Juste entre toi et moi - Marcel Sabourin

Episode Date: March 14, 2024

Avec Marcel Sabourin, tout est fou, mais tout se tient. Le légendaire acteur nous accueille chez lui, le temps d’une véritable leçon d’émerveillement, durant laquelle il est ques...tion de son rejet catégorique de la médisance, des chansons qu’il a écrites pour Robert Charlebois et du mystère inouï de la vie.

Transcript
Discussion (0)
Starting point is 00:00:00 Salut, ici Dominique Tardif. Ah, bienvenue. À juste entre toi et moi, bienvenue à juste entre toi et moi, c'est Thierry Baladeau qui prend de plus en plus souvent la route, parce qu'après être allé à Québec il y a quelques semaines pour rencontrer un certain Robert Lepage, dit Bob Lepage, c'est à Belleuil
Starting point is 00:00:31 qu'on est allé, le réalisateur Jean-Michel Bertiaume et moi. On a eu le plaisir d'être accueillis à Belleuil par Marcel Sabourin. Il nous a accueillis dans sa magnifique maison au bord de la rivière Richelieu. C'est une maison qui habite depuis une soixantaine d'années. Une maison où ses quatre fils ont grandi, une maison dans laquelle les murs sont couverts
Starting point is 00:00:48 des œuvres de son épouse Françoise, dont on a aussi eu la chance de faire la rencontre. Marcel Sabourin est la vedette d'un documentaire qui paraît le 15 mars et qui s'intitule Au bout du rien, pas en tout, c'est un film réalisé par son fils aîné, Jérôme Sabourin. On dit documentaire, mais c'est davantage un portrait, un portrait très éclaté à l'image de l'homme. J'ai parlé brièvement avec Jérôme et il m'a dit cette phrase que j'aime beaucoup.
Starting point is 00:01:13 « Avec mon père, tout est fou, mais tout se tient en même temps. » Et c'est ce que vous allez constater dans quelques instants. Le temps que je vous dise que pour en savoir plus sur la création de ce film et sur les coulisses de ma rencontre, vous pouvez lire mon article dans La Presse Plus, sur lapresse.ca ou dans votre téléphone sur la presse mobile. Et si vous avez aimé cet épisode, vous pouvez nous laisser une bonne note ou un commentaire sur Apple Podcast. Et voici mon entretien réalisé dans sa salle à manger
Starting point is 00:01:41 autour de deux petits verres de vermouth avec l'éternel Marcel Sabouré. et moi pour une fois ça reste entre toi et moi quand je crierai, je me mettrai comme ça est-ce que ça vous arrive ça de crier Marcel? attention
Starting point is 00:02:24 provoque-moi. Oui, j'avais d'ailleurs, il y a une cabane au fond du jardin et j'allais, quand on avait des enfants, moi je suis fils unique, puis tout à coup on a un gars, tout à coup on a deux gars, tout à coup on a trois gars,
Starting point is 00:02:42 tout à coup on a quatre gars. Vous le dites comme si c'était des accidents, mais vous étiez consentant. Bien oui, bien sûr, mais ça ne fait rien. J'ai jamais connu ça. J'ai jamais connu ça, puis ça fait bien des gars. Puis ils étaient élevés très lousses, très, bon, ils pouvaient dire
Starting point is 00:02:57 ce qu'ils voulaient, puis quand ils le voulaient, il y avait très peu de règles. Il n'y avait que quelques règles très objectives, mais c'est tout. Le reste, c'était la grande débandade et le grand fun. Alors, évidemment que moi, j'avais à écrire des textes pour Larry Boulding, pour Cy, pour ça, pour Radio-Canada,
Starting point is 00:03:14 de toutes sortes d'affaires. Ou j'avais à les apprendre. Alors, il me fallait un petit peu de tranquillité. C'est vrai qu'on se fait construire une cabane dans le fond du jardin. Et entre autres, j'est vrai qu'on se trouvait avec une cabane dans le fond du jardin. Et entre autres, j'avais un punching ball.
Starting point is 00:03:29 Et ça, ça a sauvé ma vie. Parce que j'étais devenu tellement... Bon, quand les... Moi, je suis fils unique, alors donc, quatre gars qui gueulent tout le temps, puis qui se pichent, puis ils envoyent ça à la table, puis on les élevait très librement. Alors moi, à un moment donné,
Starting point is 00:03:45 j'en pouvais plus. Alors je m'en allais dans la cabane, et puis là, le punch... Patata, patata, patata, patata. J'étais devenu dangereux. Il n'aurait pas fallu... Il n'aurait pas fallu que quelqu'un m'attaque. Oui, oui, parce que... Ah non, j'étais dangereux. Et puis maintenant,
Starting point is 00:04:01 je n'ai plus besoin de ça. Mais la cabane existe toujours. Le punching ball est complètement déstouflé. Et c'est ça. C'est la vie. C'est ainsi. Ça se passe. Ça arrive. Puis tu meurs. Non, mais c'est dans pas longtemps.
Starting point is 00:04:20 Je veux dire à l'âge que j'ai. Il ne faut pas exagérer. J'ai 90 ans bientôt. Vous avez 88? 89. 89? Oui, oui, oui. Puis là, 90, un instant.
Starting point is 00:04:32 Ma grand-mère est morte à 98. Elle voulait mourir à 100 ans. Puis là, elle ne savait pas. Elle ne savait à peine lire. Elle ne savait pas écrire. Puis là, elle disait, bien là, j'ai 100 ans. Il est temps que je me...
Starting point is 00:04:44 Non, non, ma mère, vous avez pas 100 ans, vous avez juste 97. Ben voyons donc, ça fait assez longtemps, puis elle se met en maudit. Vous me mentez, vous êtes des menteurs. J'ai 100 ans. Bon, puis je peux mourir en paix. Ben non, ma mère, vous avez pas 100 ans, con. Elle me montre à 98.
Starting point is 00:05:01 Oui. Est-ce que ça vous intéresserait, la vie éternelle? Si c'était possible? Ben, quelle sorte? C'est tout. C'est la seule question. Rester sur Terre pour toujours? De la façon dont ça va, n'importe quand
Starting point is 00:05:16 je signe ça, mais je dirais, j'aimerais dans 3000 ans pouvoir revenir sur ma décision. Tu sais? Mais ça me prendrait un maudit bout de temps pour me tanner. Parce qu'on a une vie agréable. On a
Starting point is 00:05:31 une vie pleine. Une vie avec... J'ai quatre gars merveilleux, des petits-enfants. Même une arrière petite-fille. Imagine-toi. Puis des chums. Le seul, oui, c'est vrai qu'il y a un gros, gros, gros
Starting point is 00:05:48 problème, c'est que quand tu vis vieux, tu perds des chums. Alors ça, c'est ce qu'il y a de plus grave. C'est ce qu'il y a de plus terrible. Parce que moi, je suis fils unique. Alors les chums, c'est mes frères. Mes frères et mes sœurs.
Starting point is 00:06:26 Et je n'ai de toute ma vie jamais dit un mot contre un de mes chums ou une de mes chums. Jamais, jamais, jamais. Parce que c'est sacré. Une famille, c'est une famille, ça ne sort pas de la famille. Mes chums, c'est-à-dire tous les gens de Radio-Canada ou à peu près, c'est ma famille. Des gens de théâtre, des gens de télé, des gens de cinéma. Et il y a trop de blabla. Il y a trop de monde intéressé au potin là-dedans. Beaucoup de médisance. Exact. De jalousie surtout. Parce que la médisance vient de la jalousie souvent.
Starting point is 00:06:45 Et alors, ça, c'est sacré pour moi. Et mes enfants, les quatre gars, ne m'ont jamais entendu à cette table où on mangeait tous les soirs ensemble, ne m'ont jamais entendu dire un seul mot contre quelqu'un qui n'était pas présent. Par exemple, si j'étais en train de travailler avec quelqu'un et qu'il me fait chier, bien là, je dis, hey, wow, arrête ça.
Starting point is 00:07:03 Non, quand tu fais ça, moi, ça me dérange de vrai, ça te dérange pas, toi? Puis c'est tout, puis ça se règle comme ça, tu comprends? On se parle, puis si, si, non, si t'es obligé de faire ça absolument, bon, OK, bon, bien, fallait, all right, va essayer, non, non, je savais pas, je savais pas, j'avais pas compris ça, OK, all right, on continue. Mais c'est comme ça que ça se règle, il faut.
Starting point is 00:07:23 Dans le métier, il faut ça. Il y a votre ami Michel Rivard, dans votre biographie, qui dit Marcel n'a pas, aucune méchanceté en lui. C'est parce qu'il ne me connaît pas. À quel genre d'hygiène psychologique, mentale,
Starting point is 00:07:40 spirituelle, il faut se livrer pour tenir à distance la méchanceté? C'est une bonne question, ça. Merci. Non, non, parce que c'est vrai. C'est la question de ma vie. C'est pour ça. C'est au centre même de ma vie.
Starting point is 00:07:54 C'est que le matin, j'ai toujours mon enregistreur. Ça ne me quitte pas à côté du lit. Et quand Françoise est levée, quand je m'éveille, parce que normalement, elle se lève avant moi, je prends l'enregistreur.
