Au Parloir - Épisode #4 Philippe Vaillancourt
Episode Date: August 18, 2023Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations....
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Bonjour, ici Cédric Bergeron. Aujourd'hui sur le podcast, je reçus Philippe Vaillancourt.
Philippe Vaillancourt, ancien toxicomane qui a purgé 17 ans derrière les barreaux,
a été sentencé quatre fois au total pour 24 ans.
Ce qui a fait qu'aujourd'hui, Philippe est devenu un homme exceptionnel.
Pour vrai, c'est un homme qui aide les jeunes.
Il gère la maison Stéphane Fallu, qui est une maison qui aide les jeunes de 17 et 18 ans
qui sortent des centres
de jeunesse.
C'est un gars qui m'a donné des frissons pendant le
podcast. C'est la première
fois que je le rencontrais et
j'ai vraiment
apprécié ce podcast-là. C'est vraiment, vraiment
intéressant.
Il va avoir le lien sous la vidéo
YouTube pour donner à la Maison Stéphane
Fallu. On va en parler pendant le podcast.
Je me suis moi-même
mouillé en disant que j'allais faire un don de 100 $
à la Maison Stéphane Fallu et je vous invite
à faire de même, pas nécessairement le même montant.
Les petits montants sont acceptés, ça c'est sûr.
Je me répète à chaque début
de podcast, j'endosse pas nécessairement
les gestes qui ont été posés,
les idéologies ou les termes utilisés par mes invités, mais j'endosse pas nécessairement les gestes qui ont été posés, les idéologies ou les termes
utilisés par mes invités,
mais j'aime les gens qui parlent
avec leur cœur, j'aime les gens qui sont
francs. Bienvenue au Parloir. Philippe Vaillancourt
Salut
Ça va?
Ça va bien toi?
Je peux t'appeler Phil?
Absolument
Yes sir
Phil, on se connait pas
Ouais
Première rencontre
On a discuté un peu sur Messenger
Puis quand je reçois du monde Je veux pas trop que le monde me raconte leur histoire avant
parce que je veux être intéressé par ton histoire en live.
Vu que mes questions ne sont pas préparées.
Ça, c'est juste pour me prendre des notes.
Je n'ai pas de question de préparer rien.
Parce que je me mets dans la peau des auditeurs.
J'imagine que c'est les questions qu'ils poseraient.
En tout cas, moi, j'aime ça être fresh on the spot.
J'ai fait un call Facebook
quand je parlais du podcast.
On était déjà amis Facebook.
On va revenir,
mais parce que tu t'occupes de la maison Stéphane Fallu.
Exact.
Étant humoriste,
on est un peu Stéphane et tout ça.
J'ai beaucoup de monde du milieu de l'humour
qui sont rattachés.
Tu es près de beaucoup d'artistes Fait que j'ai beaucoup de monde du milieu de l'humour qui sont rattachés, pis t'es près de beaucoup d'artistes aussi musicaux
que j'apprécie. Fait que tu m'as écrit.
Yes. Pis je pense que tu vas être un bon
outil pour mon podcast. Ben, premièrement,
t'as une histoire quand même intéressante pour le
podcast, pis t'es en contact avec
beaucoup de gens qui ont traversé
des épreuves, donc qui ont
vécu aussi le milieu carcéral. Fait que je pense
qu'on a discuté. Je pense que tu vas être un bon outil pour ma porte.
Je pense que je vais avoir...
Je me disais, je vais-tu être capable de faire plus que 10 épisodes?
Je pense que grâce à Phil, je vais être capable.
Écoute, Phil, commence par te présenter.
Tu es qui? Tu viens de quel coin?
Né en quelle année?
Tu as quel âge, un peu, ton parcours de vie à base?
Oui, je m'appelle Philippe Vaillancourt.
J'ai 47 ans. Je viens de la Rive-Sud de Montréal.
De Brossard, plus spécifiquement.
Puis,
c'est ça. Je suis le plus jeune d'une famille
de trois enfants. J'ai mon frère
et ma soeur. Ma soeur la plus vieille et mon frère dans le milieu.
C'est drôle. Exactement comme moi.
À date, Rive-Sud de Montréal,
je suis le plus jeune de toi, ma soeur, mon frère
et moi. C'est drôle de l'honnêteté.
C'est là que ça fuck.
Le pays, c'est Chris. C'est dur à croire quand tu m'en regardes.
Je suis le moins pédé des trois, Chris.
Moi, c'est le contraire.
Ma famille, c'est tous des gens qui sont
respectueux des lois. Mon frère, ma soeur
ont des bonnes jobs. Mes parents
sont décédés, mais c'était deux citoyens très
respectueux des lois. Moi, où est-ce que ça
fucké?
Moi, quand j'étais jeune, j'étais le petit bébé
à maman. Puis ma mère
a fait un OCV. Puis elle s'est ramassée
à l'hôpital. Puis ça a comme
tout changé ma vie. Est-ce que je mets
la faute là-dessus? Absolument pas. C'est juste
un peu pour te dire...
Mais c'est un épreuve. À quel âge t'avais?
J'étais en troisième année, fait que j'avais 8 ans.
8-9 ans, l'âge de mes enfants en ce moment.
C'est ça. Fait que, ben c'est ça. Imagine tes enfants qui, du jour au lendemain, parlent plus de maman. Et si c'est bon. Ouais, c'est 8 ans. 8-9 ans, l'âge de mes enfants en ce moment. C'est ça. Imagine tes enfants
qui, du jour au lendemain, ne parlent plus de maman.
C'est bon. Ils n'ont pas rien que moi de ça.
Ils ont être trop nocifs pour eux autres.
C'est ça.
Ils sont tombés malades.
Personne ne réagit de la même façon à la souffrance.
Ma soeur et mon frère,
ils ont continué leur vie. C'est sûr qu'ils ont eu de la peine.
Ils ont mieux encaissé. Oui, c'est ça. Ils ont su mieux gérer. C'est sûr qu'ils ont eu de la peine. Ils ont mieux encaissé.
Oui, c'est ça.
Ils ont su mieux gérer que moi.
Je me suis ramassé du jour au lendemain.
Je n'avais plus de repère.
Je n'avais plus ma mère.
Ce que j'ai fait, c'est que j'ai...
Père présent.
Père présent, oui, mais...
Père de sa génération quand même.
Souvent absent pour le travail.
OK.
C'est un homme, je ne sais pas,
génération, tu as 47.
Ça dit je t'aime, mais pas tant souvent.
Exactement, c'est ça.
Maman s'occupe, papa discipline.
Oui, on a commencé à se dire je t'aime
quand je suis en cheminement,
il y a une couple d'années.
Il est décédé du COVID, il y a deux ans.
Désolé de l'apprendre.
Merci.
C'est ça, on a commencé à se dire
je t'aime ça dans ce temps-là,
mais avant ça, c'était pas vraiment présent dans nos vies.
Donc, moi, j'ai commencé
à faire le clown à l'école pour faire rire les filles.
J'ai commencé à faire des mauvais coups pour
être plus proche des bommes,
faire partie d'un groupe.
Puis, j'ai commencé à pas faire mes devoirs,
puis j'ai commencé à niaiser de même.
Ça a vraiment dégringolé.
Je te dirais, quand on a déménagé
dans une partie de Brossard,
c'était dans la Dorion,
parce que mon père s'était fait une nouvelle femme.
J'ai vraiment pas aimé l'expérience.
Déménagement ou nouvelle femme,
ou une mix des deux, genre?
Tout, tout, tout, tout, tout.
Écoute, je le dis à chaque fois que j'en parle,
je m'en excuse tout le temps,
c'est qu'elle, la femme à mon père,
dans ce temps-là, j'ai fait vivre un cauchemar.
J'ai dit, toi, c'est pas vrai que tu vas prendre la place de ma mère.
C'est impossible. J'ai volé son char
la nuit. J'ai volé tout son argent.
Je faisais plein de mauvais coups
à la maison et dans le coin.
Ça a commencé par mettre le feu
dans le contenu à l'école à côté de la maison.
Après ça, elle me rentre jusqu'à
24 ans de sentence au fédéral.
Tu vois comment ça a vraiment dégringolé.
C'est sûr qu'on va revenir là-dessus, mais tu totalises 24 ans d'incarcération.
Non, 24 ans de sentence, 17 ans d'incarcération.
C'est une sentence vie, ça a été une sentence vie, dans le fond.
C'est ça. C'est que quand mon 24 ans était terminé,
je n'appartiens plus présentement au service correctionnel.
C'est la seule différence.
Moi, j'ai fait le chiffre d'un meurtrier.
C'est ça que j'ai fait.
Sauf que moi, je l'ai fait en 4 shots.
J'ai eu 4 sentences fédérales.
OK. Mais c'est sûr qu'on revient à l'addition.
On est au parloir.
Donc là, c'est ça.
Tu commandes les délits.
La nouvelle blonde de ton père, t'as quel âge à peu près?
J'ai 11 ans, 12 ans.
OK, 11 ans, 12 ans, tu vois le char, puis t'es...
13 ans, je vois le char.
OK, t'es en barnaque, OK.
Je me rappelle, elle venait s'acheter une Honda Accord flamme en oeuvre.
Moi, je prenais les clés, je sortais par la fenêtre,
je prenais le char, j'allais chercher mes chums,
on se promenait partout dans la ville de Dorion.
Parce que j'étais à côté de toi, t'es pas un géant non plus.
J'ai 13 ans, Chris, le bain devait être avancé en esti
parce que je les pédale.
C'est sûr, mais je ne me suis jamais fait pogner
par la police.
Par la police.
Oui.
C'est arrivé une fois que mon père m'a pogné,
mais heureusement...
Des fois, on aimerait quasiment mieux
que la police nous pogne qu'à notre père.
Oui, c'est ça.
Mais heureusement, excusez-moi,
un moment donné, mon père m'a réveillé
vers 2 heures du matin pour me dire,
là, tu vas appeler la mère de ton chum Marco. Il restait deux semaines avant la fin de l'année scolaire.
Tu vas aller vivre chez eux pour deux semaines, puis quand l'école finit, on retourne à
Brossard. Fait que là, j'étais comme, yes, j'ai gagné. Mais malheureusement, j'ai
gagné, mais elle a dû souffrir en tabarouette, cette femme-là.
OK, parce que tu l'as tellement poussé à bout qu'elle a fait, gars.
Oui, elle a dit à mon père, c'est tes enfants ou moi? OK.'elle a fait tu choisis ton dos tes enfants ou moi
tes enfants c'était plus Philippe ou moi
ton frère et ta soeur
beaucoup plus vieux que toi
moi j'ai 47 mon frère vient d'avoir 50
ma soeur 52
c'est fou
mon frère on a 13 mois de différence
puis ma soeur 5 ans
mais en fait moi c'est
on est pas là pour parler de moi,
mais justement, dans le fond,
moi, mes parents,
j'utilise toujours mes parents biologiques,
dans le fond, un amour de jeunesse,
14 ans, marié à 18,
m'ont eu à 20, divorcé à 21.
Mon père a rencontré une autre femme.
