Juste entre toi et moi - Janette Bertrand
Episode Date: December 4, 2023À 98 ans, Janette Bertrand continue sa lutte de toujours contre le patriarcat. La chaleureuse rebelle reçoit Dominic dans son salon le temps de parler (pour parler) de son empathie envers les margin...aux, du pouvoir des mots, de la mort et de son désir de vivre intensément, jusqu’à la fin.
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Sous-titrage Société Radio-Canada C'est un grand jour, juste entre toi et moi, parce que je reçois une grande.
Une grande de la culture québécoise, une grande québécoise.
En fait, c'est elle qui nous a reçus chez elle, dans son salon.
Aujourd'hui, je vous présente ma rencontre avec Mme Jeannette Bertrand.
Mme Bertrand, elle a 98 ans et elle est d'une énergie que j'ai du mal à vous décrire.
On emploie un peu trop souvent l'adjectif incroyable,
mais l'énergie de Mme Bertrand, elle est purement incroyable.
Mme Bertrand, elle est au courant de tout ce qui se passe dans l'actualité,
elle est intéressée à l'autre.
Ça ne faisait pas deux minutes que j'étais chez elle qu'elle me posait déjà des questions sur ma vie, sur ma famille.
Et elle a beaucoup d'humour.
Mme Bertrand, elle vit dans un imposant immeuble du centre-ville de Montréal. Elle vit à l'étage supérieur. On a une vue imprenable
sur l'ensemble de la ville et sur les immeubles environnants, notamment sur l'hôtel Omni. Et
Mme Bertrand nous racontait que, puisqu'elle est dyslexique, elle a longtemps pensé que l'hôtel Omni s'appelait en réalité l'hôtel OVNI.
On a pas mal ri quand il nous a raconté ça.
Je me permets de vous rappeler que vous pouvez lire le texte que j'ai tiré de cette rencontre
dans la presse plus, sur lapresse.ca ou sur la presse mobile.
Vous pouvez aussi nous laisser une bonne note ou un commentaire sur Apple Podcast.
Ça contribue au rayonnement de notre travail.
Bon, au début de notre conversation,
je racontais à Mme Bertrand comment j'avais été troublé
il y a quelques semaines lorsque j'ai interviewé
la réalisatrice et autrice Léa Clermont-Dion.
Léa, elle a consacré un très beau documentaire à Mme Bertrand
dans le dernier qui s'appelle « Jeannette et filles ».
Et Léa, elle a lancé il y a quelques semaines
un livre intitulé « Portez plainte »,
dans lequel elle raconte le processus judiciaire
qui a mené à la condamnation de son agresseur.
Et j'ai reçu, à la suite de la publication de mon article,
un nombre considérable de messages de gens
selon qui Léa Clermont-Dion ne cherchait qu'à se rendre intéressante
en dénonçant et en portant plainte contre son agresseur.
Donc, c'est à ça que Mme Bertrand réagissait
au début de notre conversation.
Le voici, mon entretien avec la plus chaleureuse des rebelles,
Jeannette Bertrand.
Sous-titrage Société Radio-Canada Juste entre toi et moi, ça restera entre toionyme, que la vraie couleur des gens sort.
Et cette couleur-là, c'est la couleur de la misogynie.
C'est quand, tu sais, on est allé tellement vite, on est devenu tellement vite mairesse de Montréal.
Mme Marois, qui est devenue première ministre,
les femmes qui sont maintenant dirigeantes d'Hydro-Québec et tout ça,
on est devenu... Les hommes ont peur.
Les hommes ont peur.
Et c'est ce qu'on appelle le backlash, le retour du...
Le ressac, oui.
Le ressac. C'est le ressac.
En ce moment, il y a un gros, je ne sais pas si tu es au courant,
il y a un gros, gros, gros mouvement conduit par un gars qui a un passé...
Horrible.
Horrible.
Oui, adjouté, effectivement.
Et puis, sur les réseaux sociaux,
ils disent aux petits gars que c'est à eux autres
d'être chef de la famille.
Parce que 8000 ans
de domination des femmes.
Les femmes ont été dominées
pendant 8000 ans.
Depuis peut-être 50 ans.
Depuis 70 peut-être.
Depuis les années 70,
les femmes
prennent du poil de la bête
et ça fait pas l'affaire à certains
hommes. Puis je comprends
presque.
Le boss qui veut pas
séparer. Qui veut pas séparer
sa puissance.
Comment est-ce que
vos souvenirs de vos parents se transforment dans votre
mémoire? Parce que dans la nouvelle édition
de votre autobiographie, vous dites
que votre amour pour votre mère
grandit à chaque année.
Oui. Ça prend du temps
avant de comprendre ses parents.
Et ce qui me fait
beaucoup de peine,
et je voudrais le dire à beaucoup de gens,
posez des questions à vos parents.
Parce que quand ils ne seront plus là, vous allez le regretter. J'ai pas su ça de papa. C'était quoi sa vie amoureuse
avant maman? J'ai pas su ça de maman. C'était quoi? Qu'est-ce qu'elle pensait de telle
chose? On est dans l'adolescence, on est contre les parents. Il en reste toujours un
peu. On va avoir une personnalité autre que sa mère ou son père.
Alors, moi, je dis aux jeunes,
posez-leur des questions,
vous allez le regretter plus tard.
Parce que vous allez dire,
il était qui vraiment? Je ne l'ai vraiment pas connu.
Je ne l'ai connu que comme antagoniste
qui ne voulait pas que je fasse quelque chose,
qui ne voulait pas que je sorte,
qui ne voulait pas que j'aille là,
qui voulait se mêler de mes affaires.
Alors qu'avec le recul, on comprend beaucoup de choses.
C'est le recul qui aide quand on vieillit.
Pourquoi est-ce qu'on est si gênés que ça
de poser des questions à nos parents?
Ce n'est pas qu'on est gênés,
c'est que d'abord, les parents, ils ne font pas l'amour.
Alors qu'on est, la plupart du temps,
on est la preuve même qu'ils ont fait l'amour au moins une fois.
Au moins une fois, mais non,
c'est fini entre eux, ça.
Ça, c'est très jeune.
Tu veux pas voir ça de ce côté-là.
Alors quand ils se séparent,
quand tes parents se séparent,
moi, ils sont pas séparés,
mais il y a tellement de parents qui se séparent,
les enfants n'ont pas posé les vraies questions.
Pourquoi exactement vous vous séparez?
Pourquoi?
Elle faisait plus ton affaire, elle était plus celle que t'as aimée. n'ont pas posé les vraies questions. Pourquoi exactement vous vous séparez? Pourquoi?
Elle ne faisait plus ton affaire,
elle n'était plus celle que tu as aimée.
On ne sait pas ça de nos parents.
Alors, on sait peu de choses, finalement.
En 1969, il y a un jeune chanteur,
Robert Charlebois,
qui a écrit une chanson à votre sujet,
Madame Bertrand.
Donc, à ce moment-là, vous aviez autour de 44-45 ans.
Vous étiez jeune. Elle est dyslexique, elle ne s'est pas comptée.
Vous étiez jeune, mais vous étiez
Mme Bertrand. Puis là, aujourd'hui,
pour la majorité des Québécois,
vous êtes Jeannette. Vous êtes
une des rares personnalités publiques
qu'on reconnaît simplement à son prénom.
