Les Pires Moments de l'Histoire - Le Japon Féodal
Episode Date: December 17, 2019Dans cet épisode où les viscères sont à l’honneur, Charles décrypte l’époque Sengoku. Et de grâce, enlevez vos chaussures avant d’entrer dans l’antre des ninjas et des samouraïs : pers...onne n’aime laisser du sang sur le carrelage. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
Hugo, le texte!
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant
qui vous aide à voir le monde différemment.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au Balado Urbania.
Valado Urbana.
Bonsoir et bienvenue au pire moment de l'histoire.
Le podcast où je vous rappelle que le résultat des élections, c'est vraiment pas si pire que ça quand tu sais que fut une époque où les samouraïs s'auto-poignardaient à répétition dans le ventre
pour se prouver que la mort ne pouvait les arrêter, même si ça les arrêtait big time.
D'ailleurs, c'est en partie de ça dont on va traiter aujourd'hui, Sous-titrageN-G-O-K-U. Rien à voir avec... Cette fois-ci, Sango-Q, tu connaîtras ma véritable force maximale!
Non, Vegeta! C'est toi qui va connaître ma véritable force maximale!
Quoi? Tu veux dire que ce n'était pas ta véritable force maximale?
Oh que non! Et commence tout de suite à t'habituer, mon petit Vegeta.
On est parti pour environ 400 épisodes de cette affaire-là
dont certains n'amènent rien à l'histoire
et sont tout bonnement un montage des mêmes segments d'animation
histoire de combler du temps.
Pas ce Sengoku-là.
Mais soyez sans crainte, parce que c'est quand même
de cette période dont sont tirés la plupart de vos clichés japonais préférés, comme
les nobles samouraïs, qui étaient pas si nobles
que ça, finalement, et les fourbes ninja,
qui étaient pas mal plus nobles que la plupart des samouraïs,
finalement. Sacre-moi ce générique-là
dans le sauf pantalon, mon chum!
Donc, l'époque Sengoku, ou encore
l'époque des États guerriers, c'est le nom
qu'on donne à une guerre civile généralisée
dans laquelle va sombrer la totalité du Japon entre 1467 et 1600,
pour un total de 133 ans de batailles de samouraïs ininterrompues.
Les plus perspicaces d'entre vous auront remarqué que c'est fou le long.
Et ça devient encore plus angoissant quand tu réalises que,
dépendamment du moment où tu es né dans ces 133 années-là,
il y a des chances que tout ce que t'es connu
dans ta vie de Japonais du 16e siècle,
c'est la maudite période Sengoku où tout le monde
se coupe la tête.
Mon cher
héros,
c'est à ton tour
de te laisser
parler d'amour.
Ça perd de son charme éventuellement.
Contexte historique.
Donc au 15e siècle, on est à l'époque du Japon féodal.
C'est-à-dire que le pays était divisé en une mosaïque de territoires,
chacun administré par un seigneur régional qu'on appelait le daimyo,
qui dirigeait une armée de samouraïs.
Le daimyo était lui-même administré par le shogun,
qui, en plus de sonner comme un nom de barbecue japonais
où tu fais grillé tes affaires à ta table en soin
comme le porc que t'es en train de cuisiner,
était une espèce de super général japonais,
lui-même mis en place par l'empereur du Japon,
qui, à toute fin pratique, lui, ne sert à rien.
Détail intéressant.
C'est bien weird la façon dont c'est fait, mais au Japon,
l'empereur a surtout une fonction symbolique. On le fait apparaître dans les occasions officielles
comme Yuppie pour inaugurer des bâtiments nippons avec des gros ciseaux en or, mais il ne détient
aucun véritable pouvoir, à part nommer le shogun qui lui détient tous les pouvoirs. Donc, si je
récapitule. Ohayyo gozaimasu! Je suis
l'empereur du Japon!
Et la seule chose que je décide, c'est
qui va prendre les décisions à ma place
pendant que je fais de la calligraphie
en sautant des concubines derrière des portes
en papier qui ne laissent pas super place
à l'imagination. Sayonara
bitches!
Ah! Bonjour, mesdemoiselles!
Laissez-moi fermer la porte de riz pour un peu plus d'intimité.
Bon, allez, à qui je défais le chignon en premier?
En fait, à la base, le titre de Shogun, c'était juste un titre symbolique temporaire
que l'empereur te donnait histoire que t'ailles régler des problèmes militaires japonais à sa place.
Les Japonais, vraiment pas se salir les mêmes.
En fait, c'est ce que j'ai déduit en voyant le nombre de choses
qu'ils préfèrent faire sur Internet avec des tentacules.
