Juste entre toi et moi - Caroline Dawson

Episode Date: November 20, 2023

Caroline Dawson nous accueille chez elle, le temps d’un entretien traversé par sa foi envers le monde. L’autrice du roman Là où je me terre parle de son amour pour les bibliothèques publique...s, du rôle de Leonard Cohen dans sa relation avec son mari et de son expérience de la maladie.

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Starting point is 00:00:00 Sous-titrage Société Radio-Canada Merci de m'avoir écrit pour me dire que vous étiez content de nous retrouver la semaine dernière avec Grégoire Guchard. Je vous rappelle qu'on vous accompagnera chaque semaine jusqu'à Noël. C'est un épisode particulier de Juste entre toi et moi que je vous présente à l'instant. D'une part parce qu'on ne l'a pas enregistré en studio, mais bien au domicile de mon invité. C'était donc moi qui étais son invité ce jour-là. Mon invité aujourd'hui, c'est l'écrivaine Caroline Dawson. Caroline à qui on doit le livre de poème « Ce qui es-tu », à qui on doit aussi le roman à succès « Là où je me terre »,
Starting point is 00:00:53 roman largement inspiré de l'arrivée de sa famille au Québec en 1986, alors qu'elle n'avait que 7 ans et qu'elle ne pensait vraiment pas qu'elle devrait un jour quitter le Chili où elle est née. C'est un roman qui a ému des milliers de Québécois et de Québécoises. Le Québec a aussi été ému, remué, en apprenant à l'été 2021 que Caroline vit avec un cancer, un ostéosarcome. Il faut que vous sachiez, je me permets de vous le dire, question de bien vous mettre en contexte, il faut que vous sachiez que moi aussi, j'ai eu un cancer de ce genre-là il y a maintenant 23 ans.
Starting point is 00:01:26 J'avais 14 ans. J'étais un ado. La dernière fois que j'ai rendu visite à Caroline, c'était en février dernier, au moment de la percussion de son livre de poèmes, Ce qui est-tu. Caroline m'avait ouvert la porte de sa maison dans son fauteuil roulant, mais mardi, c'est mon collègue
Starting point is 00:01:42 photographe François Roy qui m'a ouvert la porte parce que Caroline se trouvait dans son lit. C'est depuis son lit qu'elle m'a accordé l'entretien que vous vous apprêtez à entendre. Voici mon entretien avec la lumineuse Caroline Dawson. Juste entre
Starting point is 00:02:01 toi et moi ça restera entre toi et moi, ça restera entre toi et moi. Pour une fois, ça reste entre toi et moi. Alors, où est-ce que tu nous accueilles? Dans mon lit, dans ma chambre. Moi, je ne suis pas avec toi dans ton lit, on peut peut-être le préciser. Non, tu es sur une chaise pas trop confortable, je pense. Oui, quand même, ce n'est pas si mal.
Starting point is 00:02:37 Merci de nous accueillir. Je t'ai dit en arrivant, en constatant que tu étais couché dans ton lit, qu'on pouvait se rencontrer à un autre moment, pourquoi est-ce que tu tenais à ce que ça ait lieu, quand même, mais pas que tu y tiens à ce qu'on se rencontre, mais pourquoi est-ce que tu n'as tout simplement pas
Starting point is 00:02:55 annulé notre rencontre? Parce que ça va pas si mal que ça. Et parce que je sais pas, j'ai toujours trouvé que si j'annule tous mes trucs parce que j'ai mal, ça fait en sorte que je ne vis plus ma vie. Je suis recluse dans la sphère domestique et ça, ça me fait capoter. C'est un des plus grands drames que les personnes malades vivent,
Starting point is 00:03:20 d'être abandonnées, laissées à eux-mêmes parce qu'on ne peut pas les déranger. Les gens sont souvent bien intentionnés, mais n'osent pas entrer en contact avec les personnes malades parce qu'ils ont peur de les déranger. C'est le truc principal. Je ne suis pas dérangée, mais je pense à toi. Good.
Starting point is 00:03:38 Je comprends, je pense à toi et ça vient, oui, tu as raison, ça vient d'une bonne intention, mais on est quand même laissés à nous-mêmes, oui. Puis, en même temps, moi, je crée une frontière aussi avec certaines personnes, plus maintenant, mais à l'hôpital,
Starting point is 00:03:54 parce que, tu sais, accepter des gens qui rentrent dans ta chambre d'hôpital, c'est accepter des gens de toi en pyjama, tu sais. Fait que, j'avais pas tellement envie d'accueillir tout le monde dans cet état-là. Puis ensuite, on dirait que ça a fait en sorte que c'est les gens que j'ai pas tellement envie d'accueillir tout le monde dans cet état-là. Puis ensuite, on dirait que ça a fait en sorte que les gens que j'ai pas accueillis là, ils ont compris que je voulais pas, fait qu'ils sont plus là.
Starting point is 00:04:18 On peut préciser qu'aujourd'hui, tu portes non pas un pyjama, mais une belle robe. Merci. Merci. T'écris dans « Ce qui es-tu, ton recueil de poèmes T'écris que Tu te sens lorsque tu écris Comme dans un cours d'éducation physique Au secondaire Pourquoi?
Starting point is 00:04:35 Parce que c'était rough Les cours d'éducation physique Je trouvais ça C'est des règles qui tout d'un coup Sont plus les mêmes règles de la vie en société ou même de l'école. Donc, OK, on fait deux équipes. Toi, le meilleur. Toi, le meilleur.
Starting point is 00:04:51 Vous appelez vos amis. Et là, c'est le stress. Je vais-tu être appelé? Je vais-tu être appelé? OK, je n'ai pas été la dernière. Ce genre de règles, je ne sais pas, qui me semblent un peu militaires. Et ensuite, il fallait prouver continuellement.
Starting point is 00:05:09 J'aimais pas ça. Même si, maintenant, j'aime beaucoup le sport. Mais quand j'étais jeune, j'haïssais ça. Mais donc, tu as un rapport de ce genre-là avec l'écriture? C'est que l'écriture, ça ne vient pas facilement. Je te dis, l'écriture, ça ne vient pas facilement. Je te dis, l'écriture, ça ne vient pas facilement.
Starting point is 00:05:27 Ce que je veux dire ne sort pas facilement. Et donc, je dois y travailler tout le temps. Oui, c'est ça que je dis. Pourquoi est-ce que c'était important pour toi que ton roman, ton roman a succès? Là où je me taire. Ça te fait rigoler que je dise ça? Oui. Pourquoi?
Starting point is 00:05:45 Ben, moi, dans ma tête, il y avait mes amis puis les gens de Le Guélion qui allaient acheter le livre, c'est tout. La librairie féministe, oui. Pardon, oui. Donc, je pensais pas qu'elle allait se vendre comme ça. Il y a quelques personnes de plus qui l'ont. Oui, il y a quelques personnes de plus.
Starting point is 00:06:02 Oui, ta question, donc, est vraiment succincte. C'est important pour toi qu'il soit écrit simplement? Oui, extrêmement important. Je voulais que tout le monde puisse le lire. Et quand je dis tout le monde, c'est aussi des gens comme ma mère qui ont le français comme langue seconde puis qui bûchent à lire. C'est pas pareil lire dans ta langue maternelle
Starting point is 00:06:26 que de lire dans une langue que tu comprends, que tu connais. Et donc, oui, je voulais l'écrire d'une façon à ce que les gens, pour qui la lecture ne vient pas facilement, puissent arriver à le lire aussi. J'ai été, j'ai relu
Starting point is 00:06:42 ton roman afin de me préparer pour notre rencontre d'aujourd'hui. Puis, j'avais oublié quelle était la première phrase de ton livre. Est-ce que tu l'as en tête, cette première phrase-là? Oui. Peux-tu nous la dire? J'avais sept ans la première fois que je ne me suis pas tuée. C'est une phrase très chargée.
Starting point is 00:07:02 Oui. Mais tu nous parles donc, dans ce premier chapitre-là, de ta foi en la vie, en l'existence. Oui. Comment se porte ta foi en l'existence aujourd'hui, ces temps-ci? Je te dirais qu'elle est plus forte que jamais. Quand on a le cancer et qu'il y a des enfants, tu n'as pas le choix. Tu te lèves le matin et il n'y a pas de...
Starting point is 00:07:26 Il n'y a pas de question que... Il y a honte de question que je ne me lève pas avec eux, que je ne sois pas avec eux. Donc ça, je te dirais, je suis convaincue que je vais m'accrocher les ongles
Starting point is 00:07:44 dans le mur jusqu'à ce qu'ils me tirent. Ça, je suis convaincue que je vais m'accrocher les ongles dans le mur jusqu'à ce qu'ils me tirent. Ça, je suis convaincue. Pour rester en vie. Tu m'avais dit lorsqu'on s'est parlé pour la première fois, lorsque je t'ai interviewé pour la première fois, c'était à peu près un an après la percussion de ton livre.
Starting point is 00:08:02 Puis, tu m'avais dit, je pense que j'en avais même fait le titre de l'article, « Tu trouvais chanceuse ». Tu emploierais encore ces mots-là aujourd'hui? Oui. Oui. Malgré tout, là, oui. Il y a tellement de personnes
Starting point is 00:08:20 qui n'ont pas le cercle G, qui n'ont pas le langage médical comme langage premier. Mon chum est là, donc il peut m'expliquer. Ton chum est pédiatre, c'est ça? Oui.
