Juste entre toi et moi - Christine Beaulieu
Episode Date: December 12, 2023Au théâtre, comme dans la vie, il faut savoir s’ouvrir aux autres, pense Christine Beaulieu. Une idée que la comédienne met en pratique dans cet entretien durant lequel il est question de son ra...pport à la beauté de la nature, de son amitié avec le peuple innu et, bien sûr, d’hydroélectricité.
Transcript
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Sous-titrage Société Radio-Canada Déjà, l'avant-dernier épisode de cette deuxième saison de Juste entre toi et moi. Merci d'être aussi nombreux, nombreuses, au rendez-vous à chaque semaine.
N'hésitez pas d'ailleurs à m'écrire si vous avez des commentaires
ou si vous avez des suggestions d'invités pour une potentielle troisième saison.
Mais d'ici là, mon invité aujourd'hui, c'est la comédienne et autrice Christine Beaulieu.
Christine que vous avez peut-être vue dans J'aime Hydro, ce méga succès
du théâtre documentaire québécois.
Christine, elle est séjourcie de la
distribution de la pièce Insoutenables
Longues Étreintes. C'est un texte
du dramaturge russe Ivan
Veripaev. La pièce met aussi
en vedette Marc Beaupré, Joanie
Guérin et Simon Lacroix.
Elle vient de remporter le prix du meilleur
spectacle remis chaque année par l'Association
québécoise des critiques de théâtre.
C'est pas rien ça. Bravo!
C'est présenté au Théâtre Prospero
jusqu'au 21 décembre.
Si vous aimez rire noir, c'est la pièce
à voir absolument.
Et dans un tout autre registre,
Christine anime sur l'extra de
Tout.tv l'émission Déconstruire.
C'est une émission de rénovation. de rénovation durable, verte, écologique,
dans la mesure du possible en tout cas.
Il en sera question à la fin de l'entretien.
Je vous rappelle que vous pouvez lire le texte que j'ai tiré de cette rencontre
dans La Presse Plus, sur lapresse.ca ou sur La Presse mobile.
Et si vous avez aimé cet épisode, vous pouvez nous laisser une bonne note
ou un commentaire sur Apple Podcast.
Et voici sans plus tarder mon entretien
avec la constructive Christine Beaulieu.
Juste entre toi et moi
Ça restera entre toi et moi.
Pour une fois, ça reste entre toi et moi.
Je rentre au cégep, j'avais 16 ans.
Tu as sauté une année scolaire?
En fait, je suis rentrée à la maternelle à 4 ans
au lieu de 5, parce que j'avais
des soeurs jumelles, moi, qui sont nées
9 mois et demi après moi.
Et si mes parents n'avaient pas demandé de me laisser
entrer à l'avance, on aurait été les 3
dans la même année scolaire.
Honnêtement, j'étais jeune, donc je ne sais pas
ce qui les a motivés à faire ça.
Mais je les remercie parce que ça m'a permis de me
distinguer aussi,
d'avoir ma...
J'étais tellement prête. Moi, j'étais tout le temps avec ma grande-sœur
qui avait quatre ans plus vieux que moi.
Les jumelles étaient
plus ensemble. C'était parfait.
J'ai commencé les...
Donc, vous êtes quatre chez vous? On est quatre filles.
Mais ça n'a pas créé de difficultés dans ton parcours?
Ça n'a pas créé de décueils
que tu sois toujours la plus jeune de chacune de tes cohortes?
Non.
Parce que regarde, tu es plus jeune que moi.
Finalement, ce temps-là, il finit.
Il finit à un moment donné, ce temps-là.
J'étais tout le temps la plus jeune dans mes amis, en effet,
dans mes années scolaires.
Mais non, ce n'était pas dramatique.
C'était bien correct.
Puis à un moment donné, c'est ça, ça switch.
T'es plus...
Comme là, au théâtre, j'étais avec Joannie,
qui est plus jeune que moi, une actrice.
Puis là, tu sais, à un moment donné,
tout ça se transforme.
Non, il n'y a pas eu d'écueil.
Est-ce que ce serait un cliché de dire qu'au théâtre,
l'âge ne compte pas?
Compte moins.
C'est drôle, hier, j'ai attrapé un petit extrait
d'Emmanuel Béart en entrevue.
C'était pas avec toi?
Non, malheureusement, c'était pas avec moi.
Elle disait que là, elle a 60 ans,
puis elle dit, j'ai vraiment envie de jouer au théâtre,
mais elle dit, je ne sais pas
si j'ai encore envie d'être filmée.
Donc, en effet, je pense que l'âge
a moins d'impact sur scène qu'à l'image.
C'est comme si la caméra
est plus agressive
sur nous.
Le théâtre, il y a une belle distance.
Il y a autre chose
qui s'exprime que
juste la peau, les yeux,
le sourire, les rides,
pour ne pas les nommer, la couleur. Toutes les parts de peau, les yeux, le sourire, les rides, pour ne pas les nommer, la couleur,
toutes les parts de peau.
Là, tout à coup, au théâtre, c'est le corps en entier
et c'est autre chose qui parle.
Mais c'est dur pour le corps, par exemple.
C'est paradoxal parce que moi, quand je rentre au théâtre,
je me dis, justement, le spectacle qu'on fait en ce moment,
Insoutenable Longues Étreintes,
je dis aux metteurs en scène, Philippe Cyr,
cette semaine, j'ai dit, tu sais, moi,
je pense pas que je suis capable de faire ce spectacle-là
à 60 ans. Il est très exigeant physiquement.
Puis après, j'entends Emmanuel Béard à la radio
qui dit qu'il est toujours prêt à jouer au théâtre,
même moins pour la caméra.
Mais bon, ça dépend des spectacles, j'imagine.
Puis comment tu te sens après une représentation
d'Insoutenables Longues Étreintes?
Bien, je me sens vraiment bien.
On est une super belle équipe.
Puis on a un gros défi à chaque fois.
Tu sais, c'est vraiment un gros défi, ce spectacle-là.
Fait qu'on se lance toute la gang.
On a quasiment peur, tu sais, dans le sens que...
À ce point-là?
Oui, à chaque show, on fait, oh mon Dieu,
comment ça va se passer?
Parce que c'est un spectacle tellement exigeant
au niveau du texte et de la mise en scène.
On veut être... C'est bon quand c'est très, très, très précis. Fait qu'à chaque fois qu'on échappe une, tellement exigeant au niveau du texte et de la mise en scène.
On veut être... C'est bon quand c'est très, très, très précis.
À chaque fois qu'on échappe une, on est déçu.
On est comme, ah, on a manqué telle, telle affaire.
Autant le gars qui s'occupe du son
et de nos micros, il veut être parfait,
que la fille à la régie, que nous à l'interprétation.
Parce que quand on y arrive, c'est comme magique.
Mais dès qu'on manque quelque chose,
on a l'impression qu'on trébuche
et qu'on affecte nos collègues
et ça on veut pas ça comme partenaire de travail
fait que on cherche un peu la perfection
puis dans ce spectacle-là c'est très dur de l'atteindre
mais hier c'était formidable
je sais pas pourquoi
c'était facile à faire, ça a super bien été
on était très contents
on se sent bien quand on finit
puis le lendemain matin est-ce que tu dors tard?
est-ce que tu es fraîche comme une rose dès le réveil?
Idéalement, je dors
beaucoup le lendemain du théâtre, mais on
décide pas toujours. Mais là,
je mets mes bouchons, je fais tout
pour avoir le plus de sommeil possible
et j'essaie de pas avoir du travail
trop tôt le matin. C'est pour ça qu'on se voit à 2h.
Super tard, à 2h
de l'après-midi. Oui. Insoutenable,
Longues étreintes, c'est un spectacle très rock'n'roll.
Sexe, drogue et rock'n'roll.
Les trois éléments sont présents.
Moins le rock'n'roll, en fait, moins la musique,
mais le sexe et la drogue, ça, c'est...
Oui.
C'est là, dès le début du spectacle.
Mais les quatre personnages, dont le tien,
semblent chercher quelque chose.
Ils sont en quête d'une sorte de transcendance.
De se sentir vivant.
Oui, c'est ce qu'ils répètent.
C'est un des leitmotivs du spectacle.
Quand est-ce que tu te sens vivante, toi?
Ah, c'est une bonne question.
Que le spectacle éveille en moi aussi.
On est toujours affecté par les shows qu'on fait
ou les personnages qu'on fait.
Puis là, en faisant Insoutenable Longues Étreintes,
je me demande aussi quand est-ce que je me sens vivante.
Bien, c'est vraiment une bonne question.
Puis c'est ça qui aborde Yvanne Véripayev avec le texte.
Puis je pense que tout le monde se demande ça dans sa vie.
C'est quand que je vibre, c'est quand que je me sens
en train de toucher l'existence de mes rêves.
Puis je me sens vivante, évidemment,
quand je suis en super bonne compagnie,
quand j'échange avec quelqu'un sur des idées,
puis que je sens qu'on est en train d'avoir
une conversation super riche, puis stimulante,
puis créative.
Ça, c'est clair.
Moi, je suis vraiment une fille d'équipe.
C'est pour ça que je veux tout le temps
continuer à faire du théâtre,
parce que je trouve que c'est là,
dans tout ce qu'on fait,
qu'il y a les rencontres les plus profondes au niveau créatif,
au niveau sensoriel, puis qu'on se parle intensément,
ouvertement des enjeux qui nous animent dans la vie.
Et c'est là que je me sens vivante.
C'est comme, par exemple, le livre qu'on a créé
sur les saumons de la rivière Métis,
qui est d'abord une pièce de théâtre.
Ça aussi, c'est un milieu créatif et des partenaires de travail sensationnels. sur les saumons de la rivière Métis, qui est d'abord une pièce de théâtre,
c'est aussi un milieu créatif et des partenaires de travail sensationnels.
Et là, je me sens terriblement vivante.
Quand je suis en train de créer, par exemple, un spectacle
avec l'équipe d'Insoutenable Longues Étreintes
ou avec l'équipe des Saumons de la Métis,
quand je suis en train de créer le livre
avec Caroline Lavergne, l'illustratrice,
puis là, on échange, puis là, on cherche
c'est quoi le meilleur dessin pour cette page-là.
Puis ces échanges-là,
c'est tellement formidable
parce que quand on se respecte,
quand on est assis devant quelqu'un qu'on respecte profondément
et là, ensemble, on est en train de
trouver et de créer quelque chose qui n'existe
pas ensemble. Puis que ça va être
le résultat, ça va être la rencontre de nos
idées. Puis qu'on est deux personnes
pas d'égo qui va faire en sorte que ça va être la meilleure idée
qui va l'emporter.
Puis c'est ça qu'on va mettre,
soit dans le spectacle ou dans le livre.
C'est vraiment trippant.
Là, je me sens vraiment vivante.
Et si après, mettons,
comme là, on a remporté meilleur spectacle,
l'Association des critiques de théâtre,
bien, c'est trippant parce que là,
c'est comme si on fait,
ah, tu sais, tout notre travail,
tous les moments où on s'est cassé la tête
à trouver c'est quoi la meilleure façon
de raconter cette histoire-là,
bien, finalement, on a bien travaillé
puis on a des critiques.
Tu sais, c'est très important d'avoir un retour critique
du travail qu'on fait parce que ça vient,
tu sais, c'est là qu'on crée le dialogue.
Merci de le dire.
Oui, c'est là que ça crée le dialogue avec le...
Tu sais, sinon, on a des membres du public qui nous disent, ah, bravo, c'est là que ça crée le dialogue.
Sinon, on a des membres du public qui nous disent,
bravo, c'était super,
mais la conversation, disons, plus philosophique autour de ce qu'on a fait,
c'est le fun d'avoir quelqu'un qui se penche là-dessus
sur notre travail.
C'est réjouissant pour nous parce qu'on se dit,
tous ces échanges-là, tous ces essais et erreurs-là,
tous les choix qu'on a faits ensemble,
ça fonctionne visiblement
puis ça donne quelque chose de
bon. C'est trippant.
Ça veut dire ça que tu lis mes collègues Luc Boulanger,
Stéphanie Morin, Jean Siag,
Christian Saint-Pierre,
au devoir. Bien sûr, oui.
Ah oui, on se lit.
C'est sûr que pour moi, on travaille ensemble
puis aussi, on se voit évoluer
à travers les années. Ça fait 20 ans pour moi, on travaille ensemble. Puis aussi, on se voit évoluer à travers les années.
Ça fait 20 ans, moi,
j'ai fini. J'imagine
qu'il y a quelque chose qui se raconte aussi ensemble
à travers toutes ces années-là.
Qu'est-ce qui t'a d'abord attiré
dans le théâtre?
Une bonne question. J'ai commencé à faire du théâtre
en secondaire 5 à... À Chavigny.
À Chavigny, école que tu as fréquentée.
