café snake - Premiers matériaux pour une théorie de la ptite mözus
Episode Date: July 30, 2024Recession pop, hyperpop, Jojo Siwa, micro-trottoir et les gars de Sorel ...
Transcript
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Sous-titrage Société Radio-Canada une ours. Puis là, j'étais comme vraiment frustrée. Puis j'ai dit, moi, je regarde pas ce film-là. C'est Café Snake.
J'ai pas l'impression d'être quelqu'un qui peut vraiment parler de musique.
Mais c'est intéressant parce que là, la musique est complètement liée au climat politique,
mais aussi à l'économie.
Puis particulièrement la pop.
Puis j'ai lu que la pop, en fait, c'est un genre musical
qui est complètement façonné par l'économie.
Donc, c'est comme, parler de la pop,
en ce moment, c'est comme parler de la pop, en ce moment,
c'est parler du climat économique.
Attends, juste,
après que tu finisses, c'est l'équivalent féminin du Zinternet., faut trouver un nom à ça, genre, mais ça existe. Genre, la fille qui a fait ça,
fait pour cette culture-là le penchant féminin du internet. Fait que c'est comme le sorority girl
looking for a man in finance. I'm looking for a man in finance capturerait, en fait, des sentiments
de frustration, de vulnérabilité financière. Finalement,
qu'est-ce qui pogne dans la pop en ce moment? Capture un peu le zeitgeist, l'ère du temps,
qu'est-ce qui se passe? Comment les gens pensent? Sans le vouloir, on se met à quand même pas mal
parler de musique. Est-ce qu'on entre dans une ère de théorie musicale où les gens n'auront pas le
choix de parler de musique pour parler de ce qui se passe dans le monde? Est-ce que tu penses que c'est à cause
de à quel point la musique est incrustée
dans le short-form content?
Je pense que c'est une bonne hypothèse
parce que finalement, on parlait des édits de TikTok ensemble.
Mounir m'en a parlé.
J'ai écrit un article dans la presse là-dessus.
C'est une vidéo, un amalgame de clips vidéo
montés dramatiquement, mélangés avec de la musique pour soit faire la promotion d'une personne,
de des idées, d'un moment historique.
Puis ça a été beaucoup utilisé, aussi beaucoup utilisé en politique pour faire comme des montages dramatiques des politiques.
Tu sais, en ce moment, il y a énormément d'édits de Kamala Harris.
Si on n'est pas sur TikTok, on a peut-être de la misère à envisager c'est quoi,
mais ça a de plus en plus de popularité,
de pression, surtout en ce moment. On peut pas vraiment parler de politique sans parler
d'édit de TikTok. Pis de musique. Pis de musique, parce que l'idée dans un édit,
c'est que c'est un montage d'images, mais qu'on entend pas nécessairement les gens parler. C'est
comme un fancam. Ou sinon, ça peut être peut-être une citation qui est comme
moindrement dramatique ou bien formulée. Exact ou genre, tu sais même Biden il y avait des
edits hard où est-ce qu'il était dans un speech en 2020 pis il était comme « we're the United
States of America, we own the finish line. »
Pis ça, c'était comme poignant.
Fait que là, c'était tout les edits de Biden,
c'était avec cette quote-là.
C'est une petite quote.
Est-ce qu'elle donne de l'idéologie,
des idées, une plateforme,
des policies?
Genre, aucune façon.
Au-delà des mots,
ce qui est transmis,
c'est une émotion,
c'est un vibe,
c'est un feeling.
Pis ça, en soi,
c'est un discours.
Pis c'est un discours, justement, je pense,
parce qu'il se passe de mots,
qu'il y a une force de frappe vraiment grande.
Universelle, internationale.
J'ai cette impression que l'heure de vérité a sonné
pour les médias d'héritage,
qui ont vraiment longtemps parlé d'Internet
ou de la réalité numérique
comme quelque chose qui était à part du monde physique, quelque chose
qui était une parenthèse et qui était en très grande partie juste un véhicule de fausses nouvelles.
Puis ils ont eu le privilège pendant plusieurs années de pas prendre la réalité numérique au
sérieux, de pas y plonger littéralement, il y a beaucoup de journalistes qui, par exemple, se sont jamais trempés l'orteil
dans TikTok.
Puis là, ils ne sont plus
capables de comprendre le monde.
Parce que là, il y a vraiment une
interprénétration du discours
pop, de la culture numérique et
du discours politique.
Là, on vit une année électorale
record en ce moment. Il y a eu, en
2024, c'est l'année où il y a le plus d'élections dans le monde.
De l'histoire des élections.
Puis Internet vient vraiment jouer un rôle.
Juste avant, il y avait les élections en France.
Il y avait un discours qui s'est développé dans les médias français sur les édits.
Ils n'ont pas eu le choix parce qu'il y avait tellement d'édits,
notamment de Bardella, mais de Bardella à Tal,
qui mettait en scène comme une fausse relation
romantique entre les deux candidats
politiques. On ne peut plus comprendre le monde
en faisant l'économie,
mettons, de la réalité numérique.
Ça fait en sorte que ça crée des moments
vraiment loufoques
dans les médias, particulièrement à la télévision.
Moi, c'était tout en ça.
Comme je l'ai dit,
quand j'ai fait l'émission avec tous les candidats pour être premier ministre aux dernières élections, j'avais réalisé après moi c'était tout en ce que, tu sais comme j'avais dit quand j'avais fait l'émission avec tous les candidats
pour être premier ministre aux dernières élections
j'avais réalisé après que c'était
of course que ça allait être les politiciens
qui allaient adopter le monde numérique en premier
parce que eux, ils font pas de calcul
culturel sur
l'importance des médias vis-à-vis
eux c'est purement une entreprise
comme statistique, promotionnelle
promotionnelle, pis ils vont aller où est-ce qu'il faut qu'ils aillent
pour avoir le plus d'engagement,
pour rejoindre le plus de monde. Fait que
of course, c'est la politique qui va bouger en premier.
Ça, c'est qu'on n'est plus dans un paradigme
de promotion. Je pense que les médias
sociaux, finalement, jouent un rôle
qui va au-delà de
toucher à une audience. Tu peux pas
comprendre le discours,
si tu comprends pas
non seulement la culture numérique,
la réalité numérique, mais les affordances
de chaque application. Je me suis poignée sur Facebook
cette année, ou genre l'année passée
comme à l'automne, avec une
journaliste importante du Québec.
Je veux dire, moi, je veux
respecter cette job de journaliste, mais
qui est en train de ressasser
encore les mêmes conneries de « Moi, j'ai décidé de me consacrer aux choses importantes telle la précarité, telle la politique » et finalement de laisser de côté la culture numérique. Mais c'est comme la réalité dans laquelle on vit, c'est pas le monde physique versus le monde numérique, c'est un mish-mash de tout ça ensemble. Le monde numérique, c'est une extension du monde réel.
Tu peux pas parler de politique ni de précarité
si tu ne parles pas, si tu ne t'intéresses pas,
si tu ne comprends pas la culture numérique.
La division que tu fais entre les deux,
c'est une division qui est fantasmée,
qui est fantasmagorique, qui est artificielle.
Pis qui contribue à l'espèce de
culte qui est les médias d'héritage.
Parce que c'est un espèce de culte.
Un culte.
Non, mais c'est une mentalité de culte.
Mon air est conspirationniste 100%. Faut faire attention au « psy-up » tout le
monde. J'ai dit tout de suite « another day, another psy-up ».
Comment tu veux faire du journalisme en mettant de côté toute cette partie-là du monde?
C'est impossible. Parce que là ils vont créer des espèces
d'entités au sein de leur boîte médiatique pour faire comme
« Ah, ça, c'est nos gens du web », comme style
décrypteur, genre. Ouais, mais les décrypteurs,
là, OK, moi, je...
I've got you, les décrypteurs!
Ce que je vois à deux sur
Twitter, OK, c'est vraiment
une gang de bros,
de un. Le réflexe, c'est
d'analyser le contenu
médiatique qui circule sur le web pour dire si c'est vrai ou faux.
Les médias d'héritage ne peuvent pas se contenter d'analyser le web en fonction de qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est faux, qu'est-ce qui est généré par l'IA, qu'est-ce qui est une conspiration.
