Les Pires Moments de l'Histoire - Le Krach boursier
Episode Date: December 20, 2024Dans notre série classique « ces moments où l’humanité fonce tranquillement dans un mur pendant 45 minutes de podcast », Charles se penche sur le krach boursier de 1929. Une catastrophe financi...ère que l’on pourrait croire assez facilement évitable dans un monde normal… Mais faut croire que non! Bref, un « pire moment » économique où Charles tente tant bien que mal de vous convaincre qu’il comprend les concepts financiers dont il parle. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Égo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
Égo, le texte!
Ah oui, oui.
Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant
qui vous aide à voir le monde différemment.
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T'as-tu bon?
Oui, oui.
Bienvenue au Balado Urbania.
Ouf, par la barbe de Zeus.
Bienvenue à un autre épisode des pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne.
Le podcast historique qui utilise l'humour et la culture populaire
pour vous raconter les moments les plus épouvantables de l'humanité.
Qui aurait cru qu'il y avait de l'argent à faire avec ça?
Certes pas mes proches.
Justement, après plusieurs épisodes à m'étendre sur des affaires épouvantables
comme les tortues ranales du Moyen-Âge espagnol,
le fait qu'on tuait des autruches pour le plaisir dans le Colisée à Rome
et comment oublier l'âge d'or de la lobotomie avec un pic à glace dans les années 50.
Ben, sachez que je suis tanné de ces affaires-là.
Alors, j'ai décidé pour cet épisode de m'attaquer à une toute nouvelle forme d'épouvante,
les horreurs de la finance.
Et quand je parle des horreurs de la finance,
je fais bien sûr référence au fait que, comme tout le monde,
je comprends rien quand mon comptable parle.
Alors, tel que convenu, M. Beauchesne,
voici la répartition de vos placements
synthétisés dans ce thermétique diagramme à cinq pointes.
C'est-tu normal que ce soit pas un diagramme, mais bien un pentagramme?
Exactement!
Ah!
Apérité pour taille!
Il fait rire!
Ah, les flammes de l'enfer! Non!
Misérable artiste!
Ça, c'est pour m'avoir apporté toutes tes factures louses dans un gros ziploc pendant quatre ans! »
J'ai une historique complexe avec le fisc.
Donc, étant donné que j'aime vivre dangereusement, voici la fable d'un des cataclysmes économiques les plus apocalyptiques de l'histoire humaine.
Ça fait plusieurs fois qu'on le mentionne dans le podcast.
Le voici finalement dans un premier rôle émergeant d'un cercueil comme Dracula ou un des gothkiss à la limite.
Voici le crash boursier de 1929.
Un oupsie financier du début du 20e siècle qui va faire disparaître pas moins de 25 milliards de dollars de richesse en 5 jours directs dans Floche,
quand essentiellement l'Amérique au complet va aller jouer sa paye au casino de la spéculation boursière,
poussant le premier domino qui allait les mener
à ce que les historiens surnomment joyeusement
la Grande Dépression.
Une décennie au complet où tout le monde va être obligé
de vivre comme des gratuits de guitare dans le métro
qui suivent leur partition sur une application avec de la pub.
Wow! Attends une minute, j'ai de la pub.
Besoin d'une coloscopie?
Ne laissez pas n'importe qui vous rentrer une caméra dans le derrière. pub. Donc, plongeons-nous dans cette fascinante histoire de chiffres avec moi,
Charles Beauchesne, qui a terminé ses
maths 5-26 à peau des fesses, puis que son
prof lui a véritablement dit avant de partir
« En tout cas, j'espère qu'il y a de la job en radio! »
Préparez-vous à un épisode
où je vais être un véritable magicien
de l'illusion de vous faire croire que je comprends de quoi je parle.
Mais n'oubliez jamais, c'est une pièce de théâtre qui commence maintenant.
Ah oui, par le générique. Crénom d'un bénéfice net par action.
Qu'est-ce que c'est ça, cette petite affaire-là?
Contexte historique.
Pour bien comprendre ce qui a mené à ce fameux écroulement des marchés américains le 24 octobre 1929,
il faut remonter jusqu'en 1918 à la fin de la Première Guerre mondiale,
qu'on appelait juste la Grande Guerre parce que le 2 n'était pas encore sorti.
Avec le traité de Versailles, les alliés victorieux, qui incluent la France, l'Empire britannique, l'Italie et les États-Unis,
vont exiger des méchants Allemands,
un pays pourtant débonnaire et
au charme latin, une réparation
de 33 milliards
en dollars de 1918.
Ce qui équivaut en date d'écriture
de cet épisode à...
plus de 686
milliards
US.
Donc, en argent canadien, ça fait que ma calculatrice
s'est liquéfiée et coule maintenant sur le tapis.
En plus, dites-vous que tout ça, c'est de l'argent
que les pays d'Europe ne seront pas nécessairement
patients à récupérer parce qu'ils doivent eux-mêmes
rembourser les 12 milliards qu'ils ont empruntés
aux États-Unis.
Détail intéressant!
Pour réussir à repayer les alliés de l'Europe
qui doivent de l'argent aux États-Unis,
l'Allemagne va être obligée d'emprunter de l'argent aux États-Unis.
Ce qui veut donc dire que les Américains étaient remboursés par les Européens avec de l'argent américain
qu'ils allaient ensuite récupérer en double en siphonnant les Allemands comme jamais.
C'est-à-dire...
Bonjour, je suis les États-Unis d'Amérique.
Hé, l'Europe, où est mon argent?
Euh, j'allais justement le chercher en sortant discrètement par la fenêtre.
Un instant.
Eh, l'Allemagne, où est mon argent?
Euh, nous allions justement le chercher en sortant discrètement par ce vieil escalier extérieur
désaffecté de l'immeuble.
Un instant.
Eh, les États-Unis, on est dans le trouble avec l'Europe.
Vous ne pourriez pas nous dépanner avec un peu d'argent?
Avec méga intérêt, mais bien sûr.
Tenez.
Merci.
Tenez, l'Europe.
Merci.
Tenez, les États-Unis.
Parfait.
Et maintenant, où est mon argent, l'Allemagne?
Taxi!
N'importe où, maisïe. Taxi!
N'importe où, mais gratuitement.
C'est pas comme ça que ça fonctionne, un taxi, monsieur.
Non!
C'est donc dire que pendant que tout le monde se serrait la ceinture de l'autre bord de l'Atlantique,
en Amérique du Nord, c'était le début d'une période de prospérité et d'effervescence jamais égalée qu'on surnomme les années folles.