Starting point is 00:08:10 C'est à quoi j'ai rêvé. Mais ce qui m'a fait chier la veille, la semaine d'avant, le mois d'avant, la vie elle-même, tout à coup, tout le monde s'est fait chier. Il est bon que ça sorte. Alors là, je...
Starting point is 00:08:26 Et puis après, tu écoutes tout ça. Je recopiais tout ça mot à mot. Je relis tout ça mot à mot. Et je déchire cérémonieusement tout ça en ayant marqué s'il y a des idées, des fois,
Starting point is 00:08:46 parce que ça t'arrive, tu sais. Quand t'as bien de l'agressivité vis-à-vis de la vie, vis-à-vis de quelqu'un, vis-à-vis du travail, vis-à-vis de n'importe quoi, ou de toi-même, n'est-ce pas? Souvent, plus souvent qu'autrement. Eh bien, une fois que c'est sorti, bien, ça laisse paraître d'autres idées
Starting point is 00:09:01 qui sont peut-être viables, même pour un scénario de film ou pour un général aussi. Autrement dit, quand la cour est pleine, il faut la vider. Et l'humain est ainsi fait que plus
Starting point is 00:09:17 il est sensible, c'est-à-dire, et là, tous les artistes, compris, plus la cour se remplit facilement, vitement. Et de plein d'affaires qui viennent de l'enfance, qui viennent de chum,
Starting point is 00:09:34 qui viennent de quoi? De toute la famille et de soi-même, surtout. Parce qu'on essaye de mieux se connaître en faisant de l'art. Chris, c'est important que tu te connaisses. Alors, la cour déborde. Et là, tu cries, tu enregistres,
Starting point is 00:09:50 tu le dis, tu fais des ravettes, tu as une punching ball, tu fesses dessus. Il faut, autrement dit, que ça s'exprime, un être humain. Parce que la vie, comment dire, n'est pas toujours adaptée
Starting point is 00:10:05 à l'infinie variété d'humains qu'il y a. On n'est pas comme les animaux tout à fait. Chez les animaux, il y a une grande variété. Mais dans telle race de chiens, bien, t'as pas une variété aussi grande
Starting point is 00:10:21 que dans la race humaine. Tu sais, c'est quasi infini. Alors, il y en a qui n'ont pas besoin du tout de s'exprimer verbalement, puis il y en a d'autres qui sont obligés de faire des orateurs ou de dire à leur micro des affaires épouvantables
Starting point is 00:10:38 ou alors de faire la boxe. Et chez les animaux, oui, oui, oui, des fois, on dit oui, oui, il est malin, lui, tu sais, pour un chat ou un chien. Ah, attention, non, approche-toi pas, là. Il est malin, lui. Bien, la même chose, sans doute. C'est notre côté animal, ça, en fait. Ah, oui.
Starting point is 00:10:53 Il y a ça pour les animaux, que j'utilise juste des âneries. Moi, là, tu m'enregistres, là, tu vas être obligé de couper 93, 94 % de ce que j'enregistre. Parce que c'est... ça n'intéresse personne. Même moi, quand je l'ai dit, je me-94% de ce que j'enregistre. Parce que ça n'intéresse personne. Même moi, quand je l'ai dit, je me disais, pourquoi il dit ça?
Starting point is 00:11:09 Est-ce que tu peux me dire pourquoi il dit ça? En tout cas... C'est la plus courte entrevue de l'histoire des anciens. Ça, ça serait le fun en maudit. Deux minutes. Ah non! Non! Plus court. 32 secondes. 32 secondes. Là, c'est difficile parce qu'à moins de 32 secondes,
Starting point is 00:11:25 c'est quasiment pas une interview, là. Tu sais, tu peux pas... C'est à peine une salutation. Allez, on va essayer. Prends ta montre, là. Mets 32 secondes. Attends, il y a quelqu'un qui nous time, là. 32 secondes.
Starting point is 00:11:34 Non, mais je l'ai ici. 32 secondes. Chronomètre. OK. OK. OK, puis là, tu poses une question. On est où ici, Marcel? On est où ici?
Starting point is 00:11:43 On est dans la maison où j'ai vécu si longtemps et j'ai élevé toute la famille. Mais en fait, j'ai élevé, c'est pas vrai, c'est ma femme qui les a élevés. Les quatre gars. Moi, j'aurais été bien mal pris s'il n'y avait pas eu ma femme. Ça aurait été épouvantable. Ça aurait été une catastrophe terrible. Il aurait fait quatre catastrophes. Il vous reste 12 secondes.
Starting point is 00:12:02 Encore? Oui. Il aurait fallu que je prépare une autre. C'était ma seule question. Il doit rester 12 secondes. Encore? Oui. Ah, tabou. Il aurait fallu que je prépare une autre. Mais c'était ma seule question. C'est la seule question que j'avais prépare. Mais là, il doit rester 7 secondes. Mais c'est un luxe inouï. Il y a 4 secondes. 32 secondes.
Starting point is 00:12:12 C'est terminé. Merci beaucoup. Il rendit l'âme. Ce serait tout un scoop, ça, quand même. Mais j'aurais dû le faire à 2 secondes. Il rend l'âme. Parce que c'est ça. Quand il ne te reste plus rien à dire, il ne te reste plus rien à faire.
Starting point is 00:12:28 Tu as fait ce que tu as aimé faire, tu as eu cette chance-là inouïe. Tu as dit ce que tu as aimé dire, tu as eu cette chance-là inouïe. Tu as eu une compagne, vous l'avez vue tout à l'heure, vous l'avez rencontrée. Extraordinaire.
Starting point is 00:12:44 Quatre gars des merveilles. Je ne sais pas comment ça se fait que c'est sorti de moi, Naya, cette affaire-là. Elle doit connaître quelqu'un d'autre, ma femme, puis elle ne me l'a jamais dit. Mais tu râles ton dernier râlement. Comme disait Séraphin dans les belles histoires des pays d'en haut.
Starting point is 00:13:02 Il va râler son dernier rôlement. C'est un merveilleux... La grande poésie. Ah, c'est Claude André Grignon, ça. Quand un de vos chums s'en va, quand un de vos chums part... Tu brailles. Qu'est-ce que vous faites avec la tristesse que ça vous fait vivre? Je braille. J'enregistre.
Starting point is 00:13:19 J'enregistre. J'envoie chier la vie. J'envoie chier tout ce qui fait mourir le monde. Surtout les chums. Puis à mon âge, j'étais peint des chums. Parce que quand j'en voyais chier la vie, j'en voyais chier tout ce qui fait mourir le monde, surtout les chums. Puis à mon âge, j'étais bien des chums, parce que quand j'ai commencé dans le métier, j'étais comme le plus jeune de tout. J'étais toujours le plus jeune partout où j'allais. Alors, il me mène un truc, ça fait bien du monde, ça.
Starting point is 00:13:39 Et mes professeurs, ça a été des chums après, tu sais. Jean Gascon, Jean Dalmain, tout ça. Et par la suite, vos élèves sont devenus des chums. Et par la suite, mes élèves ça a été des chums après, tu sais. Jean Gascon, Jean Dalman, tout ça. Et par la suite, vos élèves sont devenus des chums. Et par la suite, mes élèves sont devenus des chums. Bien oui. Puis là, bientôt, c'est les fils, les filles de mes élèves qui deviennent des chums. Alors, il faut que ça s'arrête un moment donné.
Starting point is 00:13:58 Mais c'est ça. C'est une vie rêvée qu'on a. Mais peut-être vous autres aussi. C'est ça la fin. C'est ça vie rêvée qu'on a. Mais peut-être vous autres aussi. C'est ça la fin. C'est ça qu'on travaille. Oui, tu sais, on voit tout ce qui nous arrive puis qui est déplaisant, mais ça, c'est toujours arrivé dans l'histoire.
Starting point is 00:14:14 Il n'y a personne, personne, personne, personne qui a vécu puis qui n'a pas des choses terriblement déplaisantes qui lui arrivent. Mais je trouve qu'on est tellement chanceux dans la société dans laquelle on est où tu sais, suffisamment policé pour que quelqu'un puisse pas venir te
Starting point is 00:14:31 coller un coup de poing sur la gueule sans que tu puisses le poursuivre. Tu comprends? C'est la rue, tu sais. C'est déjà beaucoup, ça. Mais en même temps, pas trop policé. Et j'ai connu des gens qui venaient de pays trop policés. Par exemple, j'ai connu des gens qui venaient de pays trop policés. Par exemple, j'ai connu des gens qui venaient de l'ère soviétique.
Starting point is 00:14:47 J'ai eu de grands, grands chums à Moscou quand j'y suis allé. Staline venait juste de mourir. Et j'avais 19 ans. Et j'ai eu des chums qui ont terriblement souffert du polissage à trop grande échelle.
Starting point is 00:15:04 Tu comprends? Où tu ne peux rien dire. Tu ne peux pas renverser le gouvernement. Il n'y a pas de droit de vote. Point final. Alors, non, non, ça, c'est terrible, ça. En visionnant le documentaire que votre fils vous a consacré, j'ai compris quelque chose qui est une évidence.
