Juste entre toi et moi - Martin Matte
Episode Date: December 16, 2024Alors qu'il vient de terminer l'écriture d’une nouvelle série de fiction, inspirée de la vie de son père, Martin Matte revient sur ses débuts en humour et sur l'accueil difficile réservé à s...on talk-show. Il raconte aussi le brouillard qu’il a traversé dans les années suivants l’accident de son frère.
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Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue à cette cinquième saison de Juste entre toi et moi. C'est toujours un aussi grand bonheur de vous savoir à l'écoute de ces généreuses entrevues
qui acceptent de m'accorder des artistes québécois sans toujours savoir dans quoi ils s'embarquent.
On aura donc pour vous quelques épisodes avant Noël et la suite au retour des fêtes.
Et on lance ça en grand parce que le premier invité de cette cinquième saison,
c'est nul autre que l'humoriste Martin Matt.
Martin vient de terminer l'écriture d'une nouvelle série de fiction qui doit tourner au cours des prochains mois et qui sera diffusée par Amazon Prime.
Et il est aussi toujours derrière la fondation Martin Matt, une fondation qui vient en aide à ceux et celles qui, comme son frère Christian, ont été victimes de traumatismes crâniens. Le 8 février prochain
se tiendra au Sommet Saint-Sauveur
la dixième édition des
Beaux Quatre Heures. C'est une collecte de dons qui vise
cette année à amasser un million
de dollars pour la Fondation Martin-Math.
Je vous rappelle que vous
pouvez consulter l'article que j'ai tiré
de cette rencontre dans la Presse Plus,
sur lapresse.ca,
ou dans votre téléphone sur la presse mobile.
Et voici sans plus tarder mon entretien avec le sensible Martin Matt.
Juste entre toi et moi, ça restera entre toi et moi
Pour une fois
Ça reste entre toi et moi
Martine, ta relationniste,
qu'est-ce qu'elle te fait comme commentaire
après les entrevues que t'accordes?
Pourquoi t'as dit ça? Quand à coups, il pense, qu'est-ce qu'elle te fait comme commentaire après les entrevues que tu accordes? Pourquoi tu te dis ça?
Quand à coup, elle pense que c'est vrai.
Mais en général, ça va bien, Martine.
Martine, sais-tu que ça fait...
Hum...
J'essaie de calculer, Martine,
mais 28 ans?
Qu'est-ce que c'est mon attaché presse?
Une de tes plus longues relations à la vie?
Pas tant. J'étais 30 ans. Qu'est-ce que c'est mon attaché presse? Une de tes plus longues relations à la vie? Pas tant.
Non?
J'étais 30 ans.
OK, mais ce que je veux dire, une relation qui dure encore.
Mon gérant, 27.
OK.
J'ai des longues relations.
François Avar, ça dure depuis combien de temps?
Avar, 30 ans.
Bientôt.
Mais tu sais, Mike, Dan Grenier, Peridz...
Vous célébrez un anniversaire l'an prochain.
Vous êtes sorti de l'École nationale.
Hey, t'as raison. En 95?
Oui. J'ai pas pensé. Ça va faire 30 ans.
Je pensais que c'était pour
souligner ce prétexte-là que vous avez été réuni
par Mike. Ben, Mike,
oui, j'ai pas pensé aux
30 ans, mais j'ai pensé à la longévité
de notre amitié. Moi, ça m'a touché
au bout de cette entrevue, d'être là
avec ces vieux chums-là.
Donc, avec Daniel Grenier, Martin Peridzolo et Mike Weir,
dans 95, vous avez gradué de l'École nationale
de l'humour. Oui.
Est-ce que vous êtes toujours très, très proches,
les quatre? Absolument. Très, très proches.
Ça varie, mais... Tu sais, une fois,
j'ai vu Daniel hier.
Je vais écrire
à Mike la semaine prochaine
pour une niaiserie.
Je vais voir Péride.
Puis Dan, on va aller souper.
Oui, ils sont encore dans ma vie.
J'ai beaucoup d'affection et d'amour
pour ces gars-là.
Qu'est-ce que tu admires chez eux?
C'est différent.
Chacun, j'admire leur...
Je trouve ça beau.
Je vais te répondre.
Le cheminement de chacun est complètement différent.
Je regarde Dan,
qui était dans les
Chicken Swell, qui a explosé
ces dernières années, à sa façon,
dans son style d'humour unique, absurde,
Daniel Grenier.
Mike, c'est un humoriste
de grand talent.
C'était comme su à l'école de l'humour
qu'il ne sera jamais grand public.
Il va toujours avoir son petit public niché,
puis c'est bien correct.
Et il a réussi, avec les balados,
à devenir ultra populaire.
Je trouve ça beau.
Puis Perrides, il fait son chemin.
Là, il a son nouveau show. J'ai hâte de le voir.
Le dramatiste.
Je trouve ça beau.
Il était d'un beau malaise avec moi.
Il y a comme une espèce de zone de confort
quand je vois ces gars-là
et ces personnes-là de bientôt 30 ans de date,
François Avar, qui me rendent heureux.
Je trouve ça touchant d'avoir...
Chacun, on a fait notre chemin
et on est encore là et on s'aime encore.
Lorsque vous étiez à l'École nationale de l'humour,
est-ce que tu savais que parmi vous quatre,
ce serait toi qui aurais le plus de succès?
Bon là... Écoute... de l'humour, est-ce que tu savais que parmi vous quatre, ce serait toi qui aurait le plus de succès?
Écoute,
quoi répondre à cette question?
Ça en paraît prétentieux.
Non, mais... Ça ne t'en ressemblerait pas de prétentieux.
Moi, je suis reconnu pour mon humilité.
Je veux que ça reste.
Honnêtement, je ne savais
pas à quel point ça allait marcher
et à quelle vitesse, mais c'est vrai que l'humour,
tu parles et ils ne te répondent en rien.
On faisait des shows et ça marchait fort.
Ça marchait bien.
Quand j'ai fait le show de l'École de l'humour en 1995,
Denis Bouchard, dans le temps,
faisait les mises en scène des Galages de Spourir.
Il est venu me voir au Club Soda et il m'a dit
« Veux-tu faire un gala, Équivon? »
Puis dans le temps, les galas « Juste pour rire »
étaient animés par Yvon Deschamps.
C'était... Écoute, c'était extrêmement prestigieux, faire ça.
Fait que j'avais un feeling qu'il se passait de quoi vite.
Mais après ça, je savais pas jusqu'où, pas à quel point,
mais c'est vrai que ça a explosé pas mal vite, mes affaires.
C'est à ce moment-là que t'as rencontré Yvon Deschamps
pour la première fois? Première fois. Puis moi, c'était l' que ça a explosé pas mal vite, mes affaires. C'est à ce moment-là que tu as rencontré Yvon Deschamps pour la première fois?
Première fois. Puis moi, c'était l'idole de mes parents.
Puis je l'écoutais petit
à la télé, puis je l'admirais
sans comprendre.
Ça a été long avant que je comprenne
son deuxième degré.
Tu sais, à 12, 13, 14, 15,
je ne savais pas.
Et après de découvrir la profondeur
de cet homme-là, d'aller chercher, de brasser
les enjeux sociaux puis d'aller loin
puis quand ça n'arrive pas de continuer
d'avoir une...
tu sais qu'il a réussi à traverser les décennies
à s'ajuster
à ajuster son style au stand-up
qui se faisait d'époque en époque
puis à rester bon aussi
fin, intelligent généreux.
C'est une des plus belles personnes que j'ai eu la chance
de rencontrer. Puis j'avais 25 ans.
Et moi, vu que j'étais nouveau,
ils m'ont fait faire le premier numéro du gala.
C'était des gros, gros noms. C'était Daniel Lemay,
Michel Courtemange, Pierre Légaré.
Écoute, Pierre avait moins.
C'était vraiment...
Bonne chance. Et vu qu'Yvon
ouvrait le gala, puis j'étais le premier numéro,
j'étais en arrière du rideau
avec lui, côte à côte.
Puis je ne savais pas
à l'époque s'il faisait des blagues.
Il me disait, je suis nerveux, pourquoi je fais ça? Je ne suis pas bien.
Là, je suis stressé.
Puis là, je me dis, il fait ça pour me faire rire.
Puis j'ai compris par après que pas du tout.
Il était ultra nerveux quelques secondes,
quelques minutes avant le gala.
Puis après le gala, il est venu me voir,
il m'a félicité, puis il m'a dit
« Viens-tu souper avec nous autres? J'ai 60 ans ce soir. »
C'était son 60e anniversaire.
C'était son 60e anniversaire.
Puis tu vois,
il y a deux semaines, je dînais avec
au resto, c'était mon
ami de près de 90 ans.
Puis ça fait 30 ans que je connais
ce gars-là. C'est
une inspiration, un mentor, puis une magnifique personne. Tu parles de ami de près de 90 ans. Ça fait 30 ans que je connais ce gars-là. C'est une
inspiration, un mentor, une magnifique
personne. Tu parles de n'importe quoi.
Moi, je pense que ce gars-là, toute sa vie, il a été
10 ans en avance sur tout le monde.
Dans son côté
progressiste, intelligent
et talentueux. C'est vraiment quelqu'un que...
Ouais, j'ai rencontré Yvon
en 95, puis je le vois encore.
Est-ce que ça devient...
Est-ce que ça finit par devenir normal d'aller dîner avec Yvon Deschamps
ou ça te demeure quand même un petit peu spécial?
Ça me demeure spécial.
Moi, pour moi, c'est comme une...
Tu sais, quand Yvon sera plus là,
c'est un pan de notre culture qui va s'effondrer.
C'est une légende.
C'est un grand... C'est un géant.
Fait que pour moi... Tu sais, là, je veux pas trop en mettre, culture qui va s'effondrer. C'est une légende. C'est un géant. Pour moi,
je ne veux pas
trop en mettre, mais pour moi, c'est peut-être
le plus grand artiste qu'il y a eu au Québec.
Le plus touchant, le plus
marquant, puis une des plus belles
personnes. Puis en philanthropie, c'est un modèle
aussi. Il y a le Centre-Sud,
il y a le Chainon, il a donné énormément de son
temps, énormément d'argent.
Il est comme complet, cet homme-là.
Ça reste vraiment touchant d'aller luncher avec
et d'avoir cet homme-là comme ami.
Puis dans les coulisses avec lui,
alors qu'il se demandait pourquoi il s'imposait encore
cette violence-là.
Toi, comment tu te sentais?
Moi, je me sentais ultra nerveux.
Il était venu me voir.
Je n'osais pas parler à ces grands comiques-là. J'étais gêné.
Puis il était venu me voir
avant,
quelques minutes avant le show, puis il m'a dit,
« Si tu es là, c'est parce qu'ils
savent que tu es assez bon pour être là.
Fais-toi ça en pas, puis va faire ton numéro. »
Puis j'ai trouvé ça super fin,
beau, ça m'a calmé. Mais j'étais
très, très nerveux, mais très, très
prêt. Je suis quelqu'un qui travaille fort fort fort
mes affaires, fait que j'avais
rodé mon numéro, j'avais répété
4000 fois chez nous devant mon mur
fait que j'avais juste hâte
pis quand tu sortais
de Juste pour rire, t'sais j'avais
enregistré sur VHS
quand ça a passé à la télé, pis c'était mon démo
fait que quand ils voulaient m'engager, j'envoi
je donnais une cassette VHS avec mon numéro
puis présenté par Yvon,
ce qui était à peu près aussi hot que le numéro.
Ça a été très marquant.
Puis les galas dans le temps, il y en avait 5.
Tu avais 2 millions de codes d'écoute.
Après ça, ça a été dilué un peu
juste pour rire à la fin des dernières années.
Mais pour moi, en 95, faire un gala, c'était énorme.
On faisait ça où, du rodage
en 95?
On faisait ça où? Écoute, on n'en faisait
pas autant qu'on en fait aujourd'hui.
On faisait ça aux deux
Pierrot, qui s'appelait le Pierrot
qui rit, qui était une fois par semaine.
Il y avait une soirée d'humour au Café Campus.
Puis moi, j'ai parti des soirées
d'humour à Saint-Lazare.
Fait que t'avais comme 3-4 places
une fois par semaine. Contrairement
à aujourd'hui où t'as le bordel qui a
6 shows par soir.
T'as le terminal. Et sans compter toutes les autres soirées
dans les bars. Et à l'extérieur.
Partout au Québec, oui.
Et t'en avais, de temps en temps, t'en avais une.
T'avais le Dagobert à Québec. T'avais une soirée
au Pub en ville à Trois-Rivières.
Fait que c'était... T'sais, Rodé, quand t'avais le Dagobert à Québec, t'avais une soirée au Pub en ville à Trois-Rivières fait que c'était, tu sais, rodé
quand t'avais fait
trois fois, deux fois ton numéro
il était rodé, tu sais, c'était juste
moi j'ai animé les Oliviers
avec un numéro d'ouverture que j'ai cassé
le soir des Oliviers devant deux millions de personnes
tu l'avais jamais fait? Jamais de ma vie
jamais de ma vie, et juste pour rire
j'ai fait des numéros, pis pas le seul
les vieux, Courtemange, Lemire ils arrivaient au gala juste pour rire et ils c fait des numéros pis pas le seul les vieux, Courtemange, Lemire
ils arrivaient au gala juste pour rire et ils cassaient leurs numéros
c'était ça
la nouvelle ère avec Louis-José qui a animé la disque
c'était oh ok
il rode son gala comme un show
et là c'est devenu la norme aujourd'hui
mais moi j'ai fait ça, j'ai animé
il y avait 2 millions de codes d'écoute
pis tu fais ton numéro pis tu fais
85% des garsags ont marché.
