Les Pires Moments de l'Histoire - La chute de l'Empire romain - Partie 2
Episode Date: March 31, 2023Cirez vos caligæ, l'expédition dans le chaos de la décadence romaine se poursuit alors que Charles nous entraîne dans les coulisses de la vie dans l'empire. Visitez les marchés d'esclaves, courez... la chance d'attraper la peste et initiez-vous aux joies du xylospongium. On aimerait vous dire que vous ne le regretterez pas... mais on en est incapables.Produit en collaboration avec Radio-Canada OHdio Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
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Bonjour et re-bienvenue au podcast Les Pires Moments de l'Histoire avec Charles Beauchesne.
Format trilogie édition spéciale.
Le balado où on révise le pire du pire du passé.
Dans le cas d'aujourd'hui, la chute de l'Empire romain.
Cet équivalent historique du casse-tête 3D d'un labyrinthe de haies.
C'est pourquoi on l'a divisé en trois épisodes,
plutôt que de faire comme aujourd'hui l'histoire,
puis ramasser ça en 23 minutes raconté par un historien qu'on entend mal parce qu'il est sur Skype.
On est donc maintenant rendu à l'épisode II,
ou II en chiffres romains.
C'est drôle, non?
Alors, suite à un premier épisode qui était pas mal juste une gigantesque mise en contexte,
mon Dieu que je suis rendu bon pour vendre cette émission-là,
on s'apprête finalement à entrer dans le vif du sujet,
la chute de Rome.
Ou pas du tout.
On l'a déjà dit, les historiens s'entendent pas sur quels événements constituent à proprement parler
la chute de Rome, mais on doit bien finir par se rapprocher.
Je vais donc juste continuer à vous donner du contexte historique
en espérant que le vif du sujet finisse par se pointer
avant que ça fasse déjà trois épisodes, puis qu'on me coupe
en plein milieu d'une phrase.
Avant de se lancer
à pieds joints dans le chaos et la décadence
romaine, mais pas décadence
le fun, genre des orgies pendant
lesquelles on mange des tripes de sangliers
frites dans la graisse du russe et vachées sur
un genre de fauteuil de psychiatre,
parce que fouillez-moi, ça c'est le bout le fun. Bref,
profitons de ce relatif moment d'accalmie entre deux podcasts
pour comprendre comment vivaient les Romains.
Contexte historique.
À Rome, au cœur de l'Empire romain,
à la fin du deuxième siècle,
il commence à y avoir pas mal de monde à la messe de Jupiter.
On y trouve des citoyens romains,
des riches et moins riches,
mais aussi des hommes libres et des moins libres,
ainsi que plusieurs personnes pas libres pas en tout parce qu'une grosse partie de l'économie de l'Empire reposait 100% sur la traite des esclaves,
à un tel point que tu pouvais juste aller les chercher au marché comme des légumes.
Aujourd'hui, à l'épicerie romaine, en direct du marché des esclaves,
comment choisir adéquatement le monsieur qui va passer sa vie à s'occuper des feux pour chauffer l'eau de votre bain, une cruche en forme de cygne à la fois.
Et notre expert en gladiateur nous montre comment prendre soin de la santé psychologique
d'un gars qui se bat dans l'arène avec un trident puis un genre de filet.
C'est du monde bien complexe.
Faute d'espace, la ville de Rome fait construire des complexes d'appartements
pour héberger un maximum de citoyens, donc des édifices que l'on appelait insula,
ou insulae au pluriel si mon latin n'est pas trop rouillé.
Mon Dieu que cette phrase-là crie, je suis allé au privé.
Mais maintenant, je peux faire mon fin fino en latin, par contre.
C'est dans ces immeubles à logement surpeuplés qu'habitaient les pauvres et les moyens pauvres.
Les riches, quant à eux, habitaient des domus, des maisons plus grandes, plus près du Capitole
et moins proches des crues du fleuve Tibre,
où le très cool système d'aqueduc déverse tous les jours le torrent défiant de tout le monde.
