Les Pires Moments de l'Histoire - La Chasse aux Sorcières
Episode Date: March 12, 2019Dans ce nouveau chapitre dérangeant, Charles s’affaire à reconstituer le casse-tête d’une époque où peur et superstitions menèrent femmes, hommes et enfants tout droit dans la fournaise du d...iable. Un aperçu de l’antichambre de l’enfer. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et les plus grands auteurs du Québec.
Hugo, le texte.
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant qui vous aide à voir le monde différemment.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au Balado Urbania.
Valado Urbania.
Yo! Et bienvenue au Pire moment de l'histoire avec Charles Beauchesne.
Le podcast spécialement désigné pour vous faire ressentir le contraire de ce que ça fait quand on regarde le Téléthon Enfant-Soleil.
Interprétez ça comme vous voulez, toujours bien des limites au nombre de fois différentes que je peux vous expliquer le concept de l'émission. Donc, aujourd'hui, on parle de chasse aux sorcières, et non pas l'expression que
les messieurs fâchés ont décidé d'utiliser après le mouvement hashtag MeToo parce qu'ils
ne se souviennent plus exactement à qui ils ont déjà poigné une fesse en se disant
qu'il n'y aurait jamais de conséquences. Non, non, non. Aujourd'hui, on parle de la
véritable chasse aux sorcières à la véritable époque où les gens chassaient véritablement
des sorcières qui n'ont véritablement jamais existé.
En fait, historiquement, la plupart des femmes qui étaient considérées comme de méchantes magiciennes
ayant vendu leurs âmes à un démon de l'époque illustré sur une graveur en bois avec une autre face de démon à la place du pénis,
étaient pour la plupart de terrifiantes sages-femmes, de cauchemardesques vieilles veuves habitant seules,
de sages-femmes, de cauchemardesques vieilles veuves habitant seules,
et bien sûr, de sataniques guérisseuses qu'il fallait absolument arrêter avant qu'elles ne prescrivent à quelqu'un une autre diabolique tisane pour la toux.
Alors, ramassez vos râteaux, vos torches et vos fourches,
parce qu'on jase de femmes, de bûchers, de tortures et de chapeaux pointus.
Et lettre.
Cette histoire commence... C'est ça. à manger du catholicisme pour déjeuner, dîner, souper, circulaient dans les campagnes toutes sortes de croyances par rapport à la présence de la magie dans la nature.
Les forêts et les territoires sauvages
étaient considérés comme le domaine de forces inexplicables et terrifiantes,
bien au-delà des connaissances superficielles des humains.
Peu à peu, ces endroits isolés devinrent le dernier refuge des peuples païens
et de leur pratique face à une église qui travaillait en overtime jour et nuit pour les convertir.
Le désir de transformer les païens en croyants, vivant constamment dans la peur d'un dieu qui n'existe pas, était si puissant que l'église finit par annexer certains de leurs rites aux saintes écritures.
L'objectif? Avoir l'air swell et augmenter le membership.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est ce que l'on appelle mettre de l'eau dans son vin de messe.
Ainsi, Yule des Vikings devint Noël,
la célébration de l'équinoxe du printemps devint Pâques,
Samhain des peuples celtes devint Halloween,
et le jour de l'an fut inspiré d'une légende babylonienne à propos d'un gars qui a coupé la tête d'un dragon.
Mais c'est histoire les enfants, pour une autre recherche Wikipédia. Les religieux se faisaient entre autres un plaisir de recycler
tous les symboles super nice de l'abondance du printemps pour les rattacher aux célébrations
de la résurrection du Christ à Pâques. Par contre, pas question que quelqu'un d'autre
que l'Église ne le fasse. Si par malheur, une personne décidait de célébrer une cérémonie
païenne pour, je sais pas, assurer la pluie ou des bonnes récoltes
ou la naissance d'un enfant sans qu'il ne ressemble à Quasimodo.
Cela ne se faisait pas.
Au XIIIe siècle, la médecine était principalement réservée aux nobles.
Donc, la plupart des paysans se faisaient soigner par leurs voisins, mais surtout par leurs voisines,
qui étaient aussi des paysannes, je vous le rappelle, mais avec beaucoup plus de temps libre pour apprendre
ce genre de shit, j'imagine.
Ces voisines soignantes devinrent rapidement perçues comme des sortes de magiciennes, car
avec les années, elles avaient développé des connaissances affûtées en herboristerie
et en astrologie, à un tel point que leur pratique va rapidement incorporer la médecine
naturelle avec les cycles lunaires
et autres rituels à partir de brûlages de sauge.
