Les Pires Moments de l'Histoire - La Révolution française - Partie 1
Episode Date: February 2, 2024Mais pourquoi les français ont-ils, par un beau jour du 18ième siècle, décidé collectivement de se débarrasser du Roi? C’est ce que nous explorerons dans ce premier chapitre où Charles décor...tique les évènements principaux ayant mené à la Révolution française, des mauvaises dépenses de la couronne à la famine, en passant par quelques bonnes vieilles décisions niaiseuses de Louis XVI qui vont le rendre moins populaire que jamais. C’est un euphémisme bien sûr, préparez-vous à voir le pays du camembert se faire virer à l’envers! Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Égo Meunier, un des meilleurs journalistes et les plus grands auteurs du Québec.
Égo, le texte!
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant
qui vous aide à voir le monde différemment.
Notre mission? Vous amener ailleurs.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au Balado Urbania.
Alors voilà, bonjour.
Je m'appelle Charles Beauchesne et on est officiellement de retour
pour une deuxième édition spéciale hors-série des pires moments de l'histoire.
Donc, après avoir tenté la dernière fois, avec un total mépris pour ma santé mentale,
de résumer l'entièreté du processus qui a mené au déclin de l'Empire romain,
je me suis posé la question suivante.
Qu'est-ce qui serait encore
plus mélangeant avec encore plus
de personnages, si possible une histoire plus
connue que tout le monde adore citer?
Juste question d'augmenter les possibilités
statistiques de me faire taper ses doigts dans les commentaires
par des vieux historiens français d'émissions de table ronde
où tout le monde a toujours l'air de se crier après, même si dans le fond
ils sont d'accord. La réponse est simple.
La Révolution française
en trilogie édition spéciale. Vous avez
bien compris, trois. J'ai bien dit trois épisodes. Gardez-vous bien dans Sauter 1, vous pourriez
manquer toutes les passes sanglantes où les gens avec des perruques se font couper la tête. Mais
qu'est-ce que la Révolution française, vous allez me dire? Eh bien, c'est ce point tournant historique
entre 1789 et 1799 où les Français ont décidé qu'ils n'avaient plus vraiment
envie d'avoir un roi et qu'ils préféraient à la place
un pays où ils pourraient s'adonner en toute liberté
à leur activité préférée, avoir
leur mot à dire et accessoirement
se plaindre. C'est certain que dit comme ça,
ça sonne comme une bonne idée qui va éventuellement
donner naissance au monde démocratique
dans lequel on vit aujourd'hui.
En même temps, je viens de me souvenir que je suis canadien
et j'ai encore 100% un roi, mais c'est correct,
parce que depuis peu, on n'est même plus obligé
de se prêter serment pour siéger au gouvernement québécois,
alors c'est plus une espèce de Britannique qu'on ignore.
Malheureusement, les Français n'opteront pas
pour une solution aussi passive-agressive
et vont plutôt décider, à la fin du 18e siècle,
de descendre dans la rue, foutre le bordel,
couper la tête à un maximum de personnes
dans un bain de sang inimaginable
avec une machine spécialement développée pour ça.
Emprisonner tout le monde qui est pas d'accord
et fouillez-moi trouver le moyen d'intellectualiser le carnage
comme un grand moment de liberté, d'égalité et de fraternité.
Du bon matériel à futur manuel scolaire.
Idéal pour une petite interro surprise à l'école,
histoire que leurs élèves finissent par préférer fumer du hachiche
en écoutant des vieux tubes de Diams
qui disent à cette chum de fille
de lâcher son mec parce que c'est un pauvre type.
Ou quelque chose du genre.
Allez, pars-moi le générique et allons voir
comment se déroule cette épopée romanesque
où, à l'image d'une rose,
la France va fleurir avec noblesse
et faner avec éclat.
Pas pire, il semblerait que j'ai encore le tour.
Épisode 1
Il était une fois
des Français mécontents
comme d'habitude.
Alors, la saga
de la Révolution française
commence avec,
pourquoi pas,
des problèmes d'argent.
Contexte historique.
On est donc
à la fin du 18e siècle,
à l'époque des chapeaux tricornes,
des longues chaussettes
remontées jusqu'aux genoux
et des perruques
qui faisaient que,
grosso modo,
tout le monde avait
un petit peu l'air
d'un caniche.
C'est également une période caractérisée par le fait que les monarques de France avaient cette fâcheuse habitude
de dépenser avec la fureur et le mépris des conséquences d'une personne malheureuse qui magasine en ligne.
Ah, peut-être que ce sac de voyage Louis Vuitton où tu payes essentiellement pour la marque
sera comblé l'abysse qu'est ma vie,
ou à la limite créer un autre abysse pour contenir cette blouse en soi tout à fait ravissante
qui, elle, saura assurément me rendre heureuse.
Carte de crédit déclinée, mais qu'est-ce que...
Heureusement que j'en avais figé une autre dans un bloc de glace au congélateur,
pile pour ce genre de situation.
Bon, oui, mon séchoir à cheveux.
Déjà sous Louis XIV, la France est carrément banqueroute.
À force de financer les guerres contre entre autres les Habsbourgs,
cette dynastie hautement consanguine où tout le monde a un petit peu l'air d'un pied avec des cheveux.
Le pays se retrouve donc avec une coquette dette globale estimée à 2,5 milliards de livres,
soit 10 ans de revenus du trésor.
Tu sais que t'es bel et bien devenu un adulte quand déjà tu peux plus te concentrer sur l'épisode
parce que t'es en train de stresser financièrement pour eux.
On aurait pu croire que cette étape
aurait été un bon moment pour faire attention, je sais pas moi,
aux dépenses, mais malheureusement
entre 1740 et 1788,
fouille et moi, ils vont trouver le moignet triplé.
Principalement parce que la France de Louis XV
va choisir de financer allègrement
des projets comme des guerres pour garder
le contrôle de ses colonies en Amérique pendant la
guerre de sept ans, avant de tout abandonner
ça aux Anglais avec comme résultat le Québec
cibole. Qui est d'ailleurs aujourd'hui
ironiquement un endroit où viennent s'installer de plus
en plus de Français qui en peuvent tout simplement plus
des Français, mais qui vont quand même en profiter pour
s'agglomérer dans des quartiers où habitent un maximum
de Français. Et les choses ne font que devenir
financièrement de pire en pire sous le règne de
Louis XVI, qui va choisir de venger
son père en garochant de l'argent sans compter
dans la guerre d'indépendance américaine
contre les Britanniques. Conflit dans lequel
les Français n'ont, je vous le rappelle, aucun rapport.
Et qui va coûter un additionnel petit...
2 milliards
à la couronne française!
Et tout ça pour agacer
des Anglais. Je peux comprendre.
