Les Pires Moments de l'Histoire - L'Australie
Episode Date: December 21, 2021Ah, l’Australie! Pays des kangourous, des surfeurs et des koalas. Le paradis? Pas si vite. Avec ses prisonniers cannibales, ses colons… colons et ses horribles bestioles venimeuses qui pullulent, ...l’île vous réserve beaucoup de (mauvaises) surprises. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
Hugo, le texte!
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant
qui vous aide à voir le monde différemment.
Notre mission? Vous amener ailleurs.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au balado Urbania.
Crikey!
Hello, mates!
Non, je vous rassure, je ne suis pas devenu complètement fou.
C'est simplement mon imitation d'un accent australien,
parce que, croyez-le ou non,
c'est le moment d'un nouvel épisode des pires moments de l'histoire.
Eh oui, le podcast comico-historique,
ou historico-comique, ou comico-comique,
mais surtout pas historico-historique, si je me fie aux deux-trois
historiens fâchés qui m'écrivent à chaque nouvelle saison
parce que je suis du historien et qu'ils doivent bien se polariser
sur quelque chose, sinon leur vie se limite à porter
des vestons en tweed avec des pâches en cuir sur les coudes.
Bref, le podcast
où on jette un coup d'œil à toutes les faux
où ça s'est mal passé dans le passé, en espérant qu'on répète
pas les mêmes erreurs dans le futur et qu'on se concentre
collectivement sur de toutes nouvelles erreurs.
Alors aujourd'hui, si on se fie à mon retentissant « Hello, mates » du début, malgré le fait
d'être livré comme une mauvaise imitation de Steve Irwin, le gars qui a fait des prises
de lutte à des crocodiles à la télévision pendant 10 ans, ce qui l'a pas empêché
de mourir, poignardé dans le cœur par l'aiguillon d'une raie, alias le tapis sauve-pantalon
de la mer.
Donc, si c'était pas assez évident, on se transporte en Australie, le pays des kangourous. Ce pays dont la capitale est le cauchemar de tout joueur de génie
en herbe un petit peu trop vite sa gâchette.
Sydney!
Et non, malheureusement, William, la capitale de l'Australie, c'est Canberra.
Non!
Donc, l'épisode d'aujourd'hui se penche sur la terrible histoire de l'Australie.
Cette nation d'Océanie dont le peuple a malheureusement aujourd'hui la réputation d'être des inconvénients dans une auberge de jeunesse.
Ça va faire.
Allô, mate?
Oui, serait-ce possible de baisser le volume?
Oi, mate!
Oui, salut.
Pourriez-vous boire de la bière à 4h du matin, moins fort?
Hi, I'm Peter!
Oui, hello, Peter.
C'est juste que vous n'êtes pas tout seul dans le dortoir.
No, the name's Peter. C'est ça que j'ai dit, Peter. Peter, mais c'est juste que vous êtes pas tout seul dans le dortoir. No! The name's Peter!
C'est ça que j'ai dit, Peter.
Peter! Like Peter Pan!
Ah! Peter! Mais comment étais-je censé comprendre?
Mais bon, y'a pas juste les surfers qui sont un problème sur cette île-là.
Si quelqu'un décidait d'ouvrir un livre, il se rendrait rapidement compte que l'histoire de l'Australie est truffée d'un moment plus ou moins épouvantable,
ce qui est pas peu dire pour une colonie basée sur une île où les araignées
sont tellement grosses qu'elles creusent des terriers.
Et ce n'est malheureusement pas
une de mes fameuses hyperboles pour créer un effet comique.
Les araignées ont remplacé
les lapins. Pourquoi
quelqu'un voudrait-il appeler cet endroit la maison?
Ça, c'est venant d'un gars qui lui-même
vient d'une autre colonie britannique où il fait
tellement froid l'hiver que chaque respiration de ton nez
se cristallise de l'intérieur.
Le Commonwealth est un cauchemar.
Donc, attachez-vous bien à vos marsupiaux
ou à la limite, sautez directement
dans leur ignoble poche ventrale
dans laquelle il y a probablement déjà un fœtus à demi développé.
Parce que voici la petite histoire de l'Australie.
Ah oui, pita, pince sur le piton.
Ah, pour l'amour du ciel, cessez de dire ça.
Alors, géographie time.
L'Australie est un pays qu'on retrouve en Océanie,
une espèce d'archipel de grosses îles isolées dans l'hémisphère sud,
de seulement à 6400 km de l'Antarctique,
pour vous donner une idée à quel point c'est loin d'universelment tout.
Les premiers Autochtones, les aborigènes d'Australie, seraient parmi les plus anciens
peuples d'explorateurs par bateau et auraient débarqué au pays des ornithorins qu'il y a plus
de 50 000 ans. On a retrouvé des artefacts, des peintures des cavernes et autres traces de leur
présence un peu partout sur le territoire qu'on appelle aujourd'hui l'Australie, mais aussi en
Tasmanie et en Nouvelle-Zélande, pays désormais connu à jamais comme le décor du Seigneur des Anneaux et lieu de culte du tourisme de nerds qui en sont tout
simplement pas revenus malgré le fait que le film a déjà 20 ans. Et sans compter le terrible retour
à la réalité qu'a été dix ans plus tard la trilogie des films Lobbit que manifestement personne
n'a aimé à part moi. Mais en même temps, je veux beaucoup de joie. Parmi ces peuples aborigènes,
on compte une multitude de nations, de coutumes, de structures sociales et de cultures. On a d'ailleurs retrouvé
les plus vieux vestiges crématoires,
c'est-à-dire relatifs à des gens incinérés,
pour ceux qui sont trop paresseux pour sortir ce fameux
livre dont je parlais, dans un site archéologique
indiquant que des rituels funéraires
humains avaient lieu sur le territoire
il y a de cela plusieurs millénaires,
et qu'eux avaient déjà l'intelligence de ne pas entreposer
leur mort dans des boîtes à souliers à 12 000 $
comme les Estidleros, alias nous autres en ce moment.
On doit entre autres à ces peuples aborigènes deux éléments patrimoniaux aujourd'hui indissociables de l'Australie,
le boomerang, utilisé pour chasser les oiseaux,
et le didgeridoo, cet instrument qui sonne comme un poteux facilement impressionnable
qui apprend qu'ils vont ramener le Mountain Dew bleu.
