Les Pires Moments de l'Histoire - Jeanne d'Arc
Episode Date: December 21, 2023Charles raconte le récit époustouflant de cette jeune femme en armure qui, épée à la main, changea à jamais le destin du royaume de France. Une femme courageuse, intelligente, audacieuse, insole...nte, avant-gardiste, et un symbole immortel. Mais ne vous attachez pas trop, vous pourriez être déçu. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Hugo, le texte.
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Bon matin tout le monde.
Soyez les bienvenus dans cette habile mise en scène de début d'épisode.
Où apparemment je me réveille et vous êtes dans ma chambre.
Depuis combien de temps vous êtes là?
Foutez le con d'ici, bande de petits pervers!
C'est donc reparti pour un autre épisode des pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne.
Le podcast où je me lève de bonne heure.
Ah, c'était ça le lien? Eh bien, pour vous raconter
certains des pans les plus horribles du passé,
même si dans les faits, je me lève rarement tôt
pour vous préparer tout ça.
Je suis plus le genre de personne à se partir un film
à minuit les soirs de semaine,
mettre quand même mon réveil à 7h, m'endormir
en buvant un café dans mon lit, puis me réveiller
à 11h45 en faisant « Eh bien, pour la cinquième
fois cette semaine, ça n'a pas fonctionné. »
Et maintenant, écrire du divertissement que les gens
écoutent aux toilettes.
Bref, Jeanne d'Arc.
Ah ça, les amis, ça faisait
longtemps que je voulais vous la raconter, celle-là,
parce que c'est une de mes histoires
préférées. Les aventures d'une jeune
femme guerrière qui va revêtir
l'armure et brandir l'épée pour
guerroyer dans les ténèbres du Moyen-Âge.
Éternelle Jeanne d'Arc.
Par contre, comme vous le savez,
autant j'aime le Moyen-Âge, autant
c'est une époque qui, pour la recherche,
est généralement un esti de fouillis méthodologiques
plein de rumeurs, de légendes
et d'histoires abracadabrantes
face à tout ce qui sort un temps soit peu de l'ordinaire,
genre une femme guerrière.
C'est fou, on dirait qu'au Moyen Âge,
personne ne comprend jamais vraiment la bonne affaire.
Donc, je vous inviterais maintenant
à vous référer à la page 394 de vos manuels
où on examine des vérités absolues du Moyen Âge,
comme le fait que les salamandres sont à l'épreuve du feu,
se laver trop souvent rend susceptible aux maladies,
les légumes sont toxiques si mangés crus,
les bébés sont en fait des adultes miniatures,
l'utérus d'une femme se déplace dans son corps,
ce qui explique les sautes d'humeur,
attacher le cul d'une poule à une plaie prévient les infections,
et bien sûr que le coton est une plante
sur laquelle pousse une toute petite brebis.
Maître, est-ce que ce sera à l'examen?
Je vous l'ai déjà dit, assumez que tout sera à l'examen!
Bref, heureusement, cette fois-ci, je m'évite un proverbial wiki mal de tête, parce qu'on
a quand même accès à beaucoup d'informations sur Jeanne d'Arc.
Entre autres à cause de son procès, parce que je vous rappelle qu'on va la brûler
au bûcher.
Procès où bien sûr seront
relatés tous les épisodes les plus extravagants
de sa vie extraordinaire de madame sur son
destrier en armure non genrée
sur laquelle il n'y avait assurément pas
deux boobs en métal. En plus,
il y aura un second procès portant sur le premier
procès qui viendra ajouter de l'information
à tout ça et un brin de nuance
au propos des accusateurs initiaux qui
de toute façon la détestaient,
parce qu'essentiellement, elle chatait avec Dieu, alors qu'eux ne pouvaient qu'essayer de slider dans ses DM.
Me trouvez-vous cool, les jeunes?
Alors ne perdons pas une seconde et pars-moi...
Finalement, on aurait quand même pu perdre une seconde puis me laisser finir ma phrase, mais c'est correct.
Félicitations pour votre compréhension du deuxième degré à la régie.
Bref, c'est parti. Je me suis pas
tapé tous ces films sur Jeanne d'Arc pour
rien. En tout cas, certainement pas pour
admirer des coupes de cheveux, parce que je sais pas
ce qui se passe avec les coupes de cheveux dans les films
de Moyen-Âge, mais on dirait que c'est jamais
la partie que tu penses qui va être rasée
qui est rasée. Ah oui? Une calvitie
champignon localisée principalement
sur le derrière de la tête.
Quelqu'un voulait ça?
Contexte historique.
Tout commence donc pendant la guerre de Cent Ans, qui, dans les faits, va surtout durer 115 ans.
De 1338 à 1453, et qui oppose une fois de plus dans l'histoire la France et l'Angleterre.
Mon dessin animé préféré.
La partie qui nous intéresse de la guerre de Cent Ans
se passe au tournant du 15e siècle,
le dernier siècle du Moyen Âge d'ailleurs,
pour ceux qui auraient une âme de poète,
alors que le roi de France Charles VI
commence à perdre la boule et faire des affaires
de plus en plus wac qui vont lui valoir le surnom
de Charles le Foll.
Showtime!
Détail dark.
Plusieurs experts spéculent aujourd'hui sur les troubles de santé mentale qui auraient accablé Charles VI. La première crise aurait eu lieu lors d'une partie de chasse où le roi se serait mis à capoter
et aurait réussi à tuer quatre de ses propres hommes
avant qu'on puisse le maîtriser.
Sire, regardez, le cerf, là-bas.
Oui, je le vois.
Maintenant, il suffit d'y aller très, très doucement.
Arrivez!
Majesté, je vous en prie,
peu importe ce que vous vivez,
essayez de le canaliser vers le cerf!
Suite à quoi le roi va continuer à perdre peu à peu sa lucidité de façon intermittente,
alors qu'on raconte que ses servants devaient parfois se déguiser pour l'approcher et lui faire prendre son bain.
Et je suis pas sûr de comprendre comment ça fonctionne au juste.
Sire, regardez, nous sommes un canard, un chat et un lapin. Il est temps de se laver
maintenant. »
« Morbleux, les déguisements n'ont fait
que les faroucher davantage. Cyr,
peu importe que vous vivez, essayez de le faire
dans le bain. » Toujours est-il
qu'à la fin de sa vie, Charles VI ne
reconnaissait plus personne. Peut-être dû
à tous ses déguisements, qui sait?
