Les Pires Moments de l'Histoire - Le Krach boursier

Episode Date: December 20, 2024

Dans notre série classique « ces moments où l’humanité fonce tranquillement dans un mur pendant 45 minutes de podcast », Charles se penche sur le krach boursier de 1929. Une catastrophe financi...ère que l’on pourrait croire assez facilement évitable dans un monde normal… Mais faut croire que non! Bref, un « pire moment » économique où Charles tente tant bien que mal de vous convaincre qu’il comprend les concepts financiers dont il parle. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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Starting point is 00:00:00 Salut, c'est Égo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec. Égo, le texte! Ah oui, oui. Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant qui vous aide à voir le monde différemment. Notre mission? Vous amener ailleurs. Abonnez-vous au Micromag sur urbania.ca. T'as-tu bon?
Starting point is 00:00:16 Oui, oui. Bienvenue au Balado Urbania. Ouf, par la barbe de Zeus. Bienvenue à un autre épisode des pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne. Le podcast historique qui utilise l'humour et la culture populaire pour vous raconter les moments les plus épouvantables de l'humanité. Qui aurait cru qu'il y avait de l'argent à faire avec ça? Certes pas mes proches.
Starting point is 00:00:43 Justement, après plusieurs épisodes à m'étendre sur des affaires épouvantables comme les tortues ranales du Moyen-Âge espagnol, le fait qu'on tuait des autruches pour le plaisir dans le Colisée à Rome et comment oublier l'âge d'or de la lobotomie avec un pic à glace dans les années 50. Ben, sachez que je suis tanné de ces affaires-là. Alors, j'ai décidé pour cet épisode de m'attaquer à une toute nouvelle forme d'épouvante, les horreurs de la finance. Et quand je parle des horreurs de la finance,
Starting point is 00:01:11 je fais bien sûr référence au fait que, comme tout le monde, je comprends rien quand mon comptable parle. Alors, tel que convenu, M. Beauchesne, voici la répartition de vos placements synthétisés dans ce thermétique diagramme à cinq pointes. C'est-tu normal que ce soit pas un diagramme, mais bien un pentagramme? Exactement! Ah!
Starting point is 00:01:32 Apérité pour taille! Il fait rire! Ah, les flammes de l'enfer! Non! Misérable artiste! Ça, c'est pour m'avoir apporté toutes tes factures louses dans un gros ziploc pendant quatre ans! » J'ai une historique complexe avec le fisc. Donc, étant donné que j'aime vivre dangereusement, voici la fable d'un des cataclysmes économiques les plus apocalyptiques de l'histoire humaine. Ça fait plusieurs fois qu'on le mentionne dans le podcast.
Starting point is 00:02:00 Le voici finalement dans un premier rôle émergeant d'un cercueil comme Dracula ou un des gothkiss à la limite. Voici le crash boursier de 1929. Un oupsie financier du début du 20e siècle qui va faire disparaître pas moins de 25 milliards de dollars de richesse en 5 jours directs dans Floche, quand essentiellement l'Amérique au complet va aller jouer sa paye au casino de la spéculation boursière, poussant le premier domino qui allait les mener à ce que les historiens surnomment joyeusement la Grande Dépression. Une décennie au complet où tout le monde va être obligé
Starting point is 00:02:36 de vivre comme des gratuits de guitare dans le métro qui suivent leur partition sur une application avec de la pub. Wow! Attends une minute, j'ai de la pub. Besoin d'une coloscopie? Ne laissez pas n'importe qui vous rentrer une caméra dans le derrière. pub. Donc, plongeons-nous dans cette fascinante histoire de chiffres avec moi, Charles Beauchesne, qui a terminé ses maths 5-26 à peau des fesses, puis que son prof lui a véritablement dit avant de partir
Starting point is 00:02:57 « En tout cas, j'espère qu'il y a de la job en radio! » Préparez-vous à un épisode où je vais être un véritable magicien de l'illusion de vous faire croire que je comprends de quoi je parle. Mais n'oubliez jamais, c'est une pièce de théâtre qui commence maintenant. Ah oui, par le générique. Crénom d'un bénéfice net par action. Qu'est-ce que c'est ça, cette petite affaire-là? Contexte historique.
Starting point is 00:03:25 Pour bien comprendre ce qui a mené à ce fameux écroulement des marchés américains le 24 octobre 1929, il faut remonter jusqu'en 1918 à la fin de la Première Guerre mondiale, qu'on appelait juste la Grande Guerre parce que le 2 n'était pas encore sorti. Avec le traité de Versailles, les alliés victorieux, qui incluent la France, l'Empire britannique, l'Italie et les États-Unis, vont exiger des méchants Allemands, un pays pourtant débonnaire et au charme latin, une réparation de 33 milliards
Starting point is 00:03:52 en dollars de 1918. Ce qui équivaut en date d'écriture de cet épisode à... plus de 686 milliards US. Donc, en argent canadien, ça fait que ma calculatrice s'est liquéfiée et coule maintenant sur le tapis.
Starting point is 00:04:09 En plus, dites-vous que tout ça, c'est de l'argent que les pays d'Europe ne seront pas nécessairement patients à récupérer parce qu'ils doivent eux-mêmes rembourser les 12 milliards qu'ils ont empruntés aux États-Unis. Détail intéressant! Pour réussir à repayer les alliés de l'Europe qui doivent de l'argent aux États-Unis,
Starting point is 00:04:24 l'Allemagne va être obligée d'emprunter de l'argent aux États-Unis. Ce qui veut donc dire que les Américains étaient remboursés par les Européens avec de l'argent américain qu'ils allaient ensuite récupérer en double en siphonnant les Allemands comme jamais. C'est-à-dire... Bonjour, je suis les États-Unis d'Amérique. Hé, l'Europe, où est mon argent? Euh, j'allais justement le chercher en sortant discrètement par la fenêtre. Un instant.
Starting point is 00:04:48 Eh, l'Allemagne, où est mon argent? Euh, nous allions justement le chercher en sortant discrètement par ce vieil escalier extérieur désaffecté de l'immeuble. Un instant. Eh, les États-Unis, on est dans le trouble avec l'Europe. Vous ne pourriez pas nous dépanner avec un peu d'argent? Avec méga intérêt, mais bien sûr. Tenez.
Starting point is 00:05:09 Merci. Tenez, l'Europe. Merci. Tenez, les États-Unis. Parfait. Et maintenant, où est mon argent, l'Allemagne? Taxi! N'importe où, maisïe. Taxi!