Ne googlez pas ça, s'il vous plaît.
Ce qui s'est produit, par contre, c'est qu'au fur et à mesure
que le Japon s'est militarisé, le shogun s'est retrouvé
avec de plus en plus de seigneurs et de soldats sous leur contrôle,
à un tel point que c'est l'empereur qui est devenu un titre symbolique.
Bonne leçon sur les limites de déléguer des tâches.
Non, toi, t'es un titre symbolique!
Non, toi, t'es un titre symbolique!
Le véritable maître du Japon est donc le shogun,
qui, en théorie, est le maître de tous les daimyo,
donc de toutes les armées.
Je vous invite à voir le Japon comme une espèce de grosse partie de risque,
sauf que personne va quitter la table fâchée
parce que tu lui as promis que t'attaquerais pas l'Australie.
Get over it, Fred, ça fait 7 ans.
Et là où la merde va éventuellement commencer à éclabousser le kimono,
c'est en 1464, quand le shogun Ashikaga Yoshimasa
va être incapable de squeezer un héritier mort lors de son urètre.
Qu'à cela ne tienne, Ashikaga Yoshimasa va aller voir son petit frère,
Ashikaga Yoshimi, en lui disant...
Ah, Yoshi, j'ai besoin de ton aide.
Je sais que tu es devenu un moine, mais laisse tomber toutes ces conneries.
Je vais faire de toi mon héritier pour le titre de shogun,
puisque ma femme, et uniquement ma femme, est infertile.
Ou du moins, c'est ce qu'on lira dans la version officielle.
Pour que finalement, en 1465...
Ouais, mon petit Yoshi, tu vas trouver ça con,
mais finalement, ma femme attend un bébé.
Nous sommes tous les deux fertiles,
on ne le faisait juste pas du bon côté.
Tu peux maintenant laisser tomber
toutes ces conneries de pouvoir absolu sur le Japon
que tu cultives tranquillement depuis un an.
D'ailleurs, si tu pouvais redevenir un moine
et te retirer le plus loin possible
pour éviter les malentendus,
ce serait vraiment chill, mon petit
Yoshi. On va bien y penser,
c'était pas une décision super éclairée de la part
du shogun, parce qu'entre-temps, plusieurs
clans japonais avaient déjà prêté allégeance
à son frère. Puis là, la première affaire
que vous savez, c'est que les pro-shogun, puis les
pro-frères du shogun sont en train de se faire la guerre
pour décider qui est le boss du Japon.
Personne ne va vraiment gagner.
Ils vont juste s'affaiblir mutuellement.
Et là, on entre tout droit dans une spirale
de problèmes japonais sans précédent.
Les seigneurs Daimyo vont finir par se dire
que tant qu'à faire, le shogun est celui
qui va être capable de torcher tous les autres clans.
Ce qui va avoir pour effet de morceler le royaume
en une infinité de petits territoires,
chacun dirigé par un seigneur de guerre
qui ambitionnait de devenir le shogun.
Histoire de shoguner tous les autres directement dans les fesses.
Et pour ceux qui se posaient la question,
« Ouais, mais l'empereur a pas juste pu régler tout ça en nommant le shogun lui-même,
vous savez, la seule affaire qu'il est censé faire. »
Effectivement, mais ça aurait été beaucoup trop simple.
À la place, on a opté pour quelque chose de beaucoup plus stupide.
« Faites la guerre entre vous,
et la personne qui sera capable de prendre la ville impériale de Kyoto
deviendra définitivement le shogun.
Il ne peut y en avoir qu'un.
Bon, si vous voulez bien m'excuser maintenant,
je dois aller faire de la calligraphie.
Ou sauter une concubine.
Ne me mettez pas au défi de faire les deux en même temps.
S'il vous plaît, mettez-vous au défi de faire les deux en même temps! S'il vous plaît, mettez-vous au défi
de faire les deux en même temps!
C'est ainsi que commence
l'époque des États guerriers.
Heureusement pour eux, afin de se livrer
130 ans de guerre ininterrompue,
les seigneurs Daimyo vont pouvoir compter
sur une force de combat issue d'une tradition
militaire millénaire, des guerriers
tellement hot qu'ils vont trouver le moyen
de se rendre jusque dans la culture
populaire de notre époque en devenant des motifs de chemise
du début des années 2000, vous savez de qui je parle,
c'est Satané Samouraï.
Détail intéressant.
Les samouraïs, c'est ni plus ni moins que l'élite militaire
japonaise de l'époque, les chevaliers de la table ronde
de l'ère des shoguns.
Roi Arthur San, que se passe-t-il? Lance l'eau, San! Vite, Perceval San est possédé par un esprit démoniaque!
