Juste entre toi et moi - Louise Latraverse

Episode Date: March 21, 2024

Louise Latraverse n’a jamais été guidée que par une seule quête, celle de la liberté. Du très désagréable Bob Dylan au grand danseur René Lévesque, de Clémences Desrochers à Janis Joplin..., de Réjean Ducharme à Simonne Monet-Chartrand, la comédienne raconte une vie riche en grandes amitiés et en rencontres marquantes.

Transcript
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Starting point is 00:00:00 Salut, ici Dominique Tardif. Ah, bienvenue. À juste entre toi et moi, bienvenue à cet autre épisode mettant en vedette un personnage à la fois sage et tannant de la culture québécoise. Parce qu'après Marcel Sabourin, c'est aujourd'hui Louise Latraverse que je reçois. Louise Latraverse, elle avait promis il y a longtemps qu'elle n'écrirait jamais son autobiographie. Mais c'est quand même un peu ce qu'elle fait ces temps-ci, en présentant partout au Québec son spectacle L'Amour Chris.
Starting point is 00:00:42 Elle lance aussi la semaine prochaine un livre tout simplement intitulé Louise la Traverse. C'est un livre qui contient plusieurs de ses dessins, plusieurs photos d'archives, plusieurs fragments de textes écrits par Louise. C'est un livre dans lequel elle raconte son enfance, le début de sa carrière, son mariage avec Emmett Grogan, figure de
Starting point is 00:00:59 proue du mouvement hippie. Elle raconte aussi son voyage en Inde. C'est de tout ça et encore plus dont il sera question dans cette entrevue que vous vous apprêtez à écouter. Le temps que je vous rappelle que vous pouvez lire le texte que j'ai tiré de cette rencontre dans la presse plus, sur la presse.ca
Starting point is 00:01:16 ou dans votre téléphone sur la presse mobile. Et si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez surtout pas à nous laisser une bonne note ou un commentaire sur Apple Podcasts. Et voici sans plus tarder mon entretien avec la too much, Louise Latraverse. Ça restera entre toi et moi Pour une fois Ça reste entre toi et moi
Starting point is 00:01:56 Le 10 mai 1969, s'amorçait la présentation du spectacle Les Girls. Oui. Moi, je suis triste de ne pas avoir pu assister à ce spectacle-là. T'aurais aimé ça. Puis il y a très peu d'images qui existent des Girls. Oui. Ça ressemblait à quoi?
Starting point is 00:02:15 Pouvez-vous me décrire ce spectacle-là? Il y a eu quelqu'un qui a eu un film, mais c'était le chum d'une des filles, puis il a cassé, puis il s'est fâché, puis il n'a jamais voulu nous donner. Je ne dirai pas son nom parce que je suis fâchée contre lui. C'était le chum d'une des filles, puis il a cassé, puis il s'est fâché, puis il n'a jamais voulu nous donner. Je ne le dirai pas son nom parce que je suis fâchée contre lui. C'était le chum de qui? Bien là, si je te dis la fille, tu vas savoir le chum.
Starting point is 00:02:33 Il n'a jamais voulu nous le donner, donc on a très peu. C'est épouvantable, on a tout essayé. J'ai dit, coudonc, fâchée. Mauvais, hein? Alors, oui, qu'est-ce que tu m'as posé comme question? C'était comment? Pouvez-vous me le décrire? Puisque je ne le verrai vraisemblablement jamais.
Starting point is 00:02:51 Tu vois, c'est l'époque où on entre, on est 70, là? C'est le 10 mai 69, la première représentation. Donc là, vient d'avoir lieu cette chose. C'est le début de la grande révolution culturelle à travers le monde. On est dedans, là. Ça se passe autant à Montréal qu'à Paris. Mai 68, on vient de vivre à Hatchbury, aux États-Unis.
Starting point is 00:03:12 C'est partout. La jeunesse s'exprime. C'est la grande révolution culturelle de notre siècle. Il y en a toujours juste une. Qu'est-ce qu'on voyait sur scène? Qu'est-ce qu'il y avait de la musique, des numéros comiques? D'abord, ça s'est passé simplement que on devait faire quelque chose, quelque chose qui est tombé
Starting point is 00:03:30 au théâtre. Et puis, Clémence a dit « C'est moi, je pense, qui ai pensé à ça. C'est moi. » Parce que Robert venait de faire le Katsu. J'ai dit « Nous autres, on ne fait pas un show. Les filles, les filles, on peut appeler ça les girls. » Et de là, on s'est dit, bon, mais qui?
Starting point is 00:03:46 Moi, ma grande amie, c'est Clémence. Ça fait que je suis avec Clémence. Et puis, il y avait Diane Dufresne qui arrivait de Paris. Et Diane Dufresne, à l'époque, chantait des chansons françaises à Montmartre avec sa belle voix. Écoute, c'était beau,
Starting point is 00:04:02 Diane. C'est pas la Diane de maintenant. C'était pas la Diane Dufresne exantrique des années qui ont suivi. Non, non, non, pas du tout, du tout, très française. Elle chantait ses belles chansons de l'époque. Donc, elle venait, elle est arrivée de Montréal pour l'entendre, pour la trouver merveilleuse.
Starting point is 00:04:18 Et puis, il y avait Chantal Renaud aussi qui sortait avec Donald Lautrec, qui venait de faire 45 tours. Donald avait enregistré, je pense, une chanson de chanteuse Sylvie Vartan, je ne sais trop quoi. C'est comme un garçon
Starting point is 00:04:34 j'ai les cheveux longs, comme un garçon je porte un blouson. Alors ça avait fait un tabac. Elle était cute, cute, cute. Elle était mignonne avec ses petits cheveux blonds. Elle était adorable. Et puis il y avait Paul Bayard. Paul Bayard, elle faisait bobinette. C'était une fille drôle, mais drôle, je ne te dis pas.
Starting point is 00:04:54 Alors, on s'est retrouvées, toutes ces femmes-là, sur scène. Et là, on a dit, bon, qu'est-ce qu'on fait? On s'est mis à parler. J'ai des idées. Moi, le titre, en fait, c'était « Les girls où je sortirai mes poubelles moi-même ». C'est vrai qu'on est dans le début du féminisme.
Starting point is 00:05:14 On entre dedans. Parce que c'était ça l'objectif, d'arriver à un moment où les femmes sortiront leurs poubelles. Ben, tu sais, là, chalez-nous pas. On est capables de se débrouiller, puis on n'est pas des manchottes. Donc, avec Clémence, donc là, c'est ça. On se réunissait, on est capables de se débrouiller et on n'est pas des manchottes. » Donc, avec Clémence, on se réunissait,
Starting point is 00:05:29 on donnait des idées, mais évidemment, c'est Clémence qui écrivait. Parce que c'est Clémence qui écrit mieux. C'était simple. Et puis, qui est si drôle. Alors, petit à petit, un show s'est monté. Elle nous écrivait des chansons. Je chantais « L'amante et l'épouse »
Starting point is 00:05:44 avec Diane. Des fois, je pense à ça. Je chantais « L'amante et l'épouse » avec Diane. Des fois, je pensais à ça. Je chantais avec Diane Dufresne. C'était charmant. C'était pas pire. J'avais du culot. Et puis, on faisait des numéros, des monologues, etc., des numéros de groupe. Et ça a eu du succès, là.
Starting point is 00:06:02 Mais du succès. Puis là, c'était au Patriote en haut, sur la rue Sainte-Catherine. Puis là, ça s'est rempli, puis le monde venait, puis on reprenait. Puis on avait toujours un fidèle spectateur devant. C'était qui? René Lévesque.
Starting point is 00:06:18 René Lévesque? Était notre fan numéro un. C'est bien, hein? Il était tellement charmant. Donc, à ce moment-là, il n'était pas premier ministre, bien sûr, mais il était déjà en politique. Il était en politique parce que ça, c'est juste après la grève. Plus longtemps après la grève de Radio-Canada, c'est quand il va sortir de Radio-Canada.
Starting point is 00:06:35 Ça va devenir le début du R.I.N. Auquel vous avez contribué. Oui, moi, je suis à la première réunion du R.I.N. dans le petit local de la rue Macaille. Puis avec Marie-Josée Raymond, on avait lavé le plancher. Écoute, c'était quelque chose. On était six. Ça, c'était la première réunion du R.I.N.
Starting point is 00:06:52 Et ensuite, on va faire un grand spectacle au Forum. Puis moi, je vais animer ça au Forum, le grand show du R.I.N. Ça, c'était beaucoup. Qui est-ce qui participait à ce spectacle-là au Forum pour le R.I.N.? Oh, c'était Bourgault. Qui est-ce qui participait à ce spectacle-là au Forum pour le R.I.N.? Oh, je ne m'en souviens plus. C'est quand même fou de s'imaginer
Starting point is 00:07:09 qu'un parti politique était en mesure de remplir le Forum. Oui, c'était formidable quand même. Il n'y a aucun parti politique qui arriverait à faire ça aujourd'hui. Non. Mais tu vois qu'il y avait Bourgault et qu'il y avait des gens allumés.
Starting point is 00:07:20 Tu sais, Bourgault, si tu n'étais pas allumé un peu, tu l'aurais aimé, Bourgault. Il était formidable. Qu'est-ce que tu veux? C'était un... C'était, je dirais, un'était pas allumé un peu. Tu l'aurais aimé, Bourgault. Il était formidable. Qu'est-ce que tu veux? C'était un... Je dirais un homme du Moyen Âge. Pas du Moyen Âge.
Starting point is 00:07:31 Un homme de la Renaissance, que je veux dire. Parce que si je disais Moyen Âge, il me tuerait. Excuse-moi, Pierre. Mais oui, un homme de la Renaissance. Il était un musicien, il jouait du piano. Il était très cultivé. Il lisait beaucoup. C'était un... un musicien, justement. Il était très cultivé, il lisait beaucoup. Il avait... C'était un...
Starting point is 00:07:48 un conteur, un raconteur. Il était passionnant. Il était passionnant et drôle comme un singe. Et il souffrait de téléphonie aiguë. Il m'appelait au moins huit fois par jour. Puis vous n'étiez pas la seule qui recevait plusieurs appels
Starting point is 00:08:04 de Pierre Bourgault. Non, il y en a eu d'autres, bien sûr. Il y avait Susan Lévesque, je pense. Ça veut dire qu'il passait la journée au téléphone. C'est ce qu'on a dit. On disait toujours, il passe sa vie au téléphone. Il ne fait rien dans la vie, lui, il téléphone. Puis il était toujours passionnant et il y avait toujours quelque chose.
