Juste entre toi et moi - Jay Du Temple
Episode Date: November 27, 2023L’humoriste Jay Du Temple discute de la quête de vérité qui anime son travail sur scène, en plus de parler de son rapport aux spectateurs mal élevés, de l’impact des sites à potins sur la p...arole des personnalités publiques ainsi que de son admiration pour Christiane Charette et Yvon Deschamps.
Transcript
Discussion (0)
Salut, ici Dominique Tardif.
Ah, bienvenue.
À juste entre toi et moi,
je me permets de dire à nouveau merci.
Merci à Alexandre Martel et à Lou-Adriane Cassidy
pour ce thème musical qui est un pur verre d'oreille.
Un pur verre d'oreille.
Merci aussi à Jean-Michel Bertion
qui réalise chacun des épisodes de Juste entre toi et moi.
C'est un travail essentiel.
Et je vous salue, vous, vous qui m'avez écrit pour me dire
que vous avez été ému par ma rencontre avec Caroline Dawson.
Sachez que j'ai transmis chacun de vos messages à Caroline.
Mon invité aujourd'hui, c'est un humoriste que je suis depuis un petit moment, un bon moment déjà.
Pour vous donner une idée, la première fois que je l'ai vu en spectacle, c'était en juillet 2015,
durant le ZooFest.
J'avais assisté à un de ses spectacles dans une minuscule salle,
presque un garde-robe au Monument
national. L'humoriste dont
je vous parle, c'est Jay Dutemple.
Jay présente actuellement partout au Québec
son excellent deuxième spectacle
intitulé Fin. J'ai eu la chance
de le voir en rodage
à l'été 2022. J'avais
beaucoup apprécié le ton,
l'angle de ce deuxième spectacle. J'ai pas encore vu la version finale du spectacle. En fait, je l'été 2022. J'avais beaucoup apprécié le ton, l'angle de ce deuxième spectacle.
Je n'ai pas encore vu la version finale du spectacle.
En fait, je l'ai presque vue.
Jay va l'évoquer dans l'entretien
qui s'en vient dans quelques instants.
Le temps que je vous dise que vous pouvez
lire le texte que j'ai tiré de cette rencontre
et que vous pouvez voir
les belles photos de Jay prises par mon collègue
Marco Campanotti.
Vous pouvez lire et voir tout ça dans la
Presse Plus, sur la Presse mobile
ou sur lapresse.ca.
Et si vous appréciez cette série balado,
vous pouvez nous laisser une bonne
note ou un commentaire sur
Apple Podcast. Et voici
sans plus tarder mon entretien avec un vrai
fin. Jay Dutant.
Entre toi et moi fin. J'ai du temps. Ça reste entre toi et moi Le plus long balado que t'as fait à J.Dutemple, Discut,
c'était combien de temps?
Quatre heures.
Quatre heures? Avec Mike?
Avec Mike.
Avec Mike Roy?
Oui, exact.
Puis est-ce que c'était bon pendant quatre heures?
J'en ai aucune idée.
Je l'ai jamais réécouté.
Par contre, c'est probablement
la fois où j'ai été le plus surpris.
À la fin, quand on a terminé,
je me suis tourné vers mon technicien.
Je me suis dit « Combien de temps on a fait? »
Quand il a dit 4 heures, je me suis dit « Non, pas vrai. »
Il était comme « 4 heures? Il est quelle heure? »
Je ne savais pas.
Est-ce que je suis encore en vie?
Oui, c'est ça. Mais ça n'avait pas filé comme quatre heures.
Puis après ça, à chaque fois que je parle à Mike,
je suis toujours curieux.
Puis Mike, il a joué aux États.
Il a vécu des affaires.
Fait que je suis tout le temps un peu comme...
Il connaît du monde.
Je suis comme, ah ouais, comment t'as fait ça?
Qu'est-ce qui s'est passé là?
Tu sais, comme n'importe qui qui a déjà rencontré
Métis Shore, je suis un peu comme, ah ouais, c'est comment?
Métis Shore, donc, qui est la fondatrice du Comedy Star, la mecque de
l'humour à Los Angeles.
Mais ça pourrait sans doute apparaître
étonnant pour certaines personnes que
toi qui es connu pour ton humour
plutôt gentil, aies de l'admiration
pour Mike Ward qui est connu pour autre chose.
J'ai de l'admiration pour
n'importe quel humoriste, je pense.
Vraiment.
N'importe qui.
Je suis assez intéressé par l'humain, surtout par les gens qui ont plus d'expérience queiste, je pense. Oui. Vraiment. N'importe qui. Je suis assez intéressé par l'humain,
surtout par les gens qui ont plus d'expérience que moi,
je pense.
Mike, ce n'est pas quelqu'un
de qui je suis particulièrement proche,
mais quand on se croise, habituellement,
à chaque fois que je fais Sous-écoute,
je suis comme,
je n'ai pas l'impression que le public de Sous-écoute,
c'est ce qu'ils veulent de cette émission-là,
mais souvent, j'arrive avec des questions.
Je suis comme, oh my God.
Quand il est venu sur mon podcast, on dirait que j'ai pu assouvir souvent, j'arrive avec des questions. Je suis comme, oh my God. Quand il est venu sur mon podcast,
on dirait que j'ai pu assouvir ce désir
de poser bien des questions.
Tu arrives avec des questions
plutôt qu'avec des anecdotes croustillantes.
Oui, c'est ça.
Ou sexuelles.
Oui, plus.
Est-ce que tu as beaucoup d'anecdotes
croustillantes ou sexuelles pour moi aujourd'hui?
J'ai tout gardé pour toi, Adam.
Merci, je l'apprécie.
Est-ce qu'il y a une différence entre Jay du Temple
et Jérémy du Temple-Kyrian?
Non.
Non, ça vient d'arriver des fois, des personnes qui sont...
Moi, je veux pas connaître Jay du Temple, je veux connaître Jérémy.
Même affaire, c'est quoi que tu me parles?
C'est pas comme Marjo et Marjolaine.
Non, non, non.
Je pense pas qu'il y ait de différence.
Peut-être qu'il y en a une,
mais le but, c'est qu'il n'y en ait pas.
Comment est-ce que tu es devenu Jay du Temple?
Moi, au départ, justement, quand j'ai commencé à faire de l'humour, jamais je pensais changer
mon nom. C'était Jérémie du Temple-Kirion. Mais c'est jusque-là, on me présentait dans
les bars, puis là, les gens se trompaient, puis le monde ne comprenait pas mon nom, puis
c'était un peu compliqué.
Et en septembre 2015, François Bellefeuille me demandait de faire sa première partie
à Rivière-du-Loup et Rimouski.
Et là, c'est moi qui conduisais sa voiture.
Et on a de la route à faire, lui et moi.
Et là, à un moment donné, François, il a quand même des opinions.
On a envie, François.
Fait qu'à un moment donné, lui-même m'a amené le sujet.
Bon, ton nom, là.
Sur ce ton-là.
Sur ce ton-là un peu, pis j'étais comme, ouais, quoi.
Parce que des fois, j'enlevais Kyrion,
c'était juste Jérémie Dutemps,
mais là, je me sentais mal pour mon père,
parce que c'était pas en réaction à rien,
c'était juste que chez nous, les comiques, c'est les Dutemps.
Fait que là, j'étais comme, on dirait que ça rapporte
que ce soit ça le nom de scène.
Pis à un moment donné, c'est François Bellefeuille,
dans le char, qui m'a dit, ça devrait être Jay Dutemps.
On t'appelle tous de même dans le milieu.
T'es déjà Jay Dutemps. Ça marche, ça sonne. »
J'avais jamais pensé à ça.
Je suis revenu chez nous.
À l'époque, c'était les pages Facebook qui fonctionnaient.
J'ai changé le nom de ma page Facebook.
Ça se voulait comme un gros mot.
Maman charnière.
Oui, exact.
Ça en est suivi un genre de deux mois bizarres dans les bars
à demander à tes amis,
est-ce que tu peux me présenter comme Jay du Temple?
Toi, on est comme, pas qu'il te prend.
Puis après ça, ça a passé, puis ça a resté, puis ça fonctionne.
Fait que tout ça me va.
En novembre 2020, dans les pages d'El Québec, tu disais une une qui avait fait beaucoup jaser.
Tu disais, j'ai tellement peur de virer mal, de trop nourrir mon ego, de perdre le nord, de devenir chiant avec mes proches. Je pense que c'est quelque chose qui
me guette. » Est-ce qu'il y a des moments où tes proches t'ont dit « Là Jay, il faudrait te
ramener sur terre un instant. » Non. Non. Mais pourquoi est-ce que tu es habité par cette crainte-là,
tout particulièrement? Parce que ça… Alors que ça n'a pas l'air de vraiment te guetter. Non,
ça ne me guette pas. Je ne pense pas que ça me guette.
Je pense que le fait
que j'en ai autant peur,
ça démontre à quel point
ça ne me guette pas.
Ça te prémunit, oui.
Exact.
Mais c'est parce que
c'est quelque chose qu'on voit.
Puis, ce n'est pas juste
dans le milieu artistique,
mais c'est plus cliché peut-être
ou c'est peut-être des histoires
qu'on a entendues plus souvent
dans le milieu artistique.
J'ai vu des gens changer
avec le succès ou l'argent,
appelle ça comme tu veux. Mais il y a des comptables qui ont des gros égaux. Exact. Ça existe. Exact. Ça souvent dans le milieu artistique. J'ai vu des gens changer avec le succès ou l'argent, appelle ça comme tu veux.
Mais il y a des comptables qui ont des gros égaux.
Exact.
Ça existe.
Exact, ça existe dans tous les milieux.
Mais comme c'est aussi banal que, mettons,
cette année à mon anniversaire,
ça faisait 6-7 ans que je n'avais pas été chez nous à ma fête.
Ma fête est à l'automne, c'est toujours parti.
Tu animais une émission, c'est ça?
Oui, exact.
Urbars.
Sur ma TV.
Qui t'amenait à voyager partout dans le monde.
Exact.
Puis ma soeur était comme,
« Qu'est-ce que tu veux pour ta fête?
Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse pour ta fête? »
Puis j'étais comme, rien.
Puis elle était comme, « Mais là, t'es bien, mais là. »
Puis à un moment donné, j'ai dit,
« Laurie, c'est ma fête à toutes les fins de semaine.
À toutes les fins de semaine, c'est ma fête.
Deux, trois fois par semaine,
la soirée tourne autour de moi.
Je suis super chanceux, mais c'est aussi beaucoup d'attention
à recevoir.
Fait que, je sais qu'à ma fête,
je vais juste souper avec vous autres,
puis on garde ça relax.
Puis après ça, je ne suis pas vieux, j'ai 32 ans,
mais je pense quand même que je regarde
un peu derrière, puis il y a des moments où je suis
comme, ah oui, j'étais vraiment...
Tout ce qui est important, c'était mon métier,
pis c'est correct, je pense que la vingtaine...
En tout cas, pour moi, ça a été ça,
c'était intense, pis c'était...
Tout m'intéressait, je voulais tout essayer,
je voulais aller partout, je voulais faire
tous les shows possibles, pis c'est peut-être grâce à ça
que là, je suis comme, ah, on peut se calmer les nerfs.
C'est lequel le premier spectacle d'humour
qui a semé la graine dans ton esprit
que ce serait peut-être ta trajectoire à toi aussi?
Je pense que c'est les galas juste pour rire
plus qu'un spectacle.
Parce que très petit, c'est comme ça que j'ai été en contact.
Je me souviens écouter la LNI à la télé.
À Télé-Québec, oui.
Oui.
Puis être très, très jeune, puis regarder ça,
puis ne pas comprendre ce que je regarde,
mais capoter là-dessus.
Les galas juste pour rire à la télé,
même affaire.
Mes parents m'ont amené très jeune
voir des galas juste pour rire parce que je trippais là-dessus.
Après ça,
One Man Show,
j'ai moins de souvenirs.
Je suis allé en voir, mais c'était plus clair
que l'humour me faisait tripper.
C'était plus à la fin du secondaire.
Je dirais que c'est plus les galas juste pour rire à la télé à l'époque.
À partir de quel âge, c'était clair que c'est ce que tu deviendrais?
Super jeune.
C'était pas nommé, mais maintenant que je pratique ce métier,
je suis comme, ah, je le savais depuis enfant.
J'étais en cinquième année au gala de fin d'année de ma grande soeur.
On est à la Place des Arts.
C'est pas mal quand même.
J'allais au privé.
On l'avait deviné.
C'est pas une école publique qui pourrait se payer la Place des Arts.
Il y avait un étudiant
plus vieux que ma soeur
qui avait fait un monologue de stand-up.
Et j'étais
renversé. J'en revenais pas de ce que je venais de voir.
Je ne revenais pas aussi de voir quelqu'un
qui n'était pas connu qui faisait ça.
C'est comme si à cette époque-là, on ne voyait pas ça.
Et ça fait que c'était comme,
« Ah mon Dieu, je peux faire ça. »
Mais je suis en cinquième année, moi, là.
Ça n'a pas de sens.
Mais j'étais vraiment chaviré après, à l'envers.
Renversé, toujours attiré par la scène.
Toujours, toujours.