Ils vont ramener le Mountain Dew bleu?
Plusieurs de ces nations aborigènes du territoire australien existent encore aujourd'hui,
mais j'ai évidemment la mauvaise nouvelle de vous apprendre que l'Australie est aussi une colonie.
Ce qui signifie habituellement une très mauvaise moyenne au bâton en ce qui concerne les relations avec les populations qui habitent déjà le territoire.
Ou peut-être que c'est une bonne moyenne au bâton
en ce qui a trait à ne pas être nice pour les Autochtones,
mais je savais bien que j'aurais pas dû faire une métaphore sportive avec tout ça.
Anyway, surprise, ce n'est pas des aborigènes dont on va parler aujourd'hui.
C'est rarement eux qui créent les pires moments.
Entre donc en scène...
L'homme blanc.
Contexte historique.
Notre histoire commence donc en Europe, où...
Pendant un long moment, on ne connaissait pas l'existence du continent australien,
mais on s'imaginait qu'il devait bien exister.
Weird, n'est-ce pas?
En fait, même les philosophes grecs
ont théorisé qu'il y aurait peut-être, quelque part,
une parcelle de Terre dans l'hémisphère sud.
Et ce, question de, et je cite,
« mieux équilibrer la planète », parce qu'apparemment,
c'est comme ça que ça marche, une planète.
Effectivement, ça sonne débile dit de même,
mais en même temps, au moins,
eux, ils savaient que la Terre était ronde,
puis ça, c'est pas un acquis même aujourd'hui.
On baptise ce continent hypothétique
dans l'hémisphère sud Terra Australis
Incognita, qui se traduit,
si le latin de mon Google Translate
est pas trop rouillé, par
Terre australe inconnue. Et c'est d'ailleurs
en l'honneur de ces étonnantes directions vaguement
claires que le pays se nomme aujourd'hui Australie.
Donc, pendant des années, les navigateurs
de diverses nations colonisatrices
vont explorer les océans à la recherche de cette fameuse terre,
atterrissant un petit peu partout en Asie du Sud-Est, comme quelqu'un qui apprend tranquillement pas vite à jouer au dard, mais par session vraiment espacée.
Tour à tour, certaines nations européennes vont commencer à accoster et explorer les côtes australiennes.
D'abord, les Hollandais, en 1606, qui avaient déjà une colonie pas trop loin, en Indonésie, où tout le monde se spinnait déjà le moulin avant.
Honnêtement, je sais même pas moi-même ce que j'imagine
à propos des Hollandais en disant ça,
mais ils vont en profiter pour rebaptiser cette nouvelle terre,
attachez bien vos ceintures,
Nouvelle-Hollande. Ça va?
Tout le monde a survécu à l'impact de cette surprise?
Rapidement, cette certaine bande
de pousseux de tulipes sera
rejointe par des explorateurs suédois
et, dès 1772, des Français.
Génial. Moi qui trouvais
justement que toute cette histoire commençait à manquer de Français.
Mais c'est les Britanniques
qui vont vraiment mettre l'Australie sur
la map, littéralement. Oui, parce que
on dira pas découvrir l'Australie
vu que ça existait déjà, puis qu'il y avait déjà du monde
qui habitait le territoire et que, de toute façon,
c'est pas comme un band underground
qu'on se vante d'avoir connu avant que ça devienne mainstream.
Wow!
Es-tu en train d'écouter du
Betty's Mom Psychedelic Project of the Moon?
Hé! Je savais pas que
quelqu'un d'autre que moi connaissait ça!
Moi non plus, je savais pas que quelqu'un d'autre
que moi connaissait ça!
On dirait que j'aime moins ça à cette heure!
Ouais, moi aussi!
Ce qui s'est produit,
c'est qu'un jour au 18e siècle,
la couronne britannique a décidé de donner au capitaine
James Cook la mission top secrète
d'aller vérifier s'il y avait bel et bien
une Australie à quelque part, et ce, sous le couvert
d'aller à Tahiti étudier
les déplacements de la planète Vénus.
Eh bien...
Hé, vous!
Qu'est-ce que vous faites là? Euh... Eh bien... Écoutez, je ne sais pas laquelle de ces deux expéditions est censée être une couverture pour l'autre,
mais pour être honnête, rien de tout ceci n'est véritablement intéressant.
Ah! Alors pourquoi prendre la peine de le demander, l'enfoiré?
Cook va donc traverser l'océan Atlantique, ça c'est déjà le voyage de Christophe Colomb,
franchir le Cap du Sud de l'Amérique du Sud,
zigonner dans l'océan Pacifique,
qui, by the way, est l'équivalent océanique d'un désert,
faire un petit pit-stop à Tahiti,
une coupe de tour de Nouvelle-Zélande,
avant de finalement trouver cette fameuse Australie dont tout le monde parle
et accoster le 29 avril
1770 à
Botany Bay, là où se trouve aujourd'hui
Sydney. Mais à la base,
Cook va baptiser l'endroit Stingray Bay,
ou la baie aux rêves nimeuses.
Vous voyez, premier contact, puis c'est déjà les bebettes empoisonnées
qui sont le sujet de conversation.
Il va aussi y avoir un contact avec les aborigènes,
décrit comme hostiles, mais en même temps, peut-être qu'ils essayaient
juste de les prévenir qu'il y avait des rêves nimeuses.
Quelques années plus tard, le gouvernement anglais décide
d'établir une première colonie à Botany Bay,
cet endroit qui sonne de plus en plus comme un nom de bar où on
vend des cocktails herbal beaucoup trop chers qui finissent toutes par goûter un peu le
savon à vaisselle.
Ce qui motive la couronne britannique à s'installer à l'autre bout du monde comme ça, c'est
qu'ils viennent tout juste de perdre une autre colonie importante pour leur économie
suite à la guerre d'indépendance américaine qui les prive de ce qui va devenir les États-Unis.
Le roi George III décide donc de partir sur un rebound avec son tout nouveau continent, plus au sud, beaucoup
plus jeune et sexy.