Starting point is 00:08:18 Puis en même temps, drôle, drôle. On a ri. J'ai 25 ans de ma vie où j'entends juste des rires. Tant on a ri avec Bourgault. Il était coloré, il était fou, il était... Oui. C'était un bel esprit. Mais pourquoi est-ce qu'il n'a pas su
Starting point is 00:08:35 faire la carrière politique à laquelle il était promis? Parce que, tu sais, au début, il y avait René Lévesque dans le chemin. Ils ont été confrontés tous les deux. Puis après ça, finalement avait René Lévesque dans le chemin. Ils ont été confrontés tous les deux. Puis après ça, finalement, René Lévesque a pris le chemin le plus... Lévesque était plus doué pour le compromis? Je ne sais pas s'il était plus doué que le compromis,
Starting point is 00:08:59 mais René Lévesque avait plus de gens qui le suivaient, je crois, que Bourreau. C'était quand même le grand journaliste. Tu sais, écoute, on écoutait son émission Point de mire, la province entière l'écoutait. Il était tellement brillant. Il avait cette belle intelligence. Je le dis toujours, il était tellement intelligent. Tu pensais du temps Béc René Lévesque, là?
Starting point is 00:09:21 Tu devenais intelligent. Tu sais ce que ça fait, les gens intelligents? Ils sont intellig intelligent, forcément. Et ils dansaient si merveilleusement bien. Sur quel genre de musique? Sur toutes sortes de musiques qu'on mettait, parce qu'on était des artistes.
Starting point is 00:09:34 Donc, vous avez dansé avec René Lévesque? Oui, beaucoup. On allait danser. On allait danser dans des boîtes. Écoute, il était tout moche, René. C'était pas un homme ennuyeux. Non, on allait danser. C'est drôle, hier, j'ai vu la femme de Clément Richard parce que je me souviens
Starting point is 00:09:50 d'être allée chez Clément Richard, qui était à l'époque ministre des Affaires culturelles à Québec. Et ça avait été quand les grands voiliers étaient venus à Québec. Ça avait été un événement incroyable. Et chez Clément Richard, c'était dans le...
Starting point is 00:10:05 Pas le 4e, mais pas loin, sur le bord du fleuve, on pouvait être très, très bien. Puis le René était là, puis on avait dansé toute la nuit. Il adorait danser! Ha! Ha! Charmant, hein? Mais pour revenir aux Girls, spectacle auquel René Lévesque a assisté à plusieurs reprises, est-ce que vous trouvez qu'on célèbre assez
Starting point is 00:10:23 la grandeur de Clémence Desrochers? Parce que lorsqu'on parle de l'humour au Québec, on parle du père, de l'humour québécois, ils vont des champs, mais il me semble qu'on parle trop peu de la part de Clémence. Je crois qu'on a parlé beaucoup de Clémence. Là, on n'en parle plus. Mais il faudra toujours ramener Clémence
Starting point is 00:10:38 parce que, d'abord, Yvon, c'est pas un poète quand même. Mais Clémence était une poète. C'était la filleest pas un poète quand même, mais Clémence était une poète. C'était la fille d'un poète. La fille d'un poète. Et la fille la plus drôle au monde. Je peux même pas te dire comment est-ce qu'elle était drôle.
Starting point is 00:10:55 Puis drôle sur scène, mais dans la vie, quand on était en tournée, dans l'autobus, quand on passait de Québec à Chicoutimi, on prenait la place, on nous faisait des shows toute la journée. C'était un feu roulant, drôle à mourir. Et nous étions tous ces cobayes,
Starting point is 00:11:12 on nous vergeait dessus, on se servait de nous tous le temps, de tous nos défauts, drôles, mais drôles, drôles. Tu ne pouvais jamais rien dire, c'était tout vrai en plus. Des cobayes consentantes. Oui, oui, des cobayes consentantes. Puis quand elle chantait, puis quand elle récitait ses poèmes, on pleurait.
Starting point is 00:11:29 On a donc pleuré. Vous avez fait de la radio avant de devenir comédienne? Oui, j'ai commencé de la radio à CGMT, à Chicoutimi. Vous étiez toute jeune. Oui, 18-19 ans, j'imagine. Mes parents étaient au Lac-Clair et puis Pierre Tremblay, qui était le propriétaire
Starting point is 00:11:48 de CGMT, était là. Puis dans les fêtes, moi, je faisais des numéros aussi. Je chantais ou je faisais des poèmes ou des trucs comme ça. Parce qu'il y avait toujours... On faisait des numéros dans ce temps-là. Dans les fêtes familiales ou amicales.
Starting point is 00:12:03 Et donc, ils m'entendaient et puis ils voyaient que je connaissais toutes les fêtes familiales. Dans les fêtes familiales ou amicales. Et donc, ils m'entendaient, puis ils voyaient que je connaissais toutes les chansons françaises. Parce qu'avec mon frère, nous autres, je le fais dans mon chausson, d'ailleurs. Avec mon frère, pendant qu'on faisait la vaisselle, on chantait des chansons de Piaf. Nous autres, on adorait Piaf.
Starting point is 00:12:19 En tout cas, ça fait qu'à un moment donné, il s'est tenté dessus de venir essayer de faire la radio comme Speakrin. Ah! Speakrin, ça, c'est un mot qu'on n'emploie plus. Non, on dit ça du tout. Qu'est-ce qu'on dit maintenant? Animatrice, j'imagine. Speakrin. C'est un beau mot. C'est un beau mot. Alors...
Starting point is 00:12:36 Comment tu veux dire non à ça? Tu es gênée au début, mais j'ai jamais rien fait. Voyons, je suis pas allée à l'école. Je sais pas, moi. C'est de ça. Bref, je vais commencer, je vais ouvrir le poste à 6h le matin, puis je vais fermer le poste la semaine d'après
Starting point is 00:12:50 à 1h du matin. Alors, de 6h le matin, puis l'autre 1h du matin. C'était comme ça qu'on fonctionnait. Puis là, les télétips, puis toutes les nouvelles, puis j'avais pas de technicien, puis j'allais tout chercher. Puis je choisissais mes disques, et puis c'était quand même formidable, hein? L'initiative que j'avais. Des fois puis j'avais pas de technicien, puis j'allais tout chercher, puis je choisissais mes disques, et puis c'était quand même formidable, hein? L'initiative
Starting point is 00:13:08 que j'avais, des fois, j'étais seule dans ce poste-là. Je faisais marcher tout ça, moi, là, la petite fille de 18 ans. Je suis pas niaiseuse. Donc, vous étiez pas du tout destinée à ce moment-là à devenir comédienne? Non, je pensais pas à ça. Comédienne, non.
Starting point is 00:13:25 Mais s'il y avait un air d'aller quand même, parce que je voyais bien qu'on aimait, qu'on appréciait un certain talent que j'avais, ou ils aimaient ça, ou je les faisais rire. Et puis, c'est quand on est... Parce qu'en principe, moi, je suis... Il faut dire la parenthèse, c'est que je suis allée à l'école anglaise. À Arvida.
Starting point is 00:13:49 Oui, et ça, ça ne s'était jamais vu. J'ai été la première Saguenayenne à aller à l'école anglaise parce que mon père travaillait à l'Alcan comme au fonctionnaire. Et il disait, écoute, si tu veux gagner ta vie, il y a deux possibilités, infirmière ou secrétaire de haute direction. C'est sûr que les salaires entre la secrétaire et l'infirmière, le salaire était plus gros puis moi, je voulais pas être infirmière du tout.
Starting point is 00:14:18 Alors donc, c'est comme ça qu'il m'a envoyée à l'école St. Patrick's High School. C'était des hommes qui dirigeaient avec des élèves mixtes. J'ai adoré ça. Moi, je venais de quitter les Sœurs du Bon Conseil.
Starting point is 00:14:32 Comprends-tu que j'étais assez contente? Parce que c'est ce que ça signifiait aussi à l'époque d'aller à l'école anglaise. C'est de se soustraire aux joguines de l'Église. Voilà. Se soustraire de l'Église. Tout à fait. C'est vrai. Il ne faut pas que j'oublie ça parce que c'est exactement ça. Il y avait une liberté, comprends-tu.
Starting point is 00:14:48 Puis moi, la seule quête que j'ai eue dans ma vie, c'est la liberté. Moi, je voulais la liberté. Alors, donc, ça a été formidable, ces années-là. Et j'ai rencontré des amis qui sont devenus de grands producteurs, maintenant Jack Ebert. Puis tu sais, ces grands producteurs, le Chariots of...
Starting point is 00:15:07 Chariots of Fire? Oui, c'est lui qui a fait ça. Oui, des garçons doués. Alors voilà, donc c'était une vie... J'ai aimé être à l'école anglaise. Puis l'école, je voyais les petites filles avec leurs uniformes pas loin, c'était juste l'autre bord,
Starting point is 00:15:23 avec les soeurs du bon conseil. Et mon Dieu que j'étais contente de ne pas être là. Mais comment se conjuguaient le fait que vous parliez anglais puis vos convictions indépendantistes qui vous ont mené à collaborer à la Fondation du Haérien? Ça n'avait rien à voir.
Starting point is 00:15:39 C'était une forme d'indépendantiste aussi. Tout à coup de pouvoir... D'indépendance personnelle. Oui, personnelle. De pouvoir aller dans une école d'hommes, juste ça. T'es avec des gars, d'être une école mix, de parler l'anglais. Moi, je trouve ça beau,
Starting point is 00:15:52 l'anglais. J'aimais ça, apprendre l'anglais parce que mon père me disait, si tu veux voyager dans le monde, si tu veux aller un jour faire de grandes études à McGill ou n'importe quelle université, tu pourras aussi aller dans une université anglaise. Et puis, j'ai été très, très, très heureuse dans mon école St-Patrick.
Starting point is 00:16:11 Tu sais, la seule femme française, c'est la première dans ma région à se distinguer un peu des autres. La petite Canadienne française, oui. Canadienne française. C'est ça qu'on disait. Oui. J'ai l'impression que notre entrevue,
Starting point is 00:16:25 ça pourrait se résumer à moi qui prononce le nom de Jean Célèbre puis vous qui me racontez une anecdote. Je me suis dit, je pourrais me préparer. Je me suis mieux préparé que ça, mais ça pourrait être juste ça aussi. Fais comme tu veux. Mais est-ce que ça vous agace
Starting point is 00:16:38 qu'on vous demande, il était comment, lui, elle était comment, elle? Bien non. Souvent, c'est parce qu'on est juradoctes puis il faut que j'en garde pour mon show parce que je parle de quelques personnes. Alors, des fois, je vais te dire non, viens voir mon show. D'accord.