Je vais l'attaquer en courant sur les murs! »
Le mot nous vient du japonais « saburao », qui signifie « personne qui sert la noblesse ».
Mais c'est pas un terme qu'on utilise énormément.
On les appelle plutôt les bouchis ou bouquets.
En fait, outre être des guerriers, c'est aussi une classe sociale à part entière qui s'élève au-dessus du petit peuple, ne serait-ce que par leur éducation.
Les samouraïs sont formés au maniement du sabre katana,
à l'arc, à l'équitation,
à shooter des flèches pendant que tu fais l'équitation,
mais aussi l'art de la stratégie militaire, la calligraphie, les mathématiques, la poésie,
l'art de la cérémonie du thé, les arrangements floraux,
juste des choses utiles pour des militaires d'élite.
Ce bouquet de fleurs de cerisier est enfin équilibré!
Oh, et rajoutez à tout ça une pratique qu'on appelait le wakashudo,
où les samouraïs vétérans étaient encouragés à avoir des relations homosexuelles avec les novices pour développer un esprit de camaraderie.
Attention, Daisuke, cet après-midi, on a un contrôle d'arrangement floral
et M. Mashimoto va nous envoyer en colle si on est encore en retard
au cours de shooter des flèches en faisant de l'équitation.
Ah, les enfants, passez me voir dans mon bureau
et on pourra wakashouder un brin pendant la récréation.
Donc voilà, de façon générale, les samouraïs étaient beaucoup plus éduqués
que la plupart des Européens du 15e et du 16e siècle
qui lisaient encore la Bible grâce aux dessins dorés dans le coin des pages.
Détail intéressant dans un détail intéressant.
Quand on parle des samouraïs, on fait souvent référence à leur code d'honneur,
le bushido, qui se traduit grossièrement par le chemin du guerrier,
et qui définit la vie du samouraï en sept vertus.
La rectitude, le courage, la bienveillance, la politesse, la sincérité, l'honneur et la loyauté,
ce qui est environ huit vertus de plus que le citoyen moyen actuel.
Ce que peu de gens savent, par contre,
c'est que le Bushido a en fait été écrit
au 20e siècle et que c'est une tentative
de synthétiser l'esprit des samouraïs
et pas nécessairement un manuel
du parfait petit samouraï
que les principaux intéressés trimbalaient sur eux
pour se faire mutuellement chier avec les règlements
comme des nerds dans une soirée de jeux de société.
Prends garde, Akechi!
Si tu continues, tu devras exécuter ta rectitude
avec un malus de moins 4.
Oh, ferme ta gueule, Arada.
La page 7 du Bushido précise
que c'est possible d'éviter la pénalité
si je réussis un jet de bienveillance.
Passe-moi les chips d'alga-sushi.
Par contre, s'il y a un truc avec lequel
on t'apprend à pas niaiser au lycée des samouraïs,
c'est bien l'honneur.
Et c'est ici qu'entre en ligne de compte
le fameux harakiri.
Détail dark.
Le seppuku, ou ce qu'on appelle souvent harakiri,
c'est un suicide rituel initialement réservé aux samouraïs
et dont l'objectif est de s'auto-éviscérer.
C'est pas suffisant de s'auto-poignarder dans le chest,
faut aussi que tu te vides de tes entrailles
comme une saucisse qui traîne trop longtemps sur le barbecue.
Effectivement, les samouraïs traînaient toujours avec eux deux épées.
Le katana, ça c'est l'arme qu'utilise Wutherman dans Kill Bill,
et une autre plus courte, le wakisashi,
qu'on utilisait pour se sacrer dans l'estomac sur le champ de bataille
afin d'éviter d'être capturé et torturé.
Vu que c'est des Japonais, tout ça va finir par devenir
super cérémoniel et compliqué.
Et le seppuku est éventuellement devenu une sorte de peine capitale
quand tu merdais trop de fois de suite en tant que samouraï.
C'est la dernière fois que tu vas brûler, mais miniki, Shishido!
Selon la tradition, le samouraï était véritablement maître de sa destinée
en étant maître de sa vie,
mais aussi de sa propre mort.
À un certain point, si tu étais en proie à une situation où ton honneur était mis en jeu,
se faire harakiri, c'était une façon automatique
que tout te soit pardonné.
Suffisait de mourir!
Sous sa forme la plus élaborée,
la cérémonie avait lieu devant des spectateurs
qui devaient tous se chuchoter.
J'ai vraiment hâte de voir s'il va encore choquer finalement.
On te lavait, on te donnait un kimono funéraire blanc
pour être bien sûr que ce soit visible jusqu'au deuxième balcon.
