Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #3 Guylaine Tremblay | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: April 24, 2023Dans ce troisième épisode d'Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette, Guylaine Tremblay s'ouvre avec franchise et générosité, au fil des cartes pigées. Ouvre ton jeu avec Marie-Claude B...arrette c’est la rencontre d’un invité à cœur ouvert avec une animatrice aguerrie, autour d’un jeu de cartes unique. Réflexions, prises de conscience, confidences: au hasard des cartes-questions retournées, l’invité de Marie-Claude se révèle comme il ne l’a jamais fait et utilise son pouvoir de joueur pour la faire parler à son tour. Des questions sur mesure dans une entrevue qui laisse place au hasard. Une intervieweuse, telle une cartomancienne, qui se lance sans filet. Un invité qui joue, cartes sur table, dans un échange privilégié où le temps s’arrête.
Transcript
Discussion (0)
Quand je suis vraiment bien, c'est que je suis à quelque part,
puis je fais quelque chose que j'ai envie de faire à ce moment précis-là.
C'est pas si facile.
Mais t'as compris ça à quel moment de ta vie?
J'ai été forcée de le comprendre beaucoup à cause du travail que je fais.
Tu sais, travailleur autonome, on a souvent à choisir
entre faire telle chose ou telle chose, ou bon. À cause du travail que je fais, travailleur autonome, on a souvent à choisir
entre faire telle chose ou telle chose.
Ça me jetait dans un trouble profond.
À un moment donné, j'ai fait,
si tu as choisi de faire ce métier-là,
tu vas avoir des choix à faire toute ta vie.
Il faut que tu t'organises pour faire ce que tu veux.
Salut, content de vous retrouver.
Aujourd'hui, on est avec une femme que je connais depuis déjà pas mal d'années.
Je trouve qu'on a bien des points en commun.
Moi, j'aime son caractère.
C'est une fille qui a du tempérament.
C'est une fille qui a un grand, grand cœur.
C'est une fille intelligente.
En fait, c'est une fille qu'on aimerait être.
Je parle de Guylaine Tremblay. Salut, Guylaine.
Salut, t'es trop fine. T'as rien à m'envier,
ma chérie. Rien du tout.
Mais Guylaine, t'as quelque chose
de tellement accessible,
de bon, de... Je trouve qu'avec
toi, tout se dit, tout se fait.
Es-tu d'accord avec ça? T'as comme
pas de barrière.
Bien, ça, j'avoue
qu'une de mes qualités,
parce que j'ai bien des défauts, mais une de mes qualités,
c'est que j'essaie d'être ouverte à tout.
Ça ne veut pas dire que je comprends
tout, mais j'essaie de
pas juger trop vite.
Parce que je trouve que quand on juge
trop vite, c'est là souvent qu'on passe à côté
de bien belles affaires ou de bien beaux moments.
Oui, tu es comme là. Tu es disponible.
Tu es ouverte. Oui.
Aujourd'hui, est-ce que tu es prête à ouvrir ton jeu. Oui, tu es comme là. Tu es disponible. Tu es tout ouvert. Oui, oui. Puis aujourd'hui, est-ce
que tu es prête à ouvrir ton jeu?
Moi, je te fais confiance. Tu me fais confiance?
Je sais. Parce que c'est les cartes qui vont
parler. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas...
C'est les cartes. C'est les cartes. Tu vas voir,
c'est ouvre ton jeu.
Il y a différentes couleurs. Tu vas
comprendre au fil du jeu
pourquoi il y a différentes couleurs.
On va commencer par les vertes,
mais juste avant, je veux dire,
tu sais, tu as les jaunes, tu as les rouges.
Quand on va être rendu au mauve,
tu auras un choix si tu veux
répondre à une question mauve ou pas.
Et si tu décides de répondre
à une question mauve, ton privilège,
c'est que tu peux me poser la question
que tu veux. Donc, la question
qui te vient, tu peux me la poser
et je devrais y répondre.
Évidemment, tu vas piger tes questions,
tu vas y répondre.
Moi, je vais te poser des sous-questions.
Donc, à n'importe quel moment, Guylaine,
tu as le droit de m'arrêter une fois dans le jeu.
Si tu trouves que ça va trop loin
ou que tu n'as pas envie de répondre à la question,
tu as un joker.
Mais une fois.
Une seule fois, tu auras le droit de l'utiliser dans le jeu.
T'es prête?
– Oui. – Alors, on va commencer
par les questions vertes, qui sont
des questions plus faciles, par exemple,
que les questions rouges. C'est des questions
qui sont peut-être moins personnelles,
mais tout dépendant de ta réponse, des fois, ça peut devenir
aussi personnel. Alors, je te donne
le paquet de cartes vertes.
Je vais te demander de les brasser, de m'en donner trois.
OK. Mon Dieu, ça prend des grandes mains.
Ça prend des grandes mains.
Regarde ça.
C'est des cartes géantes.
Non, mais je les aime tellement, nos cartes.
Fait que je t'en donne trois.
Tu m'en donnes trois.
Celles que je veux.
Celles que tu veux, absolument.
OK.
J'aime ça jouer de même.
C'est le fun. C'est le fun.
Bien, c'est le fun, hein?
Et toi?
Bon, parfait.
On oublie, tu sais que c'est une entrevue
parce que c'est un jeu.
C'est super.
Alors, je te lis les trois.
Tu en choisis une.
Et moi, après ça, je vais en choisir une des deux
qui reste pour te la poser.
Parfait.
Donc, à quelle tu veux répondre?
La première, quand tu regardes ton parcours,
de quoi es-tu le plus fier?
OK. La deuxième, qu'est- ton parcours, de quoi es-tu le plus fier? La deuxième,
qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Puis la troisième,
à quoi aurais-tu dû dire non?
Je vais répondre
à celle-là,
le quand. Quand tu regardes ton
parcours, de quoi es-tu le plus fier?
De ma persévérance.
Parce que souvent, les gens, ils pensent à des parcours comme le n es-tu le plus fière? De ma persévérance. Parce que
souvent, les gens, ils pensent dans des
parcours comme le nôtre, que tout est facile
puis que tout va de soi
puis qu'on travaille, puis les choses
s'enchaînent. Mais il faut travailler fort.
Ce qu'on voit, le résultat qu'on voit
souvent, il y a beaucoup de
sueur en dessous de ça. Il y a
beaucoup de travail. Puis je pense que ça,
c'est mon éducation.
C'est mes parents qui m'ont transmis ça.
Je n'ai jamais lâché.
J'ai travaillé, travaillé, travaillé.
Je suis fière de ça.
As-tu l'impression, quand les gens
te regardent, que toi,
tu as tout eu facile?
Oui, souvent.
Je me suis fait dire, mais toi, tout va bien.
Tout est facile. C'est presque insultant.
Parce que tu te dis, « Voyons, je suis comme tout le monde.
J'ai eu des épreuves.
J'ai eu des difficultés. J'ai eu des deuils.
J'ai eu des peines d'amour. Comme tout le monde.
Comme une vie normale. »
Mais je pense que les gens,
ils peuvent penser ça aussi. Parce que moi,
quand j'arrive au travail, je laisse ça derrière.
Comment tu arrives à décrocher, justement?
C'est pas facile, ce que tu dis là.
Bien, pour moi, le travail, c'est un espace sécuritaire.
C'est-à-dire, admettons que j'ai une grosse peine,
une peine d'amour, par exemple.
J'ai déjà eu une grosse, grosse peine d'amour,
à un moment donné.
Puis, quand j'arrivais au théâtre,
j'étais quelqu'un d'autre pendant deux heures.
Ça voulait dire que pendant deux heures,
je n'avais pas... Guylaine, elle n'avait
pas à avoir de la peine. Parce que
j'étais quelqu'un d'autre pour deux heures, tu comprends?
Puis ces deux heures-là,
bien, ça me donnait un break dans ma journée.
Ça me donnait des forces.
Le lendemain, j'étais capable de deux heures,
une minute, puis passer à ça.
Puis le surlendemain, deux heures, deux minutes.
Ça te permet de prendre un recul.
Oui, de prendre un break.
Fait que t'as eu une grosse peine d'amour.
Oui, oui, oui.
J'en ai-tu eu plus qu'une?
J'en ai eu plus qu'une.
À quelque part, quand j'étais jeune,
on dirait que j'haïssais pas ça.
Être dans la peine.
Parce que t'as l'impression d'exister
pis d'être dans quelque chose de passionné
pis d'absolu
j'ai eu une peine
peut-être pas une peine
amoureuse que c'est quelqu'un
qui m'a trahi
amoureusement
donc ça c'est encore plus dur
parce que je trouve que quelqu'un
arrête-moi tu sais bien que je vais parler tout le long.
Moi, je te laisse aller.
Mais quelqu'un qui te dit « je ne t'aime plus »,
ça fait mal.
Mais on peut à quelque part
pas en vouloir à quelqu'un qui arrête de nous aimer.
Mais quelqu'un qui fait semblant qu'il t'aime
et qui aime quelqu'un d'autre,
ça, c'est plus dur.
Ça, c'est plus dur à avaler.
Parce que... C'est le mensonge, la trahison. Oui, puis c'est un peu. Ça, c'est plus dur à avaler. Parce que...
C'est le mensonge, la trahison.
Oui, puis c'est un peu comme si tu perdais ton temps aussi.
C'est du temps perdu, non?
Oui, puis c'est surtout de...
C'est comme de ne pas faire confiance
à l'intelligence de l'autre,
à la compréhension de l'autre.
Si, à quelque part,
on me dit la vérité, moi, j'ai plus d'outils
pour comprendre.
Ça t'aurait fait moins mal?
Oui.
Moins longtemps.
Ah oui.
Moins longtemps.
Parce que t'avais le deuil amoureux
et la trahison à gérer en même temps.
Voilà.
Ça, je trouve ça plus dur.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un
qui vit une trahison amoureuse?
Écoute-moi, il y a une phrase qui a changé ma vie,
pour toute épreuve, dont celle-là.