Comment ça s'est passé pour toi, l'École nationale de l'envers. Renversé, toujours attiré par la scène. Toujours, toujours. Comment ça s'est passé pour toi,
l'École nationale de l'humour?
Je me suis mis tellement
de pression.
Là, je travaille à ça.
Je pense que je suis quelqu'un qui se met
énormément de pression.
Des fois, je n'ai pas assez de plaisir
dans le processus. C'est encore quelque chose
que je travaille maintenant dans ma vie,
mais si je regarde les cas de humour, j'aurais pu triper un peu plus.
Je me suis mis beaucoup de pression, j'ai trouvé ça difficile.
Aussi, je pense que je trouve mes amis, mes collègues très doués, très bons.
Je suis très admiratif du travail des autres.
Dans ta cohorte, il y avait Catherine Levesque, Mehdi Boussaïda.
Sam Breton, Mehdi, exact.
Même les noms moins connus,
on était une cohorte de gens très drôles,
des gens qui voulaient rentrer fort,
des gens qui voulaient vraiment performer fort.
Ce qui est super aussi,
parce que ça fait que tout le monde se pousse un peu vers le haut,
mais ça fait aussi qu'après ça, quand est arrivée la tournée de l'École de l'humour,
c'est moi qui ouvrais la tournée.
Premier à monter sur scène.
Premier à monter sur scène après un tout petit numéro d'ouverture.
Puis ça, est-ce qu'on espère être le premier à monter sur scène dans ce genre de spectacle-là?
Non, parce que c'est toi qui vas réchauffer la salle.
Encore une fois, très rapidement après, moi je ne suis pas...
Même dans les fameux vendredis de l'École de l'humour,
donc à tous les vendredis, on présente chacun
un numéro.
C'est la grosse affaire, l'École de l'humour.
Et personne ne veut jamais ouvrir les vendredis.
J'ai dû en ouvrir
80 %. Parce qu'à tous les fois,
je suis comme, moi, le faire, la gang, c'est correct.
Puis, encore une fois, looking back,
je suis comme, c'est une bonne affaire.
Parce que, quand je suis sorti de l'école de l'humour,
pis j'arrivais...
J'ai fait la première partie d'Adib Al-Khalideh,
mettons, pas longtemps après ma sortie de l'école de l'humour.
Ben, rencontrer un public pas réchauffé, je connaissais ça.
Après, c'est arriver dans les bars pour animer une soirée d'humour,
embarquer sur scène et réchauffer une...
Je connaissais ça, ça me faisait pas peur.
Fait que ça a été un super bon... Je vois tout le temps ça
comme si je jouais au hockey avec une poque orange,
une poque plus pesante que les autres.
C'est plus dur, mais ce n'est pas mauvais
que ce soit plus difficile.
Je ne veux pas te poser une question trop désagréable,
mais est-ce que...
Est-ce que tu as l'impression
que tu avais moins de talent
que certains de tes camarades,
que tu avais davantage à travailler pour fabriquer ton talent,
le talent qui t'a été octroyé par le bon Dieu.
Oui, complètement. Vraiment.
Puis je pense que j'ai somme toute un certain talent.
Je ne dirais pas le contraire.
Mais j'ai besoin d'être...
Il faut que je me couche tôt, il faut que je sois en forme,
il faut que je mange bien.
Je ne peux pas... Il y en a que c'est juste...
Je me souviens d'un gars à mon secondaire
qui fumait des clopes
et quand arrivait le test du BipBip, il torchait
tout le monde. Je ne serais jamais ce gars-là.
C'est impossible. Moi, il faut que je sois...
Le test du quoi? Le test du BipBip. Il faut
traverser le gym. Ah oui, OK.
Ça m'avait marqué.
Ça donne une idée de comment je suis fasciné par les autres
et pas par moi. C'est la même chose
en humour, je trouve.
J'ai un certain talent, mais il faut que je travaille beaucoup plus.
Ça prend du temps.
Ma V1, la première version de mes textes ou de mes jokes,
sont vraiment ordinaires.
Ça me prend beaucoup de versions pour arriver à un produit qui est présentable,
alors qu'il y en a d'autres que c'est moins ça.
Avec le temps, j'ai appris à apprivoiser
un peu mon processus créatif et mon talent,
si on veut appeler ça comme ça.
Quand on s'est vu la dernière fois,
c'était à l'été 2021, 2022.
C'est lorsque tu redais ton spectacle fin,
qui n'est pas ton dernier spectacle.
Non.
Puis tu m'avais dit que tuapprenais à ce moment-là
que t'apprenais de plus en plus
à embrasser le fait que t'es un artiste
que t'assumais pas ce mot-là
jusqu'à ce moment-là
c'est comme récent dans ma vie
c'est comme si c'était gênant pour moi de dire artiste
je sais pas pourquoi
alors que t'en es un
oui exact absolument
je l'apprivoise ce mot-là
je trouve qu'on est dans un je pense que j'oeuvre dans un milieu où l'entertainment et l'apprivoise, ce mot-là. C'est que je trouve qu'on est dans un...
Je pense que j'oeuvre dans un milieu
où l'entertainment et l'artistique se mélangent.
Et les deux sont super.
Puis moi, je fais les deux,
dépendamment du rôle qu'on m'offre ou que je prends.
Mais dans le processus créatif de mon spectacle fin,
je pense que c'est là que j'ai rencontré
un espèce de... OK, un processus créatif,
un processus artistique,
une proposition artistique.
J'ai pris comme un pas dans cette direction-là qui, des fois, est un peu inconfortable
pour un humoriste qui veut
plaire, puis qui veut être sûr
que tout le monde rit tout le temps, puis que tout le monde est content.
C'est un peu de laisser
cette affaire-là aller, puis plus se concentrer
sur qu'est-ce que moi, je veux faire,
quel artiste que je veux être, qu'est-ce que je veux proposer.
Fait que oui, j'embrasse plus ça maintenant.
Ça m'arrive souvent lorsque je fais des entrevues
avec des humoristes d'aborder des sujets sérieux
parce que souvent, vos numéros sont enracinés
par des préoccupations réelles,
des moments dramatiques, voire tragiques
que vous avez vécu.
Puis là, souvent, ces mêmes humoristes-là
vont s'empresser de préciser que
« Mais ça va quand même être drôle, mon spectacle! »
Ce à quoi j'ai toujours envie de répondre.
Je sais que ça va être drôle, t'es humoriste,
ça fait 15 minutes qu'on jase
et tu m'as fait rire 122 fois déjà,
je suis pas inquiet.
Pourquoi est-ce que vous avez tous cette crainte-là
de pas être suffisamment drôle?
Je le sais pas.
Si je parle juste pour moi,
je sais que le drôle dans ma vie,
ça a toujours été une énorme
affaire. Ça a toujours été mon affaire
préférée. J'étais petit.
Je sais pas si c'est parce que j'ai grandi avec des filles.
Moi, j'ai deux soeurs, donc je me battais pas
quand j'étais kid. Pour faire réagir
mes soeurs, il fallait que j'les fasse rire.
Chez nous, c'était très drôle. Le monde
était très drôle. Ma mère, mon oncle,
mon père est très ricaneux.
On est tous très ricaneux.
Puis après ça, tu arrives à l'école
ou même dans le sport.
C'était tout le temps mes personnes
préférées. C'était tout le temps les personnes drôles.
Il y a toujours cette affaire-là, je trouve,
on dirait que je ne suis
jamais assez. Puis je trouve
ça tellement attirant. Je pense que c'est cette espèce d'aff suis jamais assez. Puis je trouve ça tellement attirant.
Fait que je pense que cette espèce d'affaire-là,
puis en vieillissant, ça se calme,
pour moi, je trouve,
cette espèce d'affaire-là de,
je pense que je sais que je suis drôle,
je ne suis pas le plus drôle,
je ne le serai probablement jamais,
mais c'est juste de trouver ma version du drôle.
Moi, c'est ça que j'essaie de faire.
Quand tu vois quelqu'un de très talentueux
ou très bon, ça peut être autant
inspirant que décourageant.
J'essaie de ne pas tomber du côté découragé.
J'essaie juste de rester du côté inspiré.
Cette personne-là a trouvé son cadeau et l'a amené à son plein potentiel.
Moi, c'est quoi mon affaire?
Comment je peux l'amener à son plein potentiel?
Cherche quelque chose de vrai,
pas quelque chose de drôle.
C'est la phrase qui t'a guidé dans la création de ton plus récent spectacle.
Oui.
Une phrase que t'a dite ton ami Guillaume Gérard.
Exactement.
C'est ça?
Oui.
Est-ce que c'est quelque chose qu'on vous enseignait à l'École nationale de l'humour,
de chercher le vrai avant de chercher le drôle, ou de chercher les deux?
Pas que je me souvienne, pas dit aussi clairement. Après ça, les cas de l'humour,
j'étais aussi très jeune et très, je veux pas dire niaiseux, mais j'avais 19 ans,
j'étais pas mature. Fait que je savais pas comment j'étais drôle aussi. Puis c'était
pas nécessairement, c'était vraiment des gags. Dans mon souvenir, ce qu'on cherchait,
c'est vraiment des gags. On trouve des jokes. qu'on cherchait, c'était vraiment des gags. On trouvait des jokes.
Puis à 19 ans, c'est peut-être correct, je le sais pas.
Je veux pas...
Mais c'est comme si moi,
quand je suis sorti de l'école de l'humour,
c'est là que j'ai vraiment déployé mes ailes, mettons.
C'est quand je suis rentré dans les bars,
puis que là, j'étais libre.
Puis là, j'ai tout essayé.
Puis là, j'ai découvert un peu, j'étais qui, tranquillement, pas vite.
Puis avec le temps, ça a continué.
Puis c'est comme si... Là, j'ai rencontré aussi en écrivant en fin, c'est là que j'ai fait « ah oui ça fait 10 ans maintenant que je fais ça ».
Ça paraît que j'ai vieilli, je comprends maintenant. À l'époque où j'animais
« Lundi de l'humour » au bar Le Jockey dans Rosemont, j'avais 22 ans, pis j'animais
ça jusqu'à 25 pis il y avait des humoristes des fois qui arrivaient
pis ils sont comme ben là la crowd est ben trop jeune pis j'étais comme qu'est-ce tu
veux dire pis j'étais pas insulté mais un peu comme hey pis là je rodais mon spectacle
fin pis ça m'est arrivé d'aller dans certains bars pis faire ah je comprends ce qu'ils
voulaient dire comme fait que...
Parce que le public pouvait pas s'identifier à tes préoccupations?
Un peu moins, puis c'est correct, tout ça.
Mais après ça, c'est comme...
Ça me semble tellement évident maintenant
que je cherche quelque chose de vrai,
pas quelque chose de drôle.
Parce que tous les humoristes que j'admire,
tous les humoristes que j'écoute,
c'est tout ça, dans le fond.
Puis le drôle vient après.
C'est comme si, au départ, je cherchais beaucoup le drôle en premier. J'allais partout, puis je me disais, qu'est tout ça, dans le fond. Puis le drôle vient après. C'est comme si, au départ,
je cherchais beaucoup le drôle en premier.
J'allais partout, puis je me disais,
qu'est-ce qui est drôle?
Plutôt que de partir de l'inverse,
faire qu'est-ce qui est vrai,
puis de rendre ça drôle.
On s'est vu ce même été-là,
à la sortie du spectacle de Gerard Carmichael,
qui est un humoriste américain
que tu m'as fait découvrir,
que tu admires beaucoup.
Est-ce que tu peux nous raconter ce qu'on a vécu
ce soir-là à Montréal
au cabaret
TD?
C'est un bel exemple
d'un humoriste qui cherche quelque chose de vrai
puis le drôle va venir
peut-être un jour.
Oui, exact.
Gerard est dans un processus...
En fait, quand je regarde Gerard sur scène,
ça me donne du courage à moi.
Là, il faut savoir que quand on l'a vu cet été-là,
son special Rothaniel était sorti quelques mois avant.
Donc, sachant ça, on sait qu'il est en train de travailler
du nouveau matériel pour un futur special.
Puis, Rathaniel, c'est un spectacle dans lequel il parle de son père,
des mensonges de son père,
puis c'est un spectacle aussi dans lequel il fait son coming out
en tant qu'homosexuel.
Exact.
Et c'est très chargé.
C'est très drôle, mais c'est surtout très vrai,
à un autre niveau.
Lui et sa mère vivent des différends depuis son special.
C'est pas jusque-là que je veux aller. Tu veux pas t'aliéner ta famille au nom du monde. un autre niveau. Lui et sa mère vivent des différents depuis son special.
Ce n'est pas jusque-là que je veux aller.
Tu ne veux pas t'aliéner ta famille au nom du mot. Non, vraiment pas.
Après ça, il vit des enjeux très différents des miens.
Je ne le juge pas du tout pour ça.
Mais le soir où on est allé le voir,
il nous en demandait beaucoup, Gerard.
Il était très exigeant
avec le public, c'est-à-dire que ce n'est pas
du tout crowd-pleaser.
C'est très lent.
Beaucoup de long silence.
Très assumé.
Aussi dans sa proposition, c'est ça que je viens faire ce soir.
Je découvre, puis t'embarques ou pas.
Mais moi, j'admire cette affaire-là,
le fait d'être aussi à l'aise dans quelque chose d'aussi exigeant
vers le public, d'être conscient que tout le monde dans la pièce sait
qu'en ce moment, ça n'arrive pas.