Mon père a eu ma garde, j'avais un an.
Il a rencontré une autre femme.
Elle avait un enfant de 2 ans, puis une fille de 5.
C'est devenu ma famille, dans le fond.
J'ai toujours gardé un contact avec ma mère bio.
On a une super belle relation.
Eux sont encore ensemble aujourd'hui.
J'ai deux mères, moi, littéralement.
Mon frère et ma soeur.
Pour moi, c'est une famille.
Mais c'est drôle qu'on a vraiment...
Je suis le plus jeune.
On s'en joint.
Je te laisse continuer.
On repart à Brossard.
Je reviens à Brossard.
C'est là que j'ai connu la dope, que j'ai connu les crimes.
C'est sûr que vous voyez, le char de ma belle-mère,
c'était un crime.
Je le voyais pas comme un crime.
Je le voyais comme je fais ça pour la fâcher.
Un mauvais coup.
Plus qu'un crime, mettons.
À cet âge-là, on fait plus des mauvais coups que des crimes.
On est fait des mauvais coups.
Mon premier crime... En tout cas,
on parle pas de moi encore,
mais je me souviens pas.
C'était à quel âge
mon premier crime,
mais des mauvais coups.
Tabarnak, je pense
que j'ai dû commencer
à en faire à 8-9 ans.
Tu sais, justement.
Je pense que je suis sorti
de ma mère,
j'en faisais déjà.
Mais écoute,
tu sais ça,
ça a vraiment dégénéré
quand je suis revenu
à Brossard.
J'ai rencontré un gars qui s'appelait Jamie, puis on a commencé à faire des…
C'est-à-dire qu'on faisait des vols, mais des petits vols, des petites affaires.
Pour fumer du pot, genre des affaires la même.
Moi, je suis un petit peu extrémiste, mais j'ai commencé avec la coke.
OK, direct, toi.
OK, on ne fume pas un joint, on se pète une traque.
Oui, c'est ça.
Puis à un moment donné, j'ai dit, OK, je disais à mon père,
je te fais trop de troubles, trop de peines, trop de mal,
les nuits blanches, tout ça. Je m'en vais.
Moi, je pensais qu'en m'en allant, mon père serait plus tranquille.
16-17?
16 ans.
16 ans, je restais au motel Falcon sur Tachereau à Brossard.
T'as connu?
J'ai connu.
Bien connu des gens qui travaillaient aussi.
Fait que je suis allé vivre là-bas.
J'avais la dernière chambre dans le fond de l'hôtel, sur Tachereau, dans le fond.
Puis là, bien, là, c'était rendu un different ballgame,
parce que là, il faut que je paye la coke,
il faut que je paye l'hôtel, il faut que je paye la bouffe.
Tu sais, puis les filles.
Moi, j'achetais l'amour, que ce soit autant des filles
que des gars, des amis.
Fait que tu gagnes.
J'achetais l'amitié.
Oui, c'est sûr, c'est...
Je me sentais tellement comme un trou de cul
qu'en payant la traite à tout le monde, là, je me sentais... Tu avais l'impression d'avoir tuitié. Oui, c'est sûr. Je me sentais tellement comme un trou de cul qu'en payant la traite à tout le monde,
je me sentais...
Tu avais l'impression d'avoir...
Oui.
Mais quand je me retrouvais dans ma chambre d'hôtel,
par exemple, vers 3-4 heures du matin,
tout seul comme un cave,
j'étais moins...
C'est là qu'on a plus tendance à tomber
dans la patente en plus.
Oui, c'est ça.
Exact.
On ne veut pas trop penser à la journée
qu'on vient d'avoir eue
et qu'on se retrouve tout seul
et qu'on a l'oublié. On se pète retrouve tout seul comment l'oublier, on se pète la face
on se gèle
j'ai fait ça pendant des années mais je me suis ramassé en centre d'accueil
parce que tu faisais des vols, entrées par réfraction
ouais, exactement
c'était des intros
c'est les enfants qui se font à 16 ans
puis à un moment donné mon père a voulu me donner une leçon
quand la police a appelé et qu'il venait me chercher
mon père a dit
ben gardez le don, il donne une une leçon. Quand la police a appelé et qu'il venait me chercher, mon père a dit « Gardez le don,
il donne une petite leçon. »
Je pense que ça a été...
Mon père a fait des bons choix, il a fait des mauvais choix,
un peu comme tout le monde.
Je pense que ça a été le pire choix.
Mais encore là, je ne mets pas ça sur sa faute.
Je prends 100 % responsabilité de mes actes,
de ce que j'ai fait dans le passé.
Mais de m'avoir envoyé en centre jeunesse,
m'a donné un nouveau carnet d'adresse
avec des nouveaux contacts que j'avais pas avant.
Pis ça a pas été là. Ça a dégénéré.
On dit que la prison est l'école du crime.
Le centre correctionnel est à ta compte plus,
l'école du crime, parce que t'as l'âge d'être à l'école.
Exactement, c'est ça.
Fait que ça a commencé de même, je suis allé en centre jeunesse.
J'ai détesté mon expérience, mais j'ai bien aimé le monde que j'ai rencontré.
OK.
Fait que quand je suis ressorti,
j'ai appelé mes nouveaux contacts,
puis j'ai recommencé tout de suite.
Tu sais, quand t'arrêtes
quelque chose, puis tu recommences plus tard,
peu importe combien de temps,
tu recommences pas là. Tu commences au jour où tu t'as lâché.
Ça dégénère de plus en plus à chaque fois.
Tu recommences pas du début, puis souvent, tu vas recommencer.
Même que je vais récupérer deux années que je l'ai pas faites.
C'est ça, exact.
Tu repars le pied au planchant.
De là, j'ai connu la prison
adulte.
Le problème dans ça,
c'est que j'ai aimé ça.
Quand tu as un gars qui n'a pas
d'estime personnelle,
pour se sentir quelqu'un,
je n'étais pas capable de me donner une table dans le dos.
Je n'étais pas capable d'augmenter mon estime. Je n'étais pas
capable de sentir que j'étais quelqu'un à port entier.
Donc, je voulais me faire donner la table dans le dos.
Je voulais faire partie d'un groupe. Je voulais me sentir
utile. Je voulais sentir que j'avais
des chums, j'avais des boys alentour de moi.
Mais Chris, c'est ça, la prison même.
OK. Chris, c'est rare qu'on entend ça,
mais la première fois
que tu te retrouves, c'était une...
Tu dis que c'est rare que tuentendre ça, mais je te dirais
que 80 % des gars qui ont besoin
la première fois, c'est comme ça qu'ils le vivent.
Ils ne te le diront pas, ils ne l'avoueront pas.
Moi, je suis comme un livre ouvert.
Il y a des choses que je peux dire que je vais avoir
de l'air d'un cave, que d'autres, je vais avoir de l'air
plus quelqu'un de bien. Ce n'est pas important.
J'ai fait ce que j'ai fait.
On le met sur la table et on passe à d'autres choses.
S'il y a du monde qui interpelle,
mettons, sur les réseaux sociaux,
les gens qui passent ici en les traitant de cave
parce qu'ils s'ouvrent,
regarde-toi dans un miroir, puis renvoie-toi
le même message, puis lis-les à haute voix, mon chum.
Ben, tu sais,
on a tous fait nos erreurs, hein?
Puis de la souffrance, ça se mesure pas.
Que ton choix soit moi ou que ma mère soit un mot,
tu peux le vivre aussi intensément.
Je n'ai pas à juger, puis tu n'as pas à me juger.
Effectivement.
Si je reviens, c'est là que tu as connu la prison.
Première fois, tu es tombé tout de suite.
Ah, c'est si bon.
Première sentence, 18 ans.
Quel âge?
Moi, j'ai 47. J'ai été 18 en 94. 18 en 94. Écoute, tu pognes 18 ans, tabarnak. Quel âge? Moi, j'ai 47. J'avais 18 en 94.
18 en 94.
Écoute, tu pognes 18 ans.
Tu n'es pas rentré par effraction dans une maison
pour voler un DVD.
Non, je n'ai pas pogné 18 ans. J'avais 18 ans.
Tu veux savoir ma sentence?
Oui, parce que j'étais comme tabarnak.
J'avais 24 ans. Tu me dis sur 4 fois.
Je suis comme un gaulliste.
On va mettre de quoi au clair tout de suite.
Moi, les dates, je suis pour un caulisse. On va mettre de quoi au clair tout de suite. Moi, les dates,
je suis pourri. Je t'explique pourquoi.
C'est que j'ai tellement
été longtemps en prison que moi,
les dates, moi, le monde,
il y en avait qui mettaient des X, des crochets sur les calendriers.
Non, non, mais je me fous.
Combien j'ai pogné dans ce temps-là, je m'en souviens pas.
Je me fous des dates, mais...
Tu veux savoir combien j'ai pogné?
Fait que t'as 18 ans.
Ouais.
Tu te fais arrêter pour quoi?ogné? T'as 18 ans. Pourquoi?
C'est introduction dans les commerces.
Introduction, réfraction dans les commerces,
puis des tours à bureau, matériel informatique.
Matériel informatique, tout ça.
Je te dirais qu'il n'y a pas...
En tout cas, dans le centre-ville,
je les ai tous visités.
C'est drôle parce qu'on est ici et qu'on fait le podcast,
mais je les ai visités ici aussi.
T'as vu qui est parké au bord?
Oui.
Ça, c'est drôle en crise.
Parce que le monde...
Le studio ici, c'est un studio
que j'ai connu parce que je suis venu...
Il y a des pâtesses qui sont tournées ici que j'adore.
Ça me fait plaisir de les plugger.
Coupe l'ouvert, deux princes.
C'est leur studio ici. Je les loue.
Mais je fais un podcast sur le milieu carcéral,
et on est juste au-dessus d'un poste de police.
Le monde trouve ça drôle.
Christ, tu l'as choisi ton spot pour faire le podcast?
Fait que...
Tu rentrais dans le fond,
les ordis, puis...
Tout ce qui était laptop dans le temps, je sais pas si tu te souviens,
dans les années 90, mais des laptops, ça valait cher en tabarouette.
C'est bon, oui.
Quand tu en pognes 30-40 laptops, il valait 3-4-5.
Il faisait 25 livres le laptop à l'époque aussi.
C'est ça.
Il faut que tu saches que moi, dans le fond,
tous mes crimes que j'ai commis, c'était pour consommer de la drogue.
C'était pour consommer, c'est ça.
Parce que sinon, si je pars en période de rechute,
je ne commets pas de crime.
Tu te souviens-tu de ta sentence?
Je ne me souviens pas dans ce temps-là.
J'ai pogné quelque chose comme 4 ans.
4 ans, OK.
Mais c'était-tu genre...
Ça faisait un bout que tu y vais
ou t'as juste pogné on the spot sur celle-là?
Non, ils m'ont pogné sur un.
Puis il y a ce qu'ils appellent le modus operandi.
Donc, moi, de la façon que je pique les portes,
bien, j'ai ma façon à moi.
C'est ma couleur à moi, c'est mon…
C'est ta signature, dans le fond.
