Les Pires Moments de l'Histoire - Guy Fawkes : la conspiration des poudres
Episode Date: December 22, 2022Quand on pense à Guy Fawkes, la plupart des gens imaginent une sorte d’antihéros excessivement cool avec un masque de polichinelle qui combat le fascisme et la monarchie en lançant des couteaux. ...Et si pendant tout ce temps, ce n’était en fait qu’un gros plouc avec un rôle mineur dans une attaque terroriste somme toute épouvantablement mal planifiée? Quel retournement! Une production URBANIA. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
Hugo, le texte!
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant
qui vous aide à voir le monde différemment.
Notre mission? Vous amener ailleurs.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au balado Urbania.
Balado Urbania.
Ha ha!
Et oui, c'est une fois de plus moi,
votre ami de toujours, Charles Beauchesne.
Même si on se voit jamais, puis j'ai aucune idée qui vous êtes.
Soyez les bienvenus au pire moment de l'histoire,
le célébrissime balado où un genre de nerd mi-trentaine vous raconte les instants les plus sombres de l'humanité,
et ce, en direct d'une vieille robe de chambre
qui sent comme une marionnette de Jim Hansen,
c'est-à-dire le pote.
Donc aujourd'hui, je suis tout à fait excité de vous raconter l'histoire du mythique Guy Fawkes,
ce terroriste du 17e siècle qui va tenter ni plus ni moins que de faire sauter le Parlement britannique
avec 36 barils de poudre à canon dans ce qu'on appelle la conspiration des poudres.
À ne pas confondre avec la conspiration de la poudre à canon dans ce qu'on appelle la conspiration des poudres. À ne pas confondre avec la conspiration de la poudre,
qui sonne un petit peu plus comme le moment dans un party de cirque
où tout le monde vire parano avant de se refaire une ligne
sur le nombril et slash ou l'épaule d'une contorsionniste.
Vous et moi, on n'a pas le compte en banque
pour comprendre ce qui se passe là-dedans.
Mais bon, qui est Guy Fawkes?
Et comment son visage est-il devenu un genre de masque de polychinelle Zorro dans le film de 2006 V for Vendetta, inspiré du roman graphique du même nom, où Guy lance des couteaux avec un chapeau puis une perruque de Catherine Zeta-Jones dans Chicago?
le nom pour Guy Fawkes,
parce que Guy, c'est un nom avec une musicalité rigolote,
puis la seule chose avec laquelle je l'associe,
c'est un genre de Guy Jodoin,
ou une espèce d'oncle exubérant avec une grosse queue de cheval frisé dans les années 90,
une sorte de Guy Jodoin, finalement.
Anyways, mais qui était donc ce ténébreux
personnage qui va avoir l'idée diabolique
de réduire en cendres d'un seul coup
son roi et toutes les têtes dirigeantes de l'Angleterre,
ce qui aurait pu, par effet papillon,
grandement changer l'histoire du Commonwealth.
Puis aujourd'hui, ce serait genre la face
de François Pérusse sur nos 25 scènes.
Que voulait-il au juste?
Et pourquoi, à chaque 5 novembre,
les Anglais organisent-ils une fête
où on fait brûler son effigie?
Est-ce que c'est parce qu'il a réussi
puis on est en colère contre lui?
Ou parce qu'il a échoué puis on est en colère contre lui?
Ou encore, il a échoué puis on est en colère contre lui, ou encore, il a échoué puis on est en colère
contre lui de pas avoir réussi.
Ce qui me semble être une thématique de
fait un brin introspectif pour que la
famille royale ait laissé flyer ça toutes ces années.
Il y avait de la misère à s'asseoir dans le mauvais ordre,
ces hosties-là. Bref, partons donc
sur les traces de Guy Fawkes
et la conspiration
d'impôts.
Détective junior de l'histoire, à moi!
Rappelez-moi de plus jamais faire, sauf que j'espère de sortir le générique.
Mais pourquoi quelqu'un voudrait-il faire péter le Parlement?
C'est une question rhétorique.
Vite comme ça, je peux penser à une couple de raisons, puis c'est tout un peu des variations sur le thème de « être tanné ».
Contexte historique.
Retournons
d'abord en 1533,
pendant le règne pour le moins coloré
de ce lamentin en culotte
de velours d'Henri VIII, qui essentiellement va
créer sa propre église en Angleterre
parce que le pape ne voulait pas lui donner le droit de divorcer
pour coucher avec une cocotte plus jeune.
Henri VIII, quoi.
Bonjour, c'est moi, Henri VIII.
N'hésitez pas à écouter l'épisode des pires moments de l'histoire,
m'étant entièrement dédié.
Vous allez voir, c'est très drôle.
J'y suis vraiment décrit comme un gros tas de chiottes.
Sauf peut-être quand on parle de mes prouesses au tennis.
Joli coup, majesté!
Bon, évidemment, c'est un raccourci,
mais le divorce va, grosso modo, donner naissance
à ce qu'on appelle l'Église anglicane.
Donc, pour gérer cette transition à sa place,
Henri VIII va nommer un nouvel archevêque
qui était, contre toute attente,
bien correct avec le divorce.
Thomas Cramner.
Sire, je suis fort intéressé à mettre en application
toutes ces réformes protestantes
qui feront de l'Église une Église plus noble, plus pieuse et moins décadente.
Pas de problème tant que ça me permet de me tromper la cuillère dans un maximum de crème en rouglaise,
si vous voyez ce que je veux dire.
Vous rendez ce marché moralement très épineux, votre Altesse.
Heureusement pour Cramner, le roi suivant, Édouard, s'essonne neuf ans quand il arrive sur le trône
et c'est beaucoup plus facile d'endoctriner un enfant de troisième année pour en faire
le premier roi protestant de l'histoire de l'Angleterre.
Ce qui, dans les faits, veut surtout dire que c'est devenu une espèce d'enfant un peu freak
qui parle de théologie à tout bout de champ et ça me donne froid dans le dos.
Ah, vous voilà, crâne-mère.
Dieu m'a parlé en rêve cette nuit.
Ah, bien y penser,
je ne suis pas sûr qu'un enfant
devrait parler comme ça.
J'imagine qu'il est trop tard pour vous intéresser
avec ce ballon.
Malheureusement pour crâne-mère,
tout va aller très très mal très très rapidement.
Quand Édouard VI meurt à 15 ans d'une maladie qui le fait vomir sans arrêt.
Soit une pneumonie, soit un empoisonnement, soit n'importe laquelle des multiples affaires
qui peuvent te faire vomir à répétition à l'époque de la Renaissance.
Édouard VI est instantanément remplacé par sa demi-sœur Marie-la-Sanglante.
Ça ne va pas bien se passer.
Effectivement, Marie-la-Sanglante va décider d'y aller dans une autre direction pour l'église anglicane,
c'est-à-dire sacrer toute la terre et ramener tout ça au catholicisme le plus austère imaginable.