Starting point is 00:08:31 Donc, quand l'oncologue, il explique des choses, moi, je fais oui, oui, oui. Puis des fois, tu comprends, mais tu n'es pas capable de le répéter aux autres. Donc, c'est une compréhension très... Ce n'est pas une compréhension nuancée.
Starting point is 00:08:44 Donc, c'est ça. Mon conjoint, il peut tout me réexpliquer, puis avec le temps qu'il faut, puis il me fait plein de dessins, puis... Ouais, pour expliquer tout ça. Donc, je finis par comprendre, tu sais. Et ça, la plupart des gens, ils l'ont pas, tu sais. Puis les gens qui ont pas
Starting point is 00:08:59 des aptitudes à la lecture, point, tu sais, ils imaginent devant ce langage-là qui est'est pas le nôtre. Et je me dis, les gens qui n'ont pas un cercle fort de gens qui sont autour de lui ou d'elle, t'es largué. C'est très difficile. On le dit trop peu à quel point,
Starting point is 00:09:23 même quand on a affaire à des médecins qui font des efforts de vulgarisation, comprendre tout ce qu'on nous dit lorsqu'on est malade, c'est difficile. Exact. Puis juste le nombre de pilules qu'on prend, puis après ça, il faut parler à la pharmacie, puis appeler là-bas,
Starting point is 00:09:38 puis aller là-bas. Je me dis, mon Dieu, il y a des gens qui sont comme zéro mobile, puis qui n'ont personne pour aller chercher les pilules. C'est... Ouais, moi, je trouve que j'ai tout un cercle de soutien. Puis aussi d'être ici, tu sais, moi, j'ai migré ici. Donc,
Starting point is 00:09:54 si j'avais pogné ce cancer-là au Chili, je ne suis pas sûre que je serais en vie. Ça aussi, ça compte. Comment est-ce que la littérature est entrée dans ta vie? Elle est rentrée quand ma mère a décidé, je ne sais pas ce qu'il a pris, mais
Starting point is 00:10:09 c'était comme une des meilleures décisions de sa vie, je pense. Elle a décidé de nous amener à la bibliothèque municipale. On n'avait pas de loisirs parce qu'on n'avait pas beaucoup d'argent et pas beaucoup de connaissances où tu voles. Donc,
Starting point is 00:10:25 ma mère, elle nous voyait beaucoup devant la télé. Elle a décidé, donc, je vais les amener à la bibliothèque chaque samedi. Donc, les activités qu'on faisait, c'est le samedi, la bibliothèque, dimanche, la messe. La messe, ça durait toute la journée. Toute la journée?
Starting point is 00:10:41 Non, mais c'était, mettons, de midi à deux, toute la cérémonie. Et ensuite, il y avait dans le sous-sol, l'église latino-américaine. Donc, ça rend tout ça large. Donc, la messe en espagnol. La messe en espagnol, avec un band, un vrai band. Avec une batterie en avant.
Starting point is 00:11:09 Les messes latino sont plus le fun que les messes comme on les connaît dans les églises catholiques au Québec. C'est clair, mais quand tu es une petite fille, c'est long, longtemps. Quand est-ce que ça va finir? La messe dure vraiment longtemps. Ensuite, c'est le sous-sol. Et là, ce n'est pas le petit café avec trois biscuits
Starting point is 00:11:28 qu'il y a dans les messes francophones. Et donc, c'est de la nourriture pour tout le monde. Et il y a des stands de nourriture partout, partout, partout. Et les gens achètent, je ne sais pas, des tacos, des poupoussasses, puis des empanadas. Ça sent la bouffe à l'église. les gens achètent, je ne sais pas, des tacos, des poupoussas, puis des empanadas. Ça sent la bouffe à l'église. Et là, c'est le temps d'aller voir les gens.
Starting point is 00:11:53 « Ah, qu'est-ce que ça va? Comment ça va, toi? » Donc, c'est de la bouffe qui donne envie de croire en Dieu. Oui, exactement. Mais quand tu es un enfant, c'est encore le temps de… « Oh non, maman, on va aller parler à cette madame-là. Ça dure toujours longtemps. » Et là, mes parents, ils parlaient aux gens. Et bon, bref. Finalement, on partait à la maison, mais on avait passé un bon quatre heures là-bas.
Starting point is 00:12:12 Puis le samedi, tu es consacrée à la bibliothèque. À la bibliothèque. Et ça, j'imagine que tu y allais avec davantage de joie. Oui, avec une grande, grande joie. Donc, on partait en autobus, ma mère, mon frère et moi. Puis on arrivait en cinq minutes. Donc, mais tu sais, nous, on prenait l en autobus, ma mère, mon frère et moi, puis on arrivait en cinq minutes. Donc, mais tu sais, nous, on prenait l'autobus. Le marché au froid, là, c'était pas une option.
Starting point is 00:12:33 Donc, on prenait l'autobus, puis on allait à la bibliothèque Hachetaga Maisonneuve. Et je pense que maintenant, ça s'appelle la bibliothèque Mercier. Je suis pas trop sûre. Mais bref, à cette bibliothèque-là, qui était majestueuse. C'est un édifice magnifique. Mercier. Je ne sais pas trop. Mais bref, à cette bibliothèque-là, qui était majestueuse. C'est un édifice magnifique.
Starting point is 00:12:50 Puis quand tu rentres, il y avait directement à l'entrée des cassettes. Et donc, tu pouvais fouiller pour trouver de la musique. Et cette partie-là était incroyablement belle, je trouvais, parce qu'il y avait comme de la fourrure rouge.
Starting point is 00:13:06 Bref, c'était beau. C'était beau, genre, dans le centre, dans ce qu'une petite fille pense que c'est beau. Et au sous-sol, je trouvais la partie pour les enfants, et là, on y allait avec mon frère. Les bibliothécaires nous reconnaissaient parce qu'on était là chaque samedi,
Starting point is 00:13:21 tout le temps, tout le temps. On remettait les livres, on reprenait des livres. Et la bibliothécaire gardait des livres pour moi, souvent, genre des livres. Puis pas juste, Jean-Caroline, ça va t'intéresser, c'est genre, hé, il est sorti le nouveau Rosalie,
Starting point is 00:13:37 je l'ai gardé pour toi. Donc, oui, c'était un endroit qui donne beaucoup d'espoir, je pense, qui fait qu'on avait une activité de 1, mais aussi qui faisait en sorte que j'ai appris à aimer lire. C'est ça, c'est apprendre à aimer lire parce que ça ne vient pas si naturellement que ça pour les enfants. Donc, j'ai appris à aimer. C'est un cadeau magnifique. C'est vrai qu'on dit trop peu à quel point les bibliothèques jouent un rôle important. Je devine que ce n'était pas toutes les familles, ce n'était pas tous tes voisins dans Schlager qui se rendaient
Starting point is 00:14:14 à la bibliothèque tous les samedis. Non, pas du tout. Je pense bien qu'on était à peu près... Sincèrement, on n'était pas si nombreux que nombreuses le samedi à la bibliothèque puis il y avait tout
Starting point is 00:14:27 il y avait des coussins de plein de couleurs puis il y avait des films qui jouaient il y avait tout donc pour moi c'était un endroit fabuleux j'avais toujours hâte tu y vas aujourd'hui
Starting point is 00:14:44 avec tes enfants? Oui, mais mes enfants, ils aiment la lecture. Ils ont appris à aimer lire trop jeune, j'ai l'impression. C'est une blague, mais évidemment qu'on a des livres chez nous et donc ils aiment lire tout le temps
Starting point is 00:14:59 puis à un point tel que non, j'aime pas ce genre-là. Ils reconnaissent les auteurs, les illustrateurs, les autrices, les illustratrices aussi. Ils ont des goûts très arrêtés déjà. Oui, oui, oui. Ma fille, c'est Marianne Dubuc. Et mon gars, c'est tout ce qu'a fait Jacques Goldstein.
Starting point is 00:15:20 Il aime beaucoup ça. Ma fille aussi aime beaucoup les livres de Marianne Dubuc. Oui. Il y a quelque chose de magnifique dans ces livres qui sont avec beaucoup d'écrits. Donc, ça laisse place énormément à l'imagination.
Starting point is 00:15:33 Il y a une affiche de Léonard Cohen au-dessus de toi dans ta chambre à coucher. Qu'est-ce qu'il représente pour toi, Cohen? C'est un cadeau que j'ai fait à mon conjoint. Je ne sais pas à l'anniversaire qu'on a fêté en premier. Son anniversaire. Parce que Léonard Cohen
Starting point is 00:15:50 a joué un rôle très important dans sa vie. Mon chum a fait le service militaire, qui était obligatoire en Suède à ce moment-là. Il haïssait ça. Pas évidemment, mais il haïssait ça. On présume qu, mais... Non, il haïssait ça. On présume qu'ils étaient plusieurs à ne pas être enchantés par cette histoire.
Starting point is 00:16:09 Exact. Et il haïssait tout, tout, tout, tout ce qui entourait ça. Tu sais, quand il se faisait crier après ou des trucs comme ça, il était comme... Mon Dieu. Puis il répondait, ça me fait pas peur. Tu peux crier autant que tu veux. » Et ce jour-là, où il n'en pouvait plus,
Starting point is 00:16:28 il voulait partir chez eux, il a vu un documentaire de J.R. Cohen qui disait qu'il était bouddhiste et ce que ça a fait dans sa vie. Et mon chum est resté comme... Je ne sais pas comment dire, mais il est resté longtemps avec ces mots-là. Il les a gardés longtemps.