Starting point is 00:15:21 C'est la suivante. Votre premier voyage à Paris, en France, c'était dans les années 50. Vous l'avez fait non pas en avion, mais en bateau. Oui, sur l'Amérique, avec Joséphine Bacquer. Avec Joséphine Bacquer? Wow!
Starting point is 00:15:35 Elle n'était pas dans ma cabine. J'avais compris. Sur le navire, je suis à côté comme ça, et puis, qui sait, on savait, Joséphine Bacquer était toujours avec, évidemment, avec le capitaine, à la table du capitaine, et puis, d'un coup,
Starting point is 00:15:53 Joséphine Bacquer est accoudée à côté de moi, on arrive en rade du Havre, et là, elle se met, elle dit, où allez-vous? Elle m'adresse la parole, je dis, je vais à Paris, je vais écouter. Et je me souviens, à Paris, vous allez voir. Et elle a fait ce geste-là, un geste de la main en la levant comme ça,
Starting point is 00:16:17 comme appelant le ciel, qu'elle disait donc vrai, vous allez voir. Et tout de suite est arrivé un prêtre, on a juste échangé quelques mots, qu'elle disait donc vrai. Vous allez voir. Et j'ai vu... Et tout de suite est arrivé un prêtre, on a juste échangé quelques mots, est arrivé un prêtre qui a dit, Mme Baker, est-ce que vous venez communier aujourd'hui? Elle a dit, bien sûr, M. l'abbé, j'arrive tout de suite. Oh!
Starting point is 00:16:38 Moi, je m'étais masturbé presque quatre fois, je pense, depuis le départ du bateau. Ça, c'est des péchés mortels, ça, de mon temps. Vous autres, vous êtes... Il n'y a plus rien. Ça, c'est des péchés mortels. Ça, de mon temps, vous autres, c'est plus rien, pas en doute, c'est rien. Mais, alors, là, je suis vite allé me confesser, et puis
Starting point is 00:16:54 j'ai communié à côté, je me suis placé, j'ai essayé de me... à côté de Joséphine Bacquer et nous offrâmes, nous offrîmes, nous offrâmes notre langue ensemble aux prêtres qui y déposent à l'hostie. Oui, parce que c'était l'époque où on ouvrait la bouche
Starting point is 00:17:10 et on tendait la langue pour recevoir l'Eucharistie. Maintenant, on ne fait plus ça? Je pense qu'on tend la main maintenant, mais ça fait longtemps que je ne suis pas allé à l'église. Ah oui? Ça ne va même pas bien. C'est plus hygiénique de se faire déposer l'hostie dans la main que directement sur la langue.
Starting point is 00:17:25 Ah bon? Ah bon? Hé! Je te dis que je suis en retard. Mais vous aussi, ça fait longtemps que vous n'êtes pas allé à l'église. C'est ça, oui. En retard dans mon catholicisme. Si je mourrais en vous parlant, je m'en vais en enfer direct, moi. Je suis bien mal parti. Hé mon...
Starting point is 00:17:41 Mais pendant tout votre voyage sur l'océan qu'est-ce que vous avez fait à part de communier avec Josephine Maclare qu'est-ce qu'on faisait pendant ce temps-là pour tuer le temps ah j'ai marché beaucoup sur le pont avec un bonhomme qui était philosophe
Starting point is 00:17:57 et qui s'appelait un homme et riu et qui était le père d'une de mes belles filles, la Geneviève Rioux. Qui est la conjointe de votre fils Gabriel. Oui, Gabriel. Alors, sans le savoir, j'ai connu son père
Starting point is 00:18:14 alors que j'avais 19 ans. Et lui était un petit peu plus vieux, pas mal, même de 10 ans à peu près. Et il était philosophe et ça me passionnait. Puis alors, on marchait de long en large sur l'Amérique on a dû faire à peu près 15 kilomètres à marcher comme ça, au moins
Starting point is 00:18:31 pendant la traversée et en jasant parce que j'étais très très catholique mais je m'intéressais à la philosophie et tout ça et c'est ça qu'est-ce qui s'est passé pour que vous rompiez avec le catholicisme, avec votre foi? Est-ce qu'il y a eu un événement en particulier?
Starting point is 00:18:49 Non. C'est 132 événements, tu sais, qui, petit à petit, te font douter, petit à petit, c'est ça, te font rejeter ça, tout en étant très heureux d'avoir vécu là-dedans jusqu'à un certain moment. Non, pas très heureux, mais appréciant beaucoup d'aspects de ça. Aimez-vous les uns les autres, après, connais-toi toi-même,
Starting point is 00:19:13 c'est la plus belle parole qui a été dite sur la Terre, tu comprends? Alors donc, cette parole-là, formidable, et le Bouddha a dit des affaires, je ne sais pas dans quoi, mais qui voulait dire un petit peu par sa vie, un petit peu la même chose. C'est ce qui est le plus beau au monde. C'est ce qui est le plus beau au monde.
Starting point is 00:19:30 Il n'y a rien, rien qui va au-delà de ça. La notion d'enfer et de ciel est une notion épouvantable, horrible, et surtout pour un adolescent. Et surtout si tu dis que de se masturber, c'est un péché mortel. Parce que ça modelait votre imaginaire, votre psyché. Ça n'a pas de bon sens. Le risque de se retrouver, d'aboutir en enfer.
Starting point is 00:19:54 Ben voyons, tu t'endors après t'être masturbé quand t'as 15 ans, quand t'as 14 ans. Tu comprends? Puis là, t'as fait un péché mortel. Si tu meurs dans ton sommeil, attention, c'est l'éternité en enfer. Puis l'éternité, vous savez ce que c'est? L'éternité, vous figurez la plus haute montagne,
Starting point is 00:20:11 le pic le plus immense que vous puissiez imaginer. Une fois tous les mille ans, tu as un petit oiseau, un oiseau mouche, plus petit qu'un oiseau mouche quasiment, qui vient, une fois tous les mille ans, bécoter le haut de la plus haute montagne. Quand la montagne aura
Starting point is 00:20:29 été réduite par ces bécotages une fois tous les mille ans au niveau du sol, l'éternité n'aura pas encore commencé. On te dit ça à l'âge de 9 ans, 10 ans, 11 ans, 12 ans, quand tu commences
Starting point is 00:20:50 à te masturber, quand tu commences à trouver les filles, le fun. 13 ans, 14 ans. Pour rendre quelqu'un fou, je pense qu'il n'y a pas de meilleure méthode. Quel genre de choc vous avez vécu
Starting point is 00:21:08 lorsque le jeune Canadien français que vous étiez est arrivé à Costé, en France? Oh, c'est drôle parce que j'étais au bassin de gage puis je vois des ouvriers qui travaillaient avec l'amorage et puis les cordages et puis tout ça. Puis je les entends parler. « Ah, vous parlez français! » « Eh oui, on parle français!
Starting point is 00:21:34 Qu'est-ce que tu veux qu'on parle? » Mais comme m'envoyant chier, comme Paris. Oui, comme Paris, c'est si bien le faire. Je goûtais à Paris, mais j'étais au Havre. « Ah oui, qu'est-ce que tu. Je goûtais à Paris, mais j'étais au Havre. Ah oui, parce que tu veux qu'on parle,
Starting point is 00:21:48 on parle français. Oui. Mais oui, c'est... À 19 ans, quand t'es nono, comme je l'étais, c'est quelque chose. Un an plus tard, j'étais en Union soviétique. Stenine venait de mourir. Mais ça a été une prise de conscience linguistique, vos séjours en France.
Starting point is 00:22:07 Oui, oui, oui, tout à fait. Bien oui, tout à fait. Je me suis bien rendu compte que je ne parlais pas le beau parler français. Et que pour parler le beau parler français et être honnête comme acteur, dans une vue ou même sur scène, il me faudrait contrecarrer 236 circuits à l'intérieur de moi et de mon cerveau.
Starting point is 00:22:35 Et alors, si tu contraries 236 circuits, la parole ne s'épanouit pas. Elle est heureuse d'aller là où elle va telle qu'elle est. Alors, d'un coup, à un moment donné, ça a cassé. J'ai dit, ben non, ben non. Ben voyons là, on calisse. Où est le langage, même dans les romans savants? Où est le langage qu'on employait dans mon bout? Mon bout n'était pas le bout le plus tough, là. Pas en tout de Montréal, loin de là.
Starting point is 00:23:09 – Vous étiez dans Rosemont? – Non, j'étais dans Montréal. Ah, peut-être sur Rosemont. Je n'ai pas ça vu. Saint-Denis, près de Crémazie. – Villeray. – Villeray, c'est ça, dans Villeray. La rue Villeray n'était pas loin. Mais, puis on n'était pas tough. À côté des gars de la Rubéry, les gars de la Rubéry, c'était bien plus tough que ça. Puis les gars de chez Spider. puis on n'était pas tough. À côté des gars de la rubérie, les gars de la rubérie, c'était bien plus tough que ça.