Mais apparemment, financer une guerre
qui te siphonne comme on siphonne une slush
après une petite partie de minipote, ça en vaut le mal de tête.
Mon Dieu, quel genre d'adulte suis-je devenu?
Bref, au palais de Versailles, on continue de dépenser comme jamais.
Louis XVI dombe de l'argent dans des banquets faramineux avec des centres de table en plumes de pain,
des constructions inutiles comme des théâtres où ils ne vont jamais, soit dit en passant,
des voyages à l'étranger où c'était vraiment essentiel d'amener des baignoires en forme de cygne,
à l'étranger où c'était vraiment essentiel d'amener des baignoires en forme de cygne, où tout bonnement il va juste donner de l'argent à ses frères qui sont aussi inutiles que le gars
dans un déménagement qui explique aux autres comment incliner le divan dans l'escalier en
mangeant un yogourt glacé. D'ailleurs, s'il y a un endroit où Louis XVI va pas regarder à la dépense,
c'est avec son épouse. La dernière reine de France, Marie-Antoinette.
Et maintenant que nous avons fini le gâteau, sortons dans le jardin pour nous courir après.
Trouve de personne, arrêtez!
Détail intéressant.
Marie-Antoinette, c'est une archiduchesse d'Autriche qui a été mariée à Louis XVI quand ils avaient genre 15 ans,
afin qu'une bonne fois pour toutes, la France et l'Autriche soient des amis.
Résultat, tout le monde la déteste.
Effectivement, du jour au lendemain, elle arrive dans un pays étranger duquel elle ne comprend rien,
où on la considère comme une ennemie, mais où tout le monde lui met constamment la pression de pondre un héritier au plus sacrant à un mari qui s'en fout.
Détail intéressant dans un détail intéressant.
Ouais, ce qu'on dit, Louis XVI
n'était pas très porté sur le cul.
C'était un gars timide, un peu de dur,
réputé pour son tempérament tellement mou que ça en est
frustrant, et doté d'une intelligence
que plusieurs semblent qualifier de
moins suffisante
qu'on aurait aimée. Comme le mentionne
discrètement la maîtresse de son père,
Madame Dubarry, qui va d'ailleurs dire à plusieurs reprises
« C'est un gros enfant débile!
Et maintenant, quittez, Louis!
Que je fasse l'amour à votre vieux père! »
« Alors, Madame Dubarry,
j'espère que vous êtes prête pour le saut de Longui! »
« Allez, dégage, Louis! »
Vous comprendrez donc que le sexe ne l'intéresse pas beaucoup.
En fait, Louis XVI n'a même pas vraiment envie d'être roi, non.
Lui, ce qui l'intéresse surtout dans la vie, c'est la science,
la physique, la chimie,
mais aussi des connaissances transversales par rapport
comme monter des horloges et les mécanismes
de serrure. Donc, évidemment,
quand ça va faire sept ans qu'il est marié
à Marie-Antoinette et qu'ils n'ont toujours pas eu de relation
sexuelle, le tout le monde à Versailles va
commencer à lui faire des blagues de « Alors, Louis,
on a de la misère à mettre sa clé dans la serrure?
Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Allez, à plus, espèce de la misère à mettre sa clé dans la serrure?
Allez, à plus, espèce de gros nerd!
Détail instructif,
mais qui est pas vraiment de nos affaires.
L'affaire, c'est que Louis XVI était aussi affligé par ce qu'on appelle le phimosis,
un rétrécissement de l'extrémité du prépuce
qui empêche de décaloter complètement
quand on est en érection, donnant le feeling
que t'accouches de ton propre gland à chaque relation sexuelle.
Et c'est effectivement beaucoup trop d'informations.
Bref, après 7 ans, on va lui faire
une brève opération à la peau du pénis
et Louis XVI
va enfin aimer
moyennement le sexe.
Du moins suffisamment pour faire 4 enfants.
Bon, tout devrait bien aller maintenant.
En fait, non. Pour la réputation de Marie-Antoinette,
il est beaucoup trop tard
et ça fait des années que toutes sortes de rumeurs courent sur ses infidélités,
entre autres avec Madame de Polignac.
Mais surtout avec le beau conte suédois...
Axel de Fersen!
Dans les rues de Paris, on vend maintenant des espèces de caricatures érotiques de Fersen
avec un gros pénis en érection
qu'ils utilisent comme un bélier pour enfoncer la porte de chambre de Marie-Antoinette pendant qu'elle a les seins à l'air à faire « Ah! »
Caricature érotique, procurez-vous vos caricatures érotiques.
Venez voir l'Autrichienne avec son beau suédois.
Venez voir ce qui se passe à Versailles.
Faites-moi confiance, je n'étais pas là.
Caricature érotique, idéale
pour se branler.
De retour aux détails intéressants
initiales. Ouais, désolé, je ferai pas ça trop souvent.
Donc Marie-Antoinette va prendre l'habitude
de s'enfuir de toutes ces conneries
en dépensant continuellement plein d'argent
sur des robes qui ont pas d'allure, des bijoux gros
comme le gland du roi, des coiffures
géantes avec genre des oiseaux pis des bateaux
par-dessus, des soirées de cartes où elle perd
constamment, le tout ponctué de pâtisseries
avec tellement de sucre que le paysan
moyen deviendrait fou juste en y goûtant.
Elle va se faire entre autres construire à Versailles
un domaine complet baptisé le Petit
Trianon, où elle pouvait se réfugier
loin de la vie de cour avec ses amis de filles,
un domaine pseudo-bucolique incluant
le Hameau de la reine,
un genre de similiferme où elle pouvait faire semblant
d'être une paysanne qui récolte les oeufs de ses poules,
préalablement recueillie par une vraie paysanne payée
pour donner l'illusion à la reine de faire ça
sans qu'elle ait nécessairement à se mettre la main
en dessous du vieux cul dégueulasse d'une poule.
Et voyez-vous, cette habitude de Marie-Antoinette
à dépenser l'argent de la population pour fuir la cour
le temps d'une fantaisie de brasse-cours
va effectivement mettre les gens très très en colère,
à un tel point qu'on va la surnommer Madame Déficit.
Ce qui n'est certes pas très gentil, mais à postériori, on va lui couper la tête.
Alors économisez votre sympathie pour l'instant.
Le résumé de tout ça, c'est qu'il y a moins d'argent qui rentre qui en sort,
que Louis XVI ne peut plus emprunter parce que la majorité de son déficit
est formée par des intérêts sur sa dette.
Oh mon Dieu que c'est angoissant!
Tout ça est bel et bien un cauchemar de Pierre-Yves Mexouine, ce scrooge du Québec.
Et quand le roi essaie d'augmenter les impôts, le Parlement refuse.