Je suis Coco le gars, je ne sers pas un plume!
Euh, pas comme ça, non. Mieux.
En fait, les années folles, c'est le surnom qu'on donne aux années 20,
particulièrement aux États-Unis, une époque de partez survoltés métaphoriquement
par l'exaltation de la victoire et concrètement par l'électrification des villes
où tout le monde va faire le party.
Par contre, le prix à payer, c'est qu'on est en pleine prohibition.
Donc l'alcool est illégal aux États-Unis.
Difficile de voir comment on pourrait s'amuser comme ça, pour être honnête.
Moi, j'ai une idée, mon chéri.
Et si on transférait tout cet argent sur une autre dépendance, comme par exemple le shopping!
Chéri, je crois que les voisins sont en train de se tuer.
Mais non, voyons, ils sont simplement enthousiastes à l'idée d'aller faire du shopping!
Chéri, tu me fais peur!
Eh oui, c'est pendant les Roaring Twenties
que l'Américain moyen va avoir pour la première fois la chance de s'offrir des produits de luxe grâce à une toute nouvelle invention, l'achat à crédit.
Achetez maintenant, payez plus tard.
Vous pensez que les gens d'aujourd'hui sont irresponsables avec ce concept-là?
Checkz bien ça dans un monde où les gens ne savent pas encore que ça vient avec des conséquences.
Nous sommes neuf ans avant le crash boursier.
Les gens se mettent donc à acheter plein
d'articles chers à crédit, des pianos
à queue, des phonographes,
des aspirateurs,
des chars, des bijoux,
cette nouvelle bébelle qu'on appelle
la radio. Mais l'affaire la plus
folle qu'on s'achète à crédit dans les années folles,
c'est de très sensuelles
actions en bourse.
C'est-à-dire...
Bonjour, je suis une entreprise américaine
qui rapporte beaucoup d'argent.
Regardez, je fume un cigare
dont la fumée dessine des signes de piasses.
Vous pouvez me faire confiance.
Bonjour, je suis n'importe qui.
Moi, je vous fais confiance.
En fait, tellement que j'ai envie d'acheter
une fraction microscopique de votre entreprise qu'on appelle Action.
Parce que moi aussi, je suis un homme d'affaires.
Étrange, mais OK. Vous êtes conscient que vous n'aurez aucun pouvoir.
Vous serez littéralement une sorte d'animal de compagnie.
D'ailleurs, quel genre de jouet en caoutchouc aimez-vous?
Le concept, certes casse-coup, de jouer son argent en bourse en pariant sur les aléas
des vents incalculables du marché comme si ça se
finissait toujours bien, est une idée risquée
qui va être agressivement moussée
dans les années 20 par l'entremise d'un
certain Charlie Mitchell
qu'on surnomme
Sunshine Charlie.
Aucune idée pourquoi. Mais il faut avouer
que c'est quelqu'un de particulièrement positif face
au gamble que ça représente.
Sunshine Charlie, j'ai besoin de tes conseils, je dois énormément d'argent à la mafia.
Mais c'est la simplicité même.
Il vous suffit d'emprunter davantage d'argent à la mafia ou encore à la banque.
Et de faire fructifier tout ça vitesse grand V en investissant dans une compagnie sur laquelle vous n'avez aucun contrôle.
Vous allez voir, c'est super safe.
C'est comme un très gros cheval
de course. Et comme on le sait, il y a toujours
au moins un cheval qui gagne.
On peut donc dire que les chevaux gagnent toujours.
C'est mathématique.
Sunshine Charlie, c'est un banquier américain
et président de la National City Bank,
l'une des plus grandes banques
des États-Unis à l'époque.
Mais au début des années 20, la National Citibank,
c'était surtout une banque commerciale,
comme toutes les autres banques plates que vous connaissez,
celles qui offrent des petits comptes en banque,
avec des petits intérêts à des petits ploucs comme nous autres
qui retournent chez eux manger des petites lasagnes congelées.
Et ça, ça ne le faisait tout simplement pas pour Sunshine Charlie,
qui se disait qu'il devait bien y avoir une façon d'obtenir plus d'argent,
puis genre directement dans les poches d'autant d'imbéciles.
Mais M. Mitchell, la bourse est depuis toujours un boys club
où seuls les plus fortunés et les plus informés vont jouer.
Ce n'est crissement pas à mettre entre les mains de n'importe qui.
Peut-être, mais rappelez-vous pendant la Grande Guerre,
notre gouvernement avait décidé d'offrir à la population
ce qu'il appelait des Liberty Bonds,
c'est-à-dire des petits placements sécuritaires et garantis
où vous donnez de l'argent aux Etats-Unis d'Amérique pour enflouer ses coffres,
suite à quoi on vous remboursait pif-paf-pouf avec un petit profit super raisonnable
qui donne l'impression d'être un génie des affaires.
Mon God feeling, c'est qu'à Stur, les citoyens y ont non seulement pris goût,
mais qu'ils se pensent désormais capables d'investir dans la cour des grands.
Ce que je propose, c'est de tout bonnement donner les clés de l'hôtel à ces chimpanzés.
Et afin de s'assurer que même les pauvres auront accès à ce passe-temps de méga-riches,
je vais leur donner la possibilité d'acheter des actions de la Bourse de New York à crédit.
C'est-à-dire que vous pouvez payer plus tard pour acheter
quelque chose qui va probablement
rapporter de l'argent plus tard.
Comme les chevaux,
efficaces à 100%, c'est mathématique.
Monsieur Mitchell,
la fermeture éclair de votre pantalon est ouverte.
Je sais.
Les gens vont donc commencer à acheter des actions
en empruntant,
ce qui devrait déjà vous sonner une petite clochette d'alarme
de jamais faire ça, mais pour tous les autres qui,
comme moi, sont des pigeons, qu'est-ce que ça veut dire au juste?
Explication
au crayon de cire.
Allô, toi, ici,
oncle Charles.
Tu veux comprendre l'achat d'actions
à crédit? Bien, laisse-moi te raconter
l'histoire des trois petits cochons.
Sauf que là, il y en a juste un, puis il veut
jouer à la bourse parce qu'il est paumé dans une
maison en paille probablement pleine de
vidanges. Que va faire ce
loser? Aller à la banque
voir le grand méchant loup de Wall
Street qui fait de la poudre pour qu'il lui
prête de l'argent pour acheter une action.