Starting point is 00:16:53 C'est grâce à Marcel Dubé que vous êtes devenue comédienne. Est-ce que je me trompe? Oui, si tu veux. Oui, c'est Marcel Dubé. Mais j'avais fait avant que Pierre Gauvreau faisait des émissions pour enfants. Et j'avais fait Rue de Lance avec
Starting point is 00:17:09 Gilles Pelletier. On avait été tournés au Méchain. Oui, avec Pierre Dufresne sous son bateau. C'était très beau. Et après ça, je vais faire... La Côte de Sable. Puis c'est là que vous avez rencontré Claude Léveillé, Pierre Bourgault et Clémence Desrochers.
Starting point is 00:17:27 Oui. C'est riche. C'est riche, quand même. Comme émission, oui. C'est pas banal. Oui, c'est là que je vais rencontrer mes amis pour la vie. Dans le fond, c'est Clémence, c'est toujours mon amie. Là, je la vois moins parce que certaines de mes amies
Starting point is 00:17:42 sont devenues très riches. Ça fait qu'elles habitent toutes au... Dans les cantons de l'Est. Dans les cantons de l'Est. Dans les cantons de l'Est, sur le bord du lac même Primagogue, puis pas sévère à Miami. Ça fait que je ne les vois plus jamais. Moi, je ne suis pas... Ça fait que je ne vais pas là, moi.
Starting point is 00:17:54 Ça fait que je ne les vois plus. Je ris toujours d'eux autres. Et que c'est insignifiant. Nous allions encore à Miami. Je n'en reviens pas. Je ris d'elles. Vous savez que lorsqu'on entre votre nom dans Google, si on écrit Louise Latraverse, puis là on commence à écrire
Starting point is 00:18:07 Clémence Desrochers, ça écrit Louise Latraverse, Clémence Desrochers. Conjointe? Ça, ça a duré toute notre vie. C'est parce que la conjointe de Clémence s'appelle Louise. Toute ma vie, ils ont pensé que je couchais avec Clémence Desrochers.
Starting point is 00:18:24 J'ai dit, vous malade. Non, c'était pas ça. Mais ça a toujours été comme ça. C'est encore là. Comment tu veux que je défasse ça, moi? Ils veulent penser ça, ça me dérange pas. La rumeur va vous suivre. La rumeur, comme ça.
Starting point is 00:18:36 Non, je n'ai jamais été la conjointe de Clémence. Non, non. C'est Louise Colette, sa conjointe. Mais l'affection... L'affection demeure. ... n'est pas moins authentique. Est-ce que vous avez aimé ça d'emblée, être comédienne? Je suis contente d'être dans un milieu qui me parlait.
Starting point is 00:18:55 Parce qu'en fait, tu ne deviens pas comédienne comme ça par enchantement, mais je venais d'une famille, d'une très grande famille, avec un grand-père qui était un patriarche, Henri Gagnon, qui était un homme d'affaires important et qui avait un très, très grand sens de la fête. D'ailleurs, mon frère Guy Latraverse, il a été ce qu'il a été.
Starting point is 00:19:14 Ça vient du patriarche. Lui, quand il faisait des fêtes, parce qu'il y avait plusieurs lacs, le lac de grand-père, le lac en muraillé, c'est joli, hein? Après, ce lac des oncles, après ça, nous autres.illé, le lac en muraillé, c'est joli, hein? Après, c'est le lac des oncles, après ça, nous autres. Et puis, quand ils faisaient les fêtes au jour de l'an,
Starting point is 00:19:29 il y avait peut-être soixantaine d'enfants. C'était la place des arts, là. C'était pas rien. Et puis, il y avait deux autobus. Un autobus pour les enfants, puis un autobus pour les parents. Fait que quand le party était fini, les enfants, on les avait une gardienne, puis les enfants, on les ramenait, puis les parents rest Fait que quand le party était fini, les enfants, on les amenait une gardienne,
Starting point is 00:19:45 puis les enfants, on les ramenait, puis les parents restaient pour prendre un coup toute la nuit. C'était intelligent, hein? C'était du fin. Faut-il avoir le bon sens de la fête? Ça, c'était mon grand-père. Donc, vous retrouviez, d'une certaine manière, dans le monde artistique ce que vous aviez connu durant votre enfance.
Starting point is 00:20:02 Et je vois que chez ma mère, par exemple, c'est 13 enfants. C'était 9 filles, plus 2 garçons. Je ne suis pas 9 ou 11. En tout cas, je me trompe des fois dans ces affaires-là, mais ce n'est pas grave. Il n'y a personne qui va vous en tenir rigueur. Donc, chez mon grand-père, c'est ça. Donc, il y avait
Starting point is 00:20:17 des fêtes incroyables à jour de l'an. Tu peux t'imaginer? Tu sais, c'était comme la place des arts il y avait au moins 63 petits-enfants qui étaient là et plus tous les parents et puis pour avoir un cadeau
Starting point is 00:20:32 il fallait faire un numéro soit jouer d'un instrument de musique ou chanter ou un poème alors il y a un petit pouf puis là, la première année je fais mon affaire la deuxième année, moi je ne suis pas folle, j'en prépare parce que tous mes petits-cousins et mes petites-cousines,
Starting point is 00:20:48 ils ne veulent pas y aller. Alors, j'ai eu très, très vite un public. Et là, ils m'ont applaudie. J'ai failli mourir. J'ai tellement aimé ça, tu comprends. Et je crois que ça vient essentiellement de là. J'ai rencontré un jour Bibi Anderson, qui est l'actrice d'Igmore Berman.
Starting point is 00:21:05 Grande actrice. Grande actrice. Délicieuse à Woodstock, je suis des amies. Et un jour, elle me demande, je me répète, je dis ça dans mon chou, mais elle me demande, comment tu es une actrice? Je raconte, elle me dit, même chose chez nous à Stockholm, c'est exactement pareil. Puis là, on s'est dit, partout
Starting point is 00:21:22 dans le monde, les actrices russes viennent toutes de la même place, ont fait les mêmes choses pareil. Puis là, on s'est dit, bien, partout dans le monde, les actrices russes viennent toutes de la même place, ont fait les mêmes choses dans leur cuisine ou dans les salons de leurs parents, tu sais. Donc, on a ça en commun, les actrices, on vient essentiellement de là. De Stockholm à Arvida, les comédiennes
Starting point is 00:21:37 naissent de la même manière. Vous parlez de Woodstock, là, je fais un bond dans le temps. Un petit coq à l'âne. Vous avez assisté au festival de Woodstock en 69, non? Non, je suis restée à la maison. Moi, je déteste les foules. Je ne vais pas dans ces affaires.
Starting point is 00:21:52 Ils sont fous. Mais comment est-ce que vous avez rencontré Albert Grossman, le gérant de Bob Dylan? Bon. J'étais à Montréal. Il y avait Gordon Shepard, qui était un cinéaste de Toronto, mais qui était installé à Montréal pour aller faire un film.
Starting point is 00:22:07 Et puis, il avait fait venir un des musiciens de The Band, Richard Manuel. Richard Manuel, wow. Oui, c'est qui? Le bassiste? Non, le pianiste. Le pianiste, oui. Rick Denko, c'est le bassiste.
Starting point is 00:22:18 Rick Denko puis Robbie Robertson. Oui. Et alors, là, on est toute la gang, là, avec Gordon puis tout ça, puis Richard dit, I'm going to Woodstock. Do you want to come? I said, I am. OK. Yeah, so let's go. Puis on est allés
Starting point is 00:22:36 à Woodstock, chez Albert Grossman, parce qu'Albert était le manager de Bob Dylan. Oui, de Janis Joplin, de Peter, Paul et Mary, et de plein d'autres. Oui, de Janis Joplin, de Peter, Paul et Mary et de plein d'autres. Oui, et de The Band, des musiciens de The Band et Paul Butterfield
Starting point is 00:22:52 et plein d'autres. Donc, c'est comme ça que vous l'avez rencontré. Et c'est comme ça que vous avez rencontré votre mari. Voilà. À Woodstock. Dans la cuisine. Chez Albert. Mais Albert était un homme... C'était le plus grand, pourrions dire, certainement le plus grand
Starting point is 00:23:08 manager qui a existé. Je veux dire, lui, il a fait connaître Bob Dylan mondialement. Bob Dylan, il chantait dans une petite boîte de rien à New York. Personne n'écoutait. Il avait une voix difficile. Il en a fait la plus grande star au monde. C'était quand même assez étonnant.
Starting point is 00:23:24 C'était difficile au début d'entendre Et d'aimer Bob Dylan Pour beaucoup de monde Même s'il avait son génie Et que nous on l'aimait Alors il en a fait une immense star Ensuite Janis est arrivé Bon
Starting point is 00:23:40 C'est Janis avec tout ce qu'elle représentait Et puis il a mis En marché si tu veux, ces talentueuses personnes. Et c'était un grand talent de faire ça. Donc, vous l'avez connu, Bob Dylan? Alors, je l'ai connu. Oui, oui, oui. Très désagréable.
Starting point is 00:23:59 C'est pas la première fois que j'entends ou que je lis ça. C'était pas fin. C'est-à-dire, je ne sais pas que... Avec les gars, il était mieux. Mais c'était... C'est souvent le cas d'un peu... Je crois qu'il était paranoïaque, en fait. Il n'aimait pas ça, le monde.
Starting point is 00:24:16 Sa femme était si délicieuse. Mais Bob n'était pas... Mais avec les gars, tu vois, avec Emmett, tous les autres, ils s'entendaient très bien. Puis ils partaient, mais pas avec les filles. Emmett Grogan, donc, qui a été votre mari. Oui. Bob Dylan lui a dédié son album Street Legal en 78,
Starting point is 00:24:32 après sa mort. Oui. Quel regard il jetait, lui, Emmett, sur la mise en marché d'un Bob Dylan, alors qu'il était, d'après ce que j'en comprends, plus radical dans son engagement? Oui, mais ça n'empêchait pas que lui voulait aussi que les poètes soient entendus dans le monde.
Starting point is 00:24:48 Tu sais, tout ça, ça se tenait. Si on pouvait entendre Janis dans le monde entier, c'était formidable. Quel cadeau. Parce que moi, je ne m'entendais pas du tout avec elle. Je ne pouvais même pas te dire comment... Je ne savais pas Janis. Pourquoi?
Starting point is 00:25:03 Parce que c'était tellement désagréable. Elle disait toujours, « Is the French actress still here? » T'as mis avec elle. Mais t'as toujours avec les gars. Ça prenait un coup aux autres, ils buvaient beaucoup de Southern Comfort. L'épargne, ils savent tout ça. Ça fait que moi, je m'en allais dans la cuisine
Starting point is 00:25:19 de chez Albert avec d'autres amis. Avec, comment je te dirais, pour t'impressionner, attends, je vais t'en trouver. – Impressionner moi. Je suis déjà pas mal impressionné. – Attends que je t'en trouve un. – À partir de Bob Dylan, j'étais considérablement impressionné, Louise.
