Au Parloir - Épisode #58 - Ben
Episode Date: September 29, 2024Ben partage ça vie pour la 1er fois. Une vie de criminel, des aller retour en prison jusqu'à ce que l'amour d'une femme lui fasse réaliser qu'il a plus que ça dans la vie. Hébergé par Acast. Vis...itez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut tout le monde, ici Cédric Bergeron, bienvenue à un nouvel épisode du podcast Au Parloir.
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Pour moi, ça fait une bonne différence.
Sinon, toutes les
plateformes, tous les réseaux,
Cédric Bergeron,
humour, parce que oui, je suis aussi
humoriste, www.cédricbergeron.com.
Je pars
à partir du 14 septembre,
une petite tournée de quelques shows.
Tout est disponible, toutes les infos,
toutes les dates, tous les billets, c'est disponible sur mon site Internet.
Gros podcast.
Gros podcast.
Benjamin, qui est venu de Québec.
Probablement un des gars qui est allé le plus deep
dans les histoires de prison.
Merci pour ça.
Honnêtement, un gars d'honneur, un gars
fier, un gars qui a
mauvais choix, un gars qui totalise
à peu près 7 ans de sentence,
un gars
qui est chrissement mal parti
d'un milieu familial,
mais
il l'a dit lui-même, puis je ne peux pas dire plus que ça,
l'amour. L'amour
a sauvé ce gars-là.
Puis, tu vois,
écoute jusqu'à la fin.
Juste pour les dix dernières minutes
de cet épisode-là.
C'est un long podcast,
puis asti qu'il vaut. Il vaut.
Ça a été tellement touchant, intéressant.
À quel point...
La preuve, réinsertion,
réhabilité, puis à quel point tu as pu faire des affaires dégueulasses dans ta vie, puis à quel point la preuve, réinsertion, réhabilité, puis à quel point
t'as pu faire des affaires dégueulasses dans ta vie,
puis à quel point tu peux devenir une nestite
belle personne. C'est ce que Benjamin
est devenu.
Encore une fois, j'endorse pas nécessairement
les gestes, les idéologies,
les termes utilisés par mes invités,
mais je suis une personne qui prône la liberté
d'expression. J'aime les gens francs
qui parlent avec leur cœur.
Bienvenue au Parloir.
Le podcast, c'est une présentation de Play Numbers Game.
Play Numbers Game, c'est quoi?
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il y a un tirage de 250 $
parmi les gens qui vont
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C'est malade, là, tu sais. Et en plus,
si tu vas sur le site, tu t'abonnes,
tu mets un montant, ils t'en donnent directement.
Je te dis, ils font des cadeaux.
Il y a une chose super importante, c'est fait pour s'amuser.
Le jeu doit rester un jeu.
Play Numbers Game.
Ben.
Yes. Premièrement, merci d'être là. Ben! Yes?
Premièrement, merci d'être là.
Je sais que t'es un peu nerveux,
t'es un peu stressé.
Tu me dis que j'ai jamais parlé de ma vie.
Non.
Je sais, on a parlé un peu.
Fait que je sais que t'as une vie quand même
assez rock.
Premièrement, gros merci parce que
t'as fait le chemin de Québec.
Oui.
T'es allé à Montréal pour le podcast.
Tu n'es pas le premier qui fait ça,
parce que je suis impressionné, je suis tabarnak,
je me sens béni des dieux.
Mon projet touche tellement des gens
qui sont prêts à se taper de la route.
Avant de commencer, je sais qu'il y a une chose
qui était super importante pour toi,
que tu voulais mentionner au début du podcast.
Je te laisse le dire, la caméra est là,
puis après ça, on va rentrer dans ton histoire.
Dans le fond, moi, c'est simple, Cédric.
Aujourd'hui, je vais faire attention à mes propos,
parce que j'ai des enfants, ils sont jeunes aujourd'hui,
mais comme moi, puis toi aussi, ça vieillit, ces enfants-là.
Je vais faire attention à mes propos,
du moins, je vais faire le plus attention possible.
Puis ce qui est important aussi pour moi,
c'est que tout ce que les gens vont entendre aujourd'hui,
moi, je tiens à le dire, je ne me valorise
pas à travers toutes ces histoires-là.
Au contraire, j'en souffre encore
aujourd'hui. Puis c'est ça.
C'est important pour moi que les gens
comprennent que mes histoires, c'est
mon passé, puis qu'aujourd'hui, je suis une nouvelle
personne, puis que je suis là pour justement
aider la jeunesse. Si mon histoire
peut aider du monde à pas
virer dans des situations
où tu peux être incarcéré ou
mal finir, ben, go
Foyette, je suis là pour ça.
C'est ça, tu m'avais dit que c'était important pour que les gens comprennent que
c'est pas du brag, ce que tu racontes.
Tu vas raconter des portions de ta vie
qui sont rock'n'roll,
mais c'est pas, c'est ça, c'est pas en me l'en disant,
« Hey, moi, j'ai fait ça, c'est en tentant de me raconter parce que c'est ça. » Tu me disais, je sais que la fête, tous les gens qui viennent ici mais c'est pas, c'est ça, c'est pas en me l'en disant, « Hey, moi, elle fait ça, c'est en tentant de me le mettre, parce que c'est ça. »
Je sais que, en fait, tous les gens qui viennent ici,
c'est pas le but, mais tu me le dis
que pour toi, c'était important de le mentionner.
Puis, je respecte ça à 100 mètres à l'heure.
De toute façon, si j'avais senti
que c'était ça ton but, tu serais pour
en face de moi, parce que c'est exactement
ce que te dit, dans le fond, moi, ce podcast-là.
C'est justement, si on peut aider
quelqu'un, si on peut aider une personne, si on peut allumer
une switch à une personne avec cet épisode-là,
la job est faite.
Le but aussi de mon podcast,
c'est de démontrer la réinsertion, la réhabilitation.
T'en es une preuve.
Et aussi, souvent,
c'est de donner une voix aux gens qui ne l'ont pas.
Parce que tu as dit, je n'ai jamais vraiment raconté
mon histoire, puis j'ai tellement de gens
qui ont quitté ce studio-là en disant
« Hostie que ça m'a fait du bien! »
C'est une thérapie pour moi.
C'est sûr que du monde va faire écrire
c'est weird la thérapie
devant genre 30, 40,
50, 60 000 personnes, mais
puis j'ai
fait mention ça à
un des derniers, celui qui est sorti justement
qui sort sur Patreon mercredi, on en parlait un peu tantôt puis c'est ça, j'ai fait mention de ça à un des derniers, celui qui est sorti justement, qui sort sur Patreon mercredi.
On en parlait un peu tantôt.
Puis c'est ça, j'ai dit, le gars, lui, il est encore en… il y a de l'approbation encore à faire.
Puis j'ai dit, gars, là, tu fais des promesses.
Tu fais des promesses à toi.
Puis le gars, il a peur même qu'il n'y ait plus de probation.
Puis qu'il peut essayer un peu de lâcher le lousse, qu'il n'y ait plus de l'est.
Puis en venant ici, il y a 60 000 personnes à peu près.
Je fais une moyenne.
Tant mieux si ça grîne plus que ça, mais qui vont regarder le podcast.
Fait que j'ai dit, gars, tu ne fais pas cette promesse-là juste à toi, puis à moi, puis à ta famille, tu la fais à toi, puis à 60 000 personnes qui t'ont regardé.
Fait que tu as comme quelque chose qui vient de sensibiliser, tu sais, s'il y a peut-être quelqu'un qui me voit, c'est vrai, il fait, hey, ce n'est pas toi que j'ai vu au podcast. Ça peut-être que, attends un peu. Je n'ai parlé de ça au podcast. Je devrais peut-être... »
C'est ça.
Je pense que c'est une belle thérapie.
C'est une belle façon d'aider et d'éviter
qu'il y ait quelqu'un d'autre qui s'en aille vers là.
Je sais que tu es un...
un écouteur.
Je m'allais dire un écouteur.
Tu es un fan du podcast.
Tu l'écoutes.
Tu sais comment ça fonctionne.
On parle dès le début. Quel coin, quel genre de famille, puis on parle là-dessus.
Parfait.
Moi, je m'appelle Benjamin.
Je viens de la Rive-Sud de Montréal.
Je suis né à Saint-Jean-sur-Richelieu.
J'ai grandi là jusqu'à l'âge de 3 ans.
Je vais aller dans les détails un peu parce que tous les petits détails que je vais te donner…
C'est un podcast, on a dit.
Parfait.
C'est ça.
À trois ans, mes parents se sont séparés.
Ma mère avait fouillé dans les poches à mon père
pendant qu'il était dans la douche,
puis elle avait trouvé une lettre d'amour.
Puis c'est de même que mes parents se sont séparés, en fait.
Ma mère avait pris la décision de s'en aller
sur la rue sud de Montréal, à Saint-Hubert,
proche de Longueuil.
Moi, j'ai grandi là.
Mère monoparentale, avec un frère, plus jeune que moi.
Père absent, qui n'a jamais vraiment été là.
Il était là quand ça y tentait, une fin de semaine par mois,
une fin de semaine au trois mois, quand ça y donnait.
OK, c'est ça. Je m'en allais sur cette question-là, justement.
Une fois que la séparation s'est faite, il est fait.
Lui, il est parti avec une autre femme. Puis, cette femme-là, justement. Une fois que la séparation s'est faite, il est parti avec une autre femme.
Cette femme-là avait des enfants.
Il s'est investi dans
sa deuxième vie au lieu de s'investir
dans celle de ses enfants.
C'est ça.
À trois ans,
on a déménagé à Saint-Hubert.
Mon enfance, elle a été quand même
correcte,
je pourrais dire, côté primaire.
Il y a eu un événement, quand j'étais au primaire,
qui m'a marqué et qui m'a encore
marqué aujourd'hui. Moi, dans le fond, le frère
à ma mère, qui est mon
oncle, a pogné une sentence vie.
J'étais au primaire.
Je n'embarquerai pas dans cette histoire-là
parce que, tu sais, lui, aujourd'hui, il est sorti,
il est dehors, il va bien, il vient de sortir de la maison
de transition, puis tu sais, il est sorti, il est dehors, il va bien, il vient de sortir de la maison de transition, puis, tu sais, là, il est en logement
supervisé après
quasiment
29 ans.
Fait que, tu sais, je parlerai pas de son
crime à lui, mais je vais parler
de ce que, moi, ça m'a amené
cette histoire-là. – Peut-être un futur
invité. – Peut-être. – Qui sait.
– Peut-être. – Qui sait. Peut-être une fois qu'il va avoir eu ton épisode,
ça va peut-être... – Peut-être, on sait pas.ut-être. Peut-être une fois qu'il va y avoir eu ton épisode, ça va peut-être...
Peut-être. On en reparlera.
Il y a un événement marquant dans ma
jeunesse, je te dirais
première année primaire, deuxième année
primaire. Il rentre au pénitencier
à Archambault. Puis ma soeur,
excuse-moi, ma mère, qui est sa soeur,
est très proche de son frère.
Moi, je vais dans les roulottes
puis je vais dans les visites
à Archambault, toute ma jeunesse.
Ta mère était proche,
mais j'imagine que ta mère était proche
de son frère, donc tu étais proche
de ton oncle aussi.
Oui, c'était comme mon deuxième père, on pourrait dire.
Mon père n'était pas vraiment là. Lui, il était très impliqué.
Il était tout le temps chez nous.
Je te parle de ça parce que c'est du monde qui m'a rapporté ces faits-là.
J'avais trois ans. C'est sûr, je ne m'en souviens pas. Ça marque, même si tu ne t'en sou le temps chez nous. Puis, tu sais, je te parle de ça parce que c'est du monde qui m'a rapporté ces faits-là. J'avais trois ans, là.
C'est sûr, je ne m'en souviens pas.
Ça marque, même si tu ne t'en souviens pas,
c'est des affaires qui restent imprégnées
en dedans de toi.
C'est ça.
Ça commence comme ça.
Moi, au primaire, tu sais,
je vais dormir au pénitentiaire Chambaud dans les roulottes.
Pour les gens qui ne savent pas un peu les roulottes,
c'est comme un condo.
C'est sur deux étages.
Tu as un 4,5, deux chambres.
Dans le temps, tu avais les vieux Nintendo
et les super Nintendo. C'était ça qu'il y avait.ambres. Dans le temps, tu avais les vieux Nintendo et les super Nintendo.
C'était ça qu'il y avait.
Mon frère, on allait là, on se faisait du fun.
Il y a le podcast de Laura Montana,
si vous voulez en savoir un peu plus sur les roulottes.
Son chum était là.
On a parlé pas mal de la roulotte.
Si vous voulez savoir un peu plus sur les roulottes,
Laura en parle pas mal.
Je vais là, puis je te dirais une fin de semaine
aux trois mois.
Moi, je pense que le fait d'aller là,
ça a normalisé
la prison pour moi.
Inconsciemment, même si j'ai 5, 6, 7,
j'ai été jusqu'au peine,
jusqu'à l'âge de 13-14 ans.
Pourquoi j'ai arrêté d'y aller?
Parce qu'aux pénitentiaires,
ils ont une machine avec des éponges
que tu frottes dans tes mains
et qu'ils peuvent détecter si tu as eu
des drogues dans tes mains.
Moi, quand je suis rentré au secondaire,
j'ai commencé à consommer un peu du pot
et j'ai commencé à essayer des drogues.
Ma mère a mis un stop à ça
et je n'ai pas pu continuer à aller au pénitencier.
Pourquoi je parle de ça?
Je pense que cet événement-là,
très tôt dans ma vie, a fait que ça a normalisé le fait d'aller en prison puis que pour moi la prison c'était
comme la maison j'allais faire de doula le tir fait que je te pose une question c'est pas si
c'est négatif ou pas mais je veux dire tu étais à la place de ta mère aujourd'hui,
t'emmènerais-tu tes enfants dans une roulotte?
As-tu reparlé de ça avec ta mère?
Pourquoi tu m'amenais là?
Oui.
Si tu étais ta mère,
avais-tu une vie normale
en dehors de...
Ma mère, alcoolique,
dépressif,
mais une travaillante.
C'était une madame qui a tout le temps travaillé
toute sa vie.
Elle levait le coude souvent,
elle allait au bar souvent.
Je me rappelle de ça quand j'étais au primaire,
ma mère, des fois, rentrait à des 11h, minuit.
Mon frère, dans le fond,
il y a un an et demi de moins.
Moi, j'ai 34.
Dans ces années-là, peut-être,
j'avais 7 ans, mon frère en avait 6.
On était beaucoup délaissés en nous-mêmes.
Ma mère arrivait tard le soir,
chaude sur la brosse.
Elle n'était pas consciente
qu'amener un enfant dans une roulotte de pénitentiaire,
ce n'était pas l'idéal, mettons.
Non, ce n'était pas.
Je pense qu'elle ne pensait pas à ça.
Je pense qu'elle ne pensait rien qu'à elle.
Elle pensait juste à son frère
et ses besoins. Elle ne pensait pas aux répercussions. Je pense que ça l ne pensait pas à ça. Je pense qu'elle ne pensait rien qu'à elle. Elle pensait juste à son frère et à ses besoins.
Elle ne pensait pas aux répercussions.
Je pense que ça l'aurait pu avoir indirectement, mentalement.
Parce que d'amener un enfant dans un pénitencier, c'est une chose.
D'aller voir quelqu'un, une visite, à contact,
mais d'aller dormir là et d'y aller aux trois mois pendant des années,
c'en a un autre.
C'est clair.
Je vais toujours m'en souvenir.
Moi, avant de venir, quand j'avais été au Roulotte,
le gardien m'avait regardé et il m'avait dit
« Qu'est-ce que tu veux faire dans la vie? »
J'y avais dit « Moi, je vais être Superman.
Je vais amener Rissette. Je vais sauver mon oncle. »
Il était parti à rire, le bonhomme.
Mais
c'est cute, mais en même temps,
ça démontre
une personnalité.
On n'est même pas encore rendu là. Je sais que
t'as des enfants. Puis juste
que tu dis ça quand t'es ticu,
je suis sûr que t'es un
bon père et t'es un protecteur. Tu comprends?
Oui, définitivement.
On va le découvrir dans tes histoires. Je le sais pas.
Mais j'ai l'impression que t'es un gars qui a dû
se mettre dans la merde une fois de temps en temps pour
sortir du monde ou aider du monde.
Feeling que j'ai. Avec cette ça, mais avec cette phrase-là,
c'est un feeling. Peut-être que je me trompe, on va
l'apprendre, mais...
C'est ça. Primaire, à part ça,
Benjamin, c'était un bon gars.
J'étais un gars qui avait un bon cœur. J'avais une tête
sur les épaules quand j'étais jeune. Je parle aux primaires.
J'ai joué 11 ans au soccer.
J'ai fait 6 ans de judo.
J'ai quand même eu une enfance correcte
malgré l'absence de mon père,
puis les problèmes de boisson de ma mère,
puis les problèmes de violence qu'elle avait.
Oui.
Problèmes de violence qu'elle avait.
Donc, envers vous autres.
Oui.
OK.
Plus ou moins, mon frère,
je ne te dis pas qu'il n'a jamais mangé de coup,
mais je pense que j'étais comme un peu le le sa valve
la vidéo
vu que j'étais plus vieux
on donnait pas de notre place non plus
je le cacherais pas, j'étais un petit Christ
quand j'étais jeune, mon frère aussi
mon frère beaucoup moins que moi
mais on a pas donné notre place
c'est sûr ça l'excuse pas
les situations
qui sont arrivées dans ma jeunesse. Je vais
en parler un petit peu, mais pas trop.
Je suis quand même en bon lien avec ma mère aujourd'hui.
Elle a consulté beaucoup.
Elle a fait un énorme cheminement
personnel de son côté.
Je lui ai laissé la chance de re-rentrer dans ma vie.
Est-ce que c'est des
conversations deep que tu as eues avec ta mère?
Oui.
Ça fait du bien. Je sais que le moment de me passer à la maison, Est-ce que c'est des conversations deep que tu as eues avec ta mère? Oui. Après ça...
Ça fait du bien.
Je sais que le moment de me passer quand je parle de moi,
c'est drôle parce que j'ai des frissons
parce que j'ai 43 ans
puis c'est une grosse conversation.
Je l'ai eue la semaine passée avec ma mère
à 43 ans. De choses qu'on n'a jamais
parlé.
C'est pour ça que ça m'intéresse
de faire des fois le lien. Moi, ça a pris
43 ans avant que…
Incroyable.
Puis, tu sais, on a comme commencé à effleurer. Il y avait d'autres gens avec nous. Puis,
on a fait, bientôt, on va souper, toi et moi, juste nous deux. Puis, on va aller plus
deep. Parce que je n'ai jamais voulu parler de choses avec ma mère. Puis, il y a un podcast
que j'ai fait où je me suis peut-être ouvert un peu plus que je le fais ici. Puis, elle
l'a écouté, même si j'avais dit de ne pas le faire.
Ça a déclenché des conversations.
Mais pour le bien,
c'est positif.
Excuse-moi, je te tranche de vie,
mais c'est parce que ça me touche.
Depuis que je suis devenu papa,
quand les liens familiaux sont devenus beaucoup plus importants,
ce qui n'a quasiment pas été le cas
une grosse partie de ma vie, les liens familiaux,
pour moi, c'était pas important
tant que ça.
À part ça,
enfance quand même normale,
mon père je le vois de temps en temps,
mon père comme je te le disais, il avait fait une autre vie
de son côté.
Puis mon père, quand j'allais
le voir, mon père n'a jamais manqué d'argent,
toujours été à l'aise, toujours habité dans une maison.
Ma mère, complètement le contraire famille pauvre hlm logement
insalubre faxé sur ces mamans monoparentales on sabine dans les
sous-sols d'église on n'a pas vraiment les moyens d'aller s'acheter du linge à
l'aubain rick maman puis on part et pas une pension à peine en y appelait pour
mon père il devait comme 90 mill à ma mère quand on avait 18 ans
il n'a jamais payé de pension alimentaire
ouais c'est ça
on n'est pas là encore mais
es-tu encore dans ta vie ton père?
mon père je cours après gros
c'est moi le père
j'agis en père avec mon père
c'est moi qui cours après
c'est moi qui essaye de tout le temps revenir
parce que mon père c'est quelqu'un qui
m'a mis ma soif, ma naine, comme juste moi,
ma personne. Il est comme ça avec tout le monde,
pas juste avec ses enfants.
C'est ça.
On va en revenir plus loin.
Non, non, je t'ai juste curieux.
C'est ça.
Pas de pension alimentaire. Ma mère,
je travaille au salon minimum.
Je travaille comme une déchaînée, la boisson
rentre là-dedans,
puis les jeudis, vendredis, elle est au bar,
puis quand elle arrive, ben, tu sais,
elle nous réveille, elle est saoule,
elle rentre, tu sais,
genre de psychose, puis...
C'est en cri, c'est tout, c'est ça.
Puis moi, je suis comme, je comprends rien, gros,
je suis un enfant, tu sais, même si je suis arrogant,
même si... Tu lèves pas la main sur un enfant, gros.
C'est ça, man.
Je mangeais des volets pas mal toute ma jeunesse.
On va en revenir.
C'est ça, man.
Enfance, c'est quand même assez normal,
malgré le fait que je vais aux peines,
que ma mère me bat, qu'on est pauvres.
Il faut juste t'en venir.
Ça fait une couple de fois que tu le dis.
Enfance, c'est quand même assez normal.
J'essaie de me convaincre.
Je te confirme que non, je veux pas te faire de peine,
mais t'as pas eu une enfance normale.
J'essaie quand des fois, on essaie de se mettre,
ah ouais, mais j'ai connu pas, j'ai des chums,
j'ai des chums, eux autres, ouais,
excuse-moi de te le dire, c'était pas une enfance normale.
Je pense que ce qui m'a marqué, Cédric,
c'est le fait que, moi, j'habitais à Saint-Hubert,
pas loin de la 116, limite l'aéroport, ou que le Costco, c'est normal. Je pense que ce qui m'a marqué, c'est le fait que, moi, j'habitais à Saint-Hubert, pas loin de la 116.
Limite l'aéroport
ou que le Costco, c'est quoi?
Limite Saint-Hubert,
un petit peu plus riche que Longueuil,
mais quand même un petit peu de pauvreté.
Mais je suis quand même dans un quartier
assez aisé, sur une rue
avec des maisons. Puis sur la rue,
on est le seul bloc.
Tous mes petits amis, mes voisins,
ils habitent avec maman, papa,
ils ont deux autos dans le parking,
la belle maison, la vie familiale.
Ils n'ont pas le même genre, ils ne s'habillent pas
dans la même place que toi.
Non, moi je m'habille au sol de l'église,
au coin, sur le chemin Chambly.
Je le vois, je remarque ces choses-là,
mais à cet âge-là, je ne porte pas vraiment
attention à ça. C'est quand j'ai vieilli que je me suis dit,
c'est peut-être pour ça que j'ai fait des liens.
Puis j'ai grandi avec du monde quand même aisé.
À part ça, je veux dire, j'ai commencé à consommer
au primaire, cinquième, sixième année,
je commençais à fumer du pot un peu,
comme pas mal tous les petits bonnes ont fait.
Petite consommation par-ci, par-là,
mais à part ça, je veux dire...
– Babble.
– À part ça, c'était correct.
À part les volets que je mangeais,
puis, ah oui, ma mère m'avait imposé
d'aller voir un psychologue avec elle
puis mon frère. Ça, je pense que ça m'a marqué
beaucoup parce que, quand j'avais
8-9 ans, je veux dire, moi, j'ai pas de problème
dans la vie, là. Je suis pas supposé d'aller m'asseoir
voir un psychologue parce que toi, t'as des problèmes
dans ta vie personnelle,
puis que tu veux m'imposer ça.
Je n'ai pas trop compris ce bout-là.
Je n'ai jamais eu vraiment non plus
parlé avec elle de ça.
Je devrais justement en reparler
du pourquoi qu'elle m'a amené voir un psychologue
au CLLC à Saint-Hubert avec mon frère.
Mais ce que je me rappelle, c'est qu'on l'a vu
quasiment deux ans de temps,
peut-être une fois par mois, et on parlait de nos problèmes.
Elle a parlé beaucoup plus de ses problèmes à elle.
En famille, les trois ensemble?
Oui.
OK, genre thérapie familiale.
Oui, genre.
Mais j'avais 8-9 ans.
Moi, c'était comme tous des problèmes
qu'on m'imposait, carrément.
Puis ça, ça m'a marqué beaucoup, je te dirais,
de devoir parler avec un inconnu
puis de parler de mes problèmes familiaux.
Dans ces années-là,
quand ma mère rentrait,
elle me crissait une tape, puis que je criais
puis que la police arrivait parce qu'un voisin appelait.
Dans les années 90, la police,
elle arrivait, t'avais bien beau manger une tape,
ses fesses, ou un arrêt de la tête,
t'arrêtais pas tes parents.
C'était comme ça que ça marchait.
Ma mère a jamais eu d'accusation pour des voies de fait
sur ses enfants, c'est pas mon but non plus
je veux dire vraiment pas
si t'as 8 ans, t'es dans un bureau de psychologue
avec ta mère, ton frère
mettons que t'as envie de dire des choses
tu veux peut-être pas les dire, pas faire de peine à ta mère
si je dis ça à la soirée même que j'arrive
ça va dire, Chris pourquoi t'as dit ça à un inconnu
pis Chris m'a ravolé encore plus.
C'est ça, carrément.
Je pense que voir un psychologue à cet âge-là
seul aurait pu
être peut-être bénéfique.
Oui, plus bénéfique. Mais en famille, si.
Même encore là, j'en avais pas besoin.
À 8-9 ans, moi, j'étais un petit sportif,
je jouais au soccer, le gros. J'avais même pas fumé
de potes encore. J'étais vraiment dans ma petite bulle.
Je jouais au hockey dans la rue avec les voisins.
Moi, pourquoi tu m'amènes m'asseoir là
et de me traumatiser?
Ça m'a fucké la tête.
Ça m'a fucké la tête de m'asseoir avec un psychologue
et de parler de tout et de rien
et d'entendre les problèmes de ma mère.
Ses problèmes de boisson, ses problèmes d'agressivité,
l'abandon de mon père
parce que l'abandon de mon père a rendu ma mère...
Ma mère, elle n'a jamais eu d'autres chums depuis mon père.
Ça va faire 30 ans.