Il y a aussi une posture que je trouve très condescendante. Parlant des décriteurs, de dire « Nous, on détient la vérité. »
Puis « Oh my God, vous êtes faits pogner. »
« Vous avez cru des choses qui n'étaient pas vraies. »
« Bien de... Vous êtes naïfs. »
C'est ça. Je trouve que leur posture
est très condescendante.
Elle est condescendante dans la mesure
où, oui, les médias d'héritage,
c'est important, ils ont plus d'objets,
puis c'est important d'avoir du
budget pour justement avoir les moyens de ses ambitions tu sais si tu veux faire des gros
reportages, des enquêtes ça prend des sous mais il y a quand même toutes sortes de discours qui
circulent dans les médias qui sont des discours de propagande puis ça on ne peut pas le nier
genre c'est littéralement après avec le génocide tu sais même moi je ne peux pas le nier. Littéralement, après, avec le génocide,
même moi, je ne peux pas utiliser le mot génocide
quand j'écris dans la presse.
Fait que oui, il y a toutes sortes de discours de propagande
qui circulent dans les médias d'héritage,
dont Radio-Canada.
Puis des biais aussi.
Des biais, on ne pourra jamais s'en départir.
Des biais, je veux dire, on est des êtres subjectifs,
on est des subjectivités
engagées dans l'espace public. On vit dans une réalité, puis ça je vais en parler tantôt,
qui est un amalgame de faits et de fictions. Là j'essaie de faire de la philo, je suis pas bonne,
j'ai lu, j'essaie de comprendre, mais c'est le concept d'hyper-réalité de philosophes français
comme par exemple Jean Baudrillard, qui est déjà mort,
mais ça fait longtemps que ça a été théorisé.
On vit dans une réalité qui est
altérée, qui est un peu une fiction.
Comme quand on parle de télé-réalité,
juste le mot télé-réalité,
ça implique qu'il y a la réalité,
mais comme on a dit à l'épisode
précédent, la télé-réalité,
ce qui est fondamental dans
cette production médiatique-là, c'est le
montage. Donc la mise en récit. Donc dès lors qu'il y a une mise en récit, on est dans la fiction.
Fait que de dire que c'est de la télé-réalité, c'est comme ça fuck notre rapport au réel. Puis
c'est comme si on était dans un réel qui était très fictif. Surtout quand... Mon Dieu, c'est dur!
Non, non, mais c'est juste possible, je t'écoutais.
Je reviens à mon point, c'est que les médias d'héritage, finalement, semblent pas mal
déconnectés avec ce qui se passe en ce moment,
avec le discours.
Puis là, justement, hier,
il y a un clip de CNN
qui tournait sur Internet, que plusieurs personnes
ont partagé, où tu vois des gens,
des journalistes ou des présentateurs, desateurs. Tu vois là Jake Tapper c'est comme la tête d'affiche des médias de
décryptage. Il essaie de décrypter ce qui se passe avec la campagne des démocrates et
charlie xx puis c'est cringe. On va l'écouter là. Moi je trouve que c'est une
performance genre ils savent je pense vraiment que c'est ça tu vois c'est conspiracy monique c'est correct
moi je le check
pis y'a un goût finesse
y'a une espèce de self-awareness
qui ils savent que ça va être
memefied comme ils sont trop sérieux
je pense que t'es vraiment
tu leur donnes tellement plus de crédit
que moi je non
je suis pas d'accord avec toi
je les mets dans la catégorie naïf. Ils comprennent pas.
So, for the record, I was tipped off about this, what I'm about to share with our voters,
our viewers rather, by my 16-year-old daughter, who is an actual member of Gen C.
Fait que déjà, il faut créer le disconnect. Genre, moi, je connais pas ce monde-là, ça vient de ma fille de 16 ans.
Mais c'est tout le temps ça. Quand est-ce que
vous allez décrocher, puis juste
assumer que vous êtes incompétent?
OK? C'est tout le temps comme
un side joke. Wow, qu'est-ce qui se passe sur
Internet? C'est donc bien déluré.
Pour les ados. C'est pas pour les ados, là.
J'ai 34 ans.
OK? Ça, c'est
une façon d'infantiliser
ce qui se passe sur Internet, et encore là, de prendre les gens de haut.
Il y a une condescendance là-dedans, en filigrane.
En filigrane. night, Kamala is brat. And this is in reference to her album, it's called Brat.
Kamala has branded her Kamala HQ Twitter page
with the same aesthetic of the
album. That's another Gen Z word, aesthetic.
A Gen Z word!
C'est genre...
Pourquoi c'est un Gen Z word, esthétique? Ça n'existait pas avant?
En français, c'est esthétique.
Ça a toujours existé, mais je pense que c'est un mot,
un terme qui revient beaucoup dans le discours
à cause de la multiplication
des esthétiques sur TikTok.
Le rad girl, clean girl,
genre coquette girl.
Le radcore.
Le genre gorpcore,
corporate chic, je sais pas trop quoi.
It's even becoming a trend on TikTok.
On TikTok!
À chaque fois qu'ils disent TikTok, on dirait qu'ils disent
un mot comme exotique, effervescent.
Juste dire TikTok, pour lui,
c'est comme « I'm in the know ».
Parce que c'est les deux mots.
It's becoming a trend
on TikTok. Another Gen Z word.
Désolée.
Special Gen Z correspondent,
Jamie, what can you tell us about it?
Ça, c'est une joke. Notre spécialiste
Gen Z correspondent, c'est une femme de genre...
C'est une vieille journaliste.
Comment t'appellerais ça?
Elle a une esthétique Karen.
Non mais ça nous aide à comprendre.
Encore?
Elle parle de son Gen Z recherchiste.
La condescendance, le fait que, genre,
la minute que je vais dire ça, les gens vont cracher leur café.
Elle dit « my Gen Z research », genre, sa recherchiste, dans le fond,
qui lui a écrit ce qu'elle doit dire, qui, genre, sûrement doit avoir mon âge.
Elle va rire d'elle parce qu'elle va dire « that's brat » en direct sur CNN.
C'est comme « oh my god, voir queat atteint enfin les dignes, nobles,
genre, incroyables zones de CNN. »
Et pour ceux qui ne sont pas dans le « know » comme je suis,
c'est une chose cool.
Ça a un couleur.
Chartreuse est la couleur.
Ça, c'est mon bout de préféré.
Là, elle est devant les présentateurs,
puis elle montre une affiche avec justement la couleur,
comme on dit, les chartreuses.
Chartreuses.
C'est juste comme...
C'est politique aussi, dans le fond, pour n'importe quelle page social. Mais j'ai apporté des notes, parce que je savais que vous aimeriez une définition.
C'est politique aussi dans le fond, parce qu'elle dit
« whatever social media decides », elle sait que c'est Twitter,
elle veut juste pas donner de promotion à Twitter,
comme si genre...
Tu sais ce que je veux dire?
Ok, voici.
Charlie XCX, qui je connais,
dit « Brett, tu es juste celle qui est un peu dégueulasse ex-ex who I do know, quote, brat, you're just that girl who is a little messy and likes to party
and maybe says some dumb things sometimes, end quote. So it's the idea that we're all kind of
brat and Vice President Harris is brat? I don't know if you're brat. I think you aspire to be
brat. You don't just become brat. You have to try. You can work at it. Pour être brat,
un brat, ça pourrait être un synonyme
de comme in the know, dans un sens,
ou comprendre les...
You have to try, hein?
Get on TikTok.
Do they know, like, the last
line of the album is like to bump
a key of coke? Tu sais, c'est un album très genre sur la drogue, sur le pointé.
La cétamine.
Oui, mais je me demande,
mettons, au Québec,
on ne pourrait pas avoir une campagne
qui endorse un album avec autant de vulgarité.
Je pense qu'on a oublié de dire un élément,
c'est qu'avant que ça se rende à Kamala,
je veux dire, c'est organiquement créé par les internautes.
Ça fait même plus de 2-3 semaines, je dirais, que sur TikTok,
on ne voit que des edits, des montages de Kamala Harris
avec sa citation sur les noix de coco,
mélangée avec de la pop qui joue en ce moment,
donc Charli XCX, Bratt, puis Chapel Rowan, etc.
En trois ans quand on va parler de ça, ça va être l'été de Charlie XCX pis c'est
comme... fait que finalement elle avait raison dans son interview du subway de Artistry Charlie
XCX parce que dans le métro de New York pis elle dit, il lui demande « what's your take? »
pis elle fait comme « the music is not important, it's about artistry » genre.