En secondaire 1, oui. Oui, on n'était pas là. On ne s'est pas croisés. Ah, peut-être que quand je suis en secondaire 5, tu es en secondaire 5 à... À Chavigny. À Chavigny, école que tu as fréquentée. En secondaire 1, oui. Oui, on n'était pas là.
On ne s'est pas croisés.
Ah, peut-être que quand j'étais en secondaire 5,
tu étais en secondaire 1.
Il faudrait faire le calcul.
Moi, j'ai 37 ans, tu as...
42.
42, ça se pourrait.
Hey, c'est pas formidable, ça.
Alors, peut-être que quand je commençais à faire du théâtre,
tu étais là, en secondaire 1.
Là, j'imagine le film biographique
qu'on tirera un jour de ta vie.
Puis, on me verra passer, peut-être,
en arrière-plan, un figurant
jouera Dominique Tardif.
Est-ce que tu te souviens du spectacle de théâtre?
Ah, je m'en souviens. J'ai un souvenir précieux.
Je m'en souviens pas.
Alors, j'ai commencé à faire ça en secondaire 5.
C'était des amis à moi, des amis de filles
qui voulaient faire du théâtre, puis ils m'ont embarqué
dans leur idée. Mais j'étais pas
la plus dégourie des quatre du tout.
J'étais plutôt gênée.
Mes amis le confirmeraient.
Puis il y en avait une des quatre,
elle faisait déjà des publicités à la télé.
Puis ils étaient tous plus dégordis que moi.
Mais déjà, en secondaire 5,
il fallait faire une audition
pour être acceptée à l'option théâtre
de l'école secondaire.
Puis il fallait faire un test théorique aussi.
Ils nous donnaient, je me souviens, un gros document
à lire sur le théâtre, Shakespeare, Brecht,
toutes les affaires.
Et on devait faire un examen.
Et puis, au bout de tout ça,
j'ai été la seule des quatre à accepter.
Mais je suis persuadée
que c'est parce que j'ai fait un bon examen théorique.
Parce que je suis très studieuse.
Tu es bonne élève.
Je suis très bonne élève.
Fait que là, j'ai dû comme vraiment moi me casser la tête plus qu'elle sur la matière théorique. Tes je suis très studieuse. Tu es bonne élève. Je suis très bonne élève. J'ai dû vraiment moi me casser la tête
plus qu'elle sur la matière théorique.
Tes amies devaient être contentes.
C'était bizarre parce que là, moi, je me disais
est-ce que j'y vais quand même sans
elle? C'était très étrange, mais
ça tient tellement à rien
des fois des choix quand on est jeune, mais
je suis allée. Puis là, j'ai aimé
ça. J'ai trouvé que c'était...
Ce que j'ai aimé, je pense, c'est que c'est le fait
que ça allait toujours être différent.
C'est un métier où c'est impossible
de se répéter. C'est toujours une nouvelle gang,
toujours un nouveau texte, toujours
une nouvelle chose à inventer.
Des nouvelles rencontres.
Ça, c'est particulier, je trouve, avec le temps.
C'est difficile quand même, constamment,
rencontrer des nouvelles personnes, puis toujours
voir comment ça va se passer.
Je ne le connais pas.
Est-ce qu'on va bien s'entendre?
Est-ce qu'on va bien justement partager le travail?
C'est toujours préoccupant.
C'est pour ça que quand tu trouves un collègue avec qui ça va vraiment bien,
c'est normal aussi qu'on veuille continuer ensemble.
Parce que les collaborations qui sont fructueuses, puis qui sont le fun,
puis qui sont confortables, en tout cas, moi,
j'ai envie d'y retourner.
L'état dans lequel tu dois te mettre pour bien performer
au théâtre, comment tu le décrirais?
C'est très important, ça. C'est beaucoup
une affaire d'état. Donc, bien dormir,
c'est niaiseux, manger ma banane,
tu sais, je veux dire...
On prend des notes à la maison.
Non, mais c'est vraiment ça. Idéalement, tu fais un bon yoga dans ta journée.
Puis là, tu arrives au théâtre.
Puis tu règles tout ce qui te...
En tout cas, moi.
T'essaies de régler tous les soucis possibles urgents.
Si t'es tracassée par ton texte,
fais une italienne.
Fais-la comme il faut au complet.
Puis à un moment donné, comme actrice,
tu fais, je me suis réchauffée, j'ai mangé,
j'ai fait mon italienne. J'ai tout fait, qu'rice, tu fais, bien là, je me suis réchauffée, j'ai mangé, j'ai fait mon italienne,
j'ai tout fait qu'est-ce que je pouvais faire
pour me préparer. Là, après, il faut que tu fasses
confiance au travail. Mais
la concentration
sur scène n'est jamais pareille. Il y a des soirs,
c'est super facile. Tu écoutes ton partenaire,
puis il y a des soirs, ah, la tête,
elle part tout le temps. Ton collègue
te parle, puis là, tu penses à qu'est-ce que tu vas manger,
à qu'est-ce que t'as à faire demain, sur scène, pas dans le spectacle. T'es comme, voyons, que c à ce que tu vas manger, à ce que tu as à faire demain,
sur scène, pas dans le spectacle.
Tu es comme, voyons, que c'est ça.
Puis là, tu essaies de chasser constamment
ces idées-là pour rester dans le spectacle.
Ceci étant dit, de l'extérieur, ça ne paraît pas du tout.
Mais à l'intérieur de nous,
ce n'est jamais pareil, une représentation à l'autre.
Je n'ai jamais eu deux représentations
dans le même état intérieur.
J'imagine que c'est ce qui distingue
les bons acteurs
des très, très bons acteurs, c'est-à-dire que la différence
entre le spectacle où
t'as constamment pensé à ce à quoi t'allais
manger et le spectacle où t'étais complètement
en connexion avec tes partenaires,
à l'œil du spectateur moyen,
ça paraît pas tant que ça.
Ça change absolument rien, même, je te dirais.
Je suis peut-être même meilleure les fois où ma concentration...
Ça change rien. Donc, la différence, moi, je te dirais. Je suis peut-être même meilleure les fois où ma concentration... Ça change rien. Donc, la différence,
moi, je pense, c'est le
travail que t'as fait avant. T'es-tu donnée dans ta répète?
Il y a trois mois, là.
C'est là, moi, je pense.
C'est quand t'as trouvé l'idée de crier comme une folle
à tel moment ou de te sacrer à terre à tel autre moment.
Puis ça, c'est dans la salle de répète, il y a quatre mois.
C'est ça que t'amènes à chaque soir
au théâtre, devant les spectateurs.
C'est pas vrai que tout se passe le soir,
qu'on fait le spectacle, qu'on est génial un soir,
puis le lendemain, on est impossible.
Moi, je pense que c'est tout le travail,
et même le travail de tes 25 dernières années,
qui est là.
C'est vrai, devant le public, ce soir-là,
il ne faut pas stresser de,
« Ah mon Dieu, ce soir, ça n'a pas bien été,
le lendemain, ça a bien été. »
Non, c'est un tout.
C'est tout ce que tu as fait dans ta vie
qui t'amène là.
Dans la meilleure condition mentale
que tu peux.
Puis, don de soi.
Ça, c'est inévitable.
Si tu rentres sur scène et que tu n'es pas généreux
comme acteur, ça ne sera jamais intéressant.
Moi, je pense.
Je pense qu'un acteur qui a le cœur fermé
sur scène, quand même, qui a la plus belle voix du monde, puis, bah, boring.. Je pense qu'un acteur qui a le cœur fermé, là, sur scène, quand bien même qu'il serait, qu'il a la plus belle
voix du monde, puis, bah,
boring, c'est pas intéressant.
Moi, je pense que pour être un bon acteur, il faut que tu
t'ouvres
toutes les portes.
La Christine, présentement, mime.
Elle ouvre sa poitrine. Elle prend ses mains
et elle ouvre sa poitrine, comme ça.
Non, mais c'est vrai. Tu sais, des fois, j'en vois
des acteurs qui sont très bons techniquement,
mais c'est plate parce que c'est pas ouvert.
Il faut que ça soit un don.
C'est ça qui est dur à long terme, c'est qu'à un moment donné,
t'es épuisé de donner. Sauf que si
tu donnes pas, c'est pas intéressant.
Laisse faire, reste chez vous, fais d'autres choses.
Mais pourquoi ils donnent pas, ces acteurs-là?
Peut-être qu'ils se protègent.
Mais mettons, pour toi,
un grand acteur, ça serait qui?
Je suis sûre que c'est quelqu'un qui s'est
ouvert le cœur. Martin Dubreuil.
Ça saigne.
Il saigne constamment.
Il pourrait même un peu moins saigner. Mais c'est ça qu'on aime.
Parce que lui, wow,
moi, tu vois, très bon exemple. Martin,
peu importe ce qu'il fait, c'est tout
ouvert. Même ça,
ça fait mal, c'est sensible,
c'est chaud, ça brûle.
C'est extraordinaire.
C'est pour ça, lui, il a commencé à faire des courts-métrages,
mais dès la première seconde,
on est happé par sa sensibilité
et sa févrolité.
Très bon exemple.
Ton premier, parce que là, c'est une chose
de s'inscrire en théâtre, en secondaire 5,
mais le premier moment de grâce que tu as vécu sur scène ou dans une salle en regardant du théâtre?
En tant que spectatrice, j'ai vécu beaucoup de moments de grâce.
J'ai consommé énormément de théâtre.
Je suis partie, moi, en Écosse au Festival d'Édimbourg.
Puis là, j'en ai mangé du théâtre.
Puis quand j'allais en France, j'allais toutes voir les spectacles.
J'étais tout le temps, tout le temps, tout le temps au théâtre.
Je pense que ça, ça m'a beaucoup, beaucoup nourrie.
Personnellement, sur scène,
déjà en secondaire 5,
parce que moi, j'étais une personne assez timide,
mais là, le rôle qu'on m'avait confié,
c'était un homme,
le comte Alma Viva dans Le mariage de Figaro.
Fait que là, j'étais déguisée en gars. Ça, c'est le fun. T'te Alma Viva, dans Le mariage de Figaro. J'étais déguisée en gars, ça c'est le fun.
T'aimais ça, être déguisée en gars.
J'adorais ça. J'avais une barbichette.
Puis là, il fallait que je crouse des comtesses.
Donc, j'étais tellement pas moi
que...
Je me sentais libre.
Puis je faisais des niaiseries sur scène.
Puis ça faisait rire le public.
Le premier, premier rire, je m'en souviens.
Je rentrais sur scène, je disais rien.
Je faisais juste regarder une comtesse.
Puis je faisais...
Avec un petit sourire, genre...
Je sais pas trop où j'avais pogné ça.
Peut-être à la télé, je sais pas.
Puis là, le public s'est mis à rire.
Puis là, j'ai fait, wow, c'est donc bien instantané.
C'est extraordinaire.
J'adore les rires.
Moi, je suis comme...
Philippe Cyr, il me dit que des fois,
je suis comme la pounne.
Il trouve des fois que j'exagère.
Il dit, là, c'est là que la pounne.
Dans J'aime Hydro, souvent.
Mais oui, oui, j'adore les rires.
À toutes les fois que je passe à toi,
je pense à la pounne.
Oui, je sais.
Rose Ouellet, Christine Beaulieu.
Pareil.
Même chose.
Elle est extraordinaire, la pounne. Oui, tout à fait. Je suis d'accord. Dansons le pied de Poune. Oui, je sais. Rose Ouellet, Christine Beaulieu. Pareil. Même chose. Elle est extraordinaire, la Poune.
Oui, tout à fait.
Je suis d'accord.
Dansons le pied de Poune.
Est-ce que tu as déjà vu ça?
Non.
C'est dans Bonne année Roger,
qui est considéré comme le pire bye-bye de l'histoire des bye-bye.
C'est Claude Meunier qui l'avait écrit,
mais ce bye-bye-là a été réhabilité par la suite.
Il est disponible au complet sur YouTube.
Et c'est l'année de Pieds de poule, la comédie musicale
de Marc Drouin. Puis la poun est là
et elle chante Dansons le pied de poun.
Je vais aller voir ça. C'est absolument fabuleux.
Donc, tu es sortie de l'école
en 2003 de
Saint-Hyacinthe. Puis,
si je ne me trompe pas, c'est
le mirage qui t'a révélé
au grand public en 2015.
Est-ce qu'on pourrait dire ça?
Tu as beaucoup travaillé quand même
entre 2003 et 2015 à la télé,
au théâtre, au cinéma,
mais il me semble que le mirage
t'a fait connaître d'un plus grand public.
Ah oui, tu as raison.
Est-ce que tu avais soif de ça,
d'être plus connue?
Je ne pense pas qu'on fait,
mais ça vient avec.
La réussite dans ce métier Mais ça vient avec, tu sais.
