Juste entre toi et moi - Normand Brathwaite
Episode Date: December 23, 2024Normand Brathwaite a porté de nombreux chapeaux, mais est d’abord et avant tout un musicien. L’animateur parle de son amour pour les percussions, de la place des femmes sur la scène et de son bo...nheur de jouer avec Gilles Valiquette. Il se confie aussi sur son rapport à la mort.
Transcript
Discussion (0)
Salut, ici Dominique Tardif.
Ah, bienvenue.
Ah juste, entre toi et moi,
bienvenue au deuxième épisode de cette cinquième fournée d'entretien
avec certains de vos créateurs préférés.
Quand mon invité est arrivé au studio Madame Wood, là où est enregistré Juste entre toi et moi,
quand mon invité a vu tous les instruments de musique qui se trouvent dans ce magnifique studio-là,
il s'est exclamé « Mais c'est le paradis ici! »
Et il avait tout à fait raison. Mon invité aujourd'hui, c'est Norman Bratwait.
Norman et moi, on n'a pas joué de
musique ce jour-là, mais
on en a beaucoup parlé de musique parce que
son émission Belle et Bomme célébrait récemment
son 500e épisode.
Belle et Bomme présentera d'ailleurs le
24 décembre une spéciale des fêtes
avec comme invité le Boogie Wonder Band,
Antoine Bertrand, Coral Egan,
Luce Dufault, Isabelle Boulay et plusieurs autres.
Normand a eu une très belle année de musique.
Il a joué et signé la mise en scène du spectacle New Orleans Blues.
C'est un hommage à l'univers musical de la Louisiane.
Il en sera question dans cet entretien.
Je me permets de vous préciser que lorsque Normand, vers la fin de l'entrevue,
lorsque Normand nous parle d'une fraude de 70 000 $ qu'a subie un internaute,
il s'agit, vérification faite, d'une fraude de 13 000 $,
ce qui demeure complètement désolant.
On s'entend là-dessus.
Il ne me reste plus qu'à vous rappeler que vous pouvez lire l'article
que j'ai tiré de cette rencontre dans la presse plus, sur lapresse.ca
ou dans votre téléphone grâce à l'application mobile de La Presse.
Et voici sans plus tarder mon entretien avec le musicien Norman Bratwet. Ça restera entre toi et moi
Pour une fois
Ça reste entre toi et moi
Est-ce que tu peux me parler, Normand, du...
Oui.
Le Gagnon Garage Auto Body Blues Band.
Oui.
C'est un band composé de Yves-Jacques,
je me souviens bien,
Michel Rivard, André Lacoste,
De Pieds-de-Poule...
J'ai Chantal Beaupré dans mes notes.
Chantal Beaupré, c'est ça.
Oui. Puis Michel Rivard, à la guitare, tu l'as nommé.
Puis vous jouiez au Marc Labrèche à la batterie.
Marc Labrèche à la batterie.
Bien, c'est vraiment une création collective,
dans le sens que tout le monde jouait d'à peu près tout.
Puis on jouait au Café Campus.
C'était quoi votre répertoire?
On faisait ce qu'on aime.
C'est-à-dire que...
Je pense que Michel faisait de ses tunes, j'espère.
Il y en a 2-3 bonnes.
Ouais. Puis on faisait du Peter Gabriel.
Toutes sortes de gens.
Toutes sortes de gens.
Joe Cocker.
Wow!
Ouais. Puis c'est grâce à ce groupe-là que Marc Drouin vous a remarqué Toutes sortes d'affaires. Joe Cocker. Wow! Oui.
Puis c'est grâce à ce groupe-là que Marc Drouin vous a remarqué et vous a proposé de faire partie de Pieds de poule.
Mais Yves-Jacques faisait partie aussi d'une espèce de collectif
avec Marc Drouin.
Mais je ne sais pas comment ça s'est passé.
C'est une période un peu floue d'âme.
J'ai relu ta biographie qui a été écrite par ma collègue Isabelle Massé.
Puis c'était un des constats auxquels j'en arrivais,
que tu avais fait pas mal de party.
Ce n'est pas une grande révélation, ce que je suis en train de dire.
Et tu as travaillé beaucoup.
Oui, j'ai travaillé beaucoup.
C'est surtout pour ça que c'est flou.
Parce que le party, heureusement,
parce que si j'avais été
que musicien, je serais probablement
mort aujourd'hui.
À ce point-là?
Bien, c'est parce que les musiciens,
ils peuvent jouer coquet, là.
Ça se fait.
J'ai déjà entendu parler de ça, oui.
Oui, oui, oui. Ils peuvent jouer coquet,
puis il y en avait beaucoup à l'époque.
Mais nous autres, il faut parler.
Il faut être là, puis tu peux pas...
Ça peut affecter l'élocution, effectivement.
On m'a dit que...
Oui, oui.
Puis de toute façon, c'est un mythe de dire que...
Moi, je connais personne...
Je connais personne qui a travaillé
coquet. Quelqu'un qui parle
ou un acteur,
peut-être des chanteurs, je ne sais pas,
mais dans les acteurs, personne.
Il y en a un que je ne nommerai pas,
mais il jouait
Oncle Vania au TNM.
Puis c'est coquet,
c'est blasté à la face avant.
Mais tu imagines, Jacob,
comment tu dois trouver que c'est lent quand t'es coquille.
C'est déjà lent.
Donc, la représentation
a dû être particulière.
Oui, bien,
je pense qu'ils ont rentré plus de bonnes hâtes.
C'est une bonne nouvelle pour tout le monde.
Oui. Mais les rumeurs,
parce que ça circulait à l'époque de Beau et Chaud,
par exemple, les rumeurs que tu animais cette émission-là
complètement défoncée, c'est entièrement faux.
C'est complètement faux.
Donc, toute l'énergie que tu déployais à l'écran,
ça venait entièrement de toi.
Oui.
Puis en plus, on enregistrait le jour, l'après-midi.
Puis c'est comme pied de poule.
Tout le monde pensait que moi et Marc,
d'un, on était gays, puis que de deux,
on était coqués. Les gens pensaient que
Marc Labrèche et toi, vous formiez un couple. Oui, oui, oui.
Mais...
Tu démens la rumeur
officiellement, aujourd'hui. Je la démens aujourd'hui,
mais dans ce temps-là, ça nous amusait.
On ne la démantait pas,
la rumeur. Puis
comme la rumeur sur la coke,
parce que ça faisait un petit...
Tout le monde était, tu sais,
« Ah, chaud, là, ça va être pété. »
Puis la rumeur sur le fait qu'on était gays,
mais on voulait pas la défaire parce que...
Tu sais, tu te réveilles le matin avec une fille
et elle dit « Je suis sûr que t'étais gay. »
Alors que tu venais de lui offrir la preuve du contraire.
Oui, c'est ça que t'étais gay. Alors que tu venais de lui offrir la preuve du contraire. Oui, c'est ça.
Ça marchait.
Comment est-ce que vous êtes devenu amis, Marc Labret, chez toi?
Marc Labret, chez moi, c'est un drôle...
C'est un concours de circonstances.
Je pense qu'on a joué d'une pièce
qui s'appelait Le Gros Lot,
écrite par Louis-Georges Carrier.
Et moi, j'avais un premier rôle, Marc avait un petit rôle.
C'était à Eastman, c'est ça?
Ouais, c'était à Eastman. À la Marjolaine, ouais.
T'es bon. Je m'en souvenais plus moi-même.
Et puis, on faisait beaucoup de musique ensemble,
mais tu sais, moi, j'avais un peu de cash,
fait que j'avais un Tascam, j'avais un Philips,
puis on bounceait les tracks.
Ça, c'est des consoles.
Oui, c'est des consoles avec le tape dedans.
Puis on passait de grandes journées à jouer de la musique.
D'ailleurs, quand on est rentrés dans le Pied-de-Poule,
c'était juste pour être musicien, parce qu'on voulait jouer.
Parce qu'on était tous les deux.
On est peut-être encore, je ne sais pas, des musiciens frustrés.
Est-ce que c'était un bon musicien, Marc Labrache?
Très, très bon musicien.
Il jouait de la batterie dans Pieds de poule?
Oui, il jouait de la batterie dans Pieds de poule.
Ce n'est pas évident.
Puis moi, j'aime beaucoup son style,
parce qu'il est très influencé par Stewart Copland.
The Police, oui.
Oui, The Police.
Puis il est allé, écoute, il avait
tous les cheveux
longs platines, il trippait
tellement. – C'est un des plus grands batards
de l'histoire du rock, Stuart Copeland. – Oui, oui, oui.
C'est un des plus grands. Mais il a un style
bien particulier.
Et puis moi, je trippais
sur Genesis,
sur Peter Gabriel,
puis moi, j'avais assez d'argent pour avoir des instruments.
Ça fait qu'ils étaient tout le temps chez nous.
Puis on gossait.
On faisait juste gosser.
C'est raconté dans ta biographie
que tu as un jour prêté ton appartement à Marc
et que ça a mal tourné.
