Juste entre toi et moi - Paul Arcand
Episode Date: April 20, 2024« Je pense qu’on dérange, plus qu’on influence », dit Paul Arcand. À l’approche de sa dernière édition de Puisqu’il faut se lever, l’animateur parle de ses débuts au micro à 17 ans,... de ses rapports avec les élus et de l’influence de sa mère sur son éthique de travail.
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Sous-titrage Société Radio-Canada Bienvenue à cet épisode spécial de Juste entre toi et moi. Épisode spécial parce qu'il arrive parfois que la vie nous présente des occasions qu'il faut saisir.
Je vous explique. C'est qu'en novembre dernier, je devais recevoir Paul Arcand au micro de ma balado, au micro de Juste entre toi et moi.
Et le jour précédent à notre rendez-vous, Paul m'envoyait un courriel laconique m'annonçant qu'il devait se décommander.
J'ai compris le lendemain que c'était
pour des raisons sérieuses. Paul a été
absent des ondes pendant plusieurs semaines,
le temps de se soigner.
Mais Paul va beaucoup mieux et il entre
dans le dernier droit qu'il mènera à sa
dernière émission à la barre de
« Puisqu'il faut se lever », ce sera le 14 juin.
Il m'a écrit il y a quelques
semaines pour me dire « Dominique,
j'ai un avant-midi qui vient de se libérer
dans mon agenda. Si tu le veux,
il est à toi. » J'ai bien sûr
répondu oui. J'ai répondu oui
avec enthousiasme. Paul quitte
l'émission du matin du 98.5,
mais il ne quitte pas du tout le monde médiatique.
Il a annoncé cette semaine qu'il continuera
à partir de l'automne. Il va continuer
sa traditionnelle revue de presse.
Ce sera disponible en format balado sur les plateformes de la presse et on pourra aussi le lire en chronique
le samedi dans la presse. Voici donc mon entretien avec l'indigné Paul Arcand. Tout juste entre toi et moi, ça restera entre toi et moi.
Pour une fois, ça reste entre toi et moi.
Est-ce que vous vous souvenez de votre première émission sur les ondes de CKBS? Sous-titrage Société Radio-Canada C'est parce que le type de station de radio, c'est d'abord une station... C'est une époque où c'était des propriétaires uniques.
Il n'y avait pas de réseau, il n'y avait rien.
Puis tu faisais de tout.
Tu pouvais lire des bulletins de nouvelles,
des marchés aux puces, des avis de décès,
dégier la fin de semaine, chansonnier le soir.
Homme à tout faire des ondes.
Oui, mais c'était vrai pour tout le monde.
C'est-à-dire que...
Moi, j'ai commencé à 17 ans, puis c'était ça.
Mais ça veut dire que c'était possible, qu'on est là au début des années 80, c'ai commencé à 17 ans, puis c'était ça. Mais ça veut dire que c'était possible,
qu'on est là au début des années 80, c'était possible...
Un petit peu avant, là, au 77 à peu près.
Fin des années 70, c'était possible pour quelqu'un de 17 ans,
pour un adolescent, de se trouver un emploi en Radio-Québec,
ce qui est impensable aujourd'hui.
En tout cas, c'est pas mal plus complexe, mais oui, c'était possible.
C'était pas la norme, mais c'était possible
de le faire, oui.
Puis qu'est-ce qui vous a attiré dans ce monde-là, d'abord?
Ben, moi, j'ai toujours été
très passionné par l'actualité.
Je viens d'une famille
où ça parle d'actualité,
ça parle de politique.
Saint-Hyacinthe, c'est une ville
à l'époque
99,9 % francophone.
Et mon grand-père, qui habitait en haut,
moi, je n'ai pas connu, il est décédé,
mais avant que je vienne au monde,
mais il était VP chez Johnson,
c'est un peu le vice-président francophone de service de l'époque.
Puis là, on se ramène dans les années 40 et 50.
Bien, il recevait le Montréal Star à Saint-Hyacinthe,
livré à sa porte.
C'était en fin d'après-midi à cette époque-là.
Puis il n'y avait pas beaucoup de gens qui étaient abonnés au Montréal Star.
Il devait être le seul à recevoir ça.
Je ne sais pas comment il recevait ça, mais c'était ça.
Donc, j'ai toujours pas mal pataugé là-dedans.
Puis la politique, donc, puis l'actualité.
Mon frère, qui a fait de la politique après,
est allé vers la radio.
Le journaliste, à la base,
c'est le journaliste qui m'intéressait.
Puis la radio s'est présentée
comme quelqu'un qui, à 17 ans,
cherche un emploi d'été.
Aussi simple que ça.
Oui. Cherche un emploi.
Puis j'avais...
J'allais déposer une demande chez McDonald's.
Puis je suis allé après au poste de radio local.
Puis là, j'ai dit...
On était deux, on avait un projet.
On était un peu...
J'avais fait de la radio étudiante,
mais on avait...
On était un petit peu naïfs.
Puis on avait présenté ce projet-là.
Puis ils m'avaient dit,
le projet, ça nous intéresse pas,
mais on pourrait vous embaucher pour tel truc, tel truc.
C'était quoi votre projet? Est-ce que vous vous en souvenez?
On était deux gars.
C'était un truc de musique, je pense.
Puis en même temps aussi,
de commentaires sur l'actualité.
Il y avait un côté un peu prétentieux, sans doute,
dans notre affaire. Puis ils l'ont pas retenu.
Mais déjà, l'ADN de ce que vous êtes devenu
en tant qu'animateur était contenu
dans ce premier projet-là.
Oui, oui, mais c'est une expérience extraordinaire
parce que tu touches à tout.
Et quand je dis que ce n'est pas juste le contenu,
mais c'est la mécanique d'apprendre à animer
et d'apprendre à passer d'un ton qui est sérieux
à un ton qui est plus léger, un ton qui peut être provocateur.
Donc, on touche à tout ça.
Puis, c'est comme si c'est une station
qui appartient à des hommes d'affaires.
T'es pas dépendant d'un réseau
qui t'impose un format musical.
T'es pas dépendant, je sais pas moi, d'un style.
On n'est pas un rouge, on n'est pas un énergie.
On est une station qui est vraiment locale.
Puis dans ce temps-là, c'était vrai à Gramby,
c'était vrai à Drummondville,
ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Est-ce que notre monde médiatique n'a pas un peu perdu
avec la mainmise qu'ont développé les grands réseaux
que vous évoquez à travers les années?
Je pense que le style a beaucoup changé.
Les années 70, enfin, au milieu des années 70,
puis même avant,
il y avait une très, très grande liberté pour
les animateurs. En termes, je parle
strictement de musique. Terry DeMonte
à Sean a été le premier à faire jouer
du harmonium. Pas certain
que ça pourrait arriver encore aujourd'hui.
Et on écoutait
des animateurs. Moi, j'étais ado, puis j'écoutais
Sean parce que
je m'identifiais à l'animateur
et je savais que c'était ses sélections musicales
en bonne partie.
Ce n'était pas 100 %, mais quand même.
Il y avait donc ce côté-là.
Alors qu'aujourd'hui, vous pouvez vous promener
entre rouges et rythmes et entendre les mêmes choses.
C'est quoi l'énergie?
À Rwanda comme à Montréal comme à Québec.
Exact, la plupart du temps.
Donc, ça fait des...
Je comprends, il y a une réalité économique,
mais en même temps, c'est un petit peu décevant
parce que ça perd ce cachet-là.
Et puis, c'est...
J'ai parlé avec Terry DeMonte dans les dernières années
avant qu'il quitte,
puis on s'était jamais vraiment parlé.
Alors que vous étiez des compétiteurs
depuis plusieurs années,
des compétiteurs d'une certaine manière.
Oui, puis il est parti dans l'Ouest,
puis il est revenu, puis tout ça, puis on parlait justement
de cette époque-là
que moi, je n'ai pas connue parce que je n'étais pas animateur
DJ,
mais j'ai connu l'époque des réseaux
d'information radio avant
les réseaux de télé. Ça fait très vieux
de dire ça, mais c'était quand même la réalité.
Puis
les compétitions assez féroces
en radio, qui au fil des
transactions sont comme disparues un peu.
Mais ça veut dire que chacune de ces radios-là
avait ses propres journalistes qui,
chacun d'entre eux, posait des questions
à nos dirigeants, donc ça faisait plus de gens
pour garder nos dirigeants à l'ordre.
Oui, puis il y avait
un contrepoids.
On peut mettre la presse écrite quand même.
Après ça, quand vous regardez en télé,
il y avait Radio-Canada, mais le Canal 10,
avant la création de TVA, avant l'arrivée de Crevier,
avant de ces gens-là qui ont fait que TVA
a pris un virage plus crédible en information,
avant, c'était assez pathétique.
À la radio, tu avais CKVL, CKAC, Radio-Canada,
CJMS, où j'ai commencé, à Montréal.
Il y avait de la compète.
C'était pas...
On était très amis,
puis en même temps, très compétitifs.
Est-ce que vous la sentez encore, cette compétition-là,
aujourd'hui, maintenant qu'il y a beaucoup moins de joueurs,
dans le type de radio que vous faites, par exemple?
Je pense que la compétition est différente.
La compétition ou la...
Entre les médias traditionnels et les nouveaux médias,
il y a cette rivalité ou en tout cas...
Puis là, je suis poli.
Je pourrais dire que dans certains cas,
on se fait regarder avec mépris
puis des fois, on le rend bien aussi.
Vous parlez de qui?
Non, mais je parle de tout ce qu'on peut retrouver sur le web,
qu'il existe, des pages Facebook,
des gens qui vont
chercher de l'info. Puis là,
il n'y a pas une journée où je n'ai pas un courriel de quelqu'un qui me dit
« Vous cachez telle réalité, puis on sait que vous êtes
à la solde. » Évidemment.
Évidemment. Avant, on avait
une compétition entre nous pour aller chercher la nouvelle,
pour aller chercher une entrevue.
Là, c'est comme, tu dis, OK,
en information, en talk radio,
francophone, à Montréal,
il reste Radio-Canada, 98.5.
Point final, c'est tout.
