café snake - L'heure d'authenticité
Episode Date: December 3, 2024Les lolcows et un retour sur l'heure de vérité d'Occupation Double Mexique. RIP Jean-Sébastien Larouche Extrait du documentaire La poésie; le verbe incendié https://www.youtube.com/watch?v=8bNA...s58v-Uo Notre patreon: patreon.com/cafesnake Extrait de Iron Man https://www.youtube.com/watch?v=HON4rc-Gi7Y Extrait de Test d’animosité https://www.youtube.com/watch?v=5eHUjLO4Em4&t=44s Sur les disabilities studies et le freak show Exile and Pride, Eli Clare https://www.dukeupress.edu/exile-and-pride
Transcript
Discussion (0)
Bon matin! Salut Daphné, back in Montreal.
Oui, je suis revenue à Montréal hier.
On sait qu'à moi, j'étais un petit peu fatiguée.
Encore une fois.
Mais justement, on voulait vous annoncer
qu'on va prendre un break pour les fêtes.
Donc, c'est pas notre dernier épisode d'aujourd'hui.
Ça va être la semaine prochaine.
C'est notre épisode consacré aux abonnés de notre Patreon.
Puis ensuite, on va prendre un deux semaines, puis on va revenir le 31 décembre.
Puis le 31 décembre, on va faire la liste de nos in and out pour l'année 2024-2025.
En fait, on va review notre in and out de l'année d'avant.
Donc c'est une liste que tu fais à la fin de l'année,
qu'est-ce que tu penses qui est in, qu'est-ce que tu penses qui est out. Puis c'est ça, on l'a fait l'année d'avant. Donc c'est une liste que tu fais à la fin de l'année où est-ce que tu penses qu'il est in, qu'est-ce que tu penses qu'il est out.
Pis c'est ça, on l'a fait l'année dernière,
le 31 décembre. Fait qu'on va le relire
pis on va en faire un pour l'année prochaine. Donc si vous voulez
en faire, vous aussi, pis vous vous joindre à nous
là-dedans. Pour les abonnés, vous pouvez...
On va partir un tweet si vous voulez
contribuer à nos réflexions. Sinon,
on a juste répondu rapidement à certains commentaires
qu'on a reçus. Mounir, est-ce que tu vas
parler du climat politique en Argentine?
Ben c'est ça, quelqu'un nous a demandé si on pouvait
faire un épisode sur l'Argentine, un épisode spécial,
pis justement, moi je suis allé là-bas, j'ai filmé
quand même beaucoup de footage que je suis en train de
dérocher en ce moment, pis que je vais écrire
une vidéo, ben je vais sortir une vidéo SC en fait,
slash documentaire, docu-reportage
sur l'Argentine, le climat politique
argentin, pis juste mondial, parce que si vous
vous souviez ça un peu, Yavier Milet, il s'est quand même devenu une figure prééminente de la politique mondiale.
Donc parler de ça, le mettre en relation avec notre climat politique ici, donc tout ça, ça va être sur ma chaîne YouTube au début du... ben dans le mois de décembre.
Et mentionnez aussi que je me suis fait taguer ce matin dans un TikTok d'analyse médiatique, une auditrice de Café Snake qui théorisait un peu sur son rapport aux médias sociaux. Je suis vraiment contente, j'ai aimé ça.
Si on peut partir ça,
c'est une espèce de mouvance
d'analyse médiatique, why not?
Oui, puis aussi, vous dire,
il faut mettre
5 stars sur Spotify pour vos podcasts.
Ok, merci Mounir.
Puis attends, je vais te dire aussi, c'est Spotify Rap qui sort.
Fait que genre, n'hésitez pas, si vous avez
Café Snake dans vos Spotify Rap,
de comme le partager, nous taguer, comme on est encore dans une quête de promotion.
Donc de quoi tu veux parler aujourd'hui, Mounir?
Aujourd'hui, on va revenir sur le triste décès du tiktoker Anthony Vien,
connu sur Internet sous le nom de Big Tony,
qui était quand même une figure emblématique de l'univers TikTok québécois,
qui est décédé lundi dernier, le 25 novembre.
Donc on va revenir là-dessus, mais pas nécessairement juste sur lui, mais parler du phénomène des lolcauses sur internet, puis de
notre relation avec l'autodestruction sur internet en fait. Et on va aussi aborder la finale, la
grande finale d'Occupation double, l'heure de vérité qu'on a écoutée aujourd'hui. Pour ceux
et celles qui n'ont pas suivi Occupation double, ça dérange absolument pas, c'est des réflexions
qu'on va mettre en parallèle avec des choses dont on a déjà parlé dans la podcast, donc c'est vraiment de l'analyse médiatique, puis ça
concerne pas juste les auditeurs et auditrices d'Occupation double.
Ça concerne tout le peuple québécois, comme dirait Félix.
Fait qu'on n'aura pas d'idgnews aujourd'hui parce que je pouvais pas passer à côté d'un
événement très tragique qui chamboule la communauté littéraire en ce moment à Montréal,
au Québec, et qui me chamboule moi aussi.
Donc je vais essayer de garder comme mon sang-froid pour vous en parler, pour faire honneur à quelqu'un qui nous a quittés,
qui est mon premier éditeur de poésie, donc la personne qui m'a édité avec Carl Bessette, le poète Jean-Sébastien Larouche.
Donc je vais faire un petit segment sur lui. Après, on va présenter un petit montage sonore
qui lui rend hommage, donc ça, ça va être notre segment avant de plonger dans nos sujets plus
pleinement. Je pense pas que je suis la meilleure pour rendre hommage à JS, parce que je suis allée
notamment sur Wikipédia, mais juste pour vous dire, c'est un poète qui est né en 1973 à Sainte-Foy.
Il est mort le 27 novembre 2024 à Montréal. C'est enlevé la vie, donc c'est sûr que
dans ces circonstances-là, la mort, ça peut avoir une espèce d'onde de choc qui est un peu différente
de d'autres formes de mort. C'est dur pour toute la communauté, comme je disais, c'est un poète,
c'est un slumber, c'est un éditeur. C'est mon premier éditeur avec qui j'ai publié Blut et Foule, mon premier livre,
mais surtout avec lequel j'ai l'impression d'avoir été acceptée dans une famille.
Moi, mon rapport avec la littérature, j'ai été très chanceuse, je pense, c'est d'abord et avant tout l'idée d'une communauté, de faire partie d'une grande famille, comme je disais,
puis on l'entend même dans le terme maison d'édition.
Je sais que c'est pas ça pour tout le monde,
mais comme la poésie, c'est quand même un secteur de la littérature
qui est pas très économiquement viable,
je pense qu'on a comme ce luxe-là, ce privilège-là
d'avoir des rapports qui sont peut-être plus authentiques.
Puis c'est ça, même dans le terme maison d'édition,
on entend maison, puis moi, à l'époque où les éditions de l'écrou sont arrivées dans ma vie, ça a vraiment été une bouée de sauvetage, littéralement une maison, un abri, un endroit où je me sentais comprche de ma vision de J.S. Larouche, notamment Karl, un de ses grands
amis avec qui a fondé les Éditions de l'écrou, qui a dit dans son post sur Facebook qu'on l'avait
pas perdu, J.S., en fait on l'avait gagné toutes ces années, pis ça c'est vraiment représentatif
de moi un peu ce que je pense. J'ai juste vraiment l'impression que j'ai eu une chance immense,
un grand privilège de l'avoir côtoyé.
On parle beaucoup de lui en disant que c'était un punk. D'ailleurs, il y a le journaliste Dominique
Tardif qui a dit « Tout le monde prétend être punk. Jean-Sébastien Larouche l'était pour vrai,
dans toute l'intransigeance et dans toute la tendresse que ce mot contient. Mes sympathies
au pote qui l'a si généreusement aidé à exister. Je trouvais que ce sont des mots qui sont très justes. C'est vraiment quelqu'un qui a été exceptionnellement important pour la communauté littéraire, pour les poètes d'aujourd'hui. Quelqu'un de punk, oui, mais de très doux, de très sensible et aussi de très généreux. Juste pour vous donner un exemple, une espèce d'anecdote,
quand on signait notre contrat d'édition avec les éditions de l'Écrou, on se faisait amener dans un
restaurant de notre choix. Ça pouvait être n'importe quel restaurant, on pouvait aller
manger des hot-dogs, mais on pouvait aussi aller dans un restaurant 5 étoiles, littéralement comme
si on était Lady Gaga qui signait un record deal, mais en vrai, on était des poètes québécois qui signaient avec une maison d'édition
qui s'autodistribuait et qui vendait ses livres à 10$ l'unité.
On continue avec un peu l'espèce de notice Wikipédia,
mais on dit qu'à travers son travail, Larouche abordait dans sa poésie des thèmes
comme l'amour, mais aussi la maladie mentale, les médias sociaux, l'alcoolisme. Et surtout qu'il est perçu comme un précurseur de plusieurs transformations
qui ont sorti la poésie québécoise des ornières du formalisme où elle s'était enfoncée.
Donc c'est vraiment quelqu'un qui a donné la parole à des voix poétiques qui sortaient
peut-être un peu du lot, qui étaient peut-être plus narratives, qui n'étaient pas nécessairement
des gens qui avaient étudié en littérature, qui venaient d'un background justement littéraire ou tout ça.
Puis même lui, en tant qu'éditeur, c'était avant tout un ouvrier.