C'est ma signature.
Ce qu'on appelle le modus operandi, c'est la signature.
Parle-toi, mettons, là, c'est pas aussi extrême,
mais tu me dis comme un gars qui fait des bombes,
ils vont finalement reconnaître,
ils vont pouvoir dire « Chris, c'est toi », parce que…
Ils utilisent toujours le même matériel,
ils s'en mettent toujours de la même façon.
C'est ça, ou quelqu'un qui fait un hold-up,
c'est toujours la même, tu sais, c'est ça,
ils finissent par…
Le gars qui va venir avec un petit papier, puis là, tu sais, ils vont… Bien, c'est ça, il finit par il va venir avec un petit papier
ben c'est ça, fait que là ils m'ont
pogné pour un, puis là ils m'ont rallié à plein d'autres
mais ce qui arrive avec la justice
ce qui est poche, mais qu'en même temps
je peux pas me plaindre parce que je me suis pas fait
de pogner pour tout ce que j'ai fait dans la vie
mais tu sais quand ils mettent le modus operandi
je peux avoir ramassé moi des fois
avec 20, 30, 35 charges
mais sur les 30 charges mettons, il y en a Je vais me ramasser des fois avec 20, 30, 35 charges.
Mais sur les 30 charges, mettons,
il y en a 15 qui m'appartiennent.
Il y en a 15 qui ne m'appartiennent pas.
Je dis ça de même, les chiffres ne sont pas bons.
Il y en a 15 qui m'appartiennent,
il y en a 15 qui ne m'appartiennent pas.
OK, je peux pas battre les 15.
Mais les 15 autres, tu fais quoi?
Tu vas en procès?
Tu vas faire un procès pour chaque charge?
Tu vas avoir 15 procès.
Tu es-tu malade dans la tête?
C'est long, ça, là.
Fait que tu pognes tout, tu fais un paquet de gilets.
On fait un paquet de gilets, je fais le coupable à tout,
puis on s'en va, tu sais.
Moi, j'ai fait ça souvent, souvent.
J'avais pas le choix.
Fait que fallait que l'avocat, il dit... Ouais, puis c'est parce que, Chris, après ça,
le feu, ça arrête plus, puis ça va te ruiner en avocat.
Bien oui, c'est ça.
Ils le savent, hein?
Ils le savent. Ils en veulent pas de procès. Des procès, ça coû. Ben oui, c'est ça. Ils le savent, hein?
Ils le savent très bien.
Ils n'en veulent pas de procès.
Des procès, ça coûte cher,
puis c'est long,
ils veulent des ententes,
puis c'est encore plus dur. Puis en même temps,
je vais comprendre, là.
Ben oui.
Chacun son...
Moi, du temps,
c'est Tom and Jerry, hein?
Je fais les souris.
Ma job, moi, c'est de me sauver.
Toi, ta job, c'est de me pogner.
Là, tu m'as pogné,
mais il faut que je fasse face à la musique.
Je vais pas le jouer, là.
Tu sais, il y a du monde
qui accepte des deals puis qui n'a rien fait parce que le risque est trop
grand d'avoir une grosse sentence, même s'ils savent qu'ils ne sont pas coupables.
Ça arrive, ça arrive, malheureusement.
J'ai rien fait, mais si je m'en vais en procès, je peux pogner cinq ans,
je suis peut-être coupable pour quelque chose que je n'ai pas fait, ça va me faire six mois.
Oui.
Je connais des gens qui ont fait ça. Là, il faut dire aussi, quand on dit qu'on n'a rien fait,
à quel point on peut croire tout le temps, mais je sais que ça arrive. Je connais des gens qui ont fait ça. Il faut dire aussi, quand on dit qu'on n'a rien fait,
à quel point on peut croire tout le temps,
mais je sais que ça arrive.
Combien de fois j'ai dit que je n'ai rien fait et que j'avais fait en Asie.
Mais dans ce temps-là,
aujourd'hui, ça m'arriverait.
Je prendrais mon bif, je prendrais ma pellule.
Mais pour l'instant, je ne fais rien.
Mais tu te souviens-tu,
quand même 18,
4 ans,
ça veut dire fédéral.
C'est boire.
Je sais pas, là, je te regarde aujourd'hui, si tu décides
de torser quelqu'un dans le mur, tu peux le torser dans le mur.
À 18, t'avais l'air de quoi?
18, ça a pas de...
Ouais, non, j'étais quand même pas pire.
T'avais une bonne carrière.
J'aime pas la violence.
Je m'en suis déjà servi,
mais...
Moi, en prison,
je suis arrivé là-bas
et je t'explique pourquoi j'ai aimé ça. C'est que moi, je suis un gars
qui communique bien, je parle bien,
je me présente bien. Ah, t'es posé.
J'ai pas nécessairement l'air d'un bagnard.
Puis, il faut que je t'explique que dans les prisons,
surtout aux pénitentiaires,
c'est que le crime organisé, il y a ce qu'ils appellent les jobs de prestige.
Les jobs de prestige, c'est président de comité de détenus, vice-président, secrétaire,
coordonnateur d'activité, chef cantinier.
Ça, c'est les jobs de prestige.
Mais le crime organisé ne peut pas avoir ces jobs-là.
Ce qu'ils font, c'est que le crime organisé, souvent, ils vont choisir quelqu'un
qui est capable de jaser, qui est capable de négocier avec l'administration, qui est capable d'aller chercher les choses qu'ils font, c'est que le crime organisé, souvent, ils vont choisir quelqu'un qui est capable de jaser, qui est capable de négocier
avec l'administration, qui est capable d'aller
chercher les choses qu'ils ont besoin,
mais pour toute la population de la prison.
Puis ils prennent un gars comme moi
pour faire ces choses-là.
Un gars qui est posé, qui ne va pas
péter un plomb, qui va se mettre
à se péter la tête sur les barreaux de sa cellule
parce qu'il est en tabarnak.
Exact. Il n'ira pas dire des choses qu'il n'est pas supposé dire.
Parce qu'il y en a qui vont dire des choses
qui ne sont pas supposées dire, mais ils le disent
pour avoir d'autres choses.
Moi, je ne faisais pas ça, mais je veux dire,
c'est pour ça que j'ai pu connaître
le crime organisé et que j'ai été placé dans des jobs
comme ça. C'était bien intégré.
Oui. Ça a été facile pour moi.
Je te dirais, sur 17 ans,
j'ai peut-être 12 ans
qui ont été faciles. OK. Mais tu sais, je me mets quand même, sur 17 ans, j'ai peut-être 10 ans qui ont été faciles.
Mais tu sais, je me mets quand même, tu sais, 18 ans,
moi, je me remets à moi, à 18 ans, je n'aurais pas trippé.
En fait, je pense que je le gérerais mieux à 18 ans que je le gérerais aujourd'hui,
étant donné que j'ai une femme avec des enfants et tout ça.
Mais quand même, ça reste...
Tu rentres dans un astide monde.
Il n'y a pas de papillon.
Non, mais tu comprends.
Tu es un petit cul à 18 ans.
Tu arrives là-dedans.
Tu es un gars sur le party.
Tu es un gars qui fait de la poutre.
Tu es un gars qui fait des vols.
Tu n'es pas... Tu es party, t'es un gars qui fait de la poutre, t'es un gars qui fait des vols. C'est comme t'as avalé ta pelule
ou t'es arrivé ici, je sais pas dans quoi je m'embarque.
T'étais prêt à ça.
Je savais pas dans quoi je m'embarquais,
mais j'avais pas peur parce que
j'arrivais de la rue.
Les gars qui étaient en dedans...
Quand t'es dans la rue, moi j'étais dans la centre-ville de Montréal,
je connaissais tout le monde.
Je dis que t'arrives au pénitencier
c'est sûr qu'au début
c'est toujours la même chose, comme moi dans mon cas
quand t'arrives en quelque part
c'est sûr, à cause de ta vie criminelle
t'as des amis mais t'as aussi des ennemis
fait que là, choisis la bonne wing
choisis le bon bloc où tu t'en vas, le bon pavillon
puis tu rentres
c'est à peu près d'habitude entre 5 et 8 minutes.
Tu rentres, tu check, paf, paf,
qui est là, qui n'est pas là.
Puis après ça, tu peux dire,
OK, ça va bien aller ou ça va mal aller.
C'est comme à Donnacona. Moi, dans mon temps, quand tu allais là,
à sécurité maximum,
le président du comité détenu, il se promenait
avec ta photo, puis il demandait au monde,
est-ce qu'il y a quelqu'un qui le connaît, est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut dans sa wing,
est-ce qu'il y a quelqu'un qui... wing et des fois tu peux avoir un gars qui va
dire oui ben moi c'est mon chum je veux dans ma wing je l'aime mais c'était pas ton chum
à 6h fallait que tu ailles dans le gym le premier soir que tu arrivais dans la connexion fallait que tu ailles dans le gym
tu allais faire une petite promenade tout le monde était là venait voir c'était qui le nouveau
là il fait chaud là il fait chaud tu rentres dans le gym, il fait chaud,
mais une fois que tu as fait ton tour du gym,
tu sais que tu vas être correct.
À partir de ce moment-là, si tu mêles tes affaires,
le reste de ton chiffre va être correct.
Pareil, j'imagine
18 ans à tabarnak, c'est...
Mais tu l'as fait.
Je l'ai fait.
C'était drôle dans ce temps-là.
J'avais fait une grosse erreur au Pintassé de Coindville.
Dans ce temps-là, il'avais fait une grosse erreur au Pintassé de Cointreville. Dans ce temps-là,
il y avait des gangs qui commençaient
dans les années fin 90.
Il commençait à y avoir pas mal plus de gangs dans les prisons.
J'étais
président du comité détenu.
J'ai fait venir un groupe de musique
pour faire un show dans le gym.
Aujourd'hui, tu ne vois plus ça,
mais avant, ça se faisait.
J'ai fait venir un groupe
que je n'aimerais pas, mais un groupe de musique hip-hop
que j'ai fait venir faire un show
au Pintassi de Coinesville.
Le groupe hip-hop
était d'une certaine couleur.
La population du Pintassi où j'étais
était de l'autre couleur.
J'étais comme,
« Maintenant quoi, je m'embarque, man. »
Finalement, on a jasé et on a parlé avec les gens concernés,
puis finalement, tout le monde a eu une belle soirée.
Non, c'est ça.
Je comprends l'allégeance,
mais à un moment donné, tu fais comme
« Hey, c'est ça ou c'est rien, dans du look. »
Je sais qu'aujourd'hui,
je pense qu'il y a un peu plus
de collaboration.
Je pense que c'est plus les jeunes
qui vont être vraiment fixés sur leur couleur.
Je sais que j'appelle les bébés gangsters.
C'est ça.
C'est drôle que tu parles de ça, parce que moi,
c'est une affaire qui m'intéresse
vraiment. Je sais que ça s'est
déjà fait. Moi, aller faire un show d'humour
pour des prisonniers, ça serait...
Je sais que ça se fait, puis écoute,
c'est une affaire. Avec mon style d'humour, je sais
que j'adapte certains gags, peut-être que j'enlèverais,
mais je pense que ce serait un.
