Juste entre toi et moi - Luc Picard
Episode Date: April 4, 2024« Je préfère quelqu’un de sincère, qui se trompe parfois, à quelqu’un de menteur, qui a toujours raison », dit l’acteur et réalisateur Luc Picard, qui se confie sur son rapport aux comp...romis, son amitié avec Pierre Falardeau, son admiration pour son fils Henri et son amour infini du jeu.
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Sous-titres par Dominique Tardif Bienvenue au dernier épisode de la troisième saison de Juste entre toi et moi Déjà, oui, déjà, le dernier épisode de la troisième saison
Mais j'ai une bonne nouvelle pour vous
J'ai une bonne nouvelle, la voici
On sera non seulement de retour cet été pour une nouvelle saison
On vous proposera entre-temps, dans pas moins de deux semaines
Un épisode hors-saison de Juste entre toi et moi
Un épisode hors-sison avec un invité
rare à qui je vous promets d'avoir
posé les vraies questions.
C'est tout ce que je peux vous dire
pour l'instant. Mais d'ici là,
mon invité d'aujourd'hui,
c'est l'acteur et réalisateur
Luc Picard. Luc tient un rôle
dans la comédie romantique Chez les beaux-parents
qui est présentement à l'affiche. Il joue
le père d'Évelyne Brochu dans ce film-là.
Mais on a évoqué au cours de notre entretien
plusieurs moments forts de sa cinématographie.
Il y en a beaucoup, des moments forts
dans la cinématographie de Luc Picard.
Je vous rappelle que vous pouvez lire l'article
que j'ai tiré de cette rencontre
dans la presse plus, sur lapresse.ca
ou dans votre téléphone grâce à l'indispensable presse mobile.
Je vous rappelle aussi que si vous avez aimé cet épisode,
vous pouvez nous laisser une bonne note ou un commentaire
sur Apple Podcasts ou sur Spotify.
Ça contribue grandement au rayonnement de ce balado.
Et voici sans plus tarder mon entretien avec le joueur Luc Picard.
Juste entre toi et moi
Ça restera
Entre toi et moi
Pour une fois
Ça reste entre toi et moi.
Luc, je suis retourné lire un livre d'entretien avec Pierre Falardeau,
des entretiens avec Mireille Lafrance.
Ça s'appelle « Pierre Falardeau persiste et filme. » Il est question de chacun de ses films.
Il y a un chapitre qui est consacré à Octa, évidemment.
Le premier film de Falardeau dans lequel tu as joué.
Un des premiers films dans lequel tu as joué.
Oui, le premier vrai gros film que j'ai fait.
J'ai fait des petits, des courts-métrages, des moyens-métrages,
mais ça, c'était comme mon premier gros.
Puis donc, Mireille Lafrance questionne Pierre au sujet de
comment il avait travaillé avec vous, avec le quatuor de comédien.
Et Pierre répond à un certain moment,
« Faudrait peut-être que tu leur demandes à eux.
Picard aimerait sûrement ça,
se faire poser des questions
sur le travail d'acteur plus précisément.
Il trouve qu'il ne se fait pas souvent poser
ce genre de questions-là. »
Est-ce qu'il y a une question
que tu aimerais que je te pose
sur le travail d'acteur aujourd'hui?
Il y en a plein, parce que c'est un vaste sujet.
Mais je pourrais te dire, mettons, avec Pierre,
le truc qui était singulier, c'est qu'il t'accompagne dans l'émotion.
Autrement dit, peu importe c'est quoi l'émotion de la scène,
il y était lui-même imbibé de l'émotion.
Il était vraiment très...
Puis très protecteur des acteurs aussi.
Il était vraiment comme...
Il donnait l'impression, puis c'était une fausse impression, que c'était comme nous
contre le reste du monde.
Fait qu'il était bien protecteur, puis
aussi pas...
Il n'était pas enclin
à se faire bernier par
je sais pas, de la bullshit ou
des trucs moins bons
ou un peu trop théâtral.
Il avait un bon...
une bonne boussole, mettons.
Et vous vous protégez par rapport à qui?
Par rapport au reste de l'équipe?
Oui, juste par rapport à nous donner l'espace pour trouver ce qu'on a à trouver.
Parce que des fois, les plateaux,
s'il n'y a aucune protection,
tout le monde parle fort, tout le monde déconne.
C'est normal, ils ne savent pas.
Mais si tu as une grosse scène d'émotion qui s'en vient,
des fois, tu as besoin d'être dans un état
et d'essayer de protéger cet état-là.
Aussi, le fait que tu sens que le réalisateur ou la réalisatrice
te protège, ça te donne plus de liberté
pour aller à des places un peu plus dangereuses, mettons.
Ce serait quoi une place dangereuse pour un acteur?
Je ne sais pas.
C'est sûr que le classique, c'est les grandes scènes d'émotion
où il faut que tu te déchires ou que tu te casses en quatre.
Idéalement, tu ne vas pas faker, tu vas rester dans la vérité.
Donc, c'est vraiment toi qui vas casser.
Il y a quelque chose d'extraordinairement impudique
dans cet exercice-là. Parce que tu as beau être déguisé sous le nom d'extraordinairement impudique, en fait, dans cet exercice-là.
Parce que t'as beau être déguisé sous le nom d'un personnage,
il reste que c'est tes tripes à toi.
Puis pour te rendre là, ça prend confiance en toi,
mais confiance aussi à ceux qui t'entourent.
Ça veut dire qu'à toutes les fois qu'on t'a vu cassé à l'écran,
t'as un peu cassé pour vrai pendant que tu tournais?
Oui.
Si c'était bon, oui.
Si c'était pas bon, non.
Ça t'est arrivé assez souvent d'être bon.
Ben, je vois, mais oui.
Oui, parce que tu travailles avec...
T'es ta propre matière première.
T'es ton propre instrument, en fait.
Comme un musicien, mais sauf que la guitare, c'est toi.
Fait que t'as rien d'autre que ça.
C'est sûr que ça veut pas dire
que t'es nécessairement le gars que tu joues.
T'es pas ça.
Mais les émotions, que ce soit de la rage,
peu importe, il y a une gamme infinie d'émotions.
Forcément, c'est toi.
C'est l'Étienne.
Pierre Falardeau, dans cette même entrevue-là,
il dit qu'il voulait, pour le film Octobre,
des jeunes pas trop connus
qui avaient la misère marquée sur le visage. Est-ce queus qui avaient la misère marquée sur le visage.
Est-ce que tu avais la misère marquée sur le visage en 94?
J'ai bien peur que oui.
Pierre, il me disait souvent,
tu peux sortir le gars de l'Est,
mais tu ne peux pas sortir l'Est du gars.
Moi, je viens d'un milieu ouvrier,
puis j'imagine que ça apparaissait dans ma face.
Je ne sais pas.
Je pense que c'est de ça qu'il parlait.
Tes parents faisaient quoi dans la vie?
Ma mère ne travaillait pas. Elle travaillait, ça veut dire qu'elle élevait quatre garçons. Et mon père…
Donc, elle travaillait beaucoup.
Elle travaillait très, très fort. Et mon père, ben, mon père a commencé comme simple ouvrier,
mais il a fini par faire un petit bout de chemin. Il a été promu à un moment donné,
mais essentiellement, on est une famille ouvrière.
Et qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir comédien à travers tout ça?
Je sais pas, je sais que ça a commencé quand j'avais
à peu près 8 ans.
J'aimais le cinéma, ma mère aimait beaucoup le cinéma
aussi, puis on aimait ça regarder des films
puis les commenter. Puis je sais pas,
mon plus lointain souvenir,
c'est à peu près ça, 8 ans, où je me suis dit, ah, je pense
que j'aimerais ça faire ça, je pense que je serais
capable de faire ça. Puis
je savais pas comment on faisait pour devenir acteur pense que je serais capable de faire ça.
Je ne savais pas comment on faisait pour devenir acteur,
mais je savais que j'avais cette affaire-là.
Ça m'a suivi. C'est jamais parti.
C'était comme une espèce d'impulsion qui était têtue,
qui ne m'a jamais lâché.
Me voilà.
Quel film tu commentais avec ta mère?
Je me souviens de The Graduate avec Dustin Hoffman.
Il y a beaucoup à dire sur ce film-là. Il y a beaucoup à dire sur ce film-là.
Il y a beaucoup à dire sur ce film-là,
mais aussi, bon, après,
je suis né en 61,
donc tous les films,
il y a eu vraiment une belle flopée de films américains au début des années 70.
Bon, il y a Le Parrain,
mais il y en avait plein d'autres,
French Canary,
il y a vraiment eu des très, très bons films.
C'est une très belle période du cinéma américain.
La grande époque du cinéma d'auteur, mais qui était bien financé.
Exactement, c'est ça.
Puis il y avait une variété de films. Il y avait beaucoup plus de films
à cette époque-là que maintenant.
À Montréal, à ce temps-là, t'as comme huit films
qui sont à l'affiche dans toute la ville.
Dans ce temps-là, c'était 75 films.
Il y avait plein de films.
T'avais pas comme chaque cinéma avait le même film.
C'était pas ça. Fait que t'avais vraiment
beaucoup de variétés. Fait que moi, ça m'a beaucoup inspiré.
Ouais, pis on dit beaucoup, c'est un des commentaires
que Martin Scorsese a souvent formulé,
qu'il y a plus vraiment de cinéma pour adultes aujourd'hui.
Je parle pas de cinéma 3X, mais de cinéma qui s'adresse
à l'intelligence d'un public adulte.
Il y en a moins, effectivement.
C'est du cinéma popcorn.
Ouais. J'adore le popcorn, ça le dit. C'est du cinéma popcorn.