C'était comme une moyenne au bâton qui était très bonne, mais...
C'était satisfaisant.
C'était satisfaisant, mais c'est sûr que t'avais des gags.
Écoute, c'était la première fois que t'y faisais.
Puis aucun montage, mais c'était comme ça.
Tes premières années de carrière, donc,
je comprends qu'un galop avec Yvon Deschamps, c'est majeur,
mais moi, la première fois que je t'ai vu en spectacle,
c'était probablement en 99 ou 2000,
un dimanche après-midi,
au Festival des gourmands d'Asbestos.
Est-ce que tu te souviens de ce moment-là?
Moi, j'ai une super bonne mémoire
d'à peu près tout ce genre d'affaires-là,
et ça, je m'en rappelle pas. Mais étais-tu dehors?
Oui, j'étais dehors.
Pas, je m'en rappelle.
Là, il y en a un peu plus des spectacles d'humour dehors, mais c'était une époque
où c'était très inusité. Ah! Écoute,
j'en ai tellement fait de ce que tu viens de dire.
Mais tu sais, des shows dans des
foires agricoles à Donacona,
des shows dans des parcs, mais j'avais
faim, j'avais une ambition
démesurée. Puis
c'était...
Écoute, j'y faisais toutes les shows. Je me rappelle,
juste pour rire, quand je te dis que j'ai fait un gala, j'y faisais toutes les shows. Je me rappelle, Juste pour rire,
quand je te dis que j'ai fait un gala,
j'ai quand même fait 16 shows dans les 12 jours de Juste pour rire.
Je courais d'une scène à l'autre dehors,
dans le Vieux-Port, pour aller faire mes shows.
Il n'y avait rien d'autre.
Je pense que l'ambition, on ne contrôle pas ça.
On a ça dans nous, puis elle varie d'année en année.
Puis là, c'était...
Je jouais ma vie à chaque show.
C'était ça pendant des années. Fait que c'était... Je jouais ma vie à chaque show. C'était ça pendant des années.
Fait que c'était... J'en ai fait
des foires agricoles et des corpos
dans des usines sur le ciment
que personne n'écoute.
C'est...
Fait que ce show-là, Asbestos,
dont je me rappelle pas, j'ai dû
parfois avoir du fun, parfois souffrir énormément.
Je suis revenu dans mon auto en pleurant souvent
parce que tu parles puis...
En pleurant?
Ah, ça arrive des fois.
J'ai fait des shows, là, que personne t'écoute
puis de temps en temps, t'entends crier,
mais c'est ta gueule, tu sais, parce qu'ils se parlent
puis t'es dans une usine puis c'est le show de Noël
puis toi, tu livres.
Parce qu'il y a quand même...
Moi, dans mon humour, il y a tout le temps un petit bout,
tu sais, de...
Je vais dans le drame pour faire rire après.
Tu as parlé de la mort de ton père,
de l'accident de ton frère.
Quand tu comptes ça, il se saoule et il ne t'écoute pas.
Tu peux revenir trouver...
Ça te joue sur ta confiance.
Tu te dis, Christ, n'étais-tu pas assez bon?
Moi, je me mettais tout...
Je revenais chez nous, des fois, je faisais des graphiques
de où ça apparaît et pourquoi.
Je m'enregistrais sur une petite enregistreuse cassette
et j'écoutais. Pour pourtant, j'avais bien livré.
Tu sais, aujourd'hui, c'est ridicule ce que je faisais.
C'était, dans le show, tu le fais dans des conditions pénibles,
puis fais de ton mieux, mais dans le temps, c'était,
j'ai pas été assez bon, qu'est-ce que j'ai pas fait,
où je peux m'améliorer?
C'était comme un peu maladif.
Puis t'acceptais ces contrôles-là
parce qu'il fallait que tu gagnes ta vie
ou parce que tu voulais traverser l'épreuve du feu?
Non, il fallait que je gagne ma vie
et j'avais l'impression que c'était le chemin
par lequel il fallait passer.
Mais rapidement, ce par-là,
ça a duré peut-être un an et demi,
deux ans max, max, max.
C'était déjà après deux ans,
avec les galas, juste pour rire.
L'année après, je suis sorti de l'école,
j'ai animé un petit show à Télé-Québec
qui s'appelait Allô, prof.
Déjà, ça faisait comme une notoriété
que là, les corpos étaient déjà un petit peu plus...
Moins bruns.
Moins bruns, dans des salles un petit peu plus légères.
Si on pouvait dire des conditions...
C'est niaiseux, mais si t'as une piste de danse
en avant de ton micro, c'est murder. S'il mange pendant t'as une piste de danse en avant de ton micro c'est murder
s'il mange pendant que tu fais ton...
on pouvait exiger ça
les grosses exigences
moi j'ai fait des shows debout entre deux tables
dans des clubs de golf
puis le serveur m'accroche parce qu'il ramasse
les affaires, puis je fais
il vient de m'accrocher lui
je suis en train de parler
je suis parti de là à exiger des petites conditions.
Mais les corpos, c'est pénible et parfois très le fun.
Tu peux arriver dans un corpo de Desjardins,
ils sont 300, ils t'adorent,
ça rit comme des fous.
Tu reviens chez vous, tu voles.
Puis le lendemain, t'es dans une usine,
puis ils font...
Je me rappelle avoir fait un corpo pour une usine à Laval.
Chez vous?
Chez nous, d'où je viens Je suis backstage
Si on peut dire backstage, j'avais mis une couverte
Puis le gars qui tenait la couverte
Il m'a dit ça a l'air que ça coûte 2000$ ton show
Il aurait pu faire un voyage
On serait en crise bien raide nous autres d'un humoriste
Ça c'est
3-4 secondes avant je rentre
Tout pour te mettre en confiance
Et c'est ce show là que ça criait ta gueule Mais 3-4 secondes avant que je rentre. Tout pour te mettre en confiance. Tout pour te mettre en confiance.
Et c'est ce show-là que ça criait ta gueule.
Mais, tu sais, quand je dis 2000,
quand tu fais des shows d'un bar et que t'es payé 100 piastres ou 120,
puis t'as un loyer, t'as un char,
c'est dur d'arriver.
Quand tu fais un corpo et que t'es payé 2000,
tu donnes ta cote au booking à ton gérant,
mais c'est énorme.
Tu commences à dire
que je gagne ma vie normalement avec ça.
Fait que c'est comme ça que j'ai commencé à gagner ma vie.
Puis François Avar, qu'est-ce qu'il disait
dans ces moments de découragement-là que tu traversais?
Bien, écoute, lui, il était pas souvent là,
mais il en a vu quelques-uns.
Puis...
Je pense que lui,
il ferait jamais ça, tu sais.
Mais Avar, il a toujours été là.
C'est vraiment la personne la plus importante
dans ma création artistique
par rapport à l'écriture.
Tout ce que j'ai écrit
et tous les projets dans lesquels je me suis impliqué,
je l'ai rentré dedans.
Je parlais d'AlloProf.
Il était scripteur sur AlloProf
pour écrire des stand-up.
Puis on avait des pédagogues qui lisaient les stand-up et qui tenaient leurs commentaires, qui était scripteur sur Alloprof, pour écrire des stand-up. Puis on avait des pédagogues
qui lisaient les stand-up et qui tenaient leurs commentaires.
Qui étaient ridicules.
Puis quand on dit émission jeunesse, on pense spontanément
à François Avoir, évidemment.
Mais écoute, les
mordus de l'humour vont peut-être...
Comme auteur, on avait François Avoir,
Marc Brunet.
J'oublie le prénom, Forgette.
C'est-tu Martin Forgette qui écrivait Kilomètreur? On avait Jeanest-tu Martin? Forgette qui écrivait Kilomètreur.
On avait Jean-François Pedneau qui écrivait Kilomètreur aussi.
Jean-François Léger qui écrit plein de sitcoms.
Écoute, on avait un pool de malades.
Mais on riait beaucoup des contraintes qu'on avait avec les pédagogues.
Mais Avoir, il était là.
Après ça, j'ai fait Caméra Café.
Je l'ai rentré comme script éditeur.
Tout ce que j'écris, les chroniques
au Grand Blond, les chroniques financières,
la Thulé Show.
Avar, c'est comme une espèce
de frère spirituel.
On a une espèce de
pensée commune. On est
outré par les mêmes choses.
On est touché par les mêmes choses.
C'est
précieux. C'est...
C'est précieux.
C'est un petit peu un cadeau de la vie de croiser quelqu'un
que...
On est vulgaire de la même façon,
on va se faire rire.
Fait que c'est...
Écoute, ça fait 30 ans, puis les beaux malaises,
là, j'étais en train d'écrire une série télé,
puis il était encore là-dessus, fait que c'est vraiment trippant.
Vous vous êtes rencontrés à l'école de l'humour?
À l'école de l'humour, parce qu'il n'a pas été là tout le long.
Il était là quelques semaines.
Il avait des petits problèmes de boisson dans le temps.
Parce qu'Ava boit plus depuis 30 ans.
Mais moi, je l'ai connu juste avant.
Ça fait que je l'ai connu là.
Et je me rappelle...
Écoute, c'était un bôme.
Il buvait puis il fumait pendant qu'il enseignait.
Tu veux dire en classe?
En classe.
Je ne sais pas si ça s'est déjà dit dans une entrevue.
Mais...
Il y avait l'oukia, il avait 26 ans.
Il était dur dans ses commentaires.
Frant et honnête.
Et intelligent et érudit et drôle.
Moi, je me suis dit,
tabarnan, j'aime ce gars-là.
Il me donnait des propositions
de voix pour écrire des gags.
Puis quand j'allais un peu trop loin,
selon moi, il me disait, voyons,
dans le temps, tu lui écrivais pour Adlib.
Puis il me disait, veux-tu jouer à Adlib
ou tu veux plaire à du monde
comme toi? Je lui disais, ah oui, écris ça,
vas-y. »
Ça a été...
Ça a cliqué avec ce gars-là. J'ai eu du fun.
Puis quand j'ai fini l'école de l'humour,
j'y ai dit « Peux-tu
t'envoyer mes affaires que je vais écrire? »
Puis il a fait « Nain barakan ».
Puis ça a jamais arrêté.
Donc la dureté de ses commentaires,
ça ne te heurtait pas? Pas du tout.
Au contraire, parce que c'était franc, c'était vrai.
Je sentais qu'il y a...
Moi, je parlais de...
J'avais mon style à moi.
J'étais super important.
Puis ça, c'est important pour tout le monde.
Mais de développer mon unicité,
je voulais pas être même trop...
J'avais peur quand on me donnait des commentaires
ou des propositions.
Je refusais beaucoup, beaucoup de choses
parce que j'avais peur de pas être moi-même.
Puis Avar, il m'encourageait.
Je parlais de la réaction de mon père
quand je partais en humo, comment il était fâché.
Ça fait que c'était pas du punch à chaque fois.
Je comptais beaucoup d'histoires
puis des punches qui viennent.
En tout cas, j'avais trouvé mon style là-dedans
et il m'encourageait fort, fort, fort.
Avec l'ironie aussi. J'avais un numéro style là-dedans et il m'encouragait fort, fort, fort. Avec l'ironie aussi.
J'avais un numéro, je me rappelle,
que je disais que le plus important,
c'est de travailler.
Je méprisais ceux qui donnaient de l'importance
à leurs enfants.
C'était comme...
À voir, il m'encouragait là-dedans.
Il trouvait ça drôle.
Ses commentaires ont toujours été pertinents.
En plus, il écrit.
Il peut te proposer un gag qui fit dans ce que tu écris
et c'était un fit parfait.
J'ai lu qu'à l'École nationale
de l'humour, tu avais présenté
une ébauche du numéro
avec lequel tu ouvres ton premier spectacle,
le numéro du gars prétentieux.
Et qu'on t'avait découragé d'aller dans cette direction-là.
C'est parce qu'on disait...
Moi, ça fait partie
de ma vie
de punch in
les acteurs vont se servir d'eux
pour jouer des rôles
moi aussi d'ailleurs
le stand up c'est jusqu'au bout des ongles
t'es toi même
dans la vie je faisais ça
je me servais de la vantardise pour faire rire
on m'a dit
les gens peuvent dire que t'es bon,
pis tant mieux, prends-le, mais toi, tu le diras pas
parce que tu peux pas être sympathique
si tu dis que t'es bon.
Pis ça, c'est un réflexe bizarre de mon cerveau
quand tu me dis, tu sais, tu peux pas faire ça,
je veux le faire, tu sais.
Si tu me dis dans l'entrevue,
parle pas de ça, tu sais,
je vais trouver une façon de faire rire.
Tu vois les feuilles devant moi, ça, c'est la liste des sujets dont il ne faut pas parler aujourd'hui.
Je vais en parler.
Martin Montagé-Presse,
de dire quelque chose qu'on ne peut pas dire,
j'aime ça.
Mais intelligemment, puis l'amener,
puis trouver une façon de faire rire.
Ça, quand on m'a dit que ça ne se fait pas,
j'ai dit, hostie,
je vais le faire.
J'ai écrit le numéro,
j'ai posé le fer à l'école,
puis quand j'allais voir des premières de spectacle,
c'est...
Aujourd'hui, ça change un peu avec les réseaux sociaux.