Attention tout le monde, le Tibre semble entrer en période de crues! Quoi que vous fassiez,
ne restez pas en sandales!
Là je taquine, mais aujourd'hui on s'extasie devant le fameux système d'aqueduc romain
qui permettait entre autres d'alimenter les bains publics où la majorité des gens
allaient pour se laver, jaser, faire des affaires et tout ça devant une impressionnante diaspora de sortes de mamelons. Dans les bains, on
peut aussi s'enduire d'huile ou se faire enduire d'huile selon nos moyens, nager,
faire un tour au spa, puis il y avait sûrement une de ces personnes d'un certain âge d'investisseur
excessivement à l'aise d'être tout nu. Écoutez, tous les corps sont magnifiques,
mais j'aimerais découvrir certaines choses en vieillissant moi-même, si possible.
Détails redondant.
Pour décrire les bains publics romains,
le terme utilisé est les termes.
Allez voir comment ça s'écrit.
Moi, j'ai fait tout ce que le médium me permettait.
Détail administratif.
Les rues de Rome
sont tellement achalandées
que pendant la journée, on restreint l'accès aux chars
et aux charrettes pour permettre aux citoyens de déambuler,
suite à quoi les charrettes tirées par des ânes
peuvent faire leur entrée dans les marchés.
Ce qui est non négligeable parce qu'avec toute l'étendue de l'Empire,
le commerce est en pleine effervescence,
alors que le colossal système de routes et de voies maritimes romaines
permet des échanges commerciaux exotiques d'un bout à l'autre
et l'import-export bat son plein.
À un tel point que même les foyers modestes ont à la maison
des objets qui proviennent des quatre coins de l'E et l'import-export bat son plein. À un tel point que même les foyers modestes ont à la maison des objets qui proviennent des
quatre coins de l'Empire qui, je vous le rappelle,
s'étend maintenant de l'Écosse au Moyen-Orient.
Vous pouvez réécouter l'épisode 1.
Chérie, je viens d'acheter
un ensemble de coupes en cristal égyptien,
le seul endroit où l'on
fait du verre à notre époque.
Attention, c'est très fragile et
s'il devait se briser pour une raison
ou pour une autre, il serait irremplaçable.
Oui? Y a-t-il une suite à cet énoncé, mon mari?
Pour être honnête, je m'attendais à ce que quelque chose d'inattendu arrive et brise tous ses verres pour créer un effet comique.
Veux-tu que je les détruise moi-même?
Non, non. Le moment est passé.
que je les détruise moi-même.
Non, non.
Le moment est passé.
De retour à notre programme principal maintenant,
après le désastreux empereur Commode qui avait manifestement la même empathie que le meuble,
plusieurs empereurs vont se succéder
très rapidement à cause d'assassinats,
de coups d'état et d'une ambiance générale
de coups de couteau dans le dos.
Donc, blablabla, tu-tu-tu,
celui qui va sortir vainqueur de ce carousel
de coups de couteau, c'est Septimus Severus,
dont la lignée va régner pendant environ 40 ans et sera surnommée la dynastie des Sévères.
En tout cas, mettons que dans les mariages, c'est pas cette famille-là qui partait le petit train.
Portant effectivement bien leur nom, les empereurs sévères vont décider que ce serait peut-être une bonne idée à ce stade-ci
d'augmenter la taille et la puissance de l'armée romaine, ceux qui sont justement responsables de faire régner l'ordre, de défendre le vaste empire
et qui sont aussi une source intéressable de noms qui sont des jeux de mots en husse
dans les bandes dessinées d'Astérix comme Détritus, Antivirus et Prépuce. J'en ai
inventé un. Lequel?
Attention, Servix! Le général Prépuce avance sur nous!
Ah, il recule.
Détail intéressant.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à la base,
il existe deux types de soldats dans l'armée romaine.
Le légionnaire, qui est un citoyen romain,
ainsi que l'auxiliaire, qui, lui, n'est pas un citoyen
et qui provient des nombreuses populations
qui habitent aux quatre coins de l'Empire.
Néanmoins, en tant que recru dans l'armée,
tout le monde commence au bas de l'échelle.