C'est quelqu'un qui travaillait 40 heures par semaine dans une usine de Malte, donc
dans le milieu de la bière.
Un travail dont il parlait vraiment souvent avec beaucoup de passion.
C'est quelque chose qu'il aimait beaucoup.
Il y avait énormément de liens, évidemment, avec les poètes,
mais aussi avec les travailleurs de son usine.
Et c'est avec ce travail-là,
notamment, que lui et Carl,
Carl aussi travaillait à temps plein,
ont financé leurs activités
d'édition. C'est aussi à Jean-Sébastien
Larouche qu'on doit la phrase
qui est abondamment citée, une phrase
je pense dans un livre de Maud Veilleux,
un recueil de poésie, qui dit « Mon éditeur me l'a dit, les filles vont sauver la poésie ». Finalement,
je vais lire des extraits du statut de la publication Facebook de Maude Veilleux,
qui est une poète québécoise contemporaine qui a été aussi publiée chez les éditions de l'Écrou,
un extrait qui correspondait un peu à l'image que moi j'ai eu de JS. Sur toutes les photos que j'ai de toi, tu fais des fuck you sauf une où tu manges un sundae au caramel.
Il faut que j'essaye de pas pleurer parce que j'étais là.
En tout cas, celle-là, je la garde pour moi. Je sais que tu la détesterais.
C'était en 2018 sur la terrasse du Départ Saint-Michel à Paris.
Il était 2h58 du matin.
Tu nous avais promenés dans Paris à danser et à boire sur le pont Neuf pour nous raconter le film de Léo Carax.
Puis tu avais dit « Comment? On va manger une crème glacée. »
Sur la photo, tu regardes droit dans l'objectif, l'air de dire « Pas encore ton crisse de sel. »
Tu étais un punk, il va s'en dire, mais tu étais aussi plus complexe que ça.
Tu étais le poète en pleurs de pas réussir à sauver le bébé chat.
À Noël, tu réunissais la gang de l'écrou, tu nous préparais un cinq-service,
des émulsions, des herbes, du canard, des lasagnes de boute.
Assis à la table en attendant nos assiettes, on scandait « lasagne de
boutte » comme un chant révolutionnaire. En vérité, c'était « lasagne de boutte
jamais ne sera vaincue ». Tu avais une présence bienveillante, mais jamais dans la flatterie.
Et quand on faisait une bonne lecture, tu nous envoyais un sourire ou une tape dans
le dos et rien ne battait ça. Depuis je lis des messages,
bon depuis son suicide, je lis des messages des autres, de ceux et celles qui l'ont connu bien
avant elle. Elle dit qu'elle revoit des images du jeune JS. Je me remémore les anecdotes que
tu m'as racontées sur cette époque que je n'ai pas connu de la poésie au Québec. Malgré tout ce qui
a pu te passer par la tête ces derniers temps, j'espère que tu n'as jamais douté de ce que tu
as fait pour nous. Merci, JS. Donc c'est ça, c'est un moment difficile pour le milieu littéraire
québécois, mais aussi pour ceux et celles qui l'ont connu. Puis je sais pas, pour ceux et celles qui le connaissent pas,
ça vaut vraiment la peine d'aller jeter un coup d'oeil
sur qui c'était cette personne-là.
Puis de fait, on va présenter
une espèce de montage sonore à l'instant.
À quoi ça sert, la poésie?
Ouais.
Ça sert pas à grand chose, tu sais.
À quoi ça pourrait servir?
Sinon être un livre de chevet, merveilleux.
Je pense pas que ça sert à grand chose.
Comme la danse, c'est pas vraiment utile.
C'est beau, c'est laid.
C'est raté, c'est réussi.
Tu changes pas tes pneus de char avec ta poésie.
C'est pas un cric de larmes. S'il vous plaît, s'il vous plaît.
S'il vous plaît.
Ça commence demain. S'il vous plaît! Ça commence de même!
S'il vous plaît! Dites-moi de fermer ma gueule!
J'm'en crisse! J'm'en crisse!
J'm'en crisse! J'm'en crasse!
J'ai la teinte comme un maracas!
J'ai peur de répondre aux e-mails pis au téléphone!
J'ai plus de fun!
La mèche est éteinte! La bombe est intacte!
Dites-moi de fermer ma gueule parce que j'ai des steaks tendres sur la doublure de mon côte
Que j'attends juste d'étendre sur vos bobos pendant que vous regardez les miens
Que vous les écoutez comme si de rien, comme s'il y avait quelque chose à vous dire
Comme, dites-moi de fermer ma gueule, j'aime les bottes une demi et les robes de nuit
Je m'ennuie des spaghettis au beurre dans ma mère gratinée aux patates
Que j'ai pas peur des araguées mais que j'haïs les mille pattes en freaké
Tu peux fermer ma gueule quand j'aurai dû te remplir mon test
À l'ère du DVD, HDTV, Blu-ray, j'suis encore bêta
Un singe à batterie qui fesse un tambour sans batterie sans tambour
On me crie des noms, faut l'faire souder
Mannequin d'boulon, R2D2 de cour à scrap, enfant d'chain
Pouf, con qu' qui fait dingue glingue,
cric et crac, cric et crac, cric et crac, cric et crac,
comme la piscine de mon chum, mon voisin proche du boulevard Bastien pis du Normandin,
Piza, le gros Marc, je l'avais surpris en pleine grâce, pornographique avec l'aspirateur à piscine,
blow job aquatique, succution de banlieue, sanction du solitaire, solution qui désespère.
J'imagine la mère à la fenêtre.
What are you doing, mon chou?
Cleaning up the dirt, mama.
Piston.
Cyborg de vente de garage qui prend de l'âge.
Personne ne veut me faire une chier quand il fait frais de dehors.
L'essence coûte trop cher.
C'est ça, je pense, c'est l'extase, la poésie, dans le fond. Puis l'extase, bien, ça se retrouve dans toutes les plus petites choses.
Mais je sais pas, moi, aujourd'hui, il y avait un monsieur qui pitchait des trognons de pain dans la rue pour les pigeons.
Mais moi, j'ai trouvé ça débile qu'il pitche ça dans la rue.
Pour moi, c'est une image forte parce que quelque part, si l'oiseau va le chercher, il va se faire écraser.
Ça, c'est la chanson « Baby Shark » qui jouait hier matin en boucle dans une cage d'escalier
du complexe Desjardins à Montréal. Le but, c'est de décourager les personnes en situation d'itinérance de flâner
dans les escaliers des sorties de secours.
Tu demandais au secondaire, dans la classe,
au prof, c'est qui qui va devenir un auteur?
Hé tabarnak, je t'ai même pas considéré
dans le top 100 là!
Pis turns out, je suis rendu un auteur
à succès. J'adore ce titre-là.
J'ai comme découvert ça.
J'ai jamais lu un livre.
Dans ma vie, depuis tout petit,
j'ai vécu plein de soucis.
Je suis passé de petit
à putain de junkie.
J'ai appris,
j'ai grandi. Aujourd'hui,
c'est Big Tony.
Donc lundi le 25 novembre, Anthony Vien, 24 ans, connu sous le nom de Big Tony, a été
retrouvé mort dans le métro de Montréal. Les causes de la mort aujourd'hui ne sont
pas encore confirmées par le coroner, on parle d'un arrêt cardiaque après potentiellement
une surdose, c'est ce que sa belle-mère a dit au journal de Montréal. Cette nouvelle
m'a vraiment pris par surprise parce que
Big Tony a fait à un moment
partie de mon algorithme TikTok.
Ça a commencé dès qu'il a débuté
sur TikTok parce que dès qu'il y a eu son
premier TikTok viral, des gens me taguaient
en dessous de ses TikTok pour dire
« Ayo, je savais pas que Mère de la Valle avait des tattoos
dans la face. » C'est comme le monde trouvait que
on se ressemblait d'une certaine façon.
Pour les gens qui l'ont jamais vu, il y a vraiment une apparence
particulière. Big Tony avait
son visage recouvert de tatouage
pis il a directement attiré mon attention.
Donc je le voyais pratiquement genre
dès qu'il était en direct sur TikTok pis si j'allais
sur TikTok, on me suggérait son live
TikTok. Mais c'était comme, je regardais pas
ses lives comme ça, mais c'était comme
une présence, c'était comme un...
Ok, Big Tony est live, mais genre j'allais pas checker c'est comme un hockey big tony et live mais
genre j'allais pas j'en ai qui c'est vrai il y avait cultivé une audience de gens qui le trouvaient
vraiment attachant puis drôle aussi une audience de gens qui l'ont tout encouragé à l'auto
destruction et depuis que j'ai découvert sur internet j'avais tout le temps un sentiment
d'inquiétude quand je pense à big tony quand je le voyais en live je suis comme ok big tony
et live ce qui va bien en 2022 au festival mét, je l'avais vu sur TikTok complètement sous, à moitié nu,
qui déambulait sur le site du festival.
Il y a une vidéo de lui qui est devenue extrêmement virale.
C'est là un peu qu'on pourrait dire la grande viralité de Big Tony.
Ça a été ce moment-là au Festival Métro Métro.
Mais il y a eu plusieurs autres moments viraux.
