Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #17 Pierre Curzi | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: July 31, 2023Dans ce dix-septième épisode d'Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette, Pierre Curzi s'ouvre avec franchise et générosité, au fil des cartes pigées. Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Ba...rrette c’est la rencontre d’un invité à cœur ouvert avec une animatrice aguerrie, autour d’un jeu de cartes unique. Réflexions, prises de conscience, confidences: au hasard des cartes-questions retournées, l’invité de Marie-Claude se révèle comme il ne l’a jamais fait et utilise son pouvoir de joueur pour la faire parler à son tour. Des questions sur mesure dans une entrevue qui laisse place au hasard. Une intervieweuse, telle une cartomancienne, qui se lance sans filet. Un invité qui joue, cartes sur table, dans un échange privilégié où le temps s’arrête.
Transcript
Discussion (0)
La première fois que j'avais fait l'amour, je ne savais vraiment pas comment ça se passait,
ou juste ça, j'étais vraiment très mal habile.
Mais j'ai compris qu'il fallait que je devienne le plus habile possible,
parce que j'avais beaucoup aimé ça.
Tu as quand même un bon souvenir de ça.
Ah oui, très beau souvenir.
Salut tout le monde.
Aujourd'hui, je reçois, on a envie de dire, peut-être un homme de théâtre,
un homme qu'on a vu à la télé, un homme qui a pris des positions politiques, un homme qu'on a vu aussi à la tête de l'UDA.
Mais moi, j'ai envie de dire que l'homme que j'ai devant moi, c'est d'abord et avant tout un homme de cœur.
Alors, je vous présente Pierre Curzi. Bonjour Pierre Curzi!
Bonjour Marie-Claude! Bonjour!
C'est vrai que tu es un homme de cœur.
De cœur, oui, probablement, oui.
Bien, je ne sais pas, tu veux dire que, oui,
les relations chaleureuses, le cœur mis à contribution,
je crois à ça, oui, je pense que ça imprègne nos vies.
Je ne sais pas, ton avis et ta façon d'agir aussi.
Toi, tu es là-dedans aussi.
Oui, absolument.
Tu es de cœur avec les gens.
Tu es de cœur dans tes émissions, dans tes sujets.
Oui, le cœur.
Mais c'est comme bizarre, on dit le cœur.
Qu'est-ce que c'est qu'être de cœur?
Parce que j'ai l'impression que tu es toujours la même personne.
Peu importe, c'est sûr, quand tu as un rôle, tu as un rôle.
Mais je veux dire, tu es toujours la même personne. Tu es une personne qui est guidest sûr, quand tu as un rôle, tu as un rôle, mais je veux dire, tu es toujours la même personne.
Tu es une personne qui est guidée aussi par tes convictions,
par tes croyances.
Il y a quelque chose de vrai.
C'est ce que j'appelle de cœur.
C'est-à-dire que quand on le voit, on sait qui tu es.
On sait où tu loges, Pierre-Curdy.
Il n'y a comme pas de surprise avec toi.
Je le sais, mais moi-même, je me trouve très plate.
Je me dis, voyons, je suis en surprise.
Moi, là, je suis toujours le même.
Oui, non, je comprends ce que tu veux dire.
Je comprends ce que je veux dire. Parce que c'est vrai que j'ai une sorte de
continuité. À quoi
ça tient? Parce que,
on le remarque, moi, je le remarque par rapport
à moi-même, parce que j'ai changé souvent
de fonction. Autant
j'ai été acteur, autant j'ai été à l'Union,
j'ai été en politique, j'ai été à la radio.
Donc, j'ai changé de moyens
d'expression.
Mais essentiellement, je reste toujours le même.
Je suis comme une valeur sûre.
J'ai comme un certain nombre de convictions qui n'ont jamais beaucoup évolué.
Non, je ne dirais pas qu'elles n'ont pas évolué,
mais qui n'ont pas changé,
qui sont assez fondamentales, fondatrices.
Ça, c'est vrai. Je peux dire ça, que c'est vrai.
Oui, c'est ça.
Tu as quelque chose de stable.
De très stable.
Oui, puis on a besoin de gens comme toi, justement,
de stable.
Tes valeurs sont ancrées, tes valeurs sont
profondes.
Elles sont reconnaissables.
Je suis souvent surpris parce que les gens,
ils ont tendance à me considérer comme
étant quelqu'un de stable.
J'offre, je ne sais pas, puis tu sais, ça t'échappe, ce genre d'affaires-là. Moi, je étant quelqu'un de stable. Ça t'échappe,
ce genre d'affaires-là. Moi, je suis
quelqu'un de fiable. Les gens se fient
à moi. Là, je me dis,
pourquoi j'ai rien fait pour ça?
Tu ne joues pas de rôle dans ta vie.
Pas beaucoup.
Des fois, j'en joue.
Quand tu es acteur?
Dans la vie.
À quel moment tu joues un rôle?
Quand, des fois, je refuse dees acteur ou dans la vie? Dans la vie, oui. À quel moment tu joues un rôle? Quand des fois je refuse
de m'impliquer.
Parce que j'ai une tendance à m'impliquer
beaucoup. Puis des fois je me dis
« Oh non, non, garde-toi une petite gêne. »
Je passe beaucoup de ce temps-là.
J'ai déménagé puis je vis dans
un village où il y a, comme dans
beaucoup de villages, des conflits
sur toutes sortes de choses. C'est très polarisé.
Tu sais, des conflits
sur doit-on avoir
une garderie telle...
Est-ce qu'on doit permettre
la destruction de certains bâtiments
ou la construction? Puis c'est très...
Dans un village, c'est incroyablement
polarisé. Puis moi, je me dis,
je pourrais jouer un rôle là-dedans, mais
il faudrait que je prenne mon bâton de pèlerin
puis que je m'affirme.
Non, des fois,
de ce temps-ci, je ne le fais pas.
Je me dis, je me choisis
puis je me garde une petite gêne. Je refuse
de m'impliquer. Donc, je ne suis pas toujours
totalement fiable.
Des fois, je me désiste.
Mais c'est bien de se désister avant, au lieu de
dire, je vais le faire, mais tu le fais à moitié.
Tu sais que tu ne pourras pas le faire, ça ne te tente pas de le faire à 100%.
Il y a quelque chose de vrai
et d'honnête dans ce que tu fais.
Vu de cet angle-là.
Est-ce que tu es prêt, parce que le jeu a joué
à ouvre ton jeu?
Pourquoi tu prends les vertes plutôt que les jaunes?
Je vais t'expliquer comment ça fonctionne.
C'est bien de remarquer qu'il y avait des couleurs différentes.
Même qu'il y en a là aussi.
Il y en a là.
Comme une arme discrète.
Exactement.
Parce que tu vois, du vert au jaune rouge,
plus on avance dans les couleurs,
plus ça devient personnel.
Plus ça s'est adressé directement à toi, les questions.
On ne se rendra pas jusqu'au rouge.
Oui, on va se rendre jusqu'au rouge.
Parce qu'on va même se rendre peut-être jusqu'au mauve.
Si tu acceptes de répondre jusqu'au mauve. Si tu t'acceptes de...
– Si je m'en vais là, c'est quoi? – Si tu t'acceptes de répondre à une question
mauve, c'est là que tu as le droit de me poser
la question de ton choix.
Il faut que tu arrives à cette étape-là
pour me poser la question de ton choix, mais
tu as une protection, tu as un joker.
– Un joker. – Donc, parce que, bon,
tu sais, tu vas voir, tu vas piger des questions,
tu vas en choisir, je vais en choisir aussi,
mais à n'importe quel moment dans le jeu,
tu peux te dire, bon, là, j'ai assez répondu à cette question-là.
T'appliques une fois ton joker.
T'as le droit à ça une fois.
Puis t'as le droit de le faire.
À date, il n'y a personne qui l'a utilisé,
mais t'es libre de le faire comme tu veux.
Alors, la façon que ça fonctionne,
Pierre, je vais te demander de brasser les cartes vertes
et tu vas m'en donner trois.
J'ai vu Normand Damo brasser.
Écoute, il faisait ça avec une déxité.
Oui, mais lui, c'est un joueur
professionnel. Oui, je le sais, Normand,
je le sais.
Oui, Normand, il était tellement...
Une passion pour les jeux, c'est incroyable.
Là, j'ai dit, disons que je suis bien brassé.
Oui, c'est bien, tu m'en donnes trois.
Tu t'en donnes trois.
Une, deux, puis une au milieu.
Trois. Et là, je vais te les lire. Je t'en donne trois. Une, deux, puis une au milieu, trois.
Et là, je vais te les lire. Tu vas en choisir une, OK? Tu répondras, puis après ça,
moi, je vais t'en poser une. OK.
Alors, l'amour, c'est... Trois petits points.
Quelle est ta relation
avec l'argent? Ou encore,
quand tu regardes ton parcours, de quoi
es-tu le plus fier?
Ah, mon Dieu!
Ah ben, en tout cas, je peux éliminer.
L'amour, c'est là, donner une définition de l'amour,
c'est terriblement exigeant.
Allons vers le plus simple.
Quel est mon rapport avec l'argent?
C'est intéressant parce que moi, je viens de...
Tu sais, mon père n'était pas...
On n'était pas riches, mais on n'était pas pauvres chez nous.
Mon père était un ouvrier.
On vivait relativement bien.
Mais quand même, l'argent, c'était quelque chose... Alors,. Mon père était un ouvrier. On vivait relativement bien. Mais quand même,
l'argent, c'était quelque chose.
Alors, mon père est né en Italie,
puis c'est un paysan, tu sais, dans une
famille paysanne. Puis il a travaillé
comme waiter toute sa vie.
Mais en fait, à différents postes en restauration.
Et
il était, donc, il avait
cette attitude-là, paysanne, du respect
de l'argent. Tu sais, c'était important parce que c'est la survie. – C'est durement gagné aussi, l' il avait cette attitude-là, paysanne, du respect de l'argent.
Tu sais, c'était important parce que c'est la survie.
– C'est durement gagné aussi, l'argent.
– Puis on a, moi, je pense que j'ai hérité de ça beaucoup.
Et là, je constate que j'ai toujours été,
fait attention à mes dépenses,
aussi parce que j'ai choisi un métier terriblement insécure, donc tu sais pas combien
tu vas gagner, si tu vas gagner
donc j'ai toujours fait attention
et je me suis rendu compte que ça a construit
quelque chose en moi qui est que
j'ai relativement peu de besoin
j'ai pas besoin de dépenser beaucoup
pour être heureux, ça ne me manque
pas d'avoir, tu sais il y a des gens qui ont
besoin d'avoir des meubles
extraordinaires, des vêtements
extraordinaires. Je me suis rendu
compte, la dernière fois, je suis allé
dans un événement public. Du coup,
j'ai regardé autour de moi, puis je me suis dit,
je suis vraiment mal habillé.
Puis ma blonde me le disait. Puis là,
pour la première fois, j'étais un peu
gêné. J'étais vraiment pas...
Parce que j'en achète jamais. Ça m'ennuie.
Mais c'est pas par mesure d'économie. Puis là, des fois, je dis, peut-être que je suis peintre, mais je suis pas'ai vraiment pas. Parce que je n'en achète jamais. Ça m'ennuie. Mais ce n'est pas par mesure d'économie.
Puis là, des fois, je dis,
peut-être que je suis peintre, mais je ne suis pas peintre.
Je suis plutôt généreux.
– Es-tu plus généreux envers les autres
qu'envers toi-même?
– Oui, bien,
je n'ai pas beaucoup de besoins,
mais si j'en ai, je vais dépenser
ce qu'il faut.
J'ai tendance à réparer des choses
plutôt qu'en acheter d'autres.
J'ai comme une mentalité paysanne
par rapport à l'argent.
Alors, c'est ça, ma relation
avec l'argent. Mais
j'ai aussi une réflexion
très... pas très théorique,
une conviction profonde
que le capital
est un des gros cancers
du monde,
de la planète et depuis longtemps.
Et donc, je me bats contre ça, ce capitalisme-là,
cette façon d'avoir un rapport à l'argent où il faut que tu n'en aies toujours plus.
C'est quelque chose qui littéralement me brûle.
Ça me brûle parce qu'il ne peut pas y avoir accumulation d'argent
sans qu'il y ait accumulation d'injustice.
Et c'est ça que je trouve...
Alors, le rapport à l'argent,
j'essaie qu'il soit le plus simple possible.
La carrière, mon métier m'a amené
à ne pas avoir de soucis d'argent.