Donc, contexte historique, la France est dans la déche.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas juste les finances qui sont en train de débouler les marches de marbre en collimason avec une rampe en dorure, la nourriture commence à manquer
parce que voyez-vous, de juin 1783
à février 1784,
un volcan islandais
avec un nom prononçable
pour la première fois dans l'histoire de l'Islande,
le Laki, ouf,
va entrer en éruption et garrocher tellement de poussière
puis de cochonneries volcaniques dans l'air
que ça va se rendre jusqu'en France.
Là, il y a un brouillard de suie
toxique qui se dépose partout
dans les champs, en plus de causer
des orages ultra-violents, de la grêle
et des refroidissements qui tuent
le bétail. Et couronner
tout ça avec le fait que l'hiver 1788
est un des plus froids depuis
toujours, ce qui flétrit
les récoltes qui allaient déjà super mal
depuis quelques années. Rés résultat, le prix du
pain augmente.
Et si on sait quelque chose
des Français, c'est qu'ils aiment le pain.
OK? Qu'est-ce qu'ils vont faire?
Manger du pâté de foie directement avec les doigts?
En fait, oui, je pense qu'ils vont faire ça, mauvais exemple.
C'est surtout qu'en France, à cette époque-là, le pain est pas mal
la base de l'alimentation.
Généralement, si les prix fluctuent trop à la hausse,
il n'y a pas une autre affaire plus sèche en dessous
qu'on peut acheter à la place, puis tu dois manger tes chaussures.
Devant tout ce bordel qui n'en finit plus
de mal aller, le contrôleur général
des finances du royaume, Charles-Alexandre
de Calonne, et ça ne sonne pas comme
quelqu'un qui mange son macaroni ou cheetos
direct dans la casserole, ça, arrive à Versailles,
là où se réunissent les ministres, avec une idée
somme toute complètement farfelue,
un nouvel impôt qui ferait fi des privilèges et qui s'appliquerait à tout le monde,
incluant les nobles et le clergé.
Arrêtez-moi tout de suite ce malade mental!
Détail frustrant.
À cette époque, quand tu faisais partie de la noblesse ou du clergé,
donc des gens les plus riches du royaume,
t'avais le privilège bonus d'être exempté d'impôts
que tu serais le mieux placé pour payer.
Alors on se retrouve dans cette situation
où l'élite essaie constamment de passer la facture à ceux d'en bas,
le peuple étant utilisé à toute fin pratique ici
comme une sorte de craque de sofa fiscal
dans laquelle tu peux fouiller voir s'il y a pas un petit deux piasses
pour payer le livreur de mes chinois.
Surprise! Ce modèle n'est pas rentable à long terme.
Comme de fait, la proposition tout à fait novatrice
de taxer les nobles et le clergé
va être majoritairement refusée
et considérée comme quelque chose de complètement cave.
Par les nobles et le clergé.
Ce qui fait qu'on se retrouve de plus en plus
acculé au pied du mur face à
la dernière solution restante.
Convoquer les États généraux!
Et je ne suis pas aussi ébranlé que je devrais l'être. C'est quoi, ça, les États généraux! » Et je ne suis pas aussi ébranlé que je devrais l'être.
C'est quoi, ça, les États généraux?
Détail intéressant.
Les États généraux, c'est un processus qui arrive essentiellement jamais
où le roi convoque une assemblée avec les représentants des trois ordres
qui constituent la société française.
La noblesse, le clergé et le tiers-État,
qui représente le peuple et qui englobe pas mal tout le monde qui n'est pas inclus dans les deux premiers ordres,
soit plus de 90% de la population.
Oh mon Dieu!
Et ces gens-là n'étaient jamais consultés?
Mais oui, oui, oui, oui, c'est ça.
Organisez-moi des états généraux plus sacrants!
Donc si je comprends bien, là que tu sois le bourgeois qui a inventé l'équivalent 18e siècle des cafés Starbucks
ou un gars à quatre pattes qui sniffe le derrière des chiens de ruelle pour les classer par bouquet,
tiens, arrête-toi toute la gang.
Eh bien oui, effectivement, tous ceux qui étaient poignés dans ce tiers-là devaient être mécontents du processus de représentation.
Surtout que dans le dernier siècle, ceux qu'on appelle les bourgeois sont devenus une classe de citoyens beaucoup plus puissants,
riches et éduqués, et ce par le fruit de leur travail à la sueur de leur front,
plutôt que grâce à un statut de vicomte gratuit à la naissance.
Ce qui fait que ces gens-là sont de toute évidence un peu tannés d'éponger la facture
de ceux qui sont au-dessus d'eux dans la chaîne alimentaire,
pendant que la noblesse et le clergé épongent surtout eux du rhum avec des gâteaux.
Ça s'appelle un baba au rhum, et c'est un excellent gâteau.
Ne le mêlons pas à tout ça si vous le voulez bien.
L'affaire, c'est que le roi ne veut pas le mêlons pas à tout ça si vous le voulez bien.
L'affaire, c'est que le roi ne veut pas toucher aux États généraux avec une pôle de 122 pieds.
Tout d'abord parce que c'est rare que les rois soient généralement super enthousiastes à l'idée de céder la seule job qu'ils ont à faire, prendre des décisions.
Et la dernière fois qu'on a réuni les États généraux, c'était il y a 150 ans,
après la mort d'Henri IV, puis ça a causé l'ascension du cardinal de Richelieu qui est sorti de nulle part
avec sa face de méchant d'animé japonais.
Bref, Louis XVI veut rien savoir des états généraux
et retire au parlement de Paris le droit de
remontrance,
c'est-à-dire le droit de contester les lois et les lettres patentes.
J'imagine que c'est des lettres qui parlent de patentes.
Jamais une chose aussi précise n'aurait eu l'air aussi floue. Pour se venger, les parlementaires vont remettre en cause la capacité de Louis à prendre des décisions
par une Déclaration des droits de la nation, le 3 mai 1788.
Soyez-en assurés, une publication incendiaire pour l'époque.
Et veuillez agréer, majesté, nos sentiments,
les moins distingués.
Ha ha! Et v'là, ça lui apprendra.
Mais non, c'est beaucoup trop vulgaire.
Ressayons en sous-entendant un ton glacial à l'écrit.
C'est parti!
C'est donc de plus en plus coincé dans l'étau
de la faillite imminente du pays
et de son propre refus de lancer
les États généraux que Louis XVI va
nommer le banquier suisse Jacques
Necker, contrôleur général
des finances en août 1788,
en espérant que peut-être un
Suisse aurait la solution. La bonne
nouvelle, c'est que Necker a effectivement trouvé une façon
de régler le problème. Sire, la bonne
nouvelle, c'est que j'ai trouvé
une solution.
Ah, Necker, à la bonne heure. Je vous en prie,
ne me faites pas languir.
La solution, c'est de convoquer
les états généraux.
