Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #1 Laurent Paquin | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: April 17, 2023Dans ce tout premier épisode d'Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette, Laurent Paquin s'est livré avec franchise et générosité, au fil des cartes pigées.Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrett...e c’est la rencontre d’un invité à cœur ouvert avec une animatrice aguerrie, autour d’un jeu de cartes unique. Réflexions, prises de conscience, confidences: au hasard des cartes-questions retournées, l’invité de Marie-Claude se révèle comme il ne l’a jamais fait et utilise son pouvoir de joueur pour la faire parler à son tour. Des questions sur mesure dans une entrevue qui laisse place au hasard. Une intervieweuse, telle une cartomancienne, qui se lance sans filet. Un invité qui joue, cartes sur table, dans un échange privilégié où le temps s’arrête. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Transcript
Discussion (0)
il va m'arriver des fois de me dire
« God, j'aurais mérité cet olivier-là. »
Mais tu as le droit de penser à ça.
Tu travailles fort.
Je pense que des oliviers que j'aurais mérité
et que je n'ai pas gagné...
Lesquels? Lesquels?
Non, je ne veux pas les dire.
Mais tu comprends que la question, c'est
« Oui, mais qu'est-ce que tu fais après avec ça? »
Tu vas-tu passer ton année à dire
« Ah, moi, je ne suis pas dans un clic.
Moi, on le sait bien. Moi, je n'ai pas gagné. »
Tu fais « Bien non, fais ton métier.
Il y a 100 000 personnes qui ont payé pour voir ton show.
C'est en soi... Ça se peut-tu que tu aies un olivier, ça aussi? Ça 000 personnes qui ont payé pour voir ton show. C'est en soi un...
Ça se peut-tu que c'est un Olivier, ça aussi?
Ça vaut bien plus qu'un Olivier.
Bienvenue au podcast Ouvre ton jeu.
Aujourd'hui, je reçois vraiment un gars, vraiment, je l'aime beaucoup, je le trouve intelligent.
Je trouve qu'il fait tellement d'affaires différentes, j'aimerais savoir son secret.
Mais c'est surtout un gars de parole parce que
je l'ai croisé il n'y a pas longtemps.
J'aimerais vraiment te recevoir
à Ouvre ton jeu. Il dit
appelle-moi n'importe quand.
Je vais être là. Il est avec nous.
Laurent Paquin.
D'abord, bienvenue,
Laurent Paquin.
Merci de l'invitation.
J'ai l'impression d'être dans un local d'une diseuse de Bonaventure avec tes cartes.
Ça me fait plaisir que tu dis ça, parce que c'est un petit peu ça.
C'est un peu ça?
C'est un peu ça, dans le sens que c'est ouvre ton jeu.
Fait que t'es prêt à ouvrir ton jeu.
Oui, oui, oui, ben oui.
Bon, donc quand on dit ouvre jeu, on pense à des cartes.
Fait que tu vois, il y a des cartes de différentes couleurs.
Puis il y a des questions écrites là-dessus.
Et tu vas en piger.
Donc, moi, je ne sais pas ce que tu vas piger.
Est-ce que chaque couleur correspond à quelque chose?
Ça t'intrigue, hein?
Bien oui, sinon, tu n'aurais pas fait des couleurs différentes.
Je vais te répondre. Je vais être gentille.
Je vais te répondre.
Alors, je te dirais que les vertes sont plus génériques.
Je pourrais les poser à tout le monde. Tu vois, je vais te les poser
à toi, puis tu peux répondre quelque chose de très
profond, mais elles s'adressent à tout le monde.
Les jaunes commencent plus à te ressembler,
les rouges s'adressent
à toi, puis tantôt, je te dirai
qu'est-ce qui se passe avec les mauves.
Alors, là, tout de suite, je vais te donner
cette carte-là qui est ton joker.
Ça, c'est si je ne veux pas répondre à une question?
À une question, tout au long, parce que moi, je pose les questions. Oui, c'est si je ne veux pas répondre à une question? À une question tout au long.
Parce que moi, je pose les questions.
Oui, c'est ça. Je pose les questions.
En fait, tu vas répondre aux questions,
mais moi, je te pose des sous-questions.
Donc, tu peux arrêter à la question
ou tu peux même arrêter dans une sous-question
et dire, OK, on passe à une autre.
Tu as le droit de l'utiliser une fois pendant le jeu.
D'accord? Alors, je vais commencer par... Oh, c'était peurant. D'un coup droit de l'utiliser une fois pendant le jeu. D'accord?
Alors, je vais commencer par... D'un coup, je l'utilise trop tôt, puis qu'après, je regrette
de ne pas l'avoir. Mais tu sais, on est sans filet
à quelque part, les deux, là-dedans.
Il y a un privilège qui va venir à la fin.
Tu vas voir. Les questions, tu ne les choisis pas,
mais c'est toi qui les as écrites.
Ben, c'est mon équipe.
Exactement. Mais celles-là,
comme elles sont génériques,
elles n'ont pas été écrites pour toi nécessairement.
OK.
Et je vais te demander de brasser,
de m'en donner trois, s'il te plaît.
OK.
On commence comme ça.
On ne garde pas, on coupe.
Es-tu un joueur dans la vie?
Non, pas tant.
Bien, je vais jouer,
mais ça va être plus pour un prétexte pour jaser.
Je vais jouer aux 500.
Dans les fêtes avec ma famille, tu sais, genre...
Un prétexte pour jaser. J'ai rejoué aux 500 pendant le temps des fêtes avec ma famille. Un prétexte, mon genre.
J'ai rejoué aux 500 pendant le temps des fêtes cette année.
Ça faisait des siècles que je n'avais pas joué aux 500.
Ça fait du bien, ce côté ludique-là.
Moi, j'ai toujours aimé ça.
Quand j'ai commencé à jouer aux 500,
j'avais l'impression, j'étais un ado,
puis j'avais l'impression,
oh, soudainement, je suis dans le groupe des adultes
parce que c'est les adultes qui jouent aux cartes.
OK.
Fait que là, de commencer à jouer aux 500,
d'être en équipe avec mon oncle ou ma grand-mère,
je me sentais comme un adulte.
Ça m'a fait... Je me sentais
heureux.
Tu voyais tes oncles et tes tantes quand tu étais jeune.
Puis là, c'est toi qui étais rendu là.
Oui. Puis quand je gagnais, je me disais, enfin, on me prend
au sérieux.
Alors là, la façon que ça va fonctionner,
je vais te lire les trois cartes.
Tu vas en choisir une auquel tu as envie de répondre. Et moi, fonctionner, je vais te lire les trois cartes. OK. Tu vas en choisir une
auxquelles tu as envie de répondre.
Et moi, après ça,
je vais en choisir une autre
dans les deux autres
auxquelles tu devras répondre.
OK.
Alors, je retourne les cartes.
Première question.
Je ne pourrai jamais faire un gag
sur trois petits points.
OK.
Pour quelle raison
pourrais-tu être invité
à un dîner de cons?
Celle-là, peut-être moins générique
dans le fond.
Oui, on sent qu'il y a quelque chose qui est autour de moi.
Il y a quelque chose qui tient à toi.
Pour être bien avec moi-même,
je dois trois petits points.
Ah, OK. Je trouve que la troisième,
c'est la plus belle. C'est la plus belle? Oui.
Alors, je te laisse répondre.
Pour être bien avec moi-même,
je dois être honnête avec moi-même.
Moi, ça, là, j'ai...
On s'est parlé il n'y a pas si longtemps, toi et moi,
en entrevue, d'ailleurs, sur d'autres...
sous d'autres cieux,
comme on dit. Et puis, je t'avais
parlé que je ne suis pas
quelqu'un qui a le bonheur facile.
Et puis, je m'étais dit,
il faut que j'arrive à être bien avec moi-même
dans la vie.
Je me disais, ce qui m'aide à être bien avec moi-même,
c'est quand je suis complètement
confiant d'avoir été honnête
avec moi-même.
J'essaie de jamais mentir.
J'essaie de dire
vraiment ce que je pense.
Pas de dire tout ce que je pense,
mais quand je parle, ce que je dis,
je le pense pour vrai.
J'essaie d'être toujours sincère,
parce que ça fait que quand je me regarde dans le miroir,
je ne vois pas quelqu'un d'hypocrite,
je ne vois pas quelqu'un qui a menti
ou qui a joué dans le dos de quelqu'un.
J'essaie de ne jamais nourrir d'émotions négatives.
Je travaille beaucoup là-dessus.
Parce qu'on a des émotions négatives.
J'en ai.
Je peux être fâché, je peux être frustré,
je peux en vouloir à quelqu'un,
mais l'émotion, si je la nourris,
ça devient de l'amertume, de la rancœur.
C'est ça que j'essaie de combattre.
Si quelqu'un me fait quoi qui m'a blessé,
j'essaie rapidement de passer à d'autres choses,
puis de pardonner, puis d'être bon joueur.
J'essaye d'être la meilleure personne possible
pour que quand je me regarde dans le miroir,
je vois quelqu'un que j'ai envie d'être.
Est-ce que ça t'est déjà arrivé de ne pas écouter ça
puis d'aller trop loin, justement?
Bien, c'est que ça ne fait pas si longtemps
que je me suis donné cette règle de vie-là.
Est-ce qu'il y a eu un point?
Ça fait quelques années.
En fait, c'est arrivé le jour où j'ai eu l'impression
que si je ne faisais pas attention,
je pourrais devenir quelqu'un d'amère.
Parce que dans la vie,
on n'a pas toujours ce qu'on voudrait avoir. Des fois, on se dit
« Ah, il me semble que je mérite mieux. Ah, il me semble
que je n'ai pas la reconnaissance que je
mérite. Ah, comment ça se fait que ce n'est pas moi qui
ai gagné cet olivier-là? »
C'était pas tant
envieux que juste...
Un manque de reconnaissance?
Des fois, il y a une...
Mais ce n'est pas nécessairement ça
spécifiquement,
mais c'est entre autres ça.
C'est quelqu'un qui a eu une job à ta place.
Puis là, tu fais, il y a tellement de gens
qui sont amers, puis qui voient des complots
contre eux autres, puis qui vont
finir vieux, puis qui vont se rappeler
qu'ils n'ont pas eu la chance
de faire...
Un sentiment
négatif, c'est correct,
il faut l'accueillir, il faut vivre avec.
Ça sent bien le nouvel âge, ce que je dis.
Mais moi, je crois que les sentiments négatifs,
il faut les assumer. On peut les exprimer,
mais il ne faut pas les nourrir.
Il ne faut pas les entretenir.
Tu sais, si... J'essaie de voir,
tu sais, que... Je veux donner des exemples,
mais je ne veux pas nommer de gens, tu sais.
Mais ça m'est arrivé de me dire, tu sais,
mettons, j'ai jouest arrivé de me dire, tu sais, mettons,
j'ai joué dans la LNI,
moi. Bon. Puis une année,
ils ont fait
les équipes, ils ont fait les équipes, puis ça a donné
qu'il y a aucun coach qui m'avait
pris dans son équipe. Parce que
ils ont choisi des gens avec qui
ils préféraient jouer, puis à la fin, ils ont fait
« Oh, Colin Laurent, il est dans aucune équipe. »
Puis moi, ça m'a fait de la peine. Ça m'a choqué. J'ai été en crisse, je le dis, là,ient jouer. Puis à la fin, ils ont fait « Oh, Colin Laurent, il n'est dans aucune équipe. » Puis moi, ça m'a fait de la peine. Ça m'a
choqué. J'ai été en crisse, je le dis.
Puis
pas longtemps après, j'ai rappelé
le gars de la LNI en disant
« Si jamais il vous manque un
joueur pour un match, mettez-moi
sur la liste de vos joueurs
réservistes.
Je vais aller dépanner quand vous aurez besoin
d'un joueur.. Mais moi, ma réaction
première, ça a été...
Vous ne me reverrez plus,
tu sais, j'étais blessé
dans mon orgueil, mais aussi
comme une peine un peu d'amour.
Un petit peu d'amour, parce que j'ai toujours
beaucoup aimé l'impro, tu sais. Ça a comme été
un gros choc. Puis j'ai dit, je ne peux pas
rester là-dessus. Je ne vais pas finir ma vie
en disant, l'ennemi, ils m'ont mis de côté, tu sais. Fait Puis j'ai dit, je ne peux pas rester là-dessus. Je ne vais pas finir ma vie en disant,
« L'ennemi m'ont mis de côté. » Fait que j'ai fait, non, non, non.
On va, on nourrira pas
ces sentiments négatifs-là.
Fait que quand j'ai rappelé le gars,
puis là, tu vois, je vais participer à un match prochainement,
un match bénéfice, avec des anciens de la Ligue
contre des joueurs
actuels de la Ligue.
Puis je pense vraiment que je vais passer une belle soirée.
Mais ça a été quoi, les mains,
entre le moment où tu aurais pu être amère
puis tu décides, non, regarde, je vais me mettre comme réserviste.
Il s'est passé quoi entre les deux?
Bien, moi, je pense que c'est une décision.
Il n'y a pas un événement qui m'a fait déclencher ça.
J'ai fait, je vais, je choisis.
Moi, je crois beaucoup qu'on a beaucoup plus de contrôle
qu'on pense sur nos émotions.
Je comprends que tu ne peux pas décider d'être amoureux
ou d'être amourdi.
Des fois, ça arrive tout seul.
Mais je pense qu'on peut décider d'être heureux,
même quand ce n'est pas facile.
On peut décider de...
Non, ce n'est pas vrai que je vais être fâché aujourd'hui.
Tu sais, des affaires plates qui arrivent, tu peux décider, non, ce n'est pas vrai qu' vais être fâché aujourd'hui. Des affaires plates qui arrivent, tu peux décider
non, c'est pas vrai qu'aujourd'hui
je vais être celui qui va gâcher la journée de tout le monde
autour en chialant parce qu'il y a une mauvaise
foi et une mauvaise humeur. Tu peux décider,
mais il faut que tu saches
que ça t'appartient.
C'est-à-dire,
il faut que tu saches qu'il y a quelque chose
de peut-être positif qui va arriver, alors que
si tu restes dans les toctées,
il n'y aura rien de positif qui va t'arriver.
Tu ne donnes pas de chance.
Il y a un événement qui est arrivé il y a plusieurs années,
en début de carrière, avant même que je fasse des galas
à Juste pour rire.
Je me rappelle, je devais faire un numéro dans un gala.
Tout le monde me disait, tu vas faire un numéro.
J'étais de la relève, personne ne me connaissait.
Puis j'avais un bon numéro, puis on me disait,
il y a des auditions
à tel moment,
il faut que tu fasses les auditions,
mais c'est quasiment sûr, tu l'as.
