je donne.
Ils sont chums avec le vrai moi.
Là, tu as une vraie relation pour la première fois.
C'est ça la beauté.
Je n'ai pas besoin de prétendre ou de faire rassemblant.
Je me retrouve avec des vrais chums.
Si tu es en face de moi, c'est parce que tu as une libération.
Oui.
Ça s'est passé comment, ça?
On va fast-forward un petit peu.
Oui, c'est parce que là, j'imagine, tu as une vie assistable
en dedans. Pendant neuf ans, je suis un prisonnier modèle.
Je me transfère
de médium à minimum. Minimum,
j'ai une révision judiciaire qui appelle.
À l'époque, avant qu'Harper l'enlève, il existait
un programme de révision judiciaire.
Pour une sentence vie,
après 15 ans, tu peux demander un nouveau
procès pour dire
voici le cheminement que j'ai fait
je voudrais me présenter
à la libération conditionnelle
il me donne un nouveau procès
je me retrouve à avoir
un deuxième procès
révision judiciaire
je le représente
ce que Dieu a fait dans ma vie
ça ressemble pas mal à ce qu'on vient de faire
je lui raconte
mon histoire
pis t'as la procé...
l'avocat de la couronne
qui pose toutes les questions
pis qui essaye
de te remettre ton passé
sur le nez
pis dire t'es ainsi
t'es un ça
pis je dis oui oui
je suis un ci
pis je suis un ça
j'essaie pas de défendre
ce que j'ai fait
y'a pas de défense
à ce que j'ai fait
c'était mal
pis le jury va décider
de réduire mon éligibilité
de 7 ans à peu près fait que jeire mon éligibilité de 7 ans
à peu près. Fait que je me retrouve
éligible à la libération conditionnelle, il y a COVID
qui arrive, fait que je sors en 2021
finalement.
Je suis libéré le 19 août
2021.
Entre temps, j'ai fini mon secondaire
en prison, j'ai fait mon cégep en prison
puis j'ai eu le projet d'aller
à l'école de commerce.
J'étais toujours intéressé à ça, puis l'école, ça allait bien
pour moi.
Parce qu'un gars
qui fait du trafic, au niveau que t'es rendu,
c'est de la business, c'est de la gestion
d'une entreprise.
Le produit est illégal, puis des fois, les façons de torser
les compétiteurs sont moins, t'en es la preuve,
mais ça reste une business.
J'ai toujours eu cet intérêt-là.
Moi, j'ai grandi, mon film préféré, c'était Wall Street.
C'était pas Scarface. Tu comprends-tu?
Je me dis que je vais aller vivre mon rêve
que j'ai de petit gars.
Je m'inscris avant même de passer aux libérations conditionnelles
à l'université. Je suis accepté à l'université.
Concordia, John Molson.
Je sors le 19 août. Je commence l'école
le 6 septembre.
Premier jour d'université.
Là, je suis en dedans depuis 18 ans.
J'ai jamais vu un smartphone.
Non, c'est ça, c'est... Médias sociaux, toutes ces affaires-là. Moi, là,
j'ai jamais revu aucune de ces choses-là.
Pis t'sais, une grâce de Dieu, j'arrive
pis tout ça me tombe dans les mains,
pis je réussis à fonctionner.
Bang, bang, bang. Écoute, j'en ai vu
des gars sortir, là, avec moins de temps que moi,
pis là, ils ont pas l'air de prendre le boss, on se stress. Tocoute, j'en ai vu des gars sortir avec moins de temps que moi, puis là, ils n'ont pas l'air de prendre
le bus, on se stresse.
Tout a passé de Windows 95
à iPhone 8.
Exact, comme 6S, le jour que je suis sorti.
Puis je te dis, je suis sorti, le jour que je suis
sorti de prison, le 19 août,
je suis arrivé à la transition, j'étais sur la rue Notre-Dame
dans l'Est.
Puis j'ai pris un moment pour me
recueillir, puis remercier Dieu, pis j'ai regardé par la fenêtre après
pis il y avait une émission
qui s'appelait The Wire pis dans The Wire
il disait tu fais juste deux jours
le jour que tu rentres pis le jour que tu sors
pis je disais voyons ça a pas d'allure
le gars qui a écrit ça c'était un cave
pendant que j'suis en prison là je trouvais vraiment que c'était ridicule
mais je l'ai vécu
le jour que je suis sorti c'était comme si j'avais été dehors hier
la quantité de monde qui m'ont dit ça,
la journée que tu sors,
tu oublies direct
toute la temps que tu viens de passer.
Tout a été effacé.
Fait que je traînais rien de tout ça.
Je suis sorti,
bang, bang, bang, bang, bang.
J'ai commencé l'école.
J'ai fait ça pendant un an.
J'ai fait la moitié d'un bac en un an.