Starting point is 00:25:35 Allen Ginsberg, est-ce que c'est? – C'est ce que j'allais te dire. – Ça m'impressionne. – Allen Ginsberg. Charmant, il parlait français avec moi. Mais oui, c'était un autre. Un homme bien. Un grand poète.
Starting point is 00:25:49 Un grand poète, oui. Tout simple. Est-ce que vous avez hésité à vous engager dans une relation avec Emmett, compte tenu de tout ce qu'il représentait? Pas vraiment, parce que, tu sais, en Sykpanie,
Starting point is 00:26:05 ça s'est tellement fait, tout ça. Moi, il y avait des choses que je savais pas d'abord, tu sais. Bait, on présente Émette, tu sais, je veux dire, quand tu vois arriver cette espèce de grand... C'est une espèce de Clint Eastwood qui rentre dans la cuisine, tu sais, puis... Grand-Irlandais, puis... Il avait son jean
Starting point is 00:26:24 cintré, puis le petit jean cintrées, puis le petit jean cintré, puis la botte de carabouille. Toutes les femmes étaient folles des mères. On est allées à New York. Elizabeth Taylor, n'importe quelle, toutes les femmes étaient folles des mères. Il y avait beaucoup de charisme.
Starting point is 00:26:41 Et c'est vous qui avez choisi? C'est moi qui ai choisi. Et oui. Alors, c'était vous qui avez choisi? C'est moi qui ai choisi. Et oui. Alors, c'était quoi la question? Est-ce qu'il y a une part de vous qui a hésité à vous engager avec lui ou c'était trop irrésistible? C'était irrésistible. Et puis moi, je savais pas trop.
Starting point is 00:26:57 On parlait de la drogue. Moi, j'étais pas très au courant de tout ça non plus. Moi, j'étais une straight bin dans ça. Mais les autres, ils avaient quand même toute une vie que je ne connaissais pas. C'est après, j'étais là une straight bin dans ça. Mais les autres, ils avaient quand même toute une vie que je ne connaissais pas. C'est après que j'ai pris contact. Puis après ça, je me suis retrouvée à Brooklyn
Starting point is 00:27:12 chez ses parents. C'était des Irlandais. J'ai tellement aimé sa mère. J'ai tellement aimé le quartier irlandais de Brooklyn. J'ai adoré ça. Et puis, j'avais une voiture. Je me promenais dans Brooklyn. J'allais chez les Italiens où personne n'allait parce qu'on me disait que c'était la mafia,
Starting point is 00:27:28 que j'allais me faire tuer. Mais j'avais toujours ma petite licence du Québec. Tu vois? Oh, she's French! C'était gentil. Oui, j'ai beaucoup aimé New York et Brooklyn. Puis pendant ce temps-là, est-ce que vous continuiez à faire carrière au Québec en même temps? Non, il y a un bout où j'ai arrêté Québec.
Starting point is 00:27:45 Quand je me suis installée à Brooklyn, j'ai arrêté de travailler parce que j'avais déménagé tous mes meubles et tout. J'avais un grand appartement à Brooklyn. J'y étais installée. Puis vous aviez l'ambition de faire carrière là-bas ou de vous consacrer à votre vie de famille? J'ai rencontré un grand...
Starting point is 00:28:02 Comment on dit ça? Les agents, puis tout ça, mais ça me tente. Ça, c'était très curieux. Je voulais que je joue dans les films, puis j'avais tout ce monde autour de moi, puis même le plus grand. J'oublie les noms.
Starting point is 00:28:19 Je ne sais pas, mais c'était un grand, grand, grand producteur. Et puis, il y avait toujours derrière moi, je voulais jouer dans ma langue. Puis ça, ça ne me lâchait pas. C'est ce qui fait que je suis revenue à Montréal. C'est parce que je voulais jouer dans ma langue puis je voulais parler ma langue.
Starting point is 00:28:38 Ça me manquait tellement. Quand j'appelais chez nous, puis que ma mère, je disais, qu'est-ce que vous mangez? Puis elle me disait, t'es chinois. Je Je tombais dans les pommes. Tu comprends-tu? La langue me manquait. Oui, je me suis ennuyée beaucoup de mon Québec. Je voulais revenir chez nous.
Starting point is 00:28:53 Ça m'amuse parce que dans une courte période de temps, vous fréquentez ces grandes figures-là de la contre-culture. Puis en même temps, vous jouez à Montréal, au Théâtre des variétés. Ça, c'est plus tard, les variétés. Mais quand même, on ne peut pas faire plus diamétralement opposé que ces deux mondes-là, que Gilles Latulippe et Bob Dylan. Oui, mais tu sais, Gilles Latulippe, c'était un être merveilleux.
Starting point is 00:29:12 C'est juste autre chose, mais aussi talentueux. Gilles Latulippe, c'était un être bon. C'est rare qu'on rencontre la bonté. Gilles, il avait de la bonté. Gilles, il avait de la bonté. Et puis, il avait ses grands... Moi, j'étais une des seules actrices formées au théâtre qui allait jouer aux variétés. Personne ne voulait y aller.
Starting point is 00:29:34 C'était snobé. C'était snobé, mais moi, j'adorais ça, tu comprends. Le plaisir, j'ai joué avec Olivier Guimond. Tu sais, je veux dire, attends, là, c'était pas de la... Comprends-tu? C'était formidable. Vous pouvez dire marde si vous voulez. C'est pour rire. Mais... Oui, j'ai adoré, j'ai adoré.
Starting point is 00:29:52 C'était des grands, grands artistes. Mais mon amie Sainte-Juto aussi venait. Et toutes les deux, on était amies. Elle aussi, elle les trouvait du snob et insignifiant. Tu sais, parce qu'elle connaissait ces grands artistes-là. Alors qu'ils avaient un timing comique incomparable.
Starting point is 00:30:07 Et c'est là que j'ai appris, si j'ai fait de la comédie, après, c'est avec Gilles Latulippe que j'ai appris le timing. Puis là, on jouait parce qu'il écrivait les pièces puis il m'écrivait toujours des blondes de nounounes parce que les nounounes, c'était toujours les rôles qui avaient le plus de succès, forcément. Alors, j'avais
Starting point is 00:30:23 donc des rôles de nounounes. Puis là, des fois, on improvisait, puis je trouvais des gags. Puis lui aussi. Puis là, je disais, oui, mais là, regarde, celui-là, on l'a fait, là, on pourrait... On est tellement bons à improviser ensemble, on s'entendait bien. Mais non, c'est lui. Quand t'as un gag, tu le gardes.
Starting point is 00:30:41 Ah! Alors, tu vois, c'est juste comme ça que j'apprenais avec mes amis. Moi, ce qui m'avait fasciné, je l'ai vu seulement une fois sur Sainte-Gilles-la-Tulipe, c'était vers la ça que j'apprenais avec mes amis moi ce qui m'avait fasciné, je l'ai vu seulement une fois sur scène de Gilles Latulippe, c'était vers la fin de sa carrière à Drummondville ce qui m'avait fasciné c'est le rapport au quatrième mur c'est-à-dire qu'il y en avait un mais pas tout à fait
Starting point is 00:30:56 lorsqu'on revenait de l'entraque Gilles Latulippe s'adressait au public puis il improvisait des blagues en parlant avec les spectateurs il sortait c'était un être exquis. C'est quelqu'un... Ah oui, mon Dieu que j'ai aimé
Starting point is 00:31:11 cet homme-là. Mais c'était une passion qu'il avait pour son théâtre, pour ce monde-là. Il aurait pu jouer. On le demandait pour aller jouer au théâtre du Nouveau Monde puis aller jouer des grands rôles. Non. Lui, c'était le théâtre du Nouveau Monde puis aller jouer des grands rôles, puis tout ça. Non. Lui, c'était... C'était le théâtre qu'il défendait.
Starting point is 00:31:30 Comment est-ce que vous définiriez la bonté, cette qualité qu'il avait, donc, Gilles Latulippe? Comment est-ce que c'est la bonté? La capacité de... de ne pas juger, d'aimer les gens pour ce qu'ils sont. Je crois que c'est ça, la bonté, hein, d'aimer. Gilles, il était aimable, ne parlait jamais contre les autres. Jamais, jamais, jamais, jamais.
Starting point is 00:31:53 Moi, un peu. C'est moins bon. La médisance, c'est parfois agréable avec les bonnes personnes. C'est parce qu'on est dans des coulisses. C'est très drôle, les coulisses, parce que c'est peut-être l'endroit le plus drôle dans un théâtre, ça se passe dans les coulisses.
Starting point is 00:32:10 Parce qu'il y a une espèce de... Avant d'aller jouer, on est tous fou, on se défoule. On va aller jouer que tu joues ou qui a peur de Virginia Woolf ou n'importe quel grand drame, tragédie ou une comédie.
Starting point is 00:32:24 On est comme des enfants fous en coulisses. Probablement pour laisser aller le trac, etc. Il n'y a rien. Les histoires les plus sordides, on parle mal. Les coulisses, c'est une merveille. Votre mariage avec
Starting point is 00:32:39 Emmett a eu lieu le 24 juin 1972, jour de votre anniversaire. C'est bien ça. Robert Charlebois, Mouffe était parmi les invités, Pierre Bourgault, Peter Coyote, Robbie Robertson et son épouse Dominique. Puis Dylan devait être là, mais...
Starting point is 00:32:56 L'avion était jamais arrivé, puis il y a eu une téléphonie, ça n'a pas rentré. Bon, bien, il n'était pas là. Est-ce que c'était une belle journée, un beau party? Bien, c'était magnifique parce que on était dans la maison où habite Félix Lambert maintenant, sur n'était pas là. Est-ce que c'était une belle journée, un beau party? Bien, c'était magnifique parce qu'on était dans la maison où habite Félix Lambert maintenant, sur la rue Bon Secours, là. Justement, la petite...
Starting point is 00:33:13 Juste au bout, il y a la petite église. C'était la merveilleuse petite église. Alors, les fenêtres étaient ouvertes. Et puis, c'était ma fête. Alors là, les gens passaient parce que... C'était la Saint-Jean, là, c'était dans le vieux... au vieux port. Puis là, les gens m'ont donné les fenétait la Saint-Jean, on allait au Vieux-Port. Puis là, les gens m'ont donné les fenêtres ouvertes, ils nous ont vus.
Starting point is 00:33:29 Puis là, on se disait bye-bye, puis ils chantaient Bonne Fête. Écoute, c'était merveilleux. Oui, puis Robert, sa fête, lui, je pense que c'est le 23. Puis Michel Tremblay, c'est le 25. On avait tous nos fêtes à peu près en même temps. Puis ils étaient tous là. Michel Tremblay, c'est encore un de vos grands amis. Vous parlez quoi chaque jour?
