Juste entre toi et moi - Lise Dion
Episode Date: July 1, 2024Huit mois après avoir dû prendre prématurément sa retraite de la route, Lise Dion revient sur l’infarctus qu’elle a vécu. L’humoriste explique pourquoi elle a toujours eu horreur de devoir ...annuler un spectacle, en plus de revenir sur certains des moments les plus loufoques ou difficiles de son improbable carrière.
Transcript
Discussion (0)
Sous-titrage Société Radio-Canada Merci pour les nombreux messages que vous m'avez envoyés au sujet de ma rencontre avec Richard Desjardins.
Je me doutais que vous seriez aussi heureux que moi d'avoir de ces nouvelles, et je ne me suis pas trompé.
Il ne nous reste plus qu'à espérer que Richard enregistre bel et bien ce nouvel album dont il a évoqué la création.
On se croise les doigts.
Mais d'ici là, cet épisode-ci, l'épisode que vous écoutez présentement,
il m'en veut d'être quelqu'un dont j'étais
aussi très content de prendre des nouvelles
parce que mon invité d'aujourd'hui,
c'est Lise Dion. Je devais
recevoir Lise à ce micro l'automne
dernier, mais ça n'a pas été possible
parce que, comme vous le savez sans doute,
Lise a été victime d'un
infarctus. Elle a été victime d'un
infarctus au début de son spectacle
le 3 novembre 2023 à Saint-Eustache.
Elle en était à ce moment-là à la 337e date de sa tournée.
Elle devait présenter son spectacle d'adieu le mois suivant.
Sa tournée s'est donc conclue sur une note différente de celle espérée.
Mais c'est une femme pimpante que j'ai reçue.
Vous allez l'entendre dans quelques instants. Je vous rappelle que vous pouvez consulter l'article
que j'ai tiré de cette rencontre
dans La Presse Plus, sur lapresse.ca
ou grâce à l'application mobile de La Presse.
Et si vous avez apprécié ce balado,
vous pouvez nous laisser une bonne note
ou un commentaire sur Apple Podcast
ou sur Spotify.
Et voici sans plus tarder mon entretien
avec la toujours vivante
Lise Dion.
Juste entre toi et moi, ça restera entre toi et moi, pour une fois, ça reste entre toi et moi On devait se voir dans la semaine du 6 novembre 2023.
Oui.
Mais le 3 novembre au soir, à Sainte-Eustache,
il est arrivé quelque chose.
Oui.
Est-ce que je devrais le prendre personnel?
Non.
Non?
Non.
Vous essayez pas de vous sortir de cette entrevue-là.
J'ai malheureusement pas pensé à toi ce soir-là.
Écoute, tu sais, tu dis...
On prend tout le temps de ça à la légère, là.
Tu sais pas demain ce qui peut arriver.
Ta barouette, tu le sais pas,ère. Tu sais pas demain ce qui peut arriver. Ta barouette, tu le sais pas.
On sait vraiment pas ce qui peut arriver.
Moi, j'ai été manger avec mon équipe
avant le show. Tout était beau.
J'avais rencontré la soeur de Dominique Paquette.
On avait fait un enregistrement
pour lui faire une surprise
en direct de l'univers.
Tout était beau. On a chanté une chanson.
J'arrive au restaurant.
Je la vois manger au même restaurant que nous.
Bonne humeur, je mange.
Après, en sortant de là, cabarouette,
le monde a un peu changé.
J'étais malade, malade, malade.
Et puis, en arrivant dans la loge, malade encore.
Après ça, me maquiller, malade encore. Après ça, me maquer, malade encore.
Mais là, j'ai fait bon.
Ça faisait au moins, je te dirais,
peut-être au moins 6 mois
que j'avais des problèmes de digestion.
Puis ce qui m'amène à te dire, d'ailleurs,
que c'est un des symptômes des femmes.
Parce qu'une crise cardiaque,
les femmes, c'est pas les mêmes symptômes qu'un homme, t'sais.
Bien, ça peut être les mêmes, mais en général,
c'est un problème d'estomac.
Fait que t'es sur les Tums, t'as des brûlements,
tu vomis beaucoup, t'as de la misère à avaler.
Ça, c'est un symptôme.
Puis fait que là, bon, fait que remaqués et tout ça,
mais à un moment donné, je suis arrivée sur scène.
Avant ça, fallait que je présente ma première partie,
qui était Alex Roy.
Fait que je le présente caché en arrière du rideau
avec mon micro.
Puis j'ai dit, mesdames et messieurs,
je vais vous faire découvrir un coup de coeur
que j'ai eu pour un humoriste.
Vous allez l'aimer, je suis sûre.
Je le regarde, je fais, c'est quoi ton nom?
Ça fait 100 fois qu'il fait le show au moins.
Vous aviez aucune idée?
Les Alex Roy, j'ai fait...
Oui, oui, bien oui.
Fait que là, je recommence.
Fait que je sais que vous allez l'aimer.
Il est drôle.
Quoi, ton nom?
Ta, ta, what?
Là, ma fille était là, qui est infirmière.
Puis elle me dit...
Elle dit, c'est pas normal ce qu'elle est en train de vivre là.
Fait qu'elle a envoyé mon régisseur.
Quand je suis entrée sur scène,
elle l'a envoyé après un tabouret que j'avais
pour un numéro. Elle a dit comme ça,
si elle a besoin de s'asseoir, il va être
déjà là, tu sais. Fait que là,
j'essaie de commencer le show, puis je regarde le public
puis je fais, je sais pas par où commencer.
J'ai aucune idée. Complètement,
là, la mémoire
complètement partie.
L'explication, c'est que
à force d'être malade,
la chute de pression a été importante.
Puis comme il y avait un artère de bloqué,
j'avais plus d'oxygène au cerveau.
Fait que je pouvais pas me rappeler du spectacle, tu sais.
Parce que t'es pas supposé de perdre la mémoire
quand tu fais une crise cardiaque.
Ça avait pas rapport.
C'est juste baisse de pression, manque d'oxygène.
Ça revenait pas du tout.
Même quand j'étais à l'urgence sur la civière,
je me disais, comment ça commence, le show?
Ça a pris deux jours avant que ça revienne.
Oui, j'étais encore.
Puis mon agent me disait, c'est pas nécessaire,
Lise, que tu t'en souviennes.
Il y aura pas de spectacle ce soir.
Mais ça a été épeurant.
Je te dirais vraiment épeurant.
Mais ce qui me fascine dans tout ça,
c'est qu'au moment où vous vomissez votre vie,
vous ne vous dites pas,
on peut reporter le spectacle,
les gens de Saint-Eustache vont comprendre.
On fera ça une autre fois.
Non.
Même, tu vois, en entrevue l'autre jour,
on m'a dit, mais tu n'aurais pas pu dire, Lise,
que tu n'étais pas au maximum de ta forme? »
Je dis « Mais non, on le dit jamais, en effet de même. »
Pourquoi? Parce qu'il y a du monde qui ont leur billet
depuis un an, puis t'es supposé d'être en forme,
puis t'es supposé
d'agir comme si c'était
la première fois que tu faisais le spectacle.
Puis tu sais, tu peux pas dire au monde
que tu files pas, là. Ça marche pas, là.
Pour moi, ça marche pas, en tout cas.
Mais tu sais, le neurologue m'a dit
« Hey, je peux te dire tu? »
« Ah, mais non, je suis vieille.
T'es tout petit, toi. »
Vous pouvez me tutoyer, Lise, tout à fait.
Toi aussi, tu peux me tutoyer.
OK, d'accord. On va se tutoyer.
OK. Fait que le neurologue m'a dit
qu'une chance que je m'étais
pas souvenu du spectacle,
parce que je serais tombée en plein milieu.
Ça aurait été plus horrible pour les gens dans la salle.
Et pour vous, potentiellement.
Oui, mais en même temps, je trouvais que c'était
une belle place pour mourir, la scène.
Vous êtes sérieuse?
Oui, mais...
C'est un bel endroit pour mourir, mais pas à cet âge-là.
Non, pas à cet âge-là, puis pas devant le public
parce que ça les traumatise.
Toi, t'as beau trouver ça romantique, mourir sur scène,
mais le monde pense pas qu'ils auraient trouvé ça romantique.
C'est sûr que ça les laisse avec un moment mémorable,
mais c'est peut-être pas le genre de souvenir qu'on veut laisser.
Non, mais ils ont déjà eu le mémorable,
parce qu'ils savent qu'il y a eu un malaise,
puis que j'étais à l'hôpital, puis ils en ont parlé aux nouvelles.
Quand j'ai vu le documentaire, il y a pas longtemps...
Oui, qui a été diffusé à TVA.
J'étais surprise, oui, de voir que tout de suite,
aux nouvelles, ils ont parlé de mon malaise.
J'ai fait, bien, voyons donc, tu sais.
C'était dans le journal, au moment même où on l'a appris,
où ça nous a été transmis.
Bien oui.
C'est lequel... Avant ce moment-là,
c'était lequel le père État dans lequel vous vous étiez trouvée sur scène?
Malade sur scène, les bronchites,
mais tu sais,
de la bronchite solide
à faire pipi quand tu tousses.
Fait que là, je disais aux gens,
je vais tousser. Si vous me voyez
jambes croisées, ce sera pas long,
je vais prendre un petit 3 secondes parce que
ça se peut qu'on ait une surprise.