Et face à ces deux médias traditionnels,
se trouvent des médias parallèles,
des pages web,
des gens qui décident
qu'eux vont dire la vérité.
Et comme c'est une chambre d'écho,
bien, vont chercher des gens qui pensent comme eux.
Fait que c'est moins une compétition entre médias.
Moi, je me sens pas en compétition avec Radio-Canada
ou avec la musique.
Tu sais, je trouve ça juste particulier
de voir qu'on est obligés...
Puis on est responsables en partie
parce qu'on a fait des erreurs, là.
Mais de devoir dire, écoutez,
c'est parce que nous, c'est notre job de faire ça, puis ce qu'on vous dit,
on l'a validé.
On peut se tromper, on peut faire des erreurs, mais...
Il y a une méthode, il y a une marche à suivre
derrière ce qu'on vous rapporte en nombre.
Il me semble, oui.
Ce seraient lesquelles, les erreurs que les médias traditionnels,
les radios ont faites?
Bien, souvent, c'est peut-être de regarder de haut le public.
À la fois de se tenir loin des préoccupations,
puis de...
Une nouvelle qui touche les médias est soudainement très importante.
Je peux comprendre, mais je ne suis pas certain
que ça a toujours le même impact chez les gens.
Et de permettre la dissidence.
Tu as le droit d'avoir une opinion contraire.
Viens défendre ton argumentaire.
Mais il y a beaucoup de gens qui se sont fait dire de se taire.
Ou en tout cas, qui trouvaient pas de...
Je vais donner un exemple.
Quelqu'un qui, au Québec, disait,
puis je l'ai fait en tribune téléphonique,
je suis profondément catholique, je crois en Dieu et en l'Église.
Il peut se faire ramasser d'aplomb, là.
Quelqu'un qui...
Des conservateurs, des vrais conservateurs, francophones.
J'en connais peu qui ont osé le dire.
Mario Dumont est un exemple
de quelqu'un assez à droite qui l'a exprimé.
Puis ces gens-là, quand on les tasse
puis qu'on leur dit, bien, vous avez pas droit de parole,
ou en tout cas, on vous le donne de façon un peu artificielle,
arrive la technologie,
arrive d'autres façons de s'exprimer,
puis ils les utilise.
Et ça donne des choses intéressantes
comme ça donne des horreurs.
Mais parfois, il y a certaines de ces personnes-là
qui logent davantage à Droguat.
Je ne sais pas si j'ai envie de nommer quelqu'un,
mais je sais que, par exemple, vous avez reçu Éric Duhaime
en entrevue à quelques occasions,
puis que vous avez, par la suite,
fait face à des menaces de ses supporters.
Oui, mais...
Oui, mais...
Comment je dirais?
Ça fait partie du travail?
Ben oui, jusqu'à un certain point.
Et du même, mais pas la seule cause
qui génère des menaces.
Il y en a plein, là.
Des gens qui sont pas contents.
Le niveau d'agressivité
des gens
a décuplé dans les dernières années.
On le voit avec les politiciens, les élus municipaux.
Et c'est la rapidité
avec laquelle on peut jeter le venin.
Avant, quelqu'un qui voulait se plaindre
appelait à la station, envoyait une lettre.
Bon, on pouvait porter plainte.
Aujourd'hui, c'est automatique, là. Ça prend
quelques secondes, puis le message est envoyé.
Puis c'est pas...
Quelqu'un a le droit de ne pas être d'accord,
mais il y a un minimum, me semble-t-il, de respect.
Ce qui n'est pas le cas.
Mais ça demeure marginal, pareil, je pense.
Est-ce que vous en recevez souvent, de réelles menaces?
Ça arrive.
Ça arrive.
Puis est-ce que ça vous inquiète?
C'est-à-dire que je laisse rien passer
pour en parler
avec des collègues.
Quelqu'un qui me crie des bêtises, c'est une chose.
Mais quelqu'un qui fait des vraies menaces,
là, on est ailleurs.
Et je laisse pas passer.
Je porte plainte.
Vous appelez tout de suite à la police?
Oui.
Comment est-ce que vous expliquez que le ton du débat public
se soit à ce point morpionné au cours des dernières années?
Bien, je pense que, de façon générale,
et pas juste dans le débat public,
dans le comportement public,
les incivilités se sont multipliées,
puis, je dirais, à haute vitesse, parce que...
Bon, d'abord, c'est sûr que le caractère très rapide
de l'Internet, par exemple, des courriels, des textos
et tout ça, ça fait que tu penses quelque chose,
tu l'écris, bang, c'est parti.
Puis souvent, les gens vont le regretter après,
puis ils vont dire, oui, mais t'as pas compris,
c'est au deuxième niveau, c'était une blague, ouais.
Donc, c'est arrivé que vous expliquiez à un lecteur
que vous aviez envoyé un message pas très gentil,
que ça n'avait pas de bon sens et que cette personne...
Non, mais je l'ai vu dans un cas où quelqu'un,
à un moment donné, a porté plainte et tout ça,
puis il ne comprenait pas pourquoi on avait porté plainte à notre tour.
Puis lui, quand je dis porté plainte, c'était des menaces.
Donc, pourquoi... c'est quoi de pas correct là-dedans?
Les gens n'ont pas l'air à réaliser la portée des mots
pis ce qu'ils sont en train de raconter, d'une part.
Mais, de façon générale, l'incivilité, on le sait,
bon, pis on l'a répété,
la pandémie, l'isolement, l'anxiété, les angoisses,
pour beaucoup de gens, ça a été dur.
Ça a été une période longue, d'abord.
Contrairement à d'autres crises qui commencent puis qui s'arrêtent,
ça, ça finissait plus.
Et ça laisse des séquelles, veux, veux pas.
Puis les gens laissent rien passer.
Un jour, j'étais à l'aéroport,
puis il y avait une ligne d'attente,
on parle de 4-5 personnes, pour un café.
C'est quelque chose de banal.
C'est oui.
Puis quelqu'un qui coupe la ligne,
puis qui décide de prendre le café,
puis le gars qui est devant dit,
vous faites quoi?
Bien, il dit, j'étais là tantôt,
je suis allé, oui, mais là, vous étiez plus là.
Puis là, on parle toujours,
c'est pas 200 personnes qui attendent.
Il se met en ligne, puis c'est tout,
puis ça va prendre 5 minutes.
Mais non, là, le ton a monté,
puis je dis, ça va mal finir. Finalement, ça s'est calmé Puis ça va prendre cinq minutes. Mais non, le ton a monté. Puis je dis, ça va mal finir.
Finalement, ça s'est calmé.
Mais l'agressivité, disons, ça découle de ça.
Puis il y a plein de frustration.
Puis je pense que pour beaucoup,
les réseaux sociaux, c'est un exutoire.
C'est des gens qui n'ont pas l'occasion dans la vie
de dire ce qu'ils pensent
parce que la job ne le permet pas,
parce qu'ils n'ont pas, comment je dirais,
ils n'ont pas accès à des tribunes.
Bien, dès qu'ils en trouvent une, deux ou trois qui se ressemblent,
bien là, ils les utilisent au maximum.
Puis, quelle responsabilité vous avez, vous,
pour ne pas envenimer la situation,
pour ne pas en remettre une couche?
D'abord, je réponds pas.
Et je bloque.
Mais dans le ton que vous adoptez, en ondes.
Parce que vous êtes réputé pour votre ton mordant.
Je ne veux pas vous accuser de quoi que ce soit,
mais ça peut aussi nourrir d'une certaine...
La plupart du temps, lorsque vous êtes mordant,
c'est parce qu'il y a de bonnes raisons de l'être avec nos dirigeants.
Mais ça peut nourrir, chez le citoyen,
ce sentiment d'impuissance.
Oui, mais...
Je te disais que j'ai toujours
travaillé de cette façon-là,
depuis que l'émission...
Ça fait quoi? Depuis la crise autochtone,
depuis la crise amérindienne,
j'ai commencé à faire ça.
Depuis 90.
Oui, depuis septembre, c'est ça.
Et donc, ça va faire 34 ans.
Alors, oui, mais comme...
Comment je dirais ça?
D'être mordant, de questionner, de challenger,
ça, c'est notre responsabilité.
Puis c'est pas vrai qu'on doit abdiquer cette responsabilité-là
sous prétexte que certains pourraient être incités.
Patrick Sénécal arrêtera pas d'écrire des livres
avec des histoires
horribles parce que quelqu'un pourrait un jour
peut-être s'inspirer d'un de ses scénarios.
Et moi, je pense ça. Sinon, c'est quoi?
On addicte, on cède,
puis on laisse les gens
de pouvoir ne pas être challengés.
Là où j'ai fait attention,
c'est au début de la pandémie.
Et je l'avais vécu dans le verglas.
Quand une crise arrive, c'est pas le temps de mettre le feu. C'est au début de la pandémie. Et je l'avais vécu dans le verglas. Quand une crise arrive,
c'est pas le temps de mettre le feu.
C'est pas le temps.
Les gens savent pas ce qui arrive.
Les gens sont inquiets.
Tu laisses aller le gouvernement.
C'est comme quand il y a eu l'attentat contre les Tours.
Bush a pris des décisions.
Ça dure pas éternellement.
Tu challenges après.
Comment ils ont géré la crise,
les centres de soins de longue durée,
pourquoi c'est pas le recours à l'armée pour aider.
Il faut que ça se fasse.
Mais si tu fais ça en période de crise,
si je commence pendant le verglas,
pour les auditeurs qui habitent le triangle noir,
à capoter en ondes,
bien là, c'est sûr que je vais contribuer à ce sentiment-là.
Donc, tu as une responsabilité, mais la responsabilité, c'est pas que je vais contribuer à ce sentiment-là. Donc, t'as une responsabilité,
mais la responsabilité, c'est pas de se taire, par exemple.
C'était lesquels, vos modèles,
lorsque vous avez commencé en radio?
En radio?
Oui.
Ben, je dirais...
C'était en journalisme en général.
C'est sûr que Pierre Nadeau,
la façon dont il faisait des entrevues,
pour moi, c'était très inspirant.
Puis des présentateurs comme Bernard de Rome.
Je peux penser du côté américain à Mike Wallace.
Aller faire une entrevue avec le chat d'Iran,
à Téhéran.