Elle n'en veut pas.
C'est ça qui l'a fait un peu tilter.
Oui, je pense.
Il y avait probablement des trucs qui étaient déjà présents,
mais ça, ça a été comme un élément déclencheur.
C'est ça.
C'est ça.
Primaire, quand même assez normal
pour moi, je trouve.
On rentre au secondaire.
Secondaire 1, Benjamin,
c'est un petit gars qui veut se faire aimer.
C'est un petit gars qui veut se faire accepter.
C'est un petit gars qui va être cool. Pas très grand.
Je suis 5 pieds 4. Dans le temps, j'étais très petit.
Je me tenais que les Mongols
de l'école.
Je ne le tais pas le Mongol dans le sens des tannins.
Non, des tannins.
Je me tenais que des gros tannins.
Ce n'est pas un terme bien vu aujourd'hui,
mais de ce sens-là, ça passe un peu.
C'est ça.
Je me tenais que des tannins.
Veux, veux pas.
Je me suis quand même bien je me suis quand même
bien inclus à l'école secondaire.
J'ai pas eu de difficulté à m'intégrer ou quoi que ce soit.
Secondaire 1
arrive,
puis là, on me met dans un
programme de TC
qu'on appelle, trouble de comportement,
puis que là, je me rends compte
que je suis dans un L
ou que j'en aurai jamais de secondaire 5. Dans le fond, moi, le professeur, je me rends compte que je suis dans un aile où je n'aurai jamais de secondaire 5.
Dans le fond, moi, le professeur, il me regarde et me dit,
Benjamin, tes notes ne sont pas assez hautes,
tu as des problèmes de comportement,
tu as des problèmes de cheminement.
Tu ne pourras pas avoir un secondaire 5 irrégulier.
Sauf qu'on peut t'offrir des stages,
que tu vas pouvoir aller travailler dans des restaurants.
Moi, qu'est-ce que ça m'amène?
Là, je t'arrête, excuse.
Oui.
À quel stade?
Parce qu'on a parlé
de mon école secondaire
André-Laurendeau
à Saint-Hubert
parce que j'ai
c'est fou
parce que j'ai
je t'en ai parlé tantôt
on vient du même coin
moi j'étais allé à mon seigneur parent
puis ma dernière année
c'était exactement
exactement la même affaire
c'est ça
ISPJ
je sais pas si c'est ça
ISPJ
c'est ça
c'est ça
c'est ça
c'est ça
c'est exactement
c'est weird c'est la même ville,
puis on a fini à la même place au secondaire.
Moi, avec, c'était comme...
Tu vas aller faire un stage dans un magasin,
après six mois,
je me dis, je vais aller sur mon casque,
je vais faire des stages dans des magasins,
je ne suis pas payé.
Chris, je vais aller sur mon casque de l'école,
je vais aller au même magasin,
ils vont me payer.
C'était juste pour dire,
tu n'as pas 16 ans, tu es à l'école.
C'est ça.
Quand tu vas aux adultes, tu y vas aux adultes.
Puis moi, quand j'ai eu 16 ans, je me suis dit,
je peux l'également, puis je suis parti.
Fait que là, on m'explique que je suis au secondaire,
que j'aurai jamais mon secondaire 5,
que je me sens en part des autres.
Je vois les autres, je disais dans la cafétéria avec tout le monde,
puis je vois le monde rentrer dans leur classe dans des ailes normales,
parce que nous autres, c'était un aile à part de l'école.
Dans le fin fond.
Il était-tu fermé par des gates?
Oui, il était fermé par des gates, puis c'était dans le fin fond
de l'école, puis c'était comme caché.
Il voulait pas nous voir. C'est pareil.
Quand la cloche sonnait pour le dîner,
on arrivait, on était devant la gate,
le temps que tous les élèves sortent, puis après ça, ils ouvraient la gate.
Parce qu'ils voulaient pas qu'on soit mixés
avec tout le monde, parce que c'était tout.
Des tannants, puis des ci, puis des ça.
Ils voulaient pas qu'il y ait un brawl pendant que tout le monde sortait.
Une fois que tout le monde était sorti
à la cafétéria, là,
nous autres, on ne faisait pas la ligne à la cafétéria
parce qu'ils voulaient nous limiter les contacts
de masse avec les autres. C'est exactement ça.
C'est fou. Je ne savais même pas que ça existait dans un autre école.
Oui, ça existe. Je ne sais pas
si c'est encore comme ça aujourd'hui. J'espère pas.
Excusez, je vais le dire,
mais c'était vraiment de la stile
de marde, ce programme-là.
Moi, j'ai pris ça comme de la discrimination, carrément. Quand le-là. Moi, j'ai pris ça comme la discrimination, carrément.
Puis quand le prof me dit ça, bien là, j'ai fait
comme, attends un peu, pourquoi je viens ici, moi, le matin?
J'ai pas envie d'en faire des stages, moi.
J'ai pas envie de faire ça, moi.
Pourquoi j'aurais pas un secondaire 5 comme tout le monde?
Déjà là, en partant là, moi, dans ma tête,
je me suis comme autoprogrammé en me disant
l'école, ça va pas de la merde.
J'aurais pas de secondaire 5.
Chez nous, ça ne va pas bien.
Je commence à consommer au secondaire.
On va en amener.
Là, c'est ça.
L'école, je me rends compte
que je suis dans une classe à part.
Ça n'a pas pris de temps.
Je te dirais peut-être un mois ou deux.
J'ai commencé à foxer l'école.
Là, je me tenais avec les petits bums
avec qui je me tenais,
mes petits chums.
Puis, on se poussait de l'école, puis
on a commencé à...
Mes premiers délits, moi, ça a été des intros par infraction.
Je vais juste te poser une question.
Étant donné que peut-être que ça va venir,
peut-être pas à cette époque-là, peut-être pas du tout,
je connais pas assez ton parcours pour ça, mais ayant
subi de la violence parentale,
est-ce que t'es devenu une personne
violente, bagarreur, ou
ça a pas tant fait? Je suis devenu bagarreur, ou ça n'a pas tant fait partie de ta vie?
Je suis devenu bagarreur des années plus tard,
après plusieurs sentences de prison.
OK.
Oui.
Mais ce n'est pas quelque chose qui t'a forgé dans ton enfance.
Non, vraiment pas. J'avais peur, moi, Cédric.
J'avais peur. J'avais peur de ma mère.
Puis ma mère est Saint-Pierre, elle est plus petite que moi.
Quand tu as 8-9 ans, c'est mental.
Ce n'est même pas une question de grosseur,
c'est une question, le ton qu'elle prend.
C'est sûr qu'elle était plus forte que moi aussi dans ces années-là
c'est ça
commence à faire des intros par infraction
sur les heures d'école
j'ai pas fait ça longtemps
je vais être franc de toi
moi, aujourd'hui
je suis aucunement d'accord avec ça
du monde qui rentre chez le monde et qui vole le monde
je suis pas capable je me fais n'importe quel crime dans la vie mais touche avec ça. Moi, du monde qui rentre chez le monde et qui vole le monde, je ne suis pas capable.
Je ne suis pas capable.
Ça me fait n'importe quel crime dans la vie,
mais je ne touche pas à des enfants, je ne touche pas à des femmes,
je ne rentre pas chez du monde, je ne vole pas le monde.
Tu sais, des astuces de crime de rats, de crapuleux,
bien de la misère avec ça.
Mais quand tu es jeune, tu veux vivre,
tu veux avoir l'adrénaline,
puis qu'est-ce qui est facile à faire,
c'est de faire des petites maisons.
Je te pose la question,
je m'entends quand tu parles,
tu le faisais-tu pour l'argent
ou c'était vraiment le trip?
Tu partais avec une couple d'affaires.
Le faire accepter par mes chums.
Le trip, l'adrénaline, l'acceptation.
Tu partais avec des CD et finalement, tu les jetais,
tu ne les vendais même pas au pawn shop.
Je n'ai rien volé de sérieux.
Je n'ai pas volé de bijoux d'or ou de gros montants d'argent.
Non, c'était des DVD. Dans le temps, c'était des DVD. J'ai rien volé de sérieux. Je n'ai pas volé de bijoux d'or ou de gros montants d'argent. Non, non.
C'était des DVD.
Dans le temps, c'était des DVD.
J'ai des CD parce que moi, à l'époque,
j'ai 10 ans plus que toi.
Moi, à l'époque, ce n'était pas pire
parce que le monde avait ça dans leur salon.
Des gros racks à CD,
des 200-300 CD.
Tu remplissais ça.
Le pawn shop nous donnait une pièce le CD.
Tu arrivais avec 100 CD.
C'était 100 pièces.
Quand tu restais au début du secondaire,
c'était pas hier. C'est ça. des petites intros par infraction passe par le haut puis là ben l'école appelle ma mère ma mère c'est sûr que
l'on est quand même été où le tchp le jeu va pas à l'école tout à cas je rentre chez nous mange des
volets mange des volets je rentrerai pas trop dans les détails. Comme tu dis, les détails, je ne veux pas.
Comme tu dis, tu as une belle relation avec ta mère aujourd'hui.
Ça va loin, mais...
On ne va pas gâcher ça.
C'est ça.
Vous travaillez un avec l'autre.
Voilà.
Regarde, on va...
Ça, c'est pas...
On comprend.
On comprend, c'est ça.
On n'a pas le droit d'aller...
Mais ma question, ma part, c'est que tu es rendu là.
Même si tu es encore peur de ta mère,
même si tu es un peu plus vieux.
Je commence à me révéler,
tranquillement.
13-14 ans, je commence à me révéler.
Ma mère
pète les plombs.
Elle veut plus que je sorte.
Écoute, j'ai pas de père dans la maison.
Si tu me dis de pas sortir, je m'en calisse.
Je vais attendre que tu dormes. Je vais sortir par la porte-passion en arrière
et je vais revenir dans 6 jours.
Moi, je partais,
puis je revenais quatre, cinq jours plus tard.
C'est pas moi qui revenais par mon plein gré, c'est la police qui me ramenait.
Tout le temps, parce que ma mère appelait la police,
mon gars, il fait 24 heures qu'il n'est pas à la maison,
il déclarait une fugue. Mais ça, on a eu
peut-être cinq exagérés, Cédric, peut-être
dix fugues. Dix fugues
en peut-être un an. Fait que ça brassait
à la maison, là. – Puis c'était quoi? C'était
des divans de chum? – Comment c' quoi? C'était des divans de chum?
Commencer, ça a été des divans
de chum. Première semaine,
deuxième semaine. Mais tu sais, comme j'avais pas
cent mille amis non plus, j'avais un petit sec.
Et eux autres, ils ont des parents aussi?
Ces parents-là sont comme, Chris, ces parents, lui, ils font quoi?
Comment ça que Benjamin,
il dort dans le portique de l'appartement à soir,
souvent, moi, je dormais dans les portiques de l'appartement
de mes chums parce que leurs parents, ils voulaient plus m'avoir chez eux.ement à soir le pass souvent moi je dormais d'importer que d'appartements de mei chum parce que leur parent il voulait
plus marrant chez eux faisait déjà une semaine je dormais le tout vrai le bloc
m'ouvrir la porte du blog mais jamais va dormir en boue m'amener une petite
couverture dans mes démarches en plein hiver même 15 ans c'est fou paris mais
tu dis au début c'était ça c'est ça c'est de se tu dis au début c'était ça tu t'es retrouvé dans la rue
plus tard dans ma vie
plus tard dans ta vie
mais tu sais là genre rentre fugue
rentre fugue puis là à un moment donné
il y a beaucoup de violence
puis là comme le meilleur ami
de ma mère est là cette soirée là
je vais toujours m'en souvenir puis me tiens
les bras parce que je suis en crise c''est sûr que je ne donnais pas
ma place. J'étais vraiment turbulent.
J'ai mis une part de responsabilité aussi
là-dedans. Est-ce que je vais? Oui.
C'est ça. Moi, je suis bien bon pour me
taper ça à la tête.
Je t'enlève le marteau des mains parce que
tabarnak, mon chum, c'est un peu normal les réactions
que tu avais. Excuse-moi, mais
tu dis que j'ai eu une enfance à peu près normale. Je te confirme
que non. C'est normal de te rebeller,
c'est normal de te tilter et de te péter des coches.
C'est normal.
Je comprends la relation avec ta mère,
je comprends la relation que tu as aujourd'hui,
mais il ne faut pas arrêter de te taper sur la tête.
C'est normal, tu as 15 ans.
Tout ce que tu as vécu à date,
il n'y a rien de surprenant.
Est-ce que tu tilts et tu colles ton câ que tu te dis il y a pas un enfant de 14 ans
qui a une belle vie bien rangée
sauf s'il est tombé dans une grosse consommation
qui va fuguer
si t'es là à ce moment-là de ta vie
c'est pas parce que t'es chill
que c'est normal que tu te cales
et que tu veux t'évader de là
c'est une soirée
son meilleur ami est à la maison.
Il me tient sur le sofa.
Elle fait ce qu'elle a à faire.
Moi, j'étais en grosse crise.
Je réussis à me pousser.
Je ne reviens pas à la maison.
Je me dis,
qu'est-ce qui vient d'arriver?
Je viens de vivre une grosse situation
avec ma mère.
Son meilleur ami s'en est mêlé
pour défendre ma mère parce que j'étais quand même
je commençais à être un peu plus fort
puis j'ai dit ah ouais c'est le même qui veut jouer
lui, fait que j'ai été chez son meilleur ami
avec deux de mes chums, j'ai défoncé la porte
j'ai tout volé, puis son voisin
à cette personne là me voit
me reconnait parce que moi je vois
souvent là vu que c'est le meilleur ami à ma mère
puis
le meilleur ami à ma mère. Puis là,
le meilleur ami à ma mère, cette soirée-là,
appelle ma mère et dit, écoute, Benjamin est rentré
chez moi. Il a pété la fenêtre de mon
sous-sol puis il est venu voler mes affaires.
Là, je te dirais que la
relation avec ma mère, elle l'a faite.
Elle a choisi
son meilleur ami au lieu
de me choisir moi.
Elle a fait le choix que ton père a fait à l'époque
de choisir sa nouvelle famille.
Oui, elle m'a passé sa vie.
Elle m'a dit, je ne veux plus jamais te voir chez nous.
Je ne veux plus jamais te voir.
Moi, à partir de 15-16 ans,
je n'ai plus d'affaires chez ma mère.
Elle ne veut plus m'avoir.
Elle ne veut plus que je dorme chez eux.
Elle ne veut plus me nourrir.
Elle ne veut plus rien.
Elle ne veut rien me donner dans l'appartement.
C'est ça.
Une semaine, deux semaines passent,
je réussis
à revenir chez ma mère,
mais moi, je ne le savais pas,
mais ma mère m'avait set up
avec
l'ADPJ.
Excuse-moi, je me suis fermé les yeux, parce que je pensais
que tu avais dit que tu avais set up avec son meilleur ami.
Non, non, non. Mon cœur, il y a comme... Excuse-moi, je me suis fermé les yeux parce que je pensais que tu avais dit que tu avais set up avec son meilleur ami pour qu'il se forme.
Non, non, non.
Mon cœur, il y a comme...
Aujourd'hui, je suis en bons termes avec ce gars-là.
C'est sûr qu'on n'est pas les meilleurs amis du monde,
mais on est capables d'être assis à la même table.
J'y ai fait, mais...
J'ai juste eu un petit peu peur.
C'était comme tabarnak.
Je ne tentais pas d'entendre ce bout-là.
Je suis content au moins que ce soit la DPJ,
malgré que ça n'a peut-être pas été hot,
mais je préfère la version DPJ
que la version genre,
j'ai setup mon gars pour manger une volée
par mon meilleur ami qui est un adulte.
Excusez-moi, c'est une critique que j'ai souvent,
mais là, mon gars, mon cœur a serré.
J'espérais pas entendre ça.
C'est ça, je reviens à la maison,
elle me setup, elle me dit, viens viens on va aller voir la travailleuse sociale à Longueuil
en arrière de l'école Gérard Fillon, il y a le centre d'accueil à Longueuil mais moi je ne sais
pas que c'est un centre d'accueil là. Fait qu'elle m'amène dans le bureau voir une travailleuse
sociale puis moi je me dis ben on m'assied là voir une travailleuse sociale, parler avec ma mère,
elle a mes problèmes. Je suis habitué oui, je viens de m'assied des années devant un psychologue.
Avec un psychologue oui. Fait que je m'enoir des années devant un psychologue. Avec un psychologue, oui.
Je m'en vais là, mais quand je rentre dans la salle,
j'entends la porte barrée.
Je suis comme, OK, qu'est-ce qui se passe ici?
Je vois trois gros mastodontes de ta grosseur rentrer là.
Tu vois le gars bien shapé, est-ce qu'il rentre?
Moi, j'étais petit, j'étais jeune.
Je suis comme, c'est quoi qui se passe?
Là, il m'explique.
On t'interne en centre d'accueil
pour une évaluation de 30 jours.
C'est le même qu'ils font pour les
nouveaux placements de DPJ, de mettre 30 jours.
C'est là qu'ils vont t'évaluer ton risque de récidive.
Qu'est-ce que tu as à l'extérieur?
As-tu une famille? As-tu des gens qui sont
là pour prendre soin de toi?
Je fais mon 30 jours.
Ça se passe quand même relativement bien.
Je suis déjà un peu habitué à la prison vu que, je veux dire, j'ai été plein de fois dans les roulottes, j'ai vu le parloir, j'ai vu tout ça.
Tu n'es pas intimidé par le setup, mettons.
Non, non.
C'est qu'un enfant qui a rejeté le casque.
C'est au 40 jours, carrément.
J'étais un petit bôme, j'en mange.
Tout ce que je veux, c'est avoir de la notoriété
avoir du respect
mais en même temps je suis perdu dans tout ça
dans mes sentiments, dans mes émotions
ma crise d'adolescence, je comprends pas trop
je suis comme
je suis dans une crise d'adolescence même
puis je fais mon 30 jours
tout quand même
ça passe bien, je veux dire j'ai pas eu d'événement
marquant ce 30 jours-là.
Je sors. Je retourne
chez ma mère. Je fais une semaine,
deux semaines, trois semaines, un mois.
Max un mois.
Ça ne marche pas.
Ma mère, on est chien et chat. La violence recommence.
Elle a fait attention parce que là,
il y a une TS dans le dossier.
Il faut qu'elle fasse attention à ce qu'elle fait.
Elle décide de m'envoyer chez mon père.
Mon père, ça fait des années
que je le vois de temps en temps,
peut-être cinq, six fois par année,
quand on lui semble.
Là, il prend la décision de me prendre chez lui.
Je m'en vais chez eux.
Secondaire 2, peut-être.
On est rendu là, peut-être secondaire 2.
Je me ramasse là.
Lui, il habite en campagne à Rougemont,
dans Montérégie.
Je m'en vais à l'école à Marieville.
Ça n'a pas pris de temps.
Je suis arrivé à cette école-là à Marieville.
Je me suis fait plein d'amis.
J'étais comme une star là-bas,
vu que je venais de Longueuil.
Tout le monde se demandait si j'étais qui.
Pour moi, me faire des amis rapidement,
ça s'est passé full rapidement.
J'étais dans une classe de TC,
fait que j'étais entouré plein de tannants,
pis ça a pas pris de temps que je me suis fait plein de chums,
pis ça a pris peut-être deux semaines,
j'étais plus à l'école. Là, j'allais plus à l'école,
j'en continuais mes conneries, mes petits chums,
mes petits intros, gnagnagna,
les parties, la consommation, mais mon père posait pas de questions, lui. Moi, mon père,
là, je pouvais pas rentrer pendant une semaine,
je l'appelais pas, il ne m'appelait pas.
L'école appelait chez nous.
« Monsieur X, Benjamin, ça fait une semaine qu'il n'est pas à l'école. »
Mon père répondait « Oui, et puis? »
Et il raccrochait.
C'est encore lisse.
Pas de structure.
Pas de structure, le gros. Je fais ce que je veux.
Je suis laissé à moi-même.
Ça n'a pas pris trop de temps que l'école a appelé ma mère. c'est que tu as le gros, je fais ce que je veux. Je suis laissé à moi-même. Ça fait que
ça n'a pas pris trop de temps que l'école a appelé
ma mère.
Ma mère appelle mon père.
Chris, tu ne t'inquiètes pas de ton gars, il fait ce qu'il veut,
laisse-les vivre.
Ça ne marche pas.
Non, non, puis ça,
ramène à Longueuil, à Saint-Hubert.
Là, bon,
je te dirais peut-être deux, trois semaines
passent, ça dégénêtre deux, trois semaines passent.
Ça dégénère encore, la violence
et tout. Je décide de me
sauver. Elle appelle la police,
la même affaire. On me ramasse. On me
ramène en centre d'accueil à Chambly.
Là, mon calvaire commence.
Je rentre en centre d'accueil.
Moi, je suis comme...
Je veux pas rester ici, man.
Il y a pas grand-chose là-bas.
C'est comme une mini-prison.
Tout est fermé.
Les murs, on a une cour extérieure.
Ce ne sont pas des clôtures, c'est des murs de briques.
Déjà là, impossible de se sauver là-delà.
Là, je réfléchis, je réfléchis.
J'entendais que les vitres de nos cellules,
de nos chambres, sont aimantées.
Je me dis, comment je peux faire
pour trouver un aimant,
pitcher ça dans la fenêtre pour qu'elle craque,
pour que je puisse crisser des coupiers dedans, puis me pitcher du troisième,
puis me sauver. Je check.
Je check dans le secteur de vie,
je vois des speakers.
Des bon aimants, tu sais.
Quand je réussis à pogner le speaker
de l'unité, je le démonte dans ma cellule.
Excuse-moi, ma cellule, ma chambre.
C'est-tu des bons termes?
Moi, c'est ça.
Je démonte le speaker, puis je réussis à avoir
l'aimant, puis j'attends
que la nuit arrive,
que le nightman arrive, puis je me dis, je vais péter
la fenêtre, je vais me pitcher du troisième,
puis je vais me sauver. Comme de fait.
Je pitche l'aimant, l'écran craque,
toute craque.
Il y a l'adrénaline raide. Je me mets des serviettes,
j'avais des serviettes poignées dans la douche,
je me suis enroulé à la jambe.
Je cruche des coupes là-dedans, paf, paf, paf,
je perds la fenêtre, je me pitche en bas.
J'ai réussi à me pitcher en bas, je me sauve,
là, la police, man, partout, j'entends les chars.
– Troisième étage, t'es pas...
– J'ai une foulure, j'ai une foulure à la cheville, j'ai de la misère à marcher,
mais je suis tellement sous l'adrénaline
que je la sens pas en tout.
J'ai mal, j'ai vraiment mal, mais je suis capable
de marcher dessus un peu.
Fait que je réussis à me sauver, skip des clôtures,
des headsets, puis là, j'entends plein
de chars de la police, ils me cherchent.
Là, je me dis, qu'est-ce que je vais faire?
Je m'en vais cogner
une porte patio dans une cour chez un monsieur. Je dis, écoutezest-ce que je vais faire? Je m'en vais cogner à une porte patio, dans une cour, chez un monsieur.
Je dis, écoutez, ils viennent de me faire agresser, il y a des gangs de rue.
Je m'en vais, j'invente une histoire, on m'a taxé, on m'a volé.
S'il vous plaît, amenez-moi à Longueuil.
Le bonhomme dit, il n'y a pas de problème, je vais t'amener à Longueuil.
Il m'a mis dans sa caravane, je me suis couché en arrêt du fucking boy.
Je suis parti de Chambly à Longueuil.
Je me suis fait dropper de main.
Là, j'étais en fugue.
Vraiment en fugue, fugue, fugue.
Je me suis poussé,
je me suis ramassé à Longueuil,
puis j'avais un chum d'enfance
que moi, il vendait du crack
à Montréal. Lui, il avait peut-être 17 ans,
moi, je n'avais 16. Il vendait
du crack dans une piole à
Schlager Maisonneuve. Je te dirais,
un petit peu avant Frontenac,
je te dirais, Ontario, Papineau, ces coins-là,
en haut du quartier gay.
Puis, il me dit, « Chris, viens, merde,
on va faire de l'argent. » Puis, tu sais, moi,
je veux faire de l'argent, moi. J'ai une ouïe, je ne veux pas dormir.
Je ne sais même pas où aller. Ma mère ne veut pas m'avoir.
Mes chums, leurs parents, ils ne veulent plus m'avoir
chez eux. Ça fait déjà un an que je squatte à gauche pis à droite.
Pis t'inquiète, dans la rue, pêcher ton père,
c'est la même astuce d'affaire.
Fait que...
Fait que, t'sais, man...
C'est ça, man, mon chum, il me dit,
viens, moi, gros, tu vas voir, man,
tu vas avoir un logement, tu vas être logé,
tu vas être nourri, gros, il y a des meubles
dans le logement, pis tout. Fait que moi, j'arrive là-bas,
man, c'est vrai, il y avait un logement, un petit 3,5, meublé, pis tout, man. Moi, j'étais vas être nourri, gros. Il y a des meubles dans le logement. Moi, j'arrive là-bas, c'est vrai.
Il y avait un logement, un petit 3,5, meublé.
Moi, j'étais aux anges.
Tu me donnes un logement, je suis en fugue de centre d'accueil,
inconscient raide.
Puis une job en même temps.
Une job que je fais 500 à 1000 piastres par jour.
En ce temps-là, c'était payer 5 piastres du pays.
J'en passais en tabarnak.
Des soirées, je faisais 1000 piastres.
Je faisais de la belle argent.
Puis, c'est ça, je me suis enfoncé là-dedans.
À 16 ans, la vente de trafic,
je te dirais pendant un an.
Ça a fait un an.
J'étais en évasion.
Pas en évasion, c'est pas vrai.
J'étais en fugue de la DPJ, c'est pas pareil.
Non, c'est ça.
Question, t'arrives-tu à rester loin du produit?
J'ai jamais pas fait de puff.
Moi, mon boss, s'il m'aurait vu puffer,
il m'aurait-tu cassé les dents que j'avais dans la gueule?
C'était clair et net que ça,
genre, tu touches pas à ça, Benjamin.
Je pose la question.
Oui, mais il y en a, là.
Il y en a un avec qui je travaillais
qui est tombé dans le produit.
Il était pas mal plus âgé que moi.
Puis, il avait eu une bonne dette, là.
Peu importe le montant, il avait une dette.