C'est une formalité.
J'ai fait l'audition, puis ça n'a pas bien été.
Puis on m'a dit que je ne ferais pas de gala,
finalement.
Pendant la semaine qui a suivi,
je ne faisais que des commentaires
ironiques, sarcastiques,
d'un gars frustré, tu sais, puis
je faisais des jokes, mais tu sais, c'était des jokes
qui trahissaient ma frustration, puis
à un moment donné, je suis rentré dans le bureau de mon gérant,
puis j'ai dit, bon,
là,
je vais arrêter de parler de tout ça,
je vais
passer par-dessus ça, puis je vais travailler
fort pour que l'année prochaine, il n'y ait pas le choix
de me prendre dans un gala
ça va être parce que je suis tellement bon
qu'ils vont se dire, il faut qu'ils fassent un gala
tu sais, plutôt que
de ressasser ça
mais ça c'est arrivé il y a longtemps, c'est pas à ce moment-là
que j'avais pris la décision
d'agir comme ça, mais
je l'avais déjà fait une fois, en début de car, puis j'ai trouvé que c'était la meilleure
façon de réagir. Puis ce qui est bizarre,
c'est que, genre, la semaine après,
on m'appelait pour me dire que je faisais un gala
finalement.
Mais c'est parce que le cynisme et l'ironie,
c'est dur
de regarder les autres.
Quand on est cynique et qu'on est ironique,
on fait fuir les gens.
Bien, c'est ça. La mauvaise foi...
Moi, la mauvaise foi me fait rire en humour.
Mais dans la vie, c'est une des choses que je déteste le plus.
Moi, je trouve qu'on ne sait pas où se mettre
quand quelqu'un est cynique ou ironique devant nous.
Oui, parce que c'est quelqu'un qui essaie
de faire passer son amertume pour de l'humour.
Oui.
Puis tu le sens que ça cache une frustration.
Puis il y a des fois où
tu n'es pas concerné par cette frustration-là.
Fait que tu te sens juste...
Tu as juste le goût de dire, pourquoi tu m'amènes
dans ta zone d'ombre?
Moi, elle ne m'intéresse pas.
Tu ne veux pas partager ça nécessairement.
Si tu veux me confier ta frustration,
fais-le à cœur ouvert. Dis-moi vraiment,
il faut que je te raconte quelque chose
puis j'ai ça sur le casque. Dis-moi ça comme ça.
Fais-moi pas des petits commentaires pointus
par en dessous. J'ai l'impression que j'étais
plus comme ça en début
de carrière.
Moi, tu racontes ça, puis je
ne soupçonnais pas que tu avais quand même
fait tout ce travail-là sur toi.
Oui, mais je ne sais pas.
Tu serais où aujourd'hui si tu n'avais pas fait ce travail-là
sur toi? Ah, bonne question. J'aurais peut-être pas évolué.
J'aurais peut-être pas évolué.
Parce qu'il y a aussi le fait que moi, quand je décide
que je veux améliorer quelque chose,
je me dis, il faut pas que je compte sur les autres.
Fait que moi, si je fais pas tout ce que je peux...
Tu sais, c'est comme, mettons, moi, ma blonde,
ça fait 27 ans qu'on est ensemble.
Ça a pas toujours été rose.
Tu sais, il y a des moments plus tough.
Puis les moments où on s'est
dit, il faut travailler
sur notre couple, il faut
faire attention à nous, puis il faut se donner
une chance pour pas que ça
chire, puis qu'on
fonce dans un mur. Mais moi, quand
j'ai décidé que oui, on va travailler,
j'y allais
de bonne foi. Parce que je voulais pas
arriver à la fin puis me dire, ça a a chié mais j'ai pas tout fait
ce que j'aurais pu
dans ma carrière c'est la même chose
je me dis
il faut que mon show
je le travaille le plus possible
moi je suis devenu un peu maniaque
sur les mots, sur les phrases
je coupe, je réécris, je retravaille
je suis rendu quelqu'un d'extrêmement
méticuleux sur mon écriture.
Ce que je n'étais pas au début.
Mais c'est parce que si on critique mon show,
il faut que moi, je sois en paix avec mon show.
Toi, tu vas assumer.
Je vais assumer tout ce que je dis sur scène.
Parce que si quelqu'un dit que je n'ai pas aimé ton show,
ça ne m'affectera pas. Je vais dire que tu as le droit.
Moi, je sais ce que j'ai fait pour ce show-là.
Je sais que j'ai tout fait.
Je suis très en paix avec le show. C'est ça. Oui, c'est plus facile d'accepter quand tu es en fait pour ce show-là. Je sais que j'ai tout fait. Je suis très en paix.
C'est plus facile d'accepter
quand tu es en paix avec toi-même.
Les gens t'atteignent moins quand toi, tu le sais.
C'est quand tu n'es pas sûr de toi
que les autres vont t'affecter plus.
Quand tu es vraiment convaincu
de ce que les autres pensent,
ça te rebondit
comme sur une armure.
C'est une grande leçon de vie que tu viens de dire.
Ah bien, écoute, j'apprends à vivre encore.
Oui, mais c'est important, ça.
Quand on assume pleinement
qu'est-ce qu'on fait, qui on est,
on est intouchable à quelque part.
En fait, c'est pas n'importe qui
qui peut venir toucher notre vulnérabilité
parce qu'on est solide.
C'est quand on doute qu'on est facile à être perturbé.
C'est ce que tu dis.
On est très touché par la critique,
par les gens qui nous aiment pas,
les gens qui nous écrivent.
Les gens ont accès à nous plus que jamais.
Moi, j'ai jamais eu accès aux artistes.
Quand on était jeunes, t'écrivais à un artiste
parce que t'étais dans son fan club,
t'y envoyais une lettre,
pis t'avais jamais de réponse.
Aujourd'hui, les gens nous écrivent,
on reçoit leur message direct.
En temps réel, parce que
ça se peut que t'aies une notification, puis la personne,
tu réponds, vous m'avez déjà répondu?
Ça fait 32 secondes qu'elle a envoyé le message,
mais ça donne que là, moi, ça m'interpelle.
Mais ça fait en sorte que
tous ceux qui nous aiment pas, on les reçoit
aussi très rapidement.
Mais moi, je leur réponds aussi des fois.
Je réponds à peu près jamais.
Des fois, ça me tente.
Des fois, je fais un petit peu, ça ne me tente pas
de lire ça, donc je vous réponds.
Des fois, ça fait du bien.
Des fois, ça fait du bien, c'est ça.
Il y a des soirées de même.
Il y a des fois où je pense que ça peut valoir la peine
de répondre, puis il y a des fois où je fais,
non, non, ça ne servirait absolument à rien.
Mais si, mettons, quelqu'un me dit,
ah oui, tu as dit telle affaire,
mais pourtant, tu fais telle chose. »
Bien, moi, je suis très en paix avec ça.
Je considère pas qu'il y a une contradiction.
Toi, tu vois une contradiction, pas moi.
Fait que moi, je suis complètement
en paix. J'ai dit telle affaire, mais
pourtant, je fais telle affaire. Bien, moi,
toi, tu vois une contradiction. Moi, j'en vois pas une.
Moi, je trouve que ça va très bien ensemble.
On a juste pas la même opinion là-dessus, je suis en paix
avec ce que je dis et ce que je fais
fait que vois, tu sais je sais que quand je dis
de quoi, je suis sincère, je dis pas que
j'ai raison, peut-être que je me trompe
la question c'est pour être bien avec
moi-même, je dois être vrai
être sincère, dire ce que je pense
pas tout dire, mais dire l'essentiel
non parce que tout dire ce qu'on pense c'est juste être désagréable
on peut faire de l'abstraction mentale dans le sens que t'es pas obligé de tout dire, mais dire l'essentiel. Non, parce que tout dire ce qu'on pense, c'est juste être désagréable. On peut faire de l'abstraction mentale.
Dans le sens que t'es pas obligé de tout dire,
parce que sinon, ça peut devenir malaisant aussi
de tout dire. Non, il y a des gens
qui disent, moi je suis honnête, moi je suis franc,
mais ils sont juste désagréables.
Ça, ça arrive, on en connaît.
Mais je trouve, quand même,
j'avais pas réalisé tout le travail
que t'as fait sur toi.
J'aime ça t'entendre.
Ah, je travaille sur moi, t'as pas idée.
Oui, mais on va continuer.
Mais là, c'est beau d'entendre ça.
La vie devrait être ça.
On devrait travailler sur nous toute notre vie.
Mais t'aurais pas été une éternelle victime frustrée.
Ah non, c'est ça.
Tu l'avais, ce piton-là.
J'haïs l'attitude de victime.
Des fois, je me sens mal de dire ça
parce que je sais qu'il y a des gens qui sont des victimes. Tu comprends? Mais quand je dis que j'aime pas l'attitude victime, je me sens Puis des fois, je me sens mal de dire ça parce que je sais qu'il y a des gens qui sont des victimes, tu sais, tu comprends?
Mais quand je dis « j'aime pas l'attitude victime »,
je me sens mal des fois de dire ça
parce qu'il y a des gens qui sont des victimes.
Ah oui, mais il y en a qui sont des vraies victimes.
C'est ça. Mais là, de faire la nuance
« non, non, mais là, attention, je parle pas de vous autres,
je parle de... » Non, non, non.
Je m'abstiens un peu d'en parler,
mais moi, j'essaie de...
T'aurais peut-être un cas lourd,
le malheureux dans le coin qui n'est jamais content.
C'est ça, exactement.
Finalement, quand tu es de même, tu n'attires plus rien
parce que tu es tout le temps de même.
Je ne suis pas un gars
qui tripe sur l'ésotérisme zéro.
Je ne crois pas aux énergies
et aux ondes, mais je crois
que tu dégages quelque chose.
Quand quelqu'un est négatif,
on le sent. Puis t'as pas le goût de travailler
avec quelqu'un qui est négatif.
Je ne pourrais jamais faire un gag sur...
Je pense que...
J'ai envie de penser qu'il y a rien
sur lesquels je pourrais pas faire un gag.
Ça dépendrait...
Ça dépend toujours du gag.
Je pourrais prendre le sujet le plus éveil.
Si je trouve une façon de le faire, je vais le faire.
Mais je ne me mets pas ce défi-là.
Je ne me dis pas qu'il faut absolument que je fasse un gag sur l'Holocauste
juste par défi personnel.
Mais si je trouve un bon gag sur l'Holocauste
et que ce n'est pas un gag raciste
et que ce n'est pas un gag qui banalise l'événement,
je ne m'empêcherais pas de le faire. Est-ce que ça t'est déjà arrivé de faire un gag raciste, puis que c'est pas un gag qui banalise l'événement, je m'empêcherais pas
de le faire.
Est-ce que ça t'est déjà arrivé de faire un gag
et ça, ça passe pas?
J'ai sûrement fait des gags
dont je me souviens pas, mais je suis sûr que j'en ai fait.
Tu sais, j'ai fait Piment Fort, moi.
Mais quand j'ai fait Piment Fort
puis que j'ai été rentré dans la gang
de réguliers, le scandale
était déjà passé,
la sortie de Daniel Pinard à l'époque.
Fait que quand je suis arrivé dans Piment fort puis que je l'ai fait régulièrement,
c'était pas mal déjà plus sweet.
On faisait bien attention,
mais on faisait quand même des gags,
des gags trop faciles probablement.
Ça, ça t'a-tu déjà dérangé de dire
je vais rencontrer ce monde-là après?
Oui, mais quand tu le fais, tu n'y penses pas tellement.
Surtout, il y a des gens que je n'ai jamais rencontrés.
Des fois, je suis étonné de rencontrer des gens.
J'avais fait un gag dans un gala, juste pour rire,
sur André Pratt, éditorialiste en chef à la presse.
J'ai fait une toune sur André Pratt,
qui était assez
méchante. Je l'assume
pleinement, mais
j'ai quand même, à un moment donné, croisé
André Pratt dans un restaurant
puis j'espérais
qu'il ne vienne pas me voir pour me dire
« Monsieur Paquin, me reconnaissez-vous?
Je suis André Pratt. »
Mais moi, je considère
que quelqu'un qui écrit dans un journal
et qui a la prétention de dire aux gens
« Voilà, je vous invite à voter pour un tel »,
c'est quelqu'un qui prend
énormément de responsabilités
dans l'espace public.
On a le droit de se moquer de cette personne-là
au même titre qu'on peut se moquer
des politiciens, mais c'est vrai que
j'avais pas mâché mes mots dans cette chanson-là, que je trouve encore très drôle.
Mais en même temps, c'est que,
tu sais, quand tu le croises,
là, c'est comme si tu te rencentres de la télé
puis t'arrives avec la vraie personne.
Bien, c'est là que tu réalises que dans la vie,
il faut assumer, il faut assumer ce qu'on dit.
Je fais pas beaucoup de name-dropping en humour
parce que je trouve que c'est souvent trop facile.
Mais quand je le fais,
je le fais un peu dans mon show,
mais je le fais pour des gens
que j'aime bien.
Ça me fait rire d'envoyer...
Tu sais, j'ai un gag où j'envoie promener Patrice Bélanger.
Mais Patrice, on est chum.
Tu l'envoies pas pour vrai.
Non, c'est pas pour vrai, mais tu sais, je parle des gens qui sont trop
de bonne humeur, puis le punch,
je finis quand même en disant
ta gueule, Patrice Bélanger.
Ça me fait rire de dire ça, mais
je pense que lui trouverait
le gag drôle aussi.
– Moi, André-Arthur, feu André-Arthur,
il m'a planté souvent sur les zones
à Québec, mais vraiment, parce que
c'est parti du fait qu'on a fait de la politique.
– Lui, il y avait des têtes de turc,
il prenait quelqu'un, puis il lâchait pas.
– Moi, il y a des gens qui m'envoyaient
un bout qui avait dit sur moi
« Faut-tu le poursuivre? »
Je ne l'écoutais même pas parce que je savais
que ça allait peut-être m'atteindre.
C'était sur mon physique.
On est assez vulnérable quand on est attaqué
sur son physique.
En même temps, tu te dis « Mon Dieu, c'est bas.
Mon Dieu, ce n'est pas d'argument. »
Un jour, je m'en vais à la radio où il travaille
pour faire une entrevue avec quelqu'un d'autre.
Il est devant moi.
On rentre dans l'ascenseur. Je dis bonjour.
Est-ce que vous me reconnaissez? Il me dit qui, toi?
Je dis Marie-Claude Barrette. Vous m'avez
ridiculisé, mais d'une façon incroyable.