Je pense qu'il va y être
un an que je le dise,
mais j'ai passé mon appartement,
je ne sais pas pourquoi,
je pense que je suis parti
en Europe.
Et puis,
il n'y avait pas d'appartement,
il ne filait pas.
J'avais une grande maison,
deux étages, hôtel de ville
et la gauche étienne.
Et je suis revenu, puis mes chats, t'as plus là, ça, c'est sûr.
Ça, c'est quand même grave.
Oui.
C'est pas un détail.
Bien, oui, c'est grave.
Les chats qui s'appelaient Rita et Bibo,
ils marquent, filaient pas.
Puis quand ils faisaient brûler de la nourriture,
ils manquaient son repas.
Ils disaient, ah, normalement, Norman va être choqué. »
Il ouvrait la fenêtre, puis il pitchait des poils dehors.
C'était...
Ah non, c'était quelque chose.
Donc Marc Labrèche était déjà Marc Labrèche à cette époque-là?
Oui, il était déjà weirdo.
Ton premier émoi musical, ce serait lequel?
Ton premier souvenir majeur de musique?
Je suis allé voir Offenbach.
Et ça m'avait beaucoup impressionné
parce que ce son-là, on ne l'avait pas au Québec.
On ne l'a jamais eu.
Le son du B3.
Oui, le son du B3.
Tout grinchait.
Puis, j'avais un groupe
qui s'appelle Exception.
Je ne connais pas.
Il faudrait que tu checkes.
Parce qu'ils faisaient
du hard rock,
mais le chanteur yaudelait.
C'est une combinaison étonnante.
Oui, c'était...
Mais tous les grands de la musique
qui, comme tu l'as déjà raconté,
ont visité l'appartement de tes parents
quand tu étais petit,
notamment Oscar Peterson, Oliver Jones,
Benny King.
Ça, c'est vrai aussi que Benny King est allé chez vous?
Oui. C'est l'interprète de Stand By Me,
une grande chanson.
Mes parents sortaient, ils allaient à l'Esquire Show Bar.
Au centre-ville.
Au centre-ville. Puis il faut dire qu'à l'époque,
il n'y avait pas beaucoup de Noirs.
Moi, je me souviens d'avoir
déjà dit à mon père que ça lui
allait noir sur la rue.
J'ai dit, « Papa, tu le connais dit papa tu le connais puis a dit on se connaît
tout c'est dans le temps c'est saint-henri tu avais saint-henri puis les noirs faisait soit
de soit de la musique ou travailler sur les trains alors tu avais une communauté que tout le monde
se connaissent donc lorsqu'il sortait à l'Esquire, les artistes qui étaient présents et qui étaient noirs se sentaient d'une affinité naturelle avec tes parents.
Oui, oui. Tout le monde connaissait tout le monde. Il ramenait à la maison.
Combien de fois je me suis réveillé et j'entendais ma mère dire « « Pas trop fort, pas trop fort.
Ils ont de l'école demain. »
Puis eux autres, ils pianotaient.
Le volume montait.
Ça, c'était génial.
Le seul chanteur blanc qui avait grâce aux yeux de ta mère,
c'est Van Morrison?
Oui, elle adorait Van Morrison.
Le chanteur irlandais le plus
black qui existe.
Le plus black, oui.
Oui, elle l'adorait.
Puis moi aussi, ça a été...
C'était notre chanson de mariage.
À moi puis Marie-Claude.
Someone like you.
Wow.
Oui, c'était ça.
Puis on l'a entendue.
À chaque fois qu'on l'entend,
on est d'une place bien, bien, bien spéciale.
Ça ramène des souvenirs.
Il y a quelque chose de mystique et de spirituel
dans sa musique.
Oui, oui.
C'est un des plus grands.
Sheenado Corner avait dit
« He should won every fucking award in the world. »
Quelque chose de même.
Il devrait gagner toutes les récompenses,
tous les trophées qui existent.
Souvent, en entrevue ou au micro de C'est quoi,
tu as raconté des choses intimes
qui ont mis des gens dans l'embarras.
À sous-écoute avec Mike Ward,
tu as parlé de Claude Meunier
pis semble-t-il que ça crée un froid.
Ben, ça crée un froid, je comprends, parce que
Claude, c'est plus
pour ses filles, t'sais.
Pis moi, ben,
je le raconte sur moi,
mais j'avais pris...
Dans mon idée, si je parlais
de ce que je faisais,
j'avais le droit de parler des autres,
ce qui n'est pas le cas.
Mais j'ai fait des gaffes.
Je me souviendrai toujours du matin
où un de mes amis m'a envoyé un lien,
ça fait quelques années,
puis c'était un extrait du balado
de Richard Martineau et Sophie Durocher
dans lequel tu racontais une expérience intime,
disons, que tu avais vécue au Carnaval de Québec
avec la regrettée Belle Gazou.
Pourquoi est-ce que tu...
Pourquoi est-ce que tu vas aussi loin que ça en entrevue?
Je trouvais ça drôle de raconter...
Que j'ai couché avec
Belle Gazou dans une
calèche. Puis Belle Gazou,
mon Dieu,
c'est une belle femme. Puis
on s'aimait, là, tu sais. On était comme
un jeune couple.
Je l'ai fait enlever d'un gars-là,
comme il dit, dernièrement.
Parce que tout le monde m'a parlé de ça.
C'était un bien cuit.
Puis Belgazou était décédé il n'y a pas longtemps.
Là, c'est correct que je peux en parler, là, là.
Mais il était décédé comme trois semaines avant.
Puis Laurent Paquin a été très cool là-dessus
parce qu'il animait le gars-là,
puis tout le monde, Martin, Matt,
tout le monde y allait à fond de train, tu sais.
Puis moi, je disais, je pense juste à sa famille.
Oui.
Parce que Belle Gazza trouvait ça très drôle.
Elle m'a amené à m'appeler pour manger dans un restaurant,
puis j'ai dit, oh, mon Dieu Seigneur Seigneur, je sais de quoi elle va me parler.
Puis là, en arrivant, elle m'a dit,
« Normand, tu n'as jamais dit que ce n'était pas bon.
Tu n'as jamais dit que je n'étais pas belle. Ce n'est pas ça.
Mais tu sais, là, je travaille, je fais des spectacles pour enfants.
Les enfants, écoutez, c'est quoi? » Ce que tu lui avais ils écoutaient c'est quoi.
Parce que tu l'avais raconté ça, c'est quoi, à une autre époque.
Ouais, c'est quoi. Puis là, ben, tu sais,
petit gars, t'arrives à donner ton cours,
tu fais ton petit spectacle, puis il dit « Je suis vrai que t'as fourré, Brétois,
de la calèche. » Tu sais, c'est pas...
C'était pas cool.
Donc, t'as demandé
que ce soit enlevé du
bien-écu dans la version télévisée.
Oui, puis il voulait pas du tout,
parce que ça y allait, ça torchait.
Mona de Grenoble, tout.
T'es capable d'y aller, Mona, oui.
Oui, oui.
Après ça, j'y ai passé, puis j'ai dit,
non, on va...
Puis il y a eu des réticences,
mais je pense que les gens ont compris.
Je lis un extrait de ta biographie.
On est un peu dans le même sujet, mais pas vraiment.
Il est question d'un spectacle qui s'appelle Orgasme 1.
L'allure d'Orgasme 1
ne peut qu'être déstructurée.
Robert Gravel recrute Normand
pour y incarner un jardinier,
mais il constitue un des seuls éléments réalistes
de la pièce. Autour de lui, Jean-Pierre Ronfort
est métamorphosé en fauve, Alice Ronfort
en monticule de roche et Yves Dégagné
en fougère. Tantôt,
Normand y pousse une brouette en chantant
Old Man River. Tantôt, il roule dans la
terre, Anne-Marie Provencher
nue pendant qu'Yves Dégagné, la tête
ornée d'une feuille, fait l'amour
au tas de roches devant lui.
Quel souvenir tu gardes de cette époque-là?
Ah, d'un excellent souvenir.
Un excellent souvenir. Donc, tu es auteur d'expérimental
avec Robert Gravel, Jean-Pierre Bonfort et compagnie.
Tu sais,
tellement de bons souvenirs,
parce qu'on allait l'après-midi
chez Pascal, il y avait une
quincaillerie qui s'appelait Pascal.
Puis là, on allaitait chercher des plantes et si on sait
vraiment on créait le show en montant le décor puis moi tout le moins à marie provencher écoute
anne marie provencher tout le monde tripe dessus puis moi, j'en roulais. Elle était nue.
Puis j'en roulais dans la boîte pour qu'elle germe mieux.
En fait, c'était ça, ma joie.
Pour qu'elle germe mieux.
Oui, oui.
Tu sais, c'est comme... Tu sais, tu vas rouler des...
Tu vas changer tes plans de place pour que...
Puis je l'ai vue dernièrement, je sais encore.
Puis elle m'a pris dans ses bras,
puis il y avait...