Donc, je m'en préoccupe relativement peu
parce que je sais que j'ai...
Tu n'en as jamais manqué d'argent?
Non, mais il y a été au début
de ma carrière, je me souviens qu'à un moment
donné, j'étais à la campagne,
je devais avoir proche de la trentaine,
et puis je vivais
dans une maison de campagne assez éloignée du village,
et là, je suis sorti
dehors, puis
c'était une belle journée, je suis sorti
fumer une cigarette, puis là,
je me suis dit, merde, j'ai plus d'argent.
Tout ce qui me reste, c'est une douzaine d'oeufs
et un paquet de cigarettes.
Et là, la vie m'a fait des cadeaux.
Ça a été le moment où j'ai reçu un appel
pour aller passer une audition pour faire les ploufs.
Écoute, je suis venu à Montréal
et je peux te dire que celui qui a passé l'audition
il voulait avoir ce rôle-là parce que
j'en avais vachement besoin
donc j'ai eu des moments
ça a changé ton parcours presque cette audition-là
ça a changé ma relation aussi
avec l'argent parce que
après avoir été pauvre jusqu'à l'âge de 30 ans
surtout entre 20 et 30 ans
tout d'un coup je me suis mis à gagner bien
ma vie et ça après ça
c'est un problème qui est comme disparu de ma vie
alors j'ai eu ce rapport là à l'argent
qui est à la fois un rapport très simple
et un rapport un petit peu
j'ai pas un immense respect
pour l'argent
je trouve que c'est utile quand on en a
mais pas plus que ça
et dans ton couple est-ce que c'est un sujet de conversation
qui peut être délicat?
Non. Non, c'est pas
délicat du tout. D'abord parce que c'est moi
qui gère l'argent.
Ah oui, ok!
Marie n'est pas bonne.
Ah oui, vous me tapez tout ça,
qu'est-ce que tu veux.
C'est la sacoche du couple.
Non, mais c'est pas moi qui
donne pas d'argent à Marie, mais ce que
je veux dire, c'est moi qui gère les comptes,
tout ça, qui rétablit.
Puis là aussi, le hasard a été vraiment bienveillant avec nous
parce que quand j'ai rencontré Marie,
tous les deux, on a suivi des carrières parallèles
où on gagnait bien notre vie, tous les deux.
Et même des fois, Marie gagnait plus que moi.
Certaines années, d'autres années, c'était moi.
Ça variait, mais on gagnait largement
de quoi satisfaire nos besoins
puis ceux de notre famille.
Ça n'a jamais été une donnée
litigieuse entre nous.
Parce qu'il faut dire que dans le milieu
artistique, tout le monde est travailleur autonome.
Il faut bien gérer ses finances
parce que tu peux avoir un beau contrat
puis tu ne sais pas ça va être quand l'autre.
Parce que souvent, les gens vont dire « Oui, sais pas ça va être quand l'autre. Parce que souvent, les gens
vont dire, oui, mais tout le monde a de l'argent.
Premièrement, c'est faux. Tout le monde n'a pas d'argent
dans ce milieu-là, nécessairement. Mais il reste
que pour tous ceux qui sont comme ça,
travailleurs autonomes, tu sais, tantôt, tu parlais
du mode de vie paysan, c'est ça aussi.
Tu sais, il y a des années, les récoltes
sont bonnes, des années sont moins bonnes, avec
l'assurance, tu sais, l'assurance
pour les agriculteurs, des fois,
ça arrive 18 mois après.
Il y a quelque chose dans être capable
de bien gérer, de ne pas se créer des besoins
qui font en sorte que tu peux te mettre en danger.
Oui, puis tu sais, par exemple,
nous autres, on achetait toujours les choses comptant.
Moi, je n'utilisais pas
le crédit parce que je n'étais pas sûr
que j'allais avoir des revenus pour couvrir
ma marge de crédit.
Donc, ma façon de me protéger, c'était quand j'avais les moyens que j'allais avoir des revenus pour couvrir ma marge de crédit. Donc, ma façon
de me protéger, c'était de... Quand j'avais
les moyens, j'achetais ce qu'il fallait.
Bon, puis après ça, j'ai eu plus de moyens,
puis là, le goût d'acheter m'était passé
entre-temps. Fait que,
voilà. Et...
Ouais. Mais tu sais, honnêtement,
je ne veux pas faire de la publicité,
mais ce qui a été formidable,
c'est que comme on a beaucoup travaillé,
on a beaucoup accumulé dans notre
fonds de retraite,
de notre régime enregistré d'épargne-retraite,
grâce à l'Union, qui interdisait
qu'on aille le chercher. Puis comme on
travaillait à plein, on cotisait à plein.
De telle sorte qu'on s'est ramassé
des sous qui nous permettent actuellement
de vivre
sans soucis financier.
Heureusement, à cause de ce système-là.
Merci à Gaétan Montreuil
qui a créé la Caisse de sécurité des artistes.
Mais d'être en paix avec l'argent,
on sait à quel point ça a un impact sur le corps,
ça a un impact physique, le manque de sous.
Donc, de vivre en paix avec ça, ça adoucit.
Une sacrée chance. Une sacrée chance.
Une sacrée chance.
Moi, je vais te la poser, la question.
Je savais bien que tu viendrais sur l'amour.
Alors, deuxième question verte.
L'amour, c'est...
Ah, l'amour, c'est...
Oh!
L'amour...
C'est, dans le fond, je pense que l'amour, je vais dire quelque chose qui a l'air de la pure banalité, mais c'est aimer l'amour, souvent, c'est... On s'aime soi-même, mais aimer l'autre réellement,
c'est ça, l'amour.
Ça veut dire accepter que tu vas accepter l'autre
dans sa globalité, dans sa totalité,
telle qu'elle est et telle qu'elle deviendra.
Je pense que c'est ça, l'amour.
Et ça s'applique à la fois au conjoint, à celle que t'aimes,
puis ça s'applique aussi, je pense,
aux enfants, puis aux petits-enfants,
puis ça s'applique aux amis, ça s'applique
à peu près à tout le monde.
Si t'es capable de ne pas être toi-même
en interférence avec l'autre,
c'est-à-dire de pouvoir l'aimer
tel qu'il est, je pense que là,
on parle d'amour réel.
D'amour réel qui n'est pas une manière
de satisfaire ses propres besoins,
ses propres envies,
mais plutôt celle de partager avec un autre
quelque chose de très précieux,
qui est le meilleur d'elle-même, de lui-même,
de l'enfant, de l'adulte, du vieillard.
Sans vouloir le changer.
Sans vouloir le changer en l'acceptant tel qu'il est. Je pense que c'est ça, l'adulte, du vieillard. Sans vouloir le changer. Sans vouloir le changer en l'acceptant tel qu'il est.
Je pense que c'est ça, l'amour.
C'est une vertu très...
quasiment chrétienne, on dirait.
Je pense que c'est ça, pareil.
Puis si tu pousses plus loin,
ça peut devenir collectif aussi.
Je pense qu'il y a une sorte d'amour collectif.
Tu peux aimer un peuple, tu peux aimer des groupes de gens,
tu peux aimer la paix.
C'est toujours la même attitude.
C'est de dire, je vais prendre ce qu'ils sont,
ce que c'est que la situation, puis je vais essayer d'y adhérer
sans que moi, mes envies, mes besoins, mes défauts,
mes inven... interviennent dans cette relation-là.
Alors, il y a quelque chose de détaché, je pense, dans l'amour,
tu sais, qui est... ce qui est extérieur à soi-même.
Parce que souvent, le problème, je pense,
pour les gens qui ont des problèmes d'amour,
c'est de sortir d'eux-mêmes.
Si t'arrives à sortir, à te garder en toi-même
puis à aller vers l'autre,
je pense qu'on peut parler d'amour dans ce temps-là.
Qu'est-ce que ça a changé dans ta vie
de ressentir cette forme d'amour-là?
Ah!
Il y a des drôles
de constats. Moi, j'ai constaté
que, par exemple, dans ma famille,
qui était une bonne famille, moi, j'ai été aimé,
mais j'ai constaté que l'amour
n'était pas une donnée primordiale
dans notre famille. Ce n'était pas une donnée primordiale dans notre famille.
Ce n'était pas quelque chose de manifeste.
Je me suis rendu compte de ça très, très tard.
Mais moi, dans ma vie, bon, peut-être c'est à cause de ça,
parce que j'ai aimé les personnes avec lesquelles j'ai commencé ma vie,
avec qui j'ai eu des enfants, puis ensuite j'ai aimé Marie.
Mais ça a été un apprentissage aussi.
Par exemple, les enfants, aimer des enfants,
moi j'ai trouvé ça compliqué,
parce que je n'avais pas de modèle.
Je n'avais pas de modèle, on n'avait pas d'enfant chez moi,
j'étais le dernier de la famille.
On n'avait pas de mon oncle, de ma tante,
les bébés, les enfants, jeunes,
je ne connaissais strictement rien à ça.
Et
ma première épouse non plus
n'avait pas beaucoup d'expérience. Alors,
les enfants sont arrivés, pour nous, c'était comme
de l'inconnu. Et il a
fallu que j'apprenne à aimer
les enfants. Là, et c'est
les premiers pas vers
respecter l'autre, parce que tu te rends
compte qu'un enfant, tu ne peux pas y imposer.
Tu es obligé de le prendre tel qu'il est
et pas un enfant est semblable à l'autre.
Ça, ça a été mon premier apprentissage, je dirais.
Il y a eu, bien sûr, des moments où l'amour a été plus...
En plus, ça te fait certains besoins.
Il y a de l'amour aussi qui est de l'amour...
qui est de l'amour de l'époque,
qui était plus de la consommation,
qui était une sorte de liberté,
qui était, bon, on était frivoles et étaient assez libres au niveau amoureux.
Mais là, on parle plus d'amour physique.
Mais de l'amour réel, je pense que c'est ça.
C'est les enfants qui ont commencé à m'apprendre ça.
Mais c'est intéressant ce que tu viens de dire par rapport
aux enfants, parce qu'il y en a
beaucoup qui ne comprennent pas pourquoi
ils ne tombent pas follement amoureux
immédiatement avec les enfants.
Je trouve ça intéressant que tu le nommes,
parce que ça peut rassurer des gens
de dire, bien, on tombe
ou c'est... c'est-à-dire que l'amour
arrive progressivement.
– Oui. – Là, c'est pas inné, ça, là. C'est pas parce que c'est-à-dire que l'amour arrive progressivement. Oui. C'est pas inné, ça, là.
C'est pas parce que c'est ton enfant
que forcément tu tombes amoureux
follement au premier regard.
Absolument pas.
Puis si t'as pas eu de modèle autour de toi,
bien, c'est comme...
Un enfant, c'est comme une intrusion.
Ça arrive dans une vie de couple.
Qu'est-ce que tu fais avec cette personne-là?
D'abord, est-ce une personne?
Oui, puis elle a absolument besoin de toi aussi.
Oui, puis elle est dépendante de toi.
Oui, si tu n'es pas là, il y a un problème.
Non, moi, ça a été un apprentissage.
Franchement, je suis très redevable à mes enfants
de m'avoir appris à les aimer tranquillement.
Et ça, ça veut dire qu'il y a sans doute eu des manquements.
L'amour n'est pas parfait.
L'amour n'est jamais parfait non plus.
Moi, je ne veux pas dire que je suis un homme qui aime parfaitement.
J'ai sûrement des trous dans l'amour.
J'ai des infidélités.
Il y a des choses que j'aime plus que d'autres.
Ce n'est pas strict, le corset de l'amour.
C'est pas un corset, c'est une
attitude. Alors,
puis après,
après,
à partir du moment où il y a eu
la rencontre avec Marie, c'est sûr que
ça s'est simplifié.
Qu'est-ce qui s'est passé? Justement,
vu que tu avais d'autres expériences,
quand tu l'as rencontré,
c'était quoi la différence
que tu as ressentie?
Oui, parce que, tu sais,
j'ai beaucoup aimé, bon, la mère des enfants,
j'ai aimé beaucoup d'autres personnes.
Avec Marie, je vais te dire,
ça, on en a déjà parlé,
même publiquement assez souvent,
ce qui s'est passé,
c'est comme si on avait trouvé notre complément.
Et vraiment, d'abord, on exerçait le même métier et à ce niveau-là, on s'entendait très bien.
On vient de milieux qui ne sont pas les mêmes, mais jusqu'à un certain point, assez semblable.