Ouais, la valeur artistique. C'est ça. Dans le fond, tu sais, le roll-out de
Bratt, ça a duré genre six mois, là.
Ça fait six mois qu'elle est dans ce era.
Mais honnêtement, moi, je te dirais, pour les gens
qui sont chroniquement en ligne, c'est
vraiment super visible. Mais
je rencontre plein de mes amis, tu sais, encore là,
je suis dans la trentaine, moi, je suis une milléniale.
À chaque fois que je parle de Charlie XCX
à mes amis, ils savent pas de quoi
je parle. C'est quoi à mes amis, elles savent pas de quoi je parle.
C'est quoi leur problème?
Il y a comme un fossé générationnel. C'est un fossé
d'habitude de consommation médiatique aussi.
Ah ouais, exact.
C'est ce qu'ils disaient un peu de TikTok que t'avais vu.
Moi, je trouve juste ça fou que
elle ait réussi son roll-out
avec, au début, elle a sorti justement
le 365
je pense que c'était le premier single
après le avant-dutch ça a été le deuxième single
pis au début tout le monde était comme
what this era is giving
I'm not sure
pis là ça a genre juste flip
je pense que c'est vraiment les vidéos clips
je sais pas qu'est-ce qui a fait que l'era a genre
percé comme ça
étincelle
qui pogne dans le foin qu'est-ce qui a fait que l'Era a, genre, percé comme ça? — Étincelles... — Ouais, c'est quoi?
—... qui pognent dans la grange, qui pognent dans le foin, brûlent la grange!
— Il y a eu une étincelle qui a pogné dans le foin, puis qui a brûlé la grange.
— Ouais, mais peut-être que c'est son Boiler Room, les vidéos de ça, le vidéoclip de 365...
— Moi, je pense que c'est... c'est vraiment un contexte politique. Sérieusement.
J'ai écouté une vidéo YouTube de
Politicon, c'est un compte français
politique, et la vidéo s'intitule
Accélérationnisme Hyperpop
vers des futurs désirables
au-delà du capitalisme.
Puis c'est une vidéo qui parle
d'un nouvel essai qui vient
de paraître en France, qui va paraître
bientôt au
Québec et qui s'appelle Hyperpop, la pop au temps du capitalisme numérique. Un livre de Julie
Ackermann. Finalement, j'ai écouté aussi un podcast, le tout dernier épisode de Polyester
podcast qu'ils ont fait sur la recession pop et j'ai lu un essai publié en ligne qui s'appelle
Towards a theory of recession Pop. Je parle de
Hyperpop, Recession Pop, puis est-ce que c'est
la même affaire? Non, pas vraiment,
mais je pense que les deux sont vraiment super
liés en ce moment, dans le
contexte. Mon understanding
de Hyperpop, ben tu sais, c'est
vraiment influencé
par justement des gens avec qui on travaille, avec Charlotte,
avec Sophie, c'est comme juste pushé les... Sophie.
Sophie, puis 100 Gex, là, c'est moi,
c'est ça mes référents. Le label de musique, PC Music, de AJ Cook, né au début des années 2010.
Ouais, c'était très connecté à la culture des jeux vidéo au début, mais comme pas du côté Call of
Duty ou jeux, t'sais, plus Minecraft. Minecraft. Des sons électroniques. Ouais, pis...
Élémentaires.
Le gros break through de la hyperpop dans le mainstream, c'est vraiment une scène dans
la saison 2 d'Euphoria.
Parce que la petite sœur du personnage de Sydney Sweeney a comme une espèce de crise
adolescente pis qu'il faut qu'elle parte en bicyclette se promener.
Pis la musique qu'elle met dans ses oreilles, c'est une chanson de 100 Gex. Puis cette chanson a eu son moment sur TikTok,
fait que là on parle de janvier 2022. Hyperpop, c'est un nom forgé par un employé de Spotify
pour regrouper justement plusieurs chansons sur une même playlist en 2019. C'est ça.
Fait que c'était quand même déjà pas mal présent là. Fait que c'est né au début des années 2010.
Moi j'ai noté que pour moi, c'est comme
la pop qui fait, mettons, une overdose de four local, mais de façon très consciente et non naïve.
Wow! J'ai quelques citations. J'ai dit son enjeu, c'est d'amplifier, c'est comme d'exagérer,
de grossir les traits de la musique pop. Finalement, d'en faire quelque chose comme
une célébration extatique,
de la jouissance, comme on parlait
dans la Recession Pop, où le but, c'est vraiment
de jouer, d'aller
danser dans le club.
Put your hands up in the air.
Mais qu'il y avait aussi une espèce
de composante réflexive
par rapport à l'état du monde,
le contexte dans lequel on vit.
C'était exacerber le côté clin clinquant capitaliste de la pop.
C'est comme une forme de capitalisme caricaturé.
C'est que ça devient comme une forme de satire de l'hyperconsommation du capitalisme,
mais c'est comme si, au final, en poussant ça à son maximum, à son paroxysme,
en étant dans la caricature extrême, on arrivait à une nouvelle forme
de sincérité et d'authenticité.
C'est comme si en étant le plus artificiel
possible, en ayant des sons
techno,
élémentaires, de style jeu vidéo,
en étant vraiment dans des paroles
qui peuvent être juste comme « Hey, je suis brat ».
Comment on dirait ça en français?
Parce que « brat », c'est ça, c'est comme
« childish », « stop being bratest ça c'est comme childish stop being bratty
c'est comme un enfant qui chiale
qui fait des chimères
petite colisse
une petite mosis
je suis brat
je suis une petite mosis
t'es consciente de faire partie
d'un système hyper capitaliste
qui est voué à une partie d'un système hypercapitalisme qui est
voué à une forme
d'autodestruction
mais t'es consciente aussi
de pas vraiment pouvoir t'en détacher
parce que vivre sous le capitalisme
c'est y participer, donc
tu y plonges finalement
pis tu fais l'expérience de ces jouissances
dans le fond maquiller c'est un peu du hyperpop
j'ai réalisé
j'ai réalisé en lisant là-dessus mon livre maquiller, c'est un peu du hyper-pulp. Ouais, j'ai réalisé. J'ai réalisé en lisant
là-dessus mon livre maquillé.
C'est ça, c'est lié à une forme d'accélérationnisme
qui est une... C'est un courant idéologique.
Courant idéologique qui pense que
soit l'accélérationnisme, ça peut être
de gauche, de droite,
il n'y a pas vraiment d'allégeance
au niveau de ce... Spectrum.
Exact. Mais c'est de croire
qu'il n'y a pas d'autre régime
possible que le capitalisme,
donc on va l'accélérer
pour éventuellement le dépasser.
Comme s'il fallait plonger
dans une espèce de lac toxique
pour pouvoir mourir
et renaître de ses cendres.
Fait qu'il y a quand même
un côté qui est aware,
dans le fond.
Dans le hyper-pup,
il y a quelque chose
d'hyper-conscient qui n'est pas du tout naïf. Fait qu'il y a quand même un côté qui est aware, dans le hyper-pup, il y a quelque chose d'hyper-conscient qui est pas du tout naïf. Fait qu'il y a une espèce de distance critique quand même qui est présente. Mais je pense que cette distance-là, elle a ses limites, comme on peut le voir en ce moment avec le Brad Summer, l'été de la petite Moses, qui finalement a récupéré à toutes les sauces, comme se l' lit tout le temps sous le capitalisme.
Mais là, par exemple,
une campagne électorale,
oui, c'est les démocrates, mais les démocrates,
c'est aussi des gens qui financent un génocide. Puis qui financent la
déstabilisation de plusieurs régimes partout
dans le monde. Exactement, depuis des années.
C'est une hégémonie américaine. Exactement.
C'est pas l'affaire la moins...
C'est pas la gauche, les démocrates, OK? On va se le dire.
Disons que c'est le centre droit. Mais la moins... C'est pas la gauche, les démocrates, ok? On va se le dire, disons que c'est
le centre droit. Mais les États-Unis,
de base, c'est que c'est juste, c'est pas le même...
Moi, tu connais ma pensée sur le spectre gauche-droite.
Je peux plus penser en termes gauche-droite, selon mon air.
C'est les élites
contre les sayops, contre George Soros,
ok, tout le monde? La recession pop,
revenons-en, parce que là, je pense que
la recession pop de
2024, c'est du
Hyperpop. Et
là, on revient à ce qu'on disait,
tu sais, en 2008, première récession,
là, il y a le paradigme
de Tonite. Là, j'ai lu
un essai quand même intéressant là-dessus
qui disait, bon, les thématiques
qui reviennent dans la Recession Pop,
ça inclut justement des
zines consuméristes,
comme si au bout du portefeuille, il y avait une nouvelle réalité.