C'est une affaire qui m'intéresse, puis peut-être
qu'avec le podcast, ça va finir par arriver.
En tout cas, je lance ça dans
l'univers.
J'ai le numéro de l'univers.
Je l'ai, ce numéro-là.
Ça va être un bon allié du podcast,
Phil.
As-tu fait ton 4 ans?
Non, ça a été très rapide.
Je n'avais pas de violence.
Dans ce temps-là, il y avait le sixième.
Je suis rentré au pénitencier.
Ce qui arrive, c'est que quand j'ai eu mon 4 ans,
j'étais déjà sur une autre sentence.
Quand le juge m'a donné ma sentence,
il m'a dit concurrent à toute autre sentence. Mon 4 ans a commencé sur une autre sentence. Fait que quand le juge m'a donné ma sentence, il m'a dit « concurrent à toute autre sentence ».
Fait que mon 4 ans a commencé
avec mon autre sentence.
J'étais déjà dessus quand je l'ai eue.
Fait que ça, ça a été ma première sentence fédérale.
Dans le fond, j'étais sur une probation,
tout ça.
Puis, je suis arrivé au pénitencier d'Archambault.
Puis une semaine après,
je me fais coller au bureau.
Fait que je pensais, moi, les gars me gars me disaient, c'est le bord du travail.
Quand tu arrives au pénitencier,
le bord du travail, il faut être là. Ils vont dire,
qu'est-ce que tu aimes, qu'est-ce que tu aimes pas, qu'est-ce que tu dois faire, tu peux travailler là.
Je pensais que c'était ça que je m'en allais voir.
Je passe devant le contrôle des gardiens.
Je tourne pour aller dans le pénitencier.
On me dit, va y en cours, viens ici,
il faut que je te parle.
Je dis, va paqueter tes affaires,
tu t'en vas à la maison de transition.
Elle dit, tu me niailles, ça. Je viens d'arriver. »
Je n'avais pas compris, moi, que
ma sentence était concurrente
à ma probation et tout ça que j'avais avant.
Fait que je suis resté au pénitentiaire
une semaine.
J'ai fait le centre régional de réception.
Puis après, j'ai fait mon trois mois là.
Après ça, je suis allé à Archambault.
Puis là, ils m'ont libéré d'être là. Une semaine après.
Fait que « Fuck, man. » Fait que comment tu veux que j'aie une mauvaise idée, une mauvaise image de la prison? J'ai fait mon trois mois là, après ça, je suis allé à Archambault. Puis là, ils m'ont libéré d'être là. Une semaine après.
Fait que, fuck man.
Fait que comment tu veux que j'aie une mauvaise idée,
une mauvaise image de la prison?
C'est une joke.
C'est une fucking joke.
Mais en réalité, c'est que j'ai juste été chanceux dans ma malchance.
Puis je suis sorti une semaine après que je suis arrivé à Archambault.
Fait que donc, trois mois. Puis là, j'imagine que quand t'es sorti,
ça a fait exactement la même chose que quand t'as été en centre jeunesse.
T'es sorti, puis la pédale au plancher,
puis on repart exactement là où on avait laissé.
J'avais une transition qui s'appelle Carrefour Nouveau Monde,
15e Bélanger-Saint-Michel.
Puis c'était une transition super stricte,
mais j'avais clairement pas décidé de changer de vie.
Fait que je me suis remis dans le trou.
T'arrivais à camoufler, mais...
Oui, j'arrivais à camoufler, mais... Oui, j'arrivais à camoufler
parce que, comme je te dis,
j'étais un bon parleur,
puis j'étais un bon manipulateur,
puis j'étais un bon communicateur,
fait que j'ai réussi à camoufler ça.
Mais en réalité,
c'est juste à moi que je faisais du mal, là.
Fait que...
C'est là que j'ai pris
une autre sentence fédérale,
puis une autre sentence fédérale,
puis une quatrième sentence fédérale.
Là, tu passes vite, là.
C'est un bail. Quatre sentences fédérale et une quatrième sentence fédérale. Là, tu passes vite. C'est un bail.
Quatre sentences fédérales.
OK, salut!
Mais écoute, on ne va pas nécessairement
aller sur toutes les sentences.
Ça doit être, j'imagine, similaire.
Tu te fais arrêter pour le même genre de crime.
Toujours la même sorte de délit, sauf
une fois
une histoire d'armes à feu, une fois trafic de stupéfiants vol de véhicules
mais ça c'était vraiment des exceptions ça a toujours été du vol de matériel informatique
mais c'était les contacts que j'avais pour écouler le stock mais là comment tu passes de vol de truc
électronique à tu me parles de vol de char armes trafic de st, armes, trafic de stupéfiants.
C'était-tu une ou ça,
c'était trois affaires différentes,
une après l'autre?
Il y en a deux.
Il y a l'arme et le trafic de stupéfiants.
C'est souvent jumelé ensemble.
Oui, ça va souvent ensemble.
Ça, c'est une chose.
La deuxième chose, c'est le vol de véhicules.
Parce que tu avais un contact volé des chars ou c'était juste
une balloune qui t'a pété ce soir-là?
Je consommais de la drogue, j'étais gelé
que le cal.
On est dans un podcast, mon chum, tu peux sacrer comme tu veux.
J'étais vraiment gelé,
puis dans ce temps-là,
j'étais en liberté légale.
Moi, j'ai jamais,
à part maintenant, fini une sentence
de ma vie. C'est pas vrai. La dernière, je l'ai finie, mais ça va durer longtemps.
Mais je finissais pas mes sentences.
J'en reprenais tout le temps un autre pendant que j'étais en libération conditionnelle.
Quand j'étais en libération conditionnelle, ça t'a fait jamais longtemps
parce que je retournais tout le temps dans le dope.
Des briconditions.
Là, tu te présentais pas.
Tu t'es fait arrêter sur un crime.
Je me faisais arrêter sur un crime, oui.
Comment est-ce qu'on s'en va avec le long terme pourquoi tu t'es rendu à bel et voilà je lis ta voix les chats c'est ça c'est que je t'ai je lis mais je mange marché sur
le bord de la brasse à l'eau ou est-ce que le motel rideau et ce que tu vois il est bon mais
il ya des panneaux pour le lobby il ya quelqu'un Ne laissez jamais votre véhicule rouler avec l'équipe dedans
Surtout pas l'hiver
Moi je suis passé en avant
Le gars il a laissé son char rouler avec l'équipe dedans
Comme un cave, j'ai embarqué dedans
Et je suis parti avec le char
T'es brillant, il fait frais
T'étais gelé dans tous les sens du terme
Il fait chaud dans le char
Je vais partir avec
Je suis parti avec, c'était une petite sentence, mais ça a embarqué sur les autres.
Sur les autres qui roulaient.
C'est pour ça que tu es toujours resté fédéral,
parce que tu faisais remonter fédéral,
tu avais des sentences fédérales.
La sentence, c'était juste...
Normalement, si tu n'étais pas sentencé sur rien,
tu te retrouvais au provincial.
À la limite, le gars a laissé son char.
Chris, tu n'aurais peut-être même pas eu une probation.
J'aurais peut-être eu une probation.
Mais tu étais toujours en liberté légale. C'était un pattern qui t'a peut-être même pas eu rien, une probation. » « J'aurais peut-être eu une probation. » « Mais sauf que tu étais toujours en liberté illégale. »
« C'est ça. Exact. »
« C'est un pattern qui t'a suivi sans arrêt. »
« Mais Chris, tombé, quand t'as un problème de consommation
et que tu te retrouves
en trafic de stupéfiants,
c'est crissement rarement un bon mix, ça. »
« Ah non, c'est sûr que non. »
« Mais dans le fond, à ce moment-là,
quand je me suis fait arrêter,
j'en trafiquais même pas tout
stupéfiant. C'est juste que
à un moment donné, j'avais acheté
une load de coke,
puis le gars, il avait pas d'once de coke
à me vendre un morceau.
Il avait déjà tout ça séparé
en quart et en demi.
Je me suis fait arrêter avec ça. Comment tu veux
que je me défende?
Je peux pas dire que je ne trafique pas.
J'ai un non sans coffre en demi.
Le pire, c'est que si tu avais un non sans bris,
ça passe mieux, mais c'est un non tout en ziploc.
C'est une possession personnelle.
Mais non, je suis déjà tout séparé.
Je ne peux pas rien faire avec ça.
Mais c'est correct.
Rendu là,
même si tu arrêtais car rien,
tu étais en liberté légale,
tu te remontaient de toute façon
c'est juste que
t'avais de la conque dans les poches mais de toute façon
t'en remontais automatiquement, toi finalement
ça veut dire que pendant 17 ans
toi, même si Chris tu marchais dans la rue
pis t'étais pas, je voulais rien
si la police t'arrêtais pis t'appelais ton nom, tu te faisais remonter
automatiquement quasiment
ben parce que j'étais toujours en liberté légale
peu importe que tu faisais un crime.
C'était tout ça qu'il y avait dans ta tête.
Moi, que je fasse un crime
ou que je n'en fasse pas,
si je me fais arrêter, je suis remonté automatiquement.
C'est ça. C'est pour ça que ma devise,
c'était je vais vivre aujourd'hui
comme si c'était le dernier jour que j'avais.
Parce que c'est sûr qu'à un moment donné, tu te faisais remonter.
Dès que je me fais arrêter, je repars pour une couple d'années.
Rendu là, tu es tout si bien.
Ça s'accumule, ça s'accumule plus à cumul c'est ça qui me dit j'étais inconscient aussi inconscient du mal que je faisais aux hommes du mal que je me faisais à moi aussi
fait que tu as eu sur le plan personnel la ville est avis personnel et je fais mon père et mon
frère et blanche pas tous les kids non, je sais pas, as-tu des kids?
Non, ma femme a les deux enfants.
Mais tu sais,
ça ressemblait à quoi?
T'étais-tu éloigné de tout le monde?
Quand j'étais en dedans?
Non, non, mais quand t'étais dehors,
les fois que t'étais pas en dedans,
t'avais-tu des contacts?
Moi, c'est toujours le même pattern.
Quand je sors de prison, ça va bien.
Le chiffre magique, c'est six mois.
C'est maximum six mois.
Une fois que j'ai passé ces six mois-là,
moi, je travaillais en vente avant.
J'ai été préposé aussi aux bénéficiaires.
Mais je travaillais surtout en vente
et je performais énormément.
Mais pour moi, c'était pas assez.
Fait qu'au début, tu sais, mettons,
j'étais en vente dans un centre d'appel.
Bien, je performais au bout. Puis là, mes bosses, c'était pas assez. Fait qu'au début, tu sais, mettons, j'étais en vente dans un centre d'appel. Ben, je performais au bout.
Pis là, mes boss, c'était la table dans le dos.
Ben, je pétais des scores.
Je brisais des records de prise de rendez-vous
quand je travaillais dans la prise de rendez-vous au téléphone.
Mais pour moi, à un moment donné, c'est juste
plus assez. Je continue à avoir la table
dans le dos pis tout, mais c'est comme ça devient monotone.
