Les Pires Moments de l'Histoire - Vlad L'Empaleur

Episode Date: March 12, 2019

Charles se penche sur la terrible légende de Vlad l’empaleur, le prince noir de Valachie qui aurait servi d’inspiration au personnage de Dracula. Portrait de l’homme dans l’ombre du vampire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Salut, c'est Hugo Meunier, un des meilleurs journalistes et plus grands auteurs du Québec. Hugo, le texte. Ah oui, oui. Bon, je suis aussi le rédacteur en chef d'Urbania, un média québécois indépendant qui vous aide à voir le monde différemment. Notre mission? Vous amener ailleurs. Abonnez-vous au Micromag sur urbania.ca. T'as-tu bon?

Oui, oui. Bienvenue au Balado Urbania. Balado Urbana. Et c'est reparti pour un autre épisode des pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne. Le podcast où on revisite ensemble le musée des horreurs du passé en réalisant un peu plus à chaque seconde

que 50 piastres en contravention de stationnement. C'est vraiment pas si pire que ça quand on pense que je suis d'une époque où on te coupait en deux en t'attachant à des chevaux parce que t'as pas aimé la redingote du roi. Justement, on commence en force aujourd'hui avec Dracula, ce doude qui a bel et bien existé.

Et oui, Dracula, notre bon vieil ami le vampire avec un nœud papillon pis deux coulisses de sang égales de chaque côté de la bouche. Oui, il a bel et bien existé. Non, il ne suçait pas le sang des gens parce qu'il était beaucoup trop occupé à leur entrée des bâtons directement dans les fesses.

On voit le générique. C'est beaucoup à cause de l'auteur irlandais Bram Stoker qu'on connaît, celui qui un jour allait devenir le plus célèbre des déguisements d'Halloween. On raconte que l'écrivain était à la recherche d'un nom pour son tout nouveau roman à propos d'une espèce de bonhomme-setteur est-européen, quand un ami professeur

d'histoire lui aurait suggéré le nom d'un obscur seigneur de guerre médiéval roumain, Vlad III, dit Vlad l'Empaleur, dit Vlad Dracula. Le vampire du roman était né sur fond de vérité. Vlad Dracula, ou Vlad Tsepech, comme on a pris l'habitude de le surnommer, serait né, genre en 1430, on n'est pas certain, en Transylvanie. Ça, aujourd'hui, c'est en Roumanie, mais à l'époque,

ça faisait partie du royaume de Hongrie. Contexte historique. Donc, on est en 1430. C'est pas mal la fin du Moyen Âge. Les premières armes à feu commencent tranquillement à changer la game, même si elles peuvent t'exploser à tout instant d'en face et te faire avoir l'air d'un sale idiot avec le visage noirci. La superpuissance de l'époque en Europe, c'est le Saint-Empire romain-germanique.

Un casse-tête un peu plate de territoire d'Europe centrale qui rassemblait, entre autres, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie sous le règne du Saint-Empereur romain-germanique Sigismond Ier. Sigismond vient souper!

Donc voilà. Vlad III, dit Dracula, quant à lui serait né dans la ville de Shigishohara, en Transylvanie, dans le royaume de Hongrie. Mais c'était en fait un prince de la région juste en dessous, la Valachie. Alors le deal avec la Valachie, c'est que c'est un pays suffisamment grand pour être indépendant,

mais assez petit pour se faire intimider non-stop par ses voisins, la Hongrie et l'Empire ottoman. Donc, poigné en une espèce de sandwich entre ces deux puissances et leurs pouvoirs religieux respectifs, voire la chrétienté pour le Saint-Empire romain germanique et la foi musulmane

pour les Ottomans, l'Avalachie va avoir comme principale stratégie de survie de constamment switcher d'un bord à l'autre pour se protéger, l'image d'un pré-ado chétif tentant de survivre à son secondaire 1. Détail intéressant. À l'époque, le père de Dracula faisait partie de ce que l'on appelait les chevaliers de l'ordre du dragon. Il aurait trouvé ça tellement nice qu'il aurait dit à tout le monde de l'appeler à l'avenir Dracoule.

Ce qui signifie, attachez bien vos ceintures, dragon. D'où la raison pour laquelle on aurait commencé à surnommer son fils Vlad Dracula. Ce qui signifie, attention, retenez-vous bien, ne pas faire un accident vasculaire cérébral suite à cette surprise. Le fils du dragon. Le roi de Hongrie avait mis en service les chevaliers du dragon pour défendre la chrétienté face à ce que l'on appelait l'Empire ottoman. Une espèce de gang de turcs qui passaient leur temps à essayer de conquérir l'Europe, faire tomber le christianisme et réduire tout le monde à l'esclavage. Les gens n'aimaient pas ça. Donc, ce qui se serait produit, c'est qu'un beau jour de 1442, le sultan aurait envoyé une lettre au père de Dracula.