Tout ce qui est protestant est déclaré œuvre du diable
et Bloody Mary va brûler genre 300 personnes au bûcher, puis le nom vient de là.
Et le drink aussi, d'ailleurs. Mais je sais pas pourquoi.
Détail dark. Mourir brûlé au bûcher, c'est pas toujours aussi le fun vient de là. Et le drink aussi, d'ailleurs. Mais je sais pas pourquoi. Détail dark.
Mourir brûlé au bûcher, c'est pas toujours aussi le fun que prévu.
Si par chance vous êtes exécuté par une journée chaude et sèche,
tout va bien, vous allez vous enflammer comme une torche
ou mourir asphyxié à cause de la fumée
en vous endormant paisiblement,
du moins aussi paisiblement que possible quand le plancher brûle
ou à la limite dans de très brèves, atroces souffrances.
Ça, c'est la bonne option.
Mais on est en Angleterre,
et la température, c'est constamment de l'humidité, du brouillard,
puis de la pluie avec des silhouettes de Sherlock Holmes
qui jouent du violon sur le bord de la fenêtre.
Ce qui fait que la plupart du temps, ce qui arrive,
c'est ce qu'on appelle l'option lente.
On dit par exemple que le taux d'humidité dans l'air
était tellement élevé lors d'un bûcher à Oxford
que l'évêque qu'on y a brûlé a braisé pendant plus de deux heures.
Sterling, avez-vous pensé à rajouter des brandilles ou du papier journal?
Je sais comment! Partir un feu!
Vous centrez-vous plutôt à brûler, monsieur l'évêque?
Quand on va finalement détacher son cadavre,
il y a uniquement ses jambes de calciné et le haut du corps est intact.
Sauf peut-être pour une face figée à jamais dans une expression
qui est possiblement celle de la douleur.
Mais en même temps, je n'étais pas là.
Malheureusement pour Marie-la-Sanglante,
ce requis passage de l'église anglicane à l'église catholique
aura été en vain parce qu'en 1558, elle tombe enceinte.
Mais meurt subitement parce que le bébé était en fait une tumeur.
Bonne nuit les tout-petits.
Et c'est ici que commence le règne de la reine Élisabeth Ière,
qui n'en a rien à chier des guerres de religion et va proposer à tout le monde de réinstaurer l'église anglicane
avec désormais une politique de protestantisme
modérée qui ne fait plaisir
à personne. Si je me fie à tous les films
à son sujet où des messieurs en colère lui chuchotent
à l'oreille qu'ils auraient pas fait ça de même.
Et tout le monde
va royalement se faire chier avec ça
pendant tout le long de son règne qui, heureusement,
ne va durer que 44 ans.
Détail intéressant.
Pendant cette période somme toute excessivement longue,
catholiques et protestants vont apprendre à vivre ensemble.
Dans le sens que tout le monde déteste les catholiques
à un tel point que la plupart vont juste commencer
à se déclarer protestants
avec l'approche surprenamment babacool de
« Bon, regardez, c'est pas grave,
moi je le sais que je suis catholique à l'intérieur
et c'est tout ce qui compte. »
La stratégie est tellement efficace qu'avec les années, catholiques et protestants assistent tous aux mêmes messes,
puis c'est bien correct en autant que tout le monde fasse semblant d'avoir envie d'être là,
dans ce que j'appelle aussi « aller à l'église en général ».
Évidemment, tous ne choisiront pas cette option, sinon cet épisode serait très plate.
Ce qui fait qu'une poignée de catholiques purs et durs vont choisir de
juste continuer à être catholiques
et devenir ce qu'on appelle des
récusants, c'est-à-dire du monde qui ont choisi
de payer continuellement des amendes pour
pas aller à l'église le dimanche. Ah ouais,
parce qu'à l'époque, c'est ça qui arrivait, il était pas question
de rester à la maison et écouter des dessins
animés japonais de combat de toupie avec
un bol de céréales. La vie des récusants
est super difficile.
Tout le monde se méfie d'eux, ils n'ont pas le droit d'avoir de job,
on fouille sans cesse leur domicile en pleine nuit,
parce que bien sûr, ils sont obligés de cacher des prêtres à la maison
pour continuer à être catholiques à volets fermés,
comme quand on va sur des sites de cul.
Tiens, je me demande qui ça peut bien être à cette heure-ci.
J'espère que ce n'est pas une autre de ces fameuses...
Fouilles aléatoires!
Alors, les cathos, on pratique
sa religion dans le secret?
Fouillez-moi cette baraque de merde, les mecs!
On est des gardes avec des
halberds!
Tout cela est-il vraiment nécessaire?
C'est pas ce que vous croyez que vous allez
trouver ici, mais...
Hé! Serait-ce l'heure de célébrer la messe?
Non, Père Rinaldo, pour l'amour du ciel, retournez dans le plancher!
C'est un cousin, il est... simple d'esprit.
Bref, ce sont des vies de merde.
Mais la plupart des récusants vont choisir de voir ça comme une épreuve de plus
pour déterminer qui sont les vrais catholiques,
du moins jusqu'à l'arrivée du prochain roi, James VI.
Détail intéressant!
James VI, roi d'Écosse, est un peu un crosseur.
Selon les historiens, c'est un personnage qui est décrit comme grossier, vulgaire,
qui bave en parlant, un petit peu laid, court sur pattes,
qui a une préférence notée pour les hommes,
mais qui va quand même donner une swing à sa femme
suffisamment souvent pour lui faire neuf enfants.
Alors, chérie, est-ce qu'on est prêts
pour la bardasse?
Lumière fermée, sac sur la tête,
éponge pour la bave
et tabouret pour que vous vous rendiez.
Ouais, tout est là.
Allez, hop, c'est parti pour un tour.
Préparez-vous à vous faire brasser comme jamais.
Mais selon ces mêmes historiens, on le décrit également comme quelqu'un de très intelligent,
qui parle bien, qui écrit bien, super malin.
Et quand à la fin du règne d'Élisabeth, on va commencer à l'approcher pour savoir quel côté il va prendre en termes de religion,
il va choisir de répondre des affaires super vagues, genre...
Vous n'avez rien à craindre.
Je vais régner
sur l'Angleterre de la même manière
que je règne sur l'Écosse.
C'est-à-dire de façon
super haute.
Donc, vous allez libérer les catholiques
de l'oppression, sire?
Mais...
Vous êtes libre
de croire ça.
Dieu soit loué, c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre.
Longue vie aux catholiques!
Dans les faits, James 6, c'est surtout un politicien
qui en a rien à foutre et qui offre son appui à tous les côtés
de façon un peu roularde avant de se retourner de l'autre bord
deux secondes plus tard en faisant des clins d'oeil.
Tout ce qu'il voulait dans les faits, c'est un royaume stable où un maximum de personnes l'aiment,
donc il promet d'accommoder tout le monde, ce qui va bien sûr accommoder personne.