Puis vu qu'il y avait cette apparence-là,
c'est devenu comme une figure, genre, iconique de la culture Internet
de Montréal, mais sans nécessairement qu'il soit
vraiment connu. Sans qu'il y ait un compte
avec des dizaines de milliers d'abonnés,
mais il était connu par des dizaines de milliers
de personnes. Fait que pour ça, quand sa mort a été
annoncée, pis que le journal Montréal a décidé de faire un article,
quand même, faut souligner, c'est la seule publication
qui est publiée sur la mort de Big Tony,
pis qu'on l'a appelée de tiktoker
ou influenceur. J'ai vu beaucoup de commentaires sur Reddit, sur Instagram, sur TikTok, qui étaient comme,é sur leur monde de Big Tony pis qu'on l'a appelé de tiktoker ou influenceur j'ai vu beaucoup de commentaires sur Reddit
sur Instagram, sur TikTok
qui étaient comme de quoi influenceur
genre comme c'est pas un influenceur, il y a juste 10 000 abonnés sur TikTok
mais Big Tony était bien plus connu
que ses 10 000 abonnés sur TikTok
c'était comme une figure comme latente
genre je sais pas comment dire, j'ai pas de termes pour dire ça
le fait d'être en direct sur TikTok
de façon quotidienne, à toute heure du jour ou de la nuit
c'est une façon de faire de l'argent pour les gens qui font ça,
mais aussi ça expose leur mode de vie.
Ça veut dire que tu as le temps de passer toute ta journée à être sur TikTok en direct.
Ça veut dire que tu ne travailles pas.
Ça crée une vision de ce genre de créateurs de contenu
qui sont des gens qui sont tous sur l'aide sociale,
dans le fond des gens qui ne travaillent pas et des gens qui méritent notre haine.
Il y a ce climat-là sur TikTok que ce soit les gens qui sont en live sur TikTok
peut-être notre mépris
notre mépris
parce que c'est des gens
qui sont construits
comme en marge
en marge du travail tarifé
par exemple
c'est ça
pis Big Tony
n'a pas échappé à ça
pis là c'est là
la partie qui est quand même
absurde
c'est que par hasard
j'ai rencontré Big Tony
en 2023
j'avais décidé
d'assister à titre d'observateur
pendant un tournage
pour une vidéo
de la chaîne YouTube Cheyenne West de Cheyenne Naderi. Je voulais voir comment ils travaillaient,
comment ils réussissaient à produire du contenu, puis pour que je puisse bien parler de la réalité
de la création de contenu contemporaine. Fait que j'ai juste demandé à Cheyenne si je pouvais
aller juste être observateur. Cheyenne c'est un grand YouTuber. Ouais, c'est ça, c'est sa chaîne
YouTube Cheyenne West, c'est une des plus grosses chaînes YouTube au Québec. C'était la vidéo
« Devine qui est le rappeur ». Les animateurs doivent essayer de deviner
qui est le vrai rappeur parmi 5 candidats.
Pis Big Tony, c'était un des candidats,
mais qui était un faux rappeur, il avait pas encore commencé le rap.
Il était là. Big Tony était
très énergique, tout sourire,
extrêmement content d'être là.
Il parlait de ça comme si c'était
un gros accomplissement dans sa carrière,
en fait, d'être dans une vidéo de chaîne.
Pis, c'était ça, c'était une grosse état dans sa carrière, en fait, d'être dans une vidéo de chaîne. Puis, c'était une grosse
état dans sa carrière. Il avait mis en scène
son rôle dans la vidéo. Il est arrivé
avec une bouteille de fort vide, puis du coke,
puis il a fait comme si c'était...
Il buvait, genre, du rhum dans la vidéo.
Tout ça, tu sais, comme il avait vraiment un discours
full lucide sur ce qu'il entreprenait.
Il était très conscient de son personnage.
Ouais, puis ça m'avait full surpris, parce que j'étais comme
« Ok, j'avais... » Puis ça, ce segment, c'est sur sur les lolcows mais j'ai pas encore défini ça, mais un des principes fondateurs
de comme les gens qui se font rire d'eux sur internet par les audiences, c'est qu'ils sont pas
aware. On aurait comme l'impression qu'ils sont pas en contrôle de la performance qu'ils donnent.
Ça me fait penser un peu à, ben en tout cas, tout l'univers du freak show. Avant que tu introduises la figure du lolka ou de la lolka, la vache à l'oeil.
Moi, j'ai beaucoup lu sur le freak show, notamment dans une autothéorie qui s'appelle
Exile and Pride, de Eli Clare.
Puis je vais mettre le livre dans les notes de l'émission.
La logique du freak show, c'est vraiment l'exposition publique d'êtres humains
qu'on qualifiait de marginaux, justement, mais plus encore pire, de monstres humains, donc non-humains.
Ça fait longtemps que ça fait partie de l'histoire, le freak show. On allait regarder ces êtres humains-là en spectacle et on devait payer.
Mais l'apogée du phénomène des freak shows, c'est vraiment au 18e puis au 19e siècle, ou même vers presque la fin du 20e siècle.
Je reprends les mots de Eli Clare, mais comme on venait s'extasier devant des monstres, des sauvages et des geeks.
Désolée, c'est comme la traduction deep L de son paragraphe en anglais. Ils sont venus pour être éduqués et divertis, le public titillé et repoussé. Ils sont venus
pour que leur idée de ce qui est
normal et d'anormal, de supérieur
et d'inférieur, leur sens
de l'identité soit confirmé et renforcé.
Et quand on regarde
quelqu'un comme ça, qu'on
stigmatise ou mettons qu'on catégorise
comme si c'est une construction sociale,
la marginalité, bien qu'est-ce que ça fait en fait?
C'est que ça vient renforcer notre idée
à nous que nous, on fait partie de la normale.
Puis on a évidemment
un sentiment de supériorité face
à la personne qu'on regarde.
Mais c'est ça, je trouve que
l'affaire avec les TikTok live, puis même
les lolcows sur Internet en général, c'est que
ça pousse l'idée du freak show, est-ce que
les gens qui font le spectacle, qui font le freak show, les freaks
en guillemets, eux, ils sont aware qu'ils sont mis l'idée du freak show. Est-ce que les gens qui font le spectacle, qui font le freak show, les freaks, en guillemets,
eux, ils sont aware qu'ils sont mis en scène dans un freak show.
C'est ça que j'allais dire.
Qui sont les freaks du freak show?
Les freaks, ce n'est pas quelque chose qui est essentiel.
On parle souvent d'essentialisation.
On n'est pas freaks par nature.
En tout cas, ça, c'est la thèse qui est poussée par Eli Clare.
C'est vraiment une construction sociale qui relève de croyances, de préjugés,
mais aussi de la performance.
Puis cette performance-là, elle peut très bien être endossée, performée de façon
très consciente, de façon même contrôlée.
Après ça, c'est vraiment un sujet hyper complexe, ça repose sur tellement de choses.
Tu sais, les freak shows en soi, ça repose sur le colonialisme, ça repose sur le capacitisme,
sur le racisme.
C'était qui ces freaks-là? C'était tous ceux qu'on considérait comme autres.
Par exemple, des personnes en situation de handicap, mais qui pouvaient être soit racisées ou blanches.
Des personnes racisées, des autochtones, des gens qui n'étaient pas racisés, mais qui avaient une différence qui était visible.
Par exemple, les tattoos, les femmes à barbe. C'est quand même un sujet
complexe, mais souvent, quand on
parle du freak show, on aime ça
parler du freak comme d'une victime,
alors qu'en réalité,
c'était beaucoup plus complexe,
parce que c'était pas tout le temps
juste des victimes passives,
c'était des gens qui participaient à cette performance-là,
parfois qui
avaient des gains monétaires,
qui accédaient à une forme d'autonomie dans la société,
parce que dans la société dans laquelle on vit, il n'y a pas nécessairement de place pour, je ne sais pas moi, une femme à deux têtes,
mais à travers le freak show, elle réussissait.
C'est juste que ça, ces performances-là, c'est aussi mis en contraste avec juste une femme noire qu'on a kidnappée en Afrique,
puis qu'on amène, puis que c'est comme
regarder ses grosses hanches. Exactement,
la Vénus tantôt. Fait que c'est vraiment,
c'est un sujet, comme on dit, qui est murky,
qui est boueux, tu sais, puis il faut,
oui, oui, il faut pas dire,
non, en fait, c'était pas des victimes,
truc bin, truc bin, mais c'est quand même,
il faut pas non plus considérer que
tous les performeurs étaient des victimes passives.
Il y en a même qui ont souligné les bénéfices de leur exploitation publique, finalement.
Certains contrôlaient leur performance, travaillaient avec un manager, par exemple,
étaient vraiment en possession plus, mais souvent c'était les blancs, on va se dire,
étaient en possession plus de ce travail qu'ils faisaient.
Moi, j'ai parlé pendant 25 minutes avec Big Tony, après le tournage de cette vidéo.
Il était extrêmement lucide. Lui, il m'a expliqué que dans la vie, son rêve, c'était de pendant 25 minutes avec Big Tony après le tournage de cette vidéo. Il était extrêmement lucide.
Lui, il m'a expliqué que dans la vie, son rêve, c'était de vivre des médias sociaux.
Il m'a même montré combien d'argent qu'il faisait sur TikTok en faisant des lives.
Il m'a dit qu'il voulait être dans des films,
qu'un de ses rêves, c'était de se faire interviewer dans une podcast.
Rêve qu'il a réalisé quelques mois après.
Tu sais, quand j'ai parlé, il avait plein d'ambition.