Il y a Céline, Yvon
et Jeannette. Comment est-ce que Mme Bertrand
est devenue Jeannette
à travers les années? Ça a pris bien, bien
du temps. C'est une longue
histoire, très difficile.
Fait de haut
et de bas, je suis une battante.
Je me suis battue pour être reconnue.
Pas pour être populaire,
mais pour rejoindre les gens.
Quand j'ai fini ma septième année à l'école Gédéon-Rouimet, rue Iberville et Ontario,
sur Ontario, coin Iberville, dans un quartier défavorisé, il n'y avait que quelques élèves,
deux, trois peut-être, qui continuaient leurs études.
Toutes les autres, Toutes les autres.
Ça en allait travailler à 12 ans, 13 ans, 14 ans.
C'était ça.
C'était ça que les parents avaient besoin.
T'avais trop d'enfants,
il fallait que les enfants travaillent.
Il fallait qu'ils se rendent utiles.
Il faudrait qu'ils se rendent utiles.
Et puis moi, mon père, il a voulu que j'étudie.
Pas la première fois,
parce que quand je lui ai demandé,
il m'a dit, pourquoi faire, tu fais, tu vas changer des couches.
Parce que c'était ça. Et ça, qu'on me dise que ma vie, c'était changer des couches, bien, j'ai fait autrement.
Je voulais pas ça. Je l'ai fait. Remarque que je l'ai fait.
Oui, mais déjà, vous sentiez qu'il y avait une injustice là-dedans.
Moi, c'est ça. La grande base de ma vie, avec le recul maintenant,
c'est l'injustice.
C'est que tous mes frères
avaient tout, tout, tout, tout.
Ils pouvaient prendre l'auto de papa,
ils avaient de l'argent de poche,
ils faisaient les cours classiques.
Les trois étaient aux cours classiques.
C'était des dieux, mes frères.
Moi, j'étais, ce que mon père disait,
rien qu'une fille.
Et ça, dans mon âme, il y avait beaucoup qui l'acceptaient.
« T'es rien qu'une fille, c'est ça. »
Moi, j'ai dit non.
Écoute, il y aurait eu une pilule pour devenir un gars, je pense que je l'aurais cru.
Parce que tellement l'injustice était grosse.
Injustice de toutes parts.
On n'avait pas le droit à l'injustice était grosse. Injustice de toutes parts. On n'avait pas droit à l'instruction.
On n'avait pas le droit d'être médecin. On n'avait pas le droit. Les filles, elles
n'allaient pas là. Elles n'étaient pas capables. Mon père, que j'adore, il me disait, parce que je
parle de lui tout le temps dans mes livres, mon père, il me disait « Pourquoi une femme voterait?
Tu sais bien qu'elle ne connaît pas ça, la politique.
Alors, si je pars de là, me faire dire ça à l'année,
bien, je suis une rebelle, finalement.
Je me suis rebellée.
Dans votre autobiographie, vous écrivez,
au sujet de votre père, toujours,
pour papa, l'être humain naît bon,
c'est la vie qui le rend mauvais.
Oui, oui, tout à fait.
Vous, vous en avez vécu quand même pas mal,
des épreuves dans votre vie. Oui. Très tôt, la tuber rend mauvais. Oui, oui, tout à fait. Vous, vous en avez vécu quand même pas mal, des épreuves dans votre vie, très tôt, la tuberculose.
Vous avez perdu des jumelles, votre première grossesse.
Oui, oui.
J'étais bouleversé en lisant les premières pages de votre livre
où vous racontez tout ça.
Comment est-ce que vous êtes restée une femme bonne
malgré ces épreuves-là?
Je ne sais pas.
Parce que je m'étais donnée comme mission, probablement,
maintenant que j'y pense,
je m'étais donnée comme mission
d'améliorer le sort des femmes.
En améliorant le mien.
C'est égoïste.
Si j'améliore mon sort, les autres femmes vont être améliorées.
Et c'est comme ça que j'ai...
Une des grandes inégalités
entre les hommes et les femmes,
c'était que les maris
avaient toute l'autorité
sur leur femme.
Écoute, mon père m'a raconté
que
si tu voulais te débarrasser
de ta femme, le divorce n'existait pas,
avec l'aide d'un médecin,
tu pouvais signer
et la faire enfermer à Saint-Jean-de-Dieu. C'était l'autorité. C'est tout un pouvoir, ça.
Suffisait de dire « ma femme est folle », trouver un médecin qui allait en attester.
Oui. Puis tu la faisais enfermer pour la vie. Écoute, on sort de tellement loin.
Et je me sens comme un besoin,
comme une mission,
de le dire aux gens d'où on vient.
D'où on vient,
qu'on arrête de se plaindre,
qu'on arrête de dire c'était mieux avant.
Non!
Une chance qu'on a fait des progrès,
où est-ce qu'on serait?
Votre empathie, vous la prenez où?
J'ai visionné
dans les dernières semaines les deux plus
récents documentaires qui vous ont été consacrés.
Jeannette et Fille, le documentaire d'Éliane
Clermont-Dion, puis le plus récent, Jeannette Bertrand
à l'aube d'être centenaire. On voit
dans un de ces documentaires-là des images de
parler pour parler. Vous recevez
des hommes violents, des hommes qui
battaient leurs femmes. Puis vous
avez une conversation avec ces hommes-là.
Parce que j'ai établi, sans me la percevoir,
encore une fois,
je découvre ça plus tard,
j'ai découvert que je ne jugeais jamais.
Et que dans le public,
ils savaient,
elle ne va pas nous juger.
J'essayais de comprendre.
Comprendre, ce n'est pas juger.
Essayer de comprendre, ce n'est pas prouver.
Moi, j'essayais de comprendre. Écre, c'est pas juger, là. Essayer de comprendre, c'est pas prouver. T'sais, moi, j'essayais de comprendre. Écoute, j'ai eu un Noël, à parler pour parler, des
itinérants. Mais c'était extraordinaire. Et que les gens voyaient ces itinérants-là.
Il y a un des itinérants qui est mort, le roi des clochards,
qui s'était autoprogrammé
roi des clochards,
qui n'avait pas changé son plat depuis huit ans.
Et il y avait un jeune
homme qui ressemblait,
juste là, à ma droite,
à ma droite, garde dyslexique,
à ma droite, à ma droite, droite,
gauche, à ma gauche,
qui avait l'air d'un dieu
et qui était drogué, et puis qui, droite, oui, gauche, à ma gauche, qui avait l'air d'un dieu et qui était drogué,
et puis qui, après, m'a envoyé une lettre en me disant
« Je me suis vue à la télévision et j'ai arrêté de consommer. »
Alors, tu sais, mais je ne les ai pas jugées.
Je n'ai pas dit « Pourquoi vous n'êtes pas chez vous? »
Je ne pose pas ce genre de questions-là.
Je veux savoir comment ils en sont rendus là.
Il n'y a aucune part de votre être qui juge l'autre dans sa différence?
Non, jamais. Jamais, jamais, jamais, jamais.
C'est très... Mon Dieu.
Non. J'essaie en tout cas très fort.