Puis, il fallait qu'il travaille.
Puis, exemple, au lieu d'être payé 5$ du piece,
il était payé 1$ du piece, puis il payait sa dette de même,
puis ça lui a pris, peu importe.
Fait que oui, j'en ai vu du monde tomber alentour de moi,
mais moi, je n'ai jamais consommé de crack.
Fait que c'est ça, pendant un an, puis ça brasse, ça brasse, ça brasse.
J'ai vu de tout sur Ontario. On n'a pas besoin
de se comprendre. – Tu travailles dans un crack house
dans Hochelaga. – Je dors dans le crack house.
Je dors dans le crack house, ma chambre est là.
Mais, ce crack house-là,
le boss, il ne voulait pas
que le monde rentre. Fait que, tu sais, c'était
comme mon appartement. Moi, j'avais un corps,
je sortais, je m'en allais sur un coin de rue, je sais ce que j'avais
à faire, puis je remontais.
– OK, au moins. – Oui, non, il n'y avait aucune...
J'ai connu des gars, moi, qui vivaient
dans, tu sais, je veux dire, c'était une place
à pof. Non, non, non.
On se tachait, on dormait là,
il y avait les horaires sur le mur,
il y avait des chiffres, puis on alternait, puis
c'était ça, tu sais.
C'est ça, man. C'était une structure.
Il y avait une structure. Oui, oui, oui. Le gars qui avait ce terrain-là,
il avait payé un gros montant.
Puis tu sais...
C'était une bonne run.
Oui, oui.
C'était une grosse affaire.
Puis en tout cas, c'est ça, man.
Puis j'ai fait ça pendant un an.
Puis je me suis perdu, man.
Je me suis perdu là-dedans pas mal.
Puis j'ai pris le goût à l'argent rapide.
Puis vu que je n'avais jamais vraiment travaillé légalement,
moi, je savais pas c'était quoi travailler légalement
à 40 heures semaine, gagner mon argent.
Moi, je savais juste que je me levais le matin, puis que je faisais
500 piastres dans ma journée. J'étais bien content, là.
Je me posais pas plus question que ça, là.
Puis, à un moment donné,
ben, on...
Il y a eu des... On a été sur flat sur.
C'est pas compliqué, là. On a été sur flat sur,
puis il y avait
des agents doubles qui étaient
postés en avant du Crack House,
habillés en travailleurs de la ville,
qui travaillaient dans un égout.
Ça faisait une semaine qu'ils étaient là
puis qu'ils faisaient semblant de travailler.
Mais, tu sais, moi, j'étais trop jeune,
j'étais trop déconnecté. Je pensais pas
à ça, là. Je voyais pas ça aller.
T'as pas la connaissance de la game
assez pour trouver ça louche le tient pas tout puis moi je vis la face live lance moment le fait
que je pense pas que les personnes qui sont en avant le cd des agents de que je suis là sur
que c'est 17 ans ce mois de ce moment ça fait que ça pète flash bang tout la soit 30 là dedans puis moi j'ai été chanceux quand ils
ont pété je t'ai pas là c'était quelqu'un d'autre qui était dans la place qui travaillait ce chiffre
le personne ne s'est fait arrêter fait que moi je suis jamais retourné là bas mais je m'en ai
sublanchi les mains puis j'ai pas eu d'accusation qui connaissait pas mon nom je t'ai pas fiché
encore il y avait des photos tout il y avait des photos mais j'ai passé dans puis j'ai pas eu d'accusation ils connaissaient pas mon nom j'étais pas fiché encore il y avait des photos
de toi
il y avait des photos
mais j'ai passé dans le bar
t'es mineur
t'as pas d'antécédent
t'as pas d'emprunt
fait que c'est ça
c'est ça
fait que
après c'était un an là
de vente de stupéfiants là
ça continue
mais là
je tombe pour le concurrent
à l'autre bord de la rue
l'autre bord de Papineau
ça t'a pas fait
là c'est différent
je veux dire
ça t'a pas fait c'était pas assez pour te faire peur non mais moi tout ce que je voulais le gros c'était faire de l'argent je me Papineau. Là, c'est différent. Je veux dire, c'était pas assez
pour te faire peur.
Je me suis pas fait pogner, puis ils me pogneront pas.
Ouais, c'est ça.
Fait que je tombe pour le concurrent, l'autre bord de la rue,
puis là, ça marche différemment,
carrément.
On n'avait pas de logement fourni.
Le matin, il fallait qu'on aille chercher
nos affaires au statch.
Lui était assis avec le gros sac.
Il nous donnait un 40-40 de chaque.
On partait.
On n'avait pas de téléphone.
C'est lui qui avait le téléphone.
Mon gars était de tel coin à tel coin.
Je tournais en rond et je ramassais.
Quand j'avais fini, je retournais voir mon gars.
Il m'a ordonné des affaires.
Je changeais de coin.
Il renvoyait ses clients faire le carré c'était tout le temps
demain un matin un matin il mouillassio il était 8h mon chiffre commence ça me tentait pas de
travailler cette journée là mais je me suis dit j'avais besoin d'argent fallait que je mange puis
fait que je suis rentré travailler le gars était content il était tout content de me voir. « Je pensais que t'allais pas venir, là, gros.
Il m'a eu à s'y yau, pis tout. »
Mais t'sais, moi, j'étais un solde, gros.
Je suis là, man.
Quand tu nous dis d'être là, je suis là.
Pis let's go.
Fait que je suis là.
Je prends les affaires.
Il m'a eu à s'y yau, man.
Fait que je reste à côté,
sur le bord d'un bâtiment.
J'attends un client, pis tout.
Pis il y a un gars qui arrête en char,
que j'ai vu une couple de fois, même,
pis ça run.
Pis qui me dit « Hey, viens-t'en, il me nomme par mon nom
gros, hé, viens-t'en
il mouille à Sio, viens
donne-moi un piece, pis hopé, il va faire
les clients, on va faire le tour le temps qu'il mouille
pis c'est ça
pas de trouble, tu sais, moi je me dis, ça va me coûter
peu importe, x montant
moi je me ferais pas mouiller le cul, je vais être dans un char
fait que ça reste dans la main
je lui donne son piece, man.
Le gars n'avait rien pour fumer.
On descend au dépanneur sur la rue Sainte-Catherine
dans le quartier Guy.
On ramasse son Pirex.
On remonte en haut.
Le temps que je remonte en haut,
que lui fasse sa puff,
il y a genre 10 clients qui m'attendent.
La run, elle vient d'ouvrir.
J'arrive sur un coin.
C'est le seul qui est rentré parce qu'il mouille.
J'arrive sur un coin.
Il y a 10 junkies sur le coin de la rue qui ont des tics. Tu sais comment c'est, man. Puis là, j'arrive sur un coin. T'es le seul qui est rentré parce qu'il m'a oublié. Fait que là, j'arrive sur un coin. Il y a 10 junkies sur le coin de la rue qui ont des tics.
Tu sais comment c'est, man.
Puis là, j'arrive pour servir un client.
Il y a un gars dans une caravane qui me regarde.
Puis il arrive pour sortir.
Là, je vois ça.
Je reprends mes affaires.
Je redonne l'argent au gars.
Je pars à courir dans le char du gars qui m'aide pour faire la ronde.
Check bien ça l'histoire.
Moi, je la connais, je suis sûr.
J'ai vu le pattern.
Je rentre dans le char.
Je dis, viens-t'en, il faut qu'on décolle.
C'est un double.
Lui, il joue la game.
C'est un double.
Il se pousse.
On se pousse en char.
On zigzague les rues.
On essaie de sauver de la caravane qui nous suit.
On réussit à se pousser de lui sur l'autoroute en s'en allant vers Sainte-Eustache.
Moi, je ne sais même pas où je m'en vais.
Le gars qui m'a pris dans son char,
il me dit qu'il habite à Sainte-Eustache.
Qu'est-ce que tu fais à Montréal?
Je n'ai pas pensé à ça.
Moi, j'étais jeune.
J'étais à Souladré-la-Lyne.
J'ai plein de pistes dans les poches.
Je suis capote.
Je ne vais pas me faire arrêter.
Je le suis. Il m'amène à Saint-Eustache.
Je suis rendu à Saint-Eustache, on arrive chez eux.
Rendu dans le parking, il m'avoue que lui
est sur un mandat de peine
et qu'il a plein de conditions.
Sûrement que le double a scanné sa plaque.
C'est un esti d'histoire à briques à braques.
Là,
j'arrive chez eux. Lui, il rentre
dans sa maison. Il part à courir.
Il sort du char, il part à courir.
Il rentre chez eux.
Moi, je me dis, je ne rentre pas.
Si je rentre, qu'est-ce qui va arriver?
Je me couche sur la banquette arrière.
Deux minutes après, c'est un char de police.
Ils rentrent tous dans la maison parce qu'ils checkent le char.
Ils ne voyaient pas personne, c'est sûr.
Je suis couché sur la banquette arrière.
Le premier réflexe qu'ils ont, ils courent dans la maison.
Quand ils courent dans la maison et qu'ils ferment la porte,
qu'est-ce que tu penses que je fais?
Je sors par le char, il y a une headset
sur le bord. Je la défonce,
mon homme. Ladré la ligne raide,
les poches pleines, je capote.
Qu'est-ce qui se passe? C'est-tu le gars qui m'a ramassé
en char qui est un double?
Ou il est vraiment sur des conditions du pénitencier
et que la police... Ça s'est passé
trop rapidement. Trop bizarre.
Trop bizarre. Fait que
je me sauve de là, man. Call un taxi.
Réussi à me sauver
de là pis tout.
Je reviens à Montréal. Je m'en vais
voir le gars, mon boss. Je lui explique
la situation. On me remercie beaucoup.
Il manquait rien. L'argent était là.
Les affaires étaient là. Je redonne ça.
Je dis, écoute, pour le moment, je pense que je vais prendre
un break de peut-être deux ou trois semaines.
On se reparle. Tant que la chaleur
descend. Tant que la chaleur descend.
Je me demandais, c'était quoi?
C'est qui ce gars-là?
Le as-tu su ou tu n'as pas su? Je ne l'ai jamais su.
Je dis ça de même,
mais si le gars...
Peut-être, mais Chris,
si c'était quelque chose contre toi, tu ne te gars peut-être, mais Chris si t'es en
quelque chose contre toi, tu te promènes pas avec ton char
avec ta plaque
c'est ça que je trouve ça weird
moi j'ai l'impression que ce gars-là, c'était un undercover
pis qu'il chantait une chanson
je sais pas man, c'est vraiment bizarre
ouais mais en même temps qu'il t'a amené à Saint-Thier
c'est ça que je trouve bizarre
c'est weird, peut-être que c'était plus
une source, je sais pas peut-être, peut-êtreest weird. Peut-être que c'était plus une source.
Peut-être.
Ou ils voulaient te faire.
Peut-être.
Peut-être.
On ne le saura jamais.
J'étais quand même curieux.
Tu vois, dans mon septembre,
je pensais que c'était ça, c'était un double.
Mais quand tu as dit Saint-Eustache,
c'est comme tabarnak.
Pourquoi ils t'amènent à Saint-Eux?
C'est ça.
Après ça, j'en donne mes affaires.
Je décide de prendre un, deux, trois semaines de break et de juste être relax et profiter de la vie,
et ne pas faire de conneries.
Je me fais poigner par la police parce que je suis encore en fugue.
Elle me demande mon nom.
C'est encore mineur.
Oui, je suis encore mineur dans ces histoires-là.
Je suis encore en fugue.
Je ne suis pas encore jeune contrevenant.
Je suis juste en fugue.
On me ramène au centre.
Tu offres deux, trois semaines.
Je me repousse de la même manière. On Tough deux, trois semaines. Je me repousse.
De la même manière.
On pète la fenêtre.
Je me repousse.
On recraque la fenêtre avec un aimant.
Je me repousse.
Mais là, cette fois-là, je me ramasse à la prairie
chez un de mes chums,
qui lui aussi est en fugue de centre d'accueil.
Consomme.
Commence à consommer de la drogue un peu plus dure.
Tu sais, de l'ecstasy. dans le temps, c'était la mode.
Le monde faisait de la hi, pis tout.
Pis je fais une hi avec, man,
pis avec sa femme, pis tout.
Pis là, il me dit,
« Ah ouais, le gros, baisse-la, ma femme. »
Je suis comme, « Hein? Pourquoi baisse-la, ma femme? »
Il dit, « Ah ouais, il saute, ma femme. »
Pis là, je regarde la petite,
je dis, « Ah ouais, elle saute, moi. » Je suis comme, « Oh non. » Il dit, « Christ, ça dit ça de ma femme ». Je regarde la petite, elle dit « Oui, oui, elle dit ça de moi ».
Je dis « Oh non, il dit que ça doit faire
genre 5-6, c'est sa blonde d'enfance. »
Je dis « T'es-tu sûr, le gros? »
Il dit « Oui, oui,
mais t'es grand déradé. »
Je me trompe à trois toute la soirée
avec lui et tout.
5h du matin, il me réveille
avec une assiette. Moi, je suis encore couché
avec la petite dans le lit.
Je suis en train de dégriser. Il m'arrive avec
une assiette, une petite assiette
avec de la coke dedans.
Il dit, fais-toi une petite ligne, gros. Viens-t'en, viens-t'en.
On s'en va faire un dépanneur.
C'est un peu, là. On s'en va faire un dépanneur.
Quoi, un dépanneur? J'ai jamais fait ça, moi,
un dépanneur. Il dit, pose pas de questions,
viens-t'en. Moi, je suis influençable, gros.
Je suis influençable, je suis drogué, je suis gelé,
je suis en fugue encore, je sais pas où aller.
Je me dis « Let's go, esti. »
Fait qu'on se ramasse chez un bonhomme,
que ce bonhomme-là me donne un arme.
Je me ramasse avec un arme à feu dans les mains.
Mon chum, il a un sac de hockey CCM avec une crobeau même.
Puis on se ramasse sur Tachereau, à Brossard, dans un ultramar.
C'est complètement déconnecté.
Qui va faire un hold-up sur Tachereau
dans un ultramar? Personne.
On se ramasse là,
puis on fait
ce qu'on a à faire, gros.
On réussit
l'affaire. On sort.
Ça a pris
3-4 minutes
La police est arrivée
Les guns sur la tête
J'ai un gun sous moi
Je capote
Je m'en vais pour un criss de bout
Faire des cigarettes
Des billets de loterie
Un peu d'argent de caisse
Je me ramasse avec
Une possession d'armes à feu à 16-17 ans.
C'est fou, là.
Fou raide, là.
Fait que là, je tombe, je ne compte rien.
Là, le juge m'incarcere à 18 mois de prison.
Pas que 18 mois pour possession d'armes à feu
avec un vol qualifié, en fait.
Carrément un hold-up.
Fait que je me ramasse là.
Là, je tombe dans la cour des grands.
Je change de bord.
Je suis plus DPJ.
Je tombe jeune contrevenant.
Là, la vibe, elle change.
T'as-tu une peine aux adultes?
Non.
Non, non, non.
Je suis sorti quasiment un petit peu avant 18 ans.
Je suis en centre fermé, jeune contrevenant,
comme une prison, mais pas genre.
On a entendu plusieurs personnes qui ont passé
par le qui sont venus au podcast fait qu'on sait c'est une prison il appelle plus une chambre du
lot non c'est des cellules carrément fait que ces semaines je reste là jusqu'à peut-être 17 ans 3
corps un petit peu avant 18 ans c Là-bas, quand même relax.
J'étais avec des meurtriers et tout.
L'ambiance est cool. Il y a une couple de jeunes
qui sont là pour des meurtres.
Il y en a qui sont là pour des choses plus crapuleuses.
Il y a de tout.
Tu as de la fraude, tu as de la violence, tu as du viol.
Il y a une émette. Tout est là.
Ce n'est pas
comme des prisons où tu vas avoir des wings.
Tout est mélangé. Tout est mélangé c'est ça
tandis qu'aux adultes
les violeurs sont avec les violeurs
tandis que quand t'es jeune
tu peux avoir un gars qui mange à côté de toi
dans l'unité pis que lui il a violé une fille
pis l'autre il a tué
c'est de tout
c'est ça
cette année là j'ai pas eu le choix je l'ai fait incarcérer j'est ça man cette année là
j'ai pas eu le choix, je l'ai fait incarcérer
j'ai pas pu sortir de là
à 18 ans
excuse moi je te coupe, t'as-tu des nouvelles
papa, maman pendant ce temps là?
mon père non, mon père m'a fait
j'ai parlé avec mon père
quand j'étais là-bas, il m'a dit
je prends la décision de t'en sortir de ma vie
t'es nocif, t'es en centre d'accueil,
t'es un petit bâme.
Il me dit une grève.
Pour lui, je n'étais pas un fils exemplaire.
Excuse-moi.
Merci, papa. Tu as tellement aidé mon cheminement.
Excuse-moi, je parle contre ton père,
mais en même temps, Chris, il y a des torts
en estime.
Je l'ai pardonné aujourd'hui.
C'est mon cheminement.
C'était mon opinion personnelle.
Ce n'est pas le mien.
C'est ça.
Il m'abandonne.
Ma mère,
le chien et le chat,
elle ne veut pas que je retourne vivre chez elle.
Visites-tu un peu?
Non. Je n'ai jamais eu de visite
de ma mère en centre d'accueil.
Même en prison, je n'ai jamais eu d'aide de ma mère en centre d'accueil même en prison j'ai jamais eu d'aide de ma mère
monétairement ou de visite
mais elle allait voir son frère
en tout cas
puis c'est ça
c'est ça
je suis sorti de là
j'allais avoir 18 ans
puis là
je suis tombé dans le centre-ville à Montréal
le bunker le refuge j'ai tout connu ça l'itinérance je suis pas g tombé dans le centre-ville à Montréal, Berry-Hucam le bunker, le refuge
j'ai tout connu ça, l'itinérance
je suis pas gêné de le dire, j'ai été itinérant
moi je te dirais de 18 à
18 à 20 ans, mettons
je galérais, je dormais dans les refuges
sur Sainte-Carte, puis le bunker
c'était sur la rue Saint-Hubert
puis c'est ça, des hébergements pour jeunes, puis on dormait
dans des gros dortoirs dans des églises,
le refuge, dans le temps, ça l'a changé,
maintenant c'est sur Sainte-Cath, mais avant,
je me trompe pas, c'était sur Saint-Hubert,
plus haut, proche du carré Saint-Louis.
Puis c'était un gros
dortoir avec peut-être 100 lits,
puis le soir, t'arrives là,
tu peux te laver, tu peux manger,
puis tu dors, Puis le lendemain
matin, à 6 ou 7 heures,
on te réveille, puis on te fait déjeuner, puis on te crisse
dehors avec un coupi dans le cul quasiment.
DPJ,
quand tu sors de ta sentence,
t'es pas majeur.
Puis ils font quoi quand tu sors?
Ils me donnent rien. Ils me donnent mes sacs de poubelle.
Pas genre ta mère vient te chercher, y'a-tu un adulte,
y'a-tu un tuteur?
Non, non, non.
Ta sentence est finie, mon gars.
Je m'en allais avoir 18 ans
peut-être 2-3 mois après.
Je pense que le centre d'accueil
a fait comme ça va avoir 18 ans.
On le laisse partir.
Puis ils m'ont laissé partir.
J'en ai parlé souvent.
Je vais faire un petit shout-out. Maison Stéphane Fallu. Je ne sais pas petit un petit chat out maison stéphane fallu
je connais la maison stéphane fallu j'ai reçu diane qui travaille pour la maison stéphane fallu
philippe vaillancourt qui est un de mes premiers invités aussi maisons stéphane fallu c'est
justement une jeune qui sort de la dpj à 7 ils les prennent. Ils les aident à cheminer
à un loyer.
C'est bien.
Ils ont toujours besoin de sous, ils ont toujours besoin d'aide.
Posa, la maison Stéphane-Falu,
si jamais, des histoires
comme ça, c'est des gens qui ont toujours
besoin de support, besoin d'aide.
C'est bon.
Quand il y a des histoires comme ça,
j'aime toujours les gens qui sont venus donner de leur temps
puis de leur histoire, puis qui aident
les jeunes, fait que
je voulais juste ça. Non, ça va bien, puis moi je pense que
si j'avais eu quelque chose comme ça, peut-être
que j'aurais été porté à
vouloir plus restructurer
c'est ça, fait qu'on
me laissait dans la rue, je me suis
remboursé dans le centre-ville de Montréal
puis là, bon, mes anciennes habitudes
sont revenues très rapidement.
Fait que pas trop long que je me ramasse un peu de patentes.
Puis je me loue une chambre d'hôtel
sur la rue Saint-Hubert, Maisonneuve.
Puis le spot de tous les gars.
Puis pas trop long que je pèse mes affaires
puis que je commence à repartir.
Mais ça, pendant deux ans que t'es dans la rue,
les deux premières années, c'était-tu vraiment... commence à repartir. Mais ça, pendant deux ans que t'es dans la rue,
les deux premières années,
c'était-tu vraiment struggle, t'essayes de pas retourner
ou ça a quand même... Non, non, je suis retombé
tout de suite. Je suis retombé tout de suite.
Dans ces années-là, je faisais pas beaucoup d'argent.
Je vendais pour survivre.
Parce que c'était un coin.
Là, tu travaillais pour toi. Oui, je travaillais pour moi.
J'achetais mes affaires à quelqu'un de légal,
mais moi, je faisais mes affaires dans mon bar.
C'était mes affaires.
Mais quand même,
parce que ce n'est pas évident
de vendre au centre-ville
si tu n'as pas quelqu'un.
Moi, je ne suis pas gros.
Non, c'est ça.
Je ne dirai pas le nom
pour qui je travaille,
mais n'inquiète-toi pas
que moi, je pouvais faire
ce que je voulais
dans le centre-ville de Montréal.
C'était ça ma question.
Non, non, non, c'est ça.
Je pouvais faire
ce que je voulais.
Ce n'est pas une bonne idée
si tu n'as pas quelqu'un
qui est ton backup
au centre-ville de Montréal.
S'il boit les dents, il va te revoiler assez vite.
C'est ça d'aller vendre par toi-même.
Je m'avais fait des lodans à un moment donné.
Il y avait eu une gang qui est arrivée.
C'est à Dalle-à-Béry.
J'étais tout petit.
Ils m'avaient entouré.
Il était peut-être 5-6 à l'entour de moi.
Il y en a un qui m'a mis la main sur le cœur.
L'autre m'avait mis un couteau dans les côtes.
Il dit, ton cœur, il va vite.
Vite tes poches.
C'est ce que je fasse, le gros. J'ai un couteau dans les côtes. J ton caribou vite vite des poches je fasse le gros j'ai un coup d'un coach et les personnes peut-être pas importe le 5 6 personnes autour de moi et on me dit mais
vous des poches mais vite les poches gros j'appelle mon boss je ne me fais des lots des
sap 10 minutes le route et une équipe de frappe qui est abarqué même sa propre temps ça a pris
10 15 minutes j'ai réuni mon argent j'ai réuni mes affaires personne qui m'a fait chier il a fallu qu'il arrive sur pour que le monde comprenne de
me crisser la tête mais tu es avec qui tu sais ce point pas mais c'est ce fait que je continue
ce up tout puis à m'amener ben à m'amener même je me ramasse encore au refuge. Je dors là.
Un matin, je me réveille.
Je suis devant le miroir.
J'ai le cœur gros.
Est-ce que tu sais que j'ai le cœur gros?
Je me regarde dans le miroir et je n'aime pas ce que je vois.
Je m'haïs.
Je me déteste.
Je suis comme, il faut que je change.
Ça ne fait pas de sens.
Je dors dans des métros.
Je dormais dans les métros.
C'est les bains de métro, Christ. À 16-17 ans,
t'es supposé d'être chez tes parents.
T'es supposé d'avoir un litre, un toit,
un repas qui t'attend à 5-6 heures
pour le souper.
C'était pas ça, moi.
T'es supposé de t'amuser. Elle va être si fun de profiter de la vie.
Découvrir ton corps et celui des filles.
Carrément.
Je pleure, puis je pleure, puis je me dis
que ça suffit, même. Je m'en vais dans le bureau
des intervenants, parce qu'il y a des intervenants là-bas.
Je dis, écoutez, j'ai besoin
d'aide. Je ne suis plus capable de vivre
ce calvaire-là. J'ai besoin
de prendre une pause. Ils m'ont dit,
viens, Benjamin. Ils ont ouvert le bloc
téléphonique, puis ils ont checké
les numéros de thérapie.
Je suis parti à l'envolée, à
Grimby. En tout cas, ça a réussi à être dans Montréal. Je te pose la question, mon but, ce n'est pas d'être coincéros de thérapie. Puis je suis parti à l'envolée à Grambay.
En tout cas, ça a réussi à être dans Montréal.
Je te pose la question, puis c'est pas... Mon but, c'est pas d'être coincé, j'essaie juste de le faire,
parce que là, tu sais, tu me dis, à ce moment-là,
t'as 16-17, mais quand t'es sorti de l'épigé à 17,
t'as comme été deux ans dans la rue.
Oui.
Mais là, quand tu lâches le corps...
OK, fait que t'es plus 18-19.
Oui, 18-19, majeur pour aller en thérapie.
Exact. OK, c'était ça, ma question.
Parce que là, c'est ça, j'avais juste la misère à suivre.
Parfait, je comprends.
Fait que t'es rendu 18-19.
Je comprends, des fois, on peut se...
Oui, oui, t'as mal à faire dans ma vie.
Fait que, tu sais, vers 18-19, je suis dans la rue,
je vends de la drogue pour subvenir à mes besoins,
pour me louer une chambre d'hôtel pour dormir au chaud,
puis manger.
Mais quand tu étais ça, là?
Fait que tu pars thérapie, mais thérapie,
tu as-tu des problèmes de consommation
à ce moment-là? Je sniffe
un peu de la coke, mais ce n'est pas problématique.
C'est plus pour prendre une pause.
Ça aide, c'est ça.
Mentalement.
Tu gèles les bobos.
Tu t'auto-médicamente un peu.
Ça aide à traverser tout.
Souvent, je le dis, je donne de l'argent à des itinérants
et quelqu'un qui me dit, tu sais, « Ah, c'est pas dans un café. »
Je dis quand même, « Non, Big, va te geler. »
Tu vis dans la rue, man. Je ne l'encourage pas.