Starting point is 00:33:52 Non, plus maintenant. Non, il est en Floride, lui. Alors, il passe l'hiver en Floride, mais on s'écrit quand même. Michel, il écrit tout le temps un peu sur les réseaux sociaux. Ça fait que j'y réponds. Et puis, des bouts, j'allais le voir à Key West.
Starting point is 00:34:08 Et puis, là, il ne m'invite plus. Je ne sais pas, il doit avoir d'autres amis. Mais vous vous êtes installée au Carré Saint-Louis avant que Michel Tremblay s'y installe et que ça devienne le lieu où tous les artistes ont vécu. Il y avait Pauline. La première personne qui s'est installée au Carré,
Starting point is 00:34:24 c'est Pauline. Et moi, je revenais de New York. Pauline Julien., c'est Pauline. Et moi, je revenais de New York. Pauline Julien. Oui, Pauline Julien. Et moi, je revenais de New York. Alors, évidemment que je voyais que c'est square. Tu comprends? Tu sais, New York, c'était ce qu'il y avait de plus célèbre. Tout le monde voulait habiter. Oui. Alors, quand je suis arrivée à Montréal et puis que je vois ça, je me dis
Starting point is 00:34:39 « Oh mon Dieu, un jour, ça va vouloir une fortune d'habiter ici. » Alors, Pauline... Vous le sav Pauline... Pauline avait sa maison. Elle dit, viens voir. Puis là, j'ai vu une maison. Mais tu sais, c'est des trois rôles. Les gens vivaient dans des petites... dans des chambres avec des cisternaux
Starting point is 00:34:57 pour se faire à manger. Puis écoute, c'était épouvantable, ces maisons-là. Mais c'était quand même des magnifiques maisons victoriennes, tu sais, qui avaient besoin d'être retapées. Alors, j'ai acheté ma maison au Carré-Saint-Louis pour 15 000 $. On m'a dit aujourd'hui qu'elle vaut 2 millions. J'ai pas de difficulté à le croire.
Starting point is 00:35:17 Est-ce que vous avez suffisamment connu les Rolling Stones pour me dire lequel était le plus gentil? Moi, j'ai beaucoup aimé... J'étais un petit peu avec les Rolling Stones. Ah oui, j'avais trop plaisir. C'était énorme. Ça, c'est Beatles qui était là. Moi, j'aimais Ringo et sa femme.
Starting point is 00:35:34 Maureen? Oui. Elle avait été parfuse. Elle était drôle. On avait eu du fun tous les deux. Oui, beaucoup. Yoko. C'est trop hermétique. C'est comme trop compliqué. Je ne m'essaye même pas de m'être amie avec Yoko.
Starting point is 00:35:52 Elle est toujours en retrait. Ça doit être une femme probablement très timide. Maintenant, j'en arrive à croire que ce n'est pas parce que ces gens-là se donnent des airs. Pour camoufler leur timidité. Pour camoufler leur timidité. Pour camoufler leur timidité. On a dit ça de Réjean Ducharme. Moi, j'ai été amie avec Réjean Ducharme pendant des années. J'en parlais jamais.
Starting point is 00:36:12 C'est rare que je parle de lui. Mais Réjean, il m'appelait toutes les nuits. Pendant des années, on se parlait au téléphone. Placoteux. Vous parliez de quoi? De la vie. Juste, on placotait. Puis comment vous étiez rencontrés
Starting point is 00:36:29 alors que Réjean Ducharme était un anonyme? Oui, c'est chez Pauline Julien. À cette époque-là, il venait chez Pauline quand il y avait des fêtes. Mais il restait quand même... Tu sais, tu sentais... Je crois qu'il était paranoïaque. C'est simple.
Starting point is 00:36:41 C'était pas plus compliqué que ça. C'est pas qu'il voulait pas se montrer. Il avait peur du monde, tu sais. C'est tout. Mais puis, il y avait Claire qui le protégeait un peu trop, comme disait Gérald. Son amoureuse. Son amoureuse. C'était l'être le plus exquis, drôle.
Starting point is 00:36:55 Tu sais, tout petit, avec ses petits yeux, un petit indien. Puis moi, il venait souvent chez nous la nuit. On sortait la nuit. Nous autres, on allait sur la rue Saint-Laurent. On sortait, puis on allait dans les espait sur la rue Saint-Laurent, on sortait, on allait dans les espèces, comment on appelle ça, pas les blind pigs, mais
Starting point is 00:37:09 les cabarets, les danseuses nues. Là, on allait là parce que personne ne connaissait. Vous alliez aux danseuses nues avec Réjean Ducharme. Oui, parce que là, on était tranquille, parce que là, personne ne l'achalait. Il ne voulait pas être achalé par le monde. Il n'aimait pas
Starting point is 00:37:26 ça, je crois qu'il était... C'était tout simplement, je crois, un paranoïaque. Parce qu'il y avait quand même des gens qui auraient pu le reconnaître. Il aurait pu, mais... Mais il sortait au grand jour, sauf dans son quartier, dans le bout de la rue Notre-Dame,
Starting point is 00:37:42 vers Griffintown, je ne sais pas trop, vers Redwater, il habitait dans ce coin-là, lui. Il ne se faisait pas achaler, mais il y avait quand même des gens qui espéraient le rencontrer, puis il ne voulait pas ça, il n'aimait pas ça. Est-ce que vous étiez encore en contact à la fin de sa vie?
Starting point is 00:37:57 Oui. Comment vous avez vécu son départ? On avait toute la peine. C'était tellement... À un moment donné, on ne pouvait plus vraiment l'approcher parce que Claire, elle était vraiment accaparée.
Starting point is 00:38:11 Les femmes avec des hommes célèbres, des fois, ça capotait un peu. Mais il était tellement fin. Mon Dieu. Donc, il était drôle dans la vie comme il est parfois drôle dans ses livres. Ses petits yeux rires, il est intelligent. Il connaissait tout Marie parfois drôle dans ses livres. Drôle. C'est petit Dieu, il est intelligent.
Starting point is 00:38:26 Il connaissait tout Marie-Victorin par cœur. Tu marchais avec lui dans la rue, chaque plante, puis il disait quoi, puis comment ça allait faire. N'importe où tu étais, il craque de l'asphalte, il connaissait la plante. C'est drôle, hein? Wow. Est-ce que vous étiez encore en couple avec Emmett Grogan lorsqu'il est mort? J'étais revenue vivre à Montréal avec Emmett.
Starting point is 00:38:54 Et là, lui, Emmett, cette année, il est retourné à New York. Mais il venait, tu sais, il voyageait, mais lui, il voulait rester à New York. Et sa mère, un lundi soir, m'a appelée pour me dire qu'Emma venait de mourir. J'étais avec Simone Chartrand. Oui. Est-ce que ça vous fait encore mal de repenser à ce moment-là?
Starting point is 00:39:16 Oui, je pleure à chaque fois. Il était beau. Il avait 34 ans, c'est si... Voyons donc. Votre fils était tout jeune. Il avait 34 ans. Voyons donc. Votre fils était tout jeune. Il avait 4 ans. C'était tellement triste, ça. Il était tellement magnifique.
Starting point is 00:39:35 Ah oui, je pleure tout le temps. Je parle de ça, je pleure. C'est comme ça. Je suis désolé, Louis. Mais non, c'est pas grave. C'est bien de pleurer. C'est vrai que ça fait du bien parfois. Mais oui.
Starting point is 00:39:45 Mais donc, vous pensez encore à lui même après toutes ces années-là? Toujours. Les gens que tu as aimés et tu continues de les aimer. Je pense pas à lui tout le temps. Mais oui, les gens que tu as aimés et tu continues de les aimer, bien sûr. Bien sûr. Comment on se reconstruit
Starting point is 00:40:02 après une perte aussi importante que celle-là? Tout ce que tu peux. hein? Je veux dire, c'est essentiellement toujours ça. Évidemment, moi, j'avais un métier. J'avais le théâtre de Katsu. Je me suis mise à travailler beaucoup au théâtre. Et puis, toujours mon métier me
Starting point is 00:40:17 passionnait. Puis c'est comme ça que j'ai repris ma vie. Puis, après ça, à un moment donné, je vais m'en aller en Inde. Après ça, je vais aller en Inde. Mais on va y aller en Inde. On y va en Inde?
Starting point is 00:40:32 Passons par le katsu avant. Vous avez été directrice du katsu. Est-ce que vous avez aimé ça? D'abord, j'ai acheté le katsu avec Paul Busseneau, Claude Léveillé, et moi, on a acheté une synagogue. Ça, c'est dans les années 60. Oui.
Starting point is 00:40:47 Là, on va arranger tout ça pour en faire le 4 sous. Puis là, à un moment donné, moi, je vais me tenir. Puis je vais m'en aller. Puis après ça, on va revivre un bout. Puis là, on revient. Puis là, Paul m'a dit, bon, bien, je suis fatiguée. J'en peux plus. Fait que je vais reprendre le 4 sous, moi.
Starting point is 00:41:01 On est dans les années 80. Voilà. 70? 80? Je sais pas. Je sais pas qu'il le sait. n'ai pas le sens des dates. De 84 à 86. OK. Alors là, je vais travailler. Je vais reprendre le katsu. Il y a 17 personnes dans la salle.
Starting point is 00:41:14 Et puis, ça va mal à la chope. Ça fait que je vais reprendre le katsu. Puis là, je me suis dit, Michel, venez te faire les belles sœurs quand même. Tu sais, ça nous avait tellement chaviré, Les belles sœurs. Les gens qui parlaient. Pas comme moi, la fille fraîche,
Starting point is 00:41:32 pète, sagnée, avec mon bel accent. Mais les gens de Montréal, avec leur accent, c'était tellement incroyable. Alors, oui, j'ai beaucoup aimé ça être directrice du Katsu. Vous avez quand même programmé des spectacles importants. Being at home with Claude. D'abord, j'ai beaucoup aimé ça être directrice du Katsu. Vous avez quand même programmé des spectacles importants, « Being at Home with Claude ».
Starting point is 00:41:48 D'abord, j'ai fait « Aurore, l'enfant martyr ». C'est ça qui est parti. Parce que là, je me suis dit, Michel Tremblay, il a parlé des belles sœurs, mais nous autres, au Saguenay, moi, j'avais une histoire qu'on racontait tout le temps, tout le temps, tout le temps, qui revenait tout le temps. C'était notre classique chez nous.