La réussite dans ce métier-là vient avec une reconnaissance du public.
Fait que oui, c'est comme lié, tu sais.
Moi, j'ai fait beaucoup, beaucoup de théâtre.
Puis à un moment donné, tu sais,
ça a été long quand même, mon affaire, là.
Tu sais, j'ai mis mes petits morceaux
un par-dessus l'autre.
Puis à un moment donné, dans la trentaine,
j'ai davantage assumé, je pense,
tout ce que j'étais.
Ça m'a pris tout ce temps-là, malheureusement.
J'aurais pu, je ne sais pas, avoir confiance en moi plus tôt, honnêtement.
C'est ce que je dis souvent aux plus jeunes.
Je suis comme, bien, essayez de vous aimer
le plus rapidement possible.
Mais, tu sais, comme j'ai commencé en faisant un homme,
puis j'avais toujours une difficulté avec mon casting.
C'est comme si je n'assumais jamais
la belle-fille. Puis c'est tout en ça
qu'on m'offrait. Toute ma vingtaine,
moi, c'est la sexologue dans Virginie,
c'est la nymphomane dans Smash 2
puis là, Roxane dans le Mirage,
c'est la chix.
C'est comme si
le Mirage, c'est la première fois que j'ai fait
« Ok, arrête de niaiser,
puis fais-les à fond, le personnage de la belle-fille
qui s'est fait refaire les seins,
puis donne-y toute l'amour que tu as.
Juge-la pas, parce que si tu juges ton personnage,
tu vas très mal le défendre.
Et là, j'ai aimé Roxane,
je l'ai fait exister le mieux possible
dans tous ses appareils,
en assumant tout le corps, la patte,
comme on le voit dans le film.
Ça m'a libérée
de tout ça, tous ces soucis.
C'est comme si
être la belle-fille sexy,
ça m'enlevait quelque chose
avant dans ma tête, comme si
je ne pouvais pas être pertinente et
aussi représenter cette image-là.
Alors que pourquoi pas les deux?
C'est bizarre que j'avais ça en tête.
Comme si ça allait me nuire d'être la pitoune
ou je sais pas comment on peut l'appeler.
Le Mirage, ça a été vraiment un point tournant à ce niveau-là.
J'ai complètement embrassé cette femme parce qu'elle existe.
Puis pourquoi pas la défendre, elle?
Pourquoi elle mériterait pas d'être défendue comme les autres?
C'est pas une conne.
C'est pas une conne? Ce n'est pas une conne.
Absolument pas.
Merci à Louis Morcette, pour vrai,
merci à Ricardo Trogy,
à cette équipe-là de m'avoir
invitée là-dessus, d'avoir cru
parce que, tu sais, je n'étais pas, comme tu dis,
je n'étais pas très connue, je n'étais pas
une certitude
du tout, puis ça m'a...
Ah oui, il y a vraiment un point de tournée
à ce moment-là, absolument.
Parce qu'être connue, ça permet d'avoir accès
à des rôles plus substantiels, plus costauds,
dans lesquels on peut mordre davantage.
Bien oui, tu sais.
Fait qu'à un moment donné, il faut y aller, tu sais.
Puis là, tout de suite après le Mirage,
où en même temps, il y a eu Gemidro.
Fait que là, on dirait que ça a comme contrebalancé.
Puis ce qui a été bien, je pense, pour moi,
dans J'aime Hydro, c'est que c'est moi.
Et là, les gens, on aime ou on n'aime pas,
mais ceux qui ont aimé J'aime Hydro...
Il y a beaucoup de gens qui ont aimé ça.
Je pense qu'on peut dire ça.
Oui, je veux dire, ils ont aimé moi,
à quelque part, comment je réfléchis,
comment je suis, comment je pense,
parce que je ne me suis pas trafiquée du tout.
C'est vraiment, sur scène,
j'étais allée le plus possible avec ma sincérité de ce que je suis.
Et là, il y a des gens qui m'appelaient pour travailler avec moi,
c'est-à-dire ma tête, comment je pense, comment je niaise,
tout ce que je suis.
C'est comme si ce projet-là m'a aussi révélé ma personnalité
et pas juste l'actrice, le jeu d'actrice.
Donc, il y a quelque chose qui s'est passé
en toi autour du moment
où tu as accepté le rôle du Mirage.
Ce n'est pas seulement que Louis-Marc
et Ricardo Trogi ont vu quelque chose en toi.
Je pense que c'est une maturité.
C'est des années chez le psychologue
aussi. Non, mais c'est vrai.
Nouvelle relation amoureuse, plus de confiance en moi.
Tu sais, c'est un tout, ça. C'est des moments
de vie où un moment donné, tu es prête. Tu sais, c'est un tout, ça. C'est des moments de vie où, un moment donné, t'es prête.
Oui.
Parce qu'on pourrait s'imaginer que la comédienne,
l'actrice torturée, qui est malheureuse,
elle peut transposer ça sur scène
et que ça donne de bons résultats.
On est tous un peu torturés, puis un peu...
Je pense qu'on est tous un peu des animaux spéciaux,
les acteurs, les actrices, les créateurs, les artistes.
Puis oui, tu peux être torturé.
Mettons, Martin Dubreuil, il peut être torturé,
mais être un très, très grand acteur.
Donc, ce n'est pas nécessairement que tout doit être réglé,
mais il y a quelque chose d'assumé
sans avoir peur de sa propre originalité.
Moi, par exemple, j'ai beaucoup d'admiration
pour Sophie Cadieux depuis le début,
depuis que je suis sortie de l'école.
Mais ce que j'aime de cette actrice-là,
c'est que je sens qu'elle fait vraiment les choses
à sa façon, puis elle ne se demande pas
ils vont-ils aimer ça, pas aimer ça.
Il y a quelque chose en elle de très original.
Et je ne sens pas qu'elle retient
ou qu'elle s'empêche.
Moi, j'adore la voir se déployer dans tout ce qu'elle fait.
Je suis vraiment une fan.
Je trouve qu'elle embrasse complètement ses différences
et son unicité.
Je pense que c'est ça, être un grand acteur,
c'est juste être capable de se servir de ce qu'il est.
Mais même torturé, tu peux y arriver.
Mais dans ton cas, de régler certaines choses à l'intérieur de toi,
ça a été profitable
pour ton travail.
C'est ça. C'était surtout de m'assumer
et de croire
en mes atouts
au lieu de les dénigrer.
C'est ça. T'as une grande patte,
t'as tes cheveux blonds, avouez.
Serre-toi de ce que t'es
au lieu de vouloir être autre chose
que ce que t'as.
Je trouve ça drôle que
ce que tu te reproches, c'est d'être grande et d'être
blonde, alors que je suis sûr qu'il y a
plein de filles qui
aspiraient à ça, qui aimeraient ça,
être grande et blonde. C'est souvent ça, la vie.
On souhaite souvent ce qu'on n'a pas.
C'est très étrange.
Puis quand t'as annoncé à tes parents
que tu souhaitais devenir comédienne, comment est-ce qu'on n'a pas? C'est très étrange. Puis quand tu as annoncé à tes parents que tu souhaitais devenir comédienne,
comment est-ce qu'ils ont réagi?
Moi, je suis née dans une famille
de quatre filles. Alors,
il y a ma soeur plus vieille, Patricia, ensuite
il y a moi. Et tout de suite après moi, il y a des jumelles
qui sont nées, neuf mois et demi après moi.
Et ces trois soeurs sont
très... sont incroyables.
Pour vrai, mes amis qui connaissent mes soeurs jumelles
et ma soeur... ma soeur plus vieille est réalisatrice,
donc elle, elle a beaucoup, beaucoup
d'aplomb. Elle faisait des concours d'art oratoire
quand on était jeunes. Elle était vraiment bonne.
Moi, pas du tout. J'avais essayé.
C'était un fiasco.
Et là, mes soeurs jumelles,
c'est deux clowns, mais
c'est incroyable leur duo. Ils sont
très, très, très drôles. Il y a le clown rouge,
le clown blanc, ils se relancent. C'est infini. duo. Ils sont très, très, très drôles. Il y a le clown rouge, le clown blanc,
ils se relancent, c'est infini.
Mettons dans une soirée.
Moi, à ma fête, je veux toujours que mes soeurs soient là
parce qu'avec elles, c'est sûr que le part-éponge,
ils partent dans des anecdotes, tout le monde rit.
C'est extraordinaire.
Sérieusement.
Le diversement est assuré.
C'est extraordinaire.
Ce n'est pas moi, ça, dans la famille.
Ce n'est pas mon rôle.
Moi, je suis plus...
Je suis là, là.
Je veux dire, j'existe, mais je veux dire, ce n'est pas moi qui fais les dans la famille. Ce n'est pas mon rôle. Moi, je suis plus... Je suis là, là. Je veux dire, j'existe, mais je veux dire,
c'est pas moi qui fais les numéros
nécessairement chez nous.
Et donc, je pense que mes parents ont dû être étonnés
que c'était moi qui choisisse.
C'est vrai, je me sens...
Oui, il me semble que j'aurais plus donné ça à la petite Jubile
ou Patricia, qui était très bonne
pour s'exprimer, mais...
Fait que je pense que peut-être que... Pe peut-être qu'ils ont douté au départ.
Pauvre Tite, peut-être qu'elle va se tromper.
Peut-être que ça ne marchera pas.
Puis c'est normal.
Moi, ma fille me dirait, je me mets en allée là-dedans,
je ferais comme ça.
Je n'ai pas d'enfant, mais je pense que c'est normal
pour les parents d'être inquiets.
C'est un milieu épeurant.
Puis là, tranquillement, ça s'est développé.
Ils venaient voir tous mes projets, un après l'autre.
Même le premier spectacle en secondaire 5,
je me souviens, mon père, il est venu deux fois.
Si c'est pas tous les soirs.
Il était comme, mon Dieu, OK.
Un fan de la première heure.
Je pense qu'il était curieux aussi de voir comment je me débrouillais
peut-être là-dedans.
Finalement, ça s'est placé.
Ce que je retire de ça,
c'est qu'il y a des très bons acteurs
qui, finalement, dans leur jeunesse,
étaient peut-être plus des observateurs.
Parce que je pense que pour être un bon acteur,
il faut être un bon observateur.
Plus que d'être la personne la plus dégourdie.
Les deux se peuvent, mais je pense que ça fait des acteurs différents.
Il y a beaucoup de mes collègues qui disent
qu'ils étaient très timide quand il était jeune, puis
qu'il était plus en position d'observation
que le centre
d'attention.
Je ne serais pas le premier à dire que le succès
qu'a rencontré Jemmy Drow,
c'était parfaitement imprévisible,
improbable, qu'une pièce de ce genre-là,
pièce de théâtre documentaire,
qui parle de ce sujet-là, qui peut apparaître aride,
pièce qui était pensablement longue.
Elle fait
autant de tournées. Moi, je l'ai vue à Granby,
au Palace, avec mes parents et ma blonde.
C'était le fun à Granby.
Oui, c'était une belle soirée.
Il n'y a pas tant de théâtre que ça qui est programmé
au Palace. Il y a le TNM
qui y va, mais surtout pas du théâtre
de ce genre-là. Et la salle était pourtant pleine.
Pas mal tout le monde semble avoir passé une magnifique soirée.
Est-ce que tu trouves qu'on fait suffisamment
confiance au public,
aux spectateurs, dans ce qu'on leur propose?
Ah! En tout cas,
nous, avec J'aime le drôle, on leur a fait confiance.
Si on peut se dire ça.
J'ai vraiment suivi
ce que j'aime, moi, quand je vais au théâtre.
Puis en plus, pendant qu'on créait J'aime le drôle,
j'étais allée voir 887 de Robert Lepage,
qui est quand même assez long,
où il y a des moments, beaucoup de contenu
où ils nous expliquent même toute l'histoire du drapeau,
du Canada, du Québec.
Et moi, j'aime ça. Je suis assez dans ça.
J'apprends des affaires. Je sors de l'oeil.
Je suis stimulée. Je me sens plus intelligente
que quand je suis arrivée.
Je me suis dit,
pourquoi on est
capables, nous aussi?
Si moi, comme public, j'aime ça apprendre,
on est d'autres comme ça.
J'ai vraiment mis tous les éléments
d'Angevin Droz que j'aime, moi, comme spectatrice.
C'est-à-dire que j'ai toujours
été jalouse des humoristes, du contact
qu'ils ont directement avec le public.
J'ai voulu parler directement au public. Je le fais dans J'aime une rôle.
Je fais des blagues. Il y a beaucoup de...
Oui, oui. On rit beaucoup. Oui, beaucoup de jokes.
Ça, c'est important pour moi.
Et puis, il y a beaucoup de contenu aussi.
Fait qu'il faut juste trouver la balance
entre tout ça pour qu'on ne s'ennuie pas.