Et donc, Marie, elle a un côté...
Elle a des côtés masculins que je reconnais,
et moi, j'ai des côtés féminins,
et ces deux côtés-là, mutuellement, se sont reconnus.
Et là, ça se complétait bien.
S'il y avait de mâles chez elle,
me plaisait.
Et ce qu'il y avait de femelles chez moi,
lui plaisait.
Alors, on s'est comme... C'est ça, on s'est comme trouvés.
Et ça, ça rend la vie facile?
Ben, écoute, oui, oui.
Ça rend la vie facile.
Puis, il n'y avait pas de ces inégalités
au niveau des revenus.
Donc, Marie n'était pas dépendante.
Je n'étais pas... Ça, c'étaitégalités au niveau des revenus. Donc Marie n'était pas dépendante.
Ça, c'était important.
Même au niveau de la notoriété, tu sais,
Jessica était très, très, très... Vos noms, vous avez dit.
C'est ça.
Vous avez dit vraiment vos noms.
On n'avait pas ce type de conflit-là.
Puis on a eu aussi...
Ça nous a donné une grande confiance.
De telle sorte que ça nous a permis de nous lancer
dans toutes sortes d'aventures invraisemblables
qui ont nourri beaucoup notre relation.
Je veux dire, on avait des accords,
même au niveau sportif.
Marie et moi, on a pratiqué le tennis ensemble.
On a fait beaucoup d'activités physiques.
On a voyagé ensemble.
On aimait des...
Tu sais, il y a eu une entente, là,
franchement, quasiment tous azimuts.
Sauf Marie, elle aime beaucoup plus
les vêtements que moi. Ça, c'est vrai.
Je reconnais qu'il y a une grosse différence, là.
Puis, tu sais, plus que le temps
avance, quand
on a fait le balado avec
Jeannette Bertrand, tu sais, elle disait
à un moment donné, dans un couple,
il faut se poser la question, est-ce qu'on a
envie de finir nos jours ensemble?
Ah bien oui, c'est une question majeure.
Est-ce que vous l'êtes déjà posée comme ça, cette
question-là? En fait, on y a déjà répondu
puisqu'on vieillit ensemble. C'est ça, mais à un moment
donné, vous vous êtes...
Excusez, ma montre qui jase avec nous autres.
Mais à un moment donné, vous vous êtes posé cette question-là
aussi? Non,
ça ne l'est pas posé. D'emblée, on savait qu'on allait vieillir ensemble.
Oui, c'est quelque chose qu'on a accepté.
Je pense qu'il y a des moments,
mais ça, c'est dans la vie secrète de l'un et de l'autre,
de l'une et de l'autre.
C'est des moments où tu te dis, mon Dieu,
l'autre va avoir, en vieillissant,
un certain nombre de pertes, puis tout ça.
Qu'est-ce que je vais accepter de ça?
Qu'est-ce que je vais...
Est-ce que je vais...
Et dans un couple, je suis convaincu
qu'à un moment donné, quand tu vis longtemps ensemble
et tu vieillis ensemble,
il y a des choses chez l'autre que tu te dis,
ça t'énerve, tout ça.
Il y a une façon d'accepter.
Et ça, ça fait partie de ça dont je te parlais.
Il faut à un moment donné dire,
oh,
il n'y aura pas de ressentiment,
il n'y aura pas de rancune, il n'y aura pas de
rancœur, d'aigreur.
Je vais accepter l'autre tel qu'il est,
tel qu'elle est, tel qu'il est.
Et ça va être ça, notre vie
commune. On va tout accepter
de ce qui va arriver.
Pour le moment, on en est là.
Ça va bien. Oui. Parce que c'est ça aussi va arriver. Pour le moment, on en est là. Ça va bien. Oui.
Parce que c'est ça aussi le fait de vieillir, ça peut faire peur.
C'est comme la vie
sans l'autre,
ça devient plus imminent aussi en vieillissant.
Ça, j'avoue qu'on n'y a pas pensé.
Des fois, on y pense. Je suis sûr que Marie y pense des fois,
que moi j'y pense des fois.
Mais ce n'est pas quelque chose dont on se parle
parce que quand tu penses à ça,
tu as tout de suite
un sentiment
tellement énorme de
perte, de douleur
que
t'as pas le goût de penser à ça pour rien,
pour le fun. Fait que c'est pas le fun
d'y penser. Tu y penses pas.
Donc, on pourrait dire que vous êtes la moitié
l'un de l'autre, pratiquement.
Oui, beaucoup. Tellement vous êtes complémentaires.
On est très, très,
très complémentaires.
Très, très, très complémentaires.
Et c'est une chance, parce que de trouver ça
dans sa vie, il y en a qui cherchaient
toute leur vie. Oui, c'est exceptionnel.
Pour nous autres, ça a été exceptionnel
de trouver ça.
Puis, il y avait
deux moments exceptionnels. D'abord,
c'est quand ça se produit, c'est souvent ce qu'ils appellent
un coup de foot, parce que d'un coup,
ça te frappe, tu te dis, bon,
comment ça se fait que
l'autre
m'épouse à ce point?
Et puis l'autre,
c'est...
Un coup que tu as constaté ça
c'est prendre la décision
que tu vas prendre ce risque-là
de quitter ton ancienne vie
parce que c'était vrai pour moi
on avait des relations avec d'autres personnes
et très rapidement
on a décidé de vivre ensemble
donc de prendre le risque
que cette rencontre-là
était tellement essentielle
qu'on ne pouvait pas
ne pas y consacrer tout ce qu'on était.
C'est magnifique ce que tu dis, je trouve.
Et ça, parce qu'il y a des gens qui hésitent, des fois,
à tout mettre de côté et dire « je vis ».
Parce que c'est se choisir aussi.
Des fois, on a de la misère à se choisir,
surtout quand il y a des enfants d'impliqués.
Oui, ça, c'est une donnée majeure.
Nous autres, on a comme...
Marie avait un fils,
moi, j'avais un fils et une fille
qui étaient
d'âge semblable.
On les a mis ensemble.
Et puis, dans le fond,
on les a laissés se débrouiller.
Et ils sont devenus une famille
vraiment, ça là
bravo à eux
et à elles, à ma fille
parce qu'eux autres, ils ont développé entre eux
cette nouvelle entité familiale
et sans exclure
les autres parents
ça c'était
il y a eu du
puis je pense que c'était
pas nécessairement réfléchi c'était une volonté Puis je pense que c'était pas nécessairement réfléchi.
Bien, c'était une volonté.
On voulait pas exclure mère, père.
Donc, on a formé une sorte de saga.
Puis ça, on est...
Je te dis, on a été bien chanceux, nous,
dans ces aspects-là.
Parce qu'on a formé une sorte de saga,
puis ça a fonctionné.
Ça fonctionne, tu sais.
Et comment ils s'appellent, entre eux, les enfants?
Ils s'appellent frères, sœurs.
OK. Ça, c'est une grande réussite
quand les enfants décident par eux-mêmes
de s'appeler comme ça.
C'est votre famille.
C'est magnifique.
Est-ce que tu es prêt à passer au jaune?
Parce que ta réponse sur l'amour était vraiment intéressante.
Ça valait la peine.
Oui, mais c'est vrai parce que
c'est à l'extérieur de nous,
c'est cette capacité-là
de s'abstraire.
Oui, de s'oublier.
De s'oublier, oui, exactement.
Mais là, il faudrait
passer pas mal de temps
dans le bureau d'un psychanalyste
pour savoir si ce que je dis est vrai
ou pas vrai.
Oui, mais là, je la dis comme ça.
Les psychanalystes font des vérités à partir
de toutes les témoignages qu'ils entendent.
On s'entend.
Mais je pense que c'est ça.
C'est des constats à un moment donné.
Je pense que c'est ça, oui.
C'est l'amour selon Pierre Curzi, point.
Non discutable.
Non, mais tu as assez d'expérience en amour
pour être capable d'en parler.
Peut-être qu'à 30 ans, tu aurais répondu à autre chose.
Maintenant, tu as un recul face à ça.
Est-ce que tu es prêt à passer au niveau jaune?
Alors, tu fais le même service, tu m'en donnes trois.
Combien tu en as de cartes dans chaque couleur?
Ça, j'en ai moins.
Tu vois, plus que ça va,
moins qu'il y a de cartes dans les paquets.
Ah bon?
Là, il y en a huit.
Tu veux dire que ton propos est en train de s'affiner?
Oui, ça s'affine exactement.
L'autre soir, tu en auras moins.
Tu en donnes trois?
Oui.
OK.
Puis moi, je choisis.
Oui.
Ah, bien.
Quels sont les avantages du fait de vieillir?
Bon, là, peut-être qu'on y a répondu un peu.
Qu'est-ce que ça prend pour vivre à deux?
Oui, ça, je pense qu'on est pas mal.
Quelle place prend l'amitié dans ta vie?
Je ne sais pas trop.
Laquelle choisir?
J'en donne une autre. Je pense que celle-là, on va l'enlever.
Tu y as répondu.
On va te laisser une chance d'en avoir trois.
Voilà.
Quelle a été
ta plus belle expérience professionnelle?
Oui.
Mais écoute, je vais te parler peut-être...
Est-ce que je te parle du fait de vieillir?
L'autre question, c'est quoi?
L'amitié.
La place que prend l'amitié dans ta vie.
Bien, moi, parlons de ça.
C'est important, les amis.
Tu vois, là, normalement, normalement, j'avais accepté, puis là, des circonstances font que j'étais obligé d'y renoncer, mais je m'en allais à la pêche avec quatre de mes amis que j'ai depuis ce qui est maintenant le secondaire. On s'est retrouvés, nous autres, au collège. Il y a eu
une période, une courte période à Montréal
dans le système d'éducation
où, après le primaire,
tu pouvais aller faire les quatre
premières années du cours classique
dans des écoles de la commission
scolaire de Montréal.
Et ces commissions scolaires-là,
ça a duré un certain nombre d'années.
Parce que le cours classique, c'était dans le fond des écoles privées.
C'était des religieux, des religieuses, mais c'était des écoles privées.
Et la commission scolaire de Montréal a décidé de faire un cours classique,
les quatre premières années, ouvert à des gens qui n'avaient pas les moyens
d'aller dans les collèges parce qu'il fallait payer.
Puis il y a des collèges qui étaient
très coûtés, qui le sont encore.
Et moi, j'avais passé à la fois
l'examen pour le collège
Grasset, où mon frère était allé,
allait, et puis aussi, j'avais passé
cet examen-là, je me souviens plus comment ça se...
Puis c'était des tests, des tests
d'intelligence. Puis j'ai été accepté
aux deux, mais il y en a un qui était près
de chez moi, où j'habitais dans le temps.
Je pouvais marcher et m'en aller
à Philippe-Aubert de Gaspé,
à l'école qui était au coin de
Castelnau et puis de Gaspé.
Fait que, je vais toujours aller là.
Et là, j'ai rencontré des gens.
Tu sais, la classe.
Alors là, une des caractéristiques,
ce qu'ils nous ont dit, c'est « Hey, là,
vous autres, vous êtes chanceux parce que
vous avez des gros quotients intellectuels
puis vous êtes pauvres, fait que vous allez travailler
fort puis vous allez devenir
les meilleurs. » Et c'est vrai,
je te jure. Et ils avaient raison en partie.
Moi, je faisais pas partie des gens
les moins pauvres, tu sais,
comme je t'ai dit. Mais
il y avait beaucoup de mes camarades
qui étaient vraiment du monde, sans le sou.
J'ai des dizaines de souvenirs de ça.
Puis souvent, c'était des enfants qui venaient de l'immigration,
de l'immigration récente et tout ça.
Et c'est vrai qu'une majorité d'entre eux,
c'était du monde assez bright, intelligent,
des gros quotients intellectuels.
Et c'est vrai qu'ils nous ont fait travailler comme des damnés.
Alors donc, il s'est créé là des amitiés qui perdurent encore.
Et là, on parle de plus de 50 ans.
C'est beaucoup.
Et c'est des vrais amis, c'est des amis proches.
Alors moi, l'amitié, ces gens-là,
ils sont vraiment près de mon cœur, vraiment. Et pour moi, l'amitié, là, et ces gens-là, là, ils sont vraiment près de mon cœur, là, tu sais,
vraiment. Et pour moi,
l'amitié, c'est de l'ordre de l'amour.
C'est vraiment aussi important.