Bref, on finit par opter pour l'option
de le garder enfermé dans un château
avec des barreaux aux fenêtres où tout le monde mène
des vies imprévisibles et stressantes.
Inévitablement, on commence à
le juger inapte
et à se partager son pouvoir pendant qu'il mange
des pâtes de chaise.
Moi, Philippe Hardy,
oncle du roi et duc
de Bourgogne,
je déclare que c'est moi et mes bourguignons qui allons prendre les décisions à partir de maintenant.
Je ne crois pas, non, dis-je.
Moi, le duc Louis d'Orléans, frère du roi et chef de ceux qu'on appelle les Armagnacs,
avant que ça devienne un genre de liqueur pas buvable
qu'on utilise surtout en cuisine pour faire des flambées.
Bourguignon!
Armagnac!
Bourguignon!
Armagnac!
Morceau de viande dans un bouillon rouge!
Flambées et sauce!
Et à partir d'ici, les choses vont devenir médiévalement millimélons.
Ah, moi, le duc de Bourgogne, ce que je peux détester, les armagnacs,
où j'ai presque envie d'allier les bourguignons aux anglais, tiens!
Au moins, eux, ils savent apprécier leur viande braisée comme il se doit.
Je n'ai pas pu m'empêcher de vous entendre.
C'est moi, Henri V, roi d'Angleterre, et j'ai bien envie de m'allier à vous,
mais je ne peux pas vous promettre que ce n'est pas pour profiter de ce conflit fratricide
afin de m'emparer de larges ponts du territoire français.
Acceptez cette réalité, vous ne me changerez pas.
Bonjour tout le monde, je suis la reine de France, Isabeau de Bavière.
Nous sommes maintenant en 1420 et je suis officiellement fatigué de toutes ces conneries.
C'est moi qui agis à titre de régente du trône de France pendant que mon mari mange du mobilier.
Donc dans une ultime tentative de calmer le chaos ambiant,
je signe maintenant le traité de Troyes qui promet ma fille Catherine de Valois au roi d'Angleterre
et assure la couronne
du royaume de France à whatever c'est quoi le bébé qui va naître de cette union-là.
Et ça, malgré que cette couronne revient déjà à mon fils Charles VII, le dauphin
de France.
Je n'en ai plus rien à foutre.
Madame, madame, nous sommes deux ans plus tard et le roi d'Angleterre vient de mourir
laissant la couronne à un bébé de neuf mois.
Oh la boulette.
Donc en 1422, humilié, le dauphin Charles VII fuit Paris sans couronne, sans armée ni moyens.
Question d'aller se tourner les pouces en attendant l'arrivée d'un personnage historique important que personne n'aurait pu prévoir.
Et les choses sont effectivement très dadons
parce que c'est pile à ce moment qu'entre en scène...
Jeanne.
Jeanne.
Il est temps d'aller accomplir ta destinée, Jeanne.
Êtes-vous la voix du Dieu?
Euh, en fait, je suis Charles Beauchesne,
le narrateur du podcast,
donc dans ce contexte excessivement précis...
Oui. Oui. Auchin, le narrateur du podcast. Donc, dans ce contexte excessivement précis, oui.
Alors, Jeanne serait née dans le village de Don Rémy,
possiblement situé à côté de celui de Fasolacido.
Faites-vous pas chier, vous auriez été fâchés
que je ne la fasse pas, celle-là.
Bref, elle serait née autour de l'année 1912, peut-être.
Détail intéressant.
On ne connaît pas précisément
la date de naissance de Jeanne d'Arc.
Surprenamment, les mœurs chrétiennes médiévales
n'étaient pas excessivement tight
pour prendre en note les naissances et les baptêmes
à ce moment-là. Même Jeanne ne savait pas trop son âge.
Lors de son procès, quand on va lui demander,
elle va répondre...
Il me semble avoir autour de 19 ans.
J'ai comme un feeling qu'on accepterait
de me servir une boisson alcoolisée dans la plupart des pays. Autre détail intéressant.
Personne ne l'aurait vraiment appelée Jeanne d'Arc de son vivant.
Elles n'ont plus, d'ailleurs.
À son procès, elle va dire qu'en son pays, on la surnomme plutôt Jeannette,
ce qui est adorable.
Maintenant, je l'imagine avec des tresses et des petites chaussures en bois de landaise zéro pratique.
Le nom d'Arc va commencer à être utilisé plusieurs
années après sa mort, après qu'on ait
rétabli sa réputation et que
sa famille ait commencé à recevoir des lettres de
noblesse pour compenser le fait qu'on
l'avait, vous savez,
tué. Mais nous y reviendrons.
L'autre nom qu'on va utiliser pour désigner
Jeanne, c'est la pucelle,
pour signifier qu'elle était vierge à une époque où
c'était bien vu et qu'on se mettait aucune pression sociale avec ça via des scénarios de type American Pie,
où les gens vont à l'hôpital parce qu'ils ont essayé de se mettre le pénis dans une tarte brûlante,
et tout ça pour imiter Jason Biggs, la personne la moins cool que j'ai vue à l'écran de toute ma vie.
Prenez votre temps, les jeunes.
Par contre, il semblerait qu'en ces temps reculés, le mot pucelle pouvait aussi avoir une signification plus vaste
pour parler des jeunes filles en général ou des adolescentes.
En gros, pucelle peut référer carrément à une jeune femme avant d'être mariée
parce qu'on assumait qu'avant le mariage,
les adolescentes n'avaient juste pas de relation sexuelle.
Disons simplement que le Moyen Âge n'était pas prêt pour l'émission Euphoria.
En fait, moi non plus, j'écoute ça en regardant à travers mes doigts comme si c'était un film d'horreur.
Mon Dieu qu'il y a des ados tout nus là-dedans!
À ce moment-ci de l'histoire, ce qui est important de savoir,
c'est que Jeanne n'est qu'une humble petite paysanne qui s'occupe parfois des moutons de son père.
Elle ne sait pas lire ni écrire,
mais elle a déjà cette caractéristique d'être over-mégopieuse, même en standard de Moyen-Âge.
Elle connaît effectivement par cœur le Ave Maria, le Pater Noster et le Credo,
ce qui est impressionnant, j'imagine.
Pour être honnête, je ne sais pas c'est quoi le Credo ni le Pater Noster,
puis Ave Maria, je connais pas mal juste le refrain,
parce que c'est ça qu'on fait jouer dans les films quand genre un gâteau tombe au ralenti.