Puis, j'ai demandé qu'est-ce qu'il pensait
des haters, comme qu'ils les appelaient,
les gens qui hate-watchent son contenu,
les gens qui l'encouragent à boire plus, à fumer plus.
Il m'a dit qu'il savait que ces gens-là ne l'aimaient pas,
mais que le hate, ça vend, que le drama, ça attire des gens,
puis qu'il a aussi une audience qu'il aime,
puis que lui, il aime.
C'est un discours tellement nuancé
que même moi, à ce moment-là, m'avait
marqué, parce que j'étais dans une période de, comme,
remise en question de ma présence
sur Internet, pis chez Big Tony, j'avais trouvé
comme une sagesse, qui à ce moment-là
m'avait comme inspiré, littéralement, c'est pas des...
Pis je comprends que là, vous allez écouter cette podcast,
vous allez faire des recherches sur Big Tony,
pis la figure qu'on voit, le footage de lui
en ligne, c'est difficile de, comme,
comprendre qu'est-ce que je viens de dire, mais je vous jure, il était sensible et aware.
Cette espèce de conscience-là par rapport à ton public, puis te dire finalement « moi je l'ai ragebait » ou «espèce de terminologie du freak show, les gens qui travaillaient dans les freak shows, ils appelaient l'auditoire, le public qui venait payer pour les voir, des rubes.
Des rubes étaient parfois construits dans l'imaginaire des gens du cirque comme les vraies victimes.
Ceux qui se faisaient avoir qu'on trompait pour extraire de l'argent.
C'est ça, je pense qu'après, avec la vidéo de Cheyenne, je pense que c'était un pas dans la bonne direction pour lui.
Quand j'ai appris ça moi la semaine dernière, je venais de revenir d'Argentine, littéralement.
Mon algorithme avait été argentin pendant un mois.
Je n'avais pas vu Big Tony dans mon fil pendant le voyage.
J'ai ensuite cherché parce que je voulais voir son dernier live.
Je voulais voir qu'est-ce qui se passait avec lui.
La dernière publication qu'il a faite sur sa page Facebook,
c'est qu'il demandait de l'aide pour se procurer une pompe d'asthme
ou si quelqu'un avait une pompe d'asthme
parce qu'il n'avait pas les moyens de s'en acheter.
Je voulais voir qu'est-ce qui s'était passé,
dans quel état il était. Il faisait des lives tous les jours.
Tu sais, c'est fait que les seuls lives que j'ai trouvé
remontaient à peut-être une semaine avant
sa mort ou quelques jours avant sa mort. Il y avait un live
Facebook, puis il était comme jour
et la nuit de la personne que j'ai rencontrée.
Puis genre, tu sais, c'est comme, il y avait
visiblement un problème de dépendance
qui s'est comme empiré
avec le temps. Puis J'ai vu un live
de sa belle-mère qui était là après son décès
qui disait que juste quelques jours avant sa mort,
il y avait encore des gens qui lui donnaient de l'argent
pour caler des bières. C'est ce rapport
avec l'audience et la consommation.
L'éléphant dans la pièce aussi, je pense que c'est
un rapport avec les classes sociales.
L'idée
d'être pauvre,
mais vraiment pauvre.
Ouais.
Je sais que ça existe par exemple, tu sais, j'avais déjà fait une mini-capsule là-dessus
il y a comme plus que deux ans, mais en Russie il y a ce qu'on appelle des « trash streams ».
Là c'est vraiment, c'est un genre de stream où le streamer va s'infliger des douleurs
physiques, etc. en échange d'argent de roubles ou d'actes humiliants.
Fait que par exemple,
assieds-toi sur une bouteille de bière. Ça conduit les gens à faire toutes sortes d'actes humiliants
ou à s'exploiter eux-mêmes ou à mettre leur vie en danger en échange d'argent. L'affaire aussi qu'il
faut pas oublier, c'est que sur des plateformes comme TikTok, il y a toujours l'apport du lion,
tu sais, au niveau de l'argent, ça revient quand même à TikTok, qui empoche à peu près 70-110% des revenus,
des donations. C'est comme si plus il y a
de gens dans le besoin, plus il y a de gens pauvres
qui font ça, plus TikTok fait de revenus.
Exact, c'est ça.
Ça réenforce aussi des hiérarchies sociales
qui structurent le contenu qui circule
parce que ce qu'on fait, c'est que quand on regarde
ce genre de stream-là,
comme on a dit, voir quelqu'un comme ça,
ça vient peut-être nous
réconforter. L'audience d'un flick show par exemple allait voir ce qui était construit
comme anormal pour se conforter dans cette idée de normalité là. Là on va voir par exemple des
gens s'humilier et ça renforcer notre sentiment de supériorité. Souvent les gens qui vont regarder
ça s'ils se sentent déjà supérieurs socialement parce que peut-être qu'ils sont plus privilégiés, puis ça normalise aussi le fait que la déshumanisation
devient une forme de divertissement.
Puis après eux, TikTok, ils bénéficient de cette déshumanisation-là parce qu'il
va avoir un contingent de gens qui hate sur la personne, mais ça va susciter de l'empathie
chez un autre contingent de gens qui vont donner pour comme l'aider, fait que ces deux
forces-là, c'est ça que je veux parler un peu
c'est un tiktoker aux États-Unis qui s'appelle qui s'appelle qui est encore en vie là qui s'appelle
Joshua Block ou connu sous le nom de World of T-shirts
c'est un américain d'environ 20 ans qui s'est fait connaître sur TikTok à 17 ans
parce que au début de TikTok en 2020 pis là pour comprendre le personnage il y a différentes conditions mentales
j'ai pas son diagnostic exactement. Je ne vais pas dire comme
il est suspect de l'autisme ou il est schizophrène
ou peu importe. Mais il a comme une pléthore de
diagnostics. C'est lui-même
qui le dit. Puis il s'est filmé à
Times Square en chantant
In New York
Concrete jungle where dreams
are made of.
Il s'est juste filmé de même à Times Square
devant tout le monde en train de chanter ça.
Puis c'est devenu extrêmement viral.
Des dizaines de millions de vues.
Puis il le refaisait.
Puis c'était comme un moment TikTok en 2020.
Puis moi, c'est là que j'ai découvert ce cong'là.
Puis je l'ai suivi.
Puis après, avec le temps, au début,
c'était comme light-hearted.
Puis c'était comme juste lui qui va à travers,
qui aime se promener dans New York,
qui filme.
Puis tu sais, TikTok, c'est vraiment juste lui
qui filme devant lui. Autre que eux, où est-ce qu'ils crient, là. Mais c'est juste lui qui aime se promener dans New York qui filme, pis t'sais, TikTok, c'est vraiment juste lui qui filme devant lui,
autre que eux, où est-ce qu'ils crient, mais c'est juste
lui qui filme, lui qui montre
des buildings qu'il aime, lui qui montre des parcs,
pis avec les années qui sont
passées, il a développé, genre, un problème
d'alcoolisme, mais genre, vraiment sévère.
Il allait tout le temps dans des bars, il se filmait,
pis au début, c'était vraiment un mime
de faire comme, yeah, let's go Josh,
another shot, pis là, ça avait des milliers
de likes dans les commentaires. Les gens
encourageaient son autodestruction.
Ouais, complètement. Mais, ce que
ça a fait de ça, c'est que ça a développé
une communauté de gens qui le défendent,
qui le protègent. Des gens qui
font des drink trackers pour contrôler
ça, pour monitorer sa consommation
d'alcool. Des gens qui essayent de
le retrouver parce qu'il se promène dans New York constork constamment il vit chez sa grand-mère ses parents sont décédés il
ya vraiment un bring difficile pilote avec l'argent qui faisait sur tik tok en vendant
des t-shirts ou si il se payait des voyages et allait au mexique se saouler complètement les
gens avaient peur on n'a pas vu de josh ça fait 40 minutes les gens étaient littéralement investi
comme de sa vie sur TikTok.
Des milliers de gens en même temps.
Puis ça, c'est fou.
Moi, je voyais ça en live.
Ce qui est intéressant, c'est que tout ce côté de l'Internet
est vraiment documenté dans des vidéos essais sur Internet.
Toutes ces figures-là ont des vidéos essais de plusieurs heures.
Comme Joshua Block, Worlds of T-Shirt, sur la chaîne de Turkey Tom,
sur YouTube, il y a un vidéo essai de presque deux heures.
C'est genre l'histoire, le complete lore.
On peut le mettre dans les notes.
Mais c'est parce que toutes ces figures-là, puis après ça m'a amené à plus de recherches sur les lolcows.
En fait, c'est quoi lolcows?
C'est littéralement le mot, c'est une vache qu'on milk.
Qu'on trait.
Qu'on trait, c'est ça, milk, c'est trait.
Pour les lols.
Pour les lols.
Fait que dans le fond, c'est une figure qui est sur Internet, qui va tout le temps générer, qui va tout le temps nous faire rire.
Souvent, c'est assez dépendant.
Puis, en fait, le but dans ça, c'est que non seulement ça nous fait rire
parce qu'elle est drôle, mais dans l'aspect de Milk, de trait,
c'est qu'il faut les créer, en fait.
Ça prend un travail pour générer ce qui est drôle.
Fait que c'est pas juste quelqu'un qui est tout seul puis qui nous fait rire.
C'est qu'on doit la mettre dans des situations.
On doit faire des choses, en fait,
pour soutirer le rire, en fait.
C'est pas juste quelque chose qui se passe tout seul.
Pis ça, ça remonte.