Entre autres, on confiait aux nouveaux des tâches comme s'occuper des latrines,
effectivement pas plus en bas de l'échelle que ça,
mais aussi s'occuper des feux de camp,
construire les campements de A à Z avec des fossés à creuser
puis des espèces de palissades de rondins pas possibles
qui nécessitent toutes d'abattre un arbre chaque,
et bien sûr, casser des rochers pour fabriquer des routes,
cette job qui est emmerdante jusqu'à ce que tu réalises que ta frustration de casser des roches
se canalise super bien en cassant des roches,
jusqu'à ce que tu réalises à nouveau que la source de ta frustration et de ta catharsis
est en fait la même chose, ce qui redevient emmerdant.
Parmi les armes du légionnaire, on retrouve le gladius, le glaive, un genre de petite épée courte.
Ils ont aussi deux langues, s'appelées pilum, ainsi que le bouclier, le glaive, un genre de petite épée courte. Ils ont aussi deux langues, s'appeler pilum, ainsi que le bouclier,
le scutum.
Quoi?
Pourquoi vous riez?
Scutum? Vraiment?
Quand on réunit huit légionnaires,
on forme une unité d'infanterie appelée contubernium.
Et les huit membres du contubernium
voyagent ensemble, se battent ensemble,
partagent le même espace de vie
où ils se racontaient sûrement leurs mésaventures amoureuses d'adolescentes
dans leur parté polochon de Cotubernium.
Chut! Il va se réveiller!
Allez, Caillus, mets-y plus de crème à raser dans la face
qui, à notre époque, est juste un gros savon dur.
Ah, les gars, c'est pas cool! Le centurion va nous chicaner!
Attention, il se réveille!
Aïe aïe! Ce savon-là est bien dur!
Lorsqu'on a 10 contubernium,
maintenant, c'est ce qu'on appelle une centurie
qui est gérée par un centurion
qui sont instantanément reconnaissables
parce qu'ils ont une espèce de brosse sur leur casque.
Donc, quand tu veux identifier ton centurion
sur le champ de bataille,
c'est invariablement celui qui a l'air
d'avoir développé une astuce de paresseux
pour repeindre son plafond.
Six centuries forment donc une cohorte
et tout ça est soudainement en train de devenir
un examen de maths.
Donc, si trois centuries
partent de Rome à 9h15
en se déplaçant à
1 km heure et que
huit contuberniums quittent
qu'on date à midi à la même vitesse.
Lequel de ces deux détachements
va essayer de contourner
l'autre en sachant pas trop dans
quelle direction ils vont se tasser?
Scotum!
Chabotte! Dehors!
Voilà, c'est ça étudier au privé.
Ensuite, quand on réunit
dix cohortes plus une unité de cavalerie,
on obtient une légion, la plus grosse unité de l'armée romaine,
puis ça commence à faire pas mal de latrine à surveiller pour les légionnaires stagiaires.
Donc, de retour aux empereurs de la dynastie de Sévérus,
les Sévères, qui, faute d'avoir du plaisir d'en vivre,
veulent aussi faire grossir les rangs de l'armée romaine
et décident pour ce faire d'augmenter les salaires.
Effectivement, merci d'avoir
choisi l'option simple sur celle-là. Par contre, là où ils vont se compliquer la vie, c'est dans
leur façon d'augmenter les salaires, c'est-à-dire en mettant moins de métal dans la monnaie pour
produire plus de pièces. Dans le sens de créer de l'argent avec moins de valeur? Dans le sens de créer de l'argent avec moins de valeur?
Dans le sens de retirer sa valeur à l'argent?
Hum, me semble que mon père m'a déjà dit quelque chose à propos de ça.
Ben non, tu peux pas faire ça, tabarnak!
Ton argent va perdre toute sa valeur, tu vas te ramasser dans une maudite économie de tapons, là!
C'est bien ce que je pensais.
Quelques instants plus tard, l'Empire est en pleine crise économique.
Et rapidement, la décision de donner plus de pouvoir à l'armée commence à se retourner contre les sévères.