Non, ça, ça a été les moments les plus...
Bien, tu sais, même une jambe dans le plat,
j'aurais fait le spectacle quand même.
Je l'ai déjà fait d'abord assise une fois
parce que j'ai fait le show complètement assise
parce que je...
Mais ça, c'est de ma faute.
C'est que j'avais gratté mes pieds avec une lame
puis la lame est rentrée dans mon pied.
Je n'étais plus capable de mettre mes souliers.
En tout cas...
Tu étais dans une séance sadomasochiste.
Oui, exactement.
Je m'étais habillée en cuir.
Mais je veux dire,
the show must go on.
Si ce n'est pas quelque chose qui peut vraiment t'empêcher
de jouer comme une crise cardiaque,
tu continues.
Tu sais, c'est pas le fun.
La pire affaire, c'est de
canceller un show. C'est la pire affaire.
Le reporter, c'est pas si pire.
Mais en même temps, tu vois qu'est-ce qui est arrivé
à la Formule 1, là, de
le chanteur un peu
rap, là, qui a cancellé... Pitbull.
Pitbull, qui a cancellé cinq minutes.
Il savait avant ça qu'il n'était pas là.
On peut présumer qu'il savait avant ça.
Bien oui, c'est pas correct, ça.
C'est un non-respect du public.
En tout cas, pourquoi ils l'ont annoncé si tard que ça?
Mais quand t'es obligé de rester chez vous,
puis que tu penses au monde qui se sont déplacés,
c'est un cauchemar
de canceller un show.
Je pense à Céline, des fois,
qui a reporté une tournée mondiale.
Elle devait être vraiment triste,
vraiment mal.
Tu t'amuses pas les soirs que tu peux pas faire le show.
Tu t'amuses pas du tout.
T'es chez vous, puis tu fais,
« Voyons donc, qu'est-ce que le monde va dire? »
Ils vont être déçus.
Fait que c'est ça.
On saura maintenant que Lise Dion a plus de respect
pour son public que Pitbull.
Moi, j'ai toujours eu du respect pour mon public.
Puis c'est vrai, même quand j'écris,
il y a des gags que je n'écris pas
parce que je me dis, mon public n'aimerait pas ça.
Comme quoi?
Bien, des gags qui vont un peu trop loin,
des gags qui auraient pu être un petit peu plus vulgaires.
Mon public n'aime pas ça quand je vais assez loin que ça.
Vous êtes quand même allée assez loin.
Oui, je suis assez loin.
T'es allée assez loin.
On se tutoie maintenant, c'est ça?
Oui.
J'avais oublié.
OK.
Oui, je suis allée assez loin,
mais pas en blessant quelqu'un, pas en étant vulgaire.
Le point G, il n'était pas vulgaire.
C'est comme le prendre au premier degré.
Si je ne l'ai pas, ce morceau-là, je l'ai-tu perdu?
C'est-tu mon gynécologue qui l'a enlevé?
Mais ce n'est pas vulgaire.
C'est sûr que tu peux avoir une image
avec le bâton de popsicule du gynécologue
qui prend un prélèvement,
mais les femmes étaient rendues là
quand j'ai fait le point G.
Toutes les femmes ont vécu ça de toute façon.
Oui, c'est pas vulgaire.
Je pense pas que c'était vraiment vulgaire.
C'est sûr qu'à un moment donné,
j'étais un peu choquée qu'on me dise
que je fasse de l'humour de ma tante
parce que c'est pas vrai.
Surtout...
On vous a dit ça?
Il y en a qui disaient ça sans voir mon spectacle.
Mais je sais que j'ai pas fait de l'humour de ma tante,
mais je sais que j'écoutais mon public
en écrivant le show.
Puis je savais qu'il y avait des...
J'étais un petit peu sur le bord de la ligne
d'être vulgaire, tuire, mais je faisais attention.
Mais de toute façon, ce serait nono de te reprocher
de ne pas faire le même humour que tu faisais à tes débuts
ou de ne pas faire le même humour qu'Ève Côté,
qui n'a pas le même âge que toi.
C'est normal que tu parles de ton quotidien,
de ta vie sur scène.
Exact.
Puis j'ai vu...
Mon public a vieilli en même temps que moi.
Ils m'ont suivie
pour les quatre productions.
Je sais où ils sont rendus
parce que je suis rendue à la même place qu'eux.
Ça fait que c'est...
Le respect du public,
c'est là.
C'est de pas changer
ta facture de but en blanc
pour faire un nouveau show
qu'ils ne comprendront pas.
Tu comprends?
Puis Yvon Deschamps me l'a fait comprendre
au début de ma carrière parce que j'avais un numéro
sur les adolescents, puis je disais,
je suis gênée de le faire, Yvon,
parce que le tien, il était tellement bon.
Il fait, oui, mais Lise, c'est la vision du père.
Puis le monde qui vient de voir Yvon Deschamps,
ils s'attendent à entendre Yvon Deschamps,
mais le monde qui va voir Lise Dion, Deschamps, ils s'attendent à entendre Yvon Deschamps. Mais le monde qui va voir Lésion,
ils veulent avoir une facture Lésion.
Puis c'est là que j'ai compris qu'on est tous différents, tu sais.
Puis c'est sûr que si tu achètes des biens pour Yvon Deschamps,
tu ne viendras pas nécessairement voir Lésion.
Mais si tu viens voir Lésion, tu t'attends à une certaine facture
que si tu changes le show ou ton propos à 100 degrés
de différence, bien le monde est...
Ils font, bien voyons, pourquoi elle fait ça?
Elle vous vient d'où?
J'ai vraiment de la difficulté à tutoyer,
Lise, mais je vais y arriver.
Oui. Au cours de l'entrevue, vers la fin,
peut-être que je vais y parvenir. C'est comme tu veux.
Alors, on va passer du vous au dessus,
mais il y a toujours juste une personne devant moi,
j'aimerais le préciser.
Lise ne s'est pas dédoublée.
Non, mais ça devient d'où, cette éthique de travail-là,
ce grand respect pour le public?
Parce que je suis sûr que ce que tu décris,
c'est pas tous les artistes qui le vivent.
J'imagine qu'il y en a, que la plupart des artistes
ne sont pas heureux d'annuler un spectacle,
mais je pense qu'ils sont tous tourmentés
de la manière que tu le décrivais.
J'en connais qui écrivent
sans nécessairement
penser au public,
mais moi, je viens de l'éthique,
c'est-à-dire, mon éthique vient de la vieille école.
Tu sais, j'ai quand même
commencé avec des artistes
comme, tu sais,
Gilles Latulippe,
des grands improvisateurs,
des messieurs
qui partaient d'un canevas
mais qui respectaient pas le texte,
mais qui savaient comment aller chercher le public.
J'ai vu Olivier Guimond travailler,
j'ai vu le capitaine Bonhomme,
j'ai vu... À 5 ans, là,
j'avais déjà ma carte de membre du capitaine Bonhomme,
tu sais, fait que j'ai vu les grands travailler,
les grands avoir un respect du public,
les grands à pas faire de crise
de vedette parce que
ce métier-là, d'abord, ça peut s'éteindre
avec une rumeur, on en est tous
conscients.
Tu sais, je veux dire, moi, pour moi,
quelqu'un qui a le droit de faire une crise de vedette,
c'est quelqu'un qui vient de t'opérer au cerveau
ou qui a sauvé ton enfant
ou qui m'a
opéré pour le coeur.
Ça, pour moi, c'est des gens
qui pourraient avoir
des caprices. Mais des vedettes,
des artistes qui font la
vedette et qui font suer un peu
leur entourage, j'ai bien
de la misère avec ça. Ça, c'est un non-respect
de son équipe, un non-respect
du public aussi, parce que
si tu joues quelqu'un d'autre pendant que t'es sur scène,
ça se peut qu'en entrevue,
à un moment donné, le public s'en aperçoive
que t'es pas aussi fin que t'en as l'air.
Tu penses que le public a ce flair-là
qui finit toujours par s'en rendre compte?
Oui. Des fois, ça prend deux, trois entrevues,
mais ils s'en aperçoivent parce que
en même temps, il y a comme
une surconfiance de quelqu'un
qui a du succès,
mais c'est quelqu'un qui réalise pas que ce métier-là est très fragile
puis que c'est un grand privilège
d'avoir un pouvoir de micro.
C'est un grand privilège.
Tu peux pas dire n'importe quoi.
Tu peux pas faire n'importe quoi, tu sais.
Il y a... Puis cette éthique-là,
moi, je l'ai eue dès le début, tu sais.
Il y a des agents qui étaient là au début,
au début m'ont montré l'éthique. Me l'ont montré l'é eue dès le début. Les agents qui étaient là au début
m'ont montré l'éthique.
Me l'ont montré l'éthique.
Tu ne peux pas arriver une heure en retard
à un spectacle, à moins d'être vraiment mal pris
dans une tempête de neige effrayante.
Oui, avoir une bonne raison.
Avoir une maususe de bonne raison.
Mais en même temps,
j'ai essayé d'être toujours
la veille du spectacle, d'arriver sur place
au cas où il arriverait quelque chose
la journée même.
Un accident d'auto, n'importe quoi.
Pour que ce soit plus facile de dire au monde
qu'il n'y aura pas de spectacle ce soir.