C'est une phrase de Churchill.
Tu sais, Churchill, il en a sorti des papilles.
Bien oui.
C'est extraordinaire.
Bien oui, mais c'est un homme exceptionnel.
C'est extraordinaire.
Et lui, il a dit une phrase qui dit,
tu sais, là, je paraphrase peut-être,
mais c'est, si vous avez l'impression d'être en enfer,
faites juste un pas en avant.
Ça veut dire que si tu es en enfer
et que tu ne bouges pas,
tu vas rester en enfer.
Mais si tu fais juste un pas,
déjà, c'est le début de quelque chose.
Donc, quelqu'un qui a une peine d'amour,
moi, je dis toujours,
dites-vous que chaque seconde qui passe
amoindrit
la peine que vous avez.
Parce que tu ne savais pas où te mettre
quand tu vis quelque chose comme ça.
C'est que la souffrance est dans toi.
Oui, elle est dans toi.
Puis moi, il y a une peine d'orgueil
mélangée avec ça aussi.
Quand je dis qu'on a été trahi, moi, je suis une orgueilleuse.
Je n'aime pas ça.
Tu comprends? Tu as été atteinte à plusieurs niveaux,
au niveau amoureux et au niveau de ton orgueil.
Parce que tu connaissais l'autre femme?
Non. Mais c'est pas à elle
que j'en aurais voulu de toute façon.
De toute façon, tu sais, non.
Mais ça, ça fait plus mal.
Et ça a pris combien de temps
à faire la paix avec ça?
Vrai, vrai, vrai, là?
Une bonne année.
Une bonne année.
T'étais-tu en colère? T'étais-tu écrasée?
J'ai eu
toutes les étapes.
Il y a la colère.
La colère est arrivée à un moment donné,
puis je trouve qu'elle est salvatrice,
la colère, à ce moment-là,
parce qu'au moins, il y a une énergie
qui arrive dans ton corps et dans ton esprit.
Donc, j'ai préféré la colère au découragement,
on va dire,
parce que la colère m'a propulsée par en avant.
Mais c'est plate, une peine d'amour.
C'est la dernière affaire que tu souhaites à ceux que t'aimes aussi, d'avoir une peine d'amour. C'est la dernière affaire que tu souhaites à ce thème aussi,
d'avoir une peine d'amour.
Est-ce que ça t'a fait grandir de passer au travers de cette épreuve-là?
Sûrement, mais ça a renforcé aussi mon intention
d'être avec des gens clairs, honnêtes et qui donnent leur juste.
Je ne veux plus jamais
être avec des gens qui mentent.
Est-ce qu'après chaque relation, Guylaine,
tu disais ça, je veux plus ça?
Ça, je veux plus ça.
Ça fait que tous ceux qui arrivent
après sont toujours
répondre davantage à tes
besoins amoureux?
Je pense que ça s'est mis à mieux aller
quand j'ai arrêté de dire ça, je veux plus ça.
Puis que j'ai plutôt dit ça, je veux ça.
Tu comprends? – Ah oui, parce qu'on est
beaucoup dans une ère, je trouve,
où les gens disent, moi, je veux pas ça.
Ça me frappe à chaque fois.
Je leur dis, OK, vous savez tout ce que vous voulez pas.
Il y a quelque chose de troublant
là-dedans. – Oui, il y a quelque chose de troublant,
puis il y a quelque chose qui est pas constructif
là-dedans. Alors que quand tu dis,
moi, je veux ça,
j'aimerais ça, ça, ça, ça,
bien, il y a un élan.
Tu t'en vas vers quelque chose.
Tandis que l'autre, tu es dans le négatif. C'est comme si tu cherchais les côtés noirs un peu.
Oui, c'est ça.
Tu sais, comme des fois, je trouve ça bizarre
quand le monde dit ça.
Moi, je cherche l'amour, tout ça.
Mais tu sais, vraiment, j'ai rencontré un gars l'autre fois.
Mais qu'est-ce que tu veux? Il fume.
Puis il avait des bas blancs.
Mais ça, ça arrive souvent. Oui, je dis OK. Mais est-ce qu'il était intéressant? Il était fou, l'intéressant, qu'est-ce que tu veux, il fume. Puis il y avait des bas blancs. Mais ça, ça arrive souvent.
Je me suis dit, OK, mais est-ce qu'il était intéressant?
Il était fou, l'intéressant, super intéressant, tout ça.
Mais là, tu te dis, bien,
parce que pour choisir nos combats
aussi, peut-être
qu'il faut dépasser
certaines choses. Est-ce que tu veux
être avec quelqu'un
avec qui tu as beaucoup, beaucoup d'affinités,
même s'il porte des bas blancs. Tu comprends ce que je veux dire?
Moi, j'ai entendu souvent aussi des gens dire
« Mais je ne suis pas sûre que mes amis vont l'aimer. »
Hé, ma gueule!
Oui, j'ai entendu ça plus qu'une fois, Guylaine.
Puis je me disais « Mais toi! »
Oui, mais tu sais, si mes amis ne l'aiment pas.
Ce ne sont pas tes amis qui sont adeptes.
Ça demande quand même une réflexion.
Moi, je questionne ça aussi.
Fait qu'il faut y aller par la positive.
Je pense. Moi, en tout cas,
ça s'est mieux passé dans ma vie
à partir du moment où j'ai exprimé
ce que je voulais, plutôt que
ce que je voulais pas.
T'es fière de ça? T'as été persévérante en amour aussi?
Oui, oui, mais
je pense que
c'est une démarche nécessaire, normale.
Moi, j'aurais pas pu
passer ma vie sans amour,
quelle qu'elle soit,
pas juste la vie amoureuse
avec un chum ou une blonde, mais
avec des enfants, avec des amis, tout ça.
Mon moteur, c'est ça. Donc, ça valait
la peine de mettre de l'ouvrage là-dedans.
Tu as commencé en disant que tu étais fière de ta persévérance.
Oui. Tu as toujours été persévérante?
J'ai toujours eu
l'espèce de sentiment
dans moi qu'il fallait que j'aille au bout
de moi-même, quoi que je fasse.
Tu sais, comme,
des fois, je dis, je suis une actrice,
je vais au bout de ça. Je vais au bout de moi-même,
au bout de ce que je peux donner.
Je ne suis pas sans limite,
mais pour moi, c'est important. Mais si j'avais été médecin,
j'aurais été au bout de ça. Si j''avais été médecin, j'aurais été au bout de ça.
Si j'avais été agente de voyage,
j'aurais été au bout
de ce que je pouvais donner dans ce métier-là.
Tu comprends?
Parce que sinon, je ne serais pas capable de dormir.
Mais moi, c'est ce qui me frappe de toi, Guylaine,
parce que quand on te voit jouer le rôle de Caro,
que tu vas reprendre d'ailleurs dans La Petite Vie,
c'est quand même un rôle absurde.
Oui.
Mais tu vas complètement au bout de ce rôle-là. Et tous'ailleurs, dans La Petite Vie. C'est quand même un rôle absurde. Oui. Mais tu vas complètement au bout de ce rôle-là.
Et tous les acteurs dans La Petite Vie
ont cette qualité-là,
ce qui fait que ça a pu exister.
Oui.
Parce que ça aurait pu être complètement différent
avec des gens qui n'assument pas ce genre de personnage-là.
Et on t'a vu dans Unité 9
jouer une Marie Lamontagne
complètement démolie
quand elle arrive dans le milieu carcéral,
finalement, qui reprend vie, mais
t'es aussi crédible en Marie Lamontagne
qu'en Caro.
Tu sais, tu te lances
et tu le fais pleinement, et ça, c'est
une qualité incroyable que t'as.
Bien, merci, mais tu sais, je pense que
je me priverais d'un grand plaisir
si j'avais pas d'abandon
en faisant ce métier-là.
C'est bien important de s'abandonner au rôle.
Puis encore là,
de ne pas juger.
Tu ne juges pas tes personnages?
Non, jamais. Jamais, jamais, jamais.
Des fois, il y en a qui sont formidables
et il y en a qui sont moins.
Dans le sens, c'est des êtres humains
que peut-être je n'aimerais pas rencontrer dans la vie.
Mais j'aime les jouer
parce qu'ils sont dans toute leur complexité
et dans tout leur bagage.
Souvent, nous autres, les acteurs,
quand on creuse un personnage,
on n'a pas envie de le juger
parce qu'on comprend de plus en plus
d'où il vient.
C'est la même chose dans la vie.
Moi, je dis que chacun de nous,
prenons quelqu'un qui nous tombe bien gros ses nerfs.
On en a tous, on est humains.
Mais tu creuses, là.
Tu creuses, tu creuses, tu creuses.
Puis tu veux savoir d'où c'est qu'il vient,
puis pourquoi il a le même,
puis pourquoi il est le même, lui,
puis pourquoi, puis tout à coup, tu fais,
ah, OK, je comprends.
OK, il va peut-être te tomber un peu moins ses nerfs.
En tout cas, tu vas comprendre les sources,
tu sais, les sources de cette personne-là.
Pourquoi comme ça? Ça ne veut pas dire que tu vas avoir
envie de partir en voyage avec,
nécessairement, mais au moins, tu ne seras pas
dans une position, tu ne te braqueras pas
de moi, cette personne-là.
Parce qu'il t'habite, ce personnage-là. Il faut que tu lui fasses une place.
Tu le comprennes.
Tu n'as pas le choix. Comme moi, Marie Lamontagne,
tu vois, moi, au début,
ça m'impatientait
qu'elle parle pas,
qu'elle dise pas ce qui s'est passé.
Je me disais, « God! »
Ça serait facile de le dire.
Elle avait quelque chose
qu'elle avait une source
d'ombre et de souffrance
que moi, j'avais pas.
Je comprenais pas son silence au début.
Je le comprenais intellectuellement,
mais il y avait quelque chose qui bouillonnait en moi.
Je disais, parle, dis-le que ce n'est pas toi qui as tué le bonhomme.
