Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #27 Jean-Sébastien Girard | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: November 6, 2023Pour le vingt-septième épisode, je reçois une personne que j’aime pour son authenticité, sa façon de se raconter et son autodérision… un invité modèle : Jean-Sébastien Girard. Je ne veux ...pas trop vous en dire, mais l’histoire qu’il nous raconte au fil de notre conversation me donne encore les larmes aux yeux. J’ai l’impression que son récit aidera d’autres jeunes filles et garçons, des parents et des grands-parents. Jean-Sébastien est un homme attachant et qui a beaucoup à nous dire. Vous vivez de la détresse, vous avez besoin de parler ? Pour les personnes concernées par la diversité sexuelle et la pluralité des genres, vous pouvez contacter Interligne : https://interligne.co/ Vous pensez au suicide? Vous vous inquiétez pour un proche? Vous vivez un deuil? Ne restez pas seul.e et appelez au 1-866-APPELLE (1 866 277-3553) ou visitez le https://www.suicide.ca. ━━━━━━━━━━━ Soyez les premiers à connaître mes projets à venir en inscrivant votre courriel au https://marieclaude.com Retrouvez le podcast « Ouvre ton jeu » sur les principales plateformes d'écoute en ligne : https://marieclaude.com/liens Pour visionner l'épisode sur YouTube : https://youtu.be/aK4bioWCIpw ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15. Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette c’est la rencontre d’un invité à cœur ouvert avec une animatrice aguerrie, autour d’un jeu de cartes unique. Réflexions, prises de conscience, confidences: au hasard des cartes-questions retournées, l’invité de Marie-Claude se révèle comme il ne l’a jamais fait et utilise son pouvoir de joueur pour la faire parler à son tour. Des questions sur mesure dans une entrevue qui laisse place au hasard. Une intervieweuse, telle une cartomancienne, qui se lance sans filet. Un invité qui joue, cartes sur table, dans un échange privilégié où le temps s’arrête.
Transcript
Discussion (0)
J'avais demandé à ma mère à quel âge j'allais avoir mon nom d'adulte.
Parce que je me disais, un moment donné, je vais m'appeler Roland, Marcel ou Michel.
C'est comme, qu'est-ce que tu veux dire?
Jean-Sébastien, mon ami s'appelle Julie, Karine.
On ne sera pas des adultes, t'imagines-tu?
On va travailler dans des bureaux, puis on va s'appeler Jean-Sébastien, Karine, Julie.
Ça ne se peut pas, ça.
On va s'appeler Maurice et Simone.
Elle fait non, non.
Et là, moi, ce que j'avais processé,
pour dire un horrible anglicisme,
c'est que je fais comme,
ça veut dire que quand tu étais petite,
tu t'appelais Monique.
Je suis comme, c'était pas un bébé.
Voici mon bébé Monique.
Je comprenais pas qu'un bébé puisse...
Je dis, les gens devaient rire
quand tu te promènes une petite Monique
avec des tresses.
C'est bien risible.
Ouvre ton jeu est présenté par Karine Jonka,
la référence en matière de soins pour la peau,
disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec.
Bonjour tout le monde.
Aujourd'hui, je reçois un gars que je connais quand même depuis quelques années,
que j'ai reçu souvent à Deux Filles le matin ou à Marie-Claude.
La première fois que je l'ai rencontré, il m'a dit qu'il était hypochondriaque.
Je dis ça, c'est extraordinaire parce que ça veut dire que pour ce que je fais comme émission, je vais t'inviter souvent, t'auras beaucoup de choses à dire.
Et je me suis attachée à lui. Je vous présente Jean-Sébastien Gérard. Bienvenue, Jean-Sébastien. Merci beaucoup.
Merci de l'invitation.
Je suis content d'être ici.
Content, fébrile.
Un mélange d'un paquet d'affaires.
Qu'est-ce qui te rend fébrile?
Bien, je suis un grand fan du podcast,
donc je l'écoute beaucoup.
Donc, je sais que ça requiert beaucoup d'impudeur.
Oui.
Et je me rends compte que, bon, tu sais,
je parle beaucoup de moi souvent à la radio,
dans mon spectacle, dans ce que je fais.
Mais avec un certain contrôle,
quand tu viens ici, il faut que tu joues le jeu.
Tu décides pas de pas te livrer.
Fait que quand même,
ouais, il y a beaucoup de...
On dirait que j'y pensais hier,
avant-hier, en me préparant,
parce que j'écoutais l'émission
et je me disais, si je devais répondre à telle question,
qu'est-ce que je répondrais?
Je me suis pratiqué.
T'as fait une répétition générale.
Alors que je sais que les questions sont adaptées.
À quelle question tu aimerais répondre?
Ah, mon Dieu, bonne question.
Je me suis habitué, j'ai répété
le Aladin, parce que je pense
qu'il revient très souvent.
Les trois choses que je voudrais...
Allez, on va commencer par ça, on va commencer par la fin.
La langue d'Aladin existe.
Quelles sont tes trois vœux?
Mes trois vœux, ça serait bien tant que j'ai pas de réponse
puisque j'ai répété ce matin
en prenant mon bain. Oui,
j'aimerais ne plus
être quelqu'un d'anxieux. J'aimerais que l'anxiété
fasse pas partie de ma vie
parce que je suis quelqu'un d'extrêmement anxieux. Puis quand on parle
de l'hypocondrie, mais ça, ça en fait partie.
L'hypocondrie, c'est une des
manifestations de l'anxiété généralisée. Donc, on en rit beaucoup, on fait souvent de blagues avec ça.rie, mais ça, ça en fait partie. L'hypochondrie, c'est une des manifestations de l'anxiété généralisée.
Donc, on en rit beaucoup, on fait souvent de blagues
avec ça. Moi, le premier, tu sais,
j'utilise beaucoup ça comme ressort comique
à la radio, à la télévision, parce que c'est drôle,
parce que, évidemment, les réflexions que les
hypochondriacs ont, ça amène à une démesure,
à des prises de décision
qui n'ont aucun bon sens. Donc,
c'est rigolo, mais il y a une vraie détresse
qui est liée à ça. Évidemment, quand je suis convaincu d'avoir le cancer,
mais j'ai le cancer, donc je vis avec...
Et même si ça fait rire les gens,
j'ai vraiment cette peur-là.
Donc, c'est envahissant, ça.
C'est absolument envahissant, exactement.
Tu aimerais apaiser cet envahissement-là.
Si c'est Aladin, comme je fais ça, c'est ça.
Pas juste l'apaiser, le faire disparaître.
Faire disparaître. Je veux devenir
quelqu'un de zen. Je me souviens, la première fois
que j'ai rencontré un psychologue,
naïvement, je ne connaissais pas trop encore la psychothérapie,
il m'a dit, qu'est-ce que tu es venu chercher ici?
J'ai dit, je ne veux plus être quelqu'un
d'anxieux. Je veux faire partir l'anxiété
de ma vie. Puis il m'expliquait que ça n'allait jamais
arriver. Il a fait une analogie
de moi et du détecteur
de fumée. Il dit, peut-être que toi, tu es un détecteur de fumée. Il dit peut-être que toi,
tu es un détecteur de fumée qui part à la moindre rôtie qu'on fait.
Il dit, bon, là, il va falloir peut-être baisser le niveau un peu,
mais ça sera tout le temps un détecteur de fumée sensible.
Et j'étais un peu découragé parce que là, je me disais,
je vais y aller, je vais guérir de ça.
C'est dans ma nature et je serai tout le temps l'hypocondrie.
Tu développes à un moment donné
certaines stratégies, puis tu apprends
certains trucs, mais ça revient tout le temps,
c'est quelque chose qui est très présent.
Puis en vieillissant,
généralement,
il y a des choses qui s'apaisent en vieillissant,
mais là, comme la maladie devient
de plus en plus une possibilité
et une réalité, c'est difficile
de me dire maintenant,
bon, ben, t'as jamais été malade,
fait que tu le seras jamais,
parce que le genre, dans des statistiques,
je commence à être dans des âges
où je dois être dépisté pour différents trucs bientôt.
Donc là, il y a une réalité,
il y a des statistiques qui font que je peux tomber malade.
J'ai l'hypocondrie aussi pour les gens que j'aime,
pour ma mère aussi.
J'ai peur qu'elle tombe malade, tout ça.
Elle vieillit.
C'est un des grands drames de ma vie de voir ma mère vieillir
parce que je sais que ça vient avec une échéance.
Je me projette difficilement dans le temps.
En tout cas, tu vois, c'est comme...
Ça va tout ensemble. Je me souviens que
à un moment donné, tu étais venue à l'émission.
Tu avais planifié un voyage d'avance.
Tu t'entends dans le dessus.
Est-ce que je vais être encore vivant?
Ça m'avait vraiment marquée quand tu avais dit ça.
Parce qu'habituellement, c'est le fun de planifier un voyage avance.
Tu y rêves, mais pour toi, c'est une...
C'est relié à de l'anxiété.
C'est que tout ce qui est projeté...
C'est drôle parce que j'ai un souvenir très concret,
que ça vienne toujours, c'est pas nouveau.
J'étais à l'école secondaire, je voulais faire du théâtre.
J'étais en secondaire 5, il y avait une pièce
qui s'appelait L'incident, qu'on devait faire,
je pense, au mois d'avril, mettons.
Et j'avais mal au ventre.
J'ai eu mal au ventre longtemps, en secondaire 5.
On n'a jamais trouvé pourquoi.
Ça devait être de l'anxiété.
Je ne sais pas pourquoi.
Puis, je me disais, mon Dieu, qu'est-ce que c'est?
Est-ce que c'est un cancer?
Est-ce que c'est...
Et je me souviens que j'étais prêt à faire la pièce.
Puis, j'avais hâte de faire la pièce
parce que je rêvais d'être devant un public, faire du théâtre.
Et à un moment donné, on n'était pas assez avancé.
Les élèves, on n'avait pas assez travaillé. Et le prof
nous avait dit, on va repousser
la production dans un mois.
Et là, dans ma tête, je m'étais dit, OK, j'étais
capable de toffer jusqu'au 15 avril,
mais là, si c'est un mois, je vais probablement
être mort. Je vais probablement être à l'hôpital.
Je vais probablement être...
Je réaliserai peut-être pas mon rap.
Et ça, c'est à
très courte échelle. Mais c'est des scénarios qui t'envahissent.
Complètement, tout le temps.
Et tu sais, c'est très lourd.
Et au bout d'une vie, à l'âge que j'ai,
des fois, je suis très fatigué des scénarios.
Je suis fatigué de tout ça.
Donc, ça vient de très loin.
Et oui, le voyage, là, je veux aller,
je veux faire une croisière scandinave l'été prochain.
Je suis en train de regarder ça, mais je me dis
tout ce qui peut arriver dans un an.
Là,
le docteur m'a trouvé un petit lipome.
Mais il fait comme, on va juste aller vérifier
pour être sûr que tout est correct.
C'est une petite bosse de chair.
Là, je me dis, des coups à l'échographie, on se rend
compte que c'est pas ça. Peut-être que je vais être en chimio
l'année prochaine, que je pourrais pas faire ma croisière
peut-être que ma mère va être tombée malade
peut-être que, et là il y a l'éventail de tout ça
qui se présente tout le temps
mais qu'est-ce que ça fait, qu'est-ce que ça change
du pensée d'avance?
ah mon dieu, ça change absolument rien
et
et tout ce qui est, bon tu sais
j'ai fait l'approche de psychologie humaniste
donc ça c'est plus, on jase, on parle,
on enfance, tout ça.
Puis, il y a aussi, bon, béavérisme.
On est plus dans le concret.
On est dans le très concret.
À quoi ça sert de penser à ça?
Est-ce que d'y penser,
de gaspiller ton temps, ça va avoir un impact
sur ce qui va...
Mais ça ne se contrôle pas.
Tout ce qui est béavaviorisme, tout ce qui
rentre dans des grilles d'analyse,
de déconstruire une anxiété,
de dire oui, mais qu'est-ce qui pourrait arriver
de pire? Qu'est-ce qui pourrait... Ça ne fonctionne pas.
Ça n'a pas d'emprise sur moi.
Ceci dit, on commence rough.
J'ai l'air d'être complètement... d'amener une vie d'enfer,
ce qui n'est pas le cas.
Mais oui, c'est quelque chose qui fait partie
de mon identité, qui m'habite l'anxiété.
Donc, ton premier vœu, on comprend pourquoi tu aimerais
ne plus faire d'anxiété.
Oui, exactement.
D'être zen, de faire, ça arrivera.
Moi, j'ai une amie, Sophie, qui est très,
on va traverser le pont quand il arrivera.
Qu'est-ce que ça te donne?
On ne sait pas.
Et je l'envie profondément d'être comme ça.
Sinon, je demanderais,
je demanderais que ma mère meure
à bout d'âge,
de vieillesse, simplement, dans la nuit,
qu'elle ne soit jamais malade.
Que tu la trouves...
Que je la trouve morte à 103 ans,
juste parce qu'elle est fatiguée,
au bout d'une vie bien remplie,
sans la maladie, sans l'anxiété,
sans la peur, sans voir les échéances arriver,
sans que tout ça arrive.
Il y a des exemples de gens autour de moi
qui sont morts, j'ai une tante
qui est morte à 102 ans
après avoir mangé un barbecue
elle disait je veux manger un Saint-Hubert
puis sa fille avait dit ben voyons
tu peux pas manger un Saint-Hubert, elle a dit c'est quoi le pire qui puisse m'arriver
que je fasse une ingestion, que je meurs
bon ben elle est morte
sûrement pas à cause du Saint-Hubert
mais à cet âge là c'était comme effectivement puis elle est morte heureuseûrement pas à cause du sale tuyau. Mais à cet âge-là,
c'était comme effectivement ça.
Puis elle est morte heureuse après avoir mangé son barbecue.
C'est une image que
j'aimerais pour ma mère,
bien sûr, parce que dans l'anxiété, dans ma relation
aussi très fusionnelle avec ma mère,
il y a cette obsession-là de penser beaucoup
à ça va être quoi ses finalités,
est-ce qu'elle va souffrir?
Est-ce que des fois tu penses que tu pourrais partir avant elle?
Pas tellement
mais c'est drôle parce que
j'ai
plus jeune, j'ai souhaité
mourir avant ma mère
et je pense encore que je ne serais pas capable
de passer à travers ça, que ça va être le grand drame de ma vie
et tout le monde me dit
ben oui c'est quelque chose de normal, c'est dans l'ordre des choses
c'est difficile, mais c'est pas normal qu'un adulte, qu'un être humain,
dise, je ne survivrai pas à la mer.
Personne ne dit ça autour de moi.
Je ne connais pas d'autres exemples de gens
qui pensent ne pas survivre à la mort de leur mère.
Moi, j'ai cette peur-là.
Et je me souviens que plus jeune, je me disais,
moi, mon souhait, c'est de mourir avant ma mère.
Et à un moment donné, j'ai dit ça dans une conversation banale
avec un ami à moi qui me regardait
avec un grand regard de jugement
et qui m'a dit, tu prétends aimer ta mère,
mais tu voudrais qu'elle vive le deuil de son enfant
qui est la pire chose qui peut s'arriver.
Et ça m'a comme fouetté un peu.
Et à partir de ce moment-là, j'ai cessé de rêver ça.
Je me suis dit, j'aime assez ma mère
pour que cette douleur-là, ça soit moi qui la vive et non elle.
Ce qui n'est effectivement pas dans l'ordre des choses.
Ça m'a calmé et je
veux survivre à ma mère pour son
bien à elle.
Fait que là, t'as deux vœux. J'ai deux
et j'ai livré tellement de choses
avec cette question.
C'est le jeu le plus court
qu'on aura fait.
Ça va avoir duré 20 minutes.
Et
l'autre, ce serait...
Qu'est-ce que j'avais répété ce matin? Je ne me souviens même plus.
On peut revenir à la fin, si tu veux.
Ah oui, on va revenir à la fin.
Ça va peut-être m'éclairer.
Il va me rester un vœu.
Donc, tu te souviens, il y a les cartes vertes
qui sont des cartes très générales.
Il y a les cartes jaunes qui deviennent plus personnelles.
Les cartes rouges qui sont vraiment écrites.
Il n'y a que toi qui peux répondre.
Les cartes mauves, quand tu décides d'y répondre,
tu as le droit de me poser une question.
Oui.
Et si tu trouves que ça va trop loin,
tu veux arrêter pour peu importe la raison,
tu sors ton joker.
Elle n'est pas souvent utilisée.
À date, il y a Michel Richard qui l'a tenue beaucoup
dans sa main. Il y a
Marie-Limé qui l'a presque
utilisée. En tout cas, il y avait
un geste
et finalement,
mais c'est tout à date.
Alors, ça reste à voir
qu'est-ce qui va se passer.
Alors, tu brasses les cartes
comme tu peux. Il y en a qui sont sur la table
et tu m'en donnes quatre.
Oui, puis il y en a qui sont très
amateurs de tarot. C'est qui? C'est Nathalie Simard.
Je ne peux pas brasser ça n'importe comment.
Mais je sais, il y a toutes sortes
de façons de faire.
La main du cœur, la main de...
Mais ce n'est pas du tarot, c'est un jeu de questions.
C'est parce que moi, j'aimais bien
le graphisme qui ressemble
à du tarot. Oui, oui, oui.
Parce que je trouve que...
Ça fait une confiance, quelque chose de...
Excuse, tu m'en donnes quatre, je suis en train de prendre le jeu.
Je t'en donne quatre. Oui, tu m'en donnes quatre.
C'est vrai, j'ai l'impression que tu vas me dire ce qui va m'arriver.
Oui, c'est ça. Alors voici.
Tu choisis ce que tu veux qu'il t'arrive.
Quand je me regarde dans le miroir,
je vois. De quoi as-tu peur?
Quelle importance
accordes-tu au regard des autres?
Qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Mon Dieu, les
quatre questions m'intéressent et sont assez...
Il n'y a rien qui me
concerne pas là-dedans.
Je vais répondre à celle-là.
Quand je me regarde dans le miroir, qu'est-ce que je vois?
Je vois un homme qui commence
à vieillir.
Et...