Évidemment, le cochon paumé
a juste genre 5 piastres pliés dans
un cendrier, alors il emprunte 5 $ additionnels
de plouc dans la dèche pour pouvoir acheter une action
à 10 $. L'objectif du cochon fin finot, c'est maintenant
d'attendre que le prix de l'action monte.
Et quand l'action atteint, mettons, 15 $,
le cochon en camisole avec des tâches la revend
à un autre animal plus stupide,
genre un bulldog français, rembourse le 5 piastres qu'il a emprunté au loup plus les intérêts
et empoche un profit bien moins excitant qu'il ne le croit.
Ça s'appelle un achat d'action sur la marge.
Évidemment, ça c'est si tout va bien.
Ça se peut aussi que tout aille mal.
Ouais, parce que les fluctuations d'un marché sur lequel vous n'avez pas le contrôle
peuvent aussi faire baisser la valeur de votre action.
Alors, si l'action plonge à 3 $, le cochon doit quand même 5 $ au loup.
Le loup, malin comme un renard, se dit qu'il ne reverra peut-être jamais l'argent
qu'il a prêté à cette petite baloure-là.
Alors, il peut demander de l'argent au cochon pour couvrir la perte de valeur de l'action.
Ça, c'est un appel de marge.
Et si le cochon n'a pas d'argent, le loup peut carrément reprendre l'action
et la revendre à un autre animal encore plus stupide qu'un bulldog français, mettons, un pog.
Puis là, le cochon perd son action, son 5 $, et se retrouve avec rien.
Comme il l'a toujours mérité.
Espèce de péquenaud.
Mais ça, comme l'aurait dit Sunshine Charlie...
Ça n'arrivera jamais.
Ça fait des années que le marché monte sans signe de ralentissement.
Et vous savez ce qu'on dit, hein?
Tout ce qui monte ne redescend jamais.
C'est comme cette fameuse fable
grecque que je n'ai jamais lue jusqu'au bout.
Je suis, en quelque sorte,
Icar, se moquant du
soleil comme il se doit.
Monsieur Mitchell, vous ne portez pas de pantalon.
Je sais. Ça a donc pas été
super long qu'éventuellement, même le plus
humble des citoyens américains s'est mis
à emprunter pour jouer à la bourse.
Particulièrement à New York,
siège de la bourse de New York.
Fait que, hein?
Un des plus connus parmi ces ploucs de la spéculation,
c'était un sireur de chaussures italien
de Wall Street qui s'appelait
Pat Bologna. En français, ça donne
Pat Balloné et on va l'appeler comme ça
à partir de maintenant.
Pat Balloné, c'était bizarrement
le sireur de chaussures le plus couru
en matière d'investissement.
Immigrant italien de 19 ans, voyez-vous,
lui, c'était le gars qui avait un stand de cirage
particulièrement populaire à Wall Street.
Surtout auprès de ses plus
importants financiers,
des gens comme Sunshine
Charlie.
Donc, à force de passer ses journées à faire briller
les galoches des seigneurs de la bourse en papotant avec eux
comme une coiffeuse de Saint-Jérôme, Ballonnet
s'est forgé une solide réputation
en tuyau d'initié.
Hey, M. Mitchell, un petit tirage?
Pourquoi pas? J'ai besoin de me changer les idées.
Grosse journée en finances.
Il paraît que je vais investir
25.
Et d'ici vendredi...
Bref, laisse-moi te dire que c'est une transaction qui va tout changer.
Mais je n'aurais peut-être pas dû te dire ça.
Vous savez, moi je ne suis qu'un simple sireur de chaussures.
Révélez-moi tous vos secrets.
Parfait! Alors attache ta ceinture, je vais te révéler quelque chose qui me mettrait dans la méga-merde
si on apprenait que je me suis encore ouvert la gueule.
Donc la première chose qu'on sait, c'est que Pat Balloné attire rapidement
de longues files d'investisseurs et de gens de la bourse de toutes sortes à son stand,
tous anxieux de recevoir les conseils financiers du « sireur de chaussures »
avec qui tout le monde l'échappe.
Ce qui lui permettait de faire en une heure le salaire qu'il aurait normalement fait en une journée.
Ça a l'air que bien sûr, Pat Balloné va ensuite aller 100% dépenser au casino de la bourse.
Le casino où tout le monde gagne.
Effectivement, depuis 1924, le Dow Jones Industrial Average,
c'est-à-dire la moyenne de la valeur des actions des 30 plus grosses entreprises cotées aux États-Unis,
a augmenté de 300 %.
Les actions de General Motors ont gonflé de 20 fois leur valeur.
Celles de la compagnie de radio RCA valent 70 fois plus cher.
Bref, tout augmente aussi vite que ma pression en écoutant une vidéo TikTok
qui, bien sûr, coupe juste avant d'avoir dévoilé quelques formes d'informations que ce soit.
Pouvez-vous arrêter de me faire perdre mon temps, TikTok?
Les États-Unis sont donc virés complètement boursins pour la bourse.
Tout le monde parle de la bourse, tout le monde pense à la bourse.
Les enfants, les vieillards, les bébés naissants, deux écureuils dans un parc.
Tout le monde voulait en savoir plus sur la bourse,
qui était devenue le seul sujet convenable en toutes circonstances.
Vous avez reçu la section finance du Times?
Ce serait pour me m'assurer.
L'engouement était d'ailleurs exacerbé par une toute nouvelle technologie révolutionnaire,
le téléimprimeur.
Vous savez, les espèces de petites imprimantes steampunk
en dessous d'un genre de cloche à fromage
qui impriment en temps réel les données de la bourse
transmises par les lignes télégraphiques
sur une longue guirlande de papier super mince.
En tout cas, laissez-moi vous dire que t'es mieux d'avoir
une solide réserve de longue guirlande de papier super mince
parce que cette affaire-là imprime chaque transaction
effectuée à la bourse de New York.
Ce qui me semble, instinctivement, presque autant de papier que je suis obligé d'utiliser aux toilettes quand il faut que j'y aille pour la première fois chez quelqu'un
que j'essaie de séduire. C'est la faute de personne, mais à toutes les fois. Néanmoins,
le public capotait sur le téléprimeur. Il y en avait partout, dans les bureaux de courtage,
à la banque, à la poste, dans les salons de barbier, chez le marchand de glace. Tout
le monde binge-watchait le papier qui sortait
comme si c'était la série Le Transpersonnage.
C'est-à-dire, reculons parce qu'il y a juste ça de disponible sur le moment.
C'est pas que c'est mauvais, mais est-ce que c'est bon?