L'exploitation d'une forme de ferme.
Farm.
Ouais, exact.
C'est tout ce langage-là de la ferme.
C'est quoi, lol farm?
Lol cow.
Lol farm.
Lol farm.
Il y a toute l'espèce de champ lexical de l'agriculture.
Mais moi, peux-tu juste rajouter quelque chose? C'est vraiment intéressant ce que tu dis. Moi,
juste pour revenir à l'idée de rire à travers l'humiliation de quelqu'un d'autre,
quelque chose que j'ai déjà dit dans une capsule sur «Choses sérieuses», c'est que même la racine
du mot «humilier», c'est «humus». Qu'est-ce que c'est l'humus? C'est la terre. C'est la terre noire,
le sol, toutes les matières organiques en décomposition. Fait que littéralement,
quand tu dis «humilié», c'est ramener quelqu'un vers le sol, l'abaisser. Dans mes recherches,
à travers l'étymologie des mots «clown», ça vient d'un mot germanique qui signifie «motte de terre».
Fait qu'il y a comme, je sais pas si je vais chercher trop loin, mais il
y a ce rapport-là dans le rire, la figure du clown, de celui qui nous divertit, avec
la terre, le rabaissement, retourner au sol, l'humiliation.
Mais c'est ça, moi ça me fait, on dirait que c'est la mort en fait, c'est comme tu
ris.
Ben oui, parce que tu sais quoi, l'humus finalement, c'est le retour à quoi? À la mortalité.
Il faut être humble
parce qu'on est
mortel. Bars. Ouais, c'est vrai, c'est fucking
intéressant.
We're cooking for the
cafe snake audience.
C'est des mécanismes
sur Internet, les lolcows.
On dit la première lolcow sur Internet,
c'est un Américain du nom de
Christian Chan qui s'est fait découvrir sur Internet avant qu'il y Américain du nom de Christian Chan, qui s'est fait
découvrir sur Internet avant qu'il y ait Facebook,
avant qu'il y ait YouTube, sur 4chan,
puis sur Kiwi Farm, des gens qui deviennent
obsédés par des...
personnes qui découvrent, qui se mettent en scène
sur Internet, souvent, surtout dans le temps,
avant, il s'est créé un site pour parler
de Pokémon, puis il a créé
un hybride entre Pokémon, puis
Sonic, qui s'appelle... Sonichu, ça a marqué
4chan, ça a marqué tous ces sites-là
les gens deviennent obsédés à documenter
sa vie, lui vu qu'il
est sur le spectre de l'autisme
il avait une espèce de fascination à documenter
sa vie, il a une Wikipédia
autobiographie qu'il a écrit lui-même
donc c'est comme compléter
ce lore-là, pis ça revient aussi avec le monde
des jeux vidéo parce que quand il cherche une blonde
dans sa vie, on appelle ça Christian
Love Quest. Donc, une quest,
c'est comme... C'est dans le champ lexical des jeux vidéo.
Une quête. Ouais, ton personnage a
une quête. Ça quête pour l'amour. Puis là, lui,
il met des postures dans son université pour
trouver une blonde. Quelqu'un prend une photo des postures,
il les met sur Internet. C'est comme, ah, on a du
nouveau lore. Les moindres faits
et gestes de ce gars-là étaient rapportés.
Exact, pis ça a fait qu'il y avait des
contingents de gens qui étaient comme « Nous, on veut son
bien, nous, on veut son mal ». Ça a déboulé
complètement son état mental.
Là, en ce moment, il est en prison pour agression sexuelle
de sa mère. C'est complètement
terrible, pis je pense qu'il vient de sortir de prison.
Je pense qu'il est sorti,
si je me trompe pas, pis qu'il
continue finalement, il y a comme
ça l'enlève pas la gravité
des crimes qu'il a commis,
mais c'est une personne vulnérable
pis dans l'état de précarité dans lequel
il se trouve ou elle se trouve, parce que je pense
que je connais pas
le genre de... son genre
actuel, c'est comme si la seule issue
pour subsister, c'était
d'être sur Internet.
D'être sur Internet, mais non seulement d'être
sur Internet, mais d'accepter
d'être une lolcow. Moi, ce que
je trouve fascinant, c'est que les gens
qui font ça, c'est jamais les mêmes
gens, en fait. C'est comme tous les ados à des
phases de leur vie. Les gens qui font le harcèlement,
qui mettent en scène des situations pour lui,
qui le baitent, qui font des faux profils de de fait pour essayer de le convaincre de faire des choses
parce que ça a été seul un mécanisme de son harcèlement toutes ces années le lui il cherche
désespérément une fille avec qui être en amour puis des usateurs de fourchann qui crée des faux
compte facebook pour faire moi je suis une fille moi je suis en amour pis ça s'est rendu loin il
avait créé un talisman de sony tchou'était son Price Possession Il y a un utilisateur de 4chan
Qui a réussi à le convaincre
Que c'était une fille
Puis qu'il l'aimait
Puis il lui a envoyé son Sonichu Talisman
Par la poste
C'est genre un collier
Un collier
En métal
Ouais mais en papier manché
Qui a coloré
Ah ok
L'utilisateur de 4chan a réussi à le convaincre
À lui envoyer
Puis il a filmé une vidéo de lui
Qu'il a mise sur 4chan De lui en train de détruire son collier dès qu'il l'a reçu.
C'est violent. Mais c'est ça, puis ça ce scénario-là,
il arrive partout sur Internet en ce moment, puis j'ai l'impression que c'est comme pas
documenté sérieusement. On n'en parle pas, non, on n'en parle pas.
Désolée, j'ai l'impression d'être un vieux, comment on dit ça, une vieille cassette.
Ouais, non mais c'est sympa. On n'en parle pas dans les médias d'héritage.
Mais c'est parce que c'est qu'on peut...
Tu sais, nous, on est tout le temps là à parler de culture web,
d'ice, culture web, dat, mais ça, c'est même pas pour parler
comme négativement à la culture web, c'est juste que je trouve
que l'Internet, ça a tellement été une grosse invention
dans l'histoire de l'humanité, puis là, je redis,
pour moi, c'est plus gros que l'imprimerie.
Peut-être pas plus gros, mais à débattre.
Ça nous donne ce rapport-là aux personnes
qui est purement comme mimétique
puis qui est complètement
abstrait à la réalité
puis pour eux
Chris Chan
ou pour des gens ici
Big Tony
c'est un produit médiatique
comme pur et dur
qui existe juste
à travers des écrans
puis quand j'ai fait
la podcast
avec Farnell Morissette
le fait d'y aller écouter
il dit que lui
on parlait du galet
des influenceurs
puis il dit
non mais moi
ces gens-là vu que je suis à Londres,
je les vois pas dans mon algorithme, fait que j'ai juste un rapport
personnel avec eux, pis moi, j'ai dit que
comme non, moi, j'entretiens un rapport médiatique
avec eux, parce que je veux voir la perspective du
public, je veux voir comment les gens,
ils les perçoivent, je veux pas les connaître en tant que tel
les influenceurs au Québec, parce que je veux
avoir la vraie expérience qui est la plus proche
du public, pis cette nouvelle expérience-là
de voir des gens juste à travers
des médias constants pis constants
ça c'est ça la vraie chose qu'il faut parler
pas parler des lolcows pis de Big Tony
ou whatever, mais parler du fait qu'il y a des
personnes qui existent comme ça genre en ce moment
dans notre imaginaire collectif
pis ça existait à la télé avant dans les livres
il y a des personnages, mais ça
il y a une dimension qui est comme supérieure
pis qui est comme profondément comme différente, je trouve.
Mais moi, je voulais juste rajouter quelque chose, je trouvais ça intéressant que tu dises que,
oui, il y a une partie de l'audience, par exemple, dans l'audience de Big Tony,
qui était là pour l'autodestruction, qui était là pour le mépriser, puis pour l'encourager à boire
ou à faire toutes sortes de choses, mais il y en avait une autre partie qui l'aimait réellement puis avec lequel il y avait une vraie relation, peut-être, de proximité, je sais pas,
d'intimité. C'est ça qui est intéressant aussi dans ce genre de dynamique-là ou ces phénomènes-là,
c'est qu'il y a plusieurs postures adoptées par l'audience puis je dirais même qu'il y a plusieurs
spectacles. Fait que le premier spectacle, ça serait par exemple de voir la personne
chugger une bouteille de whisky, donc faire un acte qui met potentiellement sa santé ou même sa vie en danger.
Le deuxième spectacle qui est offert, c'est par exemple moi si je tombais sur ce stream-là, de regarder
l'audience qui participe activement au stream, qui devient elle aussi un spectacle.
L'audience qui encourage ce genre de comportement-là. Puis au final, qu'est-ce que ça va faire? C'est pas nécessairement meilleur,
c'est que moi je vais avoir, je vais peut-être jouir d'un sentiment passager de supériorité
en me passant au-dessus du monde qui participe à ce spectacle-là. Je peux par exemple les trouver
caves, vulgaires, je peux moi aussi les mépriser. Fait que dans les deux cas,
il y a comme un mépris qui est créé.
Donc ça, c'est vrai. Moi, c'est ça que j'avais à dire sur Big Tony repose en paix
Anthony. Donc, c'est ça, cette saison d'Occupation Double est finie, finalement. On l'a regardée
au complet, même à distance, même à 8000 kilomètres, on a regardé Occupation Double.
Grâce à une invention qui s'appelle le VPN.
