Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #22 Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: October 2, 2023Pour le vingt-deuxième épisode, je reçois un humoriste pour qui j’ai eu un véritable coup de cœur après l’avoir vu sur scène : Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques. Philippe-Audrey a une coule...ur qui lui est propre et j’ai beaucoup aimé discuter avec lui au fil de cet épisode. Famille, intimidation, parentalité, trouble obsessionnel-compulsif… un échange riche et intéressant, dont on ressort grandi. ━━━━━━━━━━━ Vous pensez au suicide? Vous vous inquiétez pour un proche? Vous vivez un deuil? Ne restez pas seul.e et appelez au 1-866-APPELLE (1 866 277-3553) ou visitez le www.suicide.ca. ━━━━━━━━━━━ Pour visionner cet épisode sur YouTube : https://youtu.be/ZGqe-76y_4M Soyez les premiers à connaître mes projets à venir en inscrivant votre courriel au https://marieclaude.com Retrouvez le podcast « Ouvre ton jeu » sur les principales plateformes d'écoute en ligne : https://marieclaude.com/liens ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette c’est la rencontre d’un invité à cœur ouvert avec une animatrice aguerrie, autour d’un jeu de cartes unique. Réflexions, prises de conscience, confidences: au hasard des cartes-questions retournées, l’invité de Marie-Claude se révèle comme il ne l’a jamais fait et utilise son pouvoir de joueur pour la faire parler à son tour. Des questions sur mesure dans une entrevue qui laisse place au hasard. Une intervieweuse, telle une cartomancienne, qui se lance sans filet. Un invité qui joue, cartes sur table, dans un échange privilégié où le temps s’arrête.
Transcript
Discussion (0)
Les gens qui se font des scénarios, c'est ça qui est drôle,
c'est jamais des scénarios positifs que tu te fais.
Non, c'est toujours le pire.
Oui.
Oui, mais c'est ça l'anxiété.
Puis là, tu deviens bon dans ces affaires-là
parce que t'as beau développer des mécanismes de,
là, t'es en train de te monter en bateau,
là, tu te calmes, la dernière fois que t'as fait ça,
regarde comment ça s'est bien passé.
Tu sais, t'as beau utiliser toutes les méthodes,
tu te convaincs que...
Mais ta peur et ton inconfort
sont plus forts.
Il va trouver des angles morts dans ta réalité.
Il va continuer à mettre du gaz.
Ça va faire en sorte que tu vas continuer
à être un anxieux.
Oui, oui, je suis un anxieux profond.
Ma psychologue a un contre-avis avec moi.
Bonjour tout le monde. Je veux dire, ma psychologue, elle a un contre-avis avec moi. Bonjour tout le monde.
Je l'ai vu sur scène
il y a quelques mois et j'ai eu
un coup de cœur. C'est déjà un gars que
quand je voyais dans mon écran, je m'arrêtais
pour écouter ce qu'il dit parce que
il m'interpelle. Puis je me disais, est-ce que
c'est un personnage? Est-ce que c'est le
vrai? Puis quand je l'ai vu sur scène, je dis, ok,
ce n'est pas un personnage. Il est vraiment
comme ça dans la vie.
Et je suis tellement contente.
Si vous ne le connaissez pas, vous allez découvrir
quelqu'un. Puis si vous le connaissez, bien,
évidemment, vous allez écouter le podcast jusqu'à la
fin parce qu'on l'aime, ce gars-là.
Je parle de Philippe-Audrey Larue-Saint-Jacques.
Bienvenue, Philippe-Audrey.
– Bien, merci. Puis merci de la présentation.
Merci d'être venu par ailleurs.
C'est important.
Mais merci si je ne savais pas que
j'interrompais
ton zapping
tout le temps.
Oui, parce que quand...
On te voit, on t'a vu comme comédien,
acteur, humoriste,
mais tu fais aussi des entrevues.
On t'a invité partout, puis on ne t'invite pas partout
pour rien. C'est que tu as quelque chose à dire
et tu as ta couleur, Philippe Audry.
– Pour le meilleur et pour le pire.
– Oui, mais c'est ce que t'es.
Tu comprends?
Mais moi, j'aime quand les gens
ont une couleur.
C'est ça, il faut qu'on se démarque dans la vie,
mais des fois,
on joue un jeu aussi, essayer de rentrer
dans un moule et là on enlève
toute forme de couleur parce que
en ayant animé longtemps une émission
j'ai toujours aimé recevoir des gens
qui s'affirmaient, qui étaient vrais
et moi je me fous, il y en a qui me disent
oui mais telle personne elle parle fort, telle personne
c'est parce que c'est sa personnalité
et toi tu as une personnalité
distincte, est-ce que je me trompe?
Est-ce que tu te sens différent?
Franchement,
souvent, non.
C'est les autres qui sont différents?
Oui, en général, oui.
Moi, j'ai l'impression
d'être assez normal.
Quand j'arrive en société,
on dirait que je n'ai pas eu le même
code d'instruction que tout le monde. Il y a des trucs comme ça, des comportements, des réflexes peut-être que j'ai. À chaque peu, mais en toute franchise, c'est comme
on me le rappelle
plus que je le sais. Je ne sais pas si c'est clair
comme nuance.
Ça a été longtemps
et je te dirais que ce n'est pas encore libéré.
Ça a longtemps été un complexe,
là encore d'une certaine façon.
J'essaie de
le rentabiliser
d'une certaine façon. c'est un très mauvais terme
rentabiliser, mais j'essaie de le partager
en fait c'est plus ça le mot
puis j'essaie de
d'afficher justement une sincérité
parce que comme tu dis, c'est facile
particulièrement je trouve dans le monde
médiatique ou des arts
de proposer quelque chose de très très
fort, mais qui est pas sincère
je trouve que ce qui est intéressant,
puis moi, en tout cas, en ce qui me concerne,
les artistes que j'aime, que j'admire,
qui m'inspirent,
il y a une vérité, malgré l'excès des fois.
Malgré, l'exemple facile,
mettons, c'est Keith Richards.
C'est un excessif à côté, ce gars-là.
Je ne suis même pas convaincu
que tout ce qu'on dit
sur lui est vrai. Mais
il y a une vérité quand même. Quand tu lis sa biographie,
quand tu regardes ça...
Ça ne part pas de nulle part. Exactement.
C'est une extension de ce qu'il est
profondément. Son art est au service
à quelque part. Il est tombé sur le bon style
musical à la bonne époque. Il pouvait canaliser
ses excès.
Ça a donné ce que ça a donné. Je pense que les
Stones n'ont pas une pire carrière,
c'est pas si...
Je sais pas si l'inflation, ça joue pour eux.
Non, mais dans le sens qu'ils apportent quelque chose,
ils ont emporté tout de suite
leur style musical, leur couleur,
leur excentricité, leur énergie,
et quand on adhère,
ben, on adhère à ça, tu sais.
J'ai comme l'impression que quand on adhère à ton humour,
à ta personnalité,
on a envie de t'entendre sur tous les sujets.
Tu comprends?
Parce que ta vision à toi qui est différente,
t'arrives avec un angle,
peut-être des fois qui est notre angle mort,
quelque chose qu'on n'a pas vu de la même façon.
Alors, c'est toujours intéressant de voir.
Pour moi, la vie, c'est quelque chose d'ostroboscopique.
Il y a des différences, ça dépend
de comment tu le vois, avec quelle lumière
c'est intéressant de l'entendre
de différentes personnes
mais des personnes qui ont
ce qu'il faut pour nommer les choses
t'as comme une grande culture
aussi, t'as 35 ans
mais t'as une immense culture
mais ça c'est mes parents, et génie en herbe
c'est les deux t'es un génie en her c'est mes parents. Et génie en herbe. C'est les deux.
Ah, tu es un génie en herbe, toi?
Ah oui, quand même. Oui, oui. Toi, tu en connais un, génie en herbe.
Génie en herbe un jour,
génie en herbe toujours.
Est-ce que ça t'a fait ça, génie en herbe?
C'est comme une empreinte dans ta vie.
Oui. Ah oui, non, puis en fait,
c'est tellement plus...
Ça a l'air drôle parce que,
franchement, ce n'est pas ce qui m'a rendu le plus populaire
auprès des filles au secondaire.
Je serais curieux d'en parler à monsieur.
Avec Mario.
Voir si lui, ça s'est mieux passé.
Mais non, c'est pas...
C'est quelque chose, tu sais, mais...
Comment dire?
Ça m'a tellement appris à, premièrement,
à faire de la recherche,
à avoir de la rétention
d'informations. C'est un premier
truc. Deuxièmement,
à ne pas avoir peur de ne pas connaître.
Parce que, je veux dire, dans une partie
de Génie en herbe,
évidemment que c'est des questions
super intimidantes, du genre
« Quel roi a régné
sur tel royaume en 1343? »
Puis là, c'est un concours
de vitesse. Mais tu sais, je pense que
tous les joueurs de génie en herbe peuvent le dire.
C'est drôle de parler de ça comme si c'était un sport,
mais c'est quand même un peu ça.
Tous les joueurs de génie en herbe peuvent le dire,
c'est que t'en connais beaucoup moins que t'en connais
en vrai. Je veux dire,
c'est rarissime, les parties où
t'es comme en feu, il y en a, mais...
Mais on est déjà impressionné
quand quelqu'un pèse sur le
buzz, là, et il sache une réponse.
Ce qu'on retient comme observateur,
il savait ça ou pas, il ne savait
pas ça. Exactement. C'est ce qu'on
voit qu'on retient, là. C'est ça. Alors que
à l'intérieur, c'est plus
genre, tu vis
ça comme, ouais, non, ça, j'ai aucune idée
ou, ah, ça me dit de quoi
fait que t'es dans l'incertitude
puis généralement ton réflexe c'est
d'aller chercher après pour
d'aller chercher après pour pouvoir
justement savoir ça
fait que ça a gardé ça
puis ça m'a beaucoup décomplexé
par rapport justement à
ben comment dire
l'inculture ou par rapport
à la méconnaissance de certains sujets, j'ai pris
pour acquis que je ne connais pas ça et c'est normal
de ne pas connaître. Puis d'une certaine façon,
si je veux
apprendre, je peux apprendre.
Tout se peut dans la vie.
Mais ça t'a nourri beaucoup.
Parce que j'ai l'impression qu'à l'âge où les jeunes
font Génie en air, participent à Génie en air,
c'est l'âge où
ce qu'on apprend reste.
C'est-à-dire que c'est comme si...
Moi, je regarde Mario,
on dirait qu'il n'a rien oublié
de cette période-là,
parce que ça prenait beaucoup, beaucoup de place.
C'était comme un sport.
Moi, je pense que c'est un sport intellectuel.
Oui, il y a une performance, en tout cas.
Après ça, ce n'est pas la performance physique la plus tout cas. Après ça, c'est pas la
performance physique la plus impressionnante.
Mais il faut quand même que tu sois vite.
Oui, c'est ça.
C'est de développer une acuité par rapport
aux mots que tu entends.
C'est niaiseux, mais de savoir
qu'on est dans la catégorie histoire.
C'est comme si dans ta tête, tu se rangeais
tout, toutes tes facultés
se rangeaient vers histoire. Tout ce que tu connais qui est vaguement en lien avec l'histoire, tu l'orientes vers ça. Puis là, tu entends des mots-clés. OK, France, OK, roi, OK, tac, tac, tac. Puis là, ça fait une espèce d'entonnoir. Puis généralement, à ce moment-là, ça arrive souvent, puis ça, je suis sûr, je serais curieux d'en parler avec lui, mais ça m'arrive souvent de buzzer et de ne pas savoir la réponse,
mais d'y aller quand même, tu sais, un peu.
Mais oui, c'est comme, tu as raison,
il y a beaucoup de rétention à cet âge-là.
Puis après ça, tu apprends à faire des associations,
il y a plein de trucs.
Effectivement, c'est un sport,
parce que ça demande de la pratique, de la rigueur.
Ça demande aussi une certaine dose de dévotion
à la performance.
Et c'est en équipe.
C'est un sport intellectuel d'équipe aussi.
Oui, c'est vrai.
Les belles années de mon secondaire,
j'ai été chanceux. J'étais dans l'équipe de football
et génie en herbe.
C'était complet.
Les deux spectres.
Vraiment, tu étais un être complet. Physique et intellectuel. Mais j'étais meilleur en génie en herbe qu'étais complet. Les deux spectres. Sport. Non, mais vraiment, t'étais un être complet.
Physique et intellectuel.
Mais j'étais meilleur en génie en herbe qu'en football.
Mais t'avais de la compétition dans les deux.
Oui, c'est ça.
Puis j'aimais ça,
mais en toute franchise, j'étais
meilleur en génie en herbe pour vrai qu'en football.
On a gagné, je pense,
deux championnats
puis on a fait trois finales en trois ans,
dont deux victoires.
Puis Génie en herbe, on a fait deux championnats
en deux ans, deux victoires.
Mais en Génie en herbe, j'avais mon importance.
Équipe de football,
j'étais bon pour couper les oranges.
C'était quoi ta position?
C'est ça. J'étais joueur de ligne,
offensive et défensive.
Puis le problème, c'est que je ne suis pas petit tant que ça,
sauf que je jouais avec des gars
qui étaient
ma taille, c'est-à-dire à peu près six pieds,
mais qui faisaient 300, 323 livres
des monstres.
Puis je ne faisais pas
le poids, littéralement. Fait que je n'étais pas
très, très bon. Je ne cours pas vite,
mais j'ai de la volonté.
Mais qu'est-ce que tuallais chercher là-dedans?
pour vrai
c'est vraiment pas noble
l'intérêt des filles
parce que j'ai une ennerve
me l'offrait pas
t'allais le chercher vraiment là-dedans
tu le voyais que ça changeait le regard
des filles
oui non mais pas juste ça.
J'avais un ami qui était physiquement un peu...
Comme je disais, qui était vraiment un monstre.
Qui avait vraiment le physique de l'emploi.
Qui a été très, très bon.
Il a été universitaire.
C'est un très, très bon joueur de football.
C'est un gars extrêmement intelligent.
Médecin aujourd'hui d'ailleurs,
extrêmement généreux,
gentil, cultivé,
tout, mais
il était tellement dans sa bulle,
il était tellement complexé, puis quand il est arrivé
dans l'équipe de football,
il a été accepté, son corps a été
valorisé,
il me racontait que les filles le regardaient
différemment, puis moi qui étais un peu dans la
même situation, même si on n'avait pas la même
enveloppe corporelle, je me suis dit,
ben, je voyais en direct
la métamorphose que
ce gars-là avait. Il avait plus confiance en lui.
Il avait un groupe d'amis.
Puis les gars de foot, c'était les gars les plus cools
aussi de l'école.
Fait que ça m'a comme... J'ai fait, OK,
ben, ça m'attire,
ce côté-là de sociabilité,
accepter son corps,
la performance par ailleurs. Il n'y a pas
de mal, je pense, à aller faire du sport
et du sport de performance. En plus,
il y avait une culture
de football à mon école qui était très
forte, qui était très axée sur la victoire,
une genre de tradition.
Fait qu'on s'inscrivait en plus
vers quelque chose de plus grand
que nous. Il y avait vraiment cet aspect-là
que je trouvais vraiment le fun, participer à une
histoire qui était
autre chose que ma propre
histoire, en fait. – C'est ça. Tu te dégageais de toi-même.
– C'est ça. Puis
des sports d'équipe, j'ai pas eu la chance d'en faire
beaucoup quand j'étais petit. Fait qu'il y avait tout ça,
mais viscéralement, c'était essayer d'attipe, j'ai pas eu la chance d'en faire beaucoup quand j'étais petit, fait qu'il y avait tout ça, mais viscéralement,
c'était essayer
d'attirer un peu plus les filles
à la base. Mais c'est
le guide de beaucoup de choses dans ma vie, mine de rien,
quand je suis jeune. Même l'humour,
même l'humour. – Donc, ça te
facilitait la communication?
– Euh, ouais, je pense que oui.
– De rentrer en relation,
c'est comme, l'humour a été une porte
l'humour a été en premier lieu un bouclier
ça t'a protégé
parce que quand j'étais au primaire
très enfant
moi j'ai grandi dans
une banlieue, tout ce qu'il y a de plus typique
des banlieues québécoises
c'était vraiment
le paradis du bungalow, un peu les villes dortoirs,
puis très homogènes,
très classe moyenne, je veux dire,
puis je suis super reconnaissant d'avoir
grandi là-dedans parce que
je pense que ça veut dire que je partage beaucoup de choses
avec une vaste portion de la population,
mais
mon père étant
français, ma mère est
donc historienne de l'art, ma mère étant est historienne de l'art.
Ma mère étant aussi historienne de l'art, on avait des sculptures d'art moderne dans la cour qui donnaient sur la rue.
Ce qui était atypique.
Totalement atypique. On était la maison bizarre, on va dire.
Puis là, moi, j'arrive à l'école primaire, un milieu très homogène où j'ai un petit accent français.
Ma famille est française, donc j'ai visité l'Europe,
peut-être pas comme tout le monde, malheureusement,
puis j'ai d'autres référents,
puis là, tu sais, je sens que
l'insertion, ça se passe pas, en fait.
Concrètement, j'ai été victime d'intimidation
pendant tout mon primaire, ce qui m'a...
Comment, je veux savoir quand même, comment ça se manifestait,
ton intimidation?
Ben,
très, très simplement, puis très, très
violemment en même temps. C'est-à-dire que
tu...
Ben, je sais pas. Par exemple, t'es jamais
choisi... T'sais, aussi niaiseux que
t'es toujours le dernier choisi dans les équipes.
Ça, c'est la première chose. Ou ça, c'est quand
on... Ou le prof
te force, force les autres
à t'inclure. Quand il faut faire des travaux
d'équipe, personne ne veut être avec toi.
T'es pointé du doigt.
Dès que tu dis quelque chose, on répète
avec un accent, on te niaise,
on répète ta façon de parler.
Il n'y a
jamais personne pour t'aider.
Donc, t'étais seul.
Tu te sentais seul.
Puis, tu sais,
les lieux où, en tant qu'enfant, normalement, tu vas pour Tu te sentais seul. forcément, c'était les gens de l'école que je retrouvais là. Puis là, je ne voulais pas, tu sais, perpétuer.
Donc oui, j'étais un très seul.
Puis quand je sortais de la maison,
bien, c'était ça pour aller à la bibliothèque.
Comme tu sais, j'ai dit ça un peu dans le spectacle à la blague,
mais c'est vrai, à la bibliothèque, il n'y avait jamais personne là.
Fait que c'est là où j'ai développé mon intérêt pour la lecture.
J'ai été au cinéma beaucoup. Puis mettons, la patinoire municipale,
bien, j'y allais toujours très, très tôt le matin
ou très tard le soir.
– Ça fait que ta vie était en fonction
de cette crainte-là,
dans le fond, de rencontrer les autres.
– Oui, tout le temps. – Ça fait que ta crainte
était la socialisation, à quelque part.
– Oui. – Parce que ça se passait pas.
– Ça se passait mal, ça se passait pas
vrai. Puis quand ça se passait, ça...
Tu sais, moi-même, j'ai un naturel à la base d'assez
timide je te dirais
naturellement
fait que déjà pour moi
c'était compliqué
être confronté à ça ça l'était d'autant plus
pis en plus j'avais pas
confiance aux adultes parce que c'était l'époque
où l'intimidation ça existait pas
c'était très parlez-vous entre vous
réglez-ça entre vous c'est une affaire d'enfant'époque où l'intimidation, ça n'existait pas. C'était très « parlez-vous entre vous, réglez-ça entre vous ».
C'est une affaire d'enfant.
C'est ça, c'est-à-dire ça, des fois.
Faire de cours d'école, on minimisait
à quelque part. À 100%, alors que
c'est des vrais drames pour moi.
Puis si ça reste, aujourd'hui,
une
cicatrice, ou en tout cas,
j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de méfiance
à ce jour. Les réseaux sociaux,
par exemple, c'est drôle à dire,
mais les réseaux sociaux, c'est le même
stress quand je vais là-dessus.
Quand je publie quelque chose, c'est pareil comme si j'étais dans la cour d'école
quand j'étais enfant. C'est la même
crainte,
la même peur, le même sentiment
d'autoprotection. – De rejet.
Tu parles du rejet parce que
ce que tu dis, je pense que
des parents
qui nous regardent ou nous écoutent
vont peut-être...