Puis dis-le ce qu'il a fait.
Dis-le qu'il t'a agressé et qu'il a agressé ta fille.
Mais cette femme-là n'était pas rendue là.
Ça, tu vois, c'est le fun, le métier d'acteur,
parce que ça m'a fait apprendre qu'il fallait toujours respecter le rythme
des victimes d'agressions sexuelles
ou d'agressions de toutes sortes.
Toi, t'aurais peut-être réagi de même,
mais elle, non, elle réagit pas comme ça.
Ah, c'est beau, ça.
C'est beau ce que tu dis, parce que t'apprends des choses.
Ah, beaucoup, beaucoup, beaucoup.
À travers les personnages, beaucoup.
Beaucoup.
Tu les intègres, ça devient intrinsèque à toi-même. Oui, oui, oui, beaucoup. Beaucoup, beaucoup. À travers les personnages, beaucoup. Beaucoup. Tu les intègres. Ça devient intrinsèque à toi-même.
Oui. Oui, oui, oui.
Donc, de quoi tu es plus fière? On retient ta persévérance.
Il reste deux autres questions.
Qu'est-ce qui te rend vulnérable ou à quoi aurais-tu dû dire non?
J'ai envie de te demander, qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Je t'assure, tu allais me poser cette question-là.
– Pourquoi?
– Tu me connais trop.
– Mais qu'est-ce qui me rend vulnérable?
Je pense qu'il y a énormément
de choses qui me rend vulnérables.
La souffrance
de ceux que j'aime,
ça, ça me met dans un état de vulnérabilité
incroyable parce que je suis
impuissante.
Je ne peux rien faire. Et ça, ça me met dans un état de vulnérabilité incroyable parce que je suis impuissante. Je ne peux rien faire. Et ça, ça me rend très, très vulnérable.
Dans quel état tulà, bien évidemment pas,
parce que moi, je suis une fille qui veut trouver des solutions,
je veux que ça marche, je veux aider.
Puis quand je le sais que je peux pas en une partie qu'on contrôle pas dans la vie,
ça, ça me fait beaucoup de peine.
Ce qui les rend vulnérables,
une très, très grande méchanceté va me rendre vulnérable, va m'écraser.
C'est quelque chose que je ne comprends pas.
Tu sais, comme par exemple la violence qu'on fait subir à des enfants,
ça me met dans un état de vulnérabilité, on dirait que mon cerveau ne comprend pas,
il ne compute pas
comment on peut faire ça.
Donc, la bêtise humaine,
la méchanceté, ça me rend
vulnérable. Moi, je suis
rendue, peut-être que je suis une vieille madame, mais je suis rendue
que les nouvelles, des fois,
il faut que je change de poste.
Mais les nouvelles sont particulièrement difficiles.
Il y a plein de gens qui font ça, parce que c'est
trop difficile. Surtout, souvent, si c'est en
continu, tu vas les entendre souvent.
C'est ça.
Je regarde ce qu'on vient de passer
dernièrement, avec notre petite
grisette du verglas, dernièrement.
Moi et mon chum, on se disait,
mais t'as rendu compte qu'en Ukraine, ils n'ont pas eu d'hiver?
Ils n'ont pas eu d'électricité, c'est-à-dire
de l'hiver.
Puis peut-être l'autre année d'avant,
parce que ça fait le deuxième hiver.
Oui, on a commencé la deuxième année en février.
C'est ça.
Ils n'ont pas de courant.
Oui.
Ils n'ont rien.
Ça, ça me met dans un état d'impuissance,
de vulnérabilité.
Oui, beaucoup.
Est-ce que tu pleures dans ce moment-là?
Est-ce que tu es plus colérique?
Non, c'est comme...
Ça devient amour?
Ça ne crée pas nécessairement des plaques.
C'est comme une espèce de fatigue.
Il faut que je me recrinque.
Je me dis, bon, let's go.
Bon, il y a ça,
mais il faut continuer, il faut avancer.
Mais oui, c'est comme si ça me vidait.
Puis tu te reconnais moins là-dedans? Oui, totalement. Parce que c'est une si ça me vidait. Puis tu te reconnais moins là-dedans?
Oui, totalement.
Parce que c'est une fille d'action?
C'est ça.
Moi, j'ai l'action qui m'aide à me sortir
d'un état plus dépressif, mettons.
Moi, c'est l'action.
Puis là, c'est un sentiment d'impuissance.
As-tu déjà eu peur dans ta vie
de tomber dans un état dépressif?
Oui. Oui, j-tu déjà eu peur dans ta vie de tomber dans un état dépressif? Oui.
Oui, j'ai déjà eu peur.
Mais j'ai toujours un petit ressort en dedans de moi.
Il n'est pas gros.
Il n'était pas gros à un certain moment de l'année de ma vie.
Mais je sens toujours que l'eau arrête en dessous du nez.
La dépression, c'est ça, je trouve. C'est quand l'eau arrête en dessous du nez. La dépression, c'est ça, je trouve.
C'est quand l'eau a été submergée.
C'est là que tu es dans un état dépressif
et ça doit être extrêmement souffrant.
Mais moi, j'ai eu, comme tout le monde, des souffrances,
mais l'eau n'a jamais dépassé la lèvre supérieure.
Je peux encore respirer.
Pourquoi? À cause de ton entourage?
Oui, sans doute.
Sans doute que l'entourage aime.
Question de tempérament aussi.
Moi, je pense
que j'ai beaucoup de mon père
qui est...
Mon père, on pouvait tous être comme lui.
C'est un bienheureux, tu comprends.
Lui, il y a toujours...
T'avances dans la vie, il y a toujours
une solution. Bon, j'en suis pas là, là, tu sais, moi.
J'ai pas hérité à 100 %, mais j'ai eu cet exemple-là
puis j'ai vu que ça a fonctionné.
Donc, je me dis toujours, ah non, non, non,
ça restera pas de même.
C'est-à-dire que je crois pas à la stagnation des choses.
Tout est en mouvement dans la vie, hein?
Même le malheur.
Fait que le malheur, il finit par passer. C'est dans l'ordre des choses dans la vie. Même le malheur. Le malheur, il finit par passer.
C'est dans l'ordre des choses de la vie.
Tout bouge.
C'est ce qui te donne l'espoir.
Tu te projettes en avant.
Oui, exactement.
Je suis capable de faire.
Ce n'est pas stationnaire, cet état-là.
Ça va bouger.
Ça va tourner.
Ça va basculer
vers autre chose. Ça, j'y crois.
Mais reste que se sentir vulnérable, c'est jamais
une zone confortable. Non. Non, c'est pas
confortable. C'est pas confortable,
mais à quelque part,
on peut pas passer la vie,
traverser la vie sans état de vulnérabilité.
C'est impossible. Non.
Ça fait probablement, nous, des meilleurs humains.
Mais en même temps, se montrer vulnérable
aux autres, ça tisse des liens aussi.
Oui. Quand tu partages
ta vulnérabilité, par exemple, avec ton chum,
avec tes enfants, avec tes amis, ça ne sera pas
avec n'importe quel ami. Ça ne sera pas
avec n'importe quel humain.
Non. Ça, il faut avoir...
Il faut choisir.
Parce que moi, je pense que
étaler sa vulnérabilité à quelqu'un
qui n'est pas capable de l'entendre
ou en tout cas qui n'est pas capable
d'accueillir ça,
ça fait deux fois plus mal à ce moment-là.
Mais il y a toujours des gens
pour accueillir ça.
Il faut choisir le bon moment et les bonnes personnes.
Oui, exact.
On va passer au niveau jaune des cartes.
Tu as les mêmes choses. Tu les brasses.
Tu m'en donnes trois encore. Encore trois jaune des cartes. Tu as les mêmes choses. Tu les brasses. Tu m'en donnes trois encore.
Encore trois.
Les grandes cartes.
Je dirais que je suis un petit bébé qui joue aux cartes.
Ça n'a pas de bon sens.
Oui, c'est vrai qu'elles sont grandes.
Moi, j'aime ça.
Je trouve que ça rend ça plus officiel, on dirait.
C'est parfait.
Bon, trois.
Oui, tu m'en donnes trois.
Alors, on va encore ouvrir ton jeu.
OK. Les yeux fermés. Regarde comment j'aime ça trois. Alors, on va encore ouvrir ton jeu. OK.
Je vais aller les yeux fermés.
Regarde comment j'aime ça.
T'es une joueuse dans la vie?
Non.
Non?
Puis je ne me fais pas tirer aux cartes non plus.
Ah non?
Non.
Tu vois, je pense que j'ai fait ça une couple de fois dans ma vie,
mais je suis trop une tête de cochon, tu sais.
On y va.
Alors, je vais lire les trois cartes jaunes.
Pour être bien avec moi-même, je dois...
Trois petits points.
Jusqu'à présent, quel est le plus grand défi
que tu as surmonté dans ta vie?
OK.
Après ça, la dernière.
Que penserait la jeune Guylaine
de la femme que tu es aujourd'hui?
OK.
La deuxième. Jusqu'à présent, quel est le plus grand défi que tu es aujourd'hui? OK.
La deuxième.
Jusqu'à présent, quel est le plus grand défi que tu as surmonté dans ta vie?
Oui. Ça, tu vois,
j'aurais pu t'en parler tantôt dans la vulnérabilité.
Mon infertilité.
Tu sais, ça a été
mon premier... Bien, pas infertilité
parce que je tombais enceinte,
mais je perdais mes bébés.
Ça, c'était mon premier vrai mur dans la vie.
Mon premier, tu sais, quand tu dis que tu pognes ton Waterloo.
Tu ne l'avais pas vu venir.
Ah, pas du tout.
Parce que toi, à quel moment, est-ce que tu te souviens,
la première fois que tu t'es dit, moi, je veux être mère,
je veux avoir des enfants?