Oui, Vlad Dracule de l'Ordre du Dragon? Oui, oui, c'est moi. Viens donc faire un tour, me voir en Empire Ottoman. Oh, ce serait-tu possible de venir avec tes deux plus jeunes fils? N'oublie pas, tes deux plus jeunes fils? Oui, OK, je suis là. Qu'est-ce qui se passe?

Oui, c'était vraiment juste pour prendre en otage tes deux plus jeunes fils. Ah, tabarnak. Ouais, disons que c'était pas nécessairement le piment le plus épicé de l'ordre du dragon. En fait, le sultan faisait très souvent ça. C'est-à-dire prendre en otage les enfants de ses ennemis pour s'assurer que personne fasse le con. Et à long terme, intégrer ces enfants-là dans un régiment de soldats spéciaux, entièrement composé de kids kidnappés que l'on appelait

les janissaires. En gros, le mantra du sultan, c'était clairement « Garde tes ennemis proches et les enfants de tes ennemis, genre littéralement géo. » Donc, de 1442 à 1448, Dracula va vivre à la cour du sultan en compagnie de son frère

Radoulbo. Ce nom-là est tellementagnie de son frère, Radoulbo. Ce nom-là est tellement chien pour les autres fils. Radoulbo, lui. Bref, pendant six ans, Dracula va apprendre le turc et se bourrer la face de succulent baklava, j'imagine. Mais là où ça devient intéressant, c'est qu'on raconte que c'est pendant son séjour au « resort » de l'Empire ottomain qu'il va découvrir un moyen d'exécution vraiment pas le fun qui va devenir sa signature, l'empalement. L'empalement est une méthode de torture qui consiste à rentrer un très long bout de bois pointu à l'intérieur de vous. Deux méthodes étaient couramment utilisées.

1. À l'horizontale dans le chest. 2. À la verticale dans le péteux, avec un bâton à bout arrondi, pour ne pas endommager les organes internes, jusqu'à ce que ça te ressorte par la bouche une couple de jours plus tard, pendant que tu vas très possiblement être encore vivant à regretter d'avoir déplu à quelqu'un au Moyen-Âge. Au 15e siècle, c'était une méthode de torture-exécution plutôt répandue. Plusieurs souverains, autant du côté hongrois qu'ottomans, faisaient ça. Ça s'en parlait pas mal

à gauche puis à droite, mais Dracula va vraiment triper là-dessus à un autre niveau. Ça va devenir sa chose préférée. Donc, à un moment donné, en 1448, notre sultan va décider, out of the blue, qu'il a vraiment envie de péter la gueule

au nouveau prince de Valachie. Et pour y arriver, il va lui envoyer Vlad Dracula à la tête d'une armée. « Vlad, étant donné que tu as été sage toutes ces années, je vais mettre à ton service une armée de mes turcs les plus sur la sauce pour aller conquérir ta terre natale. Mais je t'avertis, ne t'avise pas de me backstabber, parce qu'en passant, je garde avec moi ton frère Radou-le-Beau. Je l'aime beaucoup. Il est beau.

Heureusement pour Vlad, à son arrivée en Valachie, il n'y avait pas un esti de chat, parce que le prince actuel était en croisade au Kosovo. C'est là qu'il se serait dit, écoute, tout porte à croire que ça va être le début de mon premier règne en tant que nouveau prince de Valachie. Malheureusement, les choses se sont mises à mal aller très rapidement. Parce qu'évidemment, le prince de Valachie est revenu. Il a explosé l'armée de Dracula.

Vlad a eu l'air d'un gros plouc devant les Turcs. Le sultan s'en est mêlé. Les Hongrois aussi. Il y a eu une espèce de va-et-vient sur le trône qui n'est pas nécessairement intéressant pour le reste de la capsule. Vous irez sur Google. Détail intéressant.