Starting point is 00:16:45 Et donc, il a décidé qu'à la fin de son service militaire, il allait aller au Népal aider les enfants là-bas. Et donc, il est parti direct d'une place à l'autre. Il est allé au Népal, puis il est devenu bouddhiste.
Starting point is 00:16:59 Puis encore aujourd'hui, il l'est. De 17 ans, 18 ans à 44 ans. C'est pas une joke, son affaire. C'est très il l'est. De 17 ans, 18 ans à 44 ans. Ce n'est pas une joke, son affaire. C'est très sérieux. Oui, c'est ça. En quoi tu crois, toi? Parce que tu as grandi
Starting point is 00:17:15 dans la foi catholique, dans Jésus. J'apprends que... J'apprends que ton am, l'enrichissus. Esprit. J'apprends que ton amour est bouddhiste. Oui. Où tu te situes à travers tout ça?
Starting point is 00:17:31 C'est dur. Puis ça, j'haïssais ça quand la... Je ne sais pas comment ça s'appelle son rôle, mais une jeune responsable
Starting point is 00:17:38 de la foi dans les hôpitaux et qui est là pour parler, peu importe la... Oui, l'accompagnant spirituel. Oui, exact.
Starting point is 00:17:44 Peu importe la législation que tu as. Et elle venait toujours, as-tu besoin d'aide? Je dis non, non, non. Et elle disait, ah, toi, tu crois en quoi? Je dis, je ne sais pas. Je suis désolé de te reposer cette même question. Oui, donc, non, non, non. Tu n'es pas comme la madame.
Starting point is 00:18:00 Mais c'est qu'elle revenait toujours. Puis, tu sais, on se reconnaissait et elle demandait la même question tout le temps. Je suis comme, arrête. – Toc, toc, toc. – Oui. Insister, donc, je le sais pas, sincèrement, parce qu'on se débarrasse pas facilement
Starting point is 00:18:14 d'une éducation catholique si forte. J'ai beaucoup aimé le livre de Jérémie... – Jérémie McEwen? – Oui. Il appelle à arrêter de faire semblant qu'on ne croit pas finalement quand la plupart des gens ont une espèce de spiritualité
Starting point is 00:18:31 alors que c'est comme gênant de dire « moi je crois en toi ». Et je trouvais qu'il y avait quelque chose de beau là-dedans. Je me disais « c'est vrai, tu sais, moi je ne crois pas, mais c'est facile à dire. Tu sais, ce n'est pas facile à...
Starting point is 00:18:48 Quand viennent des moments difficiles, tu m'as prié. J'ai plein d'amis qui me disaient « Je n'ai jamais prié avant, mais je vais le faire pour toi. » Et moi-même, quand j'ai eu mon premier enfant, je me dis « Faites qu'il ne meure pas, s'il vous plaît, faites qu'il ne meure pas. » Je me dis « Faites qu'il meurt pas, s'il vous plaît.
Starting point is 00:19:06 Faites qu'il meurt pas. » Je me dis « À qui tu parles quand tu dis « Faites »? » Je ne sais pas. Je pense à Dieu. Et donc, je pense qu'il faut que je j'accepte cette part en moi.
Starting point is 00:19:23 Mais, tu sais, je ne suis pas chrétienne ou ça ne m'intéresse pas. Mais oui, il y a une part de moi qui est là. Et ce n'est pas le cas de mes enfants. Puis je me dis, aïe, aïe, aïe. Il y a une part
Starting point is 00:19:35 qui leur manque un petit peu. Je ne sais pas. Je ne sais pas si on est moins bien sans avoir eu cette croyance-là, auparavant. C'est vrai que ça nous façonne. Je racontais récemment à ma blonde
Starting point is 00:19:50 que moi, quand j'étais petit, le soir, avant de m'endormir, je priais, je parlais au bon Dieu. Je pense qu'aujourd'hui, je trouve ça absurde, mais en même temps, il y a peut-être quelque chose. Oui, en même temps,
Starting point is 00:20:01 il y a peut-être quelque chose, même au niveau, je ne sais pas, de même temps, il y a peut-être quelque chose, même au niveau, je ne sais pas, de psychologique, que d'être entendu par quelqu'un d'autre ou d'avoir l'impression d'être entendu par quelqu'un d'autre. Puis quand tu étais petite, est-ce que tu y croyais en Jesus? Ah oui, absolument.
Starting point is 00:20:19 C'est dur comme fer. Il fallait que je prie, je ne sais pas combien de prières, mais une à mon ange gardien puis une à Jésus puis une à la Sainte Vierge et donc on priait mais il y en avait des plus croyants que nous
Starting point is 00:20:33 il y avait des enfants qui avaient des noms leur nom c'était genre je sais pas puis il y avait des filles qui avaient immaculé c'est des noms lourds àulé c'est des mots lourds à porter oui c'est chargé comme prénom donc ouais
Starting point is 00:20:50 c'est Nicolas et Caroline ça est ce que tu as vu récemment la nouvelle que Télé-Québec avait créé des trousses de passe-partout qui vont être remises aux nouveaux arrivants donc aux enfants qui vont arriver
Starting point is 00:21:06 à l'aéroport Montréal-Trudeau pour qu'ils apprennent le français et pour qu'ils se familiarisent avec la culture québécoise. En lisant cette nouvelle-là, moi je me suis dit il y a des gens chez Télé-Québec qui ont lu le roman de Caroline. Oui, mais dans
Starting point is 00:21:21 l'article de la presse, je pense qu'il disait qu'une des madames qui était à la tête de ça, elle dit, c'est comme dans le roman, qu'elle a fait le lien direct. Mais quand j'ai lu la nouvelle, je me suis mise à pleurer. Je suis une braillarde dans la vie aussi, mais je me suis mise vraiment, j'avais les larmes pleines d'eau, puis j'étais là, mon Dieu,
Starting point is 00:21:42 j'ai trouvé que c'est une initiative au-delà de moi. C'est magnifique. Il fallait faire ça. Ça, c'est un vrai accueil. Je t'accueille, tu arrives, tu n'as rien. Voici, on se donne quelque chose. Et de façon personnelle, de me mettre à la place de ces enfants, je me disais,
Starting point is 00:21:59 ça aurait été... Je me vois, un petit sac à dos. Bien heureuse. Parce que pour toi, Passepartout, ça a été... Je me vois, là, tu sais, un petit sac à dos. Bien heureuse. Parce que pour toi, Parce Partout, ça a été important dans ton intégration. Je sais pas si dans l'intégration, mais dans la perception que
Starting point is 00:22:17 vous, la Société canadienne-française, aviez sur nous ou sur moi. De dire, tu sais, Ça va être correct ici parce que ils sont gentils. C'est le premier contact. Donc oui, ça m'a fait beaucoup de bien.
Starting point is 00:22:34 Ta famille et toi, vous avez été accueillis, tu nous le racontes dans ton roman, les épreuves, disons, que vous avez dû traverser. À quoi ça ressemblerait un accueil idéal pour des familles qui vivent aujourd'hui
Starting point is 00:22:49 ce que vous avez vécu, vous, dans les années 80? Des places en garderie pour ces gens-là, offertes. C'est votre place en garderie. Et pendant ce temps-là, que les parents puissent apprendre le français.
Starting point is 00:23:05 Ça, c'est un vrai accueil. Parce que sinon, si on dit aux gens, oui, il y a des cours de français, mais il n'y a rien qui fait en sorte qu'ils peuvent y aller à ces cours-là. Oui, c'est-à-dire que ces cours-là existent, mais s'il faut gagner sa vie, puis multiplier les boulots pour arriver à joindre les deux bouts. Oui, puis que tu as des enfants, puis qu'est-ce que tu fais avec durant le jour?
Starting point is 00:23:28 Donc, c'est tout ça qui fait en sorte que aller à des cours de francisation comme ça, ça ne rentre pas dans la tête des immigrants. Mais ça, c'est du vrai accueil, je dirais,
Starting point is 00:23:42 qui démontre un réel... Tu n'as pas besoin de 40 mois. Ils ne vont pas apprendre le français parfait. Mais en 5-6 mois, ils peuvent se débrouiller. Se débrouiller assez pour demander une job. Une job qui a un peu plus d'allure que celle qui aurait eu
Starting point is 00:24:05 au départ. Comment est-ce que tu as réagi lorsque François Legault a encensé ton livre sur les réseaux sociaux en disant que c'était une belle histoire réconfortante? Je le paraphrase, mais à peine. Oui, oui, oui.
Starting point is 00:24:24 Je n'ai pas aimé ça. Je me suis sentie instrumentalisée. Une belle histoire d'une famille qui ne l'a pas eu facile. Oui, on ne l'a pas eu facile. Ce n'est pas faux, mais on dirait que c'est très résumé. Oui, c'est très, très résumé.