J'allais dire que c'est un grand cadeau du bon Dieu.
Je sais que vous ne croyez pas en Dieu, donc je ne vais pas dire ça,
mais c'est un beau cadeau que la vie vous a fait.
Que la vie m'a fait. De ne pas juger, peut-être parce que vous ne croyez pas en Dieu, donc je ne vais pas dire ça, mais c'est un beau cadeau que la vie vous a fait. » Que la vie m'a fait.
De ne pas juger, peut-être parce que
je ne voulais pas être jugée.
On vient toujours à nous, si je cherche bien.
Ce qu'il y a de merveilleux, je te souhaite ça.
Quand tu vis longtemps
comme ça, tu ne deviens pas
sage, mais
tu as du recul.
Comme là,
ma mère, je l'ai toujours jugée
qu'elle ne m'a pas aimée.
Mais elle n'était pas capable.
Elle n'était pas capable. Pourquoi?
C'est ça, là. J'ai passé ma vie à chercher pourquoi.
Parce qu'elle avait elle-même vécu des épreuves.
Elle avait perdu un bébé.
Oui, elle avait perdu.
Et c'est ça qui... Depuis quelque temps,
je me dis, mais ma mère,
tu sais, elle a perdu.
Elle a perdu un enfant,
une petite fille, et quand moi,
je suis arrivée, peut-être qu'elle n'a pas pu me prendre.
Parce que ça remplaçait
la fille qu'elle avait perdue
à trois ans, la grippe expagnole.
Alors, tu sais, tu finis par comprendre.
Mais tu ne peux pas, tu ne peux pas dire
quand tu es jeune, je comprendrai plus tard.
Ça, c'est de la paresse.
On essaie de comprendre, puis plus tard, on comprend encore plus.
Il y a quand même beaucoup de gens qui disent ça.
Ma mère me dit ça parfois.
J'espère qu'elle ne va pas trop sourcier en entendant ce que je dis présentement,
mais elle va prononcer une phrase du genre,
je suis trop vieille maintenant pour changer.
Pourtant, elle n'est pas si vieille que ça,
mais elle a l'impression qu'il y a certains de ses traits de caractère,
certaines de ses inclinations
sont imperfectibles.
C'est-à-dire que
moi, je pense qu'on peut
toujours changer. Puis cette
parole-là, c'est que tu veux pas
changer certaines affaires parce que t'es bien
dedans. Et là, tu dis aux autres qui veulent te faire
changer, tu dis non, non, je suis trop vieille pour changer.
Mais c'est pas vrai. Je pense qu'on peut
changer à tout âge, à tout âge,
quand ça fait notre affaire.
Mais on change que pour, que quand ça fait notre affaire.
Ce serait laquelle,
le trait de caractère, la chose
que vous avez changée le plus récemment
à votre sujet, ce sur quoi vous travaillez?
Oh, mon Dieu! Moi, j'ai changé,
par exemple, dans mon couple. Ça fait 40 ans
que je suis avec un homme
de 20 ans plus jeune que moi.
Et je voulais beaucoup
qu'il pense comme moi.
On fait tous ça dans les couples.
On pense qu'on l'a l'affaire,
puis on dit, pourquoi il pense pas comme moi?
Pourquoi il est pas comme moi?
Là, j'ai complètement lâché ça.
J'ai complètement... Il est ce qu'il est,
puis je... qu'il reste comme il est.
C'est comme ça que je l'aime, c'est comme ça que je l'aimais.
C'est comme ça que vous l'avez choisi? C'est comme ça que vous l'avez choisi?
C'est comme ça que je l'ai choisi.
Alors pourquoi je voudrais le changer?
Mais les femmes, on est comme ça.
On veut changer nos maris.
Vous avez reçu un don d'empathie
de la vie, mais
ce n'est pas tout le monde qui a cette chance-là.
Est-ce que vous pensez que ça s'apprend?
Que ça s'enseigne, l'empathie?
Oui, ça s'enseigne. Je pense vous pensez que ça s'apprend, que ça s'enseigne, l'empathie? Oui, oui, ça s'enseigne.
Et je pense que la vieillesse
s'apprend. La vieillesse
s'apprend. Ça s'apprend
jeune, même. Parce que,
tu sais, en ce moment,
il y a comme partout, partout au monde,
on ne veut pas vieillir. Parce que
ce qu'on nous montre de la vieillesse,
c'est la décadence, c'est des gens
qui n'ont plus leur tête. C'est ça qu'on nous montre de la vieillesse, c'est la décadence, c'est des gens qui n'ont plus leur tête.
C'est ça qu'on voit à la télévision,
puis on ne montre pas.
Et c'est pour ça que j'ai lancé,
avec l'Institut de gériatrie,
les aînés en manque de modèle,
et que ça marche très bien.
Les gens écrivent.
Ma mère, elle m'a appris telle chose.
Ce que je veux avoir, c'est des lettres
disant ce que la vie m'a appris telle chose. Ce que je veux avoir, c'est des lettres disant ce que la vie m'a appris
et ce que je veux transmettre.
Ce que je veux transmettre, ce que j'aimerais,
juste peut-être une petite affaire
que l'expérience de la vie t'a
montré.
Je ne veux pas vous rappeler un épisode trop
difficile ou douloureux, mais
lors de la controverse autour de votre appui
à la Charte des valeurs, on va
en parler brièvement, mais je ne veux pas vous parler exactement de ça,
mais de la réaction de certaines personnes.
On avait le droit d'être en accord ou en désaccord avec votre position,
mais il y a bien des gens qui étaient en désaccord avec vous,
qui en ont conclu que...
J'étais raciste!
Ou que vous étiez sénile.
Jeannette est rendue trop vieille.
C'est ce qui arrive lorsqu'on atteint ce grand âge.
Pourquoi est-ce que lorsqu'on n'est pas d'accord
avec une personne d'un certain âge, c'est notre réflexe
de dire... Mais c'est ça l'âgisme.
C'est ça l'âgisme.
C'est comme tous les ismes,
le racisme,
c'est qu'on pense
qu'ils sont moins.
Et en les amoindrissant, on se relève.
Alors en pensant
à tous les gens, les vieux, ils déraillent, ils ne sont pas corrects.
Écoute, j'avais fait une bêtise, là.
La politique, c'est comme le chinois.
Pourquoi je me mêlerais de la politique chinoise? Je ne comprends pas le chinois.
Je ne comprends pas ça, la politique.
Mais de cœur, je suis indépendantiste.
Puis j'ai offert mes services pour une raison.
Je voulais que Mme Marois, je voulais qu'une femme soit...
En tout cas, je me suis fait avoir par les journalistes politiques.
Les maudits journalistes.
Non, pas les maudits journalistes.
Oui, les maudits journalistes, des fois.
En tout cas, c'est une leçon.
C'est une leçon.
Je ne parle pas de langue sans l'apprendre.
Quel rôle les poux ont joué dans votre amour pour la lecture?
Les poux?
Les poux.
Les poux de cheveux?
Oui.
Oui, bien les poux.
À l'école, quand j'étais petite,
toutes les petites filles, on avait les cheveux longs et on attrapait des poux.
Parce que les tucs, l'hiver, prête-moi ta tuc, mets-la tuc, les tucs étaient tous pareils.