Oh, qui a besoin de ces stupides colonies américaines quand on peut avoir l'Australie?
Je trinque à tout ceci!
Majesté, le capitaine Cook dit qu'il a vu un oiseau se faire rattraper en plein vol
par une araignée.
C'était aussi important pour le roi d'avoir une nouvelle colonie parce qu'il avait besoin d'un espace pour mettre un certain surplus de prisonniers.
Détail dark, mais pour l'instant pas si dark que ça.
C'est plus un contexte historique de quelque chose qui va virer dark dans pas long.
En effet, les colonies à l'époque étaient aussi utilisées comme espace
pour incarcérer les criminels dont on ne voulait plus en Grande-Bretagne.
Les détenus étaient donc utilisés non seulement pour peupler les nouveaux territoires inexplorés et fucking dangereux à la frontière de l'Empire britannique,
mais également pour aider à les coloniser, donc éventuellement à rentabiliser les territoires exotiques, pour faire des bons bidoux à titre de main-d'oeuvre cheap.
C'est ce qu'on appelle des colonies pénales, mais nous ici, on va dire pénitentiaires
parce que ça sonne moins comme pénis que pénal.
Quoique pénitentiaire est vraiment à un temps
d'être le mot pénis, alors il faut croire
qu'on va juste dire prison finalement.
Là, j'en entends déjà dire, ouais, mais là, c'est vrai
que c'est pas fin des meurtriers pis des violeurs.
Ils ont bien raison de te chuper tout ça
dans le pays des aiguillons venimeux.
Bon, d'abord, des prisonniers, ça reste des humains.
Tu peux pas juste balayer ça du revers de la main,
comme les miettes de pain qui s'accumulent autour du toaster
que tu finis juste par tasser en bas du comptoir pour plus les voir,
mais que t'oublies pas parce qu'après ça, tu passes l'année
à marcher sur des espèces de petites miettes sèches
de vieilles toasts que t'as pas balayées.
En tout cas, manifestement, faut croire que les planchers chez moi
sont toujours un petit peu deg.
Mais surtout, ce serait faux de penser que les gens qu'on envoyait
dans les colonies-prisons à l'étranger étaient tous des meurtriers.
Premièrement, parce que la peine de mort existait
big time, alors les meurtriers étaient
généralement pendus et ainsi
privés du loisir d'avoir à faire des travaux
forcés à l'autre bout du monde dans le pays où même
les animaux cute ont quelque chose de bizarre, genre
les wombats qui chiqueraient.
Deuxièmement, vous serez surpris d'apprendre que c'était surtout
les petits criminels qu'on envoyait purger leur peine
à l'étranger. Ceux qui avaient
entre autres chassé dans une forêt du roi,
volé une mèche de pain ou, tout bonnement,
coupé un arbre sans avoir le droit.
T'sais, des caïds.
Alors toi, pourquoi t'es ici?
J'ai crochet porteur, et toi?
J'ai pissé sur la haie à Buckingham Palace.
Et toi, le petit au fond?
J'ai coupé dans une file d'attente.
Alors souvenez-vous d'un truc.
Ce n'est pas moi qui ai prisonné ici avec vous.
C'est vous qui êtes
prisonniers avec moi!
Je vous rappelle que c'est
le 18e siècle. On est en pleine première
révolution industrielle, c'est-à-dire que les gens
commencent à s'entasser dans les grandes villes comme
Londres pour trouver du travail dans les usines
et les manufactures. Les conditions de vie
sont dures, les gens sont pauvres et
désespérés. Un cocktail idéal pour produire des
billets à l'aise simple pour les colonies pénis. Prisons!
De plus en plus, les autorités
savent de moins en moins où mettre
tous ces voleurs de nourriture ainsi que
ces coupeurs d'arbres fou furieux.
Officiellement, les prisons en Angleterre
sont tellement pleines que la solution à moyen terme,
ça va être de recycler des bateaux de la
Royal Navy pour en faire de douillets bateaux
prisons qui flottent gaiement
sur la tamise à la vue de tout le monde. Donc à tout moment, tu pouvais être en faire de douillets bateau-prison qui flottent gaiement sur la Tamise à la vue de tout le monde.
Donc à tout moment, tu pouvais être en train de faire une promenade romantique sur les quais
puis voir ta soirée interrompue par le passage d'un bateau de criminels.
Oh, Nigel, je souhaiterais que cette promenade ne se termine jamais.
Oh, moi aussi, Petunia, je suis hors de moi-même de sentiments amoureux.
Alors qu'attendez-vous pour m'embrasser, espèce de grand escoucrif?
J'attends que le bateau prison soit passé.
Je vous en prie, n'arrêtez surtout pas de vous coucher à cause de moi.
Très bien, vieille âme, mais à la condition que vous promettiez
de ne pas vous faire vous-même des attouchements sexuels par la même occasion.
Il est malheureusement trop tard!
Les Anglais ne seront d'ailleurs pas les seuls à avoir des colonies pénales dans l'histoire.
On n'a qu'à penser, entre autres, aux Français qui, eux,
envoyaient leurs prisonniers en Guyane française pour travaux forcés.
Dans le cas de l'Australie, c'est juste plus funky en comparaison
parce qu'aujourd'hui, c'est devenu la destination par excellence
pour n'importe quel jeune en année sabbatique avec un permis de travail
à la recherche d'un endroit pour faire du surf et du bruit en général.
La première flotte britannique débarque donc à Sydney le 26 janvier 1788.
C'est pourquoi on célèbre la fête nationale australienne, Australia Day, le 26 janvier.
Date qu'aujourd'hui encore, les populations autochtones d'Australie aimeraient bien qu'on change pour « jour de l'invasion » ou « jour de la survie », ce qui serait
plus exact et plus respectueux, mais
probablement un petit peu plus « bummer » à célébrer
autour de crevettes qui grisent sur le barbecue.
Fête qui est donc célébrée
en plein été. Oui, parce qu'on n'oublie pas
que c'est l'été en janvier dans l'hémisphère sud.
Oi, mates! Réunissons-nous
autour du traditionnel
« prawns and a barbie » de Noël
afin d'attendre le père Noël qui ici conduit un traîneau tiré par des kangourous
ou encore, dans certaines versions, une planche de surf volante.