Parce qu'on a vécu quelque chose quand même, là.
Rouler quelqu'un pour qu'elle gère mieux,
ça soit de les lier.
Oui, oui, oui.
Puis on savait absolument pas ce qu'on faisait.
On comprenait pas ce qu'on faisait,
mais je pense que c'était ça,
le but de la patente, c'était qu'on faisait. Mais je pense que c'était ça, le but de la patente.
C'était qu'on ne comprenne rien.
C'était vraiment...
On était dans Ionesco, dans...
Les shows ne voulaient pas rien dire.
Jean-Pierre, à un moment donné, il a dit que pour lui,
un orgasme, c'est comme un jardin.
Puis c'est ça.
Mais qu'est-ce qui reste
du jeune comédien
qui participait à des spectacles expérimentaux
comme ceux-là en toi aujourd'hui?
Bien, c'était... Moi, je pensais que c'est ça
que j'allais faire dans la vie.
Rouler Anne-Marie Provencher
dans la boîte toute ma vie. Moi, c'était ça.
Il a pire destin.
Oui. Puis à l'époque de théâtre, ils'était ça. Il a pire destin.
À l'époque de théâtre, ils m'ont dit
« Tu feras rien. On te garde
parce que c'est intéressant.
Tu as des idées. »
Mais c'était clair que
moi, je m'en allais vers ça.
J'avais beaucoup
de fun avec Robert Gravel en impro.
Ensuite, il m'a recruté
pour
La Hélenie. Ensuite, il m'a recruté pour Laïl Lény.
Puis ensuite, je suis tombé dans la gang
de théâtre expérimental.
Lorsqu'à l'école de théâtre,
on disait, que tes professeurs
disaient, « Normand, il n'y aura pas de carrière
parce que ça ne se peut pas une carrière pour
un acteur, un comédien noir
au Québec. » Il n'y en avait pas dehors.
Il n'y avait aucun exemple. Il y avait Otello, puis ce n'est pas mon casting.
Qu'est-ce que ça te faisait? Comment tu recevais ça?
Je voyais... De toute façon, j'étais jeune.
J'ai rentré à l'école.
J'avais 16 ans.
Alors, je me disais...
« On va faire ça.
Après ça, je vais faire d'autres choses.
Après ça, je vais faire d'autres choses. »
Mais je ne pensais pas à une carrière à long terme.
Tu sais, j'ai dit... Je me dis, me fais ça,
parce que je vis chez mes parents,
j'ai pas besoin d'argent,
pis à un moment donné,
je vais faire d'autres choses.
Je vais me trouver une vraie job.
Est-ce que t'avais quelque chose en tête?
Absolument pas.
Pas du tout? Non. Absolument pas.
Le jeu, même le jeu,
parce que
Fiatro est venu me chercher,
Denise Fiatro, puis
elle m'a sacré dans une émission
qui s'appelait Chez Denise,
qui avait comme 3 millions
de codes d'écoute, une affaire qui n'a pas de bon sens.
Puis elle m'a écrit
36 épisodes, parce qu'après le premier,
je n'étais plus sûr.
Tu pensais que c'était un seul épisode et que c'était fini?
Oui, je pensais que c'était fini.
Puis je n'aimais pas ça, parce que
je disais tabanouche, puis le lendemain,
tout le monde me disait tabanouche.
Tu incarnais un jeune personnage haïtien.
Puis j'avais dit à Denise,
je ne sais pas si j'aime ça, Denise.
Elle a dit, là, call it, c', le petit, c'est fait, là.
Tu peux pas dédevenir une vedette.
Chris, t'es connu, tout le monde te connaît, Carlis.
Ben là, c'est ça.
Tu feras tes niaiseries pareilles, là, dans la boîte.
Mais c'est ça.
Parce que toi, tu pensais à la boîte pendant ce temps-là.
Oui, oui, c'est ça.
Mais tu pensais au théâtre expérimental auquel tu as dû renoncer forcément.
Bien oui, parce qu'il y avait une revue à l'époque qui s'appelait Jeux.
Oui, qui existe encore.
Oui, je ne savais pas.
Puis à l'époque, j'étais...
Mon Dieu, que j'étais merveilleux dans cette revue-là.
C'est une revue de théâtre, oui.
Ah, mon Dieu, que j'étais merveilleux dans cette revue-là. Toute revue de théâtre, oui. Ah, mon Dieu, que j'étais merveilleux.
Puis là, quand j'ai commencé à faire...
Boire, comme il me disait,
boire du mauvais vin dans les grands théâtres,
je me fous de beaucoup.
Je me verrais de bord.
Comment est-ce que t'as reçu, vécu cette popularité-là?
Que de te faire reconnaître,
parce qu'on s'est déjà parlé à quelques reprises au téléphone,
mais on s'est jamais rencontrés.
Puis tu me donnes l'impression de quelqu'un d'assez timide.
Oui, assez timide.
Puis encore aujourd'hui, les gens viennent me voir
et disent, vous devez être tanné de vous faire déranger. On sait que vous... »
Puis là, je leur dis
« C'est tout ce que je connais. »
Tu sais, dans le sens que
quand je suis chez nous, avec mon épouse
ou quand je suis seul,
ça ne m'arrive pas, c'est sûr.
Mais, je veux dire,
au Québec, c'est...
C'est comme quand tu pognes
le stamp
Guylaine Tremblay, t'es Guylaine Tremblay.
Tu vas toujours être Guylaine Tremblay.
Tu peux essayer de faire des projets différents,
mais tu vas toujours être quelqu'un de connu
parce que c'est tellement un petit marché,
mais qui écoute, qui consomme tellement de la télévision
puis de la radio.
On oublie, je ne sais pas si c'est tout le monde
qui sait que tu as enregistré un album
en tant que chanteur en 1993,
Normand Brattwait et Les Têteux,
qui était le groupe maison
de Beau et Chaud, ton émission
à Radio-Québec.
Est-ce que tu peux me parler de l'enregistrement de cet album-là?
C'est vrai que tu reprends des classiques deregistrement de cet album-là, sur lequel tu reprends
des classiques de la chanson québécoise,
comme tu fais Dolorès avec Yves Lambert?
C'est exactement comme le théâtre expérimental.
C'est genre, on faisait l'émission
de Boé Show,
puis après ça, on allait en studio,
puis Luc Boivin me disait,
bien, on essaye tout à la tonne,
puis on faisait ça, tu sais.
C'est pas l'album
qui a été le mieux reçu au monde.
Je dirais peut-être que c'est le pire,
celui qui a été le moins bien reçu.
La critique avait été dure envers cet album-là?
Bien, il disait que ça devait pas exister, tu sais.
Mais moi, c'est un album que je voulais
vraiment faire pour les musiciens.
C'est vrai que sur cet album-là,
il y a de grands musiciens comme
Luc Boivin, le percussionniste que tu viens de nommer.
Jean-Marie Benoît.
Le guitariste. Claude Arsenault.
Quel grand guitariste, Jean-Marie Benoît.
Un des plus grands de tous les temps.
Ah non, j'avais une équipe
de feu.
Il me semble que
Jean Saint-Jacques est là-dessus aussi.
Oui, oui.
Pianiste, clavieriste.
Jean-Marie Benoît, est-ce qu'on peut en parler un peu?
C'est un grand, grand guitariste qui, selon moi,
n'est pas assez célébré, qui a joué avec Diane Dufresne,
sur les albums de Diane Tell, avec Charles Bois,
avec tout le monde, effectivement, qui est décédé
il y a plusieurs années maintenant.
Un de ses derniers grands projets, c'est
La trame sonore de la Grande Éduction.
Et Jean-Marie Benoît, c'est drôle que tu en parles,
parce que la dernière fois que j'y ai parlé,
j'ai fait une émission de télévision.
Il y a quelqu'un qui faisait une toune,
puis moi, je faisais juste jouer de l'œuf à un œuf.
Une toute petite percussion.
Oui, une toute petite percussion
qui n'est pas facile à jouer,
mais qui est très discrète.
Puis il m'a écrit une lettre.
Une lettre?
Oui, en disant,
la manière que tu as joué l'œuf dans telle toune,
tu fais vraiment partie de nous autres maintenant.
J'ai capoté, je l'ai encore.
Je capote. Wow! Donc, c'est un être J'ai capoté, je l'ai encore.
Je capote.
Wow!
Donc, c'est un être d'une grande générosité.
Oui, oui, oui.
Mais c'était... Je faisais partie de cette gang-là
qui travaillait beaucoup trop
et qui a tout le temps...
Tu sais, je pense de 1970 à 80...
Tous les albums, c'est Jean-Marie Benoît.
J'en parle aux jeunes kids avec qui je joue aujourd'hui.
Oui, à Belle-Ébamme.
Oui.
Check ça, va checker ça, Jean-Marie Benoît.
C'est quelque chose.
Est-ce que tu sens aujourd'hui
que tu fais bel et bien partie de la gang des musiciens, pour vrai?