C'est l'essai Towards the Theory of Recession Pop.
Des chansons sur le sexe qui sont sexless.
Des chants d'empowerment.
That tries to lifelessly propel us off the ground.
Comme si, finalement, tu tombais mort raide sur le sol,
puis que là, finalement, on décidait de te soulever dans les airs,
puis de te faire body surfer, mais tu étais déjà un cadavre.
I want to distinguish Recession Pop from escapist pleasure.
Donc, c'est pas du escapism.
C'est pas pour s'évader de la réalité. However, as a recession pop is much more about being present and aware of pop music context.
Donc c'est vraiment une espèce de jouissance qui est orchestrée dans des moments économiques
qui sont peut-être plus durs, mais il y a cet esprit que tu jouis dans un contexte, que tu es vraiment conscient
du contexte.
Toutes ces théories sur la Recession Pop, c'est quand même récent, comme quand ça
se passait en 2008, en 2009, est-ce qu'il y avait des gens qui réfléchissaient là-dessus,
non?
Ben ça, c'est pas nécessairement un essai qui a été écrit dans les dernières
semaines.
Je sais plus c'est quand, faudrait que j'aille revoir mais à méditer ça c'est pitbull
exactement ça
tu sais c'est comme classique recession pop
c'est devenu un trend TikTok l'année passée.
There's something so thrilling and unifying about obeying a pop star demand to just dance.
C'est dans le fond ton dieu ce soir-là dans la boîte c'est la pop star pis elle t'ordonne de
danser. C'est comme les tigayas dans le fond de Just Dance. Je veux dire, la planète va cramer, la planète va exposer,
donc pendant qu'elle éclate, hein, dansons.
Dance the night away. C'est ça l'idée.
Je sais que les lyrics de Just Dance, c'était de Lady Gaga.
C'est ça.
Just Dance, gonna be okay.
Exactement.
Just Dance. Au be ok exactement Just Dance
au-delà de tout ça, je pense qu'il y a quand même
une distance critique à avoir
même avec Charli XCX
notamment parce que
là elle vient de s'affilier aux démocrates
bon, c'est une position qui peut être
je veux dire, ça m'aurait vraiment surpris
qu'elle s'affilie avec Trump
ça aurait tellement été incroyable, Trump is rat, c'est mon rêve
les démocrates, c'est pas des anges du tout.
Ce sont des bourreaux, en fait.
La présidence de Barack Obama,
ça a été une des plus meurtrières.
Fait qu'il y a rien vraiment de réjouissant,
nécessairement.
Puis l'autre affaire que je voulais dire,
c'est que Charlie Hicksiex est aussi associé
à un podcast qui a beaucoup d'influence
à Brooklyn, qui s'appelle le Red Square Podcast.
Ça fait déjà quelques années que
ça pogne et notamment
une des animatrices qui s'appelle
Dasha puis il y aurait comme
une chanson sur son album qui lui serait dédiée
puis ça c'est vraiment
un podcast de filles
je sais pas comment tu les décrirais
parce qu'à un moment donné ils ont du fan du podcast
non
mais je les écoute c'est un peu des edgelords dans le sens qu'à un moment donné, ils sont rendus fans du podcast. Non. Non? Mais je les écoute.
Ils les plaisent.
C'est un peu des edgelords dans le sens qu'ils aiment
la controverse,
ils aiment choquer son MAGA,
Make American Great Again.
Par exemple, Dasha, justement,
la fille qui aura inspiré Charlie XCX,
elle a été photographiée, notamment,
en train de tirer
sur une cible qui était déguisée
en palestinien.
Moi, je trouve ça complètement
dégueulasse, néprisable, en fait.
Fait qu'il y a comme
cet ongle-là à Charlie XCX
qui probablement va,
moi, je pense, apparaître de plus en plus
dans le discours, peut-être dans les prochains mois.
Surtout que le ciel est son X médiatique maintenant,
mais c'est comme un clip de Red Scare Podcast où ce que Dasha
justement dit, oui, Charlie m'a envoyé la chanson,
je l'ai écoutée, c'est correct.
Mais Charlie a dit qu'elle était très
fascinée par Edgelord Culture.
C'est comme l'espèce de culture
irrévérencieuse de dire les propos
les plus inflammatoires. Sur les médias sociaux, oui.
Sur Twitter, entre autres. Pour créer
de l'engagement. Pour générer de l'engagement.
Parce que leur podcast est vraiment très centré sur les arts et la culture
sur le cinéma
ils reçoivent souvent des poètes, ils reçoivent des artistes
souvent des gens qui sont pas mal tous à gauche
mais qui ont cette espèce de sens de l'humour
irrévérencieux
où est-ce qu'ils ont pas peur de se prendre
dans les plis du tapis ou de marcher sur des oeufs
fait que ça crée cette espèce
de chambre d'écho de gauche
mais qui est tannée
de se censurer.
Tannée du wokisme.
Mais quand tu t'en vas au fond de leurs idées,
dans leurs propos, dans leurs podcasts,
c'est rarement qu'ils vont tenir
un discours de droite, sauf sur
le fait qu'ils adorent Donald Trump.
Moi, je trouve que c'est quand même méprisable
d'attirer,
de tenir ce discours-là,
finalement, de le normaliser aussi.
Genre, il y a quelque chose là-dedans que je trouve répugnant.
Là, je voulais en venir à une autre
icône de la pop du moment.
Jojo Siwa? Oui!
Qui a parlé de Jojo Siwa aujourd'hui. Oui, oui, c'est ça.
Ben, moi, honnêtement, avant cette année,
je la connaissais pas, Jojo Siwa.
Est-ce que tu veux que je te fasse un petit rundown sur Jojo Siwa?
Jojo Siwa, c'est une enfant actrice de base qui a participé à la télé-réalité...
Comment ça s'appelle?
Dance Mom.
Dance Mom.
Ça jouait à TLC, je pense.
À TLC, où est-ce qu'elle a quand même été une des personnages forts.
T'es Dance Mom, c'est vraiment une instructrice de danse très autoritaire
qui donne des cours très intenses à des très jeunes enfants.
Là, on parle d'en bas de 10 ans. Là, on est dans le domaine de l'exploitation des enfants. Oui, à la télé. Ensuite, quand elle
a fini son séjour à Dance Moms, elle a fondé une chaîne YouTube quand elle était très jeune,
où est-ce qu'elle faisait du contenu pour enfants. Ce contenu est devenu extrêmement,
mais extrêmement populaire. Où est-ce qu'elle a signé un deal avec Nicola Deon, puis avec Toys
R Us pour vendre des jouets. Je pense en 2018 ou en 2019, le chiffre d'affaires de la marque de
Jojo's Sweat était plus qu'un milliard de dollars. Puis tu sais, elle avait un look très, tu sais,
petite fille, une couette blonde avec des paillettes, puis un beau. Une grosse bouche
dans ses cheveux qui est devenue une marchandise qu'elle vendait. C'était super populaire chez les
enfants. Chez les jeunes enfants. Ouais, c'est ça.
Puis là, moi, le moment où Amita
est apparue, c'est au moment de son
rebrand. Donc là, elle a voulu
changer son image parce qu'elle a eu
21 ans cette année. Elle devient une adulte.
Fait que peut-être qu'elle veut s'adresser à
une autre audience. Puis son audience a vieilli.
Ouais. Franchement. Une partie de son audience
a vieilli, mais comme le contenu en ligne,
souvent le contenu pour enfants,
c'est comme intemporel,
il n'y a pas nécessairement
d'actualité.
Il y a des jeunes enfants
qui tombent sur son contenu
maintenant
puis qui vont le binger.
Même s'ils ont 5 ans,
4 ans, 8 ans maintenant,
mais c'est du contenu qui date.
Mais là, c'est quoi son target
en ce moment, tu penses?
Son target audience
maintenant,
c'est genre,
moi je dirais 16 à 22 ans. Rebrand, processus de réinvention de soi mais je trouve ça intéressant c'est vraiment collé à l'univers commercial parce que c'est comme si on traitait l'individu comme une marque. Pis on est vraiment dans l'imaginaire corporate mais c'est ça, elle voulait avoir une image plus adulte, plus edgy, c'est aussi une lesbienne, Jojo Siwa, donc là il y a toute cette dimension-là de sa sexualité qui arrive.