Ça prenait du courage.
Puis de poser des questions un peu, disons, directes.
Ça prend une bonne dose de courage ou de naïveté.
Mais c'est pas mal les gens qui m'impressionnaient, oui.
Puis vos parents faisaient quoi dans la vie?
Mon père était agronome,
travaillait pour le ministère de l'Agriculture.
Ma mère était femme au foyer.
On était six dans la famille.
Et son père, à elle,
était vice-président de Johnson & Johnson pour le Québec, je pense.
Mais c'était s'installer dans l'est de Montréal.
C'est une époque où, quand ma mère me parlait de cette époque-là,
c'était le boulevard Pinoeuf à Montréal,
qui était une grande rue avec des médecins, des avocats.
C'était le quartier UP.
Donc, elle a grandi là.
Et mon père, il estétait le quartier UP. Donc, elle a grandi là.
Et mon père, il est originaire de Champlain.
Il a fait ses études pour devenir agronome, puis voilà.
Est-ce que je me trompe ou votre ascension dans le monde de la radio s'est produite quand même assez vite?
C'est-à-dire que ça dépend comment vous la découpez.
Vous êtes arrivé à Montréal, vous aviez quoi, une vingtaine d'années?
Vingt ans. J'étais à l'Université
de Montréal. Et
je combinais mes études
en sciences po et la radio. Donc, je travaillais
essentiellement les week-ends, l'été, bien sûr.
Puis,
le reste du temps, c'était à l'université.
Et après l'université,
il y a eu des opportunités qui se sont
faites parce que la radio a connu beaucoup de
chambardements. Et quand je suis arrivé à CGMS, il y a un des opportunités qui se sont faites parce que la radio a connu beaucoup de chambardements.
Et quand je suis arrivé à CGMS,
il y a un conflit de travail qui avait duré deux ans,
qui avait pris fin peut-être huit mois, un an avant.
Je travaillais dans une station où, d'un côté,
vous aviez ceux qui avaient brisé la ligne de grève,
puis de l'autre côté, vous aviez ceux qui avaient été à la rue pendant cette période-là.
Ça fait un mariage pas simple.
Belle ambiance.
Oui, puis après ça, il y a un changement dans la direction,
un changement de culture.
Et là, je suis rentré aux nouvelles.
Puis après ça, j'ai travaillé le matin au pupitre
avec Pierre-Olivier, qui est un grand journaliste aussi.
Et puis après ça, dans tous les chambardements,
je suis devenu adjoint de l'information,
directeur de l'information.
Puis après ça, j'étais en onde aussi en même temps,
mais disons que c'est vraiment à partir de 90
ou un peu avant que ça a comme...
disons, ça a bougé un peu plus vite.
Puis à quel moment le Paul Arcand qu'on connaît aujourd'hui,
votre manière de faire actuelle,
votre manière d'animer, de faire des entrevues,
à quel moment ça s'est cristallisé?
J'allais dire ce personnage-là, c'est peut-être pas le bon mot, mais...
Bien, c'est-à-dire que... Animer ça s'est cristallisé? J'allais dire ce personnage-là, c'est peut-être pas le bon mot.
Bien, c'est-à-dire que
animer, c'est une chose.
Faire des entrevues, je pense que ça a été
depuis le début
un peu ma façon
de faire.
Des fois, je me dis, OK,
si j'aimais, c'était-tu comme ça?
Je me souviens des discussions assez animées
avec le maire de Montréal de l'époque.
Les gens retiennent ça,
mais on n'est pas toujours en mode de confrontation.
Je pense que le fait d'avoir été à TVA
et de faire un hot seat une fois par semaine,
ça aussi, ça donne un peu le ton.
Je me souviens que pour cette émission-là,
on avait eu l'idée de faire Yvon Deschamps et Lise Dion
en se disant deux humoristes, deux générations
qui viennent tous les deux de milieux difficiles,
qui ont connu des débuts dans la vie
pas simples et qui sont devenus comme des stars de l'humour.
Je me souviens que Lise Dion avait dit à mon équipe
« Mais là, j'ai rien fait de mal.
Pourquoi j'irais à cette émission-là? »
Là, t'avais beau lui dire « Non, non, c'est pas
parce qu'on pense que c'est vraiment... »
On lui expliquait « Vous êtes certain? »
Puis je pense qu'elle avait dit ça à sa femme de ménage.
Puis elle dit, Lise, qu'est-ce que c'est que vous avez fait?
Tu sais, c'était comme si c'était un tribunal ou...
Bon. Fallait être pris dans un scandale
pour se retrouver devant Paul Harkin.
Oui, ça pouvait, mais pas que ça.
Puis les gens pensent toujours qu'on est un style,
puis qu'on... Mais je vais pas interviewer
une victime d'un acte criminel
de la même façon qu'un politicien
qui me demande de l'élire pour gérer mon argent puis l'argent du public.
C'est des approches différentes.
Fait que le ton est variable, je pense.
Moi, je me souviens très, très bien
de l'épisode de l'entrevue que vous aviez mené
avec Normand Bratwait au coeur de l'affaire Pinard.
Daniel Pinard avait dénoncé les propos homophobes
de l'émission Piment fort au franc-tireur.
Puis ensuite, Normand Bratwau était allé se défendre.
Mais il était dans tous ses états devant vous.
Ah oui.
Oui, non.
Puis Normand, c'est quelqu'un qui vomit
avant des rendez-vous télévisuels comme ça.
Mais ce qui est fantastique, c'est qu'il a accepté de venir.
T'es pas obligé, là.
C'est pas un supéna qu'on envoie, c'est une invitation.
Et il y a comme une espèce,
chez des gens,
ce sentiment de dire, OK,
je vais aller donner ma version. Tu me crois,
tu me crois pas. Est-ce que je suis allé trop loin?
Peut-être. Est-ce que c'est ça que je voulais faire?
Peut-être pas.
Puis, même dans d'autres pays,
chez des politiciens, il y a comme ce sens
de dire, je suis un élu,
je dois répondre aux questions.
Ce qui n'est pas le cas ici.
Ce qui n'est pas le cas ici.
Les gens ont tendance à dire,
on va finir par s'éteindre.
Pourquoi cette polémique?
Ce n'est pas nécessaire.
C'est amplifié.
C'est ci, c'est ça.
Et moi, normalement, j'avais trouvé ça courageux de sa part
parce que c'était...
Puis en même temps, quand tu donnes ta version,
bien déjà là, t'as sans doute fait un gain
dans l'opinion publique.
Les gens t'aimeront pas plus peut-être,
mais il y a des gens qui vont dire
au moins t'es allé te défendre.
Au moins t'as donné ta version.
Est-ce que vous sentez que maintenant,
je mets de côté les politiciens,
mais les artistes, par exemple,
puis les citoyens en général
qui se retrouvent au cœur d'une controverse
sont moins enclins, sont plus craintifs
d'aller donner leur version des faits en nom?
Est-ce qu'ils sont moins craintifs?
Ou peut-être plus craintifs?
Plus craintifs, oui.
Je le sais pas trop.
Il y a des cas, comme je vous dis,
où j'ai fait l'émission
Conversations secrètes à TVA.
Puis,
on a approché...
Moi, je voyais, je pense pense votre collègue de la presse
qui me faisait une liste de Hugo
on y avait pensé
les gens veulent pas
Marcel Aubu
il a dit non
Guy Cloutier a dit non
tu sais
on peut pas les obliger à venir en entrevue
pis on s'est rendu compte assez vite
que c'était un format qui avait ses limites
parce que dans d'autres endroits dans le monde,
en France, les gens vont sur les plateaux,
ils peuvent débattre.
En Grande-Bretagne, le prince Andrew
est allé donner une entrevue.
C'était peut-être la meilleure idée de sa vie.
Ça ne peut pas aider beaucoup.
Non plus, mais quand même.
Il l'a fait.
Il l'a fait.
Alors, ici, c'est comme il y a...
Les artistes, c'est une chose,
mais un exemple que je pourrais donner...
Puis il a le droit.
Éric Salvaille, bon, il a eu ses allégations,
il a eu un procès, il a été acquitté,
puis il a le droit de pas vouloir en parler.
Éric Lapointe a décidé de donner une entrevue l'autre jour.
Bon, c'est assez rare que ça arrive.
Gilbert Rozon, c'est un autre cas,
parce qu'il y a des procédures encore, c'est pas terminé.
Mais j'ai toujours pensé
que quelqu'un qui
prenait le temps de dire, voici...
Puis là, c'est pas une free ride,
on a le droit de...
En quelque part, c'est payant.
Les gens reconnaissent le droit,
mettons, quelqu'un qui fait une erreur.
Le droit à l'erreur existe.
Le droit de dire, là, c'est vrai que je suis allé trop loin
ou j'aurais pas dû faire ça,
puis voici pourquoi, dans tel contexte, c'est arrivé.
Bien, au moins, je pense que les gens
vont retenir cette sincérité ou pas.
Ça va dépendre de comment vous allez vous exprimer.
Pourquoi est-ce que vous souhaitiez recevoir Guy Cloutier
ou Marcel Aubu, qui sont des gens qui ne sont pas tellement aimés
au Québec, pour des raisons évidentes?
Non, mais pourquoi...
C'est Barbara Walters, ou je ne sais plus,
qui a interviewé Charles Manson.
J'ai interviewé des tueurs dans ma vie,
j'ai interviewé des criminels.
Pourquoi est-ce qu'on des criminels moi je pense que
on parle à toutes sortes de personnes
Marcel Aubu qui a été président des Nordiques
qui a été la tête dominante du mouvement olympique
qui s'est fait sortir
comment il explique ça
puis si on revient sur les faits
c'est un peu la même chose
donc je pense que toute personne
qui a une histoire mérite d'être interviewée.
Il s'agit encore de déterminer comment ça se fait, par exemple.
Là, je ne dirai pas qui, mais moi, j'ai refusé
de faire des entrevues parce que je n'étais pas confortable
avec la personne ou encore parce qu'on aurait voulu
mettre des obstacles en disant, bien, ça ou non,
on ne parle pas de ça, on ne parle pas de ci,
bon, bien, on ne le fait pas, c'est tout.