Starting point is 00:05:26 N'importe où, mais gratuitement. C'est pas comme ça que ça fonctionne, un taxi, monsieur. Non! C'est donc dire que pendant que tout le monde se serrait la ceinture de l'autre bord de l'Atlantique, en Amérique du Nord, c'était le début d'une période de prospérité et d'effervescence jamais égalée qu'on surnomme les années folles. Je suis Coco le gars, je ne sers pas un plume! Euh, pas comme ça, non. Mieux. En fait, les années folles, c'est le surnom qu'on donne aux années 20,
Starting point is 00:05:55 particulièrement aux États-Unis, une époque de partez survoltés métaphoriquement par l'exaltation de la victoire et concrètement par l'électrification des villes où tout le monde va faire le party. Par contre, le prix à payer, c'est qu'on est en pleine prohibition. Donc l'alcool est illégal aux États-Unis. Difficile de voir comment on pourrait s'amuser comme ça, pour être honnête. Moi, j'ai une idée, mon chéri. Et si on transférait tout cet argent sur une autre dépendance, comme par exemple le shopping!
Starting point is 00:06:31 Chéri, je crois que les voisins sont en train de se tuer. Mais non, voyons, ils sont simplement enthousiastes à l'idée d'aller faire du shopping! Chéri, tu me fais peur! Eh oui, c'est pendant les Roaring Twenties que l'Américain moyen va avoir pour la première fois la chance de s'offrir des produits de luxe grâce à une toute nouvelle invention, l'achat à crédit. Achetez maintenant, payez plus tard. Vous pensez que les gens d'aujourd'hui sont irresponsables avec ce concept-là? Checkz bien ça dans un monde où les gens ne savent pas encore que ça vient avec des conséquences.
Starting point is 00:07:02 Nous sommes neuf ans avant le crash boursier. Les gens se mettent donc à acheter plein d'articles chers à crédit, des pianos à queue, des phonographes, des aspirateurs, des chars, des bijoux, cette nouvelle bébelle qu'on appelle la radio. Mais l'affaire la plus
Starting point is 00:07:19 folle qu'on s'achète à crédit dans les années folles, c'est de très sensuelles actions en bourse. C'est-à-dire... Bonjour, je suis une entreprise américaine qui rapporte beaucoup d'argent. Regardez, je fume un cigare dont la fumée dessine des signes de piasses.
Starting point is 00:07:36 Vous pouvez me faire confiance. Bonjour, je suis n'importe qui. Moi, je vous fais confiance. En fait, tellement que j'ai envie d'acheter une fraction microscopique de votre entreprise qu'on appelle Action. Parce que moi aussi, je suis un homme d'affaires. Étrange, mais OK. Vous êtes conscient que vous n'aurez aucun pouvoir. Vous serez littéralement une sorte d'animal de compagnie.
Starting point is 00:07:58 D'ailleurs, quel genre de jouet en caoutchouc aimez-vous? Le concept, certes casse-coup, de jouer son argent en bourse en pariant sur les aléas des vents incalculables du marché comme si ça se finissait toujours bien, est une idée risquée qui va être agressivement moussée dans les années 20 par l'entremise d'un certain Charlie Mitchell qu'on surnomme
Starting point is 00:08:17 Sunshine Charlie. Aucune idée pourquoi. Mais il faut avouer que c'est quelqu'un de particulièrement positif face au gamble que ça représente. Sunshine Charlie, j'ai besoin de tes conseils, je dois énormément d'argent à la mafia. Mais c'est la simplicité même. Il vous suffit d'emprunter davantage d'argent à la mafia ou encore à la banque. Et de faire fructifier tout ça vitesse grand V en investissant dans une compagnie sur laquelle vous n'avez aucun contrôle.
Starting point is 00:08:43 Vous allez voir, c'est super safe. C'est comme un très gros cheval de course. Et comme on le sait, il y a toujours au moins un cheval qui gagne. On peut donc dire que les chevaux gagnent toujours. C'est mathématique. Sunshine Charlie, c'est un banquier américain et président de la National City Bank,
Starting point is 00:09:01 l'une des plus grandes banques des États-Unis à l'époque. Mais au début des années 20, la National Citibank, c'était surtout une banque commerciale, comme toutes les autres banques plates que vous connaissez, celles qui offrent des petits comptes en banque, avec des petits intérêts à des petits ploucs comme nous autres qui retournent chez eux manger des petites lasagnes congelées.
Starting point is 00:09:17 Et ça, ça ne le faisait tout simplement pas pour Sunshine Charlie, qui se disait qu'il devait bien y avoir une façon d'obtenir plus d'argent, puis genre directement dans les poches d'autant d'imbéciles. Mais M. Mitchell, la bourse est depuis toujours un boys club où seuls les plus fortunés et les plus informés vont jouer. Ce n'est crissement pas à mettre entre les mains de n'importe qui. Peut-être, mais rappelez-vous pendant la Grande Guerre, notre gouvernement avait décidé d'offrir à la population
Starting point is 00:09:43 ce qu'il appelait des Liberty Bonds, c'est-à-dire des petits placements sécuritaires et garantis où vous donnez de l'argent aux Etats-Unis d'Amérique pour enflouer ses coffres, suite à quoi on vous remboursait pif-paf-pouf avec un petit profit super raisonnable qui donne l'impression d'être un génie des affaires. Mon God feeling, c'est qu'à Stur, les citoyens y ont non seulement pris goût, mais qu'ils se pensent désormais capables d'investir dans la cour des grands. Ce que je propose, c'est de tout bonnement donner les clés de l'hôtel à ces chimpanzés.