Cette piété va s'intensifier vers ses 13 ans,
lorsque pour la première fois, dans le jardin
de son père, elle va entendre
la voix d'un ange. Mais ça, c'est elle
qui le dit, je vous le rappelle. Cette voix,
qu'elle qualifiera de « belle et douce »,
va d'abord lui dire des affaires génériques
de voix divine du genre « comporte-toi
bien » et « va à l'église »,
ce qui, dans les faits, aurait juste
pu être un parent un peu roublard caché dans un buisson.
« Sois
gentille. Écoute
ton père.
N'oublie pas de ramasser ton
linge sale qui traîne par terre
ou au minimum le mettre dans le panier.
Et si tu es
menstrué,
je crois que c'est le moment où ta mère
va venir prendre le relais
de moi.
Dieu!
Mais la voix va continuer de s'adresser à la jeune Jeanne
jusqu'à deux à trois fois par semaine
pour lui donner le topo d'une éventuelle mission divine.
Jeanne.
Jeanne.
Dieu!
Non, c'est...
Malheureusement, encore moi, Charles Beauchesne, le narrateur du podcast.
Jeanne, il est maintenant temps pour toi d'aller, et je cite,
relever le royaume de France dont Dieu a grand pitié, dis-je,
mais c'est surtout toi plus tard qui vas dire que j'ai dit ça.
En tout cas, il faut avancer ça, cette histoire-là.
On essaie de se limiter à des épisodes d'environ 35 minutes cette saison.
Ma mission est claire.
épisodes d'environ 35 minutes cette saison.
Ma mission est claire.
N'oublie pas, Jeanne,
environ 35 minutes, 45
gros
max.
Détail,
coucou. Au fil des siècles,
de nombreux experts vont élaborer une
interminable liste de diagnostics pour
expliquer ces fameuses voix que semblait
entendre Jeanne. Des hypothèses allant
de la schizophrénie à la bipolarité
en passant par une rare forme de
tuberculose bovine, ce qui a
effectivement l'air d'une variété de tuberculose
d'humains bosante.
Mais bon, aujourd'hui, n'importe qui peut dire n'importe quoi
en cherchant les symptômes de Jeanne d'Arc en ligne.
Et voilà.
Hallucinations visuelles et auditives...
Hmm...
Ça dit soit de l'épilepsie, des
migraines, et pour la première fois de ma vie,
Doctissimo est pas en train de me faire paranoïer en me laissant
croire que j'ai le cancer. Génial, je vais
le prendre. De son côté, Jeanne va
plutôt attribuer ses voix à l'archange
Saint-Michel, ainsi qu'à Sainte-Marguerite
et Sainte-Catherine d'Alexandrie,
une sainte populaire de l'époque
qui manifestement a eu son 15 minutes de gloire parce que c'est qui ça tabarnak.
Peu importe pourquoi elle entendait des voix ou encore les voix de qui,
Jeanne va les croire et accepter cette mission de sauver le royaume de France.
Donc en 1429, elle va quitter Don Rémy et sa famille,
de même en se levant un matin et en marchant tout droit dans les broussailles.
Question de se rendre à la forteresse voisine pour s'adresser à Robert de Baudricourt,
le capitaine des Vaux-Couleurs,
ce que j'assume est le nom d'une gang de doudes.
Je dois aller jusqu'à Chinon,
où se trouve désormais Charles VII, le dauphin,
afin de lui venir en aide.
Je suis prête à m'y rendre en musant les pieds jusqu'aux genoux
si c'est ce genre de truc au verre de top qu'il faut que je passe.
Oh, écoutez, je viens de manger.
Nul besoin d'être aussi graphique.
On va vous y amener.
Ce qui va finalement convaincre Baudricourt,
c'est une ancienne légende.
En effet, il semblerait qu'un récit populaire
circulait dans la région qu'on attribuait même
aux prophéties de Merlin l'Enchanteur.
Oui, oui, le magicien barbu en jaquette bleue
duquel on garde un excellent souvenir
même si c'est facilement dans le top 3 des films
de Disney les plus doles.
Bref, légende qui racontait que le royaume
de France serait perdu par une
femme et sauvé par une pucelle.
Effectivement, depuis l'histoire de la signature
du traité de Troyes par la reine
Isabeau, on se disait que c'était elle
la femme qui avait perdu le royaume,
ce qui dès lors rendait les gens de l'époque pas mal plus
susceptibles de juste go with the flow
avec les demandes de n'importe quelle adolescente
investie d'une mission divine qui avait l'air de savoir
ce qu'elle faisait. Baudricourt va donc appuyer
Jeanne dans sa quête. Il lui offre
un cheval ainsi qu'une garde de six hommes
armés, dont deux écuyer,
Poulangy
et Novellonpont,
qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son parcours
et ce malgré le fait de sonner comme deux crétins médiévaux
qui se fouillent dans l'oreille.
C'est d'ailleurs aussi à ce moment-là
qu'elle se serait fait couper les cheveux
et aurait revêtu des habits d'homme.
Statement certes en avance sur son temps
en ce qui a trait à la construction sociale des stéréotypes de genre
mais surtout la façon la plus sécuritaire pour une femme à l'époque
de sillonner les routes de France à cheval
sans être importunée par toutes sortes de gros vicieux du Moyen-Âge.
Son escorte emprunte donc le chemin vers Chinon
où il retrouve le 4 mars 1429 le dauphin Charles VII.
Détail intéressant!
Parlant de Charles VII, on le décrit à l'époque
comme un homme craintif, solitaire, de petite stature,
avec des genoux cagneux,
un adjectif qu'on utilise rarement pour autre chose que des genoux.
C'est le onzième de douze enfants, donc en standard aujourd'hui statistiquement celui qu'on a le plus de chances d'oublier au centre commercial.
Et effectivement, ce n'était pas lui qu'on considérait comme le plus susceptible de devenir roi de la portée.
On dit d'ailleurs qu'il est tellement poche socialement que s'il voyait un visage qu'il connaissait pas lors de son repas,
il en oubliait de manger la bouche ouverte avec une cuillère de soupe qui tombe goutte à goutte sur la table.
Par ailleurs, au château, la rumeur commence à se passer sur la venue imminente de Jeanne, la potentielle pucelle magique,
et on va élaborer un genre de test pour s'assurer que la pucelle est bel et bien la messagère de Dieu.
Mais quel genre de test peut-on bien faire passer à Dieu?
Guérir un aveugle?
Changer le pain en vin, ce qui n'est pas l'affaire originale,
mais qui est une twist intéressante?
Malheureusement, non.