Dès que quelqu'un pose des conditions avant une entrevue,
vous dites non, ça sera pas possible?
Sauf si ce sont des considérations légales.
Si quelqu'un me dit, par exemple,
une ordonnance de non-publication, ça va de soi.
C'est la loi.
C'est la loi, puis c'est...
Quelqu'un qui dit j'ai été victime, je sais pas, puis je...
Quand c'est pas un obstacle aux questions,
pour des raisons, j'aime pas parler de ça,
ou ça, ça me dérange, je peux m'adapter.
Mais je suis pas dans le mode relation publique.
Puis ce serait quoi un invité qui vous rend inconfortable?
Il y en a pas beaucoup, je pense.
Pour une série qu'on a faite,
les collectionneurs d'enfants,
j'ai interviewé un pédophile.
Puis tu as deux choix.
Tu ne le fais pas, parce qu'il y a une option.
Ou tu le fais, mais si tu es pour
virer ça en engueulade,
ça ne donne absolument rien.
L'objectif, quand on l'a fait,
c'était de dire, voici ce genre de prédateur.
Voici comment ces gens-là pensent.
Voici comment ils se comportent.
Comment ils agissent.
Pas un en particulier, mais ça donne un portrait.
Et c'est pour ça qu'on l'a fait.
Pourquoi on a interviewé des gens qui ont été arrêtés?
Pourquoi on est allé en prison à percer
pour dire voici ces gens-là se retrouvent dans cet univers?
C'est qu'il faut montrer ce côté-là.
Parce qu'il y a tellement de mythes
qui circulent sur des prédateurs
que pour beaucoup de gens,
il y a comme une perte de contact avec la réalité.
Comment vous vous sentiez
juste avant de vous rendre interviewé,
ce pédophile?
Pas bien.
J'ai hésité bien longtemps.
Je n'avais déjà fait un en prison.
Il y a un côté... Comment je dirais ça ce sont des
manipulateurs de grands manipulateurs un peu volontairement inconscient ou en tout cas
projette l'image de l'inconscience c'est quand quelqu'un te dis battu une cuisse à 2 en 8 ans
12 ans ou 40 45 ans quand elle s'est une belle cuisse, c'est une belle cuisse.
C'est vous qui le dites, puis j'ai un fric son dans le dos.
Bon, OK, mais là, j'ai le choix.
Je dis OK, on remballe, puis on s'en va.
Mais en même temps, c'est ça qu'il pense.
Comme un paquet de prédateurs qui se justifient,
qui va dire que André Fèvre,
qui était le président du club social de pédophiles,
dont le mandat était d'aider d'autres pédophiles
à développer des contacts avec des enfants,
a toute une théorie,
puis cette théorie-là, elle existe aux États-Unis,
de « nous sommes nés à la mauvaise époque ».
Et on nous donne des exemples dans l'histoire.
Samuel de Champlain, sa femme qui avait 12 ans, 14 ans,
on nous sort tout ça.
Cet exercice de dire
la société ne nous comprend pas
puis nous sommes victimes.
Moi, c'est important quand même
de montrer ces gens-là
puis de montrer exactement
leur façon de penser.
Vous évoquiez les bonnes entrevues
de Pierre Nadeau.
C'est quoi une bonne entrevue pour vous?
Qu'est-ce qui vous satisfait lorsque vous dites merci à votre invité à la toute fin?
Contrairement à ce que les gens pensent, je ne veux pas que l'invité pense comme moi.
L'objectif, c'est que l'invité réponde.
Ce qui est déjà, je vous le dirais, tout un exploit.
Puis, d'être assez...
d'avoir l'esprit assez allumé pour prendre la balle au bon.
C'est-à-dire qu'un invité qui ne répond pas,
surtout si je parle d'un élu,
bien, on va y revenir ou on continue,
mais autrement dit, de ne pas se laisser distraire.
D'écouter les réponses, parce que 80 % des questions
viennent des réponses que la personne devant vous donne.
Donc, une bonne entrevue, c'est quelqu'un
qui n'a pas trop la langue de bois,
ou en tout cas qu'on est capable...
Si j'ai déjà dit à quelqu'un un nom, je dis OK.
Je vous donne 30 secondes, passez votre message,
puis après ça, on va commencer l'entrevue.
C'est correct? Parce que...
Allez-y avec vos lignes de presse, puis ensuite, j'en serai pas au vrai.
Je te jure. Moi, je fais des entrevues,
et ça commence par...
Mettons que je pose une question très précise
à un ministre,
avant de répondre à votre question, j'aimerais dire...
Merci pour votre question, M. Arcand.
Oui, oui, tout ça.
J'aimerais dire que... Puis là, c'est de passer la ligne
qui est prévue.
Je vais demander quelle heure il est,
si on est au printemps, si on est dans une saison
agréable, s'ils veulent me répondre
qu'il fait noir, ils vont me répondre qu'il fait noir.
Fait que je les laisse répondre qu'ils font noir,
puis après ça, tu reviens.
Mais Nadeau avait été extraordinaire
avec André Dédé Desjardins de la FTQ Construction,
qui était un leader syndical.
Je l'ai vu dans Raymond Garneau.
Il a fait des entrevues qui étaient costaudes.
On n'était pas toujours dans la dentelle.
Il était aussi capable de faire des entrevues très sensibles.
J'entendais hier une archive d'une entrevue de Pierre Nadeau
avec Jack Kerouac, qui était absolument merveilleuse.
Ça parlait à la tête et large.
Exact.
On n'est pas unidimensionnels dans notre façon de travailler.
C'est sûr qu'il y a des trucs qui marquent.
Comme je disais tantôt, qu'est-ce que j'ai fait de mal?
Je ne vous invite pas parce que systématiquement,
vous avez fait quoi de mal?
Vous avez la réputation de poser les vraies questions,
mais
est-ce que ce n'est pas la job de tous les animateurs
d'émissions
dans le genre de celles que vous animez, la job de tous
les journalistes de poser les vraies questions?
Est-ce qu'on n'est pas trop laxiste avec les politiciens?
D'abord, c'est un slogan,
ça, les vraies questions. Ce n'était pas mon idée, mais c'est quoi ça laxistes avec les politiciens. Bien, d'abord, c'est un slogan, ça, les vraies questions.
Bon, et c'était pas mon idée,
mais c'est quoi, ça, poser les vraies questions?
C'est d'abord poser les questions
que les gens qui vous écoutent aimeraient sans doute poser
parce qu'ils n'ont pas la chance de le faire.
Et c'est d'aborder de front des questions
qui ne sont pas toujours faciles,
mais qu'il faut poser. Et je pense que ça, c'est le propre d'êtreorder de front des questions qui sont pas toujours faciles, mais qu'il faut poser.
Et je pense que ça, c'est le propre d'être journaliste.
Il y a des différences.
Être en face-à-face, hot-seat avec quelqu'un,
puis d'être dans une conférence de presse,
pas la même chose.
Faire une entrevue, portrait, c'est autre chose.
Mais c'est d'avoir l'honnêteté de dire à quelqu'un,
puis c'est pas de l'agressivité,
de dire, écoutez, vous avez pas dit la vérité sur tel truc,
puis là, vous vous contredisez, puis l'autre fois,
vous avez dit ça, puis pourquoi maintenant c'est le contraire?
C'est d'être capable de challenger.
Puis je pense que la plupart le font très bien,
mais c'est vrai que...
Comment je dirais?
Il y a beaucoup
d'intervenants
qui sont là pour
protéger leur...
Pour masser le message.
Oui, puis de s'assurer qu'on...
Tu sais, il aimerait bien ça qu'on parle de.
Puis moi, là, je sors
parce que j'ai de quoi vendre.
Puis bon,
ça a toujours été un peu ça.
Mais je me souviens, je ne vous dirai pas
qui, mais une chanteuse
qui avait raconté dans un magazine
à Potin, lundi,
ce jour, des trucs
sur sa vie privée,
ses problèmes de consommation, puis tu le quittes.
Puis ça arrive alors qu'elle sort un album.
Moi, je la reçois.
J'y pose la question, puis elle me regarde, elle dit,
c'est mon jardin secret.
Je dis, écoutez, il n'est pas tant secret que ça,
parce que vous faites la une du magazine.
Dans toutes les salles d'attente du Québec.
Vous racontez ça.
Vous comprendrez que c'est un peu normal.
Elle était outrée.
Bien, je m'excuse.
Je veux dire, oui, ça peut arriver si tu décides.
Je n'irai pas dans ta vie privée,
à moins que tu m'ouvres la porte.
Est-ce que vous sentez qu'elle s'est épaissie,
la langue de bois des politiciens
au cours des 30 dernières années?
Oui, pour la plupart.
Puis dès qu'il y en a un qui ne l'a pas,
c'est comme un vent de fraîcheur.
Je me souviens quand Régis Labeaume est arrivé,
ça changeait le décor.
C'était plus...
Puis bon, il reconnaît lui-même
qu'il est allé des fois trop loin
puis qu'il n'aurait pas dû dire ça.
Mais c'était le fond de sa pensée.
Fitzgibbon, on peut être d'accord ou pas avec lui,
mais...
C'est très transparent.
C'est très clair.
On a le droit, mais en même temps...
Par contre, il y a plein de personnes
sirupeuses qui tournent en rond
et qui accumulent les mots
en pensant que finalement
tout va être correct.
Et ça, je trouve que c'est de...
sous-estimer,
mais je vais presque dire mépriser l'auditeur.
Si vous êtes dans la ouate, vous tournez en rond,
vous dites pas et vous pensez que votre message va passer,
bien là, vous vous trompez.
Les gens sont pas calmes, ils sont pas idiots,
ils savent très bien que vous avez pas répondu,
qu'on vous l'a demandé trois fois,
que vous avez inventé une réponse, que vous avez
accumulé, additionné des mots, des expressions
pour gagner du temps.
Le festival des synonymes puis des périphrases.
Exact. Les gens le savent. Vous avez vécu
plusieurs, j'allais dire, moments
cocasses de radio au cours des derniers mois
avec votre ancien collègue Bernard Drinville,
depuis qu'il est de retour en politique,
qui lui aussi, il répond pas toujours aux questions,
mais il est très transparent dans ses soupirs
et dans son exaspération.