En tout cas, on avait des poux.
Ça existe encore dans les garderies, dans les écoles primaires aujourd'hui. ma mère étendait la presse et moi je lisais la presse pendant que ma mère
m'enlevait les poux avec le peigne à poux
et puis la terbentine
la presse moi ça sent la terbentine
à la presse papier
ça sent moins ça aujourd'hui
oui ça fait moins ça
oh là là
oui on peut-tu s'appeler après midi Oh là là là là là là!
Oui?
Euh, on peut-tu s'appeler après midi?
Ok.
Ok, d'accord, bye.
C'est mon petit-fils.
Il a 50 ans.
Mamie!
Vous parliez de la presse, donc, et des poux.
Oui. Je lisais des articles, surtout de reportages ailleurs.
Je voulais être un grand reporter.
Et je suis allée, après mon cours Lettres sciences, qui menait à l'université dans le temps, c'était pendant la guerre,
et puis, il n'y avait pas, je cherchais
des études pour être journaliste, ça n'existait pas. Alors, on m'a conseillé à l'Université
de Montréal d'aller en histoire et en littérature. Alors, j'ai un diplôme de l'Université de
Montréal en littérature et histoire. Bon, je suis allée, je suis partie pour être journaliste.
J'ai fait tous les journaux de l'époque.
Et puis, il faut dire que...
Il faut dire que...
J'avais l'air très, très jeune.
Et que j'étais habillée bizarre,
parce que moi, j'avais pas de mère,
et mon père m'habillait toujours avec des petits points d'hommes.
Alors, il vendait, il y avait une mercerie pour hommes. Alors, il y avait des petits chandails, des petits souliers, des petits souliers d'hommes. Alors, ils vendaient, il y avait une mercerie pour hommes. Alors,
il y avait des petits chandails, des petits souliers,
des petits souliers d'hommes.
Alors, j'étais toujours habillée. J'avais une vie.
T'achetais dans le gros?
J'achetais dans le gros, mon père.
Il achetait dans le gros. Il me disait toujours,
t'as pas payé ça, moi t'acheter ça dans le gros.
Donc, vous étiez habillée un peu à la garçonne?
Oui, oui, oui.
C'est parce que
il me disait, t'achètes une paire de souliers habillée un peu à la garçonne. Oui, oui, oui. C'est parce qu'il
me disait, tu sais,
t'achètes une paire de souliers pour femme,
il y a trois petites lanières. Nous autres,
c'est du vrai cuir, avec bien du cuir.
Ça coûte moins cher.
Alors, c'est...
Vous avez rapidement découvert
le pouvoir des mots.
Quel pouvoir ils ont, les mots, selon vous?
Les mots, c'est très, très puissant.
Il y a des mots qui tuent.
Dire à une fille qui a des problèmes de poids,
« T'es grosse », ça la tue.
Tu peux dire à quelqu'un...
Moi, c'était la mode à mon époque,
des frères qui faisaient des farces.
Et moi, j'ai été le beau-émissaire de mes frères, qui probablement devaient m'aimer.
Entre eux, moi, j'étais le beau-émissaire.
Mon premier bal, je me fais faire une robe.
Ma mère était malade, je n'avais personne pour me conseiller.
Je me fais faire une petite robe
ultra simple en crêpe
blanc avec un peu de dentelle.
Je m'en vais au bal avec un...
J'avais été
demandé par un étudiant de médecine
à McGill.
Le jackpot.
Il fallait, puis c'est à l'Ontario.
Alors, je
sors avec ma robe de la chambre.
Mon frère me dit, « Hey, ne porte de même, t'es en jaquette. »
Bien, tout le monde balle.
Je me suis dit « Ma robe est pas correcte.
Je suis lède, mais j'ai l'air d'une jaquette.
Je pense encore que j'avais l'air d'une jaquette. »
Alors, tu sais,
on était dans une période
où on n'élevait pas les enfants.
On les rabaissait tout le temps
pour, supposément, qu'il n'y ait pas d'orgueil. C'était le pire les enfants, on les rabaissait tout le temps pour, supposément,
qu'il n'y ait pas d'orgueil.
C'était le pire péché, paraît-il.
Alors, tous les parents faisaient ça.
Dis-y pas qu'il est beau,
il va se prendre pour un autre.
Dis-y pas qu'il est irréligent,
il va se prendre pour un autre.
Cette peur...
Maintenant, tu vois, tu as des jeunes enfants,
on est un peu tombés dans l'excès contraire.
Je dis à chaque jour à ma fille qu'elle est magnifique et qu'elle est intelligente.
Ah voilà!
Et chacun de ses dessins sont les plus beaux dessins au monde.
Mais là, c'est un peu dangereux ça.
Parce que quand ils vont arriver dans la vraie vie, son premier boss va lui dire,
ton dessin, je ne le comprends pas, ou ton dessin, ce n'est pas bon, va me recommencer ça.
Ils meurent.
Ils meurent pas en même place que nous autres avant.
Alors c'est un peu un excès contraire, oui.
Vous parlez dans votre autobiographie
de culpabilité féminine, comment vous vous êtes sentie coupable
d'être mère et de devoir quitter, par exemple, pour un tournage.
Pourquoi est-ce que c'est... Je l'ai constaté
quand ma blonde est devenue mère,
à quel point elle se sentait beaucoup plus coupable que moi.
Moi, je me sens très rarement coupable,
alors qu'elle, dans les premiers mois de naissance,
après la naissance de notre fille,
elle me demandait constamment,
est-ce que tu trouves que je suis une bonne mère?
Ce que je trouvais profondément absurde,
parce qu'à mes yeux, c'était la meilleure mère au monde.
Elle se dévouait chaque heure de sa vie à notre bébé.
Mais c'est pas assez parce que
les femmes, la maternité,
c'est notre job depuis 8000 ans.
On fait des bébés,
on en a fait en masse,
dans mes autobiographies,
c'est des 22, c'était pas rare,
puis 21.
Alors, tu sais,
et là, les femmes ont hérité de cette
culpabilité, surtout les femmes
qui... Moi, j'ai des petits-enfants,
Olivier vient d'appeler,
il y a deux enfants,
tu sais, mais la mère,
il semble coupable. Tu sais, je vais travailler,
je devrais... Ma mère, elle n'est pas
partie, surtout quand les mères
ne sont pas parties de la maison. Tu fais
d'autant plus de culpabilité.
La culpabilité, c'est quand l'égalité
sera vraiment
arrivée pour vrai,
c'est-à-dire que les tâches
ménagères seront vraiment réparties
et ça se fait encore,
mais ça se fait moins.
Il y a des places où ça ne se fait pas encore.
Là, on pourra parler
que la culpabilité s'en va.
Ce n'est pas fait.
C'est quoi un bon père, selon vous? Je vous demande un conseil.
Comment je pourrais être un meilleur père?
Un bon père,
moi, j'en connais des bons pères, mes petits-fils
qui ont des enfants.
Olivier, justement, je lui disais un jour,
tu es
vraiment une bonne mère.
Mais il dit, je je suis pas une bonne mère
je suis un bon père
puis j'avais dit aussi une autre fois
tu gardes tes enfants
il dit je les garde pas c'est à moi
mais on est encore porté à dire
on est encore porté
tu sais moi je vais beaucoup dans les marchés
au marché Jean Talon ou à Water
puis le dimanche
il y a le dimanche.