J'adore le popcorn, cela dit.
Puis j'adore les films popcorn, en fait.
Mais la variété, c'est quand même... C'est qu'on perd une richesse.
Puis oui, les films moins popcorn,
on peut les voir sur les plateformes.
Mais ce n'est quand même pas la même expérience
que d'aller dans une salle
puis de partager l'expérience avec d'autres spectateurs.
Donc, t'as pris un petit détour avant d'arriver pour vrai au théâtre puis au jeu,
entre tes huit ans puis le moment où t'es entré à l'école.
Oui, parce que je savais pas comment faire.
Au conservatoire.
Oui. J'avais pas comment faire, j'avais pas de contact dans le milieu.
Je savais même pas qu'il y avait des écoles de théâtre.
Je savais rien de ça.
Puis j'étais terrorisé aussi.
Je savais vraiment... En tout cas, j'étais très...
Ça m'angoisse.
Ça me faisait beaucoup peur.
Je sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'avais l'impression que si j'essayais,
je pourrais pas me permettre
d'échouer.
C'est un peu comme
quand t'es vraiment en amour, puis tu te dis,
OK, je me compromets, j'y vais pour,
puis t'espères que ça va marcher.
Tant que tu le dis pas, tu peux vivre dans le rêve
que ça se produise.
Ouais, c'est ça, tu peux toujours, comme,
t'imaginer que ça va peut-être arriver.
Fait que ça m'a pris du temps avant de faire le saut,
pis quand je l'ai fait, je l'ai fait vraiment...
J'étais comme...
Tout le monde est bien nerveux, tout le monde a une traque,
mais moi, il me semble que j'étais
complètement terrorisé.
C'est quelque chose.
Puis entre-temps, qu'est-ce que tu as fait de ta vie?
J'ai erré, j'ai fait un bac en finance marketing à l'UQAM.
J'ai fait un DEC en psychologie,
puis j'ai fait une mineure en criminologie.
OK.
Je cherchais n'importe quoi.
Puis est-ce qu'il y a quelque chose parmi ces disciplines-là
qui t'intéressait pour vrai?
La criminologie, peut-être un peu.
Ça t'a servi par la suite
dans ton travail de comédien?
Peut-être.
Par moment, je ne sais pas.
Vaguement.
Mais non, le reste, non.
Je suis allé en finance marketing
parce que ça s'applique
à n'importe quel domaine.
Je me dis,
peu importe dans quoi je m'en vais,
ça va peut-être pouvoir me servir.
Mais anyway, je me suis rendu compte qu'à 22-23 ans,
je me suis dit que c'était vraiment clair pour moi
que je ne pourrais pas vivre une vie normale,
entre guillemets, de job normal.
J'ai fait qu'est-ce qu'il faut faire pour devenir acteur?
Je l'ai fait et ça a marché.
Qu'est-ce qui t'a donné l'impulsion
de mettre les autres choses de côté
pour enfin l'embrasser?
Je suis vraiment arrivé à la conclusion que je ne pourrais pas vivre une vie normale.
Je ne pourrais pas... Je ne me voyais juste pas dans un bureau 9 à 5.
Je me disais, il aurait beau me payer un demi-million par semaine pour faire ça, ça ne marchera pas.
Ça fait qu'aussi bien essayer cette affaire-là, essayer l'affaire d'être un acteur. Si jamais ça ne marche pas,
on va peut-être trouver d'autres routes
qui sont connexes au métier d'acteur.
C'était clair pour moi que je ne pouvais pas
continuer dans une voie qui était
plus conventionnelle.
Avant d'entrer au conservatoire,
est-ce que tu avais beaucoup d'expérience
de scène, de tournage, etc.?
Non. J'avais joué une fois au Cégep
dans une pièce qui est
Les sorcières de Salem, d'Arthur Miller.
Ça avait été super cool,
mais c'était ma seule expérience.
Ça veut dire que t'avais
un talent pour que tu sois accepté au conservatoire
après tes auditions,
si t'avais aucune expérience.
Je pense qu'ils m'ont accepté de peur.
Vraiment, je suis passé par la porte d'en arrière, pour vrai.
Mais probablement parce que j'étais très, très nerveux. Je suis vraiment nerveux. Je porte d'en arrière pour vrai. Mais probablement parce que
j'étais très très nerveux, je suis vraiment nerveux moi, je suis quelqu'un de très traqué.
Ça fait que ça peut être vraiment gênant par moments. Mais oui j'avais quand même des aptitudes.
J'avais des aptitudes. Es-tu nerveux quand tu fais des entrevues? Oui. Présentement est-ce que tu es
nerveux? Un peu. Un peu pour vrai vrai? Oui, oui, un petit peu.
Moi je le suis beaucoup.
Ah oui?
Oui. Je suis toujours très stressé
quand je fais des entrevues
parce que je veux que ça se passe bien.
Ok.
Je veux qu'on ait une belle conversation.
Ok.
Mais on ne devrait pas l'être.
C'est niaiseux.
C'est niaiseux, oui.
Mais en même temps,
on n'a pas de contrôle là-dessus.
Mais on en a un peu,
mais effectivement,
on n'a pas plein contrôle là-dessus.
C'est dur de se dire
ne sois pas nerveux. Tu sais, je veux dire, au théâtre c'est épouvantable, mais au thé on n'a pas eu plein contrôle là-dessus. C'est dur de se dire ne sois pas nerveux.
Au théâtre, c'est épouvantable, mais au théâtre, je suis vraiment terrorisé.
Mais bizarrement, au cinéma, non.
Au cinéma, je suis vraiment détendu sur un plateau.
Alors ça, je ne sais pas pourquoi.
C'est peut-être parce que tu sais que tu as l'occasion de te reprendre si ça ne fonctionne pas?
Peut-être.
Oui, il y a de ça, mais je pense que ce n'est pas la peur de me tromper. l'occasion de te reprendre si ça ne fonctionne pas? Peut-être.
Oui, il y a de ça, mais je pense que c'est pas la peur de me tromper
dans mon texte qui fait que je suis traqué au théâtre
ou la peur de... Je pense que c'est juste...
Je pense que le théâtre, c'est un événement social.
C'est comme un événement
social où
tu t'adresses à un groupe de personnes
et tu as un groupe de personnes qui te regardent.
Le cinéma, pour moi, c'est un événement intime
parce que derrière la caméra,
il y a une personne qui te regarde.
Même si ça va être un groupe de personnes,
si tu veux, dans la salle de cinéma,
mais le regard de la caméra, c'est un regard unique.
C'est vraiment une personne qui te regarde.
Je pense qu'il y a quelque chose d'intime
et pour moi, ça, c'est rassurant
par rapport à l'espace social qui est le théâtre.
C'est moins gênant de se mettre tout nu devant une seule personne que devant 400 personnes.
Oui, mais il y a du monde qui c'est le contraire. Il y a du monde qui est plus à l'aise dans
un contexte plus social. Moi, je suis plus à l'aise dans l'intime. Effectivement,
c'est moins gênant de se mettre tout nu devant une personne que devant un groupe.
Moi, je trouve, en tout cas.
Bon, je te l'ai dit lorsque je t'ai invité à participer à cette entrevue,
que le film Octobre, c'est mon film québécois préféré
de tous les temps,
que j'ai vu des dizaines et des dizaines de fois.
Merci.
Puis je pense qu'il y a plusieurs gens
qui sont d'accord pour dire que c'est un des grands films
de la cinématographie québécoise.
Comment est-ce que tu as décroché ce rôle-là?
C'est le moment où tu as rencontré Pierre Falardeau,
vous ne vous connaissiez pas avant.
Oui, non.
Ça, c'était un moment extraordinaire dans ma vie
parce qu'il est arrivé quelque chose qui n'arrive pas souvent.
Premièrement, je suis allé faire l'audition,
mais il auditionnait, je ne sais pas combien de gars il voyait.
Il voyait toute la ville, je pense pas mal.
Je suis allé faire l'audition,
puis j'étais sûr que ça avait été comme de la chenoute,
que j'avais été mauvais.
Puis, tu sais, tout le monde voulait jouer dans ce film-là,
moi le premier.
Fait que j'étais vraiment frustré d'avoir fait une mauvaise audition
au point où je suis allé courir après.
Je me souviens, je suis allé faire du jogging
pendant une heure et demie après,
juste pour sortir la rage, la frustration que j'avais.
Puis pourquoi est-ce que tu le voulais tant que ce rôle-là?
Parce que c'est un événement marquant pour les Québécois,
parce que c'est un film...ement marquant pour les Québécois, parce que c'est un film...
C'était comme un film intense,
c'était un film...
C'est ça, c'est un événement historique assez important.
Il y avait tout ça.
Il y avait Falardeau aussi, que je connaissais.
Je ne le connaissais pas tant que ça,
mais je le connaissais quand même.
Anyway, je suis allé courir,
sûr d'avoir tout moffé.
Le lendemain matin, ça, ça arrive jamais dans le métier,
le lendemain matin, le téléphone a sonné à 9h, puis c'était Pierre,
puis il dit, Picard, je dis, ouais, ça te tente-tu de jouer dans ma vue?
Je dis, qu'est-ce que t'en penses?
Fait que, écoute, ça a bien parti ma journée, fait que c'est comme ça que ça s'est passé.
Ça te tentait de jouer dans sa vue?
Ça me tentait de jouer dans sa vue, oui.
Parce qu'habituellement c'est quoi, c'est un directeur, directrice de casting qui t'appelle
pour te dire si ça a fonctionné ou pas?
Ouais, souvent c'est comme ça mais c'est surtout que c'est jamais le lendemain.