Tu peux remplir tes salles avec tes réseaux,
mais dans le temps, c'était...
La première était capitale.
Puis là, j'allais voir des premières d'humoristes,
des grands humoristes qui avaient beaucoup de succès,
des Anthony Cavanaugh, Anktil.
Et ils commençaient comme ça.
« Hé, que je suis nerveux, c'est aujourd'hui ma première. »
Puis dans la salle d'un des shows, je me suis dit,
« Hé, moi, je vais dire, moi, je suis pas nerveux. »
Pas parce que je suis pas nerveux d'envie,
parce que c'est tellement bon ce que je fais,
que je, en lisant mes textes,
je me suis mis à écrire un numéro comme ça.
Puis la première fois que je l'ai fait,
j'ai enchaîné.
Mais j'avais Christian Bégin comme metteur en scène.
C'est à Laval, c'est ça? C'est à Laval, oui.
À la Maison des Arts.
Puis Christian, tu sais,
il n'y a rien qui arrive pour rien. Je suis allé chercher
quelqu'un pour m'aider à ma mise en scène
que je savais qu'il aimait ça, qu'il aimait
les côtés touchants, qu'il aimait l'ironie,
qu'il aimait des choses qui ne se disent pas. Puis il m'a beaucoup encouragé à le faire, qui aimait l'ironie, qui aimait des choses qui se disent pas.
Puis il m'a beaucoup encouragé à le faire.
Puis quand je l'ai fait, j'en tremblais.
J'en tremblais physiquement,
de peur que ça soit pris au premier degré.
Et dès le deuxième gag, j'avais des claps, ça riait.
Puis c'est devenu même plus grand que nature, un moment donné.
Les gens, ils voulaient tellement,
dans chaque entrevue, que je me vende,
puis que je suis venu un peu tanné de tout ça.
Même les beaux-malaises, je suis allé...
Le gars est malhabile de ses mains.
Il est méchant avec ses enfants.
Il est menteur. Il est peu heureux.
Pour moi, c'est une façon de casser ça,
montrer un autre aspect
de le gars qui se vende et qui est le meilleur au monde.
Mais c'était le fun d'en faire sur scène.
J'ai vraiment trippé.
Tu reviens quand même encore parfois.
C'est comme un chef cuisinier
qui a plein de petits ingrédients.
Ou des ingrédients
que tu peux te saupoudrer
pour t'amuser, pour faire rire. Ça fait partie de moi.
On veut que Charles Lebois nous chante Lindbergh
une fois de temps en temps.
Ça fait que je le garde de temps en temps.
J'en mets un petit bout.
Mais qu'est-ce qui te lassait là-dedans
dans l'insistance des gens?
Comment les gens espéraient ça?
C'est parce que...
La vraie réponse, c'est que
c'est instinctif.
Je le fais parce que j'ai le goût
et je pense à un punch et je le fais.
Quand tu m'imposes
avant, puis ça c'est arrivé,
tu fais le sound bell,
en commençant, dis-nous que t'es déçu,
la salle est trop petite pour toi. OK.
Ben non, oui, oui, ça va être drôle.
Impose-moi pas que je dise que...
Ça, ça me lassait ou
ils me proposaient des gags
de ventardise pour des intros,
des missions.
Ça, c'est le fun quand tu le fais
quand tu veux, tu sais. Mais quand on l'impose,
c'est un petit côté fais-moi rire, vas-y, ça, c'est le fun quand tu le fais quand tu veux, mais quand on l'impose, c'est un petit côté
« fais-moi rire, vas-y ».
Mais j'ai pu ça,
depuis quelques années, je vis plus ça.
Est-ce que ça aide
à avoir réellement confiance en soi
que de le dire de cette manière-là
sur scène?
C'est une question profonde, ça.
Ça m'arrive.
Sérieusement.
Écoute, c'est sûr qu'il y a quelque chose... Quand tu fais du stand-up,
tu peux être ultra nerveux,
puis c'est pas grave.
Mais tu peux pas ne pas être confiant.
Ça, t'es mort.
Si tu contes une histoire, puis t'es pas confiant,
si je te conte, puis je te regarde, puis je te convainc,
hé, tu vas trouver ça drôle.
Tu me regardes.
C'est comme ça que je suis sur scène.
Quand je te conte mes histoires.
Tu vas chercher. Il y a un lien fort.
Je le sens et les gens le sentent.
Moi, je doute énormément
ce qui ferait les gens quand je dis ça.
Je pense qu'à quelque part,
il y a un côté qui...
Je suis ultra confiant aussi.
Il y a une espèce de paradoxe là-dedans.
Je pense que ça m'a aidé
à faire
vas-y à fond,
vas-y démesurément, de façon
ridicule, que ça devient un gag.
Puis je pense que oui, ça doit aider
à jouer ça. Puis ça fait chier
du monde. Il y en a que...
J'ai des échos quand je me vantais
de « Ah, tu devrais pas faire ça. » Ça me dérange
pas. Les gens sont dans la salle
puis ils s'amusent, puis je m'amuse.
Puis s'il y a un pourcentage de gens qui disent qu'ils devraient pas faire ça, bien, c'est correct.
Je suis pas là pour séduire 100 % du monde.
Fait que...
Puis il y a quelque chose dans le québécois...
C'est pour ça que je te dis cette question,
elle va loin, parce que moi,
mon père avait une entreprise,
il est parti, il vient d'une famille ultra pauvre,
puis il était soudeur,
puis il étudiait de nuit
pour aller à l'université, quand tout le monde
riait de lui qu'il allait à l'université, puis tu sais, il est devenu
diplômé, directeur de cégep,
puis il a parti de son entreprise, tu sais.
Il nous a comme
élevés en nous disant
t'es pas né pour un petit pain,
tu sais, puis croisis, puis sois fier
de toi, puis sois bon, puis assume-le.
Puis il y a quelque chose dans nos racines au Québec
qui est...
Tu sais, je fais du ski alpin, je voyage,
puis je suis un bon skieur.
J'ai commencé à deux ans, puis j'ai fait des cours,
j'ai fait de la course, j'ai fait...
Puis j'étais avec des chums qui skient ultra bien en Europe,
puis on a croisé les Français,
puis on a skié avec eux, puis on dit...
On prend telle pente, êtes-vous des bons skieurs?
Puis mes deux chums,
puis moi, on a fait, on n'est pas pire,
tu sais. Ben, on n'est pas mal.
Ah, venez pas avec nous si vous n'êtes pas mal, c'est pas assez...
Alors que vous êtes plus que pas mal.
Et là, il dit, nous, on est top niveau, c'est pour ça qu'on prend cette pente.
Et là, on a fait, ben là,
on a pris la pente, on était
meilleur qu'eux, tu sais. Mais c'est pas
dans le réflexe d'un Québécois de dire...
Il y avait de quoi? Il y avait un pied de nez à ça.
Moi, mon chirurgien, j'ai le goût qu'il se trouve bon,
qu'il ait confiance,
que mon dentiste ne me dise pas que je fais ce qu'il veut mieux.
Je trouve ça honorable de se trouver bon
dans le sens où on l'est et de vouloir s'améliorer.
C'est pour ça que ta question va chercher large.
J'ai beaucoup réfléchi à ça.
Pourquoi je fais ça?
Mais je trouve qu'il y a de quoi de beau là-dedans,
d'assumer ça, surtout en ironie, puis en rien.
Quand je disais qu'ils vont des chances,
qu'ils faisaient, c'est pas fort.
Si tu penses que je suis sérieux,
il y a de quoi que t'as pas compris.
Mais j'aime la nuance que tu fais
entre le stress, la confiance
puis le doute. Donc, t'es animé
par le doute souvent.
Énormément. Mais faut que t'aies confiance
pour que tu montres ça. Fait que je trouve des façons
de... Moi, en répétant
beaucoup, beaucoup, beaucoup, en travaillant
beaucoup, beaucoup, ça canne mon stress.
Puis sûrement qu'en me vantant,
ça m'a fait écrire
de quoi que je trouvais drôle.
J'aimais ça, écrire ça.
De dire, je ne me rappelle pas
des lignes, ça fait longtemps,
mais de me planter sur scène,
j'aimerais ça. J'aimerais ça vivre ce que les autres
vivent. Ça se dit tellement pas.
Tu racontes que tu relisais tes textes
avant de présenter ton spectacle. Tu te demandais
si l'interprète que tu es...
Elle est assez forte. À la hauteur de la qualité des textes.
C'est ça. Il y a quelque chose
d'amusant à déconner avec ça.
Puis c'est juste que là, après,
ce numéro-là qui durait 5-6 minutes...
Oui, c'est l'intro du spectacle.
Sur une heure et demie, c'est devenu que...
Il est devenu plus grand que nature dans toutes les
entrevues puis partout. C'est pour ça que tantôt, je disais,
il y avait un petit côté lassant à ça.
Mais ça a été une porte d'entrée dans ce milieu-là
qui a été super trippant pour moi.
Je me suis bien amusé avec ça.
L'ambition dévorante dont tu parlais tantôt,
qui te faisait te promener de scène en scène
pendant les festivals juste pour rire,
elle tenait à quoi?
Est-ce que c'était pour prouver à ton père?
Sûrement. Sû père? Sûrement.
Sûrement.
Sûrement.
Tu sais, là, j'ai 54.
Fait que, tu sais, il y a plein de réponses
que je vais donner bien différentes.
Tu t'en aurais donné 52 maximum.
Mais si...
C'est parce que...
Moi, j'écrivais pour faire rire
puis m'amuser. Des fois, on me disait
« Oh, c'est comme une thérapie, toi.
Ce que tu disais à ton père. » Non.
Je compte des histoires.
Mais là, oui, ça en était une.
Oui, tu sais...
Je pense qu'il y avait ça.
Il y avait mon père qui me disait « Ça marchera jamais. »
Il te le disait de cette manière-là?
Oui, oui. Il disait « Voy y a des gens qui vont en humo,
ils ont un don,
ils font ça parce qu'ils ont un don.
Toi, non.
C'était ça.
C'est sûr que ça a fait...
Ma personnalité était comme ça.
Quand j'étais vendeur,
j'étais un très, très bon vendeur.
Je vendais beaucoup.
Il y avait ça qui m'animait.
Je me demande si mon frère,
qui a eu un gros accident,
qui ne pouvait pas réussir,
il n'y avait pas un moteur là-dedans de réussir
fort pour pouvoir l'aider à quelque part
un moment donné s'il y a besoin. Je pense que
ça, même si c'est la première fois
que je le verbalise, je pense qu'il y a peut-être
quelque chose là-dedans. Quand tu es tout le temps...
On avait un an de différence, on était tout le temps ensemble.
Il y a eu un gros accident
et il y a peut-être un moteur
là-dedans qu'il fallait que je réussisse.
C'est un mélange de tout ça
que je regarde de façon amusée.
Je me dis, tabarnan, tu voulais vraiment...
Mais c'était correct, ça m'a fait faire des bonnes affaires,
mais il y a pas si longtemps, peut-être 4-5 ans,
on dirait que je regardais mes horaires,
puis je me disais, bien voyons.
Tu sais, faire une tournée
de 400 000 billets au Québec
de 350 shows
en un an et demi, tu sais
c'est pas d'allure, tu sais, c'est pas
qu'est-ce que tu faisais là, t'as pas besoin de ça
mais j'avais un gérant
ultra ambitieux aussi
qu'on suivait les deux
qui avait du bon, ça m'a fait faire
plein de belles affaires, mais qui m'a brûlé aussi.
Un moment donné, j'ai tombé sur scène d'épuisement.
Littéralement?
Oui, carrément, devant 2000 personnes,
un soir à Québec, en 2009.
C'était mon 16e show en 14 jours,
ce qui, peut-être, c'était trop.
Et j'étais vraiment fatigué.
Depuis, il m'en restait comme une...
peut-être une quarantaine à tourner.
Je devais être à 280, 290 soirs.
Là, j'étais fatigué. J'étais vraiment fatigué.
Je l'ai déjà compté.
J'ai vraiment
décidé de venir avec moi.
Quand tu fais 300 shows,
il venait à Québec.
Je vais te conduire. Je ne comprenais pas pourquoi, il avait une raison à ça.
Puis tout le long, j'ai dit à ilot,
puis là, il me proposait des projets.
Puis quand ça marche fort, tu pourrais travailler
huit jours semaine, 24 heures sur 24.
Puis là, tu sais, j'étais, ah non, je veux pas faire ça.
Je veux juste finir la tournée puis me reposer.
Puis j'avais hâte d'arriver à la chambre d'hôtel
pour me coucher avant le show, tu sais,
les deux heures que j'avais.
Puis quand j'étais arrivé à la chambre d'hôtel,
il y avait 50 personnes,
puis ils m'ont remettu une plaque de 400 000 billets vendus.
T'as pas pu faire ta sieste.
Pas du tout.
Puis un moment, on m'a tapé sur l'épaule,
puis on m'a dit, il faut aller à la salle,
il y a le show.
Mais quand je suis fatigué,
c'est arrivé des dizaines de fois
que j'étais ultra brûlé,
puis j'ai fait mon show, c'était correct.
Mais cette fois-là, mon corps,
il a fait, là, mon homme,
tu te pousses trop. J'ai eu un trou de mémoire, mon corps, il a fait... Là, mon homme, tu te pousses trop.
J'ai eu un trou de mémoire,
comme j'ai eu plein de fois, puis j'étais assez à l'aise là-dedans. J'aime ça déconner quand j'ai un trou de mémoire.
