Juste entre toi et moi - Guy A. Lepage
Episode Date: July 3, 2023À 43 ans, Guy A. Lepage songeait à tirer un trait sur sa carrière. Deux décennies plus tard, l’animateur se livre, sans mâcher ses mots, au sujet des politiciens qui participent à Tout le mond...e en parle, du retour d’Un gars, une fille et des raisons pour lesquelles il dit être un parvenu.
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🎵 Musique de générique 🎵
Salut! Ici Dominique Tardif.
Ah, bienvenue.
Juste entre toi et moi,
je prends quelques instants pour répondre à une question
que vous avez été plusieurs à me poser que vous avez été plusieurs à me poser.
Vous avez été plusieurs à demander.
Bonne question.
Excellente question.
Eh bien, la réponse, c'est que ce sont Lou-Adriane Cassidy et Alexandre Martel.
Alexandre Martel, aussi connu sous le nom Anatole. Ce sont eux qui ont eu
l'immense gentillesse de pondre cette mélodie que je n'arrive pas à m'enlever de la tête.
Si vous ne connaissez pas leur travail, je ne saurais trop vous recommander leurs plus récents
albums. Celui de Lou Adrian Cassidy s'intitule Louane Cassidy vous dit bonsoir et celui d'Anatole s'intitule tout simplement
Alexandre Martel. Mon invité aujourd'hui, c'est un des principaux personnages de l'histoire de la
télé québécoise des 30 dernières années. Mon invité, c'est Guy Allepage. C'était la première
fois que j'encontrais Guy, même si on s'était déjà parlé longuement au téléphone en avril
2022, à l'occasion d'une
entrevue que Guy m'accordait au sujet
des 25 ans de la série
Un gars, une fille, série
à laquelle Guy et son ami Sylvie Léonard
ont par la suite décidé de
redonner vie. Vous pouvez lire
l'article que j'ai tiré de ma rencontre
avec Guy dans La Presse Plus,
sur lapresse.ca ou sur l'application
mobile de La Presse. Et si
vous avez aimé cet épisode,
vous pouvez nous laisser une bonne note
ou un commentaire sur Apple Podcast.
Et voici sans plus tarder
mon entretien enregistré
dans les bureaux de La Presse
avec l'élégant
Guy à l'élégant Guy Lepage. Juste entre toi et moi
Ça restera entre toi et moi
Pour une fois
Ça reste entre toi et moi
Tu sais, il n'y a pas de bonnes questions. Sous-titrage Société Radio-Canada Souvent, les politiciens, quand ils font ça, d'ailleurs, c'est très mal perçu. C'est pas ça, ma question.
Puis là, tu vois que la personne répond pas,
puis quand tu fais de la radio, que tu fais de l'écrit,
il faut absolument que t'ailles chercher la réponse que tu veux
pour pouvoir l'écrire.
Vous avez menti.
Là, la personne répond pas.
T'es obligé d'avoir un oui ou n'importe quoi,
parce que cet écrit, il a deux lignées de la tête.
Oui, je peux décrire son faciès,
mais ça a quand même des lignes.
Mais moi, un gros plan sur ta face,
au-delà d'un pourri, je l'ai, la réponse.
Ça fait que ça, c'est le fun pour ça, la télévision.
Mais de toute façon, le but,
quand on en parle, c'est pas de recevoir
des vilains ou des gentils,
c'est de recevoir des gens qui ont une histoire à raconter.
Puis moi, que dans une émission,
ça se soit passé de façon controversée
entre moi puis l'invité,
ou que ça soit super joyeux puis une belle histoire,
pour moi, tout ça est bon.
Je m'attends pas en faisant une entrevue au départ
que je me dis pas, hey, là, ça va va brasser ou là, ça va être le fun.»
Je me laisse le plaisir de découvrir ce qui va se passer.
Puis c'est comme ça, d'ailleurs, que des fois, tu vois des nouvelles facettes de certaines personnes.
Ça m'a beaucoup surpris, d'ailleurs.
Comme tout le monde, j'avais beaucoup de préjugés envers les politiciens
avant de faire tout le monde en parler, parce que je me disais,
«Ça se peut pas qu'à gagne qui sent que ça donne juste ça,
pour me rendre compte que la plupart des politiciens,
pas tous, mais la plupart font ça pour des bonnes raisons.
Dans n'importe quel parti, là, ou à peu près,
la plupart font ça pour les bonnes raisons,
mais ils ont pas les moyens, ils ont pas la machine,
puis la ligne de parti fait que ce qu'ils voulaient faire en quatre ans,
bien, ils font rien de ça ou juste un petit peu de ce qu'ils avaient prévu. Puis c'est
pas de leur faute, eux autres. C'est de la faute de la machine. C'est de la faute de
la façon que la politique se fait. Les politiciens, humainement, ont beaucoup monté dans mon
estime depuis que je fais tout mon emploi.
Pour quelle raison, toi, est-ce que tu pratiques le métier que
tu pratiques?
Lequel?
T'en pratiques plusieurs.
Oui. Lequel?
Comment est-ce que tu définis
ce que tu fais dans la vie?
Bien, il fallait que j'écrive
une chose sur mon rapport
d'impôt. J'écrirais auteur.
Puis toute ma vie, dans tous les
métiers que j'ai fait, j'écrivais.
Même dans tout mon emploi, il faut
écrire. Il faut rédiger ou reformuler des questions. C'est, j'écrivais. Même dans tout mon entente, il faut écrire.
Il faut rédiger ou reformuler des questions.
C'est de l'écriture.
Quand je faisais du montage, des missions,
c'est de la réalisation.
C'est qu'est-ce qu'on décide de mettre à l'écran.
Puis une bonne entrevue, c'est quand même une sorte de récit.
C'est une histoire qu'on raconte.
Oui, oui.
Avec l'aide de quelqu'un qui collabore plus ou moins.
Ou qui, des fois, collabore pas.
Au début, moi, j'étais un scénariste,
fait que j'aimais scénariser les entrevues.
Puis quand quelqu'un faisait du coq à l'âme,
je me disais, bien là,
il respecte pas mon plan d'entrevue qu'il a pas vu, en plus.
Il sait pas c'est quoi mon plan d'entrevue,
mais il respecte pas notre plan d'entrevue.
Pour comprendre, finalement, que...
Bien, puis ça vient avec le métier aussi, là.
Tu dis, notre entrevue, nos questions, c'est notre plan B.
Si il se passe quelque chose de plus intéressant que ça,
ça va devenir le plan A.
Ça, ça m'a pris des années.
Mais pour répondre à ta question,
auteur en premier lieu, c'est ce que je fais le plus aisément.
Mais lorsque tu étudiais à l'UQAM,
à quoi tu te destinais?
À quoi tu rêvais à ce moment-là?
Pas grand-chose.
Je m'étais inscrit dans deux universités,
genre en sciences politiques, puis mettons en sociaux.
Trois-Rivières, puis Laval, à Québec.
J'ai rencontré une fille qui restait à Montréal.
Puis d'un coup, le plaisir de faire l'amour régulièrement
est devenu plus important que l'impact que je peux avoir
en sociologie à Trois-Rivières.
Alors, j'ai décidé de...
Tu mets les deux dans la balance, c'est sûr.
Il y en a un qui pèse plus lourd.
Oui, oui.
Oui, et puis ça pèse plus lourd,
puis après, tu pèses plus léger.
Mais toujours est-il que je me suis...
Là, je cherchais quelque chose à Montréal.
Il y avait le cours de communication.
Puis les entrevues, pour une raison obscure,
étaient après les autres.
Bref, j'ai pu m'inscrire.
Je me suis inscrit dans quelque chose
que je ne connaissais pas vraiment.
Je ne savais pas que c'était contingenté.
Je prenais 100 personnes sur 1200.
J'ai rempli le questionnaire.
On m'a convoqué à une entrevue.
Bourgault était là.
Ils m'ont trouvé bien hot.
Je ne sais pas quoi.
Écoute, j'avais 18 ans.
Je les ai charmés, ils m'ont pris.
Fait que je me suis ramassé là, en communication.
J'étais le plus jeune du module à l'époque
que la part des gens avaient 22, 23 ans
parce qu'ils avaient fait quelque chose avant.
Ils prenaient beaucoup les gens...
expériences pertinentes de travail, tu sais.
Puis là, ils avaient commencé à prendre des étudiants,
puis j'étais déjà le plus jeune, fait que j'étais
arrivé là, j'étais le plus
jeune. Fait que tout le monde
m'a dorloté, m'a pris en
sympathie, puis je pense que mon
gérant, Jacques Primault, il dit
que j'avais le guts de
l'inconscience. Alors, quand tu
le sais pas que t'es chanceux,
quand tu sais pas que t'as pas
le droit, quand tu sais pas que
ça se fait pas, tu le fais.
Fait que j'ai touché à tout.
J'ai même, écoute, j'ai fait de la radio, du journaliste,
de la télévision, alors que j'aurais dû choisir
un de ceux-là, mais là, je me suis dit,
«Hey, j'aimerais ça faire ça.»
Finalement, j'ai fait un peu tout.
RBO, c'est... avec Richard Serrois,
ça a été notre stage de radio à CIBL.
Richard, vous l'avez fait une émission un peu sérieuse
sur la musique punk, new wave, ça.
Malheureusement pour Richard, ça a mal tourné.
Ah non, moi, ça m'intéressait fuck all.
Puis là, j'ai dit, on devrait faire des sketchs
basés sur absolument rien,
un désir soudain de faire des sketchs.
Puis là, j'ai demandé à Bruno puis à Yves,
avec qui je travaillais déjà dans le journal
étudiant en communication.
Puis Richard a demandé à André Duchamp parce qu'il l'avait vu en show.
Puis c'est devenu un BO.
Ça devait durer 13 semaines, puis ça a duré 15 ans à temps plein,
puis 42 ans à temps partiel.
C'est quoi déjà l'anecdote à propos d'un spectacle des Rolling Stones?
Richard est encore choqué aujourd'hui qu'il a saboté ce moment de radio-là. Richard et Serge Lafortune, Serge Lafortune que j'avais oublié de nommer,
qui était en communication aussi, puis qui était notre technicien de son,
puis plus que technicien, il s'occupait des effets musicaux, puis tout le...
Puis eux autres, ils trippent ces Rolling Stones, ils s'en vont à Syracuse,
ils nous disent « Vendredi, on sera pas là. Pourquoi? On s'en va à les Rolling Stones.
Moi, déjà, je trouvais que c'était un vieux band,
décrépit il y a 42 ans.
Fait qu'ils s'en vont là, on fait l'émission quand même.
On a un autre technicien, pis Richard est pas là.
Fait que Bruno, Yves, André, on est là.
Et je dis à Richard, ben appelle-nous.
Fait qu'il nous appelle pendant le show, en plus.
Ils sont bien gelés, clairement.
« Allô, Guy, on est à Syracuse! »
Puis il explique toute son affaire, puis ça aide derrière.
Il y a de la musique, bam, bam, bam, bam, en écho.
Puis là, je dis, « Guy, je suis en train d'être dans le niaison.
On le sait que t'es l'autre bord de l'air,
pis t'es en cabine téléphonique. »
Puis là, j'y raccroche la ligne au nez.
Eux autres, ça leur avait coûté toutes leurs économies pour aller là.
Ils avaient fait 14 heures de bosse.
Ils avaient dormi à terre.
Des affaires dégueuses que tu fais juste à 19-20 ans.
Quand Richard le raconte,
il y a un peu de tendresse dans l'oeil,
mais encore un restant de colère à l'égard de son amie Guy.
