Au Parloir - Épisode #2 Jean-Louis Lévesque 2/2
Episode Date: July 21, 2023Voici la 2e et derrière partie de ma rencontre avec Jean-Louis Lévesque condamné à vie pour meutreHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations. Hébe...rgé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Transcript
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Bonjour, ici Cédric Bergeron. Je vous présente la deuxième partie du podcast avec M. Jean-Louis Lévesque.
Si vous n'avez pas écouté la première partie, je vous conseille d'aller écouter la première partie avant d'écouter la deuxième partie du podcast.
Moi et M. Jean-Louis, on s'est rencontrés pendant près de deux heures. C'est pour ça que j'ai coupé le podcast en deux,
pour que ce soit plus agréable à l'écoute que de se taper un podcast d'une durée de deux heures.
M. Jean-Louis a été retrouvé coupable
d'une sentence vie.
La deuxième partie tourne
beaucoup autour de cette sentence-là.
Je me répète,
avant chaque podcast, j'endosse pas nécessairement
les gestes, les idéologies
ou les termes utilisés
par mes invités,
mais je prends de la liberté d'expression.
J'aime les gens qui sont francs, qui parlent avec leur cœur.
Bienvenue au Parloir. Sous-titrage Société Radio-Canada c'est une nouvelle vie qui commence. Complètement. Je vous écoute là-dessus,
il y a 25 ans de votre vie derrière les barraux, je suis juste...
Comment on vit ça? Comment on passe à travers ça?
C'est quoi les étapes que vous avez vues?
Les choses que vous avez vues, que vous avez
peut-être faites? On rentre là.
Je ne suis pas obligé d'être dans les détails, mais je suis juste...
On fait quoi pendant 25 ans en prison?
Là, la première chose que tu as
une temps de garde,
ici, on plie le fer et on casse l'acier.
Bien, j'ai dit, Chris, les cervelles de Moineau,
ils ont encore marqué ça.
Je viens de rentrer, moi, là.
Je donne...
Ils vont bien savoir, encore.
Puis en plus,
ils viennent me donner la sentence.
Oh!
Avant, je vous pose des questions,
puis je n'aurais pas vous arrêté.
Mais tu sais, vous m'avez dit,
puis ça, je vous crois que vous n'étiez pas un criminel.
Je ne suis jamais considéré comme un criminel.
Non, non, puis je suis d'accord avec ça.
Mais là, donc, on s'entend,
vous avez cru que vous étiez une personne violente,
une personne qui avait un problème d'alcool.
Là, vous passez d'une personne qui a un problème d'alcool,
une personne violente, mais qui ne se considère pas comme un criminel.
Puis de ce que vous me contez, je ne pense pas que vous étiez vraiment un criminel.
Non, non.
Mais là, vous rentrez en prison avec des criminels.
Est-ce qu'on rentre en prison pas criminel, puis il faut le devenir?
Ça aurait pu arriver.
OK, parfait.
Ça aurait pu arriver.
OK. Je vous laisse aller. Là, tu rentres là.
Tu en gardes ça.
La tension est haute. La tension est à couper avec un couteau.
Il y a à peu près 100 gars sur la Nouvelle-Loire qui font des...
Ils s'entendent sa vie, ils s'entendent sa perpétuité.
J'ai dit, là, il y a une petite gang qui contrôle la place.
J'avais rencontré deux gars qui avaient travaillé sur la construction avec moi à Sept-Îles, qui étaient là.
J'ai dit, non, non.
Moi, là, je ne vivrai pas ça pendant 25 ans.
Pas vrai.
Je l'ai pogné avec le cahier de la prison.
Ça n'a pas été trop long.
Quand vous dites «pogné», vous avez une discussion?
Il y avait une engueulade.
Ça a revenu au cou, mais ça a resté une engueulade.
Vous avez été le boss?
Oui, le cahier.
Je lui ai dit que c'est nous autres qui prenons place.
Que tu veuilles, que tu ne veuilles pas, moi, je suis prêt à mourir.
Moi, ça ne me dérange pas bien, bien mourir.
Si d'abord, je vais mourir en prison, je ne ferai jamais ça.
Ça fait que c'est nous autres qui avons pogné le contrôle.
Et formé un comité.
C'est là que je te disais un matin que
si l'être humain est laissé à lui-même,
il n'y a rien de bon à faire avec.
Il va faire n'importe quoi.
Probablement, c'est un peu mon cas que j'ai été laissé
à moi-même. Il n'y a jamais...
Personne n'a été capable de me diriger.
J'ai jamais aimé les boss.
Jamais personne n'a été capable de me diriger. Un cheai jamais aimé les boss, puis jamais personne n'a été capable de me diriger.
Un cheval sauvage. Oui, oui.
Puis probablement,
vois-tu, je viens de réaliser ça, là.
Je viens de réaliser ça.
Ça met trop tard pour réaliser des affaires.
Non, il n'y a jamais trop tard.
Puis c'est ça, là.
On a pogné le contrôle.
Bien, je dis le contrôle.
On a formé un comité. Je savais déjà, dans le syndicat, que si je voulais avoir quelque chose, il fallait que je négocie. Il fallait que je négocie avec ceux-là qui sont en charge. Aller parler à un gardien en prison, un maximum, un super maximum,
oh, que c'est pas évident.
Tout de suite, il y a des cervelles de moineaux, là,
qui pensent que tout de suite,
t'es un informateur.
OK, quand vous dites pas évident,
pas son dur d'approche,
c'est plus que si je vais parler avec un gardien,
le monde tout de suite pense que je suis un snitch.
Oui, oui, oui, oui, oui.
Que je vais lui donner des informations.
Hey, tel gars, il a un couteau dans son tête.
Tel gars, il a ça.
Oui, oui, oui.
Mais là, j'ai fait des meetings.
On a rassemblé.
J'ai dit, hey, tabarnak, là.
Je ne suis pas un informateur.
Je ne suis pas un délateur.
Moi, je suis ici pour vous aider.
Les autres, je me collisse de les autres.
Mais il faut que je négocie avec eux autres si on veut avoir quelque chose.
Je ne négocie pas avec eux autres.
J'ai dit, Chris, il n'y a rien ici qui se passe.
– Le gars du syndicat, il n'est jamais loin.
– Il est encore là, même aujourd'hui, il est encore là.
Je vis de ça.
Puis, à la fin du compte, on va stabiliser la prison.
Moi, tu as brassé, les Anglais, ils ont voulu
prendre le contrôle, ils ont dit,
j'ai eu un meeting, les gars,
ils étaient pas de bonne humeur après moi,
parce que je les ai pas avortis. Comme je te disais
tout à l'heure, j'ai toujours travaillé tout seul.
J'ai eu un meeting,
ils appelaient ça le C4, il y avait 5-6
Anglais. Ils me disaient, moi,
tu vas t'apercevoir dans les Anglais, il y a des tueurs.
Mais mon astuce, tu vas t'apercevoir dans les Québéco, il y a des tueurs mais mon astuce, tu vas t'apercevoir que dans les Québécois,
il y en a.
Parce qu'à cette époque-là, c'était ça,
c'était très franco-anglo.
Oui, oui. Parce qu'aujourd'hui,
c'est séparé, gang,
gang de rue rouge, gang de rue bleue,
Hells Angels.
Avant, c'était
Québécois-anglophones. Oui, oui.
On parlait québécois, on parlait francophone. Oui, oui. Les anglophones, c'était aussi les Québécois, mais je veux dire... C'était deuxbécois-anglophones. Quand on parlait québécois, on parlait francophones.
Les anglophones étaient aussi des Québécois,
mais je veux dire...
C'était deux gangs.
Franco-canadiens puis franco-anglophones.
C'est ça.
C'était deux gangs.
Anglo, en tout cas.
Puis, ils prenaient de la broue.
Ils pétaient une émeute.
Ils voulaient checker, ils voulaient checker tout le temps.
Tout le temps, une émeute seurtre faisant former la cellule ou sandwich
les affaires là fait que ben bonnet bonjour de réorganiser sa pierre sortir et bing bang tu te
retrouves en prison en prison finalement oui mais moi il aime pas ça quelqu'un qui prend des
responsabilités en prison tu es vu comme une tête forte puis des responsabilités en prison. T'es vu comme une tête forte, puis
des responsabilités pour les détenus,
mais il y a certains membres du personnel
que ça fait leurs affaires.