Tu pouvais manger une dernière fois un de tes mets préférés
avant de faire ressortir tout ça de façon vraiment peu orthodoxe en très peu de temps.
On te donnait du bois pour que tu construises dans la sérénité
la plateforme sur laquelle tu vas te suicider.
Rien n'aide à apprivoiser la mort comme un peu
de bricolage. Le fallait que t'écrives
un poème funéraire.
Se suicider n'aura jamais été aussi
chiant et compliqué. Un dernier
chin de saké, puis il fallait devant tout le monde
que tu prennes ta lame, préalablement
enveloppée dans une serviette de tissu
pour qu'ironiquement, tu ne te coupes pas les mains
et que tu te l'envoies
directement dans l'estomac
pour te slicer de gauche à droite.
Généralement, il y avait un second derrière toi
pour te couper la tête
puis éviter que ce soit awkward trop longtemps.
Mais même là, c'était bien laborieux
parce qu'il fallait que le second te coupe la tête
juste assez pour qu'elle reste attachée,
étant donné que, fouillez-moi,
ça ruinerait l'après-midi de tout le monde
si cette affaire-là se mettait à rouler par terre
avec la langue sortie devant ces pauvres spectateurs
qui ne demandaient qu'à voir quelqu'un
s'auto-stabber à mort dans la dignité.
J'imagine que ça a dû prendre une coupe de tête
qui partait en cavale avant de pogner la twist de cette affaire-là.
Un dernier petit détail intéressant pour la route.
À l'époque Sengoku,
10 % de la population est samouraï.
Et ça, ça inclut également...
des femmes!
En fait, le terme samouraï en est un strictement masculin,
mais la contrepartie féminine de ça, c'est les
onabugeisha, des guerrières qui accompagnaient au combat
les samouraïs avec leur arme de prédilection,
le naginata, une lance légère avec une longue lame recourbée.
Même si, loin de moi l'idée de manspléner aux femmes samouraïs,
quelles sont leurs armes de prédilection.
Mesdames, faites ce que vous voulez.
Et contrairement à ce qu'on pourrait croire,
les Onabugeisha, c'était pas une exception historique
comme Jeanne d'Arc où la population s'est étouffée sur son croissant
de voir qu'il y avait une femme sur le champ de bataille.
En fait, les analyses d'ADN effectuées sur les corps
retrouvés à la bataille de Senbon Matsubaru en 1580
démontrent que 35 des 105 cadavres étaient des femmes, et sur les corps retrouvés à la bataille de Senbon Matsubaru en 1580,
démontrent que 35 des 105 cadavres étaient des femmes,
avec des pourcentages similaires dans d'autres batailles de l'époque.
C'est juste que personne n'en a vraiment beaucoup parlé dans les documents officiels.
Une fois de plus, rien de mieux qu'être une femme!
Dans le passé.
Par la suite, quand certains Européens sont arrivés au Japon,
il y a eu des samouraïs honorifiques caucasiens et même dans un cas particulier, un samouraï noir.
Eh oui, celui que les Japonais ont baptisé Yatsuke
aurait été un esclave d'Afrique de l'Est
débarqué au Japon sur un bateau portugais
qui serait devenu le tout premier non-japonais
à porter les deux épées du samouraï pendant l'époque Sengoku.
Et maintenant, j'ai juste hâte de voir tout ça
être adapté au cinéma avec Ice Cube.
Straight out of Kyoto, bitches!
Oh!
Donc, de retour à l'époque Sengoku,
tous ces samouraïs-là
vont se faire la guerre dans un gros
clusterfuck qui va durer une centaine d'années
sans que personne fasse de percées significatives
vers la capitale, parce que la plupart
du temps, ce qui se passait, c'était...
Ohayo gozaimasu! Nous sommes les samouraïs du clan Oda. significative vers la capitale, parce que la plupart du temps, ce qui se passait, c'était... Pendant ce temps, dans une autre province japonaise... du clan Imigawa et nous allons envahir le territoire de tous ces tarlas du clan Oda
parce qu'ils seront occupés à envahir le territoire de ces amateurs du clan Mitsudaïra.
Oh, ayo, Gozaimasu, nous sommes les habitants de la région Mitsudaïra
et nous aimerions bien que tout cela cesse!
Ou peut-être juste faire une récolte sans qu'une gang de seigneurs guerriers
viennent massacrer le village et piétiner nos jardins.
Est-ce trop demander? Concentrez-vous sur
les arrangements flots et laissez-nous tranquilles!
Un siècle de ça.