Ça prend tout le temps du temps, ça prend tout le temps, tu sais comme ça prend 2-3
semaines puis tu reçois jamais de réponse, en tout cas très rarement tu reçois des réponses comme ça prend deux, trois semaines, puis tu reçois jamais de réponses.
En tout cas, très rarement, tu reçois des réponses
comme ça le lendemain matin.
Qu'est-ce que donc Pierre avait vu dans ton audition
que toi, t'avais pas perçu?
Est-ce que c'est toi qui t'étais mal perçu
ou lui a vu quelque chose que t'avais pas perçu?
Moi, je pense que j'avais probablement raison.
J'étais peut-être pas si bon que ça, tu sais.
Mais au-delà de bon, pas bon,
je pense qu'il y avait peut-être une intensité
que lui avait aimée.
Puis l'autre affaire de la face,
de ce dont tu parlais au début de l'entrevue,
la misère dans la face,
cette affaire-là, il y avait de ça aussi.
La misère marquée sur le visage.
Oui, la misère marquée sur le visage.
Puis on ne sait pas ce qu'on...
Ça prend du temps,
surtout quand tu n'as pas fait de film,
avant de comprendre
c'est quoi que tu dégages.
Au théâtre, tu ne te vois pas.
Dans la vie, tu ne te vois pas.
La première fois que je me suis vu dans un film,
j'ai fait, ah, OK, c'est ça.
Parce que soudainement,
tu te vois.
Mais c'est ça.
Pierre a dû voir quelque chose
que je ne connaissais pas à cette époque-là.
Donc, aujourd'hui, tu t'astreins à te revoir,
à voir les plans des films dans lesquels tu tournes?
Ben, je m'astreins, je m'astreins.
C'est un grand mot.
Non, mais c'est pas douloureux, c'est ça que je veux dire.
Ben, c'est-à-dire que j'ai appris à dealer avec ça,
d'autant plus que je fais des films.
Tu les réalises aussi. Je les réalise, puis je me monte, je fais du montage.
J'ai appris à m'adouer cette affaire-là.
Je pense que c'est important de le faire,
parce que c'est dur de se regarder.
Tu te rends compte à quel point tu te trahis plus que tu penses,
à quel point tu es un livre bien plus ouvert que tu penses.
C'est un peu comme quand tu entends ta voix
pour la première fois, ta voix enregistrée,
puis tu ne te reconnais pas.
Ça ne peut pas être ça ma voix, mais oui, c'est ça ta voix.
Ça fait que c'est un peu le même principe,
mais en beaucoup plus complexe.
Oui, je pense que c'est important de l'amadouer
parce que pour faire ton métier correctement,
en même temps, il y a du monde qui ne se regarde jamais,
puis je ne passe pas
ma vie à me regarder.
Mais je pense que c'est bon.
Luc passe ses grandes fins de semaine à regarder ses films.
Je n'arrête pas de me regarder.
Oui, c'est ça.
Mais je pense que c'est important de le faire un peu
au moins et d'essayer de passer par-dessus
l'espèce
de réflexe
de ne pas vouloir aller voir ça.
Dans le livre dont je parlais tantôt,
il y a une anecdote savoureuse.
Pierre Falardeau raconte qu'un matin,
durant le tournage d'Octobre,
le directeur photo dit à la maquilleuse,
en parlant de toi,
« Tu aurais pu modérer sur les cernes. »
Et la maquilleuse lui répliquait
« Luc n'est pas encore maquillé. »
Oui, c'est ça. Pierre Falardeau explique plus tard les cernes et la maquilleuse de répliquer le qui est pas encore maquillé
à vallado il explique plus tard que selon lui vous avez un peu vécu ce que
les quatre gars de la cellule chénier c'est sûr que c'est une exagération
parce qu'on réellement enlever quelqu'un ce qui est pas votre cas mais que vous
l'avez quand même un peu vécu dans votre corps puis dans votre coeur le
déchirement que l'on vit oui c'est un film qui était intense à tourner c'est
un huis clos c'est une salle intenseu. Oui, c'est un film qui était intense à tourner. C'est un huis clos.
C'était une scène intense après l'autre.
Tout le temps, des gars qui ont l'impression
qu'ils vont mourir. Fait qu'il faut te mettre dans cet état-là.
Puis on faisait ça jour après jour après jour.
Fait qu'à un moment donné, oui, les Cernes
sont devenus...
Oui, c'est ça. Ils étaient là
avant. Pas besoin d'en rajouter.
C'est ce qui m'a frappé quand je l'ai revu
la dernière fois, à quel point,
à la fin du film, t'es cadavérique.
Oui.
Merci.
Mais c'est un compliment que tu as fait.
Tu as bien fait ton travail.
Oui.
Mais oui, c'était intense à tourner.
C'était vraiment intense à tourner.
Mais Pierre, c'est ça.
Les Patriotes aussi, ça a été intense à tourner.
Je me souviens d'une semaine,
on a fait pendant une semaine des scènes de déchirement
entre moi et Sylvie Drapeau.
Puis à la fin de la semaine, j'étais lavé, j'étais brûlé.
Parce que là, tantôt, tu disais qu'il n'y a pas moyen
de jouer le déchirement sans être soi-même minimalement déchiré.
Mais ce que vit Delorimier dans ce film-là,
c'est qu'il sait qu'il s'en va vers la potence.
Oui, oui, c'est ça.
Donc, c'est ça que t'as à jouer.
T'as à jouer que tu sais que tu vas mourir demain.
Fait que c'est ça que t'as à jouer.
Faut que tu te mettes là, puis faut que tu y crois.
Faut que tu crois que tu vas mourir demain,
même s'il y a une partie de toi qui le sait que c'est pas vrai.
Mais c'est ça, le jeu, tu sais.
C'est ça que je trouve extraordinaire.
C'est comme, je donne tout le temps cet exemple-là.
Quand j'étais petit, mon père jouait à nous faire peur.
Il disait, allez vous cacher dans la maison,
puis là, moi, je vais faire le monstre, puis je vais vous trouver.
Moi, j'allais me cacher, j'étais le plus jeune,
j'allais me cacher invariablement tout le temps à la même place,
derrière le sofa, dans le salon.
Puis là, il fermait toutes les lumières,
puis j'entends les pas de monstre, boum, boum.
Puis mon père arrivait dans le salon,
puis invariablement, je faisais tout le temps,
OK, papa, OK, arrête, arrête,
parce que là, je me mettais à avoir peur pour vrai,
parce qu'il fait noir, parce que
oui, c'est probablement mon père,
mais je suis pas complètement sûr que c'est mon père,
puis, fait que c'est ça le jeu,
c'est qu'il y a une partie de toi qui se met à y croire,
même si dans ta tête,
tu sais que c'est pas vrai, mais
cette partie-là, bien, il faut que tu
la protèges, comme je disais tantôt en début, il faut que tu y fasses attention, parce que c'est pas vrai, mais cette partie-là, il faut que tu la protèges, comme je disais tantôt en début.
Il faut que tu y fasses attention,
parce que c'est vraiment comme ton âme
qui répond à la situation, en fait.
Comment est-ce que...
Parce que c'est une chose de tourner avec un réalisateur,
mais j'imagine que tu ne deviens pas ami intime
avec chacune des personnes avec qui tu travailles.
Comment est-ce que, de cette première rencontre-là
avec Pierre Falardeau, est née une véritable amitié?
Bien, déjà, Pierre, déjà de le faire, le film,
ça a été quand même assez intense.
Puis aussi, pendant qu'on faisait Octobre,
à un moment donné, on faisait un plan,
c'est le plan dans la voiture,
juste au moment où on part enlever la porte.
Hum-hum.
Puis il faisait un gros plan sur moi
puis il dit, là, je veux juste que tu
joues, que tu penses que ça va...
Oui, tu t'en vas enlever la porte, mais il va y avoir...
T'es sûr qu'il va y avoir de la police, t'es sûr qu'il va y avoir une fusillade,
t'es sûr que tu vas te faire tuer.
Fait que je veux que tu joues ça. Fait que j'ai juste
mis ça dans ma face, tu sais, puis là,
il m'a regardé puis il a fait...
Là, il m'a dit, mon prochain film,
c'est sur Delormier.
Il m'a dit, ça te tenterait-tu de le faire?
Oui.
Déjà, il y a eu une espèce de...
Je ne sais pas, il m'a témoigné d'une grande confiance.
Comme on savait qu'on était pour faire Les Patriotes ensemble,
on est resté en contact forcément pour les sept années que ça a pris.
Ça a été super long à financer ce film.
Ça a pris sept ans, il y a eu toutes sortes d'événements.
On a vendu des t-shirts dans la rue, on a fait toutes sortes d'affaires.
À travers ça, on est devenu chum.
Sinon, ça ressemble à quoi une conversation du quotidien avec Pierre Falardeau?
Ah OK, beaucoup de rire.
Beaucoup, beaucoup de rire. Il était très drôle.
C'est sûr qu'on parlait de politique, d'actualité,
mais on parlait de sport, on parlait de cinéma beaucoup.
On parlait beaucoup de cinéma, on parlait beaucoup de jeu.
Il me posait beaucoup de questions sur le jeu.
Ça l'intéressait beaucoup.
Comment tu fais pour aller à telle place?
Comment tu fais pour...
Mais Pierre était fasciné par les métiers, en général. N'importe quel métier. Un
bricoleur, il aurait pu poser des questions pendant... Il était vraiment comme...
L'artisanat de poser de la brique.
Oui, cette affaire-là, il trouvait ça beau. Il trouvait ça très, très beau. Les métiers
les plus simples, les métiers les plus complexes, c'est un gars qui s'intéressait à l'humanité
beaucoup.
Comment est-ce que tu as vécu le moment où tu es devenu
une figure populaire avec Omerta, quelques années plus tard?