Oui, ça ne s'est pas fait comme trop tôt non plus, mais tu sais, vers 29, 28, moi, je veux être mère. Je veux avoir des enfants. Oui, ça s'est pas fait comme trop tôt non plus,
mais tu sais, vers 29,
28-29, là, ça faisait
trois ans que j'étais sortie du conservatoire,
je faisais tout ce qui est correct,
j'avais mon conjoint à l'époque,
tout ça, on a dit, bon, parfait.
Puis moi, dans ma tête,
à moi, tu sais, moi, je suis
pas malade, je suis en très, très
bonne santé, puis tout le monde me dis. Je suis en très, très bonne santé.
Tout le monde me disait,
Guylaine, elle respire la santé quand elle va vouloir tomber enceinte.
Ça va se faire comme ça.
Tu as intégré ça.
J'ai intégré ça et je me disais,
bien oui, je vais tomber.
Moi, c'était quasiment l'agenda.
Je vais tomber enceinte un mois
et je vais pouvoir faire mon théâtre d'été après.
Tu sais, toutes les espèces
de scénarios qu'on peut se faire
qui sont ridicules, finalement, quand tu t'en rends compte. sais, toutes les espèces de scénarios qu'on peut se faire qui sont ridicules,
finalement, quand tu t'en rends compte.
Puis, première fois, ça marche pas.
Bon, bien là, tu te dis,
ça arrive souvent, là, des filles qui font
des fausses couches la première,
mais là, deux, trois, quatre, tu sais, là...
Tu sais, jusqu'à cinq, la cinquième
était grossesse ectopique.
Là, euh...
Là, je suis allée très basse, dans des états
dépressifs.
L'eau était
vraiment sur le bord de me submerger.
En plus, tu vivais des changements hormonaux?
Oui, mais c'est ça l'affaire, c'est que ton corps
est en changement hormonaux,
puis ta tête ne comprend plus rien.
Puis moi,
à un moment donné,
je suis embarquée dans une espèce de trip
où je me disais, il doit y avoir quelque chose,
une force à quelque part
sur la terre qui sait que je suis trop
une mauvaise personne pour avoir un enfant.
Ça doit être ça.
Il doit y avoir quelque chose à quelque part
qui décide, elle, c'est trop une merde
pour qu'elle puisse se reproduire.
Tu vois, loin dans l'espèce de...
de comme...
de taux flagellation sur toi-même.
Tu te culpabilisais.
Ah, au bout, au bout.
Puis en plus, je culpabilisais pour mes parents.
C'est-tu fou?
Parce que je me disais, je brise la lignée.
Tu sais, moi, je viens d'une famille,
c'est serré, c'est bien important,
puis là, je me disais, tout à coup, pouf, moi, je brise ça. famille, c'est tissé serré, c'est bien important. Je me disais tout à coup,
moi, je brise ça.
Il n'y en aura pas.
Je ne poursuivrai pas la lignée
de façon
génétique.
Je me sentais coupable, coupable, coupable.
C'était incroyable.
Je me disais, je dois être
quelqu'un de dégueulasse.
Parce que si tu as fait une grossesse
ectopique, tu y as cru.
Ah oui, j'y ai cru, j'y ai cru.
Parce que là, tu as eu ton
positif, tu as eu ton plus.
Donc, tu as cru que tu étais enceinte,
qu'il y allait avoir un bébé, que ce n'était pas
un neuf clair ou peu importe comment on appelle ça
ectopique, mais il reste que tu y croyais.
Bien sûr, bien sûr.
Dans quel état ça t'a mis la première fois
que ça a fait un plus?
Bien, la première fois que j'étais enceinte,
bien, j'étais vraiment heureuse, contente, ravie.
Je me souviens, tu sais,
j'étais aux oiseaux, puis...
Mais tu sais, je connaissais... Pour moi, c'était la suite
logique des choses. Je tombe enceinte, je tombe enceinte,
tu comprends. C'est après.
Tu le perds, là, la première... La deuxième fois que tu tombe enceinte, je tombe enceinte. Tu comprends? C'est après. Tu le perds.
La deuxième fois que tu tombes enceinte,
t'es quand même contente, mais il y a un petit
break à bras qui s'est installé. Tu comprends?
Puis là,
tu le perds. Puis là, la troisième fois,
bien là,
t'es enceinte, mais t'es plus
angoissée que contente, presque.
Parce qu'à chaque fois que
t'as une petite crampe
ou quelque chose, tu te dis,
mon Dieu, est-ce que je suis en train de perdre le bébé?
Puis là, moi, je travaillais
beaucoup à travers ça.
Je continuais à jouer,
puis à jouer au théâtre.
Puis là, il faut que
tu y ailles. Nous autres, on est
des travailleurs autonomes. Tu peux pas dire, je rentre pas,
je suis déprimée, j'ai fait une fausse couche, tu comprends.
Puis quand j'ai fait la grossesse ectopique,
je me souviens que...
Je suis rentrée à l'hôpital,
puis je m'en souviendrai toujours,
j'écoutais les nouvelles avant qu'ils viennent me chercher
pour aller en salle d'op.
Puis là, j'entends qu'il y a un enfant
de deux ou trois ans
qui a été retrouvé dans la nuit
à trois heures du matin errant dans les rues de Montréal.
Puis là, les policiers sont arrivés
puis ont dit, mais qu'est-ce que tu fais là?
Puis il dit, bien, je sais pas.
Je suis parti de chez moi,
mais où tu restes?
Mais je sais pas.
En tout cas, les policiers ont fini par retrouver
où il restait, le petit gars, à 11 heures du matin
et les parents n'avaient pas encore signalé.
Et là, là, là, là, j'ai fait,
il n'y a pas de justice sur la Terre, comprends-tu?
Moi, je voulais tant un bébé
et qu'il allait me le faire enlever
parce qu'il n'était pas à la bonne place,
qu'il était dans la trompe au lieu d'être dans l'utérus.
D'un autre côté, il y avait des parents qui ne s'étaient pas aperçus.
Il était rendu à 11 heures le matin, l'enfant était couché depuis 7 heures le soir.
Ils ne s'étaient pas aperçus que le petit était sorti de sa chambre,
qu'il était sorti de la maison, tu comprends.
Puis à 11 heures, il ne s'était toujours pas signalé au policier.
Là, j'ai fait arc.
Ah, c'est pas juste.
J'avais un gros, gros sentiment
d'injustice. Il a fallu que je répare ça.
Il a fallu
que je répare le fait d'en vouloir
à des parents que je trouvais
pas adéquats.
Je comprends, je comprends.
Il fallait que je répare ça.
C'est un deuil, une fausse couche.
C'est un deuil.
C'est un gros deuil.
Les gens peuvent pas soupçonner le mal que ça fait.
Parce que c'est la fin de l'espoir.
Une fausse couche, c'est la fin de l'espoir.
C'est ça ce que ça fait.
Donc, il a fallu que je règle mes problèmes de culpabilité aussi.
Est-ce que tu as consulté pour arriver à ça?
Ah, bien oui.
Bien oui, bien oui.
C'est trop de stock, là, sinon.
C'est trop dur parce que ton conjoint veut bien t'aider, tes amis, ta famille,
mais c'est une peine.
C'est une peine tellement
sourde et intérieure,
une fausse couche, je trouve.
Ça paraît pas dans ta face.
Tu comprends?
Puis les gens à l'extérieur comprennent moins aussi.
Parce qu'ils ont pas vécu ta grossesse,
ils ont pas...
Il y a toujours des phrases justificatives
comme tu vas pouvoir t'en faire un autre.
Il y a toujours des phrases qui arrivent
qu'on n'a pas envie d'entendre non plus.
Non, mais les gens, ils disent ça en toute bonne foi,
bien évidemment, mais c'est pas des phrases qui réparent.
Parce que l'enfant, ton enfant, il est perdu.
Il est perdu.
Donc, moi, je me dis, j'ai cinq petits-anges
à quelque part qui sont là.
C'est beaucoup, cinq fois.
Oui, c'est beaucoup, c'est beaucoup.
J'aurais pu continuer six, sept, huit fois,
mais moi, ma limite était atteinte.
Il faut reconnaître ça à un moment donné.
Quand tes limites sont atteintes,
puis moi, elles étaient atteintes,
j'ai dit, j'arrête.
Tu y penses des fois, tes cinq petits-anges?
Mais jamais maintenant avec tristesse.
Jamais, jamais.
Probablement parce que j'ai mes deux filles maintenant.
Moi, maintenant, je ne m'en souviens pas
qu'ils ont adopté mes enfants Marie-Claude.
Les gens me le rappellent, puis c'est bien sûr
parce qu'ils sont bridés, puis c'est bien évident
qu'ils viennent d'Asie, mais pour moi,
c'est les enfants que je devais avoir.
Point final.
Fait que les petits qui sont partis, mais pour moi, c'est les enfants que je devais avoir. Point final. Fait que, les petits
qui sont partis, je me dis,
bien, écoute,
ils ont servi à ce que ces deux-là arrivent.
C'est comme ça. Pour moi,
son frère et soeur, pareil.
C'est la même lignée.
Ça fait pas de différence.
Puis la lignée génétique,
ce qui me rendait même incoupable,
à un moment donné, il faut écouter ce que les autres même incoupable, un moment donné,
il faut écouter ce que les autres disent des fois, un moment donné,
il y a un acteur
qui me dit,
tu sais, moi, j'ai eu deux enfants biologiques,
Guylaine, puis il dit,
c'est bien sûr que quand ils sortent, plouf,
tu dis, ah, ça, c'est mon nez,
ça, c'est les yeux de la mère.
Ah oui, il a les cheveux frisés
comme moi, c'est ça.
Mais il dit, plus ils vieillissent,
plus ils grandissent, moins ils sont
biologiques. Plus
ils deviennent une entité à part entière.
Fait qu'il dit,
il dit, c'est pas,
c'est une question de temps.