En fait, le test, ça va être que Charles VII va se déguiser
en gars normal caché parmi les courtisans,
avec en plus un plouc aléatoire déguisé en Charles VII
comme dans un banal deux pages de Où est Charlie?
Bref, à son arrivée, on raconte que Jeanne aurait identifié automatiquement le monarque parmi la foule.
Bonjour Jeanne, je suis Charles VII, le dauphin.
Je regrette, mais vous n'êtes pas le dauphin.
Le dauphin, c'est lui, celui avec les genoux de merde.
Vous avez raison, c'est effectivement moi, Charles VII!
Je vais avoir besoin d'aide!
Bon, c'est peut-être ça qui s'est passé,
mais ça se peut aussi que ça faisait genre trois jours
que Jeanne attendait son audience à Chinon
puis qu'on ait eu le temps de la briefer sur ce dont avait l'air Charles VII.
Je vous avertis, il se peut que vous soyez déçus
en voyant le dauphin pour la première fois.
J'ai le malheur de vous annoncer que c'est un nerd.
C'est peut-être mieux comme ça, je ne sais pas pourquoi,
mais je m'attendais à un genre de John Malkovich.
Ah oui, oui, oui, comme dans le film
où vous êtes joué par Mila Jovovich.
Ouais, non.
Peu importe comment la rencontre eut lieu,
on sait que Jeanne a réussi à s'entretenir avec le dauphin.
Pour lui parler de la mission divine qu'elle a reçue de Dieu,
amener Charles à Reims,
la ville qui se prononce crissement pas comme ça s'écrit,
pour qu'il soit sacré roi.
Même si Charles VII est ravi de ses prémonitions,
il reste néanmoins quelques vérifications d'usage à faire
avant d'embarquer dans le plan d'une ado un peu space
qui parle aux anges.
On commence par vérifier si elle est véritablement
pucelle, et ce en mandatant
des femmes de la cour qui n'ont jamais
reçu une leçon d'anatomie ou d'éducation sexuelle
de leur vie, afin de vérifier
sous les habits d'hommes de Jeanne que celle-ci
est bel et bien vierge.
Selon toute vraisemblance, l'hymen
de cette jeune femme est intact.
Donc elle n'a jamais eu de relation
sexuelle.
Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit.
Vous savez que les caresses et les préliminaires...
Au silence, espèce de vieille sorcière!
Quel genre d'autre rapport sexuel pourrait-il y avoir outre la pénétration?
Ouf, eh bien, vous me rassurez.
Dans ce cas-là, je vais continuer à ne pas avoir du sexe avec ma bonne chum Frédégonde.
On va aussi vérifier l'aspect religieux du message de Jeanne
en lui faisant passer un examen
avec des théologiens de Poitiers.
Puis honnêtement, entre le papeteste médiéval
puis l'épreuve finale de théologie,
c'est déjà une grosse semaine d'examen.
En effet, pour s'assurer que Jeanne entend
entre guillemets bel et bien des voix d'anges
et non par exemple d'un genre de démon
ou pire encore un jingle de
Honda de Blainville, Honda de Lille-Perrault qu'elle aurait de poignée dans la tête, les théologiens vont passer
un certain temps à l'interroger. C'est-à-dire qu'on va lui poser des questions niaiseuses
et mal formulées du genre « Quel langage parlait la voix? » Ce à quoi Jeanne va
répondre d'une manière à rappeler à tout le monde qu'ils ont bel et bien affaire à
une adolescente un peu sassy.
Les voix parlaient certes un meilleur langage que le vôtre. » « Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha couronnée à Reims. Ça serait cave de dire non à ce stade-ci, sauf qu'entre Chinon et Reims,
il y a pas mal de chemin à faire.
400 km selon Google Maps,
et cet itinéraire comprend des péages.
Mais surtout, sur la route du Sacre avant d'arriver à Reims,
il y a la ville d'Orléans.
Vous vous rappelez du duc d'Orléans et des Armagnacs au début?
Cette Orléans-là, l'ancienne,
pas la nouvelle, on peut voir des titres
contre des colliers.
Disons que les Anglais avaient fini par comprendre
son importance stratégique
et, comme qui dirait, assiégé la ville depuis 1428.
Jeanne va donc faire envoyer un message aux troupes anglaises.
Allez-vous-en de par Dieu en votre pays,
et si ainsi ne faites, attendez des nouvelles de la pucelle
qui vous ira voir brièvement à vos bien grands dommages.
Roi d'Angleterre, si ainsi vous...
Si vous êtes satisfait de votre message,
appuyez sur le 1.
Sinon, appuyez sur le 2 pour recommencer.
J'en étais où, moi?
C'est-tu trop intense de dire
je les ferai tous oxyre?
Pour écouter le message, faites le 3.
Ah, Colin!
Bon, écoutez, je suis envoyé ici de par Dieu,
roi du ciel,
corps pour corps pour vous bouter hors de toute France.
La boîte vocale de l'usager que vous essayez de contacter est pleine.
Et ce sera effectivement la considération qu'on va accorder au message.
Jeanne part donc en direction d'Orléans,
accompagnant une mission de ravitaillement pour les troupes
qui attaquent les Anglais, qui attaquent la ville,
dans une sorte de moyenâgeux human centipede.
C'était n'importe quoi ce film-là, fallait vraiment avoir envie de regarder
quelque chose.
Détail légendaire.
On offre donc officiellement
à Jeanne son épée et son armure,
mais aussi un étendard
sur lequel figurent des fleurs de lys,
des anges et la figure héraldique de
Dieu. L'objectif étant ici,
moins d'envoyer Jeanne comme une arme secrète
autant que, littéralement,
à titre de mascotte.
Mais en même temps, qu'est-ce qu'une mascotte si ce n'est
qu'un symbole? Et ne
sous-estimez jamais le pouvoir
d'un symbole. En tout cas, vous m'excuserez
pour la poésie, mais ça va être intéressant plus tard.
Chose certaine, ça fonctionne.
La population est effectivement très
excitée de voir la pucelle
dont tout le monde parle se pointer
avec qui plus est de précieuses
vivres pour l'armée et la ville assiégée.
En fait, les seuls à pas nécessairement triper,
c'est bien sûr...
Les hommes!
Surtout les capitaines des troupes
pleines de vieux sexisme du Moyen-Âge
qui trouvent que la pucelle, ça a pas rapport.
Le genre de personne qui aujourd'hui se plaigne qu'il n'y a pas de parade
des hétérosexuels. Le gars en charge
est un certain Jean de Dunois,
surnommé
le bâtard d'Orléans.
Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!
Bref, il interdit formellement
toute action militaire quand il n'est pas là.
Et c'est pile le moment où Jeanne est en train
de perdre sa légendaire patience
d'adolescente.
Parce que c'est bien beau le PR de tenir une bannière puis de faire des câlins aux enfants,
mais Dieu a manifestement des deadlines.
Jean de Dunois, mais enfin, qu'est-ce que vous attendez pour bouter les Anglais d'Orléans?
Dieu est avec nous et nous protège de sa lumière aveuglante.
Attention avec ça. Écoute, Jeanne, moi, Jean de Dunois, est soumis à beaucoup de stress en ce moment.
C'est tout simplement pas à quel point je devrais écouter
une adolescente. Vous dites beaucoup
de choses, les ados. Promis,
ce n'est pas du sexisme de ma part.
Je vais t'avertir quand nous allons
décider d'attaquer.
Le lendemain, très tôt...
Venez, tout le monde. Nous allons effectuer
une attaque sur un bastion isolé
à l'est de la ville et il ne faut surtout
pas réveiller Jeanne.
J'ai menti, je déteste les femmes.
Tch!
Donc Jeanne va éventuellement se réveiller.
Jeanne,
réveille-toi, Jeanne.
Ah, Dieu!
Non!
Toujours ce bon vieux Charles Beauchesne,
le narrateur du podcast
Là, du noix est parti attaquer les anglais sans toi
Comme quand les boomers font l'affaire de pas dire à la fille du bureau
C'est à quelle heure le départ du golf pour s'assurer qu'elle sera pas là
Je ne comprends pas
C'est surtout juste triste
L'important c'est
Réveille-toi Jeanne
Mais quelle heure est-il?
Oh merde!
Là Jeanne doit donc se réveiller en trombe, s'habiller et s'équiper de son armure en vitesse
sans pouvoir le faire par magie comme dans Sailor Moon.
Combattre les Anglais du jour et mes dieux à la lueur de la lune.
Néanmoins, ça se finit pas trop mal.
Les troupes sont effectivement galvanisées par l'arrivée Fashionably Late de Jeanne
et il y aura surtout des pertes du côté des Anglais.
Suite à cet escarmouche, on décide d'organiser
un grand conseil de guerre pour se faire
un plan d'attaque et synchroniser
ses réveils matins. Par ailleurs,
le bâtard d'Orléans
se dit qu'aussi bien donner une chance à la mascotte
pis au pire, si elle se plante, ça lui donnera
une raison de plus jamais y faire confiance
avec un projet. Ouais, désolé pour toutes les femmes
à l'écoute qui vivent exactement ça dans leur milieu de travail
et qui trouvent ça un petit peu trop dans leur face pendant un podcast censé les faire décompresser,
mais vous serez heureuses d'apprendre que rien n'a changé depuis le Moyen-Âge.
On lance donc une nouvelle attaque quelques jours plus tard, le 6 mai 1429,
et cette fois, Jeanne est de la partie.
Au début, les choses vont rondement, mais soudainement, ça se complique et...
Jean de Dunois, qu'est-ce que vous faites? Les choses allaient pourtant rondement.
Ouais, mais ça se complique, fait que finalement, fuck off, je vais replier mes troupes et ne vous avisez pas de questionner les motifs d'un homme.
Y'en a de devoir commencer de plus en plus à gérer ça, tiens.
Tant pis pour vous, Jean de Dunois. Mes compagnons et moi, nous allons redoubler d'ardeur et lancer une attaque pendant votre repli.
C'est une idée juste assez folle pour fonctionner. Que ceux qui m'aiment me suivent. Taïo!
Nous sommes des Andrés! Cette manœuvre est juste assez folle pour fonctionner et nous faire perdre instantanément notre momentum!
Hé, tout le monde! Finalement, j'ai une idée qui est juste assez folle pour fonctionner.
Et si on faisait volte-face et on attaquait dans le fond?
Êtes-vous sérieusement en train de prendre le crédit sur celle-là, du noir?
À l'attaque, messieurs!
Peu importe qui a eu l'idée, c'était plus important à ce stade-ci.
L'important est maintenant d'attaquer.
C'est un effort de groupe.
Allez!
Détail intéressant.
On pourrait se poser la question à ce stade-ci,
quelle était vraiment l'implication de Jeanne sur le champ de bataille?
Euh, pas celle qu'on croit.
En fait, elle n'aurait jamais participé activement au combat,
ni même tué qui que ce soit,
et aurait eu une job un peu plus similaire à diriger les troupes,
élaborer des stratégies militaires ironiquement culottées,
et surtout être quelque chose d'inspirant à regarder avec sa bannière
quand le Moyen-Âge te donnait envie de tout sacrer à terre.
Détail dark.
Le lendemain de l'assaut d'Orléans, Jeanne est atteinte d'une flèche entre l'épaule et la gorge,
deux morceaux somme toute importants pour se battre et incidemment vivre.
Mais on tente quand même de traiter ses blessures avec de l'huile d'olive et du lard,
ce qui est exactement les étapes pour faire une papillote
Contre toute attente, le pouvoir du lard va faire effet
Et Jeanne est de retour sur son cheval comme une sorte de boxeur
Dans un film de boxeur
Bref, Jeanne est ressuscitée d'entre les morts et les troupes sont en délire
C'est un miracle! L'art! L'éluia!
Non, ça ne passera pas le test du temps, ça.
Et ce boost motivationnel va leur permettre de reprendre Orléans et de bouter ces satanés Anglais la queue entre les jambes directement au pays du jello d'Anguille pour toujours.
En fait, non. Le lendemain, un dimanche, les troupes anglaises se retrouvent nez à nez avec les troupes de Jeanne dans un de ces fameux face-à-face
où deux armées médiévales font juste se regarder sans rien dire dans une situation de type partie d'échec quand le jeu est dans la boîte.
Ne bougez pas d'un iota pour l'amour et l'honneur du Saint-Dimanche.
Est-ce que quelqu'un va faire quelque chose?
Finalement, les Anglais vont abandonner et se replier en se disant
« Bon, bien, j'imagine que rien ne va arriver
de cette journée. Victoire! »
Orléans est officiellement libéré. Ça aura
pris trois jours à Jeanne pour lever
le siège d'Orléans qui durait depuis
sept mois. Le mot se passe dans la population
qu'une pucelle seule portant
la bannière a accompli cet exploit.