J'ai toujours tout
caché ça pour être sûre que mes enfants ne vous écoutent
jamais, qu'ils n'entendent jamais. Écoute,
on est sortis de l'ascenseur. Il courait. Il est rentré
par une porte avec la carte
magnétisée, je l'ai perdu, il a jamais
été capable de me regarder.
Il regardait à terre.
J'étais là, hey, regarde-moi dans les yeux.
Je pense que quand on est capable de dire
ce que tu as dit sur moi, il a jamais été capable.
Je l'ai trouvé d'une faiblesse
à ce moment-là. C'est pas des gens très courageux.
Je trouvais que c'était... C'est pas des gens très courageux.
Non, absolument pas.
Je ne veux pas dire que j'étais déçue de ça,
mais je me disais,
quand tu oses dire quelque chose comme ça,
au moins, assume.
Assume.
Ce n'est pas capable de me regarder d'un ascenseur.
Écoute, il avait de l'air...
En fait, je trouvais qu'il faisait pitié.
Je me suis dit, cet homme-là est petit.
Tu comprends?
Il est petit.
Il a besoin d'un micro pour planter les autres, mais quand il y a l'autre d'en face, il s-là est petit. Tu comprends? Il est petit. Il a besoin d'un micro pour
planter les autres, mais quand il y a l'autre
en face, il s'écrase.
Moi, ce que j'ai compris à un moment donné aussi, c'est que
les gens qui disent des choses sur toi,
sur toi ou sur moi,
souvent,
ça ne dit absolument rien sur toi.
Mais non. Ça dit quelque chose sur eux.
Mais moi, il y a quelque chose...
C'est là que ça a arrêté de m'atteindre.
Je le dis maintenant.
Moi, quelqu'un qui m'écrit pour m'insulter,
ça me touche zéro.
Parce que j'ai compris
que ce que le gars dit sur moi
ne dit absolument rien sur moi.
Ça dit juste sur lui.
Ça me dit que c'est une personne
qui écrit aux gens pour les insulter.
Donc, je ne peux pas accorder de l'importance à son opinion
J'accorde pas d'importance à ça
Quand il t'attaque comme moi
C'était sur mon physique
Parce que on apprend-tu vraiment de quoi
Ce que tu dis
Tout le monde l'a vu
C'est quelque chose qui est pas hypocrite dans la vie
C'est notre physique
C'est parce que quand bien même tu me traiterais de gros
Je me vois dans le miroir
Que tu me dises que je suis gros,
tu me dirais que tu es super mince.
Tu me dirais ce que tu veux.
Je le sais combien je pèse.
Je sais de quoi j'ai l'air.
C'est tellement facile.
Oui, mais il y a des gens qui savent qu'ils sont gros
que quand on les traite de gros,
ils sont blessés et je ne les juge pas.
Je comprends, mais moi, ça me touche plus.
Je m'en sacre, vraiment.
Puis je suis tellement heureux de ça.
T'es-tu désensibilisé à ça?
Bien, peut-être un peu, mais...
Tu sais, dans la vie, il y a des gens
à qui on accorde une certaine importance.
Tu sais, si...
Je veux pas me faire
me vanter, mais tu sais, j'ai fait mon show,
Yvon Deschamps était dans la salle, pis Yvon Deschamps me faisait des compliments
sur mon show, pis il trouvait que mon show
était bon, pis tu sais, il me fait...
Pis là, je dis, c'est sûr qu'Yvon Deschamps
qui me dit que mon show est bon,
je bois ses paroles, tu sais,
mais si quelqu'un que je connais pas m'écrit
pour me dire que je pourris,
mais je m'en contre-cris, tu sais, c'est pas important.
Pas que l'opinion des gens
ordinaires est pas importante, mais si tu m'aimes pas, pis que tu prends la peine de m'écrire important. Pas que l'opinion des gens ordinaires
est pas importante, mais si tu m'aimes pas
et que tu prends la peine de m'écrire pour me dire
que tu m'aimes pas, ça veut dire que t'es pas
quelqu'un qui a une valeur, à mes yeux.
Oui, puis tu peux dire, change de poste.
Moi, c'est ce que, quand les gens
m'ont écrit souvent, en fait, j'ai pas eu tant
de commentaires
si élevés, mais quand c'est arrivé,
j'ai dit, oui, mais vous êtes, moi, je dis toujours, c'était souvent des dames qui me reprochaient plein d'aff arrivé, j'ai dit, oui, mais vous êtes... Moi, je dis toujours à...
C'était souvent des dames qui me reprochaient plein d'affaires.
J'ai dit, mais, hey, faites-vous pas ce supplice-là,
s'il vous plaît. J'en vaux pas la peine.
Changez de poste.
Des commentaires sur le physique de gens
quand tu regardes la photo.
Si tu me trouves laide, grosse, pis ça, mais regarde,
arrête ça, là. Moi, je changerais pas.
Moi, être laide et grosse à tes yeux, encore demain,
je change de poste.
Il faut se protéger de ça parce que ces gens-là,
quand on leur répond,
moi, je leur réponds quand même toujours poliment.
Je finis toujours par « Merci quand même de me suivre. »
Habituellement, j'ai toujours des commentaires.
« Moi, je vais peut-être aller trop loin. »
Il y a comme un dialogue des fois.
C'est de m'interdire d'ouvrir un dialogue.
« Est-ce que vous savezce que ça pourrait me faire?
Pourquoi vous me dites ça? Pourquoi je mérite ça,
moi, de me faire traiter?
Pourquoi je vous déplais à ce point?
Tu sais, t'as d'ailleurs, t'as eu une chose, déplaire,
mais changez de poste, tu sais.
Nous autres, on a le droit d'être comme vous avez le droit d'être,
mais maintenant, il faut cohabiter ensemble,
mais on n'est pas obligés d'habiter dans la même maison.
C'est ça. Moi, je réponds presque plus.
Une fois,
j'ai répondu à une madame. J'ai juste écrit
« Ben, va chier, madame. »
J'ai juste écrit ça.
Tu n'as pas eu de réponse, j'imagine, après?
Non, non. Soit les gens ne te répondent pas.
Mais là, ça, c'est assez...
Je ne savais pas quoi répondre d'autre.
Ce n'était que du commentaire
désobligeant, mais
de quelqu'un qui doit s'imaginer
qu'elle n'a pas de compte à rendre.
C'est tout ce qui passe par la tête.
C'était genre...
Puis que tu ne liras pas nécessairement.
Vous avez l'air d'un itinérant
parce que vous ne vous faites pas la barbe.
Puis je me suis fait...
Bien, va chier, madame.
Ça a été juste ça.
Bien, monsieur, est-ce que vous voulez piger,
passer, entendre trois cartes?
On prend-tu trop de temps sur les cartes, là?
Je réponds-tu trop longuement?
Ben non, t'es...
Dis-moi l'ail, là.
C'est toi le boss. Tu fais ce que tu veux.
Fait que là, j'en choisis trois au hasard.
Je trouvais qu'avec ta barbe, t'avais l'air d'un itinérant,
mais tu sais, je savais pas comment te le dire.
Ben oui, mais c'est ça.
Ça dépend de comment tu vois les itinérants.
Tu vois, moi, je considère que c'est des gens
qui méritent de l'amour autant que tous les autres êtres humains.
Est-ce que tu donnes de l'argent aux itinérants quand tu en croises?
Oui, j'ai un pote dans mon char qui est pour ça.
Je ramasse mon change dans mes poches
plutôt que d'accumuler une motte de change de même
qui me fait une bosse dans mes jeans.
Je mets ça dans un petit pote que je mets dans mon char.
Puis au coin de rue, quand j'ai le temps, évidemment, je ne ferais pas,
je ne prendrais pas le risque de freiner, puis de me faire
rentrer dans le derrière, mais
oui, je donne.
Moi, je suis comme toi, dès que j'arrête une lumière, puis il y a quelqu'un,
j'ai toujours mon... Tu sais, pendant la pandémie,
c'est là que j'avais peur de baisser ma fenêtre,
puis en même temps, parce que j'avais peur d'être contaminée,
puis en même temps, c'est là qu'il y en avait le plus de besoin.
Mais tu vois, ça revient, tu vois, tout est dans tout.
Là, on revient à ce que je disais au début.
Moi, quand je ne peux pas donner à quelqu'un,
je me sens très en paix de ne pas donner.
Parce que je sais que quand je peux, que j'ai le temps
et que j'ai de l'argent, j'en donne.
Quand je n'en ai pas, je ne me sens pas mal
de dire, tu sais, désolé,
je n'en ai pas.
Mais pendant la pandémie, je ne baissais pas ma fenêtre.
Parce que c'est quand même souffrant
de voir qu'il y a ça dans notre société,
des gens qui sont sans domicile fixe,
sans rue, tu sais. Fait que quand on peut
donner... — Ah, puis des fois, c'est juste
avoir un contact humain avec des gens qui, peut-être,
en ont pas tant que ça.
Il y en a qui en ont. Il y en a qui, si tu le vois,
ils ont de l'entregent. Il y en a qui sont sympathiques,
ils vont te jaser. Puis quand la lumière devient verte,
tu te dis « Excuse-moi, là, je suis obligé de partir. »
Mais il y a des gens avec qui on pourrait jaser plus longuement.
Puis il y en a qui ne s'en vont pas bien pantoute.
Fait que, tu sais, juste de voir une face
qui sourit, tu sais, moi, je donne...
Je vais donner une pièce, mettons.
Puis quand il part, il me dit, merci beaucoup,
bonne journée. Je fais, bonne journée. Je ne sais pas pourquoi,
j'ai développé le réflexe, je fais un signe de peace
à quelqu'un, tu sais.
Je trouve que c'est un beau geste.
Je lui dis, bonne journée à toi, tu sais, puis
on se sent bien après ça, tu sais.
On a fait peut-être une différence, tu sais, peut-être
que dans sa vie, dans sa journée. On sait jamais à quel point.
Puis je me dis... En même temps, c'est pas de nos affaires.
Il faut pas se donner l'objectif de faire
une différence parce que c'est ça souvent qui fait que les gens
te donnent pas. Ils se disent, penses-tu que ça va changer
sa vie que je donne une pièce? Fait que les gens te donnent pas.
Oui, parce que si tu parles à des itinérants, ils vont te dire, moi, j'ai fait souvent des entrevues, puis ils vont te dire, bien, tu sais, ça va changer sa vie que je donne une pièce? Oui, parce que souvent, les itinérants vont te dire,
moi, j'ai fait souvent des entrevues,
puis ils vont te dire,
bien, tu sais, ça m'a peut-être permis de manger.
Ça a peut-être permis aussi de s'acheter un speed.
C'est dans le sens qu'il ne faut pas juger,
parce que là, on ne donnerait plus.
Mais en même temps, lui, ça a changé quelque chose.
C'est ça.
Tu es prêt à répondre?
Je t'écoute.
Je te lis les trois autres questions.
On est dans les jaunes, c'est ça?
On est dans les jaunes. Donc,est ça? On est dans les jaunes.
Donc, c'est un petit peu plus personnel.
Bien, supposez.
On va voir.
Parce que là, tu as quand même commencé personnel.
Je trouve que je suis allée personnelle en tabarnouette.
Je trouve que...
Ça va.
Je ne sais pas ce que tu vas dire plus tard.
Oh my God!
À quel moment de ta vie as-tu dû te tenir debout?
OK.
Jusqu'à présent, quel est le plus grand défi
que tu as surmonté dans ta vie?
Ah, OK.
Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents
et qui t'a manqué?
Ah!
Qu'est-ce que j'ai pas reçu de mes parents et qui m'a manqué?
J'ai l'impression que c'est la question
sur laquelle j'aurais le plus de choses à te dire.
Est-ce que tu l'as choisie?
Bien, je vais la choisir, parce que maintenant que j'ai dit ça,
si j'en prends une autre, toi, tu vas prendre celle-là.
Bien, exactement, c'est ce que j'en allais dire.
Moi, je vais regarder.
Donc, on va y aller avec celle-là. Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents
et qui t'a manqué?
Moi, j'ai jamais...
Les mots
« je t'aime » n'ont jamais été prononcés dans ma maison
quand j'étais jeune.
Je ne sais pas si mon père ou ma mère
se disaient ça, par exemple. Peut-être
qu'entre eux, ils se le disaient.
Je ne me rappelle pas d'avoir entendu ça.
Je ne me rappelle pas de l'avoir dit à quelqu'un.
Je ne me rappelle pas qu'on me l'ait dit non plus.
Ça serait probablement une des affaires qui va m'avoir manqué le plus de mon enfance.
Puis moi, je suis de ceux qui pensent que les émotions, on doit les nommer.
Moi, là, ça ne me tente pas de me dire,
non, non, mais...
Il ne le disait pas, mais en quelque part,
on le savait.
Non, ce n'est pas toujours si clair que ça.
Tu es bien chanceux, toi, si tu le savais,
mais ce n'est pas tout le temps si clair que ça.
Il faut nommer les émotions.
Tu sais, je t'aime, ça ne fait pas mal à personne
de le dire, puis tu vois, moi, je ne l'ai jamais dit.
On ne me l'a jamais dit.
Puis quand mon père était à l'hôpital,
qu'il allait mourir, on ne le savait pas qu'il allait mourir
à ce moment-là, mais tu sais, il était branché de partout.
Pas capable de bouger, pas capable de parler.
Il avait les yeux, il était capable de nous regarder.
Je ne sais même pas s'il nous comprenait.
Mais même là, tu sais,
puis j'avais peur qu'il meure pareil, tu sais.
Puis j'étais même, même, j'avais le mot,il meure pareil. J'avais le mot.
J'avais envie de dire, je t'aime.
Ça n'a même pas jamais sorti.
Je me dis, comment ça fait que je n'ai pas été capable?
Il est mort.
Je n'ai jamais dit, je t'aime à mon père.
Comme si les mots étaient là.
Comme si c'était honteux de dire ça.
Comme si c'était...
Aujourd'hui, je le dis, moi, à mes enfants,
toi et Jo, des fois, je suis fatiguant tellement je le dis.
Est-ce que c'est un regret dans ta vie?
Ça, c'est possiblement mon plus grand regret,
de ne jamais avoir dit je t'aime à mon père avant qu'il meure.
On était à l'hôpital, puis mon père avait fait un AVC,
mais genre rupture d'un évresse, quelque chose de gros dans la tête,
qui avait été mal diagnostiqué,
ce qui fait que ça a pris 24 heures et plus
avant qu'on se dise qu'il y a peut-être de quoi
dans le cerveau qui ne va pas bien.
Les médecins avaient pensé qu'il faisait une indigestion
parce qu'il avait vomi pendant la nuit,
mais il avait vomi à cause du mal de tête effrayant
qu'il avait.
Ça a été long.