Et j'ai perdu quelques amis
et, fou, à chaque fois que j'y pense,
j'ai les mêmes regrets,
là, tu sais, je me dis, ah, on n'a pas
passé, on n'a pas assez de temps
ensemble, on aurait dû se voir plus.
Puis j'ai des amis, puis j'ai
beaucoup d'amis. Bien, pas beaucoup,
je ne sais pas, je ne calcule pas ça.
Mais les amis que j'ai,
j'y tiens,
je les aime. Je les aime, c'est de l'ordre
de l'amour. Alors, l'amitié, pour moi, c'est
important. Tu vois, ce voyage-là,
si on le fait à chaque année,
puis là, le vieillissement, pour
toucher à l'autre question, fait que
il y a un de nos amis
qui ne peut plus venir, puis il y en a
un autre, juste avant de venir, il s'est blessé,
fait qu'il ne pouvait plus.
Puis là, moi, j'étais trop pris
cette semaine. J'ai dit, bien là,
je suis obligé de renoncer.
Tout ça me fait de la peine, tout ça me touche.
Puis je les revois, on se revoit
une couple de fois par année,
on va manger ensemble, ce groupe-là.
Avec les autres, ce sont des relations
que j'essaie de maintenir.
C'est difficile avec le temps, avec l'éloignement,
mais on y arrive.
Alors l'amitié pour moi,
c'est vachement important.
Est-ce que c'est devenu de plus en plus précieux
au fil de ta vie, tes amitiés?
D'avoir du monde qui t'ont connu depuis que t'es jeune
et qui te voit évoluer aussi?
Ah oui, bien ça, tout le monde a dû te raconter.
Mille fois cette aventure-là, tu te retrouves,
c'est comme si c'était hier.
C'est sûr que quand on se retrouve à la pêche,
on a les mêmes réflexes que quand on était
à l'école secondaire.
On a les mêmes types de relations,
le même type de discussions. Tu sais très bien que lui, il va l'école secondaire. On a les mêmes types de relations, le même type de discussion.
Tu sais très bien que lui, il va réagir comme ça.
Puis bon, c'est pareil.
Mais ce qui est important dans l'amour,
dans l'amitié, c'est de maintenir la relation.
Moi, je pense que c'est ça.
Et comment tu fais pour maintenir la relation?
Bien, il faut que tu la nourrisses.
C'est comme un feu.
Il faut que tu y mettes du bois de temps en temps.
C'est comme la relation amoureuse aussi. Il faut que tu la nourrisses. C'est comme un feu. Il faut que tu y mettes du bois de temps en temps. C'est comme la relation amoureuse aussi.
Il faut que tu la nourrisses.
Puis moi, je pense que la chose que je privilégie
dans l'amitié, c'est la durée.
Pouvoir savoir que tes amis,
tu vas les côtoyer, les fréquenter.
Puis c'est vrai pour eux autres aussi.
Longtemps.
Puis tu vas te retrouver,
puis tu vas être content de te retrouver.
Tu vas probablement rejouer toujours
un petit peu la même scène de l'amitié,
mais c'est pas grave, c'est des belles scènes.
C'est des scènes où t'as beaucoup de rire,
où t'as beaucoup de complicité.
Puis aussi, beaucoup d'échanges.
Moi, c'est des amis, c'est des gens avec qui
souvent j'aime discuter. J'aime beaucoup
discuter avec mes amis, jaser.
Ça, ça me plaît beaucoup.
De quoi tu jases?
Bien, ça dépend des amis.
J'ai des amis qui sont...
J'ai des amis, beaucoup d'amis dans le milieu,
je dois dire, c'est vrai, dans le milieu artistique.
J'ai beaucoup d'amis qui sont des cinéastes,
qui sont dans le milieu, donc, du cinéma. Mais j'ai des d'amis qui sont des cinéastes, qui sont dans le milieu du cinéma.
Mais j'ai des amis aussi qui sont...
Par exemple, j'ai un ami qui est un expert, lui,
je dirais, en potager, en plantes,
depuis 30 ans, le bio, puis le potager, puis tout ça.
Alors, des amis de pêche aussi,
des gens avec qui je vais à la pêche,
des amis en politique. Moi, je me suis fait
des amis en politique. Bien, Mario
est un ami
de radio, là. J'étais pas
en politique et il était dans un autre parti,
mais dans mon parti,
à l'époque où j'y étais,
je me suis fait un ami précieux.
Puis,
voilà, là, de ce temps-là,
je pratique l'italien avec des personnes.
Alors, tu sais, tranquillement,
je sens bien qu'on développe une sorte de complicité amicale.
Ça varie, selon...
Mais en général, oui.
Puis, tu sais, l'amitié, ça se consomme aussi.
Ça se passe souvent autour de la table
avec quelques bonnes bouteilles,
puis il y a des conversations.
Tu sais où tu te sens toi-même aussi.
Oui, oui, oui.
Tu peux tout dire.
Oui, c'est ça.
Et puis, oui.
Est-ce que tu as eu des peines d'amitié dans ta vie? Quand j'ai perdu certains amis, ça a vraiment été...
Tu veux dire comme des... Oui, oui, oui, j'ai eu ça aussi.
Et ça, c'est une des affaires les plus douloureuses, moi, que j'ai vécues.
C'est la fin d'une amitié.
Ça, c'est vraiment pénible.
Ça ne m'est pas arrivé souvent, mais ça m'est arrivé.
Et ça...
C'est mystérieux, parce que perdre un ami,
ça veut dire qu'à un moment donné,
tu t'es perdu de vue,
t'as arrêté de nourrir l'amitié.
Et là,
c'est pire que perdre un amour.
Parce qu'un amour, généralement,
ça se perd quand il y a un conflit
et puis là, un moment donné, ça s'envenime.
Mais en amitié, je ne pense pas que ça se passe toujours comme ça.
Je pense que ça se passe par une sorte
du non-dit,
une sorte d'indifférence, une sorte d'éloignement graduel.
Et là, ça, ça nourrit toutes sortes de...
Tu te dis, ah, pourquoi?
Tu sais, ça nourrit des soupçons.
Ça nourrit quelque chose.
Il y a du non-dit.
Il y a trop de non-dit.
Et c'est très difficile d'aborder ces questions-là
avec un ami, avec quelqu'un
dont tu sens que l'amitié est en train de s'effriter
parce que c'est toujours nié.
Alors, il y a toutes sortes de sentiments
qui sont ambigus,
dans lesquels on n'aime pas naviguer.
Alors, c'est une...
Et c'est long et c'est difficile
à oublier
la perte d'un ami
parce que tu te sens terriblement
responsable. Tu te sens responsable que tu te sens terriblement responsable.
Tu te sens responsable.
Tu te sens coupable de ça.
Tu sais, les amitiés aussi,
on dirait que c'est des morceaux de notre vie.
C'est des pans de vie aussi,
des choses qu'on a partagées.
On dirait que c'est comme un morceau qui part
quand une amitié prend fin.
Oui, c'est la fin d'une période.
C'est vrai que c'est souvent comme ça.
Des fois, tu découvres que
ce que tu pensais être de l'ordre des relations,
moi, ça m'est arrivé aussi
de découvrir, comme je te disais,
dans ma famille, que finalement, l'amour
n'était pas nécessairement si présent
que ça dans ma famille. Ça m'est arrivé
dans des groupes aussi
de travail, de me rendre compte que
finalement, il n'y avait pas tant d'amour
que ça dans la base.
Et comment tu as réalisé que dans ta famille,
il n'y avait pas tant d'amour?
Tu l'as réalisé tantôt, tu le faisais beaucoup plus tard.
Oui.
Je l'ai réalisé parce qu'à un moment donné,
tu parlais de Jeannette. Moi, j'avais fait
l'exercice de me mettre à écrire parce que
je trouvais que c'était intéressant.
Elle a développé toute une technique.
Oui, oui, oui. où tu écris ta vie.
Puis j'avais commencé à faire ça,
et puis en l'écrivant,
je me suis rendu compte que j'avais été
très solitaire.
Un enfant très solitaire.
Puis là, je me suis dit, mais voyons, j'étais bien...
Pas malheureux, là.
Mais c'est vraiment très récent, ça veut dire.
Ah oui, ça fait une dizaine d'années que tout d'un coup, j'ai fait ça.
Puis là, je me suis dit, mais voyons,
pourquoi j'étais solitaire? Puis là, je me suis
mis à regarder rétrospectivement
ma vie familiale.
Puis je me suis dit, j'étais aimé,
tu sais, mon père, ma mère,
mes frères, mes soeurs, tout le monde m'aimait.
Mais,
là,
j'ai vu bien d'autres familles,
je me disais, dans cette famille-là,
il n'y avait pas beaucoup d'amour.
Mon père et ma mère étaient rendus au-delà de ça.
Leur relation n'était plus amoureuse.
Mes frères étaient plus vieux, moi j'étais le plus jeune.
Tout le monde s'aimait bien, mais il n'y avait pas de partage.
Tu vois, des familles où ça partage des rep sais, tu vois, des familles où ça partage
des repas, ça partage des activités,
ça fait des affaires. Nous autres,
il y avait pas ça. Moi, j'ai appris de mes frères,
de mon frère le plus...
De chacun de mes frères, j'ai appris
des choses, et de ma soeur aussi.
Ma soeur, j'ai probablement été
la... C'est avec elle dont j'ai été
le plus près. On était plus proches en âge,
et puis j'ai vraiment eu beaucoup d'amour pour ma soeur.
Puis mes frères, j'ai beaucoup appris.
Mon frère Georges, j'ai appris la culture avec lui.
C'est lui qui me traînait au concert,
qui m'amenait au théâtre,
qui m'a fait découvrir la vie artistique et intellectuelle.
Mon frère Paul, lui, c'est un sportif.
C'est de lui que m'est venue ma passion pour le tennis,
pour le football, pour la bicyclette. Mon frère Jean, lui, c'était un sportif. C'est de lui que m'est venue ma passion pour le tennis, pour le football, pour la bicyclette.
Mon frère Jean, lui, c'était
un ingénieur. C'est de lui qui m'est
venu mon goût et mon apprentissage
des outils,
de la construction,
de ce côté manuel.
Alors, mes frères m'ont beaucoup donné.
Mais ça ne veut pas dire que...
Puis on s'aimait bien.
– Mais il n'y avait pas de démonstration.
– Il n'y avait pas de...
Ce n'était pas de ça dont on vivait.
On ne vivait pas de l'amour.
On vivait d'une vie familiale.
Point.
Mais ce n'était pas une vie d'amour,
comme je l'ai vu dans plusieurs autres familles autour de moi.
Donc, tu as constaté que ça, il y avait un effet secondaire.
C'était que tu étais
solitaire. Oui, j'ai constaté
que ma solitude d'enfant,
donc je mets plusieurs
des choix de ma vie, je les ai faits
parce que,
par exemple, tu sais, j'étais tout seul,
je jouais beaucoup, donc mon
imaginaire est sûrement basé sur le fait que
je passais beaucoup de temps tout seul
à jouer avec mes autos, puis m'inventer
des affaires, puis ça a construit
beaucoup mon imaginaire, ma capacité
d'imaginer. J'étais toujours en train...
J'étais très rêveur.
Je pense même qu'il m'appelait Pierrot Lalune.
Tu sais, j'étais souvent rêveur
parce que j'avais du temps.
Je m'ennuyais par moments, mais...
Et c'est...
C'est là que j'ai aussi découvert la passion d'apprendre dans les livres.
Parce qu'il y avait beaucoup de livres chez nous.
On était une maison où il y avait beaucoup de livres.
Il y avait de la musique.
C'était une maison à cause des influences parentales plus européennes.
Il y avait beaucoup de livres.
Alors moi, j'ai appris dans les livres.
J'ai appris la vie dans les livres.
Je me souviens de...
Oui, j'ai appris même
une partie de ma sexualité.
Je l'ai découverte dans les livres
parce que je lisais des livres de mes frères.
Ah oui, pas de tes parents, de tes frères.
Mais où t'as pris ces livres-là?
J'ai tout pris ça. Moi, je lisais.
En fait, c'était comme une éponge.
J'absorbais tout ce que je voyais.
Des livres avec des images ou des livres avec des mots?
Beaucoup des livres avec des mots.
Je me souviens de beaux romans
italiens, là,
qui m'avaient troublé.
Ça m'avait pris du temps
avant de comprendre, mais je me dis
bon souvenir.
Un éveil à la sexualité.
Un éveil, oui.
Un éveil au monde intime que tu ne connaissais pas.