Les Anglais, eux, commencent déjà
à lui promettre le bûcher. On la traite de
« putain des Armagnacs ».
J'ai l'impression que c'est plus « Armagnac » l'insulte.
J'ai essayé d'en boire un bouchon entre deux paragraphes.
C'est épouvantable. Les Anglais ont beau
jurer sa perte, ça sera pour plus tard,
parce que là, la voie est libre pour que le dauphin
Charles VII
se rende jusqu'à Reims, où il est
sacré roi de France le 17 juillet
1429,
et on peut officiellement en finir avec cet effet sonore.
Jeanne est présente à la cérémonie, tout est bien qui finit bien,
et maintenant qu'elle a aidé son roi à accéder au trône,
il va l'appuyer à l'avenir dans ses projets et ses campagnes militaires
parce qu'il la respecte et lui est redevable.
Ben non, dès que le cul royal se royal stationne dans le royal trône, Charles profite du momentum
et de sa nouvelle autorité pour entamer des négociations avec les bourguignons, parce
que rien de mieux que la case départ.
En parallèle, Jeanne préfère les campagnes militaires et en septembre, elle et l'armée
royale se mettent en route vers Paris qui veulent reprendre aux bourguignons.
À l'attaque!
Horreur, ces parisiens semblent plus hargneux que tous les autres Français que nous avons vus en région.
Ils sont vraiment les pires! Je crois qu'il faut battre en retraite!
Ou vaincre, ou mourir! Voilà la citation plutôt cool que j'ai sortie ce jour-là! Tailleux!
Le problème, c'est qu'il existait une troisième option après vaincre et mourir,
et cette option, c'est recevoir un trait d'arbalète direct dans la jambe.
Ce que Jeanne va choisir.
Malheureusement pour elle, cette fois, l'assaisonnement huile et lard fera pas de miracle
et leur troupe abandonne Paris qui célèbre la victoire,
permettant aux habitants de continuer à être les pires les uns pour les autres.
L'hiver passe et au printemps, Jeanne repart vers le nord.
Mais cette fois, elle n'est plus appuyée par Charles VII
pour mener l'armée royale. Elle part donc à son compte
en devenant la chef de bande d'une centaine de travailleurs autonomes armés
prêts à guéroyer avec elle, mais surtout à garder leurs factures de resto
puis s'inventer des meetings pour justifier ça à l'impôt.
Parmi ses compagnons d'armes, on retrouve entre autres nos vieux amis,
ses écuyer, Poulangy...
Niaaaaaaah!
... et Novellonpont. Dont on a zéro parlé ce qui n'est peut-être pas une mauvaise chose.
Mais également un autre des joyeux compagnons de la pucelle,
son petit Jean-El, un certain baron du nom de Gilles de Rennes.
Détail dark.
Détail dark.
Ouais, bien qu'il soit perçu comme un héros de guerre ainsi que compagnon de première heure de Jeanne d'Arc,
Gilles de Ré va éventuellement prendre un chemin, disons, inattendu en fin de carrière.
Il va d'abord dilapider, apparemment sans raison, une grande partie de sa fortune avant de devenir alchimiste pour transformer le plomb en or et ainsi se refaire financièrement.
Intéressant, j'achète jusqu'à maintenant.
Mais rapidement, il semblerait qu'il se soit réorienté vers l'occulte et le satanisme
et c'est déjà l'heure d'annuler la transaction.
Soudainement, dans les environs de son domaine,
un grand nombre d'enfants vont se mettre à disparaître,
mais les autorités vont rien dire jusqu'au jour où Gilles de Rais va molester un jeune prêtre,
ce qui est très ironique
quand on prend le temps d'y penser.
Vu qu'il s'agit d'un ecclésiastique, on trouve qu'il est
temps d'intervenir et disons qu'au procès,
on aura le récit des tortures
ignobles que Gilles de Rais faisait subir
à des enfants et à cause de ça,
on le décrit comme un des premiers
et plus sordides tueurs en série
répertoriés de l'histoire.
Un pédobonhomme setteur du Moyen-Âge.
C'est-tu assez dark pour vous,
ce détail-là? Mais pour l'instant,
Gilles est bien correct.
Donc, nous prendrions les bourguignons par le flanc ouest,
ainsi que...
Ah, tu es simplement miraculeuse, Jeannette.
Moi, Gilles de Ré, je t'encourage
à être ce que tu veux dans la vie.
Dans un autre ordre d'idées,
combien pensez-vous que je peux faire fêter d'enfants dans ce sac de jeu?
Donc Jeanne et ses joyeux compagnons partent guéroyer à Compiègne,
une autre ville assiégée par ces infâmes bourguignons.
Et là, lors de l'assaut, les portes de la ville se referment par surprise sur les troupes de Jeanne.
Et comme un god-shop quand on déménage son usine à l'étranger,
sa retraite est coupée.
C'est-tu que je me demandais où ça s'en allait, ça?
Jeanne va être jetée en bas de son cheval
et capturée le 23 mai 1430.
Est-ce que c'était prévu?
Était-ce un piège pour qu'elle tombe aux mains des bourguignons?
Est-ce que Charles VII a trahi Jeanne
parce que sa détermination commence à lui taper sur le chou?
Ceux qui étudient cette histoire
ne s'entendent pas sur les événements et les jeux de coulisses à ce point-ci.
En auraient-ils été capables?
On dirait que ça me surprendrait, vu que jusqu'à maintenant,
Charles VII a l'air d'avoir les capacités
de la personne dans le scénario avant,
en noir et blanc des infopubes.
Aïe, mais je nous cagne!
Les Anglais, eux, sont plus proactifs
et dès qu'ils entendent que Jeanne a été faite prisonnière,
ils vont tout faire en leur pouvoir
pour mettre la main dessus
et détruire le symbole au plus vite avant que le mythe de la pucelle
fasse plus de dommages irréparables à leur plan d'expansion.
Les Anglais lui font donc un procès qui débute le 21 février 1431
à Rouen, la capitale de la France anglaise.
Ouf, qu'est-ce qui se passe là-bas?
Les gens sont lourds puis la bouffe est même plus bonne pour compenser.
Chose certaine, c'est malheureusement le commencement de la fin pour Jeanne.
À la tête du mécanisme inquisitoire, on retrouve l'évêque Pierre Cochon,
parce que pourquoi pas à ce stade-ci, un autre personnage avec un nom de viande.
Détail intéressant.