Et quand finalement la reine Élisabeth finit par mourir en 1603 et qu'il devient le roi James d'Angleterre,
il veut se retourner sur un dissène et déclarer aux catholiques dans un move particulièrement rat.
Wow, wow, wow, wow, wow, wow, wow!
Je n'ai jamais dit que j'avais l'intention de tolérer le catholicisme.
J'ai simplement décidé de vous donner, comment dire, un break
pour vous remercier de m'avoir accepté comme roi.
Elle m'a l'idée de vouloir faire du gaslight,
mais en quelque sorte, tout ceci est votre faute
et vous êtes complètement sanglés d'avoir pensé le contraire.
Inutile de vous dire que quelqu'un va finir par avoir envie de,
si vous me permettez l'expression,
tuer James.
Vous voyez ce que je veux dire.
C'est effectivement à ce moment précis de l'histoire
qu'entre en scène un ténébreux personnage du nom de...
Non, c'est pas Guy Fawkes.
Vous allez voir, il n'y a pas eu l'importance dans cette histoire-là
que vous pensez qu'il y a eu et c'est très décevant.
Non, le véritable génie diabolique derrière l'histoire de la conspiration des poudres,
c'est un dénommé Robert ou Robin Catesby.
Fait qu'on va juste l'appeler Catesby.
Détail intéressant!
Catesby, c'est ni plus ni moins
que l'ancêtre direct de
Kit Harington, qui est le gars qui joue
John Snow dans Game of Thrones.
Fait que voilà, à partir de maintenant, n'hésitez pas à imaginer
Catesby joué par John Snow.
Catesby, c'est un jeune homme de 32 ans,
super charismatique, un petit peu comme John Snow.
Il a des terres, de l'influence,
il est beau comme un dieu,
en plus d'avoir une réputation d'escrimeur hors pair,
d'homme d'action et une générale vibe de personnage des trois mousquetaires.
Cette fois-ci, tu es cerné, Cageby!
Prépare-toi à croiser le fer, espèce de coquin de gâteau!
Je suis désolé de vous laisser voir, capitaine,
mais voilà un papiste que vous n'aurez pape.
Ha ha! Au garde! Ha ha!
Ho! Ho ho ho ho! Ha ha ha!
Ho! J'en ai riposte, mais ha ha!
Bref, le genre de gars à quitter la pièce en coupant une corde de chandelier suspendue.
Ha ha! Et j'espère que vous vous souviendrez de ce jour
comme la fois où vous avez presque capturé Robert ou Robin Catesby.
Adieu les cats!
Catesby, c'est un fier catholique dans le sens qu'il s'affiche all out en plein jour,
contrairement à ce qu'on appelle les crypto-catholiques,
qui sont des catholiques qui pratiquent en cachette et n'ont une jauge de bitcoin.
Étonnamment, c'est pas quelqu'un qui a eu un grand engouement pour la religion dès son jeune âge.
On dit même qu'il a eu ce qu'on appelle une « wild youth », une jeunesse sauvage,
qui selon moi sonne comme il faisait des shots avant de conduire son cheval sous avec des filles sexy.
C'est tout ça, comme une espèce de Robert Downey Jr. pré-Iron Man 1.
En tout cas, chose certaine, à un moment donné, son père va mourir,
mais au lieu de finir ça
rock'n'roll par une overdose,
il va devenir born-again cat-o-freak.
Allez, venez ici, mes chéris.
Venez profiter de mon petit Robert
ou de mon petit Robin, je ne sais plus.
Sire, votre père est mort.
Quoi? Mais qu'est-ce que...
Poussez-vous de moi, succubes, et rabillez-vous, séants.
Ne savez-vous pas que seul le mariage permet d'ouvrir la porte du fruit et des fondus?
Hors de mon chemin, catin!
Bon, enfin, notre histoire débute officiellement le 20 mai 1604
dans une chambre privée du Dock and Drake Inn
à Londres, ce qui veut dire
l'auberge du canard et du canard mâle.
Un de ces deux canards a une confiance
un peu plus fragile que l'autre et avait manifestement
besoin qu'on parle de son pénis. Qui, dans le cas
des canards, est particulièrement dégueulasse
d'ailleurs, parce qu'il est long, en tire-bouchon,
avec parfois des pics en bonus.
Vive la nature! Bref,
c'est là, à l'abri des regards indiscrets,
que Kate Zibi va rencontrer quatre personnages pour le moins shady
à qui il va déclarer...
Monsieur Shady, si je vous ai réunis ici,
c'est que j'ai bien peur que le petit roi James soit un gros cornet.
Et c'est pourquoi nous allons réinstaurer le catholicisme en Angleterre
en faisant exploser la chambre du Parlement et tout le monde à l'intérieur lors de son ouverture officielle.
Oh dieu!
Incroyable!
Tabernacle! Mais comme le meuble.
Et ils ont raison de réagir comme ça.
Détail dark.
L'affaire c'est que jusqu'ici dans l'histoire, la plupart des tentatives d'assassinat se faisaient pas mal par le biais d'un couteau, de poison ou encore de la balle d'un vieux fusil tout droit sorti de l'époque où ça prenait huit heures à recharger.
Là, ce que propose Katesby, c'est d'utiliser ni plus ni moins que de la poudre à canon, d'une façon complètement inédite et révolutionnaire, dans le sens que personne n'a jamais tenté d'organiser une explosion aussi importante.
Puis quand je dis importante, c'est autant en termes de superficie
que de l'importance des gens qu'elle atomiserait instantanément.
Si le plan de Kate's Bee fonctionne et qu'ils réussissent à faire péter
le Parlement de Jampac le jour de l'ouverture,
ils élimineraient d'un coup le roi, la reine, les petits princes,
la famille royale, les héritiers au trône, la continuité de la dynastie,
tous les lordes, tous les évêques, tous les membres du Parlement,
les juges, les gens d'influence, possiblement un touriste qui s'est perdu en cherchant les toilettes.
Bref, tous les éléments essentiels à l'appareil gouvernemental d'un seul coup dans ce qui
serait devenu un des actes terroristes les plus significatifs au monde qui aurait ni
plus ni moins que changé l'histoire du pays à jamais.
Ouais, parce qu'il faut croire que dans la tête de Catesby, le réflexe de tout le monde
après l'explosion meurtrière, ça va être de switcher automatiquement au catholicisme.
J'imagine que ça faisait du sens.
Donc, ce jour-là, à l'auberge du canard à la masculinité fragile,
se trouvent les cinq conspirateurs originaux de la conspiration des poudres.
Ensemble, ils vont sceller leur pacte ténébreux en se jurant fidélité sur la Bible
et pourquoi pas en célébrant tout ça avec une petite messe privée avec un prêtre catholique
qu'ils ont fait venir pour l'occasion,
un peu comme quand on fait venir un Spider-Man
légèrement bedonnant à l'anniversaire d'un enfant.