Je sais que tu vas être défoncé, Big, puis c'est correct.
Si je vivais dans la rue, moi,
je voudrais me péter la face. Je comprends.
Mais
il t'envoie en thérapie, même si
tu n'as pas besoin d'une thérapie.
Pour ma consommation, c'est plus comportemental, mettons. Moi, je vois
ça comme ça, c'est plus comportemental,
c'est plus de changer mes patterns, de retrouver
le petit Benjamin qui était au pouvoir.
Une structure de vie, justement, ce que la DPJ
aurait dû donner.
Je l'ai pas eu. C'est sûr. Je l'ai pas eu
pis en même temps, j'ai couru après à Cédric parce que
je me sauvais tout le temps. Si j'aurais resté
là-bas pis que je m'aurais intégré
dans le groupe pis que j'aurais pris l'aide des intervenants,
parce que, tu sais, je m'en tirais pas.
Il y en a des intervenants là-bas qui aident,
puis j'en voulais pas d'aide. Moi, l'intervenant
m'a regardé, il me dit « Qu'est-ce que tu veux faire dans la vie? »
Moi, je veux vendre du crack. « Hey, c'est pas drôle, là.
T'as 15-16 ans, là, puis t'as regardé ton intervenant
dans les yeux, là, puis tu lui dis « Moi, là, je veux devenir
riche, je veux vendre de la drogue. Hey, t'es perdu,
mon homme, là. Ça va pas bien, là.
Ça va vraiment pas bien.
Où est ton exemple parental?
Je t'ai déconnecté, Cédric. Je t'ai complètement déconnecté.
Il y a beaucoup de gens,
de plus en plus, qui écoutent mon podcast et de tous
les milieux, honnêtement.
J'en suis surpris.
Je sais qu'il y a des jeunes
qui ont cette mentalité-là. Tu l'as eu.
Je l'ai eu.
Fais juste écouter ce bout-là. Si tu en connais un jeune, fais juste écouter ce bout-là. Tu l'as eue, je l'ai eue. Fais juste écouter ce bout-là.
Si t'en connais un jeune,
fais juste écouter ce bout-là.
Parce qu'à 15-16, c'est ça que tu veux.
Tu veux être un criminel, tu veux faire du cash, tu veux vendre de la dope.
Puis après ça, remets-y le bout
tout ce qu'il a dit pendant deux ans, qu'il dormait dans le métro,
tout ça, parce que
50 Cent, t'es un rapper
aux États-Unis.
C'est pas la réalité.
À un moment donné, il faut que le monde,
les jeunes, il faut qu'ils arrêtent de penser
que c'est cool à 14-15.
Faire 500 piastres par jour à 14-15.
Tu disais, je ne sais pas c'est quoi travailler 40 heures semaine.
Tu le saches, quand tu es sur une run,
tu ne travailles pas 40 heures semaine.
Tu travailles 80, 90,
100 heures semaine.
Si tu travaillais sur une job légale,
aux mêmes heures que tu fais sur une run,
tu ferais plus d'argent que quand tu es sur un
esti de coin de rue.
Les jeunes, c'est ça qu'ils ne comprennent pas.
Oui, tu fais 1000 piastres par jour.
Oui, mais Chris, tu travailles 16 heures
dans ta journée. Tu travailles tout le temps
quand tu es là-dedans et que tu es en bas de l'échelle.
Ce n'est pas toi qui le fais le cash.
C'est le gars qui est en haut.
Tu penses que tu en fais, Chris ne t'en fait pas.
C'est sûr.
Dans ces années-là, on parle 2005,
centre-ville de Montréal, 15-16 ans.
2005, 2006, 2007, 2008,
c'était pas mal les ranges que j'étais dans le centre-ville.
La police, le poste, ça fait longtemps,
le poste 21, je pense, centre-ville, peu importe.
Ça ne m'a pas gêné. Il arrivait, il me voyait dans le poste, ça fait longtemps, le poste 21, je pense, entre-villes, peu importe, t'as pas gêné, là. Il arrivait, il me voyait dans le métro,
tout de suite, il me pognait,
il me plaquait dans le mur. Ouais, qu'est-ce que tu fais ici?
Ah, bien là, tranquille,
tranquille. Là, il me disait, décolle-lisse
avant qu'on te pète,
comme qu'on a pété les, je dirais pas le mot,
parce que c'est raciste. Il me disait carrément ça,
il me disait le N-word, décolle-lisse avant qu'on te pète
comme qu'on a pété eux autres.
Ils pognent ma casquette. Dans ces années-là, c'était des casquettes de baseball.
C'était la mode. C'était les palettes droites.
Les palettes droites.
Ils pognent ma palette.
Ils m'enlèvent mon collant. Ils me la remettent sur la tête.
C'était le même.
C'était rough.
Parce qu'ils savent que t'as pas de recours. T'as pas rien.
T'es dans la rue.
Combien de fois que les policiers m'ont poigné,
moi, souvent, j'allais me statcher au parc
ou que le cart de basket,
en sortant du pont Jacques-Cartier,
tu as un cart de basket.
Oui, je sais exactement.
Je me stachais là, je faisais mes clients tranquille.
À un moment donné, il y a de la police
qui est arrivée là en Bessique.
Nous autres, on était assis sur du gazon.
J'avais mon sac à dos à côté de moi
avec mes pistes en dessous de mon sac à dos.
Crise d'épée.
J'avais laissé mon sac ziploc en dessous de mon sac à dos.
Puis là, la police, elle arrive en B6.
Elle dit, « Ouais, qu'est-ce que vous faites ici?
Vous n'avez pas le droit de flâner ici.
On vous demanderait de vous lever et partir. »
Moi, je ne veux pas me lever.
C'est pas que ton sac.
J'ai pris l'affaire en dessous de mon sac.
Mais tabarnak, ils ont trouvé mes affaires.
Qu'est-ce qu'ils ont fait, le gars?
Ils ont pris mon stock. Ils ont pris mon argentaires. Qu'est-ce qu'ils ont fait, le gros? Hein? Ils ont pris
mon stock, ils ont pris mon argent,
ils m'ont délodé, big, ils ont pris mon stock,
ils ont pris mon argent, ils ont pris mon téléphone,
ils ont enlevé la batterie dans mon téléphone,
ils ont gardé la batterie, ils m'ont donné mon téléphone,
ils m'ont dit, arrange-toi avec ton boss. Salut.
Ça, c'est arrivé trois, quatre fois, là.
Tu sais, en même temps, j'ai été
chanceux
dans ma malchance parce que je préférais
avoir une dette à mon boss
que de rentrer en dedans et pogner une sentence
pour trafic-possession, si on va se le dire.
Mais c'est ça.
J'en ai vu de toutes les couleurs dans le centre-ville, man.
C'est comme wrong.
Fuck off, j'approuve.
Zéro, j'approuve ce qu'ils ont fait.
Mais en même temps, je me dis, c'est peut-être
une façon de
donner un coup de pied dans le cul.
Yeah, man. Là, t'as une dette.
Décolle-le-donc. T'écris, je te laisse une chance.
– Carrément. – Tu sais, peut-être, c'est pas la meilleure
façon, mais à un moment donné, il aurait fait quoi?
T'aurais arrêté,
tu serais ressorti, t'aurais repris un rond.
Fait que tu sais, je sais pas c'est quoi leur mentalité.
– Ou c'est parce qu'ils en ont trop à régler et qu'il y a des pochers
à toutes les coins de rue et que s'ils arrêtent tout le monde,
ils vont rien que faire ça de leur journée.
Ils arrivent au poste et disent « Ah, j'ai trouvé ça,
mais il y avait juste du produit, pas d'argent. »
Peut-être qu'ils le gardent.
Peu importe.
Je fabule, mais je l'ai déjà vu.
C'est ça, man.
Je rentre en thérapie
et méchant coup de marteau d'en face parce que. Je rentre en thérapie, puis là, méchant coup de
marteau dans la face
parce que là, je me rends compte que la vie, c'est pas ça.
Puis je pleure, man. Puis je parle
avec mon intervenant. Mon intervenant, man, s'appelait
Rocky. C'était un gars de Schlager Maisonneuve.
Lui, ça fait des années qu'il travaille à cette thérapie-là.
Chris de Bongo, en plus.
Puis il parle avec moi, man.
Puis il se voit en dedans de moi.
Puis il écoute mon histoire.
Ça le touche.
Je le vois que ça le touche.
J'ai pris beaucoup de conseils de ce gars-là.
Je pleurais.
Je me rendais compte que la vie, ce n'est pas ça.
La vie, c'est d'avoir un appartement.
C'est de payer des comptes.
C'est d'avoir une famille.
C'est d'avoir des projets.
C'est d'avoir des rêves.
Avoir un avenir.
Une chose que je n'avais pas.
Je n'avais même pas de rêve.
Je ne savais même pas ce que je voulais faire dans la vie.
Ce n'est pas drôle.
18-19 ans, tu ne sais même pas ce que tu ne veux pas encore.
Tu ne vivais pas.
Tu n'as jamais vécu.
Tu te survis.
C'est ça.
Carrément.
Tu ne peux pas planifier un avenir.
Tu ne peux pas avoir des rêves quand tu survis dans la vie.
C'est ça.
C'est impossible.
Cette thérapie-là a mal fini.
Je vais t'expliquer pourquoi.
Parce que là-bas, à toutes les mardis il y avait des morning
des morning c'est
dans un gymnase
là-bas on était 140 gars
c'est 140 gars dans une même pièce
quand c'est le temps de faire le morning
excuse moi, quand c'est le temps de faire le morning
la personne concernée se met
devant les 140 gars
les mains devant toi
t'as pas le droit d'être comme ça
parce que comme ça, tu es fermé.
Tu es fermé.
Il faut que tu restes ouvert.
Toutes les gens ont le droit de dire ce qu'ils pensent de toi.
Qu'est-ce que tu as fait de pas correct cette semaine?
Ils te rentrent dedans.
C'était beaucoup pour moi.
Je me suis fait rentrer dedans.
J'ai entendu plein de choses
que je ne voulais pas entendre nécessairement.
Mais en même temps, ça m'a fait du bien parce que ça m'a fait réaliser que je n'avais pas une vie normale.
La thérapie, j'allais vraiment en pris comme un arrêt d'agir.
J'ai réfléchi.
De cogiter même sur ma vie.
Je n'avais jamais pris le temps d'écrire sur une feuille ma vie.
Jamais.
Là, ils ont commencé à semer une graine en dedans de moi.
Mais ce n'était pas assez.
Parce qu'il y avait du trafic de stéroïdes dans cette thérapie là
moi j'ai jamais fait de stéroïdes ma vie
je suis jamais vraiment entraîné
non mais c'est vrai je suis aucunement
bif là
il y avait du trafic de stéroïdes
puis il y a quelqu'un à un moment donné qui m'avait dit
hey Ben
si jamais t'en veux
comment ça t'entraîner je peux t'arranger ça mais quand cette personne là m'avait dit, « Hey, Ben, si jamais t'en veux, commence à t'entraîner, je peux t'arranger ça. »
Mais quand cette personne-là m'a dit ça,
elle a dit ça dans le gym
et il y avait huit personnes alentour de nous autres.
Le lendemain,
moi, on m'appelle dans le bureau
et on me dit,
« Qu'est-ce que tu peux acheter, montant X,
pour, mettons,
qu'est-ce que tu peux acheter pour un cycle
pour 80 $, mettons. » moi, je comprends pas, là.
Je suis comme, de quoi tu parles?
Là, il me dit, arrête. Il me dit, si tu me dis pas,
tous ceux qui prennent des stéroïdes,
je te calisse dehors.
On est le 22 décembre,
elle arrive.
Et moi, je comprends,
mais tu sais, la matin, je me dis, moi, j'ai pas rapport là-dedans,
j'en fais pas, j'en vends pas,
je m'entraîne même pas, tabarnak. Pourquoi tu me demandes ça?
Mais la personne
qui a été voir les intervenants, parce que c'est un milieu
de beaucoup de snitchage
pis tu sais, de...
C'est juste ça, là.
Fait que...
Ils sont prêts à rébaisser le monde pour se remonter,
pour avoir une meilleure estime d'eux autres, tu sais.
Fait que moi, je continue
à dire, moi, je sais pas de quoi tu parles.
Tu dis, je vais te mettre dehors si tu ne me dis pas.
Moi, dans ma tête, je me dis,
les gars qui prennent ça, c'est des gars carcérales.
C'est des gars que...
C'est le juge qui a décidé de les mettre en thérapie
pour, après ça, les évaluer
pour leur donner une sentence.
Souvent, ça atténue la sentence
quand tu fais une thérapie avant.
C'est pas vrai que je vais snitch
c'est pas vrai que je vais ouvrir ma gueule
que je sais pas grand chose
je sais qui le vend
moi je suis là volontaire
moi j'étais là volontairement
c'est pas un juge qui m'a pris
mon choix était facile
j'ai dit mange la marde je m'en vais
tu comprends
personne qui est venu me chercher mon livre, elle m'a pris
puis je suis parti
je suis retombé dans le même pattern
j'ai rien réglé dans le fond, j'ai juste pris une pause
ils ont semé une graine en dedans de moi
mais pas assez pour faire faire mon champion
elle a semé mais elle a pas germé
c'est ça
ça continue de même
puis là
je suis rendu à 20 ans peut-être 19-20 ans dans ces ranges-là.
Je continue à faire du crime.
Je fais ce que je fais le mieux.
Je recommence, je repars une run.
Je tombe un peu aussi dans le milieu de la fraude.
Tout ce que je parle, c'est important que je le dise.
J'ai été arrêté pour.
Moi, j'ai 99 chefs d'accusation à mon actif.
J'ai six sentences de fait, trois thérapies de fait.
Tout ce que vous entendez, c'est important que le monde le sache.
Je ne parlerai jamais de quelque chose qui pourrait m'incriminer ou quoi que ce soit.
J'ai payé ma dette à la société.
Aujourd'hui, je ne sais pas ça ou autre chose.
C'est important pour moi de le dire.
Mentionnez que ta dernière incarceration date de 2019.
Oui.
Ça fait cinq ans. Ça fait cinq ans que je suis de 2019. Oui, oui. Donc, ça fait 5 ans que...
Ça fait 5 ans que je suis tranquille, moi.
Parfait.
Ça fait 5 ans.
Fait juste qu'on le mentionne,
justement, que les gens comprennent un peu plus.
Oui, oui, c'est important.
On va s'y rendre,
mais juste avec ce que tu viens de dire,
je trouvais ça important de mentionner que...
C'est ça.
Fait que, c'est ça.
Je recommence mes affaires,
tombe dans la fraude un peu,
rencontre du monde qui sont dans le milieu,
commence à faire de la fraude,
puis là, je commence à devenir un esti de chien sale en v comme j'ai pu d'émotion j'ai pu de sentiments je
prête à frauder n'importe qui pour faire de l'argent puis je m'inscris je capable de faire
deux trois mille en 30 secondes le guichet il pas trop long le sacre à chanck 500 ça va vite là à
quel avis est belle fait de l'argent on croche le monde parce que le camp se fait de la fraude
faut pas que tout le disait que tu crosses du monde parce que là, quand tu fais de la fraude, il ne faut pas que tu oublies de dire que tu crosses du monde, parce que le gars que tu fraudes,
premièrement, tu scrappes son nom.
Mais tu sais, quand tu es jeune, tu ne penses pas à ça,
tu ne veux pas du gain, tu ramasses, tu t'en calisses,
tu ne penses pas à ça. Aujourd'hui, c'est
différent. Par exemple, aujourd'hui, je ne serais pas
capable de faire ce que je faisais quand j'avais
20 ans, 21 ans. Je ne serais pas capable
de garder quelqu'un dans les yeux et dire,
« Hey, mon chum, tu veux faire de l'argent? »
« Vendre ta salade. » Pis qu'après ça,
Chris, tu le sais, dans le fond de toi, que tu scrappes son nom
pis que cette personne-là va peut-être
avoir de la misère plus tard.
Parce que dans la vie, un crédit, c'est tout.
Tu veux une maison? Tu veux un crédit. Tu veux un char
au financement? Tu veux un crédit. Tu veux des meubles
chez Brouillard-Martineau? Tu veux un crédit. Tu veux un logement
à Star? Tu veux une enquête de crédit?
C'est important. Mais si tu savais comment que je
regrette tout ça,
toutes les
vies des gens que j'ai pu scraper
à cause de mes fraudes,
pas drôle, man.
Pas drôle, man. Je suis content de t'entendre dire ça.
C'est drôle.
Je ne sais pas si ça traverse la caméra, mais
je sens tellement ta sincérité, man.
Man, si tu savais, man.
Puis en tout cas, tomes dans la fraude,
puis là, ça dégénère.
Je veux juste aller un peu chronologique.
Dans le fond, quand tu es sorti de thérapie,
la première fois que tu as été arrêté
après la thérapie, c'était pour quoi?
C'était-tu pour du faux billet ou c'était pour du trafic?
C'était pour des faux billets.
C'était pour des faux billets.
À Gaspésie.
À Gaspésie.
Ça, c'était la première fois...
Que je me suis fait pogner pour de la monnaie contrefaite.
Donc ça, c'est la première fois que tu te retrouves en prison.
Oui.
Majeure.
Majeure.
Première fois.
Sentence.
Sentence bonbon.
T'as quoi?
Bandit fin de semaine.
Trois mois.
OK.
Une joke.
Parfait.
Une joke.
Juste assez pour voir comment ça se passe
à Bordeaux. Je rentre à Bordeaux.
On parle
de
2011,
2012,
si on parle.
En tout cas, ce n'est pas clair.
Je suis désolé pour les dates,
mais j'ai tellement de sentences que j'ai tellement
de la misère. Les années les années c'est pas important
c'est juste d'aller
chronologiquement
pour savoir un peu
ta première sentence
c'est comme la première
comment tu l'as vécu celle-là
mort de rire
je suis au
festival du banditis
je me fais plein de connexions
je me valorise là-dedans et je prends ça comme Je suis au festival du banditisme. Je me fais plein de connexions.
Je me valorise là-dedans.
Je prends ça comme une joke.
Je suis tout le temps gelé.
Je fais un petit pot à côté.
Dans ces années-là, la cigarette était légale.
C'était le fun.
C'était bien cool.
Les portes ouvrent à 7h le matin.
Ils ferment à 9h-10h le soir.
Moi, j'étais avec plein de criminels et tout ce que je voulais,
c'était de me faire aimer
parce que j'avais fait aimer.
Je voulais me faire valoriser.
Je voulais me faire des amis.
Je voulais monter des échelons.
J'étais prêt à faire n'importe quoi
pour avoir un minimum de respect.
Tom, là, je fais mon petit trou.
Moi, j'étais dans le G à Bordeaux.
Dans le G à Bordeaux,
je ne sais pas si tu connais un peu,
le G à Bordeaux, c'est un des coins les plus roughs à Bordeaux. Le le G à Bordeaux, je sais pas si tu connais un peu, le G à Bordeaux, c'est un des coins les plus
roughs à Bordeaux. Le G, c'est des...
T'as 16 wings,
de G1 à G8, côté droite,
côté gauche, dans une 16 wings. Dans
ces wings-là, t'as pas de caméra.
Fait que j'ai pas besoin de te dire que
les batailles, le poignardage,
tout ce qui se passe,
y'a personne qui vaut rien, même le gardien
quand il est dans la guérette,
il n'est pas souvent là.
Quand il est là, il ferme les yeux.
C'est un milieu très dangereux, très hostile,
très gang de rue aussi.
Le G à Bordeaux, c'est réputé pour ça.
C'est gang de rue à côté.
Mais moi, je veux dire, je n'ai pas de problème avec les gangs
parce que je n'en fais pas partie
je suis un indépendant
j'ai tout le temps fait
mes affaires indépendamment
j'ai jamais fait partie
d'un gang de rue
ou quoi que ce soit
ça aussi c'est important
de le dire
fait mon trou au mot
quand même
tu sais
je passe entre
le mur et les peintures
tu sais ouais
parce que tu sais
je suis pas très gros
je suis timide
tu sais
c'est mes premières sentences.
Je ne connais pas grand-chose.
Je fais mon petit trois mois, je sors.
Personne ne te fait de la marde, tu ne fais de la marde à personne.
C'est ça. J'ai mangé une table, ça aille.
OK.
Je vais t'expliquer. Je ne suis pas gêné.
Quand je suis rentré dans le G7 droite,
c'était contrôlé par des gars de bleu.
À part ça, ça super correct les gars
la table j'ai mangé sous l'oreille à la limite
j'en méritais
dans le fond c'était le matin
il était peut-être 8h je venais de rentrer dans Wing
puis en dedans les gars mettent des bas dans la porte
pour pas faire claquer la porte
parce que ça réveille le monde
puis là on me call en meeting
je rentre dans une cellule
il y a genre 6 gars, c'est les 6 gars du comité sont tous gros, des mastodontes.
Moi, je suis un peu intimidé, je suis comme, qu'est-ce qui se passe, tu comprends?
On me dit les règles à wing, moi, il n'y a pas de problème,
je cherche la tête que j'ai compris, mais en sortant, je claque la porte,
il n'y avait pas de bon apport.
Ils viennent de me dire, man,
de ne pas claquer la porte.
On en a parlé,
si tu m'entends, c'est le premier épisode que tu regardes
du podcast, c'est quelque chose qu'on a souvent parlé
et juste pour expliquer,
je sais que pour les gens qui écoutent souvent,
c'est répété, mais il y a des gens qui peuvent
commencer le podcast pour la première fois ici.
Les wings, dans le fond, c'est ça.
La prison a ses règles.
La wing a sa règle.
Puis les règles de wing sont souvent
beaucoup plus strictes que les règles
de la prison.
Le claquage de porte,
c'est comme la règle numéro un.
Écoute, le trois-quarts
des gars, souvent, la première étape,
c'est la gueule qui mange. C'est à cause de ça.
Fait que là, il me dit, rentre dans la cellule.
OK, je rentre dans la cellule. Là, il me dit, t'as deux choix.
C'est soit tu prends le work list.
Un work list, pour le monde qui ne le savent pas, c'est faire du
ménage dans la wing. Ou tu prends une soufflette.
Moi, ma réponse a été tout de suite, donne-moi une soufflette.
J'en ai mangé toute ma jeunesse des soufflettes.
Je m'en calisse, donne-moi une tape sur l'oreille.
Je me place, paf, je mange ma tape sur l'oreille.
Je le regarde, c'est beau, je peux y aller.
Merci. Je sors. Je tiens la porte. Le gars, il a app ma tape sur l'oreille. Je le regarde. C'est beau, je peux y aller. Merci. Charles, je tiens la porte.
Le gars, il a appris vite
à tavernec.
C'est ça, man. Ça a passé dans ces trois mois-là.
À part la tape sa gueule pour un claquage
de porte, même qui était un peu gratuit, je trouve.
C'est les règles.
Puis, je veux dire, probablement qu'ils ont...
Il n'a pas été fort. Moi, t'as le dire, il aurait pu me crisser
une tape fort. Je pense qu'ils ont juste voulu
démontrer un peu, ils ont juste voulu démontrer un peu.
Ils ont voulu juste démontrer leur force.
C'est ça.
En même temps, les autres aussi étaient jeunes.
Ces gars-là, dans ce temps-là, ils avaient peut-être 24-25 ans.
J'étais un petit peu plus jeune.
C'est ça. Je sors dans le dents.
Je recontinue mes affaires.
Il n'y a rien qui m'arrête.
Je ressors. Je n'ai pas plus de mère. Je n'ai pas plus de père.
Je n'ai pas plus d'amis qui peuvent me prendre chez eux. je m'en allais poser cette question le ami n'est pas le premier qui pose
cette question le mais à ce moment là dans ta vie au dessus sur des amis non et sur qui tu peux te
fier un chum n'ont aucun ami des allons des. Ami, c'est un grand mot. Connaissance, ami de party.
Des chums, on en a tous.
Des amis, on n'en a pas beaucoup.
Non, je n'avais pas personne.
On n'en a pas des fois.
Je n'avais pas personne pour m'aider.
Il me disait, Benjamin, viens donc te replacer à la maison.
Viens donc, gars.
On va te trouver une job.
C'est une autre affaire, un autre message que je veux passer aux jeunes.
Les chums, tu en as.
Est-ce que tu en as des chums?
Ah, tu en as des chums.
Oui. Dans cette gang de chums-là,
t'as pas beaucoup d'amis, je te le confirme.
Non, on n'a pas.
Fait que c'est ça, man. Sors,
continue mes conneries, retombe sur une run
encore à Schlager Maisonneuve, mais plus
dans le coin de Adam, Bourbonnière,
ces coins-là, Maison de Chambly,
compagnie.
Fini encore dans un crack house à vendre de la droly, compagnie, finie encore
dans un crack house
à vendre de la drogue. Tout ce que je sais faire,
je vais que je vende de la drogue.
Ouais.
Ça n'a pas été facile. J'en ai vu
des affaires là-bas, man, à Schlager Maisonneuve.
John, si tu savais, des
soies aérées, man, c'est incroyable,
man, c'est traumatisant, man. Des fois, je dors, man, puis je pense encore à ça, man, des affaires que j, c'est incroyable. C'est traumatisant.
Des fois, je dors et je pense encore à ça,
à des affaires que j'ai vues.
C'est fou.
Tu parles de...
Est-ce que tu parles...
Du monde qui mangeait des volets,
des crises de la bonne volée.
J'ai vu des affaires macabres, le gros,
puis ça m'a traumatisé.
Même aujourd'hui encore, j'ai des séquelles de ça.
J'ai des images, des flashs.
Mais à cette époque-là, je comprends,
pour avoir justement parlé avec Diane,
qu'on mentionnait qu'elle a vu des choses comme ça en Colombie,
quasiment every day,
qui disait, sur le coup, c'est comme...
Puis il dit, aujourd'hui, il dit des fois,
il y a des choses, je me rappelle que je ne me rappelais pas.
Il dit, à chaque semaine, j'ai un nouveau flash.
Puis toi, à ce moment-là, quand tu vis
ces choses-là,
est-ce que tu le
endoles bien, dans le fond?
Oui, je réussis à dormir.
Je me dis que ce n'est pas ma situation à moi.
Je me dis que ça n'a pas rapport avec moi.
Oui, j'ai trouvé ça macabre.
J'ai trouvé ça dégueulasse.
Tu consommes-tu?
Un petit peu. Je fais un peu de speed.