Détail intéressant!
Bizarrement, un des seuls qui voulait rien savoir d'investir en bourse,
c'est le célèbre seigneur de la mafia, Al Capone.
Personnellement, je trouve que la bourse, c'est de la pure extorsion et que tous les courtiers sont des bandits.
Vous m'entendez? Des bandits.
Maintenant, excusez-moi, il faut que j'aille couler une personne que j'aime pas trop dans un bloc de béton.
La fait, c'est qu'Al Capone n'a pas tout à fait tort sur celle-là.
Le marché boursier est effectivement influencé par une cabale de millionnaires qui instrumentalisent les résultats pour s'en mettre plein les poches.
Une des roublardises les plus en vogue à l'époque, c'était de faire un pool d'actions.
En gros, vous êtes une petite gang d'investisseurs sans scrupules
puis vous vous arrangez pour tout acheter des actions de la même compagnie
en même temps à coût d'un million de dollars.
Ouh!
Ce qui fait augmenter le prix de l'action, mais artificiellement, suite à quoi vous appelez un de vos chums qui travaille comme
journaliste financier pour qu'il mousse le buzz. Ça, ça donne le goût aux ploucs qui sont pas dans
le racket d'acheter ton action, ce qui fait encore plus augmenter le prix de ton action.
Puis une fois que l'action est gonflée à bloc comme Notorious, vous vous mettez à vendre Cool
Cat toutes vos actions une à la fois pour pas créer de panique.
Smooth Criminal, la valeur de l'action baisse,
tout est legit, ça a juste l'air d'une fluctuation naturelle.
Mais avant, la masse bovine a quand même eu le temps
d'acheter toutes vos actions à méga prix.
Il ne reste plus qu'à vous asseoir,
puis regarder le cash vous sortir par les oreilles
pendant que les autres péquenots ont dépensé
toutes leurs économies sur des actions
qui n'auront plus jamais cette valeur-là de leur vie.
Wall Street!
La gang de Wall Street!
Wall Street!
Et si vous ne le saviez pas, maintenant, vous le savez.
Oh, mon Dieu, que je m'ennuie de la torture anale du Moyen Âge.
Bref, on est au début de l'année 1929, l'année du crash.
Et le 31e président des États-Unis vient tout juste d'être élu, Herbert Clark Hoover.
Citoyens américains, ça va super bien.
Notre terre est riche en ressources, excitante par sa glorieuse beauté.
Maison pour des millions de foyers heureux, bénis de confort et d'opportunités.
Aucune autre nation n'a autant progressé.
Dans aucune autre nation, les fruits de la réussite ne sont plus certains.
Dans aucune autre nation, le gouvernement n'est plus digne de respect.
Aucun pays n'est plus aimé de son peuple.
Je n'ai aucune crainte pour l'avenir de notre pays.
USA! USA! USA! Allez tout le monde, USA.
Mais en privé?
Enfin, qu'est-ce que vous me faites, USA?
Le peuple américain utilise des promesses d'argent hypothétiques
pour acheter spéculativement de l'argent imaginaire.
Vous entendez la phrase que je viens de prononcer?
Qu'est-ce qui va se passer quand tout le monde va se rendre compte
que tout cet argent n'est essentiellement qu'une valeur accordée à Sweet Focal.
Très bien, monsieur le président.
Voulez-vous qu'on travaille main dans la main avec la réserve fédérale
et le secrétariat à la trésorerie pour réglementer l'achat sur marge à la bourse
et ainsi éviter une catastrophe spéculative?
Êtes-vous débiles? Ce serait du suicide politique pour mon deuxième mandat!
J'ai une idée. Laissons tout simplement les choses aller et voyons voir où ça nous mène.
Bon, si quelqu'un veut un café, j'ai le temps.
Politiquement, je ne vais rien faire d'autre.
Le problème, c'est que le président Hoover
avait vu juste et qu'en coulisses,
les coutures commencent à lâcher
dans les bobettes de l'économie américaine.
Et une des premières déchirures
vient de la réserve fédérale de New York
elle-même.
Détail intéressant. La réserve fédérale de New York elle-même. Détail intéressant.
La Réserve fédérale de New York,
c'est une des 12 banques de la Réserve fédérale des États-Unis
qui est l'équivalent de la Banque du Canada.
Ça aide-tu quelqu'un, ça?
En gros, c'est à eux que vous voulez pitcher
des rouleaux de papier de toilette mouillés
quand les taux d'intérêt augmentent
parce que c'est eux qui contrôlent ça.
Le taux d'intérêt qui, je vous le rappelle,
est le pourcentage d'argent que votre créancier
est effectivement intéressé à récolter quand il fait Le taux d'intérêt, qui, je vous le rappelle, est le pourcentage d'argent que votre créancier est effectivement intéressé
à récolter quand il fait semblant
d'avoir envie de vous aider. Puis c'est pas mal la seule
chose qui les intéresse, ces estinosphératures-là.
Bref, pendant la majorité des années
20, la réserve fédérale de New York
était dirigée par un certain Benjamin Strong,
qui avait développé toute une amitié
avec son homologue de la Banque de Londres,
Montague Norman.
Là, comme tous les bons amis dans cet aquarium marocain,
Montaigu va éventuellement appeler Benjamin pour lui demander un service.
Ramener l'or en Europe.
Je sais pas ce que ça veut dire,
fait que je vais juste vous lire les explications que j'ai trouvées
avec une voix de gros personnage pour rendre ça plus digeste.
Certains diraient même que c'est pas mal juste ça que je fais dans le podcast, d'ailleurs.
Détail intéressant expliqué par Godzilla.
Voyez-vous, pendant la Première Guerre mondiale,
l'Europe avait renvoyé tout son or en Amérique
pour financer les affrontements contre les Allemands, de la même manière que je suis
présentement en train d'affronter Guidora. De plus, à l'époque, on encourageait les Américains
à pitcher tout leur or personnel à la réserve fédérale en échange d'un profit équivalent au taux d'intérêt du moment.
Un peu comme je m'apprête à pitcher cet autobus.
On comprend donc que plus les taux d'intérêt étaient hauts,
plus les gens voyaient l'aurore à la référence fédérale,
créant des intérêts aussi élevés que Machom Motra,
qui survole présentement Tokyo.
Baisser les taux d'intérêt encouragerait donc les Américains
à sortir l'aurore pour la réinvestir ailleurs,
idéalement à la Banque d'Angleterre,
qui elle, monte ses taux d'intérêt comme jamais.