Et on dirait que...
Tout le monde dit ça, surtout les personnes âgées,
qu'il y a comme une adéquation entre ce que je vois maintenant
dans mon miroir et ce que suis-je encore.
Mon cerveau ne comprend pas
que je vais être un monsieur de 50 ans.
Dans ma tête, ça ne se peut pas.
Bon, il y a plein de raisons.
Là, tu as quel âge présentement?
Là, j'ai 48.
OK.
48.
Et je vais être un monsieur de 50 ans bientôt.
Bon, parce que si ma vie ne ressemble pas
à la moyenne des messieurs de 50 ans, peut-être.
Bon, je suis célibataire, je n'ai pas d'enfant.
J'ai encore une vie un peu, tu sais,
j'ai une grande liberté, je fais le métier que j'aime,
je vais prendre des 5 à 7 spontanément.
J'ai beaucoup d'amis plus jeunes aussi.
Donc, je suis entouré d'amis
qui ont d'autres préoccupations.
Donc, on dirait que quand je me vois vieillir
et que je vois vraiment des trucs, on dirait que ça ne se peut pas.
On dirait que je suis comme... Tu sais, il y a une maladie
que les gens de 20 ans qui vieillissent trop vite,
on dirait que c'est comme une maladie
que je suis en train de vieillir parce que dans ma tête,
ça ne rentre pas. Et pourtant, je me dis,
ben oui, je suis rendu là. Je commence à penser,
à faire des calculs.
Tu sais, j'étais en Abitibi il n'y a pas longtemps
et il y avait une immense pancarte,
un club de l'âge d'homme, il est venu aux 50 ans et plus.
J'ai dit, mon Dieu, mais dans un an et demi,
je peux appartenir à un groupe sur la base
de mon âge avancé.
C'est quand même spectaculaire.
C'est quelque chose de 50 ans.
Tu peux avoir ta carte de l'âge d'or.
Tu peux avoir des rabais.
C'est intéressant quand même.
C'est intéressant.
Il y a quelque chose, c'est comme une barrière
du temps. Il y a comme une
barrière du temps. Quand on
traverse, ça arrive à n'importe quel moment, mais 50 ans, il y a un sym barrière du temps. Quand on traverse, ça arrive à n'importe quel moment,
mais 50 ans, il y a un symbole avec ça.
Et tu sais, quand on parle de la crise de la quarantaine,
on va parler beaucoup du mi-temps de la vie.
Puis on fait comme, on est rendu à la moitié.
Mais à 50 ans, mathématiquement, on est rendu plus qu'à la moitié.
Donc, il ne nous reste plus la moitié.
Il y a ça aussi.
Il reste la moitié et dans quel état aussi?
Si je vis encore 40 ans après 50 ans,
ça ne sera pas les mêmes 40 ans
que je viens de vivre précédemment.
C'est le grand défi.
Les médecins le disent, on vit plus longtemps,
mais être dans quel état?
C'est se garder en santé.
On veut tous être centenaires,
mais on ne sera pas tous jeunesse de Bertrand.
C'est un cas exceptionnel.
À 98 ans, quelqu'un n'est pasunesse de Bertrand. Je veux dire qu'il est un cas exceptionnel. À 98 ans,
quelqu'un n'est pas comme ça d'habitude.
Mais quand tu étais petit,
tu voyais un monsieur de 50 ans,
qu'est-ce qui se passait dans ta tête?
C'était quelqu'un à bout d'âge.
C'est fou.
C'était effrayant. Puis des fois, ce qui est drôle,
j'écoute beaucoup de vieilles télé, puis là, je vois
des personnages ou des, je ne sais pas moi,
Jean Besséry dans Jamais deux sans toi, avec Francine Duval.
Donc, pour moi, c'était des vieilles personnes.
Il y avait de grands enfants, ils devenaient grands-parents.
Tu sais, Francine Duval, c'est Angèle Coutu.
Angèle Coutu, exactement.
Là, je parle comme si tout le monde avait les mêmes références.
Et là, tu sais, ils ont un bon bout de vie.
Ils vont vendre leur maison.
Ils habitent dans un condo.
Et là, il y a
Francine Duval, Angèle Coutu
la saison commence
et là il y a Micheline Langteau, son amie
qui organise un gros surprise
pour ses 50 ans
je me disais, oh mon dieu, Francine Duval avait mon âge
c'était une grand-mère
c'était une femme qui pleurait
tout le temps sur son grand âge
sur le fait qu'elle pognait plus.
Elle avait juste 50 ans.
Elle avait juste 50 ans, tu sais.
Puis des fois, c'est pire.
Des fois, je fais, oh mon Dieu,
mais Joseph Arthur, la voix,
Rosanna Saint-Cyr dans le temps d'une paix,
elle a 40 ans.
Elle a 40 ans, cette femme-là.
Bon, évidemment, ça ne se montrait pas
que c'est un autre look.
Mais quand même, on n'aurait pas pensé ça.
Ben non.
Moi, je l'écoutais quand j'étais petit.
Donc, c'était la vieille madame. Cette femme a 40 ans.
Quand on regarde l'âge de ses enfants,
tout ça, mais effectivement,
à l'époque, ses enfants ont 20, 21 ans,
19 ans. Et ça me
trouble à chaque fois que je vois des gens
que je trouvais très vieux.
Je me dis, ils sont tous plus jeunes que moi.
Et j'ai encore la réaction des fois des gens
qui ont mon âge, qui réalisent de quoi. Je ne sais pas, quelqu'un
qui fait comme un ministre à 49 ans, je fais comme
mon Dieu, quel surdoué. Ben non.
C'est normal d'être ministre à 49 ans.
C'est normal de réaliser un film à 49 ans.
Souvent, la carrière est même très avancée.
On dirait que j'ai l'impression que les gens nés en 75
qui réalisent des choses,
je fais comme mon Dieu, les choses vont vite. Ben non.
Les choses doivent arriver là.
Est-ce qu'il y a des choses que tu choses qui s'accélèrent dans ta tête,
où tu te dis, je veux les réaliser, c'est maintenant?
Moins, mais tu sais, moi, j'ai eu la chance de,
ça fait peut-être 10-12 ans que ma carrière,
celle dont je rêvais petit, arrive, existe.
Et là, je suis comme un gamin qui s'amuse encore avec tout ça
et qui a beaucoup de plaisir.
Et c'est ça, je pense, qui a vraiment amorti la crise.
On parle de la crise de la cinquantaine à venir, mais c'est de la
quarantaine qui n'a pas existé. Parce que
comme quelque chose qui a commencé à arriver pour moi à la fin
de la trentaine, j'avais été rechercher toute
ma vie en adorant ça.
C'était pas une salle d'attente, mais peut-être
qu'aujourd'hui, je serais tanné, peut-être que...
Puis là, je sentais que la quarantaine
arrivait. Peut-être que je me serais dit, il faut que je fasse autre chose.
J'ai envie d'essayer d'autre chose. J'adorais
le métier, mais quand t'es rendu à ton 29e dossier sur Marie-Norcini, à un moment donné, peut-être que je me serais dit, il faut que je fasse autre chose. J'ai envie d'essayer d'autre chose. J'adorais le métier. Mais quand tu es rendu à ton 29e dossier sur Marie-Norcini,
à un moment donné, peut-être que j'aurais eu besoin de me réinventer.
Mais là, tout ça est arrivé.
Ça a vraiment amorti.
Et j'ai l'impression qu'en accéléré, je réalise plein de rêves dans les dernières années.
Ça amortit quand même le vertige de vieillir.
Parce que je ne suis pas en train de me dire
« Mon Dieu, je n'ai rien réalisé de ce que j'ai voulu »
parce que là, dans les dernières années,
je réalise plein de choses.
Donc peut-être que ça apaise quand même le fait de vieillir.
Si la cinquantaine arrivait et que je me disais
« Je n'ai réalisé rien de ce que je voulais »,
probablement que ça serait plus difficile.
Est-ce que tu penses que tu vas profiter de ta 50e année
pour donner un sens à ce qui s'en vient?
Ah mon Dieu, bonne question.
En fait, c'est que je suis tellement beaucoup,
parce que je suis anxieux, parce que je réfléchis beaucoup,
je ne suis pas sûr que je suis quelqu'un qui va prendre un temps,
qui va prendre le bilan.
J'ai l'impression que je le fais à chaque jour de ma vie.
C'est vrai.
Tu es toujours dans une autre dimension.
Je questionne.
Il y a des soirs que je fais comme,
« Mon Dieu, qu'est-ce qui me reste à réaliser?
Combien de temps qu'il me reste?
Est-ce que je vais tomber malade?
Il me reste combien de temps? »
Puis j'écris à mon ami Sophie,
« Mon Dieu, il me semble que je suis vieux.
Il me semble que je n'ai pas...
J'ai cette lourdeur-là au quotidien.
Donc, je ne pense pas que je vais
partir trois semaines en voyage
pour faire le bilan de ma vie. Il se fait
au jour le jour, le bilan de ma vie.
Moi, j'ai fait ça à 50 ans. Je suis partie trois semaines.
Pour t'arrêter, comprendre des choses.
On dirait que...
Moi, je voulais faire Compostelle.
Jeanne me disait, à 50 ans,
je vais faire Compostelle. Finalement, c'était pas possible
de partir deux mois.
C'est un gros luxe dans une vie.
Si tu veux le faire d'un bout à l'autre,
en même temps, est-ce que j'aurais été capable?
Je ne sais pas, mais en tout cas, j'aurais aimé ça.
Peut-être éventuellement, je le ferai.
Tu as trouvé des réponses?
Moi, j'avais besoin d'arrêter le temps un peu.
Je trouvais que j'étais essoufflée.
Puis je me disais, à 50 ans, c'est un bon moment de
prendre une bonne respiration
puis de repartir.
Je sais pas, on dirait que j'avais besoin d'un élan.
C'était comme, OK, là,
oui, mais ça m'a fait du bien quand même
de regarder en arrière.
Puis de dire, ben, c'est passé ça, j'ai fait ça.
On dirait que des fois, on prend pas le temps
de réaliser ce qu'on fait. Puis, tu sais,
quand on le réalise, souvent, ça va nous apporter de la fierté. Tu sais, on a tend temps de réaliser ce qu'on fait. Puis, tu sais, quand on le réalise, souvent, ça va nous apporter de la fierté.
Tu sais, on a tendance à minimiser
ce qu'on fait. Puis,
c'est tellement gratifiant
de prendre pleine conscience.
Puis, je me souviens, je m'étais louée une maison,
j'étais toute seule. Puis,
oh mon Dieu, ça m'a retrouvée
avec moi-même. Puis, Rosemary Charette, tu sais que
je recevais souvent une émission. – Oui, qu'on aime tellement.
– Elle m'avait dit, tu sais, quand t'es bien,
quand t'es capable de partir quelques semaines
seule avec toi-même,
t'as déjà un grand pas de fait parce que t'es bien
avec toi-même. Fait que ça, ça m'a
rassurée. Sur la capacité
d'eux. Oui, parce que je voulais pas
avoir l'air de faire une fuite de
fruits, tu sais. C'était juste, je voulais que ça
s'arrête, tu sais, parce que le tourbillon de la vie,
tu sais, de m'en aller ailleurs.
De la vie, de ta vie, les enfants aussi.
Ça s'arrêtait jamais.
Ça s'arrêtait jamais.
Je me suis fait même des amis là-bas.
Je me disais, je parlerais à personne.
Je suis arrivée là-bas, la maison n'était pas prête.
Je me suis fait des amis que j'ai encore.
Je n'avais même pas eu la maison encore.
Je vais faire un voyage à 50 ans.
Je viens de décider ça ici. Je vais faire ça. Tu vas faire ça? Oui, l même pas eu la maison encore. Je vais faire un voyage à 50 ans. Je viens de décider ça ici.
Je vais faire ça. Tu vas faire ça? Ouais, l'été de mes
50 ans, je vais faire un voyage. Je te dis,
ça fait du bien.
Tous les matins, j'allais chercher
mon poisson qui venait d'être pêché.
J'allais acheter ma laitue.
À un moment donné, les gens me connaissaient.
C'était drôle. J'aimais ça être
avoir comme une petite appartenance à
un lieu où je retournerais probablement jamais.
Mais je m'étais faite ma petite vie.
Puis je suis revenue tellement bien.
Je pense que tout le monde en a profité.
D'un temps,
regarde, je me mets sur pause
puis je vais revenir avec mon essence.
Parce que des fois, on se fait envahir
par toutes sortes d'affaires.
Puis on s'en rend pas compte.
Puis on est toujours en réaction.
Les gens te parlent, tu réagis
Tu écoutes les nouvelles, tu réagis
C'était vraiment
Le plus grand cadeau que je me suis fait pour mes 70 ans
Je me fais ça
C'était mon compostel
Mais plus confortable que compostel
Oui, parce qu'après
C'est bien le fun de marcher
J'allais faire de la plongée
De la plongée en apnée avec des bonbonnes
Mais à tous les jours.
C'est beau, hein?
L'univers qu'on découvre là-dedans,
tu vas voir que ça existe, ce monde parallèle-là.
La paix, c'est comme le silence.
Oh mon Dieu, je te dis ça,
puis tant mieux si tu le fais.
On s'organise un voyage,
je vais les dire, un voyage en apnée.
On va aller faire de l'apnée.
On va aller faire de l'apnée,
mais avec les tortues, j'étais vraiment bien.
Ah oui, c'est beau.
Mais quand tu te regardes dans le miroir,
il y a-tu des choses que tu as envie de changer? Ah oui, j'étais vraiment bien. Ah oui, c'est bon. Mais quand tu te regardes dans le miroir, il y a-t-il des choses que tu as envie de changer?
Ah oui, j'ai envie de changer mes dents.
J'ai envie de changer mon gros cou.
J'ai envie de...
Mais à chaque fois que je fais une entrevue,
j'ai tout le temps l'air un peu crackpot.
Tout le monde dit que ça doit être l'enfer, sa vie.
Non, mais c'est parce qu'après,
on met en exergue certaines choses.
Et je veux dire que j'ai quand même eu
souvent des problèmes avec mon image,
mais ça, pour vrai, ça s'adoucit beaucoup
avec le temps, très sincèrement.
Fait que c'est sûr que je peux dire,
bon, les choses qui me dérangent.
Mais ça, c'est un avantage du temps.
Mais de vieillir, de faire,
hé, c'est moins grave.
Puis je vois des gens plus jeunes
pour qui c'est vraiment un enjeu.
Celle-là a été.
Celle-là, beaucoup moins.
C'est sûr, bon,
je viens d'avoir un shooting photo.
Bon, moi, mes préoccupations,
ça va être avoir huit mentons.
Mais tout ce qui est lié au temps,
tout ce qui est lié au passage du temps,
ça, j'ai aucun complexe là-dessus.
Il y a une photo où on voit,
ça fait trois ans que je n'avais pas eu de nouvelle photo.
On voit que ma barbe est toute rendue blanche, pis là, quand j'ai
un sourire, t'sais, j'ai des grosses pattes.
Ça, je suis parfaitement d'accord avec ça,
je trouve ça même plutôt beau.
T'sais, pis c'est un cliché, là,
le passage de la vie et tout, pis je fais comme,
pourquoi j'aurais honte que mon visage
gagne en maturité, qu'il gagne,
t'sais, je suis pas défiguré, là, c'est que,
pour vrai, j'en regardais la photo, pis je fais comme,
ben, t'sais, je suis un homme, cé, pour vrai, j'en regardais la photo, pis je fais comme, ben, je suis un homme,
c'est pas trop,
par rapport à des
messieurs de 50 ans, justement, de mon enfant,
je fais comme, j'ai pas trop l'air bonhomme, ça me va,
mais après,
oui, c'est comme, je pense,
tout le temps,
j'ai essayé des trucs, j'avais amené
une espèce de gros hoodie
pour venir ici, qui m'arrivait là, parce qu'on voit pas mon cou, mais je fais comme, bon, je vais avoir l'air tout poigné, j'aurais pas l'air génére trucs. J'avais amené une espèce de gros hoody pour venir ici qui m'arrivait là
parce qu'on ne voit pas mon cou.
Je vais avoir l'air tout poigné.
Je n'aurais pas l'air généreux.
Je fais comme ça, assume ton cou.
Tu penses à ça.
Je pense à mon gros cou.
Ça, c'est mon compagnie.
Mes dents et mon gros cou.
On pourrait parler de cou.
Moi, je n'ai pas de cou.
J'ai toujours l'impression d'être un peu
comme une tortue en saccharine.
Qui sort son cou.
Je fais comme ça. Je prends des photos. Je suis le temps comme ça. Moi aussi, j'ai tendance à faire ça. qui sort son cou.
À un moment donné, je prends des photos,
je suis le temps comme ça.
Moi aussi, j'ai tendance à faire ça un peu.
On dirait que ça.
Moi, je me dis que si j'avais un cou,
je me serais peut-être 5 pieds 8.
Le truc en faisant des photos,
moi, c'est Serge Deloncourt à un moment donné qui m'avait dit, en faisant un spectacle,
sur ma photo, je suis comme,
ah ça, j'aime pas ça, on voit un petit peu.
Il fait comme, toi, tu te vois pas, mais il dit,
les gens qui te connaissent, ils le voient, là,
à chaque jour que t'es comme ça,
tu vas pas les berner, là.
Je suis comme, mon Dieu, mais c'est vrai, effectivement,
est-ce que je veux faire à croire à mes amis que j'ai pas de double menton
parce que ça apparaît pas sur la photo, ils me voient.
Moi, je me vois pas pendant que vous me voyez, mais vous le savez
que j'ai ce coup-là, je vais pas vous leurrer, là.
Fait que je fais comme, bon.
Mais j'ai, et en me voyant dans le miroir voyez, mais vous le savez que j'ai ce coup-là. Je ne vais pas vous leurrer. Je fais comme, bon. Mais en me voyant dans le miroir,
il y a aussi ce que j'ai développé dans les dernières années.
Bon, ça aussi, ça fait un peu cucu, mais c'est vrai.
Il y a comme une espèce de tendresse que j'ai envers moi.
Une certaine...