Pas de crack. De temps en temps, un petit peu je fais un peu de speed mais pas de pas de crack
t'es pas
de temps en temps
un petit peu de coke
les fins de semaine
des petites clés
je suis pas un junkie
je pose la question
parce que des fois
ça aide
c'est wrong
ce que je dis
mais en même temps
quand tu vis ça
la dope des fois
ça aide à passer
à travers
ces images-là
ces affaires-là
je n'ai vu
des affaires de dégâts à l'asthme aussi.
Des fois, je fais comme...
Je dormais bien à cette époque-là.
Des fois, je pars dans ma tête.
Des fois, ça doit arriver.
Tu repenses à ces affaires-là.
Je ne file pas bien quand je repense
à tout ça.
C'est ça.
On retombe dans le trafic à Ashlaga.
Je me fais réarrêter
sur un coin de rue
avec une couple de pièces
sous moi,
mais pas sur une transaction,
mais pour une possession
en but de trafic.
On me remet à Bordeaux,
mais là,
je tombe,
je ne plaide pas coupable
tout de suite,
donc je tombe prévenu,
je tombe dans le B.
2013,
dans le temps
de l'opération Shark,
je tombe dans le B5
avec tous les membres
en règle
qui ont été arrêtés dans l'opération Shark, ils sont tous dans le B5 avec tous les membres en règle qui ont été arrêtés dans l'opération Shark.
Ils sont tous dans le B5.
Moi, je n'ai même pas rapport là.
On est peut-être sur, je ne sais pas, mettons 50 gars.
On est peut-être 8, 9 qui n'ont pas rapport avec eux, mais qui sont là pour faire leur sentence.
En attente de sentence parce qu'on est prévenus.
Je n'ai jamais vu une wing aussi propre.
J'entendais des mouches voler.
Je suis arrivé là tout de suite. Ce n'est pas comme les meetings des gars de gang dans le gilet salut c'est la main quand on a
besoin de quelque chose dans ce temps là la cigarette est élégant d'un paquet de cigarettes
le schéma ok je fais du monde sérieux les gars des frigides heures de maison ça pas des fric
d'art habituellement les fric de la de prison c'est des fricidaires. Habituellement, les petits frigidaires de prison, c'est des petits frigidaires de motel.
Les autres,
il y avait trois gros
crises de frigidaires
même dans Wing.
Les gars avaient
les laptops même
dans les cellules
pour travailler
sur leur procès.
Puis,
je suis tombé là.
C'est le meilleur temps
que j'ai fait
dans toute ma vie.
C'est avec ces gars-là.
J'ai fait six mois
avec eux.
Après ça,
j'ai eu ma sentence.
Je suis retransféré.
Je suis tombé dans le G
à Bordeaux,
dans la jungle
avec tous les gars de gang.
Là, c'était un autre vibe là, complètement un autre vibe
tu sais, je
sûrement que des gens vont faire, hein, tu sais, comment ça
faut que
les gens qui connaissent pas ce milieu-là
comprennent une chose, quand t'as une patch dans le dos
quand t'as ce qu'on appelle un full patch
on nomme pas de groupe à rien, mais je pense que tout le monde
comprend, quand t'as une full patch
t'es ce qu'on appelle un criminel de carrière
pis les criminels de carrière qui ont une patch
dans le dos, c'est pas des craquettes
c'est des criminels
de carrière
et c'est des gars souvent
brillants, c'est des gars qui ont fait
du chemin et c'est des gars
en général qui ont
beaucoup d'argent, c'est des gars
qui ont des familles, c'est des pères c'est des gars, en général, qui ont beaucoup d'argent. C'est des gars qui ont des familles, c'est des
pères, c'est des gars...
Les gens ne s'attendent pas à ça, mais à quel point
les gros criminels,
je ne sais pas, en avoir côtoyé
plusieurs, c'est des
gars tranquilles. OK, si ça a pété, ça a
pété. Si ça se bat, ça se bat, puis c'est
criss. Je te jure qu'un gars qui a une patch
dans le dos, il sait comment donner un coup de poing
sur ailleurs, je te le confirme.
Mais c'est ça, tu vas voir,
ces gars-là, ils n'ont pas rien approuvé.
Exactement, ils n'ont plus rien approuvé.
Ils ne sont pas là à jouer à ça,
à donner des tapes sur ailleurs.
Ils ont d'autres choses à gérer.
C'est sûr, si tu claques ta cellule,
tu claques ta potte,
tu vas te le faire dire.
Tu n'aurais peut-être pas eu une soufflette la première fois,
mais ils vont t'avertir une fois, la deuxième fois.
Là, tu vas...
Mais ce n'est pas le gars qui va...
Il y a quelqu'un qui va venir te voir.
Ce ne sera pas un ou deux autres qui vont venir te voir.
Ça va être un des huit qui n'est pas patché
qui va venir te donner ta tête.
Ce ne sera pas eux autres.
Ils ont d'autres choses à faire que ça.
Juste pour que les gens comprennent cette mentalité-là,
cette criminalité-là, c'est complètement autre chose.
C'est un autre layer. Ces gars-là, sans parler d'eux autres, parce que moi, je n'ai aucun rapport avec mentalité-là. Cette criminalité-là, c'est complètement autre chose. C'est un autre layer.
Ces gars-là, sans parler d'eux autres, parce que moi,
j'ai aucun rapport avec ces gars-là, sauf que
ces gars-là avaient des...
Comment je peux dire?
Pas des privilèges, avaient des droits
plus que les autres détenus, parce que ces gars-là
faisaient déjà peut-être 5-6 ans
qu'ils étaient là. Ils étaient en attente
de procès, donc les gros frigideurs, les gars ont travaillé
fort avec leur avocat pour les faire rentrer.
C'est normal en même temps.
Si tu fais un 10 ans dans un provincial,
c'est pas les mêmes
conditions qu'un pénitentiaire. Au PEN,
tu peux te faire cuire un steak,
t'as des poêlons, t'as des...
Encore une fois, c'est un truc
qu'on a mentionné souvent, mais c'est ça
pour que les gens comprennent, ceux qui le savent pas,
quand t'es en attente de procès, peu importe le crime que t'as fait, mais c'est ça pour que les gens comprennent, ceux qui ne le savent pas, quand tu es en attente
de procès, peu importe le crime que tu as
fait, si tu n'es pas condamné,
souvent tu vas faire de la prison longtemps,
c'est un gros crime, c'était énorme,
ça a été des années de procès
et de ce type de choses, tu es enfermé au provincial
tant que tu n'es pas déclaré coupable,
puis c'est ça, la détention
provinciale et fédérale, c'est vraiment
deux choses vraiment différentes, c'est ça, eux autres avec dese et fédérale, c'est vraiment deux choses vraiment différentes. Fait que c'est ça,
eux autres avec des avocats, puis leurs moyens, bien,
ils ont essayé de...
Puis en même temps, bien,
je veux dire, la prison
a tout à gagner à...
Les garder tranquilles. Les garder tranquilles, exactement.
S'ils décident, tu sais, c'est comme on disait,
c'est des gars tranquilles, tout ça.
S'ils décident de foutre la marde,
ils vont foutre la marde, c'est un moyen temps.
Il y a des gens qui peuvent dire
« Chris, ça n'a pas de sens, c'est des criminels,
c'est des tenants », mais il faut que tu comprennes que
une prison, ils ont du monde à gérer
en tabarnane, donc des fois, ils sont prêts
à courber les chines un peu pour
garder une certaine paix.
C'est pour ça qu'on a parlé
dans un des derniers podcasts que j'ai fait.
Le gars, il est rentré dans une wing, ça n'a pas marché.
Ils ont dit, tu le sors de la wing.
Ils n'ont pas posé de question. Ils l'ont sorti
de la wing.
Pourquoi je vais le laisser? Si tout le monde veut qu'il sorte de la wing,
on va le mettre ailleurs parce que
d'un, ça devient dangereux pour cette personne-là.
De deux, les gars vont griller.
Tant qu'à ça, ils gardent la piste.
Pour finir l'histoire, dans le fond, je sors griller, tant qu'à ça, ils gardent la piste. Fait que pour finir l'histoire,
dans le fond, je sors du B,
je m'en vais dans le G, là, c'est complètement une autre atmosphère, c'est plus gang-gang.
Tu sais,
j'ai rien contre les gangs, mais c'est complètement
une autre réalité, c'est une autre mentalité.
C'est ça, c'est différent.
C'est ça, man.
Fait que je tombe avec les gars de gang,
puis là, je fais peut-être 2-3 mois.
Moi, je n'ai pas rapport là.
Je suis un indépendant.
Ils veulent m'envoyer dans le E.
C'est un minimum.
C'est une wing de 180 détenus.
J'ai accès au gym dans le sous-marin.
Tout le monde ne sait pas.
Dans le fond, le sous-marin,
on appelle ça le sous-marin,
mais c'est le sous-sol du C et du E.
Chaque wing a un sous-marin.
Dans les sous-marins,
se trouvent les tables
de ping-pong, les tables pour jouer à des jeux
de société, les douches,
les TV anglais-français,
l'air commun, en fait. Le monde, ils vont fumer leur joint
là, puis tout, puis ils se ramassent dans le sous-marin.
Fait que je me ramasse
dans le E, dans une wing
pas mal plus, je te dirais
que je fit plus dans l'eau,
plus tranquille.
C'est average.
C'est du criminal average
de tout.
Je commence à travailler
à la cuisine à Bordeaux.
Je m'implique là-dedans.
Je commence à me faire des chums qui travaillent
avec moi à la cuisine de Bordeaux.
On fait la bouffe pour les 1200 détenus.
C'est cool. Ça me fait sortir de mon secteur.
La cuisine qui est probablement
le meilleur job à avoir.
Oui, la plus payante. La buanderie aussi,
mais la buanderie est un petit peu moins payante.
Tu manges mieux.
C'est moins le fun. Je veux dire, la cuisine
est plus le fun que la buanderie.
Oui, et tu manges mieux parce qu'à Bordeaux, tu as deux menus.
Tu as le menu pour les gardiens
et tu as le menu pour les détenus.
Quand tu travailles à la cuisine, t'as accès aux deux menus.
Fait qu'on mange mieux.
On va pas se surprendre que
les gardiens mangent beaucoup mieux que les détenus.
Fait que t'sais, on mange mieux,
pis moi en même temps, ça me faisait sortir de la wing,
pis tout.
Fait que, je travaille
à la cuisine à Bordeaux,
pis bon,
il commence à me faire des amis et tout.
J'avais un ami,
Ristin Peace, Tido.
Tido, il est mort aujourd'hui.
Il est mort à la prison de Bordeaux.
On va en venir à ça.
Tido, c'était un gars qui était un peu de ta shape,
même un peu plus gros.
Un bon pipey,
un bon vivant,
un gars avec des bonnes valeurs.
Il avait fait beaucoup de pénitentiaires
dans sa vie.
Mais tu voyais que c'était un bon gars.
Cœur à bonne place. Cœur à la bonne place.
Cœur à la bonne place, communauté blanche, protecteur de son monde, protège les plus faibles.
Communauté blanche, tu as dit?
Oui, parce qu'à Bordeaux, tu as communauté blanche et tu as communauté ethnique.
Le comité ethnique va gérer tout ce qui est noir, latino, peu importe,
les ethnies.
Puis, tu as le comité blanc, qu'eux vont gérer
les blancs. Fait que s'il y a un blanc qui veut
chrisséne voler à quelqu'un
d'un ethnie différent, il va falloir
qu'il passe par le président ethnique
pour demander un deux minutes dans une cellule
pour régler le problème. Ça demande, ça se passe.
Si tu ne fais pas ça,
tu vas être dans la merde. Il y a des règles
à suivre. Il faut que tu suives les règles.
C'est pour ça que je voulais que t'en parles, parce qu'on parlait des règles
tantôt, pour que les gens...
Mais tu sais, les règles, en dedans, il y en a plein. T'as pas le droit
de pisser. Tu peux pisser, mais tu flushes pas après 11h
le soir. Tu flushes pas avant 11h le matin.
Fait que si t'as un numéro 2, fais caca,
mais tu as de quoi sur ta toilette, pas que ça sente.
Parce que ton coloc, il a pas envie de la sentir,
ta merde. On claque pas les portes. Le silence dans Wing avant
11h, ça c'est important, le silence, on le veut. Souvent, quand tu vois des nouveaux
détenus qui rentrent, claquent les portes, ça parle fort le matin, ça le font dire.
Avant 11h, c'est le silence. Il y a des règles.
Le vol.
Le vol. Écoute, moi j'ai été président d'Unwing pendant un an,
mais ça va être plus loin dans ma sentence.
On va en reparler.
Des soufflettes, j'en ai données, j'en ai mangé.
On revient à Tito.
Tito,
il est mort d'un overdose
un matin.
Je me réveille.
Je m'en vais le réveiller dans sa cellule
parce qu'il est 6h15. Habituellement, à 6h, il y a de bout.
On est supposé marcher ensemble pour aller à la cuisine.
Je me rends compte qu'il n'est pas sorti.
Je cogne.
Je ne bouge pas.
Je cogne plus fort.
« Tito! Tito! »
Je ne bouge pas.
Je rentre dans la cellule.
Je le touche. Il est fret.
Je pars à pleurer.
Les larmes me coulent.
Je capote. Je crie.
Gardien! Gardien!
Tito est mort!
Tout le monde l'aime, Tito.
Tous les gars qui travaillent à la cuisine,
ils sont tous abasourdis, ils sont tous sur le choc.
Quand ils ont essayé de réanimer Tito,
il a chié des plugs.
C'est fou, même.
Ils ont essayé de le réanimer.
Les plugs, ils ont sorti.
Ils ont trouvé des balances, des téléphonesimer. Les plugs, ils ont sorti.
Ils ont trouvé des balances, des téléphones.
Ils ont trouvé, ils ont tous ces atidos.
L'atido, il y avait un petit gars de 15 ans.
Puis, je le sais, il m'en parlait souvent de son gars.
Son gars, c'était donc important pour lui.
Puis, il ne l'avait pas vu souvent.
Il ne l'avait pas vu beaucoup,
parce qu'il avait fait beaucoup de pénitentiaires.
Puis, quand il est mort,
on a réussi à ramasser un fonds pour son gars. Tous les détenus,
sans exception, on a tous envoyé un montant
dans un compte environnement interact
pour nous donner ça à la famille quand il est mort.
On a fait un funéraire
parce qu'en haut de Bordeaux,
t'as la grosse messe.
Toutes les wings de tout Bordeaux
se rejoignent toutes avec des escaliers
puis on peut tous se rejoindre en haut à la messe.
Fait que, quand
on a fait
les cérémonies pour ces funéraires, dans le fond,
on savait ramasser tous les amis
de la cuisine, tous les gens proches qu'on aimait
Tidot, on s'est tous ramassés dans la wing.
Fait qu'on a perdu Tidot
de même, puis deux
semaines après,
ça c'est fou, deux semaines après, ça, c'est fou.
Deux semaines après, il y a eu un autre mort.
Moi, j'étais dans le E,
c'est trois étages, OK?
Je suis D-3-29,
qui est dans le fond de la wing,
environ. Je suis avec mon chum,
on filme des plombes dans la cellule.
On rit, on jase.
Là, on entend un paf!
Mon chum sort de la cellule
on entend du monde crier au mur
aaaaaah
comprend pas
mon chum check en bas
il vient de comprendre qu'il y en a un qui s'est pitché en bas du troisième
moi
curieux comme je suis, c'est sûr
c'est quoi qui se passe
il me bloque dans la porte
il dit, regarde pas je te le dis Ben, man? » Il me bloque dans la porte. Il dit « Ah, regarde pas. »
Je lui dis « Ben, regarde pas. »
Deux secondes après, dans l'intercom,
« Tout le monde en bas, dans le sous-marin! »
Les gardiens calent la shot, veulent qu'on aille en bas
dans le sous-marin. Sûrement que le temps que le coroner
vienne nettoyer la scène de crime
pis tout, qu'il y ait un enquête qui se fait.
Dans le fond,
il s'est pitché,
il s'est suicidé, le gars. Il s'est pitché il s'est suicidé le gars
21 ans le jeune
c'était une sentence
2 ans moins un jour
il était pas là pour 20 ans
il restait en bas de 2 ans
le gars s'est pitché
il a laissé une lettre de suicide sur son bureau
pis il disait comme quoi sa femme l'avait laissé là
pis que ça il pouvait plus vivre pis ça avait
pitché mais quand il s'est pitché là il est tombé dans le caille en fonte à bordeaux t'as deux cailles
t'en as un dans le fond de la wing t'en as un dans le début de la wing le monde qui ont été à bordeaux
ils savent très bien de quoi je parle il y a deux cailles en métal dans le C aussi je sais pas si dans le C
ils les ont encore mais ça a l'air qu'il est tombé dans le caille fait qu'il a passé là pis il a fait la passoire
dans le caille
il y a de la boue de serviette
c'était complètement dégueulasse
sûrement que les personnes qui étaient en bas
qui l'ont vu tomber aujourd'hui sont encore traumatisés
de ça
mais ce qui était fucké cette journée là
c'est malgré le suicide qu'il y a eu
c'était la fête à Mike Penn
le président du E, côté Nîmes.
Il fêtait, je pense,
je ne vais pas dire n'importe quoi,
mais en tout cas, peu importe.
C'était sa fête,
puis on était tous dans le sous-marin
parce que les gardiens nous avaient mis là.
Puis il avait roulé, exemple,
45 joints pour ses 45 ans.
Puis lui, il ne fume pas.
Ça fait qu'il les a donnés à toute la population.
Les deux tables de ping-pong,
il était rempli de peanuts, de bonbons,
de chips, de liqueurs. Un homme, il fêtait sa fête fait qu'il les a donnés à toute la population. Les deux tables de ping-pong étaient remplies de peanuts, de bonbons, de chips, de liqueurs.
Un homme, il fêtait sa fête pendant qu'il y avait un mort en haut.
Complètement insensé.
On a fumé, mon homme.
On s'est défoncé la face.
Ça sentait le gros pot dans la wing.
Les gardiens calaient dans les micros.
Ouvrez les fenêtres, ouvrez les fenêtres, faites arrêter.
Le monde dit, mange la mort.
Le monde criait au meurtre. Le monde était en état pas drache ça faisait deux qu'on perdait même pas un mois des
rayons on n'en voulait pas dans wing des esties drague de mâles c'était clair et
net c'était une règle du secteur aucune héroïne aucun smack aucun dérivé
des rayons ont senti fantanilleils et cochonnerie le médal tant à
fanta nils avec ses amours est présent ça existe et peut-être mais moi je connaissais pas sûr mais
c'était l'héros petit do il est mort de 9,2 0 puis longtemps on a cherché à qui qu'il avait
pris ce pays de où ça venait mais très comme tu as dit quand il y a c'est de l'animé s'il ya des
blogs qui sont sortis c'était peut-être lui c'était probablement lui en fait pour ceux qui je voulais pas te couper
tantôt là dedans mais pour que les gens qui ont pas dans le fond quand ils ont essayé de le réanimer
quand tu as dit il a chié des plogues littéralement donc des plogues il y avait de la drogue insérée
là où habituellement ça sort c'est ça fait qu'en poussant ben la pression d'un corps inerte ça fait
que ça sort j'ai perdu cette journée, j'ai perdu un bon chum
parce que ce gars-là, j'aurais gardé
contact avec lui en sortant parce que c'était
tellement un bon gars. C'était un gars de cœur.
– On parlait d'amis tantôt. Ça n'aurait été
un. – Oui, ça n'aurait été un parce qu'il était juste.
Puis il est comme moi. Moi, je protège tout le temps les plus faibles.
Tu sais, on va en revenir plus tard, mais j'ai été
président d'un wing, pas parce que j'étais gros
puis j'étais fort. Non, parce que je sais bien
m'exprimer. Je suis capable de faire mes demandes
à des gardiens, je suis capable de gérer des gars
puis leur expliquer intelligemment que, regarde,
ça c'est pas correct, faudrait faire ça de même.
Puis on m'avait mis porte-parole de la wing.
Mais tu sais,
c'est ça. Fait que là, il est arrivé ça,
l'autre qui s'est suicidé,
là ça l'avait mis de la pression dans la wing,
on avait vécu beaucoup
d'émotions là, ce mois-là, le monde bûchait.
À toutes les fois qu'il y avait un mort,
on bûchait d'ennui à partir de minuit
jusqu'à 2h du matin.
On bûchait 2h de temps.
Les gars pleuraient.
Moi aussi, je pleurais.
Quand je bûchais dans ma porte,
j'avais les yeux pleins d'eau, gros.
Je bûchais.
Je me disais, « Câlisse de la vie sale.
Ce petit système.
Un autre frère qui est parti.
Carrément.
Est-ce que c'est quelque chose qui t'a traversé l'esprit?
De me suicider?
J'y ai déjà pensé, gros.
Mais plus quand j'étais jeune,
plus vers 18-19 ans,
dans mes périodes d'itinérance,
où je dormais dans les métros.
Après être sorti de la DPJ,
ce fameux deux ans-là que tu as parlé.
Ça m'a effleuré.
Je l'ai déjà dit à mon mère, je voulais me suicider,
mais tu sais, j'étais jeune.
Ça m'a déjà effleuré l'esprit, ça.
Puis c'est ça, man.
Mais pas...
Excuse-moi, je te reprends.
Mais pas en dedans, parce que
en dedans, je t'écoute parler,
puis tu as dit que c'était pas un brag,
que c'était pas rien, puis je comprends,
mais le feeling que j'ai
en dedans,
t'es quand même bien, toi.
Oui. Oui, parce que c'est tout ce que je connais.
Mais tu sais, je le sens.
Je le sens parce que
t'as une structure, t'as...
T'sais, t'as un toit, t'as un repas, t'as une structure,
t'as du monde, t'as du soutien, t'as...
Oui. Oui.
Puis le soutien à Bordeaux, c'est le soutien des détenus,
pas le soutien de...
Dans le temps,
à chaque fois, pour tout le monde,
à chaque fois que tu fais une sentence, tu as un agent de probation
attitré à toi, puis tu as un élu.
L'élu, c'est un gardien.
Lui, il te regarde dans la wing.
Il t'évalue, puis il ne ira pas
à l'agent de probation.
Moi, toute ma vie, les agents de probation, je les ai vus comme des menaces.
Je les ai vus comme mes ennemis.
Je les ai vus comme des gens qui voulaient me mettre
des bâtons dans les roues. Mais en réalité,
Cédric, c'est des gens qui veulent mon bien.
C'est du monde qui va à l'école, qui apprenne
des choses pour m'aider dans ma vie.
C'est fucked up.
Mais ça, on va en venir plus loin. Je ne suis pas rendu
là par la tête dans ma vie.
Je ne comprends pas ça encore
moi je l'ai vu comme des menaces
c'est beau de voir l'évolution
quand tu me dis ça
j'adore ça
à cette sentence là, bon c'est ça
il y a eu les deux morts, puis la sentence a continu
puis là je décide de faire du trafic en Inde
je suis dans le E, je m'attiens avec les gars du comité blanc
puis là les gars
je peux le dire, je m'en crisse,
ça a passé dans le Journal de Montréal, ça a passé à la TVA Nouvelles.
Avant, le stock à Bordeaux rentrait par la buanderie.
Ça, tout le monde le sait, ça a fait les front pages du journal.
Aujourd'hui, ça ne marche plus, c'est des drones.
Tout le monde le sait, on en parle aux nouvelles, j'apprends rien à personne.
Mais dans ces années-là, c'était par la buanderie, ça rentrait,
les gars allaient dropper ça dans les bacs. Parce qu'il faut que les gens comprennent que la buanderie, ça rentrait, les gars allaient dropper ça
dans les bacs, parce qu'il faut que les gens
comprennent que la buanderie à Bordeaux
ont le contrat des hôpitaux.
Excusez-moi.
Ont le contrat des
hôpitaux alentours
de la prison pour laver les draps,
les jaquettes, puis les couches, puis
peu importe. Fait que les gars,
tu sais, sont pas niaiseux,
ils ont suivi le camion de buanderie.
Quand tu vas suivre un camion de buanderie,
tu sais à quel hôpital,
quel bac droppé,
comme ça, ça rentrait.
On faisait rentrer nos affaires de même.
J'avais du toc,
je passais mes affaires,
dans ce temps-là, je fumais un peu de pot.
Cette soirée-là, j'avais fumé un petit peu trop de potes dans ma cellule,
puis sûrement que le nightman, quand il avait fait le tour de son compte,
avait senti le pote chez nous.
Le lendemain matin, quand ils ont ouvert les portes à 7h,
il y a un nu, là, bien moi, je ne m'avais pas plogué cette soirée-là.
Je me suis dit, « Ouais, non, la vie est belle. J'ai juste 40 grammes de potes. »
Tu sais, ils étaient tous ses parents.
Puis il faut le dire, les grammes de potes à Bordeaux,
ce ne sont pas des grammes de potes.
C'est des 0.6.
C'est 100$ le 0.6.
Ça a peut-être monté.
En 2019, 0.6, c'était 100$.
Ce n'est pas un gramme plein.
Imagines-tu l'argent qu'ils font.
C'est 10 fois le prix.
Je ne sais pas.
C'est ça, il faut y aller nu.
On me pogne avec
40 grammes de cannabis dans les culottes.
Là, je me ramasse avec des
charges. Je me ramasse avec des charges
de possession en but de trafic en dedans
des murs. Là,
je la trouve plus drôle pantoute.
On me transfère, parce que le E, c'est
un secteur minimum, pis c'est
un nanane. Quand t'es là,
tu peux travailler, tu peux t'entraîner, t'as la belle vie un peu, t'es pas comme dans le G. Le G, c'est pas... C'est un nanane. Quand t'es là, tu peux travailler, tu peux t'entraîner, tu peux...
T'as la belle vie un peu, là.
T'es pas comme dans le G. Le G, c'est des petites
wings, c'est des wings de genre
10 cellules, 2 par cellule,
20 gars. L'atmosphère est vraiment
pas la même. Fait que, on me donne
des charges. J'ai eu 8 mois
consécutifs à ma sentence.