Je trouve que c'est très...
C'est que dans six mois, ça va être sick.
Il faut le savoir, mais c'est comme si ce soir-là,
j'ai l'impression qu'il faut vraiment être en paix
avec le fait que, ah, ce soir, je n'ai vraiment pas été un humain.
C'est pour ça que je n'aime pas ça,
surtout qu'en processus créatif, au début,
quand j'écris du nouveau matériel et que je le teste, je n'aime pas ça, surtout en processus créatif. Au début, quand j'écris du nouveau matériel et que je le teste,
je n'aime pas ça quand des gens que je connais viennent au show.
Parce que c'est comme s'ils en savent trop.
J'en dis trop et ce n'est pas clair.
Une fois que c'est filtré et que je suis arrivé à un produit fini,
je me dis que vous pouvez venir me voir.
C'est moins gênant.
En 2022, tu m'as dit qu'il y a un soir à Verdun
où tu en as dit beaucoup trop au public.
Qu'est-ce qu'il t'a dit au public de Verdun
qui ne se trouve plus dans ton spectacle maintenant,
dans la version finale et rodée?
Quelques...
Je ne sais pas si c'est cette semaine-là
ou le lendemain.
En tout cas, je sais que, mettons,
juste avant ou après ce spectacle-là,
je discutais avec mon psy
et il m il me dit...
Il était très content que j'incarne ma réflexion personnelle dans une réflexion artistique.
Il était comme « c'est cool ça », parce que visiblement, pour un psy, c'est rassurant de savoir que ton patient va faire son travail
parce qu'il veut en plus écrire un spectacle avec ce travail après
c'était comme je fais juste mettre en garde de pas bypasser certains deuils pour tout de suite
aller à la joke tu sais comment l'humour c'est tragedy plus time equals comedy je sais pas pourquoi
je dis en anglais le monde j'ai plus souvent entendu en anglais mais tragédie avec le temps
ça donne l'humour.
Mais on ne connaît pas la durée de temps exact et ça varie.
Exact. Et ce soir-là, verdun, c'est comme si je suis débarqué de scène, je suis comme
« ah, ça ne fait pas assez longtemps » pour certains petits moments que j'ai testés.
Que tu vois, là surprenamment, j'ai commencé à faire des petits shows de crowd work et
de nouvelles idées, donc des shows très lousses où je découvre du nouveau matériel.
Puis je travaille un peu sur scène.
Puis là, cette anecdote-là, entre autres, est ressortie.
Puis là, j'ai beaucoup plus de recul.
Fait que c'est ça.
Tu parlais du deuil d'une relation amoureuse?
Oui, entre autres choses, oui.
Est-ce que tu l'ai prévié?
C'est pas comme s'il y avait des milliers de...
Les dizaines de milliers de dames dont il est question.
Non, mais tu parles de quelques relations,
il me semble, dans ton spectacle.
Est-ce que ces femmes-là sont au courant?
Est-ce que tu leur demandes leur autorisation?
Comment on vit ça?
Parce que c'est quand même du matériel intime assez brut
que tu transformes en rire, évidemment.
Oui, puis moi, le plus important pour moi,
encore une fois, c'est que personne ne sorte de mon spectacle,
personne de mon entourage ne sorte de mon spectacle à l'envers.
Après ça, je m'assure d'assez brouiller les cartes
pour que les gens qui viennent voir le spectacle
ne peuvent pas savoir si je parle de une ou huit ou qui.
Je pense qu'il y a certaines personnes qui sont courantes
de qui il s'agit dans ma vie à moi,
puis c'est des gens très proches de moi.
Mais non, tu sais...
Puis pour moi, non, j'ai pas averti.
J'ai pas demandé la permission.
Mais j'ai pas l'impression non plus de transgresser quoi que ce soit.
Tu te dis rien de grave.
Non, exact.
Mais je me suis posé ces questions-là.
Mon but, c'est pas de faire de la peine à personne avec mes jokes.
Mais tes parents, ta mère, plus particulièrement,
comment elle a vécu ça lorsqu'elle a vu le spectacle
pour la première fois?
Je ne sais pas jusqu'à quel point elle a appris
que tu étais habité par tous ces tourments,
tous ces questionnements,
mais j'imagine que c'est chargé pour une mère.
Oui, la plus...
Je pense que ma mère le vit d'une manière...
Mes parents comprennent ce que je fais.
Ma mère, ce qui l'inquiète le plus,
c'est à savoir est-ce que moi, je suis content.
C'est ça son stress.
À tous les soirs que je suis en spectacle,
elle me texte encore à ce jour, bon spectacle.
Puis on dirait que puisque je l'ai déjà dit,
on dirait qu'elle se met la pression de continuer à le faire,
mais elle peut arrêter si elle veut.
J'en tiendrai jamais rigueur.
C'est quoi le nom de ta mère déjà?
Nicole.
Nicole, même nom que ma fille.
Oui, c'est vrai.
Wow.
Ma plus vieille.
Bon, message à Nicole. Vous pouvez arr fille. Oui, c'est vrai! Oui. Wow! Ma plus vieille. Bon, message à Nicole.
Oui.
Vous pouvez arrêter.
Oui, c'est ça.
Et à chaque fin de spectacle, elle me demande comment ça a été.
Si je suis content.
Puis, je dis toujours très bien.
Puis, souvent le dimanche, je vais souper chez mes parents.
Puis, il y a un dimanche, mon ancienne tournée, ma première tournée.
Il y a un dimanche, j'arrive.
Puis, ils sont comme « Pis, tes spectacles en fin de semaine? »
Pis je suis comme « Ah, telle soirée, il est arrivé telle affaire! »
Pis là, ma mère était comme « Mais pourtant, tu m'avais dit que t'avais eu du plaisir, pis que ça avait bien été. »
Fait que là, à chaque fois qu'elle me demande comment ça a été, pis je dis « Bien »,
elle me repose 22 autres « Et t'es saute? T'es content? »
Donc t'es content, elle veut juste s'assurer que je dis la vérité.
Fait qu'à cette heure, quand je débarque de scène pis que je trouve que ça a pas été comme je voulais, j'es content. Elle veut juste s'assurer que je dis la vérité. À cette heure, quand je débarque de scène, je trouve que ça n'a pas été comme je voulais.
J'ai dit.
Donc, la première fois que mes parents ont vu le spectacle,
ils ont vraiment compris ce que j'étais en train de faire.
J'étais agréablement surpris à quel point ils étaient juste comme,
« Wow, OK, t'as maturé, on le sent.
On ne t'avait jamais vu comme ça sur scène.
On est tellement contents, ça te ressemble.
La personne qui a trouvé ça le plus difficile,
c'est ma petite sœur.
Ma petite sœur, elle, elle était venue le voir au bordel l'été dernier, l'été 2022.
Puis dans ma tête, c'était la dernière de ma famille
qui ne l'avait pas vue, ma grande sœur l'avait vue.
Puis dans ma tête, Sarah, ma petite sœur,
je pense que c'est l'être humain
que la plus belle estime de moi.
Je suis extraordinaire à ses yeux.
Je suis vraiment un grand frère.
C'est vraiment ma petite sœur.
Elle me voit d'une manière vraiment améliorée.
J'étais comme, Sarah, viens me voir.
Ça va être super.
Ça m'a surpris.
Quand je suis arrivé après,
je la sentais très émue.
Elle était comme, C'est tough! » Puis ça m'a tellement surpris que j'ai
même pas reçu, on dirait, ce qu'elle m'a dit. J'étais juste comme « Ben là, Sarah! »
On dirait que je suis tombé sur la défensive alors que je suis comme « Ah! Ma petite sœur
a été touchée par mon spectacle, puis elle a rencontré des choses dont on parle moins,
puis j'ai donné accès à quelque chose aussi qui fait que depuis, bien, être très comme...
Ça va-tu? Si t'as besoin, on est là.
Puis je sens que ma famille est très dans...
C'est-tu avec le spectacle, c'est-tu aussi avec l'âge
ou est-ce que je leur donne plus accès à ça?
Mais ils sont très conscients que...
Ah, OK, il se sent seul des fois.
Fait qu'on va s'assurer de l'inviter.
Parce que t'étais négligé par ta famille avant?
Pas du tout.
Pas du tout.
Tout ça, c'est dans ma tête.
Parce que tu parles de ton désir de plaire dans le spectacle,
mais qui t'a souvent paralysé.
Je veux pas te mettre des mots dans la bouche.
Mais absolument.
Mais qui a créé toutes sortes de situations pas agréables pour toi.
Est-ce que ça t'est déjà arrivé dans ton travail, disons,
dans le merveilleux monde du showbiz,
de tenter très fort
de plaire, puis que ça fonctionne pas du tout?
Plaire à quelqu'un, quelqu'un que t'admirais,
par exemple?
Sûrement. C'est sûr que oui.
Mais, tu sais,
je me souviens juste les premières fois que je joue au bordel
puis qu'il y a des humoristes que j'admire
qui sont sur le line-up, puis t'es un peu comme, OK, c'est une nouvelle zone.
Puis t'as pas l'expérience aussi pour...
Puis c'est super formateur, ces petits shows-là
où il est minuit au Bordel, puis tu passes après Louis-José,
puis t'es comme, OK.
Dans ma tête, je me souviens être en arrière,
puis me dire, ça, c'est comme si on travaille les côtes en boxe. Comme dire que c'est comme si on travaillait les côtes en boxe.
C'est des coups d'un côte.
Ça va être correct.
Ultimement, tu vieillis.
À un moment donné, je suis comme...
Il s'en fout.
Il ne me check pas.
Lui, je l'aime-tu ou pas?
Il vit sa vie.
À un moment donné, c'est juste d'accepter
qu'il n'y a pas longtemps,
je faisais mon show au Terminal,
mon show de crowd work où je travaille du nouveau matériel. Fait que c'est super lousse.
J'arrive tout seul dans les loges.
Mon show est à 9h30 un mercredi soir.
Pis c'est François Bellefeuille qui joue avant moi,
qui travaille lui aussi du nouveau matériel.
Pis il est juste rentré dans les loges pis il m'a vu,
pis il a fait « fuck, un témoin ».
Pis j'étais comme...
Tous les joueurs résuivent ça.
C'est ça que j'avais envie de dire.
Pis la fois d'après, c'était encore lui avant moi.
Puis il est comme, excuse-moi pour comment j'ai réagi la dernière fois.
Puis je suis comme, François, arrête.
On vit la même affaire.
Je pourrais pas mieux te comprendre.
Je te juge pas sur scène,
je te juge pas d'avoir réagi comme ça en rentrant dans les loges.
Tout ça, je te dois mon nom, François.
Fait que, tu sais, genre,
il y a pas de stress avec ça.
C'est lui qui t'a baptisé. C'est lui qui m'a
baptisé. Il y a un peu
une face de curé.
Je l'entends comme un compliment.
Non, je ne me
souviens pas, mais après ça, à un moment donné, tu vieillis
et tu te dis que tout le monde est un peu
centré sur son affaire.
J'essaie
plus d'être fier de moi
plus que de plaire à tout le monde.
Je te pose une variation sur une question qu'on t'a posée
mille fois, je te demande pardon.
Est-ce que
le fait que tu aies été connu
par un autre canal
que celui de l'humour, c'est-à-dire
l'émission dont on parlait tantôt,
est-ce que ça a contribué
à ce désir-là de montrer à tes collègues
que ton vrai métier, celui pour lequel tu avais étudié,
tu étais capable de le faire aussi bien que les autres?
Je pense pas.
Peut-être que dans 10 ans, je vais dire finalement oui,
mais aujourd'hui, j'ai pas l'impression que c'est le cas.
Je pense que j'ai jamais arrêté de faire du stand-up.
J'ai fait des shows jusqu'à la veille
de mon départ pour mon premier OD.
Je suis atterri le lendemain, j'étais sur scène.
J'ai alterné OD
puis la tournée, mes trois premiers.
C'est pas une figure de style, ce que tu dis.
Le lendemain, littéralement, t'étais là.
Littéralement, complètement,
en décalage horaire.
C'est super nerveux. Depuis que je faisais, super nerveux. C'est la première fois
depuis que je faisais du stand-up, c'est la première fois
que je prenais deux mois et demi de pause.
Puis pour moi, c'était ça qui me stressait
le plus de faire O.D., c'était d'arrêter de faire du stand-up
longtemps. Fait que j'ai joué
le Metropolis la veille
de mon départ, puis au retour, j'étais au bordel.
Puis,
pas par rapport à mes collègues, parce que je sens
que mes collègues respectent ce que je fais
tu sais pis même tu sais ceux que je sais qu'ils aiment pas mettons OD on se croise au bordel pis
ils savent que je fais du stand up pis ils me respectent pas pas parce que j'ai fait OD ils
sont juste comme ben c'est pas mon affaire pis toi tu fais ça pis c'est bien correct pis fait que je
trouve qu'il y a quelque chose de très juste
dans le milieu du stand-up.
Fait que c'est putain par rapport à eux, je pense.
C'est par rapport à moi.
Moi, je veux juste être sûr d'être le meilleur humoriste possible.