Ah, la boulette. Tout ça pour ça.
Félicitations pour votre accent, soit dit en passant.
Merci.
Fait que c'est ça qu'il va faire, finalement.
Détail intéressant.
Comme je le mentionnais un peu plus tôt,
une des principales choses qu'on connaît aujourd'hui à propos de Louis XVI,
c'est qu'il est mou et plus malléable qu'une espèce de glue verte
vendue comme jouet aux enfants des années 90.
Tout de ces années-là est un prétexte pour vendre de la gluse,
une décennie épouvantable pour les directeurs d'école.
Donc Louis XVI s'en remet plus souvent qu'autrement,
assez conseillé pour prendre des décisions.
C'est super facile de le faire changer d'idée parce que lui, dans le fond, tout ce qu'il voulait,
c'est acheter la paix pour un petit peu plus de temps de serrure.
Et non, ce n'est vraiment pas une métaphore.
Ah!
J'y suis presque.
J'y suis presque.
Ah! Fantastique!
Qu'est-ce que les gens
peuvent bien trouver au sexe!
De retour aux États généraux. L'enjeu numéro un en vue des États généraux Ah, fantastique! Qu'est-ce que les gens peuvent bien trouver au sexe!
De retour aux États généraux.
L'enjeu numéro un en vue des États généraux prévus pour le mois de mai 1789,
c'est le système de vote pour prendre les décisions dans une place où tout le monde est là.
Le tiers État, qui comprend plus de députés que les nobles et le clergé mis ensemble,
aimerait vraiment avoir un vote par tête, mais traditionnellement, on avait cette habitude un peu croceuse de donner uniquement un seul vote par ordre. Donc, un vote pour les nobles,
un vote pour le clergé et un seul vote pour le tiers-État, qui représente à lui seul
plus de 90 % de la population et qui demande, si possible, à ne plus être les seuls à
payer des impôts. Je me demande ce qui va se passer!
Détail dark.
Pendant ce temps-là, ça va de plus en plus mal à Paris. En avril
1789, le prix du pain augmente encore. Je ne sais pas si c'est dû au fait qu'ils sont
tannés de se tartiner de la confiture directe dans la main, mais les Parisiens se révoltent
de plus en plus. Particulièrement au Faubourg Saint-Antoine, où une émeute est déclenchée
parce que le patron de la plus grosse manufacture de papier pain avait proposé,
et je cite,
« de déréglementer la distribution du pain pour entraîner une baisse des prix
qui permettrait un retour de moindre coût salario
qui se traduirait par des prix de fabrication plus bas qui stimuleraient rapidement la consommation. »
Ah ouais, ils ont été capables de comprendre ça, eux autres?
En fait, justement, non.
Les gens ont plutôt interprété ça comme quoi ils voulaient faire baisser les salaires
et tout ça va se terminer dans la rue avec des centaines de morts et de blessés,
cadeau de la répression des soldats du roi,
après que des émeutiers leur aient lancé des tuiles de toit de maison.
Donc...
Hey! Vous savez combien ça coûte un couvreur de nos jours, merde!
Fais à volonté!
C'est enfin le 5 mai à 8 heures du matin qu'on ouvre les maudits états généraux.
800 personnes sont là au total, dont 500 gueux du tiers état,
et on entasse tout ce beau monde-là dans une salle de ce qu'on appelle l'hôtel des menus plaisir.
Détail intéressant.
L'hôtel des menus plaisir,
à part sonner comme l'endroit idéal pour se masturber d'urgence sans se faire juger,
c'est en fait un genre d'immense entrepôt
slash costumier slash débarras
pour les accessoires de sport, les pièces de théâtre
et les cossins de parté relatifs aux menus plaisir.
Un service administratif complexe
sert juste à divertir les nobles qui s'emmerdent à Versailles.
Grosso modo, les états généraux ont lieu dans le plus grand cabanon du monde.
Bonjour tout le monde. Bonjour. Je vous en prie, asseyez-vous.
Il reste encore un peu de place à côté de ces fontaines de dieux grecs en réparation,
juste à côté de cette réplique grandeur nature d'un carousel que nous n'avons utilisé qu'une seule fois pour une pièce de théâtre.
d'un carousel que nous n'avons utilisé qu'une seule fois pour une pièce de théâtre.
Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour parler des fonds publics et seulement des fonds publics, surtout pas de changements sociaux qui...
Monsieur, monsieur, si je puis me permettre,
ce n'est certes pas le moment de jouer avec cette roue en forme de soleil
qui lance des feux d'artifice.
S'il vous plaît, la remettre dans la bouche de cette gigantesque réplique de moi-même en papier mâché.
Où j'en étais déjà?
Ah oui, l'argent.
Sachez que les nobles et le clergé auront chacun droit à leur propre salle de réunion
pour travailler sur leur solution dans un environnement optimal.
Alors que le tiers-état devra rester ici et patienter.
Mais sachez que je respecte vos opinions de façon tout à fait égale.
Oups, désolé, majesté.
Je me cherchais une chaise et je ne croyais pas qu'il y allait avoir autant de bâtons de croquets
derrière la porte de ce faux moulin à vent.
Regardez tout le monde, j'ai trouvé des costumes de pirates.
Mais cet endroit est génial.
Je vous en prie, je vous en prie, essayez de vous concentrer.
Bref, si les États généraux se cherchaient des dépenses superflues à couper, ils étaient à bonne place.
Détail dark qui détonne beaucoup avec les précédentes
niaiseries.
Le 4 juin, Louis-Joseph, le fils
de Louis XVI, donc le dauphin du trône de
France, meurt à l'âge de 7 ans,
consumé par une fièvre due à une
carie de la colonne vertébrale
qui lui gangrène les vertèbres.
Ah!
Je dirais que j'ai le goût de passer à autre chose.
Et je ne suis pas le seul, parce que le tiers état va refuser la requête de Louis XVI qui
veut repousser leurs demandes d'audience de quelques jours, le temps de vivre le deuil
de son enfant qui a pourri de l'intérieur.
Pouvez-vous lui donner un break?
Non?
Eh bien, enchaînons alors.
Au fil des semaines, quelques députés de la noblesse et du clergé vont, contre toute
attente, décider de se joindre au tiers état.
Peut-être par solidarité, peut-être parce qu'en fin de compte, leurs idées avaient
bien du sens, mais peut-être aussi parce que c'était juste plus le fun de jouer dans
le costumier. Le 17 juin, sans doute cette année de se faire ignorer et entreposer comme
un divan que t'arrives pas à vendre, le tiers État va en avoir assez de tout ce niaisage
et décider qu'ils sont suffisamment de monde pour faire fonctionner le pays, du moins pas
mal plus qu'une poignée de curés et d'aristocrates avec des grosses fesses.