Starting point is 00:42:02 C'était « Aurore, l'enfant martyr ». Alors, je me suis dit, pourquoi on ne ferait pas une pièce avec « Aurore, l'enfant martyr ». Puis temps, c'était notre classique chez nous, c'était Aurore l'enfant martyr. Alors, j'ai me dit, pourquoi on ne ferait pas une pièce avec Aurore l'enfant martyr? Puis là, c'est parti comme ça. Puis là, j'ai rencontré des jeunes metteurs en scène et puis René Richard-Cyr qui est arrivé, j'ai une fluo trouée, sa petite
Starting point is 00:42:18 face avec ses petits yeux rieurs. Et puis voilà, il m'a expliqué ce qu'il ferait avec Aurore. Puis C'était tellement intelligent. Ça a été un énorme succès. Une des premières pièces de Robert Lepage, à Montréal, elle a été présentée au Quatu.
Starting point is 00:42:32 Oui. Alors Robert, non, non, après. Avant, il y a eu Dimension qui le jouait à Québec. C'est comme ça que j'ai entendu parler de lui. On est allés voir Dimension, je lui ai fait venir à Montréal. Puis après ça, c'est tellement intéressant avec ces blocs. Je lui dis, veux-tu être un auteur en résidence? Je vais te prendre le cas dessous.
Starting point is 00:42:48 C'est là qu'il a fait Vinci et les autres spectacles. Donc, vous avez aimé être patronne, mais c'est à ce moment-là que vous vivez... Comment est-ce qu'on pourrait décrire ce que vous avez vécu? Une grande fatigue? Une dépression? Oui, c'était beaucoup. Est-ce que le mot dépression, c'est encore...
Starting point is 00:43:03 Mais une fatigue, une grande, grande fatigue. Tu sais, j'avais un enfant, je courais tout le temps, tout le temps, tout le temps, puis diriger un théâtre, c'était pas rien. Puis moi, j'ai travaillé longtemps sans salaire au 4 sous, là. Moi, j'étais une vraie... une vraie...
Starting point is 00:43:18 une vraie dévouée, là, tu sais. J'ai pas fait de... Oui, je faisais pas d'argent avec le 4 sous. On n'avait pas d'argent. Ça t'explique pourquoi vous n'avez pas de maison dans les cantons de l'Est, contrairement à vous. Oui, c'est aussi simple que ça. On voit mon sens des affaires.
Starting point is 00:43:33 J'avais un sens des affaires, mais pas de... Non, moi, j'ai une seule quête toujours, je te l'ai dit, la liberté. Comment est-ce que vous l'avez accueillie, cette grande fatigue, au moment où elle s'est présentée? Bien là, j'en peux plus. Puis là, j'ai dit, bien, la mort de ma bonne-être. C'est comme ça que j'ai peux plus. J'ai dit, de la marde, on va en Inde. C'est comme ça que j'ai fait.
Starting point is 00:43:48 J'avais un chat merveilleux à l'époque. Il dit, oui, Loulou, vas-y. Je vais m'en occuper. J'avais une dame à la maison qui était formidable avec sa petite fille qui vivait chez nous, qui avait été travailler chez mon frère. C'était toute une famille. C'était très bien.
Starting point is 00:44:04 Il dit, va-t'en, vas-y, ça va te faire du bien. Merci, Guy Lalonde, ce charmant... ce charmant monsieur, je dirais, oui, parce qu'il était élégant et une belle personne. Donc, je suis partie en Inde. Dans votre livre, vous écrivez... J'avais voulu contrôler plusieurs événements qui se chevauchaient, qui s'entrechoquaient.
Starting point is 00:44:24 Je n'y étais pas parvenue. Quelle prétention de se croire l'espace d'un instant sans limite. Les femmes sont très douées en toutes circonstances pour ce jeu de hasard. C'est le dessus. On pense toujours qu'on peut... Regarde, les femmes font toujours tout. Je veux dire, les femmes...
Starting point is 00:44:41 Les femmes font miracle après miracle. Avec les enfants, puis ils courent, puis ils collent. Il n'y avait pas toutes les facilités du temps. Puis je crois, oui, les femmes sont des miracle workers. Comment on dit ça en français? Des mères courage. Des mères courage. Je crois que mère courage est le plus beau mot.
Starting point is 00:45:02 Brecht en a fait un. Oui, c'est les mères courage. Donc à ce moment-là, ce que vous écrivez dans votre livre, c'est que l'élastique a lâché. Oui, pété. Il a pété. Comment vous êtes arrivée à le recoudre, l'élastique, en Inde? Qu'est-ce que vous avez trouvé en Inde?
Starting point is 00:45:17 Avant de partir, d'abord, parce que partir en Inde, moi, je n'avais pas d'argent. Ce n'était pas simple. Moi, j'avais appelé au gouvernement parce parce que je ne vais pas demander de bourse. Mais j'ai appelé au gouvernement fédéral. J'ai dit, est-ce qu'il y a des consulats à Madras? Je voulais aller dans le sud, parce qu'on me disait toujours que les premiers dans un pays, il faut toujours aller d'abord dans le sud, parce que c'est plus clément que le nord
Starting point is 00:45:41 et que les choses sont plus intéressantes dans le Sud, la culture. En tout cas, bref. Et puis, je me suis dit, est-ce qu'il y a une ambassade? Est-ce qu'il y a un consulat, quelque part, où je peux, en tant que Canadienne? Et on dit non. Mais il dit, pendant qu'il me parlait, il dit, vous savez, je connais une femme
Starting point is 00:45:59 qui est à Brossard et qui est professeure de baratana tiam. Tu sais, la danse sacrée du sud de l'Inde, là? Que je ne connaissais pas avant de lire votre livre, mais avec laquelle je suis un peu plus familier maintenant. Répète-moi ça, baratana tiam. Je ne vais pas tenter de... Donc, vous avez étudié cette danse-là avec...
Starting point is 00:46:15 Non, non, pas du tout, du tout. Mais j'ai entendu parler d'elle, alors. Je l'ai retracée parce que lui m'a donné son nom. Elle est venue me voir, puis elle m'a dit, si vous allez en Inde, allez voir mon père. C'est un grand musicien et c'est aussi un professeur d'Odyssée et il va vous recevoir. »
Starting point is 00:46:30 Alors, j'ai pris ça, moi, puis trois semaines après, je suis partie avec rien, puis ce petit adresse-top, je suis partie en Inde. Et puis quand je suis arrivée à Madras, il y avait du monde partout. Puis moi, je pensais que c'était la guerre. Puis là, je suis restée dans mon hôtel
Starting point is 00:46:46 parce que je n'osais pas traverser la rue. Puis il y avait des éléphants. Puis là, le troisième jour, je réussis à sortir. Puis là, tout le monde riait de moi. Il n'y avait pas de montagne, il n'y avait rien. C'était la vie. C'était la vie de ma drôle. C'est pas rien de spécial.
Starting point is 00:47:03 C'était le quotidien de cette ville-là. C'est normal. C'est traverser la rue, je te dis que ça te prenait un courage infini. Puis après ça, c'est intéressant comment dans n'importe quelle ville du monde, on se recrée finalement, on se recrée notre monde
Starting point is 00:47:16 comme on le vivait chez soi. C'est intéressant qu'on fasse ça. Donc, l'homme dont vous parlez, cette femme-là, c'est le maître Rajam. Qu'est-ce que vous avez appris? J'ai tout appris avec lui. Sur sa petite... Dans sa cuisine.
Starting point is 00:47:35 Je suis allée pendant trois mois. Tous les jours, chez lui. Good morning, pupil. Good morning, master. Puis là, j'allais m'asseoir à la petite table dans la cuisine. Puis là, on dessinait jusqu'à 10h à 1h30. « Thank you very much. »
Starting point is 00:47:53 Là, on prenait le thé et je m'en allais. Et il m'a fait aussi visiter. À un moment donné, j'avais loué une voiture. Je coûtais 12 piastres, je pense, pour la journée. Puis on est allés montrer tous les grands temples parce que les grands temples sont dans le sud de l'Inde. Ça, je le raconte dans mon livre.
Starting point is 00:48:11 Il faudrait lire mon livre pour ça. Allez lire le livre de Louise. Oui, allez lire le livre de Louise. Il va sortir bientôt. Il est très, très bon et très beau aussi. Beaucoup de dessins, des photos. Parce que j'écris aussi. Alors, des extraits de choses que j'écrivais, des extraits qui venaient des fois dans un journal que je reprenais.
Starting point is 00:48:29 J'ai mis des choses que j'aimais. Vous aviez toujours refusé d'écrire votre autobiographie. C'est ça, les autobiographies conventionnelles. Celle-là, elle n'est certainement pas conventionnelle. Oui, voilà. Mais c'est une sorte d'autobiographie. Pourquoi est-ce que vous avez accepté enfin de vous raconter un tout petit peu? Parce que c'est une sorte d'autobiographie. Pourquoi est-ce que vous avez accepté, enfin, de vous raconter un tout petit peu? Parce que c'était intéressant.
Starting point is 00:48:47 Parce que je racontais aussi les choses que je faisais. Je voulais juste pas que ce soit... Tu sais, je suis née à Arvida. Les biographies sont, en général, plates. As-tu remarqué ça, toi? C'est rare, là.
Starting point is 00:49:04 Avec une vie aussi intéressante et aussi singulière que la vôtre, c'est la difficulté à imaginer que ça aurait donné une biographie plate. As-tu remarqué ça, toi? C'est rare, là. Avec une vie aussi intéressante, aussi singulière qu'à votre, c'est la difficulté à imaginer que ça aurait donné une biographie plate. C'est François Sagan ou Marguerite Duras, mais en général, c'est plate. Je pense qu'on pourrait mettre Louis D'Attaverse dans ce groupe-là. Paul Auster, c'est toujours bon, mais c'est toujours un peu ennuyeux, les biographies.
Starting point is 00:49:20 Pour moi, j'aime pas ça. Paraît-il que le monde adore ça. Alors, moi, c'est un mélange... C'est un peu plus hétéroclite, peut-on... Est-ce que je peux dire ça? Oui. On lit votre livre, on a le goût de vous appeler pour que vous nous en disiez davantage. Oui, c'est ça.
Starting point is 00:49:35 Mais il y a pas votre numéro de téléphone, en fait. Non, c'est bien choquant. Lorsque vous êtes revenue de l'Inde, est-ce que tout était réglé en vous ou c'était seulement le début du travail? Non, il n'y a jamais rien de réglé. C'est drôle. Tu me fais des faux espoirs.