Lui, il était condamné.
On ne le savait pas, mais c'était sûr qu'il n'allait pas s'en sortir. Après coup, il était condamné. On ne le savait pas, mais
c'était sûr qu'il n'allait pas s'en sortir. Après coup,
les médecins ont dit
qu'il aurait été le légume.
Ça a été combien de temps entre l'accident?
Trois semaines. Il a été deux semaines
aux soins intensifs, une semaine
aux soins palliatifs. Il est mort
d'ennui à un moment donné d'une embolie
pulmonaire. Il avait fait des caillots dans les bras.
Ses vaisseaux sanguins étaient scrap. d'ennui à un moment donné d'une embolie pulmonaire. Il avait fait des caillots dans les bras. Tu sais,
ses vaisseaux sanguins étaient scrap.
Mon père...
Donc, tu savais que c'était le last call, là, pour lui dire
« Je t'aime ». À ce moment-là, je le savais pas.
Moi, je pensais encore
qu'il allait s'en sortir.
C'était pas...
Dans ma tête, c'était pas une option encore
qui meurt. Moi, c'était
« Il va revenir, puis il va être magané, puis on va être
patient, puis ça va peut-être revenir.
Mais s'il était revenu, il n'aurait pas...
Il ne serait jamais revenu
complètement, ça, c'est sûr.
Ultimement, c'est peut-être mieux pour lui
qui a été mort.
C'était peut-être mieux ça qu'il meurt.
Mais à l'époque, moi, c'était pas encore
dans ma tête une option.
T'avais quel âge? 21.
C'est jeune pour perdre son père. C'est très jeune.
Mon père avait 49 ans.
Il y avait...
Je parle de ça dans mon show, c'est drôle à dire,
c'est un peu dark, mais dans mon spectacle,
ça l'est pas, évidemment.
Mais j'explique que je suis rendu plus vieux que mon père
quand il est mort. J'ai dépassé mon père.
C'est important dans ta vie, ça?
Bien oui, en fait, mon père,
évidemment, sans le savoir,
il a installé un deadline dans la vie
de tout le monde. Tout le monde dans ma famille
qui a dépassé 50 ans
a fait « Ah, Colin, j'ai dépassé Doris. »
Mon père s'appelait Doris.
Moi, le jour de mes 50 ans, je me suis levé.
C'est la première chose qui m'est venue dans la tête.
Je vais dépasser Doris.
Ça change quoi, ça? C'est juste un drôle de constat. C'est peut-être qui m'est venue en tête. Je vais dépasser Doris. Ça change quoi, ça?
C'est juste un drôle de constat.
C'est peut-être pour ça aussi que moi,
la cinquantaine ne m'a pas fait mal.
Peut-être que tu l'espérais à quelque part.
Moi, dans la dernière année,
avant d'avoir 50 ans,
je me méfiais
de chacun de mes maux de tête.
J'avais mal à la tête.
Je pensais à mon père.
Pendant toute
mon année de 49 ans.
Toute mon année de 49 ans.
Il est très présent.
Bien, ça fait 30 ans qu'il est mort.
J'en parle encore dans mes spectacles.
Puis dans mon spectacle que je fais présentement,
j'en parle un peu. J'ai jamais
voulu parler de mon père pour faire brailler
le monde, comme des fois, beaucoup d'humoristes
ont fait ça, puis je condamne pas ça.
Je critique pas ça. Moi, ça me tente
pas de faire un numéro sur mon père
pour que les gens pleurent en sortant,
puis qu'ils disent « Ah, Laurent, il m'a ému aussi. »
Tu sais, je pense que je peux toucher les gens quand même. Il y a des gens qui m'ant et qu'ils disent « Ah, Laurent, il m'a ému aussi. » Je pense que je peux toucher les gens quand même.
Il y a des gens qui m'ont dit qu'ils avaient trouvé ça touchant
ce que je dis sur mon père,
mais mon but à moi, c'est de faire rire avec ça.
Mais j'en parle.
C'est parce que je sens
que mon père, je n'ai pas eu le temps
d'y rendre justice de son vivant.
Je ne pense pas que j'ai donné tout le crédit
qu'il méritait de son vivant.
Je le fais un peu plus maintenant. Maintenant qu'il est mort.
Qu'est-ce que tu aurais à lui dire aujourd'hui si tu avais...
Eh boy! Tant de choses. Tant de choses.
Ça va être plus dur de parler.
Je t'aime, j'imagine.
En partant.
En fait, je pense que je...
Mon père est mort au moment où je sortais de l'adolescence.
J'avais 21 ans.
On va dire que t'es ado jusqu'à 16-17 ans,
mais je considère que tu restes ado dans ta tête longtemps. J'ai l'impression d'être encore ado par bout. Mais 21 ans, c'est quand tu deviens adulte, tu comm être indépendant. Tu veux être en appart indépendant, autonome puis brossé, mais tu veux quand même
que tes parents t'aident financièrement.
Puis tu veux repartir de la maison avec des pots
de sauce à spagat dans des pots de margarine.
Puis bon, tu sais, tu veux...
Tu sais, tu n'es pas si autonome que ça,
mais bref, tu sais, tu veux te détacher de tes parents.
Puis tes parents, ce n'est pas du monde cool.
Puis quand je suis arrivé dans le début 20 ans,
puis que mon père...
Je recommençais à avoir l'impression que mon père était quelqu'un digne d'intérêt, tu sais. Puis dans ma tête à moi, mon père est mort au moment où, fuck, il s'en venait des belles choses, là, dans ma relation en adulte, prendre une bière avec, prendre des vacances avec,
je sais pas, moi,
je voyais ça venir,
avant qu'il meure, je voyais déjà
un changement dans ma vision de mon père.
Je trouvais que mon père était souvent
plus compréhensif que
je pensais qu'il était.
Quand t'es jeune, t'as peur de ton père. Mon père, c'était la grosse voix
aussi, puis chez nous, on a été
élevés avec les taloches, tu sais, fait que
j'avais peur de ma mère, j'avais peur de mon père. Mon père, c'était la grosse voix aussi. Puis chez nous, on a été élevés avec les taloches. Tu sais, ça fait que j'avais peur de ma mère,
j'avais peur de mon père. Mais mon père,
avec les années, j'ai réalisé
qu'il était beaucoup plus ouvert
d'esprit, ouvert à comprendre
ce que tu voulais dire aussi.
Puis au moment où
j'étais en train de découvrir ça,
ça a coupé là,
tu sais, comme
une émission
qui est finie sur un cliffhanger, puis tu apprends
pendant l'été que l'émission ne revient pas l'année d'après,
puis tu fais « fuck, je ne connaîtrai
jamais la suite, qu'est-ce qui est arrivé?
Le gars était sur le bord d'un précipice,
puis là, tu ne sais pas s'il meurt, tu sais, tu comprends?
Je me sentais un peu comme ça.
Tu étais débranché.
Oui, on a cancellé la série
avant de savoir ce qui arrive.
Tu dis tantôt qu'on t'a jamais dit
« je t'aime » quand t'étais jeune.
Est-ce que tu te souviens la première fois
que quelqu'un t'a dit « je t'aime »?
Je sais pas c'est quand.
Je pense pas que ça m'ait marqué cette fois-là.
Je sais pas si c'est une petite blonde que j'ai eue
quand j'avais 12 ans.
Et à quel moment tu y as cru quand quelqu'un te l'a dit?
Je pense pas avoir été quelqu'un
qui a eu de la misère à croire à ça, par exemple.
OK.
Je sais pas.
Je me rappelle pas de l'avoir entendu
puis de pas y avoir cru.
Est-ce que ça t'a fait du bien de l'entendre?
Écoute, c'est... J'essaie de voir. Je me rappelle pas la première fois. Fait que je sais pas l'effet que ça t'a fait du bien de l'entendre? écoute j'essaie de voir, je me rappelle pas
la première fois, je sais pas l'effet que ça m'a fait
faut croire que
j'ai
je le sais pas
je pense que ça a dû me faire
du bien, mais moi je pense aussi
que quand j'ai commencé à avoir des blondes,
moi, je n'étais pas quelqu'un qui avait confiance en lui.
Je pense que j'étais quelqu'un qui était très
accroché, pas dépendant,
mais quasiment.
J'ai une blonde,
tu sais, moi,
il faut que...
J'ai dû accorder peut-être trop d'importance
à ces mots-là, des fois,
qu'on dit de façon banale.
Mais, tu vois,
je ne vais pas me souvenir que ça m'a...
Ça m'a manqué,
mais peut-être pas tant que je pense.
Mais en même temps, tu l'as réparé
dans le sens que...
Dans ta famille, vous vous dites
« je t'aime ». Avec tes enfants,
ta blonde, tu as écrit
une série qui s'appelle « Je t'aime ». Dans chaque sketch, il fallait qu'un des deux personnages dise « je t'aime. Avec tes enfants, ta blonde, tu as écrit une série qui s'appelle Je t'aime.
Dans chaque sketch, il fallait qu'un des deux
personnages dise Je t'aime.
C'était ce que je m'étais donné
comme défi. Ça part de là, tu penses?
Peut-être, peut-être là, mais je trouve que c'est
des beaux mots, Je t'aime.
Ça m'énerve beaucoup les gens qui disent
il ne faut pas trop le dire.
Il y a une madame qui m'avait écrit
pour me dire la série est bonne, mais trop de « je t'aime »,
à un moment donné, ça ne veut plus rien dire.
Je dis que si c'est sincère, ça veut toujours dire de quoi.
Si toi, quand tu dis « je t'aime », ça ne veut rien dire,
c'est parce que tu ne le penses pas.
Ce n'est pas mon problème.
Ce n'est pas le problème de la série.
Dans la série, chaque fois qu'un personnage dit « je t'aime »,
il pense et il est sincère.
Ce n'est pas vrai que ça ne veut plus rien dire.
C'est très beau, effectivement.
À quel moment de ta vie
as-tu dû te tenir debout?
Quelquefois, dans la vie,
j'ai pas en tête
un moment précis.
J'ai juste en tête que dans la vie,
j'ai décidé que je me
laisserais pas écoeurer.
Des fois, je ne me laisserais jamais impressionner par des gens de pouvoir.
J'ai l'impression que ce n'est pas un moment précis, mais c'est dans ma carrière en entier.
Je ne ferais pas exprès pour faire chier quelqu'un de puissant, mais je veux dire,
dans ma tête à moi,
il faut que je sois
encore vrai et authentique,
même si la personne qui est devant moi, c'est quelqu'un
qui peut me nuire sérieusement
dans ma carrière.
J'ai l'impression de...
J'ai l'impression que je me tiens
debout dans la vie en général,
en étant vrai.
Ce besoin d'être vrai, ou en fait j'ai l'impression que je me tiens debout dans la vie en général en étant vrai. Mais ce besoin
d'être vrai ou en fait
de toujours être toi-même,
peu importe devant qui, dans quelles circonstances.
Le plus possible.
Est-ce que tu as déjà été pas vrai?
Pas vrai,
je n'irais peut-être pas jusqu'à dire pas vrai,
mais
beaucoup préoccupé par l'idée
de déplaire,
la peur de déplaire.
Ce qui fait qu'en quelque part, je devais souvent être pas vrai.
Tu t'adaptais trop à ce que tu étais un peu caméléon.
Oui, probablement.
Plus caméléon que pas vrai.
Caméléon aussi, c'est que
je m'empêchais.
Je ne disais pas des choses.
Je ne faisais pas certaines choses
parce que je ne voulais pas déranger quelqu'un
puis ça pouvait être n'importe qui
ça pouvait être
mon père ou les critiques
ou ma mère ou mes amis
puis dans mon métier ça a été mon gérant
les critiques
ma productrice, mon producteur
puis à un moment donné
tu fais,
bien là, il faudrait peut-être
que j'aille du fun
puis que je sois heureux de ce que je dis
puis que je me fasse un peu confiance.
Puis des fois aussi,
on peut avoir le feeling
que tu ne veux pas déplaire à personne
puis les gens peuvent te voir
aussi comme quelqu'un de plus faible.
Puis ça, ça ne me tentait pas d'être regardé de haut. Ça ne me tentait pas d'être vu comme quelqu'un de plus faible aussi. Puis ça, ça me tentait pas d'être regardé de haut.
Ça me tentait pas d'être vu comme quelqu'un de faible.
Tu voulais t'affirmer.
Je voulais m'affirmer, mais pas en étant tough,
en étant juste vrai.
Je joue pas la game du gars inébranlable.
Tu sais, si je suis fragile, je vais le dire.
Si je suis pas sûr de quelque chose, je vais le dire.
Quand je connais rien sur un thème, je le dis.
Mais si je de quelque chose, je vais le dire. Quand je ne connais rien sur un thème, je le dis. Mais si je veux
quelque chose, je ne vais pas dire
peut-être que je pourrais faire
un petit compromis
là-dessus.
Je peux peut-être m'oublier un peu
là-dedans. Non, non, non.
As-tu l'impression que dans ton signe de boue,
quand on s'affirme que le regard
des autres sur nous change.
Oui, souvent pour le mieux.
Quand on a peur de déranger
puis de déplaire,
c'est étonnant, c'est qu'après, quand on s'en sac
un peu plus, les gens nous respectent plus.
Puis,
c'est pas un mal en soi, c'est peut-être juste normal.
Les gens voient soudainement quelqu'un de beaucoup plus vrai.
Les gens,
je pense que ça se sent aussi. Moi,
j'ai le feeling que la vibe,
entre guillemets, autour de moi est meilleure
qu'elle n'a jamais été.
T'es dans une belle période de ta vie, là?
Je pense que oui. Je pense que je suis dans
une des périodes aussi
où je prends
conscience de la chance
que j'ai de faire ce que je fais et d'avoir ce que j'ai
au lieu de me demander ce que je pourrais avoir de plus.
Ton verre s'en vient à moitié plein.
Oui, ou juste j'ai un verre.
Quand il ne sera plus plein, je le remplirai.
Ça sera ça, mon affaire.
Parce que ce côté-là, pour toi,
qui est peut-être plus difficile des fois
d'avoir accès au bonheur,
tu...
t'es en train de t'éloigner de ça.
C'est-à-dire que ton bonheur est de plus en plus accessible.
Je me suis...
Je peux facilement
être plaignant, puis...
Hé!
On vient de l'entendre, ça, hein?
Si on voulait être subtil, c'est raté.
Parlant de verre à moitié plein, je vais me...
Tu vas te le remplir.
Je me permets ça devant toi.
Mais c'est parce que Laurent...
On est dans un podcast, on fait ce qu'on veut.
Mais c'est parce que moi, j'en connais beaucoup de gens.