Moi, j'étais capable
de mettre la peine en prison,
parce que je savais ce qu'était le troublemaker,
moi. Le gars qui
passait du tabac, qui attendait
que les gars n'aient plus de tabac,
qui passait son tabac, un tabac, mais il fallait qu'ils en remettent deux ou trois.
Puis il y a les hosties de Shylock, là, puis ces affaires-là, là.
Je voulais que je les check, les Shylock aussi, là.
Je voulais tout checker, mais elle n'a pas de misère à checker,
parce que je savais ce qu'ils étaient.
Je rentrais dans la cellule, puis bing, bang, bang,
puis ça ne marche pas un bon coup d'exacto, c'est un arrêt,
je coupe un arrêt, puis salut,
puis...
– Wow, wow, wow, vous passez vite,
vous passez vite, c'est un coup d'exacto
dans l'oreille, on va revenir...
– Oui, mais... – Non, non, mais ce que je...
on se cachera pas, tout le monde le sait,
en prison, il y a de la violence, c'est...
beaucoup, mais donc,
vous réglez ça comme ça.
Oui, oui, mais mon exacto,
la lame, elle n'était jamais sortie plus qu'un huit.
Je ne voulais pas lui couper les artères,
moi, là. Je ne voulais pas
le tuer, là. Je ne l'avais tué
un avant.
Puis là, avec perpétuité,
il faut que tu te tranquillises
parce que tu n'en fais pas deux sentences comme ça.
J'aime votre idée de la
tranquillisation, d'un coup d'exacto.
Je me tranquillise.
Je comprends que c'est ça.
C'est du monde qui ont
grandi dans la violence et qui ne comprennent
rien d'autre que la violence.
Exactement.
La loi d'Italien, œil. Exactement. Donc, il faut que tu aies la loi du talion.
Oeil pour oeil, dent pour dent.
Je reviens, que si la madame me disait à ma mère
qu'elle ne comprenait pas d'autre chose
qu'une claque à l'envers de la tête,
ça me revenait dans la tête souvent, ça.
Tu lui disais, hé, tabarnak,
arrête de faire tes hostiliseries.
Elle ne comprenait pas bien.
Avec un bout d'oreille en moi,
ça aide à comprendre, à se rappeler.
Le monde disait,
pas le prisonnier,
mais je suis l'autre bord.
Tu es rough, tu n'es pas...
J'ai dit, mes enfants,
les manières sont efficaces.
Tu veux, regarde, la paix dans la prison.
En même temps, à cette époque-là,
c'est pas un peu de même que les gardiens étaient aussi.
C'était un coup de bâton que ça se réglait.
Oui, oui. Je me suis poigné avec un gardien.
On s'en allait nordir de la rangée
pour pouvoir se poigner point pour point.
Sauf que vous autres étiez tout seuls,
puis vous autres étiez quatre avec des bâtons.
Souvent, oui.
Mais...
J'ai jamais eu à...
Mais moi... je pense pas
d'avoir eu trop de haine
même envers les gardiens
ils sont là pour faire un job
la police est là pour faire un job
je m'étonne pas
les avoir à côté de moi
vous n'aviez très pas un souper mais
vous avez pas de rencard personnel
non, non, non
en prison, le soutien, le sale le screw Vous n'inviterez pas un souper, mais vous n'avez pas de rencard personnel. Non, non, non.
Je ne serai pas en prison.
Le soutien, le sale, le bâtard.
Le screw, oui.
Mais ça n'a jamais été dans mon langage.
Ça n'a jamais été dans mon langage.
Mais je savais déjà, il fallait que je négocie avec eux autres.
Souvent, ils me disaient, tu es rough en associé avec nous autres.
Mais au moins, on sait à quoi s'attendre avec toi que si t'en nous dis, tu nous le dis dans la face
si j'ai donné mon poing sur la gueule, moi t'ai le donné
face à face, pas quand tu vas
te revirer de bord
mais
on ne trie pas
c'est ta façon de faire, mais au moins
on le sait à quoi s'attendre quand on a affaire avec toi
il n'y a pas de surprise
il dit, ne frappe pas dans le, ne nous frappe pas dans le dos,
ne nous frappe pas dans le côté,
tu nous le dis face à face.
Puis on dit, des fois, tu es rough.
Oui, c'est vrai, je suis rough.
Je suis rough parce que je lisais toutes les directives.
Toutes que c'est qui venait d'Ottawa,
je lisais, je me documentais.
Si tu veux faire la guerre, habille-toi en soldat.
Donc, si je veux négocier, il faut que je me documente. Quand je négociais à l'extérieur pour la FTQ, j'étais assez bien équipories, les directives, je le savais. Mais là non plus, c'est pas bon de dire la vérité. Ils nous disent toute vérité pas bonne à dire. Mais ça cache quoi?
Vous avez été combien de temps sur cette sentence-là de 25 ans, les premiers longs, 77, 77, vous êtes arrivé, combien de temps vous avez fait à Saint-Vincent?
À Saint-Vincent,
en 77, en 82,
on a eu la possibilité d'avoir les TVs,
la télévision,
dans la cellule.
Mais des oreilles de lapin,
dans le métal, puis dans le béton,
il n'y a pas grand-chose qui... Je fais juste pour, s'il y en a qui sont nés, Mais des oreilles de lapin, là, dans le métal puis dans le béton, là,
il n'y a pas grand-chose qui... Je fais juste pour... s'il y en a qui sont nés, mettons, au-dessus des années 90,
des oreilles de lapin, à l'époque, il n'y avait pas de fibre, il n'y avait pas de câble.
Non.
C'était des... on appelait ça des oreilles de lapin,
des espèces d'antennes qu'on mettait sur la télé pour capter les 3-4 postes qu'on avait.
Des fois, dans ta maison, tu mettais de la laine d'acier au bout.
De la laine d'acier pour aller chercher un peu plus d'ondes, effectivement.
Là, ils nous donnent le droit
d'avoir des TVs
dans les cellules.
Même avec les oreilles de lapin, métal,
béton, sac à cartes, mal.
Il y en a un qui rentre là, mais ils ne veulent pas payer
la réception.
Au Leclerc,
ils ont fait
venir une compagnie, ça a coûté 75 000 piastres, on est en 82, 75 000 piastres pour rentrer le câble dans chaque cellule. marcha pas. Moi, j'ai des cours de Técard, j'ai des cours à Aviron, j'ai eu une
chope d'électronique, ils ont venu me chercher chez nous, je les ai envoyé chier,
je voulais avoir un local, ils me fournissaient le camion, ils l'utilisaient tous, mais je voulais avoir le local.
Ils ont pas voulu, je les ai envoyé chier. Ça fait que j'avais des bonnes notions là-dedans.
J'ai rencontré l'administration.
Ils m'ont offert une affaire.
C'est vous-même qu'il faut vous payer
pour avoir la réception dans les salles communes.
Ils m'ont offert une affaire.
Ils venaient de payer, je ne sais pas s'ils avaient payé 30 000.
Au Leclerc, 75 000.
À Saint-Vincent, ils avait payé 30 000. Au Leclerc, 75 000. À Saint-Vincent,
il avait payé 30 000
pour rentrer dans les salles communes.
Parce que là,
tu pouvais écouter le hockey, tu pouvais écouter
n'importe quoi.
Pas n'importe quoi.
Non, j'imagine que...
J'ai dit, on va faire une affaire,
je m'en suis informé.
Je m'étais informé, j'ai fait affaire
avec Annexter Turmax.
Je l'ai fait venir
en prison.
Puis, bien que j'ai fait venir, je m'étais perçu
que c'était des vendeurs de fils.
Je me suis dit, écris-moi un peu.
Oui.
Le gars,
tu sens ça quand quelqu'un donne l'heure juste
qu'il te dit la vérité.
Et je sens ça depuis à peu près une heure et demie, là, en ce moment.
Tu sens ça, tu le sais.
J'ai dit, on va faire un... on va fournir par le comité,
puis je vais vous rentrer le câble dans les salles communes,
puis je vais le rentrer dans chaque cellule.