Starting point is 00:10:12 Et afin de s'assurer que même les pauvres auront accès à ce passe-temps de méga-riches, je vais leur donner la possibilité d'acheter des actions de la Bourse de New York à crédit. C'est-à-dire que vous pouvez payer plus tard pour acheter quelque chose qui va probablement rapporter de l'argent plus tard. Comme les chevaux, efficaces à 100%, c'est mathématique. Monsieur Mitchell,
Starting point is 00:10:36 la fermeture éclair de votre pantalon est ouverte. Je sais. Les gens vont donc commencer à acheter des actions en empruntant, ce qui devrait déjà vous sonner une petite clochette d'alarme de jamais faire ça, mais pour tous les autres qui, comme moi, sont des pigeons, qu'est-ce que ça veut dire au juste? Explication
Starting point is 00:10:51 au crayon de cire. Allô, toi, ici, oncle Charles. Tu veux comprendre l'achat d'actions à crédit? Bien, laisse-moi te raconter l'histoire des trois petits cochons. Sauf que là, il y en a juste un, puis il veut jouer à la bourse parce qu'il est paumé dans une
Starting point is 00:11:08 maison en paille probablement pleine de vidanges. Que va faire ce loser? Aller à la banque voir le grand méchant loup de Wall Street qui fait de la poudre pour qu'il lui prête de l'argent pour acheter une action. Évidemment, le cochon paumé a juste genre 5 piastres pliés dans
Starting point is 00:11:24 un cendrier, alors il emprunte 5 $ additionnels de plouc dans la dèche pour pouvoir acheter une action à 10 $. L'objectif du cochon fin finot, c'est maintenant d'attendre que le prix de l'action monte. Et quand l'action atteint, mettons, 15 $, le cochon en camisole avec des tâches la revend à un autre animal plus stupide, genre un bulldog français, rembourse le 5 piastres qu'il a emprunté au loup plus les intérêts
Starting point is 00:11:50 et empoche un profit bien moins excitant qu'il ne le croit. Ça s'appelle un achat d'action sur la marge. Évidemment, ça c'est si tout va bien. Ça se peut aussi que tout aille mal. Ouais, parce que les fluctuations d'un marché sur lequel vous n'avez pas le contrôle peuvent aussi faire baisser la valeur de votre action. Alors, si l'action plonge à 3 $, le cochon doit quand même 5 $ au loup. Le loup, malin comme un renard, se dit qu'il ne reverra peut-être jamais l'argent
Starting point is 00:12:21 qu'il a prêté à cette petite baloure-là. Alors, il peut demander de l'argent au cochon pour couvrir la perte de valeur de l'action. Ça, c'est un appel de marge. Et si le cochon n'a pas d'argent, le loup peut carrément reprendre l'action et la revendre à un autre animal encore plus stupide qu'un bulldog français, mettons, un pog. Puis là, le cochon perd son action, son 5 $, et se retrouve avec rien. Comme il l'a toujours mérité. Espèce de péquenaud.
Starting point is 00:12:52 Mais ça, comme l'aurait dit Sunshine Charlie... Ça n'arrivera jamais. Ça fait des années que le marché monte sans signe de ralentissement. Et vous savez ce qu'on dit, hein? Tout ce qui monte ne redescend jamais. C'est comme cette fameuse fable grecque que je n'ai jamais lue jusqu'au bout. Je suis, en quelque sorte,
Starting point is 00:13:10 Icar, se moquant du soleil comme il se doit. Monsieur Mitchell, vous ne portez pas de pantalon. Je sais. Ça a donc pas été super long qu'éventuellement, même le plus humble des citoyens américains s'est mis à emprunter pour jouer à la bourse. Particulièrement à New York,
Starting point is 00:13:25 siège de la bourse de New York. Fait que, hein? Un des plus connus parmi ces ploucs de la spéculation, c'était un sireur de chaussures italien de Wall Street qui s'appelait Pat Bologna. En français, ça donne Pat Balloné et on va l'appeler comme ça à partir de maintenant.
Starting point is 00:13:41 Pat Balloné, c'était bizarrement le sireur de chaussures le plus couru en matière d'investissement. Immigrant italien de 19 ans, voyez-vous, lui, c'était le gars qui avait un stand de cirage particulièrement populaire à Wall Street. Surtout auprès de ses plus importants financiers,
Starting point is 00:13:57 des gens comme Sunshine Charlie. Donc, à force de passer ses journées à faire briller les galoches des seigneurs de la bourse en papotant avec eux comme une coiffeuse de Saint-Jérôme, Ballonnet s'est forgé une solide réputation en tuyau d'initié. Hey, M. Mitchell, un petit tirage?
Starting point is 00:14:13 Pourquoi pas? J'ai besoin de me changer les idées. Grosse journée en finances. Il paraît que je vais investir 25. Et d'ici vendredi... Bref, laisse-moi te dire que c'est une transaction qui va tout changer. Mais je n'aurais peut-être pas dû te dire ça. Vous savez, moi je ne suis qu'un simple sireur de chaussures.
Starting point is 00:14:34 Révélez-moi tous vos secrets. Parfait! Alors attache ta ceinture, je vais te révéler quelque chose qui me mettrait dans la méga-merde si on apprenait que je me suis encore ouvert la gueule. Donc la première chose qu'on sait, c'est que Pat Balloné attire rapidement de longues files d'investisseurs et de gens de la bourse de toutes sortes à son stand, tous anxieux de recevoir les conseils financiers du « sireur de chaussures » avec qui tout le monde l'échappe. Ce qui lui permettait de faire en une heure le salaire qu'il aurait normalement fait en une journée.
Starting point is 00:14:59 Ça a l'air que bien sûr, Pat Balloné va ensuite aller 100% dépenser au casino de la bourse. Le casino où tout le monde gagne. Effectivement, depuis 1924, le Dow Jones Industrial Average, c'est-à-dire la moyenne de la valeur des actions des 30 plus grosses entreprises cotées aux États-Unis, a augmenté de 300 %. Les actions de General Motors ont gonflé de 20 fois leur valeur. Celles de la compagnie de radio RCA valent 70 fois plus cher. Bref, tout augmente aussi vite que ma pression en écoutant une vidéo TikTok
Starting point is 00:15:31 qui, bien sûr, coupe juste avant d'avoir dévoilé quelques formes d'informations que ce soit. Pouvez-vous arrêter de me faire perdre mon temps, TikTok? Les États-Unis sont donc virés complètement boursins pour la bourse. Tout le monde parle de la bourse, tout le monde pense à la bourse. Les enfants, les vieillards, les bébés naissants, deux écureuils dans un parc. Tout le monde voulait en savoir plus sur la bourse, qui était devenue le seul sujet convenable en toutes circonstances. Vous avez reçu la section finance du Times?
Starting point is 00:15:57 Ce serait pour me m'assurer. L'engouement était d'ailleurs exacerbé par une toute nouvelle technologie révolutionnaire, le téléimprimeur. Vous savez, les espèces de petites imprimantes steampunk en dessous d'un genre de cloche à fromage qui impriment en temps réel les données de la bourse transmises par les lignes télégraphiques sur une longue guirlande de papier super mince.
Starting point is 00:16:16 En tout cas, laissez-moi vous dire que t'es mieux d'avoir une solide réserve de longue guirlande de papier super mince parce que cette affaire-là imprime chaque transaction effectuée à la bourse de New York. Ce qui me semble, instinctivement, presque autant de papier que je suis obligé d'utiliser aux toilettes quand il faut que j'y aille pour la première fois chez quelqu'un que j'essaie de séduire. C'est la faute de personne, mais à toutes les fois. Néanmoins, le public capotait sur le téléprimeur. Il y en avait partout, dans les bureaux de courtage, à la banque, à la poste, dans les salons de barbier, chez le marchand de glace. Tout
Starting point is 00:16:44 le monde binge-watchait le papier qui sortait comme si c'était la série Le Transpersonnage. C'est-à-dire, reculons parce qu'il y a juste ça de disponible sur le moment. C'est pas que c'est mauvais, mais est-ce que c'est bon? Détail intéressant! Bizarrement, un des seuls qui voulait rien savoir d'investir en bourse, c'est le célèbre seigneur de la mafia, Al Capone. Personnellement, je trouve que la bourse, c'est de la pure extorsion et que tous les courtiers sont des bandits.