Il n'y avait pas de transmission
directe.
C'était comme...
J'empruntais la requête de mon frère.
Il me traînait
pour aller voir ses parties de football.
L'autre me traînait au concert.
Tout le monde me traînait avec lui.
C'était comme l'enfant qu'on traîne.
Mais j'étais heureux. Je n'étais pas malheureux.
Mais j'aime t'entendre.
C'est intéressant parce que t'as réfléchi à ta vie.
Donc, je sens qu'on peut...
Tu sais, c'est un partage aujourd'hui.
Moi, je vais retenir des choses de ce que tu dis
parce que de savoir que t'étais dans une famille aimante,
mais où il n'y avait pas de démonstration.
Très peu.
Très peu de démonstration.
Et des fois, on n'est peut-être pas conscient
de ce qu'on est en train de transmettre
à nos enfants par rapport à ce que tu viens de dire.
C'est qu'on dit qu'on les aime,
mais des démonstrations d'amour,
c'est que ça nous amène ailleurs aussi comme enfants.
Il y a quelque chose de naturel dans les démonstrations d'amour. Donc toi, que ça nous amène ailleurs aussi comme enfants. Il y a quelque chose
de naturel dans les démonstrations d'amour.
Donc toi, comme t'en voyais moins,
c'est quelque chose que t'as dû
exercer par toi-même
plus tard. – Oui, j'ai dû apprendre ça.
– Oui, t'as dû apprendre parce que tu ne l'avais pas vu avant.
– Non, il n'y avait pas beaucoup de
modèles comme ceux-là
dans ma famille.
C'était pas malheureux, mais ce n'était pas manifeste.
Oui, effectivement.
Donc, moi, j'ai appris,
ça a commencé par des relations amoureuses.
Là, j'ai appris l'amour avec les femmes.
Mais ça, il y a un côté très...
Quand tu as 18, 20, 25 ans,
c'est un côté très mâle, très possessif, très bon.
J'ai appris la satisfaction,
le plaisir amoureux
avec les femmes,
mais il a fallu que les enfants arrivent
pour que j'apprenne les gestes,
les gestes amoureux,
la manifestation d'amour
envers les enfants, tout ça.
Ça s'est développé lentement
parce que c'était pas...
Ça, c'était pas marqué dans les livres.
Au contraire, les mots des livres,
dans ce temps-là, on se basait sur des livres
sur l'éducation des enfants
qui étaient des livres épouvantables.
Parce que c'était plus froid, quand même.
C'était des titres comme « Tout se joue avant 6 ans ».
Là, tu lisais ce livre-là
puis t'étais convaincu que t'étais le pire des parents du monde.
Puis ton enfant, c'est un désastre.
Tu es en train de le fucker complètement. »
Je comprends, mais c'est vrai
que c'était très culpabilisant pour le parent.
Tu as l'impression qu'il est trop tard.
Oui.
Tu as l'impression qu'il est trop tard.
Qu'est-ce que ça a changé dans ta vie,
justement, cette démonstration d'amour
quand toi, tu as pu en offrir à tes enfants?
Ça a changé que la relation a grandi.
Moi, je dirais que je pense que j'aime mieux mes enfants maintenant que j'aurais appris à mieux les apprendre au fil de leur développement.
Puis si tu avais ça en toi, cette démonstration-là,
que tu n'as pas appris.
– Oui, que j'ai appris avec les femmes.
– Mais tu es à l'aise avec ça.
Ça veut dire que c'était un pan qui t'aurait manqué
si tu ne l'avais pas développé.
– Ah oui, oui, oui, oui.
Oui, oui.
Oui, ça m'aurait terriblement manqué.
Puis bon, écoute, c'est sûr que nos enfants sont faits de...
Comme moi, j'ai été fait de l'étoffe de ma famille.
Les enfants, ils sont faits de l'étoffe de nous-mêmes.
Et cette étoffe-là n'est jamais parfaite,
elle n'est jamais idéale.
Il y a toujours sûrement des lacunes.
Mais si tu vois que tes enfants vivent bien,
qu'ils se développent bien,
tu te dis,
on a donné tout ce qu'on pouvait donner.
En fait, ce que ça apprend,
cet apprentissage-là, c'est que
tu peux bien essayer d'inventer
des vertus, mais
c'est pas comme ça que ça se passe dans la vie.
Les choses se développent.
Les sentiments d'amour,
la compréhension
de tous ces phénomènes-là
si complexes
des relations entre les êtres humains,
ça s'apprend lentement.
Le temps te les apprend.
Il y a une évolution.
Oui, on évolue.
Moi, je suis intéressée par la question du vieillissement
parce que je la trouve positive,
la deuxième question jaune.
Quels sont les avantages de vieillir?
Dans les meilleurs des cas, si tu as une certaine...
Tu sais, c'est quoi la pyramide de Maslow?
Si tu as assuré un certain nombre de besoins de base,
on est rendu au moment où on a plus de temps.
Est-ce que le temps est un avantage quand tu vieillis?
Pas nécessairement.
Qu'est-ce qu'il y a de positif compréhension de la relativité de l'être humain.
Quand tu vieillis, ce que tu apprends tranquillement,
évidemment tu apprends que tu vas avoir des limites d'ordre physique,
puis espérons pas trop mentalement,
mais il y a des activités que tu vas diminuer et tout ça.
Mais dans le fond, ce que tu apprends, c'est que tu passes.
La vie passe, les gens passent,
et tu n'y peux rien.
Donc, que tu dois accepter ça aussi.
Là, je ne dirais pas, tu veux dire,
le temps présent, tout ça.
Oui, c'est vrai que tu essaies de profiter du temps que tu as,
mais est-ce que tu réussis toujours?
Je ne suis pas convaincu de ça.
Mais tu as l'occasion, en tout cas,
de comprendre ce qu'il y a...
Tu as l'occasion de comprendre deux choses.
Ce qu'il y a d'éphémère dans l'existence,
puis tu as l'occasion aussi de comprendre un peu mieux
quel a été ton parcours dans cette existence-là.
Puis je ne dis pas..., je qualifie pas ça.
Tu sais, ça peut être heureux,
ça peut être malheureux, je sais pas,
mais c'est ça.
Alors, c'est ça, les avantages.
Est-ce qu'il y en a d'autres?
Je sais pas.
Est-ce que c'est important d'être en paix
en vieillissant avec notre passé?
T'as pas le choix. Tu n'as pas le choix.
Tu n'y peux rien.
Parce qu'il y a des gens qui vieillissent frustrés.
Ils ont l'impression d'avoir passé à côté
de quelque chose.
Tu veux dire, par exemple, le fait d'avoir manqué sa vie?
Oui, pour profiter
de la vie aussi.
C'est parce que tu vois aussi que tu as moins de temps
pour changer les choses.
Oui, tu as raison. Il y changer les choses. Oui. Oui, non, mais tu as raison.
Il y a des choses que tu te dis,
ah, mon Dieu.
C'est sûr que tu revois des décisions
où tu te dis, ah, bon sang,
si j'avais plutôt décidé de continuer ou faire...
Mais...
Dans le fond, tu es tout de suite obligé de te dire,
mais pourquoi je ne l'ai pas fait?
Il y avait quelque chose qui ne... Donc, c'est comme jeter une lumière sur toi aussi. Dans le fond, tu es tout de suite obligé de te dire « Mais pourquoi je ne l'ai pas fait? »
Il y avait quelque chose qui ne...
C'est comme jeter une lumière sur toi aussi tout le temps.
Mais est-ce qu'aussi, avec le recul, tu te dis
« Finalement, si j'avais fait ça, je n'aurais pas fait ça. »
Plus d'un coup, ça donne un sens à cette décision-là.
Est-ce que tu as comme...
J'espère qu'elle a invité.
L'autre fois, je disais...
Moi, je vois la vie comme un gros casse-tête.
Il y en a des fois qui vont vivre plus jeunes,
ça va être un 50 morceaux,
puis il y en a d'autres, ça va être un 10 000 morceaux.
Puis, tu sais, quand on est devant,
on a des morceaux qu'on ne sait pas où placer.
Mais avec le temps, je me dis, c'est peut-être pour ça
qu'on voit moins de proches.
Ça prend des lunettes, là.
Mais tu sais, on se recule, puis là, tu as comme l'image,
en anglais, on dirait le big picture
l'image de ta vie
et là tout d'un coup tu sais ces morceaux-là
que tu ne savais pas où placer
tu es capable de les placer et là ça donne un sens
ça donne l'image de ta vie
il y a quelque chose
parce qu'à toutes les fois que j'interview des gens
qui ont plus d'expérience de vie
ils sont beaucoup plus en paix avec leurs choix
que les jeunes
parce que les jeunes ça Parce que les jeunes,
ça n'a pas encore de sens, des fois,
un mauvais choix. C'est encore un mauvais choix.
Tu comprends?
Est-ce que toi, tu as des choses
que tu as peut-être regrettées dans ta vie
qu'après coup, tu te dis, bien, c'était peut-être pas
tant que ça un regret.
Non, pas vraiment.
Moi, le sens, c'est probablement ça.
Quel est le sens de ta vie?
Ça, c'est une question que je me pose constamment.
Puis je pense que c'est une question quasiment inutile, parce qu'il n'y a pas de sens qui va réussir à englober tous les choix que tu as faits ou tous les non-choix que t'as faits. Il n'y en a pas de sens pour ça. C'est plus un parcours.
T'as parcouru la vie avec un tas de circonstances qui ont fait que t'as fait certains choix
et t'as fait certains refus.
Et ça, c'est ton parcours.
Mais il n'y a pas de...
C'est ça, moi, pour le moment,
je suis plutôt cynique par rapport à ça.
Je ne crois pas tellement qu'il y a un sens.
Je trouve que le sens, c'est éphémère.
Et puis que tu as fait un parcours,
tu peux essayer de le comprendre, de l'examiner.
D'être en paix avec ce parcours-là.
Tu peux être en paix ou tu peux être en colère.
Et tu s'en fais avec ton parcours?
Oui, oui.
Oui, mais je me pose des questions.
Pourquoi je suis allé dans différents secteurs?
Pourquoi je ne suis pas resté à
certains moments donnés
juste acteur de cinéma? J'aurais fait
plus de films.
Si j'étais resté en politique,
j'aurais peut-être pu aller plus loin.
Il y a plein de choix
que tu fais
de période. Tu te dis, mais qu'est-ce
qui fait que j'ai changé?
De l'intérieur, tu as toujours des bonnes raisons
au moment où tu le fais.
Bien oui, mais il faut toujours se souvenir de ça.
À l'union, parce que j'y croyais.
Mais dans le fond, un coup,
là, tu te dis, oui, mais pourquoi je faisais ça?
Je ne suis pas capable
de trouver
un sens unique à ça.
Ceux qui trouvent un sens unique,
c'est souvent dans la religion,
où ils ont fait un parcours,
ils se sont réincarnés
ou je ne sais pas quoi,
où ils vont avoir le ciel à la fin de leur jour.
Moi, je ne suis pas croyant,
donc je me dis,
est-ce que j'ai été content?
Est-ce que je suis content du parcours?
Oui, il y a des bons bouts, donc je suis content,
parce qu'il en reste des souvenirs,
parce que tu as créé des amitiés,
parce que t'as connu des bons moments,
parce que ça t'a permis de voyager,
ça t'a permis de lire,
ça t'a permis de fêter, ça t'a permis d'aimer,
ça t'a permis de vivre,
faire des potagers, aller à la page.
T'as été actif, t'as été extrêmement vivant.
Moi, mon sentiment, c'est que j'ai été
extrêmement vivant
et que j'ai aimé ça,
être vivant. Bon.
C'est beau comme sens de la vie.
J'ai aimé être vivant.
Ça te dit, tu sais, est-ce qu'il faut
avoir un autre sens que celui-là?
Mais t'as respecté ça de toi.
T'as toujours été vivant.
Il y a comme un sens, je veux pas dire que t'as un sens forcément,
mais il y a comme un sens, une ligne
de conduite que t'as suivie.
Tu t'es respecté là-dedans.
T'es quelqu'un qui aime être en action,
qui aime être vivant,
se sentir vivant.
S'il y a une grande affaire, je trouve, de la curiosité,
moi, ça a été pour moi une des clés.
Je suis curieux.
J'ai été curieux de toutes sortes d'univers.
Je voulais savoir comment ça se passait.
Donc, on parlait de l'enfance.
Probablement que mon enfance un peu solitaire, ça m'a rendu curieux.