Ça va apporter des réflexions parce que tu sais, des fois,
l'intimidation, on s'attend à ce qu'il y ait de la violence,
que l'enfant revienne.
Il y a eu des roches qui étaient...
Il s'est fait taxer.
Il s'est fait exactement,
mais il y a une violence sournoise
comme celle que tu viens de dire,
qui est plus silencieuse,
mais qui fait son chemin en dedans de celui qui la vit, par exemple.
Oui, parce que c'est une déconstruction
quotidienne de ta confiance.
Tu sais, je vais te donner un exemple très
concret
qui aurait pu avoir des
conséquences quand même. Heureusement, mes parents
sont des professeurs.
Donc, l'éducation
a toujours été hyper valorisée.
Puis, ce qui fait aussi en sorte que, par exemple,
détail, mais quand je suis arrivé à l'école,
mes parents ont pris soin de m'apprendre à lire,
tu sais, la base, l'alphabet, l'écriture à peu près de base,
écrire mon nom, lire des petites phrases,
décoder les chiffres, bon, une base de première année.
Mais quand tu arrives aux primaires,
tu en as deux, trois par classe maximum
sur une classe de 30.
Fait que là, forcément, tu as une longueur d'avance,
donc tu as des meilleures notes.
Puis là, rapidement, j'ai compris
quand la professeure redonnait, par exemple,
les copies, les dictées,
elle pointait à Philippe Audré, bravo,
tu sais, regardez, c'est comme ça qu'on écrit le mot pomme.
Il y a deux M.
Puis là, après ça, nécessairement, dans la cour d'école,
je recevais, tu sais, une balle ou un ballon,
ou en tout cas, tu sais, je veux dire,
il y avait une conséquence directe.
Puis, franchement, je ne sais pas si c'était direct
à la copie d'examen
ou c'était juste dans une globalité
de toute façon.
– Mais toi, tu faisais une association.
– Moi, je faisais une association, ce qui fait en sorte qu'à un moment donné,
je ne sais pas pourquoi,
ça arrive, j'ai eu une moins bonne note,
on va dire.
Puis cette fois-là, à la récréation,
il ne s'est rien passé.
Fait que là, j'ai fait « Oh! »
Fait que quand je n'ai pas des bonnes notes, il ne se passe rien.
Fait que ce qui s'est passé, c'est que j'ai passé tout le reste de mon primaire
à être un élève très, très, très, très moyen.
Sauf dans les moments…
Volontairement.
Volontairement.
Mais c'est une grande incidence.
Ben oui, parce que tu sais, je veux dire, j'aurais pu, un, me désintégrer.
Heureusement, c'est pour ça que je dis que mes parents
étaient là. C'est que mes parents ont toujours
trouvé important, m'ont toujours rappelé
l'importance de l'école, m'ont toujours
rappelé, ont toujours placé l'école
au centre de notre vie.
Fait qu'ils m'ont toujours motivé
à rester, mais
forcément, si j'avais grandi dans un autre milieu,
probablement que je me serais désintéressé de l'école,
probablement que j'aurais pas eu des bonnes notes, donc j'aurais pas eu un cursus scolaire comme j'ai eu.
Tu serais effacé.
À 100%.
Puis la professeure étant ce qu'elle est, je veux dire, peut-être qu'il y aurait eu un professeur qui m'aurait sorti, puis qui m'aurait valorisé, puis je serais rentré dans un autre système.
Premièrement, je ne pense pas parce que l'époque ne le permettait pas
ou en tout cas, ce n'était pas développé comme aujourd'hui.
Puis deuxièmement, c'est vraiment, vraiment se reposer sur la venue d'un messie.
Les profs sont tellement débordés dans les classes
à s'occuper par ailleurs des cas vraiment problématiques
que la personne qui a une certaine autonomie, on va la laisser tranquille.
Je pense que j'aurais pu très bien passer
dans les mailles du système.
T'aurais passé sous silence,
mais en train de te détruire à l'intérieur.
Oui, parce que c'est ça,
c'est que là, tu deviens un incapable, en fait.
Tu deviens le...
C'est pour ça que c'est super dangereux,
je trouve, l'intimidation.
C'est que tu...
Même si au début, tu reçois ça en disant,
ben voyons, qu'est-ce que les gens... Tu reçois ça tout le temps comme un affront. Tu te dis, qu'est-ce que j'ai fait? Qu'est- même si au début, tu reçois ça en disant, « Voyons, qu'est-ce que les gens… »
Tu reçois ça tout le temps comme un affront.
Tu te dis, « Qu'est-ce que j'ai fait? Qu'est-ce qui se passe? »
Tu te confrontes, tu te dis, « Il me semble que la façon dont on me parle
et la façon dont on me traite ne correspond pas à ce que je suis. »
Puis là où c'est dangereux, c'est qu'à un moment donné, à la longue,
tu finis par te convaincre que tu es ce qu'on…
L'image qu'on projette de toi.
Puis c'est là, moi, je trouve que ça devient
non seulement triste, mais dangereux
parce que c'est pas vrai, premièrement.
Puis deuxièmement, bien, c'est...
On est...
On est jamais aussi
grandiose qu'on le dit, puis on est jamais aussi
pire qu'on le prétend. Fait que
il y a ça qu'il faut jamais oublier.
Puis c'est, tu sais, comme des fois,
ça me brise le cœur encore de voir
des jeunes, des fois, tu t'entends ça
qu'ils fuguent ou quoi que ce soit parce que...
Non, ça me fait vraiment de la peine.
Parce que la fuite, c'est une fuite.
Donc, ils fuient quelque chose.
Ils fuient quelque chose.
Puis je n'ai pas la prétention de savoir
ce qui fuit, encore moins de...
Je ne suis pas un intervenant,
je ne veux pas, mais...
Mais il y a comme une souche que tu peux
comprendre là-dedans. Mais ça touche une corde sensible
à chaque fois. Tu as goûté à quelque chose de ça.
Tu sais qu'est-ce que... Tu comprends cette
saveur-là, tu sais,
ce qui nous amène à fuir,
à fuguer. Ce n'est pas nécessairement
des fois juste le milieu familial. On associe
ça souvent au milieu familial. Mais ça n'arrive pas du jour au lendemain, à mon avis, c'est pas nécessairement des fois juste le milieu familial, on associe ça souvent au milieu familial, mais ça arrive pas
du jour au lendemain, à mon avis non plus,
une fugue, il y a quelque chose qui se prépare.
Tu sais, j'ai un ami, tu vois,
j'en ai jamais parlé de ça, mais ça me revient
le fait d'en parler, mais
en cinquième
année,
c'était l'année du verglas, fait que oui, c'était cinquième
année, en cinquième année, j'avais
un ami, c'était mon seul ami,
puis il est parti un midi, puis la chose qu'on a su, c'est qu'il avait vécu,
je ne me souviens pas franchement, c'est un peu flou dans ma mémoire,
mais je me souviens que c'était un petit gars dont le père était absent.
C'était un anglophone, c'est drôle à dire, mais il roulait ses airs,
il parlait comme un anglo qui parle
français, fait qu'il avait un accent
un peu comme moi, d'ailleurs.
C'était un gars très, très
intelligent, sa famille était aux États-Unis,
donc il y avait une autre culture. En fait, c'était assez
comparable, pis c'est probablement pour ça qu'on était amis.
Pis c'est drôle à dire, parce que c'était un petit gars
dont le père, je me souviens pas ce qu'il faisait, mais je pense, à post c'est un petit gars dont le père,
je ne me souviens pas ce qu'il faisait, mais je pense, à postériori, je réalise que le père,
je pense qu'on pensait ses absences parce que c'était tout le temps
le premier à avoir, mettons, un Nintendo.
C'était tout le temps le premier à avoir la nouvelle affaire
que tout le monde voulait.
Puis tu te dis quand tu es enfant, un réflexe,
tu dois être content, puis non.
Parce que ce petit gars-là, il est parti à un moment donné dans le bois,
puis en fait, il a fait
ce qu'on a su, c'est qu'il a fait une tentative
de suicide alors qu'il était en
cinquième année, c'est-à-dire qu'il a peut-être 10 ans, 11 ans.
La police, apparemment,
l'a trouvé juste à temps.
Je me souviens parce que ça avait été une grosse affaire
à l'école, il y avait eu des intervenants,
il y avait eu...
Est-ce que tu l'as revu, cet ami-là? Oui, mais il a changé d'école rapidement. Ils l'école, il y avait eu des intervenants, il y avait eu... Est-ce que tu l'as revu, cet ami-là?
Oui, mais il a changé d'école rapidement.
Ils ont changé de milieu
à ce moment-là. Oui, genre, je pense
quelques semaines plus tard,
ils ont déménagé,
puis je ne l'ai jamais vraiment revu depuis,
mais c'était mon seul ami,
donc non seulement je perdais mon ami, mais en plus
d'apprendre ça, puis de voir
qu'en fait c'était ça, c'est qu'on connectait beaucoup
parce qu'on vivait, j'ai l'impression, la même chose,
ben oui, ça a éveillé beaucoup de choses en moi,
puis ça m'a beaucoup insécurisé,
puis ce que j'ai trouvé vraiment, vraiment plate,
c'est que là on a fait venir un intervenant,
ce qui était la bonne chose à faire,
on a fait des ateliers sur ça,
l'intimidation et tout, mais ça n'avait pas de nom
encore.
Mais il n'y a pas eu de suivi.
Il n'y a pas eu de... C'était juste
une fois, puis bon, on passe ça sous silence.
Puis là, c'est réglé, ça fait deux semaines,
c'est bon, on recontinue.
Mais toi, tu as un vide qui est resté.
Bien oui, puis une peur qui est restée.
Puis ça m'a jamais
quitté, fait que c'est pour ça
que quand je vois des jeunes, ça,
ça me revient nécessairement
cette détresse-là, finalement.
Parce que ses parents l'aimaient, par ailleurs,
c'est juste qu'ils
étaient pas capables de comprendre. On n'a pas de guide,
hein, de parent. Quand on a des enfants,
il n'y a pas de guide. Non, c'est ça, on dirait pas.
Non, puis on évolue la vie aussi, des fois, nous happe comme parents a des enfants, il n'y a pas de guide. Non, c'est ça, on ne dirait pas. Non, puis on évolue
la vie aussi. Des fois, nous,
comme parents, des fois,
on ne met pas l'énergie
au bon endroit parce que la vie, des fois,
nous amène ailleurs. On n'a pas tous
les mêmes enfants.
C'est complexe.
Être parent, c'est complexe.
Ça a l'air. C'est pour ça que je respecte les parents.
Est-ce que tu es prêt à ouvrir ton jeu?
À 100 %.
À 100 %.
Donc, il y a des cartes vertes qui sont des questions assez générales.
Les cartes jaunes, on commence à être plus personnel.
Les cartes rouges ne sont vraiment que pour toi
parce que chaque invité a vraiment son jeu.
Il va partir avec le jeu.
Les cartes mauves, si tu décides de piger
et de répondre, tu peux me poser la question de ton choix.
Et tu es un joker.
Donc, à n'importe quel moment, si je vais
trop loin dans mes questions ou sous-questions,
tu peux m'arrêter.
Tu as comme une assurance.
Tu n'as pas le goût. Alors, je te donne les cartes vertes,
tu les brasses. Tu peux les brasser comme ça, comme tu veux.
Tu m'en donnes quatre. Tu vas en choisir
une et je vais en choisir une.
OK.
Donc, c'est les questions à répondre.
Je ne suis pas un très grand brasseur de cartes.
Je n'appartiens pas au gars qui joue au poker toutes les semaines.
Moi qui sépare ça et tu n'es pas là-dedans.
Fait que j'en choisis quatre.
Oui, tu m'en donnes quatre.
OK.
Donc, une, deux, trois et quatre.
Parfait.
Alors, on part.
OK.
Tu en choisis une dans celle-là.
Quel est ton plus beau souvenir d'enfance?
Ah, mon Dieu. Quel est ton passe-temps
préféré? Quand je me regarde dans le
miroir, je vois. Quelle est ta
relation avec la
fierté? Oh, wow! Ben, ces
deux-là, je te dirais le miroir,
la fierté, ça va
être des longues réponses et
j'ai déjà... Ben, on
a déjà...
Mais vas-y.
Qu'est-ce qui t'allume?
Quel est mon plus beau souvenir d'enfance?
Je te dirais, ça, c'est facile.
Ça, je suis capable de répondre à mon souvenir d'enfance.
Fait que c'est quoi?
Faut que j'en choisisse une des quatre?
Ben oui, t'en choisis une des quatre.
Oh là là.
Parce que ça, ça me tente d'en parler, le souvenir.
Tu peux me suggérer la deuxième que je vais choisir? Le miroir.
OK. Bien, regarde, on va y aller avec ça.
Parce que c'est relié. Fierté et miroir,
c'est relié. Parfait. Donc, ton plus beau
souvenir. C'est le fun parce qu'on vient de parler de quelque chose
difficile. Donc, je trouve ça intéressant
que tu choisisses celle-là.
Mon plus beau souvenir d'enfance,
là, je ne veux pas faire le gars
qui se vante et tout. Parce que,
comme je disais, j'ai de la famille française
comme moi j'ai de la famille gaspésienne
donc j'allais souvent en Gaspésie
toi ta famille est en France donc t'allais l'avoir en France
exactement
pis j'ai pas
t'sais j'ai une demi-sœur qui a 12 ans
de plus que moi fait qu'on est comme deux enfants
uniques d'une certaine façon j'ai pas grandi
elle est plus vieille que toi?
pis on a la même mère mais pas le même façon. Je n'ai pas grandi... Elle est plus vieille que toi? Oui. Puis on a la même mère, mais pas le même père.
Et donc,
j'ai comme...
Tout l'aspect solitaire dont je parlais,
je n'ai pas grandi
dans un milieu où
j'étais confronté
ou en tout cas, il y avait des gens autour de moi,
beaucoup. Paradoxalement, ma mère
vient d'une famille de 15 enfants.
Il était 16, donc
15 frères et sœurs. Mon père a 6 frères et sœurs. Donc, mes parents viennent de familles
très nombreuses. J'avais beaucoup de cousins et cousines, oncles, tantes, mais moi-même,
dans mon milieu, je n'avais rien. Mais un de mes plus beaux souvenirs d'enfance, c'est
l'été 1998. on est partis voir la famille
et ma soeur et ses joints.
Fait qu'on a été comme une vraie famille
pendant un été de temps
à travers l'Europe,
ce qui n'est pas désagréable.
Puis on allait voir la famille.
Donc quand moi j'allais en France,
ben tu sais, t'es un enfant,
donc t'es le roi finalement.
Fait qu'à chaque fois t'es accueilli, t'es gâté.
Puis, déjà, ça, c'était le fun.
Après ça, moi, j'ai toujours eu une passion
pour le Moyen Âge, l'histoire.
Fait que déjà, la France,
c'est un pays que j'adore particulièrement pour ça.
Puis, fait qu'il y avait tout cet aspect-là,
mais c'était vraiment le concept familial qui me...
Parce que vous aviez le même horaire.
– Exact.
– Vous étiez en même temps, tout le temps.
– Oui.
Puis tu sais, tu vas dans un parc d'attractions,
c'est deux adultes, deux enfants.
Fait que le concept de la famille était là.
Puis c'est la seule fois de ma vie
qu'on a été une vraie, vraie famille,
on va dire classique.
– Fait que toi, l'appartenance à ta famille…
– Ah, c'est très important.
– Ça évoque beaucoup pour toi. – Oui, toi, l'appartenance à ta famille, ça évoque
beaucoup pour toi.
Très, très, très important. En fait,
j'oserais même dire
que j'y vois une responsabilité d'une certaine
façon. C'est-à-dire que mes
parents,
ils ont hérité
de valeurs et eux-mêmes
m'ont transmis des valeurs,
m'ont transmis
un regard, des sensibilités.
Puis il y a des choses qui me plaisent là-dedans.
Puis ça, je trouve ça important de les partager
puis de les perpétuer.
Fait que c'est dans ce sens-là
où je vois une forme de responsabilité.
Puis l'aspect, je ne veux pas faire honte à mes parents.
T'as ça? Est-ce que tu le sens encore aujourd'hui?
Ah oui, oui, oui, à 100 %.
Ah oui?
Ah oui, oui, oui.
Pourquoi tu ne veux pas faire honte à tes parents?
Parce qu'ils me rendent fier eux-mêmes.
Mes parents, c'est des enseignants.
Des enseignants au Cégep.
Je ne compte plus le nombre de fois
où des anciens étudiants m'ont soit interpellé dans la rue,
soit carrément écrit pour me dire
« J'ai eu ton père, ta mère comme prof.
Ils ont changé ma vie. »
C'était vraiment des excellents professeurs,
très, très dévoués.
Fait qu'ils m'ont vraiment…
J'ai cette chance-là d'avoir eu des parents
qui m'ont rendu fier d'eux,
puis j'espère leur rendre d'une certaine façon.
Fait qu'il y a ça, puis…
Est-ce que tu leur dis que...
Est-ce que tu nommes ça devant eux?
Je pense
pas parce qu'ils seraient gênés.
Mais je pense que c'est conscient, tu sais,
dans le sens où...
Ouais, j'essaie vraiment de...
Est-ce que tu penses que ça changerait quelque chose
pour eux que tu leur...
Même s'ils sont gênés, mais
je veux dire, est-ce qu'il y a quelque chose qui te grandirait en eux
de savoir que leur fils est fier
de leur parcours?
Et que ce soit clair, que ce soit dit.
C'est une bonne question.
J'espère que oui. Ben, tu vois, ils se sont mariés cet été.
Ça, c'est vraiment une des affaires les plus émouvantes.
Ça fait 40 ans qu'ils sont
ensemble, puis ils se marient cet été.
Après 40 ans de... Tu sais, j'étais comme là,
vous êtes sûrs, vous allez pas trop vite.
Il me semble qu'on brûle les étapes.
Mais ils se sont mariés cet été
pis c'est
ce que j'ai trouvé super émouvant.
Premièrement, c'est vraiment spécial de voir le mariage
d'un vieux couple. Parce que tout ce que
t'espères d'un mariage, ils vont vivre longtemps
ensemble, vont avoir une famille, vont faire des beaux projets.
De nombreux enfants. C'est ça, ben là tu le sais
déjà, fait que c'est comme
t'as déjà cette satisfaction
là, mais
non, ce que je
trouvais le fun, c'est que leur mariage finalement
c'est un prétexte pour rassembler la famille finalement.
Parce que tout le monde sait qu'ils sont ensemble
tout le monde, bon mais
j'ai pris la peine, cette fois-là,
c'est la première fois que je leur ai dit que
j'étais fier d'eux, puis j'étais
reconnaissant de tout ce
qu'ils m'ont apporté, puis de tout.
Autant l'éducation
que cet aspect-là. – Et comment ils ont réagi?
– Bien, ma mère a pleuré,
puis mon père a pris une gorgée de vin.
Fait que ça...
Fait que ça... Fait que ça...
En langage, la rue Saint-Jacques,
ça veut dire une très, très forte émotion.
Mais toi, comment t'étais?
Est-ce que toi, t'as pleuré à ce moment-là?
Moi, j'ai pleuré tout le long de la cérémonie.
C'était...
Non, non, non.
Moi, je suis vraiment une Madeleine.
Je suis très...
J'ai la larme vraiment facile.
Puis...
Mais...
C'est drôle à dire, mais...
Justement, le...
Pardon.
L'aspect...
Tu vois, ça m'émeut, là,
parce que l'aspect mariage,
souvent, c'est un début.
Puis là, c'était comme...
Ah, c'est un peu une fin.
Puis là, ça me catapule dans...
Oh, est-ce que c'est un des derniers
beaux moments qu'on vit en famille
je me posais beaucoup de questions par rapport
à la fatalité des choses
limite quand j'ai écrit le petit discours
que je voulais faire
la première fois
j'ai écrit des affaires genre
j'imagine que vous vous mariez pour une affaire
de testament puis là
est-ce que vous êtes malade puis vous vous ne le dites pas, puis tu sais,
je lis ça, c'était super, comme,
bien, dark, là, comme,
puis j'exprimais juste ma peur,
puis là, il y a un guéille sous roche,
vous ne faites pas ça normalement, puis...
Parce que tu te la posais à quelque part pour vrai, cette question-là?