Moi, OD, ça a été extraordinaire, tu sais,
puis ça m'a vraiment aidé dans la vie
à apprendre plein d'affaires, un métier,
mais aussi, ça m'a aidé stand-up-wise aussi
de prendre du recul par rapport à mon matériel
puis revenir deux mois et demi après.
Finalement, c'est devenu quelque chose de bien
que j'incarne encore maintenant,
que j'ai pris mon été off un peu en me disant
« Deux mois et demi, c'est bon, prendre un pas de recul
puis revenir fresh dans le show avec un nouveau regard. »
Mais c'est juste que là, c'est devenu super clair pour moi
que je suis comme « Ah, je veux juste être le meilleur humoriste
que je peux, moi, être dans ma vie.
On a en commun une grande admiration pour Gary Shandling,
l'humoriste américain.
Regrettez Gary Shandling,
qui écrivait partout dans ses calepins,
« Just be Gary ».
C'est une phrase importante pour toi, tu te l'es appropriée.
Oui, absolument.
Mais pas « Just be Gary ».
Ce qui est drôle, c'est qu'avant, je ne me souviens pas qui allait à la télé,
puis j'étais comme « Be Gary », « Just be Gary », ce qui veut dire « Sois toi-même
», évidemment.
C'est une phrase que je me répète souvent, puis en joke, j'écris encore « Just be
Gary », puis je sais que pour moi, c'est ce que ça veut dire.
Donc, tu n'écris pas « Just be Jay ».
Non, non, c'est « Just be Gary », oui.
Je l'aime tellement.
Puis, il y a quelque chose qui m'a frappé dernièrement,
c'est qu'il y a beaucoup de gens...
Je parle constamment de Gary Shandling
et la plupart des gens à qui j'en parle
ne sont pas au courant de qui il s'agit.
Puis, ça m'a calmé
parce que j'étais comme...
Ah!
Il remplaçait Johnny Carson au Tonight Show.
Il a fait deux shows télé qui ont révolutionné la télé.
Le Larry Sanders Show, qui est formidable,
qui est une parodie de talk show.
Extraordinaire, tu sais.
C'est gigantesque dans le monde de la télévision, tu sais.
Et ça fait pas longtemps, tu sais.
C'était les années 90, là.
Puis déjà, les gens, en tout cas ici un peu plus,
ne savent pas vraiment c'est qui ou l'ont oublié
puis on dirait que ça enlève de la pression de faire comme
ah oui, des fois je me sens bien comme
faut que je sois bon puis tout le monde va se rappeler de tout
puis je suis comme non, les gens oublient tout
comme calme tes nerfs puis travaille
j'ai dit ça à un de mes amis à un moment donné
quand Guillaume Girard, pour ne pas le nommer
la journée où il a eu 40 ans, il y a déjà quelques années maintenant
il était un peu comme en remise en question
« Colline, j'ai 40 » pis tout ça, pis j'étais comme
« Hey, Gary Shandling a fait le Larry Sanders
saut à 42, je pense, t'sais
ça va être correct »
Il nous reste des belles années. Les meilleures
t'sais, t'as rencontré Yvon Deschamps
ici, pis qu'il y a quelqu'un que
je l'écoute pis je suis à l'envers
tellement je l'aime, j'en reviens pas, t'sais pis
souvent je me répète,
il a commencé à faire du stand-up à 35 ans, Yvon Deschamps.
J'ai 32, ça va être correct, les nerfs.
Ce désir-là chez les humoristes de dire sur scène
des choses importantes ou du moins des choses
qui sont enracinées dans une forme de vérité, on dirait
qu'il est de plus en plus présent.
C'est des choses dont m'ont parlé Mathieu Pepper
en entrevue, Guillaume Pinault,
ton ami Catherine Levesque,
le dernier spectacle de Louis-José Rude,
incarnait bien cette idée-là. Est-ce que tu sens
que ça témoigne
de la maturation
du monde de l'humour au Québec? Ça témoigne de quoi,
selon toi? Parce que longtemps, ce qu'on disait en humour, c'était que les humoristes voulaient juste
faire rire le plus deux fois
à la seconde, ce qui est très noble aussi
comme objectif.
Oui, moi, je pense que c'est... Oui,
ça démontre
une maturité dans cette
forme d'art-là. Ça reste
super jeune, ici au Québec encore.
Mais après ça aussi,
je pense que c'est juste
un heureux mélange de tout ça.
La maturité de l'art, l'influence qu'on peut avoir
de partout dans le monde de ce qui se fait.
J'ai l'impression aussi que...
Évidemment que Daniel Lemire
avait pas accès à un Gerard Carmichael
quand il avait 25 ans, 30 ans.
Il ne pouvait pas être inspiré de cette manière-là.
Comme moi, je peux l'être maintenant.
Je pense qu'il y a un peu de tout ça
qui fait que je peux peut-être incarner ça
« plus jeune » ou plus rapidement,
mais je pense que c'est plus dans l'histoire du stand-up
où on en est rendu.
C'est beaucoup ça.
Pour moi, le désir, ce n'est pas tant de...
« Toute ma vie, il faut que je parle de... » C'est beaucoup ça. Pour moi, le désir, ce n'est pas tant de... « Toute ma vie, il faut que je parle de... »
Ce n'est pas ça.
C'est plus de faire un mot aussi qui est baroueté
un peu de tout l'autre côté, mais d'authenticité.
Je me souviens entendre Simon Leblanc en entrevue dire
« Moi, je veux juste faire rire.
Si je te fais réfléchir,
j'ai passé à côté de mon défi. »
C'est vraiment incarné.
Il est excellent, Simon Leblanc.
C'est authentique. C'est sa version à Simon Leblanc. Puis c'est authentique.
C'est sa version à lui de mon affaire à moi, ultimement.
Je pense que c'est ça qui est intéressant aussi.
Moi, ce que j'aime dans n'importe quel show,
n'importe quelle forme d'art, c'est de rencontrer l'artiste.
C'est ça que j'aime quand j'ai l'impression que je suis comme
« Ah, j'ai accès à cette personne-là en ce moment. »
Je t'ai déjà vu te choquer sur scène, Jay.
C'est-tu vrai?
Au Boc et bière à Sherbrooke.
Oui! Ah mon Dieu, oui!
Est-ce que tu veux nous raconter ça?
Est-ce que ça t'a souvent arrivé de te choquer sur scène,
d'avoir à te choquer comme ça?
Non. Puis c'est pas souhaitable.
C'est pas le fun pour moi en premier.
C'est pas le fun pour le public après.
C'est juste que ça me met à l'envers.
Mais ça, c'était particulier parce que c'était comme un beau problème. Si c'est la soir fun pour le public après, mais c'est juste que ça me met à l'envers. Mais ça, c'était particulier, parce que c'est comme si c'était un beau problème.
Si c'est la soirée dont je me rappelle,
c'est que c'était mon show solo.
Oui, puis il y avait une fille qui te trouvait beau
et qui te le disait très fort.
Il y avait trop de monde,
ce qui est un beau problème.
Mais qui a fait que...
Ce bar-là aussi est comme extraordinaire.
Il y a une énergie quand même électrique.
Et j'étais embarqué sur scène,
puis c'est ça, il y avait une fille
qui arrêtait pas de crier,
enlève ton chandail ou quelque chose comme ça.
Puis c'est juste que c'est comme,
ben là, j'avais pas dit une joke encore.
Ça pourra pas être ça pendant une heure et quart.
Fait que je me souviens que j'avais dû
intervenir de manière plus froide.
C'est juste que, avec le temps,
je suis rendu
encore meilleur
pour intervenir
dans ce genre
de trucs-là
parce que ça arrive
puis c'est juste
que ça m'est arrivé
tellement souvent
de débarquer de scène
puis d'être à l'envers
d'une situation comme ça
où c'est que
ça a fucké mon show
ça a mis ma journée
ça m'a mis à l'envers
puis je reviens
puis je suis un peu comme
triste
puis ah j'ai pas aimé ça
c'était pas le fun
mais pourquoi est-ce que les gens hurlent des choses
à la personne sur scène dans un spectacle d'humour
alors qu'on fait vraiment moins ça dans d'autres types de spectacles?
On ne peut pas sauter out, mettons.
Non, je pense que le décorum du spectacle d'humour
est encore à clarifier pour certaines personnes.
Tu vois, le show de Gerard Carmichael
qu'on a vu le même soir,
il y avait deux messieurs qui parlaient sans cesse à côté de moi.
Puis ça m'avait tellement déconcentré, parce que Gerard en plus ne parle pas fort,
c'était très lent, donc j'essayais beaucoup d'être attentif. de situation-là. Je suis comme, je souhaite que les gens autour interviennent de manière polie. Ils disaient, excusez,
on essaie juste d'écouter le show.
J'avais demandé au monsieur
d'arrêter de parler
le plus doucement possible.
Ça rend ça super hostile.
Le show avait fini
trois minutes après
et les gars,
c'était approché de moi
un peu de manière hostile.
Ils étaient comme,
yo, veux-tu qu'on se pogne?
J'étais comme,
les gars,
je voulais juste écouter
le spectacle.
Au spectacle de Geron?
Au spectacle de Geron.
Il y en a un des deux
qui avait dit,
dude, on n'est pas au théâtre. »
Puis j'étais comme, ça démontre à quel point, justement,
le décorum du spectacle du Mose.
Surtout que là, on vit à une époque où les clips de crowd work
sont plus populaires que jamais sur les réseaux sociaux.
C'est une manière que les humoristes font beaucoup de promos avec ça,
des clips où ils discutent avec le public puis ils font des jokes.
Parce que c'est comme une manière de faire de la promo
sans brûler du matériel.
Est-ce que c'est ça
qui fait en sorte que quand les gens viennent voir des choses
du monde, c'est comme « Hey, nous autres, on jase avec cette personne-là.
Je le sais pas. » Je pense qu'il y a une proximité
aussi avec l'humoriste qui est extraordinaire.
Moi, les gens m'appellent Jay.
« Hey, Jay,
on a l'impression de te connaître. » On me dit souvent ça.
Quelle chance d'avoir ce sentiment-là
avec un public que je ne connais pas.
Je ne sais pas pourquoi les gens font ça,
mais je pense qu'à force d'en parler
et de clarifier ça,
ça se clarifie tout seul.
Ça ne m'inquiète pas vraiment.
Donc, comment est-ce que tu as eu à intervenir
avec le public?
Maintenant, c'est juste que j'ai réalisé
à quel point je me mettais à l'envers.
Dans ma première tournée, ça m'est arrivé deux fois
que j'ai dû sortir des gens de ma salle.
Sortir?
Sortir, parce que là, ça ne me fonctionnait pas.
Puis, ils dérangeaient pendant ma première partie.
Ils dérangeaient pendant moi.
Curieusement, c'était deux madames qui s'appelaient Sylvie.
C'est très particulier.
La même semaine, il se passait quelque chose.
Puis, qu'est-ce qu'elles faisaient, ces Sylvie-là?
Elles discutaient. Elles parlaient, sans cesse.
Puis, il y a une des fois où je suis embarqué sur scène impatient
parce qu'elle avait beaucoup dérangé ma première partie, Charles Pellerin,
puis mon directeur de tournée avait été les avertir.
Puis là, je suis embarqué, fait que déjà à fleur de peau.
Fait que dès qu'ils m'ont dérangé, c'est comme si j'ai snapé trop vite.
Puis Charles, c'est ton ami, donc tu le prenais personnel.
Exact.
Mais j'ai quand même réagi trop fort.
Je n'ai pas sacré ou rien, j'ai juste été plus direct.
Et il y a des humoristes qui disent des choses bien pires
que ce que moi je dis quand je réponds à quelqu'un.
Mais puisque je suis connu pour être très gentil.
Ça tranche avec ton casting.
Ça tranche énormément.
Puis ce qui est plate, c'est qu'après ça,
moi, il faut que je finisse le show.
Puis là, le cœur... Il faut que tu le commences dans ce cas-là est plate, c'est qu'après ça, moi, il faut que je finisse le show. Puis là, le cœur...
Il faut que tu le commences dans ce cas-là?
Ouais, c'est ça.
Puis là, c'est comme si le cœur n'est plus à la fête.
Puis c'est comme si je ne veux plus vivre ça.
Ça dépend aussi du type de spectacle
qu'un humoriste présente, c'est-à-dire que
si tu es dans la légèreté, un moment de folie,
c'est peut-être plus facile de ramener la personne.
Mais si tu essaies de dire quelque chose d'important,
là, c'est peut-être moins agréable
de se faire crier des insanités.
Avec fin, je trouve ça plus vulnérabilisant.
Les fois où il y a eu des gens qui parlaient,
je me sentais vraiment...
C'est que le feeling que j'avais, c'est comme...
Ah, je suis niaise.
Je suis là, moi, à me mettre à nu,
pis dans le fond, on rit de moi, ce qui est pas vrai,
mais le feeling dans mon coeur, c'est ça.
Fait que là, c'est comme de juste essayer de réajuster le tir.
La première fois qu'on s'est parlé en 2017,
alors que ta carrière prenait son envol,
je travaillais pour un autre journal à ce moment-là.
Oui.
Tu me parlais de ton parti pris
pour la gentillesse et la bonne humeur.
Oui.
Tu te posais la question,
est-ce que les gens veulent entendre
quelqu'un de bonne humeur?