Oui, mais Richard n'est pas capable de rester fâché longtemps.
Moi, même si je l'ai fait beaucoup souffrir,
notre amitié est immuable.
On a souligné récemment les 20 ans du départ de Pierre Bourgault.
Si tu avais à décrire qui était Pierre Bourgault
à quelqu'un qui le connaît pas du tout, un jeune, par exemple,
qu'est-ce que tu dirais?
Le plus grand tribun du Québec.
Un homme extrêmement fier et orgueilleux
de sa présence et de son talent d'orateur,
indépendantiste de la première heure,
mais qui a eu l'humilité incroyable, surtout avec le caractère qu'il avait,
de se retirer pour faire place à René Lévesque.
René Lévesque, pour le remercier, il l'a tassé comme un gros caca.
Et il est devenu professeur à 40 ans pour avoir eu beaucoup de problèmes financiers.
Il a même été sur le bien-être social à un certain moment
parce que personne ne voulait y toucher.
Il était radioactif parce que les veilles que l'on avait tassées.
Il est devenu professeur à l'UQAM.
Un excellent professeur.
Puis c'est devenu son vrai travail.
Chaque cours en petits groupes, chaque cours dans ses classes
de communication orale ou ses grandes présentations
devant 300 personnes dans des auditoriums
où il racontait l'histoire du Québec entre 1960 et 1981,
c'était des cours de citoyenneté, des cours de civisme, des cours d'histoire, des cours d'intelligence.
Pourquoi on vit? Qu'est-ce qu'on devrait faire en tant que peuple? Qu'est-ce qu'on devrait faire en tant qu'être humain?
Cet homme-là m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup appris.
Et c'est lui qui, peut-être sans s'en rendre compte, m'a orienté vers les communications professionnellement.
Ton côté baveux, puis ce que tu évoquais tantôt,
ton charisme, le charme qui était à l'oeuvre
lorsque tu t'es présenté pour être admis à l'UQAM,
est-ce que tu en étais conscient à ce moment-là?
Non, non. Puis il faut...
Et malheureusement, on finit un certain moment
par s'en rendre compte. Mais je trouve que ce qui est plus charmant chez les
gens, c'est quand ils savent pas. Moi, j'ai un petit gars
comme ça, il y a 8 ans. Il sait pas le magnétisme qu'il a.
Puis quand il rentre, tout le monde lui fait des «smiles»,
tout le monde lui joue dans les cheveux, tout le monde lui
accorde une certaine attention. Lui, il pense que tout le
monde a ça.
Puis j'espère que ça va durer très, très longtemps
avant qu'il en abuse, disons.
Puis à quel moment, toi, est-ce que t'as perdu ton innocence
par rapport à ça?
Quand RBO a commencé, puis qu'on a commencé à devenir
des vedettes, des vrais, là, on pouvait pas sortir.
Moi, genre, on faisait des spectacles,
puis on se poussait par la porte de l'arrière parce qu'on se faisait sauter dessus.
Le fait que tu sois en groupe,
c'est un peu dur de t'enfler la tête
parce que dès que l'hélium pogne dans ton cerveau,
t'as quatre bouées qui te ramènent au sol.
Puis c'est arrivé un petit peu à tout le monde,
mais on se retenait.
Mais moi, je pense que le fait d'avoir été populaire
à l'université m'avait déjà un petit peu habitué à ça.
Puis, comme j'ai toujours détesté l'abus de pouvoir, quand j'ai commencé à en avoir, je me suis dit,
le pouvoir, il faut que t'en uses. Il faut pas que t'en abuses. Il faut que ça serve à quelque chose.
Mais tu n'utilises pas ça pour régler tes comptes avec du monde. Tu n'utilises pas ça pour être capricieux. Tu n'utilises pas ça...
Puis moi, quand les gens font ça autour de moi,
ça me irrite profondément.
Puis je suis toujours le premier à leur dire
d'arrêter ça immédiatement.
Je ne suis pas très tolérant pour ça dans la vie.
Est-ce que tu as le souvenir d'un moment
où ton ballon d'hélium commençait à s'élever dans le ciel
et Yves, Bruno ou André ont eu à dire,
« Guy, s'il vous plaît, redescends parmi nous. »
Étonnamment, ce n'est pas eux autres.
C'est une jeune groupie.
Il y avait des filles qui nous suivaient, qui venaient nous voir en show.
En plus, pour moi, une fille de 16 ans, c'est comme si elle avait 8 ans, tu sais.
Moi, ma blonde était plus âgée que moi, puis tu sais, c'était une femme faite,
comme dit ma grand-mère. Fait que moi, des adolescentes, puis je connais la fragilité,
puis ça, tu sais, je me tenais... Tu sais, j'étais étonnamment assez distant, tu sais.
Allô, Guy? Puis tu sais, j'étais souvent... Le monde avait des photos de moi,
puis tout le kit, puis j'étais pas... j'étais poli.
Disons ça comme ça, tu sais.
Est-ce qu'on peut prendre une photo, bien sûr.
Est-ce que je peux signer? Oui, mais c'était pas...
Est-ce que je peux avoir ton numéro de téléphone?
Non, non, ça, c'était clairement non.
Mais toujours est-il que j'étais un peu distant.
Puis une fois, il y avait une fille
que ça faisait deux, trois fois qu'elle venait voir le spectacle.
Tu sais, genre, elle vient de voir...
je ne sais pas quoi, Saint-Bruno,
après ça, Saint-Hyacinthe, après ça, tu te dis non, elle est tout le temps rendue là.
Fait que j'y avais dit, t'sais, t'es là souvent, toi.
Puis, t'sais, elle me dit, t'sais, nous, là, on se déplace parce qu'on vous aime.
On n'est pas des ennemis, on n'est pas... Regarde-moi pas comme...
Regarde-moi pas avec un air bête
parce que ça fait trois fois que je viens te voir.
En fait, dit en plus par quelqu'un qui a 15-16 ans.
Elle avait de l'aplomb pour ça.
Oui, mais c'était plus émotif que rationnel.
Là, je suis en train de te résumer ce qu'elle dit.
Hé, je suis revenu, après, j'étais dans l'auto, j'ai dit...
Ouais, OK.
C'est pas parce que moi, j'irais pas voir trois fois
le même assiette-groupe en une semaine que quelqu'un n'est pas parce que moi, j'irais pas voir trois fois le même style groupe en une semaine
que quelqu'un a pas le droit de faire ça
puis que ses raisons sont valables.
Puis là, ça, ça a changé ma façon, là.
Je suis devenu plus cordial, disons.
Ça fait que ça, ça m'a ramené un peu...
Parce que, tu sais, vraiment, tu sais...
Tu sais, des groupes...
Moi, j'aime pas les groupies, tu sais.
Puis d'ailleurs, même aujourd'hui,
les seules photos que j'ai avec des célébrités,
c'est eux autres qui me l'ont demandé.
Je n'ai jamais demandé à personne de faire une photo avec moi.
Je n'en ai pas.
Celles que j'ai, c'est parce qu'ils m'ont envoyé.
Donc, les pages intérieures de ton autobiographie
vont être très, très minces.
Non, elles existent, mais ce n'est pas moi qui les ai.
Parce que ce n'est pas moi qui les ai prises.
Puis, gars, Taylor Swift,
tu sais, je veux dire, à quel moment
je sortirais ça? Tu comprends?
Moi, ça m'impressionnerait, mais je comprends ce que tu veux dire.
Oui, mais bref... Tu le reçois, tout le monde en parle.
Oui, oui, puis elle était bien contente.
Puis, son attaché de presse
ou sa compagnie de disques,
on a fait une photo.
Je l'ai vu passer. Je l'ai pas.
Mais bref, en tout cas, je veux
ça pour te dire, c'est pas dans
mon tempérament. C'est pas du
tout dans mon tempérament d'être
groupie. Fait que quand les
gens le sont, mon premier
réflexe, c'est de dire, mon Dieu,
c'est quoi, sa démarche? Pourquoi
cette personne-là fait ça?
Mais tu sais, après 40 ans, j'ai
fini par me dire que tout le
monde a le droit d'être comme
ils veulent. Une fois, j'ai fini par me dire que tout le monde a le droit d'être comme ils veulent.
Une fois, j'ai demandé un autographe.
C'était Yvon Deschamps.
Yvon Deschamps, on s'entend super bien, Yvon.
On peut dire qu'on est amis, mais on se voit, mettons, une fois de temps en temps.
Je suis avec lui dans sa maison. On est chez lui.
Puis j'ai dit, Yvon, j'ai un... Puis ça, ça date de... Il y a pas longtemps.
Mettons, 3-4 ans.
J'ai dit, Yvon, tu sais ton livre de monologues
que t'avais sorti en 1972?
Il a dit, oui! Il dit, je l'ai même pas!
J'ai dit, moi, j'en ai une copie, là.
Elle est toute décrissée.
Puis je l'avais acheté à 12 ans.
Je passais les journaux, puis je lisais tes monologues.
J'ai dit, tu me ferais-tu l'honneur
de me le signer la prochaine fois?
Il dit, bien, certain, avec plaisir.
Je sais où est-ce qu'il est, l'ivre, en plus.
Il dit, non, mais j'arrive chez nous,
je pogne le livre, je l'ouvre.
Il est signé par Yvon Deschamps à mon ami Guy.
Yvon Deschamps, à mon ami Guy, Yvon 1992.
Finalement, je l'ai demandé à deux personnes dans ma vie.
C'est la même.
Ils ne s'en rappelaient évidemment pas.
Moi non plus, parce que tu vois que je ne carbure pas ça.
On avait même une photo Polaroid, toi et deux, dedans, dans le livre.
Ça, c'est mon rapport avec le Védétarium.
T'es cohérent avec toi-même.
Oui.
Si tu dis ce qui est une qualité.
L'idée, bien, c'est toujours bien d'être cohérent avec soi-même.
Il y en a qui le sont moins.
Oui, mais on a le droit de changer d'idée, on a le droit d'évoluer,
mais la cohérence, c'est une bien belle qualité.
Entre le Guy qui a commencé sa carrière au sein de RBO
sans savoir que ça allait devenir une carrière,
puis celui qui se trouve devant moi présentement,
à propos de quoi t'as changé d'opinion le plus?
Ton regard s'est transformé de quelle manière
sur la société, sur le métier que tu fais?
Plusieurs choses.
C'est que le leadership,
c'est pas celui qui a une carte d'affaires et qui dit « je suis le patron ». Le leadership, c'est quelqu'un qui rassemble les troupes et les gens qui travaillent avec cette personne-là sont valorisés, écoutés et remerciés, dans le sens de « merci », pas « tu sais d'orors, et remercier pour le travail qu'ils font.
Moi, le travail que je fais depuis très longtemps,
à part peut-être écrire des textes,
je suis en haut d'une pyramide
où s'il y a quelqu'un d'incompétent
à peu près à n'importe quel département,
tout s'écroule.
Puis ça, j'ai appris ça très rapidement.
Télévision, cinéma, humour, dans le cas d'RBO.
Il faut que tout le monde
soit traité avec respect.
Il faut que tu engages du monde pour leurs compétences,
mais aussi pour leur attitude.
Parce que quelqu'un, là,
qui amène ses problèmes au travail...
Oui, sa mauvaise humeur.
Oui, oui, ou qui tire.
Tu sais, il y a des gens qui sont compétitifs
ou qui vampirisent le temps des autres.
Puis ça, c'est très mauvais dans une équipe.