Si tu es averti une journée d'avance
où le matin même,
c'est pas si pire que 5 minutes avant le show,
tu ne déplaces pas du monde pour leur dire
5 minutes avant le show qu'il y aura pas de show,
à moins que ça m'ait arrivé une fois.
Au Saint-Denis, j'ai vomi ma vie
jusqu'au gâteau de première communion,
genre jusqu'à 5 minutes avant le spectacle.
Mais il y avait une infection d'estomac,
ce que je savais pas, tu sais.
Fait que là, on leur a reporté le spectacle,
mais le Saint-Denis était plein.
Écoute, filer mal de même pour dire
qu'il n'y aura pas de spectacle,
mais parce que j'étais malade
et que je n'étais pas capable de...
Mon estomac ne voulait pas arrêter de vomir.
C'était bizarre.
Finalement, il y avait une infection des plaquettes
ou je ne sais pas quoi.
Mais je veux dire, le respect du public
c'est de s'arranger pour prendre ses choses au sérieux
pour prendre sa carrière au sérieux
puis s'apercevoir qu'on a un privilège
de faire ce métier-là
Un privilège
Est-ce que tu en as beaucoup rencontré des gens
qui n'avaient pas encore assimilé
cette idée-là que c'est un privilège
d'exercer ce métier-là?
C'est sûr qu'il y en a qui n'ont pas encore assez d'expérience ou qui n'ontient pas encore assimilé cette idée-là que c'est un privilège d'exercer ce métier-là? Bien, c'est sûr qu'il y en a qui n'ont pas encore
assez d'expérience ou qui n'ont pas réalisé
que c'est un privilège, tu sais,
parce qu'ils se sont fait dire toute leur vie
qu'ils étaient drôles puis qu'ils avaient du talent
puis tout ça.
Peut-être que, comme tu dis,
c'est peut-être un peu dur à assimiler, tu sais,
mais moi, je l'ai tellement fait naïvement, ce métier-là.
Tu sais, comme tu disais, la femme afghane,
tantôt, on en parlait,
puis tu disais qu'il y avait une inconscience,
puis c'est vrai.
De présenter ce numéro-là, quoi,
trois semaines après les attentats du 11 septembre.
Oui, exactement.
Tu portais une burqa sur scène.
Une burqa, oui, avec le masque quadrillé en avant.
Mais en même temps,
c'était pas pour me moquer de leur religion.
C'était juste pour faire
une prise de conscience que
les cultures se mélangent très mal
des fois, parce que j'avais rencontré
un afghan
sur Internet, puis c'est lui
qui m'a donné la robe en cadeau.
Tu parles de ton personnage.
Oui, exactement. Tu n'as pas rencontré un afghan
pour vrai sur Internet.
Non, pas encore. Non.
Ça se pourrait.
Mais comment est-ce que tu avais eu cette idée-là,
cette inconscience-là, cette idée inconsciente
de porter une burqa sur scène
à un moment où c'était très sensible dans notre société?
Oui, mais sais-tu, mon but au départ,
c'était que les femmes qui rencontrent sur Internet,
admettons la madame, ça fait 15 ans qu'elle est mariée.
Puis ça, c'était courant,
quand j'ai écrit ça avec François Madiscotte.
C'était courant que les femmes
avaient commencé à discuter sur Internet
avec des étrangers.
C'est sûr que ces étrangers-là
ne leur parlaient pas comme leur mari.
Quand ça fait 15 ans que tu es mariée,
tu as un petit peu moins de compliments de la part de ton mari,
t'as un petit peu moins de challenge,
t'as un petit peu moins de séduction.
Ces hommes-là parlent
aux femmes différemment des Québécois.
C'est comme son...
Ils ont plus la poétique,
le charme de dire
des affaires que t'as jamais entendues,
de te faire croire que t'es numéro
un sur toute la ligne,
jusqu'au moment où tu t'en vas les voir.
Ça marche plus, là.
Là, je voulais montrer
qu'il faut faire attention,
même si ça fait longtemps qu'on est mariés,
les belles paroles.
Est-ce que c'est suffisant pour laisser
15 ans de couple?
Juste de pas se laisser
embarquer trop vite.
C'est juste ça que je voulais montrer.
Est-ce que tu le referais de la même manière aujourd'hui?
Non, je ne le referais plus aujourd'hui.
Pourquoi?
J'avais eu des petites menaces aussi.
C'est sûr que ça fait réfléchir.
Les menaces, ce n'est pas le fun.
Non, je ne referais pas ça.
Tu parlais de Gilles Latulippe tantôt.
Est-ce que tu es souvent allée au théâtre des variétés?
Non. Je suis allée au Démon du midi.
Au Démon du midi, donc au début de ta carrière.
Au début, début. Au tout début.
Puis Radio-Canada m'envoyait des textes.
Mais quand on arrivait au sketch
avec Gilles, on oubliait ça, les textes.
Mais moi, j'étais complètement perdue.
Mais j'ai appris. J'ai appris,
appris, appris. Il y avait peut-être
une ligne de bonne dans le texte qu'on m'a envoyé.
Le début puis la fin, c'était pas la même affaire du tout.
Fait que j'ai appris
le burlesque,
c'est-à-dire cette forme d'humour-là.
J'ai un canevas, faut que t'arrives
à ça à la fin comme punch.
Le reste que tu fais, on s'en fout.
Fais rire le public, sois drôle,
mais le texte, c'est pas important.
Puis je me souviens, à un moment donné, dans un texte,
je dois dire à Gilles,
mais t'es bien niaiseux, il a arrêté
complètement du catch, puis il m'a dit,
parle-moi plus jamais de Mimely.
J'ai fait, mais non, mais c'était écrit dans le texte,
tu sais, comme... Mais j'ai beaucoup appris
avec Gilles, puis je dois te dire aussi
qu'il y avait une raison pécuniaire, c'est que
Roméo Pérusse était recherchiste.
Puis moi, j'étais monoparentale avec deux enfants que Roméo Pérusse était recherchiste. Puis moi, j'étais monoparentale
avec deux enfants.
Roméo Pérusse, ce grand humoriste.
Le grand Roméo Pérusse, qu'on avait de la misère
à sortir de scène, parce qu'il en faisait
toujours trop long. Lui, il me téléphonait,
il me disait, «Lise, est-ce que t'as de la misère
à payer ton loyer cette semaine?»
Je disais, «Bien, c'est sûr que c'est serré.
Je vendais des beignes, puis j'étais toute seule
avec les enfants. » Fait que là, il me dit,
«Viens faire les démons. Fait que là, elle me dit, viens faire
les démons, fais-nous ton numéro
puis je vais demander à Gilles
si tu peux faire le sketch,
c'est ce qui est plus gros caché
que si tu fais juste un numéro.
Fait que je faisais mon numéro plus le sketch,
fait que ça me donnait mon loyer
en cachet. Fait que je disais pas
non, c'est sûr. Puis en même temps,
de jouer avec ce monde-là,
c'est quand même eux qui ont ouvert les portes
à l'humour.
Fait que là, j'étais comme wow.
Puis j'ai développé
un amour avec Gilles bien spécial.
C'était vraiment le fun.
Comme Yvon, comme... Je me trouve tellement
privilégiée de les avoir côtoyés.
Une petite fille qui regarde
l'humour à la télé,
puis qui regarde Samedi Dree,
puis qui se ramasse avec Yvon,
collé dessus,
à écouter des shows.
Moi, j'ai l'air de son attaché presse
quand j'étais avec lui, parce que,
comme lui a ouvert les portes aussi,
moi, je tiens son manteau,
je lui demande s'il veut avoir un café,
s'il a besoin de l'eau.
Je le respecte tellement.
C'est tellement un grand homme pour moi.
Gilles aussi, c'est du monde
que dans ma vie,
je n'aurais jamais pensé côtoyer.
Jamais, jamais, jamais.
Il était comment, Gilles Latulippe?
Il était adorable.
Tu voyais que ça paraissait
qu'il avait le goût de te donner une chance.
Il y a des gens qui ont l'impression
que leur bulle, leur védétariat, leur popularité,
c'est quelque chose à eux,
tandis qu'il y en a qui le partagent, tu sais.
Puis tu le sens quand ils veulent le partager.
Le capitaine Bonhomme, ça, c'est ton enfance?
Ah oui, j'avais 5 ans.
5-6 ans avec l'oncle Pierre, Olivier Guimond, Gilles Latulippe.
J'allais à TVA
écouter les sketchs.
Même s'il y avait des jokes
que je comprenais pas du tout,
parce qu'ils faisaient des jokes d'adultes.
Ben oui, ils faisaient beaucoup de jokes d'adultes.
Oui, ben moi j'aimais ça.
Ah non, ça a été une enfance bien le fun pour ça.
Puis ma mère m'a mis en ligne,
pas en ligne dans ce temps-là,
mais en ligne avec tout le cinéma français. Fait que j'a mis en ligne, pas en ligne dans ce temps-là, mais en ligne avec
tout le cinéma français. Fait que j'ai
connu Bourville, Fernandelle,
Michel Serrault,
plus jeune,
des grands comédiens de
comiques, Louis de Funès,
fait que j'ai été imprégnée de ça.
Mon influence est plus française.
Avec Coluche, pour le mot, je suis plus
coluchienne qu'américaine.