Oui, parce que
il y a beaucoup
d'animateurs qui pensent
que si tu prends une tambourine dans tes mains,
t'es musicien.
Non, mais il y en a beaucoup.
Moi, ça me déçoit tout le temps parce que je fais
aïe. Moi, la tambourine,
j'en joue correct,
très correctement.
Mais j'ai passé 20 ans à côté de Miltissa Lavergne.
Pierre, elle en joue plus que correctement.
Elle en joue vraiment plus que correctement.
Des fois, je me dis qu'il faudrait que les gens,
comme le triangle, le fameux Joe du triangle,
« Ah, tu vas jouer du triangle dans tel tour.
C'est un des instruments
les plus difficiles à jouer.
Puis, c'est un
instrument qu'il faut que tu prennes vraiment
au sérieux. Mais comme
toutes les percussions, je suis tellement
tanné d'entendre le monde, je vais jouer
du tam-tam. Ça n'existe
pas un tam-tam.
Il y a des congas, il y a des bongos, il y a des djembes. Il y a des djembes, mais un tam-tam, ça n'existe pas un tam-tam. Il y a des congas,
il y a des bongo, il y a des djembe.
Il y a des djembe, mais un tam-tam,
c'est...
Puis c'est péjoratif, en fait.
Est-ce que tu pourrais nous l'expliquer? Pourquoi c'est difficile
de jouer du triangle alors qu'effectivement, ça peut juste
avoir l'air de taper sur un morceau de métal?
Taper sur n'importe quel temps
puis tout ça.
Premièrement, le triangle à la TV,
c'est sûr que c'est l'affaire que tu vas entendre le plus.
Parce que le soundman,
il est tellement sur l'air.
Il faut que le triangle passe.
Puis là, à la TV, c'est
« poing »! Puis c'est un instrument
qui coupe beaucoup dans les fréquences.
Puis il faut que tu joues
la bonne affaire.
Les gens ont l'impression qu'un triangle, c'est
à la fin de la tourne, la tourne est finie
puis ça fait ding, mais c'est pas ça.
C'est tout le long,
ding, ding, ding, ding, ding, ding.
Quand un cubain qui arrive
puis il voit avec le triangle,
parce qu'il y a
beaucoup de gens qui savent pas
que j'anime l'émission,
tu sais.
Ils me voient avec le triangle,
ils me font « Ah, c'est cool ».
Mais là, ils viennent me montrer une nouvelle partie.
C'est le goût de dire « Non, non, moi, je roulais
Anne-Marie Provencher dans la boîte.
C'est pour ça que je pouvais le faire. »
Mais je peux pas maîtriser cette partie de triangle.
Oui, oui, non, non.
Puis pour être un bon tambouriniste,
qu'est-ce que ça prend comme qualité?
Bien, ça prend...
Ça prend du respect,
ça prend de savoir
de taper où exactement
puis de quelle façon, quelle façon
mettre tes doigts sur la,
tu sais, la tambourine.
C'est comme les timbales, quand tu joues un reggae.
Mais le seul, la vergue, elle me disait toujours,
« Normand, on a tendance à en mettre trop quand c'est un reggae. »
Elle disait, « Imagine-toi, là.
Tu joues, tu fais une pause,
tu t'en vas prendre un café,
tu prends deux, trois gorgées de café,
tu reviens et tu fais une autre pause. » Tu t'en vas prendre un café, tu prends deux, trois gorgées de café,
tu reviens et tu fais un autre pass.
Parsimonie, elle me disait toujours ça.
Ça veut dire que t'as appris beaucoup auprès des musiciens que t'as côtoyés,
que tu côtoies, mais les bums, mais à beau échouer.
Incroyable. Incroyable.
Là, je fais le show de Gilles Valiquette,
que j'adore,
parce qu'il m'a demandé pour son dernier album...
Retour à Chansons pour un café.
Oui, que j'ai fait.
Puis là, un moment donné, en tournée,
bien, je m'en vais là,
puis je fais la toune, juste cette toune-là.
Puis là, on répète.
Mes mains, elles vont de ça.
Je connais toutes ces tounes.
Fait que là, Gilles, il me dit,
« Pourquoi tu fais pas? On n'a pas de percussionniste. »
Alors, ça, c'est le moment,
le plus beau moment de ma vie.
Je suis là, j'ai dans mes énergies
Monique Fauteur, Rémi Malot, Dominique Messier.
Monique Fauteur qui est la voix d'Harmonium.
Avec sa fille.
Et là, c'est du velours.
La voix de Gilles.
Les guitares de Gilles.
Je suis juste heureux.
C'est comme si la boucle était bouclée.
Parce qu'en 1973,
si je ne me trompe pas,
à la Polyvalente Père Marquette,
tu as organisé un spectacle de Gilles Valiqu polyvalente Père Marquette, où tu étudies, t'organisais un spectacle
de Gilles Valiquette.
Gilles Valiquette, oui.
J'ai fait ça...
Je faisais partie du
groupe d'étudiants,
la radio étudiante.
Puis on a fait venir
Gilles Valiquette. Puis avec
un autre gars qui est
un décorateur
de théâtre, Bobby Breton,
on a fait sa première partie.
J'étais tellement impressionné
quand je l'ai vu.
Puis, tu sais, c'est toutes les tournes.
C'est « Dis-lui bonjour »,
« La vie en rose »,
« Jean le marin ».
« Samedi soir ».
« Samedi soir », qui est ma toune préférée,
que j'adore.
Que j'adore écouter et jouer.
Puis on la fait dans le show, tu sais.
C'est vraiment le fun.
T'es dans quel état d'esprit
pendant que t'es sur scène,
pendant que tu joues de la musique?
Je suis juste du bain.
Je suis vraiment juste du bain.
Beaucoup plus que quand j'anime.
Ça, animer, je ne sais même plus si je vais être capable.
Bell et Bomb, c'est sûr, parce que j'anime pas.
Je suis moi.
Mais dans ces périodes-là,
puis il y a beaucoup de gens avec qui j'ai eu la chance
de jouer depuis 22 ans de Bell et Bomb,
qui sont mes idoles, là, tu sais, que je trippais.
Puis je peux jouer les tunes maintenant
parce que techniquement, je suis rendu là,
puis je les connais tellement, tu sais,
fait que c'est le fun.
C'est lesquels qui t'ont le plus impressionné
à Boé Show puis à Bell & Bum?
Vous venez de célébrer la 500e de Bell & Bum,
donc il y en a beaucoup, là.
Oh, mon Dieu.
Bien, tu sais, juste
l'autre fois, on a joué
Claude Dubois,
je pense qu'il était là à
500e, puis on a fait
artiste.
On m'a dit que je les ai répétés
les pauses de Timbales.
Il était à
même place.
Parce que l'autre, il n'aime pas ça
quand tu rajoutes des affaires.
Il s'en vient faire sa tourne
et c'est tout des classiques.
Puis là, ils mettent
les Timbales juste à côté de lui.
Puis là, je fais « Oh non! »
On finit la tourne,
il me regarde avec un gros sourire.
Je fais « Bon, on pourra passer à travers ça.
M. Dubois est satisfait.
M. Dubois est content, oui.
Comment est-ce que vous choisissez,
comment est-ce que tu choisis
de quel instrument tu vas jouer dans chaque chanson
à Belly Bob?
Il y a une lecture le matin.
Et je vais pas à la lecture parce qu'il y a pas de chanteur.
Puis étant donné que je joue le plus souvent soit de la bétoie ou des percussions,
ça prend le chanteur pour sentir le feeling.
Parce que si tu écoutes le disque, ça va être différent.
Fait que j'ai tellement vu les mains de Melissa
que quand je suis en show, qu'il faut que je joue
d'un instrument de percussion,
je pense toujours pendant une seconde
où Melissa irait naturellement.
Puis soit qu'elle pogne un oeuf jaune
ou le vert.
Puis vu que j'ai volé la moitié de son stock,
ça n'est pas aperçu encore.
De son équipement?
Oui.
Espérons qu'elle n'écoute pas cette entrevue.
Non, non, non.
Bien oui, c'est son genre.
Mais j'ai beaucoup appris d'elle dans le choix.
Puis de ne pas avoir peur.
Parce que quand elle est venue voir New Orleans Blues,
imagine qu'elle était elle et Paul Picard dans ça.
Un autre grand, grand, grand percussionniste.
Un des plus grands au monde.
Qui a joué avec Céline Dion.
Oui, oui.
Puis que Dominique Messier, le batteur,
dit que d'après lui, c'est un des cinq plus grands au monde.
Lui, il a joué avec tout le monde sur la planète.
Fait que là, t'as Paul qui est là.
Fait que dans le temps, ma fille était dans le show.
On faisait des percussions complémentaires.
Puis là, avant chaque passe, on pensait.
Faut pas que tu penses, là, tu sais.
Tu joues ta passe, puis t'as fait.
Puis une fois qu'elle est passée,
bien, t'es content ou moins content,
mais tu passes à d'autres choses.