Crikey!
Euh, êtes-vous correct?
Donc, le 26 janvier, une flotte de 11 bateaux accostent dans ce qui est aujourd'hui New South Wales,
ou en français, la Nouvelle Galle du Sud.
N'oubliez surtout pas de vous protéger, les jeunes.
Six de ces bateaux contiennent donc de dangereux prisonniers
prêts à apprendre une bonne leçon, comme Paul,
qui a chassé du lièvre sur des terres qui ne lui appartiennent pas,
Steve, qui a volé de l'eau dans un conduit municipal,
ou Mary, qui a décidé de repousser les avances de son contremaître
un petit peu trop taponneux, même en standard du 18e siècle.
Ah oui, parce qu'environ 20 % des prisonniers
qui seront envoyés en Australie seront des femmes.
Cet effet sonore-là est vraiment pas gagnant dans toutes les situations.
Il y avait aussi des gens incarcérés parce qu'ils avaient trop de dettes,
donc la seule époque où un travailleur autonome
aurait pu s'offrir un voyage en Australie.
Oh oh oh!
Mais on retrouvait également dans le tas
des gens qui n'avaient que la malchance
d'avoir des métiers spécialisés importants
pour la colonisation.
Silence! Silence dans la cour!
Donc, si je comprends bien, vous me dites
que ce n'est pas le poissonnier
qui a poignardé le vieillard dans le pub?
No. C'était le joueur d'orgue de barbarie
et son singe.
Le poissonnier a tenté de l'arrêter, mais ce singe infernal a répliqué en me volant ma truelle de maçon.
Maçon, vous dites? Intéressant.
Eh bien, dans ce cas, je n'ai d'autre choix que de vous condamner à la prison à vie en Australie.
Blimey! Et le joueur d'orgue de barbarie, lui?
No, no, no, nous n'avons pas besoin de lui.
Mais dites au singe de s'attaquer à un charpentier la prochaine fois.
On comptait également des rebelles irlandais et des prisonniers politiques
parmi les premiers bagnards d'Australie.
Parce que le gouvernement britannique se disait qu'il y aurait moins de soulèvements populaires
si on envoyait tous les agents provocateurs à un seul et unique endroit à l'autre bout du monde.
C'est pas comme si les Irlandais allaient éventuellement essayer de se rebeller pour l'Irlande en Australie.
C'est ça qu'ils vont faire, hein?
La première flotte de colons-prisonniers
est donc dirigée par l'amiral Arthur Phillips,
qui devient le gouverneur du territoire à l'arrivée.
Il gouverne non seulement les quelques 700 prisonniers,
mais aussi les officiers qui seront chargés
de garder les captifs,
ainsi que les familles de ces officiers,
une couple de marins, un pied-mariton,
une souris verte et une perdrie dans un poirier.
Rajoutez à ça trois bateaux remplis de vivres pour partir la colonie en attendant de se développer de l'agriculture.
Vous savez, c'est affaire dont la principale caractéristique est de se faire du jour au lendemain.
D'ailleurs, rapidement, les gens vont réaliser que c'était peut-être pas un assez gros pique-nique pour partir une nouvelle colonie sur un continent à 35 % fait de désert.
Malheureusement, l'entreprise de cultiver en Australie
va s'avérer laborieuse.
Surtout, je vous le rappelle que la main-d'oeuvre
n'a pas d'expertise agricole.
C'est des gens qui avaient juste eu le malheur
de couper un arbre au mauvais endroit au mauvais moment.
Le principe même de l'agriculture,
c'est des problèmes enrobés dans des embûches
saupoudrées de malchance.
Je veux dire, j'ai planté mes semis d'épinards fin mars.
Ça a été une pousse miraculeuse contre toute attente.
Il m'a suffi d'avoir le dos tourné 12 secondes
pour qu'une crise de marmotte vienne tous individuellement les manger
parce qu'elle a découvert que mon compartiment à fines herbes
est un bon escalier pour aller snacker dans mes boîtes à jardin
en me narguant comme Bugs Bunny avec une carotte
qui est clairement censée être un cigare.
L'agriculture, c'est de la merde.
Le taux de mortalité de la première flotte est, sans surprise, assez élevé.
Beaucoup plus élevé, d'ailleurs, du côté des prisonniers,
où la nourriture est rationnée et le travail physique demandant
dans un endroit où la seule chose qui pleut, c'est des coups de fouet.
Effectivement, les conditions sont dures pour toute la colonie
et les gens commencent à avoir très hâte que la deuxième flotte arrive avec du ravitaillement.
Et si possible, d'autres détenus pour faire la grosse job.
Hélas, la deuxième flotte ne sera pas tout à fait le party qu'on imaginait.
Détail dark.
En effet, la deuxième flotte avait malheureusement engagé des contracteurs privés
qui travaillaient d'habitude sur les bateaux d'esclavage.
Mettons que le géo de la croisière n'avait pas tout à fait le même pep.
La deuxième flotte arrive donc en Australie deux ans après la première.
Et les prisonniers à bord sont, pour ainsi dire, en piteux état.
Près du tiers d'entre eux sont morts en mer, de malnutrition, de maladies ou de mauvais traitements.
Arriver en Australie n'est rassurant en rien dans toute cette équation.
Après un voyage de huit mois de bateau dans des conditions dégueulasses,
ces détenus et ceux de la première flotte ont donc été mis au travail pour construire des routes, des édifices,
mais aussi labourer les champs et couper du bois pour assurer la survie des autres colons.
Et puis, évidemment, il y avait de la maltraitance.
C'est d'ailleurs le moment où ce serait intéressant de mentionner que les officiers chargés de surveiller les prisonniers étaient là sur une base volontaire.
Mettons que c'était pas des ours en peluche.
Les punitions étaient données un petit peu Far West style, n'importe quand, n'importe comment. Ça va prendre d'ailleurs
quelques années avant que Magistrat décide
de légiférer les punitions corporelles
et de mettre une limite de 50
au nombre de coups de fouet. C'est
raisonnable. Parce qu'avant ça, le nombre de coups de fouet
était à la guise du fouetteur, puis étrangement,
c'est pas une expression qu'on utilise aujourd'hui pour témoigner
de la parcimonie. On n'a qu'à penser aux chiffres
complètement aléatoires qu'on reçoit
quand on dit « faites-moi une offre raisonnable
sur Marketplace ». Non,
je n'irai pas vous le livrer à masse couche.