Starting point is 00:24:38 Oui, je me suis sentie instrumentalisée. Je sentais qu'on prenait mon livre pour dire des belles choses, mais en même temps, il a-tu lu pour vrai? Parce que c'est au-delà de ça. Ce n'est pas juste ça, ce livre-là. Et ce livre-là raconte des choses que vous pourriez améliorer
Starting point is 00:24:55 et que vous ne faites pas. Quand tu as vu que Kevin Lambert, lui, a choisi de répliquer à François Legault, à sa lecture, à sa courte recension de son roman. Comment est-ce que t'as réagi? Ben, j'ai craqué une. T'étais fière de lui? Ben oui, absolument. Puis il dit, mais toi aussi,
Starting point is 00:25:16 tu as répondu. Je lui dis, oui, mais moi, j'ai répondu comme sur mon wall. J'ai pas répondu directement en dessous du sien. Fait que ça a fait en sorte que ça a tombé. Tandis que lui a répondu direct. La petite guerre a commencé. Mais non, non, non. J'étais très contente
Starting point is 00:25:32 qu'il ait fait ça. Parce que ça suffit que parce qu'on fait de l'art et que les gens prennent des sous du gouvernement pour ça, qu'on dise « Oui, oui, oui, oui, oui, oui. » Alors qu'on est en désaccord complet avec ce qu'ils font. Évidemment, c'est une sorte de bonne nouvelle. En tout cas, moi, je trouve alors qu'on est en désaccord complet avec ce qu'ils font. Mais évidemment, c'est une sorte de bonne nouvelle.
Starting point is 00:25:48 En tout cas, moi, je trouve que c'est une bonne nouvelle que notre premier ministre s'intéresse à la littérature. Oui, oui, c'est génial. Sauf que la manière qu'il s'y intéresse, c'est un peu curieux, disons. Ses lectures sont étonnantes, pour dire le moins. Oui, oui. C'est toujours bien de promouvoir la littérature.
Starting point is 00:26:04 Comme premier ministre, moi je trouve ça excellent qui en parle sur son fil dans les réseaux sociaux c'est juste que peut-être demander aux auteurs avant parce que j'ai un rédinal c'est pas nécessaire
Starting point is 00:26:18 exact je me suis sentie vraiment comme s'il avait pris une part de notre histoire. Ils ne l'ont pas eu facile. Pourquoi tu dis ça alors que toi, tu pourrais changer les choses? Oui, alors que tu as le pouvoir de changer les choses pour des personnes qui arrivent d'ailleurs au Québec aujourd'hui. Exact. Des choses qui n'ont pas tant changé alors que ça fait longtemps.
Starting point is 00:26:47 Est-ce que tu peux nous dire qui est notre invité présentement? C'est moi l'invité dans ta chambre aujourd'hui, mais Chacal est chez lui. C'est le maître des lieux. Oui. Il va s'asseoir puis il va se taire. Il a quel âge, Chacal? Quatre ans.
Starting point is 00:27:00 Quatre ans. Il est adorable. Bonjour, Chacal. Là, il sent un petit peu partout. Est-ce qu'ils sont présents à ton esprit, les nouveaux arrivants, les gens qui arrivent au Québec aujourd'hui
Starting point is 00:27:12 de l'Amérique du Sud, d'Afrique, d'un peu partout dans le monde? Oui, tout le temps. Je fais souvent, c'est un grand mot, mais je participe parfois avec des gens
Starting point is 00:27:27 qui n'ont évidemment pas lu le livre et que leur niveau de français maintenant est correct, mais qui sont dans une espèce de club de lecture dans les bibliothèques pour les premiers arrivants. Ils ont des cours qui se donnent dans la bibliothèque de français, puis après ça,
Starting point is 00:27:42 ils vont à la bibliothèque et demandent à certains auteurs d'être là de temps en temps. Et ça, quand moi, j'étais, je suis comme, oui, mais... Et ça a été une de mes plus belles expériences, même s'ils n'avaient pas lu le livre, parce qu'ils demandaient des questions, mais est-ce que nos enfants vont s'intégrer, vont finir par s'intégrer?
Starting point is 00:28:00 Est-ce que ça existe? C'est vrai qu'au début, tu ne le vois pas. Tu es là, ça fait un an qu'on est là, puis il n'y a pas tant de choses de ça qui ont changé. Donc, poser des questions qui sont dirigées vers leurs enfants, aussi, j'ai trouvé ça très beau. Et poser des questions,
Starting point is 00:28:17 finalement, qu'on ne se pose pas. On oublie de se poser. Avec quelles questions est-ce que tu aimerais que les lecteurs qui sont des Québécois blancs nés ici au Québec repartent de la lecture de ton œuvre?
Starting point is 00:28:34 Je ne sais pas. J'aimerais qu'ils repartent plus avec des doutes et de se dire j'en ai-tu invité, moi, des gens à marcher chez nous qui sont pas... »
Starting point is 00:28:49 C'est pas par méchanceté, jamais, mais de se poser ce genre de questions-là. Il y a eu dans un cercle de lecture qui m'avait invité, une femme a dit « Je me suis rendu compte que... » Je me pensais bien gentille, mais j'avais jamais, jamais invité des gens... Je me pensais bien gentille,
Starting point is 00:29:08 mais je n'avais jamais, jamais invité des gens. Je me disais amie avec une femme qui était maghrébine. Elle dit, mais je ne l'ai jamais invité à manger à la maison. Pour elle, c'était comme une autre personne. Le clash était trop grand ou quelque chose comme ça. Ce qu'elle disait à ce moment-là, elle m'a dit, mais je ne me serais jamais rendue compte avant. Je pense qu'elle disait à ce moment-là, elle m'a dit, mais je ne m'en serais jamais rendue compte avant. Je pense qu'avec ce genre de doute-là,
Starting point is 00:29:30 comment je parle à ma femme de ménage, comment... Il y a une phrase qui me fait rire, mais c'est du mot noir, ça me fait rire jaune, en fait, lorsque tu dis une des... Je te paraphrase, mais une des plus grandes avancées du féminisme,
Starting point is 00:29:46 c'est d'avoir permis aux femmes blanches de quitter la maison et d'engager des femmes de ménage, des femmes immigrantes pour, elles, s'en charger. Je pense que c'est tout à fait vrai. Les femmes de ménage qu'on a, c'est souvent ça. Des gens qui ne s'affaient pas si longtemps
Starting point is 00:30:06 qu'ils sont ici. Et les gens se pensent comme, ah, je leur fais une faveur en les engageant. Mais c'est comme, ben non. Tu les engages au noir. Tu les engages au noir. Ils vont partir d'ici. Ils n'ont aucune expérience de plus de travail à nommer. C'est pas totalement par bonté de cœur
Starting point is 00:30:23 que tu fais ça. C'est aussi parce que tu as besoin que ton ménage soit fait. Parlons d'un sujet très sérieux. Vas-y. Est-ce que tu fouilles encore dans les tiroirs des gens à qui tu rends visite, comme tu le fais depuis ton plus jeune âge? J'ai bien l'habitude de ne pas le faire,
Starting point is 00:30:40 mais je le fais devant les gens. Tu ouvres ton tiroir. Oui, je veux ouvrir ton tiroir. Pourquoi? Je ne sais pas. C'est plus ouvrir ton tiroir? Oui, je veux-tu ouvrir ton tiroir? Pourquoi? Je sais pas. C'est plus élégant, effectivement. Oui, pour vrai, je fais beaucoup ça. Mais comment est-ce que tu expliques cette... Est-ce qu'on pourrait dire que c'est une compulsion? C'est pas une
Starting point is 00:30:55 compulsion, mais... C'est comme une tentation, plus. Il y a un tiroir, là, il y a des choses cachées qui arrêtent de venir cacher. Donc, j'ai envie de l'ouvrir. Une fois que je jette un coup d'œil,
Starting point is 00:31:09 ce n'est pas si intéressant que ça. On a un peu tous les mêmes choses dans nos tiroirs. Qu'est-ce que tu as découvert de plus étonnant ou saugrenu en fouillant dans les tiroirs de quelqu'un? Il y a toujours le jouet sexuel. Ce n'est pas si étonnant que ça. Mais les endroits où ils sont, c'est là que c'est comme, wow, OK.
Starting point is 00:31:31 Et dans le salon. Dans un tiroir du salon, oui. Là-dessus, c'est plus confortable. On peut avoir du plaisir sur le divan. Exactement. Je suis sûr qu'il y a des gens qui s'y sont déjà arrivés. Donc, ça, sinon rien.
Starting point is 00:31:46 C'est une histoire à marde qu'on a tous. Avec des batteries de je ne sais pas quel temps et 30 millions de trucs pour brancher nos trucs. Tous les trucs pour brancher avec
Starting point is 00:32:02 une clé USB ou une clé. Après, on a toutes les mêmes affaires. Des élastiques qui traînent, des trombones qu'on n'utilisera jamais. On a tout ça. Tes souvenirs du Chili sont de quelle couleur? Est-ce que tu peux me décrire ce qui reste en toi? Oui, c'est bleuté beaucoup.
Starting point is 00:32:23 Et brunâtre, d'autre part. Où la rue où on habitait, il n'y avait pas vraiment de trottoir. Là, il y en a un maintenant. Quand je suis retournée, j'ai vu. J'ai dit, comment mon Dieu, il y a un trottoir. Mais avant ça, c'est que d'un côté, il y avait la mer
Starting point is 00:32:41 et de l'autre côté, il y avait la montée pour aller dans d'autres collines. Il y a beaucoup de collines, la Valparaiso. Et donc, le côté pour monter, il est très terreux. Et c'est très sec aussi. Donc, oui, beaucoup de poussière qui va de ce côté-là. Tandis que de l'autre côté, il y a la mer. Donc, tout semble bleu pour moi dans ce côté-là.
Starting point is 00:33:05 Et encore aujourd'hui, la mer m'émeut beaucoup, quand j'arrive dans n'importe laquelle. Le son, l'odeur, ça ne change pas d'une place à l'autre. Et la violence des vagues, ça me pogne en dedans.