Parce que je pense pas... Parce que tout ça a commencé par sur Coming Out, il y a deux ans.
Ouais, je pense pas qu'avant elle parlait de sa sexualité dans ses chansons si son audience c'était des jeunes, des enfants.
Fait que là elle a le goût de parler de ça, elle a le goût d'être une adulte, elle arrive dans un événement établi dans une espèce de costume noir, inspiré de Kiss, du gros maquillage noir,
c'était très très très camp, des bottes platformantes, tacky. Ce look-là, c'est devenu
un même. C'est comme ça que moi, m'est apparue Jojo. C'est intéressant parce que j'ai tellement
lu sur le hyperpop, pis c'est aussi lié comme au capitalisme comme on dit, pis aux communautés
queer. L'idée de réinvention de soi, l'idée d'une identité qui est fluide, qui est, t'sais, comme on dit, puis aux communautés queer, l'idée de réinvention de soi,
l'idée d'une identité qui est fluide,
qui est... Si on n'est pas dans le paradigme
essentialiste de comme t'es né comme t'es
puis t'as jamais changé,
toute cette idée-là de fluidité,
elle peut être décollée
de la sexualité
en soi ou même du genre,
puis ça peut devenir comme... Non, mais sous
le capitalisme, on peut toujours se réinventer ». Pour se réinventer, tu changes ton image de marque ou tu changes
ta façon de t'habiller ou tu changes ta façon de te maquiller, tu changes ton esthétique.
La réinvention perpétuelle de soi ça fait partie du capitalisme mais c'est aussi lié au queer.
On n'a pas de clip à jouer, mais elle parle tout le temps de
c'est le rebranding le plus hard qui a jamais été
fait. Jamais personne n'est passé
d'autant polished
pour enfant à une espèce de
pop star confrontationnel.
Punks ou whatever.
Quand elle fait des performances live,
elle fait toujours à semblant de caler
des bouteilles
de whisky. Il y a quelque chose
de très salace.
Quand c'est pas vrai, on a vu, notre génération européenne de Miley Cyrus qui a vraiment
passé de Anna Montana, Disney pop icon, à Miley Cyrus, Bangerz era, c'est comme ça
que ça s'appelle, quand elle a fait des chansons avec... Wrecking Ball. Non, avant ça, elle a fait des chansons avec des rappeurs, avec Juicy J.
Où est-ce qu'elle...
Elle parle d'elle qui fume du weed avec Jordan, avec le rappeur Juicy J,
qui vient de Three 6 Mafia, de Houston.
Tu sais, c'est comme...
Tu sais quoi? La réinvention de soi perpétuelle, c'est très visible dans la pop,
où les stars de la pop sont amenées à faire ça.
Chaque album, surtout les femmes...
On parle de era, mais Kanye aussi fait ça, je veux dire.
À chaque fois que tu sors un nouvel album, t'es censé révéler une nouvelle personne,
une nouvelle identité, un nouvel état.
Une nouvelle esthétique.
Ouais.
Fait que c'est ça, t'as raison, elle veut vraiment mettre en scène le fait que son rebrand, c'est quelque chose d'historique, c'est quelque chose que tu n'as raison elle veut vraiment mettre en scène le fait que
son rebrand
c'est quelque chose
d'historique
c'est quelque chose
que tu n'as jamais vu avant
pis elle a même dit
qu'elle avait inventé
le gay pop
pis ça
ça a vraiment fait
de la commotion
il y a plein de monde
qui était comme
what the fuck
pis quand c'est arrivé
moi je pensais
que c'était self-aware
encore une fois
moi je leur donne
parce que je pense
tu leur donnes
beaucoup de crédit aux gens
ben oui
mais il faut être intelligent
pour naviguer la culture
à ce haut niveau-là.
Puis je pense des fois que les gens
sont plus self-aware qu'on pense.
C'est une affirmation qui nie finalement l'histoire.
C'est ahistorique,
parce qu'il y a une négation du passé,
de tout ce qui s'est passé avant elle.
Déjà que, tu sais, son suit iconique,
c'est littéralement Kiss.
Puis aussi, à mon sens, l'histoire de la pop,
elle est collée à l'histoire de la culture queer. Comme tu peux
pas parler de pop sans parler des communautés
queer, LGBTQ+.
Fait que je trouvais que là, c'est intéressant
qu'elle dise ça, qu'elle avait inventé le gay pop
parce qu'elle s'inscrivait dans une sorte
d'hyper-présent, tu sais, comme tu nies
le passé. Puis pour moi, c'est l'hyper-présent,
c'est en adéquation
avec l'hyper-pop.
Tout le monde a critiqué cette affirmation-là
puis est allé nuancer ses affirmations,
je sais pas, comme dans une entrevue.
Elle a employé une métaphore directement tirée du monde des affaires.
De quoi de vraiment corporate chez Jojo Siwa.
Avec elle, il y a comme une forme de nihilisme.
Tu sais, quand on parle d'hyper-réalité
où il y a comme un mélange de faux puis de vrai
puis de simulacres,
on n'est même pas dans la musique avec elle.
On ne sait même pas si c'est vraiment elle
qui chante parce que dans ses performances
live, son micro, elle ne chante même pas
dans son micro. Son micro, c'est littéralement un accessoire
de danse. Il y a quelque chose
de très fictionnel, de fictif.
Pour apprécier Jojo Siwa,
c'est comme s'il fallait embrace le fait
que c'est une fiction.
Du performance art. Il n'est pas question de artist fallait embrace le fait que c'est une fiction. Tu performes une sorte.
Il n'est pas question de artiste qui est pantoute.
Ah, je ne sais pas.
On est dans l'hyper-réalité.
Je n'ai pas vraiment parlé d'hyper-réalité, mais c'est ça, c'est un concept.
On en a parlé un peu tantôt.
Selon lequel, le monde dans lequel nous vivons
a été remplacé par une copie du monde.
On vit dans une espèce de monde
où c'est des signes, des simulacres,
mais c'est pas nécessairement le réel.
La nature, j'ai mis une quote,
la nature du monde hyper réel se caractérise
par une amélioration fictive
de la réalité. Fait que par exemple...
FaceTune. Quand tu la vois danser,
ouais, FaceTune, puis faire une
performance en live,
là, tu serais censé voir une performance musicale,
mais ce que tu vois, c'est Jojo Siwa qui
danse, qui fait toutes sortes de moves théâtrales, mais qui ne chante pas dans son micro. Fait que
littéralement, ce que tu entends, c'est de la musique enregistrée qui blase dans des speakers.
Tu es devant une fiction. L'amélioration fictive de la réalité, c'est que clairement, si elle
chantait vraiment dans le micro, le réel serait moins intéressant que la version fictive du réel. Fait qu'il y a une forme d'amélioration de la réalité en rajoutant cette couche de fiction-là.
Wow. C'est ce que je l'explique bien. Fait qu'elle reprend une métaphore du corporate world pour nuancer le fait qu'elle a dit qu'elle avait inventé le gay pop. elle dit « I'm not the president of gay pop, but I might be the CEO or the CMO. I can be the CMO, donc the chief marketing officer, and use my marketing tactics whether people like it or not. »
Fait qu'il y a vraiment un positionnement.
Mais faut dire, attends, parce qu'après quand elle a nuancé ses propos aussi, qu'est-ce qu'elle a dit? C'est qu'elle a dit « Moi, qu'est-ce que je veux, c'estest que les pop soit dans les charts que ce soit un genre officiel de musique je pense qu'elle s'est mis les pieds dans la bouche là elle eut
plein de critiques parce que je crois qu'elle le dit de façon naïve sans réfléchir c'était comme
le tagline de son rebrand j'invente le kpop là elle a fait oups j'ai dit n'importe quoi je peux
pas dire ça je me fais ramasser je vais nuancer parce'au début, les gens étaient fâchés, mais tu laisses quelques semaines passer,
puis après, ça devient camp, ça devient un mime.
Tu sais, quand il y avait n'importe quoi qui se passait avec Troye Sivan ou avec Chapel
Rhone, c'est genre « Thank you Jojo for inventing K-pop ».
Parce que c'est son premier single qui est sort, ça s'appelle « Karma », tu sais,
« Karma the bitch ».