Quand je vois des gens comme Jimmy Fallon
ou Ellen DeGeneres, je me dis que oui.
Je pense que l'important, c'est d'être ancré dans la vérité.
Donc, il y avait déjà aussi le parti pris pour la vérité.
Là, cette phrase-là a un peu mal vieilli
parce qu'on a appris que Jimmy Fallon et Ellen DeGeneres
n'étaient peut-être pas aussi gentils
qu'ils le laissaient paraître à l'écran.
Pas aussi gentils avec leurs employés.
Mais est-ce que ce parti pris-là
que tu as pour la gentillesse, ton désir d'être fin, est-ce que ce parti pris-là que tu as pour la gentillesse,
ton désir d'être fin,
est-ce que ça t'a déjà desservi
dans le monde du showbiz, dans le monde de la télé,
de l'humour? Je pense pas.
Non. Je pense que ça me...
Moi, je me suis fait faire de la peine
peut-être plus, ou j'ai été déçu.
Par qui?
Des niaiseries,
des contextes.
C'est plus des vibes de faire comme,
voyons, c'est bien hostile, c'est bien plate,
c'est bien pas honnête, c'est bien pas...
Pourquoi on me dit pas la vérité?
On finit toujours par apprendre les vraies affaires.
Puis là, t'es comme, vous auriez pu me dire ça au début.
C'est bien...
Mais c'est aussi qui je suis.
C'est quand je regarde ma famille, je suis comme...
Ah, mes parents, c'est vraiment du monde
gentil. Ils sont gentils.
Ils sont vraiment gentils.
Mes soeurs, c'est du bon monde.
Mes beaux-frères, les enfants de mes soeurs.
On est fins, nous autres. On n'est pas méchants.
On ne sera jamais ça. J'ai un caractère.
Je suis capable de mettre mes limites.
Mais je ne suis pas toujours capable, mais je travaille à ça.
Fait que, oui, puis je priorise ça.
Pour moi, c'est super important.
Ce n'est pas d'être fake, c'est d'être poli, d'être gentil,
de regarder les gens dans les yeux, de dire bonjour,
de dire au revoir, de dire merci, la moindre des choses.
À quel moment est-ce que tu aurais dû mettre tes limites?
Dans le travail, j'ai beaucoup plus de facilité à le faire
que dans ma vie personnelle.
Dans le travail, je ne sais pas pourquoi je suis vraiment capable de faire
« ça, ça ne me va pas, je ne suis pas à l'aise d'aller là » et tout ça.
Dans ma vie personnelle, c'est plus difficile.
Je ne sais pas pourquoi.
Je pense qu'il y a vraiment justement un désir que tout le monde soit bien.
Souvent, j'ai le réflexe de plus à essayer de répondre aux besoins des autres qu'aux miens.
Des fois, sur scène, ça vient difficile parce que, mettons un show de crowd work où, ben, la nature du spectacle, c'est qu'il y a peu de choses
décrites pis qu'on va défricher ensemble. C'est ça l'idée. L'idée aussi c'était d'aller ailleurs,
que, tu sais là mon show est en tournée pis il est écrit, fait que c'est un peu comme,
ah j'ai le goût de monter sur scène pis d'aller à l'inverse de cette affaire-là. Aller où je veux, quand je veux, de raconter n'importe quelle histoire.
Si j'ai envie de niaiser toute une veillée, je vais niaiser toute une veillée.
De pas être obligé d'aller raconter la même chose.
Et il y a un soir, je suis débarqué de scène pis je me sentais pas bien,
pis j'étais comme, ah...
Il y avait une fille qui était là à mon premier crowdwork,
mais ultimement, j'allais travailler, somme toute, les mêmes idées.
Et là,
j'ai fini par le dire sur scène,
j'ai fini par lui dire, hé là, c'est parce que depuis une demi-heure,
j'essaie de trouver des nouvelles affaires,
parce que t'étais là la dernière fois.
Pour une spectatrice qui a payé 20 piastres.
Pis ultimement, elle était comme,
fais ce que t'es supposé faire,
occupe-toi pas de moi, pis c'est comme si j'avais mis ses besoins en avant des miens.
Fait que ça a comme pas de bon sens parce que je ne peux pas faire ça pour 100
personnes, 800 personnes, 1000 personnes, selon le nombre de personnes qui sont assises
devant moi, tu sais. Mais il y a eu des moments comme ça où j'étais un peu comme, est-ce
que je suis en train d'incarner ce que tout le monde voulait dans la pièce, tu sais.
Puis là, c'est comme de faire, toi, qu'est-ce que tu veux, puis concentre-toi là-dessus.
Il y a un moment de crowd work. Comment on pourrait traduire cette expression-là?
De discussion avec la foule, je ne sais pas.
De travail avec la foule.
Le crowd work, c'est lorsque l'humoriste,
de manière un peu cliché, va demander...
Je donne l'exemple, c'est le plus archétypal,
mais c'est lorsque l'humoriste va demander
« Vous venez d'où? Qu'est-ce que vous faites comme travail?
Est-ce que vous êtes en couple? »
Puis tentent de créer des blagues avec ça.
Mais donc, toi, tu mélanges cette approche-là
avec des nouveaux numéros sur lesquels tu planches.
Exactement.
Parce que j'ai un peu découvert à quel point, moi,
d'avoir du temps sur scène, ça me rend plus courageux.
Parce que c'est comme si je n'ai pas le choix d'essayer des affaires
parce qu'il faut que je fasse une heure.
Puis, c'est tellement le fun.
C'était tellement déstabilisant, mais c'est tellement le fun.
Puis, de de pas savoir
exactement où je m'en vais
mais que les idées
sont un peu là
puis de pouvoir aussi
raconter une histoire
justement
les conversations
que j'ai avec mes amis
en ce moment
comment je peux les avoir
sur scène
puis trouver le drôle
est-ce que ça t'a déjà arrivé
de te rendre au bout
de 30-40 minutes
et de te dire
là j'ai plus rien
le puits est complètement
à sec. Non, parce que
même qu'au contraire,
les shows les plus longs que j'ai faits dans ma vie, c'est des shows
de crowd work. Je pense que j'ai déjà fait deux heures et quart.
Alors que mon show solo
en ce moment, fin, dure 60 minutes.
75, 60.
Fait que, non,
même que
dans le pire des cas.
Puis j'aime l'exercice de faire ça
parce qu'ultimement, je travaille plus mon mindset
que le matériel des fois, ce qui n'est pas toujours bon.
Mais c'est quand même d'être présent,
de travailler la présence d'esprit,
d'avoir les deux pieds sur scène ici, maintenant, ce soir.
Puis les fois où j'ai réussi à incarner ça,
« Just be Gary », soit ici, soit toi maintenant, les journées où j'ai réussi à monter sur scène avec cet esprit-là, c'est des shows où c'ai réussi à incarner ça, « Just be Gary », soit ici, soit toi maintenant,
les journées où j'ai réussi à monter sur scène
avec cet esprit-là, c'est des shows où c'est comme
« Ah, on est très alignés ».
Ce qui fait qu'au bout de demi-heure, 40 minutes,
souvent, la conversation est rendue super fluide
avec le public.
Je suis capable de discuter avec eux
et de leur poser des questions aussi
par rapport à des enjeux que moi, j'ai envie
d'aborder sur scène.
Ça fait que c'est vraiment, vraiment plaisant.
Je t'écoute, puis j'ai l'impression que l'humour,
c'est une sorte de pratique spirituelle.
Oui, vraiment.
C'est que c'est un puits sans fond.
Puis ça, je trouve ça rassurant.
C'est comme si au départ, je m'accrochais à toutes mes meilleures jokes,
puis j'étais comme, j'ai trouvé un diamant.
Puis je ne peux plus jamais.
Il faut que je les collectionne.
Puis à un moment donné, tu réalises que creuse, tu vas en trouver.
Le meilleur est yet to come. Le meilleur matériel est en avant.
J'aurais dû sortir ce numéro-là. Le meilleur est en avant.
Il n'y a pas de stress avec ça.
Ce que je trouve fascinant, c'est que justement,
on en a brièvement parlé, mais je suis quelqu'un
qui ne veut pas déplaire.
J'ai l'air de quelqu'un de très assumé, peut-être dans mes looks, whatever.
Puis je suis très assumé dans certaines facettes de ma vie,
mais dans d'autres facettes de ma personnalité, je ne le suis pas du tout.
Mais malgré tout, je pratique ce métier.
C'est comme contre-intuitif pour quelqu'un qui veut donc bien plaire à tout le monde,
de devoir faire la paix avec le fait que tu vas déplaire à plein de monde tout le temps. D'apprendre un métier devant le monde aussi. Fait que d'accepter
que j'ai fait en haut devant mon premier gala
puis il y a du monde qui ont vu ça. Puis aujourd'hui,
je suis-tu gêné de ça? Un peu.
Mais en même temps, je suis comme, je veux pas être gêné de ça.
Je veux être fier de ça. Faire, bien, c'est ce kid-là
qui fait que je gagne ma vie avec des jokes
aujourd'hui. C'est extraordinaire. Fait que
c'est comme si
c'est un apprentissage humain. C'est vraiment mon métier. c'est extraordinaire. Fait que c'est comme si c'était un apprentissage humain.
C'est vraiment mon métier, c'est vraiment une avenue
qui m'aide à tellement travailler sur l'humain que je suis.
Qui en revient aussi à l'ego.
Faire là, je fais-tu juste ça pour l'ego ou je fais-tu ça pour moi?
Est-ce que je fais ça parce qu'on m'aime quand je fais ça
ou je fais ça parce que moi, j'aime ça?
Fait que je trouve que ça...
Ma réflexion personnelle puis ma réflexion artistique
le sont vraiment très très proche l'une de l'autre mais je trouve que l'humour sort le
meilleur de moi où ce que je reste léger je reste optimiste je reste j'ai de l'espoir parce que je
trouve que ça peut être facile de faire comme ça va pas piché je suis pas bon mais alors que
même année été sur scène t'as pas le choix de faire comme il faut que tu sois bon à soi t'as
pas le choix bon je te parlais de crowd tu sois bon à soir. Tu n'as pas le choix.
Je te parlais de crowd work parce que récemment, sur Instagram,
tu as mis en ligne un extrait
d'un de tes spectacles de crowd work
où tu nous racontes ce qui a provoqué,
les réactions qu'ont provoqué ta présence
à Tout le monde en parle.
En fait, tu peux nous le raconter.
Oui, en fait, c'est que je suis allé à Tout le monde en parle
et deux ou trois jours après, j'ai mis à avoir des articles sur le fait que j'avais possiblement uneest que je suis allé à tout le monde en parler puis deux, trois jours après,
c'est mis à avoir des articles
sur le fait que j'avais
possiblement une sucette
dans le cou
puis que tout le monde
était comme,
ah, bien, bravo.
Tu sais, tant mieux pour lui.
Qui est la chanceuse?
C'est qui la chanceuse?
Puis là, j'étais comme,
moi, quand j'ai vu ça arriver,
j'étais comme,
ah, mon Dieu,
mais c'est que c'est pas ça.
Puis là, j'étais comme,
je voulais pas donner
non plus de lumière à ces articles-là, mais en même temps, j'étais comme, ah, pas donner non plus de lumière à ces articles-là,
mais en même temps, j'étais comme, ah, de quoi j'ai l'air?
Mais tu veux pas envoyer le communiqué de presse
pour dire, rectificatif, James Tompkins
explique. C'est ça. Puis j'avais un
crowdwork show la semaine suivante, je pense. Fait que j'ai
décidé à un moment donné, j'étais comme, je pourrais en parler
à soir sur scène, puis si c'est le fun,
je pourrais peut-être sortir un clip.
Puis finalement,
je l'ai fait une couple de fois sur scène.
Puis à un moment donné, c'était toujours improvisé,
c'était jamais vraiment écrit.
Puis dans le fond, je fais juste expliquer ce qui est la vérité,
c'est-à-dire que je me suis fait une marque dans le cou,
je me suis blessé dans le cou en portant un wetsuit
parce que je m'entraînais pour moi Ironman.
Puis le velcro du wetsuit m'a fait une énorme marque
qui a complètement l'air d'une sucette.
Mais ça a cicatrisé depuis.
Moi, j'avais oublié ça.
Jay est en couple avec son wetsuit.
Oui, c'est ça.
À mon 30e, Guillaume Girard avait fait une joke
comme quoi j'ai du temps,
l'homme qui passe plus de temps dans son gym.
Je ne peux pas finir la joke.
Je pense qu'on imagine la fin.
Et c'est ça.
J'ai décidé.
À un moment donné, le clip était quand même rigolo.
Je me suis dit, comment je vais le mettre?
C'était même dans une réflexion
d'être moins précieux avec mon matériel.
C'est comme si je ne veux rien montrer tant que tout est parfait.
Peut-être justement en réaction à ce que je fais.
Ah mon Dieu, il y a des choses qui ont...
On m'a sorti des vieux extraits de mon stand-up
dans des entrevues récemment.
Je suis comme, pourquoi c'est là?
Pourquoi vous me faites ça?
C'est comme si j'ai peur de mettre n'importe quoi
out there, pis j'ai juste hâte que fin sorte.