Puis le dimanche, il y a souvent des pères seuls avec leurs enfants.
Puis, c'est pas comme avec des femmes.
Tu sais, ils regardent pas.
C'est un jour...
J'ai l'impression que vous racontez ma vie.
Je suis souvent au marché Jean-Talon
avec ma fille.
Je la surveille, mais peut-être moins...
Je l'encarte peut-être un petit peu moins que ma blonde.
J'étais dans la fromagerie,
puis l'enfant, qui avait 5 ans, 6 ans,
avec son doigt, il défonçait les fromages.
Le père n'a jamais regardé.
Le père, il regardait ailleurs, il magasinait ailleurs.
Le petit continuait, c'est moi qui lui ai dit,
mais pas ton doigt dans le fromage.
C'est pas propre.
Il défonçait les fromage avec son doigt. Alors,
les hommes, ils voient pas. Il y a des affaires
qu'ils voient pas. Que les femmes
voient. Alors, c'est pas
fait là. Mais être un bon père,
c'est vraiment... À part dire à son
enfant de pas mettre son doigt dans le fromage.
C'est vraiment s'en occuper.
S'en occuper,
j'allais dire comme une femme s'occupe d'un enfant, mais peut-être que c'est ça. Eten occuper. S'en occuper, j'allais dire comme une femme
s'occupe d'un enfant, mais peut-être que c'est ça.
Et non pas comme un homme encore.
Un homme qui garde son enfant seul,
il va l'amener quelque part pour qu'il soit distrait.
Il ne s'en occupera pas.
J'ai rasé avec lui.
Je vois souvent des pères seuls avec leurs enfants
dont ils ont la garde.
Puis le gars, il mange au restaurant.
Puis l'enfant, il mange tout seul
puis il parle pas. Parce que c'est
des hommes, ils parlent moins.
Vous avez une énergie, je le
savais, mais je le constate depuis que je suis arrivé
ici, vous avez une énergie complètement époustouflante.
Vous êtes encore
très, très occupée. Vous travaillez
beaucoup. Aujourd'hui, on
dit de plus en plus qu'on est trop occupé.
Moi, je suis toujours surchargé.
On se plaint qu'on est fatigué,
que nos agendas
sont trop remplis. Mais c'est « compare to what »
l'emploi et l'anglicisme. C'est
comparer à quoi? Comparer
aux vacances éternelles.
Tu sais, on veut prendre sa retraite
à 65 ans.
Il nous reste
30 ans à vivre. Qu'est-ce que tu vas faire? Si tu
aimes ce que tu fais, pourquoi tu prendrais ta retraite pour ne plus être valorisé?
Ne rien faire ne valorise personne.
Mais est-ce que vous trouvez qu'on n'est pas assez capable d'en prendre, qu'on se
plaint trop de notre fatigue?
Mais si tu aimes ce que tu fais, tu n'en as jamais trop. Tu sais, tu penses, par exemple,
à des Einstein,
tous ces gens qui ont vécu vieux
et qui n'ont pas pris leur retraite.
Ils étaient passionnés.
Quand t'es passionné par ton...
Ah, si ton travail t'emmerde,
ah bien là, vivement la retraite.
Mais il y a beaucoup de gens
qui font ce qu'ils aiment de nos jours.
Ils font vraiment ce qu'ils aiment.
Pourquoi appêter?
Toi, tu peux écrire jusqu'à 100 ans.
Pourquoi pas? Mais peut-être pas tout
à la presse.
Peut-être ou un autre journal,
ou en fondé.
Je suis très heureux à la presse.
Oui, oui, oui.
Quand tu auras 65 ans.
Mais lorsque vous terminez
un week-end, par exemple, vous étiez au Salon du livre récemment,
comment vous vous sentez? Est-ce que vous êtes
très fatiguée? Je suis très fatiguée,
mais j'ai une recette.
Je dors.
Le lendemain,
ça, c'est mon médecin
à l'Institut de gériatrie
qui m'a dit ça.
Docteur Lussier.
Il m'a dit que vous êtes active,
mais donnez-vous la permission de vous reposer le lendemain.
Tu sais, même quand, par exemple,
l'autre jour, je suis allée justement à une cérémonie
à l'Institut de gériatrie,
et il y avait des huîtres à volonté,
puis du dessert à volonté.
Ça, c'est votre péché mignon au dessert.
Ça, c'est les péchés mignons dessert. Ça, c'est le péché mignon.
Et manger, même si j'ai moins fait maintenant.
Mais le lendemain, je sais que je vais payer pour.
Et je paye pour, mais j'assume.
Admettons que ça s'appelle assumer.
J'assume. J'ai fait une folie hier.
OK, je vais dormir.
Je dors, puis je fais rien, puis je me repose le lendemain. »
Je n'embarque pas deux journées.
Donc, le secret, c'est la grâce matinée.
Oui, c'est dormir. Pour les vieux, c'est merveilleux, dormir.
Pourquoi est-ce que c'est important pour vous?
Je comprends que c'est important pour vous de demeurer active, d'écrire.
Mais vous pourriez vous passer du salon du lit.
Vous n'auriez pas besoin de m'accorder cette entrevue-là.
Non.
Mais vous le faites quand même.
Oui. Parce que je suis consciente que peut-être,
comme moi, j'ai fait toute ma vie d'écouter les autres
et de dire, ça, ils viennent dire quelque chose.
Moi, je suis une voleuse. Je prends les choses des autres.
Je prends beaucoup de choses dans la lecture.
Je m'accapare de ce que j'ai besoin.
D'ailleurs, c'est pour ça qu'on lit,
c'est pour ça qu'on va au cinéma, qu'on va au théâtre.
C'est pour aller chercher des choses.
Des fois, t'en trouves pas.
Tout à coup, tu trouves une phrase.
Dans le couple, par exemple, j'avais vu il y a très longtemps
une phrase qui m'a marquée toute ma vie
et que je donne maintenant à beaucoup de gens, c'est que dans un conflit, n'importe quel conflit, c'est se demander si l'autre coup, elle a raison. Tout à coup, c'est pas moi qui ai raison. C'est quoi les conflits? C'est que deux personnes
qui veulent absolument avoir raison.
Ça monte, ça monte, ça monte, et ça dégénère.
Ça, là, moi,
la phrase, c'est, c'est-tu important?
On se chicane, là.
C'est-tu bien important?
Ça arrête une chicane. C'est-tu bien important?
J'ai oublié.
Ça l'est rarement. Après 15 minutes de chicane,
on...
Même pas avant ça. J'ai oublié. Cela est rarement. Après 15 minutes de chicane.
Même pas avant ça.
C'est-tu bien important?
Gardons nos chicanes pour les affaires sérieuses.
Se chicaner
parce que l'autre n'a pas vissé
le tube
de pratadant.
C'est banal.
À quoi ça sert?
Mais on chicane en nous pour comment on vit les enfants. Ça, c'est une autre affaire. Cette phrase-là, vous l'aviez entendue où? Je pense que c'est
quelqu'un qui disait dans mon cours que c'est ça. Moi, je me suis accaparée et je l'ai mise
en pratique. Là, je la donne. Moi, je la donne. C'est important, ça, en vie. Je vous pose une question qui peut peut-être apparaître bête,
mais est-ce que vous vous sentez vieille?