Au vieux pénitencier, dans ce temps-là,
c'était séparé en deux, il y avait la protection,
puis dans le dôme, il y avait peut-être 200 cellules,
à peu près, là.
À la fin du compte, j'ai commencé à travailler là-dedans.
On a travaillé en SC.
Il y avait 13 antennes sur la couverture du pénitentiaire
qui descendaient d'un transfo, d'un...
Je ne veux pas vous racheter, mais je fais ça, 82.
Là, bang, vous avez pris comme en charge ça, vous avez tout coblé, les cellules de tout le monde.
Puis là, quand j'ai parti ça, les pips, ça venait d'Ottawa, ça venait des commissaires, des affaires là.
Puis moi, encore là, je suis en orlé, c'est le gars de Radio Room qui s'occupe de ça.
Le 2, je disais, il checkait le 2, le 3 que le 2 le 3 au plus américain le sein ou ce avec américain 6
10 12 22 au tabarnak et c'est plus de postes que chez nous, dans la prison. C'est un marnec!
Hé!
Il y en a un, il y en a une couple qui est venu m'approcher, il a dit,
comment ça a coûté?
Ça a coûté?
Ça a coûté 8 000 $ au comité,
puis ça a coûté à peu près
8 000 $ à l'administration.
Ça a coûté à peu près 15 000 $
pour tout installer ça.
Mais j'ai travaillé.
Le temps des gars, on ne compte pas.
Parcer des trous, travailler des murs.
Il fallait passer par les dots,
parcer des trous.
Les murs, là, des fois, ils ont
18 et 24 pouces de paix.
Vous aviez la machinerie.
Vous laissiez la machinerie pour faire ça.
Oui, oui, oui. Mais j'avais quand même une bonne crédibilité.
Je ne foquais pas personne.
Autant le détenu,
autant l'administration.
Quand je disais quelque chose, je marchais à droite.
Parce qu'il savait que quand ça brassait,
ça brassait pour des,
entre parenthèses, des bonnes raisons.
Oui, oui. Tu vois, il m'appelait en avant,
mais il disait, tu ne te trompes jamais.
Tu frappes toujours le bon gars.
Voyons donc, monsieur.
Quand? Il ne frappe pas gars. Voyons donc, monsieur. Hein?
Il frappe pas par ça, moi, j'ai des belles mains.
Oui, il frappe pas par ça.
Ah oui, il dit, tu te trompes jamais.
Fait que...
Fait que là...
Là, ça fonctionne pas, le clair.
J'ai sept ans de fête, là.
De 77,
un an, 83-84. Ils m'approchent et ont dit, on va te transférer au Lettler.
Hé, j'ai sept ans de fête sur ma sentence, là, on te transfère au Letclerc. » J'ai dit, « Quelle raison? » Il dit, « La réception qu'on a faite installer, ça ne fonctionne pas. »
Puis tu as l'air à en connaître pas mal là-dedans.
– Ça fait qu'ils vous ont transféré au Leclerc pour faire ce que vous avez fait à Saint-Marie-Saint-Denis.
– Oui, oui, tout en remettant en ordre.
Mais quand j'arrivais au Leclerc, là, moi, je ne prenais plus de drogue.
La drogue n'est jamais prise bien, bien.
Non, non, un peu du vide au mauvais moment.
Oui, ça, c'est fini.
Il n'y a plus de boisson, il n'y a plus rien.
OK.
Je suis...
M. Jean-Louis, à jeun.
Ah, à jeun depuis 7-8 ans.
Mais qui a encore les points serrés.
Oui, oui, encore que c'est dans le cas...
Non, ça, parfait.
J'arrive là.
Juste pour rétablir un peu le personnage.
Oui, oui, j'arrive là.
Tabarnak, j'en garde ça.
Tout le monde, ils sont gelés raides.
Ils appellent ça la pharmacie.
J'ai dit, hé!
Non, moi, l'agent de classement, je ne sais pas trop,
je vais me coller dans le trou, tu m'apportes une nouvelle peine.
Je ne reste pas ici, moi.
Là, il y a une couple de gars, je connais ça.
Ils m'ont dit, « Hé, il faut que tu en pren prennes pour plus les voir Ouais
Il me donne une petite capsule rouge
Une serénale
Je me rappellerai toujours du nom
Je me sens que je l'avouais encore
Avec un coco un peu psy
Je sais pas trop
Tabarnak
Les yeux que vous avez fait pas trop comme j'aurais pris quatre chambiers à qui fait que le hockey ouah un peu l'effet de
la mescaline mon époque des années 90 mais c'était un peu... C'était le champagne des pelules.
Ouais.
Quand il y en rentre, il y a un man de mollet.
Là,
oui, la prison est en envers.
Tout est en envers.
Il y a rien.
Il y a 100 gars là-dedans.
Mais je répare tout le système.
De la télé, on parle.
De la télé, les gars, le football, le dimanche.
Puis ça, il faut que je gâle dans les docs.
Puis en premier, il m'envoie un gardien avec moi.
Puis il est tout le temps...
Là, il check.
Fais-moi patience.
Oui, oui.
Je dis, je vois le gars en char.
Je dis, pas besoin de gardien, tabarnak, moi, là.
Je l'ai fait, ma job,
là-bas, c'est une belle job, laisse-moi faire ma job.
Oui, oui, oui.
Mais, en fait, du coup, quand ils s'aperçoivent
que t'as une bonne crédibilité,
ils donnent plus de louches.
Donnent plus de louches.
Fait que...
Tout fonctionne bien,
il y a des élections.
Des élections.
Pour le comité des détenus.
Il n'y a pas de comité.
Non, non, non, monsieur, je posais la question.
Il y a des élections.
La prison est en envers.
Les gars, ils se font piquer, puis bing-bang,
les batailles, puis l'hôpital,
ils ne fournissent plus.
La drogue en masse.
La drogue, c'est plein de drogue,
toutes sortes de colisses de drogue,
des affaires-là.
Puis, personnel est à bout.
Je me présente
dans le comité.
Mais,
l'erreur que je fais,
je me présente deux, trois jours
avant les élections.
Les autres ont le temps
de se préparer.
J'ai une équipe,
mais deux jours après,
il n'y a plus d'équipe.
Je suis seul.
Vous parlez d'eux autres, vous parlez des autres détenus?
Oui, les...
Les gars qui voulaient être là, finalement.
Oui, les boss, là.
Les boss, les chefs de gangs,
ces affaires-là, où ils se sentent là-dedans.
Il n'y a pas juste une gang.
Non, j'en doute. Il y en a plusieurs.
Mais il y en a une
qui a le monopole.
Ça fait que...
Plus pesante que les autres.
Oui, oui.
Mais là,
je ne pense pas.
Ils ont eu le temps de se préparer.
Ils ont menacé mon équipe.
Les gars viennent me voir et ils me disent
« On ne peut pas aller avec toi. »
On s'aime bien, mais on s'aime bien ici.
Pas mal de me faire couper l'oreille à l'exacto.
Peut-être deux, trois mois après, pouf, comité dissous.
Ça ne marche pas, il est arrivé quelque chose, mais d'autres élections.
Je dis ce coup-là, tabarnak.
Le gars, il ramassait les feuilles dans les rangées. Quand il ramassait les feuilles, j'ai marqué mon nom. Paf! J'ai passé avec 400, quasiment 500 votes, un recorde communautaire.
La télé, je peux lui parler.
Une caméra, je m'occupe du socio-culturel.
Je suis électricien, je m'occupe du socio-culturel.
J'ai un comité.
Vous vous tenez occupé, en tout cas, ça c'est clair.
Depuis le début, on n'a jamais parlé encore.
Je travaille tout le temps, 14 puis 15 heures par jour. Même aux vieux peines, tout le temps, on n'a jamais parlé encore Je travaille tout le temps 14-15 heures par jour
Même aux vieux peines
Tout le temps, tout le temps
Il se passe quoi? Vous êtes élu?
Oui
Il se passe quoi avec tout ça?
Vous voulez remettre la Leclerc
un peu sur ses pieds
Là, on met de l'ordre
On met de l'ordre à la méthode Saint-Vincent-de-Paul?
Non, non
Peut-être une couple de fois.
Une couple de fois.
Oui.
Le 1,8 d'exacto, un mètre au loin.
Non, non, peut-être un peu, par rapport que...