Ce qu'il faut savoir, c'est que c'était un peu de la merde être prince de Balachie. Parce que tous les enfants légitimes et illégitimes du prince ont accès au trône. Nous sommes au Moyen-Âge, les gens mettaient leur pénis un peu partout. Rajoutez à ça le fait qu'il fallait avoir l'appui d'un shitload de petits seigneurs régionaux

que l'on appelle les boyards, évidemment tous partisans d'un potentiel prince différent. Les choses étaient vite moultes labyrinthiques. Donc, après un carnage médiéval avec d'autres princes voivodes, et là, on ne parle pas ici du groupe métal de Jonquière, on parle des voivodes, des seigneurs guerriers. En 1456, Vlad se retrouve finalement à nouveau sur le trône. Et à partir de ce moment-là, il va faire empaler tout le monde. Parce que même si les troupes de Vlad sont pas très nombreuses, il comprend très rapidement que c'est pas tant la taille de l'armée qui compte, mais bien le niveau de terreur que tu répands dans ton sillage.

C'est donc parti pour plusieurs épisodes de Oh là là, Dracula ne niaise pas avec la poque. À un moment donné, il va organiser, entre autres, un souper au château Dracula, inviter tous les seigneurs boyards qui l'avaient pas supporté pendant son premier règne, et la seconde où tout le monde a fini

de manger. Haha! J'espère que vous avez apprécié le snack, car tout ceci n'était qu'un prétexte pour tous vous faire empaler. Non! Je savais bien qu'il fallait se méfier de la nourriture gratuite! À un autre moment donné, il va inviter

tous les sans-abri de la capitale à venir souper chez lui. Ah! J'espère que vous avez apprécié le snack! Non, ce n'était pas une oeuvre caritative! Vous ne contribuez à rien. J'ai décidé de me débarrasser de vous. Battons dans le cul all around! Éventuellement, les gens vont finir par comprendre qu'aller souper chez Dracula était un excellent moyen de se voir gastro-intestinalement réorganisé. Alors Vlad va être obligé d'organiser des raids en Transylvanie,

question d'aller fournir lui-même à ses ennemis un service d'empalement à domicile. En fait, non. Il ne va pas tous les empaler. Il va aussi en kidnapper beaucoup avec leurs femmes et leurs enfants, leur retirer leurs vêtements et les obliger à construire un château tout nu. Avec tous les désagréments qu'implique construire un bâtiment avec la nounalaire. Et ensuite, il va les empaler. En fait, on raconte que les habitants de la Valachie avaient tellement la chienne que Dracula aurait pu laisser une coupe en or dans les rues de la capitale pendant des mois sans que personne essaie de la voler.

Écoutez, le règne de Dracula était tellement imprévisible et malbosant qu'à un moment donné, le sultan des Ottomans va finir par lui envoyer des ambassadeurs afin de cordialement lui demander de se calmer le pompon. Et devinez ce qui est arrivé. de se calmer le pompon. Et devinez ce qui est arrivé. En fait, non. Il s'est simplement contenté de leur faire clouer leur turban sur la tête parce qu'il ne voulait pas les enlever à l'intérieur à cause de leur religion.

Donc, Dracula va entrer en guerre officiellement contre les Turcs. Même si son armée est beaucoup moins puissante, 30 000 hommes pour Dracula contre 80 000 pour le sultan, qu'à cela ne tienne, fidèle à lui-même, le fils du dragon va utiliser un paquet de tactiques super bad tripantes, genre se déguiser en marchand d'amande pour faire de l'espionnage. Bonjour, ne faites pas attention à moi, je ne suis qu'un marchand d'amande

qui, coïncidemment, s'arrête 15 minutes devant chaque tente pour écouter ce qui se passe. La guérilla. Dracula aimait beaucoup faire ça et laissez-moi vous dire que ça faisait énormément sacrer les Ottomans. Détail dark. Le sultan navigue de frustration en frustration comme ça pendant un certain temps et quand finalement il arrive en vue de la capitale Valak, Vlad va lui laisser l'équivalent médiéval du caca de chien dans un sac qui brûle. 20 000 corps empalés de soldats turcs et de ses propres citoyens. Laissés à pourrir au soleil sur 3 km de long, à l'image d'une terrifiante forêt qui pue.

Bon, là, le sultan aurait fini par faire... OK, what the fuck, Dracula? Tout ça ne serait pas arrivé avec Radou le beau. Chance que je l'ai gardé tellement longtemps qu'on est devenus des super bons chums. Boutique est beau! » Le coup de théâtre, c'est Radou qui va s'emparer du trône de Valachie super facilement parce que, surprise, les seigneurs de Valachie auraient trahi

Dracula pour se ranger de son bar étant donné que le ratio d'empalement y était beaucoup plus relax. Le Dracula va encore être obligé de sacrer son camp. Il va être victime d'une espèce de shit avec le roi d'Hongrie. C'est compliqué et pas vraiment intéressant. Sentez-vous bien libre de

Wikipédier tout ça, comme s'il n'y avait pas de lendemain. En gros, le roi d Hongrie avait été mandaté par le pape pour entrer en croisade contre les Turcs. Le problème, c'est que ça ne lui tentait vraiment pas de faire ça. En fait, ça ne lui tentait tellement pas que sa solution, ça va être de se trouver quelqu'un de moins puissant à combattre comme excuse pour dire qu'il n'y a pas le temps. Et qui de mieux pour ce rôle que Vlad Dracula, le prince de la douleur quand on s'assoit. Bon, alors pour convaincre tout le monde que Vlad mérite d'être arrêté, il va utiliser une nouveauté technologique de l'époque, l'imprimerie.