Puis à la fin de l'année,
mon programme, c'était finance,
mais j'étais meilleur en marketing.
Tu vivais de quoi pendant que tu étais à l'université? Pré-bourse. Fait que j'étais à la fin de l'année mon programme c'était finance mais j'étais meilleur en marketing tu vivais de quoi pendant que t'étais à l'université?
prêts et bourses
j'étais à la maison de transition j'ai pas de frais
les prêts et bourses me donnent 1000$ par mois
je vis comme ça
ça paye mes affaires
j'ai un petit peu de dette étudiante mais rien de trop grave
pis à la fin de la première année
en prière parce que c'est comme ça
que je prends mes décisions pis je dis Seigneurur, montre-moi ce que je devrais faire. »
Puis ma question dans ma tête, c'est « Marketing ou rester en finance? »
Parce que le programme de finance, c'est rough, puis c'est rough.
C'est ça ma prière.
Puis il me répond, je lui ai dit, je lui ai demandé,
« Donne-moi un rêve précis, clair, que je vais me souvenir le lendemain matin
de ce que je devrais faire, que tu vas bénir.
Puis il m'a donné un rêve tellement clair qu'il me disait
« Va faire des études bibliques. Va te préparer pour
le ministère. » Puis c'est pas ça
que je voulais pantoute. Mais c'était
tellement clair. Puis c'est arrivé le jour que je l'ai demandé,
je pouvais pas le nier. Fait que je suis allé m'inscrire
à mon église, on a un programme.
Je suis allé m'inscrire, j'ai commencé le programme,
j'ai fait un an.
Puis là, c'est ça. Tu vois, ça fait deux ans.
Depuis un an, j'ai fini ma première année.
C'est en dernière année, dans le fond,
c'est un programme de deux ans.
Entre-temps, je me suis mis à travailler en comptabilité.
Je me suis fait offrir une job
parce que là, j'avais plus de prêts et bourses.
L'année passée, j'ai fait de la comptabilité.
J'ai rencontré du monde
qui font de la gestion de médias sociaux.
Je me suis associé avec du monde qui sont super perform gestion de médias sociaux je me suis associé avec
du monde qui sont super performants
pis qui offrent des résultats incroyables
Agence G.I.
je vous donne le shoutout
Agence G.I.
pis écoute les résultats
pour le monde qui voit mes réseaux sociaux
c'est tout fait in-house
les montages tout ça
pis les résultats
c'est les résultats
qu'on offre aux clients. Fait que moi, ma vision, c'était de dire...
T'as un super beau visuel de tes réseaux.
Mais la vision, c'est de dire,
si on peut le faire pour un entrepreneur,
je vais le faire pour Jésus.
Tu comprends ce que je veux dire? Fait que je vais partager ce même message-là
puis je partage mon témoignage là-dedans.
Puis le truc que tu disais que tu fais avec ton église
qui était deux ans que t'as un antifête,
après la deuxième année,
ça va faire de toi...
Tu sais, théoriquement,
si je voulais devenir pasteur,
je sais pas ce que c'est le terme en français,
mais tu peux te faire ordain,
d'avoir le titre de pasteur.
Je sais pas à quoi je suis appelé spécifiquement,
mais je sais que Dieu
a changé ma vie, puis je vois du monde qui souffre
partout, puis ça sert à rien
je veux juste partager ça
après ça, il y en a qui l'acceptent
il y en a qui ne l'acceptent pas, il y en a qui veulent travailler fort
puis qui veulent réussir tout seul
puis je vais m'en sortir, correct, je ne peux rien faire pour toi
mais si je ne le dis pas
le monde ne peut pas l'entendre
ma job c'est de le dire
aider
j'imagine
aider, je pense aider j'imagine
ben aider
je pense que j'ai toujours
essayé d'aider
quand j'ai parti
mes chums
sur la run de crack
je les aidais
on pense toujours
qu'on aide
mais c'est quoi ta vision
pis c'est quoi ta définition
de ce qui est bon
tout le monde dit
je suis un bon gars
quand je vendais du crack
je pensais que je suis un bon gars
je vendais des beaux morceaux
il y a des gars
qui vendaient des.1
je vendais des.2
des fois des 2.25
tu comprends ce que je veux dire je suis tout le temps un bon gars tout le monde se dit je suis un bon gars Je vendais des beaux morceaux. Il y a des gars qui vendaient des.1. Je vendais des.2, des fois des 2.25. Fait que...
Tu comprends ce que je veux dire?
J'étais tout le temps un bon gars.
Tout le monde se dit que j'étais un bon gars.
Mais c'est quoi ton critère pour dire que t'es un bon gars?
C'est quoi d'aider quelqu'un?
Tout le monde aide.
Tout le monde aide.
Moi, j'ai un chum, là.
Je l'ai aidé.
Écoute, mes deux chums m'ont aidé à aller tuer un gars.