On a l'impression qu'il a peut-être un peu
sacrifié son intégrité rapidement,
dès qu'il est...
Bernard?
Oui, retourné de l'autre côté,
qu'il avait des idéaux qu'il a dû mettre de côté.
Quel regard vous jetez sur ce retour-là en politique?
C'est une bonne question.
Dans le sens où, d'abord, j'ai été surpris
parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il quitte.
Surtout que ce n'est pas comme quelqu'un qui n'en a jamais fait
et qui dit « je me lance en politique ».
Bernard avait connu ça.
Il était journaliste, puis politien, puis animateur.
Controversé.
Puis après ça, il est revenu.
Puis on a développé cette relation professionnelle ensemble.
Puis quand il m'a dit, je retourne pour...
Puis en fait, je me présente pour la CAQ.
J'étais-tu bain sûr?
Je me sens que la vie est pas si mal quand on fait ce qu'on fait.
L'été, on est tranquille.
Toi, tu t'en vas te promener dans les centres d'achat
puis faire du porte-à-porte, me semble que...
Mais en même temps, il y en a qui ont la piqûre.
C'est comme les entraîneurs au hockey qui veulent toujours
revenir.
Aller chercher la nouvelle course d'année.
Puis là, Bernard, c'est un ajustement.
Tu sais, quand t'as été très...
Tu peux dire une liberté de parole,
quand c'est ta parole,
c'est une chose.
Quand t'es membre d'un gouvernement,
c'est autre chose.
Fait que des fois...
Puis je me souviens, j'avais demandé, j'ai dit, as-tu l'impression que dans le troisième lien, t'as été util d'un gouvernement, c'est autre chose. Fait que des fois... Puis je me souviens, j'avais demandé,
j'ai dit, as-tu l'impression que dans le troisième lien,
t'as été utilisé?
As-tu l'impression...
Puis je le tutoie en ondes,
parce que je ferais pas semblant qu'on se connaît pas,
puis ça, c'est...
Mais qu'on t'a envoyé, dans le fond, devant l'autobus.
Puis l'autobus est passé.
Il répondait qu'il aurait aimé mieux le savoir
avant que de l'apprendre à la dernière minute.
Donc, c'est pas 100 % de la vérité.
En fait, 100 % de la...
Elle est pas complète à 100 %,
mais au moins, il y avait une certaine forme d'honnêteté dans ça.
Quel genre de rapport vous avez en général
avec les gens de la classe politique?
Je garde une distance.
D'abord, je fréquente pas la classe politique.
Est-ce que je vais aller prendre un café avec un député?
Ça peut arriver.
Puis je vous dirais de tous les partis.
Je ne vous ferai pas mon agenda ce matin, mais ça arrive.
Sortez-moi votre holodeck, s'il vous plaît.
Non, mais je peux envoyer un message, par exemple.
S'il y a un événement chaud, puis j'ai vu ça,
que le ministre serait venu, mais l'entourage ne veut pas le sortir,
bien moi, je bypass l'entourage des fois.
Et donc, ça se peut que je prenne un contact direct,
mais je n'ai pas d'amis chez les ministres,
actuels, passés.
Je garde ma distance,
puis je ne suis pas quelqu'un qui est dans les mondanités
puis dans les premières.
Puis là, on parle de la politique, mais c'est vrai,
mes amis sont ailleurs.
Mes amis travaillent dans d'autres domaines.
C'est sûr que...
Comme je touche à tous les sujets,
bien, je touche à des questions qui concernent des amis,
que ce soit en médecine, que ce soit en éducation,
à des membres de ma famille.
Ma brue travaille comme prof.
C'est pas sûr qu'elle est d'accord avec moi à 100 %.
Puis...
Ça fait partie de la vie, ça.
En 2020, lorsque votre frère, Pierre,
qui était en politique,
est allé faire un tour à la Barbade
pendant le temps des Fêtes,
alors qu'on était en pleine pandémie,
vous l'avez critiqué en onde.
Quel genre de conversation?
Votre première conversation après ce moment-là,
où vous l'avez critiqué en onde avec lui,
ça ressemblait à quoi?
C'était correct, dans le sens que, dès qu'il a fait de la politique,
moi, j'avais dit, regarde, on ne ferait pas semblant,
je ne ferais pas d'entrevue.
Parce que c'est un loose-loose, dans le sens où,
pour des gens, on dit, bien, on sait bien que c'est son frère,
il n'a pas brassé assez, ou il n'a pas...
Puis d'autres vont dire, bien là, il est allé trop loin,
il a voulu vraiment... Bon, ce n'était pas nécessaire.
Alors, pour éviter ça, on a dit, touche pas à ça.
L'histoire de la barbade, ça a été bien simple.
J'ai dit, écoute, je pense que c'est pas une bonne idée.
La toile de fond, est-ce que c'est une erreur? Oui.
Je pense qu'il a fini par le reconnaître.
Mais vous lui avez dit que c'était pas une bonne idée avant qu'il parte?
Non, une fois qu'il était... Je savais pas qu'il était parti.
Mais je pense que le Parti libéral
avait pas envoyé un message très clair.
Parce qu'il y en a d'autres
qui ont pensé...
Il y avait comme une espèce de flou artistique
autour de ça.
Mais moi, j'avais dit...
Quand j'ai su qu'il était là,
tu peux pas demander aux gens d'être confinés.
Ouais, mais il y a pas de danger ici.
Finalement, il y en avait un.
Il y en avait un.
À quoi ça sert d'aller prendre un café avec un député?
On est tous objets de spin.
Dans le sens où...
Le premier cas que j'ai vu de spin,
c'est Robert Bourassa,
qui était un amant du téléphone
et qui téléphonait à peu près
tout ce qu'il y avait de journaliste au Québec
en laissant croire aux journalistes
que son opinion était importante.
Ce qui était faux totalement.
Il vous flattait dans le sens du poil.
Oui, puis moi, très peu, parce que je commençais.
Mais je l'ai appris à le connaître après ça
quand il est revenu au pouvoir en 85.
J'étais allé à Québec au Congrès,
mais Bourassa avait cette force-là
de vous appeler le soir à 10 h,
pas moi, mais des collègues qui m'ont raconté ça, Bourassa avait cette force-là de vous appeler le soir à 10 heures,
pas moi, mais des collègues qui m'ont raconté ça, puis dire, écoute, à la veille de déposer tel projet de loi,
qu'est-ce que t'en penses?
Penses-tu qu'on devrait aller là?
Qu'est-ce que les gens du public en pensent?
Il s'en foutait.
Il avait son tableau, c'est le moins la mode,
son tableau de bord personnel,
mais c'était une façon de faire du spin. son tableau de bord personnel.
Mais c'était une façon de faire du spin.
Il était maître dans ça.
Marcel Léger était un être incroyable pour faire du spin,
pour faire des conférences de presse le dimanche pour annoncer ce qu'il avait annoncé le jeudi,
parce qu'il se disait qu'il n'y aurait pas de nouvelles lundi matin,
puis ils ne l'ont pas joué à Saint-Mongo,
mais là, ils vont le reprendre.
Ce jeu-là, tu sais,
tu vas prendre un café avec un ministre parce que, je sais pas, moi...
Mais un député d'opposition,
des fois, c'est juste, je suis de passage à Montréal,
t'en as-tu de jaser?
Puis on n'est pas fous ni l'un ni l'autre, tu sais.
Il peut me spinner des affaires,
puis moi, je vais dire, ouais, mais ça,
telle affaire, il me semble que...
T'envoies tes petits messages aussi, tu sais,
sur des...
appelons ça des mémoins internes.
Est-ce que vous avez de l'influence?
Vous la définiriez comment, votre influence?
D'abord, je trouve ça...
Moi, c'est pas tant le mot influence
qui est important parce que je trouve ça prétentieux.
Je pense que les médias ont une influence.
Même si je me lève tout seul à la radio un matin
et que je décide que ça, c'est bien important
et que c'est une priorité, je suis pas certain
que ça va automatiquement.
Est-ce que je peux intervenir,
faire en sorte
que, je sais pas moi, une famille
soit réunie plus rapidement,
que certains dossiers accélèrent?
Je reconnais ça.
Pas tout le temps.
Puis je trouve que c'est pas normal.
C'est pas normal que quelqu'un qui a un enjeu
avec la machine bureaucratique
trouve une solution grâce à un passage à la radio
ou dans le journal.
Bon, mais c'est quand même arrivé.
Les voix officielles devraient être plus efficaces que ça.
Je pense.
Puis c'est pas... Mais c'est notre job aussi de pense. Puis c'est pas... Mais c'est notre job
aussi de montrer, puis c'est pas parce que
c'est un cas d'une famille que
ce n'est pas le cas de plusieurs familles.
Mais une influence sur
l'agenda politique, disons.
Bien,
je pense pas. Moi, je pense qu'on dérange
plus qu'on influence, dans le sens
où... C'est sûr qu'on dérange.
Puis l'exemple que je vais donner,
quand je faisais la chronique avec Jean Lapierre,
on le sait, puis c'est encore vrai aujourd'hui
avec Jonathan, on le sait que c'est un rendez-vous
pour la classe politique.
Qu'est-ce que Jean va dire aujourd'hui?
À qui on pense qu'il a parlé.
Et ça pouvait,
peut-être pas déterminer l'agenda,
mais ça pouvait nourrir la période de questions.
Et ça pouvait donner le ton aussi un peu au débat.
Puis je vais vous raconter une anecdote.
Un jour, Jean est entré en ondes,
puis moi, je savais pas tout ce qu'il allait me dire.
Il m'a envoyé une note en disant,
OK, je parle des candidats à la mairie de Montréal. Parfait.
Alors là, il embarque.
Puis il dit, bien, voici, il y a un tel, un tel, un tel,
qui envisage de se présenter.
Puis bon, presque comme ça.
Après sa chronique, il reçoit un appel de quelqu'un.
Je ne me rappelais pas.
Il lui dit, mais pourquoi tu n'as pas donné mon nom?
Mais parce que personne ne me parle de toi.
Et cette personne-là était assez contrariée de voir qu'elle avait été oubliée sur la liste.