Mais c'est parce que les gars, ils veulent venir travailler avec moi.
OK.
Pour les bonnes raisons ou...
Pour me...
Mais moi, dans ma tête à moi,
l'être humain, comme je disais tout à l'heure, qui est laissé à 3-4% dans leur cerveau.
C'était Einstein qui était plus développé, mais Einstein, il prenait du LSD.
Toutes les découvertes qui ont eu lieu, c'était tout du chimique, tout du LSD.
Mais c'est parce que la drogue avant ça, elle était plus naturelle que
chimique aujourd'hui. Fait que c'est ça, on est où, hein? Et là, là, j'organise
des activités, fais nommer des représentants de rangées, fais des meetings, que, négocier
avec l'administration, faire entrer des clubs de balle.
J'ai même organisé un bingo, les télévisions, du tabac,
puis du café.
Comme je parlais tout à l'heure, les requins qui passent du tabac,
il y en passe un, mais il faut qu'il y en remette deux ou trois.
Les chalets de tabac. Oui, mais quand je payais le comité, il était en a pas un, mais il faut qu'il y en remette deux ou trois. – Non, les chalets de tabac. – Oui. Mais quand je voyais le comité,
il était tout le temps, des fois, 5-6 000, puis 8 000 dans le rouge. La gang, ils l'avaient
dilapidé. Je dis, « Ah, c'est une gang de mangeurs de marde. Une gang de mangeurs de
marde. » – Ça reste des criminels pour la plupart,
là, tu sais, donc je comprends un peu. Mais j'ai dit, que si vous faites, vous autres, tabarnak, avec le argent,
j'ai dit, oui, là, je fais partie
d'eux autres, non, non, pas toi,
je fais partie d'eux autres, moi.
Mais vous autres, là,
que si vous faites, là,
tabarnak,
je sais pas, mais
c'était pas trop
physique,
parce que j'avais commencé à comprendre le psychologique.
Le psychologique est pas mal plus fort que le physique.
Effectivement.
Parce que dans le physique, tu vas te battre physiquement,
t'es sûr de gagner.
Tu t'en vas pas là par dedans, tu t'en vas là premier,
puis t'as pas le temps de... Tu t'en vas te battre avec la mentalité que dedans, tu t'en vas là premier, pis t'as pas le temps de
babilonner. — Tu t'en vas te battre avec la mentalité
que tu vas m'en rendre ta saillade, tu vas m'en rendre ta saillade.
— Oh, oh, oh, anyway,
faut que tu frappes le premier.
Pis là, psychologique,
tu t'en vas avec la même
mentalité dans ta tête,
parce que tu vis un peu avec l'instinct
de mort, hein, en prison.
Parce qu'ils nous ont programmés. Quand ils ont pogné ces sentences-là qui ont emballé la peine de mort, les criminologues, les psychologues, toute la gang de catalogues, des gars qui n'auront plus rien à perdre,
puis aucun espoir de sortie.
Tu rouvres ton radio, Benoît.
C'est ça que t'entends.
Il n'y avait pas de télévision,
il y avait juste des télévisions dans les salles communes,
dans ce temps-là.
Là, c'est ça que t'entends.
Tu te dis, tabarnak.
Là, je suis en 18,
j'ai commencé à avoir des émeutes,
des gars qui sont faits tuer, des prises
d'otages, jusqu'en 80.
Archambault,
vieux Penn, je suis en 18,
évasion, bing-bang
avec les armes, couple
sont morts, Archambault, une couple
sont morts. Mais où ça devenait?
La crise de programmation des psychologues
puis des criminologues, ces affaires-là,
les autres, il faut qu'ils trouvent des problèmes.
S'ils ne trouvent pas de problème, ils n'ont pas de job,
les autres.
C'est l'époque des, justement,
Chablas, je sais qu'il y avait eu
un meurtre qui s'était évadé.
C'est quand il a envolé un peu de mort.
C'est quelqu'un, justement, qui voulait se battre
contre le système beaucoup.
Oui, quelqu'un.
Il y a eu, justement,
j'ai le nom sur le bout de la langue,
le français...
Messrine.
Messrine, c'est ça, qui lui était revenu.
Je l'ai lu quand je suis là, sur le bout de la langue.
Oui, non, c'est ça.
Le français, dans ces années-là, on le sait c'est qui.
Il y en avait pas mal un.
C'est ces années-là où ça brassait
dans le milieu carcéral.
Oui.
Ça brasse encore aujourd'hui.
C'est parce qu'ils en parlent moins.
Mais là,
en gros, au Leclerc, vous avez été
combien de temps au Leclerc?
Au Leclerc,
j'ai été...
82, si je me souviens bien.
J'arrivais...
82, je suis au Vieux-Pennes.
83, à peu près.
– 84, oui, ça veut dire que vous avez fait 5 ans
au Vieux-Pennes.
Alors, 83, 84, c'est drôle, à clair.
Là, les TV,
l'Union...
– Oui, les TV.
– Vous avez remis un peu...
– Les gars, ils sortaient,
les affaires-là.
– Vous avez fait combien de temps,
c'est de mémoire?
— J'ai fait parce que
t'as condamné 25 éligibles,
ma date d'éligibilité,
mais par contre, après 15 ans,
il y avait une loi qui disait
que tu pouvais te représenter.
— Une libération conditionnelle.
— Il appelait ça une revision judiciaire
pour ta sentence baisse de 25 à 15.
OK.
Ça fait que ma sentence,
j'ai été me présenter à la cour.
Puis vous étiez encore au Leclerc.
Non, quand j'ai été me présenter à la cour,
je n'étais plus au Leclerc.
Au Leclerc, j'avais lâché le comité.
Je connaissais le directeur parce que le direct directeur c'était un gars de belle fille.
J'ai été le voir, j'ai dit, j'avais 13-14 ans de fait peut-être.
Ok, donc vous avez, notons, vous faisiez ça à peu près 7 ans, vous étiez au Leclerc.
Oui, puis j'ai dit, tu vas me remettre de l'ordre dans ta bâtisse, puis si tu me transfères à Monté-Saint-François,
c'est un minimum.
J'ai dit,
quand je vais passer à la cour, je vais être rendu
d'un minimum.
C'est ça que vous me parliez.
Parce que quand tu passes pour une demande
comme celle-là, si tu es encore dans un
supermax ou un max,
c'est comme...
C'est comme passer en cours avec 20 tattoos dans la face,
dire non, je ne suis pas un criminel.
Peut-être, mais Christ, 20 tattoos dans la face,
ça donne un peu...
Tu te présentes, mais là, tu es encore dans un Supermax.
Pourquoi?
En étant dans un minimum...
Là, il me dit à moi,
tu es encore la force de faire ça,
je dis, inquiète-toi pas.
Tu vas me mettre de l'ordre assez vite.
Fait que j'ai mis de l'ordre,
puis là, ils m'ont transféré à Monté-Saint-François.
Mais quand j'arrivais à Monté-Saint-François,
ma réputation avait suivi,
mais j'avais changé au lettre-l'air,
parce que quand j'ai rentré en psychologie,
quand j'ai compris que la nourriture,
c'était pour le physique,
la bouffe, la nourriture du corps. Mais quand j'ai compris que la nourriture, c'était, pour le physique, la bouffe, la nourriture du corps.
Mais quand j'ai compris que la lecture,
c'était la nourriture de l'esprit,
j'ai lu pendant
cinq ans.
Vous aviez faim.
Je voulais me connaître.
Je voulais savoir pourquoi j'avais fait telle affaire.
Je voulais tout savoir. Je voulais tout comprendre.
Qui risque de m'en faire affaire
quand tu as 25 ans de prison à faire? C'est bien de l'oeil et d'apprendre à te connaître. Je voulais tout savoir, je voulais tout comprendre qui risque de m'en faire affaire quand t'as 25 ans de prison en face
c'est bien de l'oeil et d'apprendre à te connaître
je voulais le savoir
des fois, il faut que tu sois honnête
avec toi-même
si t'es pas honnête avec toi-même
des fois, je sacrable à moi
mon tabarnak, c'est ça que t'as fait
ok
mais c'est bon
c'est pas un bravo. Là, tu te pardonnes, mais là, c'est tout par la lecture.