Il dit,
c'est pas ça qui est important,
parce qu'il dit, même s'il me ressemble
c'est quelqu'un de tout à fait différent de moi
qui a d'autres aspirations
puis ça, ça m'avait beaucoup apaisé
ça m'avait beaucoup apaisé
puis j'avais fait bien oui
c'est d'être avec quelqu'un, vivre avec quelqu'un
qui fait que le lien s'installe aussi
Et ça
dans ton show que tu fais
en hommage enage aux chansons
du Vendée-Champs, t'en parles
aussi. Que toi, t'as pas été
comme un papa.
Tu t'expliques ça.
Raconte, parce que c'est tellement beau.
Oui, parce que moi, cette chanson-là me touchait
beaucoup.
Puis j'ai dit, je voudrais la faire en show.
Ils m'ont dit, oui, mais t'es pas un père.
T'es une mère. Je dis, oui, mais mère. Je me suis beaucoup identifiée au père.
Comme eux, je n'ai pas eu la bedaine.
Comme eux, je n'ai pas senti le bébé bouger dans mon ventre.
Comme eux, je n'ai pas accouché.
Je n'ai pas allaité.
Mais j'avais autant le désir que la mère d'avoir ce bébé-là.
Je comprends les pères qui sont un peu décontenancés au début. Quand tu vois arriver ce bébé-là. Donc, je comprends les pères qui sont un peu
décontenancés au début.
Quand tu vois arriver ce bébé-là.
L'analogie est tellement forte.
Oui, pour moi, c'était clair dans ma tête.
C'est pour ça que cette chanson-là me touchait tellement.
Parce qu'il
dit à quelque part,
c'est un petit mot simple.
On ne comprend pas à quel point ça peut être important.
Je suis content qu'un petit bout te regarde
puis te dise « Papa ».
Mais moi, c'était la même affaire pour moi.
Moi, la première fois qu'une de mes filles m'a appelée « Maman »,
j'ai dû me sentir comme les pères qui se font dire « Papa »
pour la première fois.
Mais dès que tu les as eues dans tes bras,
est-ce que c'était clair que c'était tes filles?
C'est plus complexe que ça, je te dirais.
C'était clair que je serais responsable d'elles à vie
et que quoi qu'il arrive, je les défendrais
contre vents et marées.
Ça, en partant, c'était clair
parce que je suis une fille responsable.
L'autre affaire, j'étais gênée au départ de dire « maman ».
C'est François, le père des enfants, au début, qui m'avait dit « Guylaine, arrête de dire « viens me voir ».
Je vais te donner ça. » Il dit, « Tu peux dire, viens voir maman. »
Ou tu sais, « Maman va te préparer ton lait. »
Mais tu sais, les premiers jours,
je te dirais, ça a pris deux semaines
avant que je puisse dire,
« Viens voir maman. »
Parce que je me sentais peut-être imposteur,
tu sais, de faire ça.
Parce que le lien, il n'est pas établi tout de suite, là.
Avec ce bébé-là.
Mais quand la petite a commencé à me sourire,
à me tendre d'elle-même les bras,
j'ai dit, ça y est, là, je peux dire maman.
Là, je peux dire, viens voir maman.
Qu'est-ce que ça change ce jour-là?
Là, ça change tout. Ça donne des ailes.
Là, c'est pas juste, je suis responsable
de cet enfant-là.
Je l'aime. tu sais, je donnerai
ma vie pour elle. Bon,
écoute, ça a été ça. Puis ça a été
plus facile, c'est ça, c'est drôle, parce que je parlais
de ça dernièrement aux filles. C'était
plus facile avec Marie-Ange
d'établir
un lien parce que
je savais ce que c'était
maintenant. Je savais
le torrent d'amour qui m'attendait
en ayant ma deuxième.
Parce qu'avec Juliane, j'étais, comme tu le dis,
timide au départ de dire, je suis ta maman.
C'est la première fois que tu étais maman aussi.
Bien oui, c'est ça, exactement.
Je veux dire, même si tu avais des enfants naturels,
souvent on est plus habile avec ceux qui arrivent
après le premier, parce que le premier
a quand même tout le temps l'impression
qu'on ne fait pas tout à fait la bonne affaire,
on se sent coupable, au moins de replaire.
Toi, tu as dû apprivoiser ça
et tout ça de la deuxième, tu le possédais.
Oui, puis ça a été
vraiment comme un...
Ça a accéléré le processus
d'attachement, le fait que j'ai vécu
une première fois.
Ça a changé quoi dans ta vie avec maman?
Tout, tout, tout.
Je veux dire, tu vois tout avec un oeil différent.
Moi, j'ai toujours dit que j'étais la meilleure actrice
depuis que j'avais des enfants.
Parce que je comprenais dans tout mon corps et mon cœur
ce que c'était le mot abnégation.
On a bien beau comprendre intellectuellement avant,
mais quand tu as des enfants,
tu le comprends
de tout ton être.
Ça a fait de moi une meilleure actrice
parce que j'ai encore
plus d'ouverture à l'autre,
encore plus de compassion,
encore moins de jugement.
Je me donne entièrement.
Ça a transparu dans mon travail, c'est sûr. encore moins de jugement. Puis je me donne entièrement. Donc, ça a
transparu dans mon travail, ça, c'est sûr,
c'est sûr.
Ça met les priorités à bonne place, aussi,
avoir des enfants.
À un moment donné, si tu as un bouton dans le milieu
de la joue, c'est pas ça
qui va prendre toute la place, tu comprends.
C'est...
Tu sais, mon enfant est-il correct?
Est-il en santé?
Ouais, OK. Tu sais, les choses... c'est mon enfant est-il correct est-il en santé ouais ok
les choses
prennent une nouvelle perspective
oui les choses peu essentielles
là ils t'apparaissent en pleine face
quand t'as des enfants
comme tu peux plus jouer à l'actrice
genre ah mon dieu
j'ai joué
des gens me disaient tu dois trouver ça de jouer dans l'unité neuf?
Tu sais, vous vivez beaucoup d'émotions,
puis tout ça.
Je dis, oui, mais moi, quand j'arrive chez nous,
ils ont faim.
Tu comprends?
Mais c'est ça, ça te ramène.
Ben oui.
Ben oui, mais tu sais, c'est quand tu vis une épreuve
puis tu as des enfants.
Les enfants, justement, ils veulent manger.
T'as beau avoir la peine ou peu importe ce que tu vis,
la vie continue.
La vie continue.
Tu sais, le pas d'en avant, là, dont tu parlais, il est là.
L'enfant, il te ramène tout le temps dans ton pas d'en avant.
Tellement, tellement.
Tu n'as pas le choix.
Mais c'était même intéressant de t'entendre
ce que tu as surmonté dans la vie.
Je pense que ça va parler à beaucoup de gens
parce que moi, je trouve qu'à la fausse couche,
c'est même si on en parle plus qu'avant du deuil blanc,
le deuil invisible,
mais il reste que c'est quelque chose qu'on vit seul.
On peut le vivre à deux, évidemment, quand il y Mais il reste que c'est quelque chose qu'on vit seul. On peut le vivre
à deux, évidemment, quand il y a quelqu'un d'autre
dans le couple, mais au niveau du changement
hormonal, il y a quelque chose dans le
corps de la femme qui se passe, qui est
difficile à vivre. – C'est terrible
et c'est drôle à surmonter.
Pour terminer, il ne faut
jamais sous-estimer
la force des hormones.
Puis comment le corps se souvient.
Parce que moi, ça, j'ai jamais parlé de ça à personne,
mais je te fais assez confiance.
Puis je sais que ça va être bien interprété par les gens.
Mais moi, la dernière grossesse
que j'ai eue, l'ectopique,
trois jours après, je jouais au théâtre.
Les médecins, ils ont dit, mais non, tu pourras pas.
Je dis, bien oui, signe-moi un papier.
Moi, le signé, le papier, comment t'appelles ça?
Comme une décharge.
Oui, exactement. Moi, il faut que je sois un rideau vert,
jouer un Goldoni, l'italienne,
bien en forme, bien en santé, bien sexy, blablabla.
Trois jours après, je suis à ma première.
Tout va bien, tout va bien.
Les mois passent, tout va bien.
Alors, je me suis dit, ah, mon Dieu,
c'est bien correct, c'est bien correct.
Il y a un matin, je me réveille
dans un désespoir profond, profond, profond, profond.
Puis je ne comprends pas.
Tout va bien dans ma vie.
Là, je dis à mon chum, je ne sais pas ce que j'ai.
Je ne veux plus être là.
J'ai de la peine.
Je ne comprends pas ce que c'est.
Puis tout à coup, je me suis tournée.
Dans ce temps-là, on avait des cadrans réveil matin avec l'heure et la date.
Et j'ai regardé
et c'est la date que je devais accoucher.
C'est comme
si tout mon corps
se souvenait
de ça. Que ce matin-là,
j'aurais dû donner la vie.
J'aurais dû mettre
un enfant au monde.
Et c'est pour ça que j'ai eu une sensation
de vide, là,
extrême, comme je n'ai plus jamais eu
dans ma vie. Tu vois?
Ça t'a frappé comme un retardement.
Oui, parce que ce que toi,
t'essayes d'endormir avec
du travail, puis tata,
puis on rit, puis on a du fun, puis c'est pas grave,
puis tata, bien le corps, lui,
il a toute la mémoire de toutes tes joies,
mais aussi de toutes tes peines.
Puis je l'ai eu en pleine face.
C'est fou, hein?
Fait que ne mentez-vous pas,
parce que votre corps, il va...
Il va le rattraper.
Il va se rattraper.
La question que je vais te poser
dans les jaunes, tu en avais plus que j'ai trois,
tu en as choisi une, j'en choisis une.
Pour être bien avec moi-même, je dois.
Trois petits points. Pour être bien avec moi-même, je dois. Trois petits points.
Pour être bien avec moi-même,
je suis souvent bien.
C'est ça, l'affaire.
Je suis souvent bien avec moi-même.
Je pense qu'il faut juste que je fasse
les choses que j'aime au moment où je dois les faire.
Ça a l'air niaiseux. C'est pas si simple ce que tu viens de faire. Ça a l'air niaiseux.