Moi, je travaille beaucoup avec des gens,
les mêmes depuis longtemps,
mais à chaque projet, j'ajoute la moitié du monde,
c'est des nouvelles personnes.
Puis c'est jamais les mêmes.
Je travaille avec des vieux collaborateurs,
collaboratrices, mais j'en prends aussi des nouveaux
puis des nouvelles.
Puis ce mélange-là est très salutaire.
Fait que, en fait, je suis devenu...
Donc, je l'ai toujours été un gars d'équipe très reconnaissant.
C'est clair que je suis chanceux parce que la plupart de mes projets fonctionnent,
mais la plupart de mes projets n'auraient pas fonctionné
s'il n'y avait pas eu des gens compétents avec moi.
Pourquoi est-ce que tu travailles encore alors que je me permets de présumer
que tu pourrais rester à la maison et regarder la télé ou lire des livres,
faire ce que tu veux?
Ça fait presque 20 ans que je dis que je vis sur du temps emprunté.
Et j'ai eu ce choc-là quand on m'a donné, à 43 ans,
deux prix la même année pour Best Achievement, tu sais.
Des prix de fin de carrière.
Des prix de fin de carrière à 43 ans.
J'avais de l'argent devant moi,
donc j'aurais pu arrêter.
Puis là, je me suis dit,
bon, le temps emprunté commence à partir d'aujourd'hui,
c'est-à-dire dès que j'ai plus le goût,
dès que l'employeur a plus le goût,
dès que le public a plus le goût,
un de ces trois-là, c'est fini.
Puis jamais je vais faire quelque chose en me disant je reste là parce que je fais partie des meubles
en sachant que j'enlève de l'emploi
à des gens qui le feraient aussi bien ou peut-être mieux.
Et depuis 20 ans, j'ai refusé un nombre assez important de projets
en me disant que ça ne va rien me donner de plus
et ce projet-là va permettre à d'autres personnes
qui ont le goût de le faire, le temps de le faire,
le talent de le faire.
Puis pour une raison, elle ne doit pas être obscure la raison,
mais quand j'étais jeune, je ne me questionnais pas là-dessus.
C'est qu'on me donne beaucoup de cordes.
Tu sais, j'ai une liberté totale dans tous les projets que je fais, là.
Mais vraiment, là, genre...
Tu sais, des fois, les gens, ils me racontent...
«Oui, j'ai eu un problème avec tel producteur sur tel sujet
ou tel diffuseur. Qu'est-ce que tu fais dans ce temps-là?»
Je sais pas. Moi, ça m'est jamais arrivé.
Ça m'est jamais arrivé.
Fait que je suis vraiment chanceux, là.
Mais tu sais, on livre aussi, là.
Tu sais, je me dis pas, mon Dieu,
je comprends pas pourquoi ils font ça.
Les codes d'écoute sont corrects.
Non, non, mais on livre aussi
de la qualité, de la quantité.
Tu sais, j'en sois, moi,
des politiciens pour qui il y a zéro
fucking chance que je vote pour eux autres.
Puis ils le savent, en plus.
Ils sont tous au courant.
Je leur dis tout le temps en privé, avant ou après, là.
Mais je fais ma job.
Puis je pense qu'ils apprécient ça.
Ils savent que s'ils reçoivent un coup de jarnac
pendant une entrevue, c'est de leur faute à eux.
C'est pas moi qui ai sorti un affaire qui a pas d'allure.
Il fallait parler de ça parce que c'est le sujet.
Puis je le fais avec des gens que j'estime
autant qu'avec des gens que j'estime moins.
Puis est-ce que tu le dis à ceux pour qui tu vas voter,
que tu vas voter pour eux?
Bien, des fois, ils peuvent le déduire,
sauf que...
Je te dirais que depuis que je fais de mon empar,
j'ai pas gagné une élection.
Alors, je pense que je suis assez fait avec tout le monde.
Tu votes marxiste-léministe, c'est ça?
Non, non, mais il faut faire la part des choses aussi
entre ton programme, qui tu es,
ce que tu veux faire,
puis c'est quoi le contexte social.
Moi, je suis content de ne pas être dans un parti
ou être dans des groupes où il n'y a vraiment pas beaucoup de monde.
RBO, on est cinq.
Moi, j'ai été membre du parti Rhinocéros en 1983
parce que Richard Z. Serrois s'était présenté.
Moi, j'étais son agent officiel.
Ça, c'est de la fidélité en amitié.
Bien, c'était drôle.
Mais c'est la dernière fois que j'ai été membre d'un parti.
Parce que je crois des causes,
mais les causes, ça, c'est du long terme,
ça, c'est de la vision,
ça, c'est ce qu'on veut devenir collectivement plus tard.
Puis des parties, c'est souvent de la gestion à court et moyen terme
pour garder ta job, grosso modo.
Évidemment, là, tu comprends, je ridiculise un peu,
mais c'est où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie.
Les gens se rendent compte que c'est quand même le fun
d'être député ou d'être ministre.
Puis tu fais des concessions,
puis là, tu as un trou de cul dans ton équipe, puis tu es obligé de le défendre
publiquement, alors que moi, je ne pourrais jamais faire ça.
Moi, je considère qu'en faisant de la... appelons ça de la
parapolitique, parce que j'ai le droit d'intervenir sur à peu
près tous les sujets, j'ai l'impression des fois que j'ai
beaucoup plus d'influence que bien, bien, bien des gens qui
font ça. Ça fait que ça me satisfait.
Mais pourquoi est-ce que c'est important pour toi
de le dire aux politiciens que tu reçois,
que tu ne voteras pas pour eux?
Ah, bien, c'est-à-dire que je rentre pas dans l'âge
en disant, hey, Joe, j'ai quelque chose à dire avant.
Mais je réponds aux questions, tu sais.
Pourquoi est-ce que c'est toi
qui as décroché le contrat de l'animation
que tout le monde en parle, alors que sur papier,
t'étais peut-être pas la personne la plus qualifiée pour un aussi gros mandat que ça.
T'avais de l'expérience en entrevue
parce que t'avais animé Besoin d'amour.
C'est Mario Clément.
Mario Clément, l'année où j'ai décidé que j'arrêtais tout
parce qu'on m'avait donné un prix d'hommage
pour l'ensemble de ma carrière.
T'avais 43 ans, c'est ça?
Oui.
Lui, il regardait Besoin d'amour.
C'était le patron à Radio-Canada.
Oui, c'était le patron.
Puis un jour, il m'invite à aller dîner.
Il dit, j'aimerais ça te rencontrer.
En plus, nos rapports qu'on avait eus
quand il était à Télé-Québec,
ils n'étaient pas évidents.
Mario, c'est quelqu'un qui ne fait pas semblant
d'aimer le monde, qu'il connaît pas.
Moi, je suis pas particulièrement friendly
avec des gens que je connais pas.
On avait eu une couple d'échanges, c'était genre...
Bref, il arrive à Radio-Canada,
il m'invite à dîner.
Puis moi, dans ma tête, je me dis,
bon, bien, attends, s'il m'a fait une émission,
c'est non, mais là, moi, j'aime la musique.
Il veut peut-être parler de la disque
où j'étais déjà animateur.
Puis là, en tout cas, s'il dit telle affaire
qu'il aime pas, je vais lui répondre telle affaire.
Puis tu sais, je me fais un petit plan de match
en m'en allant au restaurant.
Puis je m'étais dit, moi, je fais plus de TV,
mais c'est une affaire musicale, j'aime beaucoup la musique.
Tu sais, les émissions, mettons,
que Michel Rivard ou Louis-Jean Cormier animaient, là...
— Oui, ont réuni deux, trois artistes différents.
— Oui, bien que l'émission, je sais même pas si elle existait à l'époque,
mais je me disais, c'est un genre d'affaire-là.
Ça, oui, mais moi, j'ai fini la TV,
puis en plus, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour jouer dans un télé-roman
un an après un « Gunfig »?
Oui, tu sortais d'un « Gunfig » à ce moment-là.
Oui, puis je voulais faire un film. En tout cas, bref, je l'avais fait.
Mais je voulais faire du cinéma.
Toute cette longue introduction-là, il faut en en dire que Mario...
On est arrivé au restaurant, puis il me dit,
« Est-ce que tu connais l'émission que mon enfant parle? »
Je dis, « Bien oui, la Cardisson. »
Puis là, pendant qu'il dit « Oui », il dit,
« C'est une émission que j'écoute depuis longtemps. »
Puis pendant qu'il parle, je me dis,
« Oh boy, il veut me demander d'être le sniper. »
Puis là, je dis, « Ah, oui, c'est une bonne idée.
Puis là, pendant qu'il parle, je me dis, c'est quoi ça,
une fois par semaine, qu'est-ce que je pourrais,
je peux-tu étirer le temps, tu sais, puis il dit, écoute,
écoute, animateur.
J'ai dit, qui animateur?
Il dit, toi.
J'ai dit, moi?
Il dit, oui, oui, je serais animateur.
Je lui dis, pas le sniper.
Il dit, non, non.
Je dis, un, pourquoi? Il dit, bien, je t' le combinateur. Je lui dis pas le sniper, il dit non, non. Je dis, un, pourquoi?
Il dit, bien, je t'ai vu faire à Besoin d'amour,
j'ai dit, t'aimais ça?
Il dit, bien, pas toutes.
Il dit, mais je les ai toutes regardées.
Puis les affaires qui étaient bonnes, il dit, j'aimais ça,
t'es insolent, tu poses les quêtes, etc.
OK.
Mais ça me semble que je serais bon comme sniper.
Il dit, non, ça, c'est plus facile à trouver.
Et là, j'étais un peu...
Je suis un peu beaucoup désarçonné par cette gentille offre. Mais j'ai dit non, ça c'est plus facile à trouver. Et là, j'étais un peu, je suis un peu beaucoup désarçonné
par cette gentille offre.
Mais j'ai dit non.
J'ai dit Mario, j'ai un projet de film, j'viens d'en faire un.
Il dit ah oui, c'est vrai, là maintenant, tu fais du cinéma.
J'ai dit puis j'en ai un autre, puis il faut que je le réalise.
Puis tatata, non.
Mais j'ai dit par contre, si tu veux m'inviter à ton pilote ou à ta première
émission, moi, je dévierge
toutes les émissions au Québec,
je suis tout le temps invité, je
donne du bon stock, c'est une
bonne émission, tu fais bien de
l'acheter, il y a de quoi faire
avec ça, du coup, on brainstorm
pour des...
Tu savais pas que t'étais le
déviergeur d'émissions au Québec?
Hé, j'en ai fait... Ben là, moi,
maintenant, parce que là, ça
devient trop évident, mais je
peux t'en nommer 15 à peu près.
Bref, je suis un dévergeur professionnel médiatique.
Tu as participé au pilote?
Non.
Non?
Non, il ne veut pas.
Mais moi, j'ai fait mon offre.
Il dit, pense-y un peu.
Finalement, on lui donne une réponse.
La réponse, c'est non.
Je ne m'occupe plus de ça,
mais je sais que lui,
il fait passer des auditions, il essaye des affaires.
Arrive Dominique Chaloux dans le portrait,
elle est engagée comme directrice des variétés,
elle est aussi front de bœuf que Mario.
Elle m'appelle, elle dit, je veux te rencontrer à midi,
t'as l'affaire, avec ton gérant, genre, puis bon,
on s'en va la voir. Puis elle dit, bon, Mario m'a dit
qu'il t'avait demandé pour un
aimé, je trouve que c'est une
bonne idée, toi, t'es pas...