Starting point is 00:17:11 Vous m'entendez? Des bandits. Maintenant, excusez-moi, il faut que j'aille couler une personne que j'aime pas trop dans un bloc de béton. La fait, c'est qu'Al Capone n'a pas tout à fait tort sur celle-là. Le marché boursier est effectivement influencé par une cabale de millionnaires qui instrumentalisent les résultats pour s'en mettre plein les poches. Une des roublardises les plus en vogue à l'époque, c'était de faire un pool d'actions. En gros, vous êtes une petite gang d'investisseurs sans scrupules puis vous vous arrangez pour tout acheter des actions de la même compagnie en même temps à coût d'un million de dollars.
Starting point is 00:17:41 Ouh! Ce qui fait augmenter le prix de l'action, mais artificiellement, suite à quoi vous appelez un de vos chums qui travaille comme journaliste financier pour qu'il mousse le buzz. Ça, ça donne le goût aux ploucs qui sont pas dans le racket d'acheter ton action, ce qui fait encore plus augmenter le prix de ton action. Puis une fois que l'action est gonflée à bloc comme Notorious, vous vous mettez à vendre Cool Cat toutes vos actions une à la fois pour pas créer de panique. Smooth Criminal, la valeur de l'action baisse, tout est legit, ça a juste l'air d'une fluctuation naturelle.
Starting point is 00:18:11 Mais avant, la masse bovine a quand même eu le temps d'acheter toutes vos actions à méga prix. Il ne reste plus qu'à vous asseoir, puis regarder le cash vous sortir par les oreilles pendant que les autres péquenots ont dépensé toutes leurs économies sur des actions qui n'auront plus jamais cette valeur-là de leur vie. Wall Street!
Starting point is 00:18:27 La gang de Wall Street! Wall Street! Et si vous ne le saviez pas, maintenant, vous le savez. Oh, mon Dieu, que je m'ennuie de la torture anale du Moyen Âge. Bref, on est au début de l'année 1929, l'année du crash. Et le 31e président des États-Unis vient tout juste d'être élu, Herbert Clark Hoover. Citoyens américains, ça va super bien. Notre terre est riche en ressources, excitante par sa glorieuse beauté.
Starting point is 00:18:57 Maison pour des millions de foyers heureux, bénis de confort et d'opportunités. Aucune autre nation n'a autant progressé. Dans aucune autre nation, les fruits de la réussite ne sont plus certains. Dans aucune autre nation, le gouvernement n'est plus digne de respect. Aucun pays n'est plus aimé de son peuple. Je n'ai aucune crainte pour l'avenir de notre pays. USA! USA! USA! Allez tout le monde, USA. Mais en privé?
Starting point is 00:19:27 Enfin, qu'est-ce que vous me faites, USA? Le peuple américain utilise des promesses d'argent hypothétiques pour acheter spéculativement de l'argent imaginaire. Vous entendez la phrase que je viens de prononcer? Qu'est-ce qui va se passer quand tout le monde va se rendre compte que tout cet argent n'est essentiellement qu'une valeur accordée à Sweet Focal. Très bien, monsieur le président. Voulez-vous qu'on travaille main dans la main avec la réserve fédérale
Starting point is 00:19:49 et le secrétariat à la trésorerie pour réglementer l'achat sur marge à la bourse et ainsi éviter une catastrophe spéculative? Êtes-vous débiles? Ce serait du suicide politique pour mon deuxième mandat! J'ai une idée. Laissons tout simplement les choses aller et voyons voir où ça nous mène. Bon, si quelqu'un veut un café, j'ai le temps. Politiquement, je ne vais rien faire d'autre. Le problème, c'est que le président Hoover avait vu juste et qu'en coulisses,
Starting point is 00:20:14 les coutures commencent à lâcher dans les bobettes de l'économie américaine. Et une des premières déchirures vient de la réserve fédérale de New York elle-même. Détail intéressant. La réserve fédérale de New York elle-même. Détail intéressant. La Réserve fédérale de New York, c'est une des 12 banques de la Réserve fédérale des États-Unis
Starting point is 00:20:31 qui est l'équivalent de la Banque du Canada. Ça aide-tu quelqu'un, ça? En gros, c'est à eux que vous voulez pitcher des rouleaux de papier de toilette mouillés quand les taux d'intérêt augmentent parce que c'est eux qui contrôlent ça. Le taux d'intérêt qui, je vous le rappelle, est le pourcentage d'argent que votre créancier
Starting point is 00:20:44 est effectivement intéressé à récolter quand il fait Le taux d'intérêt, qui, je vous le rappelle, est le pourcentage d'argent que votre créancier est effectivement intéressé à récolter quand il fait semblant d'avoir envie de vous aider. Puis c'est pas mal la seule chose qui les intéresse, ces estinosphératures-là. Bref, pendant la majorité des années 20, la réserve fédérale de New York était dirigée par un certain Benjamin Strong, qui avait développé toute une amitié
Starting point is 00:21:00 avec son homologue de la Banque de Londres, Montague Norman. Là, comme tous les bons amis dans cet aquarium marocain, Montaigu va éventuellement appeler Benjamin pour lui demander un service. Ramener l'or en Europe. Je sais pas ce que ça veut dire, fait que je vais juste vous lire les explications que j'ai trouvées avec une voix de gros personnage pour rendre ça plus digeste.
Starting point is 00:21:22 Certains diraient même que c'est pas mal juste ça que je fais dans le podcast, d'ailleurs. Détail intéressant expliqué par Godzilla. Voyez-vous, pendant la Première Guerre mondiale, l'Europe avait renvoyé tout son or en Amérique pour financer les affrontements contre les Allemands, de la même manière que je suis présentement en train d'affronter Guidora. De plus, à l'époque, on encourageait les Américains à pitcher tout leur or personnel à la réserve fédérale en échange d'un profit équivalent au taux d'intérêt du moment. Un peu comme je m'apprête à pitcher cet autobus.
Starting point is 00:22:14 On comprend donc que plus les taux d'intérêt étaient hauts, plus les gens voyaient l'aurore à la référence fédérale, créant des intérêts aussi élevés que Machom Motra, qui survole présentement Tokyo. Baisser les taux d'intérêt encouragerait donc les Américains à sortir l'aurore pour la réinvestir ailleurs, idéalement à la Banque d'Angleterre, qui elle, monte ses taux d'intérêt comme jamais.