Starting point is 00:49:50 Oui, tu fais des faux espoirs. Mais quand même, ça élargit l'esprit et ça élargit... Bien sûr que de voyager, qu'est-ce que tu veux-tu, l'Inde? C'est un petit choc. Je ne sais pas si tu le sais. Puis là, j'étais en? C'est un petit choc, je ne sais pas si tu le sais. Mais, et puis là,
Starting point is 00:50:08 c'était en 95, imagine-toi maintenant. Mais j'ai tellement aimé ce pays. Que j'ai aimé l'Inde. Que j'ai aimé les Indiens. Ils sont beaux. Ils sont... Ils sont ouverts. Ils sont...
Starting point is 00:50:23 spirituels un peu forcément par la force des choses mais c'est un peuple très très cultivé et c'est ça qu'il y a de si beau parce qu'ils vont tous à l'école ils ont une grande fierté les indiens ils envoient leurs enfants très très jeunes
Starting point is 00:50:38 à l'école puis il faut qu'ils étudient plus évidemment toute l'histoire de leur religion qui est l'histoire de leur religion qui est l'histoire millénaire de leurs ancêtres et des... C'est pas des saints,
Starting point is 00:50:54 mais comment tu appelles ça? Je peux pas vous aider. Mais t'es donc niaise. Comment ça je viens parler à un gars de niaise? On m'avait dit que t'étais intelligent et je suis déçue. Je connais mal l'Inde. Je suis pas allé en Inde. Je suis désolé. Je me suis préparé pour parler
Starting point is 00:51:09 de votre vie, mais de l'Inde, non. Non, non, mais écoute, l'histoire de l'Inde, c'est une histoire millénaire. C'est le début de notre humanité. On peut dire. Est-ce que vous y êtes retournée? Vous y êtes allée seulement une fois? Non. Et je me suis dit que j'ai bien fait. On ne retourne pas.
Starting point is 00:51:26 Quand on a fait un voyage aussi magnifique, tu ne pourras jamais retrouver ce que tu as vécu là. Et tu risques... J'ai appris avec le temps de ne pas retourner sur le lieu du crime. Tu comprends-tu ce que je veux dire? C'est que ça ne donne rien. Il y aura toujours une déception parce qu'il n'y a pas l'émerveillement
Starting point is 00:51:46 du début. Jamais deux fois dans le même fleuve. Voilà. Comment est-ce que vous vivez les dernières années de votre vie, de votre carrière? Parce que depuis une dizaine d'années... Pas les dernières années de ma vie. C'est en termes, pas de suite.
Starting point is 00:52:00 Non, les dernières années que vous avez vécues, vous en restez plein devant vous. Mais je parle de la dernière décennie. Depuis une dizaine d'années, c'est comme si tout le monde se rendait compte d'à quel point vous êtes une grande comédienne puis une femme importante pour la culture québécoise. Oui, mais là...
Starting point is 00:52:13 C'est comme si on l'avait un peu oubliée avant. Oui, mais tu sais, les choses sont... Quand tu vis, n'importe qui, tu es un journaliste, moi, je suis une actrice. Moi, je suis dans ma maison de mon jardin. Je vis assez retirée je suis devenue
Starting point is 00:52:29 beaucoup plus de la misère à sortir mais tu sais on a eu des événements on a eu du grand virus on a eu des moments ce qui fait que moi j'étais plus vieille. On disait, il ne faut pas faire mourir la vieille actrice si sympathique
Starting point is 00:52:50 qu'il disait. Qui disait ça? Le monde. Le monde disait ça. Mais c'est vrai, vous êtes sympathique. Oui, je suis sympathique, moi. Donc, je suis restée chez moi. Je suis entrée dans une espèce de grande... Moi, je suis en psychanalyse depuis 20 ans. J'ai oublié de te dire ça.
Starting point is 00:53:06 Je continue. Encore à ce jour. Oui. Et je suis... C'est la meilleure chose que j'ai faite dans ma vie. Vous découvrez encore de nouvelles choses à votre sujet? Il y a toujours quelque chose. L'humain est toujours en évolution. Tu ne comprends pas tout
Starting point is 00:53:18 et tu ne comprendras jamais tout. Je te le dis tout de suite. Il y a toujours quelque chose qui est... Ah, ça, il revient. puis les sentiments, et puis les... Mais c'est un très, très beau voyage, la psychanalyse. J'aime... Tu vois, hier, j'étais avec mon psy, justement, puis on me parlait de... Quelle chance, quelle chance j'ai de pouvoir faire ça.
Starting point is 00:53:43 Parce que je vis seule, tu comprends-tu? Ça fait qu'il faut bien que je parle à quelqu'un. Ça ressemble à quoi, une séance de psychanalyse? Tu parles. En fait, la psychanalyse, c'est parler. Tu parles, et lui, le psy qui entre, il ne te répond pas
Starting point is 00:53:59 nécessairement, mais parce que tu vas dire, il va peut-être trouver tout à coup un mot ou quelque chose, puis il va te faire essayer de dire, ça vous rappelle quoi, puis dire, il va peut-être trouver tout à coup un mot ou quelque chose, puis il va te faire essayer de dire ça vous rappelle quoi, puis là, il va te faire aller dans... Il tire sur les ficelles. Oui, il tire sur les ficelles. C'est ça la psychanalyse. Et de ça à ça,
Starting point is 00:54:15 tu vas tomber dans des endroits où t'étais peut-être jamais allé, où t'as jamais parlé, puis là, ça sort. C'est tout. C'est la guérison par la parole. C'est tout. Mais là où je voulaisérison par la parole. C'est tout. Mais là où je voulais en venir en vous parlant des dernières années, j'essayais de le faire de manière élégante, c'est que vous avez vécu un petit passage à vide, n'est-ce pas, avant?
Starting point is 00:54:32 Oui, oui, oui. Des passages à vide dans une carrière, on en passe. Il n'y a pas une carrière continue, le sens jamais. Une actrice, surtout. Écoute, bien, oui, un passage à vide. Mais là, moi, je me suis mise à dessiner. Écoute, ben, oui, j'ai eu un passage à vide. Mais là, moi, je me suis mise à dessiner.
Starting point is 00:54:48 Parce que tu comprends, la chance que j'ai, c'est que je dessine et j'écris. Puis ma vieillesse ne pourra jamais être plate. Parce que j'ai des projets de dessin. Je dessine. Je dessine comme une enfant. Je n'ai pas fait de grandes études. Puis j'écris un peu.
Starting point is 00:55:04 Je suis allée à l'école anglaise. Je me force pour bien écrire en français. Mais j'adore. J'adore écrire et dessiner. C'est ma plus grande joie dans la vie. Puis pour ma vieillesse, c'est ce que j'aime. C'est ce que je vais faire. Comment est-ce que vous expliquez que tant de gens
Starting point is 00:55:18 vivent leur vieillesse sous le signe de l'ennui? Parce que probablement qu'ils n'ont pas de petits talents comme moi pour créer, pour s'exprimer. Mais c'est dommage parce que tu n'as pas besoin d'un grand talent. N'importe qui peut se prendre une feuille de papier et commencer à jouer.
Starting point is 00:55:36 Moi, c'est comme ça que j'ai commencé à dessiner. Moi, je n'avais pas de science infuse pour dessiner et pour écrire non plus parce que j'avais peur. C'est Michel Tremblay qui m'a débarrée. Quand je suis revenue de l'Inde, j'avais écrit mon journal et j'ai dit, Michel, veux-tu regarder pour corriger mes fautes? Il m'a dit, oui, j'en fais autant que toi
Starting point is 00:55:55 des fautes. En tout cas, il dit, je vais regarder. Il dit, il y a des correcteurs pour ça. Pourquoi tu te fatigues? Il dit, tu sais, si tu as quelque chose à dire, c'est tout ce qu'il y a d'important. Le reste, il y a des gens qui vont s'occuper de ça. Il dit, moi, je suis une onzième année comme toi. N'invite pas avec ça.
Starting point is 00:56:13 Donc, je me suis mise, et Michel, il m'a libérée de ça. Ce qui fait que là, j'ai pu vraiment écrire librement sans me préoccuper des fautes que je faisais. Ce sont les Sœurs Talby. Les Sœurs Talby, mes amis. Inès et Elkana qui signent la préface de votre livre que j'ai lu. Pourquoi est-ce que vous les aimez tant?
Starting point is 00:56:33 Les Sœurs Talby. Les Sœurs Talby, attends, sont tellement animées. C'est des filles qui chantent, des filles qui sont osées. C'est des artistes. C'est des filles habitées par leur vie ici quand elles sont arrivées. Elles ont vécu ça, être une immigrante.
Starting point is 00:56:50 C'est une chose. Elle en parle dans ses livres. Oui, elle en parle dans sa poésie. Moi, j'ai joué avec elle, c'était avec Inès, quand on avait fait... Aide-moi. Le spectacle hommage à Pauline Julien. Voilà, merci.
Starting point is 00:57:04 Ça, c'était formidable. Formidable. Je ne rêve que d'une chose, c'est de recommencer à travailler avec les soeurs Talbou. Mais vous avez toujours eu des amis de différents âges, parce que vous avez aussi été amie avec Simone Monnet-Chartrand, qui était plus vieille que vous.
Starting point is 00:57:20 C'était comment, votre relation? Ah, c'est la femme, là, que j'ai tellement... Je ne sais pas si j'ai pu élever mon enfant, c'est à cause de Simone. C'est elle qui m'a aidée à élever mon enfant. Elle n'avait eu huit. Elle vivait avec un ostie de fou. Mais qui était merveilleux.
Starting point is 00:57:35 Mais il était tellement... On parle de Michel Chartrand. Oui, Michel, c'était un homme très, très raffiné. Quand il arrivait le dimanche, Michel écoutait son opéra. Il lisait tous les féministes. Il aimait beaucoup les auteurs féministes. Georges Sand, lui, tout.
Starting point is 00:57:50 Il était merveilleux, Michel. Et puis, Simone était la meilleure femme au monde. Je ne crois pas. Elle, écoute, tu sais ce qu'elle faisait? Elle montrait aux femmes du Québec à se débrouiller. Elle savait l'importance de l'autonomie. Alors, montrée, elle a sept recettes
Starting point is 00:58:09 comment faire du steak haché d'une façon différente chaque jour. Ce qu'elle faisait, tu sais, elle avait tellement de bon sens. C'était la femme d'un juge, la fille d'un juge qui avait eu une vie, tu comprends. Puis elle, c'était la bonté, la générosité
Starting point is 00:58:27 et aider les femmes à se débrouiller, l'autonomie et l'indépendance. Toujours, elle me disait ça. Puis moi, j'avais une chambre pour elle que j'avais gardée au Saint-Louis parce qu'elle venait à Montréal, faisait de la radio, puis elle travaillait à Richelieu. Alors là, je lui ai dit, tu vas arrêter de prendre l'autobus
Starting point is 00:58:42 puis je vais te faire une chambre, tu vas rester avec moi. Alors, elle restait chez nous. C'était votre coloc? C'était ma coloc. Elle m'a aidée à élever mon fils. On avait élevé huit, tu comprends-tu? Mais pourquoi est-ce que Michel Chartres, c'était un... de fou?