Fait qu'on a construit ça en épisodes, un peu comme
justement un podcast ou une série télé.
Je me disais « Ah, ça va relancer. »
Tu sais, des fois, c'est bon pour le cerveau
de fermer, de recommencer.
Et je fais plein, plein, plein de liens
d'esprit, là. Tu sais, je te lance quelque chose,
j'y reviens plus tard. Moi,
j'adore ça dans un storytelling, quand on me
fait vivre ça comme lectrice
ou spectatrice. Fait que là, j'en ai mis plein
dans mon texte. – On se sent intelligent.
À ce moment-là, en tant que spectateur. – Oui! C'est là qu'on se sent
intelligent. C'est qu'on fait, ah, merci de me ramener ça, je m'en souviens. »
Puis là, je le vois d'une autre façon tout à coup
à cause de ce qu'on s'est raconté ensemble.
C'est ça, j'ai juste tenté de mettre tous les ingrédients
qui, moi, m'animent comme spectatrice
en espérant qu'il y ait d'autres spectateurs,
spectatrices comme moi qui aiment les mêmes affaires.
Puis ça a l'air qu'il y en a d'autres.
Il y en avait beaucoup.
Oui.
Qu'est-ce qui a le plus changé en toi
entre le début,
avant la création de Jamie Drew,
puis après?
Bien, une valorisation personnelle
puis le sentiment de l'imposteur moins présent
comme une vraie bonne façon pour moi,
en tout cas, d'arriver dans
ce milieu-là, puis dans
la sphère publique, puis dans le
dialogue, disons, plus large
de notre société, parce que je pense
qu'un artiste, on peut ou non
s'impliquer au-delà de notre tâche
de comédien ou de peintre,
on n'est pas obligé nécessairement de...
Je pense que nécessairement, les artistes, on exprime
quelque chose par rapport à notre société.
Même si on fait quelque chose de complètement abstrait,
il y a quelque chose qui s'exprime.
Forcément.
Exact. Puis là, avec Jemidro,
c'était comme la bonne façon, on dirait, pour moi de...
Puis je ne le savais pas en le faisant.
Ce n'était pas du tout un plan de match.
J'ai juste fait ça.
Mais au final, maintenant, avec le Regul,
je fais, ah, c'était la bonne façon
pour moi de me placer
dans la conversation
puis dans notre société.
C'est une pièce
qui parle d'hydroélectricité, mais qui
parle aussi plus largement de
notre avenir collectif, disons-le comme ça.
Est-ce que ça t'habitait? Est-ce que t'étais
préoccupée par notre avenir collectif
avant de te lancer dans cette grande aventure-là?
Oui, mais moins, certainement. Je ne m'étais jamais penchée à ce point.
Puis c'est en le faisant que j'ai réalisé à quel point l'énergie était centrale dans notre épanouissement,
l'épanouissement de notre société, notre culture et les possibilités d'avenir de notre société.
Sans le savoir, c'est comme si j'avais attrapé le sujet
qui est assez au cœur
de toutes les sociétés,
en fait, parce qu'en ce moment, l'énergie, c'est ça.
Tout le monde est en transition énergétique.
C'est comme,
ça le dit, c'est l'énergie, c'est le moteur
de toutes les sociétés.
Puis comment on décide de se motoriser puis de s'activer, renouvelable. Après, c'est l'énergie, c'est le moteur de toutes les sociétés, puis comment on décide de se motoriser puis de s'activer,
tu sais, renouvelable.
Après, tu sais, c'est comme,
c'est très vibrant, là. Puis là, en plus,
nous, oh my God, Hydro-Québec, je veux dire, c'est
la première entreprise gérée
en France, grande entreprise gérée en français
en Amérique du Nord, René Lévesque,
tu sais, tous les éléments.
L'histoire du Québec est contenue
en entier dans l'histoire du droit au Québec.
C'est ça, c'est le natissant.
À un moment donné, tu te dis,
c'était donc bien un bon sujet pour le théâtre.
Mais en le faisant, on ne s'en rendait pas compte.
Une des qualités de la pièce,
c'est qu'elle témoigne de tes propres tergiversations.
Annabelle Soutard, qui est la directrice
de la compagnie de théâtre,
qui croyait en toi,
qui voulait que tu portes ce projet-là,
elle a dû te convaincre de l'accepter.
Oui. Donc là, il y a un moment
dans la pièce où tu as commencé à fouiller
puis à t'intéresser à Hydro-Québec
et à comprendre que tout
ne tournait peut-être pas rond dans cette société
d'État-là. Oui.
Tu en parles avec Annabelle, puis là, Annabelle Soutard, elle te dit
« L'avenir n'est pas ma responsabilité. »
C'est ça que tu me dis.
Est-ce que l'avenir est ta responsabilité?
Jusqu'à quel point est-ce que tu acceptes cette responsabilité-là?
Parce que c'est une phrase qui est chargée,
se dire que l'avenir, c'est ma responsabilité
à moi.
Bien, c'est la responsabilité de tous et toutes,
évidemment. Annabelle savait
très bien où aller me chercher.
C'est une femme très intelligente.
Elle avait saisi ça en moi, que j'étais une personne impliquée de nature.
Par nos conversations qu'on avait eues avant le projet sur un autre spectacle de théâtre
sur lequel on avait travaillé ensemble, elle avait vu ça.
Et là, à ce moment-là, elle savait très bien comment elle venait me chercher pour me dire, OK,
donc toi, tu as une occasion, là, puis tu ne fais rien.
Elle savait que je n'allais pas être capable
de tolérer ça de moi-même.
Et elle a eu
tellement raison.
Puis je la remercie parce que sans elle,
je n'aurais pas créé
J'aime Hydro, évidemment. Donc ça,
dans ma vie, c'est une rencontre
extrêmement importante, une porte qui, ça, dans ma vie, c'est une rencontre extrêmement importante,
une porte qui m'a ouverte, très importante.
Elle a non seulement ouvert la porte, mais elle m'a
poussée dedans quand même, il faut le faire.
Je vais toujours lui être
très, très reconnaissante de ça.
Donc, ta question,
je pense qu'on est tous et toutes responsables.
Après, il faut faire attention
pour ne pas devenir fou et
tenter de tout régler parce que ça
se serpèse lourd.
C'est impossible. Ça peut nourrir notre anxiété.
Oui, vraiment. Il faut faire attention
à ça.
Moi, j'ai mis droit, j'ai fait ça.
Après, j'avais des activistes
qui venaient vers moi et qui disaient, mais là,
c'est pas assez, il faut faire une pétition, il faut faire ci,
il faut faire ça. Moi, j'étais comme, moi, j'étais comme, ben là, moi, j'ai fait ça.
Tu sais, vous, si
toi, pars avec ça, fais autre chose
parce qu'à un moment donné, on ne peut pas
intervenir sur tous les fronts.
C'est impossible, tu sais.
Fait que je pense qu'il faut
tenter chacun de faire des gestes
le mieux possible et
avancer dans ce qui nous apparaît
faire du sens pour nous.
Parce que sinon, tu aurais pu y passer ta vie.
On va t'en parler jusqu'à la fin de ta vie,
de Jamy Dro, sans doute,
mais tu aurais pu consacrer ta vie en entier
à ajouter des épisodes à cette pièce-là,
puis à militer,
à entreprendre toutes sortes de démarches.
Je pourrais faire ça.
En ce moment, je pourrais être en train de faire
un Jamy Dro.0.
Puis, tu sais, je pourrais faire une suite avec tout ce qui se passe, évidemment, En ce moment, je pourrais être en train de faire un GEM Hydro.0. Je pourrais faire une suite
avec tout ce qui se passe en ce moment
avec le nouveau PDG.
Michael Sabia.
Pierre Fitzgibbon.
Il y a un énorme changement au niveau
de la gestion énergétique.
Ce n'est pas le matériel qui manque
pour continuer, mais c'est
très bouleversant pour moi.
Je ne sais pas quoi faire en ce moment.
Bouleversant à ce point-là?
Je suis comme dans une impasse.
Plusieurs gens me disent,
« Là, c'est plus important que jamais que tu continues. »
En effet, ils ont raison.
En même temps, ça demande beaucoup, beaucoup d'énergie de faire ça.
Puis j'ai toutes sortes d'autres projets créatifs
qui m'animent en ce moment comme comédienne.
Et donc,
c'est des choix qui sont difficiles à faire.
Mais oui, c'est ça.
Tu le dis bien, je ne veux pas
que ce soit ma responsabilité
pour le reste de ma vie,
dans le sens que je ne veux pas me sentir que je dois
absolument constamment
nourrir cette conversation-là
ou faire évoluer tout ça.
Mais par contre, je suis prête à participer.
Tu sais, comme dans des entrevues, je parle d'énergie.
Je suis allée à Patrick Lagacier dernièrement
puis je suis prête à m'exprimer sur qu'est-ce qui se passe
puis tout ça.
Donc, il y a plein d'autres façons de s'exprimer.
Je suis en train de chercher comment je me place
dans le fond, dans tout ça.
L'étiquette d'artiste engagée, est-ce que tu l'embrasses?
Est-ce que tu l'acceptes?
Bien, tu sais, visiblement, je n'ai pas le choix.
S'il faut que je me batte contre ça,
ça va mal aller.
Je suis engagée, oui,
bien sûr.
Je pense qu'on l'est tous.
Suis-je vraiment plus engagée
que toi ou qu'un autre?
Je pense que c'est juste différemment.
Honnêtement, je ne pense pas qu'une pièce purement poétique
qui ne parle pas d'un enjeu concret de société,
est moins importante que Jemidro.
Pas du tout.
Je pense que c'est aussi important, aussi fort,
ça peut être aussi déterminant dans la vie de quelqu'un.
Puis ça se peut qu'un moment donné,
ça soit ça que je fasse.
Là, ça donne que mon deuxième spectacle sur les saumons
parle aussi d'environnement.
Mais ça se peut qu'un moment donné,
ça soit purement artistique
puis que ça ait autant de valeur pour moi.
Parce que dans J'aime Hydro,
tu te poses quand même la question de la...
Tu parles de la superficialité de ton métier.
Tu te poses cette question-là.
Est-ce que mon métier est superficiel?
Oui.
Puis la réponse à laquelle tu arrives, c'est non?
Bien, c'est qu'à ce moment-là,
les exemples étaient très légers.
Je tournais dans les pêcheurs
où je faisais une espèce de fille complètement dingue. Mais très drôle. Mais très léger. Je tournais dans les pêcheurs où je faisais une espèce de fille
complètement dingue.
Mais très drôle. Mais très drôle. Et ça vaut quelque chose
de divertir les gens.
Dans le Mirage, c'était la pitoune.
Ça tournait un petit peu en rond
justement autour des rôles de pitoune.
Je cherche un autre mot
plus... Aide-moi donc.
Oui, j'en connais des mots.
Je fouille mon dictionnaire mental.
Mais Pitoun, c'est
efficace. Ça marche, oui.
C'était comme si ça tournait un peu en rond
autour de ça. Ça faisait que je me
questionnais, en effet, est-ce que je vais continuer
de faire ça combien de temps?
Puis, en effet,
c'est sûr que là, Jamy Drew,
ça... Oui.
Ça fait que tu as le sentiment quand même de faire quelque chose de moins superficiel,
d'être en train de créer un spectacle qui rassemble les gens, qui remplit les salles, qui crée une conversation au-delà.
C'est le fun aussi de faire un spectacle que tu te rends compte que dans la salle, ce n'est pas que des gens qui aiment le théâtre.
C'est du monde qui a travaillé chez Hydro-Québec.
C'est du monde qui s'intéresse.
Des politiciens,
des gens, des écologistes.
Là, tout à coup,
tu rejoins les gens au-delà de ton milieu.
Et ça, pour moi, tu me demandais
qu'est-ce qui me fait vibrer. Ça, ça me fait vibrer.
J'aime ça aussi les saumons de la métier.
Je joue dehors, dans un parc.
Il y a des enfants, il y a des personnes âgées.
On est tout public qui passe par là,
au jardin.
Il y a quelque chose âgées, on est tout public qui passe par là, au jardin, ou tu sais, il y a quelque chose
que j'aime sortir
de ma bulle, puis c'est ça
que j'aimais avec Jamy Drew, c'est que là, je suis pas
allée jaser avec des artistes, je suis allée jaser avec des gens
d'énergie que j'aurais jamais rencontrés autrement,
ou avec des politiciens, ou avec des
écologistes. Je suis sortie
de mon milieu, c'est très rafraîchissant,
c'est vraiment trippant. Puis si le théâtre peut servir
à ça,
à faire qu'on se rende compte des scientifiques,
d'autres mondes qu'il y a juste créés entre nous,
c'est vraiment stimulant.
On ne veut pas faire du théâtre pour nos amis de théâtre.
Maintenant, ça ne fait pas de sens.