Starting point is 00:22:47 En tout cas, pas mal plus que ces institutions financières japonaises que je m'apprête à anéantir de mon souffle radioactif. Et maintenant, un mot de notre sponsor. Ce programme est un soutien de la sponsorité de G sponsor. Je suis là, je suis là, je suis là. Je fais mieux une clope. Excusez, je suis pas habitué à ça. Fait que c'est ça. Pour aider son ami depuis 1924, Benjamin Strong s'est mis à couper les taux d'intérêt
Starting point is 00:23:22 plus agressivement que mon chat sectionne mes fils d'écouteurs suite à une seconde d'inattention de ma part. Si on rappelle ces estilas. En Amérique, les taux d'intérêt super bons ont fait que tout le monde pouvait emprunter full d'argent et on s'en est servi, bien sûr, pour acheter plein de cossins des années 20. Mais surtout pour jouer à la bourse comme si c'était un vidéo poker à vague thématique égyptienne
Starting point is 00:23:42 genre le jackpot des pharaons dans un bar de schlag. À un point tel que les banques commerciales elles-mêmes étaient rendues à emprunter de l'argent aux banques de la réserve fédérale. Ce qui veut dire que... Explication au crayon de cire! Allô, toi! Me revoilà! Oncle Charles, ce
Starting point is 00:24:00 personnage sur lequel j'ai les droits. Donc là, ce qui se passe, c'est qu'il y a tellement de petits cochons paumés qui veulent s'acheter des actions pour faire de l'argent que le grand méchant loup a plus assez d'argent à prêter à tous les petits cochons, alors il est obligé d'aller emprunter de l'argent à la banque d'un autre loup. Mais plus gros.
Starting point is 00:24:16 Un si gros loup. Et croyez-moi quand je vous dis qu'à un moment donné, quelqu'un va devoir rembourser ce loup-là. Octobre 1928. Un an avant le crash. Donc au point où on en est dans l'histoire, s'il y a une personne qui peut renverser la vapeur, c'est Benjamin Strong lui-même,
Starting point is 00:24:31 président de la Banque fédérale de New York. Et ce, en remontant les taux d'intérêt pour freiner la surconsommation et la bulle de spéculation boursière qui ne peut que péter dans la face de tout le monde comme une de ces absurdes gommes Hubba Bubba. Ces gommes-là sont bien que trop grosses. j'ai l'air de quoi, un pelican? Malheureusement, détail dark.
Starting point is 00:24:51 Eh bien, on s'en était pourtant bien tiré pendant la première moitié de l'épisode. Benjamin Strong meurt le 15 octobre 1928 parce que trop de sang lui est sorti par le cul suite à une tuberculose. Ce qui est épouvantable, bien sûr. Par contre, le détail dark ici, c'est surtout que Benjamin Strong a été remplacé à la tête de la réserve fédérale de New York par la pire personne imaginable,
Starting point is 00:25:13 Sunshine Charlie. Ah non, pas lui, beaucoup trop optimiste. Il n'y a pas une espèce de Scrooge avec lequel on pourrait le remplacer? OK, tout le monde, préparez-vous à ne rien changer. Tout va super bien. À l'heure où on se parle, janvier 1929, 40 % des emprunts à la banque sont investis en bourse
Starting point is 00:25:33 dans un monde de pure imagination. Cool, non? C'est comme un de ces amusants pièges à doigts chinois dans lequel toute l'économie de la nation serait jamais. Ha, ha, ha, ha, oh! Qu'est-ce qu'on va faire? Ah, M. Mitchell, je tiens à souligner l'aspect impecc la nation serait jamais. Ha ha ha ha ha! Oh! Qu'est-ce qu'on va faire? Ouh ouh! Ah, M. Mitchell, je tiens à souligner l'aspect impeccable
Starting point is 00:25:47 de votre tenue aujourd'hui. C'est qu'une façade parce que je suis assis à mon bureau. En dessous, je suis nugraine avec des chaussettes. Sauf qu'en février 1929, le conseil de la Banque de réserve fédérale à Washington se réunit parce que tout le monde commence à s'éponger le front nerveusement
Starting point is 00:26:03 avec un mouchoir à poids devant l'ampleur du potentiel désastre relatif à avoir autant de l'argent du pays qui repose uniquement sur des valeurs qui peuvent switcher du jour au lendemain pour une infinité de raisons. Fait que le 25 mars 1929, on publie une lettre qui dit grosso modo ceci.
Starting point is 00:26:20 « On ne veut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas, mais est-ce que ce serait possible pour les réserves fédérales régionales d'envisager et commencer à peut-être essayer de ne pas continuer de prêter de l'argent aux banques commerciales pour qu'elles en prêtent plus à des PECNO? Que se passerait-il si hypothétiquement la valeur du marché venait à baisser et que tous les investisseurs devaient rembourser leurs prêts en même temps? Ce serait stressant, non? Désolé de vous avoir dérangé.
Starting point is 00:26:52 C'est incendiaire. Mais c'est quand même assez pour créer un petit vent de panique chez les investisseurs qui commencent à vendre et à faire chuter le prix des actions. Et très ironiquement, c'est ça qui va faire que tout va commencer à mal aller. Explication au crayon de cire. Oh, allô, toi, c'est Oncle Charles. Encore.
Starting point is 00:27:14 Là, mettons que ton ami a plein de bonbons, mais qu'il veut en donner à personne, on peut assumer que c'est parce que ces bonbons sont, comment dire, bons. Mais si tout à coup, hors de nulle part, cet ami-là décide de vendre tous ses précieux bonbons sont, comment dire, bons. Mais si tout à coup, hors de nulle part, cet ami-là décide de vendre tous ses précieux bonbons, vraiment pas chers, on peut assumer que c'est des bonbons de merde, genre réglisse noire. Vas-tu les vouloir? Ben non, c'est de la méga chiote. Ben c'est exactement ça qui s'est passé avec les actions. Tout le monde
Starting point is 00:27:39 a voulu les vendre en même temps, mais personne ne voulait les acheter parce que les actions, c'est des estis de bonbons noirs qui empestent la Nice. Fait que ton ami va afficher ses bonbons de moins en moins cher jusqu'à ce que la seule personne que ça intéresse, c'est le petit Jean-Jasmin qui mange de la colle. Fiouf! Mais ça, c'est vraiment pas bon pour ton cousin qui avait acheté plein de bonbons chers
Starting point is 00:27:57 aux dépanneurs du renard, même qui avait été obligé d'emprunter de l'argent pour pouvoir se payer ces maudits bonbons-là qui valent plus rien parce que tout le monde pense que c'est de la réglaisse noire puis qu'ils se sont fait avoir avec ça. Bien là, le grand méchant loup va revenir puis lui faire un appel de marge.