La colonie australienne a donc
continué à se développer grâce au travail
des individus incarcérés et des flottes
de nouveaux détenus qui ont continué à débarquer.
Si vous avez déjà essayé de construire
un meuble IKEA à deux, j'aimerais souligner
l'esprit incroyable derrière
réussir à bâtir un pays avec du monde qui travaille à reculons.
Avec le temps, les conditions ont commencé à s'améliorer pour les colons et certains en ont profité pour devenir des propriétaires terriens.
Ils pouvaient même se procurer des prisonniers pour venir travailler sur leurs terres qui seront de plus en plus loin dans le cul de l'Australie où personne ne pouvait les surveiller.
Hein? Qui c'est qui va compter mes coups de fouet à cette heure? Qui?
Non, je suis sérieux. Qui? J'ai vraiment besoin d'aide.
Avec ce système,
certains colons deviennent évidemment très, très riches.
C'est le cas, entre autres, de
John MacArthur, un officier et entrepreneur
britannique qui avait de très vastes terres
qui lui ont permis d'amasser une fortune assez
imposante pour importer du rhum dans la colonie.
Oh, oh!
Ce qui le rendait encore plus riche
parce que les officiers, les marins, les colons et les détenus
sont tous exactement le genre de personnes
qui trouvent que le rhum, c'est vraiment miam miam.
Le commerce du rhum illégal de MacArthur est tellement populaire
que lorsque le nouveau gouverneur William Bly
tente de mettre fin au trafic,
il y a une mutinerie dans la colonie.
Les habitants et les soldats se rebellent contre Bligh et s'organisent pour
le destituer dans ce qu'on appelle aujourd'hui
la révolte du Rhum.
En même temps, je sais pas à quoi il s'attendait.
Ma seule consolation
avec cette destitution, c'est qu'au moins
maintenant, j'ai du Rhum.
Ah!
Les Australiens nous sommes notre propre
pyrénée.
Mais la Rhum Rebellion ne sera pas le seul acte de révolte dans la colonie.
Il y a aussi un soulèvement des prisonniers irlandais contre les forces coloniales britanniques à Castle Hill en 1804.
Détail intéressant.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce soit chez eux ou à l'autre bout du monde, les Irlandais n'aiment pas vraiment les Anglais.
Voilà, c'est tout pour ce détail intéressant.
n'aiment pas vraiment les Anglais. Voilà,
c'est tout pour ce détail intéressant.
Les femmes détenues vont également se rebeller dans ce qu'on appelait les flash mobs,
avant que ça devienne un terme qui désigne une troupe de balais de jazz
en manque d'attention. Vous pouvez pas m'obliger
à vous regarder! En gros, les femmes
en Angleterre pouvaient être reconnues coupables
et envoyées en Australie pour des crimes aussi
niaiseux qu'à être constamment en retard à la job
ou à être saouls en public.
Fait que grosso modo, avoir 21 ans
était criminel.
Donc, les flash mobs originaux, c'est qu'une fois rendus en Australie et que les détenus étaient obligés de faire des travaux forcés
tels que conclus dans le deal initial de la prison,
certaines d'entre elles choisissaient de simplement pas faire les affaires.
Allez, maigère, tu es maintenant en Australie. Brise ces cailloux.
Non, je ne vais pas faire cela.
Moi non plus, d'ailleurs. En l'image de mes camar Non, je ne vais pas faire cela. Moi non plus, d'ailleurs.
En l'image de mes camarades, je ne crois pas que je vais faire cela également, si vous le permettez.
Euh, oui, évidemment, il n'y a aucun protocole pour ce genre de situation
parce que tout le monde est constamment en état d'ébriété.
En gros, elle refusait ouvertement d'être réformée par le travail.
Elle résistait pendant les travaux forcés, le travail de ferme,
mais je ne vous parle même pas de l'inconfort que ça devait générer
pour celle qui était censée être domestique chez les gens riches.
« Winnie Fred, venez m'aider avec ma robe, s'il vous plaît. »
« Allez-vous faire foutre, madame. »
« Hum, je l'ai effectivement cherchée, celle-là. »
Détail intéressant.
La majorité des condamnations de prison
étaient seulement de 7 ans, ce qui est pas si mal.
C'était pas pogné en plein coeur de l'Océanie,
là où même les koalas sont mortels
tellement ils ont la chlamydia.
C'est pas des jokes, les koalas ont de très gros problèmes
de chlamydia qui déciment des populations entières
de koalas, je vous jure. Il y a des articles là-dessus.
Laissez-moi vous dire qu'il y a un de ces koalas-là
qui va devoir passer une sérieuse série d'appels.
Après avoir servi ta peine dans la colonie-prison australienne,
on te remettait ce qu'on appelait un certificat de liberté,
ce qui est à peine plus haut qu'un chèque-cadeau, peu importe l'intention derrière.
Mais vu que les gens n'avaient pas un sou en sortant de prison, qui est également le pays,
ils n'avaient pas les moyens de se payer un billet de retour vers l'Angleterre.
Donc, pas vraiment le choix de rester en Australie en tant qu'homme ou femme libre et participer
à l'effort colonial britannique en tant que
travailleur
autonome.
Sérieusement, les jeunes, pensez-y avant d'aller en théâtre.
Il fallait donc trouver un moyen
de différencier ces free men
des personnes incarcérées qui,
d'une seconde à l'autre, pouvaient être les mêmes.
La solution à ce problème étant donc
évidemment un adorable costume pour les prisonniers.
Alerte au divulgâcheur,
le costume va être immonde.
Je crois que le costume des prisonniers
devrait être un espèce de pyjama noir.
Pourquoi pas du jaune?
Ça se spotterait plus facilement et en plus,
il fait trop chaud pour du noir, non?
Plutôt! Mais malheureusement, les prisonniers
ne sont pas ici pour profiter de la brise
non plus. Pour ma part, je suis persuadé qu'ils devraient avoir plus chaud que tout le monde.