Ce qui n'est pas sans rappeler, c'est Madame avec des boucles d'oreilles en bouchon de bière
qui chille aujourd'hui encore au salon des métiers d'art.
L'Église, pour faire changement, n'était pas d'accord
et décida de faire leur fête à ces vilaines granolas qui s'assuraient, par exemple,
de faire en sorte que les femmes ne meurent plus en couche.
Voyez-vous?
Dans la tête de l'ecclésiastique moyen, sciences et religions étaient indissociables.
Et seul le pouvoir de Dieu pouvait expliquer le succès de la médecine.
Si celle-ci n'était pas administrée par un homme de foi,
il ne pouvait s'agir que de l'œuvre du diable.
Et malheureusement pour toutes ces pauvres madames,
la seule méthode que connaissait l'Église pour
combattre le diable était de ne pas
être super fin à leur tour.
Ainsi commencèrent les chasses
aux sorcières.
En fait, c'est pas tout à fait vrai ce que je dis là, parce que
les premières chasses aux sorcières étaient des
initiatives de compatriotes paysans
qui cherchaient, comme le veut l'habitude,
quelqu'un à blâmer quand les choses
n'allaient pas comme ils le voulaient.
« Merde alors, on dirait qu'en vieillissant, je suis de moins en moins capable d'atteindre
l'érection.
Ça doit être le coup de cette vieille conne d'en face qui fait des breuvages.
Bonjour!
Bonjour, Madame Coderre-Welch!
J'espère que t'aimes te faire tremper dans l'eau froide, espèce de vieille peau. »
En fait, à la base, l'Église était contre l'idée même de chasser les sorcières,
parce que ça voulait dire encourager la logique païenne selon laquelle les sorcières existent,
et il ne fallait vraiment pas que le catholicisme cautionne ça.
Leur version officielle, c'était que les sorcières n'existaient pas.
Mais, bon, en même temps, quand ils se sont rendus compte que c'était un trend
qui devenait de plus en plus populaire pour régler ces problèmes,
et que ce serait plus difficile à interdire qu'à encourager,
l'Église a tout bonnement décidé d'utiliser les croyances
populaires à son avantage de façon
à ce qu'être un bon catholique soit
une fois de plus la solution.
Finalement, la chasse aux sorcières, c'était notre idée
depuis le début. Trouvez-moi cette vieille conne de
Mme Coderwelsch et faisons-lui boire de l'eau jusqu'à ce qu'elle explose.
Ah oui, by the way,
voilà comment nous allons régler les problèmes à l'avenir.
Catholicisme!
Contexte historique.
Ce qu'on qualifie de chasse aux sorcières a eu lieu entre 1430 et 1630
et a fait entre 40 000 et 100 000 victimes en Europe.
D'ailleurs, si la marge d'erreur est à ce point ou acquis,
c'est qu'en plus de procès religieux pour sorcellerie,
on a aussi assisté à énormément de lynchages spontanés.
Et par la suite, on s'est rendu compte trop tard que les foules en colère
avec des fourches pis des torches n'étaient pas super têtes
pour archiver qui a tué qui sur les fichiers Excel de l'époque.
Une mauvaise nouvelle n'attend pas l'autre.
200 ans plus tard, la peste noire sort de nulle part en Europe
et emporte avec elle du jour au lendemain 200 millions de personnes qui vomissent du noir.
Donc, un tiers de la population européenne vient inexplicablement d'arrêter d'exister.
Seule hypothèse, Dieu est en colère et il faut punir quelqu'un.
Je n'ai un spa.
Seule hypothèse.
Alors, question d'apaiser la paranoïa de tout le monde face à la peste,
il faut trouver au plus crisp quelqu'un à blâmer pour tout ça.
Et qui de mieux que les derniers weirdos à la mode païenne qui font bouillir des racines
alors que tout le monde sait que le seul et unique remède à toutes les affaires qui existent est croire en Dieu.
Ce qui a plutôt rapidement donné naissance à un thinking collectif du genre.
Ma parole, les choses ne vont pas comme je veux.
Ça peut être que l'oeuvre d'une femme qui a couché avec un démon.
Détail intéressant.
femme qui a couché avec un démon.
Détail intéressant.
Savez-vous d'où nous vient la représentation du diable avec des cornes et des sabots qu'on connaît encore aujourd'hui?
De la Bible?
Et non.
Aucun écrit biblique ne décrit le diable
comme étant moitié homme, moitié biquet.