Je voulais savoir ce qui se passait dans la vie de mon frère,
ce qui se passait dans ce qui se passait chez mes amis.
J'étais curieux du monde.
Bien là, tant mieux.
Tu viens...
C'est une grande qualité.
Mais tu viens de dire
que t'es pas croyant.
Non. Est-ce que ça veut dire que
tu penses qu'une fois que t'es mort, c'est fini,
y'a plus rien? Oui, c'est ce que je pense.
Bon, quand on pense ça,
ça fait en sorte que j'ai comme l'impression
que la vie, justement, faut être encore
plus vivant, dans le sens que
ça... Tu sais, ceux qui pensent
qu'il y a une autre vie après,
il y a quelque chose de différent, je qui pensent qu'il y a une autre vie après, il y a quelque chose de différent, je trouve,
parce qu'il y a un passage entre
la vie et la mort, mais quand
tu n'y crois pas, c'est qu'il n'y a pas
de passage. C'est la mort, point.
Est-ce que ça ne te fait pas paniquer
de penser comme ça?
Oui, j'ai peur de la mort, moi.
Oui, oui, j'ai peur de la mort.
Mais ça, c'est une des affaires
qu'en vieillissant, tu peux apprendre,
appréhender graduellement.
Parce que tu le sais, ce que je te disais,
tu sais que c'est éphémère, tu sais qu'il va y avoir
une fin, donc... Est-ce que tu as peur de comment
tu vas mourir aussi? De quoi?
Bien, pour le moment, je me dis...
Heu...
Peur. Ah... dit, hmm, peur, wow, j'ai un peu peur, oui, j'ai un peu peur. J'ai peur de ma décision.
J'ai peur de résister à l'acceptation du moment où ça arrive. J'espère que je vais avoir toutes mes facultés,
mais j'ai peur de vouloir m'accrocher à la vie.
J'ai peur de ça.
Donc, je me souhaite soit que ça arrive brusquement.
Je ne me souhaite pas, évidemment, que ce soit un dépérissement,
parce que là, je me dis, oh là là, qui est-ce qui va me décider si c' l'esprit? J'ai peur de mon instinct de vie dans le combat,
dans l'acceptation du moment de la mort.
J'ai peur de mon instinct de vie.
Tu sais, les médecins qui pratiquent l'aide médicale à mourir,
il y a des constats qui commencent à ressortir.
Oui, j'imagine.
Et je parlais justement avec un médecin
qui le fait, qui pratique ça.
Je ne sais pas si on dit pratiquer, mais je pense que oui.
Et elle me disait, on commence vraiment à constater
qu'il y a des gens qui n'accepteront jamais d'abdiquer.
Tu comprends, ils vont prendre, par exemple,
un rendez-vous, tout ça, ils vont choisir l'heure,
mais ils vont toujours reporter.
Elle dit maintenant, commence à comprendre des profils.
Il y a des profils qui, oui,
ils abdiquent, il n'y a plus rien à faire.
Il y en a qui ont toujours un espoir de
ma situation va peut-être changer.
Donc,
ce que j'entends, c'est ça.
Je serais plutôt dans cette catégorie. Je serais plutôt dans la catégorie, moi, je peux comprendre ce que j'entends, c'est ça. Je serais plutôt dans cette catégorie.
Tu serais plutôt dans la catégorie,
moi, je peux comprendre ce que tu dis.
Chaque minute que tu peux vivre,
tu aurais comme envie de dire,
je vais les vivre.
Oui, peut-être.
Peut-être que ça va changer.
Peut-être que ça va changer.
Mais pour le moment, c'est plus ça.
Ce n'est pas le fun de penser à la mort.
Non, ce n'est pas le fun parce que, tu vois. Non, c'est pas le fun parce que
moi, je vieillis et je vois bien.
On parlait tantôt de Michel Côté.
Son décès,
pour nous, ça a été très dur.
Il représente quoi pour toi, Michel Côté?
D'abord, c'est quelqu'un avec qui
on a fait des beaux films, et Marie et moi.
Donc, c'est des beaux souvenirs.
Puis ensuite, bon, Michel, il a continué...
On a continué nos...
Mais il représente d'abord quelqu'un de la même génération que moi.
Donc, on était dans cette génération-là.
On s'est beaucoup...
Pendant qu'il faisait la troupe, son groupe,
nous autres, on en faisait d'autres.
On était dans les mêmes lieux.
Sortie d'école, la naissance
du théâtre,
de création, d'improvisation
collective et tout ça.
Et puis ensuite,
l'apprentissage du cinéma, ça a été vrai pour lui,
c'était vrai pour nous.
On était là au début du cinéma, puis ensuite,
des carrières qui se développent.
Mais au-delà de ça, puis il y a Véronique
avec qui moi, j'ai quand même beaucoup travaillé. Mais au-delà de ça, puis il y a Véronique avec qui moi,
j'ai quand même beaucoup travaillé.
Mais au-delà de ça, il y avait entre Michel, Véronique et sa famille,
Marie, moi et notre famille, beaucoup de similitudes.
On partage, je suis convaincu,
on savait qu'on était à peu près au même endroit,
à plusieurs niveaux.
Donc, on avait une... Puis on ne se fréquentait pas tant que ça,
mais quand on se retrouvait d'emblée, on savait qu'on incarnait à peu près les mêmes
types de familles, les mêmes types de valeurs, les mêmes types de convictions, parce que
Michel, il y avait des convictions, même des convictions politiques, tu sais.
Donc, c'est ça.
Alors, quand... Son décès, c'était comme un membre de la famille,
quoi. C'est ça que
j'ai senti, puis je suis pas tout seul, hein.
Dieu sait que le Québec en entier...
Mais on avait
cette particularité-là
de s'être côtoyé dans la vie,
alors que les gens l'ont
plus côtoyé comme
une vedette. Nous, on avait
un rapport plus familier.
Alors, c'est ça.
Et là,
il y en a plusieurs,
qui s'en vont.
Dans ce temps-là, tu te dis,
mon Dieu, il était
un peu plus jeune que moi
ou j'ai le même âge que moi.
Et tout d'un coup,
la proximité d'une fin,
ça devient quelque chose de plus tangible.
C'est l'histoire de la vie.
Oui.
C'est ça, les cycles de la vie.
Puis c'est vrai que plus on vieillit,
plus il y a des gens autour qui sont malades
ou qui décèdent.
Oui.
C'est pas facile.
C'est pas facile.
Mais ça fait que tu profites de la vie.
Exact.
Exactement.
C'est l'antidote, dans le fond.
Je ne suis pas un obsédé non plus.
Non, non.
C'est des constats.
Je ne savais pas de faire semblant que...
Des fois, là, j'ai mal au genou,
puis là, j'ai bien hâte que ça se guérisse
parce que je veux jouer au tennis encore.
J'aime beaucoup jouer au tennis.
C'est bien, sur un court de tennis.
Ah oui, j'adore ça.
Tu sais, un court de tennis,
ça ressemble beaucoup au métier d'acteur sur scène.
Raconte.
Bien, quand tu joues au tennis,
d'abord, t'échanges une balle.
C'est vraiment comme échanger une réplique.
Puis pour que ça soit le fun, il faut que tu puisses renvoyer la balle
puis que l'échange soit...
Que tu sois du même niveau, là.
Que l'échange soit le plus long, le plus agréable,
puis en même temps, tu sais, compliqué.
Il y a aussi beaucoup de sentiments d'espace.
Quand tu joues au tennis, c'est comme sur une scène.
T'as un rapport avec l'espace.
Où tu te situes sur un terrain de tennis,
c'est où est-ce que tu te situes sur une scène.
Quand on joue au théâtre,
si l'autre est en avant,
puis que toi, tu as une réplique,
il faut que tu sois placé de telle sorte
que tout le monde puisse vous voir.
C'est intéressant comme analogie.
Il y a toutes sortes d'analogies comme ça.
C'est beaucoup d'énergie, c'est beaucoup de concentration. Sur une scène, c'est la comme analogie. Il y a toutes sortes d'analogies comme ça. C'est beaucoup d'énergie,
c'est beaucoup de concentration.
Sur une scène, c'est la même affaire.
Beaucoup d'énergie, beaucoup de concentration.
Quand tu es sur un terrain de tennis,
c'est complètement sur ton terrain de tennis.
Tu ne penses pas à d'autres choses.
Tu es vraiment là-dedans.
C'est ça que tu aimes aussi.
Oui, j'aime ça.
C'est comme dans tes rôles.
Tu es dans le moment où ça se passe.
Est-ce que tu es prêt à passer au rouge?
Le rouge, oui. Donc, tu les prends,
tu m'en donnes deux. – Ah oui, t'en as
moins, là-dedans. – T'en as moins, moi, ça commence.
– Parce que là, ça, c'est des questions...
– On a répondu déjà à beaucoup de choses, on en parle
beaucoup de choses. – Moi, d'après moi, on a répondu à peu près
à tout. D'après moi,
on a répondu à tout.
– OK, alors, t'en choisis une.
Quelle est ta plus grande peur
et comment ta sexualité a-t-elle évolué
au fil du temps?
C'est-à-dire qu'on devenait plus intime.
Je me suis posé des questions
en me revenant ici.
Je me suis posé des questions parce que je me suis dit
« Ah, je ne suis pas sûr que je vais dire la vérité. »
Parce que là,
c'est dur ce que je vais dire.
Mais je me suis dit « Là, on s'en va, ça va être public tout ça. Et là, n'importe qui va pouvoir écouter ça et se dire, ah lui, par exemple, sa plus grande peur, c'est la mort ou bien non, sa sexualité est complètement fuckée. Et je me suis posé la question,
quand tu fais ce genre d'entrevue-là,
et que tu amènes les gens, tu es bonne, tu es habile,
puis on aime ça, puis on est bien avec toi.
Quand tu nous amènes à aller vers des choses intimes,
est-ce que tu sais que n'importe qui peut avoir accès à cette intimité-là?
Est-ce que tu te poses la question éthique?
Absolument.
Oui, puis je vais te répondre par rapport à ça.
C'est aussi pour ça que tu as une carte Joker.
Parce que pour moi, c'était important dans le jeu
que la personne, ça dit, regarde-moi, ça va trop loin, j'arrête.
C'est comme si c'est ma permission d'oser poser ces questions-là.
Cette carte-là est sortie aussi avec
Jeannette Bertrand.
Je ne savais pas trop quoi penser.
Je me disais, elle va peut-être utiliser son joker.
Elle a dit, parlons sexualité.
Elle était
contente de ça parce que
c'est trop tabou. En même temps,
moi, j'ouvre une porte.
Tu peux décider de me faire rentrer
juste dans ton portique. Je pas obligée de, tu comprends
je suis pas obligée d'aller dans ta chambre à coucher dans ta réponse
mais oui
je comprends très bien ce que tu veux dire
ça implique
quelqu'un d'autre aussi
je me suis dit n'importe quel journaliste
peut aller là
moi je trouve que l'entrevue
Pierre
il y a des intervieweurs qui sentent que l'entrevue, Pierre, là, il y a des
intervieweurs qui sentent que l'invité
est obligé de répondre à leurs questions,
alors que moi,
je me sens comme la capacité de
poser n'importe quelle question quand elle est bien
intentionnée, quand le ton est bon,
quand l'intimité de la
relation entre l'intervieweur et l'intervieweur
est là, tu sais, il faut qu'il y ait quand même quelque chose.
Et je me dis, la personne est toujours libre de répondre ou pas, parce que si moi, je me... la relation entre l'intervieweur et l'intervieweur est là. Il faut qu'il y ait quand même quelque chose.
Et je me dis, la personne est toujours libre de répondre ou pas.
Parce que si moi,
je me censure dans les questions,
c'est ça.
Donc moi, je ne veux pas me censurer.
Mais par contre, moi, j'accepte
ta réponse. Si tu me dis, moi,
cette porte-là, je ne l'ouvre pas.
Je ne vais pas te harceler.
Moi, ça, je comprends. Mais j'aime bien
oser. Et tu as ta carte de sécurité
aussi.
OK. Réose pour moi.
OK. Quelle est ta plus grande peur?
Ou comment ta sexualité a-t-elle évolué
au fil du temps?
Je vais répondre à la sexualité.
Ah, c'est toi qui y vas en plus. Bon, bien, OK.
C'est toi qui as choisi.
La plus grande peur, on en a parlé beaucoup.
La peur d'actuelle, c'est sûr, ça va être la peur de mourir.