Il n'y a rien de mal à ça,
mais en même temps, c'est vrai que lorsque ça peut sortir
du strict cercle des gens qui s'intéressent au théâtre à temps plein, c'est le fun.
Oui, c'est ça qu'on veut.
On veut bouleverser quelqu'un qui vit sa vie pas nécessairement dans le milieu culturel,
puis qui tout à coup sort au théâtre et fait « Aïe, aïe, ok, je viens de vivre de quoi? »
Là, j'ai été complètement renversé par votre projet.
Lorsque je suis allé voir Jem Hydro, c'était avec mes parents.
Mon père était là, pas parce que
c'est un passionné de théâtre. Je ne pense pas qu'il n'y ait rien
contre le théâtre, mais il ne va pas souvent en théâtre.
C'est un électricien, donc il est très intéressé par le sujet
de l'hydroélectricité. Puis lorsque je lui ai dit
que je te recevais en entrevue,
il a très hâte d'entendre l'entrevue qu'on est en train de faire.
Salut, papa.
Papa Michel Tardif. Ma mère s'appelle Michelle.
On la salue aussi.
Merci. Allô, maman.
Est-ce que tu trouves que le milieu du théâtre fait assez d'efforts
pour aller à la rencontre des gens
qui ne s'intéresseraient peut-être pas spontanément au théâtre?
Moi, je pense que tous les domaines
sont un peu fermés sur eux-mêmes.
Tu sais, comme là, tu as des scientifiques à l'université
qui développent une affaire, mais là, ils sortent leur essai.
Personne n'est au courant de tout ça.
Tu sais, c'est comme une valeur.
J'ai l'impression qu'on est tous spécialisés un peu,
chacun de nos bulles.
Puis on devrait tous créer davantage de liens.
Moi, je pense que les théâtres
devraient être beaucoup plus en conversation
avec les universités.
Le système de santé,
comme on a beaucoup à faire, je trouve, ensemble.
Je pense qu'on pourrait se nourrir davantage.
Il y a beaucoup de liens entre nous qu'on ignore.
Je pense que pour le milieu de l'énergie,
c'était, en tout cas j'espère,
enrichissant d'avoir
quelqu'un complètement pas dans le milieu qui jette
un regard sur leurs affaires. Et moi,
j'aimerais ça que quelqu'un, en dehors
du milieu qui tourne, jette un regard sur
nous et sur ce qu'on fait.
Un ingénieur qui
ferait une pièce,
un projet qui s'intitulerait « J'aime le théâtre ».
Mais tu sais, pourquoi pas?
Ou qui crée quelque chose, je ne sais pas.
En tout cas, tous les milieux
me gagneraient à souffrir.
Est-ce qu'on peut en parler un peu d'Hydro-Québec?
Si tu souhaites, oui.
Comment est-ce que tu as réagi lorsque tu as appris
que Sophie Brochu, la PDG,
l'ancienne PDG d'Hydro-Québec, quittait?
J'ai trouvé ça très difficile comme nouvelle
parce que je la trouvais
très inspirante, je dois admettre.
Je trouvais qu'elle avait
une très bonne tête,
très innovatrice, très moderne,
qui allait vers l'avant.
Je trouvais d'une belle façon.
J'ai beaucoup d'admiration pour Mme Brochu.
Chaque fois que je la rencontre,
les conversations que j'ai avec elle,
là, je me sens vivante
quand je suis assise devant Sophie Brochu.
Oh oui!
Mais j'ai l'impression que je pourrais parler avec elle des arts.
J'ai l'impression que c'est quelqu'un
qui peut m'apprendre énormément de choses,
autant sur les relations humaines,
les relations de travail,
l'avenir énergétique,
qu'est-ce qui se fait ailleurs aussi.
C'est la personne qui a le plus de connaissances
sur le milieu énergétique.
C'était la meilleure personne pour diriger Hydro-Québec,
selon moi.
Alors, pourquoi ne dirige-t-elle plus Hydro-Québec?
Parce que...
C'est vraiment une question très difficile à répondre,
mais je veux dire... je ne sais pas.
Je pense qu'elle exprime qu'elle n'était plus la bonne personne
pour répondre à là où le gouvernement voulait aller
en matière énergétique,
puis qu'elle s'est sentie que là,
elle ne pouvait pas servir son patron.
Et le patron, c'est le gouvernement du Québec.
Et si tu sens que là, je ne suis pas la bonne personne pour exécuter
leurs demandes ou leurs désirs,
bien, je ne peux pas rester ici. »
Je pense que c'est une personne très intègre.
À un moment donné, elle dit « Mais moi, je ne peux pas,
probablement pas, continuer à faire quelque chose
qu'elle ne sentait pas, peut-être,
profondément, celle
qu'elle désirait faire. » Je ne sais pas, je ne veux
tellement pas parler pour elle, mais je veux dire,
je pense qu'elle, peut-être aussi qu'elle désirait faire. Je ne sais pas, je ne veux tellement pas parler pour elle, mais je veux dire, je pense qu'elle
peut-être aussi qu'elle avait
l'impression d'avoir fait ce qu'elle pouvait faire
là.
Michael Sabia a présenté son plan 20-35
devant les députés à l'Assemblée nationale
la semaine dernière ou il y a deux semaines.
Puis, dans son plan,
il est question, je suis vraiment un néophyte
en la matière, mais dans son plan, il est question
de transition énergétique,
mais il n'exclut pas non plus de
bâtir de nouveaux barrages.
Est-ce que ce n'est pas antinomique, ces
deux idées-là? J'aime ça,
antinomique. Il me semble que ça s'oppose.
Oui. Ça se contredit. Ce qui se
contredit pour moi, c'est qu'en ce moment,
notre gouvernement nous dit, on veut
décarboner d'ici 2050.
Là, moi, je dis, mais pourquoi on veut décarboner d'ici 2050. Là, moi je dis,
mais pourquoi on veut décarboner?
Bon, je pense que la raison,
ce serait pour protéger la planète,
l'environnement.
Ça serait une bonne raison.
Oui.
Mais là, on dit,
pour arriver à décarboner,
pour protéger la planète,
on va détruire d'autres écosystèmes.
Là, c'est là que je fais,
bien là, il me semble
que ça ne fonctionne pas.
Il me semble qu'il faudrait trouver d'autres solutions pour arriver
à nos fins. Et puis, ce qui me bouleverse
aussi, c'est que quand on regarde, par exemple,
l'Allemagne et la France, ils ont le même
objectif que nous de décarboner d'ici
2050, mais dans leur plan
à eux, ils y arrivent
tout en diminuant leur consommation d'énergie
de 40 %.
Nous, notre gouvernement nous dit,
nous avons le même objectif que la France et l'Allemagne,
mais nous, on veut augmenter notre consommation d'énergie
de 100 terawatts.
Tu fais, mais on pourrait-tu y arriver
même juste en gardant peut-être la même consommation?
Et la réponse à ça, c'est oui.
Alors, Pierre-Olivier Pinault a fait un webinaire,
c'est un spécialiste en énergie au Québec,
et lui, il nous fait la preuve
qu'on peut arriver à décarboner d'ici 2050
tout en consommant la même quantité d'énergie,
c'est-à-dire autour de 200 TWh par année en 2050.
Donc, en ce moment, pour moi, c'est comme si...
Sophie Brochu avait un bon exemple de ça.
Elle dit, là, il y a un autobus, et l'autobus est plein,
puis il y a encore du monde qui veut rentrer dans l'autobus.
Sauf que dans l'autobus, les gens sont assis tout croches,
couchés sur les bancs, mettent leur sac partout.
Alors là, on a un problème parce qu'il y a des gens
qui font la file pour rentrer dans l'autobus.
Alors, on a deux solutions qui s'offrent à nous.
Est-ce qu'on dit aux gens dans l'autobus comment bien s'asseoir
ou on rajoute un autobus,
puis les gens, ils rembarqueront dans l'autobus? Moi, évidemment, je proposerais qu'on dise aux gens comment s'asseoir dans l'autobus, comment bien s'asseoir, ou on rajoute un autobus, puis les gens, ils remparqueront dans l'autobus.
Moi, évidemment, je proposerais
qu'on dise aux gens comment s'asseoir dans l'autobus,
mais je pense qu'il y a un gouvernement, en ce moment, ce qu'il est en train
de nous dire, c'est qu'ils veulent rajouter des autobus.
Je te pose
une autre question, c'est à eux qui sont.
Mais ce que
Pierre Fitzgibbon nous a suggéré,
de partir le lave-vaisselle la nuit,
ça nous a tous bien fait rigoler, parce que Pierre Fitzgibbon n'est peut-être pas la meilleure personne pourlle la nuit. Ça nous a tous bien fait rigoler parce que Pierre Fitzgibbon
n'est peut-être pas la meilleure personne pour nous donner ce genre
de conseils-là. Mais ce n'est pas fou.
Mais non, ce n'est pas fou. Il y a beaucoup,
beaucoup à faire chez nous, mais il ne faut pas mettre
tout le fardeau sur le dos des citoyens.
Mais il y a
une grande possibilité d'économie d'énergie
à travers les maisons intelligentes et la gestion
d'énergie qu'on fait chez nous.
Et moi, je me dis, bon, tant qu'à investir
des milliards de dollars sur la construction
d'un nouveau parage, pourquoi ne pas investir,
je ne sais pas combien de millions ça coûterait,
pour rendre intelligente,
admettons, un million de maisons au Québec.
Pas obligé de toutes les rendre intelligentes.
Juste un million, hé là, on vient de se donner
un levier extraordinaire en période de pointe.
Par exemple, sur ce million de maisons-là, si on est en pointe,
c'est-à-dire à 5 heures, tout le monde part à son lavage, ses affaires,
et la demande a atteint son point maximal,
on pourrait diminuer le chauffage de ce million de maisons de 1,5 degré.
Personne ne s'en rend compte chez eux.
Boum, on n'a plus de pointe.
– Problème réglé. – Voilà. Donc, maintenant, on est là.
On est dans la technologie.
Ça, c'est des solutions qui sont concrètes,
qui sont faisables. Je ne comprends pas
pourquoi on n'est pas en train de miser
davantage là-dessus. Mais il y a toutes sortes
d'autres affaires à faire.
Je vais répondre à ta question
comme ça parce que sinon, ça peut ne pas
s'arrêter. Mais je veux dire, il y a toutes sortes de
solutions en ce moment qu'on devrait
embrasser avant
de détruire un nouvel écosystème.
La raison pour laquelle tu t'opposes
à la construction
d'un nouveau barrage et plusieurs autres personnes,
c'est parce que ça détruit les écosystèmes,
parce que ça gâche le paysage.
Est-ce que tu penses que nos gouvernements,
François Legault, que tu as rencontré,
est-ce que tu penses que ces gens-là sont sensibles
à cette raison-là?
C'est-à-dire que pourquoi construire un nouveau barrage
alors que ça va avoir ces conséquences-là?
Oui, ça, c'est une bonne question.
Puis ça, c'est le cœur de ce qui fait qu'on prend des décisions,
quelles décisions on prend.
C'est-à-dire, est-ce que nos décideurs ont à cœur,
sincèrement, la protection de l'environnement et des écosystèmes?
Je ne sais pas à quel point François Legault, pour lui, c'est important.
Une rivière sauvage, un territoire sauvage, les espèces sauvages.
Je ne sais pas, il faudrait lui demander à quel point, pour Fitzgibbon, ça vaut quelque chose, un écosystème sauvage, un territoire sauvage, les espèces sauvages. Je ne sais pas. Il faudrait lui demander à quel point, pour
Fitzgibbon, ça vaut quelque chose,
un écosystème sauvage. Je ne sais pas.
Moi, je pense qu'eux, ils sont surtout
dans le désir d'enrichir
le Québec. C'est leur discours. C'est très, très
important pour eux. Après, il faut les comprendre
aussi. Ils font de la politique. Ce n'est pas
des artistes. Ce n'est pas des écologistes. Ils font de la politique.
Il faut qu'ils soient réélus dans quatre ans.
Tu sais, ils ont d'autres...
Ils jonglent avec
des éléments complètement différents des
miens. Donc, ils veulent,
ils ont comme objectif de rendre le Québec
riche, on le sait, plus riche que l'Ontario,
avec des emplois payants.
C'est le discours qu'ils disent. Donc, je pense que pour eux,
ça, c'est beaucoup plus important
qu'un écosystème
sauvage protégé. C'est évident. Puis c'est leur valeur à eux, c'est beaucoup plus important qu'un écosystème sauvage protégé.
C'est évident. Puis c'est leur valeur
à eux, c'est leur considération.
Moi, je pense que dans 10 ans, 15 ans,
on va trouver ça complètement
absurde de détruire
un écosystème sauvage pour obtenir
davantage de kilowattheures ou de richesses
monétaires. Il va arriver
ce jour-là, un moment donné, où on va faire
« Oh mon Dieu, on était donc bien niaiseux de faire
ça », mais on
n'en est pas là encore collectivement.