C'est poche. Je m'ennuie, man.
Y'a pas d'adrénaline. Y'a pas d'adrénaline. Au début, y'en a une. Parce que je rentre au centre d'appel, pis là, il me'est comme, ça devient monotone, ses poches m'ennuient, man. Il n'y a pas d'adrénaline. Il n'y a pas d'adrénaline.
Au début, il y en a une, parce que je rentre au centre
d'appel, pis là, il me dit, je dis, OK,
combien les téléphonistes font de rendez-vous par jour, à peu près?
Bon, il dit, entre 6 et 8,
les meilleurs, 10 rendez-vous par jour.
Moi, après une semaine, j'étais claqué à ça,
20, 22, 25 rendez-vous par jour.
J'étais vraiment bon, mais à un moment donné,
c'est comme, pour moi, ça devient monotone, ça devient plat.
Fait que j'aime plus ma job.
Puis dans ce temps-là, moi, quand je sortais de transition aussi,
j'allais en transition, puis ça, j'allais vivre chez mon père.
Puis après ça, c'est là que je partais.
Ton père t'a toujours réaccueilli?
Mon père ou mon frère, oui.
Mon père m'a toujours réaccueilli.
Puis une fois...
Parce qu'il y en a, à un moment donné,
qui font juste la serviette comme,
«Garne, je dors plus à cause de toi.
C'est comme, j'ai toi, moi, je te j'ai plus.
Ça, c'est triste.
C'est triste parce que je le comprends.
C'est ça, parce que tu dis, c'est triste,
mais Mané, je sais pas quel âge a ton père,
mais tu sais, ton père...
Moi, mon père est quand même jeune
parce qu'il m'a eu jeune, mais tu sais, je me dis,
moi, j'ai eu mes filles à 30 ans.
Je suis rendu à 60, puis mettons qu'ils ont une vie de même à mané puis c'est moi qui en dors plus puis je dis j'ai
travaillé toute ma vie monsieur riche était élevé je t'ai aidé fois mané le capable de t'aider
appelle-moi pu à je t'en pose plus d'argent et je comprends mané qu'il y en ait qui fasse comme
passer de l'argent
puis être là pour la personne.
Oui, je comprends, mais quand ça fait huit fois
que tu es là pour la personne,
la personne finit toujours par te revoler ou te mentir.
Je vais te répondre d'un point qui est très pesant face à ça.
Vas-y, vas-y.
Moi, aujourd'hui, je fais quoi dans la vie?
Moi, aujourd'hui, je suis intervenant toxico.
Je suis diplômé.
Je gère la maison Stéphane-Falu.
Je travaille pour un organisme qui s'appelle Posa.
Si les gens avaient acheté la serviette à l'entour de moi,
tu comprends?
C'est pour ça que je te dis que c'est triste.
La nuance, c'est pas...
J'approuve pas ça.
Ce que je dis, c'est que je comprends
qu'à un moment donné, il y a du monde qui peut faire.
Oui, je comprends.
Il y en a qui ont lancé la serviette.
Il y a un gars que je connais,
son gars, c'est un toxico. Il est malheureusement décédé il y a un gars que je connais, son gars, c'est un toxico.
Il est malheureusement décédé
il y a deux ans.
Il a essayé d'aller le rechercher
et de le ramener dans la famille.
Le kid a toujours...
Lui était sous l'héros.
Il finissait par crisser son camp et disparaître.
Il revenait pour de l'argent.
Son frère le reprend et il a le TBR.
Il sauve.
Tu n'as pas de nouvelles de ton enfant pendant six mois,
un an, tu te fais du sang d'encre.
Puis à un moment donné, c'est ça qu'il a fait.
Il a fait, regarde, je ne suis plus capable.
Tu ne veux pas t'aider. J'essaie de t'aider, tu ne veux pas.
Malheureusement, les dernières nouvelles
qu'il a amenées, ton gars, il est mort.
Il s'est fait pitié en bas d'un balcon
parce qu'il ne payait pas ses dettes.
Qu'est-ce que tu penses? Le père se comprend aujourd'hui.
Il fait comme tabarnak, s'il avait payé des dettes. C'est ça. Puis là, qu'est-ce que tu penses? Le père s'y comprend aujourd'hui, il fait comme tabarnak,
s'il avait payé des dettes de mon gars,
il serait peut-être encore en vie ou...
Ou pas.
Ou pas, mais tu sais, je comprends.
Mais tu sais, comme je te dis,
c'était pas un débat que je partais,
c'était juste que je comprends
qu'à un moment donné, il y a du monde
qui font comme...
C'est juste que...
C'est juste que...
C'est juste que...
Moi, j'essaie tout le temps de dire
à des parents quand je parle de mes jeunes
ou whatever, tu sais,
puis des fois, il y en a qui veulent
lancer la serviette ou...
J'ai dit, man,
va-tu bien ton gars aujourd'hui?
Non, non, non.
Je lui ai dit à eux, mettons, ton gars, il va bien.
C'est parce qu'on est... C'est pas juste moi. Maison Stéphane Fallu, c'est pas juste moi.
J'ai une équipe alentour de moi
qui... On travaille ensemble. On a une super bonne équipe.
Mais si...
Si on est capable de l'aider comme ça
et qu'aujourd'hui, il va bien, ton gars,
c'est parce que nous, on a les conneries qu'il fait.
On les a toutes faites.
On les a toutes faites.
Avec Christian et Darian, qui travaillent avec moi,
c'est la même chose.
Il avait fait des conneries dans sa vie.
Oui, mais tu comprends que toi, tu es outillé.
Oui.
Le parent, il n'est pas outillé.
Lui, il n'a pas passé par là.
Il ne comprend pas.
C'est pour ça que je te dis que je comprends, Manon.
Je le comprends. J'espère. C'est sûr que le baisse, c'est que personne n'aille passé par là. Il ne comprend pas. C'est pour ça que je te dis que je comprends Mané. Je le comprends.
J'espère. C'est sûr que le best,
personne n'a besoin de jeter la serviette
parce que personne ne se retrouve, mais la vie est en ce qu'elle est.
Mais je trouve ça cool
justement que ton père
a toujours été là.
J'espère que...
Ce n'est pas facile pour les parents.
Mon père, il était commissaire à la Ville de Brossard.
Il était coach de hockey, il était coach de baseball.
Il a fondé le club Samac de natation à Brossard.
Tout le monde le connaissait.
Puis tout le monde savait que j'étais son gars.
C'est sûr qu'il a eu honte par moment.
Il ne me l'a jamais dit.
C'est sûr qu'il a eu honte par moment.
C'est pas facile, mon gars.
Quand t'entends parler de ton gars, c'est rarement genre
« Hey, Chris, il est bon dans ce qu'il fait.
Il est pas bon dans ce qu'il fait je vais toujours arrêter
ta barnaque
ça c'est la consommation
mais c'est ça
la prison pour venir à prison
pour moi c'était comme un terrain de jeu
je m'amusais
oui les deadlocks étaient-ils longs
ben oui c'était long, ben oui je pleurais à Noël
ben oui je pleurais à ma fête
Chris tu manges pas bien aussi tu sais mais c'était long. Ben oui, je pleurais à Noël. Ben oui, je pleurais à ma fête. » « Chris, tu manges pas bien. »
Aussi, tu sais. Mais
c'est que
mon focus était sur d'autres choses.
J'étais triste, les dates
significatives. C'est pour ça que je te dis, moi,
les dates...
Il y en a certaines dates qui sont importantes pour moi,
mais j'essaie de
sortir ça de ma vie, les dates,
parce que ça n'a jamais été bon pour moi.
Mais le reste du temps,
de ces fameuses dates-là,
le reste de l'année,
j'avais du fun. Je gérais un comité de détenus
où j'avais du plaisir.
J'allais chercher des choses, des gars, des responsabilités.
J'ai grandi
quand même là-dedans. Si je suis la personne
que je suis aujourd'hui, c'est parce que justement, je pense à par là.
Tu as eu des responsabilités en prison qui t'ont fait devenir
un homme, quelqu'un de plus responsable.
C'est ça que tu dis.
Si aujourd'hui, t'arrives à te gérer
et à gérer ce que tu fais dans le monde,
je vais arriver là
parce que ça sert à rien
qu'on tourne parce que
tes sentences reviennent pas mal au même.
C'est pas Mathieu de la même chose.
Mais c'est ça.
À part la dernière.
Drette-là, je vais en aller justement,
je veux avoir la dernière.
La dernière sentence, c'est la plus importante.
Parce que c'est exactement,
si t'es le gars que t'es aujourd'hui,
j'imagine que la dernière sentence a été quelque chose
parce que t'as pas voulu y retourner
puis t'as changé de vie.
Exact.
Fait que c'est exactement,
on s'en allait à la même place.
Ce qui est arrivé,
pour moi, c'est le message le plus important
pour moi à livrer,
c'est que quand, au bout d'un pénitentiaire,
j'ai tout fait les programmes.
Les programmes de violence, les programmes de toxico,
intensité modérée, intensité élevée,
le maintien des acquis,
tu ressors en transition, tu refais l'autre programme.
Parce que je te coupe,
parce que dans tout, tu me disais justement
que t'es pas un gars violent,
t'as jamais fait de crimes violents, mais t' crime violent, mais je l'ai utilisé, par exemple.
Genre, tu n'es pas obligé d'entrer dans les têtes,
tu n'es pas obligé d'y aller si tu ne veux pas,
mais quand tu parles, c'était plus en dehors ou plus en dedans que tu as eu?
Je te dirais la même chose, un mix des deux.
En dedans, plus pour des altercations spontanées.
Il y a quelqu'un qui dit de quoi,
puis que ça n'a aucun sens,
puis que tu pognes les neiges, puis là, le ton monte,
puis le bing-bang, ça part. Ça, c'est pour la prison.
Mais dehors, c'est pour faire de l'argent.
C'est pour faire de l'argent, parce que je consommais.
Je pèse quand même
315 livres, puis j'en pesais 280
à cette époque-là.
Si quelqu'un sort d'un guichet automatique
tu sais qu'il y a de l'argent dans ses potes
non, jamais, j'ai jamais fait ça
j'ai jamais attaqué quelqu'un
non, mais si on me donnait un contrat
le gars il te doit 20 000
je t'en donne 8, ramène-moi en 12
j'y allais
malheureusement
je connais ce job-là
j'ai fait mal à du monde ce que je regarde aujourd'hui, c'est sûr mais à ce moment-là. J'ai fait mal à du monde.
Ce que je regarde aujourd'hui,
c'est sûr, mais à ce moment-là,
c'était le moyen que j'avais.
C'était pas le bon, mais c'est le moyen que j'ai pris.
Si tu payais tes dettes, je serais pas là.
Ça prend quelqu'un pour le faire.
Moi, j'ai besoin d'argent.
Fait que c'est moi qui le fais.
Ouais.
10 cents demain, oui.
Je le simplifie parce que je sais c'est quoi.
Je veux pas prôner ça.