Donc, tu n'utilises pas ta carte
Joker pour la sexualité.
Si ça me permet de te poser une question, oui.
Non, c'est celle-là après.
Comment ma sexualité
a évolué?
Moi, je pense qu'elle a évolué
très normalement.
C'est-à-dire que
d'abord,
enfant sanitaire,
j'avais pas... J'ai été obligé d'apprendre la sexualité,
comme je te disais, dans les livres,
dans les images que tu sauves ici et là.
Bon, puis finalement, j'ai trouvé quelqu'un.
Je me souviens que, première fois
que j'avais fait l'amour, je savais vraiment pas
comment ça se passait au jeu.
J'étais vraiment très mal habile.
Mais j'ai compris qu'il fallait que je devienne
le plus habile possible parce que j'avais
beaucoup aimé ça.
T'as quand même un bon souvenir de ça.
Ah oui, très beau souvenir.
Donc, et là,
on est tombé dans une période où c'était
vraiment l'amour libre.
Et puis moi,
vraiment, j'adore
les femmes. Alors, j'ai eu de nombreuses occasions de le manifester. J'ai aimé beaucoup les femmes. Mais c'était une sexualité d'amitié. Moi, en amitié, j'aurais été prêt à aller jusque
dans des rapports sexuels.
C'est pas quelque chose qui me faisait
peur, mais à chaque fois que l'occasion
est arrivée, c'est arrivé deux, trois fois
avec des amis proches,
eux autres, ils ont tout de suite...
Fait que moi, je suis jamais allé là, tout de suite.
Ils voulaient pas briser
cette amitié-là. Ils voulaient pas aller vers
ce type de rapport-là,
alors que moi, je n'avais pas beaucoup de préjugés
pour toutes sortes de raisons.
Ce n'est pas quelque chose qui me buggait.
Tu n'avais pas de barrière.
Je n'avais pas beaucoup de barrière.
Puis il y a eu, comme tout le monde,
tu as du monde qui te tourne autour,
qui te veulent un peu,
mais ça n'a pas eu beaucoup de conséquences.
Je n'ai pas subi de sévices.
Et là, bien, là, j'ai eu des enfants.
Alors, notre sexualité, c'était encore une période assez libre.
Même si on avait des enfants,
on a été dans une période libre, très ouverte.
Comme couple ouvert?
Pas couple ouvert, mais moi, j'ai eu des aventures,
mais je sais que mon épouse aussi en avait eu. Pas couple ouvert, mais moi, j'ai eu des aventures,
mais je sais que mon épouse aussi en avait eu.
Mais c'était ouvert, mais assez douloureux, finalement.
Parce qu'on s'aimait, puis dans ce temps-là,
tu te disais tout, et puis c'était comme, oh, c'était dur.
Je trouvais que le prix à payer pour avoir une sexualité libre était humainement douloureux.
C'est comme si tu te forçais à accepter ça, quelque part.
Non, c'était comme si tu étais obligé d'être très honnête
par rapport à ton comportement libre sexuellement.
Et dans un couple, c'était difficile à vivre.
À entendre, j'imagine.
Oui, à entendre, à se dire, à vivre.
Ça, j'avoue que c'est une période qui était difficile.
Puis après, ma vie à deux a été plus simple
et plus centrée avec Marie.
Et on s'est très bien entendus dans les objets,
dans la façon d'être complémentaire.
Ça, ça a
tout de suite bien marché.
Et ça a été une grande
source de joie,
pour nous deux, de plaisir.
Donc,
j'ai pas eu...
Et toi,
ça t'a...
T'as toujours été avec la même,
de ne pas avoir à expliquer autre chose
quand t'as rencontré Marie.
Oui, bien là, la période a changé aussi.
Tout d'un coup, c'est devenu moins libre.
Sont apparues des maladies sexuelles.
Comme moi, j'ai pas connu ça, la liberté,
parce que le sida est arrivé.
Et là, c'était tout le contraire.
C'était la peur de l'autre, pratiquement,
quand on arrivait à l'intimité.
Le port du condom, je veux dire, c'était pas...
Puis c'était épeurant.
On ne connaissait pas encore vraiment la transmission,
comment ça fonctionnait.
Il y avait plein de choses qu'on entendait.
Mais c'était comme la fin de la liberté sexuelle, clairement.
Alors, moi, je suis passé juste...
Avant, oui.
Juste avant.
Et ce qui a changé,
moi, je me souviens que j'avais comme...
Tu sais, j'aimais la sexualité,
tu sais, même une sexualité un peu...
Comment dire?
Secrète ou personnelle.
Mais ça, tu vois, ça, s'il y a une chose
que je trouve qui a changé, en fait,
dans la sexualité,
au moment où moi je l'ai vécu,
il y avait des interdits.
Tu sais, il y avait des interdits sexuels.
Il y a des choses que tu ne faisais pas.
Et c'était excitant.
Parce que l'interdit, c'est toujours
excitant. Tu veux transgresser. Puis tu le fais peut-être pas, mais tu l'interdit, c'est toujours excitant. Tu veux transgresser.
Puis tu le fais peut-être pas, mais tu l'imagines.
Il y a une vie fantasmatique sexuelle que moi, j'avais,
qui était comme privée,
qui n'était pas partagée avec l'autre.
J'avais ça.
J'avais une espèce de goût de cette...
Et ça, j'ai vu ça évoluer
dans le temps. J'ai vu que ce type
de sexualité-là est devenu...
Et là, avec les réseaux sociaux, c'est devenu
tellement fort,
tellement gros, que je ne suis plus
capable de regarder
ce genre de sexualité-là.
Je trouve que c'est rendu d'une violence
incroyable. — Est-ce que tu parles de pornographie?
— Je parle de pornographie. — Matériel pornographique, oui.
À l'époque, la pornographie,
puis il y a eu des auteurs qui en ont bien parlé de ça,
il y avait l'index du temps des catholiques,
comme au collège.
Moi, les livres que je lisais,
c'est tous les livres à l'index.
Je me disais, crème, qu'est-ce qu'il y a d'index?
Puis après ça, il y a eu une sorte de...
Il y avait des barrières
et il y avait donc des interdits
puis il y avait de la transgression d'interdits
par certains auteurs.
Je pense à Genet, je pense à du monde comme ça.
Puis il y avait quelque chose d'excitant là-dedans.
Il y avait quelque chose de...
Tu sais, tu avais une part fantasmatique
qui était intéressante. Et ça, je trouve
que c'est disparu complètement.
Là, c'est devenu une pornographie
qui est... – Presque déviante, en fait.
– Mais qui est totalement...
C'est d'une violesse
qui fait que c'est...
Tu peux plus fréquenter ça.
C'est devenu
la violence. C'est devenu la violence. C'est devenu une violence.
Et moi, ça,
j'ai jamais...
Ça, ça t'aurait pas allumé à l'époque non plus.
J'ai jamais accepté ça. Je déteste
et la violence et la douleur. Moi, j'aime pas.
Je suis un peu peureux, dans le fond.
J'ai peur de la douleur physique.
Je déteste la violence, la domination.
Ce type de rapport-là,
ça, ça me...
ça me répugne.
Voilà.
Mais t'as bien répondu, vraiment.
T'es surprise.
Non, mais c'est parce que je voulais pas te coincer
avec cette question-là du tout.
C'est ça, parce que pour moi, c'est bien important
que l'invité ne parte pas d'ici
en se disant « qu'est-ce que j'ai été dire là? »
Fait que t'as ta protection.
Alors, les cartes mauves,
si t'acceptes, veux-tu continuer?
C'est quoi ça?
Si tu réponds à une de ces questions-là,
à ce moment-là, tu peux me poser une question.
Je peux utiliser mon joker?
Tu peux utiliser ton joker, oui. T'es en pijone et tu lui réponds.
C'est simple comme ça.
Non, non, c'est une question de toi.
C'est pas une question sur le cap.
Toi, tu réponds, t'es en pijone et tu réponds à cette question-là. Là, tu l'élis, mais c'est une question de toi. C'est pas une question sur une carte. Toi, tu réponds, t'en pèges une.
Et tu réponds à cette question-là.
Là, tu les lis, mais c'est correct.
À quoi t'as envie de répondre?
C'est-tu moi? Je comprends pas.
En fait, dans celle-là,
c'est que t'étais censé m'en donner une
et c'est là que tu réponds.
Mais donne-moi ça en une.
Mais là, t'acceptes de répondre aux questions mauves.
Donc, si tu lui réponds, après, tu m'en poses une.
Bon, je n'ai pas été vraiment claire.
Ça arrive tant, tant, tant.
Je n'ai pas été vraiment claire. Alors, la question,
tu as accès au service de plan B.
Est-ce que tu sais quoi, plan B?
Oui, oui, c'est une émission que j'adore.
Bon, bien, mais qu'est-ce que tu recommences?
Si tu as envie de recommencer,
c'est quoi, évidemment?
C'est une bonne question.
Autrement dit, quelle est la décision
qu'il semble avoir eu?
Ça serait en politique.
Moi, quand j'ai
quitté le Parti québécois,
je l'ai quitté pour toutes sortes
d'insatisfactions liées à
l'évolution du parti.
Ma chef pensait que je voulais son poste,
ce qui n'est pas vrai.
Je ne sais pas pour ça que je suis parti.
Mais au moment où j'ai quitté le Parti québécois,
je me souviens très bien que j'ai eu
la manifestation de différents groupes,
des syndicats, des groupes de jeunes,
des gens du Parti québécois.
Beaucoup de gens m'ont rejoint.
Et là, j'ai senti qu'il y avait un moment
où je pouvais construire ce que Jean-Martin a fait.
Il a créé un...
Jean-Martin a senti.
Moi, j'ai senti que là, il y avait une conjonction de forces.
Puis je n'avais jamais vu ça aussi fort que ça. Et là, ce que Mario a fait, il a créé un parti. J'ai senti que j'aurais pu être à l'origine d'un mouvement, peut-être d'un parti, et donc de continuer. Et je l'ai senti fort, parce que c'était fort, les manifestations. Ça avait fait un gros bruit, là, puis je me souviens d'une conférence de presse, il y avait à peu près tous les journalistes, est-ce que je dis oui à ça? »
Parce que si je dis oui à ça, ma vie va y passer.
Et là, je n'ai pas dit oui à ça.
J'ai dit non à ça.
Alors, s'il y avait un plan B, moi, ça,
je repartirais de ce moment-là pour voir,
mais qu'est-ce qui serait arrivé?
Je ne suis pas sûr qu'il serait arrivé,
mais j'avais le sentiment
que j'étais au même endroit
que certains des politiciens
que j'ai admirés
se sont retrouvés. Tu es porté tout d'un coup
par des forces collectives
et tu te dis, bordel,
là, j'ai entre les mains
un pouvoir de
peut-être changer un parcours politique.
Bon, dans le cas...
C'est toujours le vieux rêve de...
Est-ce que c'est possible?
Puis c'est pas...
J'en viens pas le poste de Mme de Pauline.
Mais il y a un grand paradoxe dans ce que tu dis, Pierre.
Parce que tu sens que c'est comme une décision collective,
mais c'est une grande décision à prendre
dans la solitude aussi.
Tu la prends pour la collectivité,
mais tu es seul face à ça,
et c'est ça qui est lourd.
C'est de sentir que tu t'en vas au combat,
mais tu es le premier en avant.
C'est ça, et que tu vas porter ça,
puis qu'un coup que tu vas avoir décidé ça,
tu ne pourras pas revenir en arrière. Ça va changer.
Mais tu sais pas jusqu'où ça va aller.
Peut-être que ça va être éphémère, mais peu importe.
Donc, si on parle d'un plan B,
moi, c'est ce moment-là
où j'étais pleinement conscient
que j'étais tout seul
et que je prenais une décision
qui allait avoir des conséquences
sur tout le reste de ma vie.
Puis j'ai beaucoup pensé à ce moment-là,
à mes amours, à ma famille,
puis aussi très égoïstement à moi.
Je me suis dit, est-ce que je suis prêt à mourir pour la cause,
pour mourir pour la politique?
Puis non.
Il y avait quand même un écho chez toi.
Tu avais quand même envie de...
Ah, il y avait une grande... C'est ça. C'est juste que
c'est fort dans ce temps-là.