Parmi les conspirateurs, on compte évidemment...
Kate Spiegel.
Ha ha! Mademoiselle?
Le cerveau de l'opération.
Tom Winter.
Miam!
Parle plusieurs langues.
Thomas Percy. Vous allez finir votre assiette
Le plus vieux des conspirateurs, mais il fréquente les mêmes
cercles que l'élite, puis il y a des connexions partout
surtout avec le comte de
Northumberland, peu importe ce que ça implique
Jack ou John Wright
Un des plus vieux
amis de Kitsby
Kitsby, ça gaz, espèce de vieux sac à merde
Et finalement, un ultime personnage
encore plus ténébreux,
tapis dans l'ombre de son chapeau
et dont on voit juste ses yeux dans l'obscurité,
un dénommé, bien sûr...
Guido Fox?
Guido? Ah, ouais.
Détail intéressant!
Pour les détectives un peu plus amateurs
parmi nous, c'est bel et bien
Guy Fox, soit dit en passant,
qui à l'époque verrait sous le pseudonyme de Guido
avant que ça devienne un terme péjoratif
pour désigner un Italien qui parle fort
avec une autre colonne épouvantable
et qui veut pas que tu sortes avec sa soeur
parce qu'il a peur que tu traites les femmes
comme le ferait un Guido.
En fait, la raison pour laquelle Guy se fait appeler comme ça,
c'est qu'à ce moment-là, il revient de ce qu'on appelle
les Pays-Bas espagnols,
qui aujourd'hui sont ni les Pays-Bas, ni l'Espagne,
mais plus un genre de Belgique. Weird.
Donc, Guy Fawkes, écoutez,
vous allez être bien déçus de son background, c'est un catholique
du Yorkshire qui va devenir soldat
mercenaire à l'étranger, parce que c'était pas mal
la seule option, à part être un
récusant et devoir cacher des prêtres dans le sous-sol.
Fawkes va donc choisir une vie d'aventure
où il va passer dix ans à acquérir
de l'expérience militaire en territoire espagnol
catholique. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle Tom Winter
va aller le dénicher là-bas,
un petit peu comme au début d'Ocean's Eleven, parce que c'est un
expert en explosifs
qui connaît parfaitement l'usage de la
poudre à canon pour obtenir un effet maximal.
À part ça, on décrit
Fox comme un homme stoïque,
avec peu d'imagination, et son rôle dans la conspiration,
ça va surtout être de gérer les détails techniques,
ce qu'on appelle le « trigger man », l'homme à tout faire,
celui qui doit s'arranger pour que ce qui doit exploser, explose,
mais sinon, on ne sait pas vraiment autre chose de lui,
aucune idée si c'est un gars qui est plus Rainbow Dash
ou Twilight Sparkle en termes de pouliche.
Même l'image moderne qu'on a de Guy Fawkes,
comme un genre de mousquetaire qui
se twiste une longue moustache noire de
Waluigi, nous vient en fait des caricatures
qu'on va faire de lui quand on va vouloir
le représenter comme un méchant
après qu'on l'ait pogné. Parce que oui,
ils vont tellement le pogner!
Mais dans les faits, on sait pas vraiment
de quoi il avait l'air. Donc, si vous le permettez, je vais y aller pour la caricature.
Cette fois-ci, tu es cerné, Guy Fawkes.
Prépare-toi à croiser le fer pour ton outrecuidance, espèce de maroufle.
Désolé, capitaine.
Je n'ai malheureusement pas le temps de m'amuser avec vous ce soir.
Voyez-vous une tâche explosive m'attend.
En voici d'ailleurs un avant-goût.
Adieu!
Tu Dieu, il vient de disparaître dans une explosion de poudre parfaitement calibrée.
En fait, ce qui va surtout jouer dans l'histoire, c'est justement le fait qu'on ne sait pas de quoi il y avait l'air.
Effectivement, Guy Fawkes a cet avantage
que personne à Londres est capable de reconnaître son visage.
Ce qui peut sembler weird dit comme ça,
mais je vous rappelle, on est au 17e siècle.
La population de Londres est de quelques milliers de personnes seulement.
Puis tout le monde se connaît pas mal.
Ça va donc permettre à Guy d'être un homme sans visage
qui peut opérer discrètement et dans l'ombre.
Oui, j'aurais besoin d'énormément de poudre à canon.
Hé, regardez, c'est cet homme que nous ne reconnaissons pas.
Les rouages du plan commencent donc officiellement à spinner.
Plusieurs éléments limite trop beaux pour être vrais,
vont jouer en leur faveur.
Entre autres qu'à cette époque-là,
le quartier de Westminster est un ramassis d'un vieux bâtiment médiévaux pourri
sur les rives de la Tamise.
Et tout est là.
Le palais du roi, le parlement, le trésor royal,
tout est là.
À tout bonnement juste attendre d'exploser
comme des oeufs dans un panier
qui sont tous dans le même et qu'on a mis un pétard dedans.
En tout cas, je l'ai chié en cours de route, celle-là.
Rajoutez à ça que Thomas Percy...
Vous allez finir votre assiette.
Celui qui a des connexions avec le comte de Northumberland,
peu importe ce que ça implique,
vient de poigner le jackpot en se faisant nommer
« Gentleman Pensioner »,
qui est une sorte de garde honoraire cérémonielle du Parlement.
Ce qui est drôlement ironique pour quelqu'un qui va utiliser principalement ce privilège pour le faire exploser.
Ce poste-là lui donne la possibilité de se louer des appartements au cœur même de Westminster,
qui vont devenir le quartier général de Guy Fawkes, à qui vont se rajouter deux autres conspirateurs.
Thomas Bates, le serviteur de Catesby, ainsi que Robert Keyes,
à qui on va donner la job de s'occuper de la maison.
Bref, Guy Fawkes va passer les mois qui vont suivre
à amonceler des quantités non négligeables de poudre à canon
qu'ils achètent un baril par-ci, un baril par-là
et qu'on remonte par bateau jusqu'aux repères.
Détail intéressant!
À l'époque, la poudre à canon est très librement manufacturée
dans le sud-est de l'Angleterre.
Jusqu'à tout récemment, la demande était très très forte
parce qu'on était en guerre contre l'Espagne tout le long
du règne de la reine Élisabeth, mais là,
depuis qu'on est en paix, il y a, comme qui dirait,
un sapré surplus. Et ça va être excessivement
facile pour un ancien militaire comme
Fox d'aller s'en procurer cheap sans
se faire poser de questions directement au
moulin à poudre de Rotterheide.
En fait, il y a manifestement tellement de poudre à canon de spare
que personne au moulin à poudre va trouver ça bizarre
que Guy Fawkes revienne s'en pogner l'équivalent de 36 barils,
soit 10 000 livres de poudre,
l'équivalent de la charge explosive de 250 canons en même temps.