Moi, dès qu'elle a commencé,
puis je pense que même dans l'épisode de Café Snipe
qui est disponible sur notre Patreon
où est-ce qu'on parle d'Occupation Double,
j'ai dit que c'était une bonne saison d'OD.
Là, l'heure de vérité qui vient d'être diffusée hier,
dimanche 1er décembre,
c'était la meilleure heure de vérité que j'ai vue
de l'histoire, que je les ai vues.
De l'histoire de l'humanité.
J'avoue, moi, j'avais fumé du du pot c'était comme la première fois en un mois et plus que
j'en fumais fait que je trouvais que c'était un thriller j'ai presque fait
une crise cardiaque j'en revenais pas mais il a fallu qu'on la regarde une
deuxième fois pour vraiment comprendre parce qu'on la regardait en direct
fait que on peut parce que Daphné et moi, quand on regarde des choses d'absolument,
on fait beaucoup pause. Fait que là, regarder quelque chose en direct,
ça a fait en sorte que c'était encore plus...
Mais tu vois, c'est l'une des autres puissantes
du direct. Tu peux pas faire pause dans un live stream.
Non, pis il y a quelque chose de rassurant
dans l'idée de pouvoir faire pause.
Il y a une idée de contrôle, je pense,
pis de régulation des émotions. En tout cas,
du moins pour moi, là.
J'ai de la misère à réguler mes émotions.
C'est ça qui est intéressant dans cette heure de vérité-là,
c'est que le domineux
des candidats, donc leur attitude
par rapport à l'heure de vérité,
dès que ça commence, tu les vois qui sont
toutes chargées, j'ai presque
envie de dire genre une agressivité.
Il y avait une grande nervosité
qui était visible sur
leurs traits, je dirais.
Ben oui!
Mais moi, j'ai l'impression que c'est engendré en partie par la conscience du méta-discours.
Où, je sais pas si c'est moi, mais pour moi, c'est la première année où j'allais vraiment consulter Reddit religieusement après chaque épisode.
Il me semble que dans le discours mainstream, c'était plus présent, c'était plus comme un fait établi,
connu, allons sur Reddit. Parce que, mettons, dans le temps que je faisais des vidéos d'OD,
le métadiscours c'était genre mes vidéos, il y avait ça. Toi, ta voix, ta façon d'envisager
les choses, c'est pas nécessairement représentatif de tes communautés. Oui, mais c'est ça, puis après,
il y avait les espèces de commentaires dans mes vidéos. – Ben après, il y a ça, pis tu sais, juste la façon dont on a vu la conscience du métadiscours,
c'était par exemple avec la caméra ou la production qui décide de filmer alors qu'ils
font des pauses pipi.
– Ouais, ça c'était du génie.
– Pendant l'heure de vérité.
Donc on avait accès comme aux coulisses de la performance, pis je sais pas, je pense
qu'en fait les participants, participantes étaient pas, étaient même pas conscients qu'ils étaient filmés à ce moment-là.
Ce serait bon à demander.
On va mettre un extrait. que je parle. Merci. Non, ça va. Je pense que c'était un peu normal, c'était tout moche. Ben là, je suis comme en affreux.
Si vous,
vous n'avez rien
à vous reprocher,
entre vous,
vous avez été sincère
ou direct.
Elle était dans
mon air qui a le son.
On les voit discuter
de leur performance.
De ce bloc-là.
C'est comme,
ah, c'était un bon segment.
Non, c'était pas bon ça.
Fait qu'on les voit
avoir un discours
sur leur performance,
voir comment ils pensent
que ça va tourner.
Là, on voit même
des candidats qui se sont pognés,
qui vont se parler, continuer leur débat
entre Chyna et Bilal.
Toi, t'as dit, quand on le regardait hier,
que ça te faisait penser à la logique du live stream.
Ben oui, à 100%.
Moi, c'est ça qui m'a intéressé.
Je dirais que je suis comme, OK, ça continue.
Je trouve que, tu sais, O'Day s'est vraiment monté
et cette heure de vérité était vraiment montée.
On pouvait voir les coupures,
mais il y avait un
je trouve un effort
qui était là
pour qu'on ait l'impression
que ce soit pas
qu'il y ait pas de coupure
donc là justement
les pauses
tu vois tout le monde
qui relâche
genre pis le monde
qui se lève
ils replacent leur linge
pis là des petites discussions
pis ces segments là
avaient l'air pas coupés
mais ça veut pas
cette impression là
d'avoir accès aux coulisses
c'est un effet d'immédiateté
qui est vraiment présent dans les lives.
C'est de plus en plus ça qu'on consomme.
C'est comme s'il y avait eu une espèce de conscience de la part de la prod par rapport à ça.
Ils ont essayé de recréer ce feeling-là.
Ça fonctionne.
Ça a fonctionné aussi.
Comme j'ai dit dans l'épisode qu'on a fait sur Occupation Double,
OD, c'est casting, casting, casting.
Puis il y avait tellement un bon casting cette année
que les animateurs n'ont presque pas eu à parler.
À part Fred, qui a fait des bonnes interventions
deux fois pour recentrer le sujet.
Mais ça, ça a fait en sorte
que c'était tellement plus fluide aussi.
Le fait qu'il fasse juste se pogner, argumenter.
Ce ton-là a été instauré par le candidat
qui a gagné, Félix,
parce qu'il a tellement été récompensé pour avoir fait ça toute la saison.
Oui, pour avoir un peu été transparent, un personnage vraiment intéressant dont j'aimerais
parler. Moi, j'ai personnellement voté pour lui et Solène, je vais être transparente aussi. Le
personnage de Félix qui est quelqu'un de super analytique, qui développe une espèce
de pensée mathématique par rapport à tout ce qui se passe à Occupation double, non seulement la
saison qu'on a regardé mais les saisons d'avant. Qui est très probabiliste aussi, on a l'impression
qu'il est toujours après faire des statistiques dans sa tête, des probabilités. Quand il parle
d'Odé à un moment donné, il dit même durant la soirée de vérité « À Odé, tout est information ». Ça c'est crazy cool.
Puis le jeu d'Occupation double donne beaucoup de points à comme la bisbée,
au doute, tout est information dans Occupation double.
J'ai trouvé ça intéressant parce que ça me faisait penser à des choses qu'on avait déjà
abordé dans Café Sni. Le calcul des probabilités, en passant, c'est quelque chose qui est excessivement présent en ce moment dans nos vies, notamment avec l'intelligence
artificielle générative, donc toutes les espèces de large language models, dont le
grand modèle de langage qu'on utilise, par exemple, chat GPT. Ce sont des systèmes
de probabilités qui vont calculer ça va être quoi la meilleure réponse à donner
statistiquement. De façon statistique. Donc, on voit ça, je trouve, s'incarner très bien dans le personnage de Félix.
Puis je trouve qu'à travers Félix, puis à travers le fait aussi que c'est lui qu'on a décidé d'élire,
lui et Solène, ça en dit beaucoup sur notre rapport au réel en ce moment.
C'est ça, fait que dans une récente publication sur Instagram,
Félix précisait un peu c'était quoi sa job.
Oui, puis tu dis dans une récente publication sur Instagram,
dans sa première depuis qu'il est sorti.
Bonjour tout le monde, c'est Félix de ODéMexique.
Donc aujourd'hui, j'aimerais ça spécifier un peu quel est mon emploi exactement
parce que premièrement, c'est ma grande passion dans la vie
et deuxièmement, il y a beaucoup, beaucoup de curieux qui m'ont écrit
« J'ai porté le titre de développeur logiciel à ODé,
mais c'est plus spécifique que ça
c'est du développement de logiciels mais qui encadre tout ce qui a rapport au marché boursier
donc l'automatisation des transactions boursières ou plus connu mêlement ce qu'on appelle du trading
algorithmique donc du trading automatisé. En fait ce qui est intéressant avant que tu ailles dans le fond
juste dans la forme, c'est la première fois
que je vois un candidat d'Occupation Double sortir avec, pas un story, mais avec une pièce de contenu
qui reprend les codes du niche à internet tellement bien, la musique, le décor, le montage, les stock
images, c'est comme une vidéo de trading, de bitcoin. On est dans l'univers des crypto-bros.
Puis des formations.
Parce que c'est ça le skill qu'il va faire.
Oui, le hustling.
Comment faire?
Dans le fond, il y a une catégorie d'influenceurs,
on a déjà parlé de ça dans Café Snake,
qui sont là littéralement pour dire,
c'est un peu la version girl boss, mais masculine.
Prends en reine tes finances.
Puis je vais te montrer comment devenir quelqu'un
de libre financièrement.
Fait que c'est ça, les codes qu'il reprend, c'est vraiment le code du coach qui vend des
formations.
Puis je serais pas surpris que ce soit ça le endgame à Félix, que ce soit vendre…
mais vas-y, de quoi il parle dans la vidéo là?
Qu'est-ce que c'est ça?
Ben je sais pas, il dit juste qu'il est pas seulement un développeur logiciel, en fait
il développe plus précisément des logiciels pour faire du trading automatisé.
Donc, une forme de spéculation sur les marchés boursiers à travers des algorithmes.
C'est ça, sa job.
Puis là, ça m'a vraiment fait penser à un épisode qu'on a fait tout récemment
qui s'appelle « La réalité spéculative ».
Qui est disponible juste sur Patreon.