À 100%, puis je la pose encore pour vrai, là,
mais, puis là, tu sais, je la lis,
je lis le message à mon... zéro blague,
puis là, je lis le message à mon améro blague puis là je lis le message
à mon amoureuse
c'est intéressant
comme approche
dans ton métier tu fais souvent
des V2, V3, V4
je t'invite à faire une autre version
peut-être une version juste où t'es content
que t'as pas juste peur
et triste pour la mort à venir
ça a été un mais tu sais c'était quand même un message un peu teinté content, que t'as pas juste peur pis triste pour la mort à venir. Fait que
c'était un...
C'était quand même un message un peu teinté
de peur, finalement, parce que
je tiens beaucoup à mes parents,
pis
ils vieillissent, pis
tu vas pas vers
l'éternité dans la vie,
fait que ça m'a...
Ouais, ça m'a beaucoup touché.
Donc, tous les moments
qui rappellent cet été 98,
par ailleurs, c'est l'été où la France a gagné
sa première Coupe du monde.
En plus, il y avait une effervescence en France.
C'est un détail, mais c'est super important
dans l'atmosphère.
Tout était beau, tout était léger.
Tout le monde était content.
Partout où on allait.
C'est la seule fois que les Français ont été polis et accueillants.
Tu l'as senti.
Oui, vraiment.
C'était vraiment le fun comme été.
Puis c'est ça.
Puis je veux dire, j'étais avec ma soeur.
C'est la seule fois où on a dormi dans la même chambre.
Est-ce que tu la vois, ta soeur, souvent?
Oui, assez régulièrement, on se voit.
Mais je veux dire, on a 12 ans de différence.
Moi, j'ai mi-trentaine, elle, elle a fin quarantaine.
Je veux dire, on n'a jamais été confrontés, malheureusement.
Puis, tu sais, elle, c'est une femme, moi, je suis un gars.
En plus, on n'a jamais été confrontés aux mêmes choses dans la vie.
Dans le même moment.
C'est ça.
Ce n'est pas comme, mettons, moi, je suis une fille,
puis ma grande soeur me guide.
Oui, non. C'est un peu ça. C'est ça. Ce n'est pas comme, mettons, moi, je suis une fille, puis ma grande sœur me guide. Oui, non.
C'est un peu ça.
C'est quoi ta définition de la famille?
Wow.
J'ai rarement pensé à ça.
Premièrement, j'espère,
dans l'idéal,
un nid,
un lieu, en fait, un lieu devant qui tu es bien,
ou en tout cas des gens qui t'accueillent,
puis où tu n'as pas besoin de mentir.
C'est rare ces moments-là dans une vie.
Puis des personnes à qui tu n'as pas besoin de mentir,
qui te connaissent tel que tu es.
Et qui t'acceptent.
Et qui t'acceptent,
c'est excessivement précieux dans une vie, les gens à qui tu n'as pas besoin
de mentir. C'est pour ça que
je trouve que la vérité
est tellement précieuse que souvent
on la protège par des serments.
On la protège
par des serments, c'est-à-dire
vraiment, on fait attention à la vérité,
puis des gens,
donc une famille, qui t'ont vu grandir,
qui t'ont connu même, dans le cas de tes parents
ou même ma sœur, avant que
toi-même tu te connaisses,
c'est excessivement
précieux, fait que c'est
comme un côté un peu migratoire,
c'est-à-dire que peu importe où je vais,
peu importe ce que je fais,
il y a toujours un point de
je retourne là à un moment donné dans ma vie
où je porte en tout cas ce qu'ils m'ont apporté
puis je le partage.
Mais je vois vraiment ça comme un espèce de nid,
un lieu où je ne dois pas mentir non plus.
– Et tu es actif de te montrer vulnérable.
– Oui, oui.
– Parce que c'est ça aussi, ne pas mentir jamais.
Exact.
Puis moi-même, mon devoir, je trouve, en vieillissant,
c'est d'avoir la même rigueur face à mes parents.
Si je sens qu'ils me cachent quelque chose,
qu'ils me mentent, c'est de dire que ça ne sert à rien.
Si on se ment dans la famille,
je veux dire, on perd beaucoup de choses.
J'entends des histoires de famille qui se déconstruisent, qui se séparent.
En toute franchise,
on n'est pas une famille
très...
Comment dire?
C'est pas tous les dimanche soirs
qu'on va souper. On n'est vraiment pas comme ça.
On est tous des solitaires, d'une certaine façon,
dans ma famille, mais on a un sens,
puis ça, c'est peut-être ma famille française,
on a un sens de la famille,
dans le sens où on est prêt à se sacrifier pour la famille,
on interrompt toutes les urgences pour...
Quand il y a un appel.
Quand il y a un appel.
Vous assurez.
On appelle ça assurer.
Exactement.
Quand il y a quelque chose
qui ne va pas,
il y en a un autre
qui assure à côté.
C'est ça.
Puis on est là pour s'aider
puis on est là pour se supporter.
Puis avec ta blonde,
est-ce que c'est quelque chose
que tu veux aussi créer ce nid-là
avec avoir des enfants?
Est-ce que tu aspires à ça?
Ben, ça me fait vraiment peur la parentalité? Ça me fait vraiment peur, la parentalité.
Ça me fait vraiment, vraiment peur.
Je ne sais pas.
J'ai souvent l'impression de moi-même avoir des traumatismes,
des affaires que j'ai peur de transmettre à peut-être mon enfant.
Je n'ai pas un métier, je trouve,
qui me permet d'avoir une vision à long terme non plus.
C'est-à-dire que je trouve que l'humour,
il y a une date de péremption sur l'humour.
À un moment donné, je ne sais pas,
tu es comme moins drôle.
Je ne sais pas ce qui se passe,
mais en vieillissant, on dirait que…
Puis le rapport avec les enfants, c'est…
Le rapport avec les enfants, c'est? Bien, le rapport avec les enfants,
c'est que j'ai l'impression que mes parents
m'ont offert une stabilité.
Puis je pense que c'est ça l'erreur que je fais.
C'est que je pense que j'essaie de reproduire
ce que j'ai eu en me disant...
En faisant d'autres choses.
Voilà.
Puis alors qu'il faut que j'accepte le fait
que ça va être différent, ça va être moi, ça va être...
Mais il y a comme une affaire où je suis encore pris dans
un moule qui fait en sorte que si je ne suis pas capable
de l'appliquer à 100%,
ce n'est pas valide. Ça, ça me fait
peur parce que oui... Parce que tu poses beaucoup de questions.
Un peu trop. Je t'écoute depuis tantôt.
Est-ce que tu fais de l'anxiété?
Ah oui.
Tu es un anxieux. Donc là, tu te fais
des scénarios. Oui, oui, oui.
Ah oui, oui. Non, non, non.
Oui, oui, vraiment. Oui, vraiment.
Non seulement ça,
mais c'est des scénarios paralysants par ailleurs.
Les gens qui se font des scénarios,
c'est ça qui est drôle, c'est jamais des scénarios positifs que tu te fais.
C'est toujours le pire.
Oui, mais c'est ça l'anxiété.
Puis là, tu deviens bon dans ces affaires-là
parce que t'as beau
développer des mécanismes de, là, t'es en train
de te monter en bateau,
là, tu te calmes, la dernière
fois que t'as fait ça, regarde comment ça s'est bien passé.
T'as beau utiliser
toutes les méthodes de, tu te convaincs
que, mais
ta peur et ton inconfort
est plus fort, fait qu'il va trouver des angles
morts dans ta réalité, fait qu'il va continuer à mettre
du gaz, puis ça va faire
en sorte que tu vas continuer à être un anxieux.
Puis oui, oui,
ça me fait... Oui, oui, je suis un anxieux
profond. Je veux dire, ma psychologue, elle a un
contre-avis avec moi.
Est-ce que tu la consultes régulièrement?
Toutes les semaines, depuis 4 ans.
Toutes les semaines, oui.
Est-ce que ça t'a fait grandir?
Beaucoup. Tu vois la différence?
Ah oui, oui. Non, non, non. Mais en fait grandir? Beaucoup. Tu vois la différence? Oui.
Non, non, non.
En fait, c'était qu'au début,
mon amoureuse, c'était ma psy.
Dans le sens où je l'utilisais comme...
C'était pas une psy professionnelle,
mais tu la consultais.
Oui.
Puis là, j'ai fait ça avec beaucoup d'amoureuses.
Puis c'était une erreur,
parce que c'est pas tout le monde.
En fait, c'est pas pour rien
que c'est beaucoup d'études d'être psy. C'est une profession, être psychologue. C'était une erreur parce que c'est pas tout le monde en fait c'est pas pour rien que c'est beaucoup d'études
d'être psy
c'est une profession d'être psychologue
c'est pas tout le monde qui est psy
fait que j'utilisais beaucoup
mes blondes, mes amis comme psy
mes professeurs comme psy
puis à un moment donné quand j'ai vu
mon amoureuse actuelle que j'aime
tu sais je me suis dit
ok je tiens tellement à cette relation-là que je vais y éviter
tout ça, fait que je vais aller consulter.
Puis je suis tombé sur une psy incroyable.
Un psy, c'est ça aussi qui est
ambigu, c'est comme un match un peu.
Oui, il faut qu'elle ait une relation.
C'est ça, il y a un côté date un peu,
ça clique-tu, moi je suis en confiance
avec toi, je me sens-tu compris,
jugé, tout ça, c'est tellement fragile.
Je suis bien tombé, je suis vraiment reconnaissant. Mais oui, oui, parce que ma psy, justement, m'aide à progresser, tu sais, elle me voit, par exemple, on a abordé le terme des obsessions et des compulsions, on a, tu sais, sans le régler, parce que je sais pas si tu règles ça à 100%, mais tu es capable de prévenir au moins.
J'ai abordé l'anxiété beaucoup avec elle, le manque de
confiance en soi, tous
ces aspects-là de ma vie. Aujourd'hui,
j'ai un trousseau qui me permet, grâce
à elle, d'être un peu mieux
équipé et pas nécessairement
de déverser ça sur les gens
que j'aime. – C'est quand même des enjeux très importants,
ce que tu as nommé la compulsion, l'obsession.
C'est sûr que c'est les professionnels
qui peuvent intervenir dans des cas comme ça.
Oui, oui.
Avec des outils qui sont faits sur mesure pour toi aussi.
Oui, puis c'est...
En fait, les compulsions, moi, c'est...
Oui, je peux dire ça, je pense.
J'ai eu des problèmes de troubles obsessionnels compulsifs
relativement aigus.
Peut-être pas.
En fait, je dis souvent ça à la blague,
mais ce n'est même pas une blague.
Tu sais, le film L'Aviateur,
avec Leonardo DiCaprio,
qui est mon meilleur ami,
ça, c'est...
On se connaît, on est de même.
Mais quand j'ai vu le film L'Aviateur,
puis j'ai vu ses comportements,
c'est la première fois de ma vie que j'ai fait,
ah ouais, OK, peut-être que...
Lui, il est au niveau 10 sur 10,
mais moi, je me voyais genre,
OK, moi, je suis peut-être à 6, 7 des fois.
Est-ce que ça a eu un effet miroir?
Peut-être, il y a peut-être quelque chose
qui ne va pas, parce que là, c'était souligné
en gras.
Oui, puis lui, c'est un cas,
je veux dire, comment dire,
c'est un cas extrême.
Mais tu aurais pu aller là, peut-être, parce que des fois, ça augmente.
Oui, oui, puis je veux dire,
j'ai été dans des passes...
Mais c'était quoi? Je ne veux pas rentrer dans ton intimité,
mais ça ressemblait à quoi?
Ben...
La dernière, dernière grosse crise,
ça va être vraiment bizarre.
Peut-être que les gens vont être comme,
« C'est pas si pire, mais. » En 2018, j'ai fait une...
C'était une année où je vivais beaucoup de stress.
J'étais dans une station de radio commerciale
où franchement, ça ne cadrait pas ma proposition.
Ça fait que ça se passait mal.
Le contact se faisait mal avec les auditeurs.
Donc, je revivais ce que je te décrivais à l'école.
Donc, tu sais, je me sentais rejeté.
Donc, ça, c'était pas bon.
Mais en même temps, t'es en radio commerciale,
donc t'as une espèce de devoir de performance.
– Oui.
– Puis t'es pas capable.
Fait que là, ça, c'est un stress.
Deux, j'avais mon spectacle, mon premier spectacle
qui était une tournée un peu plus confidentielle,
mais qui commençait à aller dans les salles. Fait qu'il y avait un devoir de vente de billets. mon premier spectacle qui était une tournée un peu plus confidentielle,
mais qui commençait à aller dans les salles.
Il y avait un devoir de vente de billets.
Les performances encore.
Exact. Ça, c'est un autre stress.
Je découvrais un nouveau monde,
c'est-à-dire les diffuseurs en région,
la région, c'est-à-dire présenter une œuvre en région, tout ça.
Je quittais un peu le nid montréalais.
Je tourne un film
où je suis le lead. Je n'ai jamais fait ça. Lréalais. Je tourne un film où je suis le lead.
Puis, je n'ai jamais fait ça,
l'exigence de tourner un film physique et émotionnel.
Puis, je tourne une série par ailleurs.
C'est « Like moi », c'est la dernière saison.
Fait qu'il y a comme l'inconnu.
Fait que c'est énormément de stress qui se condense
en une période très, très...
Tu sais, comme un automne, hiver, très...
Peu de semaines, dans le fond.
Exactement.
Puis non seulement...
Là, à ce moment-là, je me suis totalement isolé.
C'est-à-dire que...
Parce que c'est drôle à dire,
mais quand tu sens se venir,
c'est comme une marée, un peu.
C'est comme un tsunami,, un peu. Comme un tsunami,
en fait. Il y a toujours une vague, la mer
disparaît avant de revenir plus forte.
T'as un ressac, hein?
C'est comme si ça se vide un peu.
Fait que là, tu sens qu'il y a quelque chose qui se passe en toi.
Ça va.
L'expérience fait que tu fais comme
« Oh, oh, oh, oh, oh, il y a un tsunami
qui s'en vient. » Et là, le défi,
et c'est là où c'est la tragédie,
puis je trouve que le film « L'Aviateur »
l'explique tellement bien,
parce que quand tu parles d'obsession-compulsion,
il y a tout le temps un côté « Ah, ouais,
fait que tu te laves tout le temps les mains,
OK, ouais, c'est ça,
puis là, toi, tu te comptes, genre, tes pas,
puis tu fais, tu sais, l'aspect anecdotique,
limite, puis là, pas pour utiliser
un mauvais mot, mais limite un peu Rain Man, genre, OK, c' fais, tu sais, l'aspect anecdotique. Limite, puis là, pas pour utiliser un mauvais mot, mais limite
un peu Rain Man, genre, OK,
tout est droit, tout est un peu spectaculaire.
Par couleur, par grandeur,
le rangement.
Puis là, mais en vrai,
elle est là, la tragédie, parce que
ce qui arrive, c'est que
ça, c'est la pointe de l'iceberg,
finalement. C'est que
ce qui se passe à l'intérieur, puis c'est là où, comme je dis, c'est une vraie tragédie, c'est la pointe de l'iceberg finalement. C'est que ce qui se passe à l'intérieur,
comme je dis, c'est une vraie tragédie,
c'est que
en vieillissant, tu le sais, ce qui se passe.
Tu le sais que t'es anxieux, tu le sais que t'es pas
contrôlable, tu le sais que tes réflexes sont complètement
déboussolés, tu le sais que c'est pas
normal de commencer
à, comment dire,
à ralentir ta journée
pour regarder si les poignées de porte sont fermées.
Je donne un exemple connu.
C'est pas normal, mettons, de faire deux stations
de métro, puis là, commencer à paniquer parce que
j'ai-tu laissé le rond de poêle pendant,
et à ce jour d'ailleurs, mais pendant
je pense,
pendant tout le conservatoire, j'utilisais
juste un rond de poêle.
C'est pas une farce.
Tout le temps le même.
Que je savais
qu'il était fermé.
Parce que j'avais pas...
C'était ma façon de contrôler
mon anxiété, c'était de pas utiliser les...
Fait que j'utilisais pas les... Puis quand j'étais vraiment
en zone de stress, j'utilisais carrément pas le four.
Je mangeais genre cru, je mangeais froid, je mangeais...
En tout cas, je mangeais de la salade, mais j'utilisais
pas le four parce que ça me stressait trop.
Ça fait que ça, c'est niaiseux,
mais c'est un handicap
à un moment donné. Parce que là,
tu finis, puis c'est là où...
C'est là que tu rétrécis ton champ.
Exact. Puis c'est là où...
Puis là, j'en viens finalement à la tragédie,
c'est que tu le sais que ça a un impact
sur les autres. Parce que tu te prives
de faire ci,
parce que ton focus est,
« Ah, fuck, le livre est comme… Je ne suis pas capable de rester… »
« Ah oui, mais tu vois, le livre est croche,
puis il n'est pas classé par couleur. »
Puis là, ça canalise tout.
Ça fait que tu te coupes du rapport,
puis là, ça dérange, puis là, tu ralentis.
Ça fait que là, sachant que ça dérange,
ça ralentit, tu t'exclus,
parce que c'est plus fort que toi à ce moment-là.
Tu n'es pas capable de rester, c'est une tempête
à l'intérieur de toi. C'est vraiment comme, tu sais, quand il y a des
tornades, ça balaie tout, puis il y a
quand même un peu rien à faire. Fait que
tu t'exclus
pour protéger les autres, mais
cette exclusion-là, les autres qui te connaissent
sont conscients de ce qui se passe
puis ils peuvent pas vraiment t'aider parce qu'il y a une muraille
que tu t'es construit pour les protéger.
Fait que c'est ça le paradoxe, c'est que tu veux te protéger, mais tu exclues les autres.
Puis tu as besoin des autres pour te sortir de là.
Mais tu es juste tout seul en te disant, ça va passer, ça va passer.
Puis de fait, ça finit à un moment donné par passer.
Je ne sais pas, à un moment donné…
Mais tu l'expliques vraiment bien.
C'est des crises.
Tout ce qui se passe à l'intérieur.
Oui, c'est un des bouts…
C'est vraiment…
Tu sais, des fois, on mange un bouillon
quand on va dans la mer.
On se fait emporter par une vague.
Moi, c'est comme ça que je le ressens.
C'est vraiment ça.
Puis en 2018, ce qui s'est passé,
c'est pour ça que la compulsion
puis l'obsession,
ce n'est pas nécessairement
les ronds de poils puis tout.
Moi, ça a été les souliers. C'est dr ça que la compulsion et l'obsession, ce n'est pas nécessairement les ronds de poils et tout. Moi, ça a été les souliers.
C'est drôle à dire,
mais je suis devenu obsédé par les sneakers.
Et là, non seulement,
je passais mes journées à lire, à m'informer,
à comprendre,
mais aussi à acheter des souliers
parce que tel soulier, c'est important.
Puis là, ça, ça va me...
OK, si j'ai ce soulier-là qui va représenter...
Ça, c'est un soulier qui a été fait par tel artiste
qui m'interpelle, ça va m'aider.
Je vais porter un morceau de lui,
ça va m'aider à travers.
J'achetais, je pense, 4-5 paires de souliers par semaine minimum.
Ce n'était pas des souliers, sincèrement,
c'était pas des souliers non plus comme
à bas prix.
C'était des souliers qui valaient cher.
C'était toute la mode des sneakers, en fait, qui embarquait.
Puis là,
je veux dire, j'ai un souvenir
puis j'ai vraiment honte de ça.
Mais on est à Val-d'Or, on tourne le film,
on est entre deux scènes, puis ce qu'on appelle un drop
dans le monde du soulier, c'est-à-dire que
telle date, le soulier est mis en vente,
puis
je me souviens d'avoir interrompu
une répétition pour être sûr
d'avoir mon soulier. Ce qui est, un,
absolument pas professionnel,
deux, zéro respectueux,
je dirais même, un,
pas respectueux, deux, pas professionnel,
trois, pas normal.
Non.
T'es sensé. Mais t'étais-tu inquiet par rapport à toi?
Oui. Parce que là, tu te vois
quand même agir, tu te vois arrêter.
Mais tu t'en rends même pas compte à ce moment-là, parce que ça devient
une normalité. C'est fascinant.
Ah, merci. C'est fascinant
de t'entendre.