Parce que je vous parle de plusieurs des personnes les plus importantes dans ma vie.
Ma grand-mère, elle a 95 ans.
Oui!
Elle s'appelle Cora.
Oui.
Elle est quand même en forme.
Puis depuis plusieurs années, je me souviens, je me promenais en voiture avec elle
lorsque j'étais adolescent.
Puis là, il y avait une autre personne qui conduisait, une personne âgée,
qui faisait une mauvaise manœuvre en voiture.
Puis elle disait « Oh, regarde la vieille! »
Moi, j'avais le goût de dire à ma grand-mère « T'es quand même un petit peu vieille, grand-maman. »
Mon père disait, quand il était allé, je pense, une fois en Espagne, dans un tout-compris,
puis il avait dit « C'était rien que des petits vieux. »
Alors qu'il avait 85 ans.
Mais moi aussi, je fais ça.
Je trouve que les personnes sont vieuses,
mais c'est péjoratif vieux à ce moment-là.
C'est qu'ils sont vieux d'attitude.
Ils sont vieux
de pensée, pâle tout bas.
Ils sont vieux.
Moi, je sais pas,
c'est une grâce que j'ai, je sais pas.
Mais je suis pas vieille, mais je ressemble beaucoup à mon...
Mon père, quand il est mort, il est mort à 87 ans
d'une pneumonie, et c'était
un jeune homme.
Mon père, ça a toujours été un jeune homme.
Donc, mal vieillir,
ça se peut.
Ah oui, ça se peut.
Mon Dieu, mes deux
grands-parents étaient
haïssables. Il y a des vieux
qui sont haïssables et qui font le vide
autour d'eux. Comment ça se fait que les
enfants ne viennent pas? Oui, mais tu n'es pas
durable. Ce n'est pas
vrai que tu peux dire à tes enfants
que tu peux les chicaner pour rien et que
tu peux être capricieux. Non, de nos
jours, il faut qu'il y ait de l'entente
entre les enfants et les enfants.
Vous avez désobéi toute votre vie?
Oui.
Ça a été lequel le plus grand moment de désobéissance?
Un grand moment de désobéir à la société,
c'est quand je suis tombée amoureuse,
mais follement amoureuse d'un homme
qui avait 20 ans de plus jeune que moi.
Ça, c'est le tabou en ce moment.
Écoute, les hommes font ça depuis
toujours, toujours, toujours.
Puis nous autres, on est traités
de cougars. On est traités de
déboreuses. Écoute, là,
si tu penses que j'ai eu
des gros yeux à cause
des Jeannettes pour la politique,
eh bien là, avec Donald,
ça a été pire.
C'était la première fois que je suis sortie avec lui devant le monde. C'était au théâtre du Rideau Vert. Écoute, les femmes, les hommes me regardaient, mais avec dédain, avec mépris. Ça, c'est un tabou. Ça, c'est la grande désobéissance. Je ne savais même pas quel âge j'avais.
Vous ne lui avez pas demandé son âge?
Oui, j'ai demandé son âge.
Et oui, la journée que tout a éclaté, parce que je le connaissais depuis un an,
c'était le décorateur avec un grand A.
Et puis, on travaillait depuis un an, j'avais vu.
Et chaque fois que je levais les yeux, quand on faisait des meetings,
il me regardait puis il baissait les yeux.
Alors, je savais pas
qu'il était dans sa vie
personnelle du tout, du tout.
Et puis, c'est tombé comme ça.
Et puis, mes filles
m'ont dit, cette journée-là,
ils m'ont dit... On savait
que si tu étais pour retomber en amour,
ce serait avec un homme plus jeune.
Pourquoi est-ce qu'ils avaient cette intuition?
Parce que les autres sont trop vieux.
Ils sont trop vieux.
Mais dans le plus récent documentaire
qui vous a été consacré, on voit un extrait
d'archive, une entrevue que vous accordez,
je pense que c'est quelques années après le début de votre relation avec Donald,
puis vous expliquez que s'il y a
un tabou aussi important
que ça autour des femmes
qui sont amoureuses d'hommes plus jeunes,
c'est parce qu'on comprend à ce moment-là,
lorsqu'on voit un couple de ce genre-là,
que la femme, à un certain âge...
Elle couche encore. Elle fait l'amour.
Elle fait l'amour, voilà. C'est ça qu'on a éteint.
Parce que les couples qui sont ensemble
depuis un certain temps, ils font moins l'amour.
Alors là, moi, je recommençais.
Écoute, c'est... Puis, maintenant,
tout ça est oublié.
Ça a pris deux ans.
Parce que le public juge vite, mais pardonne vite aussi.
Qu'est-ce qui vous rend heureuse aujourd'hui, au quotidien?
Ah, au quotidien, toutes les petites affaires.
Les petites affaires.
Vraiment, les petites affaires.
Hier, je suis allée magasiner avec ma fille aînée.
Je suis en contact constamment avec mes nombreux enfants,
mes nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants. Et puis, bon, je les reçois comme à Noël. Ils vont
tous être ici. On est 26. Et là, c'est la journée. Ils arrivent à 11 heures, ils partent à 9 heures le soir.
C'est la journée de bouffe et tout le monde parle fort. Ça, c'est des grands...
Les recevoir les enfants,
c'est des grands, grands plaisirs dans la vie.
Je sais que vous ne croyez pas en Dieu.
Vous avez combattu de différentes manières
le pouvoir de l'Église pendant toute votre vie.
Mais est-ce que vous croyez en quelque chose?
Est-ce que vous avez une foi en quelque chose, en l'humain?
Je crois en l'humain.
Je crois qu'on n'a que la vie. Je crois ça très fort.
Et c'est pour ça que je vis tellement intensément. C'est qu'il faut la vivre, cette vie-là,
jusqu'à la fin, parce que je n'en aurai pas d'autre. Et que je sais, parce que j'ai
lu, je sais que toutes les religions au monde fonctionnent parce qu'elles promettent une vie meilleure. Et ça fonctionne dans les pays défavorisés. Nous étions, les Québécois, dans un pays défavorisé il n'y a pas 50 ans. Il y a plus que ça. J'ai eu la misère à compter, là, mais tu sais... Avant la Révolution tranquille, disons. Avant la Révolution tranquille, qui a duré jusqu'en 70.
Parce que même si
le sage est arrivé en 60,
ça a pris au moins 10 ans
avant que les gens se retournent de bord
puis s'ouvrent un peu l'esprit.
Oui, puis que ça se rende partout dans chacune des régions du Québec.
Exactement. On peut dire
que c'est depuis 70 ans,
depuis les années 70,
que ça ouvre. Et je suis contente parce que ça ouvre encore
davantage, avec quelques petits ressacs ici et là.
Quel souvenir vous gardez du moment où vous avez combattu la tuberculose? Parce que ça
aussi, je comprends que ça a contribué à votre amour de la vie.
C'est que c'était avant la pédicilline.
Il n'y avait aucun remède que la grande cure que j'ai faite pendant dix mois.