Comme le dirait Sigmund Freud,
c'est bien beau avoir plein de poudre, allez voir sur Wikipédia,
mais faudrait commencer à trouver un moyen
d'amener tout ça au Parlement discrètement
et qui sait peut-être même penser à ce qui va se passer
après que le gouvernement a explosé.
Donc, de retour à l'auberge du canard macho.
OK, les amis, j'ai réfléchi à tout ça
en fumant une clope sur la terrasse
et voici ce que nous allons faire.
Une insurrection
catholique. Dès que
le roi aura explosé, nous allons
créer une cavalerie d'insurrection du
pape qui rassemblera automatiquement
tous les catholiques du pays.
Je n'ai pas encore vérifié avec eux, mais je suis pas mal
certain qu'ils vont tous embarquer avec nous, qui sommes
des individus somme toute marginaux,
même chez les récusants. Ça va être
de la bombe, je suis complètement en confiance de laisser 100% du plan reposer sur cette supposition zéro confirmée.
Donc, juste avant le feu d'artifice, nous allons tous nous déguiser pour simuler une partie de chasse
et attendre l'explosion super loin en campagne.
Dès que la mort du roi James nous sera confirmée,
ce qui devrait se faire instantanément malgré la distance interminable à parcourir à cheval, nous irons retrouver tous les catholiques du pays,
catholiques qui n'ont pas encore accepté de nous suivre mais ça devrait être correct.
Suite à quoi nous chevaucherons jusqu'à la demeure de la princesse Elisabeth, la plus
vieille fille du roi, qui a genre juste 9 ans et qui n'a jamais rencontré aucun d'entre
nous, histoire de la convaincre d'administrer le pays en tant que marionnette
d'une nouvelle Angleterre. 100%
catholique, dirigée dans les coulisses
par des gens qui ont tué son père d'une façon
excessivement sordide. Ça va tenir
la route, vous allez voir.
C'était bel et bien ça le plan de Catesby.
Détail broche à foin.
Donc dans les mois qui vont
suivre, pour réaliser ce plan
de plus en plus en cunité,
ils vont recruter d'autres récusants,
comme par exemple... John Grant, de Northbrook House.
Oui, c'est moi.
Kit Wright.
Yo, bro!
Le frère de Jack ou John Wright.
Hé, hé, Kate Spies, ça gaz, espèce de vieux sac à merde.
Ainsi que Robert Winter.
Hé, hé, hé!
Est-ce que leariat a commencé sans moi?
Le frère de Tom Winter.
Mouah!
Bref, tout baigne.
En fait, c'est même un peu weird à quel point ça va bien.
Parce que là, Thomas Percy... Vous allez finir votre assiette.
Vient tout juste de trouver le moyen de louer un vieux cellier situé directement en dessous de la chambre du Parlement.
Effectivement, il s'agit d'anciennes cuisines qui servent maintenant d'espace de storage.
Et quoi de mieux pour storer de la poudre?
En plus, comme je l'expliquais, Westminster, c'est un ramassis de buildings boboche avec une sécurité minimale,
ce qui va permettre à Guy Fawkes et compagnie d'aller y rouler une à une les 36 barriques de poudre
en se faisant passer pour du monde qui font de l'entretien.
Un genre d'entretien qui se fait avec des barils.
Ah, Westminster! Regardez-moi à quel point tout le monde est occupé.
Le boulanger fait son pain, les ministres gèrent les affaires du peuple,
les serviteurs roulent une à une les barriques d'une substance indéterminée
sous les fondations de l'édifice depuis plusieurs semaines,
en regardant nerveusement de droite à gauche et en répondant aux gardes avec des réponses brèves
en rabaissant le rebord de leur chapeau pour ne pas qu'on les identifie.
Hé, vous avez besoin d'un coup de main, les amis?
Euh, non, non, ça va aller.
Faites attention avec vos torches Ce truc pète à rien
Qu'est-ce que vous avez dit?
J'ai dit qu'à force de manger des brioches
Je pète à rien
Malheureusement pour Guy
Rendu à l'été 1605
La poudre est plus bonne
Et il faut tout recommencer
Ce que Guy Fox et sa bande vont faire
Non sans être un peu à bout
En tout cas les amis C'est beaucoup de barriques de vin Que vous entreposez là Ce que Guy Fawkes et sa bande vont faire, non sans être un peu à bout.
En tout cas, les amis, c'est beaucoup de barriques de vin que vous entreposez là.
Allez-vous avoir besoin d'un coup de main pour boire tout ça?
Et finalement, en octobre 1605, trois semaines avant l'ouverture tardive du Parlement, le 5 novembre,
toute la poudre est empilée dans le cellier.
Guy Fawkes rajoute des fagots de bois de chauffage par-dessus,
pour pas qu'on pense que c'est des barriques de poudre,
mais bien juste un gros tas de bois de chauffage excessivement louche.
Guy s'achète aussi une technologie révolutionnaire pour l'époque,
une montre.
Et patente une mèche qui est censée brûler pendant huit heures,
peu importe comment tu calcules ça avec précision. Voilà, tout est
prêt pour Guy Fawkes. Il reste maintenant
plus qu'à attendre.
Par contre, j'ai ici la tâche
très frustrante de vous annoncer qu'après toutes ces
chances fortuites par-dessus chances fortuites
limite intervention divine, tout commence bien sûr
à mal aller. L'affaire, c'est
qu'entre-temps, K-DiB va manquer de fonds
pour financer l'opération et il va être obligé de recruter
dans le plan un paquet d'individus
de moins en moins fiables, dont un dénommé
Francis Thresham,
le 13e conspirateur.
Effectivement, à première vue, Thresham
peut sembler super utile. Il a accès
à plein d'argent et des chevaux.
Mais quand on va le briefer sur la conspiration
de faire exploser le roi,
il va choisir de répondre...
Mais bien sûr que non! Êtes-vous cave?
Euh... Pour être honnête, je n'avais jusqu'ici pas envisagé la possibilité que quelqu'un ne soit pas down.
Pouvons-nous compter sur vous pour faire comme si de rien n'était?
Je ne crois pas, non.
Et c'est à ce moment précis qu'arrive dans l'équation
la lettre de Montego!
Détail flou!
Effectivement, le 26 octobre,
William Parker, lord of Montego,
nul autre que le beau-frère de Thresham...
Êtes-vous cave?
...va apparemment recevoir une lettre
de la part d'un mystérieux individu qui porte un masque,
qui est peut-être assurément Thresham.
Mount Eagle, c'est ce qu'on appelle un church papist,
c'est-à-dire un catholique opportuniste qui fait semblant d'être un protestant
parce qu'il a décidé de miser sur sa carrière d'envie.
C'est la pire personne à qui dire quoi que ce soit.
Chose certaine, la lettre qu'il reçoit ce soir-là est outrageusement vague
et prévient d'un danger quelconque non déterminé le 5 novembre.