Tu fais quoi, là? Et là, le
fameux film que je devais faire
avait été retardé d'un an. Il
y avait comme rien à faire, mais
j'étais pas à la recherche
d'emploi. Je me suis dit, là,
on a atteint le financement de je ne sais plus quoi.
Tu cherchais des excuses?
Non, on attendait, on était dans une... Je dis rien.
Je me dis bien là, l'offre est toujours sur la table.
Puis là, je jase avec mon gérant, je dis bien, c'est vrai qu'elle est bonne l'émission,
il n'a pas trouvé. C'est vrai en plus que je pourrais le faire, ça pourrait être pas pire.
Bref, on lui donne une réponse assez vite en disant,
contrat d'un an, on s'engage pas.
Ça se peut que...
Parce que moi, j'ai toujours ma carrière cinématographique.
Qui est devant moi, qui est là.
C'est-il, en regardant au loin?
Oui, au loin.
Oui, parce que la TV, moi, j'étais habitué de présenter des affaires,
puis ça se fait tout de suite.
Ça a toujours été ça.
Fait qu'en cinéma, non, non, c'est pas là,
puis il faut attendre de la faire,
puis la bourse est pas rentrée,
puis tu sais, là, c'est une niaiseur.
Toujours est-il qu'on l'a essayé,
il est arrivé ce qui est arrivé,
une explosion médiatique.
Puis moi, je me tanne à un certain moment
de faire des projets,
puis la raison pour laquelle je me tanne pas
de tout le monde en parler, c'est pas à cause de la formule. La formule, je veux tanne à un certain moment de faire des projets. La raison pour laquelle je ne me tanne pas de tout le monde en parler,
ce n'est pas à cause de la formule.
La formule, je ne veux même pas la changer.
C'est parce que l'actualité, les rencontres,
tout ce qui se passe, ça, ça bouge.
Écoute, j'ai six recherchistes qui travaillent à temps plein
pour me dire tout ce qui se passe sur la Terre entière
depuis 20 ans.
Je connais 10 fois plus d'affaires
que j'aurais dû en connaître dans ma vie.
Quand on fait des discussions avec des amis,
ça finit tout le temps que tout le monde me regarde
comme si j'étais pour donner le punch.
Comme si t'étais Wikipédia.
Oui, de dire, toi, t'as raison, toi, t'as...
Puis le pire, c'est que ça arrive des fois,
des fois, je dis, excusez-le, ce que je vais vous dire,
c'est pas mon opinion, mais c'est juste des faits.
C'est juste la vraie affaire.
Mais la leçon dans ce que tu viens de me raconter,
est-ce que c'est qu'on n'est pas toujours le meilleur juge
de ce dans quoi on serait bon?
Parce que Mario Clément voyait manifestement
quelque chose en toi que tu voyais pas complètement.
Oui, un, t'as raison.
Puis deuxièmement, c'est à partir de ce moment-là
que j'ai commencé à écouter les offres des autres.
Parce que moi, j'avais pas besoin des autres
pour faire des projets.
Tu sais, RBO, c'est mon stage de radio
avec mes amis.
Un gars, une fille, ça part de moi.
Tu sais, quand on faisait la disque,
on disait très rapidement, André Ducharme et moi,
c'est votre gars-là, mais c'est nous qui l'animons, c'est nos textes,
puis on va y donner notre couleur.
J'ai tout le temps eu le réflexe de m'approprier les projets,
même tout le monde en parle.
Un jour, je me suis dit, moi, je ne suis pas le meilleur animateur au Québec,
loin de là, mais je suis le meilleur animateur de tout le monde en parle.
Puis le jour où j'ai animé, où j'ai décidé que Tout le monde en parle,
c'était mon salon, qui était chez nous, puis que finalement,
c'est moi le producteur, j'anime, puis je fais le montage.
Il faut que j'assume le fait que je ne suis pas un imposteur,
parce que je l'ai longtemps pensé.
Fait que je disais, les règlements de Tout le monde en parle,
c'est même pas ceux de Thierry Ardisson, c'est les nôtres.
C'est ça qu'on fait dans notre émission.
Puis si vous aimez pas ça,
bien, congédiez-nous.
En 2007, en septembre 2007,
vous avez reçu à Tout le monde en parle Nelly Arcand
pour son livre À ciel ouvert.
C'est un moment qui a été difficile pour elle.
Danny Turcotte, Martin Matt ont fait des blagues
au sujet de son décolleté.
Elle a écrit une nouvelle qui est parue à titre posthume à propos de cet événement-là
qu'elle a vécu. Elle raconte à quel point ça a été douloureux pour elle.
Puis évidemment, on sait ce qui est devenu Nelly Arcand.
Comment est-ce que tu vis avec tout ça? C'est un moment,
c'est un des moments les plus difficiles à revoir dans l'histoire de Tout le monde en parle.
C'est un moment qui est vraiment pas le fun.
Mais premièrement, moi, Nelly, j'ai lu tous ses
romans. C'était une fille qui
était spéciale un peu, là, tu
sais. Elle était dans la
séduction puis dans la... Si tu
la connaissais pas, si je t'avais
pas dit, cette fille-là, c'est
une auteure exceptionnelle,
t'aurais dit... Est-ce qu'il a
la fille au bar qui fait... qui
minote, tu sais? La première
fois qu'elle est venue, en plus,
elle avait fait Tout le monde en
parle en France,
alors ça, ça s'était bien passé.
Puis elle était venue manger avec nous,
puis elle était contente de savoir
que j'avais lu tous ses romans.
Quand elle est venue la deuxième fois,
ça, c'est mon interprétation.
Premièrement, elle était malade.
Son équipe n'aurait jamais dû la laisser sortir.
Ici, tu voyais l'entrevue au complet,
parce que ce que tu as vu, c'est les meilleurs
bouts, meilleurs bouts pour elle.
Elle était
confuse, elle était...
Elle n'était pas là.
Il a vraiment fallu que je fasse
une opération chirurgicale,
et ça n'a donné que ça, en plus.
Puis,
on vit dans un monde d'adultes.
Ce que Martin, Matt, ou Danny, ou n'importe quel autre invité,
ou même moi, ça nous appartient.
On est des adultes consentants, il faut que tu assumes ce que tu dis.
Je n'ai pas à protéger un ou une invitée,
mais elle, le pire, c'est que j'ai essayé de la protéger.
Et ça a donné ça.
Alors, imagine si on avait été en direct, là.
Ça aurait été épouvantable. Puis, bien, son texte qu'elle a sorti, bien, un, elle a le droit, c'est une auteur,
elle a le droit d'écrire ça, elle a le droit de l'écrire de la façon qu'elle veut.
Je pense que Nelly souffrait de maladie mentale. Moi, mon frère avait la même maladie qu'elle. Alors, j'étais très conscient
de comment elle se sentait et très fâché après son équipe. Puis, tu sais, à un certain moment,
ils ont essayé de faire un spin-off, faire une sortie avec un... Essayer de revenir là-dessus,
là, son équipe d'éditeurs. Et j'ai dit, « Commencez-moi pas ça, là, parce que vous,
vous avez abusé de votre cliente, de votre auteur de façon totalement dégueulasse.
Puis vous m'avez envoyé quelqu'un qui n'aurait jamais dû se présenter sur le plateau.
Puis je ne l'avais pas vu en plus, Nelly, avant, parce que je faisais l'émission.
Si je l'avais vu avant l'émission, elle arrivait, je ne sais pas quoi, quatrième ou cinquième.
J'aurais dit, c'est hors de question qu'elle monte sur le plateau.
Hors de question.
Je suis capable de reconnaître... Tu voyais son mal-être. Je l'ai vu de question qu'elle monte sur le plateau. Hors de question. Je suis capable de reconnaître...
Tu voyais son mal-être.
Je l'ai vu quand elle s'est assise devant moi.
Les yeux à gare, puis un peu paniqué.
Aussi, ça, c'est sa...
sa dualité entre, mettons, sa profondeur comme autrice
et sa superficialité, entre
guillemets, comme personne qui
se présente.
Oui, elle en parlait elle-même
dans son oeuvre. C'est un des
principaux sujets de son oeuvre.
C'est pour ça que j'emploie le
mot, sans vergogne. Mais si je
l'avais vu avant, elle serait pas
montée.
On dit parfois que Tout le
monde en parle est désormais
une émission plus consensuelle,
qu'il y a moins de moments de tension
comme il y en avait dans les premières années
de l'édition québécoise.
Est-ce que tu es d'accord avec cette lecture-là?
Puis est-ce que c'est forcément grave?
Oui et non.
Et non, c'est pas grave.
Oui et non, parce qu'au début,
les gens venaient dans une émission
puis c'était la première fois pour tout le monde.
Maintenant, quand ils ont des sujets touchés,
ils se font briefer par leur équipe.
Un jour, il y a un ou une ministre, je ne dirai pas qui,
puis je ne dirai pas le genre, qui a oublié son document de briefing,
après tout le monde en parle.
Je pense qu'il y avait 48 pages.
Ça fait que tous les enfants, d'ailleurs, il y avait plein de questions,
de même trop techniques qu'on n'aurait jamais posées.
S'ils te demandent ça, tu réponds ça.
Elle a oublié, dans les studios, tout le monde en parle,
donc tu as eu accès aux documents.
J'ai eu accès aux documents après, après l'entrevue.
J'ai dit, «Tabern, OK, c'est pour ça qu'il arrive.»
Tu sais, Justin Trudeau, la dernière fois qu'il est venu,
a été exceptionnellement bon.
Il y avait plein de sujets pas le fun à parler.
Ça va pas bien pour lui, là.
Le gouvernement libéral, présentement,
accumule bourre, des gaffes et tout ça.
Il est arrivé là, là...
Il est parfois confus en français aussi.
Oui. Puis là, c'était juste ça, l'entrevue.
C'était juste des questions pas le fun.
C'est pour lui.
Tave, tave, tave, tave des réponses.
« Hey, ils sont-tu pratiqués avant de venir là? »
« Ils le savaient-tu? »
« Ils se doutaient bien. »
« Quand Guy va te poser telle affaire, reviens là-dedans. »
Puis en plus, il a profité du fait que M. Gilles,
le gossette rouge,
soit quelque chose pour se faire du capital,
le ramasser spectaculairement.
Mais bref, pendant qu'on faisait l'entrevue, je disais...
Hey, c'est le moment où il est venu à tout le monde en parler
qui est le moins le fun pour lui, là, au niveau du contexte.
Puis il a des réponses à toutes, puis il est casual, puis bien...
Mais selon toi, c'est parce qu'il avait été bien préparé
par son entourage.
Oui, bien aussi, ça fait 8 ans qu'il a eu le problème.
Tu sais, je veux dire, tu t'améliores dans tout, là,
dans ta vie, là. Mais moi, j'aurais pas aimé ça
venir à tout le monde en parler,
à sa place, puis répondre à ces questions-là.
Les gens sont bien briefés, premièrement.
Puis ils ont le droit de refuser aussi.
Je veux dire, moi, j'aimerais ça
que Maxime Bernier vienne.
Pourquoi est-ce que t'aimerais que Maxime Bernier
se présente à tout le monde en parler
alors que son appui, on l'a vu récemment, est-ce que t'aimerais que Maxime Bernier se présente dans Tout le monde en parle
alors que son appui, on l'a vu
récemment, est mince?
Oui, mais pas cette semaine.
Cette semaine, c'est-à-dire,
non, si on avait fait une
émission le dimanche suivant,
son piètre résultat électoral,
on l'aurait essayé parce que
Tout le monde en parle.