« The children of hell are found ». c'est Karma the bitch t'sais toute la vidéo
les sous, tout est hyper calme
tout est comme
garbage dans un sens
mais slowly but surely
it grows on you
pis tu te mets
à l'aimer cette petite Jojo là
moi je l'ai dit dès le début
genre moi je stan Jojo
On parle peut-être plus de Charlie XCX en ce moment
mais je trouvais que c'était concomitant
au Jojo discourse
pis là il y a Grimes, la popstar canadienne
qui est sortie avec Elon Musk
qui a tweeté cette semaine
en mettant un clip
de Jojo Siwa qui danse
parce qu'il y a ça aussi, c'est que ses chorégraphies
sont vraiment hyper théâtrales
puis je dirais qu'elles sont libidineuses.
Il y a comme une dose d'érotisme, de sexualité,
mais elles ne sont pas, comment dire...
Elles ne sont pas sensuelles.
Elles ne sont pas sexistes.
Elles sont dans l'espèce de...
Il y a quelque chose d'intéressant là-dedans.
Il y a comme un glissement que je trouve intéressant.
Là, Grimes dit « Truly, what the fuck is this magnificent
ogre dance? »
Qu'est-ce que c'est
que cette magnifique
danse de l'ogre?
C'est vraiment innovateur,
comme Picasso.
Jojo Siwa est devenue célèbre
pour avoir maîtrisé son art,
donc la danse.
Et maintenant,
elle inverse en quelque chose
que les gens croient
être un échec artistique.
Et c'est simplement... En fait, c'est juste que un échec artistique et c'est simplement en
fait c'est juste que c'est trop tôt et c'est en fait c'est trop expérimental mais comme elle va
avoir ses fleurs on va comprendre que c'est un génie plus tard en tout cas c'est Picasso là
Ben moi comme Grimes elle a dit ça mais moi dès que la chorégraphie a drop je l'ai envoyé sur
TikTok j'ai dit la chorégraphie c'est du génie. Tout ça pour dire que là elle a sorti les autres chansons de son album puis il y en a une que Munir aime beaucoup.
T'as dit c'est son peak. C'est son meilleur ouais. Explique. Ben c'est juste c'est self-aware.
C'est parce que comme t'as dit on finit par l'aimer la petite Jojo. Ben moi je pense que c'est self-aware c'est parce que comme t'as dit on finit par l'aimer
la petite Jojo
ben moi je pense
que c'est self-aware
pour toi
parce que toi
tu réalises
que Jojo Siwa
c'est effectivement
ton guilty pleasure
mais je pense pas
honnêtement
que Jojo Siwa
elle est consciente
de la double entendre
je pense pas
qu'elle est consciente
nécessairement
de toutes les couches
de sens
du titre de cette chanson-là.
Moi, je pense que oui.
Non, parce que c'est ça qu'elle veut juste te dire ma théorie.
J'ai presque fini mon topo.
Non, c'est correct.
Je pense qu'on consomme Jojo un peu comme de l'hyperpop, donc comme Charlie XCX,
mais sans qu'elle soit complice de cette lecture-là,
sans que Jojo sache elle-même que c'est un peu ça qu'elle est complice de cette lecture-là, sans que Jojo sache elle-même
que c'est un peu ça qu'elle est en train de fabriquer.
Puis c'est pas du hyper-pop dans le sens où on le comprend,
tout ce qu'on a expliqué, l'électronique,
Internet, les sonorités, je sais pas, rudimentaires à Brasile.
Il y a une forme de non-naïveté dans l'hyper-pop.
Comme j'ai dit tantôt, il y a l'idée qu'on écoute ça
puis on est toujours conscient
du contexte dans lequel cette musique-là
s'inscrit. Je pense
pas que cette non-naïveté-là,
elle est présente chez Jojo
elle-même.
Mais les gens qui vont l'écouter,
vont l'écouter avec une forme
de conscience du contexte,
d'ironie, exactement.
Donc je pense que notre consommation de Jojo sera... Mais là, après, moi, qu'est-ce que je challenge de ta théorie, d'ironie, exactement. Donc je pense que notre consommation de jeux
de cirque… Mais là après moi, qu'est-ce que je challenge de ta théorie, c'est de voir que tu
penses qu'elle n'est pas consciente de ça. C'est impossible Daphné, c'est impossible. Genre, I'm a guilty pleasure avec la danse,
tu sais comme juste le fait qu'elle fasse ces danses-là, c'est comme tellement un travail,
c'est tellement comme… Grimes a raison. Dure à dire, mais
à voir comment ça va se déplier
dans les prochains mois.
Tu penses qu'elle ne lit pas les commentaires? C'est une enfant de l'Internet.
Tu penses qu'elle ne lit pas le discours sur elle?
Ouais, ouais. Non, non. Elle est là-dedans.
Puis Jojo, elle a une qualité,
c'est qu'elle go with the flow.
Dans le sens où elle va s'adapter
au discours.
Si les gens rient d'elle, elle va rire avec eux. Tu comprends?
Exact! Mais tu sais ça vient de quoi ça? Non.
Pis je t'avais parlé de ça, c'est que... Parce qu'à un moment donné, je suis pas dans la même
discussion genre sur comment qu'elle fait genre pour comme sustain tout ce hate, mais c'est le
fait qu'elle a grandi depuis qu'elle a 5-6 ans à la télé, après sur YouTube, des millions de gens
qui disent ce qu'ils pensent d'elle tout le temps.
Elle a développé comme une espèce de... Capable de rire d'elle-même.
Ça, c'est vraiment charmeur.
Consommer de... J'écris « consommer de l'hyperpub de façon non naïve ».
C'est admettre les écueils du capitalisme.
Ça, c'est ce que j'ai lu.
Mais c'est aussi admettre qu'on n'est pas extérieur au capitalisme.
Et c'est reconnaître...
Puis ça, c'est... J'ai pris ça, je crois, dans la vidéo de Politicon,
c'est reconnaître notre attachement émotionnel
au mythe du capitalisme.
Dans le sens que, oui,
on est attaché à ces mythes-là, pis oui,
on retire des jouissances
du capitalisme. Pis c'est peut-être
pour ça que c'est tellement un bon titre
à Mew Guilty Pleasure, parce que finalement,
c'est la phrase, c'est le titre, c'est la chanson
qui va résumer tout mon blabla.
Fumer une cigarette, jouissance.
Ouais, exact.
Fumer un...
Regarder une télé-réalité, jouissance.
Aller au restaurant, jouissance.
Commander quelque chose sur Amazon, le recevoir.
Jouissance.
Tout ça pour dire qu'on va boucler la boucle, on va revenir au edit, donc le format médiatique dont on vous parlait au tout début, qui a un grand impact en ce moment sur le paysage politique. Il y a même, c'est ça, une américaine, YouTuber, Jules Terpark, qui a dit que c'était la forme de médias la plus captivante et la plus persuasive de l'heure. Puis je vous invite à aller lire mon article dans la presse. Ça s'appelle
« Les politiciens, nouvelles idoles TikTok ».
Je pense que l'appréciation
des « edits » en tant que
comment dire, produit culturel
est semblable à notre appréciation
de l'hyperpop, OK?
Parce qu'elle s'inscrit dans une forme de
jouissance qui est à la fois une jouissance
mais à la fois une non-naïveté
du capitalisme contemporain.
Une réalité amplifiée. Exactement, puis on n'est pas,
comme je dis au début, on n'est pas dans un
message, vraiment, on n'est pas dans
les mots, nécessairement, ni dans l'écriture,
on est dans un
contexte. Un contexte où l'image est
toute puissante, parce qu'à la base,
un edit, c'est un montage, soit vidéo,
soit de photo. L'image,
la vibe, ça n'a pas nécessairement d'ancrage dans le réel.
Souvent, c'est des constructions, OK?
C'est vraiment une fiction, mais on jouit de cette fiction-là,
puis on jouit de cette fiction-là de façon non naïve.
C'est l'hyper contemporain, c'est l'hyper capitalisme.
Quand on est rendu à consommer des médias
qui sont juste des montages de photos avec des grosses toons pop,
c'est ça, le discours politique qu'on consomme.
Il y a une jouissance
qui est non naïve,
qui est complice du capitalisme,
mais en même temps, très consciente.
J'adore la philosophie.
Oui, c'est une jouissance, parce que souvent, les edits,
ils vont aller dans les bulles algorithmiques de gens
qui sont déjà convaincus par les edits.
Fait qu'ils vont regarder quelque chose
qui les satisfait.
