Les Pires Moments de l'Histoire - Le massacre de la St-Barthélémy
Episode Date: December 17, 2019Intrigues politico-religieuses, propagande et funeste massacre. Voilà le cocktail explosif qui nous attend dans cet épisode auquel Charles a ajouté quelques glaçons empoisonnés. Hébergé par Aca...st. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec.
Hugo, le texte!
Ah oui, oui.
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qui vous aide à voir le monde différemment.
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Oui, oui.
Bienvenue au Balado Urbania.
Mauvaise journée à tous et bienvenue au Pire moment de l'histoire avec Charles Beauchesne.
Le podcast historique qui redonne une sale dose de perspective aux angoisses des milléniaux.
Oui, oui, pas savoir ce que tu vas faire de ta vie à 32 ans, c'est vraiment la pire affaire qui peut t'arriver.
Donc aujourd'hui, on parle du massacre de la Saint-Barthélemy.
Je vous jure que ça va être encore pire que tout ce que vous imaginez.
Parce que le massacre de la Saint-Barthélemy, c'est en fait le jour au 16e siècle
où les catholiques de Paris ont décidé, sur un genre de coup de tête collectif,
de massacrer tous les protestants de la ville, sans égard à leur âge, sexe, fonction
ou même leur capacité à faire d'excellents massages.
Ce qui pourtant me semble être quelque chose dont tout le monde avait besoin
à une époque aussi stressante.
Ça a l'air assez simple de juste décrire une tuerie
pendant un épisode au complet.
Non, non, c'est pas vous qui lisez là-dessus
depuis des semaines en vous réveillant la nuit
à cause de votre toute nouvelle peur maladive
de vous faire stabber dans votre lit.
On a affaire ici à un gros labyrinthe d'intrigues politiques
super compliqué.
C'est un épisode où on parle de tentatives d'assassinat stratégique,
de manipulation politique,
de roi enfant dépassé,
de reine régente maniganceuse,
de carnage pendant un mariage.
Bref, vous allez réaliser que Game of Thrones
a finalement rien inventé parce que, dans le fond,
l'histoire de notre monde, c'est pareil comme HBO,
mais avec beaucoup moins de tits
et de nains attachants.
Alors, aujourd'hui, on jase d'intolérance religieuse
et de qu'est-ce qui arrive quand tu cultives la peur
jusqu'à ce que ça te pète d'en face.
Un genre de reminder pour ceux qui se disent
que les statuts Facebook de leur oncle xénophobe
en majuscule plein de fautes, c'est somme toute inoffensif.
Oh oui, mais go, donne du gaz!
Le massacre de la Saint-Barthélemy.
Hé là là, par où commencer?
À priori, l'événement semblait être un bon banal cas de bigoterie exposant à trois
l'homme est un loup pour l'homme, ainsi que toute cette shit.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, où les gens se charcutent à vivre dans les rues de Paris,
permettez-moi de faire un super long préambule qui va faire genre le trois-quarts de l'épisode.
Est-ce que j'aime ça faire des préambules?
Parce qu'un spadassin qui tue du monde à l'épée dans la rue
au 16e siècle, ça se peut. Mais quand la population au complet
décide spontanément de se mettre en même temps,
faut comprendre qu'est-ce qu'il y avait
dans le croque-pote avant que ça explose.
C'est pas fait pour cuire du riz, by the way.
Voici donc un survol de ce magnifique
clusterfuck historique où chaque intervenant
a réussi à prendre la pire décision possible
et ça, à toutes les occasions. Contextuck historique où chaque intervenant a réussi à prendre la pire décision possible, et ce, à toutes les occasions.
Contexte historique.
On commence notre long voyage vers l'enfer du concitoyenicide à la fin du 15e siècle,
tout juste entre le Moyen Âge et la Renaissance.
C'est l'éveil de l'humanisme, un moment où la conscience collective s'éveille
et les abus de l'Église sont de plus en plus décriés.
Écoutez tout le monde, c'est peut-être la Renaissance qui parle,
mais j'ai comme soudainement un pressentiment que des évêques
pleins de bling qui reçoivent des fellations en dessous de la soutane
ne sont peut-être pas les plus crédibles pour donner des leçons en termes de vertu.
Ah, y'a pas à dire les mecs, je crois qu'il tient quelque chose.