Mais on était tétanisé quand ces deux
lots puis à viancy juste moi oui c'est justement c'est juste au cas ce que tu
admires chez elle j'ai mis le seul à verre c'est une des personnes les plus
artistiques que j'ai rencontré dans ma vie. À un moment donné,
elle a tout pour elle.
Elle écrit... Elle a un plus bien roman qui est très, très beau.
Oui.
Et elle est curieuse.
À part,
mettons, tout seul en Guinée,
pour apprendre à jouer
d'un instrument qui a l'air d'une chaloupe
à l'envers.
Puis moi, je disais, Milsup,
quand est-ce que tu vas jouer de ça? Sérieusement, dans quelle pièce,
dans quelle toune tu vas jouer de ça?
Pas dans une tonne de clon du bois.
Non. Puis je dis, en plus, il y a même pas de caisse.
Comment tu vas amener ça?
Et il est toujours...
est toujours à l'affût de quelque chose.
Elle se cherche, elle apprend.
C'est une personne qui apprend, là, constamment.
Elle veut apprendre, être intéressée.
Et c'est motivant,
parce que quand même beaucoup plus jeune que moi,
mais de moins en moins.
Mais elle m'apprend tout le temps ça,
d'essayer des affaires.
Puis moi, je suis très standard.
Genre, ils t'appellent.
« Hey, Normand, qu'est-ce que tu fais demain? »
« Bien là, je sais pas, il faut que je check. »
« Bien, tu viendrais-tu au Sénégal? »
Puis là, tu fais « Non. »
« Non, mais ça, je veux pas aller au Sénégal.
Je veux un restaurant africain peut-être,
mais pas au Sénégal.
C'est là où tu traces la limite.
Oui, oui.
T'es moins aventurier que ça.
Ah, je suis pas du tout.
Je suis pas du tout.
Je vais en vacances avec mon épouse
puis j'essaie de trouver le même hôtel
et si possible la même chambre.
Je veux pas penser, tu sais.
C'est parce que t'aimes ton confort ou parce que...
J'aime mon confort, puis j'aime pas...
Je veux pas être déstabilisé dans la vie.
Je déteste être déstabilisé.
Comme je te dis, quand il y avait un gars là,
une fois, j'ai gagné et je ne le savais pas.
Après ça, j'ai dit aux amis,
je m'excuse, mais il faut me le dire
parce que je ne serais pas capable de...
Je vais trop être déstabilisé.
Je n'aime pas du tout...
Mais je ne serais pas le premier à faire remarquer
que c'est quand même un drôle de choix de carrière
pour quelqu'un qui n'aime pas être déstabilisé.
Oui. Surtout que je fais
toutes sortes d'affaires.
C'est ça qui est weird.
Tu sais, mais...
Oui, c'est weird, mais je le sais.
Je le sais que j'aime pas être...
J'aime pas le changement.
J'aime pas rencontrer des gens
parce que j'ai toujours peur de se voir ou des...
Tu sais...
Des fois, je rentre
d'un bar à Québec. On a fait
New Orleans à Québec.
Je rentre d'un bar.
C'est tout des...
des jeunes...
des jeunes machines
qui jouent du jazz.
Et là, il y a un silence.
Comme si j'étais quelqu'un de...
Je sais que je suis un employeur, mais il y a un silence, comme si j'étais quelqu'un de... Je sais que je suis un employeur,
mais il y a une espèce de silence.
Lui, c'est quelqu'un.
Quand de 1 à 10, eux autres sont à 10,
moi, je suis à 3 au niveau performance.
Mais j'en ai fait beaucoup, puis ça me fait toujours rire.
Je rencontre des gens, puis il y a
comme toujours une
distance, tu sais.
Quand les gens commencent à t'appeler
un icône, là,
moi, je suis un con d'autoroute,
là.
Je suis à peu près comme un con d'autoroute.
Bouge-moi pas trop de place,
puis je vais être heureux, mais je ne suis pas un icône.
Tu as dit il y a quelques instants
que tu ne sais pas si tu vas animer à nouveau autre chose
que Bell et Bomb. Pourquoi?
Parce que c'est vrai que tu as animé
des tonnes et des tonnes d'émissions.
Tu es une icône, pour être honnête.
Oui.
J'ai l'icône fatiguée, mais...
Tu sais, where do you go? À un moment donné, comme il dit, je ne peux pas être plus tout nu que j'ai l'icône fatigué, mais... Tu sais, where do you go?
À un moment donné, comme il dit,
je peux pas être plus tout nu que j'ai été tout nu.
C'est effectivement bien dénudé.
Oui, souvent.
Puis, been there, done that.
J'écoutais Louis-José Hood.
Puis, mon Dieu, que je comprenais ce qu'il voulait dire.
Tu l'as fait, mais le bout épeurant,
c'est que les gens disent,
« Ah, bien, ça va être bon, il l'a fait. »
Ça ne marche pas de même.
Ça marche que plus que tu en as fait,
plus que tu as des idées qu'il faut cocher.
Revenons aux musiciennes
que tu as
beaucoup mises en valeur dans tes émissions.
Comment est-ce que tu les as
découvertes, Kat Dyson
puis Rhonda Smith, deux grandes
musiciennes qui ont joué avec Prince
par la suite? D'ailleurs,
je les ai découvertes parce que je suivais le groupe
Chukon.
Ils étaient dans Chukon et puis
une année, j'ai décidé
de les prendre sur des galas
parce que c'était nouveau. Deux filles black.
Et réticence
que j'ai eue.
Les musiciens, c'était épouvantable.
C'était
l'époque des musiciens assis
avec des écouteurs.
Et souvent, sa partition, c'était un playboy.
Puis,
il jouait tellement bien que...
T'exagères pas. Littéralement, un...
Un vrai playboy.
J'ai déjà vu ça. Et
j'ai une affinité beaucoup plus...
J'ai presque pas d'amis de gars.
Peut-être Marc Labresse,
mais je le considère pas comme un gars.
Je le considère plus comme
une métamorphose
biologique
ou un extraterrestre, je ne sais pas.
Mais pour moi, ce n'est pas un gars.
Je ne suis pas un piment.
On ne se mettra pas à jaser de filles.
Et je trouvais aussi
que les filles étaient beaucoup plus ouvertes
à être costumées
et à être...
Parce qu'ils travaillaient pas beaucoup.
Tous les gars disaient, ils sont pas bonnes.
Fait que, manie, ta fille a trop.
J'ai une idée, c'est une pièce, là.
Cabaret, c'est des filles qui s'apprennent.
Tu connais-tu ça, toi, Normand,
des filles qui jouent de la musique?
Je disais, oui, Denis, j'en connais.
Puis ils font pas juste jouer, ils torchent, là, tu sais.
Fait que je me suis habitué.
Puis maintenant, quand je monte un show,
je pense plus gars, blanc, fille, noir.
Je pense juste la bonne personne pour l'instrument, tu sais.
Fait que là, ça donne la plupart du temps
un peu plus de filles que de gars.
Mais il y a eu une mode à un moment donné,
c'est « Ah, Normand, il fait ça, il faut mettre des filles partout. »
C'était pas... C'est pas ça, l'idée.
Daniel Lavoie, il me disait...
C'est drôle parce que quand il y a des filles dans le band,
on dirait que les gars sont plus polis.
Je sais pas pourquoi. Faire mettre tout le monde un peu à sa place. Puis moi, je luies dans le band, on dirait que les gars sont plus polis. Je sais pas pourquoi.
Ça remet tout le monde un peu à sa place.
Oui. Puis moi, je dis tout le temps,
je suis tâtonné d'entendre les gars
parler du cul de la chanteuse, tu sais.
Ça arrivait, ça?
Oui, souvent, souvent.
Fait que là, j'ai commencé à engager des filles
parce que tu vis avec eux autres quand même.
Puis je me suis aperçu que les filles aussi
parlaient du cul de la chanteuse.
Puis c'est pas pour les mêmes raisons.
Pas pour les mêmes raisons.
Oui.
Mais aujourd'hui, la directrice musicale,
la chef d'orchestre de Belle et Bomme,
c'est une femme, c'est Amélie Mandeville.
Oui.
Merveilleuse bassiste.
Puis merveilleuse bassiste.
Et aussi, là, il y a des filles qui vont être choquées
que je dis ça, mais il y a un petit côté maternel
qu'il faut que t'aies quand t'es chef.
Parce que nous autres, on arrive, il y a du monde,
ils débarquent de l'avion.
Ils n'ont jamais fait de show de TV.
Ils ne savent pas, eux autres.
Surtout quand on était en direct,
ils pouvaient arrêter au milieu d'une toune.
Ils n'ont pas les codes.
Ça prend des fois beaucoup de patience
avec
mettons quelqu'un qui
n'est pas habitué de faire de la télévision
et que son
inquiétude,
son incertitude
se transforme en
« je vais tout vous faire chier toute la journée ».
Ça, on a vécu ça, tu sais.