J'ai lu en psychologie, j'ai rentré en psychologie, j'ai lu deux livres de psychologie. Puis, que je comprenne, que je
comprenne pas, je m'en foutais.
Je savais
que tout ce que tu vois,
tout ce que tu touches, tout ce que tu sens
est imprégné dans ton cerveau
depuis le ventre de ta mère.
Tout est là.
Donc, mais,
t'es pas assez
conscient.
— Oui, mais ils disent souvent même des bébés qui ont été donc mais t'es pas assez conscient je suis en subconscient
des bébés qui ont été
placés devant de la viande
même si ils n'ont pas vécu de violence
qui ont grandi dans un milieu violent
puis qui ont été retirés de ce milieu-là même quand ils avaient
quelques mois, ça reste en toi
c'est une chose qui t'imprègne à vie
même si t'en étais pas conscient, même si t'en souviens pas
c'est en toi pareil
oui, garantie, C'est la même chose
que la sexualité.
Chris, on vit au monde
avec une relation sexuelle.
La sexualité reste dans toi.
Si tu es un
handicapé, tu as les mêmes
colisses de pulsions sexuelles,
mais tu n'es pas capable
de les assouvir.
C'est fort la sexualité. C'est fort les puls les assouvir. C'est fort, la sexualité.
C'est fort, les pulsions sexuelles.
C'est peut-être quelque chose qu'on...
C'est une discussion qu'on a eue brièvement
à Mani, chez vous, peut-être. En tout cas, si on a du temps,
on reviendra sur ce côté-là,
mais pour le moment, on va continuer.
Fait que là, vous êtes rendu au minimum
dans le coin de Saint-François.
Oui, là, je mets de l'ordre.
Là, j'arrive au minimum.
Avec une réputation qui vous précède.
La réputation, mais c'était pas la réputation du Leclerc,
parce qu'au Leclerc, ça avait brossé un peu.
C'était la réputation de l'exacto.
En revient là-dessus, parce que j'ai l'image du gars qui se fait un coup de bout d'oreille.
Je rentre là, il avait tout préparé
c'était comme un voyage organisé
c'est eux qui paquetaient mon stock
puis me transféraient
vous avez rien à rire
je m'en vais
je m'en vais
il y a deux gars qui me rencontrent
deux hommes
détenus ou
non non l'administration, du système correctionnel.
Et il y en a un qui me dit à moi, il dit,
il dit, tu vas passer entre le mur et la peinture,
puis entre le plancher et les tuiles.
Je regarde, je me marie,
je crisse.
Je suis sorti, oui.
Je suis sorti, tabarnak.
En gros, tu viens ici,
femme ta gueule, on veut pas te voir, on veut pas t'entendre.
Oui, oui.
C'était le directeur de la prison.
J'ai toujours eu
un conflit avec,
m'arranger avec le sous-directeur
il n'y avait pas de comité
non plus
mais vu que mon arrivée
vous avez quand même le minding
le but c'est d'être dans un minimum
pour faire votre demande après 15 ans
vous n'avez pas envie de brasser trop de marde
non non non
mais comme je te disais tout à l'heure,
les paroles, elles font pas mal plus mal
qu'un assis de coup de poing.
Puis tu payes pas.
Des fois, tu peux payer, mais...
Oui, c'est vrai.
Ça coûte moins cher de dire une parole,
mais comme je te disais tout à l'heure,
la parole avec les mêmes intentions, là.
Je veux pas
te faire de démonstration,
mais j'avais passé une entrevue
une fois, puis j'avais fait une démonstration
à la fille, comment je pouvais devenir.
Cris, ça a tombé en terre.
Fait que...
C'est moi qui vous ramène.
Non, je veux pas.
Je veux pas revenir des bouts dans. Non, je ne veux pas. Je ne veux pas revenir.
Des bouts dans le passé, mais je ne veux pas.
Non, vous ne voulez pas revenir, la personne positive.
Non, non. Moi, j'ai pris du LSD 25,
puis je m'ai battu avec un verril
dans le char.
Puis le LSD 25,
c'était un psychiatre
qui avait fait ça pour faire développer le cerveau.
Il s'appelait
Timothée Léry.
J'étais là, je suis là.
Je pense que le problème que je vais avoir avec le parloir
avec M. Jean-Louis, c'est que je pense que ça va être
une série sur M. Jean-Louis.
Ça fait comme une heure et demie qu'on est là,
puis je n'ai pas parlé de la moitié de ce que je voulais parler avec vous.
Je vous ramène. Je vous ramène.
Saint-François, minimum.
Pardon.
Pas de trouble.
Ça brasse-tu? Ça brasse pas. C'est tranquille.
Faites ce que vous avez à faire.
Oui, là, il n'y a pas de comité.
OK.
Je repogne un comité.
Je repogne un comité, bing, bang.
Là, ça va bien.
Ça va bien.
Même, j'aurais pu l'emmener, j'ai plein de lettres de référence.
OK.
Je vous amène, parce que vous en avez parlé,
votre demande, 15 ans.
Oui.
Ça se passe comment, ça?
À Val-et-Fille.
OK.
Ça se passe bien, ça se passe pas bien?
Ah, bien, ça se passe bien, c'est pas bien.
J'ai connu ces deux avocats dehors,
les criminologues, parce qu'ils veulent
que ce soit la faute de mon père
puis ma mère que c'est qui m'est arrivé.
J'ai dit, mon père et ma mère,
ils ont pas d'affaires là-dedans.
Je les serais tranquilles, mon père et ma mère,
ils ont pas d'affaires là-dedans.
En fait, du coup, j'ai voulu me défendre tout seul. Oh, un petit bienvenu.
J'ai été obligé de prendre un avocat, l'avocat de la ligne des droits des détenus, le fils des droits, un autre, ça, au montant, pour en parler.
Pas de trouble. Le matin, l'avocat qui était là, l'avocat de la couronne,
c'est le même avocat qu'il y avait quand j'ai été accusé de meurtre.
OK.
J'ai dit, je n'aimerais pas de nom, je n'aime pas de nom.
Puis, c'est le même avocat.
C'était comique, parce qu'il était quasiment collé chez moi.
Il avait tout le monde auocat. C'était comique, parce qu'il était quasiment collé chez moi. Il avait tout le monde au chien.
Puis là,
il disait ça, là.
As-tu fait ça?
Ça, là.
Je le regarde.
Vous parlez de votre dossier
avant-sentence ou dossier de tout
ce qui est arrivé pendant,
parce que c'est çaier avant-sentence ou le dossier de tout ce qui est arrivé pendant? Non, non, pas en dedans.
Avant-sentence.
Avez-vous eu, justement,
une bataille en dedans
où des fois, il peut y avoir des procès
pour d'autres affaires?
Vous n'avez pas eu d'augmentation de peine?
Non, non, non, jamais.
D'aller au trou parce qu'il s'est passé ça?
Oui, j'allais au trou.
Au trou, il n'a jamais eu de chance
de s'élever à l'extérieur.
OK, parfait.
On passe par-dessus ça.
C'est comique parce que
Chris était quasiment collé sur moi.
Je lui disais,
oui, bien oui, bien oui, bien oui,
bien oui.
C'est écrit, c'est là, c'est vrai.
À la fin du compte, ben,
12 jurys sur 12,
ils ont baissé ma sentence à 15 ans.
OK.
J'ai 15 ans, de fait, moi, là.
OK.
Maintenant, j'ai l'oblégation,
elle vient de tomber à 15 ans, là.
Dans ma tête, je viens de sauver 10 ans, là.
Dans votre tête, vous êtes libéré, là. Vous allez être libéré, ans. Dans ma tête, je viens de sauver 10 ans. Dans votre tête, vous êtes libéré.
Vous allez être libéré.
Dans ma tête, oui.
Pas d'infait, clairement.
Des psychologues, des psychiatres,
pas juste un ou deux, des fois, ils sont trois.
Recommandé.
J'ai une place pour rester. J'ai une job pour faire la maintenance d'une librairie.
Moi, je suis en électronique, je suis en électricité, électromécanique.
Je fais tout mon vieux au pen, je répare tout.
Là, je pense avoir une libération. » Il y en a quatre. En temps de vie, il n'y en a pas juste un.