Aussi, l'apparition de l'imprimerie accélère la diffusion des idées à grande échelle,
ce qui permet à plusieurs de se rendre compte
qu'ils ne sont pas les seuls à penser que le Moyen-Âge,
c'est de la merde aux propres comme aux figurés,
comme on a pu le voir dans notre épisode de la première saison sur Vlad l'Empaleur.
N'hésitez surtout pas à donner plus de views aux épisodes de la saison 1.
On a pu observer le même phénomène avec l'arrivée de l'Internet,
quand plusieurs ont découvert qu'ils n'étaient pas seuls
à aimer s'habiller en mascotte de renard afin d'atteindre l'érection.
J'en profite pour saluer tous les furries qui nous écoutent.
Les gens jugent beaucoup ce que vous aimez.
C'est dans ce contexte que le moine allemand Martin Luther décide d'afficher sur la porte de son église
une liste de 95 thèses sur la religion catholique.
Vous pouvez imaginer que le message, c'était pas nécessairement
« Let's go guys, vous allez dans la bonne direction ».
Il critique, entre autres, la pratique
des indulgences, pratique qui consiste
à donner de l'argent ou des biens
à l'Église pour se faire pardonner ses péchés.
Parce qu'apparemment, Dieu est une
grosse guidoune boudeuse qu'on peut défacher
en lui donnant des cadeaux.
Détail intéressant!
Ce que Luther propose est en fait une version
gros bon sens de la religion catholique.
Plus sincère et moins être des pions dans un jeu d'échecs qu'on ne comprend pas.
En gros, il veut dire que la foi et la lecture de la Bible,
c'est plus important qu'écouter des taouins qui se pensent être plus l'ami de Dieu que toi.
Et ça, ça inclut les papes qui ont souvent plus haut de chapeau que de bonnes intentions à cette époque.
Détail intéressant dans un détail intéressant.
Les protestants ne croient pas non plus au purgatoire,
cette espèce de salle d'attente du paradis
où, encore une fois, on peut se faire pardonner ses péchés.
Il faut croire que les catholiques aiment vraiment savoir qu'ils ont des plans B
juste au cas où ils auraient eu les mains baladeuses à un moment donné.
Ce qui arrivait plus souvent que ça avec quoi on devrait être confortable.
Les idées de Luther vont rapidement se propager dans le Saint-Empire romain germanique
et vont même voyager jusqu'au pays scandinave.
Aussi révolutionnaire qu'elle puisse paraître en 1517,
l'idée de proposer une version sans calories de l'Église
va être reçue assez favorablement dans le coin.
Oui, j'imagine que j'adopte le protestantisme maintenant.
Et toi, Bjorn?
Adopte le protestantisme maintenant.
Et toi, Bjorn? Oui, oui, moi aussi, je crois me reconnaître vaguement dans cette doctrine.
Parfait, mangeons des boulettes maintenant.
Oh, et cette satanée table équédale qui fait des siennes maintenant.
Évidemment, ce courant qui remettait en doute tout le catholicisme,
ça ne flyait pas fort avec l'Église qui a tout bonnement excommunié Martin Luther.
Une drôle de punition quand on considère
que la démarche de Luther se résume
à se distancier de l'Église catholique.
Si vous voulez mon avis, il n'a pas dû courir
dans sa chambre pleurer dans un oreiller.
Du côté de la France maintenant,
le toujours très fruité roi français François Ier,
allez voir sur Google, on dirait Gimli et Gandalf
merge avec la hausse d'un sofa,
garde une attitude somme toute très tolérante,
favorisant un protestantisme évangélique au sein du catholicisme,
plutôt qu'encourager la séparation de l'Église.
Je le déclare, pas de chicane dans ma cabane.
Ça alors, quel homme!
Cela dit, quelqu'un réussit quand même à arriver au bout de sa patience
pendant ce qu'on a appelé l'affaire des placards.
Je vous rassure, c'était pas un party safe space
où les gens étaient invités pour s'avouer leur homosexualité
puis finalement tout le monde a choqué une fois sur place.
Mais plutôt un mouvement de placardage d'un texte polémique anticatholique
qui s'intitulait
« Article véritable sur les horribles, grands et importables abus de la messe papale,
intenté directement contre la Sainte Seine de Notre Seigneur,
seul médiateur et seul sauveur Jésus-Christ.