Starting point is 00:28:14 Ouais, Gontran, c'est ton courtier. Là, va falloir que tu craches le cash, mon vieux, parce que je vais être obligé de vendre ton action. Mais c'est tout ce que je veux, vendre mon action! Mais là, qui tu veux que je vende ça, c'est de la merde, ton action. Je sais! Et quand plusieurs courtiers vendent en même temps des actions qui se vendent plus,
Starting point is 00:28:26 ça fait encore plus baisser l'action et déclenche plus d'appels de marge. Ouais, ouais, Fred, si ton courtier est gontrant, on m'a pas payé, fait qu'il va falloir que tu craches le cash, mon vieux, sinon... Ça fait pas d'argent tout ce que je possède à être acheté avec un emprunt! Qu'est-ce que je peux faire? Tu pourrais toujours nous en emprunter. OK, on fait ça. Ce qui a créé ce qu'on appelle un resserrement du crédit.
Starting point is 00:28:45 Dire que je pourrais parler de la lobotomie des années 50. Lobotomie qu'en ce moment, j'aimerais bien recevoir moi-même. Explication au crayon de cire. Un resserrement de crédit, ça, c'est des grands mots compliqués, ça, hein? Ça, c'est quand le grand méchant loup se rend compte qu'il a prêté de l'argent à beaucoup trop de monde puis que, surprise, personne
Starting point is 00:29:06 le rembourse. Fait que là, il va faire monter ses taux d'intérêt très, très, très, très, très haut pour décourager tous les petits cochons d'y emprunter plus d'argent. Dans le temps, les taux d'intérêt étaient montés jusqu'à 20 %. Ça, c'est un cinquième de pizza, ça. Imagine, ton papa
Starting point is 00:29:21 puis ta maman battent trip parce que leur hypothèque est rendue à 6 %. Hé là, là. Mais la bonne nouvelle, c'est que Sunshine Charlie avait toujours les bons mots pour rassurer tout le monde. Écoutez, loin de moi l'idée de dire que ce qui arrive, c'est la faute du pessimisme de ces imbéciles à Washington, mais en réponse à leurs lettres et aux événements récents, événements récents, j'aimerais annoncer que ma banque, la National City Bank, va rendre disponible 25
Starting point is 00:29:48 millions de dollars uniquement pour le crédit sur marge. C'est simple, il suffit de continuer à emprunter de l'argent afin de la placer en bourse pour pouvoir rembourser aux banques l'emprunt initial qu'on a fait pour le placer en bourse, ce qui permet aux banques
Starting point is 00:30:03 de rembourser l'argent qu'elles ont elles-mêmes emprunté à d'autres banques qui, à leur tour, rendent cet argent de nouveau accessible sous forme de prêts que les gens vont pouvoir investir sur plus d'actions en bourse. Comme dans l'expression populaire, régler un problème en continuant de faire exactement la même affaire, mais un peu plus.
Starting point is 00:30:23 Bien, surprise, ça fonctionne, bien tabarouette. Rapidement, les taux d'intérêt passent de 20 % à 8 % et on est rendu au point où même les corporations empruntent de l'argent pour investir en bourse et faire encore plus de profits. Parfait. Et nous ne sommes que deux mois avant le crash. Allons tout le monde, nous avons atteint un plateau duquel nous ne redescendrons jamais. Le marché solide, solide comme nos entreprises américaines qui vont encore exister dans mille ans, tels que Pan Am, Standard Oil, Oldsmobile et tant d'autres qui passeront le test du temps.
Starting point is 00:30:59 La joke, c'est que toutes ces entreprises-là n'existent plus aujourd'hui. 13 jours avant le crash. entreprises-là n'existent plus aujourd'hui. 13 jours avant le crash. Le 11 octobre 1929 à Boston, la compagnie du diabolique Thomas Edison va tellement bien que son action est rendue 400 $ l'unité. Ce qui est, comme on dit
Starting point is 00:31:14 dans le jargon financier, pas achetable du crisse. Donc, pour en vendre quand même, on demande la permission de fractionner l'action en 4 actions de 100 $, ce qui leur permettrait de redevenir, excusez le terme technique, un sti de bon deal. Même si ça a l'air du genre d'opération bancaire que ferait le Chapelier fou.
Starting point is 00:31:33 Vous serez surpris d'apprendre que c'est une procédure tout à fait standard et habituelle dans le milieu des compagnies cotées en bourse. Eh bien, sauf que cette fois, la commission des services publics leur répond... Ha ha, bel essai, mais jamais de la vie. Vous ne pouvez pas est évidemment l'équivalent de dire que la valeur des affaires dépend du point de vue de la personne qui regarde cette affaire-là et qu'à toute fin pratique, l'argent n'existe pas vraiment. Ce qui n'annonce rien de bon dans un monde où tout est basé sur des valeurs intangibles
Starting point is 00:32:09 auxquelles on accorde de l'argent. 24 heures avant le crash. Rendu au 23 octobre 1929, le Dow Jones a, comme qui dirait, chuté de 20 % par rapport au mois précédent. Ce qui veut dire que c'est à nouveau l'heure des appels de marge. Ouais, Gontran, c'est ton courtier. Il va falloir que tu craches le cash, mon vieux, parce que... Non, pas encore! Je veux pourtant emprunter de l'argent! Ce qui fait qu'on se retrouve dans une situation où
Starting point is 00:32:33 des millions de gens en Amérique sont obligés d'envoyer de l'argent qu'ils ont pas à leur courtier au risque de voir leurs actions se faire liquider et leur rapporter plus ou aucun argent pour payer qui que ce soit. Sauf que je vous rappelle que toutes ces actions-là ont été achetées à même de l'argent que les gens n'avaient pas à la base. Dans un monde où, anyways, personne n'a d'argent,
Starting point is 00:32:52 parce que 90% de l'argent en circulation, c'est de l'argent prêté qui n'existe pas. Les amis, je vais être honnête, je ne saurais pas comment régler ça. Tous les investisseurs devaient rembourser leurs prêts en même temps. Ce serait stressant, non? Stressant, non? Stressant, non? Stressant, non? Fait que toute la soirée, jusqu'à bien après la fermeture de la bourse,
Starting point is 00:33:13 les gens ont supplié leurs courtiers de vendre leurs actions de merde au plus vite, à un tel point que les demandes de vente se seraient accumulées jusqu'au lendemain matin, comme les boîtes de pizza congelées chez nous parce que je suis au 7e étage puis le recyclage est au sol. Début du crash. Le 24 octobre 1929, au matin, arrive le Jeudi noir.