Moi, maintenant, mais moi, dans le passé aussi,
j'ai une certaine affection
maintenant pour l'enfant, le jeune adulte
que j'ai été, ce que je n'avais pas.
On est très durs dans ma famille,
envers soi-même. Cette culture-là,
ce n'est pas unique.
On vient beaucoup de cette époque-là.
Ma grand-mère qui parlait d'elle
avec beaucoup de violence,
qui se regardait dans le miroir.
Ma mère, la même chose.
Ma mère, quand elle prend un peu de poids,
elle se regarde, elle fait comme, ben là, c'est pas vrai, je vais pas au chalet cet été,
ils me verront pas grosses de même.
Continue à manger, maudite grosse vache.
Les pires phrases
que j'ai entendues dans ma vie,
c'est ma mère qui se les dit à elle,
c'est moi qui me les ai dites à moi.
On dit souvent
qu'on devrait se traiter
comme on traite les autres.
Mais moi, je ne traiterais jamais les autres
comme je me traite moi. J'aurais pas d'amitié.
Et ça, tu t'es adouci?
Oui. Ça, je me suis adouci.
Et je me souviens, c'est comme quand
je prenais un petit peu de poids quand j'étais plus jeune.
Puis là, je faisais comme, ben, c'est ça.
Tant pis pour toi. T'es bien gros.
Puis là, maintenant, je fais comme... Je ris, mais c'est pas drôle.
C'est juste que la manière...
Tu savais qu'une violence, je prenais mon bain,
je faisais comme, continue à manger mon gros.
T'as pas hâte pleine d'avoir ça.
Maintenant,
la pire place pour se voir,
selon moi, c'est dans les chambres d'hôtel.
Les salles de bain sont extrêmement
mal éclairées, très violemment.
Dans ma salle de bain, d'abord, il y a très peu de miroirs.
Quand je suis arrivé où j'habite,
il y avait des miroirs en haut de la bolle de toilette.
Je me suis dit que je n'avais pas besoin de me voir.
À chaque fois que je vais faire pipi la nuit,
je n'ai pas besoin de m'imposer ça.
J'ai enlevé les miroirs.
Mais quand tu t'en vas dans une chambre d'hôtel,
j'en vois beaucoup en tournée,
il y a des miroirs partout, 360.
Tu te vois dans tous les angles.
Tu as des lumières de néon qui est éclairée
extrêmement violemment
et là je fais, ah oui ok
j'ai un corps d'un aîné
je commence à avoir la texture de peau
je commence à avoir l'aspect
flasque
et ça tu vois je fais comme
ben je suis rendu là
je suis pas dans la culpabilité
de ben ok à 50 ans je dans la culpabilité de...
À 50 ans, je ne peux pas avoir l'air de...
Mais tu es vivant.
C'est tout le temps.
Quand j'ai des images de même, des fois...
Je suis vivant. Mon père est mort à peu près à mon âge.
Il est mort.
Il n'a pas vu sa peau vieillir.
Il n'a pas vu sa peau vieillir.
Moi, je la vois.
C'est le temps d'en faire ce qu'on dit.
Mais il y a un coût à payer pour vivre.
C'est de vieillir.
Je fais... C'est ça. J'on dit, mais il y a un coût à payer pour vivre, c'est de vieillir. Puis je fais...
Ben, c'est ça, tu sais. Puis j'ai un ami à moi
qui a commencé à se faire faire des injections
parce qu'il y a comme une ligne ici,
puis comme, j'ai usé ces lignes-là. Ça, je vis très bien
avec ça, tu sais.
Mais oui, il faut quand même que
je m'adoucisse sur certaines choses.
Qu'est-ce qui te rend vulnérable?
La maladie.
C'est pas original, mais...
J'ai l'impression que j'ai beaucoup de contrôle
sur ma vie, sur mon environnement.
Et ça, je n'en ai pas du tout.
Et je pense qu'il y a une vulnérabilité là-dedans.
Pendant que ça ne fait pas si longtemps que ça,
que j'ai identifié ça,
que face à la maladie,
j'ai pas de pouvoir, je peux pas être
travaillant, je peux pas comme
me battre, je peux pas...
Et
aussi, tu sais,
quand je te dis que j'ai pas besoin de faire de bilan, parce que je le fais constamment,
je pense à mon rapport à la santé,
et je me dis, quand on fait ce métier-là aussi,
puis on s'entend, je suis pas Guylaine Tremblay,
je suis pas Céline Dion,
mais à mon échelle,
j'ai quand même des fois des petits privilèges,
comme je suis bien traité,
je fais un spectacle,
les gens viennent me voir après,
ils m'apportent des cadeaux.
Quand j'arrive dans un restaurant,
tu ne mesures pas,
mais c'est comme plein de petits privilèges comme ça
qui rendent ma vie plus facile
ou au moins à chaque jour
qu'on me dit que je suis important
pour certaines personnes
et je me dis, ça vient flatter quelque chose
où là, face à ça,
face à la maladie, si j'ai une bosse,
j'ai beau être qui je suis,
j'ai beau...
Être gentil, plaire.
J'ai beau être gentil, plaire, j'ai beau avoir eu du succès,
j'ai beau... ça change rien.
Est-ce qu'on t'a déjà annoncé une maladie?
Bon, ça, jamais. Et làce qu'on t'a déjà annoncé une maladie? Bon, ça, jamais.
Et là, les gens doivent dire, mon Dieu,
mais il a probablement vu mourir ses parents, ses grands-parents.
C'est quelque chose d'inexplicable.
Et il y a beaucoup de choses inexplicables chez moi.
Quand je regarde mon historique,
quand je regarde ce que j'ai abordé en thérapie,
j'ai comme des traumatismes qui ne s'expliquent pas. J'ai eu comme des obsessions qui, en tout cas,
de manière visible ou même invisible,
parce que j'ai travaillé,
la maladie, et je touche du bois,
il y a comme personne autour de moi qui a vraiment été malade.
Tu sais, j'ai perdu mes grands-parents,
je suis rendu à presque 50 ans, c'est tout à fait normal.
Ce sont des gens qui sont morts de...
Pas de maladies tragiques,
j'ai pas vu des gens agonisés,
qui sont morts normalement pour des maladies de leur âge.
Ma mère, qui a 75 ans,
a jamais été malade.
J'ai pas été témoin de la maladie
autour de moi. Je sais pas.
Bon, oui, il y a l'hypocondrie.
Mon grand-père l'était, ma mère
l'est beaucoup. Donc, j'ai beaucoup entendu
des réflexions d'eux et c'est beaucoup
une transmission.
L'hypocondrie, c'est que j'ai grandi.
Ma mère, elle a grandi en voyant son père.
Je suis allé voir le médecin quand il y avait quelque chose
parce qu'il avait trop peur.
Et moi, c'est la même chose.
Je voyais que ma mère allait passer des examens de routine
quand j'étais petit.
Et là, c'était pendant trois semaines.
Je n'avais pas le droit d'appeler mes amis au téléphone
parce que peut-être que le docteur va m'appeler.
Et là, ce n'était pas on attend une rechute de cancer, puis que
là, on a analysé une biopsie, c'était juste
examen de routine. Donc, moi, j'ai grandi
en apprenant qu'aller
passer des examens de routine,
ça peut forcément
nous mener à la pire des nouvelles, qu'on va
apprendre que la vie est finie,
que je pouvais à tout moment
perdre ma mère. Donc ça, ça s'explique quand même
un peu dans ce rapport à la santé.
Et de ma mère aussi qui est comme ça,
qui annule des rendez-vous médicaux
quand il y a des événements joyeux
qui vont se produire
pour pas que ça vienne gâcher l'événement joyeux.
Si je te dis, je sais pas moi,
j'ai gagné un voyage au Mexique
et j'ai dit à ma mère,
on part le 1er janvier,
elle va me dire,
ben là, je vais annuler ma mammographie
que j'avais le 15 décembre, parce que dès qu'on me trouve
un cancer, je ne pourrai pas faire mon voyage.
Ou si je m'en vais faire mon voyage, je vais juste penser
à mon cancer, ou je vais juste penser...
Donc, on ne le saura pas.
On ne le saura pas. Donc, nous,
on bouscule beaucoup les horaires
d'examens médicaux
pour ne pas que ça vienne briser nos vies,
parce que tout le temps, la possibilité que ça vienne briser nos vies. Parce que tout le temps, la possibilité
que ça vienne briser nos vies, et je le répète,
on n'a aucune maladie connue, on n'en a
jamais eu jusqu'à maintenant. On peut pas se dire
« Mon Dieu, cette femme-là, ça fait 20 ans qu'elle se bat
contre le cancer, elle a été échaudée.
Je comprends. » Puis ça revient.
Il y a rien de ça qui est arrivé.
Tu sais, souvent,
ce que l'anxiété sous-tend,
c'est la peur de la mort.
Oui.
As-tu ça?
Dans plusieurs cas, c'est comme la peur de ce qui va nous amener à la finalité.
Je me pose souvent la question, je ne sais pas si j'ai tant peur de la mort.
Ce n'est pas nécessairement ça.
Je ne suis pas certain que ça soit vraiment lié. Je pense que c'est vraiment lié à...
à cette peur de...
de perdre le contrôle, en fait.
De perdre une certaine innocence.
Je ne veux pas perdre mon innocence,
alors que je n'en ai pas du tout d'innocence.
Je suis constamment en train de penser que le pire va arriver.
Mais ça reste théorique.
Il y a un côté de moi qui n'a jamais été confronté à ça,
qui pense que je peux encore vivre très longtemps.
Donc, il y a peut-être de ça aussi.
Tantôt, tu as commencé en disant que tu étais célibataire.
Tu nous as dit ça.
Est-ce que ça a un lien, tu penses,
ce besoin de contrôle-là versus le couple?
Ah, peut-être.
Peut-être.
Oui, parce que ce que je n'aime pas d'être en couple,
c'est de ne pas m'appartenir complètement,
c'est de ne pas pouvoir...
À une époque, on parlait beaucoup des vieux garçons
puis des vieilles filles, puis des manies,
mais il y a quelque chose quand même là-dedans.
C'est sûr qu'on a une rigidité.
On parle moins de ça maintenant, évidemment,
parce qu'on n'a pas stigmatisé les gens
qui font le choix
ou qui, par fatalité, le sont.
Moi, je pense que c'est essentiellement par choix.
Je pense vraiment
que...
Je pense que je n'aime pas ça,
être en couple, vraiment.
L'as-tu déjà été?
Oui, je l'ai été.
J'ai fait quelques trois ans.
Ça durait trois ans en général.
Et en fait, je pense que je m'avoue juste maintenant,
aujourd'hui, que je n'aimais pas ça.
Je me faisais croire que j'aimais ça
et que je vivais quelque chose d'extraordinaire
et que quand j'ai eu ensuite des chagrins d'amour,
j'ai souffert pour vrai dans des...
Dans des pertes d'amour.
Mais
je pense que je n'aimais pas ça tant que ça.
Que je voyais tout le temps
chaque engagement.
D'abord, j'ai déjà
perdu une relation parce que je ne voulais pas
qu'on habite ensemble.
Parce que moi, je me disais,
je vois le couple comme étant des gens qui vivent séparément.
Il y a des gens qui font ça, maintenant ça existe,
mais c'est quand même pas commun.
Et ça, ça a comme indiqué le début de la fin du couple en question.
J'ai de la misère à penser que,
oui, donc les manies,
j'ai de la misère à penser que mon univers serait partagé
avec quelqu'un d'autre.
Et oui, et forcément, à l'âge que j'ai...
C'est l'univers que tu contrôles.
Oui, exactement.
Mon univers.
Et en vieillissant aussi,
comme je n'ai jamais habité
en couple,
il est comme rendu trop tard.
Je pense que c'est la violence
que ça me demanderait d'essayer ça
à 50 ans.
Il y a des enjeux, il y a des difficultés
pour ceux qui adorent être en couple,
qui adorent habiter avec quelqu'un.
Moi, je l'imaginerais difficilement.
Je ne suis pas fermé.
Je me dis pas, ça n'arrivera jamais. Peut-être.
Mais si j'avais
gagé ce qui s'en vient pour moi, je ne miserais pas
beaucoup là-dessus, sur la possibilité
que ça se puisse. C'est peut-être pas toi qui
ouvrirais la porte à ça, nécessairement.
Non, c'est pas moi. Il faudrait qu'il arrive
quelque chose de spectaculaire, ou que
ma vie change, ou que
je vive quelque chose qui m'amène à
reconsidérer l'importance du couple.
Mais dans le statu quo,
dans la vie
telle, ma vie telle qu'elle est
présentement, je ne ressens pas
beaucoup le besoin.
Il y a des manques que j' présentement, je ne ressens pas beaucoup le besoin. Il y a des manques que
j'identifie, que je ressens,
mais la somme de ce que je pense
être des manques est quand même
moins élevée que
ce que j'ai l'impression de perdre
en couple.
C'est intéressant. Il y a sûrement
d'autres questions qui s'en viennent sur le couple.
Oui, sûrement.
Alors là, tu brasses les cartes jaunes
et tu m'en donnes trois.
Trois.
C'est vrai qu'on se livre.
C'est ça le jeu.
C'est ça le jeu. C'est toi le centre d'intérêt.
Je ne suis pas ici pour parler de mon prochain spectacle.
On peut en parler à la fin.
Non, il n'y en a pas de prochain spectacle.
C'est juste un exemple de maître.
Mais ce que tu dis quand même,
c'est vrai que de partager son quotidien,
si on ne le fait pas,
c'est comme l'impression, plus qu'on attend.
Absolument.
Il faut que tu m'en donnes trois.
C'est de là que ça vient,
cette expression vieux garçon endurci.
Ça venait d'une espèce de...
Mais oui, je pense que...
Je me souviens, on faisait ça
avec une de mes tantes.
Elle était en couple.
Ils n'ont jamais habité ensemble.
Ils ont habité ensemble tardivement dans leur vie.
Puis je me souviens,
elle faisait de la sursainte Catherine.
Oui, à 25 ans, c'était une vieille fille.
Pourtant, elle était en couple,
mais c'est parce qu'ils ne vivaient pas ensemble.
Ils n'ont pas eu d'enfants.
Mais on faisait la sursainte Catherine.
Elle nous donnait des bonbons qui pognent à l'indent.
C'est bon ça, de la clandèque.
On dirait qu'on a la même vie.
Ah oui, c'est vrai.
Je trouve que c'est les mêmes références.
Tout le temps.
T'as aussi ta mère.
M'attend, c'était-tu des bananes ou des pommes?
Ma mère, elle me disait,
si tu manges ça avant de t'endormir, tu vas mourir.
Ah ben oui.
Il y avait plein d'affaires.
Faut pas que tu manges une banane.
Indigeste.
C'est ce qui est indigeste.
Manger une pomme avant.
Une pomme, une banane.
Des fois, ça m'arrive, je me vois manger,
je me fais comme, mais pas à cette heure-là.
Je suis comme, qu'est-ce qui va arriver?
Est-ce que t'as déjà entendu des mortalités dues? C'est comme plein de légendes urbaines. Moi, je me vois manger à cette heure-là, je me dis qu'est-ce qui va arriver? Est-ce que tu as déjà entendu des mortalités
dues? C'est comme plein de légendes urbaines
de la grand-mère.
Je n'aime pas manger une banane le soir.
Ça m'est resté là.
Il y a plein d'enfants que je sais qui ne se sont
jamais avérés, mais on dirait que je n'ose pas.
C'est comme des habitudes qui sont...
C'est drôle.
Les vieux garçons d'une époque, ma grand-mère,
je peux parler de ces gens-là qui sont morts depuis 40 ans,
il y avait Jacqueline, une amie à elle,
qui était une vraie vieille fille.
Ça se reflétait dans tout ce qu'elle était.
C'était quelqu'un de très rigide en amitié,
dans plein d'affaires.
J'ai l'impression que ça existe moins.
Je pense que je ne suis pas dans le travail,
en amitié.
Non, mais tu n'es pas isolée.
Non, c'est ça.
Oui, effectivement.
Tu as des relations de qualité autour de toi
je développe des choses, il y a plein d'autres affaires
elle, elle avait les stars baissées à longueur de journée
elle voulait même pas qu'il y ait de soleil chez eux
parce que tu sais, il y en a qui vivent en couple qui sont plus isolés
qu'à quelqu'un qui habite seul et qui a toutes ses relations autour
et tu sais
le travail, les amitiés, les relations de travail
me comblent beaucoup
forcément
souvent quand tu es célibataire
l'amitié
prend une place importante.
J'ai un grand cercle d'amis. Combien? Trois?
Trois, oui.
Voilà. Alors,
quel type d'amoureux es-tu?
Quelle fut la plus
grande épreuve que tu as dû surmonter?
As-tu des regrets?
OK.
Quel type d'amoureux je suis?
Bon.
Je suis un amoureux
sans surprise qui a besoin d'espace.
Qui a besoin que les choses
débutent tranquillement.
J'ai un côté romantique.
Peut-être un peu moins maintenant, mais je pense que j'étais un grand romantique. Peut-être un peu moins maintenant,
mais je pense que j'étais un grand romantique.
Bon, tu sais, moi, j'étudiais en théâtre,
fait que j'étais comme...
Les oeuvres, le cinéma ont beaucoup teinté ma vie.
Puis je...
En fait, il semble que les seules fois
où des fois j'ai envie de retomber en amour
ou de revivre ça,
c'est quand je fréquente du cinéma, des oeuvres.
Je fais comme...
Ah, c'est beau, ah, c'est beau.
Mais c'est dans...
Puis là, je sais pas, le cinéma est des oeuvres. Je fais comme, ah, c'est beau, ah, c'est beau. Le cinéma est en train de...
En fait, c'est ça. Je pense que je m'attends aussi
que l'amour doit ressembler à ce qui se passe dans les films
alors que c'est pas ça.
Ça dépend des films que tu regardes.
C'est ça. Mais tu sais, moi,
le film qui se termine,
le lendemain, je le sais que c'est plus beau.
En fait, c'est ça. C'est que moi,
la montée d'escalier m'intéresse beaucoup.
Mais après le quotidien, tout ce qui s'installe,
on dirait que...