Parce qu'il n'y a pas juste des conflits à l'interne à gérer,
il y a en plus des attaques de tribus germaniques en même temps que des escarmouches avec les Marcomans et les Allemands.
Non, je ne suis pas en train de faire un accident vasculaire cérébral en prononçant le mot Allemands. C'est vraiment Allemands.
A-L-A-M-A-N.
Et rajoutez à ça une coupe d'embrouilles avec les
Sassanides, d'une dynastie perse provenant
de l'actuel Iran. Bref, ça chie de
tout bord, tout côté, et ça va mal parce qu'avec
un territoire aussi vaste, il y a pas mal juste ça des côtés.
Là, l'empereur Alexandre Sévère
va se rendre dans l'Est pour défendre
l'Empire contre les Sassanides, mais après ça,
il va trouver que... C'Est pour défendre l'Empire contre les Sassanides, mais après ça, il va trouver que...
Ah, c'est assez, là.
Et refuser de repartir pour aller défendre les autres territoires
contre les attaques germaniques,
ce que les militaires vont trouver comme un trait de caractère plutôt couillon
et ils vont l'assassiner comme le veut la coutume.
Ce qui est aussi une autre façon de dire qu'on perd ses verres.
OK, ça suffit. Je suis moi-même tanné.
C'est alors que débute une période qu'on a baptisée la crise du troisième siècle.
Quelque chose me dit que ça va mal aller.
La crise du troisième siècle, qui s'étend de l'an 235 à 284,
c'est une série de coups d'État, rébellions, conflits internes,
d'usurpateurs et de toute une ribambelle d'empereurs pas super importants.
Juste pour vous donner une idée, au premier siècle, il y a eu environ 12 empereurs et au deuxième siècle, seulement 9.
Au troisième siècle, il y aura un grand total de 21 empereurs, ce qui ne témoigne pas de stabilité, disons.
Et c'était pas 21 champions. Pendant 50 ans, Rome passe par toutes sortes d'empereurs-soldats plus ou moins cruels et respectés.
En fait, c'est difficile de savoir exactement ce qu'il y en était de ce party mix d'empereurs,
parce qu'on peut évidemment pas se fier à ce que les empereurs disaient sur les empereurs précédents,
parce qu'ils saisissaient tout.
L'empereur Galien, l'empereur Cave, oui!
Les rumeurs se résument souvent à accuser l'autre empereur d'être un pervers
en faisant courir qu'il aime avoir du sexe en public avec des femmes ainsi que des hommes.
Parce que oui, il faut croire que le mieux qu'ils avaient pour se traîner dans la boue, c'était de s'accuser d'être bicurieux.
Une rumeur court que vous aimez ça bécoter des hommes de temps en temps.
Ah oui? Peut-être que c'est moi qui ai entendu une rumeur que vous aimez ça, bécoter des hommes de temps en temps.
Eh bien, est-ce qu'il y a une rumeur qui dit que ça vous tente d'en bécoter un maintenant?
Peut-être.
Vous, votre rumeur, ça ressemble à quoi?
Il y a des rumeurs plus colorées aussi.
On disait entre autres de Maximinus Trax, un empereur guerrier qui mesurait plus de 8 mètres de haut, ce qui me semble être exactement ce que dirait quelqu'un
qui s'appelle Maximinus. La légende veut aussi que l'empereur Valérien, parti s'attaquer
aux Perses Sassanides, serait fait capturer et aurait fini le reste de sa vie comme tabouret
pour aider le roi perse à embarquer sur son cheval. Et ça, je ne veux jamais savoir si c'est pas vrai.
De retour dans les faits historiques,
Galianus, le fils de Valérien
et seulement le dixième sur les 21 empereurs
de la crise du 3e siècle,
va essayer de reprendre le contrôle
parce que l'empereur est maintenant un tabouret.
Mais avec toutes les invasions, les rébellions
et les territoires à reconquérir,
il va l'échapper comme seul pourrait le faire une femme célibataire
qui essaie de jongler avec sa vie sentimentale et professionnelle
dans une comédie romantique mal doublée diffusée le samedi après-midi.