Ouais, faut croire qu'on est encore loin de l'époque du clickbait,
parce que sinon ça aurait été présenté comme
le top 10 des pires abus papales.
Le numéro 8, vous n'en croirez pas vos yeux.
Cet enlevant pamphlet, qui devait à la base être l'équivalent d'un fanzine médiéval,
s'est retrouvé un peu partout à Paris, dans plusieurs villes en province,
et même directement sur la porte de la chambre de François 1er.
Et c'était apparemment juste assez pour qu'il devienne un catholique radical.
Le roi aurait d'ailleurs immédiatement proclamé sa foi catholique.
Je suis catholique!
C'est, quel homme!
François 1er fait donc un 180 degrés et se range aux côtés du pape avant de faire arrêter et brûler vif ça et là quelques figures importantes du protestantisme.
Finalement, il faut croire qu'il ne fallait pas se fier à son petit sourire coquin qu'on voit sur les peintures où il a l'air de dire
« J'ai mangé une grosse tarte à moi tout seul. Oh là là, la cochonne. »
Malgré la sortie drama queen du roi, le protestantisme continue à faire des adeptes grâce entre
autres à Jean Calvin qui inventa le calvinisme. Et non, c'est pas une maladie qui te fait
perdre tes cheveux, mais bien une autre forme de protestantisme qui ressemble beaucoup au
luthérisme de Martin Luther. Sauf que Calvin a trouvé le moyen de mettre son nom par-dessus,
à l'image d'un poster d'Oceaga par-dessus un poster du Rockfest
sur une palissade de chantier de construction l'été.
Détail intéressant.
Les premiers protestants ne s'appelaient pas les protestants.
On les appelait plutôt les réformés.
Le terme protestant fait son apparition en 1529,
en référence au fait que ce sont des gens qui protestent contre l'Église catholique.
C'est aussi la combinaison de deux mots latins, pro, qui veut dire témoigner de, et testare, qui signifie la foi.
Donc, protestant voudrait aussi dire témoigner de sa foi.
Mais de toute façon, ça n'a aucune importance parce que les catholiques français, en bon douchebag parisien, les ont surnommés les Huguenots.
Ce qui se voulait à la base un terme méprisant, mais que les protestants français vont se réapproprier.
Genre, what up my Huguenot, Huguenot please, that bitch ain't getting no money off this Huguenot.
C'est vraiment devenu leur mot à eux.
Mais c'est plutôt en 1559 que les excréments vont percuter le ventilateur, et ça, on le
doit à deux événements marquants.
Tout d'abord, les monarques de la France, l'Espagne et du Saint-Empire romain germanique
signent un traité qui met fin à la guerre les opposants, ce qui va leur permettre de
faire front commun pour gérer la désagréable montée du protestantisme chacun de leurs bords.
Car quoi de mieux pour devenir des amis que tous être intolérants avec la même minorité?
Ensuite, le roi Henri II meurt d'un coup de lance accidentel pendant une joute amicale
lors du mariage de sa propre fille avec le roi d'Espagne.
Tenez ma bière, je vais vous montrer comment on joute.
Il n'a pas été capable.
Le résultat de cet élan royal de spontanéité va mener son fils François II sur le trône à 15 ans.
Il se retrouve donc avec le pouvoir de toute la France entre les mains,
à un âge où t'es même pas capable de gérer le pouvoir de ta propre hygiène personnelle.
D'ailleurs, dans les faits, c'est surtout sa mère, Catherine de Médicis, qui va tirer les ficelles.
Et c'est pile à ce moment-là que toute la gang de vieux nobles qui siège au conseil
va commencer à magouiller pour se tailler une place de choix
auprès du roi. Donc, sur le conseil du roi,
on retrouve...
Dans le coin gauche, les ultra-catholiques
comme les Guises et les
Momorancy. Dans le coin
droit, maintenant,
les protestants avec les bourbons condés,
un dude qui s'appelle Montgomery et Gaspard de Colligny,
qui est pas mal le nom le plus important à retenir pour la suite des choses.
Ouais, dans le fond, oubliez tout le reste.
Malheureusement pour eux, après deux ans de manigance de parloir,
François II meurt du notite
et est remplacé par son encore moins qualifié
petit frère de 10 ans, Charles IX.
Évidemment, c'est sa mère,
Catherine de Médicis, qui assume la régence
jusqu'à ce qu'il soit en âge de pouvoir
se garder tout seul après 8 heures le soir.