Oui, il est en actualité.
Mais un mois après, il est off,
là. Mais ces gens-là ne voient pas, mettons,
Stephen Harper, j'aurais aimé ça qu'il vienne à Tout le monde en parle.
Il a toujours dit non parce qu'il s'est dit,
je peux gagner sans le Québec.
Les gens qui refusent, un, ils ont le droit.
C'est très, très rare qu'on va dire,
c'est arrivé des fois de dire,
cette semaine, il a refusé de venir,
puis je le dis parce que je trouve ça un peu couard que ça ne soit pas présenté.
Mais c'est surtout, ils ont le droit.
Je veux dire, ce n'est pas un tribunal.
Moi, je choisis les émissions où je veux aller.
Sauf qu'une émission qui a un point quelques millions de reach à chaque semaine,
puis pour plusieurs des téléspectateurs,
c'est leur moment de divertissement et d'information de la semaine.
C'est pas pour rien que les politiciens viennent lancer des programmes,
tout le monde en parle, au vif désespoir des gens à l'information.
Parce qu'ils savent qu'il y aura deux, trois fois plus de personnes
qui vont entendre
parler de Christian Dubé, de son
nouveau projet, etc. Puis après
ça, il fait les autres
entrevues. Puis moi, ça me fait
plaisir qu'il vienne à tout le
monde en parler, mais pour moi,
le rôle d'un politicien, c'est
d'aussi d'accorder les autres
entrevues. Moi, si Christian
Dubé... Bien, je dis M. Dubé, c'est pas son genre,
mais si Christian Dubé, il vient, tout le monde en parle,
puis qu'il fait plus d'autres entrevues après en disant ça, il fait pas sa job.
Mais s'il vient lancer son nouveau projet de loi,
tout le monde en parle le dimanche.
Moi, je suis bien content.
Il m'irait tous les journalistes politiques du Québec
à ses trousses, de toute façon.
Oui, puis de toute façon, lui, c'est un faux exemple
parce qu'il répond aux questions.
Tu sais, des fois aussi, tu te rends compte
qu'il y a des gens au-delà de ton intérêt politique pour eux.
Lui ou elle, il y a du goth.
Puis il y en a d'autres qui n'en ont pas.
Puis moi, dans chaque parti, il y a du monde qui va au bat,
puis qui va, même quand ça va pas bien pour eux autres.
Tu sais, je pense, mettons, Fitzgibbon,
tu sais, qui est tout le temps dans des problèmes.
Même s'il est passé, il a le droit.
Non, mais c'est parce que lui, il vient du milieu des affaires,
il comprend pas c'est quoi le problème,
puis un jour, bon, il faudrait lui expliquer c'est quoi...
Je pense qu'il y a quelques personnes qui auraient hâte de lui expliquer.
Oui, mais lui, M. Fitzgibbon,
tu l'invites en lui disant
on va parler de ça.
Mélanie Joly,
qui est venue au bat pour son parti
pour essayer de défendre Netflix,
je dirais avec quand même
beaucoup de courage.
Va-t'en sur la glace
et va prendre 3-4 coups de poing sur la gueule
pour l'équipe, pour un projet.
Georges Laracque puis Gino Odjic t'attendent.
Ils t'attendent.
Fait que quand je rencontre des gens comme ça,
indépendamment de leur parti,
puis même s'il n'y a pas de chance
que je vote pour eux autres,
bien, ils ont mon respect.
Beaucoup.
En avril 2022,
dans un article soulignant
les 25 ans d'un gars et une fille,
tu accordes une entrevue au journaliste Dominique Tardif.
Oui.
Celui-là.
Oui, bien, je t'en dois une, Dominique.
Vraiment.
Non, non, je t'en dois une.
C'est très gentil d'avoir prononcé mon nom
dans chacune de tes entrevues que tu as accordées
au sujet du retour d'un gars et une fille.
Ma mère est très fière de moi maintenant.
Oui, mais c'est grâce à toi.
J'existe à ses yeux.
Mais c'est grâce à toi.
Des amis de longue date qui m'ont écrit
non mais c'est grâce à toi
parce que ça faisait des années que je répondais
machinalement
tout le temps la même réponse
un gars dit fille est-ce que ça pourrait revenir
non parce que l'histoire est bouclée
on a fait le tour de tous
ces sujets là
ce journaliste là
Dominique Tartif
dit probablement sans même y penser,
il me semble que 20 ans plus tard,
le contexte...
Puis là, je suis bien, j'ai d'autres projets.
Puis là, je raccroche
en oubliant ça,
mais le lendemain matin,
lors d'un pipi précoce,
juste avant que mes enfants se lèvent.
Un moment privilégié.
Oui, avec moi-même.
Ça me permet de faire deux choses en même temps.
Et j'ai repensé à ce que ce fameux Dominique-là
m'a dit. J'ai dit, 20 ans après,
les enfants sont élevés,
sont probablement en banlieue,
pré-retraite,
des enfants qui les challengent
avec les nouveaux.
J'ai dit, « Hey, ce petit calice-là, il m'a mis quelque chose dans le... »
Et bref...
Une chance qu'il n'est pas là.
Non, mais une chance qu'il n'est pas là,
parce qu'il me demanderait peut-être de l'argent.
Mais toujours est-il que...
C'était sa prochaine question.
Oui, ma prochaine réponse est non.
Mais toujours est-il que ça a semé la graine
au moment où je faisais pipi.
La graine a été semée.
Et très rapidement, j'ai écrit des affaires
que j'ai montrées à ma blonde.
Puis elle m'a dit, pourquoi t'as écrit ça?
Elle, elle travaillait sur un projet.
On travaille sur un projet ensemble.
On a une série à elle qu'on est en train de développer.
J'arrive avec deux, trois trucs de...
Elle dit, bien, mon soeur Sylvie, j'appelle Sylvie.
On se parle.
Puis là, elle dit, écoute, ta-ta-ta-ta.
Elle dit, j'ai dit, viens manger chez nous.
Puis là, on a passé comme deux, trois heures à jaser.
Hé, si on venait, si on faisait ça, puis tatatata. »
Puis en trois semaines,
trois, quatre semaines, les quatre épisodes étaient écrits.
Mais avant de les écrire, alors que j'avais fait juste des textes,
mettons une quinzaine, on est allé voir Radio-Canada,
Denis Meloul et André Béraud. On les avait demandé pour dîner.
Dans les deux cas, eux autres,
ils se disaient, ça va être quoi, bébéatrice,
un nouveau projet sur lequel ils travaillent,
une nouvelle affaire qu'ils veulent nous présenter.
Quand on a dit un gunfile,
ils ont fait
un genre de
choc électrique, mais que tu n'as pas
le goût de recevoir.
OK, on parle d'une fille.
Puis tout ça s'est fait...
Tu sais, on les a appelés au mois d'avril.
Quand tu présentes des émissions,
c'est au mois d'octobre.
Il y a plus d'argent à Radio-Canada.
Il y a plus de...
Même André Béraud, il dit,
pourquoi t'arrives avec ça, là?
Ça te tentait pas de me présenter un vrai projet?
Là, j'ai dit, c'est parce que Dominique Tardif,
il ne m'a pas fait
une entrevue, encore lui,
il ne m'a pas fait d'entrevue
au mois d'octobre, il m'a fait une entrevue
au mois d'avril. C'est de sa faute.
Bord ailé.
Fait que, finalement,
ils ont trouvé, mais vraiment, ils ont gratté
les tiroirs. Puis c'est pour ça que c'était quatre épisodes.
Puis moi, dans ma tête, c'était...
Je vais te dire, où sont rendus les personnages?
Qu'est-ce que... Un cadeau.
Puis ça va être fini.
Puis on a eu tellement de fun, là,
puis ça a tellement poigné, tout de suite, instantanément,
que, tu sais, tu vois, là, au moment où on se parle,
eh bien, je tourne, je commence à tourner dans quatre jours.
Ça fait que je suis en train d'apprendre mes textes, là.
Ça se passe bien.
Ce que tu m'as dit au moment de l'entrevue,
c'est qu'à quelques occasions,
t'avais évoqué l'idée d'un nouveau projet
autour d'un gunfee, un film ou une pièce de théâtre.
Puis Sylvie t'avait répondu,
est-ce que tu penses que ça va être meilleur
que ce qu'on a fait?
Puis t'étais pas en mesure de lui répondre oui,
donc vous avez mis ces projets-là de côté.
Est-ce que vous avez mis cette question-là de côté
pour le retour d'un gunfey à la télé?
Ou t'avais la conviction que ce serait meilleur
que ce que vous avez fait?
Écoute, à chaque fois que j'appelais,
c'est lui pour lui parler de ça.
Elle était toujours très enthousiaste.
Ah oui, puis oui, on pourrait faire ça.
Puis à la fin, elle disait,
penses-tu que ça va être meilleur?
Non.
Mais peut-être que, tu qu'elle était... Elle aussi,
elle protège l'émission. C'est
un gars et une fille, finalement.
Puis la dernière fois, je pense
que l'enthousiasme l'a gagné
plus que la crainte. Puis on a
eu tellement de fun. C'est revenu
tellement vite. Tu sais, c'est
lui et moi, on répète pas. On
lit des textes une fois, plusieurs semaines avant le tournage
pour corriger, tu sais, pour trouver les...
faire les dernières coupures et tout ça, là.
Puis après ça, on arrive sur le plateau.
Des fois, on se fait une italienne.
Des fois, s'il y a des déplacements, on fait ce qu'on appelle mécanique, là.
C'est-à-dire, tu te déplaces avec la caméra pour voir c'est quoi le trajet et tout ça.
Mais sinon, si on est assis,
toi et deux, c'est par la
caméra, puis... même pas de
répétition.
Je te pose une question qu'on a
dû te poser 1000 fois, mais
comment est-ce que tu décrirais
ta relation avec Sylvie? Parce
que j'ai eu la chance de le
constater en t'écoutant me
parler de Sylvie et en écoutant
Sylvie me parler de toi. Sylvie
m'a dit quelque chose du genre, Guy pourrait être en danger n'importe où sur la planète. S'il m'écoutant me parler de Sylvie, en écoutant Sylvie me parler de toi, Sylvie m'a dit quelque chose du genre
« Guy pourrait être en danger n'importe où sur la planète.
S'il m'appelle, il a besoin de moi, je vais être là le plus
rapidement possible. » Moi, il n'y a pas beaucoup de gens
à propos de qui je dirais ça, à part ma blonde, ma fille,
quelques amis.
Mais Sylvie, c'est comme ma blonde. C'est-à-dire, on a
joué un couple. Je disais ça souvent aux gens, je disais
« C'est ma blonde de 9 à 5. Puis quand on a commencé à tourner
les Nouveaux
un gonne-fille,
c'est ma blonde, Mélanie Campo,
qui est productrice.
Puis j'ai dit,
il faut que je te le dise, c'est ma blonde de 9 à 5.
On visionne quelque chose,
elle vient s'asseoir sur moi,
on se touche, on se parle.
Nous autres, on est obligés...
Vous embrassez sur la bouche. parle. Nous autres, on est obligés... Vous embrasser sur la bouche.
Oui, bien oui, on est obligés.
Puis on est obligés d'être...
Comment je pourrais dire ça?
On se dit jamais...
Bon, bien là, à tel moment, pendant que tu vas dire ça,
je vais te mettre la main sur les hanches,
puis toi, tu vas me...
C'est naturel.
C'est naturel.
Il arrivera... De toute façon, c'est un plan-séquence.