J'ai hâte que la captation de fin sorte,
parce que je suis vraiment comme, hey, ça, c'est moi,
pis je pense que c'est bien, tu sais, que ça existe.
Mais là, j'étais comme, hey, tu sais quoi, on en sort,
pis on le sort, pis c'est pas grave, pis on verra.
Mais je te parle de ça parce qu'au moment
où on enregistre cet entretien,
il y a le site Québec Scoop
qui est sur la sellette
parce qu'ils ont publié des informations fausses
au sujet d'une chanteuse influenceuse,
Raphaël Roy.
Je te parle de ça parce que, bon,
ta sucette, c'est assez amusant,
finalement, c'est anecdotique.
Mais comment est-ce qu'on le vit
lorsque notre vie est scrutée
et des informations qui sont parfois vraies,
parfois fausses, se retrouvent
sur ce genre de site-là
qui semble pulluler.
Écoute, moi, on a déjà envoyé une mise en demeure à Québec Scope.
Puis là, est-ce qu'il va y avoir des articles sur le fait que je te parle de ça?
C'est ça qui est absurde.
C'est sans fin.
C'est sans fin.
C'est ça qui est difficile avec ça.
C'est qu'il n'y a plus aucune rigueur.
Il n'y a plus de ligne de valeur. Ce qui est bizarre. Ce que je n'aime pas, c'est que des fois,'y a plus aucune rigueur, il n'y a plus de lignes de valeur. Ce qui est bizarre,
ce que je n'aime pas, c'est que des fois, je me
muselle pour ne pas parler de ça.
Moi, je me ferme à ça, je n'y suis pas,
je ne regarde pas ça, je ne veux pas que ça se rende à moi.
Mes amis qui m'envoient des articles, je ne veux rien savoir,
ça ne m'intéresse pas, je m'en fous. J'essaie
de vivre ma vie avec des œillères
par rapport à ça.
Souvent, les gens sont comme, ah, mais tu sais, ils pratiquent juste,
ils font juste leur job, ces gens-là.
Puis je suis comme, je ne les pointe pas du tout.
Je questionne ce métier.
Je le questionne.
Je questionne la pertinence de ces affaires-là.
Puis ce qui est dur, c'est qu'aussi, moi,
je pense que ça, ça fait partie d'une réflexion
que j'ai dans ma vie depuis que j'anime O.D.
Parce que O.D. nourrit...
C'est ça l'émission que tu as animée.
Oui, c'est ça.
O.D. nourrit, tu sais,
la curiosité un peu malsaine des fois des gens
qui faisaient en sorte que je te dirais
que je ne peux pas vraiment leur en vouloir d'être curieux de ma vie
si je fais partie de cette affaire-là.
Après ça, O'Day, je trouvais que c'était au départ,
du moins quand j'ai accepté,
ce que j'aimais, c'est que c'était un cadre.
On entrait des gens dans un jeu
et c'était comme on va discuter de ce qui se passe à l'intérieur du jeu.
C'est une raison pour laquelle je n'ai jamais animé.
Souvent, à l'hiver, ils faisaient un épisode,
une émission qui s'appelait « Après O'Day ».
Puis là, ils reposaient des questions aux candidats,
comment ça s'était passé, puis souvent, ils sortaient des rumeurs.
Puis moi, j'étais comme, ça ne m'intéresse pas, ça.
Parce que moi, ce qu'ils ont fait dans les bars,
puis dans leur vie personnelle, ça leur appartient.
Puis je ne veux pas leur sortir ça à la télé
s'ils n'ont pas envie d'en parler à la télé.
Alors que ce qui se passe à O'Day dans ma tête, c'était ça. Pis
finalement, ben le cadre existe plus aujourd'hui. Avec tout ça, avec les téléphones pis tout
ça, les rumeurs, faque... Ce qui est plate, c'est que je pense pas que moi avec le temps,
au secondaire, les rumeurs, ça me faisait souffrir, t'sais. Pis à l'âge adulte, c'est
encore le cas. Je trouve que souvent aussi, ce que j'aime pas, c'est que ça va faire
souffrir mes proches. Ma mère
va être inquiète. Ce qui est
plate dans ces moments-là, c'est que je pense
même pas que les gens qui lisent ces articles-là
n'ont aucune
animosité, j'ai l'impression.
Très peu. Je ne pense pas qu'ils réalisent.
Pour eux, c'est comme, ah oui,
ça se veut anecdotique. As-tu vu ça?
Puis ils passent à autre chose. C'est juste que
le feeling, quand ça parle de toi,
c'est tout le monde parle de ça,
ce qui est complètement faux.
Puis après ça, moi, des fois, il y a eu des conversations
que j'ai eues à avoir dans ma vie privée
pour réajuster le tir et être sûr que mon entourage
était correct, de faire comme,
ben là, ça va-tu, telle affaire.
C'est vraiment weird.
Puis c'est pour ça que j'essaie de pas nourrir l'affaire.
Puis ce qui est tough, c'est que tu nourris la bête
en en parlant. Fait que là, c'est juste de trouver
comme... fait que t'sais, l'affaire de la
sucette, ça se voulait drôle, puis j'étais un peu comme, comment
moi je peux gagner, comment je peux utiliser cette affaire-là
à mon avantage, à moi,
mais j'aime pas du tout
ces affaires-là.
La réaction que beaucoup de gens vont avoir à ce sujet-là,
c'est de dire, ben, les artistes ont choisi
la vie publique, donc ça vient
avec cette vie-là qu'ils ont choisie,
mais il y a quand même
une violence là-dedans.
Oui, en fait, c'est que je comprends ce que les gens veulent dire.
Après ça, moi, c'est plus quand
on partage des choses
que je n'ai pas partagées, moi.
Après ça, la sucette, mettons,
ça se voulait bien rigolo, mais je suis un peu comme...
On parle quand même de mon corps, on parle quand même
de ma sexualité, mettons, et ça m'appartient.
Après ça, je suis comme,
mettons que
ça avait été grave,
j'ai eu quelque chose de grave, j'ai ça maintenant.
Est-ce que t'as...
Je le sais pas, c'est particulier,
puis je trouve qu'il y a un grand manque de sensibilité.
C'est surtout ça.
Tu me racontes l'histoire de Raphaël Roy,
puis je suis comme, il y a un manque gigantesque de sensibilité, d'emp surtout ça. C'est que tu me racontes l'histoire de Raphaël Roy, puis je suis comme, il y a un manque gigantesque
de sensibilité, d'empathie.
C'est les personnes qui sont derrière,
surtout au Québec Sko,
puis ce gars-là est dangereux, tu sais,
genre, ça n'a pas de sens à quel point il est comme...
Puis ça me fascine qu'on accepte ça aussi, genre,
de comme, on parle d'intimidation,
puis on veut donc bien pas que ça...
Mais c'est comme ça que ça nourrit cette affaire-là.
Pis j'en parle pis je suis nerveux, c'est super bizarre pis t'sais comme...
Je dis ce gars-là pis ultimement je sais pas c'est qui pis je veux pas savoir c'est qui.
T'sais comme, je veux même pas lui donner ce luxe-là.
Je veux pas avoir aucune haine envers qui que ce soit, c'est juste que...
J'suis comme, hé moi j'essaye juste de...
d'être un artiste pis d'être un humain bien, puis de vivre ma vie.
Ça fait partie de la game.
La vie publique, je l'ai choisie en effet,
mais ça se peut que mon entourage ne l'ait pas choisie.
Donc la mise en demeure,
est-ce qu'elle avait été efficace?
Est-ce que ce qu'on disait à ton sujet
avait été retiré?
Oui, oui.
Ça avait été correct.
Mais la conséquence négative,
tu l'as nommée,
puis ton ami Catherine Levesque
a dit à peu près la même chose
à ce même micro. C'est que lorsque vous accordez
des entrevues dans d'autres contextes,
des contextes, je ne veux pas me lancer trop de fleurs,
mais dans des contextes plus...
Oui, absolument.
Plus crédibles, vous faites attention à ce que vous dites.
J'avais l'impression, lorsque tu es allé à Tout le monde en parle
récemment, que lorsqu'on te posait des questions
sur Occupation double, puis le MC Gilles,
qui visiblement tu connais bien, te taquinait un peu,
essayait de te faire dire des choses.
Puis lorsqu'on t'a demandé, par exemple,
est-ce que tu regardes, je te crois,
lorsque tu dis que tu ne regardes pas l'édition,
puis on le comprend tout à fait,
que tu as d'autres choses à faire que de regarder une émission que tu as animée pendant plusieurs années.
Mais tu répondais de la manière la plus laconique possible
pour pas que ça...
C'était mon impression. Est-ce que c'est ça?
Oui, mais c'est que... Pour pas que ce soit repris.
Ce qui est super plate, puis c'est peut-être
pas grave aussi, mais c'est que je le sais
qu'il va probablement avoir
un article suite à notre rencontre, à toi et moi.
Et ce que j'haïs, c'est qu'à chaque rencontre,
je le dis.
À chaque fois, je surligne cette affaire-là.
T'es comme, ben là, je te parle de ça, mais les chansons,
puis il y en a quand même, puis c'est pas grave.
Puis moi, c'est plus une affaire, ce que je trouve rassurant,
mettons, dans un entretien comme un balado,
c'est que j'ai du temps,
fait que je peux nuancer mon affaire, tu sais.
Alors que tout le monde en parle quand c'est live,
puis que c'est comme, là,
je veux juste être sûr de bien nuancer,
puis des fois, c'est weird
quand la vraie réponse, c'est je sais pas,
puis qu'on te repose la question,
puis c'est comme, ben, je le sais encore pas, là, tu sais.
Fait que c'est là aussi où est là aussi où je travaille à être plus assumé,
être plus libre.
N'aie pas peur de te tromper.
Nomme ta vérité, si tu la connais,
si tu la sens,
puis ça avance,
puis accepte que dans six mois,
ça se peut que tu te dis « ah oui, j'avais dit ça,
puis finalement, je me suis complètement trompé,
puis ce n'est plus ça maintenant,
puis c'est bien correct. »
Sauf que là, si tu avais fait une réponse plus élaborée,
tu as le droit de ne pas savoir,
tu as le droit de ne pas vouloir te prononcer.
Ce qu'on te demandait, en fait, c'est
« Est-ce que ça se peut que,
puisque le jeu cette année est plus balisé,
l'édition actuelle d'Occupation Double
ait de moins bonnes codes d'écoute,
parce qu'il y a moins de chicanes
après l'édition catastrophique de l'année d'avant? »
De l'année matinique, tu sais.
Je pense qu'il me posait la question à savoir
est-ce que ce show-là peut encore exister
dans le contexte actuel.
La vérité, je ne le sais pas.
Moi, je pense que la vérité, c'est plus...
Visiblement, il y a encore des gens
qui veulent participer à ce jeu-là.
Visiblement, il y a encore des gens qui veulent l'écouter.
Est-ce que les diffuseurs et les producteurs
veulent encore mettre de l'avant ce truc-là?
Moi, ce que j'en pense, la vérité,
je n'en ai aucune idée. Je ne le sais pas.
Mais si tu avais fait une réponse plus élaborée,
si t'avais osé élaborer sur ce sujet-là,
c'est sûr que ça se serait transformé en titre d'article.
Ouais, absolument.
Mais pour moi aussi, c'est important de...
O'Day, c'est ça qui est particulier aussi.
Je trouve ça aussi intéressant que j'ai animé ce show-là.
Je suis quelqu'un qui aime tellement pas la chicane.
Je suis quelqu'un qui aime tellement pas la chicane, je suis quelqu'un qui aime tellement pas déplaire,
je me considère tellement pas polarisant.
Pis ça se veut quand même un show de dating,
ça se veut assez banal, mais c'est donc bien polarisant.
Pis dans les saisons que j'ai animées, ça l'a été big time.
Pis j'ai vraiment appris de ça.
C'est ça que je trouve drôle.
Encore une fois, je me suis retrouvé dans une situation
qui, pour moi, était super inconfortable.
Fait que j'ai appris,
tu sais. Mais je suis tellement reconnaissant,
ça a changé ma vie. Ce qui veut pas dire que je peux pas...
Tu sais, je pense pas que c'est
mort de la main qui me nourrit, là, que de
critiquer O'Day. C'est juste que moi, je suis comme...
Je vais pas aller le faire à la télé.
J'ai parlé, moi, avec mon équipe
à l'époque où je l'animais. Quand je n'étais pas
d'accord avec quelque chose, je l'exprimais,
puis ils m'écoutaient. Puis si tu veux parler à Julie Snyder, j'imagine que t'as son numéro, puis que tu peux l'époque où je l'animais, quand je n'étais pas d'accord avec quelque chose, je l'exprimais et il m'écoutait. Si tu veux parler à Julie Snyder,
j'imagine que tu as son numéro et que tu peux l'appeler.
Maison, absolument.
Je ne vais pas passer de messages par la bande.
Je n'ai pas de messages à passer aussi.
Tout ce qu'on avait à se dire, on se les dit.
Aujourd'hui, tout ce que j'ai à dire, c'est merci.
Mon défi aujourd'hui, c'était qu'on ne parle
pas d'O.D.
Finalement, on en a parlé. Est-ce que tu es tanné
d'en parler? Non, c'est plus que...
Je ne sais pas
si tu as regardé...