Ils vont donc se constituer en une sorte
d'assemblée responsable
des décisions de la nation,
une sorte de, attachez bien vos ceintures,
assemblée nationale, si vous me
permettez l'expression. Tout ça, je vous
le rappelle, sur la base qui représente genre
96% de la population et
qu'ils n'ont pas besoin des autres ploucs pour faire leur travail.
Donne ainsi aux 4 % leurs 4 %.
Oh!
Détail intéressant.
Tout ça est peut-être dû à ce qu'on appelle l'esprit des Lumières,
qui va d'ailleurs donner le nom de siècle des Lumières à cette époque-là.
En gros, les Lumières, c'est un courant de pensée propre au 18e siècle
où les grands penseurs en grosse perruque de l'ère du temps,
comme Voltaire,
Rousseau et tant d'autres
qui n'étaient pas immédiatement soulignés sur la page Wikipédia
vont par leur écrit introduire dans l'imaginaire
collectif des notions aussi subversives
que...
Coudon, c'est-tu possible que tous les humains
soient égaux et que toutes les notions
qu'on nous apprend devraient être
questionnées parce que quelqu'un nous a menti
afin d'avoir pour toujours quelqu'un
pour changer le pot où il pisse la nuit.
Signé Jean-Jacques Rousseau.
Toujours est-il que trois jours plus tard,
voyant que les états généraux lui échappent
comme le processus pour extraire les photos
d'un téléphone intelligent échappe à ma mère,
Louis XVI va donc faire la seule chose
qu'un enthousiaste des serrures sait faire
et ordonner qu'on verrouille la salle des menus plaisir
dans l'espoir que les gens allaient oublier toutes ces dangereuses idées de s'auto-administrer
si la place où on se rencontre est farmée.
Vaillant effort, mais malheureusement, c'est pile à ce moment qu'un certain docteur Guillotin
– je me demande s'il y aura une autre contribution à cette histoire –
va proposer de juste aller ailleurs.
Donc tout le monde quitte l'entrepôt de jouets et se ramasse à la salle du jeu de paume,
une sorte de gymnase où on joue normalement une espèce d'ancêtre du tennis,
probablement pour rester dans l'énergie de changer le monde dans des endroits qui ne devraient vraiment pas servir à ça.
Les députés font alors ce qu'on appelle le serment du jeu de paume, c'est-à-dire... De continuer à se rassembler tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas donné une
constitution à la France, tous, ici, ensemble!
Ouais, ouais, ouais, c'est vrai, il a parfaitement raison!
Ça va? On vous dérange?
Non, non, excusez, excusez, j'écoute, j'écoute, promis.
Trois jours passent avant que le roi leur envoie le marquis de Dreubrézé, son nom de cuisson de steak,
mais qui est en fait le grand maître des cérémonies de France,
qui va inviter les gens à... généralement sacrer leur camp de la place. Ce à quoi Mirabeau, un homme politique qu'on surnomme l'orateur du peuple et la torche de
Provence. Bref, quelqu'un de définitivement
pas discret dans un 5 à 7, s'avance
et lui rétorque.
Allez dire à votre maître que nous sommes
ici par la volonté du
peuple et que nous n'en sortirons
que par la force des
baïonnettes!
Oui, oui, oui, c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai,
il a parfaitement raison! Oui, oui, oui, c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, il a parfaitement raison!
Ah, vraiment, gang?
Laissez-moi vous dire que vous venez
de ruiner une sapristouche de citations!
Non, sorry, sorry, on écoute, on écoute.
Les baïonnettes, pis tout.
Évidemment, ce gastéropode de Louis XVI
plie encore comme une grosse débarbouillette
et les laisse faire ce qu'ils veulent dans leur salle de sport.
De toute façon, qu'est-ce qui pourrait bien se passer?
D'ailleurs, pendant ce temps-là, à l'Assemblée nationale, régler la dette devient pas mal
secondaire tout à coup. Là, c'est rendu qu'on débat de tout, on discute des façons
de réformer le pays au grand complet, une révolution sociale. Pour l'instant.
Rapidement, on se rend compte qu'on assiste à quelque chose d'extraordinaire. La possibilité de réformer complètement les bases d'une société traditionnellement conservatrice
semble tout à coup plus accessible que jamais.
Il y a même de plus en plus de nobles un peu punk qui commencent à se joindre au tiers-état,
un peu comme quand moi je vais chiller avec des punks.
Tout le monde s'entend, mais il y a un clash.
C'est surtout que certains nobles ont fréquenté les mêmes collèges prestigieux
que certains de leurs camarades de la bourgeoisie les mieux nantis,
alors j'imagine qu'ils avaient des affinités. Le privé, quoi.
Et ainsi, le 9 juillet, on décide de devenir ce qu'on appelle une assemblée constituante.
Détail intéressant.
Une assemblée constituante, c'est la même chose qu'une assemblée nationale, sauf qu'elle a techniquement le pouvoir d'adopter une constitution.
À l'image d'un grand-papa qui annonce
qu'il va faire avant de le faire au lieu de juste le faire.
« Je pense que je vais
me lever. Je pense que je vais
m'étirer avant de bailler. Je pense que je vais
me pencher et me relever.
Je vais dire ce que je vais faire.
Je dis ce que je fais. Je dis ce que
j'ai fait. Je dis ce que je fite.
Je vais commencer à me relever avant de dire ce que je vais faire. »
« Docteur, est-ce qu'on augmente la dose?
Non, pas tout de suite. J'ai pas envie de retourner à la maison ce soir.
Ma femme et moi, ça va plus.
Toujours aussi influençable qu'un gars qui achète des shakes de protéines par vente pyramidale,
Louis XVI cède à la pression de la noblesse de faire quelque chose, comme on dit,
et décide de rappeler des mercenaires suisses et allemands à Paris
pour potentiellement gérer les Parisiens qui, lorsque fâchés, sont de deux à trois fois plus parisiens.
Ensuite, il va renvoyer tous ces ministres qui sont pas des lèchebottes
et qui donc, à ses yeux, sont des supporters de la Révolution,
dont Jacques Necker, qui est remplacé par un taupin ultra-conservateur.
Et apparemment qu'à travers tout ce rodemarré de répression, de taxes, de pain plus achetable
pis de brutalité policière, c'est le renvoi du banquier suisse qui a fait déborder le base.
Je ne niaise tellement pas.
Là, faut sortir dans la rue pis tuer du monde.
Remettez vos culottes, on est là.
Quand le 12 juillet, la nouvelle du renvoi de Necker se répand dans la population,
Camille Desmoulins, une avocate de 29 ans bègue, est tellement maudite
qu'il va monter sur une table à café
dans un jardin du Palais-Royal
avec un fusil dans chaque main,
histoire de très péniblement
appeler les citoyens à prendre les armes.