Tu le dis pas forcément au public?
Je le dis. Je m'amuse avec ça. Ça rit.
Je reprends mon texte.
Ça me stresse pas. Et là, j'ai eu un trou de mémoire.
J'ai fait une joke. C'est pas revenu.
C'est pas revenu. Puis j'ai eu,
à 39 ans,
une attaque de panique que je savais pas c'était quoi.
Là, je le dis, mais je pensais que j'avais une attaque cardiaque. C'est ceux
qui ont joué ça. C'est que ton cœur, il bat
super vite, puis t'as des montées
de chaleur. Là, je me suis dit, mais
qu'est-ce qui se passe? Puis là,
j'ai dit, ça va pas.
Je vais être obligé de quitter, puis j'ai quitté la scène.
Puis ces grosses salles-là,
ils ont des infirmières sur place.
Une infirmière qui a pris ma pression.
Je vais toujours me rappeler.
Elle avait un gros sourire.
Elle m'a dit, ça va pas du tout.
C'était pas ce que tu voulais entendre.
Il y a une différence.
On mélange les termes burn-out, dépression, coup de fatigue.
J'étais pas en dépression.
J'étais pas malheureux.
J'étais exténué.
Et là, tu sais, j'ai vu un médecin,
puis ça, puis il a fait là, là...
Mais moi, j'avais un show le lendemain, un show le surlendemain.
Fait que là, on a annulé deux semaines de show.
J'étais allé me reposer.
J'ai tout enlevé, les autres choses qu'il y avait dans l'horaire.
Mais ça m'a marqué à vie, ça.
Parce que ton cerveau, tu sais, des fois,
si t'as un trou de mémoire, ça va-tu réarriver, ça?
Puis, tu sais, j'ai fait des centaines de shows depuis ce soir-là.
Je suis correct.
Mais ça reste quelque chose d'un traumatisme,
quelque chose d'extrêmement marquant.
Je souhaite à personne...
Tu parlais de Mike tantôt.
Il y a une tournée, il y a un succès fou.
J'ai le goût d'y envoyer un mot.
De dire, hey, fais attention à toi.
Rends-toi pas.
Souvent, quand tu commences à être fatigué,
t'as encore 120 shows de bouquins.
C'est ça, ça m'a appris ça.
Mais j'ai encore, quand je fais un projet,
une ambition
de fou que ça marche.
De monter l'équipe,
de monter le projet pour que ça marche le mieux possible.
Mais j'ai plus ce besoin-là d'être sur le spotlight
partout, tout le temps, puis de...
Je sais pas, ça, c'est... J'ai plus ça du tout.
Mais c'est triste parce qu'il y a plusieurs humoristes
qui ont... Il y a pas plusieurs humoristes qui ont...
Il y a pas un si grand nombre d'humoristes
qui ont connu un aussi grand succès que toi,
mais la plupart de ceux qui en ont connu un
de cette envergure-là ont vécu quelque chose de similaire à ce que tu viens
de raconter. Jean-Michel Anctil, Louis-José Hood.
Puis il y a Sam Breton récemment
qui a dû animer une partie de ses spectacles.
Quand c'est arrivé, on mange
trois ou deux semaines ensemble, on en parle.
Courtement, c'est arrivé.
Parlons-nous, hostie.
C'est parce que, gars, si tu fais...
Mais même toi, ton métier, c'est difficile.
C'est le même bateau. Parce que quelqu'un qui travaille dans un bureau, si tu fais, même toi, ton métier, c'est difficile. C'est le même bateau.
Parce que quelqu'un qui travaille dans un bureau,
une usine, puis il fait 40 heures semaine,
qui monte à 50, 60, 65 heures,
il sait que ça commence à être démesuré comme nombre d'heures, puis c'est dangereux.
Trois shows semaine ou quatre,
c'est-tu assez?
C'est-tu correct?
Plus six entrevues, Puis un petit tournage
Puis un 5
On peut-tu ajouter 9 shows?
Et là, c'est pas tant que ça
Mais c'est
Il n'y a pas de référence
Et le stress que tu te mets de livrer
Je me rappelle dans le show
Puis plus tu fais des grandes salles
Ça, c'est pas tout le monde qui sait ça
Mais plus t'es puissant
Moi, je jouais
à Wilfrid Pelletier. J'ai fait des
40 soirs à Wilfrid Pelletier.
Dans ton corps, tu le sens. Dans ton corps. Tu joues pour le troisième
balcon. Tu te donnes
et tu joues. Et quand tu reviens dans une
salle de 800, j'avais
l'impression que c'était...
J'les avais dans ma main. J'avais juste à regarder
le parterre un peu en haut.
Tu te vides plus.
Il y avait eu un film de Bob Dylan
et il avait rajouté un affaire comme 15 soirs
dans des arènes.
Il avait dit, je ne peux pas faire 15 soirs.
I will die.
Je ne suis pas capable d'avoir cette énergie-là.
Il y a quelque chose dans ça qui brûle.
Tu apprends.
Tu apprends.
Je faisais des grandes salles,
je me donnais, je me suis poussé
à bout, puis bien,
je vais faire en sorte que ça n'y arrive pas.
Donc, comment est-ce que t'es passé
de ta vie de vendeur à ta vie d'humoriste?
Écoute, bien,
tu sais, moi, je suis humoriste dans le cadre
jusqu'au bout des ongles. Je fais rire mes chums,
je fais rire à l'école, je fais rire dans la vie,
je m'amuse, je séduit en faisant rire,
je passe mes messages en faisant rire.
Ça fait que je me faisais dire,
depuis que j'ai 4 ans,
que c'était drôle, que je devrais être humoriste.
Je faisais croire des choses
qui n'étaient pas vraies
jusqu'à temps qu'ils se rendent compte.
Ça faisait rire.
Mais ce n'était pas de la mythomanie?
Non, non, c'était pour faire rire, c'était pour déconner.
Comme quoi?
Ben écoute, je pouvais...
Si on jouait à des jeux quand j'avais 6-7 ans,
mon père, évidemment, il était plus quelqu'un d'intelligent
qui me manipulait pour rire, pour gagner.
Puis je faisais sembl...
Je mentais avec ce que j'avais comme carte.
Puis là, ma mère disait, franchement, là, tu te pauvreties.
Mais sinon, là, c'est moi qui mentais,
qui gagnais. Ça faisait rire.
Je faisais croire
des choses pour faire rire,
pas pour être méchant, pas pour inventer des choses.
C'est depuis toujours.
Je me faisais beaucoup,
beaucoup dire ça. Mais chez nous, mon père avait
une vitrerie. C'était la construction. Ma mère,
elle enseignait, était psychotechnicienne
avec des enfants qui ont de la misère.
Après ça, elle est en toxicomanie.
Donc, le monde artistique n'était pas là.
C'était pas...
Même si les disques de Yvon Deschamps jouaient chez vous.
Oui, oui, ils écoutaient, mais on n'allait pas au théâtre.
C'était pas...
Puis devenir artiste, ça faisait pas partie.
Mes parents jouaient pas d'instruments de musique.
Tu sais, il y avait pas de...
C'était comme un monde
à part... — C'était pas dans le registre des possibles
pour toi? — Non, c'était dans le registre des...
Puis tu sais, moi, j'étais
proche de mon père parce que je travaillais
pour lui, puis je me faisais
beaucoup, beaucoup dire par mes amis
des gros compliments sur l'humour,
tout le temps, puis j'aimais faire rire.
Je passais des soirées à déconner.
Des commentaires de « Tu devrais devenir humoriste.
Est-ce que t'es drôle? »
Ça m'habitait, mais
merci pour ces commentaires-là. Je vais passer ma vie comme ça,
mais je ne deviendrai pas humoriste parce que
je ne sais pas comment, je ne sais pas c'est quoi.
Puis je suis très heureux dans ma job. J'ai étudié en administration.
Puis c'est comme
début adulte, 22-23 ans,
que ça m'a pogné dans le ventre de faire...
Je pourrais faire ce que je veux de ma vie.
Je pourrais affronter mon père, puis dire que je lâche,
puis je m'en vais en humour.
Ça a été... Mais encore une fois, je savais pas comment.
Puis j'ai vu, ça va être bizarre,
mais j'ai vu une émission de Claire Lamarche
qui recevait des jeunes humoristes.
Elle était très importante, Claire Lamarche, à l'époque.
Et il y a un...
Écoute, là, c'est fort dans ma tête.
Il s'appelait François Massicotte.
Il s'est levé, l'humoriste,
puis il a dit, moi,
si j'ai réussi plus
que d'autres à l'école de l'humour,
c'est pour telle et telle raison.
Puis là, ça a fait quoi?
Il y a une école de l'humour?
Et là, ça a fait comme... Avant ça,
je suis allé dans un bar voir des soirées de stand-up.
Puis j'écoutais
les histoires. Puis là, je me disais « Ah, je pourrais compter
sans aucune connaissance de c'est quoi du stand-up.
Je vais compter ce que j'ai compté
au gars de la shop aujourd'hui. »
Puis je suis allé voir pour
passer.
Imagine la naïveté.
Je suis allé voir la femme. Je lui ai dit,
« Peux-tu faire un numéro dans les prochaines semaines? »
C'était
Daniel Tiffaut.
Et elle m'a dit,
« T'es humoriste? » J'ai fait, « Non,
mais j'aimerais ça. » Elle m'a dit, « T'as joué où? »
J'ai jamais joué.
Elle m'a dit, « Montre-moi ton démo. »
J'ai dit, « OK. » J'ai dit, « C'est quoi un démo? »
Elle m'a dit, « Quand tu fais une performance,
filme-toi, puis on regardera ce que tu fais. » J'ai emprunté la caméra
de mon père et je me suis filmé
chez moi. J'ai pesé moi-même sur Play.
Je suis allé me placer devant la caméra. J'ai raconté
des histoires sans savoir c'est quoi écrire.
J'ai fait une VHS.
Je suis allé lui donner ma VHS avec dessus
collée ma carte d'affaires
de vitrerie vendeur
Martin-Math. Puis, la semaine
d'après, je suis retourné la voir, puis elle m'a dit, écoute,
on peut pas te prendre parce que
c'est la dernière semaine, ça finit.
Je pense pas qu'elle m'aurait pris d'ailleurs, mais bon.
Mais elle m'a dit, t'as ce qu'il faut. T'as une façon
de compter qui s'apprend pas.
Fait qu'elle dit,
vers l'école de l'humour,
là, j'avais entendu qu'il y avait une école de l'humour,
elle, elle me dit, passe une audition à l'école de l'humour. Fait que c''il y avait une école de l'humour. Elle, elle me dit, passe une audition à l'école de l'humour.
C'est comme ça que ça a parti.
J'ai écrit un numéro, écrit,
sans savoir c'est quoi écrire.
Je travaillais avec mon père, je vendais.
Entre deux clients, je suis retourné chez nous,
je me suis changé.
Je suis allé faire une audition à l'école de l'humour.
Ça a marché.
Et ton père n'était pas au courant en ce moment-là?
Il était au courant juste avant
j'y ai dit, quelques semaines avant
parce que j'avais pris une décision dans ma tête
ça a l'air banal mais je me suis dit
que je sois accepté ou non
je vais devenir humoriste
puis je vais réussir là-dedans
c'est fait, c'est décidé
je le sais, je l'ai dit à mes amis
quelques semaines avant mon audition, je l'ai dit à mes amis.
Quelques semaines avant mon audition,
je l'ai dit à mon père.
Mais il ne croyait pas.
C'est quoi ces folies-là? C'est quoi ces niaiseries-là?
C'est comme ça que ça a commencé.
Je suis rentré à l'école de l'humour.
Donc, avant d'entrer à l'école de l'humour,
tu n'avais pas fait de scène?
Jamais de ma vie. J'étais le seul de l'école.
Parce que quand on se présente,
ceux qui ont été choisis, les Chicken Swell, qui faisaient de l'humour depuis
Julien Tremblay, qui avait gagné Jeune pour rire,
Mike Ward, qui faisait de l'humour dans les bars,
Laurent Paquin, qui animait en radio, qui faisait des choses.
Fait que moi, j'ai dit, ben moi,
mon père a une entreprise, je suis peut-être
représentant de Porte et Fenêtres. Puis tu sais, c'est vrai que
dans ma tête, je me suis dit, sans...
Tu sais, Udo fait des erreurs chaque année, puis
d'après moi, c'est peut-être moi.
Ils se sont trompés.
C'est une des fois où j'ai été le plus nerveux de ma vie
parce qu'après ça, il fallait faire notre numéro d'audition
devant tout le monde.
C'est là qu'ils vont découvrir,
si je ne suis pas bon,
qu'ils se sont trompés.
Je pense que je n'ai jamais été nerveux comme ça sur scène.
C'est devant 20 personnes, 15 personnes.
Mes jambes chéquaient.
J'ai fait mon numéro d'audition, puis ça a beaucoup ri.
Et ça, ça a été
une performance,
une réaction de la foule, pour moi,
qui a été... Tu sais, Mike Ward, t'es venu moi
après, c'est drôle ton histoire.
Puis là, j'ai fait, ok, je suis humoriste.
Tu sais, je suis capable de...
Même si je n'ai jamais fait...
Fait que c'était... C'est vraiment les premiers, premiers pas.
Qu'est-ce que tu racontais dans ce premier numéro-là?
Je racontais des histoires chez mes clients.
J'étais allé chez une cliente, puis j'ai fait telle gaffe,
puis j'avais pris un coup la veille,
puis je comptais...