En 1562, la reine régente
fait signer à son fils Lédi de Janvier
dans l'espoir que les catholiques et les protestants
se calment le biblique pompon.
Lédi donne la liberté de culte aux protestants, mais en dehors des villes.
En échange, les protestants doivent rendre les lieux de culte qu'ils occupaient jusque-là,
ce qu'ils font de façon super diplomate en brûlant leurs églises.
En même temps, c'est un peu de leur faute de ne pas avoir spécifié dans quel état ils les voulaient.
Ce n'est pas non plus comme si le débat avait été super sain
depuis le début.
Le 1er mars 1562, dans la ville
de Wassy, le duc François
de Guise surprend une célébration
protestante à l'intérieur de la ville, ce qui,
selon l'édit de janvier, est illégal.
De Guise fait donc massacrer
50 protestants, histoire
de rappeler à tout le monde qu'on ne badine pas
avec les édées du roi.
Cet événement va lancer un effet domino qui engendrera pas moins de huit guerres de religion.
Bien joué!
Donc, en 1567, Gaspard de Coligny, alors membre du conseil du roi,
quitte la cour pour aller rejoindre Louis Ier de Bourbon, le prince de Condé, un prince protestant.
Et le 28 septembre 1567, Condé tente tout bonnement de kidnapper
ni plus ni moins que Charles IX et sa mère Catherine de Bédicis
à la suggestion, paraît-il, de Coligny.
Ce qui marque le début de la Deuxième Guerre de religion.
Le lendemain, 80 prêtres catholiques se font massacrer par des protestants.
Annie!
Quelques mois plus tard, en novembre,
les protestants perdent
la bataille de Saint-Denis, à laquelle a participé
Coligny. Le traité de paix de longs jumeaux
est signé le 23 mars
1568. Un traité
qui ne dure pas plus que
six mois, parce que les hostilités reprennent
le 18 juillet 1568,
quand l'armée royale reprend Saint-Valéry
sur Somme. S'en suit une série de batailles
rapportées tour à tour par les catholiques et les protestants,
dont la bataille de Jarnac
où le prince de Condé est mort assassiné!
Wow, on n'est même pas rendu au massacre de la Saint-Barthélemy
pis je suis déjà brûlé, moi, Chris.
Coligny fuit vers le sud avec ses troupes,
échappe aux catholiques
et rejoint l'armée des Vicomtes en Languedoc.
De là, il a levé des troupes, pillé
des villages catholiques, pris Saint-Étienne,
remporté la victoire d'Arnée-le-Duc,
remonté en 1570
jusqu'à la Charité-sur-Loire
pour menacer Paris.
C'est un petit peu long et compliqué, alors on n'ira pas
dans les détails. Une crise de chance.
De toute façon, qui vous dit que je suis pas juste en train
d'inventer des événements dans des fausses villes
avec des noms hyper français, genre...
Il s'est donc battu dans un bar à Aix-les-Diziers, pris une pause à Lilian-sur-Mer pour ensuite se marier à une annaise à Octan-les-Bains-sur-Boulingour.
Vous voyez, c'est facile comme ça d'être un Français.
Tout ça pour dire que les moves stratégiques de Coligny mettent de la pression sur le roi qui cède et signe un autre édit en 1570.
C'est un édit particulièrement favorable aux protestants
qui obtiennent quatre spots pour pratiquer leur religion en paix.
La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité.
Mais de toute façon, vous avez déjà oublié tous ces noms.
Évidemment, après tout ce bordel,
le roi avait prévu condamner à mort Coligny
en plus de lui confisquer tous ses biens.
Mais Coligny doit être une espèce
de messe-mère parce qu'il va somehow rentrer à la cour et recevoir un excellent accueil
du roi. Et pas seulement un excellent accueil, il devient le plus proche conseiller de sa
majesté, celui-ci l'appelle même mon père parce qu'il a 13 ans et sur le plan effectif
c'est n'importe quoi. Ce vieux roublard de Coligny pousse même l'audace à demander
au roi Sire, écoutez-moi bien, mon petit bonhomme
Pourriez-vous intervenir auprès des protestants des Flandres?
Le roi d'Espagne Philippe II impose un catholicisme complètement débile
Et quelqu'un va finir dans une chambre des tortures, c'est moi qui vous le dis
Mais bien sûr, tout ce que tu veux, papa
J'abuse de l'amour d'un enfant.