C'est-à-dire être couché tout le temps.
Seule permission, c'est de lire et faire attention en tournant les pages, de ne pas y tourner trop vite.
Et moi, j'étais dans un petit sanatorium à Saint-Agathe du Dr Jouannette, qui est mort il y a quelques années. Et puis, je voyais
arriver l'ambulance avec un malade, c'était tous des jeunes, parce que c'était l'âge, moi j'avais
l'âge où on a trappé la tuberculose. Et puis, parce que mes frères n'ont pas eu, ni mon père, mais moi je l'ai eu.
Votre mère l'avait, oui. Oui, ma mère avait la tuberculose. Et puis, trois jours après, c'était la morgue qui venait.
Un autre qui est mort, un autre qui est mort, un autre qui est mort.
Ils avaient tous mon âge.
J'étais sûre, j'étais sûre qu'à l'automne,
à l'automne, les feuilles tombaient,
j'étais sûre que moi, je mourrais.
Alors, quand tu restes en vie,
et après de passer si près de la mort,
avoir gardé, comme j'ai gardé,
une cicatrice énorme au poumon,
qu'à chaque fois, je me fais prendre une...
Comment tu appelles ça?
Une biopsie?
Pas une biopsie.
Une radiographie?
Les jeunes médecins s'énervent
parce qu'ils disent,
« Vous avez quelque chose au poumon? »
Non, c'est une vraie cicat'est une cicatrice de tuberculose.
Alors, il faut toujours trouver un vieux médecin qui a des...
Qui sait c'est quoi la tuberculose, oui.
Parce que, tu sais, on a fait beaucoup...
Ça a été gros, la pandémie, mais la tuberculose,
il y avait des villages entiers qui étaient décimés.
Ça a été une vraie épidémie, la tuberculose.
Les gens mouraient autant que nous.
Vous avez bien connu Alanis Abomsawin.
Oui, oui.
Ça, c'est quand même... Le progrès est lent dans notre société,
mais notre prise de conscience par rapport à ce que nos gouvernements
et ce qu'on a fait subir collectivement aux peuples autochtones,
ça, c'est quand même une avancée.
C'est une avancée énorme. Et au Salon du livre, j'avais une prestation avec Joséphine Bacot,
que j'adore.
Quelle femme merveilleuse.
Quelle femme merveilleuse, avec ses petits yeux,
qui rit tout le temps, tout le temps, tout le temps.
Et moi, Alanis Obomsawin, elle était mannequin.
Elle était d'une beauté.
C'était la première mannequin à Montréal.
Un peu après
Hélène Bédard.
Hélène Bédard, c'était un peu avant.
C'était la première.
Et puis, on allait faire
pour gagner notre vie.
J'étais...
Comment t'appelles ça?
C'est moi qui étais animatrice
de cette parade de mode.
C'était la première mannequin. Mais comme je conduis très mal,
je ne conduis plus
parce que je fais de la dyslexie,
je n'ai pas le magot de ma droite,
j'allais la chercher.
C'est elle qui me guidait pour aller dans les petites villes.
Tout le long, elle me disait
ce que tu as appris à l'école, c'est faux.
Et c'est elle
qui m'a enseignée. C'est elle qui m'a. C'est faux. C'est faux. Et c'est elle qui m'a enseignée.
C'est elle qui m'a ouvert
l'esprit. Vous nous avez
volé les
terres. Vous nous avez...
Vous avez voulu nous tuer.
Vous n'avez pas réussi. J'étais troublée,
troublée. J'allais dans mes livres
d'histoire
et c'était pas ça qui était écrit.
C'était le contraire.
Mais alors, est-ce qu'ils nous ont tous menti?
Lionel Gros,
qui m'a enseigné l'histoire.
Le vrai Lionel Gros vous a enseigné l'histoire?
Oui, bien oui, pendant deux ans.
Le vrai Lionel Gros.
Mais c'était aussi partisan
que les autres.
Il n'y avait que des mauvais Indiens.
Il n'y avait que des mauvais Indiens. Il n'y avait que des mauvais Indiens.
Votre père est mort dans vos bras?
Oui, oui, oui, oui.
Je veux mourir comme ça.
Dans les bras de qui?
Dans les bras de mon chum,
mais aussi de ma famille.
Mon père, sa femme était là, sa deuxième femme.
Mon père avait un Lee King 16.
Et puis, mon père était très, très...
Tu sais, les nouvelles affaires, je suis comme ça, moi.
J'aime beaucoup les nouvelles affaires.
Alors, il y avait un Lee King 16 avant que ce soit en mode.
Et puis, elle...
Alors, on était...
Mon fils, mon petit Martin,
il était dans ses bras, puis là, je lui disais,
laisse-moi ma place.
Puis on allait chacun se coucher en cuillère.
Puis on le serrait, puis on lui disait « Oh, je t'aime
grand-papa ». Moi, je l'appelais grand-papa parce que mes enfants l'ont appelé grand-papa
tout le temps. Puis, à un moment donné, il a soupiré. On a continué à lui parler.
On a continué à lui parler. C'était tellement beau. Il est mort avec nous autres, tu sais. Puis c'est...
Il est parti doucement, doucement, doucement. Puis on a
continué à lui dire qu'on l'aimait. Puis oui, c'était très beau.
Alors je veux mourir comme ça.
Donc vous disiez « je t'aime » à votre père?
Oui, oui, oui. Ah oui, puis tu es fait. C'est-à-dire que mon père,
il m'a jamais appelé... Mon père, il m'a toujours appelée chérie.
Mais Doudoune aussi, puis Mapitoune, puis...
Enfin, il m'appelait jamais mon nom.
Et puis, tu sais, j'ai eu beaucoup, beaucoup de tendresse de mon père.
Jeannette, accepteriez-vous de me lire un extrait de votre autobiographie?
Oui. Lequel tu veux.
J'ai mis ici.
Je trouvais que c'était un bel extrait.
Ainsi, sans que je m'en aperçoive,
j'ai atteint le grand âge.
Ma grande peur?
Et si j'allais mourir sans avoir lu tous les livres,
vu toutes les pièces de théâtre,
tous les films qui m'intéressent,
sans avoir mangé toutes les bonnes choses dont j'ai le goût.
Et si j'allais mourir avant d'avoir dit une dernière fois,
je t'aime à ceux que j'aime.
Je suis remplie de désirs de toutes sortes.
Désirs de découvrir des gens, d'apprendre des choses nouvelles,
désirs de rire, de chanter, d'aimer, de partager, encore et encore.
Je veux jouir de chaque petit plaisir de la vie,
mes fines herbes l'été,
la cueillette des champignons sauvages à l'automne,
la neige qui crisse sous mes pas en hiver,
le vertant des bouleaux au printemps,
et encore en été, le lac, la forêt de sapin.
Je veux profiter de mon amoureux, de mes filles, de mon gars, de mes petits-enfants, de mes arrière-petits-enfants, de mes amis.
Je veux m'offrir ce que je désire avant la chute du rideau. Qu'est-ce que je veux?
C'est une question que je me pose tous les jours.
Qu'est-ce que je veux?
En vieillissant, mes désirs sont de moins en moins coûteux,
de plus en plus simples.
Ils sont facilement réalisables et pas extravagants pour deux sous.