Comme si j'ai trop une vision du couple
qui est quelque chose...
J'ai besoin...
En fait, ben voilà.
En fait, c'est que j'ai besoin que...
que ça me soit inaccessible. Quand ça m'est... Ça, c'est un j'ai besoin que ça me soit inaccessible.
Ça, c'est un cliché de bien des gens.
Quand ça m'est accessible,
ça m'intéresse moins.
Donc, je m'intéresse à...
Il faut que tu travailles.
Il faut que je travaille.
Il faut que tu travailles
pour l'amoureux, l'amoureuse.
Il faut que tu travailles.
Exactement, oui.
Mais dis-moi,
quand tu réponds,
est-ce que t'es déjà
tombé en amour
follement
mais que t'as pas eu de réciprocité à ça
parce que c'est ton pattern
c'est mon pattern
parce que ce que tu viens de nommer
c'est dans ce temps-là que toi tu te sens vivre
amoureusement
ouais
en même temps
des fois,
on a un certain réconfort dans la souffrance
et quand ça ne m'est pas accessible,
inconsciemment,
comme ça ne risque pas de marcher,
ce n'est pas menaçant pour moi.
Il n'y a pas d'engagement possible.
Alors que je me fais croire que c'est terrible
et que je ne suis pas choisi,
mais sûrement qu'il y a...
Mais tu as de la peine pour vrai, Thomas.
Ah oui, pour vrai, absolument.
Il y a un livre, moi je suis un grand fan de Annie Ernaux.
Si vous avez un livre d'Annie Ernaux à lire, ça s'appelle Passion simple.
C'est un des plus grands livres que j'ai lu de ma vie.
C'est un petit 90 pages.
Et c'est une femme qui est l'amante d'un homme marié
et qui ne fait que l'attendre.
Et la première phase du livre, c'est à partir de maintenant,é et qui ne fait que l'attendre. Et la première phrase du livre, c'est
« À partir de maintenant, je n'ai fait que
l'attendre. » Et donc, elle est dans
une posture où elle attend, elle essaie de garder
les morceaux de cet homme-là.
Des fois, ils cochent ensemble, des fois
elle l'attend,
elle est dans une position
de vulnérabilité épouvantable
et ce qu'elle
vit,
j'ai vécu exactement ça
et ça a été, j'ai l'impression, ma plus grande
histoire d'amour parce qu'elle est impossible,
parce qu'il y avait quelque chose
de lié peut-être à la souffrance un peu
littéraire ou scématographique, mais
hum...
mais oui, ouais.
Mais aimerais-tu ça que...
Que ce soit...
Aimer quand c'est possible?
Avoir une réciprocité claire, nette, précise
et qu'il y ait une relation.
C'est que quand la réciprocité est là,
on dirait que je m'intéresse moins.
Est-ce que ça te fait peur?
Peut-être, ouais. Peut-être ou...
Ça prend de l'abandon dans l'amour?
Oui, ça prend de l'abandon.
Et là, mon Dieu, j'ai l'impression que j'ai dit des choses
que je n'ai même pas dit en thérapie.
Mais des fois, je me demande.
En tout cas, c'est ça, je me demande.
Est-ce qu'il y a une question de regard
que je porte sur moi-même
ou d'absence de confiance en moi
qui fait que les gens qui s'intéressent à moi vraiment
ne sont peut-être pas si intéressants que ça, au fond?
C'est un jugement que tu portes?
Peut-être. Je ne sais pas.
C'est une théorie que j'ai.
Mais est-ce que c'est arrivé quand même?
Tu as eu des relations de trois ans.
Donc, c'est arrivé qu'il y a une réciprocité.
Oui.
Et comment tu te sentais à ce moment-là?
Parfois étouffé.
Et quand ça commençait à se fragiliser,
de l'autre côté,
là, je commençais à penser que c'était une grande histoire d'amour, de laquelle j'aurais absolument besoin pour le restant de ma vie.
T'as quelque chose de tragédigrec un peu.
Absolument. Absolument. Dès le début, il faut... Oui, oui, absolument. Ben oui.
Ça fait que toi, le long fleuve tranquille... Oh, oh, absolument. Ça fait que toi le long fleuve tranquille.
La banalité.
Non, je...
Mais en même temps, ce que tu dis, c'est que c'est difficile
pour le corps, pour l'esprit, pour le coeur.
Évidemment.
Et c'est ce qui fait que...
Quand on parle de pattern, c'est pas...
Il y a quelque chose de...
C'est pas un jeu où je m'amuse à aller vers
ce qui m'échappe, puis penser que c'est réel.
La douleur après ça, elle est réelle.
Et la
dernière relation
où j'ai été la Annie Ernaud
dont je parle, qui a été cette personne-là
qui était comme l'autre personne qui attend
pendant trois ans et qui finalement
n'est pas choisie.
Ça, je pense qu'il y a eu
quelque chose qui s'est brisé en moi.
Alors qu'avant, quand les choses ne se passaient plus,
je faisais « Ah, la prochaine fois, je vais retomber en amour. »
Et là, j'ai vraiment l'impression que
ça, ça a été vraiment l'histoire
qui m'a fatigué.
Et j'ai comme perdu la capacité ensuite.
Depuis, ça fait, je ne sais pas, 5-6 ans.
Et depuis ce temps-là,
je n'ai plus jamais ressenti le désir
de retomber en amour
ou d'essayer des choses
ou de
tu sais, avant, si on voulait me présenter
si on voulait me faire une date
je suis comme, ben oui, je suis ouvert, je suis même pas ouvert à ça
je suis comme, ah
l'amour c'est de l'ouvrage
l'amour c'est de l'ouvrage
puis je travaille fort dans ma vie ça je, ouais on dirait, c'est de l'ouvrage. L'amour, c'est de l'ouvrage. Oui. Puis je travaille fort dans ma vie.
Ça, je...
Oui.
On dirait que c'est...
Je pense que mon cœur est sec.
Oui.
Ça a tellement l'air de...
Et c'est tragique.
Je te dis que c'est tragique, même,
d'une certaine façon.
Et...
Mais ton cœur, il a souffert.
Il a souffert.
Et pour vrai, tu sais, il y a...
Puis la dernière fois, tu sais,
puis là, je fais, ah, ben, tu sais,
je suis rendu dans la quarantaine.
C'est que ça a tout le temps été lié
car j'ai pas vécu une longue, belle, grande histoire heureuse.
Soit que je suis pas bien pendant,
soit que je suis complètement détruit après.
Donc, la vie ne m'a pas prouvé que ça valait la peine
à moi. Je le sais en voyant d'autres
personnes, en faisant des lectures, je comprends que
ça peut être... Mais moi, dans
ce que j'ai vécu, il n'y a rien qui m'a
prouvé que ce travail-là valait la peine.
Et toi, tu n'as pas vraiment vu ta mère et ton père
ensemble? Je n'ai aucun souvenir.
J'ai le souvenir
de ma mère qui m'annonce qu'elle va divorcer d'avec
mon père. C'est sûr que j'en parlais cette semaine
à ma mère de ce souvenir-là,
parce que mon père était là,
ma mère était en train de me laver les cheveux
dans le lavabo.
En tout cas, puis elle m'a annoncé,
je ne connaissais pas c'était quoi le concept du divorce
à 7 ans.
Puis en plus, à cette époque-là,
il n'y en avait pas beaucoup.
C'était pas mal la première génération.
Et elle m'a annoncé, elle a dit,
« Ton père et moi, on ne sera plus ensemble.
On ne sera plus un mari, plus une femme. »
Mais moi, j'avais compris que mon père ne serait plus mon père.
Je me suis fait, OK, je me sépare aussi de lui.
Et ensuite, ma mère s'est remariée
avec quelqu'un que je n'aimais pas tellement.
Ça ne s'est pas bien passé aussi.
Et même, sincèrement, dans la vie qui m'entoure,
auprès de mes amis,
il n'y a aucune vie de couple qui me fait envie.
Il n'y a personne de qui je suis jal de... Il n'y a aucune vie de couple qui me fait envie. Il n'y a personne de qui je suis
jaloux. Il n'y a aucun couple autour de moi
qui
m'inspire, tu sais, qui...
Ceux qui t'entendent.
Comment? Ah ben moi,
je pense qu'ils savent un peu, tu sais.
Ils savent que
j'admire mes amis pour plein d'affaires,
mais ils savent que je n'échire mes amis pour plein d'affaires, mais ils savent que je ne changerais pas ma vie.
Parce que tu aimes ta vie aussi.
Parce que j'aime ma vie.
J'aime ma vie parce que j'ai vu ces gens-là...
J'ai vu ces gens-là être follement amoureux,
parfois se marier, avoir des enfants.
Et j'ai vu leur...
J'ai vu cette relation-là s'effriter
et devenir des... Devenir devenir des les gens parlent
d'équipe beaucoup aujourd'hui, devenir une équipe
autour d'enfants, mais qui sont absolument plus
des amoureux
ou des couples
qui...
Fait que toi, tu veux pas ça. Mais je te souhaite
quand même que ton cœur se dessèche.
Mais il est pas fermé, c'est pas
comme jamais, jamais, jamais.
Mais je ne suis pas sur des applications.
Je ne suis pas proactif.
Je ne suis pas proactif.
Après, peut-être que ça va me tomber ce soir.
Je m'en vais prendre un verre au Rouge Gorge.
Peut-être rencontrer l'amour de ma vie.
Mais je ne fais rien pour que ça arrive.
As-tu des regrets?
Pas tellement.
Non.
Non, j'ai pas vraiment de regrets.
Je trouve tout le temps le monde un peu niaiseux
de répondre ça. Je fais comme, il faut être quand même un peu imbécile
parce que je veux dire, nos vies sont pas parfaites.
Mais j'ai envie de te répondre
le plus grand cliché. Ça doit faire des
années que tout le monde te répond ça
en entrevue. Mais je le pense vraiment,
c'est que ce qu'on est, c'est la somme de blablabla.
C'est comme la...
La somme de nos expériences.
La somme, c'est que
les moindres petits détails
m'ont mené à la série de hasards
qui m'ont mené à faire
la vie que j'ai maintenant, que j'aime beaucoup.
Peut-être qu'il y a 20 ans, j'aurais pas eu cette réponse-là.
Là, présentement, je touche du bois.
Alors que, tu sais, j'ai l'air très tourmenté et que je le suis,
je suis dans vraiment la plus belle période de ma vie, je pense.
Je suis très heureux, je réalise plein d'affaires.
Il y a un paradoxe.
Je suis quand même très heureux, bien que tourmenté.
Je suis dans une belle période.
Donc, c'est difficile d'avoir des regrets parce que...
Non, pas tellement.
Non, je pense pas.
Est-ce que tu penses que ça t'en prend plus pour être heureux?
Parce qu'il faut passer par-dessus justement ce qui t'habite?
Non, parce que ça aussi, en vieillissant,
j'ai
de plus en plus...
Oui, j'apprécie des grands bonheurs.
C'est comme une carrière qui se transforme.
Mais j'ai aussi beaucoup,
et ça, ça existe en vieillissant,
la compréhension que le bonheur est souvent dans des petites choses.
J'ai l'impression d'être dans le coup de pouce,
mais c'est vrai.
Les petits bonheurs, mais c'est vrai. Avant, je ne suis pas sûr que, un, c'ai l'impression d'être dans le coup de pouce, mais c'est vrai, tiens. Les petits bonhommes, mais c'est vrai,
tu sais. Et avant, je suis pas sûr que
un, c'était vrai pour moi. Je suis pas sûr que je les appréciais
vraiment.
Mais,
ah oui, tu sais. Puis souvent,
et des fois, tu sais, je sais pas moi,
par exemple, bon, tu connais mon rapport au bas
du fleuve, tu sais, on a un chalet familial
à la rivière du Loup, au bord de l'eau.
Et c'est l'endroit où je suis le plus heureux. J'ai beau voyager n'importe où,
c'est l'eau où je suis le plus heureux. J'aime ça y aller à chaque été.
Et
cet été, pour différentes raisons, je suis anxieux.
Je n'étais pas bien.
Je n'ai pas passé un bel été. Je passe un bel
été. Puis là, à un moment donné,
j'étais et je me dis, à chaque fois
que j'ai froid durant la saison,
qu'il fait noir à 4h30,
que je travaille comme un fou, qu'il faut que je me lève à 5h.
Je pense tout le temps, c'est comme mon Eldorado.
Quand je vais prendre mon apéro, mon verre de vin blanc
à Rivière-du-Loup, devant un coucher de soleil,
c'est le meilleur moment.
Puis je me rends compte que des fois, c'est pas ça.
Puis là, cet été, j'étais avec mon verre de vin blanc
puis là, je me disais, ah, c'est vrai,
c'est la jonction de toutes choses. Il faut que je sois heureux.
Parce que t'étais sur le bord du fleuve.
J'étais sur le bord du fleuve.
Durant toute l'année, c'est le moment.
J'ai hâte d'avoir ce moment-là.
Je ne suis pas si heureux aujourd'hui.
Je suis anxieux de quelque chose.
Je ne suis pas bien cette semaine.
Il faut que je sois heureux. C'est la place que j'aime le plus.
Peut-être qu'à un moment donné,
au mois de février,
j'étais dans ma voiture.
La chaufferette marchait mal,
je suis arrivé, mes pieds étaient gelés
puis je suis rentré dans mon bain,
bouillant, puis je regardais des stories
sur Instagram, puis peut-être que ça a été ça
mon plus beau moment de l'année.
C'est pas nécessairement la fois que j'ai eu le trophée.
Des fois, c'est ça, puis des fois, je ressens
comme du bonheur
violent dans des choses
d'une grande banalité.
Là, cette année, tu t'es quand même mis en danger.
Oui, énormément.
Parce que là, tu fais une tournée,
t'es encore en tournée, t'as un spectacle,
tu vas sur scène, où tu te racontes
et tu te dévoiles.
Oui, beaucoup.
Énormément.
Ça, est-ce que ça te rend heureux d'être sur scène?
Absolument. Ça me rend heureux,
mais le processus a été laborieux.
Je vis
sincèrement du bonheur en le faisant
et je pensais que tout,
que je vivrais beaucoup plus d'anxiété,
beaucoup plus de déplaisir.
Je me disais, bon, OK, il y a un coup
qui va être difficile, mais
le plaisir des applaudissements, tout ça, pour vrai, c'est somme toute assez facile. Ce qui a être difficile, mais le plaisir des applaudissements,
tout ça, pour vrai, c'est somme toute
assez facile. Ce qui a été difficile, c'est
de trouver ce que je voulais dire.
Justement parce qu'au début, je m'éloignais de moi, je me disais
j'ai assez parlé de moi, je me suis assez livré à la radio
dans mes émissions, dans ce que je fais.
Fait que je suis parti de loin, puis à un moment donné, je me disais
bon, est-ce que je pars de moi? Est-ce que je me dévoile?
Puis j'ai eu de la difficulté
parce que je ne savais pas quoi dire. Puis à un moment donné,
j'ai assumé
que j'allais me raconter,
mais il y a eu des moments d'angoisse
où est-ce que c'est nécessaire
de faire montre d'autant d'impudeurs?
Est-ce que je dois autant
dévoiler de choses? Et ça, ça m'a
rendu un peu anxieux. Mais à partir
du moment où le rodage a commencé,
où j'ai commencé à le présenter
puis que j'ai vu que les gens réagissaient bien,
puis qu'il y avait un partage,
que les gens me disaient, bon, être ému, rire,
puis que j'ai eu des témoignages extraordinaires.
Le reste, après, a été somme toute facile.
La critique a été bonne, ça a été bien reçu.
Donc, maintenant, je suis vraiment juste dans le plaisir.
Tu sais, quand j'en vois dans mon agenda,
j'en ai deux cette semaine, c'est vraiment juste,
ah, c'est cool, je suis content d'y aller, j'ai hâte.
Est-ce que ça te fait du bien
ou ça t'a fait du bien
de te dévoiler?
Parce que oui, à la radio, à la soirée,
tu es encore jeune, entre autres.
Tu parles de toi, mais on dirait que tu tournais autour de quelque chose.
Oui, absolument.
Au début, je tournais par
comment je dirais, par pudeur.
Après, je tournais par... Comment je dirais? Par pudeur. Après, je tournais faussement autour de certaines choses
parce que je trouvais qu'il y avait quelque chose d'intéressant
dans la posture du personnage de dire,
je vous dis pas tout, alors que tout était pas mal évident.
Alors que là, dans le spectacle,
bon, toutes les clés pour me comprendre,
pas qu'on a besoin de clés,
puis c'est si intéressant à comprendre, mais je veux dire, si on m'aime un peu, puis qu'on aime ce que je fais, toutes les clés pour me comprendre. Pas qu'on a besoin de clés, puis c'est si intéressant à comprendre.
Je veux dire, si on m'aime un peu, puis qu'on aime ce que je fais,
toutes les clés sont là.
C'était une étape, je pense, aussi, une autre étape.
Et maintenant, je suis...
Par les témoignages que je reçois,
je suis parfaitement d'accord avec ce que je dévoile.
As-tu l'impression que c'est un commignante?
C'est-tu ton commignante que tu as fait, là?
Je pense que oui.
Alors qu'avant, je pense que pour plein de raisons,
les blagues que je faisais la journée étant encore jeune
à double sens, c'était des fausses blagues à double sens.
Je faisais comme un peu le gars
qui fait semblant de ne pas le dire,
mais qui le dit, qui le crie dans plein d'affaires.
Mais en même temps, qui ne le dit pas.
Mais qui quand même ne le dit pas.
Ça, ça reste intéressant parce qu'à un moment donné,
je me suis rendu compte, je me suis fait comme,
OK, c'est une posture humoristique,
mais il y a quand même une partie de moi qui ne le dit pas.
Fait que je pense que c'était quand même une étape supplémentaire
parce qu'il y avait quand même un certain confort
à ne pas dire les choses officiellement
parce que ça a déjà été très dur pour moi
quand j'étais plus jeune et tout,
d'assumer mes différences
et peut-être qu'il reste encore tout le temps
quelque chose d'un petit peu fragile
dans cette idée-là de me dévoiler complètement.