Vous pouvez vous imaginer que cette saine relation père et fils ne faisait pas l'unanimité à la cour.
Dans l'espoir de réconcilier tout le monde et mettre un frein aux guerres de religion,
Catherine de Médicis décide de marier sa fille Marguerite de Valois à un prince protestant,
Henri de Navarre,
connu aussi comme Henri III, futur Henri IV,
parce que quand tu te maries une princesse,
tu montes d'un level, j'imagine.
C'est un mariage forcé qui ne plaît à personne.
Les époux n'étaient pas contents,
parce que c'est rare que les époux d'un mariage forcé
se retournent tous les deux en disant
« Jackpot! »
Les Parisiens, majoritairement catholiques, n'étaient pas contents.
Les nobles ultracatholiques de la cour n'étaient pas contents.
Le roi d'Espagne n'était pas content.
Même le pape boudait parce qu'Henri de Navarre
ne s'était pas converti au catholicisme.
Le souverain pontife va même refuser de leur donner
leur dispense papale de consanguinité.
Ah oui, être consanguin, c'était bien important à l'époque pour la monarchie.
Puis il fallait que le pape signe un papier pour dire que,
même si vous étiez cousin, vous aviez le droit de mettre le hot dog dans le pain,
si vous voyez ce que je veux dire.
Détail intéressant.
Le fait que les deux époux étaient de fois différentes,
ça a comme, qui dirait, foqué le chien pour tout le monde
quand est venu le temps d'établir le protocole
à suivre lors du mariage.
L'échange des consentements a donc lieu
à l'extérieur de Notre-Dame, en public,
suite à quoi les deux époux sont allés célébrer
la messe à l'intérieur.
Mais étant donné qu'Henri de Navarre
n'avait rien à chier de la messe,
il a juste passé l'entièreté de la cérémonie
à déambuler dans l'église comme un touriste.
Et vous, Henri de Navarre,
désirez-vous prendre pour épouse...
Yo, check la statue!
Marguerite de...
Oui, oui, je le veux!
Dommage que cette religion soit autant de la merde!
C'est très joli ici!
Malgré le désaccord généralisé,
le mariage est célébré le 18 août 1572
et pour l'occasion sont conviés
à des festivités grandioses
tous les grands du royaume,
y compris presque tous les gentilhommes protestants d'importance.
Toute la gang. À la même place.
Et si je me souviens bien, il y a le mot « massacre » dans le titre de l'épisode,
mais impossible de deviner ce qui va se passer.
Ah oui, c'est vrai, à noter qu'en 1572, Paris est une ville farouchement antiprotestante.
À tous les jours, les hommes d'église catholique martèlent sans arrêt
que de marier une fille de France à un prince protestant est un affront.
Ça, c'est sans compter que cette année-là, il faisait chaud.
Les récoltes ont été mauvaises.
Et inutile de dire qu'une générale ose des prix sur toutes,
question de payer le mariage.
C'est pas ce qui faisait trinquer les paysans à l'auberge.
J'espère que vous aimez manger des navets pourris pendant trois mois, les amis, sur toute question de payer le mariage, c'est pas ce qui faisait trinquer les paysans à l'auberge.
J'espère que vous aimez manger des navets pourris pendant trois mois, les amis,
parce que sinon, le prince protestant que nous détestons n'aurait pas eu de gâteau.
Longue vie au roi!
Tout va effectivement très mal se passer.
Les noces sont d'ailleurs plus tard surnommées les noces vermeilles,
qui est en fait une autre teinte de rouge.
Rouge comme le sang de la mort.
Ce qui a finalement mis le feu aux poudres,
c'est une tentative d'assassinat contre ce diable
de Coligny quelques jours après le mariage.
Le 22 août, vers 11h du matin,
alors qu'il marchait du Louvre
jusqu'à son hôtel rue Bétisie,
Coligny fut atteint d'un coup
d'arc-buse, un genre de vieux gun pas
efficace. L'histoire veut qu'il aurait été sauvé
parce qu'au moment où le tireur faisait feu,
Coligny se serait penché pour relancer son soulier,
limitant ses blessures à sa main et son bras de gauche,
créant ici une espèce d'effet M. Magout.
Genre, prochaine étape, il était sauvé
par l'odeur d'une tarte aux pommes
qui refroidissait sur la fenêtre.