J'avais le goût d'être malade pendant que je vendais,
puis j'avais 20 keks, puis j'étais un brosseux.
J'aimais ça fêter.
Je comptais, c'était des histoires de même,
mais avec ma couleur, ma façon de compter,
réussir à amener un punch,
poker face, pince sans rire.
Puis ça...
Ça marchait.
Ça a parti. Puis ça m'a donné...
L'école de l'humour, pour moi, ça a été une période de ma vie
ultra importante puis ultra heureuse.
C'était tellement bien.
C'était...
Je souhaite à tout le monde que ça leur arrive
dans leur vie de faire...
Moi, je faisais quelque chose que j'aimais quand même.
J'étais bon vendeur, j'étais bon,
mais pas totalement heureux.
Je ne faisais pas ce que...
Je n'étais pas devenu ce que je voulais.
Es-tu devenu ce que tu as voulu? Je ne sais pas si tu as déjà posé cette phrase-là.
C'est un bon titre de podcast.
Mais... et là,
à 23 ans, 24 ans,
je me disais, je fais ma passion.
Puis ce n'est pas cliché.
C'était jusque dans le fond de mon ventre,
mon être. Même si j'étais nerveux,
j'étais stressé.
J'avais comme...
Je m'étais affranchi de la business
de mon père. Je faisais ce que je voulais.
Ça a été une période de vie
riche, riche, riche et très heureuse.
Ça a pris combien de temps pour que
ton père se rallie à ta décision?
Bien, assez vite. Les shows de l'école,
ça marchait bien, mes numéros.
Fait qu'il a vu...
Puis vite, vite, vite, j'ai eu un show télé.
Puis vite, vite,
j'ai été invité d'un gala, puis il est venu
à juste pour...
Dans le temps, il mettait la pub des galas
dans la presse, qui était
8,5 par... Tu sais, les espèces de longues feuilles.
Puis il y avait une page complète,
comme je t'ai dit, Yvon Deschamps,
Daniel Lemire, Pierre Légaré,
Serge Grenier, Martin Matt.
Pas perso d'approbation.
Je suis arrivé, puis il y avait...
Tu sais, il avait découpé la page.
Il a comme vite vu qu'il y avait un potentiel
et que j'allais être heureux là-dedans et que c'était correct.
Il a vu que j'ai eu du succès.
Il est décédé en 2002.
J'avais mon premier one-minute show histoire vraie.
J'étais porte-parole d'Honda.
Il m'a vu avoir des... que j'étais heureux là-dedans.
J'ai eu cette chance-là,
parce que j'aurais trouvé ça dur qu'il voit pas que ça marche.
Parce qu'avant qu'il se ralliait
à ta décision, il avait été assez dur à ton égard.
Extrêmement dur, extrêmement.
Tu sais, pis j'y en veux pas.
Tu sais, j'ai une nouvelle série télé
qui s'en vient. Je vais visiter cette époque-là.
Tu sais, les années 90, là.
Mais, tu sais, des fois, quand j'entends
des artistes, mes parents...
Ma mère,
elle m'encourageait.
Elle me disait, vis ce que t'as à vivre.
T'es tellement bon vendeur, ton père va te réengager.
Ça m'insultait un peu,
mais c'était bienveillant.
Elle était ouverte à ce que j'essaie de quoi.
Mon père, c'était la fin de sa...
Mon frère avait un accident d'auto.
Ma soeur avait...
Mon père, il s'entendait pas du tout.
Elle était partie de son bar.
Elle aussi, elle s'est retrouvée dans le milieu artistique.
Gérante d'artiste.
Fait que pour mon père, j'étais son pilier.
Fait que tout s'effondrait.
Fait que ça a été une grosse...
Grosse, grosse déception.
Puis je pense que, de sa nature,
il voulait me manipuler pour me décourager d'y aller.
Pas parce que... Je pense qu'il ne croyait pas
puis qu'il pensait que j'allais me planter.
Puis il pensait ça profondément.
Puis il avait une belle business
puis j'allais être bien plus heureux.
C'est pas beau, mais lui,
c'était ce qu'il pouvait donner dans ce temps-là.
Je veux pas te psychanalyser, mais l'accident de ton frère,
est-ce que ça a joué aussi un rôle dans ta prise de conscience
qu'on a juste une vie à vivre et aussi bien la consacrer à ce qu'on aime?
Pas tout de suite après, mais je pense que, comme j'ai dit tantôt,
je pense que ça m'a motivé à réussir,
à faire ce que je veux.
Peut-être même à réussir pour lui.
Quand je dis pour lui.
Parce qu'à un moment donné,
j'avais fait une émission pour une fois.
En tout cas, c'était Véronique Luthier qui animait
et il avait retrouvé un petit calepin.
J'avais écrit une phrase là-dedans.
J'ai essayé de dire sans brailler, mais j'avais écrit
« Tu pourras pas faire ce que tu veux, mais je vais réussir
pour nous deux. » Ça, ça m'a fait...
Puis je m'en rappelais pas.
J'ai écrit ça en 93 dans mon calepin
de joke, parce que quand j'ai commencé à être humoriste,
puis j'avais une joke, j'arrêtais sur le bord de la route,
puis je l'écris. Je pensais que c'était
des élans de génie, puis ça...
L'inspiration descendait sur toi.
Il fallait que j'apprenne.
Mais là, tu comprends que quand t'écris, t'écris,
puis ça marche.
Mais bon, j'avais écrit des fois des petites pensées comme ça.
Ça, ça m'a bouleversé quand j'ai vu ça dans l'émission.
Mais ça m'a fait...
Ça veut dire qu'à 23 ans, je pensais ça.
Sûrement que je me suis dit...
Il a failli mourir, vraiment.
Il a été trois mois dans le coma. Sûrement que ça m'a dit... T'as 23ir, vraiment. Il a été trop au moins dans le coma.
Sûrement que ça m'a dit, t'as 23, si tu veux faire ce que tu veux, vas-y.
Puis ça m'a sûrement donné un coup de pied dans le cul pour devenir humoriste.
Il y a une expression, la culpabilité du survivant.
Puis ton frère est encore en vie, mais évidemment que son existence a été très atteinte,
transformée par ce qu'il a vécu.
Oui, encore.
Est-ce que tu l'as vécu, cette culpabilité-là?
D'être celui qui...
Non. Non.
Non. J'ai vécu
la souffrance
de perdre mon frère
que j'avais, qui était mon meilleur ami
et avec qui j'étais tout le temps.
Pas ça.
J'ai pas eu ça. Ça aurait pu.
J'étais pas dans... On était au même party. C'ai pas eu ça. Ça aurait pu.
On était au même party.
C'était le lendemain matin qu'on est partis.
Vous étiez pas dans la même voiture?
On était pas dans la même voiture.
Moi, j'étais avec ma blonde à l'époque.
Lui était avec mon cousin puis un ami.
Puis on tirait à pieds-loup-face.
Lui était assis en arrière.
Puis en avant, de réflexe, on mettait notre ceinture.
Puis en arrière, dans les années 90,
on ne mettait pas notre ceinture.
C'est aussi ridicule que ça.
Et les deux autres, ils n'ont à peu près rien.
Puis mon frère, sa vie est scrappée.
Il a passé par la fenêtre d'en arrière,
puis il s'est cogné en tête dans la rue.
Fait que je ne sais pas si c'est le fait
que je n'étais pas dans la même auto,
mais je n'ai pas eu ça.
C'est sûrement peut-être la plus grande souffrance
que j'ai eue de ma vie, la plus grande détresse.
Ça m'a bouleversé, mais je n'ai pas eu ça.
Je n'ai pas eu cette culpabilité-là de dire
pourquoi moi et lui...
Au contraire, j'ai foncé dans la vie.
À ma façon,
je l'aide du mieux que je peux.
J'ai réussi à mettre sur pied des maisons
pour les victimes de traumatisme crânien.
Il y a un lieu sécuritaire
où il ne se fera pas mettre dehors,
comme c'est arrivé des dizaines de fois avant
qu'on ait ces maisons-là.
Ça m'a permis de l'aider, lui,
puis aider bien du monde. La Fondation
Martin-Math, ça commence à être gros.
Vous êtes rendu à combien de maisons?
Huit, bientôt neuf.
Beaucoup, beaucoup de répit, merci.
Puis ça, des fois,
quand je prends un pas de recul,
je me dis, bien, cette grande souffrance-là
a amené beaucoup de beau
puis de bon, puis de soulagement.
Je regarde ce que ça a fait à notre famille.
Bien, ils sont 15 résidents
à la maison-là, puis ils sont
20 quelques à Québec, puis ils sont un autre 15
à Sherbrooke. Toutes ces familles-là,
ça a été un grand soulagement, puis on améliore
leur qualité de vie.
Puis moi, ça m'a sûrement
fait de moi une meilleure personne,
beaucoup plus sensible à la différence,
à ceux qui vivent de quoi. J'ai comme un préjugé
favorable d'amour à quelqu'un
qui vit de quoi de différent. C'est comme...
Je vois un parent avec un enfant en chaise roulante,
je l'aime plus que les autres personnes
sur la rue. C'est fou, ça me fait ça.
Quand on vit un drame
de ce type-là, j'ai évidemment pas vécu
ce que ton frère a vécu, mais j'ai vécu
un genre de drame aussi
en perdant ma jambe.
Ce que ça m'a fait à moi, c'est qu'on prend conscience
que la tragédie, ça arrive pas
juste aux autres, que ça peut arriver à nous. As ce que ça m'a fait à moi, c'est qu'on prend conscience que la tragédie, ça n'arrive pas juste aux autres. Oui, absolument.
Ça peut arriver à nous.
As-tu ça, toi, un réflexe de préjugé favorable
pour quelqu'un d'autre qui a une différence?
Bien oui, c'est sûr.
C'est fou, hein?
J'ai le goût de prendre ces gens-là dans mes bras,
puis j'ai l'impression,
même s'ils vivent des réalités différentes,
de savoir un peu ce qu'ils vivent.
C'est ça.
C'est la version quotidienne.
Ça me fait ça.
Puis ça va loin, là.
Je me rappelle, j'étais allé chercher un chèque pour la fond ça, puis ça va loin, là, tu sais, ça... Je me rappelle,
j'étais allé chercher un chèque pour la fondation,
puis il y avait des gens d'Onda, dans le temps, j'étais porte-parole
d'Onda, puis on était dans une chambre
d'hôtel, puis à un moment donné,
il y avait une toile sur le mur, puis c'était laid,
puis il y en a un qui disait, je mettrais pas ça dans ma chambre,
puis il y en a un qui dit, moi, mon chum, si je mettais ça,
il sortirait par la porte patio.
Et là, tout le monde a réalisé qu'il était gay,
et, tu sais, c'est des gars de char.
Ça a fait comme un malaise.
Instinctivement, je l'ai aimé plus que les autres,
juste parce que ce qu'il y a à vivre...
Si un autre avait dit,
ma blonde le pitcherait par la porte patio,
ça va loin, ça va jusque-là.
Puis ça, je pense que c'est l'accident de mon frère
qui m'a amené ça.
Puis qu'est-ce que tu faisais avec ta souffrance
dans les années qui ont suivi l'accident de ton frère?
Je la noyais.
Je la noyais dans l'alcool.
Mais c'est même pas une blague.
Je pense que moi, je suis un gars de party, j'aime ça.
Fait que je pensais que, comme j'ai dit tantôt,
je fêtais pour avoir du fun, puis c'est tout.
Puis mes chums, c'était fêteux, puis on a eu du fun.
Quelqu'un qui fait le party dans sa vingtaine,
c'est pas si inusité que ça.
Mais c'est sûr que j'ai étiré jusqu'à 43.
Ça, c'était peut-être beaucoup.
Oui, ça a été ça, je pense, que je
me noyais là-dedans. Je faisais fort, fort,
fort. Après, j'ai travaillé
fort, fort, fort.
Je pense que ça a été ma façon
de traverser cette peine-là.
Parce que, tu sais,
c'est mon frère, mais il était plus vieux que moi.
C'était mon meilleur ami, mais c'était aussi...
Il passe tout le temps devant moi au secondaire.
Partout, dans tout, tu passes, dans une gang d'amis.
Fait que j'ai été dans Brume pendant deux ans à peu près.
Quasiment, je suis rentré au cégep, j'étais tout mêlé.
Je me rappelle de ce sentiment-là.
J'étais correct, je réussissais bien, j'avais mes amis,
mais il y avait comme tout le temps un brouillard.
Mon frère était plus là.
Il a fallu que j'apprenne à vivre avec ça.
À quoi ça ressemble aujourd'hui,
un moment de bonheur avec ton frère?
C'est de rire, de retrouver nos moments de déconnage.
C'est ça, un moment de bonheur.
C'est possible, ça arrive?
Oui, oui, oui.
Quand on fait des soupers
et que la famille est là, ma blonde est là,
il rit à s'étouffer.
Parce que je sais comment il va rire.
Puis je ramène des affaires.
Parce que sa mémoire, depuis l'accident,
est pas mal absente.
Mais sa mémoire d'avant l'accident, il s'en rappelle.
Je vais ramener des affaires du primaire ou du secondaire.
Il va rire.
Et ça,
on a retrouvé un petit moment de bonheur, puis...
C'est comme ça que je retrouve des moments de bonheur avec lui.
En le faisant rire.
C'est cool.
Comment est-ce que t'as vécu,
j'allais dire l'échec, mais c'est peut-être un trop grand mot,
ce que t'as vécu avec Martin Matt,
en échange de sujet. Oui, oui, vas-y.