C'est quelque chose qui nous vient tout droit
des croyances païennes polythéistes.
Ça, c'est quand tu crois en plein Dieu en même temps
qui manage l'univers comme une grosse
famille dysfonctionnelle à la manière de
les aventures d'Hercule le dimanche
à TQS. Et celles-ci décrivent
certains dieux comme mi-humains, mi-bêtes.
Dans l'Antiquité, on les appelait
les satyres ou encore les faunes.
Pour les gens qui croyaient à ça,
c'était pas des divinités néfastes
mais uniquement une représentation
du côté masculin de la nature.
Peu importe ce que ça veut dire.
Donc, à un moment donné, les catholiques vont se chercher
un super vilain à opposer à leur
dieu, et bingo, le faune apparaît
comme un candidat de choix. Il représente
le côté mystérieux et
impie de la nature, doublé du fait
que toute créature fantastique
qui n'est pas Dieu le doude
avec une barbe sur un nuage ne peut
être qu'un démon dont le pénis
est un serpent. Ouais, ça, c'est
un autre des ajouts qu'ils ont décidé de faire.
Mais retournons aux sorcières. En 1484,
le pape Innocent VIII,
il faut croire que les papes ont été innocents
plus de cette fois, publie
une lettre pontificale mettant la population
en garde contre les sorcières. Ce qui va
inspirer deux dominicains allemands à publier en 1486 le Malleus Maleficarum,
aussi appelé le Marteau des sorcières,
un traité qui va donner bien des idées à bien des gens en Europe
qui ne sont pas nécessairement les apôtres de la demi-mesure.
C'est entre autres dans ce manuel de Chasse aux sorcières 101
que l'on explique pourquoi les sorcières sont majoritairement des femmes.
Et ça, je peux y répondre moi aussi facilement.
C'est parce que ce sont des hommes qui ont écrit le livre.
En fait, l'ouvrage est surtout une espèce de liste d'épicerie de reproches aux femmes.
Ce sexe inférieur dont il faut se méfier.
Ces êtres moins intelligents avec moins de volonté.
Puis les désirs sexuels incontrôlables qui les poussent
à être plus proches du démon.
Vous savez, les femmes, quoi.
Bon, bref. Inutile de vous dire que ça faisait très longtemps
que les gars qui ont écrit ça avaient vu une paire de boules en vrai.
Donc, dans ce pamphlet de très
très grosse misogynie, on apprend
entre autres bullshit que
les sorcières sont légères
et qu'on peut connaître l'innocence
d'une personne en la pesant. On peut aussi y lire que le corps des sorcières sont légères et qu'on peut connaître l'innocence d'une personne en la pesant.
On peut aussi y lire que le corps des sorcières
est complètement insensible
et qu'elles ne peuvent retrouver
un peu de sensations ou d'émotions humaines
que par la torture.
Les gens du 15e siècle étant ce qu'ils sont,
j'ai le malheur de vous annoncer que la torture
était une technique vraiment plus populaire que la pesée.
On utilisait d'ailleurs la torture à deux effets.
1. Pousser les condamnés à avouer leur crime
et apparemment t'as pas besoin
de beaucoup d'objets en métal
dans le badge pour inventer des anecdotes
de rites sataniques.
2. Convaincre les suppliciés à balancer
leur complice sorcier.
Et encore une fois, ça prend pas beaucoup de métal brûlant
sur les tits pour que tu te souviennes d'avoir vu mon oncle
Frank passer sur un balai devant une grosse
pleine lune jaune. Ce fut l'hécatombe.
Détail dark.
La torture, ou
la menace de torture, c'est diablement efficace.
Joke de diable. Alright.
Par exemple, en 1597,
on a vu une présumée sorcière
accuser 19 autres congénères
qui n'ont sûrement pas eu une retraite confortable
à partir de ce point-là.
Les gens n'hésitaient pas non plus à dénoncer les membres de leur famille.
Disons que quand quelqu'un te brise les doigts
dans une machine spécialement
destinée pour ça,
les noms proches dans l'arbre généalogique
sont souvent les premiers qui deviennent à l'esprit.
Pour vous donner une idée, en 1602,
une accusée de brouamoute,
âgée de 9 ans, va entraîner
avec elle sur le bûcher
ses parents, ses oncles, ses tantes et ses grands-parents.
Ah oui, les hommes et les enfants
pouvaient aussi être accusés de sorcellerie.
Les enfants étaient d'ailleurs très souvent témoins
lors de procès pour sorcellerie,
tout simplement parce que c'est super facile
de leur faire avouer n'importe quoi
parce que les enfants, c'est stupide.