Il va falloir attendre la moitié du
16e siècle avant de voir émerger trois
personnages qui vont changer l'histoire du Japon
à jamais. Oda Nobunaga,
Toyotomi Hideyoshi et
Tokugawa Ieyasu,
ceux qu'on va appeler les unificateurs du Japon.
Le premier, c'est Nobunaga,
le militaire. C'est un samouraï
de premier ordre et un tacticien de génie
reconnu pour ses plans en général
juste assez fous pour fonctionner.
Par exemple, diviser ses forces en deux
alors que l'ennemi est en surnombre,
utiliser la moitié de ses hommes pour faire croire
que la totalité de son armée est enfermée dans un château,
avant d'aller trucider ses adversaires complètement sous sur le saké
avec l'autre moitié de son armée,
avec un temps de réaction spécialement lent du daimyo adverse
parce qu'il écoutait une pièce de théâtre
pendant une bonne partie de l'attaque surprise.
Ah, rien de mieux qu'une petite soirée de théâtre traditionnel kabuki pendant une campagne militaire majeure.
Après tout, si quelque chose ne tuera personne ici, c'est bien un peu de culture.
Oh, quelle ironie!
Mais ce qui va faire que Nobunaga va être capable de conquérir une bonne partie du Japon central,
quelque chose qu'aucun autre seigneur avait pu faire avant lui.
C'est son utilisation des armes à feu.
Oui, qui l'eût cru tout ce temps la clé de la victoire dans une guerre centenaire
entre samouraïs, c'était des samouraïs
avec des guns.
Détail intéressant.
Les premières arc-buses,
ces très vieux guns qui explosent
aussi souvent qu'ils tirent,
seraient arrivées au Japon en 1543 avec les premiers bateaux européens.
Rapidement, les Japonais vont en acheter des exemplaires
et demander à leurs artisans de les reproduire.
Mais c'est Nobunaga qui va être le premier à équiper 500 de ces samouraïs
de leurs propres arc-buses pour le champ de bataille.
Ça peut sembler comme une putain d'évidence de faire ça,
mais en même temps, les fusils de l'époque étaient un peu de la merde.
Un archer avait le temps de tirer 15 flèches
pendant une recharge d'arc-buse.
Ça avait une portée ridicule
de 80 à 100 mètres.
Puis même là, la balle pouvait rebondir
sur les armures de samouraï qui, à toute fin pratique,
sont faites en store de fenêtres.
Sans compter cette particularité
qu'avaient les armes à feu de l'époque
de juste pas fonctionner à cause de l'humidité dans l'air.
Donc, en gros, tu pouvais shooter un projectile de près, pas souvent,
puis dépendamment de la température.
Statistiquement, les gens trouvaient ça stressant.
Néanmoins, Nobunaga va développer un système
où les samouraïs arc-busiers tirent en rotation,
ce qui va lui permettre de faire un sacré numéro aux charges de cavalerie
en shootant directement les chevaux.
Nobunaga, sans le savoir, vient d'initier la fin de l'ère Sengoku.
Ou peut-être qu'il savait.
Après une couple de fois à regarder des cavaliers se trébucher dessus
comme des enfants à pâtisserie noire,
il a dû commencer à comprendre que les guns, man, les fucking guns!
Débarque maintenant le deuxième membre de notre trio, Hideyoshi.
Celui-là, c'est intéressant parce que c'est le seul à ne pas avoir commencé sa vie en tant que seigneur.
À la base, c'était le porteur de sandales de Nobunaga.
Dans le sens de, sa seule et unique job, c'était d'amener ses gougounes à Nobunaga
après une grosse journée de période Sengoku.
Il avait la même job qu'un labrador dressé.
Mais croyez-le ou non, il va tellement
bien faire ça que Nobunaga va le mettre
en charge de construire ses châteaux.
Cet upgrade qui n'a pas
vraiment de sens pour les occidentaux apparemment,
mais qui est tout à fait logique au Japon.
Encore une fois, Hideyoshi va tellement
faire une bonne job de château
que Nobunaga va lui donner une tâche
impossible, assiéger le château
de ses ennemis en construisant un autre château juste en face.
Tu sais, comme un Starbucks qui s'installe
pour niquer ton café de quartier.
Il va réussir suffisamment rapidement
pour que l'ennemi n'ait même pas le temps
de se caler des renforts,
ce qui, on s'entend, est plutôt expéditif
quand on rappelle que l'enjeu, c'était de construire un château.
Mais Hideyoshi ne va pas s'arrêter là.
Lui, son set de talents dans la vie,
c'est l'administration et la diplomatie. Il va utiliser ses qualités pour détourner les alliés du château. Mais Hideyoshi ne va pas s'arrêter là. Lui, son set de talents dans la vie, c'est l'administration et la diplomatie.