Avec qui?
Oh, qui c'est qui nous a fait chier toute la journée?
Ben, je sais pas, je m'en souviens plus.
Mais ça arrive.
Tu sais, ça arrive, il faut reprendre, il faut reprendre.
Puis c'est pas comme ça.
Puis ils veulent que ça soit exactement comme leur disque.
Puis souvent, c'est les musiciens eux-mêmes qui font.
C'est pas minfort, le track de drum.
Je vais m'arranger ça un peu, tu sais.
Fait que les gens, c'est qu'eux,
ils ont besoin de pas se sentir...
Puis Amélie, Manville, c'est ça qu'elle fait beaucoup.
Inquiète-toi pas,
il n'y a pas de problème. On va tout faire
pour que ça soit bon.
Il n'y a rien qu'on ne fera pas.
Fait que
tu pars avec une équipe de même
et tous les musiciens...
Je me souviens
quand je faisais
Boé Show,
il y a Jean Saint-Jacques,
qui est un génie.
Qui a joué avec Guseb, notamment.
Oui, avec Guseb.
Puis il y avait Mano Solo qui était là.
Mais je sais qu'il filait pas.
Il prenait des médicaments.
En tout cas, il n'était pas de bonne mort.
Le chanteur français.
Oui.
Puis là, il critique une partition
de Jean Saint-Jacques. Puis Jean Saint-Jacques, il critique une partition de Jean Saint-Jacques.
Puis Jean Saint-Jacques, il dit,
« Ouais, mais man, écoute, c'est ce qui est écrit sur la charte. »
Puis là, il dit, « Espèce de con.
La musique, c'est pas ce qui est écrit, c'est entre les notes. »
Ah là, moi, j'ai pété une coche,
comme j'ai jamais pété dans ma vie.
Il était dehors.
Puis France d'amour
est arrivé.
Il dit, France, fais quelque chose.
Joue quelque chose.
Vous avez appelé France d'amour à la rescousse
pour remplacer Manos Solon.
On peut toujours compter sur France d'amour.
Oui, tout le temps.
Elle est bonne.
Elle fait tout. Il n'y a pas Denis Deyang aussi qui avait été... On peut toujours compter sur France d'amour. Ben oui, tout le temps. Ben bonne, tu sais, parfaite tour.
Il n'y a pas Denis Deyang aussi
qui avait été un peu désagréable à Bell et Bum?
Ben, je pense que souvent, le problème,
c'est qu'ils bouquaient trop.
Ils sont trop bouqués, donc ils sont à bout.
Et souvent, ils font la répète deux fois.
Ils font en direct de l'univers dans le jour.
Après ça, ils s'en viennent répéter chez nous.
Les bandes ne jouent pas la toune exactement pareil
parce qu'elles autres, c'est jamais des tounes au complet.
Elles autres, on fait la toune au complet.
Puis le monnaie, il pète une coche.
Il a pété une couple de coches cette journée-là.
Mais tu respires par le nez.
Ça va passer.
C'est juste la TV.
Tu as reçu une médaille de l'Assemblée nationale
en 2021 pour ta contribution
au rayonnement des femmes en musique.
Oui.
Mais elle tenait à quoi la réticence
des hommes, des gars,
qu'il y ait des femmes autour d'eux?
Bien, c'est parce que c'il y ait des femmes autour d'eux?
Bien, c'est parce que c'est pas tellement... Bien, il y a toujours le principe
« elle torche pas, elle joue pas ».
Et ça, c'est plus vrai, là, tu sais.
Là, je travaille avec des musiciens,
ils s'admirent entre eux autres,
puis c'est plus des hommes, des femmes,
c'est du monde qui parle de « gear » à la journée longue,
c'est d'un an à la nuit.
OK, as-tu vu mon tonde? Moi, je vais chercher mon tonde.
Avec ma pédale.
Avec ma telle pédale.
On n'a jamais demandé à un musicien,
surtout Michel Cusson,
d'où il vient ça, le son.
Parce que tu l'as pour deux jours.
Il t'explique
tout.
Je voulais juste savoir. Mais là, il n'as pas deux jours. Tu expliques tout. Je voulais juste savoir.
Mais là, il n'y a plus ce...
C'était un peu comme les tavernes.
Quand les femmes ont commencé à rentrer dans les tavernes,
les gars, c'était à leur place.
C'était leur gang.
C'est comme les gars qui vont jouer au hockey
en fin de semaine, tu sais.
C'était à leur place. C'était à eux autres.
C'était pas nécessairement qu'ils jugeaient...
Ben, ils jugeaient beaucoup la capacité musicale des filles,
mais c'était... D'être avec des filles,
ils aimaient pas ça, t'sais.
Pis là, il a fallu juste briser ça.
Pis les filles, ils arrivaient prêtes.
Je veux dire, moi,
Manuel Caplet, la drumeuse de Bell & Bum,
elle est en Europe.
Les techniciens font... J'ai vu, c'est une nana.
C'est une nana qui joue de la batterie, oui.
Puis elle joue avec le guitariste de police en passant.
Avec Andy Summers?
Oui.
Quand elle part, le monde fait mieux gueule.
Tes parents, qu'est-ce qu'ils pensaient de ça,
que tu veuilles devenir un comédien?
Mes parents...
Mon père a marié ma mère dans les années 40.
J'imagine, j'essaie de calculer.
Un noir qui marie une blanche,
mes parents ne pouvaient pas me dire
« ça se fait pas ».
Ils ont fait l'affaire qui se fait pas.
Moi, j'entrais chez nous,
je faisais du théâtre.
« Papa, je roule une fille dans la boîte.
Pas de problème. »
Est-ce qu'il t'a vu au théâtre, ton père?
Seulement dans « Orgasme 1 ».
Pour vrai?
Il est décédé après.
Ça me fait de la peine.
J'aimerais ça qu'il voit ce que je fais aujourd'hui.
Les gros shows de musique.
Lui qui aimait la musique et tout ça.
J'aimerais ça qu'ilil voit New Orleans Blues, par exemple.
Mais la vie, nous sommes derrière.
Parce qu'il jouait de la musique, ton père?
Oui, oui, oui.
Il y avait une Christine Mangauche au piano.
Le Walking Hand, c'était incroyable.
Et ta mère aussi jouait?
Oui, ma joie, plus du piano classique.
Donc, il n'y a personne qui ne jouait pas de musique chez vous?
Non, mes deux frères étaient des musiciens incroyables.
Je jouais par oreille.
Aucune notion de solfège et tout ça,
mais ils étaient incroyables.
Puis, il y a un de mes deux frères, Robert,
c'est le sosie de Jim Hendrix.
Et il joue à l'envers comme Jim Hendrix, mais vraiment à l'envers.
Et il aurait pu faire
une carrière.
Mettons, il aurait pu être
le Martin Fontaine
de Jim Hendrix.
Mais
ils n'ont pas
tous fait attention
à leur santé.
Toi, tu as fait attention à ta santé.
Oui, oui.
J'étais un acteur de formation.
Ton père est parti en juillet 79.
Oui.
Tu jouais à ce moment-là à la Marjolaine.
Oui, à la Marjolaine.
Dans le spectacle Gros Lot dont tu parlais tantôt.
Oui, oui.
Puis tu as été obligé de monter sur scène le lendemain
de la mort de ton père.
Il y avait, je parle de ça avec Sophie Préjean, il y a une règle maintenant.
À l'union, tu ne peux plus faire ça.
Alors, ils sont venus me chercher quand il est décédé.
Ils m'ont emmené chez moi, ma mère, en hystérie totale.
J'ai essayé de régler trois ou quatre affaires.
Je suis rembarqué dans le char.
Puis je suis allé jouer une commise musicale, le gros loup.
Mettons que...
Même à l'époque, je me disais,
« C'est wrong, ça marche pas, ça, t'sais. »
Je me disais, « Mais, il n'y en avait pas de ça. »
C'est une autre époque.
Ton père était jeune, à ce moment-là? 47 ans.
Qu'est-ce que t'as fait avec
la tristesse? Bien, je me suis
garroché dans le travail.
Je travaillais tellement fort que...
Je travaillais tellement,
tellement fort. J'avais mes deux frères
qui étaient en vie, qui sont
occupés de tout.
Je suis même pas allé au
service funéraire.
Je n'avais pas
ce qu'il fallait pour le faire.
Maintenant, je l'ai.
Je suis allé au service de mes
frères, ma mère qui est décédée
dernièrement,
avec mon épouse,
qui était proche aidante.
J'ai pu participer au concept de la chose.
Mais avant, ma relation avec la mort, c'était juste non.
Je veux pas aller là.
Du déni.
Oui, du déni. Total.
J'ai travaillé.
Parce que ça te confrontait à...
Je trouve ça...
Je trouve que c'est la joke la plus plate au monde.
Tu sais, quelqu'un qui meurt, c'est...
C'est pas drôle.
C'est l'affaire la plus plate au monde.
Je suis persuadé.
Pour...
Puis...