C'est pas si simple ce que tu viens de dire.
Ça a l'air niaiseux, mais ça l'est pas.
Tu donnes le droit, puis tu trouves le temps.
Il y a bien des affaires, des fois, justement,
on se met en deuxième, en troisième,
en quatrième.
Oui, c'est ça. Puis on prend ça des fois
comme de l'égoïsme, mais ça en est pas.
Ça en est pas.
Donc, je pense que c'est ça. Quand je suis vraiment bien, c'est que je suis à quelque part, puis je fais quelque chose que j'ai envie de faire à ce moment précis-là. C'est pas si facile.
Mais t'as compris ça à quel moment de ta vie? J'ai été forcée de le comprendre beaucoup à cause du travail que je fais.
Travailleur autonome, on a souvent à choisir
entre faire telle chose ou telle chose.
Ça me jetait dans un trouble profond.
À un moment donné, j'ai fait,
si tu as choisi de faire ce métier-là,
tu vas avoir des choix à faire toute ta vie.
Il faut que tu t'organises pour faire ce que tu veux,
quand tu veux.
Puis dire non, des fois.
Puis faire peut-être la peine, des fois,
dans le sens que les gens voudraient t'avoir, tu dis non.
Mais
on n'est jamais si bien servis que par soi-même.
Tu ne peux pas rendre les autres heureux avant de l'être
toi-même, moi, je pense. Mais on n'a pas été élevés
comme ça.
Non, on se fait passer en dernier.
Donc, tu acceptes de te
choisir pour être bien
et être bien envers les autres aussi.
Tu vois l'effet secondaire de ça.
Tellement, tellement, tellement.
Des fois, Marc-Claude, on entend
des drames horribles
qui se produisent chez des gens.
La première phrase qu'on entend souvent,
mais jamais j'aurais pu penser ça
de cette femme-là ou de ce gars-là.
Comment il a pu faire ça?
Mais moi, je reste assez convaincue
que c'est des gens qui ne se sont jamais choisis
puis qui ont accumulé, accumulé, accumulé,
accumulé, accumulé, puis à un moment donné,
paf, tout explose.
Ils n'ont plus d'assises.
Oui, oui.
Qu'est-ce que tu fais quand tu te choisis?
Qu'est-ce que tu fais quand tu te choisis? Qu'est-ce que je fais?
C'est décider.
C'est ça.
Pour moi, peut-être qu'il y a des gens
qui n'ont pas eu de difficulté jamais
à décider dans ma vie.
Moi, c'est une affaire qui a été pénible dans ma vie.
Choisir, décider.
Parce que je veux tout,
parce que je suis une gourmande.
Mais à un moment donné, il faut choisir. pénible dans ma vie. Choisir, décider. Parce que je veux tout pour que je sois une gourmande, tu sais.
Mais à un moment donné, il faut choisir.
Puis il faut accepter que ça ne fera pas l'affaire de tout le monde.
C'est souvent ce bout-là qui est difficile.
Oh boy, oui. Un commentaire, un regard,
une hésitation d'un autre, ça nous fait reculer.
C'est sûr, c'est sûr.
Fait que moi, ma job, ça a été de dire
non, c'est ça que tu sens, c'est ça que tu veux.
Tu fais ça. Puis tu sais que c'est ça que tu veux. Tu fais ça.
Puis tu sais que c'est payant pour toi.
Bien oui, parce que je suis mieux dans ma peau.
Je ne peux pas faire semblant, moi.
Je n'ai pas ça autant que je peux faire semblant comme actrice,
mais dans la vie, je ne suis pas chatte.
Ah oui, les autres te devinent.
Ah non, écoute, tout me paraît dans la face.
Tout, tout, tout.
Ça, c'est une qualité, mais en même temps,
ça exige de la vérité tout le temps.
Oui, mais la vérité n'est pas toujours le fun.
Elle n'est pas toujours facile à recevoir
ou même à donner à quelqu'un.
Mais moi, je pense que c'est la meilleure solution
pour être bien.
Mais en tout cas, on voit que tu as travaillé sur toi.
Oui, bien, tu sais, moi, l'introspection,
c'est pas fait pour les chiens, hein?
Moi, je me dis toujours, tu sais, des fois,
il y a des gens, ça va pas tout ça.
Je dis, allez voir, allez consulter.
Tu sais, votre auto, là, vous faites des mises au point
trois fois par année pour qu'elle roule mieux,
pour qu'elle fasse pas de bruit,
pour qu'elle fasse pas bling, bling, bling,
quand tu pèses sur le frein.
Nous, notre machine, notre corps, notre esprit,
il y a des gens aussi qui peuvent nous aider pour ça.
Ça t'aide dans la vie, ça?
Oui, ça fait longtemps que je ne suis pas allée,
comme je te dis, parce que là, je n'en ressens pas le besoin.
Parce que tu vas bien.
Mais si j'en ressentais le besoin,
je n'hésiterais jamais à consulter.
Très bon conseil.
Ça t'a tenté de passer aux cartes rouges?
Oui.
Alors, même si c'est vrai,
mais là, tu m'en donnes deux.
Tu les brasses et tu m'en donnes deux
et tu vas en choisir une.
Bon.
Mon Dieu, on dirait qu'elles sont
de plus en plus grosses.
Mais ça va bien à date.
Tu n'as pas encore utilisé ton Joker.
Ah non, je n'y ai même pas pensé.
Tu n'en as même pas pensé.
Non.
Je n'y ai même pas pensé au Joker, tu vois. Non, maisé. Non, j'y ai même pas pensé au joker, tu vois.
Non, mais en même temps, c'est parce que t'es bien.
Oui, oui, au total.
C'est deux, hein?
Deux, oui, exactement.
Je me sens vraiment comme une tireuse de la carte.
Ben oui, ça doit être trippant pour toi, quand même.
Oh, je l'aime la première.
J'ai hâte de voir laquelle tu vas choisir.
Le sexe après 60 ans, c'est...
Trois petits points.
Quelle est la séparation
la plus douloureuse que tu aies connue?
Ça, c'est la deuxième question.
Peut-être que tu as répondu un peu tantôt.
Je vais prendre le sexe.
Le sexe après 60 ans,
premièrement, quand tu as 20 ans,
tu ne penses même pas que du monde de 60 ans
peut avoir de la sexualité. Ça t'écarte, tu vomis presque. À 20 ans, tu ne penses même pas que du monde de 60 ans peut avoir de la sexualité.
Ça t'écarte, tu vomis presque.
À 20 ans, tu vas voir...
Des fois, tu ne peux pas imaginer tes parents.
Ah, que non! Tu te dis, ah, que c'est ça.
Moi, je trouve que ce qui est formidable
chez un être humain, c'est qu'il peut avoir
du sexe à tout âge.
Mais que,
comment je te dirais, plus tu vieillis,
moins tu es dans un souci
de répondre à des statistiques.
Tu sais, moi,
toutes les affaires, combien de fois faites-vous l'amour
par semaine? Est-ce que votre partenaire
régulièrement...
Moi, ça, ça m'emmerde.
Je me dis, voyons, à 60 ans,
Marie-Claude, je serais extrêmement malhonnête
de te dire, moi, c'est cinq fois par semaine.
Tu comprends-tu, là?
Je rentre chez nous, puis ôtez-vous de là.
Tu crois...
Tu me croirais pas. Christian, tu n'as qu'à
bien te tenir. Tu me croirais pas,
je me croirais pas. Tu sais,
personne me croirait. Mais ce qui est
formidable, c'est que c'est là
encore. C'est là encore.
On a un corps encore
à 60 ans. Puis,
même, je te dirais qu'il y a
comme place, probablement,
à comme une nouvelle sexualité,
parce que le temps que les enfants sont jeunes
puis qu'ils sont là,
bien, tu sais, il faut beaucoup
d'imagination pour trouver une place
des fois... Dans leur air. Dans leur air,
oui, avec le métier qu'on a.
N'est-ce pas? Fait que
je trouve qu'il y a peut-être pas
assez de représentation
de gens
sexués et sexuels
à la télé de notre âge, tu sais.
Ça, on voit
rarement ça, là. C'est vrai qu'il manque
de modèles. C'est comme si, à un moment donné,
la vie sexuelle s'effaçait.
Oui, puis que c'est, de temps en temps, ils font l'amour, puis on n'en parle pas trop. Oui, l'amour tendresse, à un moment donné, la vie sexuelle s'effaçait. Oui, parce que c'est... On parle d'amour tendresse.
La mort tendresse, voyons donc.
J'en parlais à Béatrice Picard,
qui avait 80 à un moment donné.
Elle était avec son conjoint, je pense qu'elle a 82-83.
Je parlais d'amour tendresse.
Elle disait, arrête-moi ça, l'amour tendresse.
Là, je me sentais pas bien.
Elle dit, voyons,
on parle d'amour, on faisait de l'amour.
Et là, j'ai dit, bon, même moi, je suis comme,
on dirait dans ma tête qu'il y a quelque chose,
parce qu'on n'en voit pas.
Mais là, 60 ans, c'est très jeune.
Oui, c'est très jeune.
Mais même ça, on en voit moins.
Mais même à ça, on n'en voit pas.
On parle beaucoup de diversité, d'inclusion dans notre monde,
mais trouve-moi des scènes où tu vois vraiment
deux personnes de 60 ans se frencher
à bouche, que veux-tu,
dans une série.
Il n'y en a pas tellement.
35-40 ans, ça se ramasse dans un coin
de l'oeuvre, bing-bang.
Mais 60 ans,
ça se donne des beaux petits baisers.
C'est doux,
c'est des câlins.
Mais voir un couple
que tu sens que le sexe est encore important,
pour eux autres, il n'y a pas beaucoup de représentation.
T'aimerais-tu ça, jouer un rôle comme ça?
Je serais gênée à mort.
Ah oui, tu serais gênée?
Voilà le paradoxe.