Mais, mais, mais, M. Necker est renvoyé.
Ce, ce, ce, ce, renvoi est le toxin
du sabre artélimide et patriote.
Ce soir, tous les bataillons suisses et allemands
sortiront du champ de Mars pour nous engorger.
Et il ne nous reste qu'une seule
ressource, c'est de courir aux armes pour
prendre les co... les co... les co...
Les cocardes?
Des feuilles. Prenez des feuilles
vertes d'arbres, un peu pour
représenter l'espoir, mais surtout
pour pas qu'on se tire dessus.
Qui est avec moi?
Ouais! Il a raison, il a pour pas qu'on se tire dessus. Qui est avec moi? Ouais!
Il a raison.
Il a parfaitement raison.
Qu'est-ce que... Oui, c'est bon, c'est bon, c'est bon.
On vient. Nous prenons
les armes.
Sauf que personne prendra les armes
ce jour-là. Oups, désolé, Camille.
En fait, celui qui a pris les armes à ce moment-là,
c'est le prince de Lambesque,
commandant du régiment royal allemand,
qui va charger directement dans la foule
qui, je vous le rappelle, n'a pas pris
les armes. Là, il y a au moins un gars
qui va mourir, tout ça dans le jardin des tuileries
où, étonnamment, personne n'a pensé
à garrocher de tuiles.
C'est pas mal là, le meilleur moment.
Le meurtre fait évidemment scandale,
mais pas autant que le lendemain, le 13
juillet, quand, je suis
désolé de vous l'apprendre,
le prix du pain trouve encore le
moyen d'augmenter.
Là, les Parisiens
vont être obligés de tremper leurs doigts directement
dans leur oeuf à la coque et ça ne passe tout
simplement pas. La population se mobilise
et prend donc d'assaut les barrières
d'octroi. Détail intéressant. Les barrières d'octroi, c' d'assaut les barrières Doctroi.
Détail intéressant.
Les barrières Doctroi, c'est une série de 54 barrières commandées par Louis XVI,
qui enferment littéralement Paris dans une espèce de poupée russe d'elle-même et permet de s'assurer que tous les produits qui entrent dans la ville sont correctement taxés.
Les récits, constamment taxés.
Il y avait donc à l'époque une raison concrète au fait que tout était deux fois plus cher
à Paris qu'ailleurs. Contrairement à aujourd'hui
alors que la seule justification, c'est
« Pareil, c'est pareil, quoi. »
25 piastres pour du nougat,
c'est mieux d'être le meilleur
putain de nougat
que j'ai mangé de ma vie.
En tout cas, vous êtes chanceux!
Déjà à soiffer de sang dû à une sévère carence en gluten,
les Parisiens vont attaquer et faire passer au feu 40 des 54 pavillons barrières
parce que j'ai quoi de mieux qu'incendier les seules sorties d'une ville complètement murée
dans maintenant plusieurs couches d'incendie.
Bon, pis là maintenant, au matin du 14 juillet, man, je sais même pas comment c'est encore possible,
le prix du pain augmente encore!
Il est rendu combien, ce pain-là?
Faut-tu comme réhypotéquer sa maison?
Paris en colère se met donc en marche,
affamé de castagne, marron
et châtaigne. Trois affaires qui se mangent,
mais qui veulent aussi dire se taper sa gueule,
puis je me trouve vraiment malin d'avoir pensé à cette phrase-là.
Citoyens!
Comme vous tous, un jambon
au beurre sans pain, je trouve ça dégueulasse
Quoi qu'il est bel et bien temps de prendre les armes
Désolé pour la dernière fois, Camille
C'est pas correct
Aux armes!
Aux armes! Aux armes!
Mais on n'a pas d'armes.
Oh!
Euh, je sais que personne ne m'a rien demandé,
mais je crois qu'il y a des armes à l'hôtel des Invalides.
Eh bien, voilà!
Détail intéressant, avec un tournant dark, surprise dans le milieu.
L'hôtel des Invalides, c'est pas mal ce que le nom veut dire.
Un endroit pour accueillir les soldats des armées rendues pour une raison ou pour une autre, invalides.
Mais principalement, la guerre.
Ça a été créé par le roi Louis XIV, mais pas pour un objectif aussi humanitaire qu'on aimerait le croire.
C'était surtout pour cacher les Inalides issus de la guerre de 30 ans
qui faisaient peur aux gens entraînant sur le pont Neuf en se battant avec le monde sous dans la rue, pas de bras.
L'établissement fait donc fonction d'hôpital, d'hospice, de couvent et de caserne,
ce qui explique pourquoi on a des milliers d'armes dans une place où tout le monde est PTSD à l'os.
Voyant la foule prendre l'hôtel des invalides d'assaut, le gouverneur des invalides,
puis là je sais pas s'il était invalide lui aussi et qu'ils avaient fait de lui leur chef,
mais il demande de tirer sur les gens.
Ça aurait pu être dramatique, mais bonne nouvelle,
les soldats vont contre toute attente décider
simultanément de... pas faire ça,
et même d'ouvrir les grilles aux révolutionnaires.
Ce qui permet à l'attroupement de récupérer
ni plus ni moins que les 32 000 fusils
et 27 canons des Invalides.
Ça y est, on a les armes! On a les armes! Il a parfaitement raison, on a les armes!
Ouais, mais on n'a pas de poudre.
Écoutez, je ne veux pas m'imposer à nouveau, mais il y a, je crois, 20 000 livres de poudre à la Bastille.
Et le voilà!
Et le voilà! à la Bastille. Et le voilà! Et le voilà!
À la Bastille!
À la Bastille!
C'est du génie, c'est qui ce type?
Mettez-le en avant ou quelque chose.
Et c'est ainsi que la marée de Français en colère
s'est dirigée vers la Bastille pour l'attaquer
avec 32 000 fusils et 27 canons pas de poudre.
J'espère que vous avez de l'imagination, les chums.
Détail intéressant, mais un peu long.
Installez-vous, les amis.
À priori, cet aquai à la Bastille,
cette espèce de gros donjon monolithique,
rectangulaire, excellent symbole de l'absolutisme
et du despotisme royal, soit dit en passant,
ça a l'air d'une manoeuvre pleine d'énergie de gros phallus.
Qu'est-ce que je donnerais pas pour un petit anglicisme aujourd'hui?
En effet, la Bastille a officiellement commencé son existence en tant que forteresse pour défendre la porte orientale du rempart de Charles V.
Mais la plupart des défenses sont tournées vers le faubourg Saint-Antoine.
Sa fonction semblait donc un petit peu moins pour se défendre de l'extérieur
et un petit peu plus pour défendre la royauté d'un problème de l'intérieur.
Genre au faubourg Saint-Antoine, mettons.