Non, non, non. Je le simplifie parce que je sais c'est quoi. Je ne veux pas prôner ça. Non, non, non.
Je fais juste...
Il y a des gens
qui vont écouter le podcast qui sont peut-être
qui ont grandi dans un milieu similaire
qui connaissent ça, mais il y a beaucoup de gens
qui vont regarder le podcast qui ne vont peut-être
pas comprendre nécessairement
du moins qu'ils font comme
à quel point c'est un milieu
que quand tu es là-dedans, il y a tellement des choses
qui sont normales
à nos yeux.
Tout dépendant de comment tu as grandi.
Moi, tu me dis ça, puis pour moi, c'est comme
bien que tu as des dettes,
tu ne les payes pas, c'est normal.
Pour moi,
avec la vie que je connais,
les gens que j'ai côtoyés dans ma vie,
pour moi, c'est normal d'envoyer quelqu'un chez quelqu'un
parce que tu ne paies pas tes dettes.
Je te dirais que c'est normal dans ce milieu-là.
C'est ça.
Moi, j'ai des blocs appartements aujourd'hui.
Je ne paie pas mon loyer.
Je n'envoie pas quelqu'un de conseil.
Mais non.
C'est la première chose qui me vient en tête.
Toutes tes pensées,
c'est parce que ça vient tout de ton passé.
Ça vient tout de ton passé, c'est ça.
Toutes tes expériences du passé.
Si moi, j'ai passé
plus de temps en prison
adulte que dans la société.
Tu es fou par là.
Oui, pour moi, c'est normal qu'on règle ça
à coup de tape sur la gueule.
C'était normal.
Mais quand je pense aujourd'hui, je dis, on est délicat.
Tu fais mal à quelqu'un
physiquement.
Ce gars-là,
tu as des enfants, toi?
T'aimerais-tu ça que je te crie ça dans les dents
et que t'arrives la face grosse de même chez vous?
Non, devant tes enfants, tu voudrais pas?
Ben, je le fais.
C'est toi, voir.
Ce que je veux dire, c'est que
on pense pas à ça.
On pense pas à ça.
Il y a des enfants, il y a une petite fille de 8 ans.
Il va rentrer chez eux.
Il a la face épaisse de main.
Il est pas capable de parler
pis il mange à une poêle.
Tu me dis ça
pis j'ai un flash, man.
Ça me fait capoter.
J'étais avec mon frère
qui, tu sais,
c'était une époque
qu'on était ce qu'on était.
Pis on était en char,
les deux,
dans mon char.
Pis on coupe, tu sais,
une intercassion de char
pis tout ça.
Puis, on sort.
Puis, on est arrivé, puis il y avait un kit dans le char.
C'est ça qui a fait que ça ne s'est pas passé.
Parce qu'on s'en allait te le rincer.
Là, on a vu qu'il y avait un kit.
Faut qu'on m'envoie un autre kit.
Écoute, on était cave, mais on était assez intelligents
pour dire qu'on ne va pas te cuire ça une volée
en face de ton enfant.
Mais c'est vrai ce que tu dis.
C'est con, mais je n'ai jamais eu cette pensée-là
de dire...
Tu sais pourquoi j'ai cette pensée-là maintenant?
Je ne pourrais pas frapper quelqu'un devant son enfant,
mais je n'ai jamais eu le thinking de
« Chris, même si tu arrives chez vous,
il va devoir apparaître ton enfant.
Il n'a pas vu les coups que tu as mangés,
mais il voit le résultat en estime. »
C'est fou.
C'est drôle parce que c'est toi qui es en avant de moi à ce moment,
mais c'est à cause d'un humoriste que maintenant je pense comme ça.
Je ne te dirai pas le nom, mais lui, s'il voit ça, il va s'en connaître en esti.
Mais moi, je l'ai déjà volé au Centre Bell, ce gars-là, le humoriste.
Des années plus tard, ça arrive ça dans quelque part,
puis paf, je tombe face à face avec ce humoriste-là à la pharmacie.
Fait que là, je fais comme, ah ben, un tel,
tu sais, fait que là, oui, il dit, ben oui, bonjour,
salut, ça va, il dit oui, il dit OK, bye.
Moi, j'ai hâte d'être off the mic pour
entendre dire quoi ce nom-là.
Fait que, là,
je sors de la pharmacie, puis ma blonde,
à ce moment-là, elle me dit,
c'est quoi l'histoire avec ce gars-là, tu sais?
Je dis, ben, c'est quoi, tu me parles? C'est quoi l'histoire? »
Elle dit « Hey, je te connais. »
Je lui dis « Je sais qu'il y a de quoi entre toi et lui. »
Je lui explique.
« T'es arrivé de quoi? Dans le temps, il y a eu des livres au Saguenay.
Il y a la petite maison blanche qui tenait.
Ils ont fait une levée de fond au Centre Bell.
Moi, le Centre Bell,
je peux le dire aujourd'hui,
je l'ai volé au moins 100 fois.
Je vais le dire, c'est ça. t'es rentré dedans une couple de fois.
Puis, tu sais, je veux dire,
j'étais allé en arrière où est-ce qu'il y a les loges,
puis il y avait plusieurs humoristes dans la chambre de hockey
parce que c'était la loge.
Puis cet humoriste-là, il est allé sur scène,
puis moi, je suis rentré en courant dans la loge,
puis je lui disais, hey, un tel, il a besoin de son sac,
il a oublié de quoi, puis son numéro, tu sais.
Fait qu'un autre humoriste que tu connais très bien m'a donné
le sac du gars.
Je suis juste parti. J'avais son portefeuille,
son argent, ses clés de char, ses clés de maison.
J'avais son adresse
sur le sac avec son nom.
Je savais où il restait. J'avais les clés de chez eux.
J'avais toutes.
J'étais comme « Ah, j'ai volé un clown! »
Je suis allé imaginer avec son argent un soir.
Quand ça s'est arrivé à la pharmacie,
elle m'a dit, j'ai expliqué ça à mon ex.
Elle a dit, ça devrait être excusé.
Je lui ai dit, voyons, t'es-tu malade?
Elle a dit, qu'est-ce qu'il y a?
Je lui ai dit, si je vais m'excuser,
il va appeler la police.
C'est défrissant.
La troisième fois de test, la première fois,
j'ai des frissons.
Il va appeler la police, il va me faire arrêter.
Tu comprends?
Fait que là, j'ai dit, attends un peu.
J'ai appelé au poste de police.
Je lui ai dit, une information que vous demandez.
Là, moi, j'ai fait de quoi?
Tel type de... »
Ça t'explique tout le pattern.
Je dis pas le nom, rien.
Non, non, non.
C'est tel type de vol.
C'est quoi le délai de prescription?
Parce qu'il y a des crimes qui ont des délais de prescription.
Moi, dans mes introductions à réfraction,
le délai de prescription, il est de six ans.
Ça, ça faisait longtemps, là, tu vois. Fait que le délai de prescription, de six ans. Ça, ça faisait longtemps, là-dessus.
Ça fait que le délai de prescription est passé.
J'ai dit, donc, si je vais voir quelqu'un,
puis j'y avoue mon crime, puis je lui demande pardon,
puis je vais m'excuser, il peut pas revenir contre moi,
au criminel. Il me dit non. Parfait.
J'ai écrit au gars,
puis ça fait pas longtemps, là-dessus, ça fait comme quatre ans,
trois ans, là-dessus.
Puis j'ai écrit à l'humoriste,
j'ai expliqué mon parcours,
j'ai expliqué ce que je faisais dans la vie puis j'ai dit, tu sais, il m'a dit « wow,
c'est malade tout ça ». J'ai dit « j'aimerais vraiment ça te rencontrer, j'ai de quoi te dire,
il faut que je te parle de quelque chose ». Fait qu'il m'a dit « bien, quand les restaurants vont
rouvrir, tu viendras me voir à tel café dans telle ville puis tu me diras ce que tu as à me
dire ». Fait que j'ai dit « c'est parfait ». Quand les restaurants ont ouvert, j'ai tout de suite
écrit, j'ai dit « hey, on peut-tu se voir? Faut que je te parle.
Ça me gruge. »
Fait qu'il m'a dit « Oui, viens manger dans tel restaurant. Je suis allé. »
Puis j'ai dit « Sais-tu pourquoi je veux te parler? »
Il dit « Ouais. » J'ai dit « Ah ouais?
Il t'a reconnu? » J'ai dit « Non. »
Il dit « Ouais, il dit l'affaire au Centre Bell. »
J'ai dit « Christ, comment ça tu sais ça? »
Bien, il dit « Mais jamais rien n'est arrivé
vraiment dans ma vie de mal, tu sais,
contre moi. » Fait qu'il dit « J'ai deviné que c'était ça. C'est-tu ça? » J'ai dit « Oui, n'est arrivé vraiment dans ma vie de mal contre moi j'ai deviné que c'était ça
j'ai dit oui c'est ça
je me suis excusé
j'ai dit j'aimerais ça te donner la chance
que tu me dises ce que t'as à me dire
il dit Philippe
moi là t'imagines-tu
c'est là que j'ai vraiment
j'ai pensé au mal que j'ai fait à ma famille
le mal que je peux faire à mes victimes
les vols que je faisais mais t mes victimes, tu sais, les vols
que je faisais, puis tout ça. Mais t'es jamais
vraiment arrêté à ça. Non, puis je sais déjà
ce que tu vas me dire de ce que t'as dit. Puis là, cet gars-là, il me dit,
«Philippe,
dis-moi, là, t'avais les clés de chez nous.
T'avais l'adresse de chez nous. Ma femme,
là, elle se sentait pas en sécurité à la maison.
On a fait changer toutes les fenêtres,
les barreux, les cibles et ça.
On a mis un système d'alarme.
Ça nous a coûté tant pour ça, tant pour ça.
Ma femme n'a pas dormi pendant des nuits.
Là, j'étais comme « fuck man ».
Je n'avais jamais pensé à ça.
Puis il ne dit pas juste ça.
Puis il dit « puis moi ».
Il dit « as-tu pensé à moi? »
Je lui dis « vas-y, explique-moi ».
Il dit « moi, Phil, je pars en tournée à travers lesquelles... »
C'est un gros nombre.
Il est partout.
Il me dit « moi, après mes shows, qu'est-ce que je fais? » Je lui dis « tu sais qu'est-ce que je fais? » « Non, qu'est un gros nom. Il est partout. Il me dit, moi, après mes shows,
qu'est-ce que je fais? Je lui dis, tu sais ce que je fais?
Non, qu'est-ce que tu fais? Il dit, on va prendre une bière
avec les boys, avec les techniciens,
ceux qui sont sur mon show. Il dit, tabarnak!
À toutes les soirs, je me disais,
je suis-tu en train de payer à la bière?
Il y a un gars qui m'a volé.
Parce qu'il se dit, qui peut me voler au centre-belle
de ma loge? À part un de mes techniciens.
Mais c'était même pas un technicien.
C'était à moi, l'innocent, qui avait été le volé.
C'est fou.
J'étais vraiment égoïste.
Je pensais juste à moi.
Tu as réalisé ça super tard.