Starting point is 00:33:22 Tu avais quel âge lorsque tu lui as remis les pieds pour la première fois? La première fois, j'avais 19 ans. Donc, c'est longtemps après. Et la fois d'après, c'était en 2014-2015, en ce moment-là. Donc, tu y es allée avec tes enfants? Non.
Starting point is 00:33:39 J'y suis allée juste parce que mon petit frère, il allait là-bas vivre pendant un certain temps pour un doctorat qu'il faisait.ère, il allait là-bas vivre pendant un certain temps pour un doctorat qu'il faisait. Donc, il restait un an, je pense. Un certain temps en Valparaiso et un certain temps en Santiago. Donc, j'allais le voir parce que
Starting point is 00:33:55 pour mon petit frère pendant si longtemps, c'était pas possible. Ton petit frère, c'est Nicolas Dassen. Il est aussi écrivain. Écrit de très beaux livres. Et c'est Nicolas Dassen lui aussi il est écrivain il écrit de très beaux livres et c'est un peu drôle parce que évidemment on va rencontrer nos tantes, nos cousines, nos cousins
Starting point is 00:34:12 puis tous les gens qui traînent là puis t'es pas sûr c'est de la famille ou pas et ma tante elle me disait elle me frappait avec un journal nous tu nous as pas vu depuis genre 20 ans. Puis ça te fait rien.
Starting point is 00:34:27 Puis ton frère, il vient ici, là, juste six mois. Puis lui, tu viens le voir tout de suite. Quel rôle il a joué, Nicolas, dans l'émergence de ton oeuvre? De une, il m'a donné la permission. J'avais l'impression que... Tu sais, moi, j'écris ce livre-là, puis j'étais prof de sociologie, puis j'étais bien.
Starting point is 00:34:47 C'était ça, moi. Quand les gens me demandaient mon occupation, puis juste, c'était plus que ça. J'avais vraiment une identité comme prof de sociologie. Je trouvais ma job vraiment belle. Et des fois, je me disais, il ne faut pas que les gens sachent c'est quoi ce job-là,
Starting point is 00:35:06 sinon ils vont se dire, ben voyons. Les gens vont se ruer pour devenir professeur de sociologie au Cégep. Et donc, j'étais vraiment heureuse comme professeure et je ne voulais pas changer. Ce n'était pas quelque chose que je voulais changer. Et quand j'ai écrit le livre,
Starting point is 00:35:25 j'ai eu l'impression qu'il fallait que je le demande à mon frère parce que lui, c'était son milieu, le milieu littéraire, le milieu des éditions. Je connaissais rien à ça. Et donc, premièrement, il m'a demandé est-ce que j'ai le droit d'écrire là-dessus? Il m'a dit oui, bien sûr. Mais je sentais qu'il fallait que je lui demande, vraiment.
Starting point is 00:35:44 Qu'il y ait son approbation. Parce que c'est son monde. Ce n'était pas le mien. Et il a dit oui avec une extrême gentillesse. Et ensuite, après, quand je l'ai écrit, le livre, le manuscrit, je n'étais pas en panique. C'est une des seules fois où je ne suis pas bien anxieuse. Ça a été une des rares fois dans ma vie où j'étais anxieuse
Starting point is 00:36:08 en me disant, c'est peut-être la chenote, c'est peut-être pas bon, ce livre-là. Et j'ai trahi tout tellement d'heures, je tue, genre, je perds de la face. Et donc, je dis à Nicolas, est-ce que tu peux le lire? Puis me dire juste, genre,
Starting point is 00:36:24 oui ou non, c'est de la merde ou pas. Etais, Nicolas, est-ce que tu peux le lire? Puis il me dit juste genre, oui ou non. C'est de la merde ou pas. Et donc, Nicolas l'a lu. Puis après ça, il m'a invité à aller prendre une bière. J'étais là, oh non. Ça sent mauvais. Exact. C'est sûr qu'il n'aime pas ça.
Starting point is 00:36:40 Et donc, on est allé prendre un verre. Et il m'a dit, Il parlait des bons côtés, des mauvais côtés, comme un prof qui fait le donne-les, l'examen. Je me suis dit, arrête, Nicole, tu me fais souffrir. C'est quoi, finalement? Penses-tu que c'est assez bon? Puis là, il m'a dit, Caroline, ton livre, il n'est pas juste bon, ça va cartonner.
Starting point is 00:36:59 Puis je me suis dit, OK, t'es gentille, mais t'es mon frère aussi et mon ami. J'ai eu ça au « oui », tu sais, je ne sais pas, deux yeux d'éditeur un peu. Et donc là, j'ai décidé les maisons d'édition pour lesquelles j'allais envoyer le livre.
Starting point is 00:37:18 Ça partit à ce moment-là. Il y a eu ce rôle-là, mais c'est des rôles qui ne sont pas petits. – C'est déjà beaucoup. – Oui, c'est énorme pour moi. Sinon, je sais pas si j'aurais eu le goth de l'envoyer aussi. – Mais si tu l'as écrit,
Starting point is 00:37:32 le besoin que t'avais de raconter cette histoire-là, comment est-ce que tu le décrirais? Pourquoi est-ce que c'était important pour toi de consacrer ces heures-là alors que t'avais un emploi prenant, des enfants, une vie bien chargée? C'est quand même du temps. Le temps d'écriture, c'est du temps qu'on vole
Starting point is 00:37:47 au quotidien. Oui et non parce que je l'écrivais le soir, tous les soirs. Puis mes enfants, ils se couchaient relativement tôt à cette époque-là, contrairement à maintenant. Et ils se couchaient tôt. Et donc,
Starting point is 00:38:03 tu sais, mettons 7h45, il était en train de dormir et donc, à partir, là, tu ramasses un petit peu tous les jouets qu'il y a par terre pour faire semblant que c'est propre. Ça me dit quelque chose
Starting point is 00:38:12 cette routine-là, oui. Et ensuite, tu sais, tu pourrais laver la vaisselle ou t'écrire. Fait que j'ai décidé d'écrire à ce moment-là puis j'écrivais tous les soirs comme une petite fourmi.
Starting point is 00:38:24 Je travaillais sans cesse à la même heure, de 8 à 10, 11, 12. Dépendamment si ça allait bien ou si ça n'allait pas. Je me disais, il faut que je gêne cette discipline-là,
Starting point is 00:38:34 d'écrire au moins une heure par soir. Puis il y a des soirs où c'était juste une heure et je sentais que c'était vraiment pas bon. Puis il y a des soirs où ça allait bien
Starting point is 00:38:40 et c'était jusqu'à minuit. Et c'est ça. Donc, je n'avais pas l'impression tant que ça. Durant le jour, c'est totalement impossible pour moi. Il y a des soirs, ça allait bien, puis c'était jusqu'à minuit. Et c'est ça. J'avais pas l'impression tant que ça. Durant le jour, c'est totalement impossible pour moi. Tu sais, il y a des enfants. « Maman, j'ai une collation. » Et c'est vrai.
Starting point is 00:38:53 Ils mangent tout le temps. Ils mangent tout le temps. Et il y a la vigne, tu sais. Il y a toujours... Il y a toujours quelque chose qui tombe à terre. Ça fait que c'était impossible. Donc, c'était... Je me souviens plus. terre. Ça fait que c'était impossible. Donc, c'était... Je ne me souviens plus. Pourquoi est-ce que c'était important?
Starting point is 00:39:08 Comment tu décrirais le besoin que tu avais quand même de... Je comprends que c'est du temps qui t'appartenait, mais tu aurais pu consacrer à autre chose. Lire, regarder des séries. Oui. Je n'aime pas ça tant que ça, les séries. Pour vrai, parce que j'ai consacré un certain temps dans ma vie
Starting point is 00:39:27 à regarder des séries et chaque fois, je me disais c'est bon, mais je pourrais consacrer de temps en autre chose. Je me sens toujours un peu push ou un peu mal d'avoir fait ça. Et voilà, on a le secret. Si vous souhaitez
Starting point is 00:39:42 vous lancer en littérature, il faut que vous renonciez aux séries télé. Exact. Parce qu'on parle toujours de l'inspiration et de ta-ta-ta, mais il y a des choses objectives dans la vie qui nous empêchent d'écrire, puis donc qui nous forcent à écrire, on va dire.
Starting point is 00:39:58 Une des choses qui me force à écrire, c'est mes enfants sont couchés, là, j'ai plus rien à faire. Je pourrais, oui, je vais acheter dans le sofa et écouter des séries ou je pourrais essayer de faire de quoi. Fait que, j'ai essayé de faire quelque chose. Mon chum, il a été d'un encouragement infini.
Starting point is 00:40:15 Lui, il a lu presque tous les chapitres un par un, alors que, tu sais, son français, il est pas, il est excellent quand il parle, mais à l'écrit, surtout, tu sais, il a pas étudié le français à l'écrit donc il trouve ça extrêmement difficile mais il faisait quand même
Starting point is 00:40:29 Google Translate il lisait comme ça et donc il le trouvait bon mais c'était pas la même chose que quand il a été imprimé je reviendrai et donc ça c'est une des raisons
Starting point is 00:40:44 pourquoi j'ai pu l'écrire, mais ce n'est pas la raison pourquoi j'ai eu envie de l'écrire. Pourquoi j'ai eu envie de l'écrire? Parce que ma fille, elle est née, et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à écrire,
Starting point is 00:40:58 à peu près. On dirait que je m'attendais à avoir un autre gars et d'avoir cette vidéo avec trois gars. Mais ensuite, je me suis dit, je ne sais pas, il y a un autre rapport.