En essayant de lui faire comprendre du mieux possible avec des gros clins d'oeil qui passent super mal sur papier que les catholiques vont administrer ce jour-là un grand coup aux protestants.
Le terme utilisé dans la lettre étant « a great blow », qui est aussi le mot anglais qu'on utilise pour désigner une explosion, mais aussi de la coke et une fellation d'ailleurs.
Dans les faits, Montego comprend pas trop ce qu'il vient de recevoir,
alors il va faire sceller son cheval au beau milieu de la nuit
et se rendre jusqu'au palais de Whitehall pour aller avertir nul autre que
le secrétaire d'État super anticatholique et maître espion du roi,
Lord Robert Cecil.
Oupsie, ça va mal aller.
Détails de plus en plus flous.
L'affaire avec la fameuse lettre de Montego, c'est que toute cette histoire-là est tellement
floue et met en scène des personnages tellement manipulateurs, genre des maîtres espions,
que ça enflamme l'imagination des historiens à savoir ce qui s'est vraiment passé.
Selon la version officielle, Lord Montego aurait débarqué chez Lord Cecil
et lui aurait remis la lettre, ce à quoi le maître espion du roi aurait répondu
« Hmm... Bakudo ».
Et cette réponse ne satisfait personne.
Qu'est-ce qui s'est vraiment passé?
Comme d'habitude, les historiens ne s'entendent pas.
Donc voici les possibilités qu'ils off'est vraiment passé. Mais comme d'habitude, les historiens ne s'entendent pas. Donc voici les possibilités qu'il s'offre à nous.
Tout d'abord, il y a ceux qui disent
que Monty Gould a peut-être jamais reçu la lettre
de la part d'un individu masqué, mais qu'il
aurait plutôt écrit lui-même pour faire
avancer sa carrière en allant tous-tous-les
à Lord Cecil, parce qu'il avait entendu parler
du plan par l'entremise d'un des multiples
paniers percés au sein des conspirateurs.
Peut-être que c'est Threshum
et Monty Gould, des beaux frères, je vous le rappelle,
qui ont pondu la lettre ensemble comme deux
maxi-crossers. Sinon, d'autres
spéculent que Monty Gould était en fait un espion
qui travaillait pour Lord Cecil depuis
le début et qui a juste fait sa job d'espion
en lui amenant la lettre. D'autres
disent que c'est Lord Cecil qui a
écrit la lettre avant de l'envoyer à Monty Gould,
question qui la lui ramène
pour qu'il aille l'air faussement surpris,
alors que ça faisait des mois qu'il surveillait tous les radicaux catholiques avec plein d'espions,
puis il avait juste besoin d'une excuse pour aller prévenir le roi.
Mais d'autres historiens encore plus conspits prétendent que c'est Lord Cecil lui-même
qui a organisé la conspiration des poudres de A à Z
juste pour pouvoir pogner un diabolique complot catholique la main dans le sac de poudre, prouvant
que Dieu est du bord du gouvernement actuel.
Ce serait donc lui qui aurait
loué tous les locaux miraculeux à tout le monde,
lui qui aurait nommé Thomas Percy
« Vous allez finir votre assiette »,
Gentleman Pensioner pour qui se loue un quartier général
catholique à Westminster,
lui qui aurait déplacé l'ouverture
du Parlement au 5 novembre,
et l'attachez bien vos ceintures pour le feu d'artifice final,
parce qu'il y a des rapports comme quoi Thomas Percy, vous allez finir votre assiette,
aurait essayé de choquer la conspiration des poudres tout le mois d'octobre
en tentant d'avertir Lord Cecil à plusieurs reprises.
Ce à quoi on va lui répondre fois après fois que Lord Cecil peut pas
parce qu'il est malade, parce qu'il est à la pêche,
parce qu'il est en train de résoudre un sudoku particulièrement difficile.
Lord Cecil, je suis
désolé de vous apprendre qu'un dénommé
Thomas Percy veut
encore vous parler de quelque chose
qui a l'air de le faire particulièrement
rocher. Non, c'est pas vrai, quelle bande de lourdeaux!
Ce qu'ils ont à faire, c'est d'essayer de faire sauter
le Parlement pour que je punge tout le monde au moment
exact que j'aurais choisi. Est-ce qu'il faut
que j'allume la mèche moi-même? Merde!
Inventer une excuse pour qu'il s'en aille.
Lord Cecil fait dire qu'il a une chiasse explosive.
Vous auriez quand même pu trouver quelque chose de plus raffiné.
Donc, le 1er novembre 1605, soit quatre jours avant l'explosion prévue, Lord Cecil, peu
importe sa véritable implication dans tout ce bordel,
amène finalement la lettre devant le roi en prenant bien soin de jouer au nono pour le faire bien paraître.
« Sire, un individu masqué excessivement louche m'a remis cette lettre bizarre et même si je suis un maître espion super intelligent et calculateur, je ne comprends pas trop.
Peut-être que vous pourriez nous faire bénéficier de votre royal input.
Oui, merci, Cécile.
On dirait bien que je vais encore devoir résoudre ce mystère.
Soyez assurés que les protestants vont subir le 5 novembre prochain un genre de great blow, si vous voyez ce que je veux dire.
Un great blow.
Étrange choix de mot, non?
Ça ne vous fait pas penser à de la coke ou une fellation?
Ou peut-être une explosion, votre majesté.
Mais bien sûr, Cécile.
Une explosion. C'est moi. Mais bien sûr, Cécile, une explosion.
C'est moi qui l'ai dit le premier.
Je suis un génie.
Et c'est donc parti pour la grande enquête de Sherlock James Poirot
d'Angleterre, où Cécile
fait juste lui amener des indices super évidents
au fur et à mesure en faisant
« Oh, je n'aurais jamais pensé à ça! »
La vérité, c'est que
le roi James aime bien en profiter pour jouer aux détectives,
un trait de caractère que Cécile va exploiter pour donner à son souverain le crédit du dénouement de l'histoire,
qui, je vous le rappelle, est probablement une mascarade qui est organisée pour faire bien paraître l'église anglicane.
James va donc ordonner qu'on fouille le parlement.
Ces hommes vont débarquer dans le cellier, ils vont rien apercevoir de particulier,
à part Guy Fawkes qui fume sa pipe
à côté d'une mystérieuse pile de bois
beaucoup trop grosse pour rien.
Ils vont lui dire, c'est beaucoup de bois, non?
Euh, oui.
Ha, ha, ha.
D'ailleurs,
qui êtes-vous?
Euh, je suis
John Johnson.
Ha, ha, ha. Ah, OK. Merci et bonne chance Je suis... John Johnson! Ha! Ha! Ha!
Ah! OK!
Merci et bonne chance avec
tout ce bois, John Johnson!
Je n'y espère.
John Johnson, c'est vraiment le nom
évidemment faux
que Guy Fawkes doit choisir d'assumer.