Oui, ça devient, c'est que tu
crées un système,
tu crées un système, puis une façon de vivre qui finit par être en adéquation
avec ça.
Quand j'étais à l'école de l'humour,
j'avais toujours une barre à savon
parce que je ne sais pas,
j'ai toujours été sensible à ça,
mais j'avais toujours une barre à savon
parce que ça me stressait,
je ne faisais pas confiance au savon
dans les toilettes publiques.
Fait que je lavais tout.
Là, c'est con, mais là, tu te dis,
OK, c'est un gars propre, tant mieux, c'est ça.
Oui, mais là, il faut faire une tournée.
On est 12, on partage trois chambres.
Fait qu'on dort quatre par chambre.
Puis, ce n'est pas tout le monde qui a la même façon.
Fait que là, moi, je pouvais pas...
Ça a été une grosse épreuve
de partager ma chambre, partager...
Fait que...
Puis c'est ça, c'est arrivé une couple de fois
où il a fallu que j'aille dormir dans la vanne de l'école.
Là, comme on...
Parce que de l'extérieur,
on peut penser que c'est des rigidités.
C'est ça.
Mais en vrai, c'en est.
Objectivement, c'en est. Mais ça vient d'un stress, ça vient d'une peur, ça vient C'est ça. Mais en vrai, ça en est. Objectivement, ça en est.
Mais ça vient d'un stress,
ça vient d'une peur,
ça vient d'un truc.
Puis c'est ça qui est tragique,
c'est que tu veux protéger les autres de ça,
alors que les autres vivent ça
comme de l'exclusion finalement.
Et c'est ça qui fait que c'est difficile.
Donc, c'est important de consulter
quand ça arrive.
Je pense que oui.
Puis non seulement c'est important,
mais je pense que c'est important de trouver leter quand ça arrive je pense que oui, puis non seulement c'est important mais je pense que c'est important de trouver
le bon psy, puis de pas hésiter
si t'es inconfortable
de changer, trouver, t'informer
parce qu'il y en a des fois
qui vont tout arrêter en disant
la psychothérapie ça m'intéresse pas
alors que des fois c'est juste un mauvais
contact avec cette personne-là
c'est pas la bonne personne pour toi
donc faut pas s'en priver,
faut aller voir, il faut aller en voir plusieurs.
Est-ce que t'es prêt à passer à la deuxième question?
– Ouais, j'ai parlé longtemps,
je suis désolé. – Non, mais non, ne sois pas désolé,
parce que ce que tu viens de dire,
tu sais, toi, le film Aviateur
t'a fait réaliser des choses,
et je pense que ce que tu viens de dire
va peut-être faire réaliser des choses,
tu l'as tellement bien décrit, ce qui se passe
à l'intérieur. Tu sais, quand on
n'a pas de problèmes
de compulsion comme tu as eu,
en fait, d'anxiété aussi
important,
c'est bon de comprendre comment l'autre
le vit à l'intérieur.
Si on le vit, c'est bon de mettre les mots
comme tu le fais, mais pour comprendre,
tu sais, mon but est toujours de comprendre les autres.
Puis je pense que les gens qui regardent ou écoutent ce balado-là,
ils ont des réponses souvent de cette façon-là,
de comprendre ce que l'autre vit, ça peut nous aider
et l'aider à lui aussi.
Parce que tu sais, quand on ne comprend pas,
on peut dire, « Ouais, il grouille. »
« Pourquoi tu nous fais perdre du temps? »
Mais attends, tu viens de dire, il y a une tempête en dedans, il y a un tsunami en dedans. Ce n'est pas volontaire. Non, c'est ça. Pourquoi tu nous fais perdre du temps? Mais attends, tu viens de dire qu'il y a une tempête en dedans,
il y a un tsunami en dedans.
Ce n'est pas volontaire.
Non, c'est ça.
Non seulement ce n'est pas volontaire,
mais l'autre ferait tout pour que ça n'arrive pas.
Absolument.
Ce qui est vu comme un caprice, en fait, c'est une blessure.
Il faut avoir une ouverture à ça.
Il faut avoir une écoute face à ça.
Alors, la deuxième question,
quand je me regarde dans le miroir, je vois.
Je ne vois pas grand-chose de beau dans le miroir, je vois? Je vois pas grand chose de beau
Ah voyons, pour vrai?
Non je te jure, je suis très complexé
avec mon image, pour vrai de vrai
Qu'est-ce que tu changerais?
Tout, ma face premièrement
Qu'est-ce qu'elle a ta face?
J'aime pas mes dents, j'ai les yeux trop proches
le nez genre qui est comme
j'aime pas mon front, j'aime pas mes lèvres
j'aime pas mon menton, j'aime pas
mes mâchoires. Je trouve que, tu sais, j'aimerais
avoir une face carrée. À qui tu voudrais ressembler?
Brad Pitt ou Léo DiCaprio.
C'est précis. Oui, c'est ça.
Mais en plus, j'ai appris que Brad Pitt trichait.
Il y avait des injections, pis tout.
Ça, ça m'a démoli, là. Et restes-tu
jusque-là pour avoir le visage que tu veux?
J'y ai pensé. Mais je me suis posé la question. Est-ce que je serais prêt? Pis pour l'a démoli. Rester jusque-là pour avoir le visage que tu veux? J'y ai pensé,
mais je me suis posé la question,
est-ce que je serais prêt? Pour l'instant, non.
Parce que, veux, veux pas,
j'aime mes parents,
je trouve ma mère vraiment belle,
je trouve que mon père, c'est vraiment un bel homme,
je trouverais ça plate dans le sens de,
tu sais, justement, le leg et tout ça,
le sens de la famille.
Ta génétique, elle est là.
Ma génétique, je suis fier d'elle, puis
je trouverais ça plate de leur dire
« Finalement, c'était pas assez, la gang. »
On voit.
Est-ce qu'il y a quelque chose à faire pour calmer
ça, pour finalement être
comme en accord avec ce que tu vois?
Bonne question. Je sais pas.
C'est-tu ça, la solution la plus simple?
Non, je pense pas.
Je sais pas si c'est la plus...
En tout cas, ce n'est certainement pas la moins coûteuse.
Mais est-ce que ça te dérange dans ta vie?
Oui.
Ah oui, OK.
Ça a un impact dans ta vie.
Oui, c'est la confiance et tout ça.
Puis après ça, je fais un métier de l'image.
Fait que forcément, je suis confronté à ça perpétuellement.
Puis quand j'étais petit, justement, ce qui n'aidait pas non plus à l'acceptation dans la cour. Puis, quand j'étais petit,
justement, ce qui n'aidait pas non plus
à l'acceptation dans la cour d'école,
j'étais plus rond.
Fait que, tu sais, j'ai souffert.
Puis, je suis sûr qu'il y a les gens
qui comprennent ça.
Tu sais, il y a une phrase qui dit,
quand tu as été comme,
bien là, ça ne va pas être un bon mot,
je suis désolé,
mais quand tu as été gros,
une fois dans ta vie,
tu restes gros toute ta vie,
comme c'est…
– Dans ta tête.
– Dans ta tête.
– Oui, oui.
– Tu ne perds jamais ton poids. Parce que, surtout quand on te traumatise avec ça, mais quand tu as été gros, une fois dans ta vie, tu restes gros toute ta vie. Dans ta tête. Dans ta tête. Oui, oui.
Tu perds jamais ton poids.
Surtout quand on te traumatisait avec ça
et on t'a intimidé.
Il y a ça.
Après ça, je ne pognais pas avec les filles
parce que je n'avais pas une face
qui correspondait à celle de Brad Pitt.
Mais non, c'est vrai.
Ça t'a dérangé dans ta vie, vraiment?
Ça me dérange encore.
Je veux dire, je suis encore, d'une certaine façon,
jaloux des gars qu'on trouve beaux.
Il y a quelque chose que j'aimerais ça, moi aussi.
Puis...
T'aimerais ça, comme par exemple, un Roy Dupuis,
qui a beaucoup été associé.
Claude Legault.
Il y a des gars comme ça qui reviennent,
qui sont toujours... Dans le top 10 des...
Oui, c'est ça.
Tu sais, rock voisine,
entre autres, on peut en nommer.
Mais tu sais,
qui ont comme une association
à la beauté.
Oui.
Toi, tu dis,
tu ne te sens pas là-dedans.
Non.
Non.
Mais qu'est-ce que ça changerait...
Je ne sais pas.
C'est ça le pire.
D'être dans cette espèce de créneau d'homme. Bien, je ne sais mêmece que ça changerait d'être dans cette espèce de créneau d'homme?
Je ne sais même pas que ça changerait parce que j'ai l'impression que ça ne changerait pour vrai rien.
Dans le sens où il y a plein d'études qui montrent que quand tu gagnes à la loterie,
tu as un pic de bonheur tout de suite après avoir gagné.
Et tu n'as pas plus longtemps.
Exactement.
Un autre pic de bonheur que tu aurais à aller,
peut-être dans le meilleur restaurant
que tu as envie d'aller depuis cinq ans.
C'est ça.
C'est que tu as une satisfaction,
tu as une résolution de quelque chose,
un souhait qui se concrétise.
Mais après ça, tes problèmes reviennent,
tes insécurités reviennent.
Fait que j'ai l'impression que littéralement,
ça ne changerait rien.
Mais pourtant, tu y accordes quand même.
Ça prend beaucoup de place dans ta tête.
Tu y penses.
Beaucoup.
Mais ça prend de la place.
Ça veut dire que cette place-là pourrait être associée
à autre chose.
C'est depuis toujours ça?
Pas mal, oui.
Est-ce que tu te trouves plus beau aujourd'hui qu'avant?
Non.
Mais dans le regard
de ta blonde, est-ce que tu vois pas
autre chose chez toi? Ça, ça a été
quelque chose, tu vois, ça a été une leçon
aussi parce que j'ai eu
quelques blondes sérieuses qui me
disaient, ah, tu sais, moi je te trouve beau
pis moi je disais, non, non, tu mens. Pis je
refusais les compliments. C'est dur ça
pour l'autre. Bien oui.
Puis ça, à un moment donné, j'ai compris ça.
Fait que j'ai commencé par faire semblant d'excepter.
Puis là, justement, avec ma psy,
comprendre ce que ça voulait dire puis accepter ça comme une preuve d'affection,
d'amour, de respect,
ça a été un chemin.
Mais ce n'est pas un chemin qui vient de moi.
C'est un chemin qu'on m'a appris
à parcourir,
puis
ouais, non, je suis pas,
tu sais, c'est peut-être pour ça aussi que j'accorde énormément
d'importance à comment je m'habille, parce que
c'est comme une enveloppe, fait que comme,
si la face est pas belle, au moins le reste va être
beau, puis il y a comme plein d'affaires
comme, ouais, ouais, ouais,
ben quand je vais sur scène, au début, c'était vraiment dans la démarche,aires. Quand je vais sur scène,
au début, c'était vraiment dans la démarche.
Quand j'allais sur scène et j'avais un costume,
j'étais comme, peut-être que ça ne sera pas bon,
mais au moins, ça va être beau à regarder
comme le look.
Ça s'inscrit toujours dans une espèce
de démarche compensatoire.
Mettons que quelqu'un te dit,
c'est-tu quoi, tu n'es pas beau?
Tu dis, merci, c'est vrai ».
Je suis d'accord avec toi,
t'as raison. Ah ouais, hein?
OK, mais on te dit jamais ça.
Ben, les gens sont polis, en général.
Ben non, mais vraiment, là, je...
Les gens sont assez polis pour pas faire tout tes lettres,
mais... Mais on dirait quasiment
que c'est comme... C'est comme si
tu te vois pas comme tu es. Ça se peut-tu que t'en pires
quelque chose?
C'est sûr et certain
que je suis le pire juge de moi-même
oui oui assurément
je suis le pire juge
parce que c'est ton corps là
t'es pas lié avec ton dernier souffle
tes yeux t'échangeront pas
ton nez à moins que tu décides de faire une intervention
à moins que tu fasses des interventions
cette face là elle va vieillir aussi
elle évolue dans le temps
donc faire la paix
avec notre physique,
je trouve que c'est quelque chose d'important
dans la vie pour laisser de la place à d'autres choses.
Oui, puis, tu sais, j'ai essayé
de... Puis là, tu vois, je suis dans une
démarche d'aller faire de l'exercice
tous les jours, presque.
Puis c'est ça aussi. C'est que là,
tu sais, j'ai un naturel un peu obsessionnel
compulsif.
Fait que là, quand tu y vas, toi, t'as fond. Puis il yest ça aussi. C'est que là, tu sais, j'ai un naturel un peu obsessionnel compulsif. – Fait que là, quand tu y vas, toi, t'as fond.
– Ça y va à fond.
Puis il y a ça aussi que je me méfie, tu sais,
quand je deviens comme obsédé par...
Si je deviens obsédé par mon corps,
j'ai peur de tomber un peu du mauvais côté.
Puis là, commencer à justement imposer ça à ma blonde.
Là, là, on va manger, tu sais, des protéines le matin,
puis on va boire de la poudre de je sais pas quoi
qui... C'est pas le fun.
Fait que, comme j'ai peur
d'imposer ça aussi, puis...
Fait que je fais très, très, très attention,
mais de plus en plus, c'est-à-dire,
mais c'est un peu ça.
Fait qu'il y a comme un côté, il faut que j'accepte,
mais j'ai beaucoup de difficultés, voire
je suis pas capable.
La seule chose que j'aime, c'est mes mains
sur mon corps.
C'est assez limité.
C'est tes mains.
Je pourrais être le personnage dans la famille Adams
de la main.
Tu aurais pu être pianiste, tu aurais pu mettre tes mains
en valeur. Exact, peut-être.
Oui, tes mains.
C'est la seule chose que j'aime, mais le reste, ça ne se passe pas bien.
Justement, j'essaie d'aller au sport pour faire comme, OK, peut-être que là,
je vais devenir comme cut,
puis peut-être que là, ça va,
mais je déteste viscéralement le gym.
Et qu'on ne sait pas ce qui se passe
dans la tête des gens.
Non, mais tu sais, j'aurais pas pu penser
que tu avais ce rapport-là avec ton physique.
Ah oui, oui.
Non, non, pour vrai.
Puis je déteste quand on prend des photos de moi
parce que ça me confronte à...
Ah, là, j'ai des joues.
Mais t'as un corps, t'es vivant.
Ton corps est animé.
C'est sûr.
Puis il est mobile.
Non, mais tes yeux sont à la bonne place,
ton nez est à la bonne place,
ta bouche est à la bonne place.
Oui, peut-être.
T'as tout à la bonne place.
Oui, oui, oui.
Moi, je trouve que t'es un beau, un bel homme.
Non, mais c'est vrai.
Je veux dire, t'es un bel homme, t'as une belle présence.
T'as un beau sourire aussi.
Merci, mais je te jure
qu'il y a comme un côté,
là, t'es fine, mais...
Tu sabotes, t'es en auto-sabotage.
Il n'y a rien à faire.
Ça ne te tente pas qu'on te dise ça.
Tu ne nous crois pas. Non, mais c'est qu'on dise ça. Tu ne nous crois pas.
Non, mais c'est ça.
C'est que je ne le crois pas.
C'est comme me faire dire...
Tu n'as pas fini de consulter, nécessairement.
Non, non.
C'est pour ça que je t'ai dit.
Ma psy, là...
Elle m'a dit...
On a parlé récemment.
Elle a fait des rénaux.
Là, j'ai fait...
Ah oui, ça, c'est sûr.
C'est moi qui ai payé ta nouvelle cuisine. Mais si, ça fait... rénaux. Là, j'ai fait, ah ouais, ça c'est sûr, c'est moi qui ai payé ta nouvelle cuisine.
Mais si ça fait...
Mais tant mieux, tant mieux.
Mais il y a quelque chose,
je pense, Philippe Audry,
quand même, d'important à faire la paix
avec ce physique qu'on présente
en premier à tout le monde. En plus,
tu fais de la scène. Ton corps,
ton corps fait partie
de tes éléments de travail.
On est dans un milieu public
où des fois, on peut rire
sur les réseaux sociaux.
Mais il reste que
il faut trouver cette paix-là.
Je le dis parce que je le pense.
Un jour, j'ai fait la paix avec qui j'étais.
Ça fait du bien de faire la paix
avec ce corps-là qu'on trimballe
de toute façon.
On peut décider de le mettre plus en santé.
On peut décider de le mettre plus en forme physiquement.
Mais il reste que c'est la base.
Même si tu te mettais, tu dis, quand j'étais jeune, j'étais plus rond, je me vois encore rond.
Probablement, même si tu avais tous les changements physiques de ton visage,
tu le verrais comme tu te vois encore aujourd'hui.
Je vais te donner un exemple.
Ça ne changerait pas grand-chose en bout de ligne.
Non, concrètement,
pour prouver ce que tu dis,
à un moment donné,
j'étais vraiment dans une période,
franchement, je ne sais pas ce qui s'est passé,
de stress, de tristesse.
Je suis descendu à 187. Là, en ce moment,
je pèse à peu près 2,30 autour.
T'étais petit, petit.
J'étais maigre. Je revois des photos
et ça fait pas si longtemps que ça.
J'étais à 187.
Non seulement à 187,
j'ai vu des photos et je suis comme
« Wow, wow, wow, qu'est-ce qui se passe? »
J'ai l'air malade.
C'est ça, la vérité.
Mais moi, à ce moment-là, je me voyais encore trop gros.
Fait que c'est vraiment, peu importe ton enveloppe,
tu vas être trop gros de toute façon.
Puis c'est une grande leçon d'une certaine façon,
parce qu'après ça, j'ai fait un film
qui m'a demandé de prendre beaucoup de poids,
beaucoup de masse,
puis ça, ça m'a confronté à beaucoup de choses, justement,
face à mes propres insécurités.
En dedans d'un an, j'ai pris quelque chose comme,
finalement, 50-60 livres, à peu près.
Donc, ton physique a changé.
Littéralement.
Ce que tu voyais dans le miroir, ce n'était pas la même chose,
mais pourtant, tu réagissais de la même façon.
Même façon, même dédain.
Même si, quand j'avais, mettons,
50 livres en plus, gros cheveux, grosse
barbe, toute la patente, je regardais
avec envie celui que j'étais il y a
un an, puis j'étais comme, ah, je veux
redevenir ça, mais quand j'étais ça,
oublie ça, je voulais être autre chose,
j'étais pas assez cut, j'étais, ah,
regarde, il y a du gras ici, ah, je suis rendu
mou, tu sais, comme,
c'est un discours éternel,
peu importe.
C'est là où j'essaie de faire la paix
avec ma psy, justement.
C'est un peu une sorte de condamnation
d'une certaine façon.
C'est d'être capable de fermer ça
et de s'accepter.
Mais c'est un long, long processus.
Je vais te contacter,
tu n'as pas rapport.
Tu vas dire,
c'est ça qu'elle s'en va avec ça.
Mais à un moment donné,
je suis allée dans un centre qui disait qu'il y avait des traitements pour la cellulite. Moi, j'ai contacter, ça n'a pas de rapport, tu vas dire, mais à un moment donné, je suis allée dans un centre,
ils disaient qu'il y avait des traitements
pour la cellulite.
Moi, j'en faisais les cuisses,
ma mère en faisait,
je voyais le côté génétique
et j'ai dit,
comment ça marche,
il faut venir tant de semaines,
puis l'infirmière qui donnait les soins me dit,
je vais vous dire de quoi, Mme Barrette.
Elle dit, le meilleur traitement, parce qu'elle
dit, ce qu'on vous offre, ça ne va pas
durer. C'est ponctuel
dans le temps.
Elle dit, c'est de l'accepter.
C'est la meilleure chose. J'étais, OK,
je vais repartir. Elle dit, moi, je vous conseille
ça. Ça fait partie de la vie,
ça.
Quand on vieillit sur tous les femmes
là je disais bon
elle elle sait pas cette infirmière là mais comment
elle a changé quelque chose
dans le fond c'est de l'accepter
parce que quand on l'accepte on enlève le pouvoir
aux autres aussi
de nous faire, de nous blesser
parce que je trouve que quand nous on est
mous par rapport à ça quand on a des doutes
dès que quelqu'un rentre dans cette zone-là,
il peut nous démolir. À 100 %.