Un repas intime au restaurant avec ma fille Isabelle, une rasière dans une librairie d'occasion avec Dominique,
une soirée au lac avec Martin,
à se bercer et à se
psychanalyser.
Mes coups de téléphone quasi-quotidiens
à André, mon producteur
devenu avec les années mon ami
de cœur. Il est mort depuis.
Mes discussions
littéraires sans fin avec Cléron
et Isabelle Cloutier, les échanges d'idées avec Nicole, ma compagne d'aquaforme devenue la jeune sœur que je n'ai pas
eue. Mes conversations téléphoniques folles avec Suzanne Lévesque, ma copine de toujours,
avec Jeanne Nistot, ma vieille chum. Il y a aussi les plaisirs de la bouche. J'aime faire
les repas de Donald, j'essaie de l'épater chaque fois. Nos soupers quotidiens sont des aventures gastronomiques.
Donc, tout ça est encore vrai?
Vous avez écrit ça il y a 20 ans. C'est encore vrai?
Non, parce que plusieurs sont partis.
André est mort.
Cléron, Isabelle, mes amis de coeur sont morts.
Alors, non, c'est pas tout à fait tout ça.
C'est que quand on désire des choses, habituellement, c'est désirer des grosses affaires. Moi, je désire des petites affaires. Tu sais, je peux dire à Donald, si tu vas à l'épicerie et que tu vois une boîte de Mae West, je me dis, je suis folle de ça. Tu sais, mais c'est pas, tu sais... Ça coûte pas une tonne d'affaires.
Mais ce désir-là de lire tous les livres
que vous n'avez pas encore lus,
de voir toutes les pièces que vous n'avez pas vues, ça, ça vous habite encore?
Ah oui, oui, oui, oui, oui. Je vais au théâtre.
Oui, oui, oui.
Ma dernière pièce de théâtre, c'est à l'Espace Go.
Ah, c'est tellement bon. Je pense que
ça y est encore. C'est tellement bon.
C'est avec...
Je sais pas, c'est avec
ma chum. Ça, c'est ma chum de fille.
Debbie.
Debbie Lynch-White. Oui, c'est ma chum
de fille. Écoute, on s'aime
tellement, tous les deux. Alors, tu sais,
j'ai beaucoup aussi de nouvelles amitiés.
De gens avec qui
j'ai des affinités.
Et pourtant, on a des grandes différences d'âge.
La mort, ça occupe quelle place dans votre esprit?
Elle est là tout le temps.
Tout le temps?
Tout le temps. Oui, oui, je sais.
Je suis comme une condamnée à mort.
Je sais que je vais mourir.
Je le sais.
Je me donne trois, quatre ans.
Mais je ne sais pas quand.
Et je ne sais pas comment.
Mais je sais que je vais mourir.
C'est correct.
Jeannette, mon balado s'intitule Mais je ne sais pas quand et je ne sais pas comment, mais je sais que je vais mourir. C'est correct. C'est correct.
Jeannette, mon balado s'intitule « Juste entre toi et moi ». Donc, je vous demande en conclusion, est-ce que vous auriez quelque chose à ajouter qui resterait juste entre vous et moi?
Vous pouvez me donner un conseil. Je suis tout ouïe. Non, je ne donne pas beaucoup. Je ne donne pas de conseil.
Le mot « truc », c'est très péjoratif,
mais c'est des moyens.
C'est des moyens d'être plus heureux.
D'être plus heureux.
Les jeunes familles, je pense qu'il faut
qu'elles fassent attention maintenant
à ne pas donner à leurs enfants trop de ce qu'ils ont manqué.
On a manqué, nous, beaucoup. Je ne sais pas toi, mais moi, j'ai manqué beaucoup de preuves d'amour de ma mère.
J'ai manqué de compliments quand j'étais plus jeune.
Alors, j'ai beurré mes enfants de compliments.
Et maintenant, je ne sais pas si c'est une si bonne affaire que ça.
Parce qu'un jour, mon fils m'a dit quelque chose, Martin.
Il dit, tu sais, tu nous as tellement aimés
que c'est difficile de trouver chez une autre femme
un regard aussi aimant.
Alors, donc, trop aimer, ce n'est pas aussi bon que ça non plus.
Parce que tu donnes
à un petit gars ou à la petite fille
un exemple de quelque chose
qui va avoir de la difficulté
à obtenir plus tard.
Bon, je vous pose une vraie dernière question.
Pourquoi est-ce que c'était important pour vous
de faire comprendre aux Beatles en 64
qu'ils étaient en territoire francophone
et non pas dans une ville anglophone?
Parce que je suis très, pour le parler français,
je suis absolument pour qu'on ait un pays.
Et que je trouvais, j'étais entourée d'anglophones.
Moi qui ai levé ma petite main,
je n'ai pas été demandé.
Et c'est John qui a vu que j'avais levé ma main
tout le temps, puis que personne ne m'avait posé de questions.
C'était celui, comment il s'appelait,
le grand gars qui était leur...
C'était lui qui filtrait tous les
questions. – Leur gérant, oui. – Oui, leur gérant.
Je ne me souviens pas, un grand beau gars. Il était très beau.
C'était un Anglais d'Angleterre, en tout cas.
Puis, je m'en retourne en disant,
bon, bien, tu sais, ils n'ont pas voulu
me parler. Bon, une autre fois,
un autre qui n'a pas voulu me parler parce que j'étais une fille.
Et puis, je m'en vais, puis là, la main de John pose sur moi,
puis il me dit dans un français très coupé, mais quand même,
« Qu'est-ce que vous vouliez poser comme question? »
J'ai dit, « Je voulais juste vous dire qu'on est au Québec,
et que ce soir, votre public va être à majorité parlant français.
Et quand... Ils m'ont donné deux billets. Et quand je suis
allée, ils sont entrés
et c'est Paul qui a dit en français
« Bienvenue au Québec ».
Il y a eu un tonnerre d'applaudissements.
Grâce à vous. Bien oui.
Puis Paul, c'était votre préféré.
Oui. Pourquoi? Parce que
pourquoi on a des préférés physiques?
Pourquoi?
Il était un beau garçon.
Il est encore un beau garçon.
Oui, mais je trouvais trop mec, John.
John.
T'as pas mon type de gars.
Merci beaucoup, Jeannette.
C'est un honneur d'être ici, chez vous.
J'en reviens pas d'être en votre présence.
Oh mon Dieu!
Accepteriez-vous de signer votre livre pour eux?
Pour mes filles?
Oui!
Qui vont le lire dans quelques années.
Il ne faudrait pas attendre les commentaires tout de suite.
Oui, c'est sûr que...
J'ai accepté de republier ça
pour une raison.
Pour que les jeunes le lisent.
Parce qu'on n'enseigne nulle part
l'histoire de 1925 à nos jours.
On ne sait pas.
Les jeunes filles qui ont beaucoup, beaucoup de chance de nous avoir eues,
je dis ça en toute humilité.
Et avec un grand sourire.
Oui, avec un grand sourire.
Pas juste moi, d'avoir eu des féministes
qui font qu'aujourd'hui, elles sont où elles sont. Pour comprendre d'où l'on vient,
pour savoir où l'on va. Merci beaucoup.