Sur le coup, je pensais que j'étais content,
mais en fait, j'étais content, c'est sûr,
parce qu'on veut ça un peu.
Mais cette première année de célébrité-là,
à ce moment-là, quand je la regarde avec le temps qui est passé,
j'ai fait des crises de panique, en fait.
C'est la première fois que j'en parle, mais je n'en ai plus fait depuis.
Mais c'est une année où j'ai fait des crises de panique.
Oui.
Oui. J'ai l'impression qu'il y avait quelque chose qui...
Je veux dire, il y a quelque chose que j'ai eu plus de mal à gérer que je pensais.
Puis, survenaient quand ces crises de panique?
Les crises de panique, ça arrive à tout moment.
C'est pas lié à quelque chose que tu es en train de faire.
Ça peut être que tu es en train d'écouter un film, tu es tranquille,
puis la patate se met à s'emballer,
puis t'as vraiment des symptômes de crise cardiaque.
Fait que c'est ça, j'en ai fait que une,
puis après ça, ça s'est calmé,
puis maintenant, j'en fais plus,
mais c'est l'année où je suis devenu célèbre que j'en ai fait.
Puis qu'est-ce qui provoquait ça?
C'est le simple fait de se faire reconnaître.
Je dis simple fait, c'est pas rien.
Je sais pas, en fait, c'est peut-être le syndrome de l'imposteur,
c'est peut-être même pas lié non plus.
Je ne sais pas.
Ça donne que c'est cette année-là.
Il y avait beaucoup de demandes aussi.
J'étais très sollicité.
Je ne sais pas.
Peut-être que j'étais intimidé par tout ça.
Je ne sais pas trop.
Peut-être aussi que je ne savais pas
comment dealer avec les gens qui m'approchaient
et qui me faisaient des compliments
ou des trucs comme ça.
Je ne sais pas.
Sur le coup, je pensais que je le vivais très bien.
Sauf que là, j'ai remarqué que c'est là
que j'ai fait des crises de panique.
C'est plus tard que j'ai fait.
Il y avait peut-être un lien.
Dans une entrevue en 2012 avec Elle Québec,
j'ai fait mes recherches.
Tu dis, je ne dirais pas qu'il n'y a rien,
si on te demande de dresser la liste des choses que tu ne diras pas,
alors t'écris « Je ne dirais pas
qu'il n'y a rien que j'aime comme jouer,
comme me glisser dans la peau d'un personnage qui me
provoque, me remet en question
et m'amène ailleurs parce que ça va de soi. »
C'est lequel le personnage qui t'a
le plus remis en question?
Je dirais Michel Chartrand. C'est un personnage qui t'a le plus remis en question? Je dirais Michel Chartrand.
C'est un personnage qui m'a vraiment fait découvrir des choses de moi-même
parce qu'il était tellement loin de moi.
Tu sais, comme François Gagnon ou François Pelletier dans Omerta,
c'est plus moi.
C'est les petits bommes.
C'était un peu ça.
C'était comme plus proche.
Mais Michel, c'est un gars avec une bonhomie extraordinaire.
C'est un gars expansif.
C'est un gars qui parle fort.
C'est un gars qui rit.
C'est un jouisseur.
Forcément,
pour le jouer, il faut que j'aille chercher ça
en dedans de moi.
J'étais loin d'être sûr que je l'avais.
Quand Alain Chartrand m'a proposé le rôle,
dans ma tête, ça fait « t'es-tu sûr? » parce qu'il me semble que ce n'avais. J'étais loin d'être sûr. Quand Alain Chartrand m'a proposé le rose, dans ma tête, ça fait
« T'es-tu sûr? » parce qu'il me semble
que c'est pas mon cast.
Mais j'ai découvert que je l'avais.
C'est ça qui est extraordinaire.
Chaque personnage est une clé.
Comme ça déborde
des bouts de toit qui étaient
barrés. Parce que t'as
soudainement la permission
de laisser vivre des choses qui sont
à l'intérieur de toi. T'as la permission
de le faire
sans
danger. Dans un
environnement
contrôlé.
Fait que c'est ça.
Fait qu'il y a des personnages qui te font voyager de même.
Jusqu'à quel point c'est
utile de se documenter, puis dans le cas de Michel Chartrand, je sais que tu l'as. Jusqu'à quel point c'est utile de se documenter,
puis dans le cas de Michel Chartrand, je sais que tu l'as rencontré,
jusqu'à quel point c'est utile dans le travail de comédien
de se documenter sur la vraie personne
qui a été le personnage qu'on aura incarné?
Moi, je pense que c'est extraordinairement utile
si c'est un vrai personnage,
parce que d'abord, ça va te donner des clés de lecture.
C'est sûr.
Le danger, par contre, c'est d'essayer de tomber dans de l'imitation.
Tu ne veux pas faire ça.
Moi, j'avais tout, tout, tout gommé de ce qui existait sur Michel Chartrand.
Mais deux mois avant le début du tournage,
j'ai comme arrêté.
J'ai arrêté de regarder des vidéos.
J'ai arrêté de lire.
J'avais j'avais comme j'avais
j'avais mon sou puis je me suis dit là je vais il faut je reprends de ma liberté puis quand j'ai
commencé à tourner je poussais pas trop le chartrand non plus je suis parti vraiment de
moi puis j'ai laissé comme pousser mais toutes ces affaires là que j'avais vu c'est remonter à
la surface la même affaire avec galant dans confession personnage
très différent de michel chartrand d'ailleurs très différent puis un autre personnage qui m'a
amené ailleurs parce que c'est un personnage qui était oui ok yébeg mais aussi c'est pas un
gars particulièrement intelligent c'était pas un gars c'est un gars qui avait un quotient intellectuel
de 86 il y a pas grand chose pour lui à part d'être un très bon tueur oui c'est ça gars qui avait un quotient intellectuel de 86. Il n'y a pas grand-chose pour lui, à part d'être un très bon tueur. Oui, c'est ça, exactement.
Il est un peu mystérieux parce que c'est un...
Mais je n'aurais jamais...
Si je n'avais pas eu accès à toutes ces entrevues-là de lui,
en fait, ce ne sont pas les entrevues,
c'est les interrogatoires.
C'est une sorte d'entrevue.
C'est des podcasts avec la police.
C'est moins souriant que ce qu'on fait présentement.
Oui, c'est ça.
Mais je ne l'aurais jamais... C'est drôle parce que souvent, tuon fait présentement. Oui, c'est ça. Mais je l'aurais jamais...
C'est drôle parce que souvent,
tu pognes des personnages de l'intérieur.
Comme je disais tantôt, tu te mets à leur place.
Tu crois à leur univers, puis là, ça pousse.
D'autres fois, tu peux les pogner par l'extérieur.
C'est-à-dire que tu fais que tu vas faire comme lui,
puis à un moment donné, ça va rentrer,
puis là, ça va devenir moi, mais moi teinté de lui.
En tout cas, dans le cas de Galant,
je pense que je suis parti un peu plus de l'extérieur. J'ai regardé les interros puis
j'ai essayé de trouver sa voix, son rythme puis à un moment donné c'était là, c'était devenu...
Michel Chartrand ça devait le flatter d'être le sujet d'une série de fictions et que Luc Picard
le joue. Michel il était venu, je me souviens les deux premières semaines de tour. Michel, il était venu,
je me souviens, les deux premières semaines de tournage,
il n'était pas venu.
Ma première journée
de discours,
je la voyais venir,
cette journée-là, parce que j'avais fait
deux semaines de tournage, mais on n'avait tourné aucun discours
encore. Je me disais, les discours, c'est vraiment
la marque de commerce.
Si je ne pointe pas les discours,
j'ai rien. C'est le grand tribun québécois. C'est ça, c'est un des grands
tribuns, avec Pierre Bourgault aussi un grand tribun. La journée de mon premier discours,
il y avait comme 200 figurants, c'était une grande salle. Il était 6 heures le matin,
puis à un moment donné, je l'entends, il était là, au balcon. Fait que là, écoute, j'étais déjà
nerveux avant même de savoir qu'il était là. Fait que là, de savoir qu'il était donné, je l'entends. Il était là, au balcon. Fait que là, écoute, j'étais déjà nerveux
avant même de savoir qu'il était là.
Fait que là, de savoir qu'il était là,
je voulais juste mourir.
Là, soudainement, je suis au théâtre
parce que là, il y avait 200 personnes devant moi.
J'étais sur un stage, puis il y avait Michel Chartrand.
Fait que le track que j'ai pas au cinéma,
soudainement, je l'avais parce que ça devenait
un événement social, veux, veux pas,
parce que j'avais 200 spectateurs, tu sais.
Il y avait 200 figurants.
Puis, j'ai commencé à répéter son discours.
Puis, Michel, il n'arrêtait pas d'être d'accord avec lui-même.
Comme je disais des affaires.
Puis, il sur-encherissait.
Il sur-encherissait, oui.
Oui, exactement, du balcon.
« Ouais, ouais, mon frère, t'as raison, mon frère. »
Puis quand je faisais des blagues, il riait.
Il a fallu qu'on ait dit d'arrêter de faire du bruit.
M. Chartrand, s'il vous plaît.
Oui, parce que là, on faisait des prises,
puis il embarquait ses prises.
Mais il trouvait ça...
Écoute, c'était un homme très charmant.
C'était vraiment un homme...
Une des humanités les plus...
les plus authentiques que j'ai rencontrées
dans ma vie.
Comment t'expliques qu'il ait fait aussi peu
de compromis? C'est peut-être ce qui est le plus admirable
chez lui, qu'il ait jamais
mis un genou par terre,
qu'il ait jamais rendu les armes.
Ouais, il avait...