Starting point is 00:41:12 Moi qui est sociologue, qui crois beaucoup en la théorie du genre, je me disais, chez les Latino-Américains, je pense davantage, mais je pense que c'est comme dans plein de familles, il y a des secrets qui se cachent.
Starting point is 00:41:30 Et ça, je ne vais pas trop dévoiler, mais dans ma famille, il y en a eu un que ma mère m'a annoncé. Et que... T'en parles dans le livre, oui. Oui. Et j'ai trouvé ça... Je ne vais pas dire fatigant,
Starting point is 00:41:45 mais j'ai trouvé que ça suffisait. Une fois pour toutes, ça suffisait. Parce que sa mère avait des secrets, ma mère avait des secrets, sa mère avait des secrets. Puis c'est des choses qu'ils disent dans la cuisine, finalement, tu finis par les entendre, évidemment. Puis, tu sais, découvrir que ton père, c'est pas ton vrai père,
Starting point is 00:42:03 dans une conversation à côté en l'écoutant ça doit pas être le fun donc très dramatique aussi très télé-novelleur et là moi je me dis ça suffit je veux pas parce que je me dis qu'est-ce qu'elle va déterrer ma fille dans quoi elle va aller fouiller pour trouver le secret
Starting point is 00:42:21 je vais lui livrer en fait je vais lui dire c'est le secret. Je vais lui livrer, en fait. Je vais lui dire c'est quoi notre voyage. Je vais lui dire c'est quoi ce gros changement-là pour moi. Je vais lui dire ce que ça a pris comme sacrifice.
Starting point is 00:42:39 Puis qu'il était sa grand-mère aussi. Je vais lui expliquer davantage. Oui, je pense que il y a Wajid Mouawad qui dit dans un... à sa grand-mère aussi, lui expliquer davantage. Je pense que... Il y a Wajdi Mouawad qui dit dans un... Il y a un entretien qu'il a fait avec... Je ne sais plus qui. Qui a été fait en livre.
Starting point is 00:42:57 Il dit à un moment, il faut casser le fil. À un moment donné, il faut rompre le fil. Et ça m'a choquéeée dans le sens d'un choc quand j'ai lu ça. Puis oui, il faut rompre le fil à un moment donné. Et donc, je ne voulais plus qu'on vive là-dedans. Elle a quel âge, ta fille Bérénice?
Starting point is 00:43:20 Six ans. Six ans. Six. Six. Puis ton fils, Paul? Dix. Donc, je présume qu'ils n'ont pas encore lu tes livres. Mon fils, oui.
Starting point is 00:43:31 Mon fils, il a lu mon livre de poème. Ce qui est tu. Ça tombe bien parce que c'est lui qui est sur la couverture. Il est même venu au lancement avec ses amis. Toute sa gang. Sa gang de boys. Non, il y a une Toute sa gang, là. Sa gang de boys. Non, il y a une fille dans sa gang.
Starting point is 00:43:48 Sa gang de boys and girls. Oui, boys and girls. Ça n'était pas tout là, mais c'est quand même quelque chose. Quand je les voyais, c'était vraiment mon Dieu. Et leur mère. Puis qu'est-ce qu'il en a pensé? Sa critique, c'était quoi? Combien d'étoiles?
Starting point is 00:44:05 Il dit, maman, je ne vais pas se faire de la peine, mais la poésie, je n'aime pas vraiment ça. Je lui dis, correct, Paul, tu n'as pas besoin d'aimer ça. C'est déjà très beau que tu aies fait l'effort. Il dit, il n'y a pas beaucoup de mots. Je suis genre... Oui, ça fait que c'est ça. Est-ce que tu as hâte au moment où Bérénice pourra lire
Starting point is 00:44:26 Là où je me terre? Oui. J'ai peur que ce soit trop tôt. J'ai peur qu'elle le pogne en 12 ans, genre, pis que... On verra. Elle est assez vieille pour savoir que maman écrit des livres. Oui, oui, oui. C'est même elle qui...
Starting point is 00:44:45 Ça m'a vraiment touchée, en fait, quand on m'a dit ça. On devait remplir un petit... Tu sais, le maternel, c'est un peu des devoirs pour les parents tout le temps. Merci de me prévenir, ça s'en vient pour moi, dans quelques années. Un petit fascicule où elle devait faire
Starting point is 00:45:01 un exposé oral sur ses parents. Donc, il fallait qu'on réponde nos questions nous-mêmes. Et donc, il y a une question, c'est que font tes parents dans la vie? Et là, pour son père, c'est facile. Et pour sa mère, on est arrivés, puis j'ai dit, paf, je sais pas, Bérénice, on peut écrire que je vais
Starting point is 00:45:17 à la chimiothérapie, tu sais, c'est ça qui occupe ma vie. Puis elle m'a regardée, elle a dit, mais non, maman, t'écris des livres. Parce que moi, je cherchais, qu'est-ce que je fais dans la vie? Je fais un film. Puis il y a la radio, mais c'est pas très souvent.
Starting point is 00:45:32 Et donc, elle a dit, mais non, maman, t'écris des livres. Je suis comme, merci de me le rappeler. Puis là, j'ai écrit. Elle a écrit des livres. C'est très beau. On a en commun d'avoir vécu l'expérience de la chimiothérapie. Oui.
Starting point is 00:45:47 Je l'ai vécu moins longtemps que toi, mais je l'ai vécu assez longtemps pour m'en souvenir. Qu'est-ce que tu as appris au sujet de ton corps et de ta force en vivant ces moments-là? Parce que je suis allé relire ta première publication Facebook où tu nous annonçais ta maladie. Je me souviens du lieu où j'étais lorsque je l'ai lue.
Starting point is 00:46:12 J'étais à Lac-Mégantic avec la vue sur le lac. Je me suis mis à pleurer automatiquement même si je te connaissais seulement à travers ton livre. Qu'est-ce que tu as appris au sujet de ton corps? Parce que tu disais dans cetteest-ce que tu as appris au sujet de ton corps? Parce que tu disais dans cette publication-là
Starting point is 00:46:27 que tu es forte que le crisse. Je le pense encore. Toutes les épreuves, j'ai l'impression que je peux les passer. Pour vrai. Ça ne vient pas d'une espèce de non-modestie. Mais c'est qu'est-ce qu'il y a au bout. C'est surtout ça qui nous fait...
Starting point is 00:46:47 Je pense qu'il faut qu'on puisse oublier l'expérience de la chimio. C'est tellement total. Donc, elle est très difficile. Et je la souhaite à personne. Mais quand tu sors, j'ai l'impression, moi,
Starting point is 00:47:03 dans ma tête, la chimiothérapie, c'est comme si on te couvrait d'un truc de plastique puis t'es comme en dehors puis en dedans en même temps, puis t'essaies de souffler. Et donc, éventuellement, tu émerges, puis t'es correct. Et quand t'es correct,
Starting point is 00:47:21 c'est pas comme si de rien n'est passé, mais presque, tu reprends ta vie normale, puis c'est beaucoup plus facile. Mais je pense que ça... Ce que je ne pensais pas, c'est que ça allait me changer.
Starting point is 00:47:39 Ouais. Je pense qu'on est beaucoup plus fragiles après ouais n'importe quelle chose me fait pleurer de beau ou pas et avec la chimie
Starting point is 00:47:51 c'est comme 3 millions fois pire une amie m'annonce qu'elle est enceinte boy c'est beau la vie ce genre d'affaire là je pensais pas
Starting point is 00:48:03 que ça allait me changer à ce point là dans une espèce de fragilité ou... C'est peut-être pas de la fragilité, c'est de la vulnérabilité, ouais. De la sensibilité, ouais. Mais lorsque t'as appris
Starting point is 00:48:15 que j'allais avoir un deuxième bébé, tu m'as écrit probablement le plus beau message que j'ai reçu après l'annonce de cette nouvelle-là, alors que on se connaît, mais on n'est pas si proche que ça. Donc, merci pour ça. Merci. C'est parce que j'écris des livres.
Starting point is 00:48:32 Oui. Elle écrit bien, Caroline, effectivement. Comment est-ce que tu l'as annoncé à tes parents que tu avais écrit un livre dans lequel ils étaient devenus des personnages? Je me souviens même pas. C'était tellement
Starting point is 00:48:50 organique. On parlait. Ils savaient que j'écrivais et que j'écrivais quelque chose d'important. Peu à peu, on se les dit. Une fois que ça a été fini, ils voulaient le lire. Je disais non, non, non, je vous dis la version finale, la belle version. Puis, quand on a eu
Starting point is 00:49:07 des livres qui sortent avant qu'ils soient en publication normale, c'est pour les journalistes notamment, pour qu'ils puissent les lire avant qu'ils... Et donc, quand ils ont... Je leur ai donné ces livres-là, ils étaient très fiers
Starting point is 00:49:23 de moi. Je pense que c'est ça qui fait en sorte que j'ai l'impression que n'importe quelle attaque, je peux la combattre aussi. C'est que par rapport à moi, on a une confiance là-dedans qui m'accompagne depuis toujours. Les discours qui circulent beaucoup au sujet du cancer tendent à dire que le mental n'est pas beaucoup
Starting point is 00:49:45 dans notre possibilité de guérison, ce qui n'est pas complètement faux, mais ce qui est loin d'être totalement vrai. Est-ce que ces discours-là qui circulent beaucoup t'agacent? Oui, c'est insupportable en fait. Quand tu vois ça, tu te dis, t'as pas fait de chimio, toi. C'est des discours, en fait.