Si ça a l'air fou, parce que pendant que je l'ai embrassé,
elle s'est penchée, puis elle m'a donné unence. Si ça allait être fou, parce que pendant que j'allais l'embrasser, elle s'est
penchée puis elle m'a donné un
coup de tête, on va recommencer.
Tu sais? Mais honnêtement, ces
affaires-là arrivent même pas.
Quand on a commencé à tourner,
ça faisait 20 ans qu'on avait
pas tourné ensemble. Tu sais,
genre, tu t'embrasses à un
certain moment dans une scène,
puis c'était même pas écrit en
même temps. C'est des affaires
où on tourne, on parle à
quelqu'un, puis d'un coup, les
deux, on se retourne en même temps pour se regarder en v affaires où on tourne, on parle à quelqu'un, puis d'un coup,
les deux, on se retourne en même
temps pour se regarder en
voulant dire, il est-tu tâté?
Mais il y a rien d'écrit dans le
texte, c'est qu'on se sent...
Ça fait que c'est ma blonde de
9 à 5. Puis je la connais par
coeur, elle me connaît par
coeur. On s'accepte comme on
est. On se protège. Puis moi,
je veux pas que personne fasse du mal, puis je veux pas que on s'accepte comme on est, on se protège.
Puis moi, je veux pas que personne fasse du mal,
puis je veux pas que personne soit méchant avec elle.
Tu sais, moi, c'est la reine sur le plateau,
je veux que tout le monde soit gentil avec elle
puis qu'elle s'occupe d'elle,
parce que quand elle est heureuse,
elle est spectaculairement bonne,
alors que quand elle est malheureuse,
elle est juste très, très bonne. Puis ça, moi n'y a pas de place pour ce genre de...
Il n'y a pas de place pour des gens juste très très bons sur mon plateau.
On veut le meilleur.
On veut le meilleur. Puis moi je veux que Sylvie soit heureuse tout le temps.
Est-ce que tu accepterais de m'expliquer comment est née...
Non.
Non.
Comment est née l'idée du plan séquence?
C'est parce que tu n'en pouvais plus des montages trop agités qu'on voyait.
Moi, je viens de la génération musique plus.
C'est-à-dire, quand on faisait RBO, tu te fais maquiller quatre heures.
Puis là, tu fais huit plans de deux secondes dans une affaire.
Puis tu te dis, c'est bon.
Puis tu t'obstines en plus avec le réalisateur,
parce que tu te dis, mais ça me compte,
au montage, on aurait dû voir telle autre affaire.
Puis là, t'interviens, puis ça.
Puis moi, j'haïs ça, me faire maquiller.
J'ai toujours haïs ça.
J'haïs ça, les vêtements.
J'haïs ça, me faire maquiller.
J'aime le résultat.
Merci d'emporter aujourd'hui, quand même.
Oui, quand même.
Je t'ai demandé, je t'ai demandé la permission.
Mais tu sais, moi, dans la vraie
vie, j'aimerais ça pouvoir
claquer des doigts et être
arrangé instantanément en
Madame Brossard ou en Jean-Marc
Parrain ou en... Mais c'est pas
ça. Ça prend des heures et des
heures.
Puis quand je suis arrivé au
bout de ça avec RBO, quand on a
fait une... parce qu'on s'est
jamais séparés, on a pris une
pause, une sabbatique.
Bien, quand l'idée d'un gars, une fille est venue,
c'était comme une catharsis pour moi.
Je me disais, on met notre linge.
J'ai pas à décider si on fait un gros plan sur Guy ou Sylvie
ou la réaction shot, qui est tellement importante aussi,
en humour.
Est-ce que c'est mieux de me voir faire le gag
ou c'est plus drôle de voir
l'autre réagir au gag?
C'est souvent ça qu'on rit
parce que l'autre est pas content
ou n'importe quoi.
Puis tu commences tout le temps par faire
des two-shots ou des plans larges quand tu tournes.
Puis là, on fait un two-shot.
Puis c'est ça.
Pourquoi? Choisis, toi. Tu regarderas qui tu veux.
Puis si tu le regardes une deuxième fois,
bien là, mettons, si c'est moi qui parlais tout le temps,
bien, tu m'as plus regardé, mais là...
C'est le spectateur qui choisit, qui fait son propre montage.
Choisis qui tu veux.
Puis moi, de toute façon, même comme réalisateur,
en général, je regarde Sylvie.
Moi.
Même quand elle parle pas, je la regarde.
Parce que ses « reaction shots » sont formidables.
Oui.
Ça me fait rire.
Fait que même moi, je... Tu sais moi, je ne me surprends pas.
Je sais ce que je vais faire.
C'est moi qui l'ai fait.
Je regarde tout le temps celui, ou presque.
Mais le two-shot est fantastique pour la comédie.
De se casser le cul pour faire des plans,
séquences compliquées ou drôles ou surprenantes,
ça, c'est mon petit plaisir.
J'aime bien ça, faire ça.
J'aime ça trouver des...
On en a encore trouvé d'autres pour la prochaine saison.
Puis de ne pas en abuser non plus.
C'est que tu le fais, tu sais,
c'est comme un petit bonbon, tu sais.
Là, on va vous montrer qu'on est capables.
Mais j'aime bien ça, le plan séquence.
Un gars, une fille, c'est né...
C'est un projet qui est né
dans le contexte de Besoin d'amour.
Vous présentiez des vignettes, des scénettes,
comme ce qui est devenu Un gars, une fille.
Bien, j'avais demandé à Sylvie, qui était mon amie,
récente amie, elle avait joué avec nous dans Herbéau Hebdo.
Je lui avais dit, ils m'ont demandé pour faire un talk show,
ça tenterait-tu de faire des sketchs?
N'importe quoi, on n'a pas juste fait ça.
Puis j'en faisais avec d'autres aussi.
Je faisais des colloques avec Martin Petit,
qui d'ailleurs m'a toujours dit que j'avais fait le mauvais choix,
sinon notre série de colloques aurait fait le tour du monde.
Dont un gars de fille, mais ça ne s'appelait pas comme ça, ça s'appelait « Scène de la vie conjuguée »
ou « C'est net, je sais pas trop ». Ça a pogné, puis quand l'émission n'a pas été reconduite, on a fait un bout-à-bout,
puis ce bout-à-bout-là, tu sais, habituellement t'arrives en télévision, puis tu dis « On a un projet », mais là,
on avait déjà le démo, on l'a montré à Marie Perreault, à Radio-Canada, puis on l'a montré à Marie Perreault, à Radio-Canada. On l'a montré à Charles Royon.
Puis ils nous ont demandé d'en faire cinq.
Tu sais, au mois de mai, parce que le Canadien était éliminé, je sais pas trop.
T'arrives toujours dans des drôles de moments du Canadry.
Oui, mais moi, je crois pas...
Moi, je... Et encore aujourd'hui, moi, toutes les façons de fonctionner,
que c'est de même que ça marche, j'en respecte aucune.
Pour moi, je me dis pas, octobre arrive,
il faut que j'aille une idée à présenter.
J'ai jamais fait ça.
Non, ça a donné, c'était ça.
Ça a poigné tout de suite.
Dès le mois de septembre suivant,
on est en nombre avec des nouvelles émissions.
Donc, on est acquis rapidement pendant l'été, là,
pour que ça rentre en nombre.
Mais t'étais dans quel état d'esprit au moment
où Besoin d'amour a été retiré de l'antenne?
Parce que c'était un des premiers gros échecs de ta carrière.
J'étais dévasté.
Et il s'est passé deux affaires cette journée-là.
Je me rappelle, là, le jour où je l'ai appris.
J'étais dévasté.
Je me disais, voyons, tabagouette en plus, quatre saisons,
c'est une pose de cul qui me fait que...
Non, non, mais tu sais,
il me semble que c'est pour moi le plus gros problème.
Il y avait des bonnes idées dans Besoin d'amour.
Je me suis fait un cadeau hier.
J'ai visionné un épisode, il y en a quelques-uns sur YouTube.
C'est un épisode avec Linda Sorgini
qui vient présenter un album.
Ça, c'est peut-être pas la meilleure entrevue
de l'histoire de Besoin d'amour,
mais il y a Yves-Pé Pelletier qui est là.
Donc, c'est un moment évidemment excellent
parce que votre complicité.
Puis à la fin de l'émission,
il y a Mike Ward qui fait Henri.
Puis il présente des suggestions de cadeaux de Noël.
C'est très, très drôle.
Écoute, Mario Clément serait sûrement d'accord avec toi.
C'est pour ça qu'il me l'a demandé.
Mais la journée où j'ai appris la nouvelle,
évidemment, c'est vraiment pas le fun.
En plus, ils t'annoncent ça,
puis il te reste un mois et demi à faire.
Il faut les faire, les émissions, malgré tout.
Comme ils ont fait à Marie-Claude Parrette.
Tu sais, ils t'annoncent ça toujours
à un moment bien le fun.
On te crisse dehors, il te reste deux mois.
Mais ce soir-là, il y avait eu,
je pense que c'était à l'Arena Maurice Richard, une émission spéciale des quatre réseaux sur le sida.
Oui, c'est là que Mithu a reçu les résultats de son test de dépistage en direct.
Bon, alors moi, je représentais quatre saisons.
Ça fait que pendant que je m'en allais à l'Arena Maurice Richard, je pleurais dans mon char.
Puis là, je suis arrivé dans une place de 10 000 personnes
qui ont soit le sida ou c'est des victimes,
bien, tu sais, des gens qui accompagnent,
des parents ou des chums.
Fait qu'au bout de deux ans, j'ai dit...
OK, c'est pas super grave, ce qui m'arrive.
Ça arrive à bien du monde.
Tu sais, d'ailleurs, j'ai eu beaucoup de plaisir
à finir la saison justement à bien du monde. D'ailleurs, j'ai eu beaucoup de plaisir à finir la saison,
justement à cause de ça.
Je me suis dit, wow, j'ai encore de l'argent à recevoir,
de la job à faire, du plaisir, puis je suis pas malade,
moi, je l'ai pas, je suis pas séropositif, tu sais.
Puis l'autre affaire, dès que ça a été annoncé,
j'ai reçu 40 offres d'emploi en une semaine,
allant des grosses affaires.
Veux-tu animer le show du matin?
Veux-tu faire une chronique?
Je les notais.
Je faisais juste noter sur une ligne,
une feuille de catégorie,
puis j'avais une page et demie d'offres de job.
Ça fait que ça, j'ai dit OK.
Clairement, pour les gens, je suis un créateur,
ou bien en tout cas, je suis quelqu'un qui est assez populaire.
Ma carrière ne se terminera pas ici.
Non, mais je vais t'avouer que c'est surtout cette soirée-là,
avec des gens séropositifs,
puis il y en avait là-dedans qui étaient assez maganés,
parce que les traitements... Tu sais, j'ai rencontré quelques personnes sur le bord de Moray.
Ça fait que, disons que ma contrariété professionnelle,
ça n'a pas duré trop longtemps.
Je me suis offert un autre cadeau hier.
Je suis allé visionner, toujours dans YouTube,
une entrevue que tu as accordée à Véronique Cloutier en 2005.
Donc, ça fait 18 ans.
Puis, le sujet de l'entrevue, c'est ta contrariété.
C'est le vieillissement, tu lui dis
à quel point t'aimes pas ça,
vieillir.
Puis c'est comme si tu parlais
comme si tu te sentais déjà
vieux à ce moment-là.
Je me suis toujours senti
vieux. J'aime pas ça vieillir.