Mais est-ce que déjà, à ce moment-là, tu te disais
« Je pourrais faire ça dans la vie, moi aussi? »
Non.
Franchement, non.
Non, je n'ai pas pensé à faire ça.
Mais je savais que j'avais compris que faire rire, c'est un moyen de séduction.
Je me faisais moins
reprendre, moins
chicaner, si tu veux, avec les professeurs,
avec mes parents, parce que je les faisais rire.
Je me suis aperçue tôt que c'était un pouvoir
de faire rire.
Qu'est-ce que t'as fait dans la vie
avant d'avoir tes enfants?
Oh mon Dieu! Avant d'avoir les enfants,
j'ai travaillé dans des manufactures.
Une manufacture de néons,
une manufacture de couvre-lits,
de draperies.
Mais je faisais des discours dans le Scabou
le vendredi soir, avant qu'on finisse,
tu sais, des discours drôles.
Vraiment, les emplois de manufacture,
ça, ça a été vraiment dur,
dans le sens que
il n'y a pas d'humanité.
Il faut que tu produises, tu sais.
Le premier emploi dans les Néons,
je dînais sur un convoyeur avec les rats qui passaient en dessous,
tu sais, les faux.
Puis quand je passe sur Métropolitain
puis je regarde les manufactures,
maintenant, j'ai toujours le cœur gros.
Tout le temps, tout le temps.
Parce qu'il y a encore beaucoup de gens
dont c'est le quotidien, ce que tu décris.
Oui, exactement.
Tu sais, tu fais des vêtements en ligne
ou des draperies en ligne.
Moi, j'étais beaucoup dans la lune.
Des fois, je pouvais coudre 4-5 volets
avant de m'apercevoir que j'avais plus de fil
sur mon aiguille.
Je me suis fait chicaner beaucoup à l'école.
Je me suis fait chicaner dans mes emplois
parce que je parlais trop.
Mais j'ai arrêté de travailler
dans les manufactures
enceinte de huit mois.
Puis j'ai recommencé
juste quand les enfants ont commencé l'école.
J'ai passé au moins sept ans avec eux
à la maison, ça, je suis contente.
Puis après, je suis rentrée serveuse
parce que je me disais, je vais aller servir des desserts.
Ça va être moins compliqué qu'avoir des gros...
des grosses assiettes avec du poulet puis des affaires.
Je suis sûre que j'en aurais échappé la moitié.
Fait que j'aimais mieux travailler dans les desserts.
C'était moins compromettant pour les gaffes, tu sais.
Mais je devine que
ce respect pour ton public
dont tu parlais tantôt, ça devient aussi
de ce passé-là, parce que ton public est formé
de tout le monde, mais notamment de ces gens-là
qui travaillent dans des manufactures,
dans des restaurants.
Quand j'étais monoparentale avec
les enfants,
ce qui me faisait suer,
c'est les annonces de Noël
avec le méga décor,
la maison, les cadeaux
à Puffiné. Ça me faisait suer
que mes enfants voient ça parce que
je ne pouvais pas leur offrir ça.
Je me suis dit...
Non, je ne me suis pas dit ça à l'époque,
mais quand j'ai commencé à faire des sous, je me suis dit
je ne vais pas faire suer mon public
avec l'argent.
Jamais, jamais, jamais, jamais.
Tu vois, j'avais acheté une petite décapotable,
un peu l'eau qui se passe.
Ça m'a pris deux ans avant de l'assumer.
Elle était dans le garage.
J'étais fière de l'avoir,
mais je n'osais pas me promener avec
parce que je ne voulais pas faire mal
au monde qui n'a pas de sous, tu sais.
C'est profond, mon affaire.
Ils font des chants,
il y a eu un rapport semblable.
Je sais pas si t'as déjà eu des discussions au sujet de l'argent,
mais ils font des chants.
Il y a une auto, la première auto qu'il a achetée
quand il a eu des sous, c'est son auto de rêve.
Puis il a été la reporter.
Au bout de 2-3 mois, il était pas capable de l'assumer.
C'est un gars de Saint-Henri.
Comment tu veux aller te promener
avec une auto de luxe dans Saint-Henri, comment tu veux aller te promener avec une auto de luxe
dans Saint-Henri, tu sais, pour faire
«Gueule, je suis réussie!» Bien, voyons donc.
Voyons donc, tu sais. J'ai même dit
à des artistes, «On s'en fout
de tes voyages, là.
On s'en fout. » — Tu parles des réseaux sociaux,
des gens qui mettent des photos. — Raconte-les pas.
Parce que moi, je veux même me coucher de soleil.
Parce que j'habite en face
du soleil, tu sais. — Et le soleil, que j'habite en face du soleil.
Et le soleil, c'est universel.
Oui, c'est ça.
C'est drôle, il est chez nous.
Il est vraiment chez nous.
Mais des photos de voyage, non.
Non, je ne vais pas faire suer le monde avec ça.
Ceux qui rêvent d'aller à quelque part et qui n'ont pas d'argent pour le faire.
Des fois, tu passes ta vie à avoir des rêves,
mais tu n'as pas l'argent de tes rêves.
Moi, je vais te faire suivre.
En plus, regarde, j'étais là, c'était le fun.
Non.
Parce qu'en revenant sur ton parcours,
on pourrait se dire,
il suffit d'y croire pour que ça se produise.
Il suffit de croire en ses rêves pour les atteindre,
mais ça n'arrive pas à tout le monde.
Non, mais... C'est sûr qu'il faut y croire pour que ça se produise, mais ce n'arrive pas à tout le monde. Non, mais...
C'est sûr qu'il faut y croire pour que ça se produise,
mais ce n'est pas parce qu'on y croit que ça va arriver.
Non, exactement, tu as raison.
Tu as parfaitement raison,
ce n'est pas parce qu'on y croit que ça va arriver.
Mais moi, je n'ai pas cru.
C'est peut-être ça le truc.
Je pense que c'est ça la recette.
Je n'ai jamais cru.
Moi, quand Yves Rousseau,
qui m'a découvert au Dunkin' Donuts.
Yves Rousseau, c'est un humoriste
qui animait les lundis juste pour rire,
après les lundis des arts.
Donc lui, un soir, il passe au Dunkin' Donuts.
Il est quoi, 11h?
Oui, j'avais commencé ma nuit.
Parce que tu travaillais de nuit, c'est ça?
Oui, et lui, il restait à Napierville.
Il passait par la 10.
Mais là, il a arrêté de prendre un café
sur le coin de Rome, je sais pas pourquoi.
En tout cas.
Puis on s'est parlé.
Moi, j'ai dit, est-ce que vous voulez que je vous reconnaisse
ou vous aimeriez mieux prendre votre café tranquille?
Parce que tu savais ce que tu faisais.
Non, non, reconnais-moi, ça me fait plaisir.
Fait que j'avais commencé à aller au lundi.
Comme spectatrice.
Oui. Puis là, j'ai raconté que j'avais suivi des cours de théâtre.
Puis le monde m'a dit, non, ça ne marchera pas dans le drame.
C'est dans l'humour.
Puis là, j'étais un peu à l'envers.
Je n'avais jamais envisagé l'humour.
Je pensais que pour être humoriste, ça prenait minimum un cégep.
Même pas besoin de secondaire.
Je pense pour devenir humoriste.
Je ne veux pas être méchant.
Non, c'est le fun quand tu écris tes textes, par exemple.
Ça peut être utile.
Oui, ça peut être utile.
Mais c'était sûr que ça prenait un cégep, tu sais.
Puis il m'a dit, bien non, pas du tout.
Là, j'ai dit, bien oui, mais qu'est-ce que j'écris?
C'est quoi qu'il faut que je fasse?
Il m'a dit, bien, tes serveuses, tu dois en avoir des idées.
Mais aussitôt qu'il m'a dit ça,
j'ai été
illuminée par un flash
de faire la serveuse
de beignes.
Jamais durant les moments où tu poussais
des blagues à tes collègues de manufacture,
où tu faisais rire tes clients
au Dunkin' Donuts, tu t'es dit
je pourrais transformer ça en carrière?
Non, parce que mon pouvoir de faire rire,
c'était pour nous rendre la vie plus facile.
Tu sais, c'est triste, une shop.
Une manufacture, c'est triste.
Fait que moi, je faisais rire les filles
pour que ça passe mieux, tu sais,
qu'on était contentes le vendredi
de s'en aller en week-end, tu sais, en fin de semaine.
Puis je faisais rire pour embellir l'histoire, tu sais.
J'ai toujours voulu embellir l'histoire.
J'ai toujours voulu embellir l'histoire.
Parce que pour moi, il n'y a rien de vraiment grave à part la maladie, la mort.
Tu ne suis pas obligé de chialer tout le temps.
La vie est le fun au bout.
Tu prends le temps de la regarder.
Tu prends le temps d'y goûter.
Va te chercher un cornet.
Fais quelque chose.
Parce que là, en plus, moi, je pensais comme ça.
Puis depuis que j'ai failli mourir,
c'est encore meilleur, la vie, tu sais.
La vie goûte meilleur?
Mais hein! Mais hein!
C'est bon, là, ça n'a pas de bon sens.
Il n'y a rien comme passer proche de la mort
pour que la vie goûte meilleur.
Exactement.