Je trouve qu'il y en a beaucoup de gens pour qui...
qui ne le nomment pas.
Ils ne sont pas en train de dire à moi,
je n'ai pas le bonheur facile, mais...
Quand on les écoute, c'est OK, mais avec tout ce que tu as,
puis quand je t'écoute, on dirait que ça ne va pas ensemble. C'est parce qu'on dirait que tu n'ai pas le bonheur facile, mais quand on les écoute, c'est OK, mais avec tout ce que tu as, puis quand je t'écoute, on dirait que
ça ne va pas ensemble. C'est parce qu'on dirait
que tu n'as rien. En même temps, tu peux-tu t'arrêter
puis regarder ce que tu as fait
dans la vie, puis être fier?
Est-ce que tu es fier, toi, de ce que tu as fait?
Parce que tu as...
Parce qu'on ne peut même pas donner tous tes titres.
Tu as tout fait, Laurent Paquin.
Je veux dire, on dirait qu'il n'y a rien
à ton épreuve. Tu endosses quelque chose, Laurent Paquin. Je veux dire, on dirait qu'il y a rien à ton épreuve.
T'endosses quelque chose, tu y vas.
Oui, oui.
De quoi t'es le plus fier, mettons, quand tu regardes tout ça?
Ah, mon Dieu!
Ben, mettons,
si on pense carrière, de quoi je suis le plus fier,
je pense
que c'est mon attitude générale.
J'ai l'impression d'être quelqu'un,
d'être encore là, mais ça, c'est mon attitude générale. J'ai l'impression d'être quelqu'un... D'être encore là,
mais ça, c'est à cause de mon attitude.
Tout ce que je verrais de positif sur ce que je suis,
tout est une question d'attitude.
Si je suis encore là,
c'est parce que je pense que j'ai compris
quelle attitude je devais avoir.
J'ai l'impression d'avoir une bonne attitude
face à tout ce qui se fait,
tout ce qui se dit.
Je suis fier d'être l'impression d'avoir une bonne attitude face à tout ce qui se fait, tout ce qui se dit. Je suis fier d'être quelqu'un qui est encore curieux, quelqu'un qui a fait, je rôde mon cinquième One Man Show, mais j'ai encore l'impression que je peux m'améliorer, j'ai encore l'impression que je peux surprendre du monde. Je vois de la compétition chez d'autres humoristes,
mais au lieu d'être en maudit et de voir ça comme du négatif,
je vois ça comme une occasion de me dire
qu'il faut que je sois encore meilleur.
Il faut que je montre aux petits jeunes
que le vieux paquin est encore capable.
Mais moi, ce n'est pas négatif dans ma tête.
Ce n'est pas de la colère ou de l'amertume.
Tu as envie de montrer ton expérience à un moment donné.
Oui, il y a un petit côté. Je vais aller montrer
ma gang de cœur. Vous allez voir que je suis encore capable.
Je vois ça comme ça.
Moi, le succès des autres
aurait pu... Tu sais, quand on est plus jeune
et qu'on voit les autres nous dépasser
et qu'on se demande comment ça fait que lui, il arrive ça.
Je n'ai pas trop été touché par ça.
Je l'avoue.
Ça aurait pu.
Mes affaires ont quand même toujours été assez bien.
J'ai été chanceux.
Mais à un moment donné, c'est sûr que tu vois quelqu'un arriver
et tu te dis, « Ah, Colin, il a beaucoup de succès.
Comment se fait-il que lui a ça et moi, je n'ai pas eu ça? »
Ce que lui a eu, il ne te l'a pas enlevé.
Tu ne l'aurais peut-être pas eu anyway.
Il faut arrêter.
Je pense que le succès des autres,
du moment où tu es content du succès des autres,
tu as franchi une coche de plus.
Là, j'ai l'air du gars qui est parfait
et qui a tout compris de la vie.
Je ne te dis pas que ça marche tout le temps à 100 %.
Il va m'arriver des fois de me dire
que j'aurais mérité cet olivier-là.
Mais tu as le droit de penser à ça.
Tu travailles fort. Je pense qu'il y a des oliviers que j'aurais mérité et que je n-là. Mais tu as le droit de penser à ça. Tu travailles fort.
Je pense que des oliviers que j'aurais mérité
et que je n'ai pas gagné...
Lesquels?
Je ne veux pas les dire.
Mais tu comprends que la question, c'est
qu'est-ce que tu fais après avec ça?
Tu vas-tu passer ton année à dire
« Moi, je ne suis pas dans un clic.
Moi, on le sait bien.
Moi, je n'ai pas gagné. »
Tu fais ton métier.
Il y a 100 000 personnes qui ont payé
pour voir ton show.
C'est en soi...
Ça se peut-tu que tu aies un olivier, ça aussi? Ça vaut bien plus qu'un ol métier. Il y a 100 000 personnes qui ont payé pour voir ton show. C'est en soi... Ça se peut-tu que tu aies un Olivier, ça aussi?
Ça vaut bien plus qu'un Olivier.
J'ai fait mon show, ça va sonner bien cheesy,
mais j'ai fait mon show en Floride.
La première personne qui est venue me voir
et me faire un câlin, c'est ma fille.
Ma fille qui n'est pas une fille de câlin,
puis que là, elle m'a vu faire mon show
et elle s'est garochée sous moi et elle m'a fait un câlin.
Ça vaut tout, les Oliviers, elle m'a vu faire mon show puis elle s'est garrochée sous moi puis elle m'a fait un câlin. Ça vaut
tout, les Oliviers, tu sais, tu comprends-tu?
Fait que, puis c'est quétaine
de dire ça, puis je trouverais ça quétaine
si quelqu'un disait ça, probablement,
mais ça reste que c'est vrai, pareil.
À un moment donné,
je réalise la chance que j'ai.
C'est l'expérience humaine
qui t'allume.
L'expérience humaine, puis le désir réel d'être heureux.
Tu sais, il y a des gens qui ne veulent pas tant que ça, être heureux.
Moi, je crois qu'il y a beaucoup de gens,
personne ne va admettre qu'il ne veut pas être heureux, tu comprends,
mais moi, je pense qu'il y a des gens qui ne veulent pas tant que ça.
Parce qu'on aime ça avoir des problèmes.
On aime ça pouvoir dire...
« C'est pas facile aujourd'hui. »
C'est ça le syndrome
de Munchausen. Les gens
qui font tout pour qu'il leur arrive du mal,
comme ça, ils peuvent se plaindre.
Ils aiment ça quand les autres...
On aime les victimes aussi.
On aime les victimes. Les gens veulent se positionner
en victime. Se positionner en victime
aussi, ça te fait
souvent une excuse
pour ne pas réussir.
Ça t'évite de te remettre en question aussi.
Ah, c'est pas moi qui ai gagné.
Bon, bien, au lieu d'être une victime de ça,
je peux peut-être me dire,
bon, bien, pourquoi je n'ai pas gagné?
Tu n'es peut-être pas le meilleur.
Peut-être que l'autre qui a gagné
méritait plus que moi.
Pourquoi il faudrait que je me dise...
Pourquoi il faudrait que ce soit toi qui gagnes? Bien, c'est ça. Je n'aime pas l'att qui a gagné méritait plus que moi. Pourquoi faudrait que je me dise... Pourquoi faudrait que ce soit toi qui gagnes?
Bien, c'est ça.
J'aime pas l'attitude de victime.
Je le dis à mes enfants.
Quand mes enfants se plaignent,
« Pourquoi elle a fait ça?
Elle a dit ça! Pourquoi lui a dit ça? »
Je dis « Arrête! T'es pas une victime! »
Puis je suis content, ça leur rentre un peu dans la tête.
Je les ai entendus se dire ça entre eux.
« Arrête de faire la victime. »
Quand on est parent et que les enfants répètent entre eux
ce qu'on leur a dit, c'est bon.
Si tu joues, si tu es une victime à la maison
avec ton frère ou ta soeur,
qu'est-ce que ça va être plus tard?
Affirme-toi, sois fier de ce que tu es
et que tu n'es pas une victime.
Si tu es une victime, tu t'embrasses,
tu m'en donnes deux et tu réponds deux.
Il y en a moins.
Il y en a moins, c'est ça.
Je ne peux pas les lire pour les choisir.
C'est vraiment au hasard.
C'est pour ça que je te dis, c'est les cartes qui te décident.
Qu'est-ce que tu dirais à l'enfant
que tu étais, une chose que tu sais
aujourd'hui et que tu aurais
eu besoin de savoir?
Hé, ben,
mon Dieu!
T'es meilleur que tu penses.
T'es plus intéressant que tu penses.
Tu vaux la peine plus que tu penses.
T'es pas
aussi plate que tu penses.
Ça serait beaucoup les affaires de même.
Parce que moi, enfant,
mettons ado, quand je recule en arrière,
je remonte à l'adolescence.
Moi, je ne sais pas ce qui s'est passé,
mais je sais que
j'étais une petite vedette à l'école, je faisais des pièces de théâtre,
je faisais de l'humour, je faisais des shows,
je faisais rire le monde en classe.
J'étais populaire, mais
je ne sais pas pourquoi, à un moment donné,
j'ai eu l'impression que dans la vie,
je n'étais pas intéressant.
Parce que je me disais, les gens vont
penser que je vais être drôle
autant dans la vie que
sur scène, et je ne serai jamais
aussi drôle dans la vie que sur scène.
Les gens ne peuvent être que déçus
de
me rencontrer et de me parler dans la vraie vie.
Si je parlais, surtout quand c'était
des filles,
ou surtout une fille qui me plaisait,
pendant que je parlais,
je me disais, c'est trop long.
Ce n'est pas intéressant ce que tu dis.
Coupe, coupe, coupe.
Tu t'as tôt censuré.
Oui, je me disais ça.
Je ne me disais pas intéressant.
Moi, j'ai zéro confiance.
Humainement parlant, je me pouvais monter sur scène, mais ce n'était pas de la confiance en moi, j'ai zéro confiance. Humainement parlant, je pouvais monter sur scène,
mais ce n'était pas de la confiance en moi.
J'étais comme un kid.
Je m'amusais.
C'était comme aller jouer, monter sur une scène.
Je n'ai jamais vu ça.
Je n'avais pas...
J'ai eu le track un peu plus tard,
puis le track est disparu.
Mais tu sais, au secondaire, je n'avais pas le track.
J'avais juste du fun.
J'étais un enfant qui jouait,
comme si j'allais jouer une game de basket
pour quelqu'un de sportif. Bon, mais moi, mon basket, j'avais juste du fun j'étais un enfant qui jouait comme si j'allais jouer une game de basket pour quelqu'un de sportif
bon ben moi mon basket c'était
d'aller faire des niaiseries sur une scène
jouer dans des pièces de théâtre
mais dans la vie
c'est ça
je dirais aux petits Laurent
mettons ados de 12, 13, 14 ans
pense pas que t'es pas intéressant
tu le l'es
ça aurait changé quoi si quelqu'un t'avait dit ça?
J'aurais frenché beaucoup plus.
Tu t'es retenu?
Je me suis pas retenu.
Je m'empêchais complètement.
Tu t'empêchais à ce point-là?
Moi, je le sais.
Avec le recul, je peux dire avec certitude
qu'une fille sur qui je trippais
trippait aussi sur moi.
Mais moi, j'étais trop niaiseux.
Puis même si je le savais, quelqu'un me disait « Non, non, je le sais. »
Puis je faisais « Ouais, ouais, mais d'un coup,
c'est pas vrai. D'un coup. D'un coup. »
Fait que là, moi, j'ai manqué
ces occasions-là.
Est-ce que tu rêvais que tu affreins une chaise? Est-ce que tu rêvais à ça?
Je sais pas si j'y rêvais, mais on a des kicks d'ado.
Ça veut dire que t'aurais pu, mais
t'as freiné ça.
Oui, oui, j'ai arrêté.
T'es saboté. D'un coup, c'est pas vrai. D que tu aurais pu, mais tu t'offrins ça. Oui, oui, j'arrête. Tu t'es saboté.
D'un coup, c'est pas vrai.
D'un coup, elle me dit,
d'où tu tiens ça, toi, que je te trouve intéressant?
Ah non, elle est vraiment épais.
Épais, épais, épais.
Ah, bien, je pense qu'il y a bien des gens
qui auraient envie de se dire ça aussi, jeune.
Pourquoi tu te retenais?
Ah oui, mais j'ai l'impression que c'est beaucoup ça.
J'imagine beaucoup de gens qui parleraient
leur soi-même plus jeune
diraient la même chose. Fais-toi donc plus confiance.
On a obligé une petite question
très, très légère.
As-tu peur de la mort?
Oui et non, dans le sens que
j'aime bien la philosophie
de Ricky Jerry.
Il a dit être mort,
ça fait de la peine à ceux qui sont encore là.
Toi, tu le sais pas, t'es mort. »
Mais j'ai peur que ça arrive trop vite.
J'ai peur que ça arrive trop vite.
J'aimerais pouvoir vivre, connaître mes enfants
pendant encore 20 ans, 30 ans, 40 ans.
Je ne sais pas jusqu'où je peux me rendre
avec ma génétique,
mais ce serait
l'affaire la plus triste au monde
de ne plus
être avec mes enfants,
mais une fois mort, tu ne le sais pas,
ça ne te fait plus rien, tu n'es plus là.
En même temps, tu vois que ton père n'est pas là,
Doris n'est plus là, puis tu vois qu'il te manque.
Oui, c'est ça, exactement.
C'est l'affaire qui me ferait le plus de peine.
Mais est-ce que t'as peur des fois?
Comment tu vas mourir?
Est-ce que tu poses cette question-là aussi?
Il y a ça aussi.
Moi, je devrais être quand même assez rassuré.
J'ai pas de problème.
Mon père est mort de quelque chose que je n'ai pas.
Mon père a fait de la haute pression
toute sa vie.
J'en fais depuis peu,
mais c'est tout relié
à mes habitudes de vie qui ne sont pas les meilleures
et que je travaille à changer
présentement.
Sinon, mes vaisseaux sanguins
sont top shape.
Je me médicamente pour ce qu'il faut.
Mon pouls est bon maintenant avec la médication.
Jusqu'à il y a trois ans, mon pouls était un pouls...
Sans médicament, j'avais du 120 sur 80.
Mon père avait des vaisseaux sanguins friables.
Probablement haute pression, peut-être une mauvaise génétique, je ne sais pas.
Je n'ai pas hérité de ça.
Puis j'en suis bien heureux. J'ai passé un test.
À un moment donné, j'avais peur de faire une flébite
puis la médecin checkait mes veines
avec sa patente le long de la jambe,
puis elle regardait sur son écran d'ordinateur.
Un Doppler, ça s'appelle un Doppler.