Gallianus va donc éventuellement se retrouver dans une situation
où il n'y a plus d'autorité sur personne.
Puis là, ça va créer une autre situation où tout le monde va en profiter
pour se partir des empires à leur compte à l'intérieur de l'Empire romain.
Donc on se retrouve avec plein d'empereurs à la pige en même temps.
Détail dark.
Et en 249, c'est pile à ce moment-là
que se déclenche une rafraîchissante épidémie
de peste. Ouais, là, j'en entends
déjà me dire. Yo, monsieur, me semble
que les Romains étaient genre trop propres
avec leur système d'aqueduc, puis genre les bains
publics dans lesquels ils se baignaient quotidiennement.
Word. Oui, sauf que le seul problème, c'aqueduc, puis genre les bains publics dans lesquels ils se baignaient quotidiennement, word.
Oui, sauf que le seul problème, c'est que, tel que mentionné,
l'eau sale se ramassait direct dans le fleuve.
Rajoutez à ça que le réseau de routes romaines établi
pour faciliter le commerce de marchandises
facilite aussi la propagation des maladies.
Et si vous n'avez pas encore compris comment les Romains ont poigné la peste,
c'est parce que je ne vous ai pas encore parlé des éponges à fesses communes.
Détail dégueu. Le xylospongium, c'est parce que je ne vous ai pas encore parlé des éponges à fesses communes. Détail dégueu.
Le xylospongium,
c'est une espèce d'éponge sur un bâton
que les gens utilisaient de manière commune
aux latrines. Entre
deux postérieurs, on lavait
l'éponge dans un seau d'eau avec du sel
ou du vinaigre, deux affaires que je qualifierais
de risquer à se mettre entre les foufounes.
Bref, le xylospongium,
l'outil dont le nom sonne également
comme la maladie que tu pognes en l'utilisant.
Détail dégueu,
deuxième partie.
À bien y penser, il me semble que la Bible
mentionne un Romain qui a donné à Jésus
sur la croix du vinaigre à boire
avec une éponge et je sais pas
ce qu'ils ont utilisé, mais j'ai bien peur que le zylospongium
c'est la seule option qui remplit tous les critères.
Bon, je pense qu'il est temps d'en finir
avec la crise du 3e siècle.
Ha ha! Je suis l'empereur
Aurélien et c'est moi qui va finir
par réunifier l'Empire.
On me décrura plus tard comme un homme
dur et peu apprécié, mais en même temps
régler la crise du 3e
siècle, ça ne se fait pas sans donner
une coupe de taloche. Hé, vous, là-bas!
Alors, on essaie de se partir un empire dans l'empire?
Non, je suis un potier, je vous jure!
Monteur!
Ah!
Non!
En 285, l'empereur Dioclétien, qui succède à Aurélien,
va regarder l'ensemble de l'empire fraîchement réintégré
sur une grosse carte étendue sur son bureau avec des petits romains en bois
puis finir par se dire...
Non, non, non. Je trouve ça simplement trop gros.
Et si on coupait tout ça en deux pour faciliter les choses?
Et hop! L'Empire romain d'Occident à l'Ouest et l'Empire romain d'Orient à l'Est.
Tiens! Il ne sera pas trop de deux empereurs pour gérer toute cette merde.
Hé, vous, là-bas! Vous êtes mon co-empereur, maintenant!
Non, je ne suis qu'un potier, je vous jure!
Menteur, viens ici, toi!
Nooooon!
Hélas, Dioclétien n'a pas fini de déléguer de l'ouvrage.
En plus des deux co-empereurs principaux, que l'on nomme les Augustes,
en l'honneur de l'ancienne empereur que tout le monde aimait dans ce temps-là,
mais dont on se torche complètement aujourd'hui,
il y a aussi, pour les assister, en l'honneur de l'ancien empereur que tout le monde aimait dans ce temps-là, mais dont on se torche complètement aujourd'hui. Il y a aussi, pour les assister,
deux Césars, des empereurs
auxiliaires qui portent le nom du dictateur
que les Romains trouvaient bien correct avec certaines
réserves, mais qu'aujourd'hui, nous, on adore.