Starting point is 00:33:39 C'est rarement bon signe, ça. À moins que ce soit le Jeudi noir comme avoir du fun noir, mais peut-être que je suis dans le déni aussi. Bref, une discrète foule composée de dizaines de milliers de personnes inquiètes de savoir si oui ou non ils vont rentrer à la maison vêtues d'un baril, va se rassembler devant la bourse de New York. Dix heures sonnent, les portes de la bourse sont ouvertes et, comme on aurait pu s'en douter, ce fut une journée stressante.
Starting point is 00:34:03 Maestro, votre musique la plus stressante, s'il vous plaît. Tu me diras pas quoi faire, toi, Carlis. Un, deux, trois, quatre. Parce qu'évidemment, toutes les demandes de vente qui se sont accumulées pendant la nuit ont dû être traitées, comme qui dirait, tout en même temps. Ce qui fait que les téléimprimeurs se sont mis à vomir leur guirlande de chiffres comme des jeunes naocheagas qui vont se relever deux secondes plus tard pour continuer à faire le party comme si de rien n'était.
Starting point is 00:34:25 Sur le plancher de la bourse, ça crie. « Arse-toi! » Ça pousse. « Aaaaaah! » Ça s'engueule. « Oh, mais là, la tabarnak, mon mort! » « Tu te calmes! » Ça pitche des affaires aux pauvres filles
Starting point is 00:34:35 qui s'occupent d'écrire les taux sur les tableaux. « Ha, ha, ha! » « Mon frère, maniez-vous, madeline! » « J'essaie, monsieur, mais ça fait si mal au mal! Ça alors, vous êtes tout hormonal ou quoi? C'est pas moins de 1,6 million d'actions qui sont vendues dans les premières 90 minutes. Ça va être une longue journée, les chums. On raconte qu'il y avait tellement de demandes et de transactions imprimées
Starting point is 00:35:00 que les téléimprimeurs avaient des heures de retard. Donc, les prix qu'on voyait s'imprimer sur les petites guirlandes n'étaient même plus les bons. Tout ça avec la connaissance que le prix de l'action spinnait direct dans le drain à vitesse grand V depuis le début de la journée. Fait que tu fais quoi dans cette histoire-là? Mais qui va bien pouvoir sauver le capitalisme? Eh bien, faute d'avoir les héros dont on a besoin,
Starting point is 00:35:21 voici le héros qu'on mérite, Sunshine Charlie. Écoutez les amis, je viens d'avoir un petit brainstorm caviar avec mes potes de la Chase Bank, du Bankers Trust, de la Bourse et de JP Morgan, ces vieux pirates. Ensemble, nous avons décidé de mettre plein de gros bidoux en commun pour sauver la situation. Quelque chose comme 50 ou 240 millions. Quelle différence à nos yeux. Bref, le vice-président de la bourse, qui nous fait présentement deux pouces en l'air
Starting point is 00:35:51 à partir de la fenêtre de la bourse de New York, est en train d'investir tout cet argent dans de bonnes vieilles actions américaines inébranlables, genre l'acier. Ouais. Tout va bien, monsieur le vice-président? Je t'aime, Charlie! Ce gros investissement de Sunshine et compagnie
Starting point is 00:36:07 constitue un geste symbolique puissant qui réussit à stopper l'hémorragie. Eh bien, les pertes de 6 milliards de dollars... ... ... de la matinée sont coupées de moitié après ce petit stunt. Bon, il y a beaucoup de petits investisseurs qui étaient déjà complètement ruinés
Starting point is 00:36:24 et du jour au lendemain obligés d'habiter dans les égouts, mais au final, le marché avait survécu. Et n'est-ce pas ça le plus important? Heureusement pour tout le monde, le vendredi et le samedi sont relativement tranquilles. Tout le monde est un peu chambranlant post-traumatique, mais fonctionnel. Le dimanche, la bourse s'est farmée, fait que rien n'a signalé si ce n'est que quelques persistantes rumeurs qui courent à propos d'une vague de suicides.
Starting point is 00:36:47 Détail. Pas si dark que ça, finalement. Oui, les fameuses vagues de suicides des financiers de Wall Street qui se pitchent simultanément par la fenêtre de leurs immeubles comme dans le clip de It's Raining Men, c'est une image très persistante de la période du crash boursier.
Starting point is 00:37:01 C'est pas que c'est faux, mais c'est pas vrai non plus. Oui, il y a eu quelques cas rigolos, comme un investisseur immobilier de Chicago qui s'est mis la tête dans un four, un gars de Scranton qui s'est immolé par le feu, lol, un kidam de Saint-Louis qui a bu du poison, un dude qui s'est gonné dans la tête
Starting point is 00:37:17 à Kansas City. Eh bien, ce sont principalement ces fameuses exceptions qui confirment la règle que pas tant de monde s'est suicidé, finalement. L'idée d'une vague généralisée viendrait de l'humoriste Eddie Cantor, qui, après avoir tout perdu à la bourse lui aussi, aurait intégré ses malheurs dans ses numbers avec des jokes comme... Hier, j'ai voulu réserver une chambre d'hôtel au 19e étage
Starting point is 00:37:40 et on m'a demandé si c'était pour dormir ou... pour sauter! Ha ha! Ma vie est finie. Quatrième jour du crash. Lundi, le 28 octobre, tout va bien. Si l'affaire qui va bien, c'est mal allé. Déjà, ça s'appelle le lundi noir,
Starting point is 00:37:57 fait que c'est pas super prometteur. Ce qu'on se rend compte, c'est que toute la fin de semaine, personne a vraiment repris confiance en la bourse et que tout le monde en a juste profité pour se garrocher à la banque, sortir du marché au plus sacré et sauver les meubles au plus cris avant de tout perdre. Ah, Théodore, où filez-vous en marche rapide de si bon matin? N'avez-vous pas confiance en la bourse?