Mais plus le temps va avancer,
c'est inévitable, de
moins en moins d'espaces sauvages
nous aurons, et de plus
en plus, ça va devenir
précieux, et de plus en plus,
on n'osera plus toucher à ça. Moi, je propose
qu'on arrête déjà,
ou en tout cas, qu'on trouve toujours les solutions
où il y en a moins, mais c'est comme si,
collectivement, on n'est pas encore rendu là.
Sophie Brochu, lors d'une de vos rencontres,
elle t'a dit que les artistes
sont toujours 10 ans en avance
sur le reste de leur société.
Oui.
Est-ce que c'est une bonne chose
ou la société n'aurait pas intérêt
à essayer de rattraper un petit peu plus les artistes? Oui, bien, c'est une bonne chose ou la société n'aurait pas intérêt à essayer de rattraper un petit peu plus les artistes?
Oui, c'est ça.
C'est intéressant parce que...
Est-ce que ça ressemble à un compliment,
mais je ne suis pas sûr que c'en est un, finalement.
Je pense que c'est un compliment,
c'est-à-dire que les artistes,
on est là aussi pour brasser les idées
puis faire avancer, faire évoluer notre société.
Puis inévitablement,
même si des fois on a l'impression
de faire des gros pas de côté ou des pas en arrière,
on évolue. L'humanité évolue.
Même si là, en ce moment, c'est tellement
violent sur notre planète, on est quand même
moins violent qu'on l'était au Moyen-Âge.
Puis, c'est bon. Fait qu'on
évolue inévitablement,
souvent pas à la vitesse qu'on
voudrait. Puis, malheureusement, on détruit
des choses que, si on avait évolué
peut-être plus vite, on n'aurait pas détruit.
En tout cas, mais
Sophie Brochu a un parcours
d'abord théâtral, elle est allée au Conservatoire
de Québec
en théâtre, et donc
elle est sensible, je pense, à la parole
des artistes. Après, c'est comme François Legault,
je veux dire, ils ont des impératifs
différents. Tu sais, être à la tête
d'une grande entreprise comme Hydro-Québec,
c'est plein, plein, plein d'impératifs.
Il faut qu'elle jongle à travers tellement de règlements.
Elle doit recevoir beaucoup de courrier.
Ça doit être complètement fou.
Nous, on est là pour faire,
regarde ça au lieu de regarder ça.
Je pense que c'est sain dans une société d'avoir cette communication-là
entre nous.
Après, qui a raison? Ce n'est pas ça tant
le but, c'est juste d'échanger ensemble.
J'ai eu aussi un entretien avec Pierre Fitzgibbon
au stade olympique.
Je le remercie.
Je pense que ce qui est sain,
c'est que la conversation soit
vivante, active et possible.
Ce qui est dangereux, c'est quand toutes les portes sont fermées.
Là, vraiment, pour moi, ça devient problématique.
Pourquoi est-ce que tu as choisi de te faire apostasier?
Parce que ça m'intéresse.
Il y a eu toute la découverte dernièrement des enfants.
Oui.
Bon.
Des enfants autochtones. Les enfants autochtones.
Les enfants autochtones.
Partout au Canada.
Ça remue, tu sais, de façon profonde, évidemment.
Puis il y a eu aussi un podcast
que j'ai écouté sur les haubles-là
qui ont été
terribles dans le nord, sur la base
Côte-Nord du Québec. Il y a moi aussi
qui est allée sur la base Côte-Nord,
je suis allée à Shefferville,
j'ai des amis inus.
Il y a toutes ces rencontres-là,
il y a tout ce mal-là que l'Église catholique
a fait sur nos communautés autochtones
que je ne...
À quelque part, je me sens coupable parce que
j'appartiens à cette race
d'Aloctone-là
qui sommes arrivées ici, qui avons détruit
la vie, l'histoire de ces communautés-là.
Je trouve que c'est une très, très grande tristesse
et une grande tragédie.
Puis je me dis, là, moi, je suis baptisée,
je fais partie de la grande famille catholique
qui a agi comme ça.
Puis je ne suis pas obligée d'être membre de l'Église catholique.
C'est-à-dire qu'eux autres, ils se vantent le Vatican.
Nous avons tant de millions d'adhérents.
Je fais partie de ces adhérents-là.
Bien, attends un peu.
Est-ce que je veux vraiment faire partie de ça?
C'est comme Costco.
On peut sortir quand on veut.
C'est ça.
Puis moi, je ne suis membre de pas grand-chose dans la vie.
Je suis membre de l'Union des artistes.
Pourquoi je suis membre de ça, quand même?
C'est un geste.
C'est une expression de quelque chose.
Je ne crois pas non plus.
Après, je respecte tous les gens qui sont croyants.
Je n'ai aucun problème avec ça.
Mais je ne suis pas croyante.
Je ne crois pas que si je ne suis pas baptisée,
je vais mourir en enfer.
Alors bon, qu'est-ce qui me reste?
Pourquoi demeurer là?
Je pense que c'est un geste, c'est purement pour moi,
c'est un geste juste de faire,
moi, je ne veux pas appartenir à ça,
puis c'est à cette histoire-là.
Puis c'est des démarches toutes simples.
Est-ce qu'il faut parler à quelqu'un?
Est-ce que c'est comme lorsqu'on essaie de se désabonner
d'un service sur Internet, puis ils nous disent,
est-ce que vous êtes sûr que vous voulez quitter Amazon ou Crave?
Non, il faut envoyer un document et toutes sortes de trucs
qui nous demandent de préciser
notre baptême et tout ça.
À un moment donné, tu reçois un papier comme quoi
c'est terminé.
Dans Insoutenable, Longues étreintes,
les personnages sont en
quête de quelque chose. Je disais tantôt
le mot transcendance. On dirait qu'ils cherchent
à croire en quelque chose, mais
qu'ils ne trouvent pas de réponse à leur question.
Tu ne crois pas en Dieu, mais est-ce que
tu crois en quelque chose?
Bien oui, je crois en la vie.
Je crois en la vie.
Déjà, le fait qu'il y ait de la vie
sur notre planète,
dans le reste de l'univers, qui est mort,
c'est extraordinaire.
On est extrêmement chanceux juste d'être vivants.
Puis c'est à ça que je crois.
Puis,
je crois.
Je crois que j'aime beaucoup mieux imaginer le reste de mon corps se détériorer dans la terre
puis nourrir les bibittes qui seront là
puis que d'autres choses vont pousser
que de m'imaginer au ciel avec quelqu'un,
je ne sais pas qui.
Saint-Pierre, Jésus et sa gang.
Je suis très à l'aise avec l'idée
de me détériorer comme le reste
de ce qui est vivant, comme les feuilles,
comme le gazon, les autres animaux.
On est une espèce
comme tous les autres animaux sur Terre.
On est juste
dominants, mais
on va se faire dépasser dans pas long par l'intelligence
artificielle, donc on ne sera pas toujours
dominant. Mais je veux dire,
je crois à ça, ça me convient.
Je n'ai pas besoin de croire à plus que ça.
On est là, sur Terre,
on est vraiment chanceux.
C'est déjà puissant, c'est déjà beaucoup.
Oui, c'est...
On est extrêmement chanceux.
Comment est-ce qu'elle est née, ta relation
avec les Inuits?
Bien, j'ai toujours été très, très curieuse,
mais très timide de...
jamais oser, par exemple, faire le premier pas.
Tu sais, aller dans un...
Moi, j'attends une invitation pour un Power.
Je n'irais pas là.
Tu sais, j'attendais un peu que la porte s'ouvre.
Puis il y a eu un film, je suis allée tourner
à Shefferville. Nouveau-Québec.
Nouveau-Québec, un film de Sarah Fortin.
Magnifique film. Ah, merci.
J'aime tellement ce film. C'est une
très, très belle expérience dans ma vie,
et je remercie mon amie Sarah de m'avoir confié
ce rôle principal dans ce film, qui est un peu
son altar égaux, et ça, ça m'a beaucoup
motivée d'être inspirée par
elle pour jouer ce personnage-là.
Puis merci à elle
parce qu'elle nous a transportées
avec la maison de production courageuse.
Voyez le film
parce qu'amener une équipe
de 25 personnes à Shefferville,
c'est un grand défi.
C'est pas comme tourner
sur le plateau Montréal.
Non.
Il fallait qu'on prenne l'avion,
le train.
Le train de Sept-Îles à Shefferville
prend 12 heures. Et pour compliquer les choses, il y l'avion, le train. Le train de Sept-Îles à Shefferville prend 12 heures.
Et pour compliquer les choses, il y a eu une grève de train.
Alors, ça n'a pas été facile.
Mais bon, là-bas, c'est nous, les Alloctones, qui sommes étrangers.
Il y a beaucoup plus d'Autochtones.
Ils parlent leur langue.
Tu vivais ça pour la première fois de ta vie?
Oui, je vivais ce sentiment d'étrangeté pour la première fois, puis ça fait du bien.
Tu fais, bon, bien, tu sais,
je comprends peut-être mieux comment on se sent
quand on n'est pas...
Dans la majorité, oui.
Oui, c'est ça, c'était le fun.
Là, on a créé des liens, veux, veux pas,
parce qu'on était dans la communauté,
là-bas, c'est Mathis-Mécouche.
J'ai joué avec Jean-Luc Canapé,
qui est un acteur, bien, qui n'était pas act acteur qui s'est dévoilé acteur avec nous
vraiment très très bon
et Jean-Luc lui
c'est un inu de Pessamit
et son amoureuse Kim Picard
c'est un couple très influent dans leur communauté
c'est vraiment des belles personnes
je me suis attachée à eux
c'est vraiment devenu des amis
j'ai proposé aussi Jean-Luc sur un autre film
que j'ai tourné avec lui en février
dernier, La fonte des glaces.
Donc, c'est des rencontres super importantes
pour moi, puis
je chéris ça. Je me trouve chanceuse
d'avoir eu cette entrée-là.
Il y a aussi dans Jamy Dereau,
une grande rencontre avec Rita Mestocosho,
Joël Malek.
Grande poète, Rita Mestocosho.
Rita, moi, ça c'est...
Elle vient de remporter le gouverneur général il y a quelques semaines.
Oui.
C'est merveilleux.
Son livre est fantastique.
Franchement, c'est une personne renversante.
Rita, je veux dire, à chaque fois que je la vois,
je me sens toute remuée.
Je ne sais pas pourquoi elle me fait cet effet-là
et je finis tout le temps par pleurer.
Alors, je ne sais pas.
On dirait qu'elle voit
à travers moi ses spéciales.
Et en tout cas,
dans J'aime Hydro, à un moment donné, j'ai abouti
chez elle, à la Maison de la culture Innu
d'Équanichit. Puis elle sent
que je suis dépassée,
épuisée, que le projet
J'aime Hydro me pèse vraiment lourd
sur les épaules. Et elle sent que
j'ai besoin d'être délivrée.
C'est tellement un don de soi incroyable qu'elle a fait pour moi.
C'est qu'elle s'est mise derrière moi et s'est mise à chanter un chant de délivrance.
Et j'ai pleuré énormément.
Et en effet, ça m'a délivrée de quelque chose.
Et elle m'a demandé de crier mon nom.
Je trouvais ça vraiment gênant et difficile.
Et pourtant, crier, c'est toujours bien
quelque chose qu'on est capable de faire
depuis qu'on est nés.
Et tu le fais sur scène parfois.
Je le fais sur scène.
D'ailleurs, je ne pensais jamais amener ça sur scène.
C'est Annabelle et Philippe qui m'ont...
Ils ont eu raison.
C'est une des scènes les plus marquantes,
je pense, de Jamy Dro.
Et donc, cette rencontre-là, pour moi, avec Rita,
elle est vraiment déterminante.
C'est comme si elle m'a, en effet, délivrée
puis elle m'a donné ma propre voix, ce qui n'est pas banal.
Et puis, c'est une femme très inspirante.
Tu avais besoin d'être délivrée de quoi?
Bien, là, c'est parce que j'arrivais de tout mon voyage sur la Côte-Nord.
J'avais reçu les commentaires de tout le monde.
C'était quand même très dur, la Côte-Nord, j'avais reçu les commentaires de tout le monde. C'était quand même très dur, la Côte-Nord.
J'avais rencontré Bernard Gauthier,
les chefs de chantier, des écologistes enragés,
des élus qui sont coincés à travers tout ça.
Fait que j'étais chargée de tout ça.
Je m'étais aussi...
J'avais une conversation vraiment difficile
avec mon amoureux au téléphone
parce que lui, ça l'avait vraiment confronté
que je sois allée visiter les barrages de la Romaine
comme si c'était une exposition un peu.