Là, il va retourner voir le roi.
Sire, nous n'avons malheureusement
rien trouvé, à part
un mystérieux personnage du nom
de John Johnson, qui montait
la garde en tenue de cavalier, comme s'il allait
devoir sacrer le camp vraiment rapidement.
Et ce, à même un genre de
salle située juste sous
le parlement, que nous avons d'ailleurs loué
à un catholique radical.
Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire?
Effectivement,
l'énigme se complexifie.
Écoutez, à ce stade-ci,
je suis tenté d'aller
au Parlement demain comme si de rien
n'était et me croiser les doigts
pour ne pas exploser.
Mais juste une dernière chose.
Qui est donc
ce mystérieux John Johnson?
Euh, bonne question, votre majesté.
Et c'est ainsi que, juste après minuit, le 5 novembre 1605,
les gardes du roi débarquent pour arrêter un mystérieux étranger avec une lanterne, un chapeau et portant des bottes à éperon
comme s'il était prêt à crisser le camp.
Voilà, c'est pile pour ce moment-là qu'on connaît encore Guy Fawkes aujourd'hui.
Un gros méchant dessin animé dans sa cape, découvert de façon super théâtrale,
un peu comme si quelqu'un avait mis tout ça en scène pour la version officielle.
Ben enfin, ne voyez-vous pas que je suis John Johnson, bon sang!
Mais alors, il y a plein de barils de poudre sous la grosse pile de bois mystérieuse!
Là, évidemment, tout l'appareil de sécurité autour du roi James
s'active à vitesse grand V pour Vendetta.
Alors, pendant qu'on envoie Guy Fawkes dans les donjons de la Tour de Londres,
on va aussi se dépêcher d'émettre un mandat d'arrêt visant Thomas Percy,
vous allez finir votre assiette,
qui, évidemment, Louis le Cellier a son propre nom comme un gros jambon.
Mais il va quand même
avoir le temps de s'enfuir à cheval pour
aller rejoindre Kate Bee et le reste de la
bande qui, je vous le rappelle, sont à des kilomètres
en train de se geler le cul à faire semblant d'être à chasse.
Une seconde à l'autre, vous allez voir.
À nous, l'Angleterre.
Et là, quand on veut lui annoncer que finalement tout a chié, que Guy Fawkes s'est fait pogner,
Catesby va prendre la judicieuse mauvaise décision de poursuivre avec le plan comme si de rien n'était.
Alors, ils vont essayer d'aller fomenter une révolte catholique en faisant du porte-à-porte chez toutes les familles de récusants, leur annonçant...
Oui, bonjour, je suis Robert, ou Robin Catesby.
Nous avons peut-être fait exploser le roi d'Angleterre, mais rien n'est moins sûr.
Et nous avons maintenant besoin de vous pour prendre le contrôle du pays.
Êtes-vous malade?
Pendons ce temps à la Tour de Londres.
Le Guy Fawkes, qui clame encore haut et fort qu'il est bel et bien John Johnson,
est en train de croupir dans un donjon plein de pisses soumis à ce qu'on appelle la torture douce.
Détail dark.
C'est-à-dire être menotté à un mur juste assez haut pour avoir les pieds suspendus dans le vide
pendant que ses muscles se déchirent comme dans le pire des accidents de Jim.
Et c'est à ce moment qu'il va se produire quelque chose de complètement inédit dans
l'histoire des attentats sur la personne royale, c'est-à-dire que le roi James va
demander à interroger Guy Fawkes lui-même.
Détail culotté!
Contrairement à ce que James espérait, le Guy Fawkes qu'on va lui amener
est en pleine possession de ses moyens,
super calme et résigné.
Il va même se permettre de faire de l'attitude
au roi d'Angleterre. Quand on va lui demander
pourquoi il a essayé de faire péter le Parlement,
il va répondre...
Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!
Je voulais simplement que le roi
écossais vole jusqu'à
ces montagnes d'Écosse.
Mais enfin, John Johnson, n'avez-vous donc aucun regret face à une telle ignominie?
Seulement d'avoir échoué, votre grâce.
Et là, on sait pas vraiment comment le roi a réagi face à ça.
Mais on a quand même un pas pire indice,
parce qu'il va l'envoyer directement à la chambre des tortures
avec un billet signé de sa main mentionnant au bourreau
« Veuillez, s'il vous plaît, torturer au maximum ».
Détail intéressant.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire,
il n'y a pas tant de torture que ça à la tour de Londres,
parce que les lois anglaises sont surprenamment douces là-dessus.
Selon la loi, on ne peut pas torturer quelqu'un dans le but d'obtenir une confession,
parce que quelqu'un dans l'histoire s'est manifestement enfin rendu compte que c'est garanti tout sauf une véritable confession.
Par contre, Guy Fawkes vient tout juste de tout avouer de la façon la plus ostentatoire imaginable.
Et selon les mêmes lois anglaises, un coupable, on peut torturer sans anestie.
Détail dark.
On va introduire Guy à un dispositif
de torture très en vogue au 17e siècle
que l'on appelle le rack.
Ça consiste à
attacher tes poignets et tes cheveux à deux
billots de bois qu'on va faire tourner avec une manivelle
histoire que les cordes s'enroulent autour
et que toutes les articulations dans ton corps
se déboîtent, causant presque 100 % du temps
des handicaps permanents.
C'est un concept tellement badrippant
que la plupart des prisonniers se mettent à tout déballer
en se faisant expliquer c'est quoi, au juste,
le rack.
Guy Fawkes va donc rapidement avouer à la surprise générale
qu'il n'est pas John Johnson
avant d'éventuellement stouler
tous ses co-conspirateurs,
mais pas avant d'avoir complété un petit trois jours de rack.
Ça, c'est une grosse portion de rack.
La cerise sur le Sunday, c'est qu'en Angleterre,
les prisonniers soumis à la torture doivent signer leurs aveux si possible.
Il y a donne qu'aujourd'hui encore,
les historiens aiment beaucoup ce détail-là, by the way,
on a une copie des deux aveux de Guy Fawkes,
un avant la torture signé Guido Fawkes
et un autre après la torture
signé...
La confession de Fawkes incrimine tout le monde
et on en voit un détachement arrêter les conspirateurs
qui sont alors cachés à la maison de campagne
de Catesby, maintenant résolus
à mourir en combattant comme des martyrs
catholiques.
Malheureusement, il leur reste juste, genre, quelques épées,
une coupe de vieux gonne, un peu de poudre à canon
de la conspiration des poudres, mais ils ont
poigné de la pluie en arrivant au chalet,
alors elle est maintenant trop humide
pour être utilisable.
Détail dark, mais drôle,
mais dark, mais drôle.
Et c'est à ce moment
que quelqu'un va avoir la brillante idée de faire sécher la poudre à canon à côté d'un bon feu de foyer.