Moi, je pensais plus à une espèce de petit motif, peut-être qu'on mettrait sur les vêtements pour les identifier.
Ah oui, avec un chapeau!
Donc, si on récapitule, un pyjama moitié noir, moitié jaune, à la verticale,
avec un motif représentant trois espèces de triangles.
Oubliez pas le petit chapeau!
Je vous avertis, ça va être dégueulasse à regarder.
On dirait qu'un clown leur a vomi des vêtements.
Motion acceptée.
Au fil du temps, on va ouvrir d'autres colonies pénitentiaires sur le territoire australien
pour accueillir fournée après fournée de gens en pyjamas noirs et jaunes,
parce que oui, c'était tout à fait ça l'uniforme,
dans le Queensland, par exemple, ou dans l'ouest de l'Australie,
mais aussi dans le Van Diemen's Land.
Non, ce n'est malheureusement pas l'île des Jean-Claude Van Damme,
mais bien ce qu'on connaît aujourd'hui comme la Tasmanie.
Avant d'être un endroit célèbre pour le diable de Tasmanie,
ce genre de chien qui se transforme en tornade sur des T-shirts de bombes des années 90,
c'est en Tasmanie que l'on envoyait ceux qui avaient des peines plus longues que 7 ans, ceux qui commettaient des méfaits dans la colonie
ou encore ceux qui tentaient de fuir. En Tasmanie, les travaux forcés étaient plus éreintants,
les conditions plus difficiles et les possibilités de s'échapper plus qu'inexistantes. Ceux
qui tentaient quand même une évasion, parce qu'ils en avaient plein leur espèce de petit
chapeau ridicule des travaux forcés dans le fret et l'humidité de l'île, étaient
souvent retrouvés morts de soif ou d'inanition
dans les buissons de Tasmanie.
Soit ça ou leur dépouille noyée et poffie
se retrouvait sur la plage pour que d'autres prisonniers
les ramassent et les enterrent en se disant
« Ouais, bon, faudrait peut-être que je pense
à me fabriquer un radeau ou quelque chose.
Peut-être qu'avec un de ces cadavres...
Non, non, non, c'est beaucoup trop stupide.
Ou juste assez stupide.
À au moins deux occasions, les tentatives de fuite vont se conclure en cannibalisme
et ces deux fois-là sont arrivées spécifiquement à la même personne.
Détail dark.
Alexander Pierce, c'était un Irlandais qu'on avait envoyé en Australie,
emprisonné pour vol.
Rendu dans le Van Diemen's Land,
il va tenter de s'évader à plusieurs reprises
et dans l'une de ses escapades, il se retrouve
poigné comme un pauvre péquenot dans le territoire
tasmanien avec 7 autres compagnons.
Malheureusement, les conditions sont rudes,
la nourriture commence à manquer et les compatriotes
finissent par se tuer et se dévorer
entre eux pour survivre.
Les autorités vont donc retrouver comme seul survivant
Alexander Pierce, qui va avouer
avoir eu recours au cannibalisme,
mais on va juste pas le croire pis le ramener en taule comme un gros plouc.
J'ai mangé sept personnes!
Eh bien, la bonne nouvelle dans ce cas, c'est que nous vous avons techniquement attrapé tous les sept.
Tenez, voici une nouvelle chemise moitié jaune, moitié noire.
Ah, comme oublié.
Sans surprise, il va s'évader à nouveau, cette fois avec un jeune acolyte du nom de Thomas Cox.
Et lorsqu'on va les retrouver, Pierce va être seul,
mais dans ses poches, on va retrouver des petits bouts
du corps du jeune Cox.
J'ai mangé Thomas Cox!
Il me reste même des morceaux dans mes poches!
Regardez!
Eh bien, on dirait bien que vous allez avoir besoin
d'une nouvelle chemise jaune et noire.
Mais Alexander Pierce
ne sera pas le seul captif de l'Australie dont on
se souvient aujourd'hui. Je vous garantis qu'il y en a eu
des vraiment funky. Des gens comme
Jorgen Jorgensen,
cet homme répétitif avec un nom qui semble avoir
été inventé de toute pièce pour éviter de donner
sa véritable identité.
Ce n'était pas moi, monsieur l'agent, je vous le jure.
C'était mon ami, un certain
Jorgen... Jorgen...
Jorgensen.
Oui, c'est ça. Jorgen Jorgensen.
C'est moi. Non, attendez. Meurde!
Jorgen Jorgensen était un explorateur danois
qui se serait autoproclamé souverain d'Islande
avant de devenir espion pour l'Angleterre
pour ensuite être envoyé en prison en Australie.
Décidément, ce gars-là sonne plus que jamais inventé de toute pièce.
Mais puisque je vous dis que je suis souverain d'Islande,
cessez vos pitreries, Jorgensen, et enlevez-moi vos lunettes quand je vous parle.
Je ne peux pas, mon gros nez et ma moustache vont partir avec.
Contrairement à Jorgen Jorgensen, certains de ses personnages sont importants dans l'histoire australienne.
Comme entre autres, Mary Wade.
Une femme!
Mary Wade est une des plus jeunes détenues transportées en Australie à être libérée.
Elle aura par la suite 21 enfants et encore aujourd'hui,
plus de 300 Australiens sont des descendants de Mary Wade la cochonne.
Néanmoins, en 1868, après 80 ans d'import-export de détenus,
le dernier bateau de personnes incarcérées arrive en Australie.
Mais c'est pas parce qu'il y a plus de ravitaillement de prisonniers
que les choses vont nécessairement se calmer
dans le futur territoire des bros
avec des colis en petits coquillages
pis des dreads de blanc.
Parce que plus la colonie prenait de place,
plus ces fameux aborigènes,
qui étaient aussi là depuis le début,
commençaient à trouver que la visite s'éternisait.
Bon, clairement, ces colons vont continuer
à s'installer sur le territoire.
En espérant que les tensions ne dégénèrent pas en affrontement avec nous,
qui seront plus tard baptisés « Frontier Wars » ou « Guerre des frontières »,
conflits dans lesquels des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d'aborigènes vont périr.