Évidemment, ça fait scandale dans la capitale.
Les protestants réclament justice.
Paris est au bord de la guerre civile
avec les Huguenots bitches.
Un peu comme quand les Parisiens décident
de faire semblant de pas comprendre
quand les Québécois disent du beurre.
Du beurre! Du beurre, bout de vierge!
Ça peut pas être huit autres affaires, madame!
Ouais, parce que n'oublions pas que tout ce beau monde-là
est encore entassé dans les rues de Paris
pour le mariage royal.
Dans ce temps-là, ça durait pas juste une journée. C'est donc
le soir du 23 août
1572 que tout bascule, alors que
le roi tient une réunion extraordinaire
avec son conseiller Troyes pour décider
quoi faire de ce guépier
dont les guêpes sont elles-mêmes faites de merde.
Personne ne sait exactement
ce qui s'est dit dans le conseil, ni comment
ils en sont arrivés là, mais la conclusion
c'est d'éliminer tous les chefs protestants,
à l'exception d'Henri de Navarre, le nouveau marié.
Un genre de cadeau de noces, j'imagine.
On ordonne alors de fermer les portes de la ville
et d'aller cueillir tous les chefs protestants avant que le soleil se lève.
C'est pourquoi le 24 août, le jour de la Saint-Barthélémy, à l'aube,
une troupe menée par le duc de Guise,
la maison des méchants ultra-cathos,
fait son chemin jusqu'à l'hôtel où dormait Coligny,
qui va être la première victime du massacre,
égorgée dans son lit avant d'être défenestrée.
Regardez tout le monde, Coligny est mort dans son sommeil!
Au même moment, on fait sortir les nobles protestants
logés au Louvre, c'est un palais avant d'être un musée,
by the way, avant de tous les massacrer dans la rue.
Le duc de Guise, qui visiblement commençait qu'à s'échauffer,
s'est ensuite attaqué aux chefs protestants logés dans le Faubourg Saint-Germain.
Quoique quelques chanceux ont été prévenus à temps
et ont réussi à s'enfuir avec les gardes des Guises à leur trousse.
Je savais qu'on aurait dû partir après le service.
Joke's on them!
J'ai repris la poivrière qu'on leur avait offerte dans la pile de cadeaux.
Ils en suent alors un massacre de 200 nobles huguenots venus de toute la France pour assister aux noces princières.
Vous vous souvenez à quel point les gens étaient malheureux quand c'est arrivé dans Game of Thrones?
Mais apparemment, tuer tous les nobles protestants, c'était pas suffisant
parce qu'ils ont ensuite fait une pile avec les corps devant le palais
avant de les déshabiller et les
pitcher direct dans la scène
parce que j'imagine que personne ne connaissait
le fonctionnement de l'eau potable.
Et là où ça devient vraiment tragicomique,
c'est qu'en se réveillant, le bon peuple
de Paris est persuadé que c'est eux
autres qui sont victimes
d'une attaque des protestants.
On décide donc de sonner
le toxin. Le toxin, c'est une cloche pour avertir la population d'une attaque des protestants. On décide donc de sonner le toxin.
Le toxin, c'est une cloche pour avertir la population d'un danger.
Toxin rapidement repris par les autres clochers de la ville.
On interprète alors la cloche comme un signe que les catholiques parisiens se font attaquer par des protestants,
alors que les choses pourraient difficilement être plus exactement le contraire.
Et les Parisiens commencent eux aussi à massacrer les protestants dans les rues.
Nobles ou non, persuadés qu'ils protégeaient la ville. Et les Parisiens commencent eux aussi à massacrer les protestants dans les rues,
nobles ou non, persuadés qu'ils... protégeaient la ville.
« Quoi que vous fassiez, ne me tuez pas! »
« Mais enfin, protégez Paris! »
« Cet homme a une énorme poivrière! »
« Quel frustrant qu'il prend court! »
La tuerie dure plusieurs jours, malgré quelques futiles appels au calme de la part du roi.
Attendez! Fais bien et bien, quiproquo!
Pour une raison étrange, le massacre va également aller jusqu'à toucher les étrangers,
notamment les Italiens, parce que putain qu'à commettre des crimes au nom de la religion,
aussi bien en profiter pour se débarrasser de quelques Italiens on the side.
Tuez tous ces protestants qui mangent des spaghettis!
Oh, mamma mia!