Je pense de quelque chose de...
Juste, le mot échec,
pour moi, c'est pas un échec. Un échec, pour moi,
c'est quand t'as pas fait ce qu'il faut pour faire
de quoi. Ça a pas comblé les attentes des
codes d'écoute qui étaient 1,3
millions un jeudi soir.
Fait qu'on...
Après ça, moi, j'ai travaillé
ultra fort. J'ai appris
là-dedans.
Puis même, moi, je trouvais ça beau, le show.
Je trouvais qu'il y avait des beaux segments.
Le Prompter avec un invité qui sait pas
ce qui s'en vient. Le stand-up du début.
Il y a eu... Faire des sorties
avec Pierre Brassard. Rencontrer
du monde. Ce qui a été dur,
c'est de...
Le format, comme on parle. Tu sais, Mike,
il fitait pas à télé,
il fitait pas à radio. Il a trouvé son podcast.
Moi, je fite à télé,
dans ma fiction, même si je vais
super loin, dans les beaux malaises,
j'ai les cartes blanches.
On donne cette permission.
Ça passe. Ça, c'est de la fiction.
En variété, quand tu parles aux gens,
aux gens qui écoutent
TVA à 20 heures,
là,
j'ai poigné de quoi
que je n'avais pas vu venir.
Que les plaintes par
centaines sur les réseaux sociaux avec une violence,
là, tu fais
OK. C'est comme si
c'est une joke
élevée d'un beau malaise.
On va en parler, mais c'est comme si ça arrivait dans...
Tu sais, si Pat,
qui est Pat Robitaille, dit une énormité au restaurant avec ses amis, c'est épouvantable ce qu'il dit au restaurant. Mais c'est comme si ça arrivait dans... Tu sais, si Pat, qui est Pat Robitaille,
dit une énormité au restaurant avec ses amis,
c'est épouvantable ce qu'il dit au restaurant.
Mais c'est porté par un personnage.
Oui, et si tu dis de quoi, c'est ça,
live à la télé ou dans le salon des gens,
bien, dans la réalité de 2024,
il y a beaucoup de choses qui passent pas.
Puis ça, je l'ai pas vu venir.
Parce que moi, j'ai rodé avant mon talk show,
puis on le faisait au bordel, puis c''ai pas vu venir. Parce que moi, j'ai rodé avant mon talk show. On le faisait au bordel.
C'était des gros succès.
On s'amusait comme un... Je n'ai pas eu...
Je ne suis pas le seul.
On est arrivé en onde avec des choses qu'on a faites
d'un bord.
On a fait « Oh boy, OK, OK. »
Ce n'est plus la même chose.
Ça a été dur.
Ça a été violent.
Les critiques.
La première semaine, il est temps que ça s'améliore.
Là, t'as un bateau, tout est écrit d'avance.
Tu te pratiques.
On avait 500 000 lives,
puis 200 000, 300 000 qui l'écoutaient en streaming.
En termes de cas d'écoute, c'était loin d'être catastrophique.
Mais quand c'est parti d'un réseau qui est catastrophique,
tu peux plus ramener ça.
Mais t'as 750 000, 800 000 chaque semaine, c'est parti d'un réseau que c'est catastrophique, tu peux plus ramener ça. Mais t'as 750, 800 000
chaque semaine, c'est
quand même très bien. Puis même TVA
m'a dit, c'est nos meilleurs codes depuis 10 ans,
on est prêts à faire une autre saison.
C'est moi qui ai fait,
vu qu'Amazon m'avait cogné à ma porte
pour me demander si je voulais faire
une série télé, j'ai fait, ah,
je suis fatigué. Mais si
j'avais pas eu ça, j'aurais fait une autre saison.
Mais je pense que le format,
les contraintes des commanditaires,
les contraintes de ce que tu peux dire...
Il y en a beaucoup.
Oui, et ne fitez pas avec l'humoriste que je suis.
Il y en a plein qui sont bons.
Je ne pense pas que...
Je ne sais pas qui, moi.
Gino Schwinner qui animait Salut, bonjour,
s'il était ici, je ne pense pas qu'il dirait je me sentais privé. Je pense qu'inard, qui animait Salut, bonjour,
s'il était ici, je pense pas qu'il dirait... Je pense qu'il était bien là-dedans,
dans ce format-là.
Moi, j'aime ça dire des choses qui se disent pas,
aller loin.
Après ça, les entrevues, t'as rien,
pis t'as côté, tu t'apprends là.
Et ça, donne-moi une autre saison,
pis je vais être bon.
T'avais à peu près jamais fait ça de ta vie.
Jamais de ma vie. Pas à peu près. Jamais de ma vie.
Fait que tu arrives, puis c'est l'affaire la plus dure.
Tu n'as pas de structure.
Tu sais très bien ce que tu as envie de parler,
puis l'invité, tout d'un coup, il n'a pas le goût.
Woup, tu t'en vas ailleurs.
Mais c'est correct, ça.
Mais il faut que tu l'apprennes.
Jimmy Fallon, il en fait cinq par semaine.
Oui, mais c'est ça.
C'est comme si j'avais fait 2 semaines.
Les exemples de départs difficiles
pour des talk shows, il y en a plein.
Conan O'Brien a fait retirer des ondes
à plusieurs reprises avant que ça finisse par décoller.
Fallon aussi.
David Letterman a animé d'abord une émission le matin
où il a rodé tous ses segments les plus populaires
pour trouver sa case horaire du soir ensuite.
Au Québec aussi,
Stéphane Rousseau,
ça a été difficile.
François Morancy a été très critiqué.
Marc Labrèche, avec le Grand Bloc, un chausson noir.
Même celui-là dernier, il y avait des critiques super dures.
Puis après ça, ça part.
C'est pour ça que faire la deuxième saison,
ça m'aurait fait un petit velours de...
Là, je garde tout ce qui est bon.
J'enlève ce qui n'est pas bon.
On s'améliore.
Mais on est dans un air où il faut que ça soit là, bon.
Je pense qu'avec ma personnalité,
l'arrogance avec laquelle j'ai joué
ma carrière, ça a fait...
Je me suis fait ramasser solide, puis ça a fait plaisir
à du monde. Mon gérant me disait...
Tu donnais des poignées, des prises
à bien des critiques. Ça a été violent, puis dur,
puis... Mais...
Tu sais, c'est correct.
Tu sais, j'ai... Tantôt, t'as commencé en disant
l'échec, non non non
pour moi c'est vraiment pas ça
j'ai vécu de quoi, j'ai monté de quoi
il y avait plein de bonnes affaires, il y avait plein de lacunes
puis
l'exemple que tu donnes
j'ai parlé avec quelqu'un
parce qu'avec Amazon qui était sur
le show de Conan et le show de
Fallon, puis il me disait, c'était, on le savait
qu'elle allait pas être bonne la première année, puis tout le monde
était d'accord, puis c'était, laissons-le travailler,
hey, ça fait juste six mois qu'il anime,
mais nous, on n'a pas ça, c'était,
le feu était pogné,
les codes d'écoute, la panique,
tu sais, quand on dit, c'est la loi des codes
d'écoute, tu peux pas dire plus vrai,
c'est la panique, c'est là, et ça, tu sens ça, tu le sens dans ton équipe, tu le sens dans l'écoute, tu ne peux pas dire plus vrai. C'est la panique.
Tu le sens dans ton équipe.
Tu le sens dans l'équipe.
Les gens de TVA te le disent.
Il y a un stress.
Mais on a confiance.
On sait que tu es bon.
Vas-y, amuse-toi.
Ça, ça a été dur.
Ça signifie que les gens de TVA te disent
qu'il ne faudrait plus que les gens changent de poste au pub.
Les codes d'écoute ont baissé dans le troisième segment.
De telle heure à telle heure,
on a eu telle personne
qui a fait une chronique.
Il ne faudrait plus qu'elle revienne
parce que les codes d'écoute ont baissé.
Oui, mais elle est bonne, puis elle va se trouver,
elle va se placer. C'était ça.
Ce n'est pas la meilleure manière
de mettre quelqu'un en confiance.
Non, non, non, ce n'est pas ça. C'est ça. C'est pas la meilleure manière de mettre quelqu'un en confiance. Non, non, non, c'est pas ça.
Puis moi,
ma personnalité,
je me fais
confiance, je fais mes affaires, je me montre une super...
J'avais une équipe d'auteurs que j'adore.
Avoir était là Julien Corriveau,
Justine Filly, Étienne Marcoux,
Simon Delisle, Olivier Guindon.
C'est des gens talents.
On se faisait rire, on avait du fun.
C'est pour ça que moi, je retiens plein de bonnes choses
de tout ça.
Mais ça a été
le bout le plus souffrant
de mes projets que j'ai fait de toute ma carrière.
L'organe hygiène, est-ce que vous l'aviez
rodé? Non.
Ça, c'est un segment que vous avez présenté
à la première émission avec Patrick Huard
en dressant la liste de ses conquêtes.
Ça a été très critiqué.
Ça a été très critiqué. Encore une fois,
on s'en sent en meeting,
on est mort de rire, on le fait.
C'est-tu... Ah, ça va trop loin.
Ça se peut. C'est pas grave.
Si tu m'en parles aujourd'hui,
est-ce que je suis scandalisé d'avoir fait ça? Pas du tout.
C'est sûr que pire que ça dans la vie.
Ah, peut-être pas. Puis il y a des jokes aussi qui ont été...
Tu sais, il y a une année, j'avais une joke dans le stand-up
qui était...
qui faisait une allusion à une fellation.
Puis ça a été critiqué aussi.
Écoute, si tu es sur une plateforme ou dans un podcast,
c'est de la petite bière.
Tu sais, Stéphane Rousseau, la semaine d'après,
avait fait un numéro habillé en pénis
avec des jokes de... J'ai craché,
j'ai écouté ». Puis ça,
c'était que drôle.
Tandis que là, comme je te disais tantôt,
en variété à ce temps-là,
ça, je l'ai appris. Parce que je pense qu'on aurait fait ça
parce que moi, ça m'est passé par la tête
de le faire sur le web.
À un moment donné, quand on le rodait, on le faisait dans des bars.
Puis les jeunes,
j'avais reçu Pierre-Yves Roy démarrer,
puis il m'a dit, pourquoi tu fais pas ça sur le web?
T'aurais que des compliments.
T'aurais que des gens qui t'aiment, qui s'abonnent.
Puis c'est vrai, quand je le rodais au bordel,
j'arrivais chez nous, j'avais 12 messages Instagram,
j'étais dans la salle, c'est hilarant.
Mais là, t'arrives
à TVA sur ce format-là.
Je suis sûr que faire une autre saison,
en faisant attention, en s'ajustant,
en évitant invulgarité,
ça aurait marché, tu sais.
Mais j'étais fatigué. Puis j'avais le goût de faire d'autres shows.
Mais ce que tu racontes
nous en dit pas long sur
les raisons pour lesquelles notre télé est parfois,
même souvent, un peu beige.
Absolument. Absolument.
On se demande pourquoi les jeunes ne regardent plus la télé québécoise.
Il me semble qu'il y a une piste d'explication ici.
Bien, quand même. Au-delà des critiques qu'on peut faire adresser
oui le show il y avait des lacunes
mais en même temps t'as raison
quand tu fais un podcast
de sous-écoute
il prendrait un sous-écoute
il le mettrait à 20h à TVA
il y a pas assez d'espace sur le web pour le nombre de plaintes
qu'il y aurait
si t'enlèves les jokes de fellation de sous-écoute
il y a plus grand-chose.
Non, mais des fois, puis là, je parle de lui,
mais sexe oral, couple ouvert,
puis heureux que ça existe,
les podcasts que je viens de nommer.
Amusez-vous, allez-y à fond.
Mais le fossé
entre la télé
et ce qui se fait ailleurs,
c'est fou comment ce qui grandit.
Puis la loi des codes
d'écoute, ça nuit, tu sais, en podcast,
bon, bien, où les gens sur YouTube
mettent une vidéo, celle-là, elle a été moins vue, mais on la trouve
bonne. Ça finit là. L'autre, c'est
on a eu
39 000 de moins cette semaine, c'est peut-être
ce segment-là, tu sais, c'est
tel invité, écoute, c'est
une façon de travailler qui était
difficile.
Puis ce que tu disais au sujet des annonceurs, par exemple,
ça signifie qu'il y a des avocats qui revisent
chacune des pages? Chaque mot,
chaque texte, chaque blague.
Puis est-ce qu'il y en a beaucoup qui passaient dans le tordeur?
Oui, si tu as une allusion qui fait
« Oh, on a tel commanditaire qui
donne le mot caisse, les caisses,
ils commanditent. Ok, faites pas cette blague-là.
Ok, l'autre, elle n'est pas là pour... » Écoute, c'est... Ça commence à faire un gros c, il commandite. OK, faites pas cette blague-là. OK, l'autre, elle est pas là pour...
Écoute, c'est...
Ça commence à faire un gros cahier de charges.
Ouais, ouais, puis ça joue dans ta tête aussi
quand t'animes live, tu sais.
Tu te sens un petit peu moins libre.
Puis moi, moi, là, Martin, Matt,
c'est là que je suis heureux,
puis je suis bon, puis je suis bien.
C'est quand je me laisse aller, quand j'écris,
quand je joue, quand je suis sur scène.
C'est ça.
Je lance pas en pierre à personne.
C'est ça la réalité de la télé dans le moment.