Starting point is 00:23:25 Puis les gars de chez Spider, Spider, c'était un petit débit de boisson, tu comprends, puis avec des petites tables, etc., avec des toiles d'araignée un peu partout, tu sais. Puis ils jouaient au pool. Alors, là, les gars de chez Spider,
Starting point is 00:23:42 ça, c'était, Chris, t'es pas loin de la pègre, ça. Puis ça, c'était juste mon petit bout tout doré. Mais quand elle est... Alors là, quand je me suis mis à aller au Collège Sainte-Marie, qui était Bleurie-Sainte-Catherine, tu comprends, j'avais 12 ans, un instant, là, tu descendais dans...
Starting point is 00:24:02 Tu descendais la rue Bleurery, puis tu allais vers Craig. Oh! Les putains étaient dans les fenêtres. Oh, mon amour! Viens, tiens, tiens, tiens! Oui, voilà, je peux pas, je suis catholique. Tu continuais. Mais là, c'était la pègre
Starting point is 00:24:20 noire. Le Collège Sainte-Marie, c'est très bizarre parce que c'était construit juste comme aux limites du monde non pégreux et du monde pégreux. Alors, c'était la frontière. Est-ce que vous pensez, est-ce que vous trouvez
Starting point is 00:24:36 qu'on l'a réglé aujourd'hui, qu'on l'a guéri, notre schizophrénie linguistique en tant que Québécois, Canadien français? Oui, oui, oui. Oui, oui. C'est-à-dire qu'il reste toujours des petits problèmes ici et là. Mais il reste... La langue qu'on parle,
Starting point is 00:24:51 quand on n'est pas une métropole de cette langue-là, c'est Paris. La langue qu'on parle partout, dans toutes les colonies françaises, dans tous les endroits où on parle le français, à part Paris, il y a un petit problème
Starting point is 00:25:06 avec le français. Les Français, les Parisiens, ils n'ont aucun problème. C'est les seuls, Carice. Parce que déjà, tu vas juste en campagne, puis là, ben oui, si tu vas en Bretagne, qu'est-ce que tu veux, ils ne parlent pas comme à Paris.
Starting point is 00:25:22 Et le langage, quand on dit la langue de Molière, c'est la en Bretagne, qu'est-ce que tu veux, ils parlent pas comme à Paris. Et le langage, quand on dit la langue de Molière, c'est la langue parisienne. La racine, c'est la langue, si tu veux, c'est le bon français, le bon parler français. Comme on nous apprenait, nous autres, il y avait tout un livre, il y avait des livres, il y avait l'organisme du bon parler français.
Starting point is 00:25:43 Et le bon parler français, ça, c'était une affaire avec... C'était étouffant. C'était comme si t'avais une règle, tu faisais une faute, tu recevais un coup sur le doigt. On dit pas ça, on dit ça. Ah bon, on va dire ça.
Starting point is 00:26:00 Parce que j'ai l'habitude de dire ça. Ah, agaille! Ah ouais. C'est ce que tu veux. parce que j'ai l'habitude de dire « Ah, agaille! » Ah oui, c'est ce que tu veux. Le rapport avec la langue, ça mériterait au moins 13 ou 14 cents volumes. Tu comprends?
Starting point is 00:26:16 Pour élucider vraiment ce rapport-là. Parce que c'est un rapport très différent quand tu veux devenir comédien que lorsque tu es médecin. Et un comédien que lorsque tu es médecin. Et un rapport très différent que lorsque tu es médecin que lorsque tu es un ouvrier. Et un rapport très
Starting point is 00:26:31 différent lorsque tu es un ouvrier que si tu es un cultivateur. Et ça, ça existe un petit peu dans toutes les sociétés. Mais nous, en plus, c'est un rapport très différent selon que tu es allé ou non à Paris. Et c'est là où très différent selon que tu es allé ou non à Paris
Starting point is 00:26:46 et c'est là où ça change parce que les problèmes de langage entre les groupes de la société ça existe dans tous les pays du monde mais tout à coup que personne, personne, personne
Starting point is 00:27:03 sache vraiment vraiment là quelle langue parler tout à coup, que personne, personne, personne, sache vraiment. Vraiment, là, quelle langue parler pour ne pas faire de fautes, soit de français, ou soit de ne pas passer pour un pétude-brou,
Starting point is 00:27:20 pour quelqu'un qui se prend pour un autre. Ça laisse une toute petite lisière dans laquelle... C'est très difficile à être toute petite lisière dans laquelle... Oui, tu sais, c'est très difficile à être dans cette lisière-là. Combien de pétos de brou j'ai entendus dans ma vie, tu comprends? Et combien de gens qui ne savaient pas parler français non plus.
Starting point is 00:27:34 Et combien... etc., etc., etc. Quelle influence a eu sur vous, l'acteur studio, votre découverte de la méthode de Lee Strasberg? Ah, bien ça, c'est Bill Greaves. C'est la cour de Bill. Bill Greaves qui donnait ici, à Montréal, des cours en anglais.
Starting point is 00:27:52 Très method acting. Alors, quand j'ai appris ça, vite, parce que j'avais lu des livres sur Stanislavski et tout ça. Et je suis allé, moi, à Moscou. Puis je suis probablement le seul Canadien français à avoir rencontré le fils de Stanislavski et à être allé chez lui.
Starting point is 00:28:09 À être dans un deuxième étage. Parce que quand j'étais à Moscou, j'ai dit, moi, je voudrais rencontrer les gens qui sont des descendants de Stanislavski. Est-ce que c'est pour ça que vous étiez allé à Moscou? Non, non, non. J'étais invité. Je suis allé à Moscou. Ça, c'est quand je suis allé, en fait,
Starting point is 00:28:22 c'est quand je suis allé à... Voyons, l'autre ville. Saint-Pétersbourg. Saint-Pétersbourg. Mais quand je suis allé à Moscou... Non, je n'ai pas demandé. Non. Je me suis informé.
Starting point is 00:28:34 Mais non, là, on était en pleine guerre froide. Non. Là, c'est autre chose qui s'est passé avec Natalia Tsernova, qui est devenue la grande spécialiste du ballet russe c'est autre chose qui s'est passé avec Natalia Tsernova, qui était une grande... qui est devenue la grande spécialiste du ballet russe et qui m'a fait rencontrer Ula Nova. Ula Nova, c'était
Starting point is 00:28:51 sa marraine. Et Ula Nova, vous ne savez pas qui c'est, mais c'était la plus grande ballerine de tous les temps à cette époque-là. Je ne savais pas qui c'était. Ben non, c'est ça. Et alors, Natacha a dit, est-ce que tu aimes le ballet? »
Starting point is 00:29:06 Et j'ai dit « Ben oui, certain. Jamais je n'avais suivi des cours de ballet ici d'un Jacques Lorrain parce que comme comédien, je voulais apprendre à danser, à me mouvoir, à faire tout. » Elle dit « Est-ce que tu connais Houlin-Novar? » J'ai dit « Oui, quelle merveilleuse danseuse, paraît-il.
Starting point is 00:29:22 Je ne vais pas au ballet comme ça régulièrement. » Elle ditseuse, paraît-il. » Elle m'a vu, tu sais, puis je ne vais pas au ballet comme ça régulièrement, mais... Elle dit, « C'est ma marraine. » « Quoi? » Elle dit, « Oui, c'est elle qui m'a élevé. » « Hein? » Elle dit, « Veux-tu aller voir ce sont ses adieux après-demain? » « Bien, oui, certain. »
Starting point is 00:29:39 Alors, bon, bien, elle dit, « Très bien. » Elle dit, « J'étais juste à te présenter, etc. » Puis là, j'étais là. Il y avait tellement de monde qui voulait entrer dans le théâtre que les policiers étaient à cheval. Je n'ai jamais vu ça nulle part, avec des grands bâtons.
Starting point is 00:29:54 Puis battait le monde qui voulait prendre, tu sais, la place dans l'avant, tu sais, le gros gars. Il glisse, puis il se met devant toi. Il reçoit un coup de bâton. Adieu, tabarnak! » En russe. « Somebody, toi! » Puis là, le policier lui dit
Starting point is 00:30:09 « Back to your place, Chris! » En russe. « OK, t'es mon chien, mais Chris, toi! » Alors... Et alors, je suis allé voir où l'énova est, avec Natacha. Elle dit « Viens-tu en coulisses? J'ai dit, écoute,
Starting point is 00:30:27 c'est les adieux de la plus grande déesse de la danse qui est au monde. Alors, elle dit, oui, viens. Puis là, on est en... C'est pacté noir, noir, noir de monde jusqu'à... Au bout du corridor, il y a la petite...
Starting point is 00:30:42 la loge d'Oulanova. Et puis là, il y a quelqu'un qui reconnaît Natacha. Il fait... Et là, c'est raide. Puis là, on enlève le monde. Non, non, laissez passer Natacha. Et puis, alors, Natacha me fait pénétrer.
Starting point is 00:31:09 Là, là, là. Ah, mon petit Natacha, mon nom, mon nom, mon nom. Et puis, il y a Martiel Zaboline. Ah, Martiel Zaboline, Canada, Canada. Ah oui, je ne me souviens plus si on dit Canada ou Canada. En tout cas, ah oui, Canada, Fransouski, Fransouski,
Starting point is 00:31:27 da, da, oh là là, vous l'étiez extraordinaire. Oui, da, da, da. C'était ses adieux, tu comprends? C'est la dernière fois qu'elle dansait. Comment vous faites pour vous souvenir de tout ça avec autant de détails alors que ça s'est déroulé il y a plusieurs dizaines d'années? Ça m'a marqué.