Je crois qu'il avait pas peur. C'est un gars qui avait pas peur.
Toutes les peurs que nous,
on a, lui, il les avait pas. Puis aussi,est un gars qui n'avait pas peur. Toutes les peurs que nous, on a,
lui, il les avait pas.
Puis aussi,
je pense qu'il aimait la vie. C'est un gars qui aimait la vie,
donc il faisait confiance en la vie.
Il était pas... Il calculait pas les affaires. Il disait pas
« Si je dis ça, ça va être maintenant. » Non, non.
Il disait ce qu'il pensait, puis il pensait ce qu'il disait.
Puis des fois,
écoute, mais c'était un gars
charmant. C'était un gars ch Puis des fois, écoute, c'était un gars charmant.
C'était un gars chaleureux,
drôle.
C'était un moyen personnage.
Donc, en plus de visionner des images
d'archives de Michel Chartrand, tu as passé du temps avec lui
avant le tournage. Oui, oui, je l'ai rencontré avant le tournage.
On est allé souper
en ville.
Puis il est arrivé avec des fleurs.
Pour toi? Non, pour ma blonde de l'époque. Puis il est arrivé avec des fleurs. Pour toi?
Non, pour ma blonde de l'époque.
Puis il récitait du latin.
Il était comme il était.
Il était exactement comme il est.
Il agaçait le patron du restaurant.
Il était parfait.
Il était très impressionnant.
On n'en fait plus, des personnages comme ça?
Non, non.
C'est vrai qu'on en fait plus.
Sûrement qu'on en fait, ils sont quelque part,
mais peut-être qu'ils trouvent ça difficile de trouver leur chemin en ce moment.
Oui. C'est sûr qu'il y en a.
Des personnes flamboyantes, ça existe.
Des personnes qui ont des convictions fortes, ça existe
encore. Mais on a l'impression que l'époque
contribue à les atténuer.
Les tamises, oui, c'est ça.
L'époque les tamise un peu.
Est-ce que c'est vrai que tu as déjà partagé un repas
avec Pierre Falardeau et Michel Chartrand?
Ce n'était pas un repas, c'était un party
chez nous, un party de la veille du jour de l'an.
Il y avait bien du monde,
mais il y avait Michel et il y avait Pierre.
C'est la seule fois dans ma vie où j'ai vu
Pierre un peu gêné.
Parce que Pierre était un peu comme Michel,
tandis que Pierre, il n'était pas... Il était spontané, puis il n'était pas... un peu gêné parce que pierre est un peu comme michel danser comme pierre il était pas tu y
étais de spontanée puis était pas puis avec michel chartrand ce groupe il était juste un petit peu
impressionné qu'un petit peu juste un peu intimidé mais c'était cute de le voir c'était vraiment un
pied les deux ensemble c'était bon ça occupe un. C'est des beaux parties du jour de l'an.
C'est des beaux parties du jour de l'an, oui.
C'était cool, très cool.
J'ai eu la chance de les voir, les deux, en conférence
quand j'étais ado.
C'est des moments complètement transformateurs,
des moments dont je me souviens précisément.
On parlait de Grand Tribun tantôt.
Pierre Falardeau en était un aussi.
Oui, oui, oui.
Mais Pierre m'avait raconté la première fois
qu'il a vu Chartrand.
Pierre était dans un local du FRAP, qui était un parti à l'époque.
Puis Pierre était assis sur une table.
Je ne sais pas quel âge qu'il avait.
Il devait avoir 17-18 ans.
Il était militant.
Puis Pierre était assis sur la table.
Puis Michel Chartrand est rentré dans le local.
Puis il a regardé Pierre qui était assis sur la table.
Puis Michel lui a dit, en pointant
une chaise, il a fait
« Ça, c'est une table. Ça, c'est une chaise. Assieds-toi sur la chaise. »
Pierre s'est assis sur la chaise
sagement.
Ça, c'est drôle.
Qu'est-ce qui se passait dans ta tête
et dans ton cœur lorsque tu as
écrit
le monologue de l'audition,
dans l'audition?
Ah! Je venais de coucher mon gars
pour la sieste d'après-midi.
Puis,
ça faisait un bout de temps que je pensais à ça,
que je me disais, j'aimerais ça,
il écrirait une lettre là pour...
Parce que
je ne peux pas lui communiquer ça en ce moment,
il y a deux ans et demi.
Mais en même temps, on était tellement proches.
Je me suis dit, il va y écrire une lettre et il y en lira quand il aura 15-16 ans.
Donc, tu ne te projetais pas dans ta mort
comme c'est le cas du personnage?
Non, non, non.
J'ai écrit la lettre.
Tout de suite, quand j'ai fini d'écrire la lettre,
j'ai fait, ça ferait un bon début de film, ça.
Je me suis mis à écrire des scènes
le temps de la sieste d'Henri.
Puis je sais pas, ça a déboulé.
J'ai écrit les trois, quatre premières scènes du film
drette là pendant la première sieste.
C'est une sieste très payante.
Très payante, oui, c'est ça.
Mais ouais, c'est vraiment une lettre pour Henri.
Dans ce monologue-là, ton personnage, il dit,
la vie, c'est un mystère.
Il y a juste les grandes personnes qui pensent le contraire.
Puis à la fin de ton autre film, Les Rois Mongols,
il y a une des petites filles qui fait un doigt d'honneur aux adultes
et qui dit « fuck you », essentiellement.
Est-ce que tu as toi-même ce rapport-là au monde des adultes,
l'hypocrisie occasionnelle des adultes?
Oui, un peu, oui. J'ai un petit peu ça.
Ça revient souvent, en tout cas,
parce que j'ai...
J'ai tendance à aller là quand j'écris.
Puis, tu sais, je suis acteur.
C'est sûr que je fais de l'envie de jouer.
C'est comme les enfants font.
C'est ça que les enfants font.
C'est ça que je dis dans le film.
C'est vrai.
J'ai comme l'impression que, tu sais,
la vie t'offre plein de compromis en vieillissant,
puis des fois, il faut que t'en fasses,
mais j'ai l'impression que c'est une bataille
de revenir à la case départ, c'est-à-dire de toujours
essayer de garder la case départ proche,
de rester proche, de quitter vraiment.
Puis quitter vraiment, je pense, c'est quitter
quand t'as 7, 8 ans, c'est pas mal ça que t'es.
C'est vrai, c'est ça que t'es.
Puis après ça, la peur embarque, tu te mets à rire, c'est pas mal ça que tu es. C'est vrai, c'est ça que tu es.
Puis après ça, la peur embarque, tu te mets à rire quand c'est pas drôle.
Je me souviens très bien de la première fois que j'ai vu mon fils rire,
puis je savais qu'il ne trouvait pas ça drôle.
Tu sais, qu'il riait par convention sociale qui est très correcte,
c'est pas grave.
Mais tu fais, OK, c'est moins...
Tu sais, il vient de prendre un petit pas à l'extérieur de lui-même.
Fait que oui, moi, cette affaire-là de vivre les enfants puis abattre les adultes, c'est assez présent chez moi.
Comment ça se manifeste aujourd'hui?
Ça se manifeste tout le temps dans tout ce que je fais, en fait.
Parce que quand tu te retrouves à réaliser un film,
t'es en quelque sorte le patron du plateau.
Donc, t'as pas l'air d'accord. Parce que quand tu te retrouves à réaliser un film, tu es en quelque sorte le patron du plateau. Oui.
Donc, tu n'as pas l'air d'accord.
Oui, oui, oui.
Le patron, je ne sais pas.
Le protecteur, peut-être.
C'est sûr que quand tu es acteur,
tu as plus le rôle de l'enfant, effectivement.
Puis quand tu es réalisateur,
tu as plus le rôle de parent, mettons.
Tu essaies de créer un espace où les enfants...
En tout cas, c'est un peu niaiseux de dire,
mais où ils vont se sentir libres,
pis ils vont pouvoir être juste vrais.
Pis c'est ce que je dis tout le temps à mes acteurs,
je leur dis tout le temps, donne-moi pas ce que t'as pas.
Pis justifie pas le fait que je t'ai pris.
Je t'ai pris si je t'ai pris.
Je t'ai choisi comme comédien ou comme comédienne.
T'as pas à le justifier, t'as pas à me prouver que j'ai eu raison.
T'as pas à me prouver rien, en fait. T'as juste à t'amuser et à te faire confiance.
Fait que c'est un peu ça la dynamique quand je réalise.
Parce que ça arrive qu'un acteur sur un plateau tente de te convaincre que t'as pris la bonne
décision en l'engageant.
Ouais, ben tu sais que tout le monde est... T'essaies de filer les gens parce qu'il y
en a qui sont... Tu vas le voir qu' sont terrorisés. Ils vont faire une première prise.
Tu sais qu'ils sont à côté de leurs souliers.
Ça fait que là, tu...
Ça sert à rien de leur dire que t'es à côté
de tes souliers. Tu vas pas faire ça.
Tu essaies de construire leur confiance
pour qu'ils puissent faire l'affaire
que, dans le fond, une fois relax,
une fois détendu, ils vont faire comme les doigts
dans le nez, là, tu sais. Mais cette espèce
d'appréhension-là, elle est...
Surtout pour ceux qui viennent faire des
rôles où ils ont juste deux jours de tournage
ou trois journées de tournage. Ceux qui sont là tous les jours
sur le plateau, ils finissent
par se détendre.
Parce qu'ils finissent par se sentir
dans un environnement qui est safe, qui est sécure
pour eux. Puis c'est
beaucoup plus facile dans quelque part. Mais quand
tu viens juste pour une journée, puis t'as juste une scène, mais c'est une grosse scène, c'est pas év facile dans quelque part. Mais quand tu viens juste pour une journée,
et que tu as juste une scène, mais c'est une grosse scène,
ce n'est pas évident d'être relax.