On va appeler cette nouvelle façon
de fonctionner la tétrarchie.
Et ça sonne déjà comme un jeu
de société plate. En tout cas, personnellement,
ce que je retiens, c'est que Dioclétien ne voulait vraiment
pas être tout seul à prendre des décisions.
Puis je le comprends, parce qu'en tant qu'empereur,
il y a juste un certain nombre de mauvaises décisions
que tu peux prendre avant de te faire poignard
de l'idolatry day.
Bonne nouvelle, la tétrarchie va fonctionner
pendant un petit bout, assez pour qu'à un moment donné,
Dioclétien décide d'en faire encore moins
et laisser le poste d'empereur
à quelqu'un d'autre.
Bon, ça a l'air banal comme information,
mais dites-vous qu'après tous les empereurs du 3e siècle qui s'assassinaient en file indienne,
c'est quand même déstabilisant à ce stade-ci quelqu'un qui décide de céder le pouvoir
sans qu'on l'arrache à ses mains rigidifiées par la mort.
Le problème pour Dioclétien, c'est qu'en prenant sa retraite au lieu de mourir comme tout le monde,
il va malheureusement avoir tout le loisir d'observer la nouvelle administration
se désorganiser complètement en son absence
comme si c'était une pièce de théâtre de petit singe
capucin pendant que le dresseur est allé se chercher un hot dog.
Il sera donc témoin
de son vivant, de la chute de son
propre système.
Oh, ma tétrarchie!
Surprenamment, la solution qui sera choisie
au problème de surplus d'empereurs en même temps
va être d'ajouter encore plus d'empereurs.
Là, à un moment donné, on est rendu avec sept personnes au pouvoir,
ce qui donne une heptarchie,
puis là, tout le monde commence à avoir un sentiment
« on ne peut plus crise du troisième siècle II ».
Mais qui viendra au secours des romains?
Serait-ce cet homme au loin avec cette grosse tête super carrée
sur toutes les statues qui leur donnaient invariablement l'air d'être faites en pâte à modeler?
Allez voir sur Wikipédia.
C'est l'empereur Constantin!
Détail intéressant.
Constantin est né d'une mère qui était servante d'auberge,
ce qui est une autre façon de dire plus vieux métier du monde.
C'était la concubine du père de Constantin,
qui lui était un césar pour l'Auguste
Maximilien Hercule. Cette phrase contient beaucoup de noms. Donc, Constantin grandit, se hisse au rang
de puissant et commence éventuellement à affronter les autres maudits Césars puis les basouelles
d'Auguste avec la ferme idée de sacrer tout le travail de Dioclétien aux poubelles et réunifier
l'Empire romain, histoire d'en devenir le seul et unique empereur. Bref, la légende de Constantin, c'est qu'à un moment donné,
il va affronter un de ces gars-là en 313, près du pont Milvius,
qui traverse le Tibre au nord-est de Rome.
C'est sur ce fameux pont, aussi surnommé le Pontemolo,
ou encore le pont mou,
qu'il va se faire parler par nul autre que Dieu.
Détail intéressant.
Selon sa version des faits,
bon, me semblait aussi,
Constantin aurait vu apparaître dans le ciel
un chrisme.
Oui, Premiers Radio-Canada, j'ai le droit de dire ça.
Le chrisme, c'est un symbole chrétien
composé des initiales grecques de Jésus.
Un genre de P puis un X superposé.
Vision qui était accompagnée
d'un petit mémo de Dieu en personne
mentionnant...
Constantin décide donc d'organiser un colossal atelier d'art plastique
et d'apposer le symbole sur les boucliers de tous ses légionnaires.
Et c'est ainsi que, selon sa version des faits, c'est comme ça
qu'il a gagné la bataille du pont Milvius. Mais c'est aussi peut-être, comment dire,
pas vrai.