Et après ça, il ne nous reste plus qu'à se croiser les doigts pour qu'ils ne nous déciment pas avec leur maladie
et tentent d'assimiler les générations restantes dans des réserves,
des écoles de rééducation,
des camps et des institutions
pour que l'on perde nos racines culturelles et sociales.
Bref, si rien de cela n'arrive,
tout devrait bien aller.
Détail dark.
En fait, c'est exactement ce qui va se produire.
En Australie, les enfants aborigènes
vont éventuellement être arrachés à leur famille
pour couper les liens avec leur nation. D'ailleurs, certains enfants
de parents métissés étaient mis en adoption dans des familles blanches pour que leur identité
aborigène disparaisse. D'autres étaient envoyés dans des institutions que l'on appelait
écoles, mais qui leur apprenaient pas grand-chose dans le fond, à part des connaissances de
base pour en faire des ouvriers, ou dans le cas des filles, des domestiques pour les familles
blanches. Et c'est pas juste une histoire de l'ancien temps.
Ça a duré de 1869 jusqu'aux années 70.
Et les répercussions de ce qu'on appelle les générations volées
se font sentir encore aujourd'hui en Australie.
Ce qui peut s'en rappeler notre propre histoire canadienne.
Ouais, la colonisation, c'est vraiment de la merde partout.
Je pense que ce serait le moment pour un détaille-phoné.
Qu'est-ce que vous en pensez?
Détaille-phoné?
Le timing n'est pas tout à fait au point,
mais je me suis dit que ça vous ferait peut-être plaisir
de faire un petit saut dans le temps pour rire encore un peu des Australiens.
Plus précisément, d'un moment dans l'histoire
où ils ont eu l'air particulièrement nigos,
la guerre des émeux.
Oui, oui, les émeux, comme dans les espèces de petites autruches à tête noire
avec l'attitude supra-agressive du noix
sur un terrain de golf, dont la principale
stratégie d'attaque, c'est que t'as beau avoir un fair-set
dans une main, tout le monde est toujours trop
surpris pour fesser une noix.
Cette anecdote-là m'est vraiment arrivée la seule fois
où j'ai essayé de jouer au golf. Donc oui, il y a bel et bien
un événement dans l'histoire de l'Australie
qui s'appelle la guerre des émeux, ou plutôt
émeu-wars, ou
é-mu-wars. En tout cas, je sais qu'il y a une bonne et surtout une mauvaise façon de prononcer émeux », ou plutôt « Emu Wars » ou « Emu Wars ».
En tout cas, je sais qu'il y a une bonne et surtout une mauvaise façon de prononcer « émeux » en anglais,
puis que les Australiens se chicanent là-dessus sur des vidéos YouTube depuis des années.
Donc, il était une fois en Australie, juste après la Première Guerre mondiale,
les soldats australiens reviennent des combats en Europe.
Le gouvernement leur donne des terres pour les remercier de leurs sacrifices.
Éventuellement, frappe la crise économique de 1929
qui touche toute la planète.
L'économie est chamboulée par la Grande Dépression.
Fait que les agriculteurs ont plus que jamais besoin de leur récolte.
Et c'est là qu'entrent en scène les émeux,
l'oiseau national de l'Australie.
Le seul problème étant que malheureusement,
tout le monde était loin de se douter
que leur oiseau national, l'émeu,
est un oiseau nuisible spécialement pour,, voyez-vous venir, les récoltes.
Surprise! Un jour décide de se pointer un joyeux regroupement de 20 000 putains d'émeus
qui se sont mis à s'attaquer aux cultures comme un festival de musique rock s'attaque aux sites d'origine.
C'est-à-dire pas mal.
Je ne sais pas si vous calculez correctement l'impact de 20 000 émeus
qui décident de passer sur une place en s'encrissant,
mais il y a eu, pour ainsi dire, une émeute d'émeute.
C'est tellement devenu un problème que les agriculteurs ont été obligés de demander l'aide du gouvernement et de l'armée.
Et étant donné qu'on sortait de la Première Guerre mondiale, il faut croire qu'à un moment donné,
quelqu'un s'est dit que ce serait une bonne idée de donner une seconde vie à toutes ces mitrailleuses automatiques
qui, jusqu'ici, n'avaient gonné que des Allemands.
Tout commence donc officiellement à dégénérer en territoire ridicule
quand on a décidé de tirer sur les émeux à la mitrailleuse,
comme dans Alien 2.
L'affaire, c'est que, comme dans Alien 2, d'ailleurs,
les émeux, ça se déplace fucking vite.
Et un gros tapon d'émeux, même si tu les shoots à mitraillette,
ça va avoir le même genre d'impact qu'essayer d'arrêter une foule au Boxing Day
avec un gars qui dit aux gens de pas courir dans un porte-voix.
Donc, pour récapituler, l'armée australienne s'est battue contre de la volaille géante
avec de l'artillerie lourde, et ils ont perdu.
Les coûts en hommes et munitions étaient super élevés.
La mission est devenue la risée de l'Australie dans les journaux.
Les émeus sont devenus des héros parmi leurs semblables.
À un tel point qu'ils ont décidé de revenir à chaque année par la suite
pour taxer les fermiers en claquant des doigts de façon rythmique
comme des oeufs à cuire dans West Side Story.
Et quand les agriculteurs ont redemandé de l'aide avec les émeus les années suivantes,
le gouvernement était trop gêné pour répondre à l'appel.
Mais enfin, gouverneur, vous devez faire quelque chose!
Chut! Les émeus vont vous entendre!
Là, les pauvres agriculteurs,
poignés avec ces dindons King Size dans leur champ,
ont dû se mettre à chasser les oiseaux individuellement au gun
pour tenter de protéger leur récolte.
Et ce n'est que 20 ans plus tard, en 1953,
que le gouvernement va trouver une solution,
une grosse clôture super dispendieuse
qui traverse le pays de bord en bord
pour empêcher les émeutes de repasser sur des terres agricoles
pendant leur migration.
Fouillez-moi, l'idée de construire une clôture
est venue après mitrailler des autruches.
Et le pire dans tout ça, c'est qu'aujourd'hui encore,
les émeux courent toujours.