Détail dark.
Le cadavre de Coligny va éventuellement être retrouvé par la foule
qui va l'éviscérer, lui couper le bat et le décapiter
avant de le plonger dans la scène où il pourrit trois jours
avant d'être pendu au gibet de mon faux con.
Et tout ça sans tête, je vous le rappelle.
C'est complètement irrespectueux à ce stade-ci,
mais là, j'ai juste envie de savoir comment ils ont fait.
Le 26 août, après plusieurs jours enfermés dans le Louvre,
le roi fait une déclaration où il endosse la responsabilité
de l'exécution des chefs de guerre protestants
en donnant comme explication qu'il tentait de prévenir une conspiration de l'amiral Colligny.
Mais malheureusement, il est déjà trop tard et les massacres se sont répandus à l'extérieur de Paris
jusqu'en province où on continue à tuer des protestants jusqu'en octobre.
Mais puisque je vous dis d'arrêter!
Au total, on estime à 3000 le nombre de morts à Paris
et entre 5000 et 10000 dans le reste de la France.
Certains disent même 30000 face à l'hécatombe.
Les réactions dans le reste de l'Europe sont surprenamment positives.
Le pape Grégoire se réjouit de la situation
et fait même chanter un tédéum, un hymne de célébration du dimanche.
Il commande une série de fresques.
Il a même fait frapper une médaille commémorative à sa propre effigie
pour se souvenir à quel point il était heureux à ce moment-là.
Ce qui est vraiment une façon élaborée d'être une très mauvaise personne.
Philippe II, roi d'Espagne, de son côté,
fait même pas semblant de pas être un douchebag
et déclare que c'est le plus beau jour de sa vie.
Élisabeth Ière, la reine d'Angleterre,
porte le deuil avant d'éventuellement
prendre le bord de la France pour des raisons
bien évidemment politiques.
De son côté, le roi Charles IX ne se pardonnera
jamais d'avoir pris cette terrible décision
et va mourir dans la folie
la plus totale deux ans plus tard.
Je vous avais dit
d'arrêter!
Arrêtez! Arrêtez! Arrêtez! plus totale deux ans plus tard. Je vous avais dit d'arrêter!
Arrêtez!
Arrêtez!
Arrêtez!
L'histoire tragique du massacre de la Saint-Barthélemy contient son lot de trous
et de points d'interrogation.
Même si l'assassinat de Colligny est clairement
l'allumette qui a été nonchalamment jetée
sur le baril de sauce, les historiens
s'entendent pas sur qui
a commandé le meurtre. Est-ce que c'était
les Guises, la famille ultracatholique?
Ça pourrait aussi être
Ferdinand Alvarez de Tolède,
un gars que vous connaissez zéro,
parce que j'en ai pas parlé, mais qui était le gouverneur
des Flandres et qui aurait fait ça au nom du roi
d'Espagne, qui n'aimait pas qu'on vienne s'ingérer dans sa façon de gérer ses protestants.
Est-ce que c'est la faute de Catherine de Médicis,
qui aurait été jalouse du pouvoir de Coligny sur son fils de 13 ans?
En même temps, les historiens s'entendent pour dire qu'elle a fait sa part dans l'effort de paix
puisqu'elle a marié sa fille à un protestant.
Qui sait? C'est peut-être un travail d'équipe, l'idée d'un seul homme.
Nous ne le saurons jamais.
C'est sûr qu'on peut débattre longtemps des enjeux politiques derrière cette histoire,
mais ce que je préfère y voir, c'est la preuve que les choses peuvent dégénérer
quand tu nourris constamment la peur de l'autre dans une population.
Je dis toutes ces choses-là sans que ça ait le moindre rapport
avec l'islamophobie latente dans le monde d'aujourd'hui.
N'essayez même pas de faire un lien.
Bref, c'était les pires moments de l'histoire
avec Charles Beauchesne.
Et le cauchemar se poursuit
dans un prochain épisode.
Huguenot.
Les pires moments de l'histoire,
c'est au texte et à la recherche.
Charles Beauchesne, Audrey Rousseau
et François de Grandpré.
Pour Urbania, à la réalisation,
Barbara-Judith Caron.
Au montage, Lucie Fournaison
et la productrice exécutive
Raphaël Huismans.
Le balado Les pires moments de l'histoire
avec Charles Beauchesne est une production d'Urbania.
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