Juste sur Patreon, mais pour vrai, ça vaut la peine, si jamais 5$, pis là vous allez avoir accès à tous nos épisodes,
pis au pire vous désabonner, mais je vous encourage à l'écouter, moi je suis vraiment…
Non, au pire vous restez abonné, mais aussi… Je suis fière de cet épisode-là, pis ça parle
d'une forme, une nouvelle forme de subjectivité qui se déploie de plus en plus, qu'on a appelé
le jeu spéculatif. J'avais fait
beaucoup beaucoup de lectures, c'est à travers ces lectures-là qu'on a eu notre conversation.
Mais le jeu spéculatif, c'est en lien avec la plateforme, on parlait de ça en lien avec la
plateforme Polymarket, c'est une plateforme où on peut miser, donc spéculer sur plein de choses,
mais notamment le déroulement d'événements réels, par exemple, qui va gagner les élections aux États-Unis.
Puis c'est pour ça que ça a beaucoup fait jaser dans les médias, parce que sur Polymarket,
ils avaient les gens qui ont spéculé, prédit la victoire de Donald Trump, ce qui n'était
pas nécessairement reflété dans les sondages.
Ni dans les médias de déritage.
Oui.
Donc, à travers Polymarket, on a parlé de ça, le jeu spéculatif.
Puis à travers le jeu spéculatif, ce qu'on dit, c'est une nouvelle sensibilité qui se forme où les gens sont amenés à spéculer, mais qui développent aussi un goût pour la spéculation, un goût pour la prise de risque.
Pour le gambling. de Félix pendant l'heure de vérité que sa propre expérience à Occupation double, sa propre présence
là, ça faisait partie pour lui d'une activité de spéculation, qui est quelque chose qui le passionne.
Il dit ça, il adore spéculer, là c'est comme s'il spéculait avec sa propre expérience vécue,
puis même tu vois dans sa façon d'envisager les choses, qu'il prend tout en considération quand
il dit « AOD, tout est information », il traîne par exemple son fameux calepin où il va noter plein de données plein d'informations. C'est les notes
qu'il a pris en écoutant les épisodes je sais que si vous écoutez pas mais la podcast les ficelles
ont vraiment beaucoup parlé de Félix comme étant fan de la théorie des jeux puis le fait qu'il
aurait quantifié tout ce jeu fait que c'est comme de quoi qu'il est dans le discours ici. C'est dans
les hardguys puis après ça je vais faire un lien avec un article qui est paru dans The Atlantic tout récemment.
Il s'appelle « Les trois piliers de la broéconomie », « The three pillars of the broéconomie », que je vais mettre dans les notes.
Mais finalement, qu'est-ce que la broéconomie?
Bon, ça se base sur un marché qui est volatile, qui est spéculatif, qui est très online, en ligne.
Donc, tout est gamifié, on en a parlé souvent. Il y a non seulement la crypto, mais il y a aussi les paris sportifs, qui se sont vraiment démocratisés.
Puis tout ce qu'on appelle le day trading. Puis ça, c'est que finalement le marché s'est démocratisé. Avant, il fallait passer par un courtier, par exemple, pour faire de la spéculation, pour intégrer le marché boursier. Aujourd'hui, il y a des applications comme Robinhood, comme Wealthsimples qui nous
permet de façon très… Wealthsimples, by the way, au Canada, qui appartient
à la famille Desmarais, je ne sais pas si vous le saviez, je le dis live.
Qui nous permet aussi facilement que de commander, par exemple, du poulet sur Uber Eats, de participer
au marché boursier, d'acheter des actions, d'en revendre, d'acheter de la crypto ou
d'en revendre, etc. Ces
applications-là aussi encouragent une forme de gambling. De gamification, surtout comment c'est codé. On n'est pas dans le paradigme de l'investissement, on est vraiment dans le paradigme de la spéculation parce que c'est un peu comme si tu étais sur Facebook ou sur Instagram où chaque jour tu as plusieurs notifications qui t'encouragent à, bon, retomber sur l'application, aller vendre tes actions, aller en acheter d'autres, t'as des promotions.
Il y a toutes sortes de stratégies de gamification. C'est comme je disais, une affaire d'investissement. C'est vraiment un truc de gambling.
Puis on le voit aussi parce qu'on a regardé un reportage, Daphné et moi, sur les « quants » en fait.
Puis c'est un terme qui est utilisé pour parler à Wall Street de ce poste-là qui est vraiment rendu influent dans l'industrie boursière.
Puis là, je vais le googler live, mais le « quant », c'est ça, « quant », c'est un short pour « quantitative analyst »,
fait que c'est des espèces, c'est le nouveau poste le plus influent dans Wall Street, c'est plus nécessairement des gens qui ont étudié en finance,
mais c'est des gens qui vont avoir étudié en génie logiciel, en génie informatique, des
gens qui viennent du monde des mathématiques, qui vont se spécialiser dans calculer des
probabilités sur, mettons par exemple, les plus petites choses qui pourraient modifier
le cours d'une action. Mais quand on est dans des grosses échelles de fonds d'investissement,
de fonds comme BlackRock ou comme Vanguard qui gèrent des
trillions de dollars, si on achète ou on se retire une fraction de seconde avant,
ça peut signifier des millions de dollars, des dizaines de millions de dollars.
Donc cette nouvelle fonction, pas cette nouvelle, mais en fait cette fonction qui est devenue
plus en prominence depuis les années 90, en fait, en ce moment, c'est le poste le mieux
rémunéré dans les firmes d'investissement à Wall Street.
C'est le terme. Les analystes
quantitatifs. Oui, exactement en français.
Puis c'est peut-être un peu ça que Félix
fait aussi. Parce que c'est ça que les comptes
font. Ils font trouver le bon moment pour vendre.
Ils automatisent ça. Puis ça a été
automatisé aussi à perte
des fois. On a vu dans le reportage qu'on écoutait qu'il y a des
millions de dollars qui ont été vendus automatiquement
pour une erreur algorithmique. Donc, si ça,
le but, c'est de minimiser toute
l'automatisation via avec des pertes,
mais si elle arrive rarement et qu'il y a plus de gains,
eux, ils ne voient même pas ça comme... Même si c'est
20 millions $ qui est perdu dans une transaction, c'est comme
ouais, mais overall,
on bénéficie beaucoup plus que
cette perte-là. Mais eux, ils peuvent se
permettre de prendre des risques. Les risques
qu'on nous encourage à prendre tous les jours,
à travers, par exemple, ces applis de gamification
qui gamifient
les transactions boursières.
Le truc, c'est que nous,
on ne peut pas se permettre
les pertes
qu'eux peuvent se permettre.
Puis c'est ça.
Puis Félix, je pense
que dans sa stratégie,
son calcul de probabilité,
c'est moi, je vais dire
dès le début,
OK, tout le monde,
est-ce qu'on joue tous
une game?
Parce que moi, je pense
qu'on joue tous une game.
Puis du moment
qu'il a dit ça devant tout le monde
puis tout le monde est resté silencieux
comme euh, euh, euh, il a compris
que ça allait être ça
sa façon de gagner
c'est de tout le temps remettre de l'avant
que non seulement dans une game, non seulement
des gens nous regardent, des gens nous jugent
pis moi j'ai rien, j'ai tout laissé
devant, j'ai tout dit ce que je pense
pis dans son calcul ça, ça lui
rapportait plus que rester avec la même fille que depuis le début mais moi je
voulais revenir aussi sur qu'est ce qu'il disait quand il a dit tout est
information dans l'équipage sans doute parce que en ce moment c'est comme si
notre vision de la vérité de ce qui était réel ça semblait tomber ou s'appuyer
sur des données des données qualitatives mais quantitatives des
données numériques surtout.
Puis comme tu disais, on utilise l'intelligence artificielle pour faire du trading, mais aussi
pour prendre des décisions, notamment à l'aide de ce qu'on appelle l'intelligence artificielle,
mais on devrait avoir peut-être des termes qui sont plus spécifiques. Fait que j'en ai parlé
souvent, j'en ai même parlé dans un épisode de
choses sérieuses, mais on utilise ces grands systèmes de langage-là pour prendre des décisions
qui sont souvent très cruciales dans la vie des gens. Par exemple, un gouvernement qui va entrer
les données d'une personne pour savoir si cette personne-là, elle a accès à l'aide sociale. Ou,
comme dans un article que j'ai lu tout récemment, un algorithme qui va décider si toi, tu as accès au rein sain qui vient d'être accessible.
Fait que tu sais, c'est pas rien ces décisions-là, c'est des décisions tellement complexes, puis il y a beaucoup de choses à prendre en considération,
puis on dirait qu'on veut pas se mouiller à prendre cette décision-là, fait qu'on va relayer la décision à une machine comme si les données étaient plus objectives, plus neutres et
plus du côté de la bonne chose à faire, la vérité. Comme si la vérité se situait là dans les données.
Et je trouve que Félix, il incarne cette vérité numérique en mode ordinateur. C'est comme s'il se
présentait lui comme étant la vérité parce qu'il y a un raisonnement qui ressemble à un ordinateur. calculer tout ce sujet-là, puis il arrive à cette conclusion-là pour telle et telle raison,
puis comment il parle, le ton de voix qu'il utilise,
c'est vraiment très mathématique,
vraiment très « Ah non, j'y ai pensé,
je suis le meilleur ordi de l'humanité,
puis voici ce que j'arrive à la fin comme résultat. »
Puis c'est vraiment depuis
les premières fois qu'il va à Rogan,
ça a tout le temps été ça, son personnage.