Starting point is 00:31:45 C'est aussi simple que ça? Moi, je me souviens pas de ce que j'ai fait hier. Ben non, mais c'est parce que t'as pas marqué ce que t'as fait hier. Mais si t'avais rencontré la femme de ta vie hier, tu t'en souviendrais un tabarnak. J'étais avec la femme de ma vie hier, mais on s'est pas rencontrés hier. Bon, mais tu sais où tu l'as rencontrée, par exemple. Ben oui, ben c'est ça. Ben, that's it.
Starting point is 00:32:01 Tu comprends? Et en voyage, t'es comme allumé. Il y a tellement d'affaires qui te provoquent, qui provoquent ton attention, qui provoquent... Voyons, non, ça se fait pas comme ça chez nous, etc. Alors, c'est ça. On parlait de
Starting point is 00:32:17 Stanislavski, du méthode acting. Vous êtes allé à New York pour étudier le méthode acting. À l'Actor Studio. À l'Actor Studio. Oui, oui, oui. Vous avez croisé Magdal York pour étudier la méthode acting. À l'Actor Studio. Vous avez croisé Magdalene Monroe là-bas. Je l'ai croisée sur la rue sans la reconnaître. Parce qu'elle était courte
Starting point is 00:32:34 et elle avait un bandeau sur les choses puis elle avait des talons hauts. Puis elle marchait. Puis elles m'ont juste croisé comme ça. J'ai dit, c'est une tour. C'est drôle. Elle ressemble plus ou moins à Marilyn Monroe, tu sais. Mais loin de là.
Starting point is 00:32:52 Je n'imaginais pas que Marilyn Monroe m'arrivait là. Et alors, je suis entré à l'acteur studio. Je me suis assis, puis tout ça. Et puis, il y a quelqu'un qui mettait son genou sur l'homoplate d'Oa. On écoutait, on écoutait. Puis là, je m'en vais à la toilette. Puis là, il y a quelqu'un qui se lave les mains en même temps que moi. Il dit, « You know who's behind you? »
Starting point is 00:33:18 Hein? « Do you know who's behind you? » « No. » « Marilyn Monroe et Meliah Kazan. » Je dis, you? » « No. » « Marilyn Monroe et N'Elia Kazan. » « Tu vas donc chier. » « Come on. » « Come on, Asti. » « Je retourne à ma place, Asti. »
Starting point is 00:33:36 « Marilyn Monroe et N'Elia Kazan. » « Bon, bien, recommence, call this. » « Alors là... C'était le genou de Magdalene Monroe. Puis à côté, là, il y a Kazan. Elle s'est pas revenue. Elle va mourir en vous parlant. Restez avec nous, Marcel, s'il vous plaît.
Starting point is 00:33:57 Crise cardiaque. Mais donc, qu'est-ce que vous avez trouvé à l'Actor Studio qui vous a permis d'approcher d'une nouvelle manière vos personnages? Comment on fait pour être vrai? C'est ça. Comment on fait pour être vrai en étant le faux? En étant du faux.
Starting point is 00:34:14 Parce que la scène, c'est faux. Parce qu'un personnage, c'est faux. Parce que tout est faux. Comment tu fais pour avoir l'air vrai? C'est tout. C'est ça. Alors, ça s'appelle emotional memory. Alors, c'est la mémoire émotionnelle que tu essaies en jouant,
Starting point is 00:34:32 tu essaies de te trouver à toi des affaires qui t'ont touché dans le même sens du personnage et de rapprocher ça un peu de ce qui est raconté dans la pièce, le plus que tu peux, mais tu ne peux pas complètement. Tu n'es pas le personnage. Tu ne seras jamais le personnage. Mais tu peux rapprocher ça un peu de ce qui est raconté dans la pièce, le plus que tu peux, mais tu ne peux pas complètement, tu n'es pas le personnage, tu ne seras jamais le personnage. Mais tu peux rapprocher ça peu à peu et en faisant en sorte que quand tu dis telle phrase, tu penses à une corneille, mettons.
Starting point is 00:34:59 Quand tu dis telle autre phrase, tu penses à la table de cuisine chez vous. Quand tu dis, et tout à coup, à maman et à papa. Quand tu dis « telle autre », etc. Et si bien qu'en répétition, tu fais un lien direct entre la phrase que tu dis et puis ce qui se passe dans ta tête. Et les deux s'entremêlent. Ça s'appelle l'emotional memory.
Starting point is 00:35:25 Ça s'entremêle. Et Ça s'appelle l'emotional memory. Ça s'entremêle. Et ça fait que quand tu dis telle phrase, c'est une phrase où normalement le personnage pleure. Mais toi, tu n'es pas le personnage. Tu es Marcel Sabouin. Mais tu as tellement associé cette phrase-là avec quelque chose qui te fait brailler que tu dis cette phrase-là, tu dis,
Starting point is 00:35:44 « Voyons me chercher les allumettes dans le... » Non, non, c'est bon. avec quelque chose qui te fait brailler, que tu dis, tu dis, va donc chercher les allumettes dans le... Non, non, ils sont... Non, ils sont en arrière. Ils sont en arrière de la fournaise. C'est là où papa les mettait juste avant de mourir. Puis tu te dis intérieurement,
Starting point is 00:36:03 tu le dis, c'est pas dans les... et alors c'est tout c'est toute une démonstration que vous m'avez fait n'importe quel acteur va te faire ça c'est la base même de l'acteur, surtout de l'acteur de cinéma parce qu'au théâtre tu peux tricher tout ça
Starting point is 00:36:19 t'as pas besoin, mais là c'est presque l'armes aux yeux c'était juste ça fait longtemps qu'il n''arme aux yeux. J'aurais pu broyer. Vous y étiez presque, là, oui. Je comprends, ben oui, parce que c'était juste, ça fait longtemps qu'il n'a pas fait ça. Alors, c'est le fun. Parce que c'est ça, c'est comme si... Le muscle est encore vif. Si vous pensez, ben oui, mais vous pouvez faire la même chose.
Starting point is 00:36:36 Et juste de penser à une affaire qui vous a bien gros touché, qui vous a bouleversé, pensez-y, puis décrivez-le. Et même, écrivez puis etc d'un coup bon mais arrêtez d'écrire ça ça me rappelle trop
Starting point is 00:36:51 c'est ça, c'est la même chose c'est un processus très vécu par tout le monde l'acteur il s'en sert afin d'épouser l'émotion de son personnage à ce moment-là, surtout dans le théâtre réaliste t'as pas besoin de faire ça dans Shakespeare, nécessairement. Tu sais, ce n'est pas réaliste.
Starting point is 00:37:09 Ce ne sont pas des activités de tous les jours. Mais quand tu es dans Chekhov, c'est utile. Comment le souvenir de vos parents se transforme avec les années? Parce que, d'une certaine manière, vous êtes plus près d'eux parce que
Starting point is 00:37:23 vous avez l'âge qu'ils avaient lorsqu'ils sont partis. Mais, en termes temporels, vous ne pourriez pas être plus loin d'eux. Je me posais cette question-là. C'était intéressant. La première fois. C'est pas pantoute.
Starting point is 00:37:39 Est-ce que votre souvenir est encore vif? Ah oui, oui, oui. Au filigrane près. Mais c'est ça. C'est-à-dire que je me souviens pas... Je me souviens rarement d'eux autres. Évidemment, s'il y a quelque chose qui se passe puis qui ressemble à quelque chose
Starting point is 00:38:00 que m'a dit ma mère ou mon père, ou qu'ils ont fait, ça va me les rappeler, comme pour mes chums, de toute manière. Mais c'est sûr et certain que ce qu'ils m'ont légué, c'est d'être attentif aux autres. Et heureusement, parce qu'un acteur, c'est attentif à lui-même, et c'est plein
Starting point is 00:38:28 de lui-même. Heureusement que mon père était pharmacien. Mon oncle était pharmacien. Mon autre oncle était médecin. Alors ça, ça m'a éveillé un petit peu à la souffrance des gens. Donc, même
Starting point is 00:38:44 si t'es acteur, puis si t'es très égocentrique, comme je le suis, je suis touché facilement. Et c'est pour ça que j'ai été un assez bon professeur. Parce que les difficultés qu'avait l'élève ou tout ça, et des fois tu reçois des confidences,
Starting point is 00:39:01 tu comprends, sa mère vient de se séparerer ou des enfants de même. Alors, tu joues le rôle d'un psychologue quasiment ou d'un psychiatre. Puis tu n'en as pas... Tu n'en as pas en tout la... Tu n'as pas eu les études qu'il faut. Mais ça t'aide, moi, à comprendre.