Mon travail à moi, c'est d'essayer de détendre la personne
pour qu'on puisse avoir un moment de bon travail et de plaisir.
On n'est pas là pour souffrir. Je ne veux pas faire souffrir personne.
Puis toi, quand tu es simplement,
je viens de faire un signe de guillemets,
simplement comédien,
est-ce que tu arrives à avoir toute cette sagesse-là
que tu tentes d'inculquer aux comédiens
avec qui tu travailles lorsque tu es réalisateur?
Oui, j'essaie de me protéger moi-même
si besoin est.
C'est parce que j'essaie de me créer moi-même
mon espace sécurisé, si tu veux.
En vieillissant, c'est plus facile
parce que j'ai quand même fait pas mal de plateaux,
j'ai quand même fait pas mal de rôles.
Il y a comme une petite base de confiance que j'ai.
Mais j'essaie de me donner la permission
et j'essaie de ne jamais oublier que quand...
Une fois que tout le monde a arrêté de travailler
et que le réalisateur dit action,
ça m'appartient.
Le plateau est à moi.
Il est vraiment à moi.
Il ne faut jamais perdre ça de vue
parce qu'il faut que ton personnage puisse respirer,
puisse vivre, puisse être libre.
C'est à partir de là où c'est intéressant.
Ça ne se calcule pas.
Ça ne se calcule pas et tu ne peux pas dire
« je vais le faire demain ». Non, il faut que tu sois vivant
dans la situation.
Puis là, tu vas te mettre à dire des affaires
que tu n'as même pas prévu de dire, que tu n'avais pas
prévu de dire. Ce n'est pas ce que tu veux dire qui est le plus intéressant,
c'est tout le temps ce que tu dis sans t'en rendre compte
qui est le plus intéressant.
Il faut essayer de créer cette liberté-là.
Puis pour avoir la liberté, il faut se sentir safe.
Tu parlais des compromis tantôt qu'on fait parfois
lorsqu'on devient un adulte.
As-tu l'impression d'en avoir...
De l'extérieur, on n'a pas l'impression que t'es le gars
au Québec parmi la communauté des comédiens
qui a fait le plus de compromis.
As-tu l'impression d'en avoir fait?
Bien, j'en ai fait quelques-uns, surtout
pour des raisons alimentaires, des fois.
Parce qu'il faut être responsable quand même.
Mais j'essaie de garder ça un minimum
pour vrai. J'essaie de garder ça un minimum.
C'est pas par prétention, c'est juste parce que
je prends soin de mon instrument, on dirait que c'est un peu ça.
Puis mon instrument, c'est moi.
Si je me compromets trop, je vais me perdre.
Je ne saurais plus pourquoi je fais le métier.
Je ne saurais pas pourquoi je fais ça.
Mon instrument va être un peu plus magané maintenant.
Lorsque tu es obligé d'accepter un rôle
parce qu'il faut être prudent,
comment est-ce que tu l'abordes?
J'essaie de le voir dans...
Je pense qu'il faut être réaliste. il faut être conscient du projet dans lequel tu es.
Si tu es dans un projet et que tu sais que ce ne sera pas le bout,
tu essaies de t'amuser là-dedans, d'être humble,
puis d'aller chercher ton fun pareil,
puis de faire le meilleur job que tu peux dans les circonstances.
Mais tu sais très bien qu'au final, il ne faut job que tu peux dans les circonstances.
Mais tu sais très bien qu'au final, il ne faut pas que tu te fasses de faux espoirs.
Ça ne sera pas
fort, fort, ce projet-là.
Mais bon, ça arrive. Ils ne peuvent pas tous être...
Ils vont avoir des mauvais projets.
Puis sur un plateau,
quand on tourne une de ces émissions-là,
est-ce que tout le monde le sait qu'on est en train de faire
quelque chose qui ne sera peut-être pas si bon que ça,
mais il faut le faire.
Tout le monde finit par le savoir.
Moi, je suis un des premiers à le savoir.
Je le sais pas mal vite.
Les gens, ils mentent.
Je me suis fait une conversation des fois.
Oui, mais ça va peut-être...
Non, non, ça ne sera pas...
Non, non, ça ne sera pas bon.
Il n'y a pas de miracle dans la vie.
Non, non, non.
Le plus récent film dans lequel tu as joué,
Chez les beaux-parents,
ça entrerait dans quelle catégorie
parce que c'est assurément un film plus léger
c'est plus léger que Cocteau
c'est sûr mais c'est
c'est quand même un film amusant
c'est un film amusant pis les gars étaient tellement attachants
je parle des deux réalisateurs
James pis ils étaient tellement attachants
tellement amoureux du Québec
pis c'était une belle gang
c'était correct c'était une belle gang. Ça fait que oui, c'était correct.
C'était sympathique.
Puis tu joues le père d'Évelyne Brochu.
Est-ce que tu en as joué pas mal des pères jusqu'à maintenant?
J'imagine que ça va arriver de plus en plus souvent.
Parce que j'ai l'âge que j'ai.
Est-ce que tu aimes ça vieillir?
Ah ben non, c'est sûr que non.
Y'a-tu qu'il y a...
Non, non, non, j'aime pas ça.
Mais en même temps, oui, il y a quelques avantages. Y'a-tu quelque... Non. Non, non, j'aime pas ça, mais en même temps,
oui, il y a quelques avantages, mais il y a surtout des... Mais je passe pas mon temps de pas aimer ça.
Je veux dire, j'en fais pas un drame.
Ça nous arrive à tous,
puis il faut essayer de tirer le meilleur de ça,
du fait de vieillir.
Faut surtout pas commencer à essayer de bloquer le vieillissement
ou essayer de faire semblant.
Tu sais, c'est comme, ça va, là, tu sais.
Mais c'est sûr que, tu sais, idéalement,
j'aimerais mieux avoir 20 ans, tu sais.
Idéalement.
Puis quand t'avais 20 ans, est-ce que t'aimais ça vieillir?
J'ai jamais aimé ça vieillir.
T'as jamais aimé ça?
Non.
Non.
Je me souviens pas d'une fois où j'ai aimé ça vieillir.
Parce que plus, évidemment, tu te rapproches
d'une certaine chose qu'on appelle la mort.
Oui, qui est une réalité à laquelle on ne peut échapper.
Je suis contre ça, la mort.
Fait que non, je ne trippe pas trop.
Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
Je suis contre la mort.
C'est comme une blague.
Je ne suis pas un gros fan de la mort.
Comme dirait Woody Allen.
Woody Allen, qu'est-ce que c'est? Il disait, il n'a pas peur de la mort. Je ne suis pas un gros fan de la mort. Comme dirait Woody Allen. Woody Allen disait,
il n'a pas peur de la mort,
je ne veux juste pas être là quand ça va arriver.
C'est drôle, celle-là.
Je n'ai pas peur de la mort.
Ça, ça peut se mourir dans son sommeil,
c'est en quelque sorte pas être là quand ça arrive.
Effectivement, ça, c'est la plus belle.
Mais est-ce que tu y penses beaucoup?
J'y ai toujours pensé.
Ça fait partie de mes pensées quotidiennes toujours.
La mort est présente.
Je suis très conscient que tout ça est très temporaire.
Puis devenir père, est-ce que ça a transformé ton rapport à cette grande chose-là?
Oui, parce que c'est un peu de ça que ça parle l'audition.
C'est que comme on fait pour se survivre?
Il y a évidemment l'art.
Pour moi, l'art, c'est comme un graffiti sur un mur.
Luc était là.
Puis il y a les enfants, c'est sûr,
parce que les enfants, ça perpétue.
C'est de la vie.
Oui, ça aide, je trouve, à accepter le cycle des choses.
Est-ce qu'il y a quelque chose de spirituel dans le jeu?
Presque. Il me semble pas loin, en tout cas.
Il y a quelque chose qui est difficile à expliquer.
Parce que des fois, tu fais des choses
et tu sais pas comment tu les fais.
Mais je pense que c'est juste...
On pourrait partir du principe que quand je joue,
j'essaie de te faire croire, toi, spectateur, quelque chose.
Mais c'est pas vrai.
J'essaie de me faire croire quelque chose.
Pis moi, si j'y crois, toi, tu vas embarquer,
parce que ma réaction, elle va être juste.
Pis c'est particulier à quel point le corps suit,
à quel point...
tu imagines quelque chose, puis ta réaction,
l'émotion vient, elle vient, comme si
cette chose-là était réelle. Tu peux
berner ton corps, c'est comme tu le bernes
un peu, puis
c'est fou. Je ne sais pas
si c'est spirituel, mais c'est
magique. C'est magique
parce que...
parce que ça se calcule pas.
Dis-toi que si t'arrêtes de trouver la vie mystérieuse,
c'est parce que tu joues fessier.
Ça, c'est une des grandes lignes de l'audition.
Ouais.
Qu'est-ce que tu trouves mystérieux dans la vie?
Ben, la vie, c'est mystérieux.
La vie, c'est mystérieux à tellement, tellement...
Fait que quand t'arrêtes de la trouver mystérieuse,
c'est parce que tu risques vie c'est mystérieux. Quand tu arrêtes de la trouver mystérieuse, c'est parce que tu ne risques plus,
tu ne prends plus de chance,
tu restes dans des sentiers battus.
Tu restes en même place.
C'est ça qui fait que tu ne la trouves plus mystérieuse.
C'est parce que tu joues au fessier,
tu ne risques pas.
Dès que tu te remets à risquer,
il va y avoir des gros bouts que tu ne comprendras pas.