Starting point is 00:38:17 Mais oui, voyons, autant que n'importe qui. Poussez-vous! Si le jeudi noir, c'était le chaos, le lundi noir, c'est la même affaire. On s'arrache les courtiers parce que la bourse est tellement volatile que d'attendre 30 minutes de plus, ça peut te faire perdre 10 % supplémentaire puis vous remarquerez qu'il n'y a pas tant de 10 % dans 100 %. La différence, c'est surtout que si le jeudi, c'était les petits investisseurs qui vendaient en masse, le lundi, c'est les gros investisseurs professionnels qui s'y mettent
Starting point is 00:38:42 et qui commencent à liquider leurs actifs. Ce qui fait que ce n'est plus les banques commerciales qui font des appels de marge aux investisseurs professionnels qui s'y mettent et qui commencent à liquider leurs actifs. Ce qui fait que c'est plus les banques commerciales qui font des appels de marge aux investisseurs pour avoir leur argent, c'est les plus grosses banques qui font des appels de marge aux banques commerciales pour avoir leur gros argent que les petites banques avaient emprunté pour prêter aux petits investisseurs. Le problème, c'est que personne ne peut rembourser personne parce que ça, c'est de l'argent qu'on se prête depuis le début
Starting point is 00:39:06 puis qu'on se rembourse en fractions parce que personne n'a jamais eu tout cet argent-là. Puis là, on est dans une situation où les gens sont comme... OK, je veux bien, mais je n'ai pas l'argent. On fait quoi? Euh... J'aurais été porté à dire qu'on vend vos actions, mais je ne suis plus certain que ce soit la bonne solution à ce stade-ci, pour être honnête. Effectivement, l'argent qu'on avait attribué à ces actions-là n'avait jamais existé et par conséquent, il avait disparu.
Starting point is 00:39:30 Donc, quoi maintenant? Le lendemain, le 29 octobre 1929, il n'y a aucun signe de ralentissement alors qu'on passe au, vous l'aurez deviné, mardi noir! Quelle semaine! C'est pas moins de 16 millions d'actions qui changent de main et 14 milliards de dollars qui sont volatilisés dans le néant. Pour un total de 25 milliards de dollars disparus sur 5 jours, plongés directement dans les abysses d'un système
Starting point is 00:39:57 où l'argent et sa valeur n'existent plus. Et là, si vous me permettez l'expression, on donne pas cher de la bourse. Non? Personne? Détail dark. Malheureusement, il faut croire que Dieu non plus n'existe pas, parce que même les quelques saints d'esprit à ne pas être embarqués dans la folie de Wall Street vont malheureusement être emportés eux aussi par les répercussions de ce capharnaüm.
Starting point is 00:40:23 Voyez-vous, quand les banques, incapables de se faire repayer l'argent prêté aux particuliers pour jouer à bourse à crédit, n'ont effectivement pas été elles-mêmes en mesure de se rembourser l'argent qu'elles ont elles-mêmes emprunté pour jouer à la bourse à crédit avec des plus grosses banques, mais elles ont tout simplement commencé à fermer. Je répète, les banques ont commencé à fermer. ça a fermé. Je répète, les banques ont commencé à fermer. Et à cette époque-là, quand une banque faisait faillite, tu perdais tout ce qui était à cette banque-là. Je répète, la banque a fermé. Comment t'expliques ça au public? Euh, écoutez tout le monde, nous avons, comme qui dirait, perdu tout votre argent.
Starting point is 00:41:10 Désolé, nous n'étions pas aussi bonne banque que ça, finalement. Vous n'auriez jamais dû nous écouter. On pensait qu'on comprenait l'argent, mais il est de mon avis, de professionnels des finances, que personne ne comprendra jamais rien à l'argent. Voilà. Ce qui arrive quand des banques ferment, c'est que les clients des autres banques qui roulent pourtant sans problème prennent peur et retirent tout leur argent de la banque eux aussi pour pas le perdre suite à une fermeture hypothétique de la banque. Ce qui fait littéralement
Starting point is 00:41:34 fermer la banque. Qui, je vous rappelle, n'avait pas de problème. À part celui-là maintenant. Dans les deux années qui vont suivre le crash, c'est plus de 2000 banques américaines qui font faillite. Ce qui entraîne évidemment la fermeture des industries qui dépendent de leurs prêts pour rouler. Ce qui met du monde au chômage, ce qui fait que plus personne n'a d'argent à dépenser.
Starting point is 00:41:57 Ce qui met encore plus de business en faillite, puis là, bang, grande dépression. Tout le monde est un clochard en fil pour de la soupe pendant les 10 prochaines années. Hum, de la soupe. Un dernier détail dark pour la route. L'implosion du capitalisme à l'américaine va évidemment donner d'amples munitions aux partisans des autres façons de faire, comme le communisme et, bien sûr, le fascisme. La crise économique va effectivement se rendre jusqu'en Europe.
Starting point is 00:42:19 Ça va favoriser l'avènement d'Hitler, parce que rien de mieux que ce gars-là pour te rassurer quand ça va mal financièrement. Les nazis déclenchent la Deuxième Guerre mondiale, et fouillez-moi, c'est ça qui va obliger les manufactures à se remettre en marche, redonner de la job au monde et, à toute fin pratique, remettre l'économie américaine sur pied.
Starting point is 00:42:36 Ah, excusez, il doit bien y avoir une autre conclusion à l'épisode que Hitler a sauvé la journée. Ben non, ça a l'air de ça, hein? Le fin mot de l'histoire avec un grand H! Bon, qu'est-ce qu'il y a à apprendre de tout ça? Ben d'abord qu'on a beau dire qu'il faut connaître l'histoire
Starting point is 00:42:56 pour pas que l'histoire se répète, pourtant l'histoire, ça se répète en estie. Plusieurs d'entre vous auront remarqué que le crash de Wall Street en 1929, ça ressemble diablement à la crise financière de 2007-2008, quand n'importe quoi qui respire pouvait avoir un prêt pour s'acheter une maison parce qu'on se disait que le marché de l'immobilier arrêterait jamais de monter. À un moment donné, la bulle a pété.
Starting point is 00:43:17 Les maisons ont perdu leur valeur parallèlement à plusieurs emprunteurs qui pouvaient plus rembourser leurs prêts, ce qui a fait que les banques n'avaient plus les moyens de se repayer en revendant la maison, puis là aussi, les banques ont commencé à faire faillite. Malheureusement, dans les deux cas, c'est des crises qui sont causées par les excès d'une classe de super-riches qui joue avec les règles, mais qui s'en sortent généralement assez bien, pendant que c'est la classe moyenne qui paye la facture.
Starting point is 00:43:39 Mais plus enrageant encore, selon l'économiste John Kenneth Galbraith, les bulles spéculatives devraient continuer de se répéter tous les 20 ans parce que c'est le temps que ça prend avant qu'on oublie la dernière fois où ça a chié et qu'un nouveau banc de poissons arrive pour faire les mêmes erreurs. Et si jamais être poigné dans une boucle temporelle où on est damné à répéter les mêmes erreurs pour l'éternité sans jamais rien apprendre, c'est pas une représentation parfaite de l'existence humaine,
Starting point is 00:44:04 je ne m'appelle pas Charles Beauchesne. Je m'appelle Charles Beauchesne. Sous-titrage Société Radio-Canada à la production Rosalie Granger. Producteur exécutif Raphaël Huisman, c'est Philippe Lamarre. Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une production d'Urbania. C'était un balado Urbania. Abonnez-vous donc.

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