Starting point is 00:39:21 Moi, mon père était malade. J'avais 7 ans. Il devait mourir, j'avais 7 ans. Il est mort longtemps plus tard, parce qu'ils ont découvert l'année même où il est tombé malade. Il avait une PTSD, la première PTSD. Parce qu'il avait fait la guerre de 14-18. Oui, et il avait une maladie nerveuse, la myasthénia gravis,
Starting point is 00:39:39 et qui a été enregistrée comme une PTSD, mais c'est la première fois. Choc post-traumatique. Oui, on a eu une... Parce qu'il avait refusé, lui, toute pension. Il avait dit, écoutez, j'ai deux professions, je suis optométriste, opticien puis pharmacien. Puis je suis en pleine forme.
Starting point is 00:39:56 J'ai pas besoin de cet argent-là. Exactement. Donnez ça à des gens qui en ont besoin, Chris. Et puis il a refusé la pension, mais après, ça a pris je pense quatre ans à mon cousin qui était avocat pour plaider. Et c'est le premier cas de PTSD qui a été plaidé au Québec
Starting point is 00:40:13 et peut-être au Canada. Et alors, on a donné la pension militaire à mon père. Et j'avais, à ce moment-là, j'avais, je sais pas, une dizaine d'années, je pense. Et puis, on mourait de faim, ou pratiquement, parce que mon père était de plus en plus malade. Mais la pension, c'est venu.
Starting point is 00:40:30 Est-ce qu'il en parlait, de ce qu'il avait vécu au front? Oui, c'est un compteur. Mais il y a eu bien des fois qu'il fondait en sanglots. Il était ambulancier. Imagine-toi. Il s'était engagé comme ambulancier volontaire.
Starting point is 00:40:47 Il a regretté toute sa vie. Bien oui, parce que... Quel genre de père vous avez été, vous? Quel genre de père vous êtes? Pas beaucoup de talent là-dedans. Fils unique. Les fils uniques, ça n'a pas de talent comme père. Heureusement qu'il y avait...
Starting point is 00:41:00 C'est une mauvaise nouvelle pour moi, parce que je suis fils unique aussi. C'est ça. Je suis condamné à être un mauvais père. Fais pas la bêtise que j'ai faite d'avoir quatre gars. J'ai deux filles. C'est ça. Ah bien, laisse déjà.
Starting point is 00:41:11 Ah bien, parce que les filles, elles, alors, elles vont faire de toute manière. Mais non, heureusement qu'il y a eu Françoise, parce que ça aurait fait une catastrophe terrible. Bien, je suis pas assez niaiseux pour aller plus loin qu'un enfant ou deux enfants, puis même pas d'enfants pantoute, si je n'avais pas eu une femme que je sentais
Starting point is 00:41:34 qu'elle avait le sens de ça, puis des talents là-dedans. C'était absolument remarquable. Remarquable. Alors, si tu veux, tu te laisses aller dans ce temps-là. Je sais qu'on vous a souvent posé cette question-là, mais je vous la pose quand même parce que ça me fascine puis c'est inspirant aussi d'une certaine manière. Comment vous expliquez
Starting point is 00:41:52 comment est-ce que vous êtes parvenu à faire durer votre couple avec Françoise aussi longtemps? Ça fait combien d'années maintenant? Je sais pas. Vous comptez pas? Ben non, Jérôme à quel âge? Je sais pas. C'est notre premier enfant. Puis il n'est pas très longtemps après notre mariage alors un an plus tard
Starting point is 00:42:09 une soixantaine d'années ouais c'est ça c'est trop complexe il n'y a pas de oui il y a là il y a non, il y a des règles la première règle c'est l'amour. Si tu t'aimes pas, c'est embêtant.
Starting point is 00:42:29 La deuxième règle, c'est l'amitié. Si tu n'apprécies pas l'autre en tant qu'ami, parce que tu peux aimer quelqu'un, mais tu dis, elle est pas faite pour toi, cette femme-là. Non.
Starting point is 00:42:44 C'est là que l'autre, c'est un lien facile avec l'autre. S'il n'y a pas ces qualités-là, ne fais pas d'enfant. C'est tout. Tu peux bien aimer qui tu veux, quand tu veux, etc. Parfois, toutes les aventures que tu veux,
Starting point is 00:43:00 ça n'a pas d'importance. Mais c'est quand il y a un petit. S'il y a un petit, que tu le veuilles ou non, c'est ta responsabilité. Alors, manage avec ça. Puis l'autre coup, il y a deux petits,
Starting point is 00:43:15 puis l'autre coup, il y a trois petits, puis l'autre coup, il y a quatre petits. Mais c'est parce qu'on voyait que ça allait bien et qu'on était faits pour vivre ensemble. On était déjà... Dans le milieu des artistes, moi, j'ai enseigné longtemps et je disais
Starting point is 00:43:31 faites attention. Avec qui vous avez un enfant? Pas avec qui vous couchez. Ça n'a aucune espèce d'importance. Mais avec qui vous faites un enfant, faites attention. Parce que là, il y a un autre animal. C'est amener quelqu'unance, ça. Mais, avec qui vous faites un enfant, faites attention, parce que là, il y a un autre animal. — C'est amener quelqu'un dans le monde. — Hé! Il y a un autre animal
Starting point is 00:43:49 intelligent, là, qui naît. Un instant. Puis, pour des... Si vous êtes... Surtout si le partenaire est artiste, aussi, tabarnak! Tu sais, je veux dire, c'est... Surtout les artistes de télévision
Starting point is 00:44:05 puis tout ça, il y a tellement tu vois du monde se déshabiller devant toi les loges tu entres, t'as coup excuse-moi j'ai oublié il voulait pas, il est tout nu tu fermes la porte mais évidemment
Starting point is 00:44:21 t'as vu la fille tout nu puis après tu l'embrasses sur scène et puis tout ça alors il y a, comme on dit beaucoup de tout nue, puis après, tu l'embrasses sur scène, puis tout ça, tu comprends. Alors, il y a, comme on dit, beaucoup de tentations, n'est-ce pas? Puis François, ça ne l'inquiétait pas, ça? Ça n'a pas l'air. Elle ne m'en a jamais parlé. Je lui ai posé la question avant de partir tantôt.
Starting point is 00:44:36 Oui, oui, oui. Je ne sais pas. On ne sait jamais parler de ça. Moi, je lui avais dit, je ne suis peut-être pas bien fidèle. Mais, tu sais, je suis trop jeune encore, je ne sais pas. Et j'avais dit ça, d'ailleurs, à celui qui voulait nous repraître. J'ai dit, moi, la fidélité, je ne crois pas bien ça dans les métiers qu'on fait.
Starting point is 00:45:01 Je dis, ça serait illusoire que de croire ça. Ah bien, je ne peux pas vous marier. Bon, je lui ai dit, OK, bien sûr, je ne veux pas aller coucher avec une autre femme demain matin. Je veux dire, je suis avec Françoise. Finalement, il nous a mariés, mais la peine est de misère. Puis vous avez découvert quoi au sujet de la fidélité? Que ce n'est pas si difficile que ça.
Starting point is 00:45:28 C'est pas si difficile que ça. Dans le documentaire qui vous est consacré au bout du rien et pas en tout, il y a plusieurs scènes où vous vous émerveillez devant la nature. Il y a une scène où vous contemplez une fourmi qui est sur votre main, elle marche sur votre main, vous la contemplez longuement.
Starting point is 00:45:45 C'est une des stars du film, cette fourmi. Oui, bien oui. Comment est-ce qu'on la nourrit, sa capacité d'émerveillement? Non, la fourmi se nourrit elle-même, mais votre capacité d'émerveillement, comment vous en prenez soin? Tu es né de même. Tout le temps, on ne prend pas soin pas en tout.
Starting point is 00:46:06 Et je dirais que tu eses né c'est ça parce que je suis intéressé à ce qui se passe je suis intéressé aux autres un peu parce que je suis fils unique pas trop intéressé aux autres alors très égoïste mais c'est ça en réfléchissant un peu
Starting point is 00:46:23 en te connaissant toi-même en te connaissant toi-même, en te disant toi-même tes quatre vérités et ça, je fais ça. J'ai fait ça tous les matins en enregistrant, tous les matins. – Vous avez été ami avec Claude Gauvreau? – Oui, oui. – Il était comment, Claude Gauvreau?
Starting point is 00:46:41 – Oh, c'était bizarre. Mais, je me souviens, on était... Une des dernières fois où j'ai mangé avec lui, c'était à la maison, la petite maison qu'on avait de l'autre côté de la rivière. On n'avait pas celle-ci.
Starting point is 00:46:57 Et Françoise avait fait un bon repas. Puis Claude, il mange au restaurant tout le temps. Il était tout seul. Et je me souviens il s'est élevé qui avait regardé un truc de françoise qui est au mur mais c'est plus lequelôme, par exemple. Mais ailleurs, elle ne montre pas ces choses. Elle ne montre pas ces choses de vraie. C'est de toute beauté.