J'aime pas vieillir et,
paradoxalement, je regrette pas
le passé.
Tu sais, moi, j'ai eu du fun à
l'université, j'ai eu du fun au
début de l'AOBO, à CIBL, j'ai
eu du fun en tournée, mais...
Je repense jamais à ça, me disant « Ah, c'est tel bon temps, puis il faudrait... »
Je suis content d'en parler, mais dès qu'on a fini d'en parler, j'y pense plus.
Puis le fait de vieillir...
Tu sais, moi, quand j'étais jeune, j'étais en super forme physiquement, entre autres.
Puis là, bien, j'étais en super forme physiquement pour un gars de mon âge.
Il y a toujours un bémol à la fin de la phrase.
Oui. Je suis, tu sais, vraiment,
pour un gars de mon âge, je suis bien correct, là.
Mais c'est pas
comme il y a 20 ans, puis il y a 30 ans.
Puis en plus, quand tu as des enfants,
ça va plus vite parce que
les enfants grandissent
et vieillissent tellement rapidement
que tu te vois vieillir.
Tu sais, je pense pas que t'aies 45 ou 55 ans ou 35 ans,
qu'entre 35 et 36, ça a passé plus vite qu'entre 45 et...
Mais quand t'as des enfants à côté de toi,
puis il y en a un qui, en un an, il a commencé à marcher,
ou bien, tu sais, qui a appris une langue au complet,
tu dis, « Eh, Tabern, OK, Tabarouette, ça va donc.
Puis moi, je fais des affaires de plus en plus lentement.
Mais je me rassure en me disant que dans ma tranche d'âge,
les 62-95, je planche pas mal tellement.
Mais cette peur-là de vieillir,
est-ce qu'elle s'atténue
ou elle s'accentue avec les années?
Parce que là, tu...
Ça s'accentue.
Oui?
Oui.
Oui, oui, j'aime pas bien.
Ma crainte serait d'être malade longtemps.
J'ai vu mon père paralysé pendant 10 ans.
Il était déjà pas agréable,
mais paralysé, il était carrément insupportable.
Puis il était pas content de vivre.
Fait que quand t'as une maladie de même, maladie ou un état, là,
tu sais, puis tu passes 10 ans à t'en amourer,
j'aimerais ça éviter ça.
Que ta mère soit partie très tôt, elle avait quoi, 40 ans?
Ma mère est morte quand j'avais 20 ans.
Elle est morte devant moi.
Ça, ça...
Mais déjà, j'avais une certaine urgence de vivre.
Ça a accéléré. Moi, ilavais une certaine urgence de vivre.
Ça a accéléré.
Moi, il faut que les choses se fassent.
Puis, tu sais, je te dis que je regarde pas c'est quoi les deadlines,
puis je présente des affaires quand ça me tente,
mais à partir du moment où je vais les faire, là,
je deviens extrêmement impatient, tu sais.
Si ça te prend deux jours de me donner une réponse,
je trouve que t'as passé une journée trop amnésie.
Je ne suis pas très, très, très patient.
Puis ce que j'aimerais, une des raisons pour lesquelles j'aimerais ça vivre encore quelques années,
c'est que j'aimerais ça amener mes enfants à l'âge adulte, mes plus jeunes.
Ils ont quel âge maintenant?
8 et 13.
Puis encore là, quand sais, quand les jeunes...
Des fois, le monde, il me disait...
« Hey, t'as fait... »
Tu sais, j'ai eu mon premier à 30 ans, ça, c'est correct,
mais tu sais, j'ai eu Béatrice à 49,
mon petit gars à quasiment 55,
puis le monde me disait...
« Ouais, mais tu sais, tu vas être vieux quand... »
Je disais, « Regarde, moi, ma mère, elle m'a eu à 20 ans,
elle est morte à 40.
Ça fait que, honnêtement, je pense,
je fais déjà mieux qu'elle.
Avec mon plus vieux, là, j'ai...
Tu sais, mon plus vieux, il a 31 ans,
puis il m'aime beaucoup, là.
Puis lui, il a quand même 11 ans de plus que moi de vie
avec son père et sa mère, tu sais.
Ça fait que c'est déjà pas pire.
J'imagine qu'il y a le moment où on devient plus vieux
que sa mère, qui est morte.
C'est un moment particulier,
lorsque tu as atteint l'âge de 40, 41 ans.
Oui, j'ai eu une violente réaction.
Mais ça a été, d'ailleurs, c'était à peu près le moment
où je prends ma retraite.
Ça, c'est l'arrêt d'un
run-fee qui aurait pu continuer.
On a vraiment décidé,
Sylvie et moi, de l'arrêter
au top. Mais, tu sais, cette
émission-là, on aurait pu
faire... On aurait pu spinner
dessus, là. Tu sais, on aurait
pu faire... Mais pour moi, ça
est arrivé... Début de la
quarantaine, pour moi, c'est
devenu comme des moments
charnières. Ça, j'arrête ça.
Tu sais, dans ma vie personnelle, il est arrivé des affaires aussi.
C'est comme...
Ça a été comme un choc existentiel pour moi.
Je suis plus vieux que ma mère.
À mon âge, tu sais, c'est comme...
Parce que tu te lèves un matin, puis tu te dis...
Ma mère, elle s'est levée à mon âge, là, puis elle est morte.
Elle a fait un anivris, elle s'est levée un matin,
puis elle est morte.
En fait, elle est tombée dans le coma. Mon père m'a appelé,
je suis arrivé à l'hôpital et elle est morte devant moi. C'est ça l'histoire.
On ne savait pas qu'elle avait ça, probablement parce qu'elle n'allait
jamais chez le docteur, mais comme elle fumait quatre paquets de cigarettes,
elle buvait et elle prenait la pilule depuis 1960, la pilule qui, à l'époque,
pouvait stériliser une vache.
Tu sais, c'était 10, 15 fois,
je sais pas quoi, la dose.
Ça fait que le docteur a dit...
Son cerveau a explosé, tu sais.
Mais toujours est-il que la
veille, elle, pas plus que moi,
on savait que c'était pour
arriver, tu sais. Ça fait que ça,
ça te donne une chance de faire les choses et d'essayer des affaires. Parce que tu te dis,
bien, je ne sais pas moi, moi, tu sais, des fois, je rencontre des gens qui disent,
ah oui, là, j'ai 30 ans, mais moi, j'aimerais ça prendre ma retraite à 55, puis là, je vais
travailler à Imane, là, tu sais, si tu peux voyager puis fourrer, profites-en,
parce que tu sais pas pantoute ce qui va arriver à 55 ans.
Je veux dire, je te le souhaite, la moyenne est là,
mais il y a quand même des assureurs
qui, statistiquement, font des calculs sur toi
en espérant faire du cash, là.
Fait que profites-en au moment où ça arrive.
Maintenant, c'est toujours le meilleur moment pour voyager et faire l'autre affaire.
Oui. N'importe quelle affaire qui te rend heureux, en fait. Je dis fourré, parce que
j'aime ça dire ça, ce mot-là, en entrevue. Parce qu'il y a tout le temps des gens qui
backent. Mais en même temps, appelons ça faire l'amour ou appelons ça juste être
heureux. Quand tu es heureux, tu es bien avec quelqu'un,
tu n'as pas le goût d'aller t'attacher une ceinture d'explosifs puis aller te faire sauter
dans une gare. C'est pour ça d'ailleurs que souvent, quand il y a des kamikazes comme ça ou
bien des djihadistes, ils éloignent des femmes et des enfants puis ils crissent dans des camps,
faire des push-ups avec des gars qui s'en pressouignent.
Pour nourrir leur désespoir.
Puis leur colère. Mais tant que t'es en amour,
t'aimes ça
chienner au lit
avec tes enfants, puis ta blonde,
ou regarder un film collé.
La perspective d'aller
faire exploser à la gare Windsor
est moins
intéressante. Je pensais pas qu'on en viendrait
au cours de cet entre-temps.
Vraiment qu'on m'a jamais offert ça directement.
Moi, j'aime ça considérer
toutes les offres qu'on me fait,
mais celle-là, je pense pas que je la garderais longtemps.
En décembre 2021,
je vais te déclarer
à ma collègue Chantal Guy,
je suis un privilégié, peut-être parce que
je n'avais pas fondamentalement le goût de faire ça dans la vie et que je suis toujours à une contrariété de sacré bonheur.
Mais c'est vrai. Je ne sais pas si je suis le plus privilégié de l'union des artistes,
mais certainement un des deux, trois. Toute ma vie, j'ai fait juste les projets que je voulais,
comme je voulais, avec à peu près aucune contrariété,
même pas assez, je suis même pas capable de me rappeler d'une,
que je pourrais te donner en exemple.
Jamais. Jamais, jamais, jamais.
Fait que c'est sûr que n'importe quel métier,
puis je te dis, tu vas faire juste des affaires que t'aimes,
c'est sûr que t'es un privilégié,
parce que t'entends du monde qui dit
« Ouais, on a eu une réunion,
puis ils nous ont demandé de changer notre approche
ou le producteur aimait pas mon montage de film,
il a fallu que je le change
ou bien on m'a dit que mon personnage était trop,
puis il fallait maintenant qu'il s'habille de même. »
Moi, ça m'est jamais arrivé, ça.
Puis je sais pas, en fait,
c'est ça que j'essayais de dire à Chantal Guy.
Je pense que je réagirais très mal.
Je pense que je dirais, est-ce que j'ai massé ce métier-là pour aller tourner,
mettons, dans un...
Je te donne un exemple fictif.
Télé-roman que je trouve moyen, avec un réalisateur que je trouve pas bon, avec du monde qui font
ça de façon alimentaire. Je pense que non. En fait, je suis sûr que non. Mais parce
que j'ai eu la possibilité de faire toutes les affaires le fun. Tu sais, à partir du
moment où tu es RBO, un gunfit, tout le monde en parle. C'est ça qui est écrit, d'ailleurs, sur mon réseau
sociaux. Le reste, c'est écrit
RBO,
1G1F, TLMEP,
etc.
On a déjà vu Pierre comme CV.
Et puis le etc,
c'est pas du mépris.
Enlève les trois premiers, puis regarde ce qui reste.
C'est le fun en tabarouette.
Mais c'est quand même etc.
Fait que quand...
Fait que je suis bien... Je suis privilégié.
Mais s'il fallait que tu gagnes ta vie
puis que tu acceptes de jouer dans un téléroman moyen,
est-ce que tu préférais faire ça ou être pauvre?
Parce que t'as quand même le luxe de pouvoir dire non.
Oui, oui, mais ça, c'est un what-if.
Ça, c'est... Je y sais des what-ifs.
Parce que t'es mieux de travailler dans une job
que tu sais faire
que de travailler dans une job que tu connais pas
puis où tu vas pas.
Bon, il fallait que je gagne ma vie, comme tu dis.
Mais c'est pour ça, entre autres,
que moi, quand je vois des collègues
qui jouent dans des séries ordinaires
ou qui font, mettons, des pubs.
Parce que c'est correct de faire de la pub,
mais des fois, il y a des pubs qui sont plates.
Mais tu dis, bien oui, mais il faut qu'il gagne sa vie.
Il faut qu'elle gagne sa vie.
Ils ont des engagements, ils ont des hypothèques.
Ça fait que ça, moi, je trouve ça bien normal.
Alors, pour répondre à ta question hypothétique,
bien oui, je le ferais.
Ma question que tu adores.
Non, mais elle est totalement hypothétique.