Il y en a plusieurs. Il y a une spécialiste dans le coin qui veut sentir tes émotions
comme une éponge. Il me dit « Isamoué, je suis sûr de sortir. Convaincu, tabarnak, j'ai tout.
Puis j'ai écrit, ça fait des années que je suis tranquille.
Ils m'ont dit, M. Lévesque, vous avez du caractère,
puis la commission, avec une personne qui a du caractère,
va être très, très prudente avec vous, M. Lévesque.
On vous remet d'un an.
OK.
Ils m'ont remis trois fois d'un an par rapport à mon caractère.
Mais j'ai dit, il fallait que je n'aille.
C'est pour ça que je te disais, quand tu prends des responsabilités en prison, puis tu prends des décisions, au moins deux fois, moi,
j'ai eu le contrôle des détenus puis le contrôle de l'administration.
Quand il commençait à y avoir des mouvements de grève, moi, j'ai eu le contrôle des détenus puis le contrôle de l'administration. Quand il commençait à y avoir des mouvements de grève,
c'est moi qui pognais
tout le contrôle de toute la prison
au complet.
Oui, le gardien,
il faisait pas ce qu'il voulait avec moi.
Mais,
j'étais toujours quand même
assez sociable.
Mais là, vous me disiez que vous remettez trois fois
un an, fait qu'on était à 18 ans. 18 ans et demi.
18 ans et demi. Oui. Fait que vous avez à 18 ans et demi. Oui, on peut dire parce que j'ai été un an et demi à la maison de transition? Non, on va dire…
17 ans?
Oui, peut-être on va dire 16 ans.
16 ans.
16 ans, 16 ans et demi peut-être, la maison de transition.
Mais la maison de transition, je ne suis plus fonctionnel.
J'ai trois artères de bloqué à 90 %.
Je marche 10 pieds, puis je n'ai plus d'air. Je n'ai plus d'air. Mais l'orgueil est encore là. Puis là, ils me traitent de menteur, puis ils veulent que je travaille, mais je fait semblant. Mais là, juste avec ma force du mental,
je viens à bout
de baisser ma respiration
puis un battement de cœur.
Christ, c'est une pompe, ça.
Que t'ailles des bonnes nouvelles, des mauvaises nouvelles,
la pompe, là, là. Mais là,
les hausses qui vont là,
la pompe mal, en assis,
puis ça fait mal.
Ça fait mal.
Puis là,
il me traite de menteur.
Pas directement
comme ça, mais ça veut dire ça.
Puis là, il...
Je veux pas vous sentir de la pression, je veux juste...
Parce que vous avez un passé
après, puis... Pas un passé,
je veux dire, vous avez une vie après tout ça, mais...
Vous avez été fait opérer, j'imagine?
Oui, en 97, il m'a pas un passé, je veux dire, vous avez une vie après tout ça, mais... Vous avez été fait opérer, j'imagine? Oui, en 97, je me suis fait opérer.
OK.
J'ai eu trois pontages.
Attends, la maison de transition, en quelle année?
La maison de transition, j'ai sorti en 95.
En 95?
En 95, j'ai sorti. La maison de transition, c'est 92, ça.
OK.
J'ai passé ma révision judiciaire dans ce temps-là.
OK, parfait.
Là, on recule loin.
Non, non, non, mais c'est ça que je vais essayer de mettre en contexte.
En 92, transition, en 95, 96, vous êtes libre.
Non, non, en libération conditionnelle totale.
Quand j'allais dire libre, je mettais des gros parenthèses.
Avec toutes les conditions.
Parce que vous, encore aujourd'hui, 2023, vous avez 80, 81?
81.
81, vous êtes encore full conditionnel.
Full.
Jusqu'à la fin de vos jours.
Oui.
J'ai même pas le droit de la vérifier.
Pas le droit à monter Régis.
J'avais pas le droit de dépasser
35 kilomètres de Saint-Jérôme.
Parce que là, vous vivez à Saint-Jérôme
aujourd'hui. Ouais, ils m'ont envoyé à Saint-Jérôme,
je connaissais pas personne. Comme ça qu'on s'est
connus, justement, parce que j'ai des immeubles
à Saint-Jérôme, c'est comme ça qu'on s'est connus.
Là, je suis plus capable de travailler,
mais ils me donnent 500 piastres par mois
de bien-être social.
Je paye 350 piastres de loyer je n'ai pas de colis de scène,
je n'ai pas de meubles, je reviens.
Là, on est en 95-96.
97 à peu près.
Ok, 97.
95-96.
Ok.
Puis là, j'ai un rendez-vous, il faut que je m'en aille à pied à la maison de transition
pour voir le psychologue. J'ai un rendez-vous avec le psychologue une fois par semaine.
Il n'y a pas de charge, rien, là.
Je viens à bout de me rendre là de peine et de misère,
mais à un moment donné, j'arrive là.
Fait que là, vous sortez, je vais juste mettre en contexte,
fait que là, vous sortez, on est en 95,
vous avez 500 piastres de bien-être social par mois.
Oui.
Ça vous coûte 350 piastres de loyer.
Vous avez 150 piast$ par mois pour tout.
Oui.
Bien nécessaire, parce que là, je venais de sortir,
vous n'avez pas de job.
Je pourrais pas travailler.
C'est ça, parce que vous êtes encore...
Je suis pas fonctionnel.
Donc là, vous êtes deux ans dans ce pattern-là, à peu près.
À peu près, oui.
Parfait. 97, à un moment donné, c'est quoi?
Crise cardiaque, j'imagine?
Non, pas de crise.
Le psychologue vou il me voit.
Le psychologue voulait que je fasse un budget.
Hé, j'ai dit tout mon sacrement de budget.
Il me reste 150 piastres.
150 piastres, divise-le en quatre semaines.
Je me débrouille, c'est ça mon budget.
Là, j'arrive à la rencontre avec lui.
Je suis vert, je suis jaune, je suis brun, toutes sortes de couleurs.
Là, c'est bloqué, j'en arrache en assis, mais encore le mental…
Le mental, vous lâchez pas. Le batteur, il est pas loin.
Non, c'est ça, je suis tough, c'est ça.
Il m'embarque dans son char, puis il vient me mener à l'hôpital.
OK.
Ça m'emmerde que le Chinois me voie.
Deux jours après, j'ai été opéré.
Il est passé par la porte d'un orner.
Les Chinois, comment ils faisaient fonctionner de même?
Ils bloquaient trois orteils, ils bloquaient à 90 %.
Juste avec le mental.
Juste, j'ai travaillé mon mental.
Mental d'acier, oui, c'est clair.
Puis,
l'opération,
t'es supposé de rester
six jours
en convalescence
sur la morphine.
Mais Chris, il trouve en deux.
Il trouve en deux, puis ils vont chercher
des os dans la cuisse.
Fait que là, 97,
je passe vite là-dessus,
opération, tout ça, vous vous mettez sur pied.
J'imagine si vous êtes sur pied aujourd'hui en 97.
Oui, mais c'est ça, là.
La garde en chef a dit
non, pas de
réhabilitation
d'une maison pour l'aider.
Elle dit, t'es un criminel.
Je lui ai dit, il n'y aura pas de chance.
Il y a une petite garde malade qui vient de me dire ça.
J'ai dit, ma valise est dans l'armoire.
Je prends ma valise et je descends.
Ma cousine était venue me voir à Montréal
et elle m'avait laissé 50 piastres.
J'ai dit, « Tu peux pas t'en aller de même. »
J'ai dit, « Je m'en vais parce que ma crisse est en bas. »
Je te dis, « Ma crisse est en bas. Je m'en vais. »
Là, j'arrivais en bas, il y avait un noir, un taxi.
J'ai dit, « Je reste à Saint-Jérôme. Je reste dans le troisième étage.
Faudrait que tu m'ailles la monter. J'ai 50 piastres. » J'ai dit, « Viens Saint-Jérôme, je reste dans le troisième étage, il fallait que tu m'ailles la monter, j'ai 50 piastres. J'ai dit, viens-tu me mener, tu vas, oui. Mais là, dans le troisième étage, j'ai rien à manger, j'ai plus d'aller me faire la barbe. J'essaye de me faire la barbe, puis j'écrase la chambre de bain
à quatre pattes.
J'en viens à bout dans mon...
Mais qu'en est-ce que je respire bain?
Ça fait mal!