Starting point is 00:58:55 Il était pas fou, Michel, il était merveilleux. C'est parce que vous avez dit ça. Non, non, mais je dis ça fou dans le sens, c'est que les gens se disaient, ah, parce qu'il sacrait. Moi aussi, je sacre. Il y a rien de plus beau que les sacres. Est-ce que je t'ai parlé comment j'aime sacrer? J'ai cru comprendre ça, oui.
Starting point is 00:59:09 J'aime ça, sacrer. C'est tellement beau. Mais qu'est-ce que c'est que cette folie de penser que c'est pas bien sacré? Est-ce que tu sais qu'on est le seul pays au monde où on sacre avec les ornements? Ça se sert d'autant. Oui, parce qu'en anglais, ça n'a pas du tout rapport. Non, puis dans le reste du monde non plus. Parce qu'on dit Christ, mon Dieu, ça sacre, mais certainement que ça sacre. Tu n'a pas du tout rapport. Dans le reste du monde non plus. Parce qu'on dit Christ, mon Dieu,
Starting point is 00:59:25 certainement que chaque... Tu n'as même pas idée comment. J'adore ça. C'est beau. Parce que c'est ça, chaque pays a ses... Aide-moi un peu. Toi, tu me regardes. Chaque pays a ses jurons.
Starting point is 00:59:40 Voilà, jurons. Merci. C'est ça que je voulais dire. T'es fin. Vous écrivez dans votre livre, je crois que si je retombais en amour, Juron. Merci, c'est ça que je voulais dire. T'es fin. Vous écrivez dans votre livre « Je crois que si je retombais en amour, je mourrais ». Ah oui, je ne serais plus capable. Oh non, ça c'est quelque chose. Vous n'avez pas vécu l'amour doucement. Bien, c'est parce que
Starting point is 00:59:55 je suis une passionnée. Moi, j'étais avec des passionnés. Mais là, je ne pourrais plus faire ça. Et puis, mon indépendance, tu sais, quand même, je l'ai méritée. Mais des fois, j'aimerais ça, une épaule quand même. C'est agréable. Il n'est jamais trop tard pour tomber en amour.
Starting point is 01:00:12 Il n'est jamais trop tard. Il paraît que ça peut arriver quand tu es dans ta maison de vieux. Mais vous n'êtes pas dans une maison de vieux. Non, je suis loin de là. Je ne pense pas que je vais aller là, mais on ne sait pas ce que la vie nous réserve. Votre gériade vous dit que vous allez vivre jusqu'à... 100 ans, il me dit.
Starting point is 01:00:27 Parce qu'il dit qu'il est rendu à 72 ou 83, dans mon cas. Si tu n'as pas eu de grandes maladies, mais ce n'est pas lui qui dit ça, on dit ça. At large. Je parle l'anglais. Si tu n'as pas eu de grandes maladies, il y a de fortes chances que tu sois centenaire. Parce qu'on mange de mieux en mieux,
Starting point is 01:00:45 on va avoir des médicaments. On va tout être une gang de centenaires. Ça va swinguer la baquesse. J'ai rencontré récemment Jeannette Bertrand qui a 98 ans et qui swingue la baquesse quand même pas mal. Je ne sais pas si on va pouvoir être aussi en forme.
Starting point is 01:01:01 Il y a une question d'ADN aussi. Dans le cas de Jeannette. Attends, c'est un phénomène, Jeannette, pas ordinaire. Oui. Vous parlez dans votre livre de votre relation qui a été parfois compliquée, tendue avec votre frère Guy, qui était lui aussi dans le monde artistique.
Starting point is 01:01:17 Est-ce que ça s'est... Est-ce que vous vous êtes ravibochée? Est-ce que c'était plus agréable plus tard dans vos vies? Oui, mais ça a été toujours... Tu sais, Guy, c'était le dieu, le premier, le dieu. Le dieu
Starting point is 01:01:32 est arrivé sur Terre, et puis ma mère a viré de l'œil, et puis c'était son enfant adoré. Et elle n'a pas eu le temps, vraiment, de pouvoir profiter de son enfant. Moi, je suis arrivée onze mois après, par les pattes, tournée de pouvoir profiter de son enfant. Moi, je suis arrivée 11 mois après. Par les pattes,
Starting point is 01:01:49 tournées avec les... les fers, là. Comment est-ce qu'ils appelaient ça? Les forceps. Et puis, ma mère a été malade, puis elle a été envoyée dans un sanatorium pendant trois mois. Pour se remettre de l'accouchement. Et puis, moi, j'avais pas de mère,
Starting point is 01:02:03 puis là, je suis restée avec ma grand-mère, ennuyante, qui était ennuyante. Elle a... Ça fait que j'ai mal parti dans la vie, moi, là. Pas de mère, pas de manger. Avec ma grand-mère, elle mangeait juste du blanc. Du poulet blanc avec du riz blanc,
Starting point is 01:02:20 avec de la soupe blanche, avec du blanc mangé, qui était ennuyante. Mais ça a été toute votre relation pendant toute votre vie avec votre mère. Ma mère, c'est ce... Or, ma mère, les dernières paroles qui lui regardent la vie comme si c'était intéressant. Ça a toujours été difficile,
Starting point is 01:02:36 ma mère et moi. Oui, c'était difficile. Et les dernières paroles qu'il a eues, je m'en vais à l'hôpital la voir, puis je suis tout près d'elle, elle va mourir, puis elle me dit « Oh, t'es tellement belle, je t'aime. »
Starting point is 01:02:59 Elle ne m'avait jamais dit ça. Ça a guéri tout. Mais c'est vrai. Ça a tout guéri. Puis là, moi, j'avais apporté des engants pour faire comme les Égyptiens. On me tuait d'huile et puis d'odeur
Starting point is 01:03:15 et puis de trucs pour ma mère. Puis je l'avais frotté. Puis tout ça, mon frère, il s'est dit qu'elle est folle. Mais ces quelques mots-là ont guéri beaucoup de choses en vous Oui, c'est comme si ça avait tout guéri Il reste quelques... Bien sûr qu'il reste des choses
Starting point is 01:03:32 Je veux dire, tout le temps, il y a en moi une pas correcte qui est toujours là Est-ce que vous revoyez parfois les films dans lesquels vous avez tourné? Pas vraiment, non Je ne regarde pas beaucoup Parce que c'est difficile? Non. Je ne me regarde pas beaucoup, moi. Parce que c'est difficile? Non. Je ne pense pas. Je ne pense pas.
Starting point is 01:03:48 Mais je comprends que lorsqu'on choisit un film, on ne veut pas nécessairement en choisir un dans lequel on va tourner. Non, mais j'ai vu, j'ai revu Entre la mer et l'eau douce, mais c'est tellement beau. Est-ce que tu l'as vu? Ben oui. As-tu vu comment c'est beau, comment on est belles? Geneviève, un jour, elle me téléphone.
Starting point is 01:04:01 Elle me dit, as-tu vu comment est-ce qu'on était belles? Elle dit, on ne le savait pas, hein? On l'avait su. On les a réfléchis bien plus que ça. » Ha! Ha! Ha! Ha! Puis Claude Gauthier est tellement... J'ai pas d'autre mot en tête que cool. Mais il est mystérieux.
Starting point is 01:04:17 Cool, gentil, drôle. Puis lui aimait Geneviève. Et qui aimait Geneviève? Ah, c'était si délicieux. Puis Robert, qui nous faisait rire. Bien oui, c'était plaisant parce qu'on était tous des amis quand même. Déjà.
Starting point is 01:04:32 Comment se manifeste aujourd'hui votre quête de liberté? Qu'est-ce que ça veut dire pour vous aujourd'hui, être libre? D'abord, être libre. Tous les jours, je remercie tous les dieux de vivre dans ce pays j'ai jamais connu la guerre
Starting point is 01:04:50 j'ai 83 ans une telle reconnaissance de cette chance de vivre dans ce pays libre les événements d'octobre qu'on évoquait à l'instant c'est peut-être le plus grand moment de tension qu'on a vécu au cours des 100 dernières années. Oui, oui. Et autrement...
Starting point is 01:05:07 Et ça a été quand même assez bref. Oui. Donc, j'apprécie de vivre ici. J'ai même plus envie de voyager. Tu sais, avec tout ce qui se passe dans le monde, puis être pris dans les avions avec tout ce qu'il y a de virus. Je veux plus sortir de mon pays.
Starting point is 01:05:24 Je suis ravie de faire de la tournée parce que là, je vais aller voir tout ce que j'aime de mon pays. Je vais aller partout. J'aime mon pays plus que jamais. Je vais aller au Saguenay. Oh mon Dieu, je suis contente.
Starting point is 01:05:41 Est-ce que vous êtes encore indépendantiste? Oui, je serai toujours. Tu peux m'enlever ça. Tu peux pas m'enlever ça. Je vous rêve du pays. Bien sûr que je rêverai toujours de ça. Louise, mon balado s'intitule « Juste entre toi
Starting point is 01:05:57 et moi ». Je me demandais si vous aviez une dernière chose à me dire qui resterait juste entre vous et moi? T'es charmant. Pas un compliment. Mais t'es charmant. C'est tellement plaisant de causer
Starting point is 01:06:12 avec toi. Je ne peux même pas croire qu'on a fait une émission. Est-ce que je peux vous demander quelque chose? Oui. Je ne sais pas si vous savez, mais lorsque Emmett est parti en 78, un de mes poètes préférés qui s'appelle Richard Brotigan a écrit un poème hommage à Emmett Grogan
Starting point is 01:06:30 qui s'intitule « Death is a beautiful car parked only ». Ce que vous accepteriez de lire pour moi. Avec plaisir. Je l'ai ici, dans sa version, dans sa traduction française, évidemment. La mort est une magnifique voiture garée, uniquement pour être volue, dans une rue bordée d'arbres dont les branches sont comme les intestins d'une émeraude. Tu démarres la mort avec les câbles de contact. Tu montes et tu t'en vas comme un drapeau fait de milliers de pompes funèbres en feu. Tu as volé la mort parce que tu t'ennuyais.
Starting point is 01:07:12 Il n'y a rien de bien au cinéma à San Francisco. Tu roules un moment au volant de la voiture volée en écoutant la radio radio puis tu abandonnes la mort. Tu t'éloignes à pied et tu laisses la mort que la police finira par retrouver. Je peux aimer, t'aimer beaucoup, Radigan et Bou.
Starting point is 01:07:40 Merci Louise. Merci beaucoup.

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