Ensuite, c'est devenu un dépôt d'armes
avant de devenir un dépôt d'or sous Henri IV.
Mais à mesure que la fonction militaire
de la Bastille perd en importance,
c'est sa fonction en tant que prison qui s'accroît.
Mais pas tant que ça.
On parle d'en moyenne 30 à 40 prisonniers
à la fois sous Louis XIV et d'un très tiède
total de 306 détenus
pour l'entièreté du règne de Louis XVI.
Ce qui rappe le reblochon des Français,
c'est que la Bastille, c'est une prison d'État
qui est historiquement utilisée pour se débarrasser
de n'importe qui qui dérange la société
ou inquiète le pouvoir royal,
et ce, sans passer par un procès
grâce à ce qu'on appelle des lettres de cachet.
Le roi pouvait donc signer une lettre
pour t'envoyer réfléchir un petit peu en taule
si tu lui avais des plus à lui,
à sa femme, à sa famille, même
très éloignée, ou à un noble à Versailles
qui a pas rapport. Ça fait qu'on sait jamais trop
qui se fait en Bastille et ni pourquoi, mais
chose certaine, ça arrive. Et ça
met les gens en colère!
En fait,
la plupart des prisonniers sont même pas tant là
pour des crimes, mais surtout parce qu'ils
gênent leur famille, les collègues ou le pouvoir
en place. Mais vu que ça passe jamais par le
système de justice, y'a jamais de peine prescrite.
Tu peux sortir en deux mois,
mais aussi en 35 ans si tu gosses
ou si on t'oublie. Cela dit,
ça reste assez smooth comme place. Rien comme
les films de Moyen-Âge avec un vieux monsieur
avec une longue barbe sale pendue par les poignets
qui donne des cartes au trésor et où le joli a un gros
trousseau de clés pis un oeil blanc.
Les gens vivent essentiellement la même vie qu'en dehors,
mais en dedans. Les riches sont super bien traités
pis les pauvres sont super pas bien traités.
Certains disent même que pour les nobles,
t'étais souvent bien mieux à la bastille
qu'entre les mains de la vraie justice.
Ou de ta femme, pas vrai?
Ha ha ha ha ha ha!
On leur donnait d'ailleurs accès à du vin
et du pain à volonté.
Mais ben, détail dark dans le détail intéressant.
Ils pouvaient même amener leur domestique pour leur séjour en prison,
ce qui devait inévitablement causer à chaque fois des scénarios du type
« Ah, Gustave, le roi est mécontent et il faut que j'aille croupir à la Bastille
pour un nombre de semaines et ou d'années à déterminer.
Préparez vos affaires, vous venez avec moi.
Je vais avoir besoin de bain de pied.
Euh, monsieur, suis-je, comment dire, obligé?
En gros, la Bastille, ça peut être l'air d'une grosse forteresse épeurante,
mais juste parce que c'est mystérieux.
Plein de gens vraiment connus de l'époque vont être envoyés là,
comme entre autres Voltaire, deux fois plutôt qu'une pour ses idées des Lumières
qui dérangent, ce qui va ironiquement lui donner
le temps de penser à encore plus
d'idées des Lumières qui dérangent davantage.
Le marquis de Sade
va être envoyé là aussi, mais lui, c'est parce qu'il avait été
un bien vilain
garçon.
Ah oui! Il y aura aussi Louis-François
Armand de Vignereau-Duplessis,
qui manifestement doit vider son stylo en signant son nom,
l'arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu,
qui avait la fâcheuse habitude d'engrosser les amis de sa mère
parce qu'il trouvait sa femme trop laide.
Son père, qui ne pouvait plus de ne pas être grand-père officiellement,
aurait obtenu une lettre de cachet pour la Bastille
avec pour instruction que son épouse devra lui rendre régulièrement visite
et qu'il ne sortira de la prison que lorsque celle-ci sera enceinte
et qu'il aura mangé ses légumes.
Évidemment, parmi le star-système des prisonniers de la Bastille,
il y a aussi le fameux homme au masque de fer,
comme dans le film avec Leonardo DiCaprio
où le punch, c'est que c'est un autre Leonardo DiCaprio en dessous du masque.
En fait, c'était plutôt un homme avec un masque de velours.
Tout est donc officiellement décevant
dans ce segment. Rendu là, il aurait juste dû l'appeler
l'homme au masque.
En plus, on n'a aucune idée c'est qui.
Apparemment que Louis XV aurait dit à Madame de
Pompadour que c'est un ministre d'un
prince d'Italie, mais peut-être
qu'il mentait, qu'il se mélangeait avec un autre
prisonnier ou qu'il essayait tout simplement
d'impressionner Madame de Pompadour avant de la poursuivre
en gloussant dans un labyrinthe de haies.
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh!
Par contre, quand le 14 juillet 1789,
la foule en colère s'attaque
à la Bastille, la prison n'abrite plus
que sept prisonniers.
Quatre faux-bonnayeurs,
deux fous, un aristocrate
et une perdrée dans un poirier
Fait que voilà, la Bastille, un endroit décevant de A à Z
Fin du détail intéressant
L'assaut de la Bastille commence donc vers 10h30
Quand une première délégation de Jean-Joël Vert se présente au gouverneur de la prison
Bernard-René Jourdan Delonnet
Un autre qui doit passer beaucoup de temps à épeler
son nom quand il parle au service à clientèle.
Delonné prend alors une classique
décision de forteresse assiégée
et invite la délégation à dîner.
Mais on refuse, parce que...
Comment tu veux être en colère quand t'as bien mangé?
À l'extérieur, maintenant, la foule se
masse devant la Bastille, dans le sens de
le monde s'entasse. Pas tout le monde se met
en cercle pour se faire des massages comme dans une soirée
pyjama de préadolescents qui se cherchent une façon
de se toucher mais qui savent pas trop comment,
ni pourquoi d'ailleurs. Suite à quoi, à un moment
donné, une deuxième délégation
se présente et demande la reddition
de la Bastille au nom de la patrie.
Delaunay répond non
au nom du roi, ce qui est quand même assez dangereux
pour la santé, étant donné que le gouverneur
a à sa disposition seulement 82 invalides,
32 soldats suisses et même pas une troisième catégorie de personnes
pour que ce soit une blague.
Et c'est pile à ce moment-là que la situation dégénère du tout au tout en une seconde.
Là, il y a une explosion mystérieuse qui donne l'impression aux émeutiers
qu'on leur tire dessus et le peloton va se lancer à l'assaut de la Bastille comme sur un magasin de TV le 26 décembre.
Et ce, grâce à deux coquins qui ont réussi à passer par le toit
pour ouvrir les ponts-leviers en sectionnant les chaînes à coups de hache.
Cool!