Quand je vais au centre belge, je me dis...
Il y a tout le monde ici.
Dans tout le monde qui est ici,
il y a quelqu'un
que son père ou sa mère ou sa soeur est mort hier.
Tu sais? Puis ils sont là, une game de hockey,
probablement dévasté, mais ils continuent, tu sais.
Ça fait que je pense que c'est universel, ça, la mort.
Est-ce que t'es allé te recueillir sur la tombe de ton père?
Non.
Non.
J'ai jamais fait ça.
Mais je suis de l'opinion que c'est une carcasse.
Je suis pas obligé d'aller dans un endroit spécifique.
Il est là, mon père.
Il est partout.
Dans ce que je fais, si je vois un instrument, il est là.
Ta mère nous a quittés il y a un an environ, presque jour pour jour.
Oui, oui.
Est-ce que vous avez eu souvent des conversations
au sujet de ce que ça a signifié pour elle et pour ton père
que d'être un couple biracial
à une époque où c'était complètement inusité
pour ne pas dire inacceptable.
Non, mais moi, le nombre de fois que...
Puis mon père était boxeur.
Il a été boxeur professionnel.
Le nombre de fois que j'étais assis
avec mes deux frères en arrière
dans la grosse galaxie Saint-Jean, puis j'entends... avec mes deux frères en arrière dans la grosse Galaxie 500,
puis je ne sais pas ce qui s'était passé, quelqu'un avait coupé quelqu'un.
Puis là, j'entendais ma mère dire « Walter! Non, non, Walter! Walter! »
Puis là, je voyais par la fenêtre mon père en train de crisser une volée à quelqu'un.
Alors, je pense que si tu disais le mot
pute à ma mère, ça, ça
passait pas, tu sais.
Ah, parce que c'est de ça dont on traitait les
femmes blanches. Ben oui, oui, oui. Des femmes blanches
qui étaient, tu sais, qui sortaient avec les Noirs.
Puis j'en ai
vu des batailles, là. J'ai vu
tellement des...
Quand on arrivait dans un quartier
comme dans Rosemont,
c'était la famille de Noir.
T'avais deux attitudes des gens.
Il y a des gens qui disaient, ça va être le fun.
Ils vont jouer de la musique.
Je sais pas quoi.
C'est du monde comme les autres.
Oui, parce que beaucoup,
la majorité des Québécois pensent de même.
Mais quand on échappait le ballon
dans le cours du voisin,
puis le monsieur, il voulait pas nous le remettre,
il voulait même, parce qu'on était trois au noir
qui jouaient au ballon.
Ben là, c'était Walter, non, Walter, non, non!
Paf! Il revenait avec le ballon.
Ha! Ha! Ha!
Qu'est-ce qui reste de ça,
de ce que t'as vécu toi aussi,
parce que tu l'as vécu,
j'imagine, le racisme à certaines occasions.
Qu'est-ce qui reste de ça en toi
dans une société en 2024
qui a heureusement beaucoup évolué?
Moi, j'ai eu une insulte raciste.
Première journée d'école,
je m'en vais à l'école,
puis un petit gars à côté de moi, il brasse sa case.
Je sais même pas ce qui s'est passé.
Puis lui, il me dit, « Maudit Italien! »
Puis il avait les cheveux rouges.
J'ai dit, « Ah, c'est-tu drôle? »
Je lui ai dit, « Tu sais pas pourquoi tu te chicanes,
mais tu remarques quelque chose qui est différent. »
Toi, on dit que le racisme, c'est la part de la différence.
C'est juste ça.
Fait que là, je rentre chez nous, puis je dis...
Papa, il m'a dit que j'étais italien.
Puis mon père travaillait sur une Tino construction.
Il travaillait qu'avec des citoyens.
Il disait...
Normalement, valeur pour toi,
mais t'es vraiment pas italien.
Puis, c'est la seule
remarque raciste que j'ai eue.
De toute ta vie? De toute ma vie, parce qu'après ça,
je suis rentré à l'école de théâtre
à, je sais pas quel âge,
16 ans. Puis déjà, à Polyvalente,
je faisais des shows,
je jouais de la musique.
C'était plus le fun
d'être avec moi
pour avoir du fun
que de me crier des bêtises.
Ça ne m'est jamais arrivé.
Mais tu faisais toi-même des blagues sur le sujet
avant que les autres puissent en faire.
Oui. Puis ça, c'est très drôle.
Comme les juifs américains le font.
Quand tu dis...
Il pleut, tu sais.
Moi, je dis, ben, on va y aller pareil.
Je suis pas fait en chocolat, tu sais.
C'était mon genre de joke jeune, là.
Fait que j'ai jamais senti aucun racisme.
Il y a des gens au Québec qui aiment pas ça
quand je dis que le Québec n'est pas raciste.
S'ils voyageaient plus, ils verraient c'est quoi être raciste.
Il y a du racisme au Québec comme partout ailleurs.
Mais moi, je me promène avec une belle grande blonde,
mon épouse, depuis des années,
puis on ne s'est jamais fait crier des noms.
Ils sont en Jamaïque, puis en Guadeloupe,
et même à New York,
les Américains,
dans leur tête,
c'est deux races séparées qui n'ont pas d'affaires à être ensemble.
Tu ouvres la télévision américaine,
tu écoutes un sitcom, c'est une famille de Noirs
ou une famille de Blancs.
Mais tu sais, t'as pas le...
Puis je me suis jamais senti
mal d'être avec une blanche
au Québec.
Jamais.
Mais aux États-Unis, ça m'est arrivé que
je commande deux verres de vin blanc
puis le gars, il m'amène
juste une coupe.
Parce que c'est sa façon de me dire
« Moi, je suis pas d'accord
avec ton style de vie. »
J'approuve pas cette relation.
Même si c'est pas à moi
de l'approuver ou non.
Tu portes toujours un complet cravate
lorsque tu traverses les douanes aux États-Unis?
Oui, parce que sans ça, surtout si t'es
en hélicoptère noir, qu'il y a pas de lunettes
dessus,
sans ça, ils vont penser que t'es
un pusher ou je sais pas quoi.
Là, ils savent pas t'es qui,
mais ils disent, OK, on niaisera pas avec lui
parce que tout le monde
a peut-être un petit quelque chose à cacher.
Fait qu'ils pensent que t'es...
Surtout quand Obama était là,
ils pensent que t'es gouvernemental.
Fait que t'atterris
toujours l'hélicoptère
en face d'un comfort inn
parce qu'il y a de la place.
Puis tu vas donner un 50 piastres au gars,
le portier,
puis tu dis,
« Check in, on va aller souper,
puis on repart après. »
« Peux-vous checker notre hélicoptère, s'il vous plaît? »
« Checker l'hélicoptère, s'il vous plaît. »
Puis là, tu appelles un taxi,
le taxi arrive tout de suite,
tu arrives au restaurant,
le gars réservé déjà pour toi au restaurant,
tu sais, c'est un traitement.
Mais ta camarade,
Isabelle Massé, c'est même qu'on a décidé d'écrire la biographie.
C'est le premier chapitre sur lequel s'ouvre le livre.
On était ensemble
puis on parlait de...
Oui, mais de quoi on va parler?
Pas juste de ma vie,
de...
Je suis noir, je suis mulharde,
toi, t'es mularde.
Et Isabelle, qui est
une beauté totale,
elle me disait
qu'elle était avec 22
journalistes. Ils passaient,
il y avait toute leur accréditation, puis elle
se faisait tasser tout le temps.
Puis elle racontait
ça à ses camarades.
Moi, il faut que je me mette en habit.
Sans ça, je me fais tasser, tu sais.
Puis les gens ne la croyaient pas.
Puis moi, je la croyais, j'ai compris.
Puis là, on est partis là-dessus.
Elle s'est même mise à brailler quand elle racontait ça.
J'ai fait, ouais, on a peut-être quelque chose...
Une expérience commune.
Oui.
Est-ce que j'ai bien compris que tes deux frères ont quitté ce monde
oui donc ça veut dire que tu es le dernier jeu de ton clan oui je suis de ma gang. J'ai mon épouse. Puis j'ai...
Je sais pas qui.
Pas Denis de Young, je pense qu'il m'aime pas, mais...
C'est comment d'être le dernier de ta famille?
C'est bizarre, c'est bizarre,
parce que je me sens responsable,
puis je me sens...
Puis ça fait bizarre aussi.
Moi, dans ma tête, j'ai comme
tout le monde. J'ai 12 ans, là, tu sais.
Puis là, ça fait bizarre de rentrer
dans une salle où
tu vois que t'arrives sur un plateau
surtout en publicité.
Et ça
fricke, là, tu sais. Puis, hey,
voulez-vous...
Tu sais, parce que moi, je ne demande
rien. Je ne demande pas de catering spécial.
Voulez-vous
de ça?
On peut avoir du sushi.
Tu fais bien, moi.
Je suis comme...
Mais une affaire
que je suis content, puis je vais être
vraiment franc à propos de...