Ils ont fait un genre de show
de retrouvailles d'Harry Potter,
20 ans plus tard. C'est Daniel Radcliffe
qui anime. Je ne sais pas si c'est
là-dedans qu'ils le nomomme ou si j'avais écouté
une entrevue qu'il avait faite. Il nommait un peu.
Il est comme, moi, je vais être Harry Potter toute ma vie
et je ne vais jamais être tanné qu'on m'en parle.
Mon Dieu,
moi, c'est vraiment à micro-échelle
comparativement à ça, mais j'avais retenu ça.
Je ne veux pas devenir la personne
qui est comme, je ne veux pas qu'on me parle de ça.
Même que j'essaie plus de nourrir l'affaire
de, j'ai animé un classique Keb. »
Tu sais, au dé, c'est un classique Keb, là, tu sais.
Puis quand je vais être un vieux monsieur,
bien, ça va pouvoir être comme,
« Hey, check ça, on a fait ça, moi, à l'époque, tu sais. »
Fait que, non, je suis super content de ça.
Puis c'est plus, moi, j'aime ça
qu'on me parle de l'expérience,
tu sais, les réflexions reliées à ça,
ce que j'ai appris, whatever, mais si on revient
sur des événements précis, là ça ça m'intéresse pas
parce que je suis un peu comme
ça je suis conscient qu'on a pas besoin de ressortir
telle élimination
je suis comme, regarde là
ça fait des années, ces personnes-là sont rendues ailleurs
encore une fois, c'est que si on en parle
je suis conscient qu'ils vont ressortir des articles
ça m'intéresse pas de parler de ça
Je te pose une question peut-être un petit peu chargée,
mais je sais que dans ton balado, tu as souvent
réfléchi à l'hétéronormativité,
comment c'était un carcan
qui pouvait être lourd
pour bien des hommes et des femmes.
J'ai lu à quelque part qu'on t'a déjà
traité de FIF
à l'école. C'est vrai ça?
Oui. Pourquoi?
Les enfants, ce n'est pas tout le temps gentil.
Moi, je pense qu'au primaire,
rapidement, j'avais des amis filles.
Puis ça dérangeait-tu des kids ou je sais pas quoi.
Aussi, j'étais pas quelqu'un de vilain.
Je sais pas exactement pourquoi.
Est-ce que justement aussi...
Je sais pas, j'ai toujours porté un peu des bijoux.
J'ai toujours pas eu peur d'être habillé
de manière plus intense, plus extravagante.
Je ne sais pas précisément pourquoi,
mais ça a été quelque chose d'assez présent dans ma vie.
Mais Occupation Double a tenté,
durant les éditions que tu as animées,
de sortir de ce cadre-là
en accueillant une candidate trans, par exemple.
Des gens qui incarnent la diversité corporelle aussi.
Puis d'après ce que j'en comprends,
ces gens-là ont été exclus assez rapidement.
Qu'est-ce que t'en tires comme conclusion sur...
Je sais que Occupation Double est un microcosme
et ne parle pas de notre société en entier,
mais il y a peut-être quand même
quelque chose de représentatif là-dedans.
Ouais, moi, ce que je retiens de ça,
c'est surtout,
tu sais, mettons,
O'Day,
qu'on aime ou pas, encore une fois,
ça reste un truc très, très, très populaire.
Tu sais, de la culture populaire,
très grand public, mettons,
dont on parle quand même beaucoup, qui a fait en sorte que,
juste la présence de Kate Lessard
à O'Day en 2019,
c'est une grosse
affaire. Puis je pense que
ça lui revient à elle.
Après ça, ce qui se passe dans le jeu,
ça nous dit quelque chose sur
les participants. Mais je pense
que cette personne, je pense que
Kate, après ça,
est devenue une personnalité
publique à plus ou moins grande échelle
qui a probablement fait
énormément de bien à tellement
de gens. Puis moi, c'est ça que je retiens.
C'est surtout ça que je trouve important.
C'est que, tu sais, on parle
de représentativité, de diversité
à l'écran. Puis c'est ça, c'est de
voir quelqu'un
qui fait qu'après ça, tu te sens valide pis tu sens que tu peux être,
pis que tu peux être libre, pis que tu peux être toi.
Fait que moi, c'est ce que je retiens.
C'est ça que je trouve cool. C'est que je fais...
Après ça, la joute d'O.D., il y avait des affaires
que je faisais comme, ben oui, ça n'a pas de bon sens.
Fait que, qu'est-ce que tu veux faire?
Ça, c'est un bon titre, ça.
Du temps, deux points.
La joute d'O.D., ça n'a pas de bon sens. Et voilà. Votre article est écrit, gang. L'article, ça finit... Les titres, c'est un bon titre, ça. Du temps, deux points. La joute d'Odé, ça n'a pas de bon sens.
Et voilà. Votre article est écrit, gang.
L'article, ça finit. Les titres, c'est toujours
« Il est arrivé ça et ça a fait
beaucoup réagir. »
C'est deux personnes qui s'en mettent
pour faire des commentaires sur Facebook.
Quelqu'un qui a dit oui, l'autre non.
Julie Snyder, elle a vu en toi quelque chose,
manifestement.
Est-ce que tu trouves que la télé prend suffisamment de ce genre de risque-là?
Parce qu'il y avait quand même...
Bon, c'est une femme d'expérience, Julie Snyder.
Elle savait sans doute ce qu'elle faisait.
Mais puis ça a bien fonctionné.
Sauf que c'est rare qu'on voit des mandats aussi importants que ça
être confiés à des gens qui sont en début de carrière.
Oui, vraiment, non.
Moi, j'aimerais ça que ça arrive plus.
Je pense aussi que moi, c'est arrivé à un contexte précis
où c'était à V-Télé à l'époque.
Donc, V, c'était un petit peu plus petit.
O.D., c'était un énorme show.
C'était le plus gros show que V avait signé,
si je ne me trompe pas.
Ce n'était pas fait encore, ça revenait.
Je pense que V avait une espèce d'ouverture
où il faisait très confiance à Julie.
Tout ça, je parle à travers mon chapeau.
Je n'étais pas physiquement dans les pièces quand ils ont discuté.
Mais c'est sûr que c'est Julie qui est allée vendre mon nom.
Parce que c'est sûr, je n'étais pas le premier choix.
Je pense aussi que tout le monde a été agréablement surpris.
Oui, le public.
Mais je pense, moi et Production J,
tout le monde a été agréablement surpris
à quel point c'était un bon fit
et à quel point tout ça a fonctionné.
Oui, je trouve ça cool aussi. Des talk quel point c'était un bon fit puis à quel point tout ça, ça a fonctionné. Fait que oui,
moi, je trouve ça cool aussi
des talk shows.
C'est super.
Puis je ne suis pas du tout...
Je ne veux pas que les gens
d'expérience arrêtent
d'animer de la télé.
Au contraire,
il n'y a rien...
Tu n'as rien contre
Patrice Lécuyer.
Rien.
J'adore même les rencontrer.
Je veux tout apprendre.
J'ai des questions
puis je veux les voir
puis je trouve ça impressionnant
d'être sur des plateaux
avec eux autres.
C'est juste qu'il y a
beaucoup de personnes
que je fais... Il y avait des plateaux dans eux autres. C'est juste qu'il y a beaucoup de personnes que je fais,
il y avait des plateaux dans la jeune trentaine de ces personnes-là.
Dont Patrice Lécuie.
Oui, puis même dans la vingtaine, il y avait du temps de glace.
Après ça, même moi, on me dit ça beaucoup à la fin d'OD,
t'es irremplaçable.
J'aime pas ça, cette idée-là.
Parce qu'on est full remplaçable.
Mais évidemment, quelqu'un qui reste en place longtemps,
je comprends que, ben oui, quand Pierre-Bruno quitte les nouvelles, tout le monde est
comme, ben mon Dieu, qui va prendre sa place?
On peut même plus imaginer quelqu'un
d'autre. Puis je comprends,
puis Pierre-Bruno est extraordinaire, je critique
pas Pierre-Bruno. C'est juste que je fais, faut
arrêter de penser que Pierre-Bruno a pas déjà
eu une première gig. À un moment donné,
Pierre-Bruno s'est fait dire
« Hey, ça va être dur, tu remplaces telle autre personne. »
Puis à la fin de sa carrière, c'est cool que quelqu'un d'autre
se fasse dire ça. Moi, on m'a dit ça à l'époque
où je remplaçais Phil Roy au jockey. Tout le monde était comme
« Hey, tu vas voir, tu as des gros souliers à remplir. »
C'était Phil qui animait. Puis trois ans après,
quand j'ai offert la soirée à Charles Pellerin,
tout le monde disait à Charles « Hey, tu as des gros souliers
à remplir, c'est DJ du temps qu'il quitte. »
Puis j'étais comme, « Tu vois, c'est ça qui est nice. »
Donner l'opportunité à des gens de « rise to the occasion »,
puis donner l'opportunité à des gens aussi de se faire les dents,
d'apprendre un métier, de pouvoir être là.
Fait que non, moi, je souhaite que ça se passe plus.
Je pense qu'en télé-réalité, ça arrive plus souvent,
tu sais, depuis, mais dans d'autres types de shows,
ce serait cool aussi, je trouve que ça arrive,
sans rien enlever, évidemment, aux personnes d'expérience,
parce que je pense que ça prend ça aussi.
Parlant de monstre sacré du monde des médias au Québec,
t'as co-animé à Rouge il y a quelques étés
avec la dame en noir, Christiane Charette.
Oui.
C'était comment?
Qu'est-ce que t'as appris en travaillant avec Christiane?
Tellement de choses.
Dès que je pouvais, parce que ça arrivait des fois,
mettons qu'après l'émission, on va manger ou whatever,
je suis comme, je veux être assis à côté de Christiane.
Je veux être proche d'elle.
Moi aussi, tu vois, je travaille sur un nouveau numéro.
Je ne sais pas si ça va devenir un bit pour vrai,
mais j'adore les femmes d'un certain âge.
C'est mes humains favoris.
Je les adore.
Et je pense que je m'entends bien avec elles aussi.
Puis Christiane, le premier soir, je l'ai rencontrée.
C'était un rap party de On dira ce qu'on voudra.
Oui.
Le show de radio de Rebecca MacKinnon.
Le feu show de radio de Rebecca MacKinnon.
L'émission culte.
Exact.
Et j'ai encore la photo de moi puis Christiane,
assis au Darling.
Puis Christiane qui me dit,
« Ah, j'avais tellement hâte de vous rencontrer,
J.Dustamp. » J'étais comme « Quoi? » C'est tellement Christiane Charest
qui a le frère en plus.
Oui, j'étais comme « Moi? »
Moi, j'avais hâte de vous rencontrer.
À l'époque de 125 rue Marianne,
j'avais dit à mon équipe « Nous devons
recevoir M. J.Dustamp. »
Elle était comme « Non, il n'est pas assez connu. »
Mais je n'étais pas d'accord.
Puis par la suite, vous êtes devenu
le grand G. Doutham. Je me suis dit, quoi?
Je leur ai dit, j'avais raison, on aurait dû
le recevoir. C'est juste que
j'apprends un peu à colorier en dehors des lignes,
je pense, à regarder Christiane Allais.
C'est tellement incarné. Elle fait juste ça,
colorier en dehors des lignes. Elle fait juste ça,
colorier en dehors des lignes. Et c'est
pas un show. Elle ne le fait pas pour que les gens disent qu'elle colore en dehors des lignes. Et c'est pas un show.
Elle le fait pas pour que les gens disent qu'elle colore en dehors des lignes.
C'est ce qu'elle est.
Elle est fondamentalement curieuse, maladroite,
charmante, drôle.
Des fois, en le sachant, intelligente, évidemment.
Fait que quand je discute avec Christiane,
chose qui arrive de temps à autre,
elle répond à mes stories sur Instagram
puis elle met des petits cœurs noirs.
Elle me fait ça à moi aussi des fois.
Oui, c'est ça.
C'est toujours un grand moment
quand t'as un cœur noir de Christiane Charette sur Instagram.
C'est extraordinaire.
Puis des fois, elle m'écrit des longs mots.
Elle est tout le temps très, très, très éloquente et gentille à mon égard.
Puis elle m'écrit tout le temps des belles affaires.
Puis je suis toujours content si j'ai la chance de la voir ou
discuter avec elle.
C'est une relation que je souhaite
entretenir parce que j'ai pas tant de
relations avec des...
Pas que je la considère comme une mentor,
on n'est pas assez proche pour ça, mais je pense que
récemment,
j'en cherche, on dirait.
On dirait que j'ai envie d'avoir ce partage-là
avec des personnes qui oeuvrent
dans mon milieu, qui ont beaucoup plus d'expérience
que moi, puis de pouvoir discuter.
Puis on dirait que ça fait quelques fois
que je suis comme « Ah, j'ai hâte de revoir Christiane pour
discuter avec elle. »
Est-ce que tu as déjà vécu de la culpabilité par rapport
à tes camarades humoristes qui
connaissent pas tout à fait le même
succès que toi?
Pas de la culpabilité, mais tu vois,
ça m'avait marqué le dimanche matin
où j'allais à Tout le monde en parle le soir même.
J'étais en choix à ma gogue ce week-end-là.
Donc, on avait loué un chalet là-bas.