Alors que si nous, on se garde, moi, c'est ça,
ça va être ça, that's it,
on peut pas être déstabilisé
parce que ça va rebondir
le regard des autres. Même le regard
des autres te juge moins quand toi, t'as confiance
en toi par rapport à ça. C'est pour ça
que quand t'es déjà en thérapie,
je trouve que, imagine si
tu parlais, là je suis vraiment rendue dans les extrêmes,
mais tu sais, moi j'ai tellement interviewé aussi de gens
qui ont
été des grands brûlés, tu sais, qui sont
devenus des grands brûlés ou peu importe, et que
l'image corporelle, il s'accepte
comme ça. Fait que tu te dis,
écoute, peut-être qu'il s'acceptait moins
avant d'être grand brûlé, mais des fois il y a des démarches
qu'on doit faire pour mettre pause à ça.
Parce que tu perds bien trop de temps là-dessus, à mon avis.
Ça, c'est comme une thérapie, mais je ne suis pas
thérapeute. – Non, mais c'est tout aussi
efficace, ça fait que je suis d'autant plus reconnaissant.
– Mais on se reparlera dans quelques années.
J'aimerais ça te revoir
parce que tu es vraiment un beau gars.
Puis il y en a beaucoup
qui vont t'écouter et qui vont te dire « Mais de quoi est-ce bien? »
Mais ça, ça nous appartient. Ça,
comment on se voit, on est les seuls
à se voir de cette façon-là. Mais il reste
que t'as tellement d'autres choses à faire dans la vie
que de te juger.
C'est sûr. Fait qu'on est prêts à passer au niveau jaune?
Tu vois, t'as comme une thérapie. Parfait.
Alors, tu les bras, tu m'en donnes
trois des jaunes. Tu vas en
choisir une et je vais en choisir une. Mais je suis contente
qu'on a parlé de l'image corporelle parce que
c'est tellement présent chez tout le monde.
C'est un combat.
Non, puis, tu sais,
oui, je ne sais pas. Oui, tu as raison.
Il y a vraiment, c'est rare
que quelqu'un va dire, moi, je me sens bien
depuis que je suis tout petit. On va dire, bien, il y a un travail
à faire. Tu sais, il y a tout le temps, même la personne
que tu trouves la plus belle, elle ne va pas
dire, moi, je me suis trouvée belle
la première journée. Non, c'est ça. Ça veut pas dire
qu'elle se trouve belle non plus la journée.
Il y a quelque chose de comment on vit en dedans
qui se reflète à l'extérieur.
Puis par ailleurs, tu sais, on vit pas dans une...
Je sais pas si ça a déjà été différent, sincèrement,
mais je trouve qu'on vit dans une société
d'images, particulièrement
qui s'est accrue peut-être avec le téléphone
cellulaire, puis ce qu'on en fait.
Mais quand tu arrives à un point
où tu vois des corps
qui ne sont même pas réalistes,
naturellement,
et que ça devient une normalité,
moi, ça, ça commence à m'inquiéter.
J'aime vraiment pas ça
en toute franchise.
Il y a des jeunes filles, il y a un centre
de thérapie fermé
dans l'Est de Montréal, dans un hôpital
où moi, j'étais allée visiter ça pour faire un reportage
et il y avait des jeunes filles de moins de 18 ans
qui étaient là parce que
sur Instagram,
elles mettaient tellement de filtres
pour ressembler à ce qu'elles souhaitaient
qu'elles ne voulaient plus sortir parce qu'elles ne se ressemblaient pas.
Elles n'étaient pas la même personne
et elles payaient des fortunes pour faire venir toutes sortes
de produits pour espérer
finir à ressembler à ça, et ça fait que
c'est des jeunes qui ont décroché, qui voulaient même pas aller à l'école,
ils sont obligés
d'aller en
désintox, pratiquement.
C'est en thérapie fermée.
Et ça m'a rentrée dedans,
parce que moi, j'allais voir des jeunes gamers
qui étaient plus capables de s'arrêter de jouer aux jeux vidéo
et là quand j'ai vu qu'il y avait
des filles qui étaient là
pour Instagram
j'ai dit oh ok
c'est grave
je savais pas tu vois mais c'est grave
c'est pour ça quand on peut gérer ça
à faire la paix, moi je dis faire la paix
ça veut pas dire qu'on se trouve plus beau mais
ça vient pas nous chercher autant faire une paix. Alors on est rendu la paix. Ça ne veut pas dire qu'on se trouve plus beau, mais ça ne vient pas nous chercher autant.
Exact. Faire une paix.
Alors, on est rendu aux questions jaunes.
T'en choisis une. Quel type d'amoureux es-tu?
Qu'est-ce que cela t'a apporté
de savoir que tu es doué?
Puis est-ce que
tu t'es déjà senti inadéquat?
Bien, ça, je pense,
la dernière, j'ai répondu.
Dans ces deux-là. Quel type d'amoureux es-tu
ou qu'est-ce que cela t'a apporté de savoir
que tu es doué?
Je vais répondre à l'amoureux.
OK, oui.
Oui.
J'espère être
un bon amoureux, premièrement.
Deuxièmement,
mais je
pense,
comment dire, vraiment pour moi, la confiance, la loyauté, donc d'une certaine façon, de facto, la fidélité, c'est très, très important dans ma vie. Il y a cette espèce de rêve que j'entretiens de mourir
en n'ayant jamais trompé
aucune de mes blondes.
C'est une des choses...
Je me dis que c'est vraiment moi
face à moi. Tu aurais beau
avoir été un empereur,
tu aurais beau avoir tout conquis dans ta vie,
si tu n'as pas respecté cette affaire-là,
je vais avoir une déception d'une certaine façon.
Ça, c'est une des choses à laquelle je suis énormément.
Puis,
mes parents sont encore ensemble. Ils sont mariés, je disais.
Donc, je crois profondément
à l'union.
J'ai une preuve concrète que l'union, pendant longtemps,
ça se peut. Ça ne veut pas dire que
c'est facile, parce que j'ai vu mes parents
se chicaner, puis se peut. Ça ne veut pas dire que c'est facile, parce que j'ai vu mes parents se chicaner,
puis travailler ensemble,
mais je sais que ça se peut.
Fait que, je te dirais que je cultive
cette espèce d'affaire-là dans mon propre couple,
faire attention à l'autre aussi.
Cette volonté, tu as le sens de l'engagement.
Oui, bien oui, puis en même temps,
j'en ai très peur,
parce que comme je viens
d'une famille où mes parents
sont ensemble depuis toujours,
dans ma perspective,
c'est comme si,
là, c'est la vie. Puis tu sais, la vie, moi,
l'avenir, ça me fait peur.
Il y a des inconnus. Est-ce que je vais t'aimer?
Mais je trouve qu'en vieillissant,
puis là,
ça fait sept ans que je suis avec mon amoureuse à peu près.
Je ne veux pas me faire chicaner.
C'est ça.
Mais à peu près.
Ça, tu aurais dû le savoir précisément.
Non, non, mais je le sais précisément.
OK.
Oui, je le sais précisément.
Donc, ça fait 7 ans
7 ans oui
c'est ta plus longue relation
oui définitivement
c'est quelqu'un qui est très complémentaire à moi
c'est à dire qu'on est
elle elle vient d'une famille
justement un frère et une soeur
c'est une famille qui est très proche
moi j'ai grandi dans un milieu
un peu plus urbain, elle a grandi dans un milieu
rural, il y a beaucoup beaucoup mais
on se rejoint sur tellement
d'aspects, déjà les valeurs
l'aspect loyauté, l'aspect fidélité
deuxièmement le travail
la valorisation à travers le travail
ça c'est pour et c'est contre d'une certaine façon
c'est-à-dire qu'il y a énormément de compréhension quand l'autre
doit rentrer en période de production
mais en même temps il y a un de compréhension quand l'autre doit rentrer en période de production. Mais en même temps,
il y a un aspect où il faut faire attention
à notre couple pour ne pas
se perdre là-dedans.
Il y a l'aspect
« elle me supporte et moi,
j'espère être là aussi pour la supporter. »
Je suis son fan
numéro un et j'espère que c'est le cas aussi
pour elle.
Mais donc, oui,
il y a tout ça.
Puis j'espère être un amoureux
qui supporte
puis qui comprend aussi.
Qui est capable d'aller au-devant des choses.
– Tu es capable d'écoute? – J'espère.
Mais je suis très... Mais ça, tu vois,
j'ai été
quand même pendant longtemps, puis je dis pas que
je le suis pas encore. Quand à place d'écouter j'étais comme
on va résoudre le problème maintenant
à la place d'avoir des fois t'as juste besoin d'écouter
des fois t'as juste besoin d'être un paratonneur
pis là moi je suis comme
non non, là telle personne
elle te dit ça, ok gars demain
tu vas lui répondre ça pis ça pis ça
pis là tu vas arriver et tu vas faire
non c'est pas de ça dont j'ai besoin
pis ça, comprendre ça c'est pas de ça dont j'ai besoin. Comprendre ça,
c'est pas encore automatique en toute franchise.
Je suis quand même...
Mais t'en es conscient.
Oui.
Ça fait pas longtemps, mais j'essaie.
Je trouve ça...
Je suis quelqu'un de justement
qui a vécu du rejet.
Pendant longtemps, j'ai eu peur
que ma blonde me laisse du jour au lendemain
parce que c'est des histoires qui me sont arrivées.
Ça a été long avant de me sentir à l'aise.
OK, je peux déposer mes valises.
Je ne suis pas...
Parce que pendant un bout de temps...
Ce qui n'est pas très sexy, je pense,
pour beaucoup de filles,
mais j'avais une valise de prêt-au-cas
où elle me laisse dans l'entrée.
Il y avait...
Oui, oui, je pouvais tout...
C'est comme si tu ne voulais pas être pris au dépourvu.
C'est un peu ça. Je pouvais tout paqueter.
C'était le pire scénario pour ton couple.
Donc, tu étais prêt pour ton pire scénario.
Ça devait calmer ton anxiété à quelque part.
Oui, sauf qu'après ça, ça envoie un message un peu bizarre
à la femme qui est comme...
À ma blonde qui est comme...
Toujours prêt à partir, moi.
C'est comme si
t'étais pas engagée complètement
pour elle. C'est ça. T'as pas vraiment
les deux pieds
dans la chaloupe.
Puis à un moment donné, ça s'est passé.
À un moment donné, t'as décidé
de défaire cette valise-là?
Comment c'est arrivé?
Je pense que
il n'y a pas d'événement
genre décisif,
de conversation,
mais c'est juste que
justement dans cette période-là
de compulsion
qui était au début
de notre relation,
de la farde des souliers,
elle restait malgré tout
puis c'est elle
qui m'a référenccé, qui a été cherchée.
Elle s'est informée auprès de ses amis.
Elle a trouvé ma psy.
Elle s'est vraiment impliquée pour que j'aille mieux.
Elle m'a vraiment compris comme j'étais.
Elle n'a pas eu peur, en fait.
Là, ça m'a beaucoup, beaucoup touché.
C'était la première fois qu' première fois que quelqu'un d'autre
de ma famille
qui n'est pas dans ma famille mettons
restait malgré tout puis qui n'avait pas trop peur
parce que tu étais
dans une position de grande vulnérabilité
totalement
puis elle est restée
puis elle m'a aidé puis elle m'a écouté, elle m'a compris
puis elle était très
comment dire sereine d'une certaine façon.
Je sais pas si c'était de l'insouciance,
de l'inconnue...
Mais c'est de l'amour.
Moi, je pense que c'est de l'amour.
Elle était prête à rester malgré tout,
puis on est restés ensemble,
puis après ça, on a vécu des hauts et des bas,
tu sais, dans le sens où elle,
elle a vécu ses propres affaires,
puis moi, à ce moment-là,
je trouve ça important d'être là,
puis je sais pas, je la trouve vraiment courageuse, je la trouve vraimentu ses propres affaires. Puis moi, à ce moment-là, je trouve ça important d'être là.
Puis je sais pas,
je la trouve vraiment courageuse,
je la trouve vraiment forte, je la trouve belle.
Elle est vraiment, vraiment plus belle que moi. Quand tu dis qu'elle est belle, est-ce qu'elle
l'accepte? Oui,
il y a une chance.
Comment tu réagirais si
elle disait que... Ça me ferait de la peine, c'est sûr.
Si elle réagissait
comme moi, je réagis, non, non, j'aurais de la peine.
Mais... Puis en plus,
elle travaille en mode. Fait que, quand
elle me dit qu'elle me trouve vraiment beau, je suis comme,
ah ouais, plus que le mannequin que
t'as croisé aujourd'hui.
Fait que, ça pour moi,
c'est le rayon paralysant
à son argument. Je suis comme, non, non,
impossible, je suis pas mannequin international.
Fait que... T'as comme un sens de la comparaison.
Ah oui, oui, totalement.
C'est un gros problème que j'ai.
Mais oui,
je suis un amoureux, j'espère être attentionné
et compatissant
aussi.
Mais je sais que j'ai des trucs.
Je ne suis pas quelqu'un de très sociable.
Elle est très sociable.
Il y a des moments où elle aime se sortir.
Moi, au contraire, je suis plus reclus.
Mais justement, moi, je trouve ça important
de comprendre, d'accepter des fois
qu'il faut que je fasse l'effort.
Je trouve ça super qu'elle ne me mette jamais de pression
et qu'elle me prévienne tout le temps.
Elle l'a cette semaine.
Elle le sait que plus qu'une sortie par semaine, jamais de pression et qu'elle me prévienne tout le temps. Elle le sait qu'il y a plus
qu'une sortie par semaine.
Pour moi, c'est...
C'est beaucoup.
C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup me demander.
Ça va peut-être à... Je trouve qu'il y a un lien
entre les deux questions.
Parce que c'est dans ton dernier spectacle
que tu parles de ton diagnostic
de douance.
Et je voulais
savoir, parce qu'il y a peut-être un lien
entre ce que tu racontes au niveau de la socialisation
et la douance.
Des fois,
il y a comme quelque chose de plus reclus
aussi chez les doués, malgré que
les doués, ce n'est pas si clair.
C'est un spectre.
Quand on a
un diagnostic comme ça, est-ce que ça donne des réponses
à des situations de la vie? Oui, parce qu'en fait, c'est ça. Alors, mais quand on a un diagnostic comme ça, est-ce que ça donne des réponses à des situations de la vie?
– Oui, oui, parce qu'en fait,
c'est carrément...
C'est comme une caméra,
en fait. Tu comprends pourquoi
tu vois la vie
avec tel rapport.
En fait, c'est comme un filtre,
en fait. C'est pour ça que tu vois
la vie, mettons, de telle façon.
Ah, mais c'est parce que mon filtre
Instagram, pour utiliser ce texte,
je vois ma vie à travers tel filtre Instagram.
Puis pourquoi personne n'est capable
de comprendre ce que je vois? Ah,
c'est à cause de ça.
Ça répond, mais
moi, je l'ai su tard.
Ça ne fait pas longtemps, c'est pendant la pandémie.
Pendant la pandémie.
Puis... Comme... Quand j'ai fait le test avec justement Pas longtemps, c'est pendant la pandémie. Pendant la pandémie. Puis, comme,
quand j'ai fait le test avec justement
ma psychologue,
après ça, il y avait comme une affaire
de, ça te tente-tu
de pousser la démarche
plus loin? Puis, j'étais comme, ben,
pour vrai, ma vie, tu sais, j'ai 30,
là, j'avais 33, je pense, à l'époque.
32-33.
Tu sais, ma vie a quand même lancé ma carrière.
Je veux dire, je suis relativement fonctionnel.
Je ne sais pas.
Mes amis, j'ai zé.
Je ne voyais pas ce que ça pouvait apporter.
Par contre, c'est tellement le genre d'affaires
que j'aurais aimé savoir enfant.
Parce que ça aurait orienté tellement de choses.
Probablement qu'on m'aurait placé dans une autre école
ou probablement qu'on m'aurait mis, je ne sais pas,
il y aurait eu une attention quelle qu'elle soit.
Puis c'est une chose que, tu sais, c'est drôle
parce que ça, c'est une des choses qui me touche le plus.
Après mes spectacles, il y a beaucoup de gens qui viennent me parler
puis me raconter, moi aussi, j'ai un diagnostic
ou encore plus touchant pour moi, les enfants.
Mes enfants, mon enfant, il me fait penser à toi.
Puis je suis tellement content de voir
qu'aujourd'hui, on prend ça,
puis c'est plus juste le gars dans sa bulle.
Je dis ça parce que mon grand-père paternel,
quand tu regardes les photos,
quand tu écoutes les récits,
c'est assurément quelqu'un qui était sur le spectre de l'autisme.
C'est impossible que ce soit...
Il avait ses propres... Il était hyper rigide.
Il y a plein d'affaires.
Il était intelligence...
Comment dire?
Il était segmenté, son intelligence.
Quand il était sur quelque chose, il allait à fond.
Mon grand-père, c'était un démineur dans l'armée.
Il a fait la Deuxième Guerre mondiale.
Puis, ça, c'est la légende familiale.
Mais le fait est qu'il a survécu.
Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas vrai?
Mais il y a un fait qui est vrai,
qui a été assez bon pour survivre.
Mais donc, apparemment, mon grand-père et mon père l'ont vu.
Quand il déminait, pour lui,
c'était comme ouvrir un plot Tupperware.
Il prenait une mine, il défaisait, puis...
Alors que sa vie... Était au bout de ses... Puis, mon père, à un moment donné, il a été voir monnait une mine, il défaisait, puis... Alors que sa vie...
était au bout de ses...
Mon père, à un moment donné, il a été voir mon grand-père
et il a dit, mais t'es pas stressé?
Pourquoi je serais stressé?
Pourquoi je serais stressé? Je sais ce qu'il faut que je fasse.
Je dévisse, je coupe le fil, je la tasse,
puis bon.
Il vivait selon ses propres horaires
et il a été militaire toute sa vie.
Dans un cadre très, très serré, strict,
il était très fonctionnel.
Mais dès qu'il est tombé à la retraite,
il n'allait pas bien dans ce cadre-là.
Exactement.
Dès qu'il était dans un autre cadre,
c'était impossible à suivre.
Puis tu regardes des photos,
puis il y a des trails aussi un peu.
Mais à l'époque, on disait,
il est dans sa bulle
il est né dans les années 20 dans la Légérie française
en plus
il est dans sa bulle
il est bizarre
mais qu'est-ce que ça a changé
en soi ça n'a rien changé
ça a juste mis
ah ok je suis pour ça
d'une certaine façon
peut-être c'est pas une moindre chose,
une certaine clémence face à mes propres rigidités.
Comprendre d'où elles viennent,
comprendre que c'est pas naturel, puis comprendre que
mettons avec ma blonde,
ces rigidités-là,
c'est pas des caprices, c'est vraiment
un truc, c'est un mur.
Fait que des fois, elle m'aide
à les traverser, puis des fois elle comprend que
non, comme je reste à la maison, puis je suis correct.
Puis les gens dans ma famille et sa famille comprennent ça aussi,
fait qu'ils acceptent.
Je suis vraiment, vraiment chanceux,
parce que non seulement j'ai une belle famille,
mais j'ai une belle, belle famille.
Très compréhensive.
Puis oui, ça a changé ça mais en soi
c'est drôle à dire mais ça me met comme une pression
parce qu'il y a une idée de la douance
mais ça déconstruit cette idée là
parce qu'il y a une fausse idée
de la douance
c'est que t'es pas
t'es pas Einstein
ça n'a pas rapport
je connais des neuropsychologues
qui font des diagnostics, tu sais,
puis il y a des parents, quand le spécialiste ne donne pas le diagnostic de douance qu'ils voudraient avoir pour leur enfant,
ils vont en demander un autre à quelqu'un.
Oui, oui.
Mais c'est pas, je veux dire, la douance, c'est pas ce qu'on souhaite nécessairement.
Non.
C'est pas si souhaitable, je veux dire, c'est pas juste être bon, puis t'es pas nécessairement bon à l'école quand t'es doué. En fait, souvent même, je te dirais que c'est pas si souhaitable. C'est pas juste être bon. T'es pas nécessairement bon à l'école
quand t'es doué.
En fait, souvent même, je te dirais que c'est pas automatique.
Non, parce que des fois, t'as aussi autre chose
à la douance. Il y en a qui c'est des douances très précises.
Moi, j'avais fait une émission
sur la douance il y a quelques années.