Une fois tranquille, c'est ça le pain.
Je n'ai pas ton parcours.
J'ai fait mes niaiseries.
C'est quelque chose auquel je n'ai jamais...
Je repense à ça.
C'est con, mais un bijou, c'est de l'or, on s'en fout.
La bague t'a volé.
Toi, c'est de l'or, tu vas faire fondre.
Mais elle, c'est sa grand-mère, c'est ça.
C'est fou pareil.
On s'arrête à penser.
Tu sais, moi, quand je consommais de la coke,
c'est pas mal le même pour tous les toxicomanes.
On est vraiment égoïstes.
C'est une gratification immédiate, le plaisir immédiat.
C'est l'appât du gain rapide
tu sais
je te ramène
à ta dernière sentence
qui a été importante
ce qui a changé ma vie
puis ce qui a changé ta vie
ouais
c'est là où je vais aller
j'ai trouvé ça super cool
cette soirée-là
puis j'ai hâte
d'entendre les noms
ce qui est arrivé
c'est que
je me suis fait arrêter
moi je
faut que tu saches
que tu sais comme je t'ai dit
moi je ne commets pas de crimes
si je ne consomme pas
ok
fait que j'ai un débat en vente.
J'ai été élu meilleur vendeur au Québec
par Detail Québec en 2009.
J'ai une attestation d'études collégiales de préposés
aux bénéficiaires spécialisés en géontologie.
J'ai géré un centre d'appel de l'industrie de l'Alliance.
J'ai travaillé dans l'île d'Orquille-Jugon-Machin du Québec.
J'ai travaillé à l'hôpital Saint-Luc pendant trois ans et demi.
Donc, je suis capable de vivre en société.
Oui, oui. Mais à chaque fois
que je rechute, je retourne dans mais à chaque fois que je rechute
je retourne dans le crime
je me ramasse à la rivière des Prairies
en attente de sentence pour les crimes que j'ai commis
pis là je ne me sens pas bien
comment ça se fait que
à 38-39 ans
après tout le cheminement que j'ai fait
je me retrouve encore
qu'est-ce que je n'ai pas fait
il y a peut-être dans le dos ce chat-là non, je me retrouve encore là. Qu'est-ce que je n'ai pas fait?
Là, il n'y a plus de tête dans le dos, ce chat-là.
Non, je suis seul dans ma cellule.
La porte est fermée.
C'est un coup de poing sur la gueule plus qu'une tête dans le dos que tu recevais.
Pire que ça, je me suis stressé une corde
pour me pendre dans ma cellule.
OK.
Là, je n'étais plus capable.
Je me suis dit que j'allais le faire.
Si il y a des gens qui ont ces idées-là,
il y a des organismes, un huitième appel,
c'est super important.
Quand on parle de...
Il faut. Ça vient.
Ça ne va jamais assez mal dans la vie.
Ça ne va jamais assez mal.
Exact. J'ai tressé une corde.
J'ai déchiré mes drogues.
J'ai tressé pour que ça ne casse pas.
Je ne voulais pas manquer mon coup.
J'étais prêt à me pendre.
J'ai dit, qu'est-ce que j'ai pas fait, man?
Puis là, je pleurais.
Tu sais, quand tu pleures,
t'as de la misère à respirer tellement que tu pleures.
J'étais dans cet état-là.
J'ai dit, qu'est-ce que j'ai pas fait?
Comme je te disais,
j'ai tout fait les programmes au Pintancier,
j'ai tout fait les programmes à la maison de transition.
J'ai été à Portage pendant 11 mois,
j'ai été à Mélarique pendant 4 mois,
j'ai été à la maison de notre histoire pendant 10 mois.
J'ai fait des thérapies. Been there, done that.
Qu'est-ce qui arrive? J'ai vu des psychologues.
Pourquoi je suis encore ici?
Je me dis, avant de me pendre,
je vais essayer de voir
un psychiatre.
C'est le seul professionnel de la santé
que je n'ai pas vu.
Je vais essayer de voir un psychiatre.
Je demande d'arriver à la prairie pour voir un psychiatre.
Ils m'ont dit, Philippeais-le pour lui, ça.
Tu checkeras le radio
puis il est ancien. »
Fait que...
Puis en plus,
parce que si tu leur lèves le flag
comme de quoi tu étais
sur le bord de faire ça,
ils te collent
sur un isolement,
eux autres.
Bien sûr.
Ça, là,
t'as un gars
qui est sur le bord de spawn,
il veut voir un psychiatre.
Oui.
Puis Chris,
il dit, « Là, gars, je vois pas bien, même que j'ai des pensées suicidaires. Hé, au lieu de t' voir un psychiatre. Ouais. Pis Chris, là, il dit, là, gars, je vois pas bien,
même, j'ai des pensées suicidailles.
Au lieu de t'avoir un psychiatre, on va t'enfermer dans une colisse de cellules sales pis noires.
Exact.
Sal, anastie, maintenant.
Non, non, gars, c'est...
J'en passe parce que j'ai entendu parler,
pis je sais c'est quoi, pis...
Fait que...
Mais je dis, c'est parce que je serais pas capable d'attendre jusqu'à mon pénitentiaire.
Bien sûr, il va me casser la corde au cou avant. Fait que... Mais je dis, c'est parce que je serais pas capable d'attendre jusqu'à mon pénitentiaire. Bien sûr, il va me crisser la corde au cou avant.
Fait que là...
Puis là, il venait juste de se passer
dans ce temps-là l'affaire de Guy Turcotte.
Guy Turcotte qui a tué ses enfants,
mais qu'il a passé
par un processus qui est de savoir
sur une nouvelle mode. Il est-tu criminellement
responsable ou pas?
Oui.
Guy Turcotte, c'est encore un sujet
très, très, très délicat, moi,
quand je l'entends parler.
Lui, il a fait cette demande-là.
Fait que là, j'ai dit, tabarnak, je vais rappeler mon avocat.
Parce que moi, je ne suis pas capable d'avoir un psychiatre.
Mais c'est qui qui a fait cette évaluation-là?
T'as un psychiatre.
Je ne vais pas déclarer non-criminellement responsable.
Ben non, ça m'a amnestie que j'étais
criminellement responsable. Je me non, non. C'est ça, Anastie, que je suis criminellement responsable.
Je me suis mal exprimé dans le fond.
Tu voulais dire que tu voulais être dans le fond.
Je voulais avoir l'opportunité d'être assis comme ça,
mais avec un psychiatre au lieu d'être avec toi.
C'est ça.
Je coûte moins cher, moi.
Fait que, on va à court.
Là, j'appelle mon avocat et je dis,
« Hey, on va demander si je suis criminellement responsable ou non.
Ça prend une évaluation. » Mon avocat, il dit, « Gah, laisse demander si je suis criminellement responsable ou non, ça prend une évaluation. »
Mon avocat, il me dit « Gah, laisse-toi être sérieux, man. »
Tu regardes ton dossier.
Voyons donc.
Je lui dis « Non, non, écoute, moi, je veux juste cette évaluation-là pour me ramasser dans un bureau avec un fiscal. »
Parce que je t'ai dit tout de suite, il s'appelle Charles, mon avocat.
Je me collais sur la corde au cou, man, si tu ne m'arranges pas ça.
« Oh, il dit ok, tu es sérieux, tu es rendu là. »
Oui, je suis rendu là. Je m'imagine qu'il te connaissait. Il me connaît très bien. Il savait que tu étais sérieux. Je ne suis pas sûr pour le fond si tu ne m'arranges pas ça. Oh! Il dit, OK, tu es sérieux, tu es rendu là. Oui, je suis rendu là.
Je m'imagine qu'il te connaissait.
Il savait que tu étais sérieux.
Tu ne t'ennuyais pas.
Toi, ce n'était pas pour avoir de l'attention.
Non, non, non.
Mais si tu mettais la corde, tu ne te partais pas pour avoir de l'attention
et aller à l'infirmerie.
Il me dit, OK, on passe à la cour.
Mon avocat, il se lève, il dit aux juges,
on va faire une demande demande pour savoir si mon client
est criminellement responsable ou non ».
Le juge m'a toujours rappelé.
Il s'est tourné vers moi, il a enlevé ses lunettes
et m'a regardé « M. Vianco, êtes-vous vraiment sérieux? ».
Moi, je lui ai dit « M. juge,
avec tout le respect que je vous dois, je m'excuse,
je n'ai aucune idée de quoi il me parle.
C'est une demande de mon avocat, je ne sais même pas c'est quoi. »
Le juge a dit
« OK, c'est bon, on va faire l'évaluation. » Je savais, Anastasie, c'était moi qui allais avocat, je sais même pas c'est quoi. Fait que le juge a dit,
OK, c'est bon, on va faire l'évaluation.
Mais je savais, Anastasie, c'était moi qui allais le coller à la chotte. Oui, c'était toi qui allais le coller à la chotte.
J'ai été obligé de crosser le système
pour arriver à mes fins,
qui était de voir un psychiatre.
Puis ça m'a sauvé la vie.
Parce que j'ai eu cette évaluation-là.
Premièrement, le psychiatre, il savait.
Bien, moi, je veux dire,
je suis fucking content que t' ailles fait ça, parce que
t'es en avant de moi aujourd'hui.
Je trouve ça crissement ordinaire qu'une personne soit
obligée de crosser le système
pour voir un psychiatre
STI au lieu de... En tout cas...
Mais tu sais, c'est comme ça dans la société aussi.
Demande de voir un psychiatre,
à moins que tu payes, ça va être long.
Non, c'est ça. Faut que tu payes.
J'ai été obligé de faire... J'ai pas été obligé de faire ça.
J'ai choisi de faire ça.
Puis j'ai vu un psychiatre.
Puis en partant, la première
chose qu'il m'a dit, c'est
« Toi, normalement, tu es transféré à Pinel.
Puis ils te font l'évaluation là, puis ils te ramènent. »
Moi, ils m'ont dit « Toi, va y en cours,
on te garde ici parce qu'on sait que tu crosses le système.
Tu sais très bien que tu es criminalement responsable.
Mais je n'ai pas le choix de faire l'évaluation
parce que c'est mon travail.
Puis le juge me le mandate.
OK. Ça partait mal.
Je savais moi aussi que j'étais responsable.
Oui, oui, non, non.
Ce que je voulais, c'était voir ce qu'il y avait pour sortir dans le rapport.
Puis finalement, dans le rapport,
il y a un trouble de personnalité limite.
J'ai eu un diagnostic de trouble de personnalité limite dans ce rapport-là.
Moi, je me suis dit, lire sur le tpl j'ai vu c le temps de patcher avec de la drogue ou avec des gars de Bessèques ou des crimes. Des putes, des whatever, les même mythes.
C'est ça. Bien, là, je sais c'est quoi,
puis pourquoi, puis de où ça vient.
Je me suis mis à travailler là-dessus.
Puis au Pintassé-Larchambeau, il y a un programme qui se donne, c'est un programme qui s'appelle Mentalisation.
Dans le fond, c'est qu'à TPL, il n'y a pas de zone grise.
C'est noir ou c'est blanc.