Et là, de le faire spectacle après spectacle,
en promenant à travers le Québec,
est-ce que c'est exutoire?
Est-ce que c'est réparateur?
Il y a un petit peu des deux.
Des fois, j'ai encore peur de me faire juger.
Des fois, quand
c'est pas mon public,
c'est-à-dire mon public qui me connaît bien, des fois, quand je sors
de Montréal, que je m'en vais
dans différentes régions,
il y a beaucoup d'abonnements.
Il y a beaucoup de gens qui
sont dans une salle, ils ont huit spectacles,
ils ne me connaissent pas.
Tu fais partie des spectacles.
Je fais partie des spectacles.
Ils l'ont pris, peut-être parce qu'ils m'ont vu,
ils doivent en choisir sept,
ils m'ont vu à un moment donné parler de...
D'hypocondrie.
D'hypocondrie chez toi,
ou ils m'ont vu faire une chronique à Bonsoir, Bonsoir,
puis ils font comme, OK, peut-être.
Et des fois, je me dis,
est-ce qu'ils sont en train de me juger,
le petit garçon pas comme les autres,
pour plein de raisons,
qui est en train de se rendre vulnérable,
raconter, de rire de ce qu'il était.
Est-ce qu'ils sont en train de faire la même chose
que les enfants à l'école qui riaient de moi
parce que j'étais différent?
Est-ce que dans leur tête,
ils sont en train de faire la même chose?
Des fois, j'ai des petits moments dans le spectacle
où je suis comme ça.
Quand je raconte que le monde riait de moi parce que je réagissais comme ça
je me dis, est-ce que là
eux sont encore en train de rire de moi dans leur tête
ou en train de me juger parce que
je suis cet être humain, des fois ça m'arrive
mais la plupart du temps
c'est un contrôle
on parle beaucoup de ça
c'est se réapproprier son histoire
c'est à la mode de dire se réapproprier son narratif, tu sais, il y a des
termes qui sont utilisés
par des groupes minoritaires, tu sais, qui font
comme on nous insultait avec ça, maintenant on se réapproprie
le terme. Moi, j'ai l'impression que je me réapproprie
mon histoire que, plutôt que
d'en être victime, tu sais, je parle d'intimidation
à l'école, maintenant c'est moi
qui la raconte, c'est moi qui
la raconte à qui je veux, de la manière que
je veux, en faisant rire
des gens, il y a des gens qui payent pour venir entendre
ce récit-là, qui a été
difficile pour moi à une certaine époque.
Il y a une vengeance.
Il y a une vengeance
pas violente, mais il y a quelque chose
de réparateur, la vengeance est quelque chose de réparateur
qui lui donne un sens
parce que je gagne ma vie, puis comme je
ferais du monde... Ben, un peu, parce que je gagne ma vie, puis comme je ferais du monde. T'as souffert de ton intimidation?
Ben, un peu. Tu sais, après,
pour vrai, j'ai pas été intimidé de façon
spectaculaire. Il y en a, là, que c'est vraiment
récurrent, que ça devient...
Il y a des gens qui se sont poussés au suicide.
Je me suis pas rendu le monde. Une part, moi, parce que
j'étais protégé au primaire, parce que ma mère
était professeure à la même école que moi.
Donc, j'ai connu aucune intimidation
au primaire, parce que j'étais le fils de Monique.
Et je me souviens, une fois, j'étais dans un cours de confessionnal.
On avait ça à l'époque.
On avait une préparation pour aller se confesser.
On dirait que tu es plus vieux que moi.
Je le sais.
Puis, on allait à l'église.
Puis, on disait, vous savez comment ça va se passer.
Vous allez dire, je me confesse de tel péché.
Puis, j'avais 7 ans.
Je me souviens, ce matin-là, des péchés que je m'étais inventé.
Je me disais, qu'est-ce que je peux dire?
Qu'est-ce que j'ai fait à 7 ans?
Je me disais, ce matin-là, je n'avais pas fait mon lit
pour pouvoir dire au curé que je n'avais pas fait mon lit ce matin.
Et j'avais dit, là je m'éloigne,
mais je vais revenir, je garde la question en tête.
J'avais dit que des fois, dans ma tête, je sacrais.
Ce qui arrivait pour vrai, des fois dans ma tête,
je ne sacrais jamais.
Mais si je m'échappais de quoi sur la tête, des fois dans ma tête, je sacrais jamais. Mais si je m'échappais de quoi sur la tête,
des fois dans ma tête, je disais tabarnak quand j'étais un enfant.
Je m'étais confessé de ça. Le curé
m'avait dit c'est pas bien. Puis il m'avait
suggéré un glossaire. Il m'avait dit
quand t'as envie de sacrer, dis bout de ficelle,
sac à papier. Il m'avait comme, je me souviens
de bout de ficelle, sac à papier.
Donc mon cours de confessionnel,
et là je suis à côté des jumelles masse,
Nathalie, puis je me souviens pas de l'autre.
Et là, il y a un nouveau qui arrive en plein milieu de l'année
et qui, gratuitement, décide de m'intimider
et qui commence à donner des coups de pied
dans le banc d'église.
Puis là, il me donne des coups de pied,
et là, il y a une jumelle masse qui se retourne
et qui dit, fais attention, c'est le fils d'Omonique Michaud.
Fait que là, il arrêtait.
Et là, j'ai compris le pouvoir d'être le fils
d'une professeure à l'école qui pouvait pas m'inéser
donc c'est arrivé au secondaire bien sûr
parce que ma mère était pas prof
et à un moment donné je parle dans mon spectacle
d'une émission de télé que j'ai voulu faire
je faisais de l'anxiété nord-surne quand j'étais petit
j'avais peur la nuit, j'avais peur du noir
j'avais écrit à Monsieur SOS
c'était une émission de télé qui réglait les problèmes
de tout Akabi
quelqu'un qui avait un problème avec son stationnement
ou qui ne savait pas comment guérir son diable.
N'importe quoi. Et là, le monsieur SOS,
un monsieur avec une moustache qui arrivait chez vous
qui réglait des problèmes. J'avais écrit pour parler
de mon anxiété, du fait que j'avais peur la nuit.
Et moi, je suis en secondaire 2. Je pense que je vais devenir
une star. Je ne comprends pas.
En secondaire 2, évidemment, je vais me faire intimider.
Donc, je me suis fait beaucoup niaiser
pour des looks. Je portais des permanentes.
J'avais des lunettes avec des
cordons. – T'étais excentrique.
– J'étais excentrique. Je faisais des choix.
Et c'était pas volontaire.
Il y avait aucune provocation.
C'était pas l'adolescence
qui veut, qui va avoir
son style, s'affirmer. Moi, je voulais juste
appartenir au groupe. Je voulais pas, mais
spontanément, mes goûts, mes intérêts, ce que j'étais
faisait que je faisais des choix
qui rentraient pas, qui étaient pas...
Tant mieux aujourd'hui. J'ai envie de...
Quand je dis que j'ai comme une certaine
tendresse pour cet enfant-là,
je fais comme... Il est quand même cool de se faire faire
de permanente. Mais il s'assumait quand même.
Il était pas dans le chemin du petit gars...
Non, non. Disons majoritaire.
Je sais pas comment dire ça, mais du modèle classique.
Mais il s'assumait malgré lui.
Ce n'était pas un choix, ce n'était pas une force.
C'est ça que tu le faisais.
Oui, c'est une naïveté, en fait.
Je le faisais par naïveté et non pas par conviction.
Moi, je suis différent,
mais moi, être différent à l'école,
comme sûrement plein de jeunes réussiraient à le faire aujourd'hui.
Ça, tu n'avais pas l'objectif de provoquer.
Pas du tout.
Des fois, on peut être différent parce qu'on veut provoquer.
J'étais différent parce que c'est ça.
Ta mère, elle te suivait là-dedans.
Elle me suivait? Je sais pas.
Parce que dans permanente, quand même, elle te suivait.
Elle avait son mot à dire.
Elle avait son mot à dire.
Ça me pop dans ma tête. Je me dis, est-ce que
elle faisait juste que Let's Go soit différent
puis assume ou si
elle voyait même pas.
Parce que ma mère aussi est différente,
on est une famille un petit peu atypique,
c'est quelqu'un d'excentrique aussi,
qui chantait,
peut-être que dans son monde
à elle aussi, ce que j'étais était peut-être
normal, je sais pas,
j'ai jamais posé cette question-là,
quel regard elle portait sur moi,
c'est drôle parce que dans mon spectacle
je fais toutes sortes de suppositions
un moment donné elle a dû arrêter de m'aimer
c'est pas vrai c'est une boutade mais je dis dans le spectacle
un moment donné elle a dû arrêter de m'aimer
j'y tombais sénère, regardez les photos quand même
j'aimais toutes sortes de suppositions
mais j'ai jamais posé la question
pour vrai quel regard elle portait sur moi comme enfant
je lui ai posé cette question-là ce soir
oui pose-le parce qu'elle devait voir quand même.
Ben oui. Ma mère, elle, quand même, était professeure
au primaire. Elle voyait. Elle savait c'était quoi un groupe.
Elle devait voir que t'avais...
que t'assumais cette différence-là.
C'est-à-dire que tu allais
de l'avant. Mais, en même temps,
tu vois, je suis comme vraiment
en thérapie. Je suis tarade parce que je fais... Ah oui, mais là, je me souviens
que, tu sais, comme...
Il y a un numéro que j'ai enlevé, que t'as pas vu, mais
que, tu sais, je parlais de mon désir d'avoir
des bottes blanches. Maintenant, on s'en allait dans un camp de vacances
puis il y avait sur la liste des bottes de pluie.
Je s'en vais chez Wolko et là,
il y a comme une rangée de bottes de pluie noires
et marines comme tout le monde et il y a une paire
de bottes blanches vraiment
luisantes et je me souviens d'avoir dit à ma mère
« Je veux ces bottes blanches-là. » Et ma mère,
et ça, je me souviens qu'elle m'a
elle a pas refusé mais elle m'a averti
qu'elle me dit
on est en 81
elle me dit il y a pas beaucoup de garçons
en fait je pense qu'il y en a pas qui portent des bottes blanches
je peux te les acheter
mais si je les achète ça se peut que
tu fasses rire de toi à l'école
dans la rue ça se peut que les gens trouvent ça
bizarre et j'ai fait je vais les porter parce que je la rue. Ça se peut que les gens trouvent ça bizarre.
Et j'ai fait... Je vais les porter parce que je ne croyais pas,
ma mère, que les gens les riraient
parce qu'elles étaient trop belles, les bottes.
Des bottes blanches.
Voir qu'on pourrait rire de belles bottes blanches de caoutchouc.
Elle me les a achetées.
Donc, il y a eu quand même ce...
Je t'avertis après ça, vas-y.
Ça t'appartient, vis-là.
Et, tu sais, ça a l'air banal,
mais ça a été comme...
Effectivement, on me niaisa
avec mes bottes blanches, puis je voulais plus les porter.
Puis je suis en direct de l'univers.
J'ai été kidnappé à Noël de l'année
passée, puis j'avais raconté l'histoire des bottes blanches. J'en ai pris
entrevue. Et il y a comme un groupe
de 50 danseurs qui sont arrivés,
puis ils ont fait du gumboots avec des bottes blanches
et tout le monde faisait une danse
avec plein de bottes blanches.
Ça m'a quasiment ému aux larmes.
Ça aussi, c'est comme de reprendre un événement
un peu tragique pour en faire quelque chose de cool.
Mais...
Ouais, donc c'est ça.
Elle était consciente, mais elle t'empêchait pas.
Non.
Elle m'empêchait pas.
C'était pas comme, ben non, t'auras pas ça.
C'est sûr, parce qu'on veut pas que notre enfant...
Mais en même temps...
Est-ce que tu peux l'empêcher de se soulever au-devant?
Exactement, à te laisser aller dans tes goûts à toi.
J'ai l'impression que c'est la meilleure des options.
Je t'avertis. Après ça, tu fais ton choix,
puis ben, t'apprends.
Après, quand tu choisis toi-même,
ben, c'est ça, il y a des coups.
Après, à toi de choisir si la prochaine fois,
quand je vais te lever un flag
sur des choix qui vont peut-être t'amener à faire rire de toi, à toi de choisir si la prochaine fois quand je vais te lever un flag sur
des choix qui vont peut-être t'amener à faire rire de toi
choisis que tu t'en sacres
ou choisis de faire un autre choix
c'est quelque chose d'épargne
mais mon dieu
c'est drôle parce que hier soir
qu'est-ce que j'écoutais
j'écoutais La Cordonnière
un extraordinaire film que j'avais pas vu
pis là tu sais on voit
je me dis, mon Dieu,
je suis bien trop anxieux.
Je n'aurais peut-être pas avoir des enfants.
J'aurais tellement eu peur de les fucker
à chacune de mes phrases,
à chacune de mes...
Tout le temps à faute des parents.
C'est fatigant, ça.
C'est sûr que quand tu as des enfants,
c'est toujours...
Tu ne veux pas que, en vieillissant,
tu entendes quelque chose et que tu dis « Ah, mais tu l'as vécu comme ça. »
— Ouais. On a pas fait la même lecture,
tu me l'as pas dit. — Tu me l'as pas dit.
Tu sais, des fois, quand t'as...
Moi, j'ai trois enfants, pis entre la plus vieille
pis la plus jeune, il y a six ans de différence.
Ça veut pas dire que j'ai été exactement la même mère.
Tu sais, quand t'as un enfant unique au début
pis qu'à la fin, t'es un peu plus fatiguée
quand... Tu sais, je peux penser...
C'est déjà plus exactement la même époque, non plus.
Six ans plus tard, les choses vont tellement vite.
C'est différent. Pis là, ben, tu sais, la plus vieille,
elle a... C'est la plus vieille, elle a son petit frère,
sa petite soeur, mais la plus jeune,
tu sais, elle, elle voit les autres commencent à sortir,
elle voit... Tu sais, c'est... Il y a beaucoup de...
Je me souviens quand les deux plus vieux sont partis
de la maison comme à la plus jeune,
elle s'est dit, ben, moi, ne veux pas être pognée avec du monde,
avec deux vieux dans la maison. »
C'est comme ça, on était jugés là-dedans.
Puis elle, elle disait toujours
« Angela a eu une maman plus jeune.
Puis moi, je vais te connaître moins longtemps.
Moi, tu vas vivre, je vais te connaître
six ans de moins. »
Là, j'étais « Qu'est-ce qu'on répond à ça? »
Elle, elle pensait
comme ça. Je trouvais qu'elle-ce qu'on répond à ça? Elle, elle pensait comme ça.
Je trouvais qu'elle réfléchissait très anxieuse.
C'est des réflexions anxieuses.
Oui, elle était tout de suite le matin.
Je faisais ses couettes.
Là, Angela a eu un petit frère Charles.
Charles a eu une petite soeur Juliette.
Moi, j'attends mon petit frère.
Elle voulait avoir ça.
Ça ne marche pas comme ça.
Elle était drôle.
Elle était petite.
C'est qui mon mari? Je ne sais pas. Mais Elle était, mais c'est qui mon mari, moi?
Mais je ne sais pas.
Mais toi, papa, c'est qui qui te l'a dit
que c'était ton mari?
Mais voyons!
Mais je sais, ce n'est pas comme ça que ça marche.
Essaie d'expliquer à un petit enfant
c'est quoi l'amour, c'est quoi la rencontre.
Mais pour elle, il y a quelqu'un un jour
qui te l'a dit et tu l'as rencontré à 4 ans.
Mais il y a tellement de concepts
quand tes parents ont expliqué,
ont verbalisé des trucs que toi-même,
tu n'es pas capable.
Un enfant me demanderait
c'est quoi l'amour?
C'est compliqué. Quand elle dit, il est où mon mari? C'est qui?
Tu vas me le présenter quand?
Moi, quand mon fils, je vais te laisser parler après,
mais mon fils, à un moment donné, on va porter
les vêtements, on va donner les vêtements.
Puis on est dans la voiture, les vêtements sont en arrière.
Puis il dit, moi, je me pose une question.
Je dis, oui, c'est quoi Charles?
Il dit, qu'est-ce que je vais porter quand je vais redevenir petit? »
Ah! Voyons!
C'était une boucle!
Comment j'ai dit ça?
« Il ne redeviendra pas petit. »
Je lui dis « C'est parce qu'on ne fait que grandir. »
« Ok, je ne m'amuserai plus avec mes camions. »
Et là, il revoyait comme son enfance.
On dirait qu'il l'avait laissée en attendant.
Oui, oui, oui.
Une nostalgie déjà d'une époque.
Et là, il était vraiment triste.
Il était là, ok, je ne remettrai jamais mes vêtements.
J'étais, ah!
Mais c'est drôle, on prend pour acquis
qu'on prenne tout ça.
Mais on a dû dire quelque chose à un moment donné.
C'est comme quand sa petite soeur est arrivée.
Premièrement, tout le monde parlait de Juliette
à la maison. Mes parents étaient là, ils disaient, il faut aller voir Juliette.
C'est quilait de Juliette à la maison mes parents étaient là, ils disaient il faut aller voir Juliette c'est qui ça Juliette?
c'est ma, c'est ta soeur
ah oui c'est ma soeur
ça Juliette, parce qu'on a
décidé, non on savait pas le sexe
on a décidé le nom à l'hôpital
donc ils entendait pas le nom avant
c'est qui ça Juliette?
non mais ça c'est drôle, comme une autre fois
on était avec la famille de Marcia Pilote, notre famille
on était à l'île du Prince-Édouard,
et Charles devait avoir peut-être 4-5 ans,
et c'était marqué, mettons, 10$ par famille
l'entrée dans un parc d'attractions.
Puis le chat était là,
« J'ai-tu ça, une famille, moi? »
Ça, c'est un concept, la famille expliquée.
« Quand on est tous séparés par famille,
j'ai-tu ça, une famille? »
« Oui, t'as une famille. »
Mais c'est ça, les enfants...
Ils savent pas c'est quoi une famille tant que
le concept est pas expliqué.
Tu savais pas que t'es bas de blanche.
Les parents, on est comme pris au dépourvu
des fois avec des questions.
Je me souviens que j'avais demandé à ma mère
à quel âge j'allais avoir mon nom d'adulte.