Entre autres, mon co-animateur cette semaine-là,
c'était Grégory Charles,
qui parlait de sa douance pour la première fois,
il disait officiellement. Et j'avais une mère d'un enfant doué
qui voulait déjà mourir alors qu'il était tout petit.
Et tu voyais comment la vie était complexe.
Des doués, c'était incroyable.
Tu vois que dans leur vie, ça n'a pas été des plus
de ne pas penser comme tout le monde,
de ne pas avoir des bonnes notes nécessairement
parce que ton cerveau ne pense pas nécessairement comme les autres.
Toi, à quel moment dans ta vie tu vois quand même
qu'il y a une différence?
Mettons, on parlait de génie en herbe,
mais ça, c'est un aspect, la rétention d'informations.
Ça, j'ai toujours,
un peu à la blague, mais sans
vraiment en être une,
les examens, mon secondaire,
je l'ai passé par cœur d'une certaine
façon, dans le sens où
j'avais vraiment une facilité
à retenir la mémoire, mettons,
c'est vraiment là que... – Oui, la mémoire, tu vois la
différence dans ta douance. – À 100%,
il y a des choses, là, je dis
à la blague que je sais pas ça fait combien
de temps, mais c'est juste parce que je suis pas bon en calcul, mais
en vrai, c'était le 13 juillet
2017 qu'on s'est rencontrés,
ma blonde et moi. Tu sais, c'est très précis.
C'est très, très précis. C'était un jeudi soir.
Mais en tout cas, non, c'était pas un jeudi. Mais aussi, la
douance, des fois, ça apporte des enjeux au niveau
relationnel. Oui, oui, ben c'est ça. C'est que,
après ça, tu sais, puis moi, je viens d'un milieuux au niveau relationnel. Oui, c'est ça. Après ça,
moi, je viens d'un milieu qui a beaucoup valorisé l'instruction, l'intellect,
la réflexion. Ça a tout de suite été
orienté vers ça.
Tout mon filtre de vie passe à travers ça.
Comment expliquer
ça simplement?
Je ne sais même pas comment l'expliquer.
C'est drôle à dire mais
mettons
mettons je vais te donner un exemple
simple, tu sais ça m'a beaucoup privé
de beaucoup de relations quand j'étais jeune
parce que, ah tu connais pas ça
pis là ou t'imposes ça
pis tu pars du principe que
l'autre va connaître ça, ce qui est pas vrai
et t'es pas capable
pis c'est ça qui est triste un peu,
c'est que c'est tellement naturel
pour toi. Comment ça se fait
que tu ne te rappelles pas qu'on avait,
quand on a joué au soccer, il est arrivé tel ça,
puis là, le gars, il s'appelait Vincent
Maloin. Puis là, tu sais, tu pars dans des souvenirs
hyper précis. Mettons, tu sais,
je donne cet exemple-là par rapport à la mémoire.
Tu vas te rappeler d'un événement hyper
précis, puis là, l'autre va être comme, j'ai aucun souvenir de ça. Je donne cet exemple-là par rapport à la mémoire. Tu vas te rappeler d'un événement hyper précis.
Puis là, l'autre va être comme,
j'ai aucun souvenir de ça.
Puis tu dis, ben voyons.
Puis là, tu sais, ça peut, à un moment donné, te vexer.
Puis là, tu ne comprends pas pourquoi l'autre ne peut pas comprendre.
Parce que c'est arrivé.
On était là, les deux.
Comme, c'est quoi ton problème?
T'es-tu cave?
Puis là, tu peux commencer, un,
par intimider l'autre d'une certaine façon,
ce qui est très paradoxal
quand toi-même, tu es victime d'intimidation.
Parce que l'autre n'a plus le goût d'être avec le gars
qui se rappelle, tu sais, Fernand d'Inboys,
qui a lancé quatre fois sur la patte gauche du goaler
au tournoi de la Valtry en 90.
Tu sais, comme, c'est pas agréable pour personne, ça.
Mais puis, après ça, c'est que moi,
c'est devenu comme un espèce d'aspect valorisant.
C'est devenu, fait que j'ai cultivé ça d'une certaine façon.
D'où un peu le regret de ne pas l'avoir eu avant,
parce que j'aurais fait la limite, la démarcation entre
« Ah, là, il faut que je concentre ma mémoire, ma concentration sur les bonnes choses plutôt que sur tout. »
Puis après ça, comment dire? C'est pas...
C'est un filtre. Je sais pas comment l'expliquer autrement
que c'est un filtre.
T'arrives avec des codes.
Puis tu sais, moi, c'est très...
J'ai appris
la nuance quand j'étais petit parce que c'était très noir-blanc.
Tu sais, la ligne, mettons,
je te donne un exemple, j'ai toujours eu peur de l'autorité.
Encore à ce jour, si la police
m'interpelle, je suis à la douane
c'est tout le temps ma blonde, quand on passe
la douane, c'est tout le temps ma blonde qui parle
au douanier parce que
j'ai l'air d'un gars qui a 54 kilos de
cocaïne dans son char
parce que t'es nerveux, je suis nerveux
pis je suis pas capable
de, t'sais, l'autorité c'est quelque chose
qui me fait vraiment peur
pis donc autrement dit, c'est quelque chose qui me fait vraiment peur pis pis donc autrement dit
c'est très noir et blanc
quand il faut pas courir dans le corridor, pourquoi tu cours dans le corridor
c'est des trucs comme ça où tu te mets
des prisons d'une certaine façon
parce que t'as des principes, t'es rigide face à ces principes là
parce qu'on t'es appris
c'est des gens de confiance qui t'es ont appris
ou en tout cas c'est une autorité
à laquelle t'adhères
pis donc la vie c'est de la nuance
la vie c'est du cas par cas
100% du temps, tes relations
c'est de l'adaptation la vie
quand tu as de la difficulté à t'adapter premièrement
parce que soit que
les règles ne s'appliquent pas exactement
à la situation
où il y a carrément
les règles ne tiennent pas dans une situation où il n'y a pas de règles.
C'est pour ça que moi, le sport, entre autres choses,
c'est une chose dans laquelle j'aime.
Je vais te donner un meilleur exemple.
L'improvisation. L'improvisation, le jeu,
l'impro, je ne suis pas
bon parce que
il n'y a pas de règles.
Il y a des règles de base,
genre ça va durer trois minutes, on est deux,
on est quatre, bon, mais il n'y a pas de règles. Quand il n'y a pas de règles. Il y a des règles de base, genre ça va durer trois minutes, on est deux, on est quatre.
Bon, mais... il n'y a pas de règles.
Fait que quand il n'y a pas de règles, moi,
je suis perdu. Je ne sais pas comment agir, je fige.
Toi, le cadre est important.
Très, très, très, très.
Ça nourrit la compulsion, justement, parce que là,
je me crée des cadres avec très simple
et des comportements. Est-ce que ça rend pire
en vieillissant,
tes rigidités?
En fait, tu vois, c'est ça.
Oui et non.
Non, parce que je vais avoir une thérapeute.
Parce que tu consultes.
Mais oui, je le sens que si je te laissais à moi-même,
je m'isolerais de plus en plus et je serais dans un...
Puis en fait, c'est que...
Tu sais, c'est qu'à un moment donné,
si tu deviens hermétique,
parce que tu as tes principes,
t'as tes...
Mettons, ta façon d'agir
que tu comprends pas nécessairement,
mettons, dans mon cas, pourquoi l'autre comprend pas
ce que je comprends.
Puis, après ça,
l'autre, il faut qu'il s'in...
À un moment donné, les gens peuvent plus rentrer dans ta vie.
Là, ils dérangent ta façon d'agir.
Ils dérangent ta vie.
Ça devient super rigide pour quiconque
veut rentrer.
Est-ce que tu as déjà senti qu'il y a des gens qui se disent
« Moi, je ne peux pas être toute seule avec parce que je ne sais pas trop
si ce que je vais dire va être assez brillant
pour lui. »
Quand j'étais au cégep,
j'ai eu mes parents comme professeurs.
J'avais beaucoup d'amis qui avaient aussi mes parents comme professeurs.
Les blondes que j'ai eues, les quelques blondes ou les amis que j'ai invités à souper,
étaient toujours stressés parce qu'ils étaient comme,
« Oh my God, je ne suis pas assez intelligent pour aller chez toi.
Je ne connais pas assez d'affaires. »
Ça m'a toujours fait de la peine
parce que, un, c'est faux, puis deux,
deux,
c'est pas vrai qu'on est pas assez intelligent
déjà à la base. Puis trois,
comme justement,
ça faisait en sorte que les gens venaient...
C'était difficile d'avoir des amis parce que là,
ils se faisaient une idée de ce que c'était.
De tes attentes qui étaient pas
du tout fondées. Puis peut-être que moi-même, je nourrissais
un peu maladroitement.
Parce que ce n'est pas des doués qui font ça.
Ça fait un peu peur.
Je serais assez adéquate pour cette personne-là.
Oui, alors que
ce que j'ai appris
en vieillissant et en consultant,
c'est
m'ouvrir un peu à l'autre, premièrement.
Deux, sentir justement qu, ou là, on arrive
dans une zone où, tu sais, si on commence à
parler, je sais pas, de justement
se soulier, là, moi, je peux partir sur un
monologue pendant quatre heures et demie, il y a pas de limite.
Est-ce que tu vas penser, mon ami, à me dire, est-ce que ça t'intéresse
toujours? Oui, ben là, c'est devenu une... Tu l'as
intellectualisé, ça, parce que c'est pas naturel
chez toi. Ben là, tu vois, là, je parle, pis là, j'ai appris
à ne plus dire, je parle trop, mais je le sais qu'intérieurement,
je suis comme « là, je parle trop, je parle trop ».
Puis ça arrive souvent, ça, quand même.
« Je parle trop, je suis pas assez intéressant. »
Est-ce que t'es capable de détecter,
admettons, si je t'étonnais, est-ce que tu le verrais?
Ça aussi, c'est un problème.
Mais c'est ça.
Mais ça fait partie aussi de ce spectre-là.
Oui, je décèle pas les signes et les gestes.
Fait que je le sais pas.
Pis quand, tu sais, c'est une des choses
que j'aime de l'humour, c'est que c'est sonore.
Fait que je le sais quand...
Si on rit pas, ça te donne un bon indice.
Oui, alors qu'en théâtre, c'est une des choses que j'avais
beaucoup de difficultés à
adapter, c'est que tu le sais pas, le théâtre
c'est comme...
Ouais, c'est ça, il y a pas... Tu vas voir une pièce
tragique, les gens, c'est bien rare qu'ils pleurent
à côté.
Le rire, c'est objectif,
c'est physique, c'est sonore.
J'entends, OK, je réagis.
Ça, c'est bon. Ça rit, c'est bon.
Ça ne rit pas, ce n'est pas bon. Simple.
Au théâtre, c'était plus compliqué. En plus, il n'y a pas de règles.
C'est intéressant.
C'est intéressant parce que
ceux qui ont le spectre de l'autisme,
souvent, les doués,
ont plus de difficultés
à décoder le non-verbal.
C'est pour ça que tu peux parler autant,
mais souvent, en psychothérapie,
chez ces gens-là, on va leur dire,
on va intellectualiser en disant
« Pose la question, est-ce que ça vous intéresse toujours?
Est-ce que, tu sais, si tu vois qu'après cinq minutes,
il n'y a pas eu d'interaction de l'autre,
tu as peut-être un signe qu'il n'y a rien à dire sur le sujet.
Exact.
Puis, tu sais, d'apprendre aussi que, tu sais,
de se faire dire, hey, ça ne m'intéresse pas.
Mais ça, ça te blesses-tu?
Non.
OK, ça aussi, c'est une autre particularité
que tu vas dire, c'est vrai,
mais chez le non-doué,
de se faire dire ça ne m'intéresse pas,
émotivement, ça vient nous ébranler souvent.
Oui.
Alors que toi, ça ne t'ébranlera pas.
Zéro, ça me rassure à la limite.
Je suis comme, OK.
Fait qu'il faut qu'on te le dise.
Dossier réglé.
Oui, oui.
Mais à date, je ne te l'aurais pas dit une fois.
OK, mais n'hésite pas à me le dire.
Mais non, mais c'est vrai.
Je n'ai pas cette intelligence-là.
Je n'ai pas cette sensibilité-là de comprendre.
Tu n'as pas ce filtre-là.
Non, pas du tout.
Ce n'est pas une question d'intelligence.
C'est comme si tu ne le décodes pas, ce filtre-là.
Ce qui fait en sorte que quand j'étais petit
et que je me chicanais avec mes parents,
moi, ça pouvait durer, mais comme des heures,
des jours.
Quand j'étais dans une démarche,
je vais prouver mon point
des jours et des jours.
Parce que tu ne voyais pas ça.
Non.
Puis à un moment donné,
mes parents, mon père particulièrement,
étaient comme,
OK, c'est beau, on arrête.
Puis là, il y avait juste ça,
comme une brigadeur.
La minute qu'il te disait,
ça s'arrêtait.
C'était un mot de passe.
On arrête.
Puis ça a un côté positif.
Le problème, c'est que j'ai une bonne mémoire,
mais je n'ai pas tant que ça de rancœur.
Tu sais, comme, OK, c'est réglé.
C'est beau, on arrête, on passe à autre chose.
Prochain dossier, baf, c'est réglé.
Mais j'ai quand même de la mémoire.
Mais je ne suis pas quelqu'un de...
Tu n'es pas rancunier.
Pas du tout.
Bien, sur certains aspects...
Mais tu n'oublies pas.
Non, mais mettons, la loyauté, la trahison,
ça, oui, mais pour beaucoup d'autres...
Dans ton quotidien, moins.
Non, vraiment pas.
Tu prêtes à passer au niveau rouge?
Oui, là, c'est le niveau extrême.
Oui, là, tu m'en donnes deux.
OK.
Tu vas en choisir une.
Là, on répond à seulement une des questions rouges.
OK, ça va être rapide.
Moi, je ne choisis pas.
Quel titre
porterait le chapitre sur tes années
d'études au conservatoire?
OK.
Quel événement de ta vie aimerais-tu
effacer?
Ça, c'est un peu plus...
Bien, je te dirais que...
Il y a un lien entre les deux.
Oui. Ça s'appellerait sûrement
la grande noirceur
est-ce que c'est la période la plus
difficile de ta vie
les années que tu as passé au conservatoire d'art dramatique
c'est dur à dire parce que
il y a tellement
comme je disais je suis enfant unique
puis au conservatoire j'ai trouvé
7 frères et soeurs
on était vraiment une famille
je peux pas,
tu sais, la Grande Noirceur, c'est un peu sévère
parce que j'ai trouvé des gens,
je considère en fait
comme ma famille, des gens comme je disais,
à qui je peux pas mentir,
pis à qui j'ai pas le goût de mentir par ailleurs.
Fait qu'il y a ça, il y a des professeurs
qui ont été exceptionnels
avec moi, quelques-uns. Fait. C'est un peu sévère, mais ça a été vraiment une période très, très dure. J'étais dans une relation très toxique avec une fille.
Ça a été une période, et ça c'est l'événement que j'aimerais effacer,
cette relation-là.
– Ça a duré combien de temps, cette relation-là?
– À peu près...
Comme la plupart des relations toxiques,
c'est comme un genre de trois ans,
c'est plus long que ce que ça a duré.
Je ne sais pas comment l'expliquer,
mais c'est-à-dire que ça a été comme trois ans
où on était ensemble, puis après ça,
quatre ans, on a de la difficulté à se laisser, puis tout ça.
Fait que globalement, sept ans.
OK, OK, je comprends.
Le quatre ans est supplémentaire aux trois ans.
Exact.
On se donne une chance.
À coup de deux, trois mois, ça ne marche pas.
Pourquoi c'était toxique, votre relation?
Déjà, je n'étais pas mature. Ça, c'est la base, je pense. Moi-même, je n'étais pas mature.
Ça, c'est la base, je pense.
Moi-même, je n'étais pas mature.
Deux, j'étais en état de bouleversement,
donc très vulnérable,
parce que là, je pars du nid familial
pour aller en appartement.
Le conservatoire, ça venait avec une certaine...
Quand tu es accepté au conservatoire,
ce qu'il faut comprendre,
puis je ne sais même pas si le parallèle est bon,
mais c'est pour peut-être donner une idée générale,
c'est un sentiment d'être repêché dans la Ligue nationale,
dans la mesure où il y a énormément d'appelés,
très, très peu d'élus,
et tu réalises un peu le rêve
de ceux qui n'ont pas été élus,
puis ça laisse présager à quelque chose de radieux.
Un accomplissement, une affaire de...
Il y a un aspect fierté familiale,
il y a un aspect... T'as réussi,
tu fais partie d'un groupe très sélect.
Ça vient vraiment avec une sorte de
pression, j'oserais dire, un peu.
Puis ça, je suis pas sûr
que finalement, j'étais assez mature
pour gérer ça.
Puis là, ça paraît pas,
mais c'est pour ça que je vais faire un parallèle avec le hockey.
On dit qu'il y a des systèmes de jeu comme au hockey.
Il y a des équipes qui ont des états d'esprit,
une culture dans une équipe de hockey,
puis telle autre équipe.
Les joueurs en parlent.
Quand j'ai bougé, je me suis senti bien plus à ma place.
Le conservatoire avait une culture de
on casse l'individu
pour le reconstruire.
Ce qui est une technique...
Un peu comme l'armée.
Oui, moins rigoureux quand même,
mais cet aspect-là.
Parce que l'idée, c'était
t'arrives, t'as des défauts,
t'as des réflexes, puis en tant qu'acteur,
tu dois être une éponge, puis te reconstruire pour t'effacer derrière le personnage et tout. Bon, moi, t'as des réflexes, puis en tant qu'acteur, tu dois être une éponge puis te reconstruire pour
t'effacer derrière le personnage et tout.
Moi, c'est pas une tactique qui a jamais marché
avec moi, me casser. Moi, je marche plus
à la valorisation puis à l'encouragement
que à la démolition et la reconstruction.
Donc, cet aspect-là,
cette culture-là, je suis pas sûr que je pouvais...
T'as l'impression que t'as été démoli,
mais qu'on t'a pas reconstruit?
Ben oui, ben d'une certaine façon,
oui, mais tu sais,
j'étais jeune, j'avais 19 ans, ce qui est très très jeune
pour rentrer dans une école de théâtre
parce que t'es...
tu vas jouer des rôles
ben pis c'est pas
la vaste majorité des gens, en fait tu penses
que t'as vécu à 19 ans mais t'as pas rien
vraiment vécu, tu t'en rends compte après fait que t'as pas non plus, quand tu commences à jouer des gens, en fait, tu penses que tu as vécu à 19 ans, mais tu n'as pas rien vraiment vécu. Tu t'en rends compte après.
Fait que tu n'as pas non plus, quand tu commences à jouer
des rôles de
toxicoman, de père de famille,
tu n'as pas...
C'est difficile de se croire parce que
tu composes quelque chose
qui ressemble dans ta tête à ce que c'est,
alors que ce n'est pas ça la vraie vie.
Ça, c'était un, c'était l'aspect mature.
Puis dans cette relation-là,
il y avait quand même un aspect
qui était quand même plus vieil que moi,
celle qui était ma compagne.
Et donc, il y avait un aspect un peu débalancé
d'autorité, d'expérience de vie.
Souvent, quand j'expliquais
mes affaires,
elle était comme, ben non, mais t'as rien
vécu. Fait qu'il y avait tout le temps une invalidation
de ce que je vivais.
Ce qui, à la longue,
finit par être dur.
pis donc,
d'un côté, t tu as cette espèce de
de culture de la déconstruction
au conservatoire
qui le jour donc
10h parce que c'est très intense
c'est 12h par jour
tu arrives à 8h mais tu pars rarement avant 8h
12h par jour à pression
pression, performance
puis là arrive l'idée
que tu réalises assez rapidement
que finalement, dans une classe de 10,
même si tu es un élu,
d'avoir été accepté dans chaque classe,
finalement, il y en a deux, trois
qui finissent par faire le métier.
Les dix autres, les neuf autres,
ils font quoi, eux?
Puis là, tu commences à comprendre
qu'il y a une hiérarchie
puis que là, si tu n'es pas au sommet de la hiérarchie,
peut-être que tu ne travailleras pas.
Tous tes efforts servent à quoi? Il y a comme un découragement
ou en tout cas, il y a quelque chose qui arrive que
tu ne fais pas. Est-ce que tu te trouvais
bon, toi? Non.