Starting point is 00:50:10 Mais en même temps, je pense que personne a vu une personne guérir qui ne voulait pas vivre. Je pense que c'est ça, un peu. Mais à part ça, à part ça,
Starting point is 00:50:24 il n'y a rien de mental. Je n'ai pas eu ce cancer-là parce que j'ai fait quelque chose. Il y a ton corps, la façon dont il fonctionne, on ne comprend pas. Il y a des gens qui réagissent bien à la chimie, il y a des gens qui réagissent très mal.
Starting point is 00:50:38 On ne sait rien. C'est un domaine où on a très peu, surtout le cancer que nous avons eu. Les ostéosarcomes, c'est un domaine où on a très peu, surtout le cancer que nous avons eu, les osteosarcomes, c'est un domaine où on ne sait pas à peu près rien. Et donc, ils vont un peu et c'est erreur. On aime penser que la médecine moderne est très éclairée. C'est vrai, mais ils vont aussi un peu à tantôt, pour le dire très bêtement. Oui, oui, oui. Puis les gens, des fois, sont fâchés en disant, ah, le médecin, il pensait ça, puis finalement, c'est ça, puis il s'est trompé. Je dis, ben non, c'est pas trompé,
Starting point is 00:51:13 c'est le fait que t'étais plus probable d'avoir ça que la deuxième affaire. Moi, mettons, ça a pris longtemps avant qu'il trouve c'est quoi. Moi, j'ai passé des mois à aller voir des médecins. J'étais même, ils m'avait mis avec la clinique scélo-squelettique de Montréal et on ne trouvait rien.
Starting point is 00:51:31 Parce qu'une fille de 40 ans, je faisais du jogging trois fois par semaine. C'était comme... Je ne me fit pas dans... Et donc, évidemment qu'il ne va pas penser ça. C'est ça. Est-ce que je peux te poser une question vraiment intime? Oui, vas-y.
Starting point is 00:51:48 Dans ton livre, il y a un certain moment où on se trouve au Fofone Électrique puis tu crouses une vedette locale. C'est qui la vedette locale? Je ne sais pas si je peux le dire. Ça fait une heure qu'on parle de maladie, de spiritualité, mais on ne peut pas révéler
Starting point is 00:52:10 qui est cette vedette locale. Non, je ne pense pas que je puisse le dire. Tu connais la vedette locale? Je la connais? Oui, j'ai vu faire des interviews avec cette personne. Bon, d'accord. Alors, je vais retourner lire
Starting point is 00:52:23 chacune des entrevues que j'ai faites au cours des dernières années. Tu en as fait beaucoup. Oui, j'en. Alors, je vais retourner lire chacune des entrevues que j'ai faites au cours des dernières années. T'en as fait beaucoup. Oui, j'en ai fait quelques-unes, effectivement. Bon, il y a une autre, c'est plus qu'une vedette locale, mais une personnalité connue,
Starting point is 00:52:34 un grand cinéaste qui se trouve dans ton livre, Pierre Falardeau. Oui. On en a discuté la dernière fois que je t'ai rendu visite ici. Je te disais que ça avait transformé mon regard sur Falardeau,
Starting point is 00:52:44 ce que tu nous racontes à son sujet, ton interaction avec lui. Quelle place il occupe dans ton cœur, Falardo? Aujourd'hui, est-ce que tu lui as pardonné? Comment il a réagi à ce que tu lui as raconté? Tu sais, c'est à moitié
Starting point is 00:52:59 une blague de gens qui sont un peu sous. Ça n'a pas une valeur réelle. Et aussi, Falardo était un vrai gentleman. Contrairement à beaucoup d'autres petites vêtements locaux, il ne profitait pas de ça, de se faire inviter à
Starting point is 00:53:16 l'Université de Montréal pour se pogner une petite fille. Ce que tu lui racontes, c'est que le pot de yogourt Liberté, puisque Falardo venait de lancer un livre intitulé « La liberté n'est pas une marque de yogourt », puis toi, ces pots de yogourt-là avaient une signification particulière,
Starting point is 00:53:32 représentaient quelque chose de... Ce n'était pas que du yogourt pour toi dans tes yeux d'enfant. Le mot Liberté. Il a ri un peu de moi quand j'ai raconté mon drame. Si on s'en crie. Il était très... Mais c'est ça. Comme je t'ai raconté mon drame. Puis, si on s'en crie. Tu sais, il était très...
Starting point is 00:53:47 Mais c'est ça, comme je t'ai dit, c'est un vrai gentleman. Il ne crouse à personne. Il jasait avec tout le monde. Puis tu sais, comment ça peut être gossant, des jeunes en sciences humaines, en première année à l'université, qui pensent qu'ils savent tout déjà.
Starting point is 00:54:06 Puis j'étais de celle-là. Mais il nous a accordé tout le temps qu'il y avait. On a visionné, lui-même a porté certains films qui étaient moins disponibles. On pouvait poser sincèrement toutes les questions. Après ça, on va prendre une bière puis il vient avec nous.
Starting point is 00:54:27 Vraiment, il était extrêmement généreux. Extrêmement généreux. Donc, c'est pas juste la même. C'était comme... Je devrais pas le mettre sur ma liste noire. Non, absolument pas. Jusqu'à ce qu'il réagisse comme ça.
Starting point is 00:54:42 Absolument pas, non. Moi, je l'aime vraiment beaucoup, même encore. Qu'est-ce qu'il a réagi comme ça. Absolument pas, non. Moi, je l'aime vraiment beaucoup, même encore. Qu'est-ce qui reste de cette jeune femme idéaliste, militante, qui participait à des manifestations, qui voulait changer,
Starting point is 00:54:58 transformer le monde? Qu'est-ce qui reste de cette jeune femme-là, la femme qui se trouve devant moi présentement? Elle est là, mais elle est là... J'écris un petit texte pour Québec en image. Je lui demandais
Starting point is 00:55:13 d'écrire un texte, puis lui, il les plaçait un peu partout dans la ville de Québec. Et je parlais de ça. Les gens qui faisaient des marches pour toutes sortes de choses. J'écris « Vous marchez pour ceux qui ne peuvent pas. » Donc, cette fille-là est là.
Starting point is 00:55:36 Excuse-moi. Ça va. Je t'ai dit que je suis un braillard. Moi aussi, je suis un braillard. Moi aussi, je suis un braillard. Je regarde la lutte et souvent, pas une fois de temps en temps, souvent, je vais me mettre à pleurer en regardant
Starting point is 00:55:54 la lutte parce que, bon, ça me relie à mon enfance, mais aussi parce que les drames qui se déroulent entre les câbles m'émeuvent. Je comprends. Merci de m'accueillir. Mais oui, donc c'est ça. Cette fille-là
Starting point is 00:56:10 elle essaie d'exister, mais ça ne peut plus. Au début de Là où je me terre, tu écris au sujet de cette décision-là que tu prends, que tu nous racontes, cette décision-là que tu prends à ce moment-là de ne pas te lancer par la fenêtre au moment où tes parents t'annoncent
Starting point is 00:56:25 qu'ils vont quitter le Chili pour le Canada. T'écris, il n'en est demeuré qu'une posture, un rapport au réel et un être au monde, embrasser l'existence, même si pour cela, il fallait la transfigurer. Est-ce que tu crois au pouvoir de la littérature, de l'écriture, de transfigurer l'existence. Oui, beaucoup. Je pense que
Starting point is 00:56:47 ce livre-là, je l'écris aussi évidemment en hommage à ma mère, mais plus que ça. Je voulais que ma mère devienne un vrai personnage de la littérature québécoise. Ça va pas de soi, mais trouver des femmes de ménage
Starting point is 00:57:03 latino-américaines, il y en a partout, mais tu sais, des fois, il y a des gens qui m'ont déjà dit, genre, je suis, mettons, allo, c'est quoi, d'où tu viens, toi? Je suis Chilienne. Ah, ma femme de ménage est Chilienne. OK. C'est le fun.
Starting point is 00:57:20 C'est peut-être ma mère. Donc, ouais. Et donc, je voulais lui faire cet honneur-là. Tu sais, ça, tu vas devenir un personnage, puis tu vas exister dans la tête des gens pour toujours. Ou toujours, en tout cas, jusqu'à ce que la planète explose.
Starting point is 00:57:36 J'ai jamais rencontré ta mère. J'ai rencontré ton père tantôt, parce qu'il est ici, présentement. Mais j'ai jamais rencontré ta mère, et pourtant, j'ai l'impression de la connaître. Je suis sûr que c'est le cas pour tous ceux qui ont lu ton roman. Oui, oui. Très timide, mais
Starting point is 00:57:51 elle me dit toujours que j'ai fait le plus beau cadeau. Le plus beau cadeau, c'est le livre? Oui. J'ai dit, c'est pas ton fils? J'aime jaser avec toi parce que tu nourris l'espoir en moi. Je suis plutôt du côté pessimiste des choses,
Starting point is 00:58:13 en général. C'est vrai? C'est ça, mon inclination naturelle, disons. C'est ça? Mon Dieu, je ne crois pas de même. Tu me ramènes du côté de la lumière. Puis, ce sont les deux pôles de ton œuvre. Il y a d'un côté l'espoir,
Starting point is 00:58:26 puis de l'autre côté l'indignation, la colère. Qu'est-ce qui reste de colère en toi? On pourra aller vers l'espoir ensuite. La colère est toujours là aussi. Constamment, quand je vois les nouvelles que le gouvernement ne veut pas leur donner, je ne sais pas combien de pourcents, arrêter la petite valse de grève,
Starting point is 00:58:47 pourcentage de grève. Décidons le premier coup. Et puis, évidemment, c'est des gens qui méritent beaucoup plus que ce qu'ils ont. Mais je te parle d'un événement très précis. Mais en dehors de ça, oui, je suis... Je me fâche.