Starting point is 00:47:32 Et puis... Ah! Ça fait du bien de prendre un bon repas à table, tranquille, avec des amis. Ah! Comme ça fait du bien. Quand je pense à ça, j'ai presque les larmes aux yeux,
Starting point is 00:47:49 parce que c'est ça. Il mangeait rarement dans une famille. Il mangeait toujours dans un restaurant. Je ne sais pas s'il savait faire la cuisine lui-même. Puis la plupart du temps, il vivait tout seul. Alors,
Starting point is 00:48:05 c'est ça. C'est comme si, parce que c'était comme une rencontre, lui, qu'il faisait avec Françoise et moi, et on avait Jérôme, je pense, on avait un premier fils ou deux, et c'était comme une rencontre avec la bourgeoisie. C'est un mot horrible,
Starting point is 00:48:22 tu comprends l'horreur de la bourgeoisie, de manger à tu comprends, l'horreur de la bourgeoisie, de manger à table avec des enfants, tu sais. Et il était très ému. Il était très ému. Moi, je suis ému quand je pense à ça. Et aussi, il y a Jean-Pierre Ronfort, qui était debout ici, qui me dit,
Starting point is 00:48:41 il dit, Marcel, veux-tu jouer dans Les oranges sont vertes? Et moi, j'étais à la table. C'était peut-être dans l'autre, mais c'était avec cette table. Et c'était la... Donc, dans la grande pièce de Gauvreau. Oui, alors, Dans les oranges sont vertes. Il dit, veux-tu jouer? Je lui dis, quoi, tu montes ça?
Starting point is 00:48:58 Il dit, oui, je monte ça au TNM. Je lui dis, Claude Gauvreau, vivant, jamais tu ne monteras Les oranges sont vertes au TNM. Il dit, pourquoi? Bien, je lui dis, voyons, non. Claude Gauvrault, vivant, jamais tu ne montreras les oranges sont vertes au TNM. Il dit, pourquoi? Bien, j'ai dit, voyons, non. Claude Gauvrault, il croit qu'il est le plus grand auteur dramatique de tous les temps.
Starting point is 00:49:14 Il n'a jamais été monté. Twit est un metteur en scène qu'il révère. Le TNM, Claude Gauvrault, il est très conservateur. Vous avez des acteurs. Il aime les bons, les bons acteurs de métier. Curieux, ça, hein? C'est contradictoire avec sa personnalité, mais c'est comme ça.
Starting point is 00:49:34 Et là, dans le théâtre, qui a les meilleurs acteurs, avec des acteurs pour lesquels il va dire oui, oui, oui, oui, parce qu'il avait dit oui pour moi, Michel Rossignol, tu vas monter ça au TNM avec toutes les ressources du TNM. Si c'est un flop,
Starting point is 00:49:57 il n'est pas le plus grand auteur dramatique de tous les temps. Il ne pourra pas le prendre. Il s'est suicidé une semaine avant le début des répétitions. Je n'ai suicidé une semaine avant le début des répétitions. Je n'ai pas besoin de te dire qu'aux répétitions, c'était... Et quand, avant la première,
Starting point is 00:50:12 je me souviens, Michel Ressignol était venu passer dans ma loge. Puis il a... Ouais. Bon, mais écoute, Michel, on ne sera plus chez les roches. So what?
Starting point is 00:50:26 What's the big problem? » Mais on continue. Du certainement. Parce que c'est une pièce très étrange, les oranges sont vertes. Oui, oui, oui. Très orange. Très étrange. Très orange. Très orange et très étrange. Et puis, on s'attendait à se faire pitcher des tomates. On s'attendait vraiment. Parce qu'au début,
Starting point is 00:50:42 le début, c'est terrible, c'est dur pour le public. C'est effrayant. Alors, c'est terrible. C'est dur pour le public. C'est effrayant. Alors, c'est ça. Mais on était prêts à tout. Il n'y a rien qui va nous... Puis ça a été un succès. Ben oui. Ben oui. Le monde a fait des rappels puis tout ça. Ah ben, on n'en revenait pas.
Starting point is 00:50:58 On n'en revenait pas. Puis c'est ça. Puis ça a été un succès. Ça a pu... Mais une semaine, c'était dix jours avant ou deux semaines avant, Claude se collait sur le bas de son garage. Et il se tue. C'est laquelle votre chanson préférée parmi celles que vous avez écrites pour Robert Charlebois?
Starting point is 00:51:21 Engagement ou chute d'un. Les deux, oui. Je suis dedans, c'est... C'est parce que c'est assez le fun. On est dedans. Tout le monde est dedans. L'univers est dedans.
Starting point is 00:51:38 Puis, il n'y a pas moyen de ne pas être dedans. Moi aussi, c'est ça. Et... Puis ça, ça a été écrit sur un bord de table parce que Robert ne voulait plus écrire de chansons parce qu'il venait avec Lindbergh
Starting point is 00:51:52 puis il dit, ça a pris une nuit pour écrire Lindbergh. Moi, je ne veux pas. Voyons, parce qu'il avait écrit des bien belles chansons, Robert, avant, qui sont inconnues. Que tu connais peut-être si tu es un amateur. La Boulée, par exemple. Oui, oui, c'est ça.
Starting point is 00:52:07 Et puis voyons, j'étais en tabarnak. Il va se coucher. Puis, alors maman a écrit des affaires, puis je laisse ça sur la table, puis il se lève. Puis là, le matin, il me lève aussi, puis il est en train de manger, puis Marcel dit,
Starting point is 00:52:23 « Qu'est-ce que c'est, ça? » « Hein? Quoi, ça? » « Ah! Ah, tu sais, juste, j'étais en tabarnak avec ce que t'as raconté hier, puis tout ça, puis t'es déprimé. Voyons donc, si t'as écrit de très belles chansons, puis... Jette ça, puis rien. Et tu peux-tu les apporter avec moi?
Starting point is 00:52:40 Puis écoute, je te dis, jette-les. Alors, tu peux faire ce que tu veux avec. » Il a fait la chanson. Il a fait la musique de « Tout est quartier » ou de « Je suis dedans », je ne sais plus laquelle, dans l'avion. Il a débarqué en chantant ça. Ça veut dire que l'essentiel des chansons que vous avez écrites
Starting point is 00:52:55 pour Charlebois, « Je suis dedans », « Tout est quartier », « Le Mont-Atos », vous avez écrit ça. L'histoire d'une nuit. Oui, oui, oui. Au moins trois de ces quatre ou cinq-là. C'est une nuit productive. C'est une bonne nuit. C'est une bonne nuit. Une de vos bonnes nuits, Marcel.
Starting point is 00:53:09 Oui, oui. C'est jamais une bonne nuit. Mais je me fais en sorte que ça revienne non plus. C'est bizarre, ça. C'est bizarre. Vous avez écrit un album pour le groupe Vos Voisins, si je ne me trompe pas. Oui, oui. Qui est très, très bon.
Starting point is 00:53:23 Qui est évidemment moins connu que l'oeuvre de Robert Charlebois, parce que Robert Charlebois, c'est un dieu. Bien sûr, bien sûr. Mais c'est un très bel album, ça. Ah bon? Ah bien, hey! J'ai ça à la maison. J'écoute ça une fois de temps en temps. Hey, Jacques Perron, t'entends? Oui, Jacques Perron, qui est un des musiciens de Vos Voisins.
Starting point is 00:53:37 Eh, mon Dieu! Puis qui a beaucoup travaillé avec Louise Forestier, si je me trompe. Oui. Ah bien, dis donc, parce que c'est un album... Bien oui, ça Jean Lapointe avait écouté ça dans le salon, il avait aimé ça et plusieurs autres, mais finalement ça a passé
Starting point is 00:53:55 presque sous le radar c'est bizarre ça Pourquoi est-ce que vous aimez à ce point-là le mot pantoute? Il revient souvent dans votre œuvre. Parce que « pantoute », ça veut dire la même chose que « pas du tout », mais c'est pas la même chose non plus. Oui, ça veut dire la même chose que « pas du tout »,
Starting point is 00:54:14 mais tu peux difficilement utiliser « pas du tout » dans certaines phrases où tu utilises « pantoute ». Parce que « j'aime pas ça pas du tout » ou « j'aime ça pas du tout », ça se dit mal. Mais « j'aime pas ça pant du tout. Ou j'aime ça pas du tout, ça se dit mal. Mais j'aime pas ça pantoute, ça se dit très bien. Alors, oui, oui, c'est une bizarre expression. Mais on est plein de bizarres expressions. Mais c'est fini, ça.
Starting point is 00:54:39 Ça s'en va. Ça existe dans les chansons, dans certaines chansons. Mais les gens apprennent de plus en plus le français normatif. Moi, je l'emploie pantoute. J'en va. Ça existe dans les chansons, dans certaines chansons, mais les gens apprennent de plus en plus le français normatif. Moi, je l'emploie à Pantoute. J'aime ça. C'est un beau mot. Oui, ça va. C'est une bonne façon de... C'est comme ça que s'est construite la langue française.
Starting point is 00:54:56 C'est en faisant des liens entre des mots, des syncopes, qui rentrent les uns dans les autres comme une main dans un gant, puis ça fait juste une main gantée. Alors, ça fait un mot, un nouveau mot.
Starting point is 00:55:11 C'est intéressant, ça. La main étant le dictionnaire, c'est-à-dire toute l'historique des vocables, et puis le gant étant la langue. Puis ça fait un nouveau mot, c'est le fun. Mais c'est là où je voulais en venir tantôt. Il y a peu de gens comme vous qui sont
Starting point is 00:55:32 en mesure de s'émerveiller face à ce que leur cerveau crée comme association, comme idée, ce que vous venez de faire à l'instant. Ah oui, oui, oui, mais ça, m'émerveille quand c'est bon, mais la plupart du temps, c'est pas bon, car il se fait que m'émerveille pas pendant tout. Et, mais la plupart du temps, c'est pas bon au carlis. Je m'émerveille pas pantoute. Et j'y travaille pas du tout non plus.