Donc, le lendemain, il revient,
il dit, j'ai oublié quelqu'un hier dans la liste
des candidats-candidates à la mairie de Montréal.
Et il me nomme ce nom-là.
Et là, je connaissais l'histoire, par exemple.
J'étais parti dans le coup, là.
J'ai dit, mais pourquoi tu m'en nommes maintenant?
Bien, c'est parce qu'elle m'a appelé hier
pour me blâmer de ne pas l'avoir nommée.
Donc, je la nomme.
Elle a un grand intérêt pour la mairie de Montréal.
Ça, c'est le genre de truc où on s'amusait
et qui pouvait avoir une influence de mauvais fort,
mais disons que ça pouvait alimenter les discussions.
Mais ce que j'entends dans ce que vous me racontez,
c'est que c'est important,
autant ce qui concerne les cafés que vous allez parfois prendre
avec les députés que les appels que vous passez
à des gens dans le milieu de l'éducation,
dans le milieu de la santé, à la DPJ.
C'est important pour vous de...
Le studio de radio, c'est pas du tout une tour d'ivoire.
Non, non, non, non.
Mais d'abord, un, moi, je lis tous mes courriels.
Je demande pas à mon équipe de lire.
Vous en savez combien par jour, à peu près?
Beaucoup.
Mais on parlait de la DPJ.
C'est...
cinq, six cas par semaine.
Et votre collègue Isabelle Haché a parfaitement raison.
On n'est pas un tribunal.
On n'a pas accès au dossier.
Moi, j'ai une version.
Il y a des cas qu'on ne peut pas faire
parce qu'on n'a pas les ressources
et parce que la loi ne le permet pas.
Donc, j'ai autant de gens qui dénoncent
les abus de la DPJ
que je peux avoir des travailleurs,
des travailleuses qui disent
qu'ils ont une charge de travail écrasante.
Oui, je reçois plein de courriels,
mais c'est ce côté-là qui m'intéresse.
Quand je reçois des courriels
de gens qui sont dans des milieux
où on impose l'OMERTA,
éducation, santé, par exemple, la police...
Ça commence à faire beaucoup de milieu.
C'est utile.
Parce que, un, je respecte leur confidentialité,
je les mets pas dans le trouble,
et que, deux, ils savent que si j'ai, par exemple,
le ministre de la Santé ou le ministre de l'Éducation
ou le directeur de police,
bien, quand je vais dire à Fadi Daguerre,
sur la rue, dans les autopatrouilles,
il y en a pas mal qui pensent que.
Il sait que c'est vrai.
Puis ce que je dis, je l'invente pas, là.
Vous sortez pas ça d'un chapeau.
Non, puis on vérifie des trucs aussi avant d'aller.
C'est sûr, c'est notre job, là.
Mais ce contact-là, ce que les gens nous donnent
comme info sur des situations
qui sont souvent des cas uniques,
mais qui traduisent une situation beaucoup plus large,
je pense aux réunifications des familles.
J'en ai plein de gens qui débarquent ici
et qui sont en attente et en attente et en attente.
Puis, comme je disais tantôt,
de régler, entre guillemets, ces dossiers-là,
on est content de le faire, même si ça ne devrait pas passer par nous.
Vous parliez tantôt de Robert Bourassa, qui vous a déjà passé un coup de fil. Est-ce
que François Legault vous passe des coups de fil parfois?
Non? C'est jamais agréé?
Non. Il est venu en studio, mais non, pas de coup de fil.
À quoi ça ressemble une journée type dans votre vie d'animateur?
Parce qu'on devine que c'est une charge de travail
importante.
Oui, bien, c'est...
Ça finit pas à 10h le matin.
Je reprends ça du début.
Bien, moi, je me lève à...
2h45.
Vous êtes couché à quelle heure?
Idéalement, maximum 8h.
Salutations à mon collègue Patrick Lagacé,
qui va reprendre la relève.
Qui entre dans cette vie de moine très bientôt.
Oui, l'expression est bien choisie.
C'est ça. Donc, je me lève, je prends ma douche,
je prends un café, je commence à feuilleter
un courriel, un coup d'œil sur la presse plus,
sur le New York Times.
Il y a déjà un travail la veille qui a été fait,
au préalable, en disant qu'on pense qu'on va s'en aller là
le lendemain, mais tout ça peut s'ajuster,
changer de 10 à 100 %.
J'ai déjà complètement annulé un menu au complet
parce que l'actualité l'impose.
Donc, je m'en vais à la station
et j'arrive là, il est quoi,
4 heures à peu près, puis
pendant une heure et demie,
je lis tout ce qui me passe entre les mains.
Puis je parle avec ma gang qui arrive à 4 heures et demie,
5 heures moins qu'à.
OK, un tel, on va l'essayer.
Il vient d'avoir ça, l'écrasement d'un...
Je sais pas, l'effondrement d'un pont.
Bien là, on l'a dans...
Faut trouver quelqu'un.
Faut trouver quelqu'un.
Puis faut trouver un pilote qui va nous expliquer
pourquoi un bateau fond sur un pont.
Fait que c'est tout ça qu'on fait.
Puis l'émission est de 5h30 à 10h.
C'est long.
Oui.
Mais c'est assez découpé.
On a réussi, je pense, au fil du temps aussi
à se foutre un peu de l'horloge
et à le faire comme on le sent.
Donc, oui, des fois, on finit le grand bloc d'actualité
à 9h45, des fois, c'est 8h30.
Mais on n'est pas dans un carcan, là.
Puis je sais que c'est anti-radio, là,
parce qu'en radio, c'est le...
Ça prend des rendez-vous.
Ouais, puis...
Alors, moi, mes rendez-vous sont approximatifs,
on va dire ça comme ça.
Puis après la réunion, bien là, on a...
Après l'émission, c'est-à-dire on a une réunion de prod,
dont la durée varie, mais...
Puis j'essaie de quitter la station plus tard, vers 11h.
Puis après ça, bien, ça dépend des journées de la semaine.
Je vais m'entraîner pour me changer les idées.
Puis je dis à la gang tout le temps,
à moins d'une urgence, là, qui est rarissime.
Tu sais, écouter un film, aller pour ramener,
jouer dans le parc,
appeler votre mère.
Mais changez-vous les idées.
Il faut être capable de débrancher.
Il faut vivre un peu.
Oui.
Puis après ça, on rembarque,
parce que là, l'actualité évolue.
Puis là, il y a les courriels qui rentrent.
Puis OK, un tel va... Check-moi donc ça pour voir.
Ça nous tient occupés jusqu'à 6 heures, facilement.
Ça fait que...
Bien, tout ça.
Puis après ça, tu regardes l'heure et tu dis,
« Ouais, je pense qu'on est couché. »
Je disais à une entrevue que vous avez accordée l'an dernier,
où il y a deux ans, à mon collègue Marc Cassivy,
puis vous disiez, c'est six jours de travail par semaine.
Je disais, mais Paul Harkin, tu en as seulement cinq jours.
Sauf que le dimanche, forcément, la roue recommence.
Bien, la roue recommence le dimanche.
Parce que s'il paraît... d'abord, il faut prévoir
les invités du lendemain.
Puis souvent, t'as un invité
qui a soit publié un livre
ou un invité, je sais pas moi,
qui a une série télé.
Bon, bien, tu vas visionner. Si tu travailles,
ça ne l'est pas, mais quand même.
Donc, oui,
il faut rester à l'affût.
Ce n'est pas le même niveau d'intensité
que la semaine, mais oui.
Puis vous êtes dans quel état d'esprit
pendant l'émission?
Est-ce que vous êtes complètement relax?
Je pense que oui.
Je demeure concentré parce qu'on enfile les sujets.
Concentré, mais je ne suis pas dans un mode stressé.
Je ne suis pas dans un mode...é, là. Je suis pas dans un mode...
Je sais où je m'en vais la plupart du temps.
Il y a des impondérables, là.
Mais non, je suis pas vraiment stressé.
Vous parliez tantôt des différents tons
qu'il faut adopter lorsqu'on anime une émission de genre.
C'est pas ça qui est le plus difficile à maîtriser,
de passer d'une nouvelle très, très grave, tragique,
à une chronique légère sur la culture.
Je dirais que ça m'a peut-être pris 25 ans de l'apprendre.
Moi, je vous trouve bon.
Non, non, mais ce que je veux dire,
oui, c'est vrai,
mais
je pense que j'ai eu
une empathie naturelle pour
des gens qui sont vulnérables, puis je
reconnais l'importance de
s'indigner. Il y avait un vieil auteur français,
dont j'oublie le nom, qui a écrit une plaquette.
C'était « Indignez-vous ».
Je pense qu'il avait 95 ans, le monsieur.
En disant que c'est pas normal
qu'on baisse la tête.
Puis que, rendu ça, on...
Ouais, mais là, on a vu, on est rendu un certain âge.
On est plus sage.
Non. Moi, je m'indigne encore devant des aberrations.
Puis c'est pas
une pièce de théâtre.
Je suis pas en train d'apprendre mon indignation
puis ma partition où je serais fâché ce matin.
Bien non. Des fois, ça dérape.
J'en suis conscient parce que ça sort tout seul.
Mais quand j'ai après ça
une entrevue avec,
je sais pas moi,
une victime d'un acte
criminel ou encore quelqu'un qui a fait victime d'un acte criminel,
ou encore quelqu'un qui a fait quelque chose d'assez extraordinaire
ou qui a décidé, je sais pas moi, d'avoir un impact dans sa communauté,
quelqu'un qui croit à l'éducation, qui veut témoigner,
puis qui dit « je suis une jeune, puis j'ai envie de le faire »,
je trouve ça aussi important, puis aussi beau que d'aller faire des entrevues
avec des gens qui, bon effet, plusieurs, en France,
pour la radio à l'époque.
Quand vous passez de Jean-Marie Le Pen
dans la même journée à Pierre Cardin,
puis après ça, le commandant Cousteau.
Puis bon, ça fait beaucoup.
Puis c'est très...
Avec le recul, tu te dis, wow, quand même, c'est pas rien.
Mais ces entrevues avec les gens de la base,
puis des gens qui...
Je trouve ça encore plus stimulant, presque.