Puis elle me disait, vous avez vraiment des très belles veines.
Bon, tu sais ça quand même.
Tu n'as pas idée, c'est le plus beau compliment qu'on pouvait me faire.
Mais compte tenu de ta génétique,
c'était important de savoir ça.
Oui, j'avais peur d'avoir hérité des faibles vaisseaux
sanguins de mon père. On s'est fait dire ça.
Mon père, c'est des vaisseaux, c'était friable.
Tu as trois frères et soeurs?
J'ai trois frères et une soeur.
OK, donc vous avez quand même une grande famille.
On est quand même une grande famille, mais je n'ai pas tant de mon oncle
que ma tante, donc nos parties de famille, on est une vingtaine.
Ce n'est pas énorme, mais avec les neveux-nièces,
les plus jeunes commencent à faire des enfants,
donc ça agrandit, ça rajoute un peu de vie.
Est-ce qu'en vieillissant, quand même,
tu sens cette urgence-là?
Tu viens de dire, je suis en train de changer
mes habitudes de vie.
Est-ce que ça arrive avec l'âge, dans le fond?
Avec l'âge.
Parce que tu veux éloigner...
Éloigner la mort.
La mort, parce qu'on sait que tout ce qu'on nous dit
sur nos habitudes de vie, à quel point ça a une influence
autant sur le cancer, maladie cardiovasculaire,
peu importe, on a comme un contrôle à quelque part,
pas à 100 %, mais on a une partie de quelque chose
qu'on contrôle.
Donc ça, tu es en urgence par rapport à ça?
Je suis en urgence.
Le mot est peut-être fort, mais ça presse.
J'ai envie de prendre ça au sérieux.
Je suis en train de perdre du poids.
Je suis en train de...
C'est sûr que je pars de loin.
Je pars de beaucoup.
Ça ne paraît pas encore.
Au moment où on se parle,
par rapport à ma première pesée,
j'ai perdu 22 livres.
C'est beaucoup, 22 livres,
quand tu mesures à 4 pieds 8 et que tu pèses 102.
Mais pour un gars de ma carrure,
120, ça ne paraît pas encore.
Les médecins disent qu'à chaque tranche
du livre qu'on perd,
quand on a besoin d'en perdre,
ça peut faire une différence
sur les années de vie en santé.
C'est quand même important de dire ça.
Quand on parle de grossophobie,
je comprends toute l'idée que tu peux être en surpoids
et être en bien meilleure santé
qu'une personne qui est plus mince.
Je comprends tout ça.
Quand je parle de ça, je parle juste de moi.
Moi, je sais que mes
ennuis de santé, à moi,
sont tous dus à mon obésité.
Il n'y a pas d'autre raison pourquoi j'ai mal aux genoux.
Ce n'est pas une faiblesse génétique,
c'est que mes genoux sont fatigués
de transporter un poids aussi important.
Ça fait que j'ai mal aux genoux.
Je voyage à un moment donné,
je me paye un voyage à New York tout seul.
J'adore voyager à New York
tout seul. Je vais trois jours, je vais voir des shows,
puis je marche, puis je marche. Je marche des
journées entières. La dernière fois que je suis
allé à New York tout seul, j'ai marché,
puis à un moment donné, dans le milieu de la journée,
je commençais à avoir des mal au dos,
un petit peu mal aux cuisses, puis là,
je faisais, ah non, c'est pas vrai que je, maintenant,
à cause de mon poids,
je pourrais plus faire ce que j'aime le plus faire à New York, marcher. Fait que là, j'ai fait, ah, c'est pas vrai, là, c'est pas vrai que maintenant, à cause de mon poids, je pourrais plus faire ce que j'aime le plus faire à New York, marcher.
Fait que là, j'ai fait,
c'est pas vrai, c'est pas vrai.
Puis si c'est pour être de même à 50 ans,
qu'est-ce que ça va être à 60?
Je vais-tu pouvoir encore faire des shows?
Moi, j'ai encore le projet d'être sur scène
à 75 ans.
Moi, je veux faire un show à 75
puis que les gens disent, il est bon, le vieux Christ.
Tu comprends, c'est mon objectif de vie, de se surprend un show à 75 puis que les gens disent, il est bon, le vieux Christ. Tu comprends? C'est mon objectif
de vie, de surprendre
encore à 75 ans, mais si je n'ai pas
la force et la forme pour le faire.
La grossophobie, c'est quand ça vient du regard
des autres. Oui, les autres,
mêlez-vous de vos crises d'affaires.
Mêlez-vous de vos affaires. Moi, j'ai le droit
de me dire, je veux maigrir, parce que ça, c'est une affaire
aussi. Moi, j'avais fait un numéro là-dessus
l'été dernier à Comédia
et je disais « sacrer la paix au gros
qui s'accepte. »
C'est assez dur de
s'accepter soi-même.
Crisser la paix au gros qui s'accepte,
mais crisser la paix au gros qui ne s'accepte pas aussi.
Parce que quand tu dis que tu veux perdre du poids,
il y a toujours quelqu'un qui va dire « quel message
tu envoies aux jeunes
qu'il faut être absolument mince pour être heureux? »
Je le sais pas. J'envoie pas de message à personne.
Moi, je veux perdre du poids parce que je le sais
que je vais mourir jeune si je fais pas attention.
Je suis convaincu de ça.
Fait que je suis pas un bon porte-parole
contre la grossophobie, mais je la dénonce.
Mais je peux pas être un si bon porte-parole
parce que mon but à moi, c'est d'arriver
à être plus mince éventuellement,
parce que je veux vivre plus vieux,
parce que j'ai commencé à faire du diabète
à cause de mon surpoids. Il n'y a pas d'autre raison
pour laquelle j'ai fait du diabète.
Quand bien même qu'on me dirait que tu peux être en surpoids
et en meilleure santé que quelqu'un de mince,
oui, mais là, moi, je fais du diabète.
Je vais perdre du poids, je vais régler mon problème de diabète.
Disons que tu as des lumières jaunes qui s'allument.
Il y a une couple de lumières jaunes qui virent au rouge
un peu, à mon avis.
Moi, je vais perdre du poids, je vais régler
mon problème de diabète, je vais manger mieux,
je vais bouger plus.
Je faisais du cholestérol quand j'étais
jeune mince. J'ai toujours fait du cholestérol.
Ça, je vais faire ce que je peux pour
mon cholestérol.
J'ai des problèmes à régler de santé.
Je le fais pour moi
parce que je veux connaître mes enfants encore
20, 25, 30, 40 ans le plus possible
peut-être éventuellement connaître
des petits-enfants
tu sais
je vais vivre vieux
moi j'aime t'entendre
parce qu'il faut faire attention
parce qu'effectivement on a comme peur de parler
de ce sujet-là
de se faire traiter de non
la morale c'est mêlez-vous de vos affaires.
Ça nous appartient, parce que pour moi, la grossophobie,
c'est qu'on n'a pas de commentaires à faire sur le poids
de quelqu'un d'autre. Mais si nous,
pour des enjeux personnels, qui ne sont pas
nécessairement pour le regard de l'autre,
mais pour notre survie,
on doit faire des choix,
bien, on fait les choix.
C'est comme la chanteuse Adèle qui a perdu du poids,
puis qu'elle a eu des critiques. Ah, bon, là, une autre
qui veut être obsédée par la minceur. »
Tu te dis « Mais tu ne connais pas sa vie.
Tu ne connais pas pourquoi elle a perdu du poids.
Puis, elle a-tu le droit de perdre du poids? »
Tu ne peux pas dire aux gens
« Tu n'as pas le droit de chialer contre quelqu'un quand elle est grosse. »
Puis après ça, toi chialer
quand elle a perdu du poids,
dans les deux cas, c'est la même chose.
Ta gueule!
C'est ça la morale de l'histoire.
Qu'elle soit grosse ou qu'elle soit mince,
c'est pas de tes affaires.
Les gens, il y en a qui chialaient parce qu'elle était grosse,
puis il y en a qui chialent parce qu'elle a perdu du poids.
Les gens ne sont jamais contents.
On n'aura jamais peur à tout le monde,
mais ça reste que ça nous appartient.
Ce qu'on ne veut pas, c'est être jugé.
On ne veut pas être regardé, être pointé du doigt,
mais ce qu'on veut faire pour nous,
ça reste que tu veux vivre, ils vont toujours
même pas te reprocher que tu veux vivre le plus longtemps possible.
Alors ça, c'est les cartes.
T'es pas game.
Ah mon Dieu, j'ai bien fait de garder mon joker.
Faut que je te dise quelque chose.
Ça, t'es en pigeonne, tu lui réponds à la carte.
Et si tu lui réponds, tu me poses la question
que tu veux. Je te pose la question?
Ouais, pis pas une question qui est sur les cartes.
Une question que tu décides de me poser. Peut-être que t'as aucune question à me poser non plus. C'est comme tu veux. Éc pose la question? Oui, puis pas une question qui est sur les cartes. Une question que tu décides de me poser.
Peut-être que tu n'as aucune question à me poser non plus.
C'est comme tu veux. Écoute, la vie de demain,
je me serais préparé quelque chose de crunchy.
Non, c'est pour ça que tu ne t'es pas préparé.
C'est pour ça que vous ne le dites pas d'avance.
C'est pour ça qu'on ne le dit pas d'avance.
OK, on va dire que je prends celle-là.
Oui, parfait.
Quel est le plus grand échec professionnel
que tu aies connu?
Le plus grand échec professionnel que tu aies connu? Le plus grand échec professionnel
que tu aies connu?
C'est probablement l'émission d'été
que j'ai animée il y a de ça 20 ans peut-être.
Je ne sais pas trop.
La couleur de ça?
Une émission couleur de Radio-Canada.
C'est en 2004.
C'est en 2004?
Oui, oui.
Donc, ça fait 23 ans.
Non, je ne dis n'importe quoi.
19 ans.
On va calculer l'autre sens.
Ah oui, non, tu as raison, tu as raison.
Moi, les maths.
Je dirais que c'est possiblement mon plus grand échec professionnel.
Qu'est-ce qui s'est passé?
Bien, c'est un show d'été qui a été produit par des gens
qui n'avaient jamais produit ce genre de show-là.
Moi, je n'avais pas d'expérience non plus.
Puis le show,
c'est une somme
plein de petites mauvaises décisions,
je pense.
C'est un show dans lequel on se disait
que ce serait le fun qu'il y ait des chroniques.
Tu avais des chroniques animaux,il y ait des chroniques... Tu sais, t'avais des chroniques
animaux, t'avais des chroniques de mode,
mais t'avais aussi
des trucs humoristiques,
t'avais des chansons,
t'avais des entrevues.
Tu sais, c'est comme si on tirait dans
toutes les directions possibles.
Fait que c'était comme un show qui était...
qui s'éparpillait, je pense,
avec le recul. Tu sais, si on avait eu la possibilité
d'une deuxième saison
il y a plein d'affaires qui auraient été changées
fait que c'est
un échec professionnel
mais plus un échec
critique aussi
il y a des gens qui ont écouté l'émission
et qui me disaient je n'ai pas compris les critiques
moi je n'ai jamais su cette é-là, je trouvais ça sympathique.
Mais tu sais...
Puis moi, évidemment, je n'avais pas d'expérience.
Puis tu sais, quand on a commencé l'émission,
on s'était comme dit,
oui, Laurent, il faut qu'il prépare un moment d'humour.
À chaque émission, j'avais mon moment d'humour.
Fait qu'on s'était dit, avec mon gérant,
il faudrait quelqu'un d'autre pour mener les entrevues.
Parce que moi, vu que je prépare
un moment d'humour, j'aurais pas le temps de préparer
des entrevues.
Puis finalement, avec le recul, j'ai fait, bien,
c'est un peu nono de penser comme ça.
Quand tu t'embarques dans un show,
tu t'embarques dans le show, tu dis pas,
je vais me laisser...
Je vais me ménager.
Puis je trouve que ça faisait un show bizarre.
Ça va pas avec ta personnalité.
J'anime le show, mais je présente quelqu'un d'autre
qui va faire l'entrevue.
C'était comme weird.
C'était un peu...
C'était un échec professionnel
parce qu'aussi,
on s'est fait
très durement critiquer.
Ça éteint beaucoup les gens à l'interne
quand tout le monde critique un show.
Quand de la critique, ça charne.
Parce que je pense vraiment qu'il y avait de l'acharnement.
Le regard des autres sur toi a changé aussi, j'imagine?
Peut-être un peu, mais ça fait que tout le monde se dit
« Hey, si ce show-là peut finir, je me mets à la place des producteurs. »
Je ne parle pas de moi
ou des gens dans l'émission.
Les producteurs, des fois, tu le sais,
on va essayer de finir l'année
sans faire trop de vagues.
Puis l'année d'après, on va mettre
un autre show. Tu comprends?
Ça éteint un peu tout le monde,
ces critiques-là.
Donc, ça ne donne pas l'élan.
Le show aurait peut-être pu prendre un élan
Mais ça coupe l'élan
Je pense que le show aurait pu
Aurait mérité même
Une deuxième saison
Selon mon avis
On aurait appris de nos erreurs
Bien que nombreuses
Je pense vraiment qu'on aurait pu apprendre
Et faire quelque chose de
De meilleur parce qu'on soulignait pas non plus tous les bons côtés.
C'est ça qui est triste. On était la seule émission
à ce moment-là qui faisait jouer
des chansons québécoises.
On était la seule émission sur les ondes
Radio-Canada, TVA,
TQS, Télé-Québec,
je sais pas si ça s'appelait encore
Radio-Québec dans le temps, je suis pas sûr,
mais on était
les seuls qui donnaient de la place à Stéphie Choc,
à Daniel Boucher, à Marie-Michelle Desrosiers, Marie-Hélène Thiber,
tu sais, du monde qui sont venus chanter.
On leur faisait jouer deux tonnes, puis nous autres, avant l'émission,
on s'était dit, ce n'est pas vrai qu'on va faire jouer l'artiste à la fin de l'émission
puis qu'on va y passer le générique d'en face.
Fait que les gens qui vont jouer, ils vont faire deux tonnes au complet. Puis des fois'on va y passer le générique d'en face. Fait que les gens qui vont jouer, ils vont faire deux tonnes
au complet. Puis des fois,
quand on passait le générique d'en face, c'est quand on leur
donnait une troisième toune à la fin de l'émission.
Fait que, tu sais, on s'était dit,
on est les seuls.
C'était à contre-courant, quelque part.
On avait des tableaux en arrière. La déco,
c'était des tableaux, c'était des artistes, peintres,
Québécois. On les nommait,
il y avait leur nom au générique.
Tu sais, on... Il y a des moments
d'humour qui étaient ratés.