Starting point is 00:55:48 Bon, non. C'est de la bullshit. Mais de temps en temps, c'est vrai qu'il y a des bonnes affaires. Puis si je voulais écrire, puis tout ça, mais je suis pas un écrivain. Alors, si j'avais la patience de ça, alors, évidemment que
Starting point is 00:56:03 je découvrirais des affaires, mais comme tout le monde. Je sais que vous êtes rebellé contre le joug de l'Église catholique, mais est-ce que vous croyez en quelque chose? Pas nécessairement, parce que je comprends que vous ne croyez pas à une déité.
Starting point is 00:56:18 Je crois en rien prend tout. En rien prend tout? Oui. Le rien prend tout étant le tout prend rien. Alors, et le tout, pas en rien étant tous les univers que tu puisses imaginer exister. Alors, on sait déjà qu'il y a des univers bizarres
Starting point is 00:56:36 qui sont peut-être autour de nous autres, des galaxies très, très étranges, qui ont 50 000 étoiles dans notre galaxie, ce qui donne bien des chances d'avoir bien des planètes habitées, de toutes sortes de phénomènes. Puis, peut-être qu'il y a 50
Starting point is 00:56:53 milliards de galaxies. On ne sait pas. On ne sait pas. Il n'y a personne qui le sait. Alors, il faudrait demander. Peut-être que à ce jour d'aujourd'hui, peut-être que la NASA a une petite idée là-dessus. Je ne sais pas.
Starting point is 00:57:09 Mais je pense que... Mais il y a 10 ans, non, ça ne va pas encore. On n'est pas encore arrivé au bout du bout du bout du bout du bout des galaxies. Alors, il y a des étoiles. On pensait que c'était des étoiles. Ce sont des galaxies, tout à coup, quand le vie de télescope est assez fort et transporté par des trucs. galaxies, tout à coup, quand le télescope est assez fort pour aller et transporter
Starting point is 00:57:25 par des trucs. Alors donc, on n'en sait rien. On est dans un mystère inouï, total, et pour moi, totalement merveilleux. Pourquoi? Parce que j'ai à manger.
Starting point is 00:57:43 Si je n'avais pas à manger, ou si je n'avais pas mes deux jambes, puis un bras qui me manque, puis que je n'avais qu'un bras, si, etc., il y a bien des si, je ne trouverais pas cet univers merveilleux. Du tout. Mais j'ai à manger.
Starting point is 00:57:57 J'ai eu à manger tous les jours de ma vie. Puis on n'était pas riche chez nous, en plus. J'ai eu à manger tous les jours de ma vie. On a même à boire aujourd'hui. On a même à boire. Bien là, vous n'avez plus à boire. Tu n'as plus rien. J'ai fini mon Saint-Zano. C'est à toi d'en donner un autre bolini.
Starting point is 00:58:12 Ça vaudrait la peine. Oui, oui, je suis sérieux. Merci de nous accueillir. Je t'en prie. Vous avez fait bien des blagues au cours de notre conversation au sujet de votre fin, de votre mort. Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez?
Starting point is 00:58:29 Vous pensez que je parlais F-A-I-M? Non, parce que j'ai bien compris que vous avez mangé à votre faim. J'ai parlé des hot-dogs, des pétates frites. F-I-N. Du moment où vous allez... Oui, oui, oui. À mon âge, si tu ne penses pas une fois de temps en temps à disparaître, t'es niaiseux en tabarnak. À mon âge, si tu ne penses pas une fois de temps en temps à disparaître,
Starting point is 00:58:46 tu es niaiseux en tabarnak. À mon âge, tu sais. Vraiment. Hey, arrive en ville, le gars. Tu sais, tu n'atteins pas 80 ans sans te dire que très bien, je ne peux très bien pas me réveiller demain. So what?
Starting point is 00:59:02 So what? Françoise pourrait très bien se débrouiller toute seule. Les enfants sont élevés. Ils peuvent m'en remonter de ce côté-là. Alors, donc, je ne suis plus vraiment utile à personne. Tu sais? Et... Donc, c'est... Ben non.
Starting point is 00:59:17 Lui, il branle la tête parce qu'en effet, si je n'étais pas là, je ne pourrais pas enregistrer ce que je suis en train de dire. Vous êtes utile à ça aujourd'hui. Oui, c'est ça. Et donc, vous ne travaillez pas pour rien. Mais ça ne fait rien. Tu sais, c'est une bien petite utilité, tu sais, vraiment.
Starting point is 00:59:32 Mais pour nous, elle est totale. Oui, oui. Pour vous autres, elle est totale. Mais déjà, demain ou après-demain, quand ça sera passé à la radio, bon, bien, si je meurs, aucun problème avec ça, tu sais. Vous aurez... C'est de valeur parce qu'il était sympathique, le tabarnak. Mais c'est tout.
Starting point is 00:59:48 On va s'en souvenir, comme vous vous souvenez de votre rencontre avec la balle guénéruse dont vous nous parliez tantôt. Oh non, parce que je suis loin de Chris Doulanova. Mais c'est curieux parce que Natacha Natalia Tsernova, c'est ça, qui était ma grande amie à Moscou, qui était la pupille. Elle avait été élevée par Ulan-Nova.
Starting point is 01:00:14 Elle est devenue la grande spécialiste du ballet russe à travers le monde. Mais je ne l'ai pas revue depuis... Kim l'a vue, Kim Yarochevskaya, quand elle est allée en URSS. Je lui avais donné l'ai pas revue depuis... Kim l'a vue, Kim Yarochev-Skaya, quand elle est allée en URSS. Je lui avais donné l'adresse.
Starting point is 01:00:30 Et comme Kim est une ancienne danseuse, alors elle avait rencontré... Je ne sais pas si tous ses amis-là, Ina, Misha, Mikhail, Natacha, Natalia, s'ils vivent toujours, je ne sais pas du tout. Je n'ai pas eu de nouvelles.
Starting point is 01:00:47 Natacha m'a écrit quand elle est passée en Suisse, après la chute de l'Union soviétique. Puis, j'ai eu la paresse de ne pas lui répondre. Je m'en veux encore, tu vois. Ça, c'est ça.
Starting point is 01:01:02 On a des deuils, puis des péchés comme ça qu'on a fait. Ça, c'est ça. On a des deuils, puis des péchés comme ça qu'on a fait. Ça, c'est un péché. Puis c'est ça. Il n'y a pas d'absolution pour ça. Tu meurs avec. M. Sabourin, mon balado, ce qu'on fait aujourd'hui, ça s'appelle « Juste entre toi et moi ». Donc, en conclusion, est-ce que vous auriez quelque chose
Starting point is 01:01:19 à me dire qui resterait juste entre vous et moi? On en a déjà fait beaucoup. On a réalisé la plus courte entrevue de l'histoire des entrevues. Ça a duré 32 secondes tantôt, on a fait ça. Mais est-ce que vous auriez une dernière chose à me dire? C'était ça. C'était ce long silence?
Starting point is 01:01:43 Oui, parce qu'il n'y a qu'un long silence qui puisse exprimer ce fait-là d'être sur une planète, un petit grain de sable dans l'univers. Tous les trois
Starting point is 01:01:59 à une table qui est un petit grain de sable sur cette planète, petit grain de sable sur cette planète petit grain de sable, dans cet univers qui est peut-être, et ça, on ne le savait pas avant. Imagine-toi, il y a juste quelques centaines d'années, on pensait encore que l'univers, c'était le système solaire où on ne peut pas...
Starting point is 01:02:17 Après, ce n'est pas des étoiles, on ne savait pas ce que c'était. Imagine-toi, juste il y a quelques centaines d'années. Toutes nos idées viennent de là, d'un moment où on ne savait pas ce que c'était que l'univers puis là non seulement on sait ce que c'est que la voie lactée, plus ou moins on n'a jamais allé au bout de la voie lactée
Starting point is 01:02:35 mais que il y a peut-être 50 milliards de voies lactées hein? mettons 25 milliards mettons un milliard milliards de voies lactées. Hein? Mettons 25 milliards. Mettons un milliard de voies lactées à 50 milliards d'étoiles.
Starting point is 01:02:54 Alors, il n'y a, pour les êtres intelligents et pas pour moi, il n'y a que le silence. Mais moi, je parle. Mais, parce que je ne suis pas silence. Mais moi, je parle. Parce que je ne suis pas intelligent. Mais si tu es vraiment ouvert à ce... cet immense phénomène mystérieux
Starting point is 01:03:17 qui est une galaxie, qui est d'être là, tu ne peux que te fermer la boîte. C'est ça qui est le plus intelligent. Merci pour le drink. Ça a été un honneur, M. Sabourin. Merci de nous avoir accueillis. Bien fait.

There aren't comments yet for this episode. Click on any sentence in the transcript to leave a comment.