Parce que je me disais, à un moment donné, je vais m'appeler
Roland, Marcel ou Michel.
Comme, qu'est-ce que tu veux dire?
Mais Jean-Sébastien, mon ami s'appelle Julie, Karine.
On ne sera pas des adultes, t'imagines-tu?
On va travailler dans des bureaux
puis on va s'appeler Jean-Sébastien, Karine, Julie.
Ça ne se peut pas, ça.
On va s'appeler Maurice et Simone.
Puis elle fait, non, non.
Et là, moi, ce que j'avais processé,
pour dire un horrible anglicisme,
c'est que je fais comme, ah mon Dieu, ça veut dire que quand t'étais petite,
tu t'appelais Monique.
Je me suis dit, t'es pas un bébé, voici mon bébé Monique.
Je comprenais pas qu'un bébé
puisse... Je lui ai dit, les gens devaient rire
quand tu te promenais petite Monique
avec des tresses, c'est bien risible.
Tu fais pas mieux que les modes vont changer.
Dans ton spectacle, c'est trop.
En fait, j'aurais dû.
Toi, tu as des strats de noms.
C'est sûr.
Tu ne remarques pas que les enfants remarquent.
Effectivement, les enfants n'ont pas les mêmes noms.
Les noms, c'est des tendances, c'est des modes.
Moi, j'avais remarqué que les adultes n'avaient pas les mêmes.
C'est comme des tickets de voilà aujourd'hui.
Oui.
C'est comme Marcel,
anciennement Jean-Sébastien.
C'est vraiment drôle.
On est rendu aux questions rouges.
J'avais fait ça en riant comme ça.
Ça, ça me fait rire.
Mais tu sais, les mots d'enfants,
quand nos enfants sont petits,
je ne sais pas si ta mère l'a fait,
mais c'est important des fois de les écrire.
Ces phrases-là, tu n'as pas ça,
parce que c'est trop drôle.
Il y a des fois, c'est triste aussi fois de les écrire, ces phrases-là, t'as pas ça parce que c'est trop drôle il y a des fois c'est triste aussi les commentaires
mais il y a des fois
je trouve ça, tu sais comme moi j'avais
un ami qui était gay
il l'avait pas dit aux enfants
tu sais, un moment donné on était à la table
là, c'est toujours mon char qui se dit
coudonc, t'as-tu une femme toi?
c'est ce qu'il a toujours chez nous
tout le temps tout seul, alors je vois bien que tout le monde est comme là il me regarde comme qu'est-ce qu'on fait, as-tu une femme, toi? » C'est ce qu'il a toujours chez nous, tout seul. Tout seul, alors que je vois bien que tout le monde est comme...
Là, il me regarde comme...
« Qu'est-ce qu'on fait? C'est quoi le cas? »
Il dit « J'ai pas de femme, mais... »
Il dit « De toute façon, moi, c'est les garçons que j'aime. »
« Mais t'as-tu un mari, d'abord? »
« Ok, c'est juste... »
Je comprends, tu sais, c'était d'une simplicité.
« Non, j'ai pas de mari non plus. »
Puis là, il était « Ah, ouais! »
Ce qui est weird, c'est son célibat.
Ce n'est pas son homosexualité.
C'est formidable.
Exactement.
Je trouvais ça beau.
Ça dit des choses sur l'époque aussi.
Oui, puis lui, il était « OK, finalement, c'était que ça. »
Mais tu parlais de Marceau-Pilote.
Je me souviens d'avoir entendu assez jeune Marceau-Pilote.
J'étais ado.
C'était à l'époque de Chambre en ville.
Puis, c'est une autre époque.
Elle avait dit « Moi, quand je vais avoir des enfants,
je ne leur dirai jamais de me tomber
si j'ai une fille
elle a deux filles
je pense qu'elle les avait pas
je dirai jamais de me tomber à ma fille
t'as-tu un petit chum ou un petit gars
je vais dire est-ce que
t'as un petit chum ou une petite blonde
même moi je trouvais ça intense
alors qu'aujourd'hui c'est une évidence
c'est pas pour acquis mais non parce que je Alors qu'aujourd'hui, c'est une évidence. Mais oui, tout à fait.
Mais non, parce que je pense qu'on avait toujours
fait ça à travers les années.
Il y en a beaucoup pour qui ça aurait été
moins un enjeu.
Parce que c'est comme,
regarde, un jour c'est un ou l'autre.
Je veux dire, où ça peut, on comprend aussi
que des fois, tu peux avoir échangé
à travers ta vie, mais que tout est possible.
Oui, absolument.
Moi, je me souviens, à mes enfants aussi, j'ai dit ça, mais probablement à cause de Marcia, tu vois, parceangé à travers ta vie, mais que tout est possible. Oui, absolument. Moi, je me souviens,
à mes enfants aussi, j'ai dit ça, mais probablement à cause de Marcia, tu vois, parce qu'on est très près l'une
de l'autre, puis je me souviens que mon fils
m'avait dit, OK, là, t'es en honte avec ça, OK?
Moi, j'aime l'homme, là, puis c'est ça, là.
Merci de ton ouverture, mais là, c'est pas nécessaire.
C'est beau, là, tu sais, là, c'est branche-toi,
là, tu sais, c'est comme moi, je suis branchée,
fait que là, j'étais, OK, ben... Ah non, c'est vrai, ça veut devenir
gossage, là, par quelqu'un. Mais en même temps, pour moi, ça, c'est probablement d'elle que ça venait, ça me devenait le gosse mais en même temps pour moi
c'est probablement d'elle que ça venait
parce que je me disais il ne faut quand même pas
qu'il se sente dans une espèce d'obligation
et quand tu sais que l'ouverture
oui exactement
là tu m'en donnes deux cartons
j'ai tellement ri
ça n'a pas de bon sens
ton affaire de prénom
c'est incroyable
c'est trop drôle
ça n'a pas de bon sens.
Bon, tu vois,
quels sont les effets secondaires de l'intimidation?
En quoi es-tu un garçon
pas comme les autres? Parce que c'est le titre
de ton spectacle.
Donc, je réponds aux deux, hein?
Non, t'en choisis un.
C'est une des deux, c'est ça dans le rôle.
OK.
En quoi je suis un garçon
pas comme les autres
ben de plein de façons
je pense que
beaucoup dans l'enfance
évidemment ce qui a été
très central
bien sûr
c'est
de
de pas m'intéresser
aux petites filles
et ça
c'est quelque chose
évidemment
qui est
qui est tragique
dans ma vie
à cette époque-là.
Et ça, c'est drôle parce que je parlais tantôt de, pour aucune raison,
mais ça, il y a aussi pourquoi ça a été un enjeu et un drame dans ma vie.
Alors que je suis entouré de ma mère, qui est une femme,
bon, tu sais, je le disais, elle était dans le show business.
Elle avait, je veux dire, René et Jean-Guy,
c'était le couple d'amis coiffeurs qui habitaient en face.
On allait se faire trois générération à se faire coiffer.
Mes permanentes étaient données par
le même coiffeur que ma mère et ma grand-mère.
On allait tous se faire faire notre permanente
en même temps.
C'était des amis gays. Ma mère était chanteuse.
Son Étienne, son pianiste
qui était son meilleur ami.
Ma mère naîtait en tout.
Et étrangement,
moi, c'était une tragédie.
Alors qu'on peut s'imaginer, tu sais,
quelqu'un qui est plus reclus dans une famille
très catholique, par exemple,
où je dis pas que les gens croyants sont forcément...
Mais bon, des fois, la religion amène forcément...
Là, je veux pas vexer personne à la maison, mais c'est ça.
Donc...
Des fois, c'est plus polarisant.
Plus polarisant.
Donc bref, je suis né dans
une famille où les idées étaient très larges.
Tu sais,
à Montréal.
Et pourtant, ça a été une tragédie
longtemps. Et à ce
jour, je ne sais pas pourquoi, et ça a été
long avant que je le fasse,
que je l'annonce, que je le dise à ma mère
qu'ils le savaient, qu'ils s'en doutaient.
Mais ça a pris une éternité.
Pourquoi tu ne voulais pas le dire à ta mère?
Je ne sais pas. Il y avait quelque chose pour moi.
J'utilise un gros mot.
Je le nuancerais peut-être en thérapie.
Mais il y avait quelque chose de sale.
Il y avait quelque chose de... En fait, je ne voulais pas.
Je refusais ça profondément
dans ma vie d'enfant et d'adolescent.
À quel âge tu as senti ça?
Je... Je me souviens... profondément dans ma vie d'enfant et d'adolescent. À quel âge t'as senti ça? Je
me souviens, et ça, j'ai jamais parlé
de ça à personne, en fait.
Je me souviens d'un moment
où c'est tout le temps là, il n'y a jamais eu
d'ambiguïté dans ma tête. Et je me souviens d'un moment
très précis, c'est encore à Rivière-du-Loup, et je suis très
petit, j'ai peut-être 7 ans,
on est en train de jouer au ballon avec mes
cousins et mes cousines. On a vraiment beaucoup de plaisir.
C'est une belle soirée. J'ai du fun.
Je pense que je viens d'arriver après un long hiver.
Je suis comme, je vais passer deux mois ici. Je suis heureux.
Il y a un coucher de soleil.
Ma mère et ma grand-mère sont en train de préparer à souper
les deux personnes que j'aime le plus au monde.
Et j'identifie bien que jeune, que je vis un beau moment,
que je suis bien, que je ne suis pas à l'école, que ce n'est pas l'hiver.
Et moi, je le trouve bien cute. Jean-François, qui est un de mes petits cousins. Dans ma moment, que je suis bien, que je suis pas à l'école, que c'est pas l'hiver. Et moi, je le trouve
bien cute, Jean-François, qui est un de mes petits cousins.
Dans ma tête, c'est bien normal. Je me dis,
il est quand même cute. Il est en bélie, cette année.
Moi, j'ai 7, lui a 8. Je fais quand même, il devient un homme.
Dans ma tête, c'est comme,
il est rendu, il vieillit en beauté,
tout ça. Puis c'est comme bien normal
dans ma tête. Et je me souviens que ce soir-là,
il y a quelque chose qui se passe dans ma tête. Et c'est comme bien normal dans ma tête. Et je me souviens que ce soir-là, il y a quelque chose qui se passe dans ma tête.
Et c'est peut-être le début de mon
anxiété, peut-être. Je me souviens, je suis couché dans mon lit
au chalet. Je suis bien,
tu sais, je suis couché sur le dos,
je ne m'endors pas, je pense à
toutes sortes d'affaires. Et là,
à un moment donné, il y a cette idée que
présentement,
ça ne cause aucun problème, que je trouve Jean-François
cute, puis qu'Annie et Marie-France me laissent complètement indifférents,
ça ne change rien.
Mais je fais comme, un jour, je vais devenir un adulte.
Un jour, ça ne sera pas toujours comme ça.
Ça ne sera pas juste banal dans ma tête.
Ça va devenir un problème.
Et je l'ai vraiment compris
en une seconde.
Ça m'est rentré dedans physiquement.
Et c'est venu avec une espèce de, vraiment de
« oh shit, je suis dans la marde ».
Il y a vraiment eu cette, mon corps a compris
qu'il y avait un problème.
Parce que là, je fais comme, là, je vais
vieillir, là, je pourrais pas
être comme tout le monde, là, je vais être vraiment
un garçon pas comme les autres.
Je pourrais pas, tout ce qui va s'en venir,
toutes les fois où je vais devoir mentir,
parce que je le dirai jamais.
J'avais fait le choix de jamais le dire à personne
de toute ma vie.
Parce que c'était honteux.
C'était une faille.
J'étais défectueux.
J'étais défectueux.
Il y a une chanson de Pierre Lapointe
qui parle
de l'intimidation qu'il a vécue,
puis qu'il dit,
on dit que la nature fait bien les choses,
mais cette chose-là, elle l'a ratée.
Je trouve cette phrase-là magnifique,
extrêmement violente,
mais dans ma perception, il y a quelque chose,
c'est peut-être de ma faute,
c'est pas normal,
je veux pas ça, bon.
Et donc, il y a vraiment
cette prise de conscience, après ça bon ça va
ça revient tout ça
et il y a
évidemment l'adolescence qui est une période très difficile
où les gens commencent à avoir des chums
où là c'est un détail où je peux pas
je peux pas triper sur les mêmes
idoles que mes amis de filles alors que
je tripe sur les mêmes idoles, je ne peux pas le nommer,
et c'est un manque à l'adolescence de ne pas pouvoir
triper sur les New Kids on the Block,
par exemple, qui est le boy band de mon époque.
Et c'est les filles
qui tripent dessus.
Et c'est intense
d'avoir ces idoles
à l'adolescence. Ils ont
un rôle important.
C'est l'époque où les New Kids on the Block,
toutes mes amies de filles ont des posters au plafond
aux grands dents. Ils ont leur préféré.
Ils trippent sur Jordan. Ils veulent coucher avec Jordan.
Moi aussi, je veux coucher avec Jordan,
mais je ne peux pas le dire.
C'est terrible.
C'est certain que c'est terrible.
C'est que tu vis comme à l'intérieur de toi.
Complètement. On pense que c'est juste
plus tard.
Mais c'est la s Fait que ça, on pense que c'est juste plus tard, parce que là, il faut que tu...
Mais c'est la somme de plein de petits deuils
puis d'abnégations que tu fais
auxquelles on pense pas, mais ça, c'en est un détail,
tu sais, de faire...
Pendant que mon ami Dominique, qu'un fait,
elle fait comme... Moi, c'est Jordan, ça se peut pas.
Puis là, je fais comme... Puis là, je joue au gars,
c'est comme... Franchement, les filles,
avec les New Kids, revenez-en, là, mais je...
T'en revenais pas. Mais je reviendais pas. Je tremble quand je vois les New Kids on the block à la télé, tu sais, mais filles avec les New Kids, revenez-en, mais je... – Tu t'en revenais pas. – Mais je reviendais pas.
Je tremble quand je vois les New Kids on the block à la télé,
mais j'ai pas le droit à ça.
Je fais juste envier...
Elle va pas le rencontrer,
Jordan, elle va pas coucher avec, mais j'envis
juste la liberté qu'elle a
de pouvoir l'exprimer.
Puis là, je me dis, qu'est-ce que je vais devenir
à force de tout le temps pas pouvoir dire ce que je suis?
Est-ce que ça va comme m'handicaper?
Est-ce que ça va faire de moi une personne pas belle
à force de jamais être moi?
Qu'est-ce que ça va faire?
Et c'est ça.
Et il n'y a pas de...
Comme il y a vraiment une décision ferme
qui est prise dans ma vie de ne jamais en parler,
il n'y a pas de travail qui se fait dans le sens de
quand je vais être prêt ou là, est-ce que c'est le moment?
Parce que ça n'arrivera
jamais dans ma tête
à moi. Fait que je fais comme, je vais être
un vieux garçon. Finalement, je suis devenu pareil,
mais donc par fatalité,
je me disais, il ne se passera jamais rien. On va dire,
il y en a eu un dans la famille, c'est le vieux garçon, il ne se passe
jamais rien avec lui.
Si jamais un jour, je vais avoir de la sexualité
avec quelqu'un, je fais un voyage pour pas que
personne ne connaisse personne.
Et t'avais peur de quoi à ce moment-là, Jean-Sébastien?
Comme le regard que je portais sur moi
était pas beau,
donc je suis brisé d'effectus un peu sales,
forcément, je me disais que ces gens-là
allaient avoir ce même regard-là.
Et je voulais pas, je voulais être aimé.
T'avais peur du jugement?
Peur du jugement.
Peur qu'ils me voient comme quelqu'un de pas normal,
peur qu'il... peur que...
ben c'est ça.
Donc il y a de l'intimidation,
fait que je veux être aimé, je veux être accepté,
appartenir au groupe, ça appartenir
à la majorité,
c'est pas d'être exclu, c'est pas de...
Mais quand tu veux appartenir au groupe,
mais que t'es différent du groupe, le groupe te le tu veux appartenir au groupe, mais que tu es différent du groupe,
le groupe te le fait sentir.
Mon Dieu, mais terriblement.
Absolument. Je le sais.
Tu es jeune,
tu n'as pas l'air d'amorcer un travail sur toi.
Ça vient beaucoup plus tard.
Tout le secondaire,
tu penses vraiment que...
C'est comme tous les clichés. Tu n'es pas bon en éducation physique.
Tu fais rire de toi.
C'est comme... C'est dans plein les clichés. Tu n'es pas bon en éducation physique. Tu fais rire de toi.
C'est dans plein de détails. Mais ce n'est pas pour rien que ça devient un cliché.
Parce que c'est vrai.
C'est l'histoire de tellement de gens.
Dès que tu es différent, on dirait que l'éducation physique,
c'est là que tu ne veux pas aller
pour toutes sortes de raisons.
C'est très, très difficile.
Moi, à un moment donné, j'ai vraiment...
As-tu pensé mourir à un moment donné?
Oui, oui. Moi, il y a un moment...
C'est arrivé une fois,
vraiment, un moment très précis.
C'est drôle parce qu'autant je choisis
de ne jamais en parler.
Là, je suis à l'université, c'est quand même...
Je ne suis pas dans les années 50.
Je suis quand même rendu à 18-19 ans.
Je n'ai encore rien dit et j'ai encore choisi de ne jamais rien dire, de ne pas rendu à 18-19 ans. Je n'ai encore rien dit. Et j'ai encore choisi de ne jamais rien dire
de Paul Vivre à 18-19 ans.
C'est tard.
Non, ce n'est pas vrai.
Je suis au cégep.
J'ai 17-18 ans.
Je suis dans ma dernière année de cégep.
J'ai un cours du soir.
Et la veille, c'est ça, je vais dire.
C'est comme un Québécois sur deux de ma génération.
C'est Jeannette Bertrand.
C'est bon.
Et ce n'est pas l'amour avec un grand c'est pas l'amour avec un grand H.
Je vois l'amour avec un grand H, je suis trop jeune,
je vois plein d'affaires.
Et c'est une émission qui est venue après
qui s'appelait Jeannette tout court.