Puis tu vois, je suis célibataire,
puis j'aimerais ça rencontrer quelqu'un
qui a passé
par la peur de mourir aussi.
Ça fait partie de tes critères? Oui, juste pour qu'il
goûte comme il faut les affaires.
Bon, à bon
entendeur, s'il y a des gens qui écoutent
cette entrevue... Non, non, c'est pas une annonce.
OK, d'accord, c'est pas une annonce.
Si vous êtes passé près de la mort, vous pouvez
contacter Lise au...
Je recule un peu dans le temps. Avant, donc, ce moment où Yves Rousseau t'ouvre Si vous êtes passé près de la mort, vous pouvez contacter Lise.
Je recule un peu dans le temps.
Avant ce moment où Yves Rousseau t'ouvre les portes de ce qui va devenir
une grande carrière, en 83,
t'as monté une pièce
avec des amis qui s'appelaient...
Il n'y en aura pas de commercial?
Oui, ça, c'était avec
la gang de filles du CLSC
où on suivait des cours, tu sais,
pour les enfants de 0-5 ans.
Puis on avait décidé de monter une pièce de théâtre
pour ramasser des fonds,
qui s'appelait Il n'y en aura pas de commercial,
mais c'était juste ça, des commerciaux.
On faisait une satire de ce qu'on voyait à télé.
Puis je me suis ramassée avec 18 sketchs sur 21,
parce qu'ils disaient, non, tu vas être bonne là-dedans,
je disais, oui, je comprends, mais...
Fait que je l'ai faite.
Puis en rentrant sur scène,
il y a du monde qui en rit,
je n'avais pas dit un mot encore.
Fait que là, je pensais que j'avais une feuille de bande
qui dépassait de la robe ou quelque chose,
mais non, c'était un pouvoir.
C'est comme...
Je n'ai jamais analysé ça.
Donc, vous avez gagné un concours de théâtre amateur
avec cette pièce-là, il n'y en aura pas de commercial.
Exact.
Puis Louisette Dussault t'a dit...
Reste pas chez vous avec ce talent-là, fais quelque chose.
Puis là, c'est là que je me suis inscrite au conservatoire.
Mais j'étais déjà trop vieille pour aller au conservatoire
de théâtre, le vrai, là.
Fait que j'ai fait le conservatoire, la salle.
Mais écoute, c'était pas drôle.
Vraiment, j'avais choisi deux pièces dramatiques,
en plus un poème d'Émile Néligan,
puis ça marchait pas, là.
Tu sais, moi, j'ai pas eu de formation classique.
Fait que dans le poème d'Émile Néligan
qui s'appelait « Devant deux portraits de ma mère »,
on me reprenait déjà sur le titre.
Quand je disais,
« Voici le poème « Devant deux portraits de ma mère, on me reprenait déjà sur le titre. Quand je disais, voici le poème « Devant deux portraits de ma mère » d'Émile Néligan,
il disait, non, ça marche pas.
Le titre, tu l'as pas comme il faut.
OK.
Fait que là, il disait, il faut que tu dises
« Devant deux portraits de ma mère ».
Oui, d'accord.
Sauf que comment vous voulez que je mette des sentiments
si je suis obligée de jouer quelqu'un
qui a la bouche en chœur de même
en faisant très attention à la prononciation?
Je peux pas. Je peux pas faire ça.
Puis le drame, j'avais choisi Antigone de Jean-Henouilh.
C'est pas un petit morceau, ça?
C'est pas un petit morceau.
Puis là, je jouais avec une Française qui, elle,
c'était parfait.
Aucun diphtongue? Non.
Prononciation parfaite.
Puis elle, elle allait même jusqu'à mettre sa main
sur son front, tu sais, quand elle interprétait.
Moi, je suis pas capable de faire ça.
Tu viens de le faire devant moi,
mais effectivement, on y croit pas tant que ça.
Puis là, elle était tendue sur un banc de parc.
En rentrant, moi, je disais,
bien là, elle me laisse même pas de place sur ma soie.
Tu sais, genre, ça, c'était ma première réplique,
mais ça avait rien à voir avec la pièce.
Puis là, il fallait que je dise, oui, mais moi,
je ne veux pas mourir.
Mais j'avais les yeux rouges comme un père Noël.
J'avais mon enveloppe de grassettes.
Écoute, ça marchait pas pantoute.
D'abord, je n'ai pas de frère.
Comment tu voulais que je joue comme ça comme il faut?
Je n'aurais jamais laissé quelqu'un sécher au soleil.
Ça ne me rentrait pas dans la tête.
Pantoute, pantoute.
Il me semble que je te verrais dans un film
ou dans une série très, très sérieuse.
J'aurais la chienne de ma vie, par exemple.
Mais bon.
Je pense que j'ai l'âge
pour aller chercher l'autre émotion que le rire.
Je pense que je pourrais.
Parce que tu vois, j'ai fait des colères
dans le Rocadio dont j'étais fière.
Je trouvais que ça avait l'air d'une vraie colère
quand je l'ai regardée.
Mais sur les trois saisons,
je trouvais que c'est la troisième, la meilleure,
que je commençais à être vraiment dedans,
de me mordre dans le personnage.
Mais en même temps, j'ai joué avec des comédiennes
extraordinaires. C'est comme danser
avec quelqu'un qui sait danser.
Il va te prendre dans ses bras, puis il va te guider,
puis tu vas être très bon danseur,
mais danser avec quelqu'un qui ne sait pas danser, par exemple.
C'est tout le contraire.
En tout cas, je ne sais pas ce qui va arriver
dans l'avenir. Là, je te dirais
que je pense plus un petit peu
vacances, parce que
j'ai encore la fatigue des 337
shows.
Puis il y a eu des productions
à 500 shows, puis tout ça. Puis j'ai
jamais eu le temps de vraiment me reposer
entre les deux productions. Fait que là, j'ai le goût
de goûter à ma famille, de
aller voir des shows, tu sais, faire plein d'affaires.
Comment est-ce que ça arrive, ça? Comment est-ce qu'on se rend
à 500 shows? Parce qu'il me semble que tous les humoristes
qui ont présent... parce que c'est généralement des humoristes
qui se rendent à 500 shows. Tous les humoristes, Jean-Michel
Anctil va dire, c'était beaucoup trop, j'aurais dû en faire
moins, j'aurais dû m'épargner davantage.
Bien, c'est que quand tu demandes un congé à tes agents
qui ont besoin d'argent... C'est que quand tu demandes un congé à tes agents qui ont besoin d'argent...
C'est toujours la faute des agents.
Bien, je pense que moi,
j'aurais pu me contenter de moins de chaud,
mais en même temps,
quand il y a une demande, tu peux pas dire non.
C'est-à-dire que quand j'ai voulu avoir des congés,
même si je les avertissais 5 mois d'avance,
de me donner au moins un mois de congé
que je récupère,
il me disait pas mon agent que j'ai présentement,
l'ancien agent, il me disait
« Oui, mais les billets sont déjà vendus. »
Mais des fois, c'était peut-être pas vrai.
Tu comprends? Mais
il voulait pas que j'arrête, tu sais.
Fait que...
J'arrêtais pas. Puis moi, si tu me dis
« Telle date,
il y a 20 billets de vendus. »
Je vais être là. Je vais être là.
Je vais être là. Je ne décevrai pas 20 personnes.
Ce n'est pas arrivé, mais
je pense qu'ils m'ont...
Ils m'ont amenée en bateau quand
ils m'ont dit que les billets étaient vendus.
Je suis avertie de toi.
Cinq mois d'avance,
ça ne peut pas être si vendu
que ça, mais en même temps, à la longue,
j'ai compris qu'il y a des gens qui avaient des billets
un an d'avant.
Fait que tu peux pas... Tu t'écoutes plus ton corps,
qui t'envoie des messages,
tu continues, tu continues, tu continues,
puis à un moment donné, c'est ta tête qui en peut plus.
Fait que la tournée de 514 shows,
je suis avouée qu'un matin, j'ai voulu m'en aller.
J'ai voulu mourir.
J'avais plus de jus. J'avais pluslu mourir. J'avais plus de jus.
J'avais plus d'énergie, j'avais plus de jus.
Je me disais, cet agent-là
comprendra jamais
que je suis fatiguée, tu sais.
Mais là, mon...
Ça te tentait pas tout simplement
de congédier ton agent
plutôt que de te congédier toi-même?
C'est un paquet de troubles, là,
quand t'es congédiée pis qu'ils sont pas contents.
Ils mettent les avocats sur le dos.
C'est pas aussi simple que de dire merci, bye-bye.
Non, non, non.
Tu peux pas donner ton 4 % de même.
En plus, quand il reste ton 40 shows à faire,
en général, il te fait du trouble
pour les prochains 40 shows, tu comprends?
Il peut saisir les décors,
il peut faire plein d'affaires.
C'est pas le fun.
C'est l'envers du décor.
Non, mais on pense que les artistes ont toujours
le gros bout du bâton. Non. Mais c'est pas
nécessairement le cas. Non.
Les artistes sont souvent pris
à continuer
même si c'est pas la qualité espérée.
Mais plus maintenant.