Tout le monde aide.
C'est drôle.
Depuis tantôt, j'ai ça en tête, puis tu viens
d'être renommé,
ces deux gars-là,
c'est quoi que ces deux gars-là?
Gabriel, je le sais pas.
OK, ça c'est lui qui a...
Lui, il a délaté, puis c'est ça.
Je l'ai jamais revu, puis il a jamais été accusé.
La façon que la police organise les affaires,
il s'en est sorti.
À moins que, je sais pas, ne veux pas parler de Yann.
Je pense que c'est sa vie.
Moi, c'est ça.
C'est sa vie.
Je ne sais pas trop ce qui s'est passé.
Je n'ai pas le droit d'avoir de contact
avec des gens qui sont...
Surtout avec lui,
en raison de ce qu'on a commis.
Je n'ai pas de contact avec lui.
Je ne sais pas ce qui se passe.
Pendant que j'étais là-dedans,
on a passé une partie ensemble.
Lui a été condamné d'une moindre offense.
Il n'a pas été condamné pour meurtre
parce qu'il a pas commis une meurtre dans le fond
c'est ça, lui c'est complice
c'est ça, fait que tu sais
qu'est-ce qui se passe avec lui, je le sais pas
comme tout le monde, j'espère qu'il va retourner à l'église
tu sais, je disais ça à mon pasteur il y a un mois ou deux
tu sais, pis je disais
moi ma prière c'est beaucoup ça, que mes chums
on peut être chums ensemble
à l'église, assis,
en train de rire. Tu comprends-tu?
Puis juste, la vie est belle,
puis elle est donc bien simple. Parce que Dieu
pourvoit. Écoute, je manque de rien.
Tu comprends-tu ce que je veux dire? Puis les opportunités
arrivent, puis ça s'ouvre, puis c'est
fantastique. C'est pas un sacrifice.
Tu laisses de côté
des affaires qui sont pas bonnes,
puis qui puent.
Tu t'es laissé guider par toi-même longtemps
qui t'a amené sur un point assez
désastreux
aujourd'hui tu te laisses guider
par ta foi
pis ça t'amène à une place
pour toi qui est merveilleuse
dans le fond
c'est vraiment ça, Puis c'est de dire.
Parce que comme je te dis,
dans un moment, c'est facile de dire
j'ai les réponses.
Mais souvent, si tu n'as pas toute la visite,
si tu vois juste ça ici,
puis que tu ne vois pas
qu'est-ce qui s'en vient de l'autre bord.
Un accident, c'est ça.
Tu ne vois pas qu'est-ce qui arrive
sur l'autre coin de rue,
bien il dit où qu'il s'en vient.
Fait que je fais confiance à Dieu.
Je lis la Bible.
La Bible a des instructions assez claires.
Pis ça te parle.
Pis plus que je la lis, pis plus qu'elle me parle,
pis je suis entouré de monde qui ont des
mêmes valeurs que moi. Je suis soutenu.
Il y a une communauté. Tu sais, mon boss, ma job
de comptabilité que j'ai eue, là,
ben, c'est un gars de l'église qui me l'a
donné, qui m'a donné une chance. C'est pas un...
— Ouais, parce que c'est ça, quand tu sors avec...
— Quand tu sors de prison, t'as un trou de 18 ans
dans ton CV.
T'as un trou de 18 ans dans ton CV.
Pas grand monde qui va t'engager.
Puis qui vont te laisser contrôler
les livres. Puis qui te donnent accès à tous les
comptes de banque.
La confiance, c'est ça.
C'est ça.
Manu, je t'appelle
Manu.
C'est un parcours fucked up, on va seappelle Manu. Manu, t'as un parcours
fucked up, on va se le dire.
Je le vois par tes réseaux sociaux
que ce projet-là,
c'est pas une façade, c'est vraiment
ta vie.
C'est ce qui fait toi la personne
que t'es rendue. Tu penses que t'es
une preuve qu'on peut
tout changer, on peut tout se rétablir en société ça
fait deux ans que tu es sorti tu es sur un chemin sacré je fais attention tu es vraiment sur une
super belle lancée je te souhaite juste que ça continue que des projets peu importe lesquels, aboutissent. S'il y a du monde qui se rejoigne
dans tout ce qu'il y a,
ça va me faire plaisir, en plus,
de mettre, si tu veux, en tout cas,
les liens de ton église, de tes trucs,
de tes réseaux.
S'il y a des gens qui se sont sentis interpellés,
qui veulent discuter, avoir des conversations
avec toi ou des informations,
contacte-les. Je sais, je n'ai aucun
doute sur le fait que ça va te faire plaisir
de partager avec les autres.
Merci de ton passage
au Parloir, mon chum. Ça fait un énorme plaisir
de te rencontrer, de vivre au
Parloir. Thank you.