Jeannette est à côté d'un foyer,
et des fois c'est juste des one-on-one,
des grandes entrevues qu'elle donnait.
Et ce soir-là, elle donne une entrevue
avec...
Et c' avec la relation
des jeunes hommes gays avec leur père.
Je trouvais ça intéressant
comme angle. Et là, je regarde
et là, je vois...
Parce que je porte un regard sur moi,
j'ai plein de préjugés sur les gays
à l'époque. Je pense que
ils sont tous comme René-Jean-Guy
et qu'ils sont tous...
Il faut que je devienne coiffeur et que j'ai un David de Michel-Ange.
Tu sais, j'ai comme des...
Tu es un modèle.
J'ai plein de modèles. Puis moi, dans ma tête, je me dis,
j'appartiens pas à ces stéréotypes-là.
Même à une certaine époque, moi-même,
je jugeais ces stéréotypes-là, parce que
t'as les bons gays et les mauvais gays.
J'ai même été celui-là, évidemment, qui faisait
arrêter de nuire à notre cause
avec vos excentricités, tu sais.
Bref.
Et je me souviens, donc,
je vois cette émission-là, et le gars qui a exactement
mon âge, super masculin,
qui a l'air bien dans sa peau, il est en train de parler avec son père,
son père qui
dit, ben, c'est musulman ça, qu'on vit quelque chose,
pis c'est bon, je sais pas, on est dans
la fin des années 90, on est quand même pas en 2023,
il y a quelque chose que je trouve de magnifique
dans la relation que ce gars-là a avec son père.
Et vraiment, la phrase qui déclenche de quoi
dans ma tête, c'est
pourquoi lui, ce gars-là, qui est
exactement comme moi, est heureux
présentement, est à la télé, est en
train de dire, hé, moi je suis heureux,
je le vis très bien, mon père est là, et que pas
moi, que moi j'ai pas le droit à ça,
t'sais. C'est comme cette phrase-là qui est dans ma tête
où je me suis vraiment posé la question,
pourquoi lui et pas moi,
alors qu'on est sensiblement la même personne,
je me reconnaissais dans tout ce qu'il disait,
il avait mon âge, il était bien dans sa peau, épanoui.
Je suis comme, pourquoi moi, je suis cette personne-là
qui est dans la détestation de soi-même, pourquoi?
Et là, le lendemain au cégep,
alors que je décide de jamais le dire,
il y a ce moment où ça devient une urgence
de le faire maintenant,
de devoir le dire à ma mère.
Et le clash est quand même étonnant,
parce qu'à l'avant-veille, je ne me disais jamais,
puis là, je me disais...
Et là, il y a la nuit avant de le dire,
je me dis, j'ai comme deux options.
Soit que je le dis ou que je me suicide,
mais dans les deux cas,
c'est un conflit cornelien,
il n'y a pas de bonne solution.
Si je me suicide, je ne suis pas plus avancé.
Et si je le dis,
ma mère va me voir différemment.
Elle va me voir comme quelque chose de pas bien que je pense que je suis.
Et ça, je pourrais pas supporter que la personne que j'aime le plus au monde,
que je veux rendre fière, me voit différemment.
Avec tous les deuils aussi, je suis enfant unique.
Je fais comme, à cause de moi, ma mère aura pas de petits-enfants.
À cause de moi, ma mère aura pasaura pas de petits-enfants. À cause de moi, ma mère n'aura pas...
Le coup de sang.
À cause de moi,
ma mère ne pourra jamais être fière de moi
pour pouvoir parler de mes coupes.
Je décide tout ça à sa place.
Et là, donc, il y a vraiment,
qu'est-ce que je fais?
Est-ce que j'en finis?
Ou je le dis?
Puis je vis malheureux
avec le fait maintenant que...
Et finalement,
je suis dans ce cours-là au cégep.
Et je me dis,
il faut que je le dise maintenant.
J'ai quitté mon cours.
J'ai dit, excusez-moi, madame, je dois rentrer à la maison.
J'ai pris l'autobus et je suis rentré.
J'ai dit qu'il faut que je le dise.
Je suis arrivé, ma mère n'était pas là.
Je pense qu'elle est arrivée deux ou trois heures après.
Ça a été une attente interminable.
Elle est arrivée.
Je lui ai dit que j'avais quelque chose d'épouvantable à dire.
Ça devait sortir.
Je ne me suis pas pleuré.
Je n'étais pas capable de nommer les mots.
Très simple pour lui dire.
J'ai dit, devine.
Un moment aussi tragique, je décide de jouer aux devinettes.
Elle fait comme, arrête de me niaiser, dis-moi ce qu'il se passe.
Évidemment, ma mère imagine le pire.
Elle dit comme, je ne sais pas, tu es renvoyé d'école,
as-tu commis un crime, as-tu commis le vol à l'étalage.
Là, je fais comme, pire que ça.
Je suis tout le temps dans le pire que ça.
Je pense qu'il y a un côté de moi aussi qui pense que
je fais un peu de théâtre pour...
— Désamorcer. — Désamorcer.
En l'emmenant à penser
le pire, elle va peut-être trouver finalement
que c'est pas si pire, même si a priori,
elle avait trouvé ça si pire.
Là, finalement, elle serait en dire, ben là, t'as-tu tué
quelqu'un? Parce qu'il restait juste ça comme option.
Est-ce que t'as tué quelqu'un? Là, j'ai dit
pire que ça.
Là, c'est son mari qui est à côté,
c'est lui qui a nommé les mots,
je l'ai comme crié oui, machin.
Et là, ma mère a été très fâchée après moi, elle fait comme, t'es-tu débile de me faire vivre
ça? Je le savais, en quoi tu penses
que c'est un drame? T'es-tu après me rendre folle?
Et là, je pense qu'elle était
allée être malade dans la salle de bain,
elle était comme rendue, Elle était comme 5 minutes que je
buildopais. Elle ne savait plus
ce que j'avais fait. J'avais-tu fait comme un massacre
en série? Je veux dire, je ne peux plus.
C'est sans fin.
C'est comme pire, pire.
C'est comme si elle déboulait un escalier.
Voyons. Alors après ça, elle me disait, à 7 ans,
t'accrochais les robes de tes poupées à Rivière-du-Loup.
C'était ça tes jeux. Je le savais, c'était tellement
après je veux respecter ton rythme et tout. »
Il y avait souvent...
Si jamais, toi, t'es différent, sache que
j'avais eu mille avertissements que ça n'allait jamais être un problème,
mais c'en était un pour moi quand même.
J'ai vu ça de manière tragique, pour une raison,
encore, qui m'échappe. Je ne sais pas pourquoi.
Et après cette soirée-là, comment tu l'as vécu?
Tu sais, dans un film, le film finit là,
puis tout le monde est heureux.
Mais après, j'ai honte
face à ma mère
je me souviens
que le lendemain
j'ai encore un cours du soir
puis ma mère
on dirait que
j'ose pas rentrer
parce que je sais maintenant
que ma mère
je me dis
elle va me regarder
comme un gay
c'est comme un gay
qui va rentrer chez elle
c'est pas son fils
puis j'ai honte de ça
puis là je dis à ma mère
tout ce que je viens de te dire
tu vas avoir honte de moi
tu vas avoir de petits-enfants
moi ça sera jamais beau ce que je vais vivre il faut tout le temps et ma mère, tout ce que je viens de te dire, tu vas avoir de petits-enfants. Moi, ça sera jamais beau
ce que je vais vivre tout le temps.
Elle dit, je pense qu'il va falloir que tu consultes.
Il va falloir que...
Ce que je n'ai pas fait, j'ai consulté pour bien d'autres affaires.
Mais à partir de ce moment-là,
il y a vraiment quelque chose qui va s'opérer
rapidement, quand même, étrangement.
Ça a l'air d'un nœud qui ne se défraudera jamais.
Mais
mon arrivée à l'université, j'entre à l'université l'année d'après
j'étudie en théâtre
ou à peu près un gars sur deux
je me reconnais dans un gars sur deux
il y a quelque chose qui se passe
et puis
premier copain
mais t'as libéré quelque chose
absolument, quelque chose qui était en train de
et c'est drôle parce que
je fais de l'hypertension dans la vie.
J'ai commencé à en faire très jeune et
j'ai été comme de
20 à 40 ans sans faire. À un moment donné,
j'avais 18-19 ans et le docteur prend
ma pression et il fait comme, mais c'est pas normal de faire
de l'hypertension à ton âge.
Et il dit, on va faire des examens. Il va voir, est-ce que
c'est les reins? Est-ce que c'est le cœur? Puis il fait comme,
ben, t'as rien. Et quand il me dit, t'as rien, moi,
dans ma tête, j'ai... Je me proposais, je me suggéce que c'est le cœur, puis il fait comme, ben t'as rien. Et quand il m'a dit t'as rien, moi dans ma tête, j'ai...
je me proposais,
je me suggérais que c'était probablement
ça qui était, qui commençait
à... ce malheur-là qui
commençait à me rendre malheureux, tu sais,
puis à faire comme, hé là, je suis en train de me rendre malade,
tu sais, donc ce qui participe à faire, il faut que ça sorte.
Puis un an après,
je faisais plus d'hypertension, tu sais. Fait que je fais comme,
hé, si... l'hypertensionension qu'est-ce qui va arriver
de quelle façon je vais me détruire après ça
de quelle façon
parce que tu sais t'as soulevé
t'as croisé des chemins entre
quelle branche je prends
entre me mettre pour mourir
et encore
aujourd'hui il y a plusieurs jeunes
qui se suicident
pour ce que tu viens de nommer.
Oui, et on pense,
même des fois, je pense que
surtout dans le milieu dans lequel
on travaille, qu'on évolue, c'est super ouvert.
Des fois, je fais comme,
en 2023,
oui, effectivement, c'est plus facile.
Dans plein de familles, ça se passe facilement.
Mais il m'arrive encore
d'entendre des témoignages
de gens qui pourraient être mes enfants,
de jeunes de 19 ans
qui...
Je pense à Interling,
entre autres, qui est une ligne
où les gens peuvent appeler.
Je suis un des nombreux ambassadeurs de ça.
Au début, je me disais, les gens ne doivent pas appeler.
Ça devait appartenir à mon époque.
Aujourd'hui, pas besoin de...
Mais c'est fou.
Puis les statistiques le prouvent.
Les actes de suicide encore en 2023.
Alors que oui, on pense que tout est gagné.
On a juste à aller sur les réseaux sociaux pour voir.
Si on veut juste se sortir de notre petit monde,
si on est dans un monde progressif,
de gens évolués, ouverts,
allez juste voir une nouvelle
qui concerne ça
de quelque façon que ce soit, puis allez lire les commentaires.
Ça va tout de suite vous ramener
dans la réalité sur l'importance
d'organismes comme
celui-là, de l'écoute des gens.
Est-ce que tu penses que
les parents, comme toi,
ta mère, elle disait, je vais suivre son rythme,
elle ne connaissait pas ta souffrance.
Est-ce que tu penses que les parents,
je pense que chaque parent doit quand même voir,
comprendre ce qui se passe,
en tout cas, la plupart, j'imagine.
Est-ce que ces parents-là devraient prendre les devants?
C'est une excellente question.
Je pense que ma mère le fait d'une certaine façon,
pas de manière très frontale,
mais justement en écoutant
L'amour avec un grand A.
J'en parle dans mon spectacle, une scène qui portait sur le lesbiennisme
avec Guylaine Tremblay,
Mireille Desglans, et en fait,
c'était surtout le rapport à la mère.
Denise Gagnon, je pense que l'actrice ne le prenait pas du tout.
Elle avait tout le temps des migraines,
elle faisait du chantage.
Le père disait, si tu te passes avec
des gars, tu le sais pas.
Elle le prend pas du tout, puis je l'écoute
avec ma mère. Donc, ma mère s'arrête, puis elle me dit,
tu sais que moi,
je serais pas comme cette femme-là, pas du tout.
Elle te le disait.
Tout le temps, comme ça.
T'es malgré ça.
Moi, ma réponse, c'est comme, pourquoi tu me dis ça?
C'est même insultant, tu penses que je suis gay?
Fait que toi, tu voulais vraiment pas.
Non. Fait que je pense qu'il y a eu des mains tendues.
Après, j'ai développé
des réflexes.
Comme c'était un choix,
j'étais quand même beaucoup dans le déni.
Fait que, tu sais,
j'ai l'air de raconter
une vie, une enfance, puis une adolescence
malheureuse, ce qui n'est pas le cas.
C'est que j'avais quand même...
C'était un choix.
Bien sûr, je ne pouvais pas nommer Jordan
dans The New Kids on the Block,
mais j'avais quand même réussi à tasser ça quelque part
pour être heureux quand même.
J'ai eu une belle enfance quand même.
J'ai eu...
En fait, c'est comme maintenant.
Maintenant, c'est autre chose qui prend place.
C'est la peur de la mort.
C'est la peur de... Je pense que je suis passé à mettre dans l'ordre
d'être heureux et fonctionnel
malgré des failles qui existent.
C'est pour ça que les témoignages,
comme tu es en train de faire,
ça a toute son importance.
Je ne savais pas de quoi on allait parler de ça aujourd'hui,
mais je trouve ça fondamental
parce que toi, c'est un témoignage à la télé
qui t'a apporté
une réflexion qui était différente,
qui a débloqué quelque chose.
Moi, j'aimerais ça, ce gars-là, pouvoir savoir
c'est qui. Je devrais appeler la télé
Québec aux archives. J'aimerais ça écrire
à ce gars-là et à ce père-là.
Parce qu'ils ne sont pas si vieux que ça, ce monde-là.
Il avait exactement mon âge.
C'est mon âge. Ça veut dire que lui a 47 ans,
donc peut-être même que son père est encore vivant.
Ah, ouais, mais tu vas le trouver.
Je veux juste dire, peut-être que si j'ai pris cette option-là
plutôt que l'autre, c'est grâce à toi.
Ben, appelle Marcel Pilote à travailler pour Claire Lamarche.
Ah, bon, ben là!
Ah oui, les retrouvailles.
Les retrouvailles.
Ils ont toutes les techniques.
Non, mais sérieux, c'est quelque chose.
Peut-être que toi, aujourd'hui, tu changes quelque chose,
soit pour quelqu'un qui n'est pas capable de le dire
ou pour un parent.
Pour un parent, il y a des parents aussi
qui ne font pas ce que ta mère a fait.
Il y a des parents qui sont poignés aussi avec ça.
Si l'enfant est poigné avec ça,
le parent, ça devient difficile de dénouer ce nœud-là.
Mais c'est pas quelque chose
qu'on choisit, parce que clairement, si t'avais pu
choisir, c'est pas le chemin que t'aurais pris.
On l'entend moins,
je pense qu'on évoluait là-dessus, mais
quand...
Quand j'ai commencé à le dire à mes amis, tout ça, ils ont dit comme,
je respecte ton choix. Je suis comme, de quoi tu parles?
Qui est assez débile?
Qui choisit d'appartenir à un groupe pour que c'est? Qui est assez débile? Tu sais, qui choisit
d'appartenir à un groupe pour que c'est plus difficile,
qui va être ostracisé, qui va faire rire de lui?
Pourquoi tu ferais ça? Tu fais comme tout le temps l'inverse,
tu sais, je fais comme toi, Marie-Claude, est-ce que tu
pourrais choisir d'être lesbienne demain?
Ben non, tu sais, je fais tout le temps
l'exercice, fais l'exercice à l'inverse,
ben non, pourquoi j'aurais choisi ça?
C'est complètement ridicule, tu sais.
Puis quand t'es tombé amoureux,
est-ce que ça,
ça a libéré quelque chose que tu as retenu
pendant des années?
Oui, il y a eu quelque chose de...
Et c'est drôle parce qu'au tout début,
quand j'ai eu cette première relation,
c'était l'équivalent
de mes relations que j'aurais dû avoir
en adolescent, comme une amourette qui a duré
je sais pas, 4-5 semaines, c'était rien. Mais pour moi de mes relations que j'aurais dû avoir en adolescent. C'est comme une amourette qui a duré, je ne sais pas,
4-5 semaines. C'était rien.
Mais pour moi, c'est comme une relation importante.
Ça représentait quelque chose dans ma vie
qui a été...
Je suis passé de celui qui n'allait jamais le dire
à je peux le vivre, il se passe quelque chose.
Et là, il y avait
une certaine immaturité dans la façon de le vivre.
J'étais rendu presque un adulte.
C'était juste comme je veux te parler au téléphone,
comme toutes les affaires d'adolescence
que j'ai voulu vivre.
Je me souviens,
j'ai appelé une de mes amies,
c'est une question que tu poses à 12 ans,
pas à 18 ans.
Je suis comme, je sais rien, j'ai tout à apprendre.
Parce que toi, tu t'es fermé complètement.
Complètement.
Rien n'est arrivé.
Je connaissais rien.
Je connaissais pas ces codes-là.
Je connaissais pas la vie.
Et puis au tout début,
j'avais comme un petit peu une visage.
C'est bizarre quand même.
Les premières fois que j'allais au cinéma,
je me disais, est-ce qu'on est en train de nous juger?
Je pense que ça paraît.
Mais ça, pour vrai, ça a pas duré longtemps.
Ça a vraiment pas duré longtemps.
Puis là, je me disais, je vais pas traîner ça toute ma vie cette honte là
et en fait ce qui est arrivé
assez rapidement
je pense que j'ai
dans l'idée que
je me sacre que ce que les gens en pensent
c'est
c'est beaucoup trop long
je m'en vais manger
chez une amie dont j'ai peut-être 20 ans.
Je ne l'ai pas encore dit à cette amie-là.
Elle a un chum qui est profondément homophobe.
Et je l'aime bien, son chum, il est drôle.
On a du plaisir ensemble, mais il est homophobe.
Puis à un moment donné, il me parle d'un ami à lui.
Il a appris qu'il était gay.
Puis là, écoute, ça commence à...
Et il y a, à un moment donné,
on est en train de feuilleter le journal Voir,
qui n'existe plus aujourd'hui, un magazine culturel.
Et là, il y avait une page complète d'une publicité pour une croisière gay.
Puis là, il fait comme, il dit, une croisière juste pour les gays, ça serait pratique de mettre une bombe là-dessus.