Chose certaine, cette victoire-là n'est pas juste importante pour consolider le règne
de l'empereur Constantin, c'est aussi l'événement qui va le pousser à être le premier empereur
à faire des réformes qui vont permettre l'essor du christianisme dans l'Empire.
Eh bien, ce jour-là, c'était peut-être aussi bel et bien Dieu
qui était simplement en train de jouer avec ses empereurs romains comme avec des légaux.
Ouais, qui a besoin du politisme quand on peut avoir Dieu?
Ouais, Dieu!
Piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu, piu!
Détail intéressant.
À l'époque, sur les 70 millions d'habitants de l'Empire, environ 5 à 10 % seulement étaient chrétiens
Et en majorité, la religion des gens dans l'Empire romain était polythéiste
C'est-à-dire qu'on célèbre plusieurs dieux, comme c'était le cas dans la mythologie grecque
En fait, dans le cas des Romains, c'est 100 % la mythologie grecque avec les mêmes divinités, mais qui ont des noms différents
Au lieu de Zeus, c'est Jupiter. Arès devient Mars.
Mais il y a aussi des dieux uniquement romains, comme Janus, le dieu à deux visages. Et ça sonne
comme le dieu de choses très sexuelles. Évidemment, les chrétiens, eux, ne l'ont pas facile en empire
romain, parce qu'après le stress de toutes ces guerres civiles, les attaques barbares, les épidémies
et l'instabilité politique, les gens découvrent qu'il n'y a rien de mieux pour se changer les idées
que de persécuter les chrétiens en les envoyant se faire déchirer en serpentin par les lions du Colisée.
Les Romains trouvent ça d'ailleurs très drôle.
OK tout le monde, quoi que vous fassiez, cessez de tendre l'autre joue au lion!
Mais quand l'empereur Constantin commence à triper sur le christianisme
avec la même ferveur qu'un adolescent qui découvre Fight Club, c'est-à-dire de façon énervante,
beaucoup de gens sont étrangement enthousiastes
à le suivre, parce que l'empereur est chrétien
maintenant. Qu'est-ce que vous allez faire?
Continuer à vénérer Janus?
Ce pervers?
Donc maintenant que Constantin est le roi de la montagne,
il va décider d'établir une nouvelle capitale
pour son empire romain rabouté de rubans
adhésifs dans un spot plus central
entre l'Est et l'Ouest,
l'ancienne ville de Byzance,
aujourd'hui Istanbul en Turquie.
Et quel nom donne-t-il à sa nouvelle Rome?
Constantinople, évidemment!
Ça allait pas être McMasterville, hein?
Détail intéressant.
Même s'il n'est pas encore techniquement baptisé
au sein de l'Église chrétienne,
en 325, Constantin va présider le premier concile de Nicée,
une grosse conférence d'évêques pour essayer de s'entendre sur les grands principes de l'Église et du christianisme,
dont les dossiers chauds de l'heure sont
« Est-ce que Jésus est aussi divin que Dieu? »
ainsi que « À quelle date on célèbre Pâques? »
Deux excellentes questions de fumeur de potes.
Constantin se fera finalement baptiser sur son lit de mort,
comme quelqu'un qui prend le temps de vérifier que Janus existe bel et bien pas.
Et ensuite, c'est le retour dans le chaos,
quand ses fils vont s'affronter pour le pouvoir et refragmenter l'Empire.
Cool! Tout ce qui s'est passé dans cet épisode n'a servi à rien.
Serait-ce finalement le moment de la chute pour l'Empire romain?
Pas tout à fait,
mais ça regarde mal. Mettons qu'il ne
faudrait pas que des hordes de barbares sanguinaires
se mêlent à tout ça.
Je m'appelle Charles Beauchesne et le cauchemar
de la chute de Rome se poursuit
dans le prochain épisode.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne Dans le prochain épisode... Lucie Fournaison. À la prise de son, Vincent Cardinal. À la production,
Mylène Fraser.
Producteur exécutif, Raphaël Huismans et Philippe Lamarre.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne
est une production d'Urbania.