Ça, ça m'arrive plus maintenant parce que
j'ai bâti le reste de la carrière avec
mon conjoint qui est devenu mon gérant
puis on a mené
ça à deux puis ça a super bien été
puis tu sais, moi
je suis quand même assez facile à travailler
si tu me dis cette semaine, Lise, tu vas faire
cette émission-là, même si
ça me tente pas vraiment de la faire
je vais te demander, est-ce que c'est important pour toi que je la fasse
est-ce que t'as fait un placement
est-ce que t'as un placement média
tu veux que je la fasse, je vais le faire
je dis pas non
mais c'est sûr qu'il y a des émissions que ça me tente moins de faire
les émissions avec des gros débats
moi j'ai tout le temps peur
de me mettre les pieds dans la bouche
il n'y aura pas de débat aujourd'hui
non aucune chance
tu me demanderas pas des débats sur les guerres J'ai tout le temps peur de me mettre les pieds dans la bouche. Il n'y aura pas de débat aujourd'hui. Non, aucune chance. Je te le promets.
Tu ne me demanderas pas des débats sur les guerres et les affaires.
Non, non, non.
Merci. Je l'apprécie.
Je présume de toute façon que tu es contre la guerre.
Oui.
D'accord. C'est réglé.
Absolument. Voilà.
Dossier réglé.
Mais comment est-ce que tu es arrivée à finir cette tournée-là
alors qu'à un certain moment, tu voulais en finir avec ta vie?
Je l'ai finie par... Ah oui, ce matin-là, quand voulais en finir avec ta vie? Ah, je l'ai fini par...
Ah oui, ce matin-là, quand j'ai dit ça à mon conjoint,
qui n'était pas mon agent à l'époque,
il m'a dit, non, mais les gardes, lève-toi, habille-toi,
maquille-toi, on s'en va chez ma tante
à nous inviter pour Pâques.
C'était la journée de Pâques.
Fait que là, j'ai ressuscité, finalement,
dans mes chalets chez la tante en question,
où j'ai rencontré l'oncle de mon conjoint
qui est dans l'armée, qui avait vécu
trois crashes d'avion.
Il me les a toutes racontées.
Quand je suis sortie de là,
j'ai fait...
Ça a remis les choses en perspective.
Ça m'a donné de l'énergie. Puis je me suis dit,
s'il est là, j'ai été capable
de parler avec lui. Puis il y a déjà
eu un crash d'avion en-dessus de l'eau.
Le feu était pris sur l'eau.
Le kérosène était là.
Il cherchait de la place pour respirer.
Je me sentais un peu comme ça aussi,
de trouver une place pour respirer.
Quand ils m'ont raconté ça,
ça m'a donné une énergie bien le fun.
J'ai continué, même si j'étais fatiguée un peu.
J'ai dit...
On m'avait prescrit des antidépresseurs
puis ça m'a rendue mauvaise.
Fait que j'ai fait non, c'est pas ça que j'ai besoin.
J'ai besoin des vacances.
Finalement, je suis allée au soleil 3-4 jours.
J'avais juste 3-4 jours pour y aller.
Je suis allée.
Puis ça m'a régénérée un peu, tu sais.
Dans ces moments-là,
lorsque tu mettais le pied sur scène,
est-ce que tu retrouvais toute ton énergie?
Oui.
Une fois sur scène, c'est comme par magie, on renaît.
Mais il y a l'amour du public aussi, tu sais.
Si je monte sur scène, quand je leur parle,
je leur vois leur face allumée, c'est un grand bonheur, tu sais.
C'est ça que je trouve dur, d'ailleurs,
d'avoir pris la retraite
puis de me dire, tabarouette,
je les verrais plus sourire, tu sais.
J'ai vu la scène du 10-30
avec les sièges vides.
Ça m'a tellement rentrée dedans.
Même si ma décision
est saine, sereine,
je l'accepte,
c'est correct,
mais de monter sur scène puis voir les bancs vides
ou l'accueil que j'ai eu cette semaine
au show de Dave Fenley,
j'étais comme
tabarouette. Ça, ça va me manquer,
c'est sûr, mais bon,
toute bonne chose à une fin, puis il y a des plus jeunes,
plus fous qui vont prendre ma place.
Il n'y a pas une part de toi qui
souhaiterait quand même remonter sur scène
une petite dernière fois pour terminer ça
d'une belle manière?
Non, pas pour un spectacle au complet,
mais je vais retourner
pour des oeuvres de duo pendant des festivals,
mais pas pour une grosse production.
À 68 ans,
je vais avoir 69 en septembre,
puis je travaille
dans les manufactures
depuis l'âge de 13 ans.
Fait que je pense que je peux me reposer un petit peu.
Mais je vais faire de la télé, je vais faire plein d'affaires.
On s'imagine que ta carrière a pris son envol d'un seul coup
en 91, lorsque t'as présenté ton numéro
de la serveuse du Dunkin' Donuts à Juste pour rire.
Mais t'avais déjà participé à Juste pour rire précédemment, en 88.
Tu avais remporté un concours belge.
De sketch, oui, avec Marielle Éveillée.
Mais après le point G de 91,
il y a eu une chute, là,
parce que j'avais pas de matériel
pour appuyer ce succès-là.
Je pouvais pas sortir un show, j'avais pas assez de...
Après Dunkin' Donuts, ça.
Oui, après le Dunkin'.
Fait que je te dirais que ça a vraiment démarré au point G en 95
parce que là, j'avais un spectacle pour l'à côté.
J'ai sorti le premier One Woman Show en 97.
Mais je me promenais déjà en rodage en 95.
Donc, entre 88 puis 1997,
qu'est-ce qui se passe dans ta tête?
Est-ce que pendant tout ce temps-là,
tu t'accroches à ton rêve ou tu as
encore un plan B de faire autre chose
avec ta vie? Non, non, non, je m'accroche à ça.
Je mets toutes mes énergies là-dessus.
Parce qu'il y a eu
un cru après le Duncan,
c'était normal parce que j'avais
pas le matériel pour l'appuyer.
Mais là,
on s'est assis vraiment
puis on a parlé d'écriture, puis tout ça.
Fait que là, on a monté le premier One Woman Show.
Fait que je te dirais qu'avant 97,
à partir de 95 jusqu'en 97,
j'ai rodé en ajoutant du matériel.
Ajouter un petit 5 minutes, ajouter un petit 5 minutes.
Fait qu'on avait un beau circuit au Québec
pour faire des bars.
Puis c'est la meilleure place pour apprendre le métier,
parce que c'est pas des conditions tout le temps faciles.
Tu changes un frigidaire dans l'établi du propriétaire.
T'as peur d'avoir des écharpes dans ton nez.
Mais t'aimais ça parce que je sais qu'à l'époque,
il y a plusieurs humoristes qui ne regrettaient pas
l'époque où ils devaient faire des bars.
Je pense qu'aujourd'hui, le circuit des bars
est beaucoup plus agréable et plus confortable.
Exactement.
Puis c'est plus ancré dans les habitudes
d'avoir des soirées d'humour.
Bien, tu sais, j'ai parti ma carrière
en même temps au Dagobert, à Québec.
J'ai fait autant de spectacles au Dagobert
qu'au Club Soda, tu sais.
Mais il y avait l'autre circuit des bars
qui était bien intéressant.
Pas facile, mais la meilleure place
pour apprendre son métier.
Ce serait lequel le pire moment
que t'as vécu dans un bar?
Ben, un bar de troisième ordre,
là, où tu passes entre deux danseuses.
Entre deux danseuses?
Oui.
C'est vraiment super.
On devine que l'écoute est peut-être pas
tout à fait au rendez-vous.
Pas tellement, non.
Moi, j'ai dit sur scène,
écoutez les gars, je sais que c'est des seins
que vous voulez voir, vous verrez pas les miens.
Mais j'ai été engagée pour faire une demi-heure.
C'était le cinquième anniversaire du bar.
Fait que là, j'ai dit, je vais faire ça vite.
C'était où? Est-ce que tu te souviens, c'était où?
Ouais, bien, je peux pas le dire.
Tu peux même pas nous dire la ville.
En plus, je remplaçais Roméo Pérusse,
c'était lui qui était supposé le faire, ce bar-là.
Puis c'est son gérant qui m'a appelée.
Il m'a donné l'adresse.
Mais ils m'ont pas dit c'était quoi, là.
Ils t'ont pas donné de détails.
Je savais que c'était un bar.
Mais quand j'arrivais, j'ai vu les danseuses de Néon
qui faisaient ça de même.
Lise danse présentement.
Oh non, non, non, non.
Fait que finalement, j'ai averti les gars
que j'étais engagée pour faire une demi-heure.
Voulez-vous m'écouter?
Ouais, ouais.
Elles avaient toutes des grosses bières devant elles.
J'ai regardé le gérant en voulant dire,
prépare mon manteau parce que quand je vais avoir fini,
je veux m'en aller chez nous, tu sais.
Fait que j'avais ma boîte de beignes
puis je voyais les danseuses respirer de la coke
à côté de moi puis ils me disaient, ça va être ton tour.
J'ai dit, bien oui, bien oui, ça va être à moi bientôt.
Toute la drogue, c'était plus les beignes que la cocaïne?
Oui. Bien non, je remangeais pas
parce que je sentais tellement l'odeur.
Ça collait sur mon linge.
À quel moment, d'ailleurs, t'as pris la décision
de quitter le Dunkin' Donuts?
Quand les spectacles sont devenus réguliers.