Par contre, évidemment, ça va faire que les Invalides et les Suisses de la Bastille
vont ouvrir le feu sur les émeutiers et en tuer au moins une centaine.
Moins cool.
Et ça au même moment qu'une troisième délégation se rend à la Bastille
et pourquoi pas suivie d'une quatrième pour continuer de négocier avec Delonay
pendant qu'on se massacre en bas.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils faisaient pendant ce temps-là, eux autres?
Delonay lunchait devant de plus en plus de délégations?
Écoutez, monsieur Delonay, soyez raisonnable et cessez de dîner.
Non merci.
Je comprends et respecte
votre point de vue, mais j'aimerais vous faire
un contre-argument.
Avec plaisir, nous avons tout le temps du monde.
Ouvrez au moins le pont-levis.
Écoutez, permettez-moi de persister
dans, soyez-en assurés,
le plus poli des refus.
Bon, parce que quelqu'un d'une autre délégation veut s'essayer, moi c'est tout ce que j'avais.
À l'extérieur, ça commence d'ailleurs à jouer du coude.
Deux détachements du régiment des gardes françaises viennent d'arriver avec des canons et des mortiers.
Oh oh!
Mais finalement, c'est bien correct parce qu'encore une fois, les gardes françaises décident de tous communément prendre le bord des révolutionnaires.
Yeah! C'était quoi les chances que ça arrive deux fois dans la même journée, ça?
Et bien vite, c'est ni plus ni moins que les hommes de Delonay qui décident de faire la même affaire.
Bon, par contre, à ce stade-ci, on se ramasse dans une situation où Delonay, isolé, menace maintenant de faire sauter les 20 000 livres de poudre de la Bastille et d'envoyer tout le monde direct en enfer.
Écoutez, De Launay, soyez raisonnable.
Vous allez finir par abîmer quelque chose comme ça.
Désolé, mais vous ne me donnez pas le choix de refuser poliment une fois de plus.
Ah, on arrive encore exactement au bout de mes capacités à négocier.
C'est agaçant à la fin. Est-ce que c'est moi qui est mauvais?
Heureusement, c'est pile à ce moment que Deloney
va être arrêté par deux courageuses
invalides qui, miraculeusement, avaient
encore les bons membres pour faire ça.
Ils décident éventuellement de se rendre et négocient
l'ouverture des portes sur la promesse des
révolutionnaires que personne ne sera tué
après l'arrêt d'édition. Divulgâcheur,
la seconde où les portes sont ouvertes, on va tuer tout le monde.
Là, on pend des Suisses, on assassine même un des invalides qui avait empêché l'arrédition. Dit Vulgacheur, la seconde où les portes sont ouvertes, on va tuer tout le monde. Là, on pend des Suisses, on assassine même
un des Invalides qui avait empêché l'explosion.
Oh!
Et on va aussi, comme qui dirait, légèrement
tapocher Delonay
avant de l'amener à l'hôtel de ville pour le juger.
Un dernier petit détail dark
pour la route.
Malheureusement pour Delonay, il va jamais se rendre
à l'hôtel de ville parce que la foule en colère
va le battre à mort.
En fait non, on va le battre jusqu'à ce qu'il soit à l'article de la mort, suite à quoi il va dire...
Laissez-moi mourir, je vous en prie!
Ah ouais? Bonne idée, tiens!
On va finalement le poignarder à répétition avec des baïonnettes et là je vous niaise pas, dans la foule, il y a un cuisinier qui va proposer...
Hé les amis, j'ai un couteau,
et ici, on lui coupait la tête.
Euh...
OK.
Et on va effectivement décapiter de l'auné
avant de planter sa tête sur un pic
en se promenant avec dans un petit tour de la ville.
Et fouillez-moi, les gens vont découvrir
qu'ils aiment beaucoup faire ça,
et on va le faire tout le long de la Révolution,
mais souvenez-vous, au nom de la Fraternité seulement.
D'ailleurs, pendant ce temps à Versailles,
Louis XVI, qui revient de la chasse, avait noté
dans son journal...
Aujourd'hui, il ne s'est rien passé de spécial.
Oh là là, j'en connais un
qui va faire le saut quand il va lire les nouvelles demain.
OK, un petit détail
phoné pour faire passer tout ça.
Écoutez, les gens étaient tellement en colère
qu'on va commencer à détruire la
Bastille pierre par pierre à la
main le lendemain.
Faut être motivé parce que moi, je peux vous assurer
que si c'était moi, j'aurais trouvé le moyen de te balayer ça
en dessous du tapis pendant une couple d'années. J'ai pété
la hotte de mon fourneau par accident,
pis ça fait trois ans que je fume des cigarettes
dans la fenêtre au lieu de la réparer. Bref,
c'est un entrepreneur du nom de Pierre-François
Pallois qui va s'occuper des travaux.
Il va avoir une idée de génie pour recycler
toutes les pierres de la forteresse,
construire le pont de la Concorde.
Mais les 83 pierres les plus nice
vont être sculptées en forme de plus petites bastilles
qu'on va revendre comme souvenir de toute cette folle journée.
Et c'est donc cet événement, la prise de la bastille,
qui, pour plusieurs, marque le début de la Révolution française.
Pour vrai, on a fait tout ça pour aboutir au début de la Révolution française?
Ma foi, il faudra donc vraiment écouter les deux autres épisodes.
Dans le prochain épisode de la Révolution française. Les flammes du mécontentement consument la France tout entière,
alors que la foule en colère se dirige maintenant vers Versailles.
Et que dire du prix du pain qui ne cesse d'augmenter?
Doit-il y avoir une pomme à quelque part?
Laissez-moi vous présenter ma toute nouvelle invention,
la guillotine.
Poissonnière mécontente! Poissonnière mécontente!
Au nom des poissonnières, marche sur Versailles!
Mais avec ce soleil de plomb,
ça va tant puer!
Famille royale, réveillez-vous,
c'est moi, le marquis de Lafayette.
Bon sang, où est le roi?
Pourquoi y a-t-il une corde en drap attachée les uns aux autres qui pend par la fenêtre?
Bonjour, je suis Olympe de Gouges,
et je vous rappelle que la femme est l'égale de l'homme sur l'échafaud, comme à la tribune.
Olympe, si j'étais vous, je ne dirais pas ça à voix haute, ça pourrait se retourner contre nous.
Parfait, les femmes à l'échafaud, bonne idée.
Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non.
Axel de Fersen, vous êtes mon seul espoir.
Je sais.
Je m'appelle Charles Beauchesne
et la Révolution française se poursuit dans un prochain épisode.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne
est une idée originale de Charles Beauchesne. Au texte et à la recherche, Sous-titrage Société Radio-Canada à la production Mylène Fraser. Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une production d'Urbania.
C'était un balado Urbania.
Abonnez-vous donc.