Puis Charles Pellerin, pour ne pas le nommer,
qui fait ma première partie,
qui est un humoriste extraordinaire,
que j'aime tellement, qui est tellement brillant.
Allez regarder son spectacle.
Les cheveux au vent.
Cheveux au vent sur YouTube.
C'est disponible gratuitement. C'est extraordinaire. Aller regarder son spectacle. Les cheveux au vent. Cheveux au vent sur YouTube.
C'est disponible gratuitement.
C'est extraordinaire.
Et Charles et sa copine ont quitté le matin.
Puis j'ai encore l'image d'eux qui sont en dehors du chalet.
Puis Charles qui me dit, bon, tout le monde en parle, tu sais, Jay.
Puis il part.
Et j'ai fermé la porte.
Puis après ça, je ramassais.
Puis je me suis dit, je suis comme, tu sais, Charles Pellerin, c'est la deuxième fois, c'est ma deuxième tournée qui ouvre.
Il fait ma première partie pour une deuxième tournée.
Moi, c'est la deuxième fois que je vais à Tout le monde en parle.
Lui, il n'est jamais allé.
C'est mon deuxième One Man Show.
Tu sais, comme, quelle chance que j'ai de l'avoir,
mais aussi d'avoir la carrière que j'ai, que lui n'a pas à ce moment,
mais que je sais qu'il va avoir.
Puis, dans ma tête, les deux, on a réussi. Les deux, on est dans notre version du succès.
Puis je ne suis pas mieux que lui,
je ne suis pas meilleur que lui.
C'est juste deux versions différentes.
Ça fait que ce n'est pas de la culpabilité,
mais ça nourrit ma reconnaissance.
C'est là où j'ai fait comme, hey, constate-toi chanceux,
profites-en, amuse-toi plus. Toi, t'es en tournée
avec ton spectacle, il y en a d'autres qui voudraient ça.
Profites-en, t'es réinvité,
tout le monde en parle, signe que
tu es encore là, ça fait 10 ans que tu pratiques ton métier
puis on t'a pas oublié
puis t'existes, puis t'es chanceux,
profites-en. Est-ce que tu vas inscrire
ton spectacle, est-ce que tu vas inscrire
fin au prochain Gala des Oliviers?
Je pense pas. Non?
Je pense pas. C'est particulier. Ma soeur m'a dit récemment,
« Ah, ils nous ont demandé si on voulait s'inscrire en 2025. » Pis j'étais comme,
« Quoi? Il y en a pas un avant ça? » Pis... « Ouais, mais c'est parce qu'il faut qu'ils voient
le show. » Fait que j'étais déjà gossé. Fait que j'ai fait, « Non, non, non. Pas besoin. »
Tu t'es déjà inscrit aux Oliviers
et tu as cessé de le faire à partir d'un certain moment.
Je me suis inscrit une fois.
En fait, je ne sais pas si tu as déjà écouté ça,
à l'époque, la NFL avait fait des entrevues
qui s'appelaient One on One.
Puis, il y avait Justin Vernon de Bonnivers
qui avait rencontré Aaron Rodgers
il y a plusieurs années. Belle rencontre.
Une rencontre extraordinaire.
Puis Bon Iver discutait des Grammys.
Et ça m'avait fait du bien à entendre
parce qu'il était sorti à un moment donné des Grammys.
Puis il était comme, je ne me sentais pas bien.
Puis il avait mis un mot, puis c'est exactement ça.
Il est comme, ça m'a déconcentré.
Il est comme, ma musique va bien, je fais ça
pour connecter avec les gens,
pour partager des émotions, pour vivre
des moments humains. Et là,
soudainement, je me suis déconcentré avec un trophée
puis j'ai pas aimé
ce feeling-là. Puis j'étais comme, c'est exactement ça.
Et je pense aussi que c'est juste que je suis pas
encore assez solide sur mes pieds ou dans mes souliers.
Je pense que c'est une affaire où
j'aspire un jour à m'inscrire aux Oliviers.
J'aspire un jour à faire uneinscrire aux oliviers. J'aspire un jour à faire
une première, d'être assez fier
de moi. Parce que t'as pas présenté de première médiatique
de ton spectacle fin. Non, exact.
Parce que c'est un contexte dans lequel je sais
que je serai pas
à mon meilleur. C'est niaiseux,
t'étais censé venir voir mon show à un moment donné.
Et ce soir-là, tout le long...
J'ai décidé que je t'aimais plus.
Non, j'étais malade. Moi, je le sais pas.
Moi, je suis comme, ah, Dominique est là ce soir.
Et là, dès que c'est arrivé quelques fois sur scène
où je me sens fargé dans mes mots,
puis là, c'est tellement niaiseux.
Je m'haïssais sur scène, je pensais à toi.
J'étais comme, ah, Dominique a vu ça.
Et là, ça, c'était, mettons, le vendredi, peu importe.
Je l'aurais assurément relevé de mon papier.
Et là, je me réveille le samedi.
Puis dès que je me réveille moindrement tôt
ou quelque chose, je ne suis plus capable de dormir.
Je suis comme, l'article est-tu sorti?
Je prends ma presse plus, je check.
Je suis comme, OK, ce n'est pas sorti encore.
J'essaie de m'endormir, mais il est trop tard.
Le dimanche, même affaire.
Lundi, même affaire.
Mardi, même affaire.
Et là, le mardi après-midi, ma soeur me texte.
C'est comme, by the way, je ne t'ai pas dit,
mais Dominique n'était pas là finalement.
Il était malade, donc il va venir une autre fois. »
Encore une fois, j'ai fait « Ah, je m'en suis voulu à moi. »
J'aime, t'es bien niaiseux
de t'en être fait
avec quoi dans le fond.
J'ai le goût d'être d'accord avec toi et de te dire
que t'étais bien niaiseux. C'est ça.
Mais c'est là où je fais
« Ah, j'ai encore du travail à faire sur
mon estime. » Fait que je me suis dit, cette fois-là, j'étais comme « Ah, c'est là où je fais, ah, j'ai encore du travail à faire sur mon estime. Fait que je me suis dit, cette fois-là,
j'étais comme, ah, c'est d'une évidence
que je peux pas faire une première
parce que j'aurai pas de plaisir,
je serai pas heureux, je serai pas bien.
Mais c'est devenu aussi un genre de défi.
De faire, ah, un jour, je pense que j'aimerais ça en faire une.
Puis même chose pour les allumiers.
Donc, c'est pas parce que t'as pas d'estime
pour le travail des journalistes culturels et des critiques.
Non, c'est complètement l'inverse.
C'est que j'ai peur.
Ce n'est pas d'estime de moi.
Ça fait que c'est plus à ce niveau-là.
Les Olivier, un jour aussi, peut-être pour le plaisir,
mais c'est aussi, j'aime ces soirées-là,
mais c'est ça, je pense que j'ai encore du travail à faire
pour m'amuser dans ces contextes-là.
Bon, l'ironie dans tout ça,
c'est que tu ne t'inscris pas aux Oliviers,
mais que tu vas animer le Gala Québec cinéma.
Je sais!
À l'heure où les galas sont en perte de vitesse,
qu'est-ce qui t'a pris d'accepter cette offre-là?
Je trouve que c'est un contexte idéal.
Moi, je trouve, parce qu'encore une fois,
je trouve que les attentes sont basses.
C'est comme si ça enlève de la pression.
C'est comme, il n'y en avait plus de galas, on le ramène.
Ça ne peut pas être pire que plus de galas.
Puis je trouve aussi qu'animer
un gala dans lequel je ne peux même pas
être, ce n'est pas mon gala, c'est le gala du cinéma.
Je trouve que c'est un terrain de jeu
extraordinaire pour un humoriste, l'animation d'un gala.
J'ai toujours regardé
ces soirées télé, peu importe,
les soirées américaines, les soirées québécoises
de galas, ça a toujours été des soirées
que je regardais avec beaucoup de curiosité, beaucoup d'analyses.
Mais oui, ça me fait rire moi aussi de faire bon, évidemment.
Mais je le savais aussi qu'un jour j'allais allumer un gala.
Mais tout ça aussi, c'est des réflexions ongoing dans mon cœur
et dans mon esprit de comme OK, mon rapport à tout ça doit aussi,
je dois me calmer les nerfs avec tout ça.
Mais l'animation, pour moi, c'est une partie de plaisir.
Je sais que tu vas souvent voir des spectacles aux États-Unis
avec tes amis dont on a parlé.
Charles Perlerin, Guillaume Girard, David Bocage.
C'est lequel le plus beau spectacle de stand-up
que tu as vu de ta vie?
Il y en a plusieurs.
Celui qui me vient en tête, le dernier, c'est
The Old Man and the Pool
de Mike Birbiglia qui sort
en fin du mois de novembre.
Quand on est allé voir Guillaume-David et moi
à Los Angeles,
c'était un show
où après,
je n'étais pas capable de penser
à autre chose. Je ne voulais pas
changer de sujet.
Je n'en revenais pas.
C'est comme si tout le long du spectacle aussi,
j'étais, là, chaviré par ce que je vivais.
Même que je riais pas beaucoup,
tellement je voulais rien manquer.
On dirait que j'étais vraiment sur le qui-vive,
d'être sûr de... Je voulais tout absorber.
J'étais en admiration totale.
J'ai tellement aimé ça. J'ai tellement aimé ça.
J'ai été ému, touché, inspiré.
Appelle ça comme tu veux.
C'était vraiment, vraiment extraordinaire.
Jay, ce balado-ci s'intitule « Juste entre toi et moi ». Est-ce que tu aurais quelque chose à ajouter
qui resterait juste entre toi et moi?
Tu m'en as déjà dit beaucoup.
Oui, je t'en ai dit beaucoup quand même.
J'ai écouté ton entretien avec Yvon Deschamps
et j'ai tellement...
Je vais te dire quelque chose juste entre toi et moi.
Je pense que c'est quelqu'un
que je pense
que je n'en reviendrai pas
de le rencontrer. Tu ne l'as jamais rencontré?
Je ne l'ai jamais rencontré, mais je ne sais pas
si... Je ne veux pas le déranger.
Je ne saurais même pas comment commencer.
Je ne veux pas juste...
Je pense qu'il y a une adresse courriel.
Je ne sais pas.
C'est quelqu'un de très...
À un moment donné,
je disais ça à ma mère.
On me parle tout le temps des mêmes affaires en entrevue.
On ne m'a jamais parlé d'Yvon Deschamps à quel point
c'est quelqu'un que j'aime et que j'admire.
Tu es familier avec son oeuvre?
Oui, je ne le connais pas sur le bout de mes doigts, mais aux trois mois, j'écoute d'Yvon Deschamps.
Puis je l'aime tellement. Je l'écoute, les entrevues qu'il fait, c'est sûr, je l'écoute.
Puis je n'en reviens jamais.
Qu'est-ce que tu admires chez lui?
Ce que je trouve fascinant, c'est que oui, évidemment,, ce qui fait qu'Yvon Deschamps, c'est
la qualité de son écriture, puis de l'artiste
qu'il est, mais c'est aussi l'humain qu'il est.
C'est ça la différence. C'est que tu fais,
il est tellement nice, il est tellement badass,
il est tellement fin,
il est tellement sincère. C'est ça
la différence. C'est pour ça que c'est Yvon Deschamps.
C'est parce que c'est un humain
d'exception. C'est vraiment
un humain d'exception. Fest vraiment un humain d'exception
fait que j'admire
tout ça de lui
qu'est-ce que tu lui poserais comme question?
qu'est-ce que tu vas lui poser?
je me permets de présumer que ça va arriver un jour
je le sais pas
ça serait bien correct
mais j'ai aimé
tu as parlé du bonheur
j'ai trouvé ça intéressant
parce que ça justement je pense que j'y, je pense qu'encore une fois,
j'y poserais des questions de manière peut-être très égoïste,
juste pour apprendre des choses,
puis l'incarner dans ma vie.
Quand il a posé la question,
à savoir, vous aviez tout,
puis vous n'étiez pas nécessairement heureux.
À quel point il est heureux aujourd'hui,
puis qu'il est comme, j'aurais pu l'être plus aussi. Ça a beaucoup résonné en moi. Je pense que je est heureux aujourd'hui et qu'il est comme j'aurais pu l'être plus aussi, puis ça a beaucoup
résonné en moi, je pense que je suis heureux
mais je pense que des fois j'ai une facilité
justement à me casser la tête puis un peu m'embrouiller
tout seul, puis pas nourrir assez
la reconnaissance puis pas voir assez
ce que j'ai pas en termes de matériel
mais en termes de chance puis d'opportunité
puis d'espace et de faire comme
relax puis enjoy the ride un peu plus
je pense que je parlerais de ça T'écris Just Be Gary d'opportunités pis d'espace et de faire comme, « Hey dude, relax pis enjoy the ride un peu plus », t'sais pis...
Fait que je pense que je parlerais de ça.
T'écris « Just be Gary » dans tes cahiers de notes,
mais tu pourrais aussi écrire « Just be Yvon ».
Maison!
Maison, vraiment.
Peut-être que ça va être ça,
la prochaine version de ma petite phrase.
Merci Jay.
Merci tellement Dominique, t'es super gentil.
J'étais super le fan.
Merci.
Juste entre toi et moi