On donnait de la place à des plus jeunes humoristes.
Puis des fois, moi-même, j'étais là
puis je faisais « Non, c'est pas très bon. »
Mais tu comprends que...
Mais c'est le même qu'on améliore.
C'est ça. Mais c'est quand on voit
ce qui va pas qu'on peut améliorer,
mais ça prend du temps pour ça.
Tu ne peux pas le faire quand le show est condamné.
Bien, puis on faisait le show
puis on apprenait à faire un show.
J'étais avec les productions Avanti à l'époque
qui étaient des gens aguerris,
qui avaient fait déjà plein d'affaires,
mais un show de ce genre-là,
il n'avait jamais fait ça.
Puis il apprenait un peu sur le tas.
Moi, j'apprenais sur le tas aussi.
Mais ultimement,
je suis content
d'avoir fait ça.
Avoir une machine à voyager
dans le temps, je ne refuserais pas ça.
Qu'est-ce que tu ferais différent?
Tu le referais, là.
Oui, mais j'aborderais aussi les choses différemment.
Il faut dire qu'aussi, à l'époque,
j'étais à Paris.
J'avais joué dans Chicago.
Pendant les mois avant de faire l'émission, moi, j'étais à Paris. J'avais joué dans Chicago. Pendant les mois avant de faire l'émission,
moi, j'étais à Paris.
Je jouais d'une comédie musicale.
Je n'ai pas pu mettre autant de temps
sur la préparation du show.
Les gens, dans le fond,
sous-estiment à quel point une émission...
Ça se prépare d'avance.
Ça prend tout ce qu'on a.
Il faut y mettre du sien dans l'émission.
Il faut lire toutes les...
Il faut préparer. Quand l'émission a Il faut lire toutes les... Il faut préparer.
Quand l'émission a l'air facile,
c'est parce qu'il y a eu beaucoup de préparation avant.
Je pense que mon gérant et moi, à l'époque,
on pensait que je ne serais pas bon pour faire des entrevues.
Alors que tu aurais été excellent.
Je pense que je n'aurais été pas si pire.
Parce que j'en ai fait un peu.
À un moment donné, on a dit,
tu vas interviewer un tel.
Puis là, on disait,
Colin, ça s'est bien passé, finalement.
Le fait que c'est dans la sphère publique,
un échec, des fois, tu peux vivre un échec,
surtout sur le plan professionnel, c'est quelques collègues
qui vont savoir que ça n'a pas bien été.
Mais dans le métier,
quand tu es dans la sphère publique,
c'est que l'échec, l'émission est retirée.
À cause des critiques,
on comprend. Tu sais, quand ça prend
une mauvaise tendance,
parce qu'en politique, je peux dire, j'ai connu ça,
les tendances. À un moment donné,
ça va bien, ouh, puis il se passe de quoi,
puis là, tu le vois, même le regard des autres.
Mettons, tu as un bon
sondage. Ah, wow, ça va bien,
tu as un mauvais sondage à l'épicerie, puis personne ne te parle.
Il n'y a personne non plus qui vient dire, trouves-tu ça difficile?
Il y a comme un silence
qui s'installe. Il n'y a plus de commentaires. Mais c'est dur-tu ça difficile? » Il y a comme un silence qui s'installe.
Il n'y a plus de commentaires.
Mais c'est dur, je trouve, dans la sphère publique de vivre ça.
Oui, mais ce que je vois de positif dans cette expérience-là,
c'est que c'est une émission qui était quotidienne.
Et il y a plus de gens qui ont vu l'émission que de gens qui ont lu les critiques.
Heureusement.
Puis les gens qui ont lu les critiques ont vu l'émission,
beaucoup, il y en a beaucoup qui ont vu l'émission.
Puis l'émission, les gens ont pu se faire leur propre opinion.
Ils ont pu trouver ça bien ordinaire, peut-être même mauvais.
Mais il y en a plein qui ont trouvé ça bien correct.
Il y en a qui ont trouvé ça très bon.
Mais c'est aussi que les gens ont pu se dire,
je suis certain, mon Dieu, c'est loin d'être aussi mauvais
que ce que les critiques nous disent.
Oui, parce que là, quand tu lis la critique,
t'es quasiment curieux d'aller voir quand tu lis la critique
pour dire est-ce que c'est aussi mauvais que ça.
Mais c'était une mode aussi chez les critiques.
Il y a eu une époque où les critiques étaient des bullies.
Ça existe moins maintenant.
Il y a des critiques, on n'est pas d'accord,
tu lis Hugo Dumas, t'es d'accord avec lui, ou t'es pas d'accord. Tu lis Hugo Dumas, tu es d'accord avec lui
ou tu n'es pas d'accord.
Ou tu vas dire, je trouve qu'il va trop loin.
Mais il n'y a plus ça, l'acharnement
de dire à toutes les semaines
ou plus même, on va critiquer
une émission, on va revenir sur ça.
Nous, c'était ça qui est arrivé.
C'est ça qui a été le plus tough.
Ce n'est pas que l'émission n'a pas connu tant de succès.
Ce n'est pas que la critique a été tough. Ça ne fait pas du bien, une critique qui est dure. C'est pas que l'émission n'a pas connu tant de succès. C'est pas que la critique a été tough.
Ça fait pas du bien, une critique qui est dure.
C'est la critique qui est dure jour
après jour, à la radio,
à la télé, parce que
c'est drôle de bâcher sur quelqu'un.
Tu sais, c'était l'équivalent de
Piment Fort, mais version critique.
Ça t'a pas laissé de traces
sur ta carrière?
Ça m'a pas empêché d'animer des galas juste pour rire après.
J'ai commencé à animer des galas juste pour rire après ça.
Puis mes one-man shows ont tous bien marché.
Possiblement que ça a pu nuire à mes possibilités d'animer un show télé
parce que les gens...
Même moi, tu vois, avec le recul, je pense pas
que si jamais
ça a nuit à ma carrière pour animer un show
télé, c'est pas
parce que les gens pensaient que je serais pas bon.
C'est parce que les gens se disaient
les critiques en ce moment
l'aiment pas.
On va le dire, on va l'animer, c'est Louise Cousineau.
Il y a des gens qui...
Moi, je sais que j'étais pressenti pour animer les Gémeaux
l'année suivante
parce que j'avais fait un numéro
aux Gémeaux l'année d'avant, puis tout le monde
avait trouvé ça vraiment bon.
Puis je le sais, ça a été dit à mon gérant
que Laurent, il n'animera pas
les Gémeaux parce que là, on le sait,
Louise Cousineau va être sur son cas
puis elle va bâcher le gars-là des Gémeaux.
Puis on ne veut pas ça, là, s'il y a assez
de marde avec les Gémeaux. Tu sais, c'était l'époque
où il y avait du boycott aux Gémeaux.
Il n'y avait pas d'animateur. Annick, t'as fait ton numéro,
il n'y avait pas d'animateur. C'est ça, il n'y avait pas d'animateur.
Personne ne voulait remplacer Normand
qui avait été congédié de façon
cavalière et irrespectueuse.
C'était des voix hors champ.
En fait, c'était deux commentateurs, c'était Pierre Brassard
et Suzanne Lévesque,
je crois, qui étaient au balcon,
et qui agissaient un peu comme à la soirée du hockey,
qui décrivaient ce qui allait se passer après la pause.
Il n'y avait personne qui animait sur la scène.
C'est ça, une voix off disait,
mesdames, messieurs, pour présenter tel prix,
voici tel duo de présentateurs.
Et moi, j'avais été le numéro d'ouverture du gala,
j'étais rentré sur scène,
j'étais le premier à monter sur scène,
puis j'avais été pressenti pour animer l'année suivante au gala des J'étais rentré sur scène, j'étais le premier à monter sur scène, puis j'avais été
pressenti pour animer l'année suivante
au gala des Gémeaux.
On le savait.
Ça a été la conséquence directe.
Ça a été la seule conséquence directe,
mais qui a été quand même, à mes yeux,
importante. Mais des fois, les conséquences,
on ne le sait pas. J'aurais peut-être pas eu
d'autres contrats d'animation. Anyway,
tu comprends. Mais moi,
je sais qu'on m'avait dit, à tempo,
ce n'est pas le moment de te faire animer
un gars-là des Gémeaux.
Est-ce que tu as une question pour moi?
Il est comment, Mario?
Non, ce n'est pas ça.
Sexuellement.
Oui, on est là. Non, je ne demanderais pas ça devant
les caméras, même si c'est la question
qui me brûle les lèvres. Non, non, pour ne demanderais pas ça devant les caméras, même si c'est la question qui me brûle les lèvres.
Non, non, pour vrai, écoute,
question que j'aimerais te poser.
C'est toujours des questions un peu cheap.
On veut juste savoir les coulisses.
Les gens veulent tous savoir... Pose-moi-les, pose-moi-les.
C'est qui le pire invité que tu as eu à interviewer dans ta vie
et que quand la caméra a fait « Merci,
bonjour, c'est un rap », t'as fait
lui ou elle,
on réinvite plus ça jamais.
Hé, c'est
une bonne... C'est chiant comme question, hein?
Je vais te dire un affaire. On veut pas nommer des gens.
Je vais te raconter quelque chose. C'était pas le pire
invité. Pendant...
J'ai fait longtemps « Deux filles le matin ».
On a fait plein d'émissions,
plein d'entrevues.
Il y a une émission
qu'on n'a jamais passée.
Ah!
Une, une seule.
Carrément, là.
Celle-là,
elle n'a même pas été en ondes.
Elle n'a pas été en ondes
parce que la productrice
au contenu
n'était pas à l'aise.
Moi,
aujourd'hui,
je pense,
je l'aurais passée,
l'émission.
Mais on dirait
qu'à l'époque,
les gens n'étaient pas à l'aise.
J'ai dit que je pouvais comprendre.
C'était Michel Fugain.
Ce n'est pourtant pas un mauvais monsieur, me semble-t-il.
C'était un très bon monsieur,
mais il y avait le Big Bazaar qui était rejoué
par des jeunes Québécois, une nouvelle troupe qui s'était mise
et qui se promenait avec le Big Bazaar.
Il était au Québec pour venir voir le Big Bazaar.
Je voulais savoir ce qu'il pensait de ça,
la transmission intergénérationnelle,
de voir que sa musique vivait dans ça.
Écoute, moi, je trouvais ça...
Traversait les époques.
Moi, j'étais dans mon champ de marguerite.
Je trouvais ça bien beau.
C'est tout un héritage que tu laisses.
Moi, je me souviens d'avoir vu le Big Bazaar
avec Michel Fugain dans un
aréna avec mes parents
quand j'étais jeune, la vraie version.
C'est hot, ça, quand même.
J'ai des images de ça.
Ça doit être le premier grand spectacle.
Pour moi, Michel Fugain,
je connais sa fille, Marie Fugain.
J'étais amie avec elle.
J'étais contente, mais
il ne lançait pas de fleurs à ça.
Il n'était pas ouvert à parler.
Il n'était pas du tout allumé
parce que j'étais en train de dire la transmission.
Donc, on trouvait que l'image qu'il laissait
était comme si on ne voulait pas
que les gens voient ça de Michel.
Peut-être que c'était une mauvaise journée pour lui
parce qu'on ne le connaissait pas, nous, personnellement.
Mais on dirait que l'équipe s'est dit
qu'il a l'air comme décalé, on dirait,
par rapport à ce qu'il a laissé comme empreinte.
On dirait qu'il ne voulait pas comprendre
que son héritage musical était important.
Puis il était là, ben non, mais ça va, là.
Ça va, ben oui, ils font ça, ben oui.
Mais tu sais, c'était comme, il banalisait ça.
Voyons.
Mais toute l'entrevue, il banalisait.
C'est donc ben triste, ça.
Moi, je revenais avec mon chant de Marguerite, là,
de cet extraordinaire, le Big Bazaar.
Tu sais, moi, je me disais...
Mais les gens qui se font parler de quelque chose
qu'on a fait il y a très, très, très longtemps,
ils ont des périodes, des fois,
ils sont écoeurés de s'en faire parler.
C'est ça.
Puis à un moment donné, ça revient. Ah non, mais je suis
content. Comme un chanteur qui est tanné de jouer
sa même toune. À un moment donné, il fait la paix
avec ça, puis il rejoue, puis il a du fun.
C'est peut-être ça qui est arrivé.
Bien oui, puis j'étais en
co-animation à l'époque. Je me disais, si maintenant,
j'avais été seule en animation,
puis j'avais été devant lui,
maintenant, je l'aurais confrontée là-dessus
puis j'y aurais dit, arrêtez, là!
Voyons donc, c'est accepter
qu'on est content, parce que...
Pourquoi vous avez accepté de venir aujourd'hui?
Vous le saviez?
Il y a des générations qui ne connaissent pas le Big Bazaar,
puis parce que quelqu'un le reprend,
ils vont découvrir, puis c'est toujours aussi extraordinaire.
Moi, j'écoute les chansons de cet album-là,
puis à toutes les fois, ça me rend heureuse.
Puis on dirait que ça desservait
Michel Fugain.
On ne l'a pas diffusé à cause de ça.
Je pense qu'on avait raison.
Des fois, je me dis peut-être pas, mais à l'époque,
à ce moment-là, je me souviens, j'ai travaillé pour Robert Bourassa
et il disait toujours, il faut toujours
juger un événement
en le remettant dans son contexte
historique et non avec
les valeurs du jour, du moment. C'est vrai que si je remets ça dans son contexte historique et non avec les valeurs du jour, du moment.
C'est vrai que si je remets ça dans le contexte,
on disait, on ne veut pas
donner cette image-là à Michel Fugain
parce que c'était comme si...
Ils font ça.
C'est comme...
Il ne donnait pas de crédit à ça,
ni à lui, à quelque part.
Je te dirais que c'est l'affaire qui me...
Ça n'aurait quasiment été pas fin pour lui de faire ça.
Oui. Puis moi, j'ai jamais
voulu faire en plus des entrevues
pour nuire à quelqu'un. Moi, je me dis
si quelqu'un est assez généreux pour venir
s'asseoir devant moi puis m'accorder
quelque chose, c'est m'ouvrir
son jeu comme on le fait aujourd'hui,
bien la moindre des choses, c'est de le respecter.
Parce qu'il n'est pas obligé
de faire ça. Donc c'est de respecter. Moi Parce qu'il n'est pas obligé de faire ça.
Donc, c'est de respecter.
Moi, j'ouvre des portes.
Si tu n'avances pas, je ne vais pas t'ouvrir la porte plus grande.
Mais tu sais que si tu veux revenir, moi, je vais être là.
Je vais être de l'autre côté de la porte.