Est-ce que ça vous a souvent arrivé
de regretter une tirade que vous aviez faite en honte?
Ah oui, non, mais...
Bon, il y a des gens qui te le rappellent.
T'as pas besoin d'y penser.
Mais je suis assez critique envers moi-même
de dire, là, un matin, celle-là, je vais l'échapper.
Ou encore,
j'ai oublié une question.
Ça, là, tu veux mourir.
Parce que...
Je comprends tellement pas.
Non, mais je l'avais devant moi ou je l'avais au téléphone,
puis comment ça se fait que je l'ai pas demandé?
Puis je prends pas des...
J'arrive pas, moi, qu'à une série de questions.
Je me prends des lignes, des repères, puis tout ça,
mais très rare, je vais essayer de plutôt
focusser sur ce que la personne va me dire
en gardant des thèmes sur le côté comme ça.
Puis d'autres fois, de m'emporter.
Puis c'est de l'overkill.
Tu te dis, écoute, j'en ai fait une victime.
Je l'ai échappé.
Pourquoi vous quittez, donc?
Pourquoi vous quittez l'animation de l'émission?
Parce que je pense que je suis rendu là.
Je ne prends pas ma retraite,
mais ce n'est pas de me lever qui me dérange. Ce n'est pas de faire en tant que tel suis rendu là. Je prends pas ma retraite, mais c'est pas de me lever
qui me dérange, c'est pas
de faire en tant que tel l'émission,
mais c'est tout ce qui vient avec.
De t'être
pris à temps plein
de, je sais pas,
mon midi à 6 heures, du lundi
tous les jours, puis de
pas pouvoir faire autre chose.
Puis là, j'arrive à 64 ans,
puis je me dis, OK, qu'est-ce que j'ai envie de faire?
Faire des documentaires?
Oui, j'aime ça.
Faire des balados?
J'aime ça.
Puis d'autres projets comme ça en parallèle.
Et pour pouvoir les faire, bien, j'ai besoin de temps.
Et c'est un peu pour ça que...
Puis je l'ai dit longtemps d'avance
parce que j'avais une obligation contractuelle
de dire, bien, voici, je renouvelle pas mon contrat.
Puis je pense qu'à un moment donné aussi,
il faut tirer sa révérence.
Est-ce que vous y songiez depuis longtemps?
J'y pense à chaque année.
Parce que la radio est un endroit de travail
qui peut être assez cruel.
Pas que... Comment je dirais?
J'ai vu des émissions non renouvelées,
j'ai vu des gens être étonnés.
Je me souviens, je vais dire à quelqu'un,
je pense, c'était au début que je commençais le matin,
j'ai dit, j'aimerais ça être capable de dire
j'ai décidé de la date de sortie.
Ce qui n'est pas donné à tout le monde en radio,
j'en ai vu passer pas mal.
Et là, c'est le cas.
Et donc, j'est le cas.
Donc, j'y pense.
Puis quand tu... C'est ma femme qui m'a dit à un moment donné,
elle dit, écoute, t'as recommencé au mois d'août.
Je dis, ouais. On a eu deux mois de vacances,
à peu près.
Puis en septembre, tu commences à grogner
un peu en disant que tu trouves les journées longues.
Elle dit ça.
Il y a un signal dans ça.
Je pense qu'elle avait raison.
Votre ami Paul-Aude nous a quittés récemment.
Ça nous a tous pris par surprise.
Ça nous a coupé le souffle.
En tout cas, moi, ça m'a coupé le souffle,
même si je le connaissais pas du tout.
Je le connaissais pas intimement, Paul-Aude.
Comment est-ce que ça teinte le regard que vous posez,
vous, sur le temps qui vous reste?
Je veux pas être trop grave. Non, non, non, mais, sur le temps qui vous reste?
Je veux pas être trop grave.
Non, non, non, mais... Mais le temps passe pour chacun d'entre nous.
Bien, c'est un peu de laisser tomber,
exemple, la radio le matin,
pour dire, voici ce que j'ai envie de faire,
est-ce que j'aurai le temps de le faire,
puis de bien le faire.
C'est un enjeu.
Je pense aussi, à un moment donné, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, c'est pas au même âge de tout le faire. C'est un enjeu. Je pense aussi, à un moment donné,
ce qui n'est pas le cas de tout le monde,
ce n'est pas au même âge de tout le monde,
on a un intérêt à s'effacer éventuellement.
Il arrive un temps dans la vie
où tu te dis peut-être que,
oui, c'est le temps de laisser la place
vraiment à d'autres.
Pas juste en théorie,
mais le faire aussi pour vrai.
Puis troisièmement,
puis j'en parle à des gens de mon âge,
puis on se dit, OK, on n'a pas trop de temps à perdre.
Tu ne sais pas comment ta vie va virer.
Tu ne sais pas si tu vas être capable
de faire ce que tu as envie de faire.
Tu ne sais pas non plus autour de toi comment ça...
Autrement dit, de remettre à plus tard
quand tu as 63, 64 ans,, c'est pas une bonne idée.
Tu le fais maintenant, puis tu feras autre chose après
plutôt que de te dire, j'aurais donc dû,
ou j'aurais dû me rendre, ou j'aurais dû me...
Ça fait longtemps que je veux aller en Turquie,
je l'ai pas fait. Bien, moi, le faire.
Quand tu peux faire ça.
Donc, c'est un peu ça aussi, la mentalité.
Je regarde pas le sablier tous les jours
en me disant, voici, la fin approité. Je ne regarde pas le sablier tous les jours en me disant
« voici, la fin approche ».
Mais je ne suis pas innocent non plus.
Votre vie en a pris un
virage en novembre dernier.
On devait se voir en novembre dernier.
Vous m'avez écrit le soir
avant de quitter les zones pour me dire
« ce ne sera pas possible, je ne pourrais pas me rendre
à l'entrevue qui est prévue pour des grèves ».
Hors de mon contrôle.
Hors de votre contrôle. Je me demandais de quoi il était question, puis j'ai compris le lendemain matin
que c'était très, très grave, très sérieux.
Mais qu'est-ce que vous arrivez?
Une infection.
Une infection du sang.
Donc, c'est une bactérie qui est entrée dans le sang.
Et ça veut dire,
un,
l'identifier
et avoir un traitement
qui va avec.
C'est un traitement d'antibiotiques qui est long.
C'est pas de 12 jours
avec le petit contenant long.
C'est par intraveineuse.
Donc, ça veut dire que pendant six semaines,
c'est quatre fois par jour.
Puis c'est à travers tout ça des rendez-vous de contrôle,
des prises de sang.
Est-ce que vous avez eu peur?
Après.
Au début, je... Je suis pas quelqu'un qui fait des siestes, normalement.
Puis je rentrais...
Ça s'est fait très vite, sur quelques jours.
Puis bon, je me sentais fatigué.
Puis le fameux mercredi soir,
là, j'étais comme KO.
Puis bon, découvert après, il y avait de la fièvre,
donc tout ça.
Et Annick, elle me dit, écoute, on s'en va à l'hôpital.
Votre conjoint?
Oui, ma conjointe.
Elle dit, ça marche pas ton affaire.
Fait que je dis, ah, il y a des demains.
Moi, attends, on a l'urgence.
Non, non, on s'en va, on s'en va, on s'en va.
Et c'était une très sage décision
parce que c'est le genre de problème,
si c'est pas pris à temps,
bien, cette infection-là se propage vite.
Il y a une inflammation,
et ça peut attaquer des organes.
Je connais quelqu'un qui a eu un peu la même chose,
puis il a eu une opération au coeur pour une valve après.
Donc, c'est quand tu vois après,
sur le coup, tu y penses pas trop,
mais quand tu parles avec les médecins,
quand tu dis, bien, voici, tu avais tel indicateur dans le tapis,
et ça, ça aurait pu mal virer,
là, tu dis, OK, je ne suis pas ici pour rien.
Ça fait que oui, tu y penses.
Qu'est-ce que vous avez appris à votre sujet à travers tout ça?
En fait, j'ai démontré à mon entourage
que je pouvais être quelqu'un de patient
et de résilient.
J'aime pas le mot, là,
mais je suis quelqu'un qui,
autant sur le plan du travail,
je roule.
Je n'en fais pas mal,
puis je fais beaucoup d'heures et tout ça.
J'ai appris à être un peu plus prudent,
d'entendre et de voir les signaux. Ça, j'heures et tout ça. J'ai appris à être un peu plus prudent, tu sais, d'entendre et de voir les signaux.
Ça, j'ai retenu ça.
Puis d'avoir un peu ce qu'on disait tantôt,
l'espèce de prioriser des choses.
Puis de dire, ça, je le fais pas,
parce que ça me tente pas,
puis parce que j'ai d'autres choses à faire.
Puis c'est pas prétentieux,
c'est de dire, arrive un moment
où tu le sais qu'il t'en reste moins,
donc, bien,
on va essayer que chaque moment
soit important. Puis quand t'as comme un avertissement
de santé, bien,
tu dis, OK, on va faire les choix
puis on va essayer de faire les bons.
Je veux pas embrasser un stéréotype, mais
c'est tellement navrant à quel point les hommes,
les gars, on s'écoute pas assez.
Nous sommes épouvantables.
Les hommes de votre génération,
mais je suis plus jeune que vous, j'ai 37 ans,
puis je me surprends à reproduire ça.
Bien, c'est que souvent, on pense qu'il n'y a rien là,
puis que ce n'est pas grave, puis que ça va passer.
C'est un réflexe.
On n'est pas...
Moi, j'ai un ami, c'est un hypochondriaque.
Lui, au moindre signe,
il aimerait beaucoup avoir un scan.
Même si ça n'a pas rapport.
Moi, c'est un peu le contraire.
Je suis un peu dernière minute,
puis c'est, OK, on va y aller.
Après ça, heureusement, on a des gens autour de nous
qui font en sorte qu'on ne se laissera pas partir à la dérive,
puis qui nous ramènent dans le bon chemin.
Mais c'est vrai que c'est comme tous les tests
qui sont programmés, par exemple, de dépistage.
Il y a bien des gars qui disent,
« Voyons, pourquoi? J'ai pas de symptômes. Pourquoi j'irais pas? »
C'est précisément à ça que ça sert.