Étrangement, pour un procès où Dieu a à ce point un doigt dans la tarte,
l'évêque Cochon n'était pas un théologien vedette. C'était plus un genre
d'administrateur, donc,
qui vénère une autre sorte de
dieu, plus proche de Gérald Fillon,
le gars avec une face de poupon qui parle de finances
à Radio-Canada. Néanmoins, c'est sûrement
ce qui a fait en sorte qu'on a des notes aussi
méticuleuses du procès de Jeanne. Ce gars-là aime
bien la paperasse. Mais il n'est pas seul.
Il y aura environ aussi
120 personaux au procès,
dont 22
chanoines, soit 100 docteurs,
10 abbés normands et une dizaine
de délégués de l'université.
On se tente pas de cette joke-là, hein?
Pour Jeanne,
s'engage alors une espèce de partie d'échec
contre les autorités, de laquelle soit
elle ne comprend pas les règles, soit elle s'en fout.
Je suis certaine qu'elle va répondre ce qu'elle veut en étant plus que jamais une adolescente en retenue au Moyen-Âge.
Alors, Madame la fille magique, j'espère que vous êtes prête pour un petit trois mois
où on va essentiellement vous poser des questions sur Dieu
pour essayer de comprendre pourquoi une femme porterait des pantalons.
Est-ce que je peux répondre maintenant?
Oui, tu peux nous répondre, mais je t'avertis, on va 100 % twister ça comme on veut
pour que ça te fasse mal paraître.
Peut-être que c'est moi qui vais mal vous faire paraître.
Ah oui, bien moi, je...
Je vais t'expliquer les menaces qu'on va te faire.
Tu vas voir qu'il y a des fanfaronnes comme toi,
j'en inquisitionne avec mes céréales le matin,
ma petite saligode.
Parle-y des conditions de détention, Pierre.
Dis-y pour les conditions de détention.
Peut-être que si tu me laisses finir mes
explications, je vais le faire.
Bon, à cette heure, j'ai perdu le fil, viande à chien.
Pour mon personnage, on y est allé
pour un genre de Pierre Lebeau.
Vos référents hermétiques limités au star-système
du Québec ne me font pas peur, évêque cochon.
Jeanne comprend que son procès
est fort probablement pas impartial.
Elle dira même... Vous écrivez tout ce qui est contre moi
et vous ne voulez pas écrire ce qui est pour
moi. Non, non, la preuve
on vient juste de noter cette phrase-là.
Notez juste cette phrase-là.
Mais ce n'est pas la seule affaire
sassy qu'elle va dire. Quand on lui demande
si Saint-Michel était nu lorsqu'il est venu
lui parler, sûrement pour faire un lien boiteux
entre la nudité, la luxure et la sorcellerie,
Jeanne va rétorquer...
Pensez-vous que notre seigneur n'ait de quoi se vêtir?
Ben, non, pas du tout.
Loin de moi l'idée d'oser imaginer la bisoune de Dieu.
Ah merde, maintenant que je l'ai dit, je suis tout à fait en train de me l'imaginer.
Ça me fait très peur.
Et quand on lui demandera si elle était en état de grâce,
c'est-à-dire un peu ecclésiastiquement basée finalement,
elle va déclarer...
Si j'y suis, que Dieu m'y tienne.
Et si je n'y suis pas, que Dieu m'y mette.
Ah, si seulement j'étais un théologien.
Évidemment, les inquisiteurs haïssent qu'elle ne réponde pas à leurs questions.
Ils l'accusent d'être une dissimulatrice,
donc quelqu'un qui dissimule des réponses à des questions,
I guess, étranges.
Ce à quoi elle a probablement répondu.
Celui qui le dit, celui qui l'est.
Je peux continuer comme ça toute la journée.
À force d'avoir un bon liner à chacune de leurs questions,
il commence à y avoir un certain malaise chez les juges.
Et si on était en train d'être les méchants?
Cochon décide donc d'embrayer
le processus. On menace Jeanne de
torture. On la prive des sacrements,
même le dimanche de Pâques. Ce qui,
étrangement, a plus d'impact pour elle que les menaces
de torture. Un vrai coup de cochon.
Détail
dark.
Selon les écrits du procès, Jeanne
n'aurait pas été torturée, juste menacée de torture. Mais tu sais, ça, c'est selon les écrits du procès, Jeanne n'aurait pas été torturée, juste menacée de torture.
Mais ça, c'est selon les écrits du procès.
Réalité à laquelle on peut aisément remédier en n'écrivant pas.
On sait toutefois que c'est pas confortable pendant ses longs mois de détention.
Elle vit dans un cachot, isolée, les fers aux pieds.
On dit qu'elle n'a pas été attaquée, mais ça aussi, c'est selon les écrits du procès.
Par contre, on a retrouvé des témoignages du chevalier bourguignon Émond de Massy,
qui était allé la visiter plusieurs fois quand elle était emprisonnée avant son procès,
et qui disait avoir conversé avec elle dans sa cellule et tenté plusieurs fois de lui toucher les seins.
Eh bien, je vous rappelle que c'est Big Time, lui, qui a ouvertement dit ça,
et que c'était la version acceptable pour le procès verbal.
Avec tout ça, on comprend Jeanne de vouloir garder ses habits d'homme,
sauf que justement, ses habits d'homme, c'est probablement une des affaires qui faisait le plus scandale.
Oui, oui, elle a aidé mon Charles VII à être sacré roi du royaume de France,
puis humilier les troupes anglaises à Orléans, mais avez-vous vu ses pantalons?
Pantalons!
Le 24 mai 1431,
l'évêque Cochon réussit à convaincre Jeanne
de signer une lettre d'abjuration
où elle va renier tout ce qu'elle dit
depuis le début sur sa mission divine.
Comment a-t-il réussi ce tour de passe-passe?
Il y a plusieurs hypothèses.
La torture, la menace du bûcher,
une quelconque manipulation cheap
à une fille qui ne peut pas supporter d'être privée
des sacrements de l'Église. Est-ce qu'on a
profité du fait qu'elle ne savait pas lire
pour lui faire croire que quelque chose
d'autre était écrit sur le papier?
Est-ce qu'on a juste tenu sa main pour apposer
sa signature sur le document? Est-ce que
Cochon a forgé sa signature? Ce qui n'aurait
pas été ben ben sorcier, vu que Jeanne ne sait pas
écrire et que sa signature, c'est un X,
une des lettres les plus faciles à faire, même pour un épais.
Peu importe. L'évêque a sa lettre
d'abjuration en poche, le procès
se termine subitement et de façon anticlimactique
comme ça, et Jeanne retourne en prison
en habit de femme, cette fois.