Mais c'est sûr que si tu utilises tout le temps
la même route à toi, les mêmes rues, les mêmes affaires, à un moment donné, il n'y a plus de mystère parce que tu esras pas. Mais c'est sûr que si tu utilises tout le temps la même route à toi et Jo, les mêmes rues,
les mêmes affaires, il n'y a plus de mystère
parce que tu es tout le temps dans la même routine.
Puis tu ne te fais plus peur.
C'est dans ce sens-là que la France va.
C'est lesquels les risques que tu prends ces temps-ci?
Écoute, moi, de...
Juste, mettons d'avoir décidé d'écrire un film dans le temps,
juste de devenir acteur, c'était un risque.
J'ai écrit une lettre récemment
dans la presse pour la Palestine,
c'était comme un risque, parce que, bon,
c'est pas des grosses affaires, mais
j'avais un professeur de voix au conservatoire qui disait
« Essayez de vous faire peur une ou deux fois
par jour. » Fait que comme acteur, c'est la même chose.
J'essaie de, tu sais,
on n'a pas le contrôle sur ce qu'une zette va faire,
mais j'essaie tout le temps de prendre des rôles
où je me dis, mon Dieu,
je vais peut-être me péter la gueule avec ça.
Gérald Galland, c'était ça.
Je me dis, ce n'est pas évident
de jouer Gérald.
Tantôt, tu décrivais le personnage.
C'est un gars plate. Comment faire un bon film
à partir d'un gars plate?
Oui, c'est ça. Ce n'était pas évident.
Il faut qu'il soit plate. Il faut qu'on comprenne qu ça. C'était pas évident. Il faut qu'il soit plate.
Il faut qu'on comprenne qu'il soit plate, puis en même temps, il faut qu'il soit
intéressant.
C'était particulier, tu sais.
Puis il y avait aussi le bégayement, qui est pas
une chose si évidente à maîtriser.
Fait que, oui, t'essaies de te faire
peur, puis c'est ça qui fait que tu découvres des choses.
C'est ça aussi qui fait que tu restes en vie, tu sais.
C'est ça qui fait que le temps passe moins vite.
Parce que je pense que le temps passe plus vite
quand on fait tout le temps la même affaire.
Ça fait qu'on vieillit plus vite
pour venir à l'autre affaire de tantôt.
Oui, puis quand on se fait un peu peur,
une fois qu'on accomplit cette chose-là
et qu'on se rend compte que ça a fonctionné ou pas,
qu'on a survécu, qu'on est encore en vie,
c'est sûr que c'est plus le fun quand ça fonctionne,
mais on se sent encore plus vivant après.
Oui, et pendant.
Oui. C'est ça. Tu saisest plus le fun quand ça fonctionne, mais on se sent encore plus vivant après. Oui. Et pendant. Oui.
C'est ça.
Tu sais, les kids, en tout cas,
puis aujourd'hui, malheureusement,
mais nous autres, quand on était kids,
on jouait dans des maisons en construction.
On risquait littéralement notre vie.
Bon, je dis pas qu'il faut faire ça,
mais les enfants, ils font des choses...
Tu sais, on a oublié à quel point
les enjeux sont dramatiques quand t'es kid
puis tu joues dans le court.
Maintenant, c'est vrai qu'ils sont un peu surprotégés,
mais ça n'a pas toujours été comme ça.
Je pense que le risque, de s'habituer au risque,
c'est une bonne façon de rester en vie.
Pourquoi est-ce que c'est si risqué que ça
de prendre position au sujet de ce qui se passe en Palestine?
Il me semble que ça ne devrait pas l'être tant que ça,
dans le sens où c'est l'horreur pure.
Oui, c'est les perceptions. Oui, c'est l'horreur pure, effectivement. Ça ne devrait pas l'être tant que ça, dans le sens où c'est l'horreur pure. Oui, mais c'est les perceptions.
Oui, c'est l'horreur pure, effectivement.
Ça ne devrait pas l'être.
Il n'y a pas de raison.
Je sais, aux États-Unis,
c'est, je pense, beaucoup plus risqué qu'ici.
C'est les perceptions, je pense.
C'est juste aussi les gens
qui ne sont peut-être pas conscients
de ce qui se passe, qui ne sont peut-être pas conscients de ce qui se passe,
qui ne sont peut-être pas conscients d'où c'est parti,
de toute l'histoire.
Ça fait que tu risques tout le temps de vexer du monde.
Le risque est là de vexer du monde
et de te faire un peu détester par ces personnes-là.
Est-ce que c'est arrivé à la suite de la publication de ta lettre?
Non, pas non.
Dans ta lettre, on sent aussi que tu mets
plusieurs paires de gants blancs pour
bien faire comprendre aux gens.
Oui, mais ce n'était pas juste pour me protéger.
C'était vraiment aussi parce que je pense que c'est la bonne approche.
Je pense que ce n'est pas un concours d'humanité.
Toutes les humanités se valent.
C'est la bonne approche d'avoir un discours
qui soit rassembleur.
Oui, ouvert, tu sais.
Ouvert, puis...
Je me suis concentré beaucoup sur
les chiffres dans ma lettre.
Les statistiques.
Parce que... C'est une lettre qui était très bien documentée.
T'as bien fait ton travail de journaliste.
Mais c'est parce que
les chiffres parlent, tu sais. Parce que les...
Les chiffres sont
indéniables.
Ils parlent de quelque chose d'assez atroce.
Mais pourquoi est-ce que tu as décidé de publier cette tête-là
alors qu'à l'échelle de l'horreur qui se produit présentement,
l'impact que ça peut avoir est somme toute minime?
Oui, on m'a posé cette question-là, mais c'est un peu le même.
C'est sûr que c'est minime, mais c'est sûr que ça ne sert pas à grand-chose,
mais ça ne sert pas tout à fait à rien. Rien faire, ça ne sert à rien. Ça, c'est sûr que c'est minime, mais c'est sûr que ça ne sert pas à grand-chose, mais ça ne sert pas tout à fait à rien.
Rien faire, ça ne sert à rien.
Ça, c'est sûr.
Fait que, une petite lettre de même, une autre petite lettre à côté.
Puis, c'est un peu comme le principe,
si tu as 1000 personnes dans un parc, puis chacun ramasse un bout de papier,
bien, il n'y aura plus de papier à la fin de la journée.
Fait que, l'idée, c'est de participer à la mobilisation
de l'opinion publique occidentale, notamment.
Donc, ici, c'est l'opinion publique
québécoise, mais parce que je pense
que c'est l'opinion publique occidentale
qui est le meilleur espoir
pour arriver à une résolution là-bas.
Je pense qu'à partir du moment où
l'opinion publique occidentale va être mobilisée,
ça va coûter
trop cher à nos politiciens de ne pas agir en fonction de l'opinion publique occidentale va être mobilisée, ça va coûter trop cher à nos
politiciens de ne pas agir
en fonction de l'opinion publique.
On peut penser que l'opinion publique a eu un impact
sur les récentes décisions que le gouvernement canadien
a pris en regard de son soutien
au gouvernement d'Israël.
Est-ce que tu as l'impression
que les artistes, présentement, hésitent davantage
à prendre position
sur cet enjeu-là, il est particulièrement sensible,
mais sur n'importe quel enjeu
qui l'est un petit peu délicat.
Je pense que oui, parce que
on en a parlé tantôt, il y a une espèce de climat
où
c'est comme on a moins
le droit à l'erreur qu'avant.
J'ai déjà écrit, je pense que tu en parlais
de Pierre, je préfère quelqu'un
de sincère qui se trompe des fois
que quelqu'un de menteur qui a toujours raison.
Mais c'est vrai, on est un peu à l'époque
des menteurs qui ont toujours raison.
Si t'es condamné à toujours dire la bonne affaire,
tu te checks tout le temps.
Si tu te checks tout le temps,
l'humanité, c'est tellement fait de contradictions.
C'est ça qui est beau, d'ailleurs.
Il y a des parts de laideur, des parts de beauté,
mais c'est sûr qu'on peut pas le nier,
les gens, ils font plus attention.
Parce qu'il y a aussi le fait que tout est éternel,
parce que tout est sur Internet ou sur YouTube.
Donc, il y a tout le temps ce danger danger là que tu te ramasses dans une espèce
de de mime quelconque ouais que tu as signé la mauvaise affaire et que ça tue pour le reste de l'éternité
comment est-ce que ça touche personnellement ce qui se passe en palestine ah moi ça me brise le
coeur j'ai honte un peu puis j'ai honte parce que je trouve que c'est toute notre responsabilité.
J'ai honte qu'on en soit encore là.
Ça me brise le cœur.
Peut-être parce qu'en particulier celle-ci,
parce que la moitié de la population a en bas 18 ans.
Ça me brise le cœur.
Je trouve ça épouvantable.
Je trouve ça triste.
Je trouve ça enrageant.
Je trouve ça...
Le silence occidental m'étonne beaucoup.
Je fais, voyons, comment ça fait qu'on n'en parle pas plus?
Je ne comprends pas.
Il y a eu le massacre de la farine il y a deux semaines.
On en a vaguement parlé.
Puis tu fais, non, mais attends.
Ils ont comme tiré sur du monde
qui se précipitait vers un camion d'aide humanitaire.
C'est...
C'est horrible.
Fait que oui, ça me brise le cœur.
Ça me brise le cœur.
Quand est-ce que tu penses,
que tu repenses à ton ami Pierre Falardeau?
Bien, je pense souvent à Pierre.
Mais souvent, quand l'actualité me rend fou,
pour toutes sortes de raisons,
je m'ennuie de lui parce qu'on se parlait au téléphone,
on était placoteux, moi et Pierre,
ça faisait du bien d'avoir quelqu'un
avec qui partager mes réactions
face à une actualité qui, des fois, me fait capoter.