Bien, c'est ça.
Et ça, je pense que j'ai retenu ça,
puis je me suis surpris à être patient.
C'est quand même pas pire.
Qu'est-ce que vous réserve l'avenir?
Est-ce que vous pouvez m'en parler un peu?
On va devenir collègues.
Est-ce que c'est ça?
D'une certaine manière.
Oui, mais en fait,
je parlais tantôt de balado et tout ça.
J'ai regardé différents scénarios.
Je suis parti avec l'idée
de faire vraiment ce que j'avais envie de faire.
Alors, puis à travers ça, il est arrivé des propositions aussi.
Donc, je veux garder ma revue de presse qui est à 6 heures le matin,
mais qui dorénavant va être disponible à partir de septembre sous forme de balado.
Donc, accessée par l'application téléphonique de la presse
et par l'application de Cogéco.
C'est comme une entente entre la presse et Cogéco.
C'est le premier volet.
Je vais faire des balados aussi.
On est en train de définir ça.
Puis il y a comme deux volets.
Il y a des balados que je vais produire moi-même.
Puis je veux héberger sur ma page d'accueil
des balados faits par d'autres,
qui permettent à d'accueil des balados faits par d'autres,
permettre à d'autres et pas qu'à moi d'avoir cette plateforme-là
puis de dire à, je sais pas, Bénédicte Lebel,
de dire à Fabrice de Pierrebourg,
pense à un balado puis viens me le présenter
ou, bon, produis-le.
Alors, il y a cet aspect-là.
Puis je vais écrire dans la presse une fois par semaine.
C'est François Cardinal qui m'a fait cette proposition-là.
Au début, j'étais un peu pas hésitant,
mais j'ai jamais fait ça.
Je ne suis pas un gars qui écrit.
Mais ça me tente.
Puis bon, je travaille des produits...
Pas des produits, mais j'ai des projets de documentaires
aussi en parallèle.
Je travaille un peu moins.
J'étire ça un peu plus dans le temps,
mais je suis quand même assez occupé.
Pourquoi c'est important pour vous, donc, de la conserver,
cette revue de presse-là, ce moment marquant
de votre émission? J'adore ça faire ça.
C'est peut-être le moment
que j'aime le plus faire parce que
un, je l'aurais fait
pareil, puis je l'aurais fait pour moi.
Dans le sens où je me serais
levé le matin très tôt, puis comme
je suis fait en vacances, puis je vais lire les journaux,
puis je me prends des notes parfois,
puis je l'aurais fait.
Puis je me suis dit, tant qu'à la faire,
puis je voulais tester le numérique pour vrai.
Tout le monde prend le virage, puis bon.
Tu sais, OK, je vais rendre ça disponible le matin à 6 h.
Les gens peuvent l'écouter quand ils veulent,
où ils sont dans le monde, puis c'est pas grave.
Mais c'était vraiment ce bout-là que j'avais envie de garder.
Pas beaucoup les entrevues, mais...
Puis en même temps aussi, de dire, en plus de cette revue de presse,
d'avoir des balados.
J'ai pas mal d'idées en tête sur des true crimes,
sur des trucs un peu plus légers,
sur des portraits.
J'ai pensé à un paquet d'affaires.
Puis là, en même temps,
je veux pas tout faire trop vite,
mais prendre mon temps, puis me donner...
L'idée, c'est de travailler encore,
de garder ce que j'aime le plus faire,
puis d'avoir aussi du temps pour moi, ma famille, ma femme,
puis de se dire, profitons de ces années-là
pour à la fois s'amuser, puis se reposer,
puis changer les idées, puis en même temps travailler.
Donc, la Turquie, c'est un exemple au hasard
ou c'est un vrai projet?
J'y pense.
Mais moi, j'étais confiné à aller en vacances au mois de juillet
parce que la saison de radio commence à mi-août à peu près.
Et avec les changements climatiques,
Portugal à 47, Rome à 40 degrés.
C'est chaud pour le coco.
Oui.
Fait que là, je vais pouvoir partir début septembre
puis de se dire, bien, je vais pouvoir peut-être finalement
aller dans des endroits auxquels je pense depuis longtemps,
mais en raison de l'horaire, c'était pas possible.
Et vous vient d'où votre sens de l'indignation?
Ouf!
Je sais pas.
Euh...
J'ai aucune idée.
Est-ce que vos parents étaient comme ça?
Ça discutait fort, mais...
Je sais pas.
C'est...
Il y a quelqu'un,
plus qu'une personne...
Vous êtes avocat? Non.
C'est sûr que vous avez fait votre droit? Non.
Mais comment vous faites pour plaider?
Je plaide pas.
Je pose des questions, j'interroge.
Oui, j'ai suivi des procès pour apprendre des techniques, là.
Pour voir comment rebondir sur une question, puis tout ça.
Mais je sais pas pourquoi,
mais ce n'est pas quelque chose programmé.
Ça vient pas mal tout seul.
Est-ce que vous avez offert quelques conseils
à mon collègue Patrick Lagacé,
votre collègue Patrick Lagacé qui va vous succéder?
Pas des conseils, parce qu'au final,
c'est très personnalisé.
C'est une radio, tu sais, pas de son style.
Il a ses intérêts, il a sa façon de travailler.
Ça, ça lui appartient.
Moi, j'ai ma façon.
Il y a des choses qui sont un peu identiques,
mais on est deux personnalités très différentes.
Je lui ai rappelé l'importance du sommeil.
Non, mais on est allés manger à quelques reprises ensemble
pour parler de tout ça.
En fait, les discussions qu'on a,
ça tourne beaucoup autour de ce que ça représente,
des fois physiquement.
Quand tu finis une émission,
il y en a une autre qui arrive le lendemain.
Quand on est le 13 février,
il est 3h moins quart, qui fait moins 15,
tu sors dehors, tu te dis,
OK, moi, j'ai choisi ça dans la vie.
Puis, pour avoir du plaisir, parce que c'est ça qui est important,
il faut que les gens autour de toi aient du plaisir.
Je connais personne qui va vouloir aller travailler,
se lever dans le milieu de la nuit, puis que ça devienne une corvée.
Donc, l'idée, c'était de créer une espèce de climat qui est agréable,
où on se connaît, on peut avoir de l'humour noir terrible pendant les pauses,
mais avoir ce goût de se retrouver avec Alain, avec
Catherine, puis tous les autres,
parce que
ça ne peut pas s'imposer. On ne peut pas
jouer à la radio. On n'est pas des acteurs,
on n'est pas des actrices.
On est des gens naturels.
C'est un peu ça que je lui dis. Après ça, il fait ce qu'il veut,
puis il amène un choc comme il veut, puis je pense qu'il veut, puis il amène un chat comme il veut,
puis je pense qu'il va être bon.
Vous parliez tantôt de Terry DeMonte.
Sa dernière émission sur les ondes de chambre
était très touchante.
Il avait terminé son émission avec une chanson d'harmonium.
Aujourd'hui, je dis bonjour à la vie.
Exact.
Ce n'était pas un choix innocent.
Non.
Est-ce que vous savez déjà à quoi va ressembler
votre dernière émission?
Pas du tout.
J'ai une bonne idée de ce que je vais dire aux auditeurs,
parce que c'est une relation sur plusieurs générations.
Mais je commence à réfléchir.
Ce qui va se passer à l'antenne, je le sais pas.
Je sais que la direction travaille là-dessus.
J'imagine avoir quelques surprises.
Mais je suis quelqu'un qui est pas très porté sur,
appelons ça, la mise en marché.
Puis les, comme on dit, la mise en marché. Puis les,
comme on dit, une tournée d'adieux,
non. Je pense que...
Vous serez pas de tous les plateaux pour dire bye-bye.
Non, mais j'ai accepté de faire des trucs.
Tout le monde en parle parce que, bon,
je le fais avec vous aujourd'hui,
mais je dis pas non, je dis pas oui, pardon,
à tout. Puis je veux pas
que ça soit non plus un festival
radiophonique interminable
d'hommages, de pseudo-hommages,
de...
Tu sais, un, je suis pas mort,
puis deux, on a du travail à faire
comme animateur d'une émission d'information.
OK, le vendredi, on va faire une pause, là,
le dernier, le 14 juin.
Mais avant, on va fonctionner le plus possible
en opération normale.
Paul, mon balado s'intitule « Juste entre toi et moi ».
Est-ce qu'il y a une dernière chose
que vous aimeriez me dire qui resterait juste entre vous et moi?
Je sais pas.
Qu'est-ce que je pourrais dire?
Bien, je pense que...
D'abord, je suis quelqu'un de privilégié dans la vie.
D'avoir fait le métier que j'aime,
de l'avoir fait aussi longtemps,
puis même de pouvoir continuer à le faire encore
pendant un certain temps.
Et je le dois beaucoup à mes parents,
mais surtout ma mère,
qui m'ont inculqué un certain nombre de valeurs.
Et les valeurs étaient, bon, la rigueur, le travail.
Elle me disait tout le temps,
quand tu fais une pause,
tu prends un congé ou des vacances,
quand t'as travaillé pour vrai avant,
c'est mérité, puis tu vas te sentir bien.
Si t'arrives à des vacances, puis tu t'es
traîné les pieds avant, pas pareil.
Et
une des phrases, puis je pense
que ça venait de mon grand-père aussi, c'était
« Tu fais ce que tu veux dans la vie.
Tu respectes les lois, bien sûr,
les règlements, mais ta vie doit
être marquée par la liberté,
mais surtout, tu fais pas suer
personne avec ça.
Si t'as une piscine chez chez vous et qu'il fait bien chaud,
tu n'écœures pas le monde à l'antenne avec ça
en disant que tu as passé l'après-midi à te baigner
pendant qu'eux étaient en train de crever sur un balcon.
Ce n'est pas une bonne idée.
Donc, tu fais ce que tu as envie de faire avec tes proches,
mais tu ne fais pas suer personne avec tes choix de vie personnelle.
Merci beaucoup, Paul. Ça fait plaisir. Vous êtes doué pour les vraies questions,
mais vous êtes aussi doué pour les vraies réponses.
J'espère. À bientôt. Merci.
Salut.
Juste entre
toi et moi