Je sais pas, mais j'imagine que
Mario, lui, c'est clair
que ça lui est arrivé, je pense, plus qu'une fois
dans sa vie. Mais c'est difficile
de prendre ces décisions-là,
parce que t'as des gens autour
qui vont remettre de la pression aussi pour dire
« Viens. Ils savent que t' es un bon leader, que tu peux porter,
puis ils vont te suivre là-dedans, mais il faut d'abord que tu acceptes de le porter.
C'est ça.
Donc, ce n'est pas un regret, mais c'est une curiosité.
Tu aimerais savoir qu'est-ce que...
Bien, je me suis toujours posé la question.
Si tu pouvais regarder, tu le fais, voici qu'est-ce qui se passe.
Si j'avais dit oui, où est-ce que ça serait allé?
Et qu'est-ce que tu voulais qu'il se passe à ce moment-là?
Bien, à ce moment-là,
comment dire,
le Parti québécois, pour toutes sortes de raisons,
à mon sens,
était pas...
Il s'en allait vers le pouvoir, Marc.
On est plusieurs à avoir quitté le Parti
à ce moment-là. Et probablement
que si tout ce monde-là, puis j'en fais partie, mais je ne suis pas tout seul.
Il y en a qui sont partis, qui ont démissionné,
qui sont allés à la DQ.
Si tout ce monde-là était resté,
probablement que le pouvoir, par exemple, du Parti québécois
n'aurait pas été minoritaire,
mais il aurait peut-être été majoritaire.
Donc, ça aurait changé au moins pendant quatre ans.
Mais l'idée, puis Jean-Martin, lui, a décidé
qu'il quittait le Parti québécois puis qu'il créait un autre parti. Alors, je ne sais
pas ce que ça aurait fait. Il y avait assez de force à ce moment-là pour constituer
à tout le moins un mouvement, probablement qui serait organisé en une espèce
de parti. Mais là,
la vie d'un parti, c'est incroyablement...
C'est incroyable, là.
Fait que je sais pas du tout
quelles auraient été les conséquences. Mais il y avait ça.
Il y avait ce mouvement-là.
T'as été quand même sur cette frontière-là.
Déjà d'avoir été là, c'est énorme.
Oui, oui. Ah oui, écoute.
Au niveau d'être militant, de croire à ta cause. Puis de sentir aussi que tout d'un coup, tu deviens porteur d'avoir été là, c'est énorme. Oui, oui. Au niveau d'être militant, de croire à ta cause.
Puis de sentir aussi que tout d'un coup,
tu deviens porteur d'espoir pour beaucoup, beaucoup de gens.
Des fois, j'en rencontre encore du monde qui me dit ça.
« Ah, vous, quand vous étiez en politique,
tu disais, ah boy, je ne pensais pas. »
On n'est pas toujours conscient de ce qu'on incarne
dans les espoirs des gens.
Tu es un agent de changement pour plusieurs.
Oui, c'est ça.
On parle en politique,
c'est dans plein de milieux comme ça.
Quand on s'implique dans quelque chose,
des fois, on sait que si on se retire,
il y a des choses qui vont s'en aller.
On est toujours...
Ta famille, est-ce que c'est le choix
qu'ils souhaitaient que tu fasses
de dire non à ça et de retourner son vue dans tes terres, de retourner chez toi? Est-ce que tu sentais j'étais le seul à l'avoir pleinement parce que ma famille ne pouvait pas être aussi consciente que moi
des demandes ou des appuis ou de l'importance des appuis
que je sentais dans différents milieux.
Ça, c'est surprenant.
Quand tu sens ça, ça m'est arrivé cette seule fois-là,
en politique, là, tu te dis,
« Boy, on a beau dire que la politique, ça ne préoccupe pas le monde, est arrivé cette seule fois-là en politique. Tu disais, boy,
on a beau dire que la politique,
ça ne préoccupe pas le monde,
c'est quelque chose d'important. Tout se décide pratiquement.
Les grandes décisions,
ce qui nous implique dans notre vie,
combien ça nous coûte, combien il nous reste d'argent dans nos poches,
les services, aller à l'hôpital,
les routes, tout.
C'est très interrelié. Quand on parle d'environnement,
ça passe par là aussi. Donc,
tu as senti quand même que
tu apportais quelque chose à ta collectivité
qui était unique parce qu'on t'approchait
de toi. – J'ai senti que je pouvais être porteur
du respect
que moi, j'ai pour la politique.
– Est-ce que ça, ça t'a fait du bien, même si
tu as décidé de ne pas aller de l'avant?
Est-ce que ça t'a fait du bien de ressentir ça? Est-ce que ça t'a apporté une fierté? – Non. – Même pas? – Non, ça ne m'a fait du bien, même si t'as décidé de ne pas aller de l'avant, est-ce que ça t'a fait du bien de ressentir ça?
Est-ce que ça t'a apporté une fierté?
Non. Non, ça ne m'a pas apporté de fierté.
Ça m'a juste confirmé
dans le fait qu'à certains
moments, t'incarnes pour
beaucoup de gens, tu deviens
porteur du ballon,
porteur d'espoir, porteur
de conviction, puis que
ils reconnaissent en toi, qu qu'ils reconnaissent en toi,
qu'ils se reconnaissent en toi.
Alors, ça te donne un poids
que tu n'imaginais pas que tu pouvais avoir.
Moi, je n'imaginais pas que je pouvais avoir.
Et là, tu te dis, est-ce que j'ai manqué d'ambition?
Est-ce que j'ai manqué?
En fait, moi, la question que je me suis toujours posée
par rapport à ça, c'est est-ce que j'ai manqué de courage? Puis je pense que oui, je pense que j'ai manqué? En fait, moi, la question que je me suis toujours posée par rapport à ça, c'est est-ce que j'ai manqué de courage?
Puis je pense que oui. Je pense que
j'ai manqué de courage. J'ai pas eu
le courage de dire oui à ce que
je sentais là.
Parce que... parce que j'ai eu peur.
C'est un regret pour toi?
Tu sais,
dans L'ombre jaune
de Bob Moran
écrit par Henri Verne
il y a une phrase dont j'ai toujours retenu
les regrets sont stériles
c'est bien
non mais c'est bien parce qu'il faut
en tout cas moi je pense qu'il faut
pas vivre avec des regrets
non je me suis dit mais s'il y avait un plan B
tu le ferais, tu le passerais
as-tu une question pour moi?
je t'allais un peu poser ma question,
parce qu'en m'en venant, c'était ça ma réflexion.
Je me suis dit, là, je m'en vais passer
deux heures à parler de moi.
Mais on a eu, quand même, on se connaît bien.
Tu m'as invité souvent,
puis ça a toujours été chaleureux.
Puis j'ai jamais senti
que c'était intrusif.
Mais là, la question que je me suis posée,
je te l'ai posée tantôt.
C'est au niveau éthique, je me dis, oh boy,
on va nous alimenter pendant deux heures
à partir d'un contenu qui est personnel,
une immense machine qui consomme beaucoup du personnel.
Et est-ce qu'on fait la bonne affaire
quand on alimente cette bête-là,
cette bête féroce qui consomme...
Parce que...
C'est ça, ma question.
C'est ça aussi les réseaux sociaux.
Exact, c'est ça.
Je veux dire, avant, il n'y avait pas ça.
Mais moi, je vais dire quelque chose aussi.
C'était ça, ma question.
Mais je suis contente... Tu poses ça avec délicateté. Ah, mais n'y avait pas ça. Mais moi, je vais dire quelque chose aussi. C'était ça, ma question. Je pose ça avec délicatesse.
Ah, mais on se connaît assez pour ça.
Mais je la trouve très intéressante, ta question,
parce que je vais te répondre quelque chose
par rapport à...
Toi, tu as l'interface réseau-sociaux.
Donc, tu as l'interface, on fait un titre un peu bizarre,
un peu...
Non, j'ai-tu vraiment dit ça,
mais c'est pour avoir des clics.
C'est comme ça que ça fonctionne.
Donc, si tu dis, Pierre Curzi ne va pas bien »,
on est plus intéressé car Pierre Curzi
n'a jamais été aussi bien.
C'est la façon qu'on va...
On le sait, c'est comme la politique, c'est une question de perception.
Qu'est-ce qu'on va percevoir?
Combien de gens vont en lire?
Maintenant, quand on fait ce genre
d'émission de balado
comme « Ouvre ton jeu,
l'équipe,
moi, dans mes messages personnels sur mon Facebook,
ma page fan,
les gens m'envoient des messages. Et même quand tu regardes en dessous des publications,
le bien que ça fait aux gens,
Pierre, moi, c'est ça que je retiens.
Tu comprends? Les clics, ça, c'est une autre affaire.
Mais le fait de...
On lit des biographies
parce que ça nous réconforte
souvent avec soi-même.
Quand tu lis une biographie, t'apprends des choses.
Des fois, tu te reconnais. Des fois, on ne s'est pas
attribué peut-être la fierté qu'on devrait
face à des choses qu'on a faites.
Et déjà,
on commence
ce podcast, et déjà, je pourrais te faire
lire des commentaires de gens qui ont dit
« Merci à telle personne. Merci à Laurent Paquin
d'avoir dit ça. Merci à Normand.
Merci à eux. » Parce que ça vient de changer
ça dans ma vie. Ça vient de m'apporter
une réponse dans ma vie. Je culpabilisais.
Tu sais, tantôt, quand tu parlais
« Je n'ai pas...
Mon amour pour mes enfants
a été en croissance,
a évolué dans le temps. »
Bien, il y a des gens qui vont dire
« Moi aussi, c'est ça », mais qui n'ont jamais osé le dire.
Tu comprends, ça déborde
comme des niveaux,
ça apporte des réponses, mais tout ça
sans prétention. C'est ça aussi, moi,
j'ai toujours trouvé dans mes émissions que j'ai faites,
depuis 2009,
le pouvoir de raconter.
Puis quand on connaît déjà la personne,
on te connaît, sans te connaître
personnellement, mais quand on
sait qui tu es puis tu viens dire quelque chose,
ça vient nous chercher.
Parce que, tu sais, par exemple, présentement,
il y a beaucoup de couples qui sont en couple
ouvert. Tu sais, c'est comme rendu,
c'est quelque chose
qui est plus dans l'air du temps
qu'il l'a déjà été.
Et peut-être que ta réflexion sur,
quand tu dis à l'autre, j'ai eu une aventure,
ce n'est peut-être pas une position
dans laquelle je suis confortable.
Ça va peut-être permettre à des gens
de dire à son conjoint ou sa conjointe,
sais-tu, j'ai embarqué là-dedans,
mais je ne suis pas si confortable.
C'est tout ce genre de petites choses
et de l'importance de l'implication.
Qu'est-ce que ça veut dire?
Moi, c'est ce que j'aime
entendre et c'est
pour ça que je le fais. Tu comprends?
Je donnais une conférence
il y a quelque temps auprès
de femmes d'affaires de Pont-Rouge
et il y en a
plusieurs qui écoutent le balado
puis elles me disent « Ah, mais ça, telle
phrase! » Et tu sais, ça me touche.
Je me dis la générosité
des invités qui osent
être sans filet pendant une heure
et demie, deux heures,
ça apporte des réponses. Et c'est pas tout le monde
qui peut consulter,
qui vont dans des groupes d'échange. C'est pas tout le monde
qui est entendu.
C'est difficile d'aller parler
de ces choses-là, des fois, de différentes choses.
Et là, ici, je trouve que ça débloque des choses. Alors moi, je te dirais que c'est difficile d'aller parler de ces choses-là, des fois, de différentes choses. Et là, ici,
je trouve que ça débloque des choses.
Alors, moi, je te dirais que c'est pour
ces gens-là
qu'ouvre ton jeu. C'est une bonne réponse.
Je passe le test. Écoute, j'en ai une toute
dernière pour toi, parce que
celle-là, on l'aime. On aime ça
la poser aux gens. Ça finit bien.
Ouvre ton jeu. La lampe d'Aladin
existe. Quels sont tes trois vœux?
Ah!
Bon,
le premier vœu, c'est que
l'amour nous porte
encore longtemps.
Ça, c'est mon premier vœu.
Le deuxième, c'est avoir
la sagesse d'accepter
qu'il y aura une fin.
Puis, la troisième,
c'est que j'aimerais que
cette fin-là soit partagée
avec tous ceux que j'aime
et que j'en sois conscient.
Merci, Pierre Curzi,
d'avoir joué avec moi
aujourd'hui. Ça a été vraiment un réel
plaisir, puis j'ai appris plein de choses sur toi.
– C'est un plaisir. – Vraiment, merci.
Et on se retrouve dans un autre podcast.
Merci d'avoir été là.