Vous voyez, je commence à comprendre pourquoi ils avaient à ce point besoin d'un expert en poudre à canon.
La poudre va donc, de façon excessivement tragicomique, exploser pour la toute première fois dans toute cette histoire.
Une explosion un peu molle de poudre humide, mais quand même assez pour que tout le monde soit légèrement brûlé
et qu'un d'entre eux finisse aveugle.
Et tout ça juste à temps pour le 8 novembre,
date où le shérif de Warwickshire,
ou de Mustachier, ou n'importe quel autre nom de sauce,
encercle la maison avec un petit 200 hommes.
Vous êtes cernés, Catesby!
Et merde!
Pas un chandelier en vue
pour prendre la fuite par le plafond.
Là, il va y avoir une très vieille fusillade
super lente et imprécise
du 17e siècle.
Tom Winter va avoir le bras brisé
par une balle. Les frères Wright
se font gonner et sont mortellement blessés.
Yo, bro!
Hé, Catesby, ça gaz, espèce de sac à main?
Kate B et Percy...
Vous allez finir votre assiette.
... vont organiser une charge à l'épée.
Ils vont bien sûr être déchiquetés sous les balles,
mais Kate B va quand même avoir le temps de finir ça de façon super immo.
Il va ramper jusqu'à une chapelle et mourir en serrant dans sa main
une icône de la Sainte Vierge.
En réalisant trop tard ce qui arrive quand tu mets les choses entre les mains de Dieu.
Là, tout le reste des conspirateurs vont passer
un bien mauvais quart d'heure en tête-à-tête avec
le rack.
John Grant.
Wep, c'est moi.
Tom Winter.
Gnaaah!
Robert Winter.
Hé hé, est-ce que le party a commencé sans moi?
Keys.
Bon sang, prenez-vous un souverain.
Bates.
Monsieur?
Rockwood.
Digby.
Deux autres dont je vous ai zéro parlé parce qu'ils sont aussi importants qu'un troisième cul,
et bien sûr ce pauvre Thresham, êtes-vous cave, qui a jamais voulu faire partie de cette affaire-là et qui va mourir dans sa cellule d'une infection de l'urètre.
Quelle mauvaise journée.
Pendant ce temps, dans les rues de Londres, il se passe pas mal le contraire de ce que le plan prévoyait. Les gens allument des feux de joie dans la rue pour célébrer le fait que le roi est saint et sauf
et qu'en seulement deux ans de règne, il a réussi à mettre un terme à une des plus grandes menaces catholiques que le pays ait jamais connue.
La nouvelle de la victoire protestante et de l'intervention divine dans toute cette affaire emballe tout le royaume.
Le protestantisme est plus populaire que jamais.
Tout le monde se méfie encore plus des catholiques et les voit maintenant comme des agents de l'antéchrist
et du diable. Le roi James
va faire un speech d'enfer
qui convainc tout le monde qu'ils ont le meilleur
gouvernement. Et à partir
d'ici, James d'Angleterre va jouir
d'une faveur populaire inébranlable, et ce
jusqu'à la fin de son règne. Dire que le
plan de Catesby n'a pas fonctionné comme prévu
serait un euphémisme particulièrement épicé.
Et pour Guy Fawkes et nos amis de
la conspiration des poudres, il ne reste plus qu'à leur
donner la mort habituellement
réservée aux traîtres.
Un dernier petit détail dark
pour la route.
C'est-à-dire être pendu par le cou
jusqu'à ce que tu ne sois pas tout à fait mort,
suite à quoi on te détache pour te
castrer et te vider de tes organes vitaux
avant d'être scié en quatre morceaux qu'on va expédier d'un bout à l'autre du pays
pour que les gens fassent « hum ».
Bien sûr, étant donné qu'à l'époque, les exécutions font office à la fois de leçons et de divertissement,
tout ça va avoir lieu sur la place publique devant des enfants qui font « ouuuh ».
Le fin bout de l'histoire avec un grand H.
Écoutez, je sais pas vraiment ce qu'on peut tirer de toutes ces affaires-là.
Peut-être que c'est pas si simple que ça de travailler en équipe.
En gros, la conspiration des poudres, c'est soit un attentat tellement abominable
que le fait qu'on l'ait déjoué de justesse a marqué l'imaginaire collectif,
soit un attentat de plouc qui se sont fait manipuler depuis le début
par un maître espion qui a merveilleusement su en tirer avantage pour influencer l'imaginaire collectif, soit un attentat de ploucs qui se sont fait manipuler depuis le début par un maître espion qui a merveilleusement su en tirer avantage pour influencer l'imaginaire collectif.
Ou peut-être même un mélange des deux, qui sait?
Chose certaine, la conspiration des poudres a eu au minimum un impact sur la culture populaire.
Aujourd'hui encore, à tous les 5 novembre en Angleterre, on célèbre Guy Fawkes Night,
une espèce d'Halloween weird où les enfants demandent de l'argent au monde dans la rue
pour avoir de quoi se payer un mannequin de Guy Fawkes auquel ils vont mettre le feu dans leurs cours.
Festif!
Sinon, même si tout ce cafouillage était l'idée de Catesby à la base,
c'est l'image de Guy Fawkes qui va traverser les siècles, essentiellement parce que c'est lui qui s'est fait pogner.
Et si c'est cette version caricaturale qui va prévaloir pendant les siècles qui suivent,
on voit apparaître, à la fin du 20e siècle, un nouveau Guy Fawkes.
Cette fois-ci, davantage associé à un combattant de la liberté qu'à un terroriste.
Même si les deux sont pas mal interchangeables, vous allez me dire.
Effectivement, le roman graphique V for Vendetta de l'auteur Alan Moore va contribuer à cimenter l'image symbolique de Guy Fawkes
dans un rôle plus modérément ambigu, disons.
Comme quoi, si Guy Fawkes avait existé aujourd'hui, il se serait opposé au fascisme,
il aurait été un anti-héros super cool qui pitche des couteaux.
Et je crois que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le masque de Guy Fawkes
en est un qu'on retrouve souvent pendant les manifestations.
Ou encore quand le groupe cyberterroriste
Anonymous décide de hacker Donald Trump
en changeant ses mots de passe.
J'imagine que les amis, je suis officiellement
trop techno-nul pour savoir
ce que ça fait vraiment un hacker.
Je m'appelle Charles Beauchesne
et le cauchemar se poursuit dans un
prochain épisode.
Les pires moments de l'histoire
avec Charles Beauchesne est une idée
originale de Charles Beauchesne.
Au texte et à la recherche,
Charles Beauchesne, Audrey Rousseau
et François de Grandpré.
À la réalisation,
Alexandre Gauthier.
Au montage, Lucie Fournaison.
À la prise de son,
Vincent Cardinal. Consultante, Barbara-Judith Caron. Sous-titrage Société Radio-Canada Vous venez d'écouter un podcast Urbania.