À ce jour, je ne trouve pas que je suis un très, très bon acteur.
Sincèrement, je trouve que
je n'ai pas un casting non plus qui me
permet d'être un acteur
des bruns aux yeux bruns.
Tu en as une coupe à télé quand même.
Pis t'en as des bien meilleurs que moi.
Nommément, pis c'est pas pour me comparer,
mais je vais choisir
Milan avant moi pour toutes les raisons du monde.
Éric Bruno, qui selon moi est le plus grand
acteur de notre génération.
Avant moi, pis c'est juste normal.
Éric, c'est un immense acteur.
Émile, pour cloutier.
Là, je nomme les gars d'avant le crash.
En gros, en plus, j'ai auditionné
pour cette émission-là.
La pire, c'est que ça s'est super bien passé.
Mais quelle bonne série.
Ah oui, incroyable.
Pour un acteur, j'imagine, c'est incroyable aussi.
C'est là que tu vois la finesse du jeu
parce que c'est de la broderie,
parce que c'est tellement cohérent,
les scènes, mettons, entre leurs blondes
et entre eux.
Ils ont des discours qui sont tellement...
Mais ça, c'est de la finesse. C'est ça, les grands acteurs.
C'est qu'il y a une adéquation
comme toutes les scènes, finalement.
Puis ça, c'est l'essence de l'anime.
Ça a été une déception de...
C'est toujours une déception de pas être
choisi, mais c'est drôle à dire,
mais moi, qui ai été très, très sensible au rejet quand j'étais petit, j'ai fini... Tu sais, ça, c'est toujours une déception de ne pas être choisi mais c'est drôle à dire mais moi qui ai été très sensible au rejet
quand j'étais petit
j'ai fini, ça c'est une des choses
j'ai fini par accepter le fait que
ben non
je n'étais pas fait pour le rôle
ou il y avait un truc
peut-être qu'un gars de six pieds
à côté d'autres gars de six pieds
c'est que tu apprends que
c'est pas personnel
en fait c'est rarissime les fa. Je ne sais pas, c'est que tu apprends que... Ce n'est pas personnel.
Exact. En fait, c'est rarissime les fausses et personnelles.
Ce n'est pas toi.
Il y en a d'autres et il y en a un qui va plus avec le rôle.
Je vais te donner un exemple simple.
À un moment donné, j'auditionne pour une série
à grand déploiement.
On m'invite
à être l'enfant du couple.
Là, tu sais, je réalise en lisant que l'enfant,
il a jeune vingtaine.
Je dis, je ne cadre pas, mais il va quand même,
tu te forces, mais tu sais, là, impossible.
Dans le sens où tu ne peux pas être mal à l'aise
qu'il ne te prenne pas, en fait, c'est...
Toi-même, tu te demandes ce que tu fais là, un peu.
Exact, puis je ne cadre pas.
Tu veux un gars de six pieds,
puis moi, je fais 5 et 11.
Ou je fais 5 et 7.
Ça marchera pas.
Fait que, tu sais, j'apprends à faire ça.
Mais ça t'a quand même pas,
tes années au conservatoire,
t'as pas quand même enlevé le goût de jouer.
Non.
Non.
Mais,
mais ils m'ont pas donné confiance non plus.
Puis ça, c'est une des choses que je trouve un peu regrettable.
Mes parents, eux, c'est des professeurs, c'est un peu des idéalistes,
mais leur concept, c'est que quand tu rentrais,
l'élève qui rentrait dans leur classe en septembre,
il fallait qu'il en sorte plus confiant et cultivé en juin.
Donc, l'école, ça sert non seulement à apprendre,
mais à valoriser, à cultiver, à renforcer.
Puis le conservatoire, je ne pense pas que je peux te dire ça.
Puis tu sais, il y a eu des scandales
qui ont comme confirmé un peu le fait que je n'étais pas seul
puis que c'était un système, en fait.
Puis dans ce scandale-là,
nommément l'histoire de Gilbert Scott,
moi, j'avais écrit un texte après ça
où je trouvais que, justement,
accuser strictement Gilbert,
je trouve que c'était...
Tu sais, Gilbert, ce qu'on a lu sur lui,
c'était vrai.
Ce que je lisais,
c'était totalement représentatif
de mon expérience.
Sauf que...
Là où je trouvais ça un peu...
Comment dire? Je trouvais que c' ça un peu, comment dire,
je trouvais que c'était un peu sévère sur Gilbert.
Bon, premièrement, il y avait le contexte
où tu avais deux, vraiment trois jours,
tu as eu deux cas d'agression sexuelle,
deux agresseurs sexuels graves, notoires.
Puis là, tu as Gilbert qui n'est pas exactement dans la même...
Donc, il n'avait pas apporté tout le blanc.
Non.
C'est ça, on a concentré...
Je veux dire, c'était littéralement
Gilbert Rozon, Éric Salvaille,
ou en tout cas l'inverse.
Éric Salvaille, Gilbert Rozon,
Gilbert Scott.
Puis là, tu sais,
tu as des agressions sexuelles,
des viols, c'est gravissime.
Ah oui, dans le sens que
c'est tous sortis en même temps.
Oui, puis là, tu as Gilbert
que lui, dans le fond,
il a des techniques
dans le fond de violence psychologique
et verbale. Je veux bien, là, tu sais, je ne suis techniques de violence psychologique et verbale.
Je veux bien, là,
je suis pas sûr que je placerais ça.
Je trouve qu'il a été, franchement,
dans la chronologie de l'histoire,
c'était peut-être pas...
Ça a dû être très, très dur pour lui,
je vais dire ça comme ça, parce que Gilbert a jamais...
Je connais aucune fille,
je veux pas parler, mais
c'était pas le prof. Il est louche, lui. pas parler, mais c'était pas le prof.
Il est louche, lui. Pas en tout. C'était le prof.
Il est dur. C'est sa façon d'enseigner.
Oui. En fait, Gilbert
s'inscrivait dans un système.
Le système lui permettait
d'agir comme ça. Finalement,
Gilbert, tu lui donnais les clés.
Gilbert, c'est un homme intelligent. C'est un homme
très sensible.
C'est un monsieur avec qui j'ai eu,
c'est un acteur que je respecte énormément.
Je veux dire, il nous a marqués en tant que société.
Puis c'est un monsieur avec qui,
dès qu'on a pu être comme un rapport prof-élève,
on est devenu, c'était très poli,
c'était super chaleureux.
Je savais que c'était sa technique.
J'étais capable de distinguer forcément
c'est qui le professeur, c'est qui l'homme
c'est juste que c'était pas une technique qui te convenait à ce moment-là
non, pis il était comme je dis dans un système
qui lui permettait d'agir, pis limite
qui valorisait cette violence-là
pis c'est moi c'est ça que j'ai voulu rétablir
c'est que je trouvais que le problème s'instruisait dans l'institution
dans la culture de l'institution
plus qu'avec l'individu
pis c'est pour ça que de ce que je retiens du conservatoire
c'est aussi de que, de ce que je retiens du conservatoire, c'est aussi
de trouver sa place.
Parce que
tu peux vouloir...
Moi, je voulais aller au conservatoire.
Mais a posteriori, probablement que j'aurais été
mieux dans une autre école. Peut-être l'école nationale
qui avait une autre culture,
qui était plus dans... On rencontre
plus de gens. On n'est pas fermé dans
une espèce de bloc.
Ça aurait plus répondu à ta façon, toi, d'apprendre. Exact. On n'est pas fermé dans une espèce de bloc. – Ça aurait plus répondu
à ta façon, toi, d'apprendre. – Exact.
Puis l'approche du jeu, le conservatoire,
c'est très basé sur l'improvisation,
très basé sur la spontanéité,
très basé... Moi, comme je te dis,
je ne suis pas bon en impro. – Ça, tu as besoin
de ton corps. – C'est ça. J'ai besoin de me faire dire
tu fais sept pas, tu tournes à gauche.
Puis moi, mon jeu, c'est de trouver la spontanéité
là-dedans. Mais ce c'est pas de proposer
ça. Fait que ma façon
d'approcher la vie cadrait peut-être pas.
Fait que c'est quand même bon que tu
joues encore aujourd'hui.
Puis tu aurais pu arrêter après ça.
Parce que t'as fait l'École nationale de l'humour aussi.
Et je veux que
les gens qui
nous écoutent,
c'est sûr qu'il y en a quand tu as parlé
de relations toxiques. J'ai fait
beaucoup d'émissions là-dessus.
Puis ceux qui vivent ça,
c'est comme ça, on n'en parlait jamais assez.
Est-ce qu'il y a
des avertissements,
des conseils que tu aurais envie
de donner à des gens qui essaient
de sortir d'une relation toxique?
Premièrement, ce que je trouve
dur avec les relations toxiques, c'est que
chaque relation est différente. Fait que comme moi,
mon histoire peut-être ne s'applique pas à
d'autres. Ça, c'est la première chose que je veux dire.
L'autre chose que je veux dire, c'est
moi, ça a été, tu sais, il y avait
beaucoup, beaucoup de symptômes de
elle gagnait plus d'argent que moi.
Moi, je suis étudiant.
Il y a une sorte de contrôle économique.
Mais c'est tellement invisible.
C'est tellement invisible.
Puis souvent, quand tu t'en rends compte,
il y a un peu trop tard.
Puis là, il y a deux choses.
Un, c'est très difficile de ne pas s'en vouloir
quand tu fais le constat de « Oh my God,
je suis dans cette situation-là. C'est de ma faute. C'est moi qui n ne pas s'en vouloir quand tu fais le constat de « Oh my God, je suis dans cette situation-là,
c'est de ma faute, c'est moi qui n'ai pas vu. » Ça ne sert à rien de s'en vouloir.
Le plus important à ce moment-là,
moi, je trouve, c'est de s'en sortir.
Puis moi, c'est assez émouvant, en fait.
C'est assez émouvant ce qui est arrivé.
Puis je vais le raconter comme ça.
La personne, mes amis, ne le savaient pas.
Mes amis au conservatoire ne savaient pas
parce que je ne voulais pas en parler.
Puis donc, là, tu viens avec, à un moment donné,
l'humiliation de devoir mentir à des gens.
Tu te crées un système, une fausse vérité,
des trucs comme ça qui justifient des comportements
un peu injustifiables, voire bizarres, mais bon.
Tu développes un système.
À un moment donné, mes amis, je leur ai avoué
parce qu'ils voyaient bien.
C'est niaison, on écoutait le hockey.
Mon téléphone sonnait buf, buf.
C'était elle qui n'était pas contente.
Ils m'écrivaient beaucoup, beaucoup, beaucoup de messages, pas gentils.
Puis à un moment donné, un de mes amis,
c'était un couple,
commence à répondre à ma place.
Parce que moi, j'étais en train de...
Il voyait que je m'éteignais. C'était une soirée agréable.
On écoute les séries pour une fois qu'on est en série.
C'était comme quelque chose qui te tirait vers le bas.
Oui, oui. Puis il voyait que je m'éteignais
et que le téléphone n'arrêtait pas de dérougir.
Puis c'est lui qui a commencé à y répondre.
Il a regardé un moment donné un message.
Il a commencé à y répondre.
Puis là, sa blonde, qui est aussi ma très bonne amie, a dit,
« Là, tu vas bloquer cette fille-là. »
Elle ne savait pas trop c'était qui, en fait.
Elle a bloqué. Je ne savais pas comment.
Elle a bloqué le téléphone.
Puis elle m'a dit...
C'est drôle parce que quand il répondait, j'étais comme,
« Oh my God, tu es en train de mettre de l'huile sur le feu,
t'es en train de...
Ça va juste empirer la situation. Puis elle,
elle m'a dit, je veux pas que tu y parles pendant
dix jours. Puis
franchement,
j'avais pas la
force, moi, de pas parler
à cette fille-là pendant dix jours.
Par contre, puis encore une fois,
c'était par respect puis loyauté,
par amour pour mon amie,
c'est à elle que j'ai fait la promesse
de ne pas répondre.
Puis ça fait presque dix ans
que je n'ai pas parlé à cette personne-là, finalement.
Mais c'est là où je veux en venir,
c'est que souvent dans les relations toxiques,
tu te sens d'une certaine façon isolé.
Tu as beau en parler à tes amis,
à un moment donné, tu as l'impression
que tes amis n'en peuvent plus,
tu es un fardeau.
Puis, il y a nécessairement,
ce n'est pas vrai, premièrement,
les gens qui t'aiment, ils t'aiment pour vrai.
Les gens qui t'aiment, ils veulent ton bien.
Puis, ils ont de la peine de te voir comme ça.
Fait que, tu n'es jamais aussi seul
que tu le penses, premièrement.
Puis, deuxièmement, les gens qui t'aiment,
ils veulent t'aider, puis c'est eux, finalement,
la solution pour moi passe par les gens qui t'aiment pour vrai.
Puis souvent, les relations toxiques,
c'est comme je disais, c'est un système
où l'autre finit par avoir le dessus sur toi
sur tellement d'aspects, là.
Tellement d'aspects.
Psychologique, économique,
des fois physique,iques même malheureusement
mais il y a des gens
qui sont là pour t'aider
c'est l'isolement, il faut le briser
c'est ça que je dis tout le temps
il faut briser l'isolement
parce que c'est là où
finalement
des fois il faut admettre aussi que t'as pas la force
de t'en sortir tout seul.
Puis tu as un réseau d'amis qui t'aiment.
Tu as un réseau de famille qui t'aiment.
Tu n'es jamais tant que ça tout seul.
Il y a des organismes.
Il y a beaucoup de démarches.
Il faut avoir le courage de tendre la main,
mais il va y avoir une main pour nous sortir de là.
Puis c'est ça, le lac de confiance.
Je veux dire, de survivre là-dedans,
c'est déjà une force inhumaine,
inouïe.
Donc, si tu survis,
tu es capable de t'en sortir. C'est un peu ça aussi.
Je ne sais pas si c'est une bonne adéquation, mais c'est comme ça
que je l'ai vécu.
Merci de partager ça.
Ça fait plaisir.
Vraiment, parce que c'est très personnel
ce que tu viens de raconter c'est très intime
mais
il faut avoir passé par là
pour dire les bons mots à ceux qui vivent ça
pour quoi faire
on peut pas
moi je l'ai pas vécu
mais ce que tu dis ça m'émeut beaucoup
c'est de tendre la main
à l'autre quand on est rendu là
d'accepter
de ne pas avoir honte.
Parce qu'il y a sûrement un peu
de honte qui arrive
à ça. Puis d'aller au-delà
de sa honte. Il faut aller
au-delà de sa honte pour s'en sortir parce que sinon
on reste isolé.
Les gens ne t'en veulent pas.
Tu penses qu'ils vont t'en vouloir parce que tu as menti,
parce que tu as manipulé. Mais les gens qui t'aiment comp. C'est ça. Tu penses qu'ils vont t'en vouloir parce que tu as menti, parce que tu as manipulé.
Mais les gens qui t'aiment comprennent ce dans quoi tu étais.
Puis, je veux dire, le pardon existe.
Et c'est là que tu vois que l'amitié, elle a un sens.
Exactement.
Quand ça ne va pas, c'est là qu'il faut s'en donner.
C'est exactement ça.
Est-ce que tu es prêt à passer au niveau mots?
Oui.
Fait que là, c'est moi qui te pose des questions.
Là, tu réponds.
T'es en pégine, tu lui réponds.
Après ça, tu me poses une question. Comme tu veux. Fait que... Oh c'est moi qui te pose des questions. Là, tu réponds. Tant pis, Jeanne, tu lui réponds. Après ça, tu me poses une question.
Comme tu veux.
Oh mon Dieu. OK.
C'est une grosse question.
Mais veux-tu la choisir?
Tu peux. On va changer réglement.
Si tu réponds à celle-là.
Je vais toutes les lire.
On va choisir.
Ça, c'est ça. Elle va après.
Avec quelle personne décédée aimerais-tu partager un repas?
Avons-nous une destinée?
Est-ce que Dieu existe?
Mais ça, c'est quand même, les deux dernières sont quand même liées un peu.
Oui, parce que t'aurais dû piger, dans le fond,
sans les regarder. Fait que t'aurais pas su que ça ressemblait.
Personne partagé avec qui
j'aimerais... Oui, avec qui t'aimerais...
Ça pourrait être ton grand-père, ça pourrait être
quelqu'un... Idéalement, quelqu'un que t'aurais
connu, qui est décédé.
Avec qui tu aimerais partager un repas.
Ben, tu sais...
Ben, c'est sûr... Malheureusement, ma grand-mère maternelle,
qui était une vraie québécoise,
limite Émilie Bordelot,
mais version années 50,
qui a eu 15 enfants,
qui a grandi sur une terre,
cuisinière exceptionnelle et tout,
est décédée quand j'avais 9 ans.
Je l'ai connue
juste assez pour ne pas la connaître.
Puis,
ça m'arrive
vraiment souvent
de souhaiter...
Premièrement,
elle cuisinait vraiment bien.
Déjà, de remanger sa nourriture,
ça serait un...
Et qu'est-ce que tu lui demanderais?
J'espère qu'elle est fière de moi.
Faut savoir ce qu'elle pense de toi.
Oui, j'espère qu'elle...
J'espère qu'elle est fière de moi.
Parce que moi, je l'ai aimée.
Puis elle m'a toujours encouragée puis toujours acceptée telle que j'étais.
Puis sans dire que j'étais son chouchou,
je pense que j'étais dans ses bonnes grâces.
Fait qu'elle m'a donné énormément d'amour
à une période de ma vie quand j'étais enfant
où c'était plus difficile peut-être à ressentir.
Je trouve ça tellement fou
quand tu repenses à ça, tu remets ça en perspective
en vieillissant. Une femme
qui a 15 enfants
sur les bras,
c'est des agriculteurs,
qui ne vivent pas de façon riche,
mais quand tu regardes ces 15 enfants,
il n'y en a pas un qui a fait de la...
Non, mais c'est niaiseux. Ils sont tous bien élevés.
Ils ont tous des carrières. Ils ont tous des familles.
Il n'y en a pas un
qui a fait de la prison, qui a dérapé.
Ils ont tous des bonnes valeurs, mes oncles, mes tantes.
Même si
tu as ma mère qui est hyper intellectuelle
et tu as mon oncle qui, lui, a
un troupeau de vaches
dans le sens où c'est un cultivateur
un agriculteur
ils ont pas le même niveau d'études
mais ils se rejoignent dans les valeurs
ils ont les mêmes valeurs
pis mes cousins même chose
je vois l'autre génération mettons en dessous
même affaire
je veux dire ça vient
notre point commun,
c'est mon grand-père et ma grand-mère.
Puis je trouve ça incroyable
que cette femme-là, qui a été
forcée de sortir de l'école alors qu'elle adorait
lire, qu'elle adorait écrire,
qu'elle adorait se cultiver. On a fait
un voyage en France, puis c'est aussi
un de mes plus beaux voyages à vie, parce que
là, elle allait voir les musées,
elle allait visiter les châteaux.
Elle sortait un peu de son milieu
pour la première fois de sa vie.
Elle était
insatiable de culture.
Elle avait
70 ans à peu près.
Elle n'était pas particulièrement
en forme, même si c'était une cultivatrice
qui a travaillé longtemps toute sa vie.
Forcément, elle était en forme. Elle était forte.
Mais il fallait la coucher. Il ne fallait pas en forme, même si c'était une cultivatrice qui a travaillé l'entente toute sa vie, fait que forcément, elle était en forme, elle était forte, mais je veux dire,
il fallait la coucher, il ne fallait pas que... C'est un détail, mais on a pris l'avion
et j'étais assis à côté d'elle,
puis elle n'a pas baissé le hublot,
elle a juste regardé le ciel pendant à peu près 7 heures.
Elle ne voulait pas rater.
Puis ça, je me reconnais beaucoup là-dedans,
mais dans le sens où... Elle accordait une pas rater. Puis ça, je me reconnais beaucoup là-dedans, mais dans le sens où elle accordait une valeur aux gens.
Puis elle accordait une importance à l'éducation.
Elle savait que,
où elle était, les gens qu'elle aimait
pouvaient aller plus loin.
C'est une courroie de transmission.
Oui. Puis j'espère
qu'elle est fière. Si ça existe, le ciel, j'espère qu'elle est fière.