Il va utiliser ses qualités pour détourner
les alliés du château ennemi
et s'assurer que personne ne leur vienne en aide
en plus de découvrir en jasant
avec des paysans un chemin secret
à l'intérieur de ce même château
pour aller mettre le feu
à la place pendant leur sommeil.
Et ça va tellement faciliter la job
à Nobunaga
qu'il va nommer Hideyoshi seigneur des trois préfectures
appartenant au clan qu'il venait de conquérir,
ce qui est une ascension sociale interstellaire,
étant donné, je vous le rappelle, qu'il n'y a pas si longtemps,
il régnait sur la préfecture d'une paire de sandales.
Et finalement, parlons de Tokugawa Ieyasu.
Alors lui, c'est un jeune seigneur
qui a passé toute son enfance en otage
dans un clan allié.
Ça sonne weird, mais à l'époque,
prendre les enfants de tes alliés en otage,
c'était la meilleure façon de s'assurer
que personne n'allait faire le wise guy.
En fait, ce n'était pas vraiment
une prise d'otage.
C'est ce que nous préférons voir
comme une sorte de détention
contre son gré,
où vous n'avez jamais le droit d'aller nulle part pour obliger vos parents à faire ce qu'on veut. Mais ce n'était
certes pas un kidnapping. Une fois Ieyasu arrivé à l'âge adulte, le seigneur dont
il était le vassal va se faire tuer et, contre toute attente, Ieyasu va se joindre à son
ennemi clairement plus hot, j'ai nommé Oda Nobunaga.
Vous voyez, tout est dans tout.
Cette patience-là et son côté calculateur
vont être des traits de personnalité dominants chez Ieyasu.
D'ailleurs, les Japonais ont une histoire intéressante pour parler des trois unificateurs.
Un jour, un prêtre leur aurait demandé, et je cite...
« Mes seigneurs, quel est le meilleur moyen de faire chanter un oiseau?
C'est une demande weird. J'ai hâte de voir quel poids je vais réussir à faire avec ça. »
Ce à quoi Nobunaga aurait répondu
« Si l'oiseau ne chante pas, je le tuerai. »
Ce à quoi Hideyoshi aurait répondu
« Si l'oiseau ne chante pas, je lui donnerai envie de chanter. »
Ce à quoi Ieyasu aurait répondu « Si l'oiseau ne chante pas, j'attendrai qu'il chante pas, je lui donnerais envie de chanter. » Et c'est à quoi Ieyasu aurait répondu,
« Si l'oiseau ne chante pas, j'attendrai qu'il chante. »
« Bravo, Ieyasu, vous avez gagné la parabole,
et c'est définitivement cet oiseau qui a perdu. »
Donc voilà, en gros, le bon, la brute et le truand.
Ensemble, ces trois lascars-là vont éventuellement réussir,
province par province, à prendre le contrôle du Japon vers leur objectif final, Kyoto.
Et question de les assister dans toutes ces victoires militaires,
en plus d'être les seuls à avoir des guns, rappelons-le,
nos amis les samouraïs vont pouvoir bénéficier de l'assistance d'un maître espion, saboteur et assassin,
Hattori Hanzo, le ninja légendaire.
Détail intéressant.
Eh oui, Hattori Hanzo, le gars de la place à Sushi qui fait des épées dans Kill Bill,
il a véritablement existé.
Dans les faits, Hattori Hanzo, c'est un samouraï de petite famille
qui venait aussi précisément de la place au Japon où on formait les ninjas.
Ce gars-là est donc deux clichés de culture populaire en même temps.
Ce qui le distinguait des autres, c'était paradoxalement l'espionnage,
les attaques de nuit, les assassinats et la tromperie,
un paquet d'affaires qui était perçu comme impropre à l'honneur d'un samouraï
quand ils sont pas trop occupés à se trahir sans arrêt
puis à prendre leurs enfants en otage pour s'obliger à tenir leurs promesses.
L'honneur, vous savez!
Je vais maintenant coucher avec un jeune apprenti pour la camaraderie.
Autre détail intéressant dans un détail intéressant.
Les ninjas, ou encore shinobis comme on les appelait,
étaient des experts de toutes les affaires impropres à l'honneur d'un samouraï.
C'est principalement pour ça que les samouraïs avaient besoin d'eux.
Comme chez les samouraïs, il y avait des femmes dans les rangs des ninjas,
puis ils étaient vraiment cool.
Elles avaient genre des lames cachées dans leurs cheveux sous forme de peigne
pour te tuer pendant des relations sexuelles.
Il faut croire que j'aime ça.
Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire,
le costume du ninja n'était pas l'espèce de pyjama noir uni
qu'on lui attribue automatiquement dans la culture populaire.
En fait, c'était un soude qui était utilisé par les appariteurs
de décors dans le théâtre Kabuki.
Vous savez, les gens en noir avec des
cagoules noires qui sont genre trois sur une grosse
marionnette de princesse à la maison théâtre.
C'est une grosse commande, mais imaginez
la version Kabuki. En gros,
quand t'es habillé en noir sur scène, t'étais
invisible. Et c'est de là que vient
la convention que les ninjas portent du
noir. Mais ils ne portaient jamais ça.
En fait, les vrais ninjas étaient plus souvent
qu'autrement habillés comme...
n'importe qui. Des paysans, surtout.
Principalement parce que les ninjas étaient
en grande majorité... des paysans.
D'ailleurs, la quasi-totalité des armes
associées aux shinobi, celles des
quatre ninja turtles, mettons, à part
Leonardo, parce que lui, c'était deux katanas,
puis ça joue pas rapport, étaient des outils utilisés pour le jardinage.
Genre les fourchettes de Raphaël
pour planter les pousses de riz.
Kawa, Bonga et ainsi de suite.
La clé de leur invisibilité,
c'était donc d'être sans arrêt cachés
à la vue de tous, en faisant partie
du paysage dans un monde où la pizza
est plus inaccessible que jamais.
Hattori Hanzo et ses chums, les shinobis,
vont donc faciliter l'unification du Japon
en démontrant une inébranlable loyauté à Nobunaga,
Hideyoshi et principalement Ieyasu.
Une loyauté surprenante pour des gens
qui étaient considérés comme les pires fuckers
de tout le Japon.
Par exemple, cinq ninjas de Hattori Hanzo
vont défendre un château d'Ieyasu
contre une armée de samouraïs. Cinq ninjas. Oh, by the way, il y avait aussi des ninjas de Hattori Hanzo vont défendre un château d'Ieyasu contre une armée de samouraïs.
Cinq ninjas.
Oh, by the way, il y avait aussi des ninjas avec des arcs-buses.
Et ça, laisse-moi te dire que ça surprend Anesti quand ça t'arrive.
Ah! Quel plaisir de se retrouver seul dans cette ruelle sombre
où il n'y a certainement personne à part ce paysan anonyme sans danger qui me suit depuis 15 minutes.
Oh! Comment aurais-je pu savoir?
C'est ça que Leonardo aurait dû avoir.
Pas deux katanas. Des guns!
Des fucking guns!
Et là, grâce à tout ce monde-là,
les autres Daimyo commencent tranquillement
à se calmer les têtes si le shogunat
semble de plus en plus un rêve accessible pour Nobunaga.
Croyez-le ou non, les choses vont prendre un tournant
pour le moins inattendu à Kyoto,
quand un de ces seconds va juste décider de devenir shogun à la place du shogun
et Nobunaga va finir par se faire harakiri dans un temple en feu.
Parce que personne au Japon n'a le droit de mourir dans son sommeil entouré par ses petits-enfants au direct.
Les choses ont pour le moins dégénéré rapidement.
L'autre gars va être shogun quelque chose comme trois jours,
puis il va se faire tuer par des paysans quand Hideyoshi arrive en beau tabarnak pour venger son ami.
Faut croire qu'il n'avait pas pensé à cette éventualité.
Donc là, vous assurez la succession au shogunat d'un des fils de Nobunaga,
parce que l'empereur voulait pas que ce soit Hideyoshi le shogun,
étant donné que c'était autrefois le gars des sandales, puis ça paraît mal.
Je ne dis pas, c'est 100% la raison pour laquelle Hideyoshi ne pouvait pas devenir shogun.
Non, non, non, non, non. Vos mains sentent encore les pieds de Nobunaga.
De son côté, Ieyasu, voulant éviter un conflit meurtri avec Hideyoshi,
va plutôt choisir de lui prêter allégeance et d'attendre.
De sa légendaire patience.
Pendant ce temps-là, Hideyoshi avait une autre idée derrière la tête.
Merde, je suis incapable de produire un héritier mâle.
Hé, toi, mon neveu, je vais t'adopter, faire de toi l'héritier du shogunat
et c'est correct parce que toi, tu n'étais pas un porteur de gogoon.
Ok, ouais, sure.
Ah, mon neveu, excuse-moi, finalement, j'ai miraculeusement réussi
à avoir un enfant à 60 ans.
Alors oublie toutes ces choses à propos de gouverner le Japon
et va plutôt te faire un rakiri.