– Vous avez arraché plus d'or
qu'en dedans, qu'à semaine? – Oui.
– Parce que c'est ça,
parce qu'à un moment donné, on se parlait de ça,
puis je me souviens pas, c'était le sujet,
justement, vous avez été malade, là, il y a une couple de semaines, ça allait pas super bien, puis on se parlait de ça, puis je ne me souviens pas, c'était le sujet, justement, vous avez été malade il y a une couple de semaines,
ça n'allait pas super bien, puis on se parlait,
puis je vous disais, dans votre vie,
vous avez vécu beaucoup de stress, puis tout,
puis vous m'avez dit, non, la prison, pas stressant.
Une fois que tu l'as accepté, ça, vous me dire,
la prison, c'est pas stressant, la prison,
tu n'as rien, tu joues, tu n'as rien à gérer.
Tu n'as aucun problème matériel.
Tu n'as pas d'épicerie à faire, tu n'as pas de lavage à faire,
tu n'as pas de bouffe à faire,
Christ tu t'occupes de rien, t'es géré de A à Z.
Fait qu'une fois que t'as accepté ton sort,
pis Christ t'arrives dehors, là t'as des comptes,
là t'as ci, là t'as ci, t'sais.
Là faut que tu courailles en tabernacle.
Pis là avec un dossier criminel,
j'ai essayé des jobs,
j'ai perdu des belles jobs,
j'ai été en énergie solaire,
j'ai été dans tout, j'ai même voulu faire un mouvement perpétuel, j'ai perdu des belles jobs. J'ai été en énergie solaire, j'ai été dans tout.
J'ai même voulu faire un mouvement perpétuel,
j'étais quasiment prêt à réussir.
J'ai été boycotté
partout, partout, partout, partout.
Ils me disaient, ah, dis-les pas.
Ben ouais, dis-les pas.
À cause de votre dossier, puis je vous pose la question,
moi, personnellement, l'homme que je connais
depuis un peu plus qu'un an, j'ai jamais eu
peur de vous. Ben, il y a peut-être une raison au mieux. Non, non, mais tu sais, on vous l' je connais depuis un peu plus qu'un an, j'ai jamais eu peur de vous.
Non, non, non, mais tu sais,
c'est ça, tu sais, mais
avez-vous été remonté
depuis que vous avez été libéré? Est-ce que
vous avez déjà remonté? J'ai remonté une fois.
Quand on parle de remonter, by the way, c'est juste
pris de condition quand même de remonter en prison.
En 98,
j'ai sorti,
j'ai eu un 48 heures. 48 suis un douze heures un gars je connaissais il m'a emmené chez
eux il m'a présenté deux deux deux filles pour que je puisse me mettre un peu mes affaires là
mais je prends pas de stock je je prends rien, puis là,
les filles, ça avait coincé
de la cause sur la nounne, puis let's go,
puis moi, hey, j'ai sauté dans le lunch,
arrive en dedans,
mais il y a quelqu'un qui a appelé,
puis ils m'ont passé un test d'urine,
ils ont découvert qu'il y avait de la cause.
J'ai dit, tabarnak, je ne l'ai pas pris.
D'un coup, j'y pense.
J'ai dit, ça seak, je ne l'ai pas pris. D'un coup, j'y pense. J'ai dit, ça se peut-tu qu'il soit ça?
Il s'est saupoudré la nounne avec de la colle,
puis moi, j'ai embarqué là-dedans.
J'ai fait un mois.
Je les ai contés, l'histoire-là.
Je ne comprenais pas d'autre chose.
Puis un mois après ça, je n'ai jamais retourné.
Vous n'avez jamais remonté après ça.
Puis là, vous dites, dans le fond, depuis 1984,
la dernière fois que vous avez été, mettons, violent,
si on peut dire, c'est ce que vous m'indique.
Oui, oui.
Puis c'est ça, vous n'avez pas eu d'autres épisodes.
Non, c'était...
Parce que vous n'avez pas rebut, je pense,
depuis votre libération, l'alcool.
Non, j'ai rebut, mais j'ai arrêté.
Oui, ça, vous m'aviez dit.
Non, j'ai bu, mais c'est pire qu'é. — Oui, ça, vous m'aviez dit. — Non, j'ai bu, mais...
C'est pire qu'avant.
— C'est ça, vous avez vite compris que...
— Non, parce que là, tu bois,
t'as plus de système de défense.
T'as plus de système de défense,
le passé, t'en reviens, là.
Oh!
Le passé, t'en reviens, puis tu bois en avant,
puis t'aimes pas que c'est que tu bois.
Oh là là là là là là, la non j'ai tout arrêté
vous avez tout arrêté par vous même
vous faites des meetings des choses comme ça
ils veulent pas que j'aille là
j'y ai été
ils ont appelé Libération
j'ai jamais pu le voir
j'ai traité une couple de faux nez
fait que
vous ne buvez plus
vous êtes un homme
moi je dis
je mets le mot mais un petit monsieur
de 81 ans
si on ne connait pas votre histoire
on vous regarde vous êtes un
vous avez l'air d'un grand papa comme on en croise
partout
vous êtes un monsieur
super gentil
on se parle très régulièrement.
Oui.
Vous avez un parcours rock'n'roll, on peut le dire, comme ça.
Oh, rock'n'roll, puis blouge, puis tout.
Mais vous êtes quand même la preuve que...
Que tu peux t'en sortir.
Tu peux t'en sortir, c'est ça.
Peu importe la situation, peu importe ce que tu as traversé. Pas avec les autorités. Tu peux pas t'en sortir, c'est ça. Peu importe la situation, peu importe ce que tu as traversé.
Pas avec les autorités. Tu peux pas t'en sortir. Ils te parlent de réhabilitation.
Ils parlent de réhabilitation, mais dans leur système, c'est bien écrit.
Ne jamais faire confiance à aucun détenu pour aucune considération.
Puis ils te parlent de réhabilitation. J'ai de l'eau, ça.
Oui, oui.
Tu as l'air d'être gâté.
Pas trop traumatisé,
à Norgay, là.
T'es habitué à ça, non?
Pas à premier...
Mais...
C'est sûr.
OK, mais vous pensez encore aujourd'hui, mettons,
on tourne ça aujourd'hui, on est en 2023,
vous pensez que vous êtes quand même
sorti de ce milieu-là.
Je ne sais pas à quel point vous êtes en contact,
vous savez comment ça se passe aujourd'hui
en dedans, mais pensez-vous que c'est encore
copie-collée de
1980-1970?
Même chose.
Oui.
Je t'ai dit tout à l'heure,
l'être humain, il est le seul lui-même.
Non, mais je parle des autorités carcérales, je veux dire,
la réinsertion, ces choses-là, vous...
Ils peuvent pas rien faire.
Ils vont faire quelque chose
quand tu travailles pour eux autres.
Ah, avoir voulu, comme leur...
Le gars de l'Assemblée nationale,
là,
ils ont ouvert un dépanneur à Hall, puis ils ont'a aussi voulu, il m'a réouvert une chambre d'électronique, puis ils m'ont offert des aussi belles affaires.
Autant que le milieu criminel m'a offert des belles affaires, autant eux autres, le système correctionnel m'a offert des belles affaires. La théorie du système, j'y crois à 100 %, mais la pratique du système, non.
Pour moi, théorie et pratique, c'est les deux opposés.
Fait que...
Clairement.
Ils font des réformes d'éducation, puis des réformes de santé.
Ça ne s'améliore pas, hein?
Ça ne peut pas s'améliorer, parce que les décisions, il faut qu'elles se
prennent en bas.
En bas. Mais il faut être des humains
en bas. Pas quelqu'un qui veut flatter
son égo. Puis dire, c'est moi
qui ai bosse. La construction,
ça me prenait des fois dix gars
pour venir à bout de trouver un bosse.
En plaçant un là comme bosse,
puis le choix,
les gars disent,
ça monte à la tête.
J'en ai connu du monde de même.
Je l'ai connu un,
c'était un pro-syndicaliste,
la journée qu'il était nommé boss,
si bon,
c'est étonnant,
changer ta veste de boss,
c'est un moyen-temps rapide.
Tu peux être le meilleur joueur de hockey au monde, mais être
instructeur, c'est une autre affaire.