Fait que, moi, exemple,
je sortais en janvier,
ben, ils m'ont fait sortir huit mois plus tard, là,
tu sais, ça a été dur
moralement, mais même encore là,
moi encore aussi, j'étais ben,
pis peu importe où qu'on me mettait,
tu sais, je réussissais à m'arranger,
pis à m'adapter, pis je prenais
mon trou, tu sais, j'ai jamais été un gars, moi, qui prenais
de la place, premièrement, j'ai pas lâché
pour, pis tu sais, j'étais un gars qui est super smart dans la vie, je m'entends bien que tout le monde, là, tu sais, j'ai jamais été un gars, moi, qui prenait de la place. Premièrement, j'ai pas lâché pour. Puis, tu sais, j'étais un gars
qui est super smart dans la vie. Je m'entends bien avec tout le monde.
Tu sais, j'ai pas...
Je suis quelqu'un qui s'adapte bien.
C'est ça, man. Me fait sortir de là.
Pogne huit mois consécutifs. Fini
ma sentence dans le G.
Dans le G, tu sais...
C'est ça. C'est une wing
qui a pas de caméra. Plus gang.
Plus violence. Des batailles à tous les jours. Du monde qui se fait pogner. J'en ai vu. J'en ai vu. J'en ai wing qui n'a pas de caméra. Plus gang, plus violence. Il y a des batailles à tous les jours.
Du monde qui se fait poignarder.
J'en ai vu.
J'en ai vu.
J'en ai vu.
J'ai vu du monde sortir sur des civils
et se faire passer de tous les bords.
Pour des conneries, chum.
Pour des conneries.
Pour une partie de poker.
Un manque de respect à une table de poker,
ça finit à coup de pic dans une cellule.
Le monde est fou, gros.
Le monde est fou.
Le monde est prêt à tout pour le respect.
C'est complètement fou
mais dans ces années là
ça m'impressionne pas parce que je suis habitué
de voir la violence pis à la limite
je participe pas, pas que j'encourage
mais je suis spectateur
pis je trouve ça drôle
moi voir un gars se faire dégommer la tête à coup de tordeur
à ma jambe là, il y avait une couple
moi t'en comptes une
je suis dans une wing il ya un moment que lui
passe pas lui mais quelqu'un très pollue mon c'est tout que c'est à lui et une clique de
jeunes qui font partie d'un gang qui s'endettent pour un gros montant mais le monsieur lui c'est
pas le plus gros intelligent quand tout le monde par exemple mais c'est pas le plus gros. C'est un gars intelligent. Il connaît tout le monde, par exemple.
Mais c'est pas lui qui va rentrer dans une cellule brassée.
Mais non.
Les gars prennent ça pour acquis, sans dette.
L'envoi est chié.
On ne paye pas à toi.
Ah ouais?
Tu peux me payer?
Pas de trouble.
Le lendemain, il se faisait défoncer la tête à coups de tordeur à ma jambe.
Il est sorti de sa civière.
Les gars passent en mort pendant...
Ni vu, ni connu.
C'est fou, man. Niens pas avec eux autres. Il yest pas que ce monde qui peut niaiser dans la vie
du monde se pogne et ses semaines fini ma sentence d'alger je ressors je
retombe dans fraude quatre l'on est carte de crédit toutes
les choses que j'ai j'ai plein des coupables pour ceée, carte de crédit, toutes les choses que j'ai plaides et coupables pour ça.
Carte de crédit volée,
et ainsi de suite, pas de conscience,
je m'en fous, je pense pas au malheur
que ça peut faire au monde.
T'es dans le, excuse-moi de te dire ça,
mais t'es dans la mentalité de ton père,
me myself and I.
Ouais, me myself and I,
pis je me dis, je vais en colisse.
You know what, je serais même plus vivant à 30 ans, puis je me dis, je vais en câlisse. In a way,
je ne serais même plus vivant à 30 ans.
Moi, à 30 ans,
je vais être mort.
Moi, dans ma tête,
à 30 ans,
Cédric,
j'étais mort.
Je ne pensais même pas vivre à 30 ans.
Je ne pensais pas.
Je ne pensais même pas ça.
Tu imagines-tu
comment je voyais la vie, man?
Comment je me sous-estimais?
Comment je me voyais, man?
Je me voyais comme un moins que rien,
dans le fond, non, man.
Un déchet de la société.
J'étais juste un petit gars, man,
qui a eu une enfance fucking rough, dans le fond. J'étais juste un petit gars qui a eu un enfance fucking rough dans le fond.
En te parlant, je m'en rends compte parce que
je suis tout le temps voulu comme dire
c'était pas si pire mon enfance dans le fond.
C'est ça parce que ce que tu fais
en ce moment avec moi, c'est quelque chose que t'as jamais fait
de A à Z.
Même en thérapie.
En thérapie, je me suis jamais rendu à la fin d'une thérapie.
Je me suis toujours sauvé. J'ai jamais fini. Le plus longtemps que j'ai fait une thérapie, En thérapie, je ne me suis jamais rendu à la fin d'une thérapie. Je me suis toujours sauvé.
Je n'ai jamais fini.
Le plus longtemps que j'ai fait une thérapie, ça a été cinq mois.
Un mois avant, je suis parti.
J'ai dit ça, pourquoi?
Parce qu'en thérapie, habituellement, quand tu finis ta thérapie, tu fais un partage.
Tu partages ta vie de A à Z.
Moi, je ne l'ai jamais fait.
Je n'ai jamais vécu ça.
C'est ça je ressors, je retombe dans mes anciens
part-time, fraude, clonage
de cartes, cartes de crédit et tout
je reprends une sentence
mais là je m'en vais à Sorel
ils me donnent 18 mois de prison
fait que sur 18 mois
je fais un an, je fais deux tiers
moi le tiers j'ai jamais eu ça, j'ai jamais eu le droit
à un sixième, maison de transition
j'ai jamais connu ça, moi ils veulent pas m'en donner une maison de transition.
Je suis bien trop multirécidiviste.
Il faut que le monde comprenne que quand tu vois un agent de probation
et que tu demandes d'aller en maison de transition
ou dans une thérapie, il te cote sur cinq affaires.
C'est des facteurs de risque.
Antécédent, relation famille, emploi, amis,
puis il en manque un autre.
En tout cas, il y a quatre ou cinq affaires,
mais moi, je n'ai rien de ça.
Je n'ai pas de famille,
je n'ai pas de travail,
je n'ai pas d'enfant,
je n'ai pas d'amoureuse,
je n'ai pas de logement,
je n'ai rien, man.
Rien pour m'aider.
Tu as des antécédents assez…
À côté.
À côté.
Fait que c'est sûr que moi,
même si je vais au commissaire,
parce qu'à toutes les fois,
je m'essaye quand même,
je vais au commissaire de libération,
puis je vais de bonne foi,
mais je le sais que je n'étais pas sincère dans ces années-là.
Même en 2019, à ma dernière sentence,
quand j'ai voulu sortir à mon tiers,
puis que j'ai voulu demander,
je n'étais pas sincère.
J'étais tanné, mais pas assez pour être sincère.
Puis je n'avais jamais fait vraiment d'introspection
de ma personne encore.
Puis c'est des professionnels,
ils savent en esti quand tu n'es pas sincère. Écoute-toi pas qu'ils savent. Ils ont tout entendu, ils ont tous vu les fait vraiment d'introspection de ma personne encore. Puis c'est des professionnels, ils savent en esti quand tu es pas sincère.
Inquiète-toi pas qu'ils savent.
Ils ont tout entendu, ils ont tout vu, ils ont cette histoire.
Ils savent. Fait que, tu sais, déjà là,
avec leur tableau de cote, de risque,
de risqué, déjà là, je suis
très, à risque, très élevé.
Pas élevé, très élevé. Aujourd'hui,
je pense, ça n'existe plus très élevé, c'est rendu élevé.
Mais dans le temps, ça existait. J'étais à très élevé,
fait que tu peux oublier tout de suite les maisons de transition
tu peux oublier thérapie, mon homme
tu vas faire ton deux tiers, je suis sorti après
12 mois, quand j'ai été dans cette
sentence-là à Sorel, je suis tombé président
du C, pendant un an
parce que quand je suis arrivé
là, c'était mon chum qui était là
qui était président, puis lui
mon chum, c'est devenu mon chum
avec le temps, connaissance.
Puis ce gars-là a été libéré
puis il m'a donné le rôle de la wing
pour que ça continue,
ça a bien allé dans le secteur,
puis d'acheter la paix avec les gardiens
puis les détenus, puis moi, tout le monde me respectait.
Y a-tu une raison pour laquelle tu t'es retrouvé à Sorel?
Ah oui, parce que sur cette sentence-là,
j'habitais à Saint-Jean-sur-Cholu.
Je suis retourné vivre à Saint-Jean. Fait que, c'estlà, j'habitais à Saint-Jean sur le sol. Je suis retourné vivre à Saint-Jean.
Fait que, c'est ça.
Je suis retourné vivre à Saint-Jean. C'était
les premières années que je suis arrivé à Saint-Jean
parce que je suis resté à Saint-Jean sur le sol pendant 5 ans.
Fait que,
c'est ça, man.
Rerentre cette sentence-là
à Sorel. Mais là, c'est une garderie,
Sorel, là. Mais tu dis chef de wing,
puis tu sais, quand tu disais tantôt, tu faisais ça,
les gens te respectaient,
puis tout ça.
Je le faisais pour les gars. Moi, être président,
je m'en calais, ça ne m'amène à rien.
Mais comme tu as mentionné tantôt, tu as quand même donné de la soufflette.
Oui, mais je m'assure
qu'il n'y a pas de taxage dans wing, parce que moi,
le taxage, je ne tolère pas ça.
L'abus sur les plus faibles, je ne tolérais pas ça.
Fait que tu sais, moi, un gars shippé comme toi qui voulait se
payer contre un gars comme moi, ça se passait pas.
Impossible, gros, que ça se passe dans ma face.
Oublie ça. À moins que le gars, il t'a
vraiment fait de quoi de vraiment grave.
Mais tu sais, si c'est une histoire qui a pas
ramassé son pied carré ou parce qu'il a pris
le mauvais lait dans le
frigidaire, pis que toi, c'est un matin-là, tu fais
le pas, pis que tu veux te défouler sur un jeune,
oublie ça, gros, ça passera pas. On va se mettre 8 sur toi pis on va te péter. On va se mettre à la gang pis on va le défendre, puis que toi, c'est un matin-là, tu files pas, puis que tu veux te défouler sur un jeune, oublie ça, gros, ça passera pas, on va se mettre
8 sur toi, puis on va te péter.
On va se mettre à la gang, puis on va le défendre
le plus faible. Fait que le monde qu'ils ont fait
cette année-là, avec toi, dans ta wing,
ils ont eu du bon temps. Ils ont eu du bon temps, puis je vais même
te raconter une histoire, que quand j'étais président dans le C,
le C, c'était un médium fort.
Puis souvent,
ils transféraient du monde de ma wing pour le mettre
dans le D, le D, c'était un max, à Soret, puis ils pognaient du monde de ma wing pour le mettre dans le dé. Le dé, c'était un max à Soret.
Puis il pognait du monde, puis il chupait dans le dé.
Puis là, les gars revenaient, mettons, deux semaines après,
puis ils me disaient... Non, c'est pas vrai.
Pas deux semaines, je suis perdu.
Mettons que les gars revenaient deux jours après.
« Hey, les gars, man, dans le dé, ils disent que j'arrivais d'ici.
Ils veulent pas m'avoir dans leur wing.
Ils m'intimidaient, ils voulaient me battre, puis tout. »
Ils rentrarait dans mon
secteur j'étais obligé d accueillir moins pas trop t'es t'es moi c'est moi j'ai jamais eu de
problème avec tout mon chum rentrer la bienvenue qu'est ce qui se passe mais le les gars dans le
dé il m'intimide ils veulent me battre ils veulent me poignarder et jose à soi ils veulent faire peur
à la gang c'est le dé c'est une petite wing sont pas gros dans le dé sont peut-être 6, 7 gars. Mais plus... Plus c'est petit, plus que...
Plus c'est maximum, plus le degré de...
En tout cas, minimum, médium, maximum,
plus c'est élevé, plus les wings sont petites.
C'est ça.
Plus il y a de monde, plus ça peut jouer rough.
C'est ça.
Mais là, c'est parce que ça fait un, deux gars,
trois gars, quatre gars, cinq gars qui transfèrent là
et qui reviennent tous.
On passe pas. Ils veulent pas qu'on rentre dans la wing. Pis Christ, pourtant, les gars, trois gars, quatre gars, cinq gars qui transfèrent là et qui reviennent tous.
On passe pas. Ils veulent pas qu'on rentre dans la wing.
Pis Chris, pourtant, les gars, c'est des panins, là.
C'est pas des rats, c'est du monde... Chris, c'est du monde respectable.
C'est pas des junkies, c'est des criminels, là.
Y'a un gars du D qui s'en vient dans ma wing.
Les gars s'en viennent m'avoir à table.
Hey, c'est lui le gars qui jouait à ça avec nous autres dans le dé qu'il voulait nous pogarder. »
Ah ouais? C'est lui, là? Le grand dix pieds, là?
Pas de trouble.
Rentre dans la cellule, m'envoie un méchant.
Des Mongols, des gars qui ont fait du peine.
Un méchant, ma risque, il était moins.
Un gars shépeé comme toi, il a 15 ans, donna cona dans le corps.
Fais le stress pas, pas en tout.
Un petit gars du maximum, Azorel, dans le dé, là.
Amène le gars.
C'est lui qui vous a intimidé, là? Pas de trouble. Il est dans la douche.
On s'en va le chercher dans la douche.
J'ai pas besoin de te le dire, je te dirai pas ce qui s'est passé.
Il est sorti tout nu du secteur.
Tout nu. En courant.
Pis le gardien...
C'est fou. Le gardien, là,
il a vu le gars rentrer dans le secteur.
Il l'a observé.
Il a venu me voir. Il savait qu'il ferait pas l'enfer. Il m'a vu rentrer dans la cellule avec trois mastodontes. Il a fait aï rentrer dans le secteur. Il l'a observé. Il a venu me voir. Il savait qu'il ne ferait pas l'entrée.
Il m'a vu rentrer dans la cellule avec trois mastodontes.
Il a fait aïe aïe.
C'est une question de temps.
On est sortis.
On a été dans la douche.
On est rentrés dans la douche.
On a ouvert le rideau.
Il est arrivé.
Qu'est-ce qui est arrivé?
Il est sorti en courant de...
Quand le gars est sorti...
Le gardien était déjà en train d'ouvrir la porte.
Il était déjà prêt.
La porte était déjà en train d'ouvrir.
Tu as voulu jouer à ça avec des plus faibles, t'as voulu
te mettre en gang contre quelqu'un, ben ça c'est un
payback mon gars. Pis ça moi aussi je l'ai appris.
Parce que dans mes premières sentences,
je jouais à ça un peu, pis des fois
moi aussi je me suis mis dans des situations
de force avec d'autres. Pis quand tu
transfères des fois dans une wing,
ça peut être contre toi mon chum. Fait que sois toujours
juste avec quelqu'un. Sois toujours honnête, sois toujours juste
pis sois égal avec tout le monde.
Parce que tu sais jamais quand tu vas retourner en prison
pis tu sais jamais dans quelle wing tu vas tomber
pis qui tu vas être. Ça, c'est comme dans la rue.
Quand t'es dans la rue, t'es avec ta gang,
t'es fort en estime. Justement, quand tu te retrouves
dans une wing pis t'es tout seul pis tu l'as plus ta gang,
mais t'as encore ta mentalité de jouer à ça
parce que t'as ta gang, t'as ton backup.
Reality check, il arrive vite en tabarnak.
Fait que le gars sort même.
Puis c'est ce qu'on expliquait tantôt,
les règles de wing.
Pourquoi le gardien, il n'est pas rentré
puis pourquoi il ne vous a pas dit,
vous autres, vous avez fait ça, vous avez...
Parce que c'est des règles de wing
puis les gardiens veulent la paix.
C'est ça.
Fait qu'il n'allait pas vous mettre des charges de votre...
First, il n'a rien vu, fait qu'il n'y a pas de preuves. Le gars, il ne va pas parler de ce qui est arrivé. C'est ça. Fait que, tu sais, ils allaient pas vous mettre des charges de votre... First, ils ont rien vu, fait qu'il y a pas de preuves.
Le gars, il va pas parler
de ce qui est arrivé.
C'est ça.
Fait que, tu sais,
c'est pour ça que...
Ça a passé.
Que les gens comprennent.
Ben, ils savaient, là.
Ils ont pas été arrêtés.
Oui, ils le savent, mais...
Ouais.
C'est ça.
Il y a des...
Tu sais, il y a manie,
c'est une façon,
ils gardent la paix,
ils gardent la paix.
Ouais, pis il y en a des gardiens
qui sont corrects,
parce que, moi,
il y a une autre histoire,
manie, je vais t'en raconter
une autre, je suis président,
là, il y a un gars qui rentre,
une quarantaine d'années,
il y a un autre gars dans ma wing qui le reconnaît.
Il dit « Hey, chum. »
Il dit « Lui, là, il a violé la fille à ma femme. »
« OK. »
« Fait combien d'années de ça? »
« Cinq ans. »
« OK. »
« Moi, avant de faire quoi que ce soit, puis avant de faire ça, je m'assure que c'est vrai. »
« Parfait. »
« Là, tu t'en viens avec mon téléphone. On appelle ta femme. Passe-moi ta femme. »
Sa femme me parle.
« Ouais, son nom, c'est ça. L'histoire, c'est ça.
Le numéro de dossier à la cour, c'est ça. »
Il y a eu des charges.
Mais lui, il n'est pas protect présentement
parce qu'il n'est pas là pour ça.
Il est là pour une pacotille, un vol ou une connerie.
Lui, il aurait pu se mettre protect.
Il a décidé d'aller dans la population.
Il rentre dans le secteur.
Je l'amène dans la cellule.
Là, les gars veulent tous rentrer dans le wing.
Ils veulent tous y aller. Ils veulent tous le péter.
Moi, non. One on one. Laisse-moi aller.
Moi, ça me tentait. Je voulais me défouler un peu.
Tu sais, quand ça fait un an, deux ans, tu es là.
Des fois, de se défouler et de se battre, c'est con,
mais ça fait du bien gros.
C'est ça que je t'ai demandé au début, si la violence faisait partie de ta vie.
J'ai commencé à devenir violent là
parce qu'à un moment donné, il a fallu que je commence
à gérer du volage, puis des mensonges,
puis je pouvais pas me laisser
piler ses pieds. Puis si je te dis
de pas faire quelque chose, puis que tu le fais,
ben si c'est pas moi qui te donne une tape sa gueule,
ça va être un gars du comité ou ça va être un gars qui va être
là pour remettre l'ordre
dans la wing,
tu sais. Fait que,
rentre dans la cellule, je fais ce que j'ai à faire
avec le bonhomme. Le bonhomme, pas besoin de te dire
qu'il ne se relève plus. Les gardiens
rentrent. Ils me regardent.
Ils me disent « Ouais. » Ils nomment mon nom de famille.
« Ouais. »
« Ouais. »
Je leur regarde. Je dis « T'avais rien capable de mettre ici. »
Ils disent « C'est beau. »
Je me dis mon nom de famille. « C'est beau, Benjamin. »
Des fois, il y a des choses qu'on peut faire,
il y a des choses qu'on peut pas faire. Merci.
Puis ils sont sortis. En voulant dire,
on aurait bien aimé ça, le battre, ce gars-là,
mais on pouvait pas le battre. Tout de suite, on l'a fait.
Tout est beau. Il porte pas plainte?
Parfait. On dit, on en parle pas.
On donne un rapport disciplinaire.
Cinq jours de deadlock. Fait que j'ai fait cinq jours de deadlock,
24 heures sous 24.
Puis c'est ça, man. J'ai écrit 5 jours de deadlock, 24 heures sur 24. Puis,
c'est ça, man. J'ai écrit ça à voler au gars.
Touche pas à des enfants, gros.
Qu'est-ce que tu veux dans la vie? Touche pas à des enfants, touche pas à des femmes.
Des crimes crapuleux, ça passe pas en prison.
Moi, tant ça protège tout de suite.
Même si t'as fait un crime crapuleux,
10 ans, puis tu penses revenir en prison,
10 ans plus tard, t'es fou.
Moi, tant ça protège, mon chum,
parce que ça va se savoir. Tout ça, t'es fou. Moi, t'as ça à protéger, moi, chum, parce que ça va se savoir, puis, tu sais,
tout ça, c'est...
Les gars en dedans, là, ils n'ont rien d'autre
à faire que de s'informer,
trouver des plans
puis des niaiseries. Ils n'ont rien
que ça à faire. Puis se défouler, là.
T'as une raison de te défouler en dedans, tu le fais, là.
C'est plate, c'est triste, je le sais, c'est plate,
c'est violent, gros. Mais quand tu mets
40 gars ensemble pendant... C'est plate, c'est triste, je le sais, c'est plate, c'est violent, gros. Mais quand tu mets 40 gars ensemble pendant...
C'est ça ta vie
en plus.
Je te le souhaite pas, puis
je pense pas que ça va arriver, mais je pense que si
tu rentrerais aujourd'hui,
tu ferais pas le même style de temps
que t'as déjà fait. Non, je pense que
je me mélangerais pas.
Je me mélangerais pas. Tu ferais ton chiffre. Je ferais mon chiffre
bien peinard. Je me prendrais un ou deux gars un peu comme moi comme moi un peu plus âgé un peu plus mature tranquille tranquille joe
dame je m'entraînerai puis je ferais que ça m'entraîner m'occuper prendre soin de moi juste
prendre soin de moi on te le souhaite pas pis je pense pas que t'es sur cette voie là je peux
plus me permettre de toute façon je suis rendu avec des enfants pis tout mais on va on va venir
à ça aussi y'avait des gens qui ont dit qu'on va venir, on va venir.
C'est ça, man.
Tom Président du C,
j'en vois de toutes les couleurs.
Je te fast-forward un peu.
Tu as fait ton an,
tu as fait ton deux tiers. Je sors.
Quelle année?
À peu près. Ce n'est pas ta dernière.
J'ai été arrêté en 2017.
Je suis rentré en 2018.
Je suis sorti début 2019.
Genre, rentre en 2019.
Là, je sors.
Je parlerai pas de cette personne-là
parce que cette personne-là, je ne suis plus...
Pas que je suis pas en bons termes avec, mais il est plus dans ma vie
et je parle plus que ce gars-là. Ça fait 5 ans.
Tu peux en parler, nomme-le pas.
C'est ça.
J'ai un
ancien frère qui m'appelle, qui me dit,
« Hey, le gros, il a possibilité de faire
de l'argent, nan, nan, nan, puis...
Ah ouais? OK, cool.
Je pars-t-en, gros. Je sors, je sais pas où aller
encore, j'ai pas de logement.
T'es pas encore tanné? Non.
Non. Non, moi, j'étais en quête
de notoriété, je suis prêt à faire n'importe quoi
pour avoir une veste sur le dos, gros. Moi, t'as le dire, là. OK, là, t'es là. Ouais, là, je suis ready, gros, je suis prêt. Là, là, j'étais en quête de notoriété, je suis prêt à faire n'importe quoi pour avoir une veste sur le dos gros.
Moi t'as le dire là. Ok, là t'es là.
Ouais, là je suis ready gros, je suis prêt.
C'est ça, t'es en crise.
Là j'ai des couilles, des couilles grosses d'en même, j'ai mangé des tables, j'en ai donné, des coupons, ça me fait plus peur.
Je me bogue des gouttes de pied, je mange des volets, y'a pas de trouble.
T'as fait, t'as fait.
J'ai perdu une dent à Bordeaux, ça je l'ai pas compté, c'était l'autre sentence avant.
Moi y'a des gars qui ont voulu me taxer, ok, parce que dans le G, comme je te disais, c'est gang-gang.
Puis on était trois blancs dans le secteur.
Puis dans ce secteur-là, les gars n'aimaient pas très, très les blancs.
Qu'est-ce qu'ils étaient?
Supporteurs de veste.
Tu peux oublier ça tout de suite.
Puis c'est ça.
Fait que là, ils veulent nous taxer notre bouffe
pis ils veulent pas
qu'on mange pis tout
pis là moi j'étais avec
3 autres blancs
genre on était 3 ou 4 blancs
pis les autres blancs
qui sont avec moi
ben c'est des secoupes
le gros tu le sens
en dedans t'as bien des junkies
t'as des itinérants
t'sais 96% des gens
c'est de la santé mentale
c'est du junkie
c'est de l'itinérant
fait que moi là
il me dit
donne moi ton lunch
non non
t'es fou gros
là je le ferais pas ici. Je calisse une tape
sur la table. Je viens rouge, man.
Je vais me faire défoncer.
Mais c'est pas vrai qu'on va m'intimider ici.
T'es fou. Je rentre dans la cellule
avec le gars. Il dit, t'es pas content, là?
Rentre dans la cellule. Tu me diras pas ça
deux fois. Je rentre dans la cellule. Le gars, il est plus grand que toi.
Il est plus gros que toi. Pas de muscles. Obèse.
Un monstre.
Je rentre. Il me crisse une volée.
Je perds une dent. Je crache ma dent,
le gros. J'ai pas mal. La drélaïne,
toute. Je sors de là.
Il m'a battu tout seul. Ils m'ont pas battu à la gang,
au moins. Il m'a battu.
Je suis sorti. J'ai été
m'insérer dans la table de la wing. Je tapais du pied.
J'avais la gueule pleine de sang parce que
je venais de perdre une dent.
Il y a quelqu'un dans le wing qui m'a
même une serviette puis là je me mets de dos à guérette pour que les autres me voient et le
stade du piment prime et même tout ce que j'ai goût de faire même c'est de le battre le tabarnak
puis mais je me dis je peux pas il est trop gros il est trop tôt ça n'a pas rapport à l'eau qui
vont savoir à part ça va te retomber dessus mais crée-moi, crée-moi pas deux jours après il est venu me voir, il s'est excusé
il m'a fait fumer un joint, il m'a dit c'est quoi gros
t'as des couilles toi, et tu t'es pris tes coups
t'as fermé ta gueule, t'as été tassé
t'as pas dit un criss de mot man
j'ai fumé un joint, j'ai fumé un joint avec
c'est quoi le pain, c'est que c'est devenu mon chum
pis le pain c'est que
si après ça
ou tu t'étais mis à pleurer
là t'as arrêté ou, là, tu sais, ça aurait été...
Au deux jours, le pattern aurait recommencé.
J'étais fait. J'étais fait.
C'est plate, tu sais.