En tout cas, pas mal plus que ces institutions financières japonaises que je m'apprête à anéantir de mon souffle radioactif.
Et maintenant, un mot de notre sponsor.
Ce programme est un soutien de la sponsorité de G sponsor. Je suis là, je suis là, je suis là.
Je fais mieux une clope.
Excusez, je suis pas habitué à ça.
Fait que c'est ça.
Pour aider son ami depuis 1924,
Benjamin Strong s'est mis à couper les taux d'intérêt
plus agressivement que mon chat sectionne mes fils d'écouteurs
suite à une seconde d'inattention de ma part.
Si on rappelle ces estilas.
En Amérique, les taux d'intérêt super bons
ont fait que tout le monde pouvait emprunter full d'argent
et on s'en est servi, bien sûr, pour acheter plein de cossins des années 20.
Mais surtout pour jouer à la bourse
comme si c'était un vidéo poker à vague thématique égyptienne
genre le jackpot des pharaons dans un bar de schlag.
À un point tel que les banques commerciales
elles-mêmes étaient rendues à emprunter
de l'argent aux banques de la réserve fédérale.
Ce qui veut dire que...
Explication au crayon de cire!
Allô, toi! Me revoilà!
Oncle Charles, ce
personnage sur lequel j'ai les droits.
Donc là, ce qui se passe, c'est qu'il y a tellement
de petits cochons paumés qui veulent s'acheter des actions
pour faire de l'argent que le grand méchant loup
a plus assez d'argent à prêter à tous les petits cochons,
alors il est obligé d'aller emprunter
de l'argent à la banque d'un autre loup.
Mais plus gros.
Un si gros loup.
Et croyez-moi quand je vous dis qu'à un moment donné,
quelqu'un va devoir rembourser ce loup-là.
Octobre 1928.
Un an avant le crash.
Donc au point où on en est dans l'histoire,
s'il y a une personne qui peut renverser la vapeur,
c'est Benjamin Strong lui-même,
président de la Banque fédérale de New York.
Et ce, en remontant les taux d'intérêt
pour freiner la surconsommation
et la bulle de spéculation boursière
qui ne peut que péter dans la face de tout le monde
comme une de ces absurdes gommes Hubba Bubba.
Ces gommes-là sont bien que trop grosses. j'ai l'air de quoi, un pelican?
Malheureusement, détail dark.
Eh bien, on s'en était pourtant bien tiré pendant la première moitié de l'épisode.
Benjamin Strong meurt le 15 octobre 1928 parce que trop de sang lui est sorti par le cul
suite à une tuberculose.
Ce qui est épouvantable, bien sûr.
Par contre, le détail dark ici,
c'est surtout que Benjamin Strong a été remplacé
à la tête de la réserve fédérale de New York
par la pire personne imaginable,
Sunshine Charlie.
Ah non, pas lui, beaucoup trop optimiste.
Il n'y a pas une espèce de Scrooge
avec lequel on pourrait le remplacer?
OK, tout le monde, préparez-vous à ne rien changer.
Tout va super bien.
À l'heure où on se parle, janvier 1929,
40 % des emprunts à la banque sont investis en bourse
dans un monde de pure imagination.
Cool, non?
C'est comme un de ces amusants pièges à doigts chinois
dans lequel toute l'économie de la nation serait jamais.
Ha, ha, ha, ha, oh!
Qu'est-ce qu'on va faire?
Ah, M. Mitchell, je tiens à souligner l'aspect impecc la nation serait jamais. Ha ha ha ha ha! Oh! Qu'est-ce qu'on va faire? Ouh ouh! Ah, M. Mitchell,
je tiens à souligner l'aspect impeccable
de votre tenue aujourd'hui. C'est qu'une façade
parce que je suis assis à mon bureau. En dessous,
je suis nugraine avec des chaussettes.
Sauf qu'en février 1929,
le conseil
de la Banque de réserve fédérale
à Washington se réunit parce que tout le monde
commence à s'éponger le front nerveusement
avec un mouchoir à poids devant l'ampleur
du potentiel désastre relatif à avoir
autant de l'argent du pays qui repose
uniquement sur des valeurs qui peuvent
switcher du jour au lendemain pour une infinité
de raisons. Fait que le 25 mars
1929,
on publie une lettre qui dit grosso modo ceci.
« On ne veut pas
se mêler de ce qui ne nous regarde pas,
mais est-ce que ce serait possible pour les réserves fédérales régionales
d'envisager et commencer à peut-être essayer de ne pas continuer
de prêter de l'argent aux banques commerciales pour qu'elles en prêtent plus à des PECNO?
Que se passerait-il si hypothétiquement la valeur du marché venait à baisser
et que tous les investisseurs devaient rembourser leurs prêts en même temps?
Ce serait stressant, non? Désolé de vous avoir dérangé.
C'est incendiaire.
Mais c'est quand même assez pour créer un petit vent de panique chez les investisseurs
qui commencent à vendre et à faire chuter le prix des actions.
Et très ironiquement, c'est ça qui va faire
que tout va commencer à mal aller.
Explication au crayon de cire.
Oh, allô, toi, c'est Oncle Charles.
Encore.
Là, mettons que ton ami a plein de bonbons,
mais qu'il veut en donner à personne,
on peut assumer que c'est parce que ces bonbons sont,
comment dire, bons.
Mais si tout à coup, hors de nulle part, cet ami-là décide de vendre tous ses précieux bonbons sont, comment dire, bons. Mais si tout à coup, hors de nulle part, cet ami-là
décide de vendre tous ses précieux bonbons, vraiment pas chers, on peut assumer que c'est
des bonbons de merde, genre réglisse noire. Vas-tu les vouloir? Ben non, c'est de la
méga chiote. Ben c'est exactement ça qui s'est passé avec les actions. Tout le monde
a voulu les vendre en même temps, mais personne ne voulait les acheter parce que les actions,
c'est des estis de bonbons noirs qui empestent la Nice.
Fait que ton ami va afficher ses bonbons
de moins en moins cher jusqu'à ce que la seule personne
que ça intéresse, c'est le petit Jean-Jasmin
qui mange de la colle. Fiouf!
Mais ça, c'est vraiment pas bon pour ton cousin
qui avait acheté plein de bonbons chers
aux dépanneurs du renard,
même qui avait été obligé d'emprunter de l'argent
pour pouvoir se payer ces maudits bonbons-là
qui valent plus rien parce que tout le monde pense
que c'est de la réglaisse noire
puis qu'ils se sont fait avoir avec ça.