C'est ça, mais je pense aussi que
c'est comme une conception
qui s'est amplifiée, comme on dit, dans les dernières années et qui est notamment issue
d'une forme de propagande qui a été faite par GAFAM. Parce que dans une société extractiviste
où on a commencé à extraire des données à travers la surveillance des plateformes, des réseaux sociaux qu'on
utilisait. Il faut donner une valeur à ces données-là, à big data, pour pouvoir les
revendre sur un marché secondaire. Et c'est comme ça qu'ils ont développé leur modèle d'affaires.
Fait que le discours, ça a été qu'on nous a convaincus que les données étaient une forme
de ressources que l'on pouvait miner et qui avait une valeur intrinsèque à ces données-là.
Qu'une donnée égale de l'information.
Puis comme ça, avec cette information-là, on pouvait vendre de la publicité programmatique.
C'est quand même dans le discours implicite depuis au moins, je dirais, 15 ans que les données ont une valeur, que les données, c'est l'informationinformation, que les données c'est du bord de la vérité.
On se demandait hier en regardant l'heure de vérité, pourquoi est-ce que le Québec a voté pour celui qu'il percevait comme étant le plus du côté de la vérité?
Pourquoi c'est cette valeur- est dans une culture où la peur
qui est centrale, c'est cette espèce de confusion-là entre la fiction, le réel,
l'authenticité, la non-authenticité. On est comme dans une crise de l'authenticité,
ce terme qui est très difficile à définir. Finalement, quand on s'y arrête, on est
dans une société qui nous pousse non seulement à la performance, mais qui nous pousse à être ultra conscient de nos performances qu'on donne aux autres.
Puis à performer l'authenticité.
Exactement. Puis après ça, être soit fictif, soit être réel. On l'a déjà dit aussi,
authentique et non authentique, c'est une forme de binarité. On n'est jamais une chose
ou son contraire. On peut parfois être les deux choses en même temps. On est parfois à la fois authentique et non authentique, à la fois dans la fiction, la
performance et la sincérité. J'ai l'impression que notre système capitaliste nous pousse
aussi, pis ça j'en parle dans ma quille, à habiter des paradoxes. Pis on est torturé
dans ces paradoxes-là. Au final, on a peur que l'autre nous découvre. Nous découvre
comme étant quoi? Inauthentique. Oui, une fraude. Alors qu'est-ce qu'on fait? C'est
qu'on est toujours à pré-traquer cette chose-là, non seulement en nous, mais chez
les autres. Puis c'est ça, la meilleure illustration de ça, c'est vraiment le fait
que Félix s'insurge en l'heure de vérité sur le fait que Maud, une candidate, serait
allée à Occupation Double en ayant un intérêt amoureux à l'extérieur de l'aventure
qu'elle ait rencontré un gars, qu'elle ait vu ses parents
qu'elle ait dit je t'aime juste un mois
avant de quitter pour l'aventure
et Félix sort
ça doit pas passer sous silence
que tu es allée à Occupation Double en étant en couple
oui on est toutes là pour notre carrière
mais on est tous aussi disponibles amoureusement
pis il la pousse même à dire qu'elle est allée
à Occupation Double pour sa carrière c'est vraiment comme à dire qu'elle est à l'Occupation 2 pour sa carrière.
C'est vraiment comme une scène d'anthologie d'Occupation 2.
Moi, il y avait une autre...
Une dernière chose que je voulais mentionner au passage,
c'est justement pour revenir à Félix dans ses analyses très probabilistes
de OD en tant que contenu médiatique.
À un moment donné, il fait comme des gens de statistiques,
puis il établit une corrélation entre l'amplitude de ta stratégie, fait que plus...
À quel point t'es stratégique. À quel point t'es stratégique,
puis l'amplitude des changements que l'aventure OD et le chalet vont amener ou apporter à ta vie.
Puis il dit ça tout bonnement, mais qu'est-ce qu'il veut dire?
Plus t'as à gagner, plus le changement va être important, plus tu vas être stratégique.
»
C'est quand même du jeu.
Exact.
Chaque participant qui veut réellement gagner 600 000, 18 par 2, 300 000, mettons, il va
mentir pis comme créer des scénarios pour se mettre dans des positions proportionnelles
à quel point ce 300 000 va changer sa vie.
Mais en fait, je trouve que c'est une façon de dire
bon plus tu es pauvre, plus tu es stratégique parce que gagner un chalet qui vaut un demi
million ça va effectivement avoir un réel impact sur ta vie ou pas nécessairement la pauvreté mais
au niveau comme de ton importance dans l'univers médiatique. Moins t'as d'abonnés, moins t'as de visibilité, plus
t'as à gagner aussi. Donc, plus
tu vas être stratégique. Et il dit ça
en pointant du doigt Raph,
qui est un personnage qu'il qualifie
du personnage le plus stratégique de
Occupation Double, qui est quelqu'un,
je sais pas c'est quoi sa situation économique,
mais qui se
déclare comme un influenceur voyage.
Un créateur de contenu, mais au final c'est
quelqu'un qui avait à peu près 11 000 abonnés sur TikTok comme tu as dit.
Moins que ça, puis qui a en fait recopié le modèle de Johnny Rock en voyage.
Ouais, comme on parlait un peu de lui, tu sais, qui faisait ce qu'on appelle…
Du IRL streaming.
Du IRL streaming, donc qui se suivait puis récoltait des donations. C'est quand même intéressant
parce que c'est comme si, en ayant ce discours-là,
finalement, quand t'es déjà
connu, quand t'as déjà de l'argent,
ben, tu vas être plus authentique
parce que t'as rien à perdre, rien à gagner.
Je pense qu'il a fait ce calcul-là après avoir
le... Il a dit cette phrase-là, je pense qu'il a eu cette réflexion-là
après le vote,
après qu'il ait su le résultat, parce que
lui, dans sa tête, il se dit... Puis après avoir entendu tout le lore, fait qu'il ait su le résultat, parce que lui, dans sa tête, il se dit,
puis après avoir entendu tout le lore,
il se dit que Christina est milliardaire,
elle, elle a été la moins stratégique,
parce qu'elle n'a pas besoin d'argent,
mais aussi Raph, c'est grave,
il n'a pas besoin de parler de sa situation,
pas nécessairement parler de sa situation financière,
mais le fait qu'il oeuvre,
puis qu'il mette en scène que c'est un créateur numérique,
fait en sorte qu'il y a le plus à gagner aussi de ça, parce qu'il oeuvre et qu'il mette en scène que c'est un créateur numérique fait en sorte qu'il y a le plus à gagner aussi de ça parce qu'il dit clairement que l'attention qu'il va générer dans l'émission,
peu importe s'il gagne ou pas,
ça c'est un prix aussi, le fait de se faire connaître dans son milieu.
C'est pour ça qu'il pointe rafle aussi.
Mais je pense qu'il a fait cette conclusion-là après avoir regardé les émissions.
Mais tu vois qu'il y a plein de shirtcomings
à Félix parce que quand il annonce les pourcentages
des votes puis qu'on apprend que le couple
de Christina et Alexandre ont fini dernier,
il est surpris. Mais s'il avait bien
analysé l'émission, il aurait compris que c'est
évident qu'il aurait fini dernier. Toi, t'es quand même
dans l'analyse de si
ces spéculations étaient
vraies ou fausses. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est
les dynamiques puis les hiérarchies sociales qui révèlent
que c'est effectivement vrai
que quand t'es dans la marde, tu vas prendre
plus de risques. Quand t'es dans la marde,
tu vas être obligé
d'occuper un rôle paradoxal.
Tu vas être obligé de performer
davantage. C'est ça que je trouve intéressant.
Je trouve que ça fait...
ça finit par vraiment boucler la chose
dans le sens où qui va se streamer sur TikTok, qui va caler du whisky en ligne,
qui va mettre sa vie en jeu? Ben des gens qui ont plus à gagner qu'à perdre. Pis ces
gens-là, c'est des gens qui sont en situation de précarité la plupart du temps pour Fiat fait que ouais
c'était une bonne
saison d'occupation
très bonheur de vérité
ouais
sur ce
qu'est-ce que
juste dire aussi
pour le Patreon
tout le monde
abonnez-vous au Patreon
mais aussi pour Noël
cette année
Patreon a ajouté
une fonction
vous pouvez donner
des abonnements
en cadeau
fait que si vous connaissez
quelqu'un qui aime
full Café Snake
si vous avez un échange de cadeau,
dire « Hey, je t'ai donné un abonnement au Patreon
de Café Snake », vous pouvez faire ça
maintenant sur Patreon. Est-ce que tu peux
le donner pour une durée déterminée? Je sais pas
exactement, mais tu peux
donner un abonnement en cadeau. Je te donne un mois
d'abonnement.
Ok, bien merci beaucoup de
nous écouter comme toujours, puis
sur ce, on se revoit la semaine prochaine.
Il va y avoir évidemment un preview qui va être disponible sur toutes les plateformes,
mais l'épisode en entier va seulement être disponible sur notre Patreon.
Puis ça va être notre dernier épisode avant notre grand retour.
Le 31 décembre.
La musique d'intro d'Altro et de Aslo.
A-Z-L-O, Puis c'est Café Snick avec
la brillante Daphné B.
Et mon air cadourille.
Ouais, pas de qualificatif.
Génial.
Le roi.
Merci. Bisous.