Je ferai aussi tuer toute ta famille
et vous serez trimballés à la vue de tous
avant d'être jetés dans une fosse qui sera baptisée
le tombeau des traîtres.
Désolé de t'avoir dérangé! »
Eh oui, tout ça se finit un peu comme ça a commencé.
100 % des problèmes du Japon seraient réglés
si les Japonais jumpaient pas le gun
en nommant un héritier trop tôt.
Donc, peu de temps après, Hideyoshi va mourir
et son fils miraculeux,
qui a tué beaucoup de monde en existant,
nommé Hideyori, va devenir l'héritier du shogunat.
Il va se faire garder par Ieyasu
et quatre puissants seigneurs
que, finalement, Ieyasu,
le patient, va tout tuer d'une shot
après avoir perdu patience alors qu'ils étaient tous
rassemblés dans le même château.
Détail dark.
Même pendant les attaques et les sièges de château,
c'est important de respecter l'intégrité
et de traiter avec respect le corps des samouraïs
tombés au combat. En leur coupant
la tête! Eh oui,
à chaque fois qu'un samouraï mourait, fallait lui
couper la tête, la laver,
mettre des produits dans ses cheveux et l'exposer
sur une étagère pour que tout le monde sache
qu'un samouraï est décédé.
Je crois que les gens avaient compris.
Là où ça devient problématique,
c'est quand plusieurs samouraïs meurent
dans le même château.
Allons nous coucher.
Ah! Voyons donc! que c'est que ça!
Ah! C'était juste une étagère
pleine de têtes de samouraï.
Que leur sagesse me protège.
Ieyasu prend donc le pouvoir.
Il va donc marier sa petite-fille
à Hideyori pour le contrôler,
mais finalement, il va décider que c'est une mauvaise idée
et l'obliger à se faire harakiri.
Ce qui, à ce point-ci, compte
de moins en moins comme un suicide, on va se le dire.
Ieyasu devient le shogun,
tout le Japon est unifié sous son règne,
fin de l'époque Sengoku.
Est-ce que c'était compliqué?
OK, qu'est-ce qu'il y a à prendre de tout ça?
À part qu'à cette époque, rien ne règle une situation difficile mieux qu'un bon harakiri,
surtout qu'une bonne partie des clichés de culture populaire associés au Japon nous viennent de l'époque des États guerriers.
Évidemment, tout est toujours exagéré quand il y a 500 ans qui sépare la réalité de la culture populaire.
Les samouraïs n'étaient pas particulièrement valeureux.
En fait, l'essentiel de l'époque Sengoku,
c'est qu'ils se trahissaient tout le temps.
Les ninjas, quant à eux, correspondent ni à leur costume,
ni à leur réputation d'assassins sans foi ni loi.
Au contraire, c'est leur loyauté qui a permis à des gens comme Ieyasu
de prendre les rênes d'un pays qui est resté sans gouvernement central
pendant plus d'un siècle.
C'est vraiment une grosse job de ménage.
Et ça, ça se règle pas simplement en pliant
ses t-shirts en trois s'il nous apporte
de la joie. Les samouraïs,
dont le maître était mort et qui avait
décidé de ne pas se faire harakiri
comme ils étaient supposés, ils étaient pas débiles,
sont devenus les renains.
Des samouraïs vagabonds, un peu
cow-boys, qui voyageaient sur les routes du pays
aidant ceux qui pouvaient. Mais surtout
se faisant cracher dessus par tout le monde
parce que leur situation était très honteuse.
Et pendant les 300 ans de ce qu'on va appeler l'époque Edo,
on va très fortement leur suggérer de se faire harakiri pour faire changement.
Pour ce qui est du grand gagnant de l'époque Sengoku,
Ieyasu Tokugawa,
eh bien, il semblerait que c'était nul autre
que la personne la plus qualifiée pour être shogun.
Il va établir un nouveau gouvernement à Edo, qui deviendra éventuellement Tokyo.
Vous savez, la place avec tous les Hello Kitty.
Son shoguna et celui de ses descendants représentent une période de paix et de développement du pays
qui va durer de 1603 à 1867.
Il aura fallu 130 ans de guerre pour 300 ans de paix.
Bref, peu importe l'ampleur de l'impasse dans laquelle les humains se trouvent,
la solution sera toujours l'entraide.
C'est qu'à l'inours en estie, hein?
Je m'appelle Charles Beauchesne, et le cauchemar se poursuit dans un autre épisode.
Les pires moments de l'histoire, c'est, au texte et à la recherche,
Charles Beauchesne, Audrey Rousseau et François de Grandpré, pour Urbania, à la réalisation, Barbara-Judith Caron, Sous-titrage Société Radio-Canada