Si ça existe, le ciel, j'espère vraiment qu'elle est fière
parce qu'elle est encore en moi.
Confession pour confession, mais avant chaque spectacle,
je parle à mon monde qui n'est plus là pour les remercier,
pour leur dire merci, aidez-moi des fois.
Est-ce qu'il y a des moments où tu les sens?
Moi, je les appelle mes morts.
J'ai un endroit
où j'ai plein de cartes mortuaires
sur des gens significatifs
pour moi, mais c'est toujours
je les appelle mes morts.
Je ne sais pas s'ils me répondent,
mais moi, ça me fait du bien de leur parler. J'ai l'impression qu'ils m'écoutent mes morts. Mes morts, je ne sais pas s'ils me répondent, mais moi, ça me fait du bien de leur parler.
J'ai l'impression
qu'ils m'écoutent
à quelque part.
Oui,
peut-être,
je pense.
Avant tes spectacles,
tu penses à eux.
Tout le temps.
Dans des moments
où tu es plus fragile,
où il y a un stress.
Je les demande,
oui,
je demande de l'aide,
mais je ne sais pas
si ce n'est pas
de la psychologie de bottine
et tu te fais croire des affaires. Mais si, ça fait du bien. Moi, je je ne sais pas si ce n'est pas de la psychologie de bottine,
puis tu te fais croire des affaires. Mais si ça fait du bien.
Moi, je me dis toujours,
on ne peut pas le rationaliser,
ce qu'on est en train de se dire,
c'est de l'intangible,
mais si ça nous fait du bien.
Ben oui, c'est ma matière.
Mais c'est aussi une façon,
il y a comme une affaire où je trouve ça,
on existe tant qu'on existe
la mémoire c'est la meilleure façon
de rester
vivant d'une certaine façon
puis je suis pas prêt
nécessairement
à les laisser disparaître
parce qu'ils vivent à travers toi
oui depuis toujours
elle s'appelait comment, ta grand-maman?
Rita.
Alors, Rita a été importante dans ta vie, vraiment?
Oui, très.
Mes grands-parents ont été importants.
En fait, tous les gens...
Tous les gens...
Je peux te raconter...
Il y a ma grand-mère Rita,
puis il y a ma tante qui était ma marraine,
qui s'appelait Joanne, qui était la soeur de ma mère,
qui a comme, comme j'ai perdu ma grand-mère rapidement,
elle a comme repris un peu la figure de grand-mère,
ma tante.
Puis je revivais beaucoup ma relation avec ma grand-mère à travers elle d'une certaine façon
parce qu'elle s'en ressemblait en plus
un peu physiquement.
Je suis hyper reconnaissant.
Je ne sais pas si c'était conscient ou inconscient,
mais
elle a assuré une transition, en tout cas,
dans ma vie.
Malheureusementusement elle aussi
est partie
elle aussi était cultivatrice
elle était pommicultrice
pour te dire à quel point
c'était quelqu'un d'extraordinaire
parce qu'elle m'a appris le concept
de se mettre
pour les autres en faitris le concept de se mettre pour les autres, en fait.
Le concept de la famille.
À son dernier moment, elle avait préparé de la nourriture.
Fait qu'on a...
Oh, pardon, je pense que c'est mon téléphone.
Non, je pense que c'est le mien qui est en mode urgence.
Oh, oh.
Non, non, non, non, non, non, non.
C'est pas l'heure.
Mais non, non, ça va.
On s'en fout.
C'est peut-être un signe.
Non, non, c'est fou, c'est fou.
Non, non, mais en gros,
elle avait préparé de la nourriture
pour la famille pendant qu'on la veillait, finalement.
Tu sais, Je veux dire...
Elle a même préparé ça pour elle?
En fait, elle était en train de vivre
ses derniers moments dans la chambre.
La nourriture que vous mangez, c'est elle qui l'avait cuisinée?
C'est elle qui l'avait préparée, oui.
Puis c'est drôle à dire, mais
c'était ça son dernier
cadeau, c'était qu'on soit tous ensemble
une dernière fois, que ce soit
elle qui cuisine ça.
Je ne sais pas, c'était qu'on soit tous ensemble une dernière fois, que ce soit elle qui cuisine ça. Je ne sais pas,
c'est des choses...
Ça, pour moi, c'est une valeur fondamentale.
C'est de la grande générosité.
C'est incroyable.
Ma grand-mère et ma tante,
c'était des gens extraordinaires, mais que...
Je veux dire, c'est pas...
On n'a pas fait
des statues, on n'a pas... Mais l'extraordinaire
existe à travers ça.
C'est en toi.
Oui. Elles ont laissé une trace.
Profondément profonde.
Et ça, c'est bien plus important qu'une statue.
À 100 %. C'est une statue, c'est externe.
C'est ça. Puis tu vois, ça,
ce moment-là qu'elle nous a offert,
je vais m'en souvenir toute ma vie, puis elle va exister.
Puis c'est tellement un cadeau qu'elle m'a fait,
que je trouve, comme ma grand-mère d'ailleurs,
qui me faisait des pyjamas,
dans le sens où je veux honorer cette mémoire-là
en ne l'oubliant pas, finalement.
C'est beau, c'est beau le match que tu rends, c'est touchant.
Est-ce que tu aurais une question pour moi?
Oui, moi j'aimerais ça savoir
avec quelle personne décédée...
Hé, mon Dieu, il y a déjà quelqu'un qui me l'a posé.
Fait qu'il faudrait que tu m'en poses une autre.
Est-ce que, selon toi, on a une destinée?
J'aime pas... Non.
Non, je veux qu'on y réponde.
On dirait que pour moi,
répondre oui à ça,
c'est comme de laisser aller ma vie
je comprends
c'est comme de dire
c'est pas tout moi qui a choisi
donc pour moi c'est me déresponsabiliser
moi je suis profondément une personne
responsable
et ça
c'est de dire ben il y avait déjà
un chemin puis je l'ai suivi
à ma façon mais j'avais déjà un chemin, puis je l'ai suivi à ma façon,
mais j'avais déjà ma route,
alors que je veux croire que je participe
à l'édification de ma route.
Je comprends.
Moi, j'ai écrit un livre qui s'appelle La couveuse,
puis il y a toujours un petit mot,
on essaie de chercher une phrase qui nous définit
quand on écrit un livre dans la première page.
Puis c'était, j'aime mieux,
grosso modo, ce que ça disait, on dirait que je ne sais plus par cœur,
mais j'aime mieux regretter
ce que j'ai fait que regretter
ce que je n'ai pas fait.
Et ça, pour moi, c'est
foncer dans la vie, c'est de voir des
opportunités, puis de
dire au pire, je vais me péter la gueule, j'ai pas
peur de l'échec, mais
je regretterai pas mon échec,
mais je vais regretter le doute.
Parce que pour moi, le doute est paralysant
alors que l'action me fait avancer.
Mais ça, on me disait,
une destinée, c'est comme si je le
faisais, c'est pas parce que j'ai décidé
de prendre un risque, mais c'est parce que c'était là.
Tu comprends? Je sais pas ce que toi,
tu penses, mais moi, c'est un peu comme ça
que je vois une destinée.
Oui, bien, je suis d'accord.
Puis tu sais, on vient d'une société
qui était très cléricale.
On est dans la religion, fait que
t'es né pour un petit pain, ton destin,
tu deviens... En fait,
ça me fascine. Mon grand-père,
je ne sais pas s'il s'est questionné, mon grand-père maternel
qui était agriculteur, je ne sais pas s'il s'est questionné sur est--père maternel qui est agriculteur, je ne sais pas s'il s'est
questionné sur est-ce que je suis autre chose qu'un agriculteur.
Je ne sais pas s'il y a eu le luxe d'ailleurs de
comprendre. – Les agriculteurs étaient tellement occupés.
– Bien c'est ça. – Écoute, ils n'ont pas…
– Tu étais ce que tu faisais, c'était ça.
– Tu n'avais pas le temps de te poser des questions,
mais pas, parce que des fois
ils sont dans le champ, tout ça, mais pas de temps
pour faire autre chose physiquement, impossible.
– C'est ça.
Mais moi, je suis un peu comme toi.
Je trouve qu'il y a un côté
avoir un destin ou être rappelé
à un grand destin.
Il y a un côté,
c'est un peu déresponsabilisant.
Peu importe ce que je vais faire,
finalement, c'est censé m'arriver.
Non, peut-être pas.
Je déteste la phrase « On a ce qu'on mérite ». Ce n'est pas vrai. Ce n'est censé m'arriver. Non, peut-être pas. Puis je déteste la phrase « on a ce qu'on mérite ».
C'est pas vrai.
C'est pas toujours vrai en passant.
Il y a une autre phrase aussi que j'ai entendue
souvent, c'est « on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas reçu ».
Puis moi, je me dis toujours « je vais aller
chercher ce que je n'ai pas reçu ».
C'est un peu ça, c'est le même écho.
On est à la même place.
Oui, c'est sûr que si tu ne travailles pas
et que tu ne te forces pas,
ben t'auras pas des bons résultats,
mettons, dans le sport, là, tu sais,
tu pratiques jamais,
ben à un moment donné, tu vas frapper un mur
puis tu pourras pas faire partie de l'équipe.
Ça, c'est normal.
Sauf que c'est pas vrai que t'as ce que tu mérites
dans le sens où, c'est, tu sais,
je vais donner un exemple plus concret peut-être
ou plus abstrait, on verra, là,
mais on dit ça, on a les politiciens qu'on mérite, mettons.
Non, ce n'est pas vrai.
On n'a pas les politiciens qu'on mérite.
On a premièrement les politiciens,
on a les gens qui acceptent de sacrifier leur vie
pour aller en politique,
ce qui n'est vraiment pas la majorité de la population.
Puis dans ces gens-là, il faut faire un choix.
On n'a peut-être pas mérité tout le monde. Je veux dire, on n'a peut-être pas mérité toutes les décisions. On n'a peut-être pas mérité tout le monde
je veux dire, on n'a peut-être pas mérité toutes les décisions
on n'a peut-être pas mérité non plus de se faire
parler comme on se fait des fois parler
c'est pas si vrai que ça qu'on a ce qu'on mérite
c'est comme des chemins rapides des fois
à des grands questionnements
c'est facile après ça de, ben regarde, c'est ça qui est ça
mais non, je trouve que
l'intérêt de la vie c'est de découvrir
tu sais, on
je trouve que là je fais un peu de la vie, c'est de découvrir.
Je trouve que... Là, je fais un peu de la psychopope.
Je suis désolé, mais c'est vraiment
une croyance que j'ai.
C'est que, un, on oublie que
l'homme,
il migre, il explore.
On est parti de la corne africaine.
Il y a d'autres théories anthropologiques,
mais globalement, la théorie la plus connue,
c'est qu'on part de la corne africaine
puis on a conquis le monde.
Autrement dit...
On a repeuplé.
On a repeuplé, on a exploré, puis on s'est adapté.
Mais si on avait ce qu'on mérite,
on serait encore là aujourd'hui dans des tribus quelconques.
Mais c'est ça la fin de l'évolution.
Bien, c'est un peu ça.
Parce que quand on dit,
tu ne peux pas donner ce que tu n'as pas reçu,
ça veut dire que c'est la fin.
Ça veut dire que ce que je n'ai pas reçu, ça veut dire que c'est la fin. Ça veut dire que ce que j'ai pas reçu, jamais ça sera
transmis au fil de mes
générations futures dans ma lignée.
Ça sera pour quelqu'un d'autre, puis pas pour moi,
alors que peut-être que j'aspirais à ça, ou peut-être
que je voulais ça même. Fait que déjà,
tu sais, on oublie que
on a une capacité d'adaptation, d'exploration,
une compréhension qui est
forte, juste animale,
anthropologiquement parlant.
Deux, justement, on est intelligent.
On est capable de comprendre
ce qui arrive, puis on est capable de ressentir
pour se sortir ou évoluer.
De rester cantonné à
on a ce qu'on mérite. Moi, je trouve que
non seulement c'est une erreur, mais c'est quasiment aller
contre la nature humaine, d'une certaine façon.
Non, la beauté, je trouve, de l'existence,
c'est justement d'aller vers l'autre,
d'aller vers l'inconnu. Ça fait peur,
ça insécurise, plein de choses désagréables.
– Mais c'est là que l'adaptation rentre en ligne de compte. – Exactement.
– On a la capacité. – De s'adapter.
Mais tu sais, l'adaptation aussi, c'est un signe d'intelligence. Je le disais, on est
intelligent, mais la capacité d'adaptation
vient de l'intelligence aussi.
C'est que tu as l'intelligence de
comprendre qu'il y a une situation qui est
différente et comment tu te rends dans...
Comment tu arrives à être bien
dans cette situation-là.
Ils ont dû s'adapter à des milieux
arides, à des milieux...
Glaciers, je veux dire, c'est...
Et donc,
pense-y, développer à un moment donné,
ça s'est complexifié parce que là, c'était des langues,
c'était des us et coutumes.
Bon, mais tu sais, je veux dire, à un moment donné,
ça devient social, l'adaptation. C'est pas juste
physique. Non, puis on se crée des besoins.
Il faut répondre à nos besoins. Puis ça, c'est l'évolution
aussi. Le besoin apporte...
Le désir apporte l'évolution.
Oui, puis on est chanceux d'être
une espèce qui
a dépassé
les réflexes, la survie,
on a une certaine, même si on est dans un état
de, je veux dire,
de grande vulnérabilité,
on vit quand même
dans une société où on est capable
de s'aider, puis d'avoir une certaine « entre guillemets »
je mets vraiment des gros guillemets parce que je pense
que si une mère
monoparentale qui est en situation
précaire, elle serait peut-être pas contente de ce que je veux dire
mais n'empêche que
on n'est pas non plus dans un état où on est
dans genre la jungle, c'est ça
que j'essaie de dire simplement
il y a quand même
des services, il y a quand même des services,
peut-être pas complètement adéquats,
à 100 %, mais elle n'est pas laissée à elle-même.
Elle n'est pas totalement laissée à elle-même.
Puis ça, ça fait en sorte qu'on est quand même,
d'une certaine façon, je ne veux pas dire chanceux,
mais il ne faut pas oublier qu'on a cette capacité d'adaptation.
On a un filet de sécurité sociale.
C'est ça.
Puis on a une...
Donc, qui favorise notre adaptation, notre évolution, puis qui nous permet d'aspaptation. On a un filet de sécurité sociale. C'est ça. On a donc qui favorise notre
adaptation, notre évolution, puis qui nous
permet d'aspirer peut-être à plus
que la situation dans laquelle on est.
On est à la même place sur celle-là.
Oui, je suis d'accord. Vraiment.
Alors, la question que je pose toujours à la fin,
c'est la lampe d'Aladin existe.
Quels sont tes trois vœux?
Contrôler le temps.
C'est la première chose.
C'est mon rêve, le super pouvoir.
J'aimerais ça, contrôler le temps.
Deux,
wow, je ne sais pas.
Que les gens que j'aime soient en santé
peut-être pas éternellement,
parce qu'à un moment donné, ça doit être long.
Le plus longtemps possible.
En fait, que la dignité reste tout le temps auprès des gens que j'aime.
Puis...
La troisième,
ça serait
de...
Je sais pas, m'accomplir
professionnellement sans jamais stresser.
Savoir... Tu sais, on parle des destinées,
mais niveau travail, j'aimerais ça que ma destinée
ce soit un chemin pavé d'or.
J'ai juste à aller
tout seul.
J'ai juste à suivre le chemin pavé d'or
un peu. Ça serait ça mes trois souhaits.
Oui, c'est ça. Donc, tu aimerais avoir une destinée.
Niveau professionnel.
Niveau professionnel, tu aurais aimé ça.
Une destinée heureuse en passant, pas une destinée
misérable, une destinée heureuse. Ça, tu aurais aimé ça. Ça, j'aurais aimé ça. Oui, puis une destinée heureuse en passant. Pas une destinée misérable, une destinée heureuse. Ça, t'aurais aimé ça.
Ça, j'aurais aimé ça.
Voir le film avant,
de ma carrière, avant de l'entreprendre.
Ça t'inquiète, ta carrière?
Oui, ça m'empêche de dormir.
Ah oui?
Oui, cette nuit, j'ai pas dormi
d'ailleurs à cause de ça.
Parce qu'on a un gros projet. Bien là, je peux peut-être
l'annoncer, on a décidé le 12 janvier
de présenter mon spectacle à la
salle Wilfrid Pelletier.
Rappelle le titre de ton spectacle.
Enfant du siècle. Enfant du siècle.
Enfant du siècle, donc, le 12 janvier.
Là, tu stresses de remplir la salle. C'est quoi, c'est 4000 places?
C'est 3000. 3000? Oui.
Ça stresse. Oui.
Bien oui. Admettons que tu ne remplis pas.
Qu'est-ce qui arrive? Ben, je ne sais pas.
Je vais avoir de la peine,
je ne sais pas.
Et si tu le faisais pour les gens
qui sont assis dans ta salle?
Non, non, mais c'est sûr.
C'est ça, parce qu'il faut
que tu trouves des réponses.
Oui, oui.
Mais la qualité du spectacle
est indépendante au niveau
de remplissage.
Mais tu sais,
je me méfie beaucoup des...
J'aime pas prendre des décisions
par égo.
J'aime pas quand l'égo...
Ah, oui.
Puis là, je ne suis pas sûr. Tu ne sais pas, là. Peut-être qu'il y a un peu d' égo. J'aime pas quand l'égo... Puis là, je suis pas sûr.
C'est pas là. Peut-être qu'il y a un peu d'égo là-dedans.
Ouais.
Puis c'est pas... Franchement, c'est pas mon idée.
J'aurais jamais eu l'audace.
Mais j'ai juste embarqué, puis j'ai fait
« Vous êtes sûrs? » On m'a mis en confiance. Oui.
On pense que c'est une bonne idée et tout.
Puis moi, je suis comme « Oh my God! »
C'est un beau défi.
Ouais, c'est un gros défi.
Puis là, ça m'empêche de dormir
là tu réussis, c'est quoi la prochaine étape
ou t'échoues, comment réagir à ça
le travail que ça demande
ça m'angoisse beaucoup, est-ce que les gens vont m'aimer
est-ce que je vais faire encore rire
je sais pas, tout ça
ça me stresse
j'apprends à me définir autrement que par le travail
mais c'est encore impossible
je conseille fortement ton spectacle.
Merci.
Vraiment, c'est un spectacle qui fait réfléchir.
Tu parles de toi, mais comme tous les humoristes,
ton histoire est intéressante
quand tu parles de tes parents.
Moi, vraiment, j'ai eu un coup de cœur
sur ta personne, sur l'individu que t'es.
Puis moi, je te trouve beau en plus,
fait que je sais que tu ne me crois pas, mais je trouve que c'es. Puis moi, je te trouve beau en plus. Je sais que tu me crois pas.
Mais je trouve que c'est un spectacle
intelligent. Merci.
Il fait du bien.
On sort de là avec un grand
sourire. On s'en va
avec quelque chose de toi.
Alors, la meilleure des chances, on va dire
merde pour le 12 janvier
à la salle Wilfrid Pelletier.
Merci d'avoir été là, Philippe Audré. – Bien, merci de l'accueil.
Je suppose que c'était pas trop long et trop plate.
– Oui, mais non.
Non, c'était un échange
plutôt, que je trouve, très, très riche.
– Merci. – T'as beaucoup de facettes
intéressantes, puis comme tu vas au fond des choses,
on apprend avec toi. – Ah, bien, merci.
– Je pense qu'on s'en regrandit de cette rencontre-là.
– Mais désolé de la longueur.
– Non, on l'écoute pas là-dessus.
Non, en plus, on est libre.
On peut mettre ça sur pause,
le réécouter comme on veut,
faire un petit bout de plus vite.
Regarde, c'est la liberté du podcast.
Je remercie les gens d'être là.
Vous pouvez vous rendre sur le mariclaude.com
et si vous voulez nous partager votre courriel,
parce que là, j'ai commencé à écrire
la nouvelle infolettre qui s'appelle
« Au fil de mes pensées.
Donc, chaque semaine, vous allez avoir
des nouvelles. Je vais, entre autres, parler
de ces superbes entrevues que j'ai la chance
de faire avec Ouvre ton jeu.
Et tout ce qui s'en vient. Alors, rendez-vous sur le mariclaude.com.
Puis moi, je vous dis à la prochaine.