Il avait l'impression que, tu sais, pour lui,
je veux dire, il s'est battu
pour pas que cette rivière-là se fasse arnacher.
Moi, j'arrive de visiter ça, puis je lui dis,
ah, c'était vraiment cool, il faisait beau.
Il est comme, what?
On s'était, tu sais, c'était vraiment dur.
J'avais envie de tout laisser tomber
parce que j'étais fatiguée
et je ne savais pas comment j'allais faire
pour m'exprimer, moi, à travers tous ces points de vue-là,
toutes ces expressions-là,
tout ce que je venais de recevoir.
Et donc, en me faisant crier,
dans le spectacle, ça nous amène à l'épisode 5.
Puis à partir de l'épisode 5,
vraiment dans l'écriture,
j'ai essayé de m'exprimer, moi.
J'ai essayé de trouver qu'estimer moi. J'ai essayé de trouver
qu'est-ce que j'avais à dire à travers tout ça.
Je pense que c'est grâce à Rita,
entre autres. Mais c'est vrai que je n'ai jamais rencontré
Rita Mistocosho, mais j'ai souvent
interviewé Joséphine Bacon.
Puis devant elle, c'est impossible de mentir.
C'est ça, c'est vrai. On ne peut pas
la bullshiter. Ah non, non, non.
Si tu essaies de le faire, elle va voir clair
dans ton jeu. On dirait, oui. Ils ont comme
un détecteur. Mais
ils ont une...
C'est dur
à expliquer. J'ai essayé de l'exprimer dans
J'aime Hydro. C'est comme si
les codes, c'est comme si
eux, ils sont vraiment plus
branchés sur la terre,
l'essence de la vie.
Nous, on est comme super civilisés.
Puis là, on a ajouté plein de codes par-dessus.
Puis on est loin, finalement, des fois, de notre essence.
Puis moi, mon contact avec les Autochtones,
c'est ça que ça me fait.
C'est comme si ça me débarrasse
de tous mes codes de société.
Je sais pas trop.
Ah, faut pas crier, c'est pas correct.
Ah, faut pas faire ci.
Tu sais, tout ça, il y en a plus.
Puis c'est quoi qui t'anime?
Tasse toutes les choses qui te dérangent,
puis branche-toi sur ta vérité.
Mais tu as employé le mot honte.
Comment est-ce qu'on fait pour la dépasser, cette honte-là?
Parce qu'on ne peut pas nouer une relation
si on demeure dans cet état-là.
Bien, de voir comment on est invité, là,
puis on est invité.
C'est ça qui est beau.
Merci, les Autochtones, ils nous invitent encore.
Ils sont tellement résilients puis formidables.
Tu sais, comme à la fin de J'aime Hydro,
je remercie les rivières.
Je dis merci, rivières.
Merci de griller mes toasts le matin.
Merci.
Tu sais, c'est tout simple,
mais je dis merci pour tout ce qu'on a comme confort
grâce à elles, tu sais.
Puis quand Jean-Luc et Kim sont
venus voir Jamy Dro au Théâtre Maisonneuve à Montréal,
ils ont fait la route de Pessamit, ils étaient dans la salle.
Puis à la fin, Kim, elle m'a dit,
elle dit, ça serait vraiment beau que tu remercies les rivières
en Innu.
Jamais je me serais permise
de faire ça parce que je ne parle pas Innu.
Je dis, tu penses-tu vraiment que ça peut passer que moi?
Elle dit, ça serait tellement beau
d'entendre notre langue.
Puis là, tu sais, donc,
il faut faire attention pour ne pas mettre
des barrières, puis de penser qu'on ne peut rien
faire, nous, comme pas
vers les Autochtones. Moi, je ne suis pas autochtone,
je ne peux pas parler de ça. Non,
ils veulent qu'on en parle,
ils veulent aussi qu'on aille vers eux.
Puis en tout cas, j'ai trouvé une façon dans J'aime le drôle
où Rita, jouée par Mathieu Gosselin, dit merci tout cas, j'ai trouvé une façon dans Jamy Dro ou Rita,
jouée par Mathieu Gosselin,
dit merci à... Ça, c'est un rôle de composé.
Oui, il est vraiment bon.
Il dit Tchénishkométen plusieurs fois.
Donc, Christine entend
merci Tchénishkométen plein de fois,
ce qui lui permet à la fin de le dire aussi.
Et donc, depuis que Kim m'a demandé,
je l'ai ajouté au spectacle.
Donc maintenant, je dis merci, Rivière,
Chinish Kumiton Shippu.
Et dans la salle, à chaque fois, ça fait...
Oh! Vraiment, il y a ça comme son.
Et en France, parce qu'on a joué le spectacle en France,
ils ont aimé ça, là.
Donc, évidemment, j'aurais pas osé
sans qu'elle me le propose,
mais je pense que...
Ta question, c'était par rapport à la honte,
mais je pense que plus on crée des liens,
plus on s'écoute, plus on est ensemble,
bien, la honte se dissipe, je pense.
Puis la relation n'a pas besoin d'être plus compliquée
que ce qu'elle est.
On n'a pas besoin de toujours mettre huit paires de gants blancs
pour aborder un enjeu qu'il y a à avoir
avec les peuples autochtones.
Tu as tellement mieux dit la phrase
que je cherchais à dire tantôt.
Merci, c'est ça que je cherchais à dire.
Si on fait trop attention à tout le temps mettre des gants blancs,
on ne fait rien.
Puis on n'avance pas.
Moi, j'ai osé aussi à la fête nationale 2021.
Tu as prononcé le discours patriotique.
J'ai dit un merci, Rivière,
dans les 11 langues,
dans les 11 nations autochtones,
dans les 11 langues autochtones.
Puis j'ai parlé
avec un membre de chacune
des communautés pour savoir
comment le mieux possible, même si
je ne l'ai pas parfaitement, c'est bien sûr,
prononcer Mercier-Rivière dans chacune
des langues. Puis j'ai amené ça avec moi. Puis pour moi,
je les ai toutes amenées avec moi. Puis je le dis même
dans mon texte que, tu sais,
ce n'est pas parfait, mon affaire, mais
j'aurais pu avoir peur et faire
« Ah non, je n'ai pas le droit de faire ça,
je ne suis pas autochtone. »
Mais tu sais, à un moment donné,
si tu fais quelque chose parce que tu le sens vraiment
puis parce que tu as un intérêt pour vrai
puis parce que tu essaies de remédier à quelque chose,
moi, je trouve ça quand même terrible
qu'à l'école, on ne m'ait pas appris
comment dire merci à ces peuples-là,
chez qui nous sommes là aussi,
avec qui nous partageons le territoire.
Je sais dire merci
dans à peu près
25 langues à travers le monde,
où je suis allée. Je peux te le dire
en danois. Là, j'arrive de l'Europe de l'Est,
je peux te le dire dans toutes les langues
des pays d'Europe de l'Est.
Je ne sais même pas comment le dire en une langue
chez nous. C'est quand même fou.
J'essayais de remédier à ça.
Je pense que c'était honnête.
Puis, tu as raison.
Si j'avais mis des gants blancs, je ne l'aurais jamais fait, ce texte-là.
J'ai devant moi ton livre, Les saumons de la Métis,
inspiré du spectacle du même nom que tu as présenté à Grand Métis,
dans les jardins de Métis, que je n'ai jamais visité,
mais qui m'ont l'air magnifique.
Vraiment beau.
Il faudrait que j'aille là.
Oui, absolument.
Tu nous invites à nous mettre dans la peau d'un saumon,
dans ce texte-là,
qui peut avoir l'air absurde.
Oui.
Pourquoi est-ce que c'est important
de se mettre dans la peau d'un animal,
d'un poisson,
d'autres êtres vivants que nous, êtres humains?
Premièrement, on est la seule espèce sur Terre
qui a cette capacité.
Oui.
Alors, le saumon, lui,
ne peut pas se mettre dans la peau de l'humain.
Le chien non plus.
Tu le dis dans le livre. Je le dis dans le livre.
Alors, d'abord, on a cette capacité-là.
Ah! Là, je me dis,
ça vient sûrement avec une responsabilité.
Si nous, on est capable de
se mettre dans la peau d'un saumon,
ça veut dire qu'on
a une empathie qui peut naître
de ça.
Et je pense une responsabilité aussi de s'en occuper,
parce que nous, on peut s'en occuper.
Nous, on peut avoir un impact sur le bien-être d'une autre espèce.
Le saumon ne peut pas faire grand-chose,
sauf un don de sa vie pour nous nourrir.
Mais nous, on peut ça.
Et donc, ça a été un peu ma révélation en faisant ce spectacle-là.
En fait, c'est facile.
C'est né que j'ai eu l'invitation
pour faire une carte blanche.
Alors, je ne savais pas ce que j'allais faire,
mais je me suis lancée.
Je fonctionne comme ça.
Moi, il me faut une invitation, puis là, je me lance,
puis après, je m'organise avec mes deadlines
pour faire quelque chose.
Mais là, je me suis rendue là.
Je me suis dit, je vais trouver mon sujet là-bas,
en y allant.
Fait que là, je suis allée là avec ma collègue Geneviève Lisotte,
avec qui j'ai fait le projet,
qui est une directrice artistique formidable.
Et là, on est arrivés là,
et le directeur des jardins s'est mis à me parler de la rivière,
des installations hydroélectriques sur la rivière, évidemment.
On parle souvent de ça.
On y revient toujours.
Oui, c'est bien correct.
Et là, il m'a dit que le saumon était bloqué par le premier barrage
et que depuis les années 60, on le transportait en camion.
C'est tout à fait fascinant, ça, oui.
Alors, ça m'a frappée.
Premièrement, je ne savais même pas que c'était une pratique qui existait.
Que ça se peut, oui.
Je me suis dit, mais comment on fait pour les attraper?
Premièrement, comment on fait pour les foutre dans le camion?
Puis, automatiquement,
je me suis mis dans la peau du saumon.
C'est-à-dire, je me suis dit, ça doit être flyé
en tabarouette pour lui. Il fait sa vie
de saumon, puis un moment donné, il est poigné
dans un camion. Il se fait sac.
Ça doit être... Ça sonne, le bruit
du camion, le gaz.
Je ne sais pas trop. Je me suis dit,
quelle aventure pour lui-même. Donc,
naturellement, je me suis comme mis dans sa peau.
C'est ce sentiment-là que j'ai voulu amener
dans le spectacle.
Il est question de saumon dans ce spectacle
et dans le livre, mais il est aussi question plus largement
de la beauté.
Il ne faut pas oublier l'équilibre
fragile de la beauté.
De la nature. De la nature, oui. Parce que c'est
en grande partie sa beauté qui nous rend heureux.
Comment est-ce que la beauté de la nature te rend heureux, toi?
Oh mon Dieu, tout le temps.
Là, juste là, je regarde par la fenêtre,
la neige qui tombe sur la branche d'arbre.
C'est tellement beau.
C'est tellement beau, la neige, à Montréal.
Tu sais, je veux dire, je pense que des fois, on oublie ça, tu sais.
Mais si tu ne te sens pas bien,
des fois, juste t'installer devant quelque chose
de beau, puis tu vas aller mieux.
Puis la nature, elle est vraiment
belle, tout le temps,
à toutes les étapes de l'année.
C'est vrai, pareil. C'est tout le temps plus beau
quelque chose de vivant, une plante, un arbre
qu'un
building. Je ne sais pas comment, même
s'il est donc bien bien fait. Il y a quelque chose
dans la nature qui est très inspirante, puis qui nous nourrit, même s'il est donc bien bien fait, il y a quelque chose dans la nature
qui est très inspirante,
qui nous nourrit, qui nous fait du bien.
C'est juste à la regarder,
pas besoin de plus que ça.
On l'oublie parce qu'elle est tout le temps là,
la nature, puis on en fait partie aussi.
On a tendance des fois à oublier
sa fragilité, sa beauté,
puis à quel point c'est important
pour nous.
J'ai une amie qui habite en Australie
puis dans le nord de l'Australie,
il n'y a pas d'arbres.
C'est comme surtout du désert
puis il fait très très chaud.
Puis quand elle vient ici, elle fait « je m'ennuyais
des arbres. » Elle est tout le temps sur le Mont Royal.
Elle vient chez nous et elle fait « ah, les arbres! »
Je pense qu'on sous-estime des fois comment la nature
a un impact
positif sur nous
puis que si on
ne l'avait pas, on se sentirait
complètement différente.
Alors qu'on finit souvent par
considérer que c'est
futile de penser à la question
de la beauté de la nature, mais de la beauté
en général.
Tu as peut-être lu le livre de Marie-Hélène Voyer,
L'habitude des ruines, dans lequel elle décrit
comment on se
préoccupe peu du patrimoine bâti,
d'une part, mais aussi comment dans plusieurs villes
au Québec, dans la majorité des grandes villes,
on entre et on est accueilli par
des grands magasins, des centres commerciaux,
des bâtiments complètement laids,
qui sont déprimants.