Est-ce que tu es encore souverainiste?
Oui. Oui? Oui.
Oui?
Oui.
As-tu une suite?
Non, mais j'ai l'impression que le projet souverainiste
a peut-être pris un tournant au cours des dernières années,
un tournant peut-être un petit peu plus identitaire.
En tout cas, ce courant-là est davantage présent
au sein du mouvement souverainiste qu'il a été. Oui, peut-être que petit peu plus identitaire. En tout cas, ce courant-là est davantage présent au sein du mouvement souverainiste
qu'il a été.
Oui, peut-être que ça se peut.
Mais moi, je ne suis pas souverainiste identitaire.
J'ai toujours été souverainiste
sans être... Je ne suis pas nationaliste.
Je n'ai jamais été nationaliste.
Je ne suis jamais été un rah-rah-rah
Québec.
Mais c'est juste que j'ai l'impression
que c'est l'affaire logique et normale à faire.
Puis j'ai de la misère à imaginer...
J'ai de la misère à ne pas voir
une espèce d'étiolement de notre culture
en dehors de ça.
C'est quand même vrai que,
si on pense juste au cinéma québécois,
il y a eu quelques succès
récemment, puis on peut s'en réjouir.
Mais on a l'impression qu'au cours
des 15-20 dernières années,
le cinéma québécois a perdu
beaucoup de terrain.
Oui, ça a repris un peu depuis deux ans.
Il y a beaucoup de travail
à faire. Mais ce qui m'inquiète
le plus en ce moment, c'est la télé, parce que la télé,
ça a toujours été comme la place
où les Québécois se...
Tu sais, c'était vraiment comme un gros pôle.
Mais maintenant, elle est tellement morcelée,
puis les jeunes,
bien, les jeunes, je pense,
ne regardent pas bien nos affaires.
Ça fait que ça, c'est problématique.
Je ne sais pas s'il faut recommencer
à faire des émissions je jeunesses un peu plus...
Parce que si tu vas les chercher
quand ils ont 5-6 ans,
c'est difficile. C'est sûr que c'est difficile.
Mais c'est vrai que le pouvoir de la télé est immense.
On parlait d'Omerta tantôt.
Avant de tourner dans Omerta, tu étais un peu connu,
mais pas tant que ça.
Après 2-3 épisodes,
tout le monde savait qui tu étais.
Tu es les Québécois francophones.
Dans ce temps-là, c'était du 2 millions de cas d'écoute.
C'était fou.
Puis aussi, l'effet de ça,
on n'a plus ça maintenant,
mais tu écoutais un show
et tu savais que partout autour de toi,
il y avait du monde qui écoutait le même show
en même temps.
Ça, c'est l'expérience du collectif.
Je me souviens quand il y a eu les séries
d'hockey il y a deux ans
et qu'ils sont allés en finale.
On s'en souvient.
On s'en souvient parce que c'est la seule fois.
Mais mon gars
et d'autres personnes jeunes
de même, ils ont trippé parce que c'est la première
fois qu'ils vivaient ça, de regarder un match live
en direct et de savoir que les voisins
regardent le même match et d'entendre les voisins
crier quand il y a un but,
d'avoir l'impression de faire partie
de quelque chose de collectif.
Un, ça nous manque
émotivement, je pense. Puis je pense
que malheureusement,
toutes les plateformes,
les téléphones, l'Internet,
ça nous divise.
Ça fait plein d'îlots.
Puis diviser pour
régner, ça fait de nous des très bons consommateurs.
Oui.
Je veux te dire à quel point t'es beau.
Je te dis pas ça à toi, Luc, présentement,
je cite encore une fois l'audition.
Je veux te dire à quel point t'es beau,
à quel point t'es une splendeur,
à quel point t'es la seule affaire dans ma vie
qui m'a un peu fait croire en Dieu.
Est-ce que tu crois un peu en Dieu?
Oui, un peu, oui.
Un peu?
Oui.
Beaucoup à cause de mon gars, c'est sûr.
Mais...
Et aussi d'autres choses.
Il y a des affaires des fois qui sont étonnantes.
Il y a de la musique des fois qui est étonnante.
Et des fois, il y a des choses...
Je ne sais pas ce que ça serait que Dieu,
mais je crois en la beauté.
Et le contraire aussi.
Parce que quand je suis allé
à...
J'ai passé trois mois au Rwanda,
à Kigali, pour faire un dimanche à Kigali.
C'était dix ans après le génocide.
Puis, tu le sens.
Physiquement,
dans les rues, tu le sens.
Chaque personne que tu rencontres
a soit participé à des meurtres.
Puis, c'était tellement généralisé puis c'était tellement une folie.
On parle de 800 000 personnes en trois mois assassinées.
Tu fais comme, c'est trop, c'est comme trop.
C'est quasiment du génie de malin.
Fait que t'as les deux.
Puis quand t'écoutes du Bach, c'est trop beau, c'est trop parfait.
Il y a quelque chose qui passe en lui, c'est sûr.
Ou des pièces de théâtre, ou des morceaux, des fois, tu fais, il y ya quelque chose qui passe en lui c'est sûr ou des pièces de théâtre ou des morceaux des fois tu fais il ya quelque chose qui passe à travers
l'artiste et moi je suis ami que serge fiori on parle souvent de tuer une parle de ce que si les
canaux sont ouverts il ya quelque chose qui passe à travers toi puis c'est le c'est l'oeuvre devient
devient forte fait que je crois ça à cette affaire là pour le reste le reste, un homme avec une barbe blanche dans le ciel,
pas sûr, mais il y a quelque chose.
Il y a probablement quelque chose.
On est tous fiers de nos enfants
quand ils font des dessins
qui ne sont pas nécessairement beaux.
Quand ils font plein de choses, en fait,
ça nous rend fiers.
Quand ils attachent leurs lacets pour la première fois,
ils zippent leurs manteaux.
Je parle de mon expérience parce que ma fille a trois ans.
C'est comment de
voir son fils jouer dans un film?
C'est
bouleversant. Pour vrai, c'est bouleversant.
Tu passes par tout ça. D'abord,
tu regardes ton fils acteur,
puis en même temps, tu regardes le personnage parce que
il devient le personnage. Dans
les bouts où le personnage en arrache, tu fais « Oh non, non! »
Tu embarques au bout émotivement dans l'histoire.
Puis j'étais nerveux.
Il a fallu que je regarde le film deux, trois autres fois pour vraiment l'apprécier
parce que j'étais trop nerveux.
Donc tu as vu « Le plongeur » plusieurs fois.
Plusieurs fois.
Le soir de la première, ça m'a complètement...
Je ne sais pas, il y a eu une espèce de réaction.
Dès que je suis arrivé, je suis allé voir Henri,
après, en coulisses, puis je suis parti abroyer.
Je ne sais pas de quoi,
mais il y avait beaucoup, beaucoup d'émotions.
Voilà, c'est ça que ça...
C'est une très pauvre description, ce que j'en fais,
mais hormis que c'était intense,
et je ne comprends pas exactement tout ce que ça représente.
Mais oui, la fierté, c'est sûr,
mais on est tous fiers de nos enfants.
Mais je ne sais pas.
J'étais vraiment juste bien amoureux, mettons.
Je trouve ça beau que tu t'autorises à employer ces mots-là.
Ça ne fait pas si longtemps que ça
qu'on s'autorise, lesorises à employer ces mots-là. Ça fait pas si longtemps que ça qu'on s'autorise,
les gars, à employer ces mots-là.
Dans l'audition, tu dis...
Le père dit à son fils, je te trouve beau,
t'es beau, je suis amoureux, je t'aime.
Oui, il faut le faire.
Il faut le faire, puis il faut pas arrêter.
Moi, je me suis dit ça parce que c'était facile au début.
En tout cas, là, il veut plus que je l'appelle bébé.
Je l'appelle plus bébé.
Mais je me suis dit, il faut jamais, jamais, jamais...
Il faut continuer les becs, les câlins,
puis les mots doux, puis les mon amour.
Il ne faut juste pas...
Parce que les distances peuvent se creuser très vite.
Ça fait que oui, c'ait que, ouais, il faut...
C'est comme un muscle, il faut le pratiquer.
C'est vrai qu'il y a une pudeur qui s'installe des fois,
puis on a de la difficulté à se l'expliquer.
Oui.
Mais si t'as laissé pas s'installer,
je pense que t'auras pas...
Mais si, à un moment donné, ça fait 4 ans
que t'as pas dit mon amour, t'as pas dit je t'aime,
soudainement, ça prend un poids inutile, en fait.
Est-ce que tu l'as toujours soutenu dans son désir de jouer, ton fils?
Est-ce que ça t'a inquiété un peu?
C'est sûr que ça m'inquiète.
On est des parents, ça fait que...
Tout nous inquiète.
Tout nous inquiète, tu sais.
Mais oui, Henri, clairement, avait un tempérament artistique très, très jeune.
Il est musicien aussi, puis voilà, c'est ça.
Ça fait que oui, je l'ai toujours sout soutenu et je vais toujours le soutenir.
Je vais toujours être inquiet.
Est-ce que vous avez déjà
reçu des offres pour un film
qui vous réunirait les deux
dans lequel vous seriez les deux stars?
Ça me semble que ce serait une bonne idée.
Ce serait cool. Non, pas pour l'instant.
Pas pour l'instant.
Mais c'est un beau rêve.
Tu parlais de choses qui restent à faire.
Ce serait vraiment un beau rêve.
J'irais voir ça, moi.
T'es bien gentil.
Merci, Luc, d'avoir pris le risque de participer à cette entrevue.
Merci, Dominique. Ça a été un plaisir.
Merci beaucoup.