C'est plate, mais c'est la fucking réalité de la prison.
Ouais. Fait que c'est ça, man.
Fait que Charles, de l'histoire...
On revient à l'histoire de 2019.
Ouais, 2019. Là, mon chum, il me dit...
Ah, il y a possibilité de faire de l'argent,
puis tout. Puis moi, dans ces années-là,
il y a eu une énorme grosse rave
d'opérations antimoteurs à Saint-Jean.
Puis ils ont tous ramassé
les gars qui s'occupaient de ce secteur-là.
Ils sont tous en dedans.
Fait que le terrain,
il y a comme eu une période dans ces années-là.
Un no man's land.
Oui, c'est ça.
Fait que go for it.
Je pars ça. Je pars ça. Un no man's land. Oui, c'est ça. Fait que go for it, esti.
Je pars ça.
Je pars ça, puis ça va trop bien.
C'est ça qui est bizarre.
C'est que ça va trop bien.
Là, je commence à rentrer dans la grosse roue,
puis à faire de la grosse argent,
puis là, ça va bien parce que, Chris,
il n'y a plus personne sur le terrain,
j'ai le champ libre, puis... Pas de cote à payer.
Oui.
OK, quand même.
Oui, oui, oui, oui.
Je n'ai pas de coteote je paye l'affaire
pis la cote
la cote est dans le prix
je comprends
mais je paye pas de cote
je comprends mais
mais oui
oui je peux pas faire
ce que je veux
parce que c'est ça
ok non non non
non non non
c'est facile
là je m'en ai
écoute je m'en ai
posé des questions
parce que
je connais quelqu'un
qui a vécu le même pattern
pis il a fallu qu'il se pose
sa monnaie
parce que lui
c'était pas la même affaire
lui payait pas sa cote
le gars qui payait sa cote
il est parti pis lui il a décidé que ah ben lui il est pas là il a pas cherché à qui payer sa c à maner parce que lui, c'était pas la même affaire. Lui, il payait pas sa cote. Le gars qui payait sa cote, il est parti. Puis lui, il a décidé
que lui, il est pas là. Il a pas cherché
à qui payer sa cote. Puis c'est ça. Il l'a appris
à maner. Non, non. Moi, c'était compris dans le prix.
Mais c'est ça, man.
Fait que je pars ça.
Je pars un petit téléphone.
Au début, ça va bien.
Un petit numéro à piste à 20-40.
Quand ça se met à rouler. Là, ça commence.
Là, c'est plus des pistes,
c'est des 1.75 en montant.
J'avais un téléphone pour les 1.75 en montant
et j'avais un autre téléphone
pour des pistes.
Ça roulait en tabarnak,
le gros.
J'avais un runner
et ce runner s'est fait arrêter.
S'est fait arrêter. S'est fait arrêter.
Je te dirais, une semaine
après, j'avais un autre honneur.
L'autre honneur-là
s'est fait arrêter lui aussi.
Mais quand ils l'ont arrêté,
mon deuxième honneur, parce que le premier est en dedans,
une semaine après, ils ont arrêté le deuxième.
Il y a une cliente qui m'appelle
qui est au bar de danseuse, le 1035.
Elle m'appelle, qui est au bar de danseuse, le 1035, whatever.
Elle m'appelle, elle me dit,
« Ouais, ton gars ne répond plus. D'après moi, il devrait checker ça. » Ça reste de même.
Ça reste de même.
J'essaie de l'appeler, il ne répond pas.
J'en reçois un autre appel.
On me dit, « Hey, le gros gros à deux coins de rue de chez vous il ya
un autobus de police avec des chiens de police sont une dizaine dans l'autobus de police attention
le but qui m'appelle c'est mon concurrent c'est l'eau que l'autre numéro mais bien on est des
chars mais on se connaît attention gros pile posséder on est fait sur spot puis on se respecte
la danse et il se fait attention gros mais le moins on se respecte là-dedans. C'est ça. Il dit fais attention gros. Ben là, moi
je suis avec mon chum, le langage.
C'est impossible gros. Un autobus
esti. Voyons, esti, on est deux.
C'est pas le capon nous autres là.
Pas pour nous autres.
À 8h le soir, à la fête des
pères, ça pète.
Bang! Grenade,
flashbang, tout, ça rentre là-dedans.
Moi, je suis aux toilettes, je suis en train de chier, j'ai mon téléphone
dans les mains.
Ça rentre, ça défonce.
Non, mais je suis en train de chier.
Je trouve ça drôle parce que je ne sais pas pourquoi,
c'est tellement de monde qui me dit ça,
ça pète pendant que le monde...
Je ne sais pas, on dirait qu'ils ont des détecteurs d'odeur.
Le nombre de personnes qui m'ont dit ça, ça a pété pendant que je chiais, ça pète pendant que le monde... Je sais pas, man, on dirait qu'ils ont des détecteurs d'odeur. Le nombre de personnes qui m'ont
dit ça, ça a pété pendant que je chiais.
Ça me fait capoter.
Ça pète pendant que je suis en train de chier,
puis là, ça me pointe, man, ça vient me chercher
dans la salle de bain, puis ça me dit
« t'es en état d'arrestation pour trafic de stupéfiants »,
puis là, ils pointent mon coloc,
puis ils disent « toi, t'es pas en état
d'arrestation pour le moment,
reste assis ». À partir de là, moi, ils me mettent dans le char et je disparais. Je suis plus dans la maison.
Je sais pas qu'est-ce qui se passe dans la maison. Il y a une perquisition qui se passe.
Mon ancien coloc, je tiens à le dire, il n'y a pas rapport là-dedans.
Il savait ce que je faisais, mais il n'y avait pas rapport là-dedans.
Il ne travaillait pas avec toi? Non, non, non, pas en tout.
C'est ça, ils. Ils font la perquisition
et tout.
Puis là,
pas besoin de te dire
qu'est-ce qu'ils trouvent
chez nous.
Ils trouvent
un arme prohibée.
Ils trouvent,
peu importe,
ils trouvent des drogues
et tout.
Qu'est-ce qu'ils ont à trouver?
Là, moi,
c'est l'enquêteur.
C'est lui qui a tout
arrêté les gars à Saint-Jean.
Puis ici,
c'est lui qui fait
le ménage
à Saint-Jean-sur-Richelieu
côté stupéfiants.
Là, lui, il m'amène dans le bureau, il va me faire parler.
Moi, une grosse connasse en son, j'ai la loi du silence tatoué, c'était mes valeurs.
Là, il commence à me dire, ça ne va pas bien pour toi mon chum,
une arme prohibée, c'est deux ans minimum, puis on a trouvé ça, ça, ça.
Mais je tiens à le dire, ils n'ont trouvé aucune coke chez nous, aucun crack.
Ils ont trouvé du pot, de la wax,
tout ce qui est, mais aucune drogue dure.
Ils ont tous trouvé ça chez mon renard.
C'est ça, je m'en dis, tu t'achètes pas chez vous.
Non, pas ça.
C'est assez brillant pour...
Pas ça, mais dans mon garage,
ils ont trouvé une livre et demie de pot.
J'avais un 50 grammes de wax dans le congélateur.
L'arme prohibée, c'était pas un gun,
c'était un teaser gun.
Ah, OK.
Pas pareil.
Pas super.
Les charges sont pas les mêmes. Mais non. Parce que c'est ça, quand t'as dit deux ans, c'était pas un gun, c'était un teaser gun. Pas pareil. Les charges sont pas les mêmes.
Parce que c'est ça, quand t'as dit deux ans, j'étais comme « Ah, Chris. » Parce que à cette époque-là,
2019, un gun,
c'est 33 ans à cette époque-là.
Je sais que ça a changé à cette époque-là.
Mais c'est ça, man.
Perquisition, puis tout.
Puis là,
me mettre dans le bureau.
Tu sais que t'es dans la marde,
puis tout, je t'arrête tout de suite, gros.
Je dis, moi, j'ai un esti de grosse journée demain au palais de justice.
Alors, mets-moi dans ma grotte, ouvre la trappe,
donne-moi mon lunch,
m'enlève pour coucher.
La gueule, il a tombé à terre.
T'es comme, ben voyons donc.
D'après moi, lui, il est habitué de voir du monde,
ça le stresse, puis...
C'est pas moi, c'est pas moi.
Non, non, regarde, moi, j'ai rien à te dire, gros.
Calisse-moi ma note.
Ah ouais, écris-moi dans ma grotte.
Il n'y a pas de juge de main.
C'est ça.
Rendu là, on checkera ce qui va arriver.
Je ne suis pas rendu là encore, gros.
Fait que c'est ça, man.
Il m'arrête, il me rentre en dedans.
J'en rentre à Sorel.
Puis là, c'est important de le dire,
dans cette opération, ça s'appelait
Opération Octopus. Moi, en fait, j'ai fait
partie de cette opération-là.
Puis, j'ai été sur filature,
je te dirais, pendant pas longtemps. J'ai été sur
filature pendant peut-être deux semaines
avant de me faire défoncer.
Ils me filmaient avec un drone.
Moi, comment tu veux que je le sache, tu me filmes à 500 pieds
dans les heures. Ils me filmaient mes déplacements.
Puis, j'avais du monde à pied qui me suivait.
Tu sais, je suis un gars intelligent, je ne suis pas un junkie,
je suis quand même quelqu'un d'allumé,
mais je ne me suis jamais rendu compte qu'il y a quelqu'un
qui me suivait à pied.
En regardant les preuves vidéo
sur les CD-ROM, je me suis rendu compte
qu'il y était plus qu'un à me suivre à pied.
L'autre arrive, il tourne le coin, l'autre
prend le relais. Moi, je ne pouvais pas le savoir.
Je ne pouvais pas dire, lui, ça fait six coins de rue qu'il me suit.
Non, parce qu'ils ont changé deux fois pendant ce temps-là.
Je ne pouvais pas le savoir.
Soufflature et tout.
Je checke les preuves et tout.
Puis là, je me rends compte que je suis dans la merde
parce que, Chris, ils ont mon téléphone.
Mon téléphone, ils l'ont débarré.
Toutes les preuves.
Ils ont pogné mon PGP.
Aussi. Tu réponds à mes questions m'a dit qu'ils ont tout pogné pieds j'avais cinq informateurs codé dans mon dossier j'ai toutes les déclarations encore
dans mon dossier c'était tout des clients il est approche de moi pas d'un honneur non mais
ronan ont pas parlé gros mon hon Mon runner n'a jamais parlé, man.
Puis ça, man, j'ai tout le temps respecté
ce gars-là pour ça. Il a pris son beef.
Il n'a pas poigné gros. Il a poigné, je pense, un an, le gars.
Il a pris son beef, man. Puis quand il est sorti,
je n'ai pas besoin de te dire que je m'en ai sur-occupé.
Mais même quand il était en dedans,
il ne manquait pas de cantine, puis il était correct.
Fait que c'est ça, man.
Fait que là,
cinq informateurs codés, filature
pis tout. Là, je me rends compte, esti,
que quand ils m'arrêtent, ils répondent
à mon téléphone. Ouais.
OK, viens me rejoindre à telle place. Mais c'est
les polices. Fait que là, mon client, il arrive
sur le coin de la rue, c'est la police. T'as un tel
arrestation, non? Montre ma photo.
C'est-tu lui qui te vend ton stock?
Ça parle, là. C'est sûr, ça veut pas
rentrer en bas. C'est des clients, c'est pas des tenants, là. C'est ça. Fait que oui, oui, oui, c'est lui, ça ne veut pas rentrer en bas. C'est des clients, ce n'est pas des tenants.
C'est ça. Oui, c'est lui, c'est lui.
Il y en a cinq de même qui ont confirmé que c'était moi.
C'est le même, je me suis fait pogner.
Ils ont accumulé et ils me filmaient.
Le monde est jaloux aussi.
Quand tu brasses des affaires et que tu fais de la grosse argent,
le monde veut le croquer aussi.
Il y a de la jalousie.
Il y a du monde qui appelle les postes de police
à Anonym.
J'y vois tout là
y'a eu des appels anonymes
le monde était jaloux
faisait des appels
pour me faire arrêter
des informateurs codés
la filature
ça a été quoi
la sentence?
j'ai pogné 18 mois
pour mon
c'est comme ton pattern ça
18 mois
j'ai repogné un 18 mois
j'ai pas pogné gros. Pourquoi?
Parce que j'étais sur filature seulement deux semaines.
Ils pouvaient juste prouver que je faisais du trafic
depuis deux semaines et non.
Extant.
Ils n'ont pas trouvé de coke.
Ils n'ont pas trouvé de coke chez nous.
Ils ont trouvé du pod, de la wax, un teaser gun.
Je pense qu'ils avaient trouvé un...
Mon colloque avait un studio d'enregistrement
et il avait trouvé un speed dans le studio,
un speed qui traînait. Des fois, on avait des amis
qui venaient dormir. Peu importe
si c'est eux autres qui en faisaient ou...
C'est pas ça qui va te mettre une charge.
Même s'il avait trouvé un gramme de poudre, ça n'aurait pas été...
J'ai tous eu ces charges-là
et moi, j'ai fermé ma gueule.
De toute façon,
dans le dossier, tu le vois,
ma déclaration est là. Je J'ai rien à dire.
C'est bien simple.
Fait que c'est ça, man.
Je prends le mois 18 mois, puis là, je m'en vais à Sorel.
T'es-tu allé au procès ou t'as
plaidé direct? Non, non, non. J'ai plaidé
tout de suite, man. Je voulais pas aller en procès.
Puis l'avocate
qui m'a eu cette sentence-là,
c'est mon avocate qui m'avait fait faire
mes trois autres sentences. Fait que, tu sais, comme
elle me connaissait, elle savait que j'étais
un gars de parole, elle savait que quand
il fallait que je me présente en cours avec mes sacs pour
rentrer dedans, j'allais être là. Fait que j'ai eu une caution.
Mais avec des conditions,
j'avais un couvre-feu de 7h le soir
à 7h le matin, je ne pouvais pas sortir.
Fait que j'étais
en sourcil quasiment à la maison
pendant les procédures de mon incarcération
parce qu'on a reporté une couple de fois
avant de plaider coupable
pour me donner le temps de me préparer.
La journée que j'ai pogné mon 18 mois,
j'ai été avec mon ancien.
Je tiens à le dire,
le seul qui est venu avec moi,
c'est mon ancien collègue
qui est venu avec moi et m'a accompagné.
Il m'a pris dans ses bras. Il m'a dit que j'aimais mon frère
et je suis parti faire ma sentence.
Je suis parti avec mes seins.
Ta dernière sentence.
Comment qu'elle se passe?
Là, j'arrive à ça réel.
Comment qu'elle se passe? Pas obligé
de partir de la sentence,
mais ce que je veux dire, c'est que
si tu... Parce que tantôt, t'as dit,
même quand je me suis présenté à Libération conditionnelle,
t'étais encore dans le bullshit,
mais je veux dire,
est-ce que c'est pendant cette sentence-là
que t'as fait « it's over »
ou c'est une fois sorti?
Non, c'est quasiment à la fin de ma sentence.
Ok.
Sans qu'on rentre
dans les détails, parce que tu nous en as donné,
honnêtement, t'es probablement, puis je l'apprécie énormément, t'es probablement un qui nous a donnére dans les détails, parce que tu nous en as donné, honnêtement, et je l'apprécie énormément,
tu es probablement un qui nous a donné le plus de détails
entre les murs.
Je l'apprécie parce que, justement,
c'est intéressant,
même si c'est des trucs violents.
Je comprends pourquoi
tu tenais à dire ce qu'on a dit
au début du podcast.
Ça donne vraiment une réalité
et ça, je l'apprécie.
C'est pour ça que je te dis, ta dernière année,
on comprend, t'as pas été chef de wing, celle-là.
Non, non, non, non, j'étais
commuté à Bordeaux, comité blanc, mais
non, non, pas président, puis ça m'intéressait pas non plus.
OK, tu l'as pas fait. OK, t'as pas été sur elle.
Je suis rentré à Sorel,
mais quand je suis rentré à Sorel, j'ai donné l'adresse
à ma mère de Longueuil.
Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, mais je me suis dit, t'sais, ma mère, j'ai donné l'adresse à ma mère de Longueuil. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça,
mais je me suis dit, tu sais, ma mère, je vais donner son
adresse, je la connais par cœur, puis
j'ai donné l'adresse. Mais maintenant, la Nouvelle-Oie, en prison,
c'est plus où tu fais ton délit.
Avant, c'est où tu faisais ton délit
que tu allais. Maintenant, c'est plus ça.
C'est ton adresse. Fait que si tu dis que tu habites
à Longueuil, bien, tu vas appartenir à Bordeaux,
aux rivières des Prairies. Si tu dis que tu habites à
Saint-Jean-sur-Richelieu, bien, tu vas aller à Sorel. Si tu dis que tu habites à Grambay,il, tu vas appartenir à Bordeaux aux rivières des Prairies. Si tu dis que tu habites à Saint-Jean-sur-Richelieu, tu vas aller à Sorel.
Si tu dis que tu habites à Grambay,
tu vas aller à Trois-Rivières ou à Sherbrooke.
Peu importe.
As-tu regretté ton choix?
Oui, au début.
Sorel, c'est une garderie.
Même le maximum, le monde pense qu'il y a un maximum.
Le maximum à Sorel, c'est le minimum
à Bordeaux.
Oui, tout ça.
C'est ça. Un matin, on m'appelle. Oui, c'est ça. C'est ça.
Un matin, on m'appelle. Moi, je tombe dans une wing.
J'ai des chums qui sont là
à Sorel. Déjà, tout de suite, les gars
m'accueillent comme un frère.
Dans ta tête, tu vas faire
mon chef. Je vais faire mon un an
deux tiers. Je n'aurai pas de tiers au Bissau.
C'est sûr qu'ils ne me le donneront pas.
Je mets du chauffeur à mon temps. Mais là, un matin, ils m'appellent.
« Benjamin, transfertt Bordeaux. »
Voyons, comment ça?
J'ai plaidé coupable à Saint-Jean-sur-Richelieu, moi.
Ma prison, c'est ça, Red?
Non, ce n'est plus comme ça depuis un an, monsieur.
Maintenant, c'est avec l'adresse.
Là, ils m'ont transféré à Bordeaux.
Je tombe dans le G.
Là, dans le G, encore avec les gars de gang.
Ça brasse, ça brassera ce puits même je commence
à avoir une prise de conscience puis je regarde à l'entour de moi puis toute ma vie j'ai tant
d'entour de ce monde le psa toujours été normal mais là j'ai comme eu une prise de conscience
puis je me suis rendu compte que je parle ma place que c'est que je fais même j'ai commencé
à tige je croyais je peux pratiquer j'ai commencé à lire la Bible là-bas, dans le G.
Puis j'ai commencé à me développer
une affinité avec le pasteur de Bordeaux.
Puis le pasteur de Bordeaux,
salut, parce qu'il écoute l'émission.
Comment il s'appelle? Il s'appelle Jacques.
Jacques. Son trois
prêtres, mais moi, lui que je faisais affaire,
c'était Jacques. Puis Jacques... Tu me permets
une chose? Tu dis qu'il l'écoute? Oui.
Jacques, tu as une invitation à venir au Parloir.
J'aimerais vraiment avoir,
si je peux avoir le pasteur,
un des pasteurs de Bordeaux,
ici, je serais vraiment intéressé à t'avoir.
Je suis facile à contacter.
Puis bon, Jacques,
moi, j'ai gardé contact avec lui.
Je l'ai sur Facebook.
Si le message ne se rend pas,
il se rendra par toi. C' par toi. Honnêtement, je pense
que ce sera un podcast pas intéressant.
Puis, man, il venait dans ma cellule
puis on priait le chapelet.
C'est là que j'ai appris à compter les billes
puis à prier.
Je suis rentré. Comment, dans le fond, qu'il est venu dans ma cellule?
C'est parce que j'ai été... Eux autres, ils ont des bureaux là-bas.
J'ai été le voir, man. Je suis parti
en pleurer, man. J'ai dit, moi, j'étais queuré, man. J'étais queuré de souffrir. J'étais queur j'ai été, eux autres, ils ont des bureaux là-bas, puis j'ai été le voir, man, puis je suis parti en pleurant, man,
puis j'ai dit, moi, j'étais queuré, man,
j'étais queuré de souffrir,
j'étais queuré de vivre cette vie-là, man,
je suis plus capable, je suis plus capable,
je suis en train de faire un burn-out,
je suis plus capable.
Il m'a dit, ah ouais, il dit, viens,
je vais faire des prières sur toi.
Fait que je me suis couché sur un genre de sofa de psychologue,
il était un peu comme ça.
Il a commencé à faire des prières en latin
sur moi et à enlever tous les démons.
Lui, c'est ça qu'il disait.
Je vais t'enlever tes démons.
Pendant deux heures, des prières en latin.
Il me touchait la tête.
Que tu crois à ça ou pas,
que quelqu'un prenne le temps.
C'est ça qui m'a touché.
C'est ça.
Tu ris, mais quand il m'a fait ça,
je suis sorti et je me suis senti
tout léger, comme si tous mes problèmes
étaient partis, man.
Parce que je croyais tellement à sa puissance
et je me suis tellement convaincu
que ce qu'elle allait faire, ça allait marcher,
que ça me fait de quoi à l'intérieur de moi.
C'est parfait, man.
Je me suis dit, aïe, je me sens mieux,
je me sens libéré et tout. C'est parfait, man. Je me sens mieux, je me sens libéré.
J'ai dit,
écoute, tu penses-tu que tu pourrais me faire
transférer dans le secteur E? Je sais que
t'as des contacts avec des gens, des gardiens.
Où je suis présentement, c'est un peu
rock'n'roll. C'est pas une question que j'ai pas.
Je suis tanné, gros. Je suis saturé, man.
Je vais retourner dans le E. Je veux travailler.
Je veux plus de bris, je veux plus de bataille.
Je veux plus de gain, man. Je veux aller faire mon petit temps tranquille. Je pensais aller faire mon temps tranquille. Je m'en vais dans le E. Je ne veux plus de prix. Je ne veux plus de bataille. Non, je ne veux plus de gain, man. Je vais aller faire mon petit temps tranquille.
OK? Je pensais aller faire mon temps
tranquille. Je m'en vais dans le E.
Ils me transfèrent un mois plus tard.
Je suis tout content. Je m'en vais
dans une grosse wing avec un gym,
180 détenus, la grosse affaire.
La pandémie arrive.
Là, on va embarquer là-dedans. Parce que moi,
j'ai vécu la pandémie à Bordeaux.
Vous autres dehors, vous avez perdu votre liberté. Mais nous autres, en dedans, c'était p Parce que moi, j'ai vécu la pandémie à Bordeaux. Vous autres dehors, vous avez perdu votre liberté.
Mais nous autres, en dedans, c'était pire.
Moi, j'ai été 36 jours, 24 heures sur 24 dans ma cellule.
Pas de douche, pas de cantine, pas de visite, pas de téléphone.
Ça, c'est au mois de mars 2020, mars, avril.
Quand ils ont parti la pandémie, moi, j'étais dans le...
Là, coupe les visites.
On est en cellule 24 heures sur 24 pendant 36 jours.
Pas de douche, on se lave dans le lavabo.
Les gens sont en train de virer fou.
Les gens sont là-dedans.
T'es pas le premier qui a vécu
le COVID qui a passé par là.
C'était fou.
C'était pas pour t'arrêter.
C'est juste parce que
t'es pas le premier qui l'a vécu, qu'on a passé.
Il y en a plusieurs qui ont fait du temps COVID et qui sont passés ici. C'était pas pour t'arrêter. C'est juste parce que t'es pas le premier qui l'a vécu, qu'on a passé. Puis, tu sais que c'était...
Il y en a plusieurs qui ont fait du temps COVID
puis qui sont passés ici.
C'est pas facile, man.
Moi, c'est ce qui m'a aidé à
arrêter de devenir un... Moi, t'as le dire, là.
Moi, cette sentence-là a été très
rough. Moi, de me faire mettre dans une
cellule comme un chien pendant 36 jours,
pas de douche, pas rien,
pas de téléphone, pas de contact de hanche,
ça a été très dur mentalement
pour moi, puis sur mon cœur aussi,
parce que j'ai eu beaucoup, beaucoup de peine.
J'ai eu énormément de peine.
Pourquoi? Parce que là, j'étais laissé à moi-même.
J'étais dans ma cellule 24 heures sur 24.
Je faisais face à la musique. Je ne pouvais plus me geler.
Je ne pouvais plus geler avec tout le monde. Je ne pouvais plus
faire le party. Je ne pouvais plus.
Là, il fallait que je fasse face à la musique.
J'ai commencé à me retrouver moi-même tout seul dans ma cellule.
Puis là, j'ai commencé à réfléchir
par faire de l'introspection.
Puis nous autres,
vu qu'il n'y avait plus de TV, on avait la radio.
On écoutait 98.5. L'autre,
Bernard Drinville, Paul Hargant,
puis tout ça, il est vendu du COVID.
Puis c'est ça qui faisait peur au monde. Mais nous autres,
on ne le sait pas. On n'a pas de téléphone.
On est privés du monde extérieur.
Puis là, on entend dans la radio,
le monde meurt, le monde meurt.
Hey, hey, c'est quoi ce virus-là?
Je capote, moi?
Moi, je suis stressé.
Oh, je ne sais pas c'est quoi.
Je ne sais pas si c'est vrai ou pas.
Personne ne le sait en dedans.
On ne parle pas à personne.
Fait que là, on pogne le COVID.
Sur 180 détenus, on est 140 à tester positif.
C'est là qu'ils nous ont calenassés pendant 36 jours
et que le confinement a commencé.
Ça a fini pendant six mois.
Au début, ça a commencé 36 jours.
Là, les meurtres ont pogné parce que nous autres,
on n'était pas habitués d'être calenassés comme des chiens.
Je n'ai pas besoin de te dire qu'on a tout cassé dans la wing.
La SWAT, les pompiers sont arrivés dans le E.
L'eau, il y en avait partout.
Les gars ont pété.
Parce qu'il faut que tu saches que dans le E à Bordeaux, ce n il y en avait partout. Les gars ont pété. Parce que il faut que tu saches que dans le E,
à Bordeaux, c'est pas des lavabos en aluminium.
C'est des lavabos en porcelaine.
Un gars de 200 livres qui saute
sur un colab, il pète, là.
La tuyauterie part d'un bord, l'eau part d'un bord.