C'est comme si on ne réfléchissait pas à l'impact
que la beauté du patrimoine bâti,
de ce qui nous entoure, peut avoir sur
notre bonheur à nous.
Oui, il y a le livre aussi de Pierre Thibault,
« Si la beauté rendait heureux ». Bon, c'est ça.
Ça, ça m'a nourrie beaucoup aussi dans l'écriture
des « Semons », parce que j'ai collaboré
aussi avec Pierre Thibault là-dessus.
C'est lui qui m'a invitée à faire ça.
Mais je pense qu'il a raison.
Des fois,
les gens vivent aussi dans des lieux.
Le lieu où tu vis peut te rendre
malheureux. Si tu vis dans un demi-sous-sol
qui n'a pas d'éclairage,
où tu ne sais pas comme humain
où te placer là-dedans,
puis quoi regarder pour te sentir
bien, tu peux être très malheureux.
Des fois, on sous-estime ça.
Le lieu où on est peut nous rendre malheureux.
Des fois, juste changer d'espace,
wow, on se sent bien.
Donc oui, pour moi, la beauté,
puis ce n'est pas obligé d'être une grosse affaire
qui coûte cher, ce n'est pas ça.
Des fois, c'est juste une fenêtre à la bonne place
qui mène sur un arbre
ou le soleil qui rentre dans ta maison.
Mais c'est sûr que les villes, malheureusement,
je ne sais pas pourquoi,
qu'on ne passe pas des règlements, des lois là-dessus,
tant qu'à construire quelque chose,
on peut-tu mettre un comité de gens, d'architectes,
puis qu'on choisisse mieux comment on construit les choses,
comment on les fait pour que ça soit beau,
tu sais, minimalement.
Puis c'est pas parce que c'est beau
que ça coûte nécessairement plus cher.
En tout cas, sur la durée,
c'est sûr qu'on est gagnant, là, tu sais.
Les vieux bâtiments sont tellement plus beaux.
Tu sais, là, j'arrive d'Europe de l'Est,
les vieux, les vieilles églises,
les vieux bâtiments, c'est tellement magnifique
puis ça dure tellement longtemps.
Puis là, nous, je sais pas. À un moment donné,
on s'est mis à faire des affaires super cheap.
Des condos qui vont devoir être détruits
dans 50 ans. C'est très étrange.
Oui. Oui.
C'est vraiment étrange qu'on s'est mis à faire ça.
Je comprends pas. Puis je comprends pas comment ça
qu'on allume pas
sur ça, puis qu'on n'est pas en train de passer
des lois pour éviter que ça se poursuive.
Mais là, toi, tu es chanceuse.
Tu as eu l'aide de Pierre Thibault
pour tes rénovations chez toi.
C'est pas mal, ça, quand même.
Oui, vraiment.
Mais Pierre, il m'a invité.
On a eu cette rencontre au Jardin de métier.
On a collaboré ensemble.
C'était formidable.
Puis la place où il m'a invité
pour jouer dans les jardins,
il a appelé ça la véranda. C'est comme un petit carré
de bois
qu'il a construit. Puis c'est comme une véranda
d'une maison. Mettons que t'enlèves la maison.
C'était comme le petit balcon
avec le toit. Puis il a appelé ça la
véranda. Puis là, après, il se trouve que chez
nous, à Montréal, mon rez-de-chaussée, c'est juste
un rez-de-chaussée que j'ai rénové, même
pas au complet, juste l'arrière du rez-de-chaussée, parce'est juste un rez-de-chaussée que j'ai rénové, même pas au complet, juste l'arrière du
rez-de-chaussée, parce que j'avais
un hangar, tu sais, les vieux hangars.
Les fameux hangars montréalais. Oui.
Et ça, ça n'a pas de fondation, c'était en train de tomber,
c'était tout croche. Il fallait absolument que je fasse quelque chose
avec ça. Puis, ne serait-ce
que le redresser,
c'est énorme.
C'est un peu tout ou rien. Fait que tant qu'à faire,
j'ai décidé de le transformer en véranda.
Et c'est tout qu'un projet.
Mais comme donc, je me lançais dans une véranda,
je venais de rencontrer Pierre,
on avait travaillé ensemble dans sa véranda.
Je me suis dit, bien, il faut que j'y demande
parce qu'au pire, il va me dire non,
mais il fallait que je me donne la chance
que ça soit lui.
Puis comme il y a un projet de télé rattaché à ça,
bien, je pense que ça l'a animé
de venir faire les plans chez nous pour pouvoir
aussi parler justement du patrimoine.
Dans l'émission télé, on en parle beaucoup.
La protection du patrimoine, qu'est-ce qu'on
fait comme nouvelle construction justement
en ville, puis comment
on construit et déconstruit,
comment on fait les choses.
Pierre, il dit que des fois, il y a
des grandes maisons à faire, plusieurs on fait les choses. Pierre, il dit que des fois, il y a des crans de maison à faire
à plusieurs millions dans la nature.
Souvent, c'est lui qui dit aux gens
« Vous n'avez pas besoin de si grand que ça. »
Il y a toute une nouvelle
mentalité par rapport à ça, mais c'est vrai,
on est comme habitué.
Ce n'est pas un apôtre de l'opulence, Pierre Thibault.
Je pense que c'est un apôtre de la beauté,
de bien intégrer aussi ces bâtiments
par rapport à la nature.
De plus en plus, il dit lui-même
de faire
selon les besoins, de ne pas
faire quelque chose d'immense juste pour
flasher. Il n'est pas
du tout là-dedans. Puis il était content de venir faire
chez nous parce que justement,
c'est très simple. On a fait une véranda
qui a quoi, 12 pieds par 12 pieds.
Mais c'est en masse.
Je veux dire, je n'ai pas besoin de plus que ça.
Puis je pense qu'il est content de participer
à un projet qui valorise
ses pensées, ses idées-là.
Est-ce que t'as confiance en l'avenir?
Oui.
Oui. Comme je disais tantôt,
je pense qu'on évolue toujours
vers le mieux, mais quand Aline
qu'on fait des pas de côté puis des pas en arrière,
en ce moment, c'est vraiment difficile.
Je trouve que ce qui se passe à Gaza,
en Israël, en Ukraine,
puis en Afrique aussi,
c'est sûr que quand on a globalement
sur la planète des événements comme ça,
ça fait mal, puis on a l'impression, en effet,
qu'on recule. Puis c'est difficile d' fait mal, puis on a l'impression, en effet, qu'on recule.
Puis c'est difficile d'accepter
qu'aujourd'hui, en 2023,
il y a encore des conflits qui se
règlent, qui ne se règlent pas,
mais qui se passent de cette façon-là.
Tu fais, voyons donc, vous n'êtes pas capable de vous asseoir.
On est encore là.
On est encore dans cette incapacité
de communiquer, vraiment à ce point-là,
au point de tuer des enfants
et des civils, on est à ce
point encore pas capable de se parler.
C'est déprimant,
c'est sûr. Tu fais,
oh my God,
comment est-ce qu'on en est encore
là? Alors qu'on
l'a vu avant aussi,
on l'a vu la Deuxième Guerre mondiale,
on les a vus, les atrocités.
C'est pas si loin, c'est ça.
On les connaît, on les regrette.
On les pense.
Je veux dire, pense-mal.
On tente encore de guérir ça.
On le sait que c'est pas la solution.
Mais on le fait encore.
Donc, c'est sûr que c'est déprimant.
Mais...
Je pense quand même qu'on avance.
Mais je te sens très perméable à cette douleur-là,
à cette détresse-là qui se vit présentement
partout dans le monde.
Oui, oui.
J'arrive d'Europe de l'Est, je suis allée à Krakow,
Pologne.
Il y avait des manifestations pour l'Ukraine,
des enfants qui chantaient.
Ça ne peut pas ne pas faire son chemin en moi.
On s'est installés là, mon chum et moi,
puis on les a écoutés chanter.
On s'est imaginé, c'est sûrement des enfants
qui ont peut-être perdu leur père dans cette guerre.
C'est comme, tu te laisses toucher par ça.
Je pense qu'il faut aussi,
il faut vivre ce que ça nous fait.
On écoute les nouvelles,
ça nous bouleverse
tous et toutes, puis on cherche ce qu'on peut faire.
Moi, quand il y a une initiative,
là, Anaïs Barbeau-Lavalette,
elle a invité des artistes à aller chez elle
pour se filmer, pour demander un cessez-le-feu.
Bien sûr que j'essaie d'être là.
Je veux dire, on essaie de voir ce qu'on peut faire.
Ce n'est pas évident.
C'est sûr qu'on se sent vraiment
impuissant.
Christine, tu m'en as déjà dit beaucoup.
On a même appris qu'on a fréquenté
la même école secondaire, la même polyvalente,
Chavigny, Trois-Rivières.
Est-ce que tu aimerais me dire
une dernière chose qui resterait juste
entre toi et moi, puisque c'est le titre
de ce balado, juste entre toi et moi?
Une des inspirations
importantes pour moi, je dirais,
c'est Serge Bouchard.
Alors, Serge Bouchard,
à un moment donné, en entrevue, il avait dit
qu'il ne faut pas chercher le bonheur
constamment
dans seulement ce qui nous rend
joyeux ou heureux.
Il dit
que les peines,
les difficultés, c'est
ce qui fait que tu apprécies
les moments joyeux. Puis lui,
il avait vécu deux deuils de ses deux femmes
et que c'est probablement
là qu'il s'est senti le plus vivant.
Une peine d'amour, c'est dur,
mais câline que t'es vivant
quand t'es en peine d'amour,
ça vibre de partout.
Ton cœur va exploser, t'es épouvanté.
Autant quand tu tombes en amour
que quand t'es en peine d'amour,
c'est des moments très, très, très vivants,
mais que c'est les deux qu'il faut embrasser.
C'était tellement beau.
Il disait, tu sais, quand tu pleures, tu pleures, pleure.
T'es vivant quand tu pleures.
Puis c'est drôle parce qu'Yvan Véripayev,
dans Insoutenable longue de traîne,
c'est vraiment ça, mon personnage,
à un moment donné, il dit, je suis vivante.
Et elle pleure, je suis vivante.
Et elle sourit, je suis vivante.
Tu sais, Monica crie qu'elle est vivante.
Puis soit elle pleure, soit elle sourit.
Donc, bref, toutes les émotions,
qu'elles soient positives ou négatives,
sont des preuves de vie
et qu'il faut les accepter et les embrasser.
Donc, si tu as besoin de pleurer, pleure,
puis dis-toi que c'est ça que tu vis en ce moment,
puis que tu es vivant pendant que tu vis ça.
À un moment donné, même moi,
une de mes tantes qui était tombée en amour,
à un âge, je ne sais comment, puis elle a eu de la peine. Je lui ai dit, bien, elle a véc vis ça. À un moment donné, même moi, j'ai une de mes tantes qui était tombée en amour à un âge,
puis elle a eu de la peine.
Je lui ai dit, bien, elle a vécu ça.
J'ai dit, coudonc, il y a du monde qui vont passer leur vie
au complet sans jamais tomber en amour.
Ils ne savent même pas c'est quoi être devant quelqu'un
puis avoir des papillons, puis ça fait mal,
puis tu ne sais pas comment exister,
puis la personne, elle ne veut pas de toi.
Puis là, tu pleures.
Mais au moins, tu auras vécu ça.
Tu n'es pas resté chez vous, perméable,
à ne pas vibrer.
Donc oui, moi, je pense que la peur,
les peines, les peines d'amour,
il faut passer à travers
tout ça dans la vie.
Il ne faut pas avoir peur
de les vivre.
Si on reste chez soi, puis qu'on
ne se permet jamais d'être traversé par
quelque chose parce qu'on a peur,
bien,
on sera jamais traversé
par rien
et c'est là
que c'est triste,
tu sais.
On revient au début
de la conversation,
il faut s'ouvrir.
Il faut s'ouvrir,
Même si on n'est pas
sur le terrain de théâtre.
Il faut tous s'ouvrir,
même si on n'est pas
des acteurs,
évidemment,
idéalement,
mais il y a un coût,
je vous avertis.
Il y a un coût,
il y a une fatigue,
il y a quelque chose,
mais c'est...
Ouais. Je pense peut-être que
la tristesse la plus grande, c'est peut-être
de se refermer sur soi, puis de pas
s'ouvrir à la vie.
Merci d'avoir accepté d'ouvrir aujourd'hui,
pour moi. Ça me fait plaisir. Merci
pour l'invitation. Ça a été que du bonheur
de mon côté, en tout cas. Une belle conversation.
Ouais, moi aussi. Merci, Christine.
Merci.
Juste entre toi et moi de mon côté, en tout cas. Une belle conversation. Oui, moi aussi. Merci, Christine. Merci.