Il va faire imprimer des pamphlets distribués aux quatre coins de l'Europe pour dire, grosso modo, Vlad est vraiment un sale enfoiré qui tue plein de monde. Il faudrait vraiment que quelqu'un l'arrête dire, grosso modo, « Vlad est vraiment un sale enfoiré qui tue plein de monde. Il faudrait vraiment que quelqu'un l'arrête, de préférence un souverain qui ne serait pas obligé d'entrer en croisade contre l'Empire ottoman. » À l'époque, l'imprimerie, c'était un big deal.

Si c'était imprimé sur du papier, ça devait être vrai. Évidemment, le roi hongrois n'y voit pas de main morte sur les détails dégueux. C'est ici, toutes les fois où Dracula été un tant soit peu de la marde, dans le désordre, hors de son contexte, et avec un maximum de scriptédition pour le faire paraître comme le plus gros douchebag de tout le Moyen-Âge.

On y trouve entre autres une chanson sur le fait qu'il mange ses repas en regardant du monde se faire empaler, parce que son fétiche c'est de tremper son pain dans le sang des gens qui sont trop occupés à avoir mal au derrière. Ce qui est certes tout à fait sinistre en termes de chanson, mais tant qu'à moi, ce ne sera jamais pire que je suis un homme 7-up. Suite à ça, Dracula est donc incarcéré pendant 13 ans, et pendant qu'il pourrit en prison à cause du zine du roi de Hongrie,

Radu va mourir d'une maladie vénérienne. Voilà ce qui arrive quand on est trop beau. Vlad finit par prêter allégeance à la cour de Hongrie pour acheter la Vierge de Paix. Et à sa sortie, il redevient prince de Valachie. Non, ça se termine pas bien. Genre, un mois plus tard, les Ottomans envoient une armée et ils le tuent. Fin.

Le problème avec Vlad l'Empaleur, c'est que c'est difficile de séparer la fiction de la réalité. La plupart des anecdotes ont été écrites après sa mort par des gens qui ne l'aimaient pas. En fait, si Dracula a compris quelque chose, c'est que quand vient le temps de régner dans un endroit

où politiquement c'est le bordel, avec un envahisseur étranger au guichet, la peur est souvent un moyen très efficace de s'assurer que les gens y aillent mollo sur le changement d'administration. Et ça, ça va devenir un peu la signature de son règne. Même si son personnage s'est vu considérablement terni par les détails croustillants de son style de leadership,

qu'on soit certain ou non de leur véracité, pour les habitants actuels de l'Europe de l'Est, Vlad Dracula reste malgré tout un symbole de lutte contre l'oppression, un protecteur de la Valachie et quelqu'un qui a su tenir tête à l'envahisseur. Entre autres, sous la répression du communisme russe, la légende de l'Empaleur redevient tranquillement une sorte de figure patriotique locale.

Et bien sûr, à travers l'histoire, son règne va inspirer plusieurs autres dirigeants comme le tsar Ivan le Terrible. Pas que c'est nécessairement une bonne chose d'être la source d'inspiration de Ivan le Terrible, mais vous comprenez le principe. Ce que je veux dire, c'est que si aujourd'hui Dracula est

un vampire dans l'imaginaire collectif, c'est relié au fait que c'était tout bonnement un expert dans l'art de donner la frosse aux gens du Moyen-Âge. Chose certaine, j'y apprenais qu'il y avait aussi indirectement inspiré la série de romans Twilight. On se retrouverait

possiblement avec un deuxième problème de forêt qui pue. Je m'appelle Charles Beauchesne et le cauchemar se poursuit dans un autre épisode. Les pires moments de l'histoire, c'est au texte et à la recherche, Charles Beauchesne, Audrey Rousseau et Catherine Thomas. Pour Urbania, la rédactrice en chef,

Barbara-Judith Caron. Et la productrice exécutive, Raphaël Huismans. Le balado Les pires moments de l'histoire avec Charles Beauchesne est une production d'Urbania.