Bien là, le grand méchant loup va revenir
puis lui faire un appel de marge.
Ouais, Gontran, c'est ton courtier.
Là, va falloir que tu craches le cash, mon vieux,
parce que je vais être obligé de vendre ton action.
Mais c'est tout ce que je veux, vendre mon action!
Mais là, qui tu veux que je vende ça,
c'est de la merde, ton action.
Je sais!
Et quand plusieurs courtiers vendent en même temps des actions qui se vendent plus,
ça fait encore plus baisser l'action et déclenche plus d'appels de marge.
Ouais, ouais, Fred, si ton courtier est gontrant, on m'a pas payé,
fait qu'il va falloir que tu craches le cash, mon vieux, sinon...
Ça fait pas d'argent tout ce que je possède à être acheté avec un emprunt!
Qu'est-ce que je peux faire?
Tu pourrais toujours nous en emprunter.
OK, on fait ça.
Ce qui a créé ce qu'on appelle un resserrement du crédit.
Dire que je pourrais parler de la lobotomie des années 50.
Lobotomie qu'en ce moment, j'aimerais bien recevoir moi-même.
Explication au crayon de cire.
Un resserrement de crédit,
ça, c'est des grands mots compliqués, ça, hein?
Ça, c'est quand le grand méchant loup se rend compte
qu'il a prêté de l'argent à beaucoup trop de monde
puis que, surprise, personne
le rembourse. Fait que là, il va faire
monter ses taux d'intérêt très, très,
très, très, très haut pour décourager
tous les petits cochons d'y emprunter plus
d'argent. Dans le temps, les taux d'intérêt
étaient montés jusqu'à 20 %.
Ça, c'est un cinquième de pizza,
ça. Imagine, ton papa
puis ta maman battent trip parce que leur hypothèque est rendue
à 6 %. Hé là, là.
Mais la bonne nouvelle, c'est que Sunshine Charlie avait toujours les bons mots pour rassurer tout le monde.
Écoutez, loin de moi l'idée de dire que ce qui arrive, c'est la faute du pessimisme de ces imbéciles à Washington,
mais en réponse à leurs lettres et aux événements récents,
événements récents, j'aimerais annoncer que ma banque,
la National City Bank,
va rendre disponible 25
millions de dollars uniquement
pour le crédit sur marge.
C'est simple, il suffit de continuer
à emprunter de l'argent afin de
la placer en bourse pour pouvoir
rembourser aux banques l'emprunt initial
qu'on a fait pour le placer en
bourse, ce qui permet aux banques
de rembourser l'argent
qu'elles ont elles-mêmes emprunté à d'autres banques
qui, à leur tour, rendent cet argent de nouveau accessible
sous forme de prêts que les gens vont pouvoir investir
sur plus d'actions en bourse.
Comme dans l'expression populaire,
régler un problème en continuant de faire exactement la même affaire,
mais un peu plus.
Bien, surprise, ça fonctionne, bien tabarouette.
Rapidement, les taux d'intérêt passent de 20 % à 8 %
et on est rendu au point où même les corporations empruntent de l'argent
pour investir en bourse et faire encore plus de profits.
Parfait. Et nous ne sommes que deux mois avant le crash.
Allons tout le monde, nous avons atteint un plateau duquel nous ne redescendrons jamais.
Le marché solide, solide comme nos entreprises américaines qui vont encore exister dans mille ans,
tels que Pan Am, Standard Oil, Oldsmobile et tant d'autres qui passeront le test du temps.
La joke, c'est que toutes ces entreprises-là n'existent plus aujourd'hui.
13 jours avant le crash.
entreprises-là n'existent plus aujourd'hui.
13 jours avant le crash.
Le 11 octobre 1929 à Boston, la compagnie du
diabolique Thomas Edison va tellement
bien que son action est rendue 400 $
l'unité. Ce qui est, comme on dit
dans le jargon financier, pas achetable
du crisse. Donc, pour en
vendre quand même, on demande
la permission de fractionner l'action
en 4 actions de 100 $,
ce qui leur permettrait de redevenir, excusez le terme technique,
un sti de bon deal.
Même si ça a l'air du genre d'opération bancaire que ferait le Chapelier fou.
Vous serez surpris d'apprendre que c'est une procédure tout à fait standard
et habituelle dans le milieu des compagnies cotées en bourse.
Eh bien, sauf que cette fois, la commission des services publics leur répond...
Ha ha, bel essai, mais jamais de la vie. Vous ne pouvez pas est évidemment l'équivalent de dire
que la valeur des affaires dépend du point de vue
de la personne qui regarde cette affaire-là
et qu'à toute fin pratique, l'argent n'existe pas vraiment.
Ce qui n'annonce rien de bon dans un monde où tout est basé sur des valeurs intangibles
auxquelles on accorde de l'argent.
24 heures avant le crash.
Rendu au 23 octobre 1929, le Dow Jones a, comme qui dirait, chuté de 20 % par rapport au mois précédent.
Ce qui veut dire que c'est à nouveau l'heure des appels de marge.
Ouais, Gontran, c'est ton courtier. Il va falloir que tu craches le cash,
mon vieux, parce que... Non, pas encore!
Je veux pourtant emprunter de l'argent!
Ce qui fait qu'on se retrouve dans une situation où
des millions de gens en Amérique
sont obligés d'envoyer de l'argent qu'ils ont
pas à leur courtier au risque de voir leurs
actions se faire liquider et leur rapporter
plus ou aucun argent pour payer qui que ce soit.
Sauf que je vous rappelle que toutes ces actions-là ont été achetées à même de l'argent
que les gens n'avaient pas à la base.
Dans un monde où, anyways, personne n'a d'argent,
parce que 90% de l'argent en circulation, c'est de l'argent prêté qui n'existe pas.
Les amis, je vais être honnête, je ne saurais pas comment régler ça.
Tous les investisseurs devaient rembourser leurs prêts en même temps.
Ce serait stressant, non?
Stressant, non?
Stressant, non?
Stressant, non?
Fait que toute la soirée, jusqu'à bien après la fermeture de la bourse,
les gens ont supplié leurs courtiers de vendre leurs actions de merde au plus vite,
à un tel point que les demandes de vente se seraient accumulées jusqu'au lendemain matin,
comme les boîtes de pizza congelées chez nous parce que je suis au 7e étage
puis le recyclage est au sol.
Début du crash.
Le 24 octobre 1929,
au matin, arrive
le Jeudi noir.
C'est rarement bon signe, ça.