Parce que j'étais encore monoparentale avec les enfants.
Puis ça, ça a été ma première grande fierté,
c'est de payer un loyer pendant cinq ans toute seule.
Puis avoir appelé deux fois le propriétaire pour dire,
«Pouvez-vous attendre deux, trois jours avant de changer le chèque?»
Mais j'ai fait confiance à la vie.
Je me dis, il va arriver quelque chose,
le téléphone va sonner exactement.
Fait qu'on me demandait d'aller dans un bar
pour 300 $
pour une demi-heure pour fermer la soirée.
Ça s'appelle ça un headliner,
dans les termes. Fait que ça,
c'était parfait pour le loyer, vraiment.
Je te dirais que mon loyer,
c'était ça qui était...
Parce que comme cerveau, j'avais mis pour boire,
je pouvais fonctionner
avec les enfants, puis je ramenais des choses
que le Duncan disait qu'ils étaient pas bonnes.
Mais ça faisait peut-être 12 heures
que la soupe était faite.
Moi, j'en ramenais à mes enfants.
Mais payer le loyer,
c'était comme... Du moment qu'on a un toit,
le reste, je vais me débrouiller.
Mais la vie m'a toujours apporté un téléphone
au bon moment.
En 93, au Festival Juste pour rire,
c'est à ce moment-là que t'as vécu un flop
lorsque Normand Brattoy est animé.
Qu'est-ce qui s'est passé?
Parce qu'en 91, c'est un grand succès,
la révélation, cette serveuse du Dunkin' Donuts
qui se trouve être super drôle aussi.
Et là, deux ans plus tard, ça se passe moins.
J'avais choisi un numéro où je tombais en panne
avec ma voiture qui est très drôle
quand t'es debout.
Mais là, j'ai fait assise
et mon ancien gérant m'avait dit
de m'habiller comme le fauteuil.
Puis quand on dit le stand-up,
c'est du stand-up, il faut que tu le fasses debout.
La comédie assise,
c'est pas tellement bon.
Norman Bratwait
venait de se casser une jambe.
Il a décidé d'animer quand même,
mais il y avait un numéro avec un drôme
pour ouvrir la soirée.
Mais il l'a raccourci
parce qu'il avait trop mal à la jambe.
Moi, j'étais premier numéro de la soirée,
assise sur un fauteuil,
à parler de ma voiture.
Un flop, tu dis, là.
Puis tu sais, quand tu rentres dans l'âge
puis le monde te tape dans le dos de même,
tu fais, OK, je m'en vais chez nous,
ça va être bien, bien beau.
Tu sais, je te dirais que des fois,
j'ai cherché des emplois dans la presse
pour me dire, il faut que je change de métier.
J'arriverai jamais à faire vivre les enfants avec ça.
Surtout quand tu fais un flop, tu fais OK,
ma carrière vient d'éteindre, c'est fini, terminé.
Mais non, c'était pas ça.
Puis une chance, j'ai pas.... Puis une chance, j'ai pas...
Mais en même temps, j'ai pas fini mon secondaire.
Quel emploi tu veux que je trouve dans la presse
si j'ai pas fini mon secondaire?
Fait que j'ai pas trouvé d'emploi.
Est-ce que t'as déjà eu envie de retourner à l'école
pour le finir, ton secondaire?
Bien, j'en voyais pas l'énergie
avec les deux enfants de retourner à l'école.
J'ai une amie qui l'a faite, puis j'arrête pas d'y dire,
je te lève tellement mon chapeau d'avoir repris les études.
Mais j'aurais aimé ça étudier parce que tu vois,
même encore, j'aime beaucoup la lecture,
puis j'ai toujours un livre qui m'apprend quelque chose,
puis un roman à côté.
J'ai toujours deux livres en même temps.
C'est bien important que j'étudie,
que j'apprenne des nouvelles affaires,
que j'aime ça faire de la recherche, j'aime ça.
Fait que c'est ça que je vais faire à la retraite.
Ce soir, pour souper, j'ai mangé huit Nutribars.
Je commence à me sentir assez
Claudio Schiffer.
Assez Claudio Schiffer, merci.
Le merci est important aussi.
J'ai complètement
bousillé ta ligne, Lise.
Je suis désolé, mais c'est parce qu'elle est merveilleuse,
cette phrase-là. C'est dans le numéro,
donc, du point G.
Oui.
Parce que tu parles du rapport à ton corps.
Comment est-ce que tu as eu cette idée-là,
donc, de ce numéro-là?
Bien, mon corps, ça a été un sujet de conversation
depuis que je suis toute petite,
parce que j'ai toujours été un peu boulotte, tu sais.
Mais tu vois, j'ai lu une phrase dans un livre,
justement, cette semaine, qui disait
« Le gras, ça cache la culture. »
Puis c'est vrai, hein, tabarouette.
Parce que quand t'as un problème de poids,
tu te fais juger au premier regard.
Tu questionnes pas qui est la personne
en dedans du costume, tu sais.
Fait que mon poids, ça a été...
la raison de mes sujets tout le temps, tu sais.
Il y avait d'ailleurs...
Il y a un numéro qui est parti sur la diète.
Ça, c'était peut-être dans la diète, non?
C'était dans le point G, en tout cas.
Il y avait un gars au Duncan qui m'a dit,
c'est quoi ton sujet pour ton prochain numéro?
J'ai fait, c'est sur la diète.
Puis il me dit, en passant,
il faudrait peut-être que tu en commences une.
C'est gentil.
Bien oui, bien sûr, merci.
Je n'avais pas pensé avant.
Puis j'ai dit, toi, par exemple, par contre, il faudrait que tu arrêtes de maigrir. C'est un numéro pour se défouler. Ce qui est merveilleux dans le numéro du Point G,
c'est qu'à la toute fin, tu te moques des hommes aussi,
de leur trait de personnalité,
mais aussi un peu de leur physique.
Oui.
Ce qu'on avait sans doute peu entendu.
J'ai au body, ceux qui font du bodybuilding,
quand il est tout nu, tu fais...
Tu ne me feras pas croire que tu as gagné des trophées avec ça.
Quand tu revois ce numéro-là ou d'autres numéros de l'époque,
est-ce que t'arrives à te trouver belle?
Parce que je le revoyais, le numéro du Point G,
puis je veux pas être flagorneur, mais t'es magnifique là-dedans.
T'as l'air d'une femme épanouie.
Ah, mais je voulais tomber en amour.
L'amour me sortait par les pores de peau.
Écoute, j'étais heureuse.
J'étais... Wow!
J'avais confiance en moi.
Mais deux minutes avant d'entrer,
j'ai regardé la personne avec qui j'étais tombée en amour
puis j'ai dit, je me souviens plus de mon texte.
Je sais plus comment ça commence.
Puis lui, il est venu, j'ai plein d'eau.
Il m'a dit, mais non, Lise, ça se peut pas
que tu t'en souviennes pas.
J'ai pas oublié un gag.
J'étais tellement à l'aise ce soir-là.
C'est ça que ça fait une femme amoureuse aussi. Wow!
J'étais là
vraiment dans...
au meilleur de ma forme, dans ma tête.
En 99 et en 2000,
t'as animé les deux premiers galas
Les Oliviers et t'as remporté lors de ces
deux galas l'Olivier de l'année.
C'est pas rien.
Ça a pris plus de 20 ans pour qu'une femme
anime à nouveau le gala
Les Oliviers en 2023, Catherine Levesque.
La plus récente édition a été animée par
Cathy Gauthier et Ève Côté.
Comment t'expliques ça, que ça ait pris
autant d'années? Ça semble
invraisemblable.
C'est invraisemblable qu'on n'ait pas plus de femmes en humour.
Il commence à y en avoir de plus en plus.
Oui, une chance.
Mais aux États-Unis, ça fait des années
qu'il y en a plein.
J'en écoutais souvent.
Mais ils vont loin, les filles.
Aux États-Unis, ils sont
rock'n'roll dans leurs propos.
Moi aussi,
sais-tu que le métier est trop dur
et qu'on prend trop des affaires
personnelles ou les critiques?
Je sais pas si ça a rapport
avec la continuité pour les filles
de pas lâcher.
Mais moi, je te le dis, là,
si j'avais été à l'époque des réseaux sociaux
puis que j'avais entendu des critiques non-stop,
j'aurais lâché.
Ça fait trop mal. Ça fait beaucoup trop mal.
Est-ce que les femmes se font parler
de leur physique, de tout ça? Ah, c'est méchant. C'est mé mal. Est-ce que les femmes se font parler de leur physique, de...
Ah, c'est méchant. C'est méchant.
C'est pas le fun.
Comment tu peux avoir la force
de caractère pour traverser
des commentaires de même, tu sais?
Ça fait mal. Moi, je vais jamais
voir ce qu'ils disent sur mon nom,
mais je vois des commentaires sur mon Facebook
ou des affaires. J'ai eu un mauvais
commentaire une fois.
Peut-être que si j'avais cliqué les lions,
j'aurais peut-être vu des commentaires méchants,
mais je n'ai pas été les voir parce que moi, ça me rend dedans.
Ça me fait vraiment mal.
Je ne sais pas si les autres filles, ça a pris du temps
avant qu'elles fassent fi de ça pour dire,
je fais mon métier pareil, je continue.