Tout est bien qui finit mal.
Sauf que les Anglais, eux, ne sont pas
satisfaits de la conclusion « robe et prison »
et veulent carrément une exécution.
Donc, quelques temps après le retour en prison de Jeanne en robe, on va la surprendre à s'habiller à nouveau dans du linge d'homme sorti de nulle part.
Et c'est assez pour l'accuser à nouveau d'hérésie et cette fois, Jeanne est reconnue coupable d'être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie,
errant en la foi, blasphématrice de dieu et des saints,
et je n'ai compris qu'un certain pourcentage de tout ce que ça implique.
« Détail dark, duh! »
Le matin du 30 mai 1431, Jeanne, en simple tunique de toile,
est menée dans la charrette du bourreau jusqu'à la place du Vieux-Marché à Rouen.
Là où on avait dressé son bûcher, bien en hauteur pour que tout le monde ait une bonne vue, devant
deux autres estrades pour les membres du tribunal,
ainsi qu'un cardinal et ses
invités qui voulaient l'expérience VIP
pour voir une Jeanne d'Arc brûlée.
Et je sais pas si ça incluait le D-Box
des Pogo pis un pichet de limonade forte dans ce temps-là aussi.
Pis on va pas la brûler rien
qu'un peu, y'a une raison pour laquelle c'est surtout
de ce bout-là de l'histoire dont on se souvient.
On avait tellement peur qu'il y ait un culte posthume autour des restes de Jeanne qu'on va s'arranger pour qu'il ne reste rien d'un peu, il y a une raison pour laquelle c'est surtout de ce bout-là de l'histoire dont on se souvient. On avait tellement peur qu'il y ait un culte posthume
autour des restes de Jeanne qu'on va s'arranger
pour qu'il ne reste rien d'elle.
On va faire ni plus ni moins que trois crémations
successives. La première pour tuer Jeanne
dans la boucane des flammes.
Puis on va la brûler une deuxième fois, cette fois pendant
plusieurs heures, ce qui va faire exploser
sa boîte crânienne et son abdomen,
calcinant aussi au passage ses organes
pour ceux qui se rongeaient les ongles
avec le destin de ses organes.
Et dans le troisième feu, le bourreau va ajouter de l'huile
pour qu'il ne reste vraiment absolument rien
que des cendres et des débris osseux.
Et même ces restes-là, on va les disperser dans la scène
et je pense qu'on y aurait mis le feu si on avait pu.
À Orléans, on pleure la mort de la pucelle
et même Charles VII devait être ambivalent
face à la manière dont il devait se sentir. La réponse étant, bien sûr,
mal. Par contre, 25 ans
plus tard, Charles VII va se dire que ce serait
peut-être mieux pour sa postérité que la fille
qui l'a aidée à monter sur le trône ne soit pas qualifiée
d'hérétique. Ben oui, hein, peut-être que
quelqu'un aurait dû penser à ça. On va donc déclencher
un second procès pour enquêter
sur le premier procès.
Ah! Ah! Évidemment,
plusieurs des intervenants du premier procès
sont décédés depuis, ce qui est beaucoup
plus simple, dont Pierre Cochon,
sur qui on blâme tout en bloc, vu qu'il
n'est plus là pour se défendre. Et le 7 juillet
1456, le procès
conclut à l'innocence de Jeanne.
Ouf! Il a bien failli être trop tard.
Le fin mot de l'histoire
avec un grand H.
Et si je vous disais que c'est ce genre d'histoire qui continue après sa conclusion?
Prenons le temps de nous rappeler que, concrètement, le plus grand pouvoir de Jeanne,
c'est celui d'avoir été un symbole de son vivant, et que les symboles sont immortels.
Même si l'histoire de la pucelle va être reléguée au second plan pendant les siècles qui vont suivre,
à travers les âges, Jeanne va sporadiquement émerger de ses cendres dans l'imaginaire populaire sous une forme indestructible.
Celle de la jeune femme en armure, épée au point, maîtresse de sa propre destinée,
peu importe les épreuves insurmontables, faisant coup sur coup du possible avec l'impossible.
Une image qui marque à ce point les esprits que par sa seule existence,
elle chamboule l'obscurantisme
d'une époque de merde. Un symbole
qui va traverser le Moyen-Âge jusqu'à
nous aujourd'hui, comme quoi par-delà
les flammes, elle est devenue éternelle.
Pour ce qui est maintenant des
voix qu'elle aurait manifestement entendues,
les interprétations vont différer au
fil du temps. À l'époque de Charles VII,
on va bien sûr magnifier ces interventions divines,
mais plus tard, au siècle des Lumières,
on va réduire ça à de la simple mélancolie de pauvres petites paysannes.
Mais en même temps, je vous rappelle que c'est une période où on déteste le Moyen-Âge,
face auquel on était toujours en train de se comparer pour être le siècle des Lumières des deux.
De nos jours, on préfère diagnostiquer à Jeanne de quelconque trouble de santé mentale
plutôt que de s'imaginer que tout ça pourrait être
une forme de piété sans concession
à une époque où il n'y avait pas mal rien d'autre à imaginer que...
Dieu.
Est-ce que c'est vraiment si important d'être le fin finot
qui a trouvé une explication aux voix?
Ou est-ce que ce n'est pas justement ce mystère-là
qui est central au symbole?
Qu'une jeune femme réussisse à convaincre
des chefs d'État et des armées
de la suivre par le seul pouvoir de son
inébranlable certitude en la victoire,
ce qui va les mener à la victoire?
Est-ce que c'est pas par définition
un miracle? Je suis tout seul à m'emballer en robe
de chambre? Excusez-moi, je deviens métaphysique avec
tout ça, mais c'est réellement ce qui me fascine avec
Jeanne d'Arc. Elle est l'incarnation
de la foi, mais pas
nécessairement la foi chrétienne, la foi
en quelque chose.
Le symbole de la conviction.
Une idée que ni le feu
ni les sables du temps ne pourront réduire
à néant. Éternelle
Jeanne d'Arc.
Je m'appelle Charles Beauchesne et le cauchemar
se poursuit dans un prochain épisode.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une idée originale de Charles Beauchesne.
Au texte et à la recherche, Charles Beauchesne,
Audrey Rousseau et François Legrand-Pré.
À la réalisation, Barbara-Judith Caron.
Au montage, Lucie Fournaison. Au son, le studio, la shop. Sous-titrage Société Radio-Canada