Inondation. Mais fais ça
dans 40 cellules.
Il y avait de l'eau partout. Le monde crissait le feu
dans les cellules. C'était rendu fou.
C'était Bagdad comme dans les films.
Comme dans les films.
La SWAT débarque là. Les pompiers débarquent.
Mon homme. Je me suis fait poivrer.
On était tous là devant eux autres, devant les boucliers.
On était prêts, le gros. On ne voulait plus
rentrer, nous autres. On ne savait pas ce qui se passait.
On va-tu mourir? On ne connaît pas ce virus-là.
À la radio, on entend que le monde meurt.
On est virés sur le top, nous autres.
On lave nos boîtes de céréales.
Réussi, semaine,
à nous remettre dans nos cellules.
Là, le 36 jours commence.
Après ça, le premier mort à Bordeaux
qu'ils ont déclaré de COVID.
Moi, j'étais avec lui. C'était mon voisin de cellule.
Ce gars-là,
je tiens à le dire,
je n'aimerais pas son nom par respect pour la famille,
mais paix à son homme.
C'est un petit monsieur de 84 ans
qui était en détention.
Puis que lui, je tiens à le dire,
Bordeaux a pris les mesures nécessaires
pour protéger les gens vulnérables.
Les gens en haut de 65 ans étaient libérés.
Sans tasser, lui était prévenu.
Fais pas le libérer.
85 ans, vulnérable,
il a attrapé ça, il est mort.
Il est mort.
Mais, ce qui est triste dans cette histoire-là,
c'est que c'est arrivé,
il est mort, mettons, le dimanche.
Le vendredi, il a commencé à se sentir pas bien.
On était tous
en cellule, tout seuls.
Mais on se parlait à travers les portes,
puis il arrêtait pas de dire,
« Hey Benjamin, je me sens pas bien. »
Comme si quelqu'un était assis sur lui, sur sa poitrine.
Il était déjà mal en point, ce petit monsieur-là.
En 84, en dedans, t'es...
Peine sur le piton d'urgence, pas d'infirmier qui vient.
Premièrement, à Bordeaux, les fins de semaine,
il y a pas de médecin.
OK?
Fait que si tu vis un malaise cardiaque,
tu vis quelque chose, t'es dans la marde.
T'es dans la marde.
Le temps que l'ambulance arrive, tu vas être mort.
Tu comprends? À la fin de semaine,
il n'y a pas d'infirmerie.
Y'a-tu la règle de « on pique pas personne le week-end »?
Non.
Là, il compte son malaise.
Il se dit « Christ, les gars, je vois pas bien.
Nous autres, à travers la porte, on essaie de remonter le moral.
Christ, ça va bien aller, gros. Lâche pas. »
Le lendemain, il sort sur une civière.
Le dimanche, c'est un samedi,
on passe à la civière.
Le dimanche, le gardien revient.
Il dit tel nom, il ne reviendra pas.
Comment ça, il ne reviendra pas?
Il ne reviendra pas, je t'ai dit.
Hein?
On a compris qu'il était mort.
Il a été négligé pendant deux jours à cause qu'ils ne l'ont pas envoyé à l'hôpital et qu'il n'y a compris qu'il était mort. Il a été négligé pendant deux jours
en cause qu'ils ne l'ont pas envoyé à l'hôpital
et qu'il n'y avait pas d'infirmière.
Ils l'ont laissé dans sa cellule en confinement
et le monsieur est mort.
Ils ne diront pas ça, c'est sûr.
Je fais attention à ce que je dis aussi.
C'est ça la vérité qui était là.
J'étais dans la wing et je l'ai vu.
Il n'y a personne qui va pouvoir me contredire là-dessus.
C'est ça, man. La pandémie
m'a rendu fou.
J'étais rendu tout le temps en cellule, plus de visite.
C'était très dur. Après le 36
jours enfermé,
ils nous ont tous mis... C'est la première fois
que tu vas voir ça. Ils ont mis tous les gars du C
et tous les gars du E qui avaient eu
la COVID ensemble dans le E.
On était avec des gars en attente
de procès pour meurtres,
pis on était avec des gars sans tanser.
Tu vois jamais ça, là? C'est rare, tu vois ça.
Des prévenus pis des détenus ensemble.
Mais vu qu'on était deux
grosses wings, le C pis le E, qui avaient testé
positif à la COVID, ils voulaient pas que
les gens qui avaient eu le COVID soient avec des gens
qui l'avaient jamais eu. Fait qu'ils ont créé une wing
de 180 gars
qui avaient eu le COVID, qui l'ont pu, mais qui l'ont eu.
Fait que
c'est ça, man. On a continué
dans ce secteur-là.
Là, pas besoin de te dire qu'il y avait de la tension
entre les gars du C et les gars du E.
Là, les gars voulaient prendre le contrôle
l'un sur l'autre. Puis là, ça a commencé
à brosser en tabarnak parce que là, moi,
j'étais avec des gars, puis j'étais avec
un petit cercle de gars, puis on était
peut-être six, sept gars,
tous des tenants,
tous des solides, puis tout du monde qui s'en
calisse, puis c'était tout du monde
qui disait, fais-nous pas chier parce que
tu vas voir ce qui va arriver. Puis là,
il y avait un autre clique, eux autres, c'était la même affaire,
puis on voulait prendre le contrôle.
C'est tous des tenants, c'est tous des passants, c'est ça.
Puis là, ça s'est rendu qu'on avait tous des pics sur nous autres, puis là, c'était rend détonnant, c'est tout dépassant c'est ça pis là ça s'est rendu qu'on avait
des pics sur nous autres
pis là c'était rendu que les régimes
parce que comme je t'ai dit c'est trois étages
il voulait pas que tout le monde soit ensemble
fait que c'était étage par étage
qui sortait pis ça a fait de la merde mon homme
à la fin
ça brassait tellement, il y avait tellement de tension
mon chum Jackson il a sauté
la petite clôture. Il a été
chercher des balais. Il a cassé les balais.
Il nous a donné ça. Il a dit, les gars, on a tout
un pic. Ça pète. Let's go, les gars.
On fonce. Il y a un jour,
ça l'avait brassé. On s'avait
tous ramassé sur la passerelle.
Ils étaient peut-être 30. Nous autres, on était
6-7. On était 6-7 solides.
Les 5-6 qui étaient avec moi,
c'était du monde de ta grosseur.
Moi, je suis juste le petit de la gang.
Mais on est tous prêts.
On est prêts à se poigner contre les 30 qui sont gros comme moi.
Je m'en crisse. On ne se fera pas intimider ici.
On ne se fera pas manger à l'aine sur le dos ici cet soir.
Oublie ça, mon homme.
On se ramasse, man.
6'7 contre 30.
Ceux qui me connaissent, qui étaient là, ils vont s'en souvenir.
Ils vont l'écouter, c'est sûr. Il n'y a pas de mensonge dans ce que je t'ai dit. On était prêts, le gros.
Puis, ça a fini,
ça a bien fini. Ça a parlé en parlant fort
et tout, mais ça a fini sans
coup de pic. Ça ne devait probablement
pas tenter à personne, mais si ça avait
appété, ça a appété. Ça avait répété.
Ça ne tentait pas à personne. Non.
Là, on allait dans les douches, il fallait qu'on se promène ensemble
parce que moi, si je vais à la douche, l'autre
clique, ils vont me péter tout seul. À chaque fois qu'on allait dans les douches, il fallait qu'on se promène ensemble. Parce que moi, si je vais à la douche, l'autre clique, ils vont me péter tout seul.
À chaque fois qu'on allait dans les douches, il fallait qu'on se suive ensemble pour aller dans les douches.
On n'allait jamais dans les douches tout seul.
Il fallait être minimum deux ou trois.
Tout le temps, ça a été le même jusqu'à la fin de la sentence.
À la fin de ma sentence, 2019, dernière sentence.
J'ai rencontré une femme qui est ma conjointe aujourd'hui.
On est en 2020, tuit de main je suis sorti de la sentence en deux passes et de viser 2020 parce que tu m'as dit de me
mettre dans la sentence 2010 donc été censé de 19,60 en 2020 mois avant de rentrer en dedans
j'avais fréquenté une fille je l l'avais vue comme une couple de fois avant,
mais je le sentais, moi, que c'était la bonne.
Je la trouvais belle, elle était extraordinaire.
J'avais jamais vu une fille aussi belle que ça,
qui est ma femme en plus, aujourd'hui encore, après cinq ans.
Je vois que tu as un anneau.
Oui, je suis fiancé. Je ne suis pas marié, je suis fiancé.
Puis c'est ça, man.
Je parlais avec elle, puis tout.
Puis quand je suis sorti,
bien là, j'avais deux choix à faire.
Elle m'a dit, soit tu viens avec moi,
tu refais ta vie.
Puis là, c'est important.
C'est un moment qui est important.
Moi, mon gars, c'est pas mon gars biologique.
Mon gars, je l'ai adopté.
Ma fille, c'est ma fille biologique
qui est avec ma conjointe
mais mon gars Ryan
c'est pas mon garçon biologiquement
c'est mon garçon de camp
ouais c'est ça
fait que je sors
pis là elle me dit
c'est soit que tu viens avec moi
pis tu viens avec Ryan
pis tu prends ce choix là de changer de vie
ou tu retournes dans tes affaires
mais une chose est sûre
je veux que tu saches que si tu retournes dans tes affaires, tu peux m'oublier.
Puis moi, j'avais jamais eu d'amour
de ma vie. Puis les seules blondes,
quand même, je parais bien, j'en ai eu
des femmes dans ma vie, mais cette femme-là,
c'était différent, gros. C'était vraiment différent.
Puis quand je suis sorti,
bien,
j'ai été vivre avec elle à Saint-Jérôme,
c'est à Rignard-le-Montréal.
Puis,
c'est ça, man.
Là, je suis sorti.
J'ai pris une décision.
J'ai bloqué tout le monde sur Facebook.
Même mes frères, que ça faisait 10 ans,
j'étais avec eux autres dans la gamique.
Je les ai tous bloqués.
Pas parce que j'avais peur d'eux autres.
Pas parce que je leur dois de l'argent.
Non, moi, je suis un gars influençable.
Moi, Benjamin, je suis influençable.
Moi, Benjamin, je me connais. Je sais que je peux me mettre à risque
en me mettant dans des situations
ou en étant avec des personnes X.
Fait que moi, pour me protéger,
je vais barrer tout le monde. Je vais
me sauver de tout le monde.
J'ai disparu, gros.
Ça fait cinq ans que mes anciens chums, ils n'ont pas de nouvelles
de moi. Pas parce que je leur
en veux. Pas parce qu'ils m'en veulent parce que
je suis disparu et ils vont...
T'es parti comme un poussi.
Non, j'ai pensé à moi, le gros.
C'est une affaire importante.
Quand les extraits vont sortir, je te tague pas nulle part.
Moi, j'ai ton Facebook
qui n'est pas ton nom.
Tu as un compte conjoint? Non, mais je m'en fous.
J'ai un compte conjoint avec ma femme.
Je veux dire, je vais pas te taguer nulle part.
Tu n'as pas mentionné ton nom de famille aussi
parce que tu veux la calice de paix, pas parce que tu dois
quoi que ce soit à personne. Non, je veux juste la paix.
C'est mon ancienne vie.
Tu as eu ta fille? Oui.
J'ai eu ma fille, mais événement marquant avant.
Moi, mon gars, il est atteint
d'une maladie. Il a la fibrose kystique.
Je ne sais pas, c'est quoi la fibrose kystique?
Vaguement, j'avais des jeunes à l'école,
j'avais deux frères et une sœur qui l'avaient quand je suis primaire.
Moi, mon gars, il me demande 14 heures de traitement par semaine.
J'ai une subvention gouvernementale pour mon fils.
Mon gars, dans le fond, sa maladie,
on l'a su dans ses premières semaines de vie.
Puis quand on a su qu'il avait la fibrose kystique,
notre vie, elle a changé, gros. Encore
plus. Parce que, ce petit garçon-là,
il a une maladie des poumons.
La fibrose cystique, c'est une maladie qui attaque les poumons
puis le système digestif, le pancréas.
Mon gars, son pancréas
ne marchait pas. Fait qu'à chaque fois
qu'il boit quelque chose ou qu'il mange
quelque chose, il faut qu'il prenne un enzyme.
Il a les poumons d'un fumeur
il y a 4 ans.
Mon gars, il a besoin de traitement.
Je vais te dire ma routine, le gros.
Moi, je me lève à 5h du matin
et à toutes les matins.
Je fais le traitement à mon fils.
Physiothérapie.
Un heure de physiothérapie pour
débloquer ses poumons.
Parce que mon gars, son mucus,
sa maladie fait que son mucus
est épais. Puis que quand
il attrape un virus, il développe
une pneumonie. Puis la fibrose
qui se tique, les gens meurent jeunes.
L'espérance de vie est de 50 ans environ,
la moyenne. Tu peux mourir à 15 ans,
tu peux en mourir à 30 ans, tu peux mourir à 60 ans.
Les gens, la plupart, ont besoin
d'une greffe de poumon.
Parce qu'à force d'attraper des virus,
puis de développer des infections,
tu m'agrandes tes poumons.
Puis tes poumons, à un moment donné,
ils ne deviennent plus fonctionnels à 100 %,
puis tu as besoin d'une greffe de poumon.
Fait que moi, je me lève à 5 heures à tous les matins, gros.
Je fais le traitement de mon fils de 5 à 6 heures du matin.
À 6 heures du matin, je fais manger mes enfants,
je les habille, puis je pars à la garderie.
Il est rendu 7 heures.
7 heures et demie, je suis à la job.
Je finis à 5 heures, à 4 heures, excuse-moi,
on va chercher mes enfants, j'arrive, je suis là à 5 heures,
je les fais manger, je leur donne leur vin,
je fais le traitement à mon gars, il est rendu 8 heures.
Ma journée est finie, gros.
Es-tu heureux?
J'ai jamais été aussi heureux que ça dans ma vie gros
jamais
jamais
tu sais oui mon gars il a une maladie
oui ça lui demande beaucoup de temps
beaucoup d'énergie, beaucoup de patience
tu sais moi
tu m'avais dit fibrose qui se tique
il y a deux ans je savais pas c'était quoi
ça lui demande
beaucoup de temps gros
beaucoup de sacrifices beaucoup de temps gros beaucoup de sacrifices
beaucoup de temps
une fois par mois je vais à l'hôpital
je suis de Québec pour ses suivis
on fait faire des radiographies pour ses poumons
des prises de sang, des cultures de caca
pour voir si son pancréas va mieux
c'est tout le temps, ça va être ça toute sa vie gros
toute sa vie
moi là
encore là quand on a su ça j'avais a su ça, j'avais pas ma fille
encore, là. J'avais pas ma fille encore.
Quand j'ai su ça,
ça m'a donné une claque dans la face. Même si c'était pas
mon gars biologique, c'était rendu mon gars,
je l'ai adopté dans mon coeur.
C'est mon fils. Tu t'en viens de parler
à quelqu'un qui a adopté deux enfants.
Ma mère, là, surprenamment,
je me suis énormément
rapproché d'elle depuis que j'ai mis deux enfants.
On dirait qu'elle essaie de rattraper un peu le manque qu'il y a eu,
le manque d'amour peut-être.
C'est l'impression que j'ai.
Mais ce que je trouve plate là-dedans, Cédric,
c'est qu'elle revienne dans ma vie pour les enfants,
mais qu'elle revienne pas pour moi.
Tu comprends?
Je comprends.
Ça, ça me blesse énormément.
Mais tu sais, en même temps, je me dis
je peux pas rien faire, man.
Puis tout ce que je peux faire, man,
c'est d'accepter le seul
positif que je peux avoir, bien je l'accepte, man,
puis je le prends, man. Regarde en avant, man.
C'est ça. T'as tout compris.
T'as tout compris. Puis avec
tout ce que tu vis avec
ce petit gars-là, puis je suis sûr que
quand il te regarde, puis qu'il t'appelle papa,
quand il t'appelle papa,
il est fier.
Il est fier de son père.
T'es-tu fier de toi?
Oui, je suis fier de moi, gros.
Je peux-tu te demander ce que tu fais dans la vie aujourd'hui?
Je suis cuisinier, gros.
Je savais, mais je voulais qu'on en parle parce que
est-ce que c'est
la job de cuisine à Bordeaux qui t'a
poussé vers ça?
Oui, un peu, oui. J'ai pogné le goût
et tout, mais
j'ai tout le temps été un gars qui...
Moi, je vais être franc, je n'ai jamais fait de bouffe de ma vie.
J'ai commencé à en faire quand j'ai commencé à sortir
avec ma femme parce que je mangeais tout le temps
du resto. Sinon, je suis en prison
ou je suis dans des thérapies.
C'était très rare que je me faisais
à manger.
Non, man, j'ai commencé à travailler
comme cuisinier, puis j'ai commencé
à prendre goût au travail, man.
Puis j'ai développé des amitiés à travers ça
avec des gens.
Moi, toute ma vie, gros, j'ai rêvé d'avoir
des amis normaux.
J'ai rêvé d'avoir... Moi, j'ai jamaisvé d'avoir des amis normales. J'ai rêvé d'avoir...
Moi, j'ai jamais eu d'amis normal.
Tu comprends?
J'ai tout le temps eu des estites voyous
autour de moi.
Je me plains pas.
C'est ma vie. Je l'assume à 100%.
Si tu me demanderais si j'allais recommencer
ce que j'ai fait, non, je le referais pas.
Si je regrette, oui, je regrette.
Mais?
Je regrette tout ce que j'ai fait.
Mais?
Mais ça sert à quoi de me taper sur la tête?
Oui, mais ça, ça fait le gars que tu es aujourd'hui.
Aujourd'hui.
Aujourd'hui.
T'es capable de te regarder dans le miroir aujourd'hui?
Ah, 100%, mon chum.
Puis je suis fier de moi, man.
Je suis fier de moi, gros.
Je suis fier de moi, man.
Je ne consomme plus.
Je ne me tiens plus qu'au cain-bombe.
Je vais être franc que toi, là.
J'ai trois chums.
Puis mes trois chums, c'est trois gars qui travaillent
40 heures semaine. Ils n'ont jamais fait de prison.
Ils ont des femmes, ils ont des enfants.
Ils ne sont pas propriétaires d'autres maisons.
Tu sais, c'est ça que j'ai besoin.
Moi, c'est de la...
Je ne sais pas comment dire.
Je suis dyslexique, là, mais c'est ça.
Tu l'as dit, c'est ça que j'ai besoin.
J'ai besoin de m'entourer de winners.
J'ai besoin de m'entourer de gens qui ont des rêves, qui ont des buts.
Des valeurs. Ouais.
Pas du monde. Puis j'ai rien contre ce monde-là, gros.
C'est leur vie, c'est leur choix. Je ne juge pas
la façon que tu fais ton argent. J'ai fait des affaires
macabres dans ma vie. J'ai fait des affaires sales.
Puis comme, je suis pas
placé pour juger. Sauf que moi,
je sais qu'aujourd'hui, ce que je veux,
c'est l'honnêteté,
la tranquillité d'esprit,
élever mes enfants dans le bonheur, le gros.
T'sais, moi, là, je vais tout donner à mes enfants, gros.
T'sais, ma mère, elle capote, là.
« Mais voyons, Benjamin, tu donnes ben trop de cadeaux.
T'sais, tu donnes ben trop d'affaires. »
Ouais, pis, moi, j'en ai pas eu dans ma vie.
Qu'est-ce que ça calisse que mon gars,
il a 40 cadeaux à sa fête.
Ils me disent, ça va être un petit gâteau.
Je m'en calisse.
Tu comprends-tu? Je m'en calisse.
Souvent, des fois, ma mère, elle m'en note.
Des fois, tu parles fort.
Oui, je parle fort.
Toi, tu n'es pas placé pour me parler.
Parle-moi pas, toi.
Je n'ai jamais touché à mon gars, par exemple.
Je n'ai jamais levé la main sur mes enfants.
Jamais. Il y a tellement d'autres façons. J'ai jamais levé la main sur mes enfants. Jamais.
Il y a tellement d'autres façons.
J'essaie justement de ne pas lever le ton sur mes enfants.
J'essaie de trouver des situations.
J'écoute des podcasts sur des éducatrices.
J'essaie de devenir un bon père.
Tu comprends?
Vraiment, là.
J'ai la pire vie du monde.
J'ai eu la pire... Il y a du monde pire que moi, là.
Mais j'ai eu uneire vie du monde. J'ai eu la pire... Il y a du monde pire que moi, là. Mais j'ai eu une vie de chien.
Aujourd'hui, je veux donner à mes enfants
ce que moi, j'ai pas eu.
Tu sais, aujourd'hui, j'habite dans une maison.
J'aurais jamais pensé être propriétaire d'une maison.
Je suis rendu propriétaire d'une maison avec ma femme.
C'est fou, là.
Jamais j'aurais pensé avoir une maison, gros.
Jamais.
Jamais.
J'aurais dû avoir un permis de conduire.
Quand j'étais petit cul à Montréal, je me promenais dans les métros, j'icais un permis de conduire. Quand j'étais petit cul à Montréal,
je me promenais dans les métros, je n'avais pas de permis de conduire.
Un permis de conduire, tu fais là,
c'est pour les riches. Moi, c'est ça que je me disais.
Un char, pas moyen. Moi, je suis un gars de la rue,
je prends le métro. Tu sais, je me sous-estimais
tout le temps. Tout le temps.
Puis quand j'ai rencontré ma femme, c'est là qu'elle m'a fait
voir mon vrai côté humain.
Je vais te dire ce qui m'a sauvé, Cédric.
Ce n'est pas le fait de faire plein de prisons qui m'a sauvé.
C'est l'amour.
Ma femme m'a donné de l'amour.
Carrément.
Elle a cru en moi.
Elle a jamais lâché.
Tu comprends? Carrément, gros.
Puis je vais me royer, puis je m'en calisse.
Parce que j'ai rien à prouver
à personne, gros.
À personne.
C'est ça, là.
T'es un solide, moi, le gros.
Tout le monde le sait dans la rue, je suis un solide.
Parle de Benjamin Verdic, l'ancien rappeur Verdic.
C'est moi, ça, gros.
Personne qui va dire que je suis un rat.
Il y a personne qui va dire que je suis un couineux, gros.
Pas vrai.
Mais moi, Benjamin,
qu'est-ce qui m'a sauvé de la rue, gros,
pis de la prison?
C'est l'amour.
Une femme qui m'a donné de l de la rue, gros, pis de la prison, c'est l'amour. Une femme
qui m'a donné de l'amour, qui a cru en moi,
qui m'a donné deux magnifiques
enfants, c'est ça qui m'a sauvé,
gros. C'est complètement ça
qui m'a sauvé. Parce que je ne serais pas
rencontré cette femme-là,
je serais pas
assis ici. Je serais encore
là, je serais peut-être au pénitencier. Pis regarde,
je te dis, bois, j'ai jamais fait de pénitencier.
J'ai été chanceux.
Mais quand cette femme-là
est rentrée dans ma vie et qu'elle m'a dit, tu vas faire un choix,
tu vas tasser le monde de ta vie. C'est sûr
que ça ne fait pas plaisir au monde qui a été avec moi pendant
10 ans. C'est sûr que mon ancien frère,
mon ancien partner, qui a été avec moi pendant
7 ans à faire de la magouille,
ça a mal fini, moi et lui.
Ça a mal fini.
Mais dans mon cœur, moi, je l'aime pareil.
Je ne lui souhaite pas de mal.
Tu comprends-tu?
Je lui souhaite qu'il soit avec ses enfants, qu'il soit heureux,
comme moi, gros.
Qu'il sorte de cette petite souffrance-là.
Puis, même chose pour tous mes anciens frères
qui sont dans le crime.
Je leur souhaite tout, même, de rencontrer l'amour, big.
Peu importe c'est quoi leur recette,
que ce soit l'amour au Jésus, peu importe
qu'il y a quelque chose dans leur vie qui fait que
ils sortent de ça pis que ça les motive
gros, moi toute ma vie man
j'ai pas eu de rêve, j'ai pas eu
d'objectif, j'ai été un
chien battu gros, je dormais dans la rue
Big, je vendais de la drogue, j'ai fait de la fraude
j'ai volé du monde, j'ai tout fait
que si tu veux pas faire Big, pis aujourd'hui
là, c'est con là mais des fois je parle avec du monde là pis c'est comme si j'ai volé du monde, j'ai tout fait que si tu veux pas faire, big, pis aujourd'hui, là, c'est con,
là, mais des fois, je parle avec du monde,
pis c'est comme si j'avais pas vécu ça, man.
J'ai mis ça en arrière
de moi, là, tellement loin dans un coffre,
là, que là, aujourd'hui, là, je vais être
franc que toi, là, ça me tentait de venir, là,
mais hier, là, c'est-tu que ça me tentait pas de venir,
man, pis ça me faisait peur,
pis c'est-tu que j'avais peur, man,
pis pas peur de la réaction du monde, peur de...
Bon, tu sais,
comment que moi, je vais
vivre ces sentiments-là devant toi,
comment que je vais m'exprimer, parce que je suis pas
le gars qui s'exprime le mieux non plus.
Après
deux heures et demie. Déjà?
T'en regrettes-tu? Non.
Ça m'a fait du bien, Big.
Je connais le nom de ta femme,
je ne vais pas le mentionner.
Merci. Je lui envoie merci.
Elle m'a sauvé, frérot.
Ils n'ont pas coulé, mais ils étaient là.
Cette femme-là, elle les mérite, ces larmes-là.
Tu as le droit à ces larmes-là, man.
Tu as le droit à ton colis de bonheur.
Tu as été une mauvaise personne dans ta vie, Big.
Ce n'est pas parce que tu as été une mauvaise personne
que tu ne mérites pas. Tu as payé ta mérites pas. T'as payé ta dette.
Moi, j'ai payé ma dette. T'as regrette.
J'ai regrette à 100%. T'es heureux.
T'es un père. Tu t'occupes de tes enfants.
Tu payes tes impôts. À 100%, man.
Merci, mon chum. Pis je suis fier de ça, gros.
On...
On se voit le...
24 septembre.
Je suis à Québec en show. T'es là avec ta femme.
Ça va me faire plaisir, man ta femme trouve-toi une gardienne
parfait, je suis vraiment content
merci, ça fait plaisir
c'est moi qui te remercie Cédric
au parloir Thank you. you