Moi, je trouve qu'il n'y en a pas vraiment
beaucoup des filles
qui passent à travers tout ça
sans que ça leur fasse vraiment mal.
Une fois,
quand je te dis que j'étais
mal en point dans ma tête,
j'ai consulté.
La madame me disait, est-ce que tu as déjà regardé
tout ce que tu as fait dans ta vie?
Est-ce que tu as déjà vu tous les combats que tu as est-ce que t'as déjà regardé tout ce que t'as fait dans ta vie? Est-ce que t'as déjà vu tous les combats que t'as menés?
Je n'ai jamais regardé, là.
Mais maintenant, quand je n'ai pas confiance en moi,
je vais dans mon bureau, je regarde les plaques, les trophées,
puis je fais, c'est beau, tu as le droit d'être fatigué.
Pas grave s'il y a un commentaire pas fin.
T'as quand même eu 35 ans de carrière.
J'ai jamais pensé que j'allais faire 35 ans de carrière,
jamais, jamais, jamais, t'sais.
Moi, si j'étais attaquée continuellement,
comme j'en connais, là, qui sont attaquées, là,
avec des phrases, là, vraiment dures, là,
j'aurais lâché.
Est-ce que t'arrives à te détacher un peu de ça?
Ah, bien, maintenant, c'est terminé.
C'est terminé?
Bien oui, bien, je les lis même pas.
Tu t'acceptes entièrement comme tu es? Bien oui, il faut, maintenant, c'est terminé. C'est terminé. Bien oui. Je ne l'ai même pas. Tu t'acceptes
entièrement comme tu es? Bien oui, il faut.
Je t'avais de mourir. Mais non,
Lise, ce ne sont pas des horreurs comme ça.
Non, mais je ne suis pas à l'abri d'un autre
artère qui arrête. Ils me l'ont dit, j'étais
malade du coeur à cette heure.
Il faut qu'il me rentre dans le peintre.
Mais je veux dire, ça peut arriver à n'importe quel moment.
On a un accident d'auto, n'importe quoi.
Ça pourrait m'arriver à moi aussi de traverser la rue tantôt
puis me faire remercier.
Mais quand t'as vécu toute ta vie avec un complexe,
quand tu vieillis, peux-tu arrêter de t'en faire avec ça?
C'est pas ça qui est important.
Tu sais, moi, j'ai perdu des années de ma jeunesse.
J'aurais pu l'éveiller, j'aurais pu avoir du fun.
J'étais chez nous en train de pleurer, tu sais,
les fins de semaine.
Quand j'allais dans un party, je faisais le clown,
mais un coup, j'étais rendue chez nous toute seule,
je pleurais comme une madeleine.
T'as rendu compte toutes les soirées que j'ai manquées
où j'aurais pu rire, avoir du fun, danser?
Mais non, je m'empêchais de le faire,
mais là, c'est terminé. Terminé.
Même, tu vois, j'ai commencé à porter du rose,
que je faisais pas, je commençais à porter du beige, que je faisais pas. Je commence à porter du beige, que je faisais pas.
Les chaussures roses.
Une chemise beige.
Avant, je n'étais qu'en noir.
Parce que le noir amincit.
Oui, puis en même temps, tu deviens pas invisible,
mais presque, tu sais.
Mais habillée en noir, ça paraît pareil.
T'as du poids à perdre, là.
Tu comprends?
C'est assez limite, effectivement, l'illusion que ça peut créer.
Exact.
Dans le documentaire qui a été diffusé
à TVA au sujet de ta carrière
puis de la fin de ta tournée,
il y a un moment où tu dis
« J'ai pas peur de la mort. Je veux pas mourir tout de suite,
mais j'ai pas peur de la mort. » Sauf qu'au moment où tu dis ça,
c'est avant ton infarctus, avant ton incident
sur scène. Est-ce que ça a changé
ta perspective sur ce moment-là?
Ce moment-là qui est arrivé,
de la crise cardiaque, j'ai pas réalisé que c'était une crise cardiaque.
Premièrement, d'avoir perdu la mémoire,
j'étais convaincue que c'était un AVC.
Convaincue.
Mais aujourd'hui, lorsque tu repenses à ce moment-là, est-ce que t'as
davantage peur de la mort?
C'est sûr, quand j'ai un petit squeeze, là, en haut du sein gauche,
je fais, c'est-tu ça?
J'ai ma bouteille de nitro,
mais ça me fait peur,
c'est sûr, mais ça, c'est normal.
La première année, après avoir fait une crise cardiaque,
t'as peur d'avoir un autre symptôme.
C'est normal.
Je m'en fais pas trop avec ça.
Je me dis, j'en profite.
Je croque.
Je croque dans tout ce que j'ai envie de faire.
Je le fais. J'ai acheté plein de billets
pour aller voir des shows.
J'ai acheté une décapotable usagée.
C'est pas neuf, mais
je me promène en décapotable.
Tu t'hésites pas à la sortir
de ton stationnement. Tu te promènes avec
ta décapotable pour vrai. Non, je me promène avec pour vrai.
Peu importe ce que les gens penseront.
Je pense pas que les gens vont... Non, je pense pas que maintenant...
... vont te juger.
J'ai fait mes preuves, là.
Je pense que t'as le droit.
Oui, je pense que oui.
Je pense.
Je pense.
Est-ce que ta mère allait te voir en spectacle?
Avant qu'elle décède,
elle m'a vue dans le grand numéro du Dunkin' Donuts en 91.
Les trois rangés en avant d'elle savaient que j'étais sa fille.
Elle était très fière.
Je t'en parle, puis j'ai les frissons
parce qu'au moins, elle a vu ça.
Elle a pas vu le 35 ans de carrière,
mais elle a vu ça.
J'étais fière qu'elle soit assise dans la salle.
Armande.
Armande, oui.
À quoi tu rêves présentement?
Qu'est-ce qui te reste à accomplir?
Oh mon Dieu, je rêve
à vivre à 100 000
à l'heure, ce que j'ai envie de vivre.
Pas en faisant des courses automobiles, mais
je veux juste
profiter de la vie. Juste ça.
Bon, c'est sûr que j'aimerais ça aller en voyage,
mais c'est pas des rêves.
Mes rêves, là, ils ont été dépassés,
là, 400 fois, là.
Je veux dire, je peux pas rêver
plus que ça, là. C'est impossible, là.
Tu sais? Même en faisant
un retour sur scène, là, c'était la première fois, là,
à Québec, pour remettre une plaque
à Dave, là. Dave Fenley, oui.
Oui. J'en venais pas
de l'accueil.
Comment tu veux rêver plus que ça, tu sais?
Aux Oliviers aussi, récemment,
les gens étaient très, très contents de te voir.
Mais non! C'est le fun!
C'est comme...
Bon, je pense qu'ils m'oublieront pas si vite que ça, tu sais?
Est-ce que t'avais vraiment cette crainte-là
que les gens t'oublient?
Bien, oublié complètement, non.
Parce qu'il reste du monde de mon âge quand même
qui sont venus voir mes shows.
Mais je veux dire, c'est la vie.
Je veux dire, c'est la vie de passer à autre chose.
Il y a plein d'artistes à qui c'est arrivé,
puis pas grave, là.
Quand c'est serein, quand ça va bien,
là, je m'en vais avec le sentiment du devoir accompli.
Puis ça, c'est le fun, parce que je dors bien.
Si j'avais l'impression
d'avoir pu faire un effort pour autre chose,
je dormirais moins bien.
Puis il paraît que c'est important le sommeil pour la santé.
Exactement.
Je suis content d'entendre que tu dors bien, Lise.
Exactement, ça me fait plaisir.
Ce balado-ci s'intitule « Juste entre toi et moi ».
Lise, est-ce qu'il y a une dernière chose
que tu aimerais me dire qui resterait...
Entre toi et moi?
Juste entre toi et moi.
La première chose qui me vient, c'est merci.
Merci à tout le monde
de m'avoir suivie,
d'être embarquée dans ma folie,
d'être...
Juste merci.
Merci au public,
merci à la vie, merci.
Merci.
Et si vous avez frôlé la mort,
si vous êtes célibataire,
si vous êtes beau, élégant...
Élégant. Beau, c'est pas grave.
Beau, c'est relatif.
Beau, c'est pas grave.
On peut être tellement beau en dedans.
Élégant, oui.
La beatjogging, moins.
Moins la beatjogging.
Mais oui, frôler la mort, tu l'as dit, élégant.
Puis l'autre, c'est quoi, tu as dit?
Envie.
Oui.
Oui, pas accroché à pas insoluté, pas tout de suite.
Si vous êtes gentil,
vous avez le goût de sortir, d'aller voir des spectacles.
Le sens de l'humour.
Oui, puis avoir envie d'aller voir des spectacles.
Mais c'est pas grave, je peux y aller toute seule.
Ça, ça me fait rien. C'est une femme indépendante, Lise. Exactement. Merci beaucoup, Lise. C'est un honneacles. Mais c'est pas grave, je peux y aller toute seule. Ça, ça me fait rien.
C'est une femme indépendante, Lise.
Exactement.
Merci beaucoup, Lise.
C'était un honneur.
Merci à moi, je te remercie.
Je suis content que tu sois encore en vie.
C'était le fun.
Merci, c'était très le fun.
Merci.
Juste entre toi et moi