À moins que ce soit le Jeudi noir comme avoir du fun noir,
mais peut-être que je suis dans le déni aussi.
Bref, une discrète foule composée de dizaines de milliers de personnes
inquiètes de savoir si oui ou non ils vont rentrer à la maison
vêtues d'un baril, va se rassembler devant la bourse de New York.
Dix heures sonnent, les portes de la bourse sont ouvertes
et, comme on aurait pu s'en douter, ce fut une journée stressante.
Maestro, votre musique la plus stressante, s'il vous plaît.
Tu me diras pas quoi faire, toi, Carlis.
Un, deux, trois, quatre.
Parce qu'évidemment, toutes les demandes de vente qui se sont accumulées pendant la nuit
ont dû être traitées, comme qui dirait, tout en même temps.
Ce qui fait que les téléimprimeurs se sont mis à vomir leur guirlande de chiffres
comme des jeunes naocheagas qui vont se relever deux secondes plus tard
pour continuer à faire le party comme si de rien n'était.
Sur le plancher de la bourse, ça crie.
« Arse-toi! »
Ça pousse.
« Aaaaaah! »
Ça s'engueule.
« Oh, mais là, la tabarnak, mon mort! »
« Tu te calmes! »
Ça pitche des affaires aux pauvres filles
qui s'occupent d'écrire les taux sur les tableaux.
« Ha, ha, ha! »
« Mon frère, maniez-vous, madeline! »
« J'essaie, monsieur, mais ça fait si mal au mal!
Ça alors, vous êtes tout hormonal ou quoi?
C'est pas moins de 1,6 million d'actions qui sont vendues dans les premières 90 minutes.
Ça va être une longue journée, les chums.
On raconte qu'il y avait tellement de demandes et de transactions imprimées
que les téléimprimeurs avaient des heures de retard.
Donc, les prix qu'on voyait s'imprimer sur les petites guirlandes n'étaient même plus les bons.
Tout ça avec la connaissance que le prix de l'action
spinnait direct dans le drain à vitesse grand V
depuis le début de la journée.
Fait que tu fais quoi dans cette histoire-là?
Mais qui va bien pouvoir sauver le capitalisme?
Eh bien, faute d'avoir les héros dont on a besoin,
voici le héros qu'on mérite, Sunshine Charlie.
Écoutez les amis, je viens d'avoir un petit brainstorm caviar avec mes potes de la Chase Bank,
du Bankers Trust, de la Bourse et de JP Morgan, ces vieux pirates.
Ensemble, nous avons décidé de mettre plein de gros bidoux en commun pour sauver la situation.
Quelque chose comme 50 ou 240 millions.
Quelle différence à nos yeux.
Bref, le vice-président de la bourse,
qui nous fait présentement deux pouces en l'air
à partir de la fenêtre de la bourse de New York,
est en train d'investir tout cet argent
dans de bonnes vieilles actions américaines inébranlables,
genre l'acier.
Ouais.
Tout va bien, monsieur le vice-président?
Je t'aime, Charlie!
Ce gros investissement de Sunshine et compagnie
constitue un geste symbolique puissant
qui réussit à stopper l'hémorragie.
Eh bien, les pertes de 6 milliards de dollars...
...
... de la matinée
sont coupées de moitié après ce petit stunt.
Bon, il y a beaucoup de petits investisseurs
qui étaient déjà complètement ruinés
et du jour au lendemain obligés d'habiter dans les égouts,
mais au final, le marché avait survécu.
Et n'est-ce pas ça le plus important?
Heureusement pour tout le monde, le vendredi et le samedi sont relativement tranquilles.
Tout le monde est un peu chambranlant post-traumatique, mais fonctionnel.
Le dimanche, la bourse s'est farmée,
fait que rien n'a signalé si ce n'est que quelques persistantes rumeurs
qui courent à propos d'une vague de suicides.
Détail.
Pas si dark que ça, finalement.
Oui, les fameuses vagues de suicides
des financiers de Wall Street qui se pitchent
simultanément par la fenêtre de leurs immeubles
comme dans le clip de It's Raining Men,
c'est une image très persistante de la période
du crash boursier.
C'est pas que c'est faux, mais c'est pas
vrai non plus. Oui, il y a eu quelques
cas rigolos, comme un investisseur immobilier
de Chicago qui s'est mis la tête dans un four,
un gars de Scranton qui
s'est immolé par le feu, lol,
un kidam de Saint-Louis qui a bu du poison,
un dude qui s'est gonné dans la tête
à Kansas City. Eh bien, ce sont
principalement ces fameuses exceptions
qui confirment la règle que
pas tant de monde s'est suicidé, finalement.
L'idée d'une vague généralisée viendrait de l'humoriste Eddie Cantor,
qui, après avoir tout perdu à la bourse lui aussi,
aurait intégré ses malheurs dans ses numbers avec des jokes comme...
Hier, j'ai voulu réserver une chambre d'hôtel au 19e étage
et on m'a demandé si c'était pour dormir ou...
pour sauter!
Ha ha!
Ma vie est finie.
Quatrième jour du crash.
Lundi, le 28 octobre, tout va bien.
Si l'affaire qui va bien, c'est mal allé.
Déjà, ça s'appelle le lundi noir,
fait que c'est pas super prometteur.
Ce qu'on se rend compte, c'est que toute la fin de semaine,
personne a vraiment repris confiance en la bourse
et que tout le monde en a juste profité
pour se garrocher à la banque,
sortir du marché au plus sacré et sauver les meubles au plus cris avant de tout perdre.
Ah, Théodore, où filez-vous en marche rapide de si bon matin?
N'avez-vous pas confiance en la bourse?
Mais oui, voyons, autant que n'importe qui.
Poussez-vous!
Si le jeudi noir, c'était le chaos, le lundi noir, c'est la même affaire.
On s'arrache les courtiers parce que la bourse est tellement volatile
que d'attendre 30 minutes de plus, ça peut te faire perdre 10 % supplémentaire
puis vous remarquerez qu'il n'y a pas tant de 10 % dans 100 %.
La différence, c'est surtout que si le jeudi, c'était les petits investisseurs qui vendaient en masse,
le lundi, c'est les gros investisseurs professionnels qui s'y mettent
et qui commencent à liquider leurs actifs.
Ce qui fait que ce n'est plus les banques commerciales qui font des appels de marge aux investisseurs professionnels qui s'y mettent et qui commencent à liquider leurs actifs. Ce qui fait que c'est plus les banques commerciales
qui font des appels de marge aux investisseurs pour avoir leur argent,
c'est les plus grosses banques qui font des appels de marge aux banques commerciales
pour avoir leur gros argent que les petites banques avaient emprunté
pour prêter aux petits investisseurs.