Je me disais, pourquoi vous ne m'auriez pas demandé ça à 20 ans?
Je serais très pudique, mais je pense que ça, c'est ma nature.
Pudique? Plus qu'à 20 ans?
Non.
Tu l'aurais été aussi?
Oui, je l'étais aussi à 20 ans,
mais mettons que j'aurais eu moins d'affaires à cacher.
À 20 ans?
Qu'est-ce que tu cacherais, Guylaine Tremblay?
C'est l'épaule physique qu'on a.
Non, mais le corps qui vieillit.
Puis en même temps, je m'haïs de dire ça
parce que j'ai vu le film avec...
Comment il s'appelle, donc?
L'acteur...
Tu sais, là, c'est le père
de celle qui a été assassinée
par son conjoint, qui est actrice aussi.
Ah, merde, comment il s'appelle?
Jean-Louis Trétignant.
Jean-Louis Trétignant, puis l'actrice,
comment elle s'appelait?
En tout cas, ils ont joué un film,
deux vieilles personnes ensemble. T'es voyé au lit, t'es voy elle s'appelait? En tout cas, ils ont joué un film, deux vieilles personnes ensemble.
Tu les voyais au lit, tu les voyais s'embrasser,
se caresser, et j'ai trouvé ça d'une beauté sensationnelle.
Fait que je pense que je pourrais,
mais il faudrait que j'aie extrêmement confiance
au réalisateur, à mon partenaire,
puis que ça soit pas...
Je voudrais pas que ça soit quelque chose de graphique.
Tu sais, genre, je te filme les scènes
juste pour te filmer les scènes. C'est le contraire. Faut que ce soit une vraie scèneique. Tu sais, genre, je te filme les seins juste pour te filmer les seins.
C'est le contraire.
Il faut que ce soit une vraie scène, crédible.
Exactement.
Mais est-ce que, dans ta vie avec ton conjoint,
ton corps te freine à 60 ans?
Non, non, non, pas du tout.
Non, non, non, pas du tout.
Souvent, les femmes vont dire
que ça me freine moins maintenant
qu'il y a 10 ou 20 ans.
Bien, tu sais, je pense qu'en vieillissant,
on se débarrasse aussi de...
On laisse moins de pouvoir au regard des autres sur nous.
C'est sûr qu'à 20 ans, 25 ans,
surtout nous qui sommes dans un métier
où on est désiré par des gens qui veulent travailler avec nous.
C'est très important, le regard des autres sur nous.
Bien, à un moment donné, tu te dis,
bien là, regarde, ça fait pas...
Regarde ailleurs, tu comprends?
On est un peu débarrassés de ça.
Puis moi, ce que je trouve beau de vieillir avec un homme,
c'est que lui aussi vieillit.
Donc, toi aussi, tu l'aimes, ton chum,
dans le corps qu'il avait peut-être pas il y a 20 ans, mais qui est là.
Puis c'est bien correct parce qu'il y a autre chose.
Il y a autre chose. C'est une enveloppe, finalement.
Donc, le sexe après 60 ans, c'est comment?
Moi, je trouve que c'est meilleur d'une manière
parce que débarrasser de toutes ces affaires-là,
de performances, de statistiques,
de mon Dieu, est-ce que je séduis, est-ce que je plais?
Mais je te mentirais de dire
qu'il est aussi fréquent qu'à 20 ans.
Bien, peut-être pour du monde, là.
Mais moi, je trouve que c'est pas dans la fréquence, maintenant,
que c'est important. Quand on le fait, n'est pas dans la fréquence maintenant que c'est important.
Quand on le fait, c'est formidable.
C'est tentant quand on t'écoute à 60 ans?
Oui.
Parce que la libido est toujours présente.
Ça, ça meurt en dernier.
Ma grand-mère, elle disait ça.
Ça meurt en dernier?
Ça meurt en dernier.
Ça meurt en dernier.
Mais ça se transforme.
C'est ça, l'affaire, tu sais.
Autant le petit gars de 15 ans, qu'est-ce que tu veux,
il va voir sa maîtresse d'école passer,
puis elle est bien habillée, bien sexée,
puis il est capable d'avoir une érection.
Tu ne penses pas que le gars de 60, 65, 70
va y arriver si rapidement?
Ou tu sais, ou peut-être aussi, je ne sais pas.
Ça se transforme.
C'est comme une sexualité de 60 ans
et plus, parce qu'on parle des plus.
C'est comme plus complet.
C'est moins...
C'est moins l'acte, c'est ça,
que tout un ensemble d'affaires.
Puis est-ce que ça se fait...
Est-ce que tu as plus de temps?
Genre, tu peux faire l'amour quand tu veux.
Ça peut durer le temps que tu veux.
Il y a une liberté qui arrive aussi.
Il y a une liberté.
Puis si, admettons, tu ne le fais pas,
tu ne te sens pas coupable.
Moi, je mets au défi n'importe quelle fille ou gars,
dans la vingtaine ou dans la trentaine,
de me dire,
moi, j'ai jamais fait semblant que ça me tentait.
Moi, je l'ai fait dans la vingtaine.
Faire semblant que je voulais faire l'amour,
puis ça me tentait pas tant que ça, finalement, ce soir-là.
Mais à 60 ans, ça te dérange pas.
Parce que ton lien est plus complet.
Si ça te tente pas, c'est pas grave.
C'est pas grave! Tu le nommes. C'est ça. Alors qu'à 20 ans, bien, t'es plus insécure, te tente pas, c'est pas grave. C'est pas grave!
Tu le nommes.
C'est ça. Alors qu'à 20 ans, t'es plus insécure.
On est censé le faire.
Ouais, c'est ça. Sinon, il va penser peut-être que moi,
je veux plus être avec ou que je l'aime moins
ou que je le trouve moins cool.
Moi, je suis débarrassée de tout ça.
Ouais. C'est une belle affaire.
Ouais. Fait que, let's go.
Béatrice avait bien raison.
Elle en voulait pas pantoufler.
Je parle de l'amour tendresse.
Je la trouve ça vraiment formateur pour moi.
Oui.
C'est comme si j'avais déjà un jugement dans ma question.
Oui, oui, oui, mais sans le vouloir.
Mais sans le vouloir, exactement.
Parce que je ne voulais pas être trop brusque.
Et c'est elle qui a dit, ben voyons.
Ah, c'est drôle.
Alors, je trouvais ça intéressant.
C'est drôle.
Est-ce que tu es prête à aller dans
les cartes mauves?
Alors là, tu vas pouvoir me poser une question
après. Ah, c'est vrai? Oui.
Là, tu en choisis une.
Tu me la donnes et je te la pose directement.
Puis après, tu me poses n'importe quelle question.
Ce n'est pas une question sur un carton.
Donc, tu m'en donnes une.
Je ne te donnerai quand même pas
toute. Non, juste une.
Ah!
La lampe d'Aladin existe.
Quels sont tes trois vœux?
Oh mon Dieu!
Si tu m'avais dit tes trois millions de vœux,
j'aurais été contente.
Non, mais cette question-là,
c'est quelque chose de répondre à ça.
Oui. Mes trois millions de répondre à ça.
Mais 3 millions de vues.
3!
Je ne veux pas que ce soit juste 3.
Mais 3.
La santé pour tous ceux que j'aime.
Moi y compris.
Avoir la possibilité de voyager dans le temps.
Pourquoi?
Pour aller revoir du monde,
pour comprendre des événements
que je ne comprends pas.
Tu sais, aller revoir ma grand-mère
quand elle avait 12 ans, mettons.
C'était qui, cette petite fille-là?
Aller me ramasser à Paris
le jour de la libération.
C'était comment? Comment ça s'est passé?
Voir ici Jacques Cartier, pauvre innocent,
qui pensait qu'il s'en venait aux Indes!
Qui s'est garagé aussi!
Non, mais je blague, mais cette possibilité-là
d'aller comme de revoyager dans l'histoire,
oh mon Dieu, ça doit être incroyable.
Tu dirais quoi à ta grand-mère si tu pouvais la revoir?
Ah bien,
j'y demanderais de
venir rencontrer mes enfants tout de suite parce que ça,
c'était une peine, une grande peine
pour moi qu'elles ne connaissent pas mes enfants.
Parce que tu dormais
avec ta grand-mère, c'est-à-dire que tu avais un lien
de proximité incroyable.
Oui, on était dans la même chambre jusqu'à l'âge de 16 ans.
Donc, c'était ma body, c'était ma bestie.
Donc, c'est ça.
Puis, j'ai dû péter mes trois.
Non, t'en manquais un.
Oh my God!
Trois.
Trois, trois, trois, trois.
Eh mon Dieu, écoute, ça va paraître niaiseux
parce que tantôt,
je te disais 3 millions,
mais là, la santé pour tous,
tous ceux que j'aime,
voyager dans le temps...
Eh mon Dieu, que c'est dur.
Parce que, tu sais, avant,
j'aurais dit la vie éternelle.
Mais là, non.
Pourquoi?
Bien, parce qu'il faut que les choses finissent
pour qu'il y en ait d'autres qui commencent.
À quel moment tu as réalisé ça?
Bien, quand tu vois des gens autour de toi vieillir,
beaucoup, tu sais.
À un moment donné, tu te dis que c'est une machine, le corps. À un moment donné,
il faut que
la vie s'arrête.
Parce qu'il n'y a plus de qualité de vie.
Si la vie éternelle,
oui, si on restait comme toi et moi,
là, présentement,
ça ne sera pas ça.
Non.
Tes parents sont encore vivants.
Est-ce que ça te fait peur, ça?
Énormément.
Énormément.
Ça, tu vois, c'est quelque chose
sur lequel il faut que je travaille,
mais encore, je me dis,
est-ce que ça se travaille tant que ça
ou bien qu'on...
Je ne sais pas.
Mais tu sais, des fois,
quand je pense qu'ils ne seront plus là,
ça me donne un grand, grand, grand vertige.
Il faut que j'arrête de penser
parce que ça me donne vraiment le vertige.