Starting point is 00:59:03 En disant que je suis fâchée il y a plein de choses qui me fâchent continuellement je trouve que ça a aucun sens qu'on soit en 2023 et qu'il y ait tant d'iniquité entre les gens on pourrait conclure
Starting point is 00:59:20 en observant ta trajectoire ce que tu es devenu et ce que tes frères aussi sont devenus, que vous êtes l'exemple parfait d'un success story. Tu en parles dans ton livre des success stories. Pourquoi est-ce que tu refuses aussi ardemment cette étiquette-là? Parce que c'est comme si,
Starting point is 00:59:38 pour être un bon immigrant, il fallait que tu sois dans un success story. Tandis qu'il y a plein d'immigrants qui, je ne sais pas, ils travaillent chez Maxi, ils reviennent chez eux le soir, ils écoutent, je ne sais pas, Sass, comment ça s'appelle? Stat.
Starting point is 00:59:55 Ils écoutent ça le soir, ils dorment, puis ils reviennent le lendemain. Ils n'ont pas des vies, ils ont des vies ordinaires, pas dans le sens de, mais pas dans le sens qu'elles sont plates, dans le sens que c'est des vies ordinaires, pas dans le sens de, tu sais, mais pas dans le sens qu'elles sont plates, dans le sens que c'est des vies normales.
Starting point is 01:00:09 Et on n'a pas besoin d'être extraordinaire dans le sens de, ouh, vous avez gravi tous les échelons pour que ça vaille la peine, tu sais. Si tu accueilles des gens, tu accueilles des gens, point. Donc, qu'est-ce qui nourrit l'espoir en toi? Je pense que les structures
Starting point is 01:00:23 me fâchent, mais que les gens, je les aime. Et donc, individuellement, les gens, il y a tellement de gens extraordinaires. Tu le vois quand tu es à l'hôpital, tu es prise en charge, tu vois qu'il y a des infirmières qui font beaucoup plus qu'elles devraient. Tu rencontres des gens qui se donnent.
Starting point is 01:00:43 Tu es là, tu ne me connais pas. Pourquoi tu me donnes des soins avec tant de gentillesse et de sollicitude? Il y a beaucoup de gens comme ça dans ma vie qui ont fait la différence. Donc, je dirais que c'est ça l'espoir. Est-ce que tu te permets de penser,
Starting point is 01:01:01 de te projeter dans la première journée où tu serais guérie de ton cancer? Non. Pas du tout. Non, non. Je vais pas là. Sinon, c'est trop dur. Donc, tu as eu
Starting point is 01:01:16 chacune des journées une à la fois? C'est plus une semaine à la fois. Une journée à la fois, ça me semble mon Dieu. C'est rough. Mais non, non, plus une semaine à la fois. Une semaine? Oui. Une journée à la fois, ça me semble bon. C'est rough. Mais non, non. Plus une semaine à la fois,
Starting point is 01:01:28 je te dirais. Comment tu vas présentement? Pas super. Ils ont découvert que la chimio ne fonctionnait plus. Ça, c'est la mauvaise nouvelle. Mais,
Starting point is 01:01:40 d'un autre côté, la bonne nouvelle, c'est qu'il y a d'autres traitements comme l'immunothérapie qui semblent être une voie très prometteuse. Donc, mon mari est très content,
Starting point is 01:01:51 mon collègue est très content, puis moi je suis comme, OK, mais ma tumeur a grossi pendant ce temps-là. Pendant ce temps-là, donc, je fais que je fais un moyen. Est-ce que tu accepterais de nous lire un extrait de Là où je me terre? Si tu veux.
Starting point is 01:02:07 Oui. C'est dans ce bus au début du trajet qui me menait à ce brébeuf qui n'était pas mon école que je me suis promis que j'écrirais. Que j'écrirais fort, violemment, sans fioriture, comme si mes ancêtres, les sacrifiés,
Starting point is 01:02:24 les anonymes, laissés derrière, glisaient par-dessus mon épaule. Écrire comme si les femmes qui m'avaient précédé sortaient de terre pour m'observer. Toutes les femmes, les grosses, les affamées, les putes, les prieuses, les analfabètes, les crieuses, les maudites, les folles, les abandonnées, les chipies, les muettes, les commères, les alcooliques, les vierges, les sibilles, les voyantes, les aveugles, les éteintes, les effrontées, les battues, les colériques, les pleureuses, les haletantes, les violées, les tristes, les courbées, les sirènes, les offensées, les endolories, les increvables, les torturées, les lionnes, les chiennes, les déprimés, les écrasés, les soumises, les mégères, les crevés, les faits, les mères, las negras, las brujas et les damnés. Écrire comme une danse macabre ou un cri de révolte, comme un souper échappé par terre au
Starting point is 01:03:22 temps pauvre, comme un cri primal devant une agression sexuelle, comme la disparition d'un enfant après le coup d'État, comme une décennie de dictature sur toute l'Amérique latine, comme les larmes du silence durant les prières dans les sous-sols. Écrire mon histoire
Starting point is 01:03:39 comme toutes ces femmes en moi à ressusciter. C'est fort. C'est bon. C'est bon. Je le confirme. Je suis d'accordusciter. C'est fort. C'est bon. C'est bon. Je le confirme, je suis d'accord. Merci, c'est fort. Quand je le relisais... C'est un bout que j'allais enlever. Pourquoi?
Starting point is 01:03:56 C'est que les gens vont capoter et vont dire qu'elle est vraiment fâchée. Il y a un crescendo dans cette énumération-là qui est très, très puissant. C'est laquelle votre chanson
Starting point is 01:04:10 à ton amoureux et à toi de Lil' Cohen? Show me the place. Mais c'est que aussi, la première fois qu'on s'est rencontrés, il est venu à moi puis il a dit une niaiserie. On buvait des verres avec mes amis. C'est ça aussi notre histoire. Il est venu à moi et il a dit, « Nézré, on buvait des verres avec mes amis. » C'est aussi notre histoire, c'est qu'il a passé dans la rue.
Starting point is 01:04:32 C'est une histoire un peu de film hollywoodien. Vous étiez où? Au Portugal. Lui était là avec ses amis, moi j'étais là avec mes amis. On est sur la rue debout en buvant un truc et il passe, je suis comme il m'a dit non pas ce gars-là, puis mon ami a dit
Starting point is 01:04:51 il s'en vient de revoir c'est pas possible, je me retourne puis il est là à côté de moi, puis très grand et il me dit abuse pas de ça c'est vraiment fort, je dis oui on a ça. C'est vraiment fort. » Je dis, « Oui, on a compris. »
Starting point is 01:05:06 Qu'est-ce que tu buvais? Une brancoche, qu'il appelle là-bas. C'est un truc avec des fraises. Je suis là, le vodka, je pense. Je n'ai aucune idée, mais beaucoup de fraises. Ça monte à la tête. Oui. Et il dit, « Après, d'où tu viens? »
Starting point is 01:05:22 Je dis, « Je suis à Montréal-Est. » «réal. Ah! As-tu déjà vu Léonard Cohen? Et j'ai dit, oui, en fait, mais juste vu. Je n'ai pas... Je l'ai vu dans une librairie une fois. Il était... Il était comment? Il était comment? Puis il dit, tu sais,
Starting point is 01:05:41 on a choisi notre chanson de mariage, puis c'était celle-là. C'est très dramatique. Mais en tout cas, moi, je suis un peu comme ça, magnifiquement belle et les gens me réagissent. Tout le monde pleurait à ce moment-là.
Starting point is 01:06:00 Et c'est ça. Donc, ça a toujours eu une place importante dans tous les choix que j'ai faits importants dans ma vie. Il dit, il y a comme Léonard Cohen qui arrive, puis on a notre patronge gardien. Juste que tu ne veux pas me dire qui est la vedette locale. Est-ce que tu aimerais, en conclusion, me dire quelque chose qui resterait juste entre toi et moi?
Starting point is 01:06:29 Tu sais, je lis beaucoup de livres, mais chaque deux, trois, non, peut-être pas deux, trois, peut-être quatre, cinq livres, j'en peux plus de la littérature contemporaine, et je lis Balzac. Ça, il y a comme personne qui le sait. C'est comme
Starting point is 01:06:46 si je revenais à « Ah, OK, enfin. » Il y a des phrases parfaites, parfois, vraiment, que je considère comme parfaites dans Balzac. Et c'est le rythme qui est toujours le même. Et je me sens chez moi
Starting point is 01:07:01 quand je lis en Balzac. C'est ça que je fais pour me sortir de toute la... de toute la... Je sais pas. La littérature contemporaine, elle est parfois... C'est très violente ou très... Oui, mais Balzac, c'est tout doux.
Starting point is 01:07:19 Fait que oui, je me cure. C'est une très belle confidence. Oui, c'est ça que j'ai pensé. Ça, il n'y a personne qui le sait de moi. Merci, Chacal. Merci, Caroline, de m'avoir accueillie dans ta chambre à coucher. C'est toujours un plaisir de passer du temps en ta compagnie. Tu me ramènes du côté de la lumière.
Starting point is 01:07:42 Merci pour ça. Merci à toi. Merci pour ta générosité.

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