Donc là, si quelqu'un t'accuse de sorcellerie
sous la torture, on'est stupide. Donc là, si quelqu'un t'accuse de sorcellerie sous la torture,
on te torture à ton tour.
Fait que là, sous la torture, t'accuses toi aussi du monde.
Et c'est ainsi qu'un petit village
pouvait condamner à mort
une centaine de personnes en l'espace d'un an
ou deux. Ce qui est techniquement
moins ravageur que la peste noire.
Donc, tout baigne dans l'huile, il faut croire.
Les gens croyaient tellement fort
à la sorcellerie que s'ils étaient soupçonnés,
ils craignaient souvent d'être eux-mêmes
des sorciers sans le savoir.
Alors, ils se confessaient immédiatement
pour s'éviter la torture.
Les choses devinrent très rapidement
un sketch des trois stooges.
À ce stade-ci, vous comprendrez
qu'il y avait clairement un problème de torture
et non de sorcellerie.
Il faut aussi souligner que les procès, lorsqu'ils avaient lieu, étaient particulièrement humiliants.
On demandait notamment aux victimes de décrire avec moult détails leur vie sexuelle avec Satan
ou tout autre amant plus ou moins surnaturel comme un gobelin, Frankenstein, une momie.
En fait, de façon générale, ce n'était pas une époque où il était recommandé de coucher avec des phénomènes surnaturels.
On n'hésitait pas non plus à déshabiller les accusés afin de rechercher la marque du diable sur leur corps.
Et remarquez que ce qui est spécial avec la marque du diable, c'est que c'est bien pratique parce que ça peut avoir l'air de ce que tu veux.
Colline, regardez ce qui est arrivé par hasard.
Bref, du vrai calibre FBI, mais avec des grosses pinces en métal rouillées, idéales pour te faire craquer psychologiquement.
Et physiquement, d'ailleurs.
Beaucoup physiquement, d'ailleurs.
Et pas question de lever sa main pour poser des questions.
Remettre en cause la chasse aux sorcières, c'était se retrouver avec un billet allé simple
pour le resort tropical de Punta Chambre des Tortures.
Détail intéressant.
Une des pratiques les plus craintes
par les non-sorciers, c'est un rituel
décadent qui n'a jamais existé.
Le sabbat. Non, non, pas
le jour du repos de l'Ancien
Testament que les juifs pratiquent
en chillant autour de plein d'appareils électriques
éteints. Quoique, fun fact,
les juifs aussi étaient parfois brûlés et accusés
de coucher avec le diable. Lucifer était vraiment
dans une bonne passe sexuellement.
Je pense que le truc, c'est la confiance en soi.
Pour ce qui est de ce sabbat ici,
on parle d'un concept clairement sorti de l'imagination sordide
des deux beaux os allemands qui ont écrit le Malleus Maleficarum,
un genre de gros party de sorcières
où elles buvaient vraisemblablement des potions magiques
pour rentrer dans un état second
où sexe, gloutonnerie et meurtre de nouveau-né
étaient au menu.
Excusez, je vais prendre un petit deux secondes
pour noter ça dans mes recherches Pornhub de tout à l'heure,
parce qu'on enlève les meurtres de nouveau-né
puis rajoute des masques avec des fermetures éclairs
puis on est en business dans mon lygme.
Ce que je veux dire, c'est que ça sonne vraiment
comme une fantaisie de gros nerds.
Hé, les filles, j'ai bu plein de potions
et maintenant j'ai trop de libido. Est-ce que quelqu'un veut venir m'aider?
Oui, moi! Préparez-vous pour un puissant spell de girl-on-girl action!
Sauf que là, on est loin de la porne. La manœuvre se voulait surtout une excuse pour faire encore une fois plus de place à la religion dans tout ce capharnaüm.
Pour créer de l'ordre, il faut quelque chose pour symboliser le désordre
et rien de mieux pour ostraciser un groupe qu'inventer un rituel maléfique imaginaire.
En fait, ça va tellement bien fonctionner qu'à un moment donné,
l'Église va réaliser qu'elle a perdu le contrôle sur tous les villageois en tabarnak
dans des contrées lointaines qu'elle encourage
depuis le début, et c'est le bordel.
En un seul jour, à Kettlingburg,
en Allemagne, 163
femmes sont brûlées.
Pour vous donner une idée, dans un petit carré de village
comme Kettlingburg,
en brûlant juste 30 personnes
à cause du vent, les bâtiments se retrouvaient
visqueux de graisse humaine
qui retombait comme de la neige.