Vous penserez à ça quand vous leur offrirez
une poignée de moulée dans un zoo cheap de bord de route.
C'est nous qui sommes prisonniers avec les émeux.
Bon, ça, c'était le futur du passé.
Revenons maintenant au passé du passé,
vers la moitié du 19e siècle,
quand l'Australie a eu son propre Far West,
qui sonne déjà d'emblée plus Far West
que le Far West devrait l'être.
Ce qui s'est produit, c'est qu'au fur et à mesure
que des hommes et des femmes nouvellement libres
déménageaient de plus en plus profondément sur le
continent pour faire de l'agriculture ou trouver
du travail dans la nouvelle industrie de la laine,
vont apparaître, avec l'éloignement
de la civilisation, des personnages
de hors-la-loi baptisés les Bushrangers.
Je suis déjà prêt à gager un petit vin
que c'est également le titre d'une série de films porno australien
échafaudée sur un double entendre vraiment pseudo-malin.
Bref, comme dans les westerns de John Wayne,
les Bushrangers vont s'adonner à des vols de banque et de diligence
parce que les gens habitaient de plus en plus creux, les autorités sont de plus en plus loin
puis tout le monde est un petit peu pogné pour essayer de se démerder à survivre dans un endroit aride
qui, somme toute, n'aurait jamais dû être habité.
Un des Bushrangers les plus célèbres de l'histoire est sans contredit Ned Kelly,
une espèce de cow-boy Robin des Bois.
T'appelles ça un couteau?
Ça, c'est un couteau!
Oh mon Dieu, quel est-ce qui te gros couteau?
Descendant d'un père incarcéré, Ned Kelly, le Billy the Kid des Wallabies,
sera reconnu pour avoir été le chef d'une bande de criminels,
un tueur notoire de policiers, mais surtout à cause de son armure,
tout droit sorti du Moyen-Âge.
Ouais, je sais, vous vous attendiez pas à ça,
mais moi non plus, puis c'est moi qui écris la phrase.
Ce qui s'est produit, c'est que le 27 juin
1880, Ned Kelly et sa bande
vont prendre environ 70 otages
dans une auberge, en attendant
un trait rempli de policiers qui avaient l'intention
de faire des rails. Toujours juste dans le
set-up de l'histoire, je vous le rappelle, tout est
normal jusqu'ici dans la vie d'un tueur notoire
de policier. Mais l'affaire, c'est qu'en
attendant, le gang de Ned Kelly
va s'être fabriqué des armures de 96
livres en plaques de ferraille
antiballe, avec chacun un casque
qui est une espèce de chaudière médiévale en métal
avec une petite fente complémentaire pour les yeux.
On pourrait croire que c'est cool, mais quand vous irez
voir des photos, ils avaient malheureusement tout l'air
un petit peu morons. Ils avaient tous un peu l'air
du beau frère du robot dans Le magicien d'Oz.
Bref, là où les choses se corsent,
c'est qu'il y a un professeur qui va réussir
à s'échapper de la prise d'otage et avertir
les autorités avant que le train de policiers
soit déraillé pendant qu'ils sont tous entassés là-dedans
comme des moudibais. La police
va donc aller assiéger le gang des robots
arabais et c'est là que Ned Kelly
serait entré dans la légende en marchant
à découvert à travers la fusillade
en direction de la police, alors que les balles
rebondissaient sur son armure.
Aussi insomme cette stratégie
soit-elle, ça va par contre arrêter
très rapidement d'être efficace quand quelqu'un va
tout simplement décider de lui tirer dans les jambes
la seule place sur son corps qui n'était pas protégée.
Point, point.
Ned Kelly est pendu le 11 novembre
1880
et la dernière chose qu'il va dire avant qu'on lui passe
la corde au cou, c'est
« Ainsi va la vie. »
Le fameux de l'histoire
avec un grand H.
Bien que l'Australie telle qu'on la connaît
aujourd'hui n'ait été qu'une colonie pénale
britannique à l'origine, l'histoire de l'Australie, ce n'est pas que l'Australie telle qu'on la connaît aujourd'hui n'ait été qu'une colonie pénale britannique à l'origine,
l'histoire de l'Australie, ce n'est pas que l'histoire des prisonniers.
Évidemment, c'est surtout d'eux dont on a parlé, parce que le système de colonie pénale, c'est fuck-top,
et clairement échafaudé pour se débarrasser des pauvres après les avoir exploités un petit peu quand même.
À ce qui paraît, pendant des années, il va être considéré comme honteux pour beaucoup d'Australiens
d'avoir une descendance avec un prisonnier de l'époque,
alors que 20 % d'entre eux auraient eu des ancêtres
forcés de quitter leur terre natale
pour être incarcérés au pays
de la dégoûtante tartinate Vegemite.
Alors qu'ils étaient tout simplement victimes
d'un système carcéral inefficace,
rentabilisé en travail d'esclaves.
En fait, je pourrais dire que ce qui est vraiment gênant,
c'est surtout les répercussions du colonialisme
qui perdurent aujourd'hui.
Qu'une nation entière a été construite sur des terres volées afin d'établir davantage du même système carcéral machiavélique et raciste.
Mettons que c'est long à écrire en crémage sur ton gâteau du jour de l'Australie.
Ça, puis je suis Canadien, puis on a fait la même affaire. Ouvrez un livre. Je n'ai pas à tout vous expliquer non plus.
Ben oui, toi, je finis l'épisode sur un devoir.
Vous n'attendiez pas à ça d'un podcast sur le pays
où l'eau ne tourne pas dans le bon sens quand tu floches?
Je m'appelle Charles Beauchesne
et le cauchemar se poursuit dans un prochain épisode.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne
est une idée originale de Charles Beauchesne.
Au texte et à la recherche, Charles Beauchesne, mais coudonc,
Audrey Rousseau et François de Grandpré.
À la réalisation, Barbara-Judith Caron.
Au montage, Lucie Fournaison.
À la prise de son,
Vincent Cardinal.
À la coordination post-production maintenant,
Mylène Fraser.
Producteur exécutif, Raphaël Huismans
et Philippe Lamarre.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une production
d'Urbania.
Vous venez d'écouter
un podcast
Urbania.