Et je pense que c'était ça aussi que ça venait toucher à ce moment-là.
Je trouvais ça triste.
Mais ça, en même temps, aujourd'hui, on ne ferait plus jamais ça,
annuler une émission.
On a fait ça,
ça devait être en 2012, 2013. C'est parce qu'une émission, les gens
n'ont peut-être pas idée, mais
c'est des coûts, une émission.
Ça coûte cher, une émission de télé.
C'est du staff que tu payes. Je ne sais pas c'est quoi le budget
pour un épisode de Deux filles le matin.
Je ne sais pas c'est quoi le budget à l'époque.
Mais tu sais, ce n'est pas 10 000.
Non, non.
Même si c'était 10 000,
ça serait 10 000 jetés aux poubelles.
Non.
Puis tu sais, des invités,
moi, je ne peux pas dire que j'en ai eu des invités
que je ne me disais plus jamais.
Des fois, plus jamais dans le sens que,
tu sais, quand l'invité n'est pas capable
de raconter une histoire,
mettons, début, milieu, fin.
C'est terrible quand tu fais du... Moi,
tu sais, les émissions que j'ai faites, c'est comme en direct.
Quand tu regardes le régisseur qui te fait des signes, puis te dire, il reste 30 secondes,
là, puis... Moi, j'ai déjà reçu un invité
pour venir nous parler de quelque chose d'aussi tragique
que le suicide de son père.
Il a jamais, il est jamais
arrivé à ça.
Dans toute l'entrevue, tu comprends?
Puis là, j'avais quasiment l'air d'être acharnée
à dire, oui, mais tu sais, les circonstances,
parce que quand on fait une émission sur le suicide
d'un parent, c'est pour outiller
aussi les gens qu'il vit,
fait que c'est important d'en parler.
Oui, oui, tu veux faire œuvre utile.
Mais tu sais, des fois, il y a des gens qui me disent,
mais ça, c'est pas grave, tu comprends,
dans le sens que l'émission a été diffusée,
mais il y en a des fois, tu travailles fort,
puis tu te dis, bon, bien, peut-être que c'est pas
ce genre d'émission-là dans lequel il performe
le plus ou qui va lui servir.
Mais c'était...
C'était-tu à une époque où tu étais déjà à l'aise
comme interviewer? Parce que quand tu apprends
le métier d'intervieweur, puis tu dis,
tu vois, la même entrevue, aujourd'hui,
elle serait meilleure, parce qu'aujourd'hui, je sais
un peu plus comment me débrouiller dans ce genre.
Non, ça fait pas si longtemps, tu comprends.
C'est juste que c'est ça.
On tournait, mais il y avait d'autres invités
qui allaient très loin.
Je me disais, il va embarquer.
Il va embarquer les autres.
Non.
Peut-être des fois, tu sais, qu'il y avait un blocage.
Des fois, tu ne veux pas pleurer aussi.
Ça fait que tu as tout au sens.
Des fois, c'est juste une question
que tu n'as pas la conscience du temps qui reste.
Non, je le sais.
Quelqu'un parle, puis il fait,
non, non, mais attends, avant d'arriver là,
je veux t'expliquer quelque chose.
Puis tu fais, non, on n'a pas le temps.
Non, non, non, c'est exact. Nous, on a, je veux t'expliquer quelque chose. Puis là, tu fais, non, on n'a pas le temps. Il y a des gens qui n'ont pas...
Tu sais, nous, on a un chronomètre dans la tête
quand on anime, tu sais.
Il y a une émission de télé.
Évidemment, aujourd'hui, on sent qu'il n'y a pas trop de limites de temps.
C'est plus libre, mais à la télé, c'est 13-30 secondes.
C'est pas, OK, je vais te donner deux minutes.
Non, non, c'est...
En tout cas, les gens m'écrivent,
t'aurais dû le laisser parler plus longtemps.
Bien non, c'est parce que là, il n'y a pas de montage,
il n'y a rien, fait que...
On va enlever les annonces. On lui a parlé plus longtemps, mais c'était plus en là, il n'y a pas de montage, il n'y a rien. On va enlever les
annonces. On lui a parlé depuis longtemps, mais c'était
plus enregistré, c'était ça.
Est-ce que les cartes...
Ça n'a pas été trop... Tu vois, je n'ai pas utilisé mon joker.
Non, ça n'a pas été... Attends, je vais
juste regarder quelque chose, OK?
Je peux-tu te poser une dernière question?
On finit-tu là-dessus? Ben moi, j'ai tout mon temps.
OK. Parce que j'aime cette question-là.
C'est-tu correct que j'en pose une autre?
Est-ce que toute l'équipe est d'accord?
Avec les milliers de personnes qui sont en côté.
Ils boivent nos paroles.
La lampe d'Aladin existe.
Quels sont tes trois vœux?
Trois vœux.
J'aurais assurément un vœu qui serait
extrêmement égoïste
un vœu qui serait extrêmement humaniste
puis après ça je verrai
mais probablement qu'il y aurait un vœu
là-dedans, je demanderais
que
tous les organes de mon corps
fonctionnent à 100 %
top qualité pour le reste
de ma vie. Comme ça, si je meurs, ça sera frappé
par un autobus, mais ça sera pas...
Je vais avoir eu une belle santé.
Ça sera pas responsable.
T'auras pas une partie de responsabilité.
Qu'on remette le compteur à zéro pour tous les organes
de mon corps, ça, j'haïrais pas ça.
Ensuite de ça, bien,
je voudrais probablement...
Je voudrais que
chaque être humain sur la Terre
se fasse injecter une dose d'empathie
supplémentaire.
Ceux qui en ont déjà, ils en auront plus.
Ceux qui n'en auront pas,
ils en auront un peu.
Une petite dose d'empathie chez tout le monde
sur la Terre, ça réglerait probablement
la très, très grande majorité
des problèmes qu'on connaît.
Puis le troisième, je voudrais que mes
enfants soient heureux.
Je dirais que...
Tu sais, tu ne vas pas juste dire,
bon, bien, v'là, un million. Je ne vais pas juste dire,
donne-moi un million.
Souvent, ça rend malheureux, de toute façon.
Souvent, en plus de ça.
Ça t'inquiète, le bonheur de tes enfants?
C'est la chose qui m'inquiète le plus.
C'est l'affaire la plus importante
dans le monde pour moi.
Il n'y a rien qui est plus important que ça.
Mes enfants, moi,
c'est des enfants qui ont des défis.
Ma fille est une enfant adoptée
avec certaines difficultés d'apprentissage.
On ne connaît pas sa génétique,
mais on soupçonne la dyslexie,
dyscalculie, dysorthographie, tout ça.
On soupçonne ça. Elle a des défis d'apprentissage.
Mon fils est Asperger
avec un TDA
et une angoisse
de performance.
Il fige devant un examen.
Même quand il comprend tout.
Même, tu sais.
Fait que, tu sais, que mon fils,
ça va peut-être débloquer
éventuellement, mais tu sais,
je veux pas, moi,
qu'il fasse un médecin ou un avocat.
Je veux qu'il soit heureux.
Fait qu'il fera ce qu'il voudra bien
dans la vie. En ce moment,
il travaille à temps partiel dans une pâtisserie.
Il fait des petits gâteaux
puis des affaires de main.
Je me dis, mon Dieu, mais si c'est ça sa vie
puis qu'il est heureux, ça va être formidable.
Mais mon fils, c'est un garçon
intelligent. Il est capable. Il peut faire... ça, sa vie, puis qu'il est heureux, ça va être formidable, mais mon fils, c'est un garçon intelligent,
il est capable, il peut faire...
Je veux pas être pessimiste.
Je suis optimiste,
mais ultimement,
il fera bien ce qu'il voudra.
S'il est heureux, c'est juste ça
qui compte.
J'ai décidé ça aussi,
que j'allais être
un appui,
peu importe.
Que mes enfants ne seront pas jugés à la maison.
Qu'ils vont être... Chez nous, c'est un safe space.
Même si je perds patience
des fois, puis que je me choque.
Mais c'est pas sur leur réussite, c'est pas sur...
Est-ce que
t'as lâché prise là-dessus?
Ou t'as toujours été comme ça?
Je m'en inquiétais beaucoup plus avant. J'ai- as lâché prise là-dessus ou tu as toujours été comme ça? Je m'en inquiétais beaucoup plus avant.
J'ai-tu lâché prise?
Je n'ai pas lâché prise dans le sens que je crois encore
que tout est possible et je crois encore
que mes enfants peuvent faire...
Je n'ai pas dit, bon, mes enfants,
ils ne feront pas grand-chose, mais ce n'est pas grave.
Non, ce n'est pas ça pendant tout.
C'est juste que tes accueils tels qu'ils sont.
Je pense qu'ils sont capables de tout faire.
Si ma fille décide qu'un jour,
elle veut devenir une avocate,
ça va demander le travail que ça demandera,
mais je crois qu'elle est capable.
Si mon fils décide qu'il veut faire de l'informatique,
je pense qu'il peut le faire.
Parce qu'il a l'intelligence pour le faire.
C'est juste qu'en ce moment,
il regarde un examen,
puis il voit des lignes vides, puis il fige.
Il voit des espaces vides,
puis il n'est pas capable de les remplir. Même quand tu le
prends à part, puis tu lui demandes de résoudre
le problème, il comprend tout.
Il écrit bien, il est intelligent,
il a de l'humour, il a un bon vocabulaire,
il ne fait quasiment pas de fautes.
C'est un brain, mon fils,
mais il a une angoisse de performance
qui fait qu'il fige devant un examen.
Il t'aimerait ça être à sa place, j'imagine,
pour faire ses examens.
J'aimerais ça y injecter une coche de confiance
que je n'avais pas
à son âge, mais je répondais
quand même.
Je ne sais pas si c'est relié
à son côté Asperger.
C'est tellement vaste,
ces domaines-là.
Tout le spectre.
C'est tellement vaste. domaines-là, tout ce qui touche tout le spectre, c'est tellement vaste il y a tellement de gens
complètement différents l'un de l'autre
il y en a qui sont verbaux, il y en a qui ne le sont pas
il y en a qui sont des génies, il y en a qui sont
plus 2-3 ans d'âge mental
ça te fait quoi d'apprendre ce diagnostic-là?
bien, sur le coup
ça n'a pas trop dérangé
ça nous a juste permis d'expliquer
certains comportements c'est ça que les parents nous, ça ne nous a pas tant dérangé. Ça nous a juste permis d'expliquer certains comportements.
C'est ça que les parents...
Nous, ça ne nous a pas tant dérangé.
Quand on l'a su,
on le trouvait déjà intelligent.
On le trouvait déjà...
Il n'était pas enfermé sur lui,
comme un enfant qui ne parle pas aux autres.
Il avait de l'humour. Il riait.
Quand on l'a su, ça nous a expliqué
pourquoi, mettons, il était capable
de ne pas parler à quelqu'un
pendant une journée.
Les premiers temps qu'on l'a laissé à la garderie,
il lisait un livre, mettons.
À terre, dans le milieu de la garderie,
les enfants autour, ça criait, ça sautait,
ça braillait, ça lançait des enfants.
Puis lui était au plancher, à terre, assis en indien.
Désolé le mot, c'est peut-être plus ça qu'il faut dire.
Mais en tout cas, assis.
Les jambes croisées. Les jambes croisées.
Puis il lise un livre comme ça.
Comme si de rien n'était.
Il avait comme...
Il s'était coupé du monde.
Ça me faisait...
Ça me faisait rire en même temps.
Tu sais, pour moi, c'était pas si grave.
OK, il va être un peu différent des autres.
Puis quand il te parle d'un sujet qu'il passionne,
il peut t'en parler longtemps.
Puis des fois, t'es obligé de dire,
« Hey, tu sais que ce sujet-là
m'intéresse pas autant qu'il t'intéresse. »
Juste garde ça en tête,
mais il comprend, il trouve ça drôle,
on le taquine des fois là-dessus.
Tu sais, c'est un garçon formidable et intelligent,
mais c'est ça, il a ses défis.
Fait que j'ai décidé que j'allais être un père
qui allait pas lui botter le cul
comme moi j'ai été botter le cul
pour avoir des bonnes notes à l'école.
Tu le soutiens.
Je le soutiens.
Wow!
Même dans tout.
Tu sais, quand il était petit, il bougeait ses mains.
Tu sais, des fois, il y avait des...
On appelle ça de l'autostimulation.
Les enfants, beaucoup d'enfants autistes font ça.
Fait que les deux parlent, puis là, ils sont de même.
Puis plus jeune, je disais, Albert Albert, tes mains, tes mains. »
Puis oh, il arrêtait. Puis là, à un moment donné, j'ai fait,
« Hey, sais-tu, fais-les
si tu veux.
T'es chez nous ici, là. T'es libre ici. »
Parce que je me disais,
s'il est chez nous, puis qu'il fait, « Ah non,
je suis pas correct, je fais mes mains encore. »
Déjà, il vient de...
Il est où, lui-même?
Ben oui, c'est ça. Il est chez nous.
S'il y a une place où tu peux être complètement libre...
C'est bien chez vous.
C'est chez nous. J'espère être le père à qui
on n'aura pas peur de dire des affaires.
En ce moment, je pense que mes enfants
ont quand même un peu peur de moi, des fois,
de me dire des choses, puis de se confier.
Puis des fois, je le dis.
S'il y a de quoi, dis-moi-le, OK?
Je te jure, je ne me choquerai pas.
Je te jure! Je te jure! Mais dis-moi-le! Si tu ne me le dis. S'il y a de quoi, dis-moi. Je te jure, je ne me choquerai pas. Je te jure.
Si tu ne me le dis pas, par exemple.
Je peux juste te dire merci.
C'est un plaisir.
C'est un peu épeurant, je t'avouerai.
Finalement, tu as dit beaucoup de choses.
On n'est là pour ça.
Moi, j'ai appris à te connaître vraiment aujourd'hui.
J'ai appris plein de choses sur toi.
Je t'aime encore plus.
Merci. Moi aussi.
Je pense qu'on s'aime déjà bien.
Ça a cliqué.
Il y a des gens qu'on croise sur des plateaux
et qu'on se dit que c'est le fun.
Il se passe quelque chose.
On est dans la vérité. Je pense qu'on a ça en commun.
La vérité, l'authenticité, être soi tout le temps.
Mais pas nécessairement tout dire
tout le temps, mais ce qu'on dit, c'est vrai.
On essaye, en tout cas.
En tout cas, on essaye, mais c'est ça l'objectif. On essaye.
Mais merci beaucoup. C'était un plaisir. Merci à toi.
Merci beaucoup à tout le monde d'avoir
été là, puis on se revoit avec un
prochain invité. Thank you.