Le problème, c'est que personne ne peut rembourser personne
parce que ça, c'est de l'argent qu'on se prête depuis le début
puis qu'on se rembourse en fractions
parce que personne n'a jamais eu tout cet argent-là.
Puis là, on est dans une situation où les gens sont comme...
OK, je veux bien, mais je n'ai pas l'argent. On fait quoi?
Euh... J'aurais été porté à dire qu'on vend vos actions,
mais je ne suis plus certain que ce soit la bonne solution
à ce stade-ci, pour être honnête.
Effectivement, l'argent qu'on avait attribué à ces actions-là n'avait jamais existé et par conséquent, il avait disparu.
Donc, quoi maintenant?
Le lendemain, le 29 octobre 1929, il n'y a aucun signe de ralentissement
alors qu'on passe au, vous l'aurez deviné, mardi noir!
Quelle semaine!
C'est pas moins de 16 millions d'actions qui changent de main
et 14 milliards de dollars qui sont volatilisés dans le néant.
Pour un total de 25 milliards de dollars disparus sur 5 jours,
plongés directement dans les abysses d'un système
où l'argent et sa valeur n'existent plus.
Et là, si vous me permettez l'expression,
on donne pas cher de la bourse.
Non? Personne?
Détail dark.
Malheureusement, il faut croire que Dieu non plus n'existe pas,
parce que même les quelques saints d'esprit à ne pas être embarqués dans la folie de Wall Street
vont malheureusement être emportés eux aussi par les répercussions de ce capharnaüm.
Voyez-vous, quand les banques, incapables de se faire repayer l'argent prêté aux particuliers
pour jouer à bourse à crédit, n'ont effectivement pas été elles-mêmes en mesure de se rembourser
l'argent qu'elles ont elles-mêmes emprunté pour jouer à la bourse à crédit avec des plus grosses banques,
mais elles ont tout simplement commencé à fermer.
Je répète, les banques ont commencé à fermer.
ça a fermé. Je répète, les banques ont commencé à fermer. Et à cette époque-là,
quand une banque faisait faillite, tu perdais tout ce qui était à cette banque-là. Je répète, la banque a fermé. Comment t'expliques ça au public?
Euh, écoutez tout le monde, nous avons, comme qui dirait, perdu tout votre argent.
Désolé, nous n'étions pas aussi bonne banque que ça, finalement.
Vous n'auriez jamais dû nous écouter.
On pensait qu'on comprenait l'argent, mais il est de mon avis, de professionnels des finances,
que personne ne comprendra jamais rien à l'argent. Voilà.
Ce qui arrive quand des banques ferment, c'est que les clients des autres banques qui roulent pourtant sans problème prennent peur et retirent tout leur
argent de la banque eux aussi pour pas
le perdre suite à une fermeture hypothétique
de la banque. Ce qui fait littéralement
fermer la banque.
Qui, je vous rappelle, n'avait pas de problème.
À part celui-là maintenant.
Dans les deux années qui vont suivre le crash,
c'est plus de 2000 banques américaines
qui font faillite.
Ce qui entraîne évidemment la fermeture des industries qui dépendent de leurs prêts pour rouler.
Ce qui met du monde au chômage, ce qui fait que plus personne n'a d'argent à dépenser.
Ce qui met encore plus de business en faillite, puis là, bang, grande dépression.
Tout le monde est un clochard en fil pour de la soupe pendant les 10 prochaines années.
Hum, de la soupe.
Un dernier détail dark pour la route.
L'implosion du capitalisme à l'américaine va évidemment donner d'amples munitions
aux partisans des autres façons de faire,
comme le communisme et, bien sûr, le fascisme.
La crise économique va effectivement se rendre jusqu'en Europe.
Ça va favoriser l'avènement d'Hitler,
parce que rien de mieux que ce gars-là
pour te rassurer quand ça va mal financièrement.
Les nazis déclenchent la Deuxième Guerre mondiale,
et fouillez-moi, c'est ça qui va obliger
les manufactures à se remettre en marche,
redonner de la job au monde et, à toute fin pratique,
remettre l'économie américaine sur pied.
Ah, excusez,
il doit bien y avoir une autre conclusion
à l'épisode que Hitler a sauvé
la journée.
Ben non, ça a l'air de ça, hein?
Le fin mot de l'histoire avec un grand H!
Bon, qu'est-ce qu'il y a à apprendre de tout ça?
Ben d'abord qu'on a beau dire qu'il faut connaître l'histoire
pour pas que l'histoire se répète,
pourtant l'histoire, ça se répète en estie.
Plusieurs d'entre vous auront remarqué
que le crash de Wall Street en 1929,
ça ressemble diablement à la crise financière de 2007-2008,
quand n'importe quoi qui respire pouvait avoir un prêt pour s'acheter une maison
parce qu'on se disait que le marché de l'immobilier arrêterait jamais de monter.
À un moment donné, la bulle a pété.
Les maisons ont perdu leur valeur parallèlement à plusieurs emprunteurs qui pouvaient plus rembourser leurs prêts,
ce qui a fait que les banques n'avaient plus les moyens de se repayer en revendant la maison,
puis là aussi, les banques ont commencé à faire faillite.
Malheureusement, dans les deux cas,
c'est des crises qui sont causées par les excès
d'une classe de super-riches qui joue avec les règles,
mais qui s'en sortent généralement assez bien,
pendant que c'est la classe moyenne qui paye la facture.
Mais plus enrageant encore,
selon l'économiste John Kenneth Galbraith,
les bulles spéculatives devraient continuer de se répéter tous les 20 ans
parce que c'est le temps que ça prend avant qu'on oublie la dernière fois où ça a chié
et qu'un nouveau banc de poissons arrive pour faire les mêmes erreurs.
Et si jamais être poigné dans une boucle temporelle
où on est damné à répéter les mêmes erreurs pour l'éternité sans jamais rien apprendre,
c'est pas une représentation parfaite de l'existence humaine,
je ne m'appelle pas Charles Beauchesne. Je m'appelle Charles Beauchesne. Sous-titrage Société Radio-Canada à la production Rosalie Granger. Producteur exécutif Raphaël Huisman,
c'est Philippe Lamarre.
Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne
est une production d'Urbania.
C'était un balado Urbania.
Abonnez-vous donc.