Je parle de TVA parce que j'étais là,
mais c'est ça à Novo, c'est ça à Radio-Can,
c'est ça partout.
Marc Labrège, je l'ai déjà entendu en entrevue,
c'est pas une question de Novo qui me limite,
c'est de même partout.
Les commanditaires,
les annonceurs dans le shot,
tu peux-tu parler de tel produit,
ben écoute, la télé, c'est une business
puis ils n'y arrivent plus. Les codes d'écoute,
c'est en décroissance, même si c'est encore fort.
Puis les autres, ils font ce qu'ils peuvent là-dedans.
Alors que je comprends
donc que c'est
une émission différente, d'une nature différente
que tu prépares pour Amazon, c'est une séquence de fiction.
Mais là, est-ce qu'il y a ce type de contraintes-là?
Est-ce qu'il y a cette mainmise-là
sur ce que tu vas présenter à l'écran?
Pas du tout.
Pour le moment, j'ai...
Écoute, on va voir.
Je n'ai pas fini d'avoir leur note,
mais pour le moment,
c'est très comparable à Les beaux malaises
comme Liberté.
Puis je vais puiser très profond
dans ce que j'ai vécu, dans ce que j'écris.
Puis, ça se passe très
bien. Ils veulent faire une série
de qualités
par et pour les Québécois.
Puis, je trouve ça beau pour une plateforme
immense comme ça. Parce que les plateformes,
c'est souvent, on veut faire un show,
avoir un succès mondial. Mais eux,
ils vont chercher des têtes
d'affiches d'un pays
pour plaire aux gens du pays.
Je trouve ça vraiment le fun parce qu'au Québec,
on a notre culture, notre identité.
D'avoir
un budget, le fun pour faire une belle série.
C'est dur, les budgets en télé,
on ne se le cachera pas.
Amazon, ils ont un petit peu plus de sous.
Je me sens bien privilégié d'avoir...
Je vais tout faire
et je fais
tout pour faire le meilleur show
possible qu'on va livrer éventuellement
dans les prochains mois.
C'est pour cette raison-là que t'es allé avec eux
pour les budgets qui sont en discussion?
Non, la raison, c'est qu'ils ont cogné puis ils m'ont demandé.
C'est aussi simple que ça. Puis j'ai pitché qu'est-ce que j'avais
puis ils ont dit oui. Après ça,
je me rappelle à l'époque, mon gérant est allé voir
TVA parce qu'on est intimement liés à eux.
J'ai toujours été très heureux.
C'est eux qui diffusaient les beaux-marais.
J'ai que des bons mots à dire
sur ma relation avec TVA.
François est allé
les voir.
Ça prenait un petit peu plus de sous vu qu'on était
dans les années 90. Il n'y avait pas ce budget-là.
Il est allé par politesse.
Nous, on est restés
avec eux autres. Ça ne veut pas dire
que ma prochaine série ne sera pas avec TVA
ou d'autres, mais pour le moment, c'est un projet
avec eux autres et je suis vraiment content.
Parce que la qualité des Beaumalaise est née
au texte, évidemment.
Mais aussi au fait que c'était
une belle série
avec Francis Leclerc et Robin Aubert
à la réalisation. C'est sûr que ça peut pas faire autrement,
mais ça prend des sous pour que ça se...
Ça prend des sous, puis tu sais,
quand j'ai fait Les beaux malaises, moi, c'était ça.
Il y avait beaucoup de comédies.
Moi, j'avais joué dans Kilomètreur à l'époque,
puis t'as des décors en carton.
Puis j'avais dit, je veux faire une série
comme une série de drame haut de gamme.
Puis je suis allé chercher Francis Leclerc
parce que c'est un gars de...
Tu sais, c'est un cinéaste qui...
Puis moi, j'ai dit, pour l'humour, laisse-moi aller.
C'est la seule affaire que je connais bien dans la vie.
Mais enrobe-moi ça d'une beauté puis d'une qualité, tu sais.
Ça fait que ça, je trouvais que c'était le fun
d'avoir une comédie, tu sais, avec une signature classe,
de la belle musique, que ça soit beau.
Ça prend des sous.
Puis quand je suis revenu...
On a fait trois saisons. Puis quand je suis revenu... On a fait trois saisons.
Puis quand je suis revenu quatre ans plus tard avec
Les Beaumalaises 2.0, je me rappelle,
mon gérant m'a dit...
Je suis en train de négocier avec TVA.
On espère... Ils m'ont dit
qu'ils vont essayer de te donner le même budget
que t'avais. J'ai dit, comment
espérer d'avoir le même...
C'est le minimum. On peut pas avoir un tout
coûte plus cher. Si on a le même, déjà, on a moins. Et vous aviez connu un le minimum. On peut pas avoir un tout coûte plus cher.
Si on a le même, déjà, on a moins.
Et vous aviez connu un succès.
On avait connu un succès, mais eux,
ils ont pas ces sous-là.
On a été chanceux.
On a eu le même budget qu'on avait,
mais c'était quand même moins.
Heureusement, il y a eu la pandémie en même temps,
puis on a réussi à avoir un petit budget de pandémie qui nous a... Mais c'est...
La télé,
c'est dur.
Les budgets sont de plus en plus petits.
C'est de plus en plus dur de mettre à l'écran ce qu'on a en tête.
Donc, on en est à l'excellence. Tu racontes
qu'au funérail de ton père, il y a un de tes oncles
qui était venu te voir pour te féliciter de ne pas avoir
pleuré.
Puis là, je suis à même de constater depuis le début de cette entrevue
que... Je suis très sensible.
Là, tu parles de des sujets que moi, mon frère ou mon père,
bien, je peux pleurer à rien, tu sais.
Ça fait ça.
Ça fait ça.
Non, mais moi, je suis le même, puis je trouve ça un peu plate,
mais je suis pas niais que ça, tu sais.
Mais il y avait quelque chose de...
Oui, ça, j'avais écrit un numéro de...
J'avais écouté une série télé qui était Six Feet Under,
puis je voyais des rituels des pleureuses en Italie,
puis qui hurlent leur peine pour laver et pêcher de l'un. Puis je voyais des rituels des pleureuses en Italie qui
hurlent leur peine pour laver
et pêcher de l'autre.
C'est vrai que nous autres, il y a quelque chose de...
Il y a un commentaire.
Mon père a eu la SLA.
C'est une maladie dégénérative
des muscles
qui est très pénible à vivre.
Tu as toute ta tête, mais ton
corps te quitte. Tu deviens prisonnier de ton corps. Prisonnier de ton corps. La fin est très, très à vivre. T'as toute ta tête, mais ton corps te quitte. Oui, tu deviens prisonnier de ton corps.
Prisonnier de ton corps.
La fin est très, très, très souffrante.
Fait qu'il y a beaucoup de gens qui me disaient,
la France qui est revenue le plus souvent,
c'est « Il est beaucoup mieux où il était.
C'est une bonne affaire qu'il soit décédé. »
Oui, mais il était beaucoup mieux sans maladie, heureux.
C'est toujours plus le fun d'être en vie et en santé.
Fait que c'était ça.
J'avais le goût de crier
ces paradoxes-là
de nos rituels funéraires ridicules.
Puis c'était
un petit hommage aussi
à mon père qui était parti.
Sa folie, parler de ça.
Comment on enterre nos morts.
Je me rappelle, Alexis Martin m'avait dit,
il faisait la mise en scène,
il avait dit, si on enterre tes textes,
puis dans 3000 ans, quelqu'un lit ça,
ils vont voir comment on élève nos enfants,
nos contradictions, comment on enterre nos morts.
Puis j'avais trouvé ça beau.
Ça va être utile pour les anthropologues de demain.
Bien non, mais c'est une photo de notre époque.
C'est ça, la beauté de l'humour.
On vit de quoi, on souffre de quoi.
Les gens, ils se reconnaissent là-dedans, puis ils rient.
Ça nous fait aider à traverser des souffrances dans le rire.
Puis ton père, est-ce qu'il était du genre à pleurer?
Il l'a pas vu. Il était mort.
Il était pas là au show.
Quand je parlais de ça...
Ah!
OK!
C'était vrai.
C'était vrai.
Non, ce que je voulais te demander, c'est...
Est-ce qu'il était du genre à pleurer devant vous?
Non. Oh non.
Mon père, je l'ai vu pleurer
deux fois dans ma vie.
C'est un homme, il est né en 38,
c'est un homme de construction, c'est un gars dur.
Il était quand même sensible.
Je pense que s'il vivait aujourd'hui,
il serait plus...
Il pleurerait plus, mais je l'ai...
Non, non, non. Je me rappelle la première fois que je l'ai vu pleurer.
Je faisais peut-être 12, 13 ans
et j'étais bouleversé de voir ça.
Tu sais, dans ma tête, mon père, il mesurait
8 pieds et il était fort.
Fait que non, non, non, il ne broyait pas gros.
Moi, je pleure plus.
Non, mais c'est quelque chose qu'on nomme trop peu.
Il me semble que c'est de là d'où... Je suis un peu plus jeune que toi,
mais c'est de là d'où on vient, les hommes.
Oui, mais...
On n'a pas besoin de remonter plusieurs générations
pour arriver à des hommes comme toi.
Je suis mal de pleurer.
Je suis mal de...
Mais c'est beau, c'est correct, ça fait partie de la vie.
On n'a pas à être mal de ça.
Mais c'est sûr que moi, si tu vas dans des sujets
de mon frère et de mon père,
ça ne m'en prend pas gros le bras.
Ou quelqu'un qui vit une souffrance.
Bon, voyons si ma prochaine question va te faire pleurer.
Qu'est-ce que ça change dans la vie de faire de l'argent?
Est-ce que ça aide un peu quand même à être heureux?
Être heureux, non.
Non?
Non.
Bien, j'ai beaucoup réfléchi à ça.
C'est quelque chose qui...
Moi, j'ai gagné...
Quand je travaillais pour mon père,
je gagnais vraiment le salaire moyen.
Dans le temps, c'était 25-30 000.
J'étais heureux.
Je pouvais me faire un petit voyage.
J'avais ma honte de civique.
Quand j'ai commencé à être humoriste, j'ai fait un petit peu plus.
J'étais heureux. J'ai doublé mon salaire.
J'étais heureux. J'ai redoublé.
J'étais heureux.
Il n'y a pas...
À part, moi, je vais te dire, si
tu ne payes pas ton appart, ton char,
puis tu ne peux pas avoir un petit peu
de gravy, tu es plus malheureux.
Je pense. Ça, c'est moi.
Après ça,
rien ne va te faire que... Ce n'est pas ça qui fait que tu es plus heureux.
Tu sais, d'aller en voyage
en classe économique avec ta blonde,
ce n'est pas vrai que tu vas être plus heureux
parce que tu y vas en classe.
Tant mieux si tu peux te le payer.
Mais c'est pas ça qui fait que t'es plus heureux.
Puis après,
t'as du potentiel
de produire tes choses. Ça te donne
de la liberté. T'as du potentiel
d'aider, de
donner des gros montants à une fondation.
T'as du potentiel. Fait qu'il y a ce côté-là
qui est beau.
Jim Carrey avait dit « Je rêverais que tout le monde soit riche
et famous pour qu'il voit que
c'est pas ça qui fait que je suis plus heureux. »
Mais
quand tu gagnes bien
ta vie correcte pour
payer ta base, après ça,
c'est du gravy qui fait que tu peux te payer
plus de luxe, mais c'est pas ça qui fait que t'es plus heureux.
Ce qui fait que t'es plus heureux, c'est que t'es bien que tes proches
t'aiment, tu t'épanouis,
tu fais les activités que t'aimes, t'as une job que t'aimes.
C'est ça qui fait le bonheur.
Mais pourquoi pas?
Est-ce que t'as déjà parlé de ce sujet-là avec
Yvon Deschamps? Parce que c'est quelque chose auquel
il a beaucoup réfléchi lui aussi. Ça le mettait mal à l'aise
de faire autant d'argent au début de sa carrière.
Moi, j'étais... Mon père
a réussi à faire
pas énormément d'argent, mais
plus que la classe moyenne.
À s'élever socialement un peu.
Il était président de sa business
puis il s'est acheté une auto de luxe.
Puis il avait un chalet. Fait que c'était comme...
Puis il m'a... Il était
très troublé
de ça. Puis je me rappelle qu'il s'assoyait sur le bord de mon lit
et disait, t'es pas une mauvaise personne si tu fais de l'argent.
T'es correct, puis tu peux même en donner.
C'est correct.
Quand t'étais enfant.
Non, mais il nous a éduqués à ça, puis d'en mettre de côté,
puis de faire attention.
Puis,
Yvon,
c'est une autre affaire. Lui, c'était pauvre,
puis il est devenu comme troublé d'être riche, puis de faire
« Oh, là, je suis en train de quitter ma gang, là. »
Fait que lui, à sa façon,
il a donné une fortune
à sa fondation, puis il a réussi à être bien
là-dedans. Fait que chacun
le vit. J'ai déjà entendu les idioms parler de ça.
« Je veux pas faire chier le monde avec mon argent.
Je m'achèterais pas un char de luxe. »
Elle a dit ça dans le même local où on se trouve présentement.
Je l'ai entendu. Puis j'ai fait, OK, elle, elle vient d'une autre
place que moi. Moi, je me dis,
pas parce que c'est une auto de luxe.