Mais de toute façon, c'est vrai que c'est mieux d'être riche et en santé
que pauvre et malade.
Yvon avait raison, oui.
Les gens sur Twitter, réseau social,
que tu as quittés récemment,
il y avait beaucoup de gens qui te reprochent.
C'est un reproche qui revient souvent d'être un bourgeois,
un bobo, etc.
Puis, lorsqu'on s'est parlé récemment
pour convenir d'un moment
où on pourrait se rencontrer pour cette entrevue,
merci d'être là.
Ça a été un peu difficile de trouver un moment
parce que t'es très occupé.
Mais donc, tu m'appelles en fin de journée.
Tu me dis que ça fonctionne.
On a trouvé une date.
Donc là, je sors dehors.
Je dis à ma blonde,
« Yes! J'ai booké Guy à l'opage.
Ça fonctionne. »
Je rentre dans la maison pour me déboucher une bière.
Tu m'avais rappelé pour me dire, finalement, je me suis trompé.
Je me suis trompé d'une semaine.
Oui, c'est ça.
Je t'ai donné exactement la mauvaise journée.
Mais là, je t'ai répondu, Guy, c'est bien plate,
je viens de m'ouvrir une bouteille de champagne.
On va le recaler, on va trouver...
Et là, tu m'as dit, tu viens vraiment d'ouvrir du champagne?
J'ai répondu, non, je me suis juste ouvert une bière
parce que je ne bois pas du champagne.
Et là, tu m'as dit quelque chose du genre « On demeure toujours ce qu'on a été,
on demeure toujours le milieu dans lequel on a grandi. »
Oui, moi je viens de Schlager Maisonneuve. On a déménagé 19 fois, moi, à peu près,
ma famille. Puis après ça, moi, quand j'étais jeune étudiant. Alors, j'ai 62 ans, je suis propriétaire depuis que j'ai 24 ans. Donc, ça fait 38 ans.
Ouais. Je descends encore les marches sur le bout des pieds pour pas déranger le locataire du bas,
que je n'ai pas. Je suis un locataire dans ma maison.
Je ferme les portes pas fort pour pas déranger les voisins qui ne m'entendent pas.
Alors que mes enfants...
Bac, bac, bac, bac, bac, bac, bac!
Ils ferment les portes. Bac!
Puis tout ça.
Puis moi, à chaque fois, je...
Fait qu'on est d'où on vient.
Tu sais, moi, je dis souvent que je suis un parvenu,
puis le monde dit, ah, c'est dégueulasse comme mot. Je disu, puis le monde dit « Ah, c'est dégueulasse comme mot. »
Je dis « Bien non. »
Ça veut dire « Oui, c'est dégueulasse comme mot. »
Ça peut avoir une connotation.
Ça en a une.
C'est quoi un parvenu?
C'est quelqu'un qui s'est sorti d'un milieu X
pour accéder au suivant.
C'est juste ça, un parvenu.
Il est parvenu à se sortir de la misère financière,
les emplois,
l'éducation primaire, n'importe quoi, là. C'est ça.
T'es parvenu à ça, puis t'espère que tes enfants
ou tes héritiers vont faire un step de plus.
Mais tu vois, là, j'habite sur le plateau Mont-Royal.
Parce que t'es le maire de la clé du plateau,
le patron, le grand président.
Moi, je suis le roi du plateau,
et je veux juste préciser une chose,
c'est qu'à peu près toutes les décisions
qui ont été faites sur le plateau depuis 20 ans,
je suis contre.
La seule raison pourquoi je reste sur le plateau,
c'est parce que ma maison est super belle
puis qu'elle est payée.
Je suggérerais jamais à personne de mon entourage
est-ce qu'on devrait déménager sur le plateau.
Non, ça va te coûter trop cher,
tu vas te faire chier,
tu vas avoir plein de désagréments,
tu ne pourras pas te parker,
toutes les rues sont bloquées,
les sens interdits.
Écoute, je connais tous les trucs
et je ne les dis même pas au monde
parce que j'ai peur que quelqu'un s'en rende compte
et qu'il bloque mes trucs.
Fait que je suis pas un roi du plateau, en fait.
Faut pas me connaître
et faut pas connaître le plateau pour penser ça.
Mais toujours est-il qu'un jour...
Tu sais, moi, être sur le plateau,
propriétaire d'une maison, là,
non seulement c'était pas dans mon plan de match,
mais j'ai vraiment atteint quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. propriétaire d'une maison, non seulement c'était pas dans mon plan de match, mais
j'ai vraiment atteint quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. Puis récemment, je
me promenais avec ma blonde. Tu sais, ma blonde, elle aime ça les maisons, puis tout ça.
Puis à chaque fois qu'on visite une location, elle dit «on serait bien dans ce coin-là»,
puis c'est ça. Puis j'ai dit «oui, oui, oui, on serait bien. Mais moi, je suis parvenu dans cette maison-là.
J'ai parvenu à acheter cette maison-là.
Puis je ne me vois pas aller jouer au Bobo,
à Ville-Mont-Royal, à Outremont, à Westmont,
alors que je peux
tous les acheter, ces hosties de maison-là, mais j'ai pas
d'affaires là. Je me vois pas là, c'est pas mon milieu,
c'est pas mon monde, je m'identifie pas. Mais acquérir
le bâtiment, oui, mais l'assumer puis rester dedans, non.
Est-ce que tu sens que ton image de gars hautain
te colle encore à la peau ou que...
Je m'en calisse.
Hé, Dominique, moi, là, j'ai un fan base
depuis des années du monde qui me suit,
malgré toutes les affaires que je dis.
Je suis un privilégié.
Le monde qui m'aime pas ou qui aime pas ce que je fais,
malgré le fait qu'ils ont eu plein d'occasions,
dont des entrevues comme ça, à écouter ou éventuellement à faire évoluer leur passé, s'ils l'ont pas fait, c'est leur case de problème.
Je m'en fous, là, complètement.
Moi, j'ai trop d'amis pour le temps que je peux leur accorder.
D'ailleurs, je les remercie parce que j'ai vraiment des bons amis. Puis j'ai 10 fois trop de public pour ce que
j'aurais espéré avoir quand
j'étais jeune. Alors, je
remercie aussi ces gens-là qui
me suivent depuis 42 ans. Puis
les autres, bien, faites comme
moi, je fais avec vous. Vivons
notre vie séparément.
Mais c'est exceptionnel, ça.
Quand même, c'est exceptionnel, ça.
Quand même, c'est précieux que t'arrives à t'en calisser
parce qu'il y a beaucoup de gens qui auraient le luxe
de s'en foutre de l'opinion des autres,
des gens qui sont très populaires dans le monde du showbiz, par exemple,
et qui sont obsédés par ce que les autres pensent.
Les gens sont insatiables.
Les gens ont de l'argent, ils n'en ont pas assez.
Ils ont un public, ils n'en ont pas assez.
Puis ils sont prêts à faire toutes sortes de salamalek
pour être plus aimés, pour changer leur image, pour...
C'est... Je trouve ça pathétique.
Parce que ça marche pas tant que ça.
Et en plus, les gens qui t'aimaient à la base,
pour ce que t'es, bien, ils s'intéressent plus à toi.
Tu risques de les aliéner.
Oui. Moi, je te dis, moi, je...
Je vis avec les gens avec qui je m'entends bien. les aliénés. Oui, moi, je te dis, moi, je...
je vis avec les gens avec qui je m'entends bien. Je suis content
quand les gens qui aiment ce que je fais aiment ça. Quand ces
gens-là ont des critiques à faire, je les écoute parce que,
comme c'est des personnes qui me suivent depuis longtemps, si je
suis en train de chier ou prendre le mauvais bord, c'est ces
personnes-là que je vais écouter.
Il y a un groupe de personnes qui t'écoutent
lorsqu'on dit Guy, ça, peut-être que c'est pas
une super bonne idée.
Oui, oui.
Puis, il y a Mélanie Campo,
ma charmante épouse et productrice.
Jacques Caprimo, mon gérant depuis 42 ans.
André Duchamme, fidèle allié depuis les tout débuts.
Guillaume L'Espérance.
Disons que quand ces personnes-là, il y en a d'autres,
mais disons, quand eux, là, me parlent chacun de leur côté
puis qu'ils emploient le même mot dans la discussion,
je me dis, bon, un, ils se sont parlé.
C'est une intervention.
Oui, c'est une intervention,
mais les interventions se font jamais à quatre, là.
Ils se font quatre fois.
Guy, il me semble que t'as l'affaire.
D'ailleurs, ma blonde, tantôt, elle m'a dit...
En allant en auto, elle a dit,
« T'as le droit de dire tout ce que tu veux,
mais sois gentil. »
Ça, elle me le dit souvent.
« Sois gentil. »
Je disais, « Tu trouves que je suis pas gentil? »
Elle dit, « Non, t'es gentil,
mais tu te sens pas obligé de l'être. »
Mais ça, moi, je trouve pas que c'est un défaut.
Parce que je te fais un compliment, c'est un défaut. Parce que je te
fais un compliment, c'est un vrai compliment. Je suis pas un têteux. Puis si je suis gentil
avec toi, c'est parce que je trouve que t'es gentil puis tu mérites que... Mais je suis
pas gentil avec tout le monde. Si quelqu'un m'accroche sur la rue puis qu'il me pogne
par l'épaule, « Yo, Steve, viens ici », ça se peut que je pète le doigt, t'sais. Ça,
ça se peut. Parce que j'aime pas ça qu'on me fasse ça. Merci de pas avoir pété aucun de mes doigts aujourd'hui.
Ben attends, je suis pas sorti de la pièce.
Je te pose une dernière question, Guy. Parce que le titre de ce balado, c'est «Juste entre
toi et moi». Est-ce que tu aurais quelque chose à me dire en conclusion qui resterait
«Juste entre toi et moi? Oui, oui, sûrement. Hum...
Tu sais, on a parlé de...
de ma carrière et de mes projets,
mais selon moi, mes...
trois plus beaux projets,
c'est mes enfants.
Puis, ça devrait être ça
pour tout le monde.
Les enfants, quand ils viennent
dans leur maison, ça devrait être
un refuge, ça devrait être l'endroit
où tu as le droit de tout dire, de tout faire, où on va te valoriser, où on va te câliner,
où on va te consoler. Moi, je n'ai pas vécu ça. Je ne savais pas que ça me manquait,
mais je m'en rends compte maintenant quand je vois à quoi je sers comme papa avec mes enfants,
qui ont trois caractères différents, puis qui m'aiment beaucoup,
bien, je me dis, OK, c'est ça qu'un parent doit faire.
Tu sais, il doit être présent pour ses enfants, parce que ces personnes-là, ce ne sont pas des adultes.
Tu sais, ta blonde ou ton conjoint ou ton collègue de travail,
c'est un adulte.
Il a le droit d'ouvrir leurs portes et s'en aller
s'il n'est pas content.
Un enfant de 10 ans, il ne peut pas s'en aller.
Il n'est pas nié avec toi, il n'est pas nié avec ton caractère,
il n'est pas nié avec tes colères,
il n'est pas nié avec ton absence de temps à lui accorder.
Moi, je suis très, très, très fier d'être papa. J'ai déjà dit un jour, en blague, moi, quand je vais mourir,
j'espère que mes enfants vont avoir de la peine,
parce que moi, quand mon père est mort, j'en avais pas.
Merci, Guy. Bien vu.
C'était très beau, ce que tu viens de dire.
Si tu avais continué 30 secondes de plus,
tu allais me faire pleurer.
Merci beaucoup.
Bienvenue.