Dans la mesure où c'est juste, communique une vibe un feeling ça communique une des jouissances du capitalisme c'est ça qu'on est en train de consommer avec la brattness la brattness on est
en train de consommer une vibe un objet indéfinissable qui représente des idées, des produits,
des philosophies,
des podcasts, des personnalités,
une esthétique, c'est ça.
Moi, je vais parler de quoi?
Parce que là, on est comme...
Tu sais, on en a parlé au premier épisode,
la espèce de mime de «Hawk Toa» qui est genre
le format de ce mime-là.
C'est un style de contenu
qui est vraiment comme très populaire sur TikTok.
Puis après, on a une vidéo
qu'on va mettre en extrait aussi que Daphne m'a envoyée
qui est comme une espèce
d'iconic vidéo des jeunes
sorelloises.
Sorelloises.
Oui, je pense.
Qui sont en fil pour aller dans un club à Montréal.
Sorelle.
Puis moi,
je me suis juste
arrêté à penser
à ce type de contenu-là
puis à quel point
c'est proéminent
sur TikTok.
Les micro-trottoirs.
Les micro-trottoirs.
À quel point
il y en a beaucoup
puis à quel point
j'aime ça.
Moi et Daphne,
on n'a pas le même opinion
sur ce type de contenu
parce que c'est souvent
un type de contenu
qui est mis comme étant paresseux.
C'est du contenu qui est facile à faire.
Mais qui est dévalorisé par certaines figures,
notamment les médias de masse, tu disais?
Non, qui est dévalorisé
par la perception des journalistes
de ce type de médias-là.
Il y a un poll qui a été fait en 2017
dans une étude qui dit que
63% des journalistes
pensent que c'est overused
dans le journalisme. Qu'on l'utilise trop.
Mais moi, je pense qu'un micro-trottoir, il y a aussi
l'idée que ça dépend aussi des questions qui sont
posées. Exact. Puis comment elles sont
posées. Exact, parce que, tu sais, ça va être
le classique, là, iconic, gay son or
Todd daughter, ça c'est un classique.
Je préférais avoir un gay son or a Todd
daughter, genre. C'est quoi Todd daughter?
Todd, c'est genre une hoe.
Mais tu vois ça m'intéresse comme pas de savoir. Non mais ça c'est comme un meme.
Quand les micro-totoirs ont take over TikTok c'est en 2021, ça vraiment c'était comme
sur les fourier pages de tout le monde c'était « what are you listening to? » c'est quelqu'un
qui se promène dans la rue, qui croise quelqu'un, je suis sûr que t'as déjà vu une vidéo
comme ça, qui croise quelqu'un avec des écouteurs pis il est comme, qu'est-ce que t'écoutes?
Pis là, eux, ils disent la chanson qu'ils sont
en train d'écouter. Pis ça, pourquoi
moi, j'aimais ce type de contenu, parce que tu
littéralement découvres de la musique, tu sais.
C'est pas curéité,
y'a pas d'espèce de contrôle
éditorial, tu fais juste
voir du monde, pis les micros trottoirs,
ça existe depuis même, avant
qu'il y ait des micros, j'ai fait des recherches,
au 18e siècle, dans les journaux, les gens
faisaient ce genre de reportages, pis ils les écrivaient
à l'écrit dans les journaux.
Telle personne dans la rue pense ça
du nouveau projet de loi. Après,
le mot, c'est parce qu'il y a aussi un autre mot
pour ça, des vox pop, genre vox populi,
qui a été coined
en genre 1907
par Francis Galton, qui a fait une étude pour
où est-ce qu'il parlait de quelque chose qui s'appelle
« The Wisdom of the Crowd » où est-ce qu'ils ont demandé
à une foule de passants
d'estimer le poids d'un objet
la sagesse de la foule
de la foule, ils ont demandé d'estimer
le poids d'un objet, puis
la moyenne des poids que les passants
donnaient était meilleure qu'un expert
fait que cette idée-là, que comme la masse
serait plus précise, serait plus
à l'affût de qu'est-ce qui se passe,
que demander l'expertise de comme un
professeur d'université. Mais ça, ça me fait penser
au concept d'intelligence collective.
Exact. Qui est l'idée comme quoi
plusieurs personnes ensemble vont
partager leurs connaissances individuelles
pis ensemble, ils vont
avoir une certaine expertise boostée,
magnifiée, finalement.
C'est ça que j'aime de ce contenu-là.
Puis je pense que ça se rapproche à ce qu'on a parlé de la télé-réalité l'année dernière.
Moi, qu'est-ce que je vois, puis qu'est-ce que je pense que les gens aiment voir, c'est des gens.
Puis le fait que tu vois des gens qui sont pas...
Des kidams.
Des kidams.
Il y a tellement de capacités virales.
Là, on parle de rock, toi, mais mettons la dinde noire.
Il y a tellement de mimes des années 2000, des années 2010
qui sont venues de ces entrevues-là.
Ah ouais.
Puis je pense que c'est parce que, justement,
c'est en contradiction avec l'espèce de contrôle médiatique.
On est juste des gens, genre.
Puis je pense que c'est ça qui nous attire vers ça.
Puis je pense que ça fonctionne avec l'éthos de l'époque, de la chute des médias d'héritage, que ça devient autant populaire. C'est parce qu'on est tanné de voir des experts, puis on pense que si je vois 100 personnes me parler d'un issue, ça va être plus valuable que voir un représentant d'une chaire de recherche. Puis je pense que c'est ça la valeur au vox populi.
Mais en même temps, je veux dire, les questions qu'on pose à l'expert d'une chaire de recherche versus ceux qu'on pose à la foule sont très différentes souvent, là.
Mais l'attente de la réponse est différente, parce qu'il y a plusieurs types de vox pop, puis c'est même instrumentalisé par les mouvements politiques, parce qu'il y a aussi une étude que j'ai notée, j'ai- noté, mais c'est dans le fond je veux pas la citer exactement mais qui disait que médiatiquement dans le temps que ça se passait beaucoup à la télévision les vox pop avaient
non seulement était non seulement important mais avait un plus gros effet persuasif sur
l'opinion publique que justement des analyses des commentateurs politiques le fait de voir des gens
qui sont comme des qui-dames ferait en sorte que ça convaincrait plus les gens fait que ce format
là est utilisé par toutes
les allégeances politiques. Pourquoi il y a une
mauvaise réputation les vox pop? C'est à cause
des vox pop à la guinantelle, qui sont
truqués au montage pour mettre de l'avant
les choses les plus ridicules,
pour mettre de l'avant des gens stupides,
pour mettre des faux pop. Mais je pense que c'est pas juste ça,
c'est l'idée des questions
incendiaires, quasiment du rage bait,
tu sais, l'exemple que tu me disais,
préférerais-tu avoir un fils gay ou une fille travailleuse du sexe? D'emblée, il y a des biais
dans la question. C'est comme de penser que c'est mal d'être gay ou mal d'être travailleuse du sexe,
alors que les deux sont bien corrects. Mais c'est ça, comme l'analyse collective
de cette question-là, c'est juste que c'est devenu un mime
parce qu'il y a quelqu'un qui faisait ça au début
d'Internet, ça date de pré-TikTok, ce mime-là
de Gayson or Todd Daughter,
mais je pense que c'est dans le montage
la clé que les gens aiment pas
les vox pop. Fait que là, moi, j'ai tout le temps un gars
qui fait des vox pop, qui est tout le temps comme
il est pro-Trump, visiblement, pis il va voir
des gens, pis il fait comme « Pour qui tu votes? »
Si la personne dit Biden, il dit « Why? »
Pis là, souvent, il va montrer
juste à nous, le monde qui
ne savent pas pourquoi il vote pour Joe Biden.
Des fois, t'sais, j'ai l'impression
que des questions comme ça brûlent pour point.
Même quand tu fais de la radio live,
des fois, je veux dire, t'as beau être articulé,
avoir des opinions, des idées,
blabla, quand tu penses pas nécessairement pis que t'as une caméra pointée d'en face, t'as de la misère à t'exprimer. C'est dur d'être cohérent des supportent ça, c'est des caves. Mais aussi on va voir la même chose comme le Daily Show qui va aller à des Trump
rallies puis leur poser des questions, il va trouver les gens les plus stupides dans l'audience
puis faire comme voici une représentation de ça. Fait que c'est beaucoup utilisé pour caricaturer
les gens. Mais moi ce qui m'intéresse c'est que c'est populaire parce que c'est bon. Je pense pas
qu'il faut le... il faut être essentialiste, comme tu disais.