Je ne suis jamais été une vedette
dans ma tête.
Je sais c'est quoi les conséquences.
Comme quand on va au restaurant,
puis quelqu'un aime pas son plat.
Il dit, « Hey, tu sais, au serveur,
j'aime pas ça, ça. »
Là, je lui dis, « Quand vous êtes avec moi,
vous aimez tout. »
Puis papa va payer.
Mais fermez vos gueules, parce que ça va finir
que les gens vont dire que c'est moi. »
Puis c'est comme ça.
J'ai vu Bratwade, avec sa gang.
Donc l'opinion du grand public à ton sujet,
ça t'importe dans ce sens-là?
Oui, puis je me suis tellement poigné.
J'étais en Gaspésie avec un ami, une avocate, un ami policier.
Puis il a fallu qu'il me calme parce qu'il y a une femme qui arrive,
elle dit « Pouvez-vous signer ça pour ma fille qui est handicapée? »
Je dis « Certainement. À quel nom? »
Puis là, la femme a dit « Je vous l'ai déjà demandé,
mais vous m'avez comme envoyé chier.
Là, j'ai fait, vous, madame,
vous êtes une hostile menteuse
parce que ça se peut pas
que j'aille faire ça jamais dans ma vie
parce que c'est pas dans mon ADN.
Fait que c'est pas vrai ce que vous dites, là.
Je vais le signer pour votre fille,
mais vous, là, arrêtez de...
J'étais grimpé au plafond. Puis là, ici, mes chums, ils m'ont dit, non, mais vous, arrêtez de m'en... J'étais grimpé au plafond.
Puis là, mes chums, ils m'ont dit,
« Non, mais papa, c'est le même. »
Puis je dis, « Non, c'est impossible.
Ça se peut pas. Il y a des affaires que... »
Elle s'était trompée de Normand Brantouin.
Ouais.
C'était peut-être...
Je sais pas.
La mère d'Anne-Marie Provencher.
Pauvre Anne-Marie.
J'espère que tu n'es pas là, mon chou.
Est-ce que ça se pourrait pour toi, la retraite?
Est-ce que tu y songes?
Non.
Mais je sais qu'elle s'en vient,
cette méchante personne qui veut m'enlever mon plaisir.
Mais non, pas pour le moment, je pense pas.
La méchante personne qui voudrait quoi?
Retirer Belle et Bomme des ondes?
Non, je dis non, ça, j'ai pas de contrôle là-dessus.
J'en aurai jamais, mais...
C'est quelqu'un qui...
Parce que c'est très touché aujourd'hui.
Il faut faire très attention,
on peut pas te faire canceller.
Tu sais, moi, j'ai tellement peur de me faire canceller parce que
tu dis quelque chose
ou quelqu'un
pense que tu as dit quelque chose
ou quelqu'un dit que tu as dit quelque chose
ou il y a quelqu'un qui met
ta face, mais ta bouche, elle ne dit
pas ce que tu as dit pour le vrai.
Mais il y a des choses de ce type-là qui te sont
arrivées.
T'en parlais tantôt sur les réseaux sociaux,
toutes les fausses nouvelles.
Cliquez là-dessus et Norman Bratwood vous révélera le secret
pour la faille
du système monétaire mondial.
Oui, oui.
Mon fils, il me fait tellement rire parce qu'il m'a dit
« Papa, t'es pas capable
d'envoyer un texto.
Il y a du monde qui investisse de l'argent
dans tes bitcoins
que tu sais même pas c'est quoi. »
Mais donc,
t'as réellement eu peur que ta carrière...
Ça arrive d'un coup.
Tu sais que je sais qu'il y a un gars qui a perdu
70 000 piastres.
Quand ils m'ont annoncé ça,
le journaliste a été très correct.
J'ai dit, je suis tellement attristé de voir ça,
parce que 70 000 piastres, c'est de l'argent.
Il y a du monde qui fait toute leur vie.
C'est un vieux monsieur.
Son père, son fils, il disait, fais pas ça.
Lui, il disait, non, moi, Norman Brattoy,
je crois à lui, puis ça.
Il a perdu 70 000, tu sais.
Puis j'ai dit aux journalistes, faut t'écrire.
Écris pas.
Le monsieur a perdu 70 000 à cause de Norman Brattoy.
C'est à cause de toutes les fraudes
dont on est là-dedans, de ce temps-ci.
Puis ça, ça me fait peur parce que
t'as plus de contrat aussi.
Moi, je viens ici, je fais une entrevue,
je suis responsable de tout
ce que je dis.
Mais si
quelqu'un pogne des bouts de l'entrevue
puis change des mots de place,
je peux être dans la marde.
Il pourrait te faire dire qu' que t'as déjà roulé
Anne-Marie Provencher dans...
Dans la boîte, mais sans le bout d'avant
puis sans le bout d'après.
C'est lequel le meilleur spectacle de musique
que t'as vu dans ta vie?
Ouf, je dirais...
Ça me mélange parce que
j'ai tellement vu de choses à Belle et Bomme,
je me souviens plus qu'est-ce que
j'ai vu.
C'est peut-être...
Ah, c'est Ringo Starr, je pense.
Je suis allé à Toronto
avec Melissa.
Ringo Starr faisait son show
« With a little help from my friends ».
Je sais pas si c'est là.
Il est toujours entouré d'un paquet
de grands, grands musiciens.
C'est toutes des stars qui ont eu
peut-être des one-hit wonders.
Mais le show complet,
c'est Edgar Winter
qui fait Frankenstein,
c'est Shiloï qui fait Congo.
C'est juste des hits.
C'est un soir de hits
et il est d'une drôlerie
Parce que Mané il joue
Puis dans la toune
She loyé après un solo de drum
Puis la toune finit
Puis il dit
Elle a fait plus de passes dans son solo
Que j'en ai fait dans ma carrière
Mais tu dis
C'est Ringo
C'est comme le sympathique de la gang.
C'est ça qui m'avait inspiré
de mettre deux drameurs
à Saint-Jean-Baptiste.
Le gars de son me dit pourquoi.
Je dis pourquoi pas.
On va le voir pourquoi.
D'un coup, ça donne quelque chose
qui a de l'allure.
On n'a jamais assez de drameurs.
Jamais.
Jamais assez de percussionnistes,
jamais assez de drummers.
Normand, tu as déjà été très, très généreux
avec moi. Ce baladé aussi
s'intitule « Juste entre toi et moi ».
Oui. Est-ce qu'il y a une dernière chose
que tu aimerais me confier qui resterait
juste entre toi et moi?
Quelque chose.
Qui concerne Anne-Marie Provencher ou pas.
Non, OK.
Bien, je trouve Ima bien cute.
La chanteuse?
Oui.
J'ai toujours...
À chaque fois qu'on me pose un questionnaire,
quand tu arrives au ciel,
qui tu veux que soit Dieu,
je dis toujours Ima.
Je sais pas pourquoi,
elle me met de bonne humeur.
Puis je l'ai vue
dernièrement, puis
elle m'a vue, puis elle le savait,
elle m'a entendu parler.
Elle m'a fait un de ses plus beaux
smiles de contente.
Mais oui,
j'aime bien Ima.
Gildo Roy était
dans ta chaise récemment.
À cette question-là, il a répondu,
je trouve Doua Lipa très, très belle.
Ah oui? Oui, la chanteuse pop.
Ah, OK. Donc, ça va devenir le segment
Une icône québécoise nous révèle
son attraction pour une chanteuse.
Mais tu vois, Gildo, il est plus pissou que moi.
Il prend quelqu'un de loin qu'il rencontre pas.
C'est peu probable, effectivement,
que tu ne dois pas entendre cette entrevue-là.
Mais il m'a, je pense que oui.
Donc, si tu te remariais,
c'est elle que tu inviterais plutôt que Ginette Renaud à chanter?
Parce que Ginette Renaud a chanté à ton mariage.
Oui, oui, oui, oui.
Mais c'est parce que Ginette est une grande amie de mon épouse.
Puis qu'est-ce que tu veux faire?
Tu sais, on a engagé un petit band, mais Ginette, elle dit à Marie,
Marie dit, je vais me faire remplacer, tu as le soir.
Puis Ginette a dit pourquoi?
Bien, elle dit, je me marie.
Ginette a dit, bien, tu veux-tu une chanteuse?
C'est moi qui vais y aller.
Ça fait qu'on a mis le band dehors.
On leur a dit, Je suis désolé ».
Ginette est arrivée et est montée au balcon
avec son gâteau blaster.
Elle part ça et elle fait « L'essentiel! »
Là, tout le monde dans l'église broye.
Tout le monde pleure à chaudes larmes.
C'est ma mère, Ginette Renaud,
qui chante à mon mariage, à la capotette.
Moi aussi, je pleurais, mais moi, c'était...
Combien ça va coûter, ça?
Et la réponse?
Elle me l'a faite gratis.
Merci beaucoup, Norma.
Ça m'a fait plaisir.
Juste entre toi et moi