Puis aujourd'hui, tu es le meilleur gars du monde,
demain, tu es le pêche, viens ça.
Ça fait qu'il y a beaucoup de clivages, beaucoup de, tu sais, c'est des extrêmes. Puis moi tu es le meilleur gars du monde. Demain, tu es le pire chien sale. Il y a beaucoup de clivages,
des extrêmes.
Je n'étais pas capable d'avoir une zone grise.
J'ai fait ce programme-là pendant un an.
J'ai vu deux psychologues de 9h le matin
à 4h l'après-midi, du lundi au vendredi
pendant un an.
Ça, ça se fait en groupe. On a commencé le 21 dans le groupe.
On a fini en 4.
C'est-à-dire que ce programme-là est assez intense.
Ce programme-là, ça a changé ma vie.
J'ai réappris à parler,
j'ai réappris à manger,
j'ai réappris à me faire des nouveaux amis,
j'ai réappris à m'investir dans quelque chose d'intéressant.
J'ai réappris à vivre.
J'ai arrêté de survivre, j'ai appris à vivre.
Tu comprends?
Je ne parle pas, même, parce que
je suis admiratif
du parcours que tu as.
Tu es sorti quelle année?
Je suis sorti, ça fait, on est en 2023, donc je suis sorti, ça fait cinq ans.
Je suis retourné à l'église. J'ai voulu travailler en intervention, moi.
En 2018.
Non, je n'ai toujours pas.
Non, non, je parle en 2018, tu es sorti.
Oui, j'ai toujours voulu travailler en intervention.
Puis,
personne ne me donne un job.
Un, parce que je n'avais pas de formation.
Puis deux, à cause de mon dossier criminel.
Fait que, j'ai quelqu'un
qui m'a aidé et qui m'a finalement ouvert la porte.
J'ai demandé de devenir directrice d'une place.
Puis, elle m'a dit,
«Philippe, je t'aime bien, mais je ne peux pas me mettre la tête sur la bûche pour tout.
Je viens de commencer comme directrice. »
Un an plus tard, elle me rappelle, elle est en marde. Ses intervenants sont, un, en maladie, mais je ne peux pas me mettre la tête sur la bûche pour toi. » Je viens de commencer comme directrice. Un an plus tard, elle me rappelle.
Elle est en marde.
Ses intervenants sont un en maladie, l'autre a un congé de maternité,
puis l'autre vient de transférer, je ne sais pas trop où.
Elle a 28 écoles dans lesquelles elle donne des ateliers sur la dépendance.
Elle m'appelle.
Elle me dit « Tu veux-tu? »
Je vais là.
De là, je vais suivre un cours.
Après ça, je vais suivre un autre cours.
Je vais suivre un certificat bce un autre coup de jeu sur un petit cas à texco puis aujourd'hui je te sens
dans la tournée de la maison et puis le jeu veut qu'on parle de tout justement la maison stéphane
fallu stéphane fallu humoriste pense que ce jeu je pense tout le monde connaît stéphane fallu pour
ceux qui le connaissent pas personnellement écoute je, je ne suis pas un ami, je ne vais pas mentir,
je ne suis pas un ami, mais je l'ai rencontré
deux ou trois fois, on a fait des chants ensemble.
Thérèse de Bellumain.
Oui, oui, je sais.
Personne ne peut enlever ça à Stéphane Fallu.
C'est quoi la Maison Stéphane Fallu?
Qu'est-ce que tu fais à la Maison Stéphane Fallu?
La Maison Stéphane Fallu, c'est un service de POSA.
Donc, POSA, c'est P-O-S-A,
Portes ouvertes sur l'avenir.
On est un organisme de jeunesse.
On a une clinique avec médecins, infirmières,
travail social pour les jeunes.
Moi, je suis intervenant à Toxico.
On a aussi un éducateur spécialisé.
Puis, on donne des programmes pour les jeunes.
Ma boss, Sandra Bolduc,
qui est maintenant aussi ma conjointe,
mais ça, c'est venu plus tard que la tête.
Ah!
Il ne l'a pas dit!
Mais non, c'est venu plus tard.
Elle, elle voyait la maison à côté
et elle pensait beaucoup à Chambres-en-Ville.
Il y a un trou de service avec la DPJ.
C'est que quand le jeune sort...
Pour les jeunes, Chambres-en-Ville!
C'était une émission à TV,
c'était une maison
où il y avait beaucoup de jeunes. T'as un genre de maison
de...
C'est le famille d'accueil
pour du monde au cégep.
Elle, elle voulait faire ça, mais pour des jeunes qui sortent de
centre jeunesse qui n'ont pas d'endroit à rester.
Comme tu disais, du monde
majeur.
On les prend à partir de 17 ans et demi.
OK, bien c'est ça. Dans le fond, tu sais...
Quand il est sur le bord de la salle des centres.
C'est ça. T'es un peu perdu.
Tu sors de là comme les jeunes qui sortent de la DPJ.
C'est que le danger, c'est quoi? C'est que moi, quand je suis en dedans,
quand j'arrivais vers la fin de ma sortie,
bien,
je m'assurais d'avoir les numéros
de téléphone que j'avais besoin des gars.
Je suis besoin de ça, où je vais?
Ça, ça s'appelle l'auto-sabotage.
C'est que toi-même, tu te mets
volontairement dans ces dispositions-là
pour t'en aller vers ça.
Les jeunes à 17 ans et demi font pareil.
Quand tu es en centre jeunesse,
depuis l'âge de 6 ans,
tu arrives à 17 ans et demi, tu es sur le bord de la sortie.
Qu'est-ce que tu penses? Tu te sens de même?
Qui tu connais dans la vie?
Tu connais juste du monde de l'intention de jeunesse.
C'est de l'inconnu. Tu ne sais pas c'est quoi.
Qu'est-ce qu'on fait? Tant qu'à être dans l'inconnu,
je vais rester dans ce que je connais, donc je vais m'auto-saboter.
Nous, on les prend juste
avant qu'ils embarquent dans l'auto-sabotage.
On leur montre que c'est possible d'avoir une belle vie.
On est comme un tremplin vers la vie adulte.
Fait que là, moi,
j'ai été engagé pour faire ce job-là,
pour monter le projet de la Maison Stéphane-Fellu avec ma boss. Fait que j'ai été engagé pour faire ce job-là, pour monter le projet de la maison Stéphane-Faulieu
avec ma boss.
J'adore dire que je suis le fondateur
de la maison Stéphane-Faulieu, mais je n'ai pas fait ça.
Je le dis parce que je suis fier,
mais j'ai fait ça avec ma boss et avec toute l'équipe de Prozac.
Tu fais partie des fondateurs, tu fais partie des pionniers
de la maison Stéphane-Faulieu.
Tu n'enlèveras pas ce que tu as fait quand même.
Non, non, non. Je ne veux pas en enlever
à mon équipe non plus, qui est
l'équipe de ma boss, dont je fais partie, mais
on a vraiment une belle équipe. En tout cas,
on héberge six jeunes hommes
qui sortent de la DPJ sans avoir d'endroit
à rester, mais tu sais, ces jeunes-là,
ils réapprennent à marcher, à parler, à manger.
Ils savent même pas faire manger des fois, là.
Il y en a qui savent même pas comment ça marche un cliché automatique.
En 2023, là.
Fait qu'il faut les accompagner, puis on leur montre tout ça.
Puis là, présentement, on est dans une grosse campagne
de financement aussi, parce qu'à côté
de la Maison-Falu, on va construire un autre pavillon,
puis là, on va recevoir des filles.
Si vous écoutez sur YouTube,
tous les liens vont être dans le descriptif
de la vidéo. Tu m'enverras tout ça.
S'il y a des gens qui veulent donner
pour cette cause-là, informez-vous
moi-même
je te le dis tout de suite, je m'engage
don de 100$, tu m'enverras le lien
ça va me faire super plaisir
suivez mon exemple
je pense que tu nous donnes cette belle cause
c'est une très belle cause, puis malheureusement
il y a un trou de service, puis la DPJ se rattrape
avec
moi je n'ai rien à dire contre la DPJ.
Je veux dire, ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont.
Puis c'est pas facile, man, de gérer des jeunes.
Ces intervenants-là, c'est pas toujours cool, le job.
Puis la mienne non plus, mais je l'aime, je l'adore.
Parce que finalement, je sers avec autre chose.
Puis tout mon passé, qu'on me disait mettre ça de côté,
tabarnak, je le mets pas de côté, man.
Je ramène tout avec moi, puis je m'en sers aujourd'hui
pour pouvoir aider les jeunes.
Bien, tu sais, tu es un nastie de coffe à outils, toi, là.
Bien oui, c'est ça.
Tu es un nastie de coffe à outils.
Oui, oui, puis je m'entoure des meilleurs pour pouvoir m'aider.
Tu sais, mon partenaire, c'est Christian, on en parlait tantôt.
Oui, on parlait de Christian qui est un…
Qui est Diane, un rappeur.
Qui est Diane, qui est un rappeur que je ne connais pas personnellement,
mais que je connais de la musique,
qui va peut-être être un prochain
invité du podcast.
Écoute,
ça fait... On frôle l'heure,
si je ne me trompe pas. On frôle l'heure. Écoute,
Phil,
merci. C'est
vraiment intéressant. Tu es mon troisième
invité, puis je trouve ça cool parce que,
tu sais, écoute, on explore vraiment
des univers différents avec chaque personne. Tu es le premier qui m'a donné des frissons. parce que c'est sûr écoute on explore vraiment des univers différents avec chaque personne tu le promis qui m'a donné des frissons ce qui est beau mais je vais il ya
beaucoup de choses que je me sens connu j'ai pas ton parcours mais il ya beaucoup de choses que tu
m'aimes fait réaliser des choses que j'ai fait dans ma vie car il me sentait pas coupable mais
non écoute merci ton temps je vais mettre comme vais mettre, comme je l'ai dit,
je vais mettre les liens, tout ça.
Si tu as un logo ou un design,
je vais le mettre à la fin du podcast aussi,
le site internet, tout ça.
Merci pour ce que tu fais.
Je ne te dirais pas merci pour ce que tu as fait.
Non, mais pour vrai, merci pour ce que tu fais.
Merci de nous avoir partagé ton histoire.
On reste en contact parce que, je te dis,
je pense que tu vas être un...
Je venais de dire que tu as beaucoup d'outils,
mais je pense que tu vas être un de mes outils
pour le podcast.
Je pense que tu vas pouvoir...
Même les jeunes, je serais intéressé
à avoir des jeunes qui ont...
Justement, tu sais,
si tu en as des solides,
je pense que c'est une belle angle
d'avoir un jeune de 18-19 ans,
même s'il n'a pas connu le milieu carcérable,
mais qu'il a vécu justement les centres de jeunesse,
je pense que ce serait quelque chose d'intéressant.
C'est sûr qu'on reste en contact, toi et moi.
Merci, Juste. Merci de ton temps.
Merci à toi.
Merci à toi.
Merci à toi.
Merci à tout le monde. Bye.
Merci. Merci tout le monde. Bye.