Comme tu viens d'essentialiser la chose en disant « c'est bon ».
Je pense pas que c'est bon ou mauvais.
Moi, j'ai un biais, je l'assume. J'aime ça.
J'aime ça, ouais.
Parce qu'on entend tout le temps, il y a beaucoup de vidéos ici qui sont sur YouTube,
genre « TikTok interviewer problem », genre on a un problème avec ça.
Dans certains endroits, genre de Hollywood ou je sais pas trop, c'est juste comme un fléau.
Il y a tout le temps des équipes de TikTokers qui sont là avec leur caméra, leur micro.
À Montréal, il y avait Papy Melv qui est devenu très populaire en faisant ça.
Lui, il allait à Saint-Laurent le vendredi, on parle de 2018-2019, il allait et il filmait le monde qui était drunk
et il leur posait des questions. Pourquoi tu n'es plus avec ton ex?
Un message que tu voudrais donner
à ton ex?
Ça, en tant que tel, ce qu'on a là, c'est du divertissement.
Puis on voit comment
les gens naviguent leur relation interpersonnelle.
Ça a plus de valeur tant qu'à moi
ou autant de valeur qu'un épisode de Si on s'aimait.
Honnêtement. Parce que c'est comme
le monde, surtout, il est peigné dans des moments vulnérables,
genre sous, genre. Fait que là, ils sont comme
weirdly, vraiment introspectifs.
Fait que c'est intéressant, comme ça,
on apprend plus sur la nature humaine,
sociologique. C'est le contenu
qui, quand les archives de Radio-Canada vont
republier des contenus vox pop
des années 60, c'est comme une capsule
temporelle de l'époque. Bien plus
comme Normand Marino. Comme Normand Marino,
exactement, qui est littéralement un vox pop.
Fait que ça devient comme une pièce d'archive
ultra importante. Tu sais qui
faisait des vox pop au début de sa carrière
journalistique? René Lévesque
faisait des vox pop. Il y a plusieurs
vox pop sur les archives de Radio-Canada
où est-ce qu'il est littéralement dans la rue et il demande aux gens
pour qui ils vont voter. Puis c'est plus deep
que juste comme, ah, questionner sur Newtodd Daughter? »
Ça devient une espèce de capsule.
En vrai, puis aussi le fait que ce soit des kidams qui donnent leur opinion,
ça incite les gens à donner leur opinion.
Ça fait que ça favorise le discours.
Quand tu vas voir quelqu'un qui n'est pas comme Noam Chomsky qui donne son opinion,
qui est juste comme « Ben moi je pense que je sais pas quoi. »
Ben le monde dans les commentaires se sent ultra plus à l'aise de critiquer l'opinion
de la personne. Moi, je pense que le journalisme
doit pas laisser
tomber les vox pop. Puis souvent, on l'associe maintenant à TVA.
TVA va faire ça dans leur
montage de nouvelles. Puis c'est
parce que les journalistes les ont laissés, je pense,
que ça remonte sur TikTok. Puis ça
devient populaire sur TikTok parce que les gens
sont intéressés. Les vox pop de TVA.
Ouais. Les vox pop de TVA puis les vox pop de genre un jeune au carrefour Laval qui est comme,
qu'est-ce que tu... tu sais, ça va souvent être des... parce que ça dépend de l'âge des gens.
Ouais. Plus ils sont jeunes, ça a des questions sur les relations interpersonnelles,
mais là après, c'est vrai qu'il y en a plein qui sont full vulgaires pis pas nécessaires,
là je suis d'accord. Mais je pense que fondamentalement, c'est un net positif.
Parce que tu sais, on s'entend le mime viral de «Hug Toi», la question à laquelle la fille a
répondu c'est «donne-nous ton meilleur truc pour faire flipper un gars au lit».
Ouais, c'est ça la question. Tu sais, tu peux pas avoir de discours
super deep, je sais pas si, à moins que les
guys, ça soit justement ça,
spit on that thing.
Je pense juste que c'est nécessaire au bon fonctionnement
du démocrate. C'est juste ça que je voulais dire.
Merci, monsieur.
Si le Québec devient un pays...
Ok, merci.
Ok, what's your name?
Natasha. Where are you from?
I'm from Sorel.
Ok, Sorel. So what's the red flag of the guys in Sorel?
Like their faces, everything.
They're ugly?
Yeah.
I feel bad for Sorel.
That's why we come in Montreal.
You come to Montreal, you drive here to get better looking guys?
Yeah.
Arabic man, Lebanese man, American man.
American for sure.
You like the Arabs?
Yeah, a lot.
Latino.
So not white from Sorel?
Yeah. Yeah. Oh my God. Sorry, Sorel. Yeah, very.
Fait que, ouais.
Mais tu vois, ce contenu-là,
c'est un autre positif à la société.
Ah ouais, explique.
Parce que c'est intéressant. Le discours des red ah ouais explique parce que c'est intéressant
le discours des red flags
des drapeaux rouges
ça l'a saturé un peu internet
dans les dernières années
je rencontre un gars qui fait ça
mais il y a quand même un lien avec l'espèce de
féminisme pop
de comment trouver une personne
qui va être respectueuse
correcte pour toi bla bla bla t'. Fait que là, t'as
l'impression que ces filles-là vont dire
un truc à la sauce féministe,
mais directement,
elles en viennent à dire
finalement, nous, les Red Flag,
c'est tous les gars à Sorel.
À cause
de leur face. Ils sont laids.
Fait que là, t'es direct dans un
discours sur l'apparence, le corps. Bouait que là, t'es direct dans un discours sur...
Superficiel, ouais. L'apparence, le corps. Boom, ok, c'est surprenant.
Mais c'est sûr que tu peux pas scriveter ça. Après avoir dit que finalement, les mecs
de Sorel sont pas intéressants visuellement, une des filles dit qu'elle adore les Arabic
men. C'est le grand remplacement, en fait. C'est ça, le undertone migratoire, c'est
que les hommes maghrébins arabes viennent ici pour voler les femmes blanches.
Bon, elles adorent les Arabes, les Marocains, les Libanais, mais comme ce discours-là qui émerge alors qu'on est dans un climat de plus en plus islamophobe, là, on aime les Arabes, mais pour les looks.
For sure. Je les trouve comme spontanées, il y a comme une forme de naïveté aussi qui est
comme un petit peu mignonne. Tu sais c'est des jeunes filles qui sortent dans les bars, elles
doivent avoir 18-19 ans. Ils ont l'air un peu plus vieilles, mais ils viennent de Sorel aussi.
C'est comme... Moi je suis tellement content que tu as amené toutes ces lieux d'analyse à cette vidéo
parce qu'on peut faire ça à chaque vidéo de Vox Pop. Pis c'est ça qui est intéressant, c'est notre
lentille vers la réalité.
Il y a comme des malaises sociaux,
tu sais, qui sont mis en scène,
mais de façon non orchestrée.
Tu marches sur la ligne du fétichisme,
du fétichisme racial.
Il y a quelque chose dans ce truc-là
que j'arrive pas comme vraiment à mettre en mots,
mais tu dis le discours du grand remplacement
parce que je sais pas, c'est pas...
Non, mais je me disais, moi, ce que je disais quand tu m'as envoyé cette vidéo, c'est si on prenait cette vidéo
puis on la mettait sur Twitter, là le discours ce serait comme, regardez comment
les hommes viennent ici puis ils volent nos femmes parce qu'on le voit déjà beaucoup. Non mais il y a des militants
ethno-nationalistes québécois, souverainistes, puis je veux pas dire... Mais ça c'est comme, c'est
tangentiel ou incel, on peut pas guetter des femmes, on peut pas...
J'allais dire des paroles super vulgaires. Là c'est la faute à qui? C' peut pas guetter des femmes, on peut pas... S'accoupler.
Là, c'est la faute à qui? C'est la faute aux femmes,
c'est la faute aux woke, c'est la
faute aux Arabic men.
For sure. On a fini pour
aujourd'hui. Et à la prochaine,
on enregistre bientôt un prochain épisode
parce que nous, on s'en va à Caracette.
Yeah. Turn up.
C'est à Caracette.
La musique par Azloou, outro, intro.
La magnifique Daphne B aux analyses philosophiques.
Le magnifique Mooné.
C'est parfait. you