Le pouvoir, ça monte à la tête, pas toujours des
bonnes façons. Oui, oui, je te dis,
comme je te disais tout à l'heure, ça me prenait des fois 7, 8
puis 10 personnes, à bout de trouver
un boss. Mais j'avais une gang, moi,
au Mont-Rey. J'avais 75
gars qui travaillaient pour moi.
C'était tous les trouble-makers de
tous les autres chantiers.
Si vous, vous étiez devenu le boss?
Si j'étais délégué de chantier, c'est moi qui rendais le chantier.
Oui, oui, mais vous étiez du côté de l'union, mais tu sais, genre…
Oui, oui.
Ça ne vous tentait pas d'être le foreman, justement, ou…
Mais j'ai toujours eu… j'ai toujours négocié, puis j'ai toujours quand même…
OK, les bois de Saint-Héros, les bois du Voulue, je lève le ton,
mais les négociations, puis j'ai toujours quand même... OK, les bois de Saint-Héros, les bois du Vosges, je lève le ton, mais les négociations,
elles ont toujours été faites.
Je n'ai jamais contourné
que ce soit avec
le syndicat, pas le syndicat,
mais les surintendants, les générales
formants de ces affaires-là,
elles ont toujours été faites.
Puis, avec le système
correctionnel avec, elles ont toujours été droites. Je, avec le système correctionnel avec,
ils ont toujours été droites.
J'ai jamais bifurqué, moi.
J'ai marché droite toute ma vie.
Puis aujourd'hui, 2023,
on est en juin
2023. Comment vous vous en sortez?
Comment va votre
vie? Comment vous voyez? Comment
ça se passe? Comment...
Ça se passe, c'est toujours encore avec le mental.
J'essaie.
Ah, mais est-ce que ça va... je veux dire, vous vous en sortez, je veux dire...
Je ne suis pas capable de travailler.
Je ne peux pas travailler en nulle part.
Puis...
Quand vous dites que vous ne pouvez pas travailler, explicite, mettons, je voulais dire que vous
ne pouvez pas travailler.
Mais par rapport à mon dossier...
Parce qu'on ne peut pas vous engager, parce qu'on veut...
Non, par rapport à mon dossier criminel,
que sais-je que je fais
pour venir à bout de m'en sortir?
Là, ça fait deux mois que je n'ai pas rien fait.
J'ai fait du stroke.
C'est garanti que j'ai travaillé au noir.
Je n'ai pas le choix.
Ils ne veulent pas m'en sortir.
Il faut que je mange.
On dirait que tout est enligné
pour que je tombe réellement
dans le milieu criminel.
On dirait que tout est là.
Vous ne voulez pas être un criminel,
parce que vous avez un dossier criminel,
personne ne va vous engager.
En même temps, tu ne veux pas rester chez toi,
rien faire, être sur le BS.
C'est ça.
J'ai deux options.
Je suis criminel ou je vais travailler.
Je vais travailler au noir, je ne paierai pas mes impôts.
Qu'est-ce que vous voulez pas?
Je suis un travaillant.
Je suis un travaillant toute ma vie.
Vous êtes même personnellement déjà engagé.
Venez me donner un coup de main dans un appartement.
Là-bas, où je suis?
Il fait tout.
Je suis content.
C'est un de mes blocs que je n'ai pas besoin de m'occuper.
C'est celui que vous habitez.
Des fois, j'arrive et je vais repeinturer
les escaliers au complet du deuxième étage.
Comme tabarnak, je ne vais rien demander.
Ça a coûté combien en peinture?
Tu n'as pas besoin de rien me demander.
Si quelque chose ne marche pas, je vais le faire.
Vous vous occupez, vous me tondez à la pelouse,
vous me passez à la souffleuse et vous êtes un travaillant.
Je suis juste sur la ligne.
Le monde me dit,
« Ah, tu as besoin de quelque chose,
demande-nous. Je ne demande à rien personne.
Je ne suis pas capable.
Mais ça revient peut-être que si
on a dit au départ,
le milieu,
le milieu,
il te donne quelque chose,
mais il faut que tu lui donnes quelque chose en retour.
En prison,
au Lettler,
il y en a qui rentraient avec des boules de hache
grosses de même,
puis ils mettaient ça sur mon bureau.
« Viens-tu trouver un cadeau? »
« Hé, ton cadeau, ramène-le. »
Des fois, t'as deux, trois dans la cellule,
puis on venait de balayer le plancher,
il va venir à bout de trouver trois, quatre crottes de nez de hache
pour venir à bout de toquer,
puis là, il arrive avec la boule,
un sac de coke à côté.
« Ramène ça, j'en veux pas. »
« J'ai pas rien de devoir. »
« Les gars, ils me disent, tabarnak, pourquoi tu l'as pas pris? »
« Chris, tu veux que je le prenne? »
« Il m'en a pas offert. »
« Non, il te l'offrira pas à toi. »
« Non. »
« Il m'en a offert à moi parce qu'il sait en assis qui je suis. »
« Moi, je vais être capable d'y repayer. »
« Il sait ce qu'il va pouvoir me demander. »
« Ça, j'ai jamais embarqué là-dedans.
Je n'ai rien contre eux autres,
qu'ils fassent leurs affaires.
Moi, vous avez un bon propriétaire
qui ne vous charge pas trop cher de loyer.
Je serais.
Mais des fois, je me dis,
que ce que je fais là,
ça compense à peu près.
Ça compense à peu près.
Vous arrivez à passer ça,
vous faites un petit job électrique
dans un bar, un petit peu de plomberie d'un côté,
puis quand la santé est aveu,
puis... C'est ça.
Je t'en demande, mais je t'en demande.
Pour qui tu penses que je travaille?
Je travaille pour des juges et policiers,
ces affaires-là. Je travaille pas pour du monde du bien-être social.
Le monde du bien-être social,
ils ont pas capable de se payer ça. Non, non, c'est ça.
Je travaille pour des juges et policiers,
mais ils savent que je parlerai jamais. J'avais dit, un juge payer ça. Je travaille pour des juges, des policiers. Mais ils savent que je ne parlerai jamais.
J'avais 10 juges.
Christ, c'est pire que moi, toi.
Tabarnak, il y a à peu près 15 blocs un peu partout.
Christ, tu n'as pas fait ça
avec ton salaire, là.
M. Jean-Louis, je veux
vous remercier du temps que vous avez pris.
On n'a pas déjà fini.
On vient juste de commencer à se rechauffer.
Ça fait 1h50 qu'on jase de ça. On vient juste de commencer à se réchauffer.
Il y a 1h50 qu'on jase de tout ça.
Je viens juste de commencer à me réchauffer.
Il y aura peut-être une deuxième rencontre
avec M. Jean-Louis Lévesque.
Est-ce que vous avez un intérêt
s'il y a des gens qui veulent vous poser des questions
qui peuvent venir vous rejoindre sur
Facebook ou...
Votre adresse courriel, voulez-vous la donner, s'il y a des gens
qui veulent vous poser des questions?
Mon adresse courriel, c'est l'évêque
point
Jean-Louis, tout
d'un trait, pas de trait d'union.
Parfait. En commercial,
videotron.ca
Videotron.ca videotron.ca
Pas de téléphone, je connais rien.
Non, non, monsieur,
je l'apprends, mais j'ai envoyé des textos
un moment donné, mais il ne me répondait pas. J'ai compris, il est flippant.
J'ai un messenger, puis je viens à bout de me débrouiller
avec ça. Mais c'est parce que
je ne veux pas l'apprendre, je n'aime pas le virtuel.
J'aime bien parler
face à face à quelqu'un.
En tout cas, s'il y a des gens qui s'intéressent
à la vie de M. Jean-Louis, qui ont des questions
c'est une super belle personne
à entrer en communication
j'ai des réponses pas mal à toutes
sur Facebook, Jean-Louis Lévesque
il vous a donné son adresse courriel
c'est pas pour de la haine
si vous avez des questions, si son histoire vous a intéressé
si ça vous a touché vous pouvez écrire à M.
Ah non, je suis gentil, je vous le dis.
Vous pouvez écrire à M. Jean-Louis.
Merci d'avoir été le premier invité du Parloir.
Moi, fait plaisir.
Bonne fin de journée.
Merci tout le monde. Продолжение следует...