Heureusement, personne n'était sur une diète zéro lipide, zéro glucide,
parce que Quételambourg est rapidement devenu la ville de l'histoire
avec le pire indice de masse corporelle.
Mais sérieusement, beaucoup de gens sont morts brûlés.
Et en brûlant toutes ces femmes, qui allait nettoyer le dégât?
Haha, sexisme systémique du 17e siècle.
D'ailleurs, on s'entend que t'as pas besoin de brûler beaucoup de monde vivant dans un petit village pour que ça devienne une tragédie.
De façon générale, l'ambiance au marché le samedi suivant devienne très awkward.
Pas encore convaincu de l'énorme dérape à laquelle on a assisté?
Eh bien, en Espagne, à Logroño, en 1610, il y aurait eu un jour six exécutions d'un coup pour sorcellerie.
1610, il y aurait eu un jour six exécutions d'un coup
pour sorcellerie. Ensuite,
les citoyens assoiffés de sang se sont mis
à capturer et torturer eux-mêmes
des suspects random
jusqu'à ce que
1777 personnes
soient accusées de
sorcellerie en même temps, dont
1394
enfants. Donc, débordés,
les juges ont finalement décidé
de classer l'affaire avec un tour de passe-passe
rhétorique absolument hallucinant, déclarant
en gros, le meilleur moyen d'éradiquer
la sorcellerie serait, après mieux réflexion,
d'arrêter d'en faire la publicité.
Écoutez, nous avons regardé
les chiffres et nous croyons que le nombre
de sorcières présentes dans la ville est peut-être
légèrement surestimé.
Si nous faisions comme si de rien n'était, peut-être verrions-nous moins de sorcellerie partout en parlant d'autre chose une fois de temps en temps, non? »
« Qui ici aime la pâte fimo? »
Pour vrai, si on résume, c'est ça qui a arrêté le bain de sang.
Réaliser que c'était peut-être un peu weird de se ramasser avec des villes à 1777 sorcières.
Le trafic aérien devait être épouvantable.
1777 sorcières.
Le trafic aérien devait être épouvantable.
Les intellectuels du 18e siècle, vous savez ce truc
que l'on appelle le siècle des Lumières,
parce que tout le monde a réalisé que la science
est une bonne idée, y seront
pour beaucoup dans le changement de
mentalité. Le mouvement va s'estomper
tranquillement tout seul.
Pas mal tranquillement, même. On s'entend
que la dernière femme à être
condamnée en Suisse pour sorcellerie a subi son procès en 1782.
Et le droit de vote des femmes a été obtenu là-bas en 1973, by the way.
Heureusement qu'ils sont sur le piton pour les horloges et le chocolat.
Et là là, qu'est-ce qu'il y a à apprendre de tout ça?
En fait, avant même les chasses aux sorcières,
les relations sexuelles avec le diable et les rituels sataniques
étaient utilisées fréquemment comme excuses pour faire la vie dure
aux groupes que les gens trouvaient utiles de marginaliser,
comme les juifs ou encore les populations gitanes.
La superstition est toujours un peu l'arme de prédilection des puissants
pour rappeler aux faibles à quel point ils ont la main mise sur eux en permanence.
Créer un ennemi, diviser la population et garder le contrôle sur les masses, c'est une bonne recette pour asseoir son pouvoir.
De nos jours, partir à la chasse aux sorcières signifie qu'on persécute injustement un groupe qu'on estime être responsable d'un problème de société.
Et quand on y pense, c'est vrai que l'humain a souvent besoin d'un beau kémissaire.
Pas toujours pour régler le problème en tant que tel,
mais bien souvent pour détourner
le regard des masses loin
des enjeux importants pour de vrai.
Vous savez, comme dire qu'on va lutter
contre le terrorisme en mettant tous les musulmans
sur le spot alors que, dans le fond,
on veut juste aller voler du pétrole ou encore
détourner l'attention des citoyens sur la question
des attaques de pitbull juste avant les élections provinciales.
Ce genre d'affaires-là, c'était les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne.
Et le cauchemar se poursuit dans nos autres épisodes.
Les pires moments de l'histoire, c'est, au texte et à la recherche,
Charles Beauchesne, Audrey Rousseau et Catherine Thomas.
Pour Urbania, la rédactrice en chef, Barbara-Judith Caron.
Et la productrice exécutive, Raphaël Huismans.
Le balado Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une production d'Urbania.
C'était un balado Urbania.
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