Ils se débarrasseraient de plusieurs gays en même temps.
Et là, moi, je me souviens, je me disais, comme il est homophobe, je ne vais pas le dire.
Pour continuer à être ami avec eux, je ne vais pas le dire.
Et je me souviens, quand je suis rentré après cette phrase-là, je me suis fait comme, le dire. Pour continuer à être ami avec eux, je vais pas le dire. Et je me souviens, quand je rentrais
après cette phrase-là, puis je fais comme,
mais pourquoi je veux continuer à être ami avec lui?
Pourquoi je...
son amitié est importante à quelqu'un...
Qui voudrait te faire exploser.
Qui veut me faire exploser. Avec quelqu'un
qui veut faire exploser des êtres humains.
Puis là, je fais comme, hé, maintenant, ceux qui...
ceux qui m'aiment pas
à cause de ça,
ben, je veux pas être aimé par vous autres. par vous autres c'est des gens qui écoutent ça
et font comme, ah oui ok
j'aime pas ça les gays, moi, ben cesse de m'aimer
j'ai pas besoin
de te prouver
je veux être aimé globalement, je veux prouver des affaires
à des gens
exactement
c'est ce que t'es profondément.
Je veux dire, ça se change pas.
J'ai aucunement besoin...
Non. J'ai pas besoin que tu sois
fan de moi. J'ai pas besoin que tu viennes voir mes spectacles.
Non, mais de toute façon, il veut pas être ton ami non plus.
Ben non, ça rend pas lieu. C'est la minute que toi,
tu te révèles. Lui, il veut plus rien savoir. Exactement.
Et si t'es cette personne-là,
avec l'esprit aussi fermé,
plein de haine comme ça, ben t'es pas quelqu'un qui m'intéresse dans la vie. Tu m'intéresses pas plus quelà, avec l'esprit aussi fermé, plein de haine comme ça,
ben, tu n'es pas quelqu'un qui m'intéresse dans la vie.
Tu ne m'intéresses pas plus que moi.
Fait que tu t'es libéré de tout ça.
Ah oui, oui, oui.
Es-tu prêt à poser une question mauve?
Oui.
Ça, tu la piges et tu la lis.
Parfait.
Si tu avais un moment à supprimer de ta vie,
ce serait lequel?
Hum.
Quel moment je supprimerais de ma vie?
Ah, mon Dieu, là, on dirait que je suis en train
de faire tout le fil de mon existence.
Oui, c'est vrai que ce n'est pas une question si simple.
Non, c'est ça, supprimer.
J'essaie de chercher des grands moments d'humiliation.
C'est drôle parce qu'en même temps, c'est ce qui me vient
spontanément, ça doit être ça la bonne réponse.
Là, je me disais, il faut que je trouve de quoi plus
crunchy, mais c'est très banal. Je pense
que c'est le pire moment de ma vie et pourtant, c'est quelque chose
de banal, surtout avec tout ce que je viens
de livrer, ça pourrait être beaucoup plus intense.
J'ai commis un vol à l'étalage quand
j'étais enfant. Ça arrive à bien des enfants.
J'imagine que j'avais volé un Mafalda.
J'étais très jeune. Une bande dessinée.
J'avais essayé de faire le Mafalda en format
poche. J'étais tout petit.
J'étais allé au Jean Coutu ce matin-là
qui était en face de chez moi.
J'étais vraiment un enfant.
J'ai fait comment? J'aimerais ça l'avoir, le Mafalda.
Je décide de le mettre dans mon sac.
J'avais acheté des cartes de Noël pour envoyer à mes tantes.
Je n'étais pas tout à fait un bandit.
J'avais comme...
Comme tous les enfants font,
acheter des cartes de Noël.
Je m'envoyais une carte à Jeannine et à Georgette.
Elles vont être contentes.
C'est drôle, j'ai des tantes.
J'avais une tante de Jeannine et j'ai encore une tante de Georgette.
On avait toutes des tantes de Jeannine et de Georgette. J'ai encore un lien qui nous énie. Làôle, j'ai des temps. J'avais une tante Janine et j'ai encore une tante Georgette. On avait tous des temps de Janine et Georgette.
J'ai encore un lien qui nous énie.
Là, je l'ai volé.
Et avant de sortir, il y a un gardien
qui m'a dit, je vais voir ce que t'as.
Il me dit, je vais appeler ta mère.
Je lui dis, ça va tuer ma mère.
Ça va tuer ma mère.
Je suis dans la grande tragédie.
Il me dit, iler ma mère encore, je suis comme dans la grande tragédie, et donc il me dit, donc il appelle ma mère,
ma mère vient me chercher, il appelle pas la police,
parce que je suis trop petit, tu sais,
et ce moment-là, c'est important pour moi,
bon, évidemment, l'amour de ma mère, l'amour des gens,
tout ça, ça revient tout le temps, là, je fais comme,
et j'ai senti à quel point j'ai déçu ma mère,
qui a sûrement mis en perspective que c'était quand même un geste d'enfant,
mais dans ma tête, à moi, c'est comme si, dans ma vie adulte,
ma mère apprenait que je venais de faire une tuerie de masse pour vrai et non pas
ce qu'elle supposait. Et c'est une
humiliation, c'est une des plus
grandes humiliations que j'ai eues de mes vies. Alors j'en ai eu qui sont
plus importantes devant plus de gens,
mais ça, je me suis dit,
encore une fois, je pourrais plus
jamais regarder ma mère d'enfant. Je l'ai déçu.
Ma mère me considère comme
un bandit maintenant, ma mère a eu
honte de moi, c'est un drame
et je me souviens vraiment, c'est comme le soir
je sortais pas
de ma chambre pour aller suivre parce que j'avais honte
je voulais pas y faire face
je me disais, est-ce qu'un jour
ça peut revenir, est-ce qu'un jour
ma mère va oublier que j'ai fait un vol
à l'étalage, puis est-ce que moi je vais l'oublier?
Est-ce qu'on va retrouver un moment d'insouciance?
Comment on va aller au cinéma ensemble, puis les deux?
Est-ce que les deux, pendant
deux heures de film, on va oublier
que j'ai volé un Mafalda?
Tu sais, ça c'est comme l'hypocondrie,
c'est drôle, pour vrai,
mais cette souffrance-là...
Mais tu l'as vécue.
Je me souviens, il y avait un moment,
quand tu vis quelque chose d'important,
de joyau ou de grave, tu te souviens des moindres détails.
Je me souviens du jet de l'humidificateur.
De quel côté il allait.
Je regardais le jet de l'humidificateur
et je me disais, je suis-tu niaiseux?
J'ai scrappé ma relation avec ma mère.
C'est pas réparable.
À un moment, c'est ce qui vient plus tard,
scrapper mon lien avec ma mère.
C'est ta crainte. En plus, c'est ce qui vient plus tard, scraper mon lien avec ma mère c'est ta crainte en plus c'est ça, j'ai pas cette mère-là
qui est tout le temps en train de me dire
je pense que t'avais
mouchicané comme on mouchicane un enfant
c'est ça, c'est une leçon
une leçon de vie
elle a compris que j'ai été humilié
c'est que toi ça prenait d'autres dimensions
oui c'était fini mais t'as un bon coeur parce C'est que toi, ça prenait d'autres dimensions. Oui, c'était fini.
Mais t'as un bon cœur,
parce qu'elle m'a dit une affaire.
C'est des gros drames que t'as vécu.
C'est pour ça que je fais comme à supprimer.
Je me souviens, ça...
On a fait des spectacles
avec La soirée est encore jeune, où on a été hué par 2000 personnes.
C'était pas bon, ce qu'on fait.
Ça a été moins violent que ça.
Parce que c'était du monde que je connais pas.
Puis bon, c'est la vie.
Ça fait partie de mon métier. Mais ça, c'est...
Ça, parce que c'est toi seul.
C'est ta décision. Ça t'a appartenu.
J'avais fait le mauvais choix.
Ça, c'est un choix.
Ouais, c'est un choix, puis t'as fait le mauvais choix.
Ça, c'est un mauvais choix qui m'appartenait.
Est-ce que c'est une question pour moi?
Tu sais, j'en avais plein.
J'y pense depuis des semaines.
Mais j'ai envie de te poser cette question-là.
La langue, parce que
j'ai révélé la moitié de toute l'entrevue
avec cette question-là.
Je suis à l'air de rien.
À l'air de rien.
Je te dirais que là, tu vas me dire
que c'est cliché peut-être, mais
moi, quand je regarde les images à la télé présentement,
ce qui se passe en Israël, ce qui se passe en Ukraine,
j'en ai parlé aussi avec d'autres invités,
mais je trouve, on dirait que,
avant, je n'aurais pas fait ce genre de vœux-là.
J'aurais trouvé ça, je ne sais pas, comme quelque chose qui n'existe pas.
Moi, j'ai de la misère avec ce qui n'existe pas,
mais que ça s'arrête.
Parce que je trouve ça absolument
troublant, anxiogène, terrible
de savoir qu'il y a des gens comme
toi et moi qui vivent la...
En parallèle, on est en même temps.
Ça me fait capoter, ça.
Et qui écoutent les mêmes
probablement The Voice
ou La Voix, peu importe en quelle langue, ils écoutent la même chose que nous, The Voice ou La Voix, ou peu importe en quelle langue,
ils écoutent la même chose que nous.
Avec la globalisation des marchés,
ils ont les mêmes grands magasins que nous.
Ils vont voir les mêmes films que nous.
On a la même vie.
Et qu'eux, ils n'ont plus la paix.
Qu'eux, ils perdent leur maison.
Qu'eux, ils ont peur de mourir.
Que les femmes et les enfants
comme par exemple en Ukraine, il y en a beaucoup qui ont quitté,
les hommes sont restés. Tu sais, quand eux
sont rationnés, tu sais, quand
ta vie est en danger,
quand tu n'as plus d'endroit
pour être en sécurité, tu sais, c'est dur
à penser parce que nous, on ne l'a jamais vécu.
Tu sais, moi j'ai eu un ami un moment donné qui avait
entendu des bombes parce que bon,
il habitait dans un pays où il y avait la guerre quand il était jeune.
Et il en faisait encore
des cauchemars plusieurs années
après. Puis lui, il s'en était sorti.
Mais ça,
je me dis, ça pouvait s'arrêter.
Ça prend
beaucoup de place dans ma tête
quand je pense à ça. Parce que pour moi, la guerre,
ça a toujours été quelque chose de
lointain.
Puis on dirait que la guerre en Ukraine, c'est un peu absurde que ça nous ait à ça, parce que pour moi, la guerre, ça a toujours été quelque chose de... de lointain. On dirait que la guerre en Ukraine,
c'est un peu absurde que ça nous ait pris ça,
c'est que dans la guerre en Ukraine,
on est à l'époque des cellulaires maintenant,
on a eu comme une conscience
qu'effectivement, c'est pas comme folklorique
dans un autre monde. On voyait des gens,
c'est terrible qu'on ait besoin
de s'identifier à des gens pour comprendre,
mais c'était tellement la même vie que nous.
C'était tellement...
On les voyait avec leur téléphone,
leurs enfants.
Ça actualisait la guerre, on dirait.
Parce qu'il y a eu d'autres conflits
qui m'ont rentré dedans.
Mais celui-là, en plus, il dure longtemps.
Parce qu'on avait l'impression que la guerre en Ukraine,
ça allait durer trois mois.
Oui, tout à fait.
À chaque jour, je regardais.
Puis là, je suis comme...
Il n'en parle plus.
Des fois, il ne pense même pas.
Puis là, justement,
je pense avec le conflit,
ça me ramène,
je suis comme,
mon Dieu,
mais on dirait que c'est vrai
que je ne vis même plus
avec l'Ukraine,
oui, je le sais,
mais alors que ça m'empêchait
quasiment de dormir
les premières nuits.
Oui, oui, oui,
mais c'est encore là.
Là, c'est comme,
comment on banalise,
comment on...
On vit avec.
On vit avec.
On vit avec.
Ça, c'est quelque chose, moi, je te dirais que
je me rends compte, la télé ne m'a jamais dérangée,
mais maintenant, ces images-là,
quand on ouvre notre journal,
quand on regarde la télé,
ça me rend vraiment dedans.
Je suis allé voir le World Press Photo,
l'exposition, beaucoup de photos de guerre, tout ça.
Puis avant, je regardais plein d'affaires.
On dirait que c'est la première fois de ma vie,
je ne suis pas sans vieillissant,
mais j'ai trouvé l'expérience insoutenable.
On voit beaucoup de la guerre en Ukraine.
C'est important de le voir.
Il faut le voir pour comprendre.
Mais je suis sorti de là vraiment bouleversé.
Avec les années, je ne suis plus capable d'en voir ça.
On en voit beaucoup.
On est très exposé.
Un deuxième vœu, ça va être personnel.
Vraiment, ça s'adresse à moi.
Moi,
j'espère ne pas,
je ne sais pas, parce que j'ai été,
j'ai côtoyé ma mère qui était mourante.
On dirait que je ne voudrais
pas vivre ça.
Ça me fait réfléchir
beaucoup à ça, à la mort.
Je pense que j'aimerais mieux
partir rapidement
que de voir
mon corps me lâcher.
Te lâcher après la conscience.
Des fois,
je n'ai pas assisté à l'aide médicale
à mourir, mais je connais des gens qui ont assisté,
des gens qui l'ont demandé.
Je me dis, je ne sais pas si un jour,
ce choix-là,
ce sera comme un choix pour moi.
Des fois, je pense à ça.
C'est dans l'éventail
des options que ça existe,
même s'il y a quelque chose de rassurant là-dedans.
Quand on vieillit aussi, il y a plus de gens
autour de nous qui meurent.
Ça, ça me chicote.
Alors, je me dis,
je pense que,
c'est bizarre, j'aurais jamais dit ça il y a un an.
Mais qu'un de mes voeux,
ce serait de partir rapidement.
Il me semble que ça me soulagerait
de savoir ça.
Parce que c'est...
Moi, je pense que j'ai plus peur de la façon
que je vais mourir que la mort.
Ça, ça m'angoisse.
Fait que de perdre cette angoisse-là,
de dire, regarde, tu vas mourir,
mais tu ne sais pas quand.
Tu ne te rendras pas compte.
Exactement.
Tantôt, tu as dit ça de ta mère.
Quand tu as dit ça de ta mère, c'est drôle.
C'est ça.
Puis évidemment, ça aussi, c'est personnel,
mais que mes enfants soient en santé.
Je veux dire, il y a des choses qui ont le bonheur, ça leur appartient.
Mais
je pense qu'il y en a
qui voient malheureusement leurs enfants
mourir et on a vu
c'est une crainte,
de les savoir
en santé. Je pense
que si on me disait, regarde, oui, tes enfants vont être en santé,
oui, tu vas mourir rapidement
puis on met fin à la guerre,
ça ferait, je ne sais pas, ça m'apaiserait.
Oui, ça aurait de l'allure.
Oui, ça aurait de l'allure.
Mais c'est dur de faire trois vœux, parce qu'on pourrait tellement en faire d'autres.
On essaie d'en faire qui englobe le plus d'affaires,
rentabiliser nos trois vœux.
Exactement, c'est ça.
Toi, ce serait quoi ton troisième vœu?
Il m'en reste un, mais je vais te voler celui de la guerre
parce que je me suis rendu compte
que mes deux premiers étaient juste centrés sur moi
et ça me donnait un petit électrochoc
que le premier soit lié à la guerre.
Alors, forcément, je pense qu'avec ce que j'ai,
ma mère qui meurt à bout d'âge sans s'en rendre compte,
l'anxiété qui est moins là, je pense qu'après ça,
c'est le temps de penser aux autres
avec le troisième vœu. Ouais.
Alors, je te vole le vœu d'une...
La paix dans le monde. D'une certaine paix dans le monde.
Oui. On dirait que
c'est ça. Tu sais, quand j'étais petit et qu'on parlait
des guerres mondiales, je me disais
c'est parce que c'était une autre époque.
On n'est plus comme ça aujourd'hui. Ça se peut plus.
Mais c'est encore là. Etétait une autre époque. On n'est plus comme ça aujourd'hui. Ça ne se peut plus. C'est encore là.
Ça pourrait un jour,
sans toujours penser à ça,
mais des fois, ça fait peur,
la montée de la violence,
la montée de la polarisation.
Absolument.
Alors, si Aladin pouvait nous régler ça.
On serait déjà bien partis avec ça.
Merci, Jean-Sébastien Gérard.
J'ai tout aimé.
C'est extraordinaire.
Merci de ton ouverture.
Grand plaisir.
C'est comme ça.
Ça n'a pas rapport, le Joker, ici.
Je m'en servirais d'enlever des coms ici.
Ton témoignage,
je trouve que
tu as parlé de plusieurs choses, mais quand
tu as parlé de ton identité,
je trouve que la façon que tu l' de ton identité, je trouve que
la façon que tu l'as vécue, ce n'est pas la façon
la plus simple.
Et ça va parler à du monde.
Parce qu'on ne veut plus...
On ne pense pas qu'en 2023,
mais oui, les statistiques prouvent
que c'est encore difficile en 2023
d'être différent.
Oui, d'être différent.
Pourtant, on en parle beaucoup. En même temps, comme moi le premier. Oui, d'être différent. Pourtant, on en parle beaucoup.
En même temps, comme je le disais,
j'avais aucune raison.
Ça se passe en dedans.
Des fois, tu n'as pas besoin
de facteurs extérieurs.
Ce n'est pas juste une question.
Ça participe.
Ce n'est pas juste parce que tu es dans un univers
fermé ou d'homophobie.
Des fois, ce n'est pas ça.
Ça doit ajouter.
Mon Dieu.
Tu pensais? Non, je sav chance que c'était pas ça dans ton cas.
Tu pensais?
Non, mais je savais que j'étais rendu dans un univers comme ça.
Je serais plus là, c'est clair.
T'aurais pas pu passer au travers.
Merci encore d'avoir été là.
Merci à vous tous d'avoir été avec nous aujourd'hui
pour le podcast avec Jean-Sébastien Gérard
et je vous dis à la prochaine.
Cet épisode était présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins
pour la peau au Québec.