Moi, quand je vois quelqu'un qui a une auto de luxe, je fais,
ah, cool, il a un beau char. Tu sais, je me dis pas,
ah, il me fait chier. Puis ça
s'enlève pas que je vais travailler,
que j'ai fait cette semaine, 30 heures
de bénévolat pour lever des sous,
pour monter un événement, pour aider les traumatiques ragnés, tu sais. Fait que non. J'ai une heure et dem heures de bénévolat pour lever des sous, pour monter un événement, pour aider les traumatiques ragnés.
Fait que non...
J'ai une heure et demie de bénévolat ici aujourd'hui,
en plus avec moi.
On n'est pas payé?
Ça, c'est pour toi.
C'est pour toi.
Je veux t'aider dans ta carrière.
Merci.
Je veux que ça parte.
C'est très apprécié.
Non, mais après cette entrevue-là,
ma carrière, ça va décoller.
Il va y avoir un à 20 et un après.
28, non. Mais là, je sais pas ça va être quelle date
ça va être diffusé.
On va diffuser ça le plus rapidement possible.
Pour que ça parte.
Enfin. Donc ça va ressembler
à quoi ta série, tu l'as évoqué à quelques
reprises, mais si tu me faisais le pitch.
Quand on me demande
à quoi peut-on s'attendre de ton show,
à quoi va ressembler ta série, moi...
Moi, je consomme beaucoup d'art,
que ce soit un roman,
je lis beaucoup, que ce soit des séries télé.
Je ne veux pas savoir ce qu'il y a dans le roman.
Je fais toujours attention.
Mais tu sais, moi, ma façon d'écrire,
ça part de moi.
Après ça, c'est de l'autofiction.
Comme j'ai fait Les beaux malaises,
c'était moi qui a deux enfants, qui a des amis,
qui est connu, j'ai écrit là-dessus.
Là, je suis revenu 30 ans en arrière.
Puis,
il s'est passé beaucoup de choses
dans ma vie,
dans la vie de mon père surtout.
Il avait une business
qui est arrivée des affaires
à ses enfants.
C'était une situation économique difficile.
Ça tourne autour d'un bonhomme
qui s'appelle André.
J'ai voulu prendre une distance avec...
Dans Les beaux malaises,
je m'appelle Martin Matt.
C'était proche. Là, c'est très personnel,
mais en même temps, j'ai créé
un monde autour de ça
avec plein de scènes
très vraies qui sont passées dans la vraie vie
et d'autres non.
C'est comme un 30 ans avant Les beaux malaises
qui va être plus dramatique, je te dirais.
Parce que quand Les beaux malaises 2.0,
j'envoyais mes textes à avoir,
puis ils me donnaient très peu de notes.
Puis je l'ai appelé un moment, il disait...
Puis pourtant, c'est un gars très rigoureux.
Puis j'ai comme pris ça pour un peu de paresse,
de dire, il est bon ton épisode.
Je l'ai appelé pour le brasser un peu.
Il m'a dit, c'est bon.
Rien à dire.
C'est pas trop dramatique, c'est moins drôle.
C'est touchant, on s'en fout.
Je me suis comme permis d'aller dans des scènes
avec très drôle aussi,
mais que du drame.
Puis là, celle-là, il y a des bouts très drôles, mais des bouts très, très,
très dramatiques.
Je suis content. Fait que voilà, je veux pas dire
qu'est-ce qui se passe, mais ça va être
une époque de vie.
Puis les années 90,
c'est comme si j'écrivais ça.
Ça fait tellement longtemps.
Les jokes qui se faisaient dans le shop.
La shop à mon père,
puis l'homophobie, puis le racisme.
Écoute, j'écris ça, puis j'ai l'impression
que c'est évé.
Je trouve ça important de le dire,
parce qu'on prend ça pour acquis,
mais c'est tellement fragile
avec ce qui arrive aux États-Unis,
les acquis qu'on a. Je trouve ça le fun de montrer
d'où on vient, comment on parlait des gays,
comment on parlait
de la différence différence pour faire...
Il y a pas longtemps, là, tu sais.
Il y a du chemin qu'on a parcouru.
Oui, puis il faut le protéger.
J'ai des scènes, je suis content,
des conflits de ce couple-là
des années 90,
d'une femme qui est née en 40.
Ça, c'est un beau défi pour moi d'écriture.
Je suis bien content.
Est-ce que tu vas jouer dans la série?
Oui, je vais jouer André. Donc, tu vas jouer ton père, d'une certaine manière. pour moi d'écriture. Je suis bien content. Est-ce que tu vas jouer dans la série? Oui. Je vais jouer André.
Donc, tu vas jouer ton père, d'une certaine manière.
Un personnage qui est inspiré de lui.
Oui.
Oui, mais c'est ça.
Ça part de mes tripes.
Puis là, on est en train de monter l'équipe autour.
C'est une étape tellement le fun.
Parce qu'on devrait tourner dans quelques mois.
Pourquoi est-ce que t'aimes ça aller trop loin?
Mettre le pied de l'autre côté de la ligne?
Je ne sais pas, ça. Pourquoi j'aime ça?
Aujourd'hui, ça s'est bien déroulé.
Mais jusqu'à maintenant, en tout cas,
t'as été très respectueux.
On parle. Pourquoi j'aime ça?
Je ne sais pas. Qu'est-ce que je veux provoquer avec ça?
C'est de vivre des émotions fortes.
Je pense que c'est ça.
À quelque part...
C'est quoi cette idée-là d'aller au Centre Bell
devant 10 000 personnes, d'aller compter mes histoires?
C'est pas normal. C'est pas normal de faire des shows.
C'est pas normal de
monter un show télé
et de balancer ça au public en espérant
que ça soit bon.
Quand les Beaumontaises ont eu un succès,
c'est facile, mais quand ils lisaient les textes,
ils me disaient « Oh, là, c'est violent vers les enfants.
Ça, ça passera pas.
Pat, il peut pas dire ça à sa femme.
Ça passera pas. » Moi, peut pas dire ça à sa femme.
Moi, j'y crois.
Il y a quelque chose qui m'excite là-dedans qu'il faut que je vive des...
Ça, c'est dans mon ADN.
Il faut que je vive des émotions fortes.
Ça doit être comme ça que je les vis.
Il a fallu que tu recules combien de fois
au sujet des textes des beaux-malaises?
Que je recule par rapport à ce que les autres m'ont dit?
Par rapport aux commentaires qu'on...
À peu près jamais.
Ils ont été d'une grande, grande ouverture.
Puis à un moment donné, ça a été jusqu'à...
Regarde, Martin, nous autres, on a peur pour toi.
Tu sais, j'avais une joke de pédophilie à un moment donné.
Écoute, c'était en première saison, puis...
J'aime ça comment tu dis ça sur un tour.
J'avais une joke de pédophilie.
Tu sais, les espèces de moniteurs d'enfants.
Je m'en souviens.
Il y avait peur à table. Je pense que c'était, tu sais, les espèces de moniteurs d'enfants, puis là, fait que... Je m'en souviens, je m'en souviens. Il y avait peur à table,
je pense que c'était Julie, qui disait, on va-tu,
ou j'étais chez des amis, on va-tu l'entendre,
puis là, je montais, puis je faisais des blagues,
et ça, ils m'ont dit ça,
ça, un, ça passe pas, puis deux, les gens t'aimeront
plus après, tu sais. Puis là, j'ai fait, j'ai fait
ce joke-là dans la vraie vie, et
on a ri, moi, puis mes chums, puis
mais je pense que j'ai, après ça,
il se fait ramasser à table, puis ça... Fait que tu vois, ils m'ont dit, ah, bien, si tu veux le faire, vas-y. Puis. Mais je pense qu'après ça, il se fait ramasser à la table.
Tu vois, ils m'ont dit, si tu veux le faire, vas-y.
Puis là, je suis parti dans mon auto.
Ça faisait que si je me plante,
c'est que... Mais j'avais le goût de vivre ça.
Puis ça a passé.
J'ai pas eu à reculer.
C'est la marge de manœuvre que donne l'écriture de fiction.
C'est que dans l'économie de la série,
il y a des personnages qui peuvent réagir
aux choses odieuses qu'un autre personnage.
Oui, puis tu peux replanter l'autre parce qu'il a été odieux
puis ça fait une espèce d'équilibre.
Mais les séries sont aussi bonnes
qu'évidemment les textes,
mais que le diffuseur est prêt
à te permettre d'aller.
Les pubs, c'est ça aussi.
Quand tu proposes à une épicerie
de dire qu'on va faire un rap avec Coriace,
puis qu'ils font, bien non, tu sais, annoncer,
puis qu'ils te font, regarde, t'expliques que ça va être bon,
puis ils font, OK, on vous fait confiance.
Puis ça a gagné meilleur pub de l'année.
Bien, on est aussi bons que ce que le client nous a permis d'être bons.
Tu sais, il y a ça qui joue aussi.
Ce que je veux de Amazon Prime aussi, c'est ça,
c'est de me donner cette liberté-là.
Écoute, on ne sait pas ce que ça va donner,
mais c'est sûr que quand tu as une grande liberté,
tu as plus de chances que ça soit bon.
Es-tu toujours satisfait de ta voiture?
Ça, c'est une phrase
de mon show.
Tu racontes que c'est ton père
qui agréait toujours à cette phrase-là
au cours d'une de vos conversations.
Ce qui ne sert pas,
je m'entendais bien que mon père,
mais ce n'était pas un genre d'oeuf.
Il était un peu mal.
Mais ça aussi, ça définit une certaine masculinité.
C'est l'incapacité à...
Je suis incapable d'avoir une conversation.
Puis mon père est un homme tout à fait bien évolué.
Bien correct.
Oui, c'est ça, mais on est toujours plus à l'aise
de parler de l'actualité, par exemple,
que de quelque chose de profond. C'était comme sa phrase qui faisait qu'on était bien. Puis j'avais un chum à l'est ça, mais on est toujours plus à l'aise de parler de l'actualité, par exemple, que de quelque chose de profond.
C'était comme sa phrase qui faisait qu'on était bien.
Puis j'avais un chum, que je vois moins là,
mais un chum à Saint-Donat, Stéphane,
puis son père aussi, c'était ça, tu sais.
T'es-tu content de ton chum?
Quand il m'a dit ça, j'ai fait, ah!
Moi aussi, quand mon père...
Et là, j'ai changé, puis celle-là était pas mal plus chère.
Je l'ai louée deux ans.
Là, on pouvait parler de char.
Il y a quelque chose qui se plaçait.
Je suis très satisfait de ma voiture électrique.
J'ai plugé que je suis vert en même temps.
Non, mais tu sais comment ça fonctionne.
Tu es ratoureux.
Oui, oui.
J'étais habile.
J'ai mieux habile que ratoureux.
Moi, j'aime mieux ratoureux.
Martin, ce balado-ci...
Non, bien, presque.
Le balado s'intitule « Juste entre toi et moi ».
Oui.
Donc, j'aimerais te demander
s'il y a quelque chose que t'aimerais ajouter
avant qu'on se dirige vers la porte de sortie.
Juste entre toi.
Puis qu'il resterait juste entre toi et moi.
Il y a plusieurs choses que j'ai dites aujourd'hui
que j'ai jamais dites.
Fait que c'est ça que je te dirais. On pourrait conclure que c'est la meilleure entrevue que t'as jamais aujourd'hui que j'ai jamais dit. Fait que...
C'est ça que je te dirais.
On pourrait conclure que c'est la meilleure entrevue
que t'as jamais accordée en carrière.
Non, mais...
C'est laquelle ta meilleure entrevue en carrière?
J'ai pas de meilleure entrevue, j'ai des beaux moments.
Puis il y a eu plein de beaux moments aujourd'hui.
Puis je te remercie pour ça.
Ah non, mais c'était pas une porte ouverte
pour que tu me lances des fleurs.
Non, mais je te le dis, je vais faire un parallèle.
Quand j'écris un show ou une série télé,
mettons un épisode,
moi j'ai une anxiété de performance, je veux tellement que ça soit bon.
Mais mon but,
ce n'est pas que l'émission soit top,
c'est qu'il y ait une scène,
moi j'appelle ça des scènes bijoux,
que je suis tellement fier et que j'ai tellement hâte de tourner ça.
Après ça, tant mieux s'ils aiment les autres scènes,
mais c'est à ça que je m'accroche.
Parce qu'à un moment donné, ça devient démesuré.
Je voulais tellement que ça soit égal bon tout le temps.
Regarde, fais ton show.
Cet numéro-là, tu le trouves.
Tu le sais que ça hurle de rire.
Ils auront ça.
Même chose pour les entrevues.
Quand il y a un beau moment, je suis heureux.
Il y a eu plein de beaux moments.
On évoquait la possibilité
que ce soit ta dernière entrevue en carrière
avant d'entrer en studio tantôt.
Si je disais des conneries, j'étais correct.
Non, mais pour me faire cette fleur-là aussi,
pour permettre à ma carrière de réellement décoller.
Oui, écoute, écoute, c'est encore possible.
On pourrait négocier encore.
On va aller en parler avec Martine.
C'est possible.
Son attaché de presse.
Mais tabarouette, il faut vraiment être riche.
Mais c'est pas impossible.
Tu vas avoir une série dont on va faire la promotion bientôt.
Ça va être dur, pas d'entrevue pour ma prochaine série.
Mais tu pourrais référer les gens à l'entrevue que tu m'as accordée.
Ah, allez écouter.
Juste entre toi et moi.
Écoute, je te garantis rien.
Mais j'y pense.
Ça me satisfait comme réponse.
Merci Martin.
Merci à toi.
Juste entre toi et moi.