Tu sais, puis en même temps, je me dis,
mais c'est dans l'ordre des choses.
Mais ça n'enlève pas le manque.
Mais ça n'enlève pas le manque.
Je sais que tu l'as vécu dernièrement.
Peut-on se préparer réellement à ce départ-là?
Non, je ne pense pas.
On ne peut pas soupçonner.
Mais est-ce que tu...
Comme tu sens que les moments sont de plus en plus
précieux en termes de temps,
est-ce que tu profites de chaque moment?
Tout. Tout, tout, tout.
Ils sont en forme, tu sais.
Fait que je m'en voyage avec eux autres.
Je suis descendue les voir pour Pâques, Cabanasseux.
Moi, je me dis, moi, j'accumule des souvenirs.
J'accumule, j'accumule, puis j'en accumule
pour mes enfants aussi.
Donc, c'est sûr que
si je savais que la machine,
le corps resterait
à peu près intact, je dirais,
« Hey, on meurt pas, nous autres, OK?
Ça va être fini, cette affaire-là. On passe plus à ça. »
Mais ça sera pas ça.
En quoi tu te reconnais dans tes parents?
Leur humour,
leur vivacité,
leur courage aussi.
C'est des gens courageux.
Ils m'ont transmis ça, je pense.
Puis leur caractère.
Ça ne passe pas par
10 000 détours
pour dire les choses.
Je pense que j'ai
beaucoup ça d'eux, mais leur grand cœur
aussi. Ils ont des grands cœurs.
Ils sont fins, des bons.
C'est du bon monde. Donc, il te manque un vœu.
Hé, merde, je sais pas quoi.
Juste que...
Que mes enfants soient heureux.
Que mes enfants soient heureux.
Puis la petite Amélia, ma petite nouvelle.
Oui, tu n'as pas parlé encore.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu.
Écoute, mon téléphone...
À chaque fois que je veux faire quelque chose,
c'est marqué, nous ne pouvons plus
stocker n'importe quoi.
Quelqu'un m'a dit, regarde le nombre
de photos que tu as d'Amélia.
T'inquiète.
Elle a quel âge, l'Amélia?
Elle a sept mois.
Écoute, on l'a amenée à la cabane à sucre,
justement, en fin de semaine.
C'était sa première cabane à sucre à vie.
Écoute, on était peut-être 30 de ma famille.
Quand elle est rentrée,
tout le monde s'est mis à applaudir
puis à crier.
Écoute, le monde était fou de joie.
Fait qu'on était en amour, là.
Grave, grave, grave, là.
C'est grave, là.
Ça, c'est capoté.
Ça, c'est un genre d'amour qui est insoupçonné.
Comment tu vis ça au quotidien?
Moi, j'aime ça. Qu'est-ce que tu veux?
Juliane, je l'oblige presque à m'envoyer une photo
tous les jours, un petit vidéo,
parce que je trouve tellement que ça change vite.
Ce matin, j'ai reçu mon petite vidéo
du jour.
Est-ce que tu as eu peur
de prendre trop de place
comme grand-mère? Non, parce que
ma fille me le dirait.
Ah bon, ça au moment,
mais ça c'est sécurisant, je trouve.
C'est pour ça que...
Tu peux avancer et à un moment donné, elle va me le dire.
Oui, ça j'ai confiance en Juliane.
Elle pourrait me le dire, puis Juliane,
elle a cette capacité-là de dire sans blesser.
Elle dirait, bien là, maman...
Je suis quand même maintenant...
Elle m'a même dit,
si j'étais plus riche, je te construirais une chambre
pour que tu viennes rester.
Donc, c'est mon signe.
Puis est-ce que ça t'a fait vieillir d'être grand-mère?
Non, au contraire, je trouve.
Bien non, parce que tu redécouvres
avec cet enfant-là.
Ah, mon Dieu, c'est vrai,
ce tissu-là, c'est doux,
parce que tu la vois qui souffre de son petit nez.
Puis tu veux être en santé, j'imagine,
pour la voir grandir.
Avoir des petits-enfants, je trouve que c'est au contraire.
Ça te redonne une jeunesse incroyable.
Est-ce que tu as une question que tu veux me poser, Guylaine?
Oh, my God! J'en aurais des millions, elle est forte!
OK. Moi, je te trouve extrêmement belle, OK?
Mais tu ne corresponds pas au standard de la fille mince.
Non, pas du tout.
Comment tu as fait
pour traverser ça toute ta vie?
Jamais on ne pense à toi
en disant
que tu es belle,
que tu es délicieuse,
que tu as fait toute une carrière télévisuelle
de même.
Moi, je veux savoir
comment tu as dealé avec ça. Comment tu, je veux savoir comment t'as dealé
avec ça?
Comment t'as fait ça?
Comment j'ai dealé avec ça?
Je te dirais que je laisse pas
rentrer les gens dans cette zone-là,
premièrement, parce que...
Je vais s'être écartée que je t'ai posé la question.
Ah non, non, pas en tout. Je vais te répondre de quoi.
Tu vas voir, parce que je trouve que,
mettons, si tu me vois, il y a aucune hypocrisie.
Tu le vois, c'est là. Fait que des fois, je me demande pourquoi il faut que je le n, mettons, si tu me vois, il n'y a aucune hypocrisie. Tu le vois, c'est là.
Des fois, je me demande pourquoi
il faut que je le nomme. Parce que moi, j'ai des amis
qui sont ronds,
puis qui n'arrêtent pas d'en parler.
Nous autres, les plus gros.
Puis moi, je me dis,
on va-tu s'auto-flageller
entre nous? Tu comprends?
Moi, j'aime beaucoup
l'inclusion des gens et je trouve
que des fois, les gens
s'auto-excluent aussi
en ne parlant que de ça.
Mais je ne te dis pas que je n'en parle pas.
Je l'assume. Moi, j'en ai
parlé avec mes enfants. À un moment donné,
quand tu as un corps différent, des fois,
il y a des enjeux qui viennent avec ça aussi.
Mais moi,
je n'ai pas toujours eu un surpoids non plus.
Moi, j'ai connu les deux. Tu comprends?
C'est pas mal après la naissance
de ma fille, je dirais,
qu'il s'est passé de quoi avec mon corps.
J'avais l'impression que j'étais gonflée à l'hélium.
Fait que j'ai connu les deux.
Mais en même temps,
c'est drôle parce qu'on dirait que je suis bien
avec ça.
Parce que je pense aussi que ça fait du bien à
d'autres femmes, entre autres,
de voir qu'on peut
faire ce qu'on veut.
On peut aussi s'habiller comme on veut.
On peut prendre
la parole. On n'a pas à se
cacher. Parce qu'il y a des gens qui ont
plein d'affaires, mais on ne les voit pas.
Ils se camouflent. Je trouve que le poids,
il y a un avantage, c'est que tu ne te camoufles pas.
Tu comprends?
What you see is what you get.
Mais
moi, je me suis faite reprocher
par des amis qui étaient plus rondes
de ne pas assez en parler.
Comme il aurait voulu que tu sois une espèce de
porte-parole.
Et moi, j'en parle pas.
Je ne ferais pas par express. Si quelqu'un m'en parle,
je vais en parler.
Mais je trouve qu'après ça,
c'est qu'on n'arrête plus de parler de ça.
Tu comprends?
– C'est comme si ça formait un ghetto.
Tout à coup.
– Oui, oui, oui, tout à fait.
– On est autre chose que notre corps.
Peu importe le format.
– C'est parce que c'est mettre
le spotlight tout le temps à la même place
tu peux pas tout le temps faire ça
tu peux pas non plus dans toutes les phrases
rappeler, les gens ils te voient
ou encore manger
pis dire ah mais là il y a trop de calories
tu sais à un moment donné moi je me dis
tu te mets une assiette devant toi
ben tu l'honores
tu comprends, tu vas chez quelqu'un
ah non non moi ton dessert Moi, ça m'a
toujours bien énervée, tout ça.
Des fois, quand
t'as plus, t'as un surpoids, c'est comme
si
t'étais cochonne, dans le sens que tu
vas manger plus que la moindre. Et moi, je me suis
toujours refusée. Même si
des fois, je me disais, les gens doivent dire, « Ah, ça mange ça. »
On sait bien, c'est sûr, mais
je me suis dit, non, il faut pas que
j'embarque dans la tête des gens.
Il faut pas que... Tu sais, le pire,
c'est quand on est en politique, parce que je trouve
qu'en télé, c'est moi.
Tu sais, c'est... Je suis pas
en train d'essayer
de plaire
ou d'avoir des militants qui, pour eux,
c'est important, le couple,
qui veut se faire élire.
Et ça, en politique, ça m'a beaucoup plus dérangée.
Ah oui, c'est vrai.
Ah oui, vraiment.
Parce que, tu sais, ça dérangeait d'autres personnes.
Tu comprends?
Quand tu sais que ton corps dérange,
moi, ma question, c'est est-ce que mon corps vous dérange?
On est-tu vraiment rendu là?
Quand tu poses la question à quelqu'un,
est-ce que mon corps te dérange,
il y a un malaise qui s'installe.
Parce que je me disais, ça, ça m'appartient.
Ce n'est pas de vos affaires.
Je me souviens, à un moment donné,
il y avait une styliste qui avait été engagée.
C'était quasiment si je m'habillais en habit de camouflage.
Pour disparaître le plus possible.
Ben, ça y est, défaissée.
Et puis là, c'est parce que tu n'y arriveras pas.
Tu comprends? Je veux dire, tu n'y arriveras pas, tu comprends.
Je veux dire, je ne me mettrais pas,
je ne veux pas dire,
quasiment une burqa pour disparaître,
tu comprends. Moi, il a fallu vraiment que j'affirme, dire je suis
qui je suis, puis je ne vais pas
me camoufler. Tu sais, moi, j'ai toujours
beaucoup pris
de la place avec mes opinions,
et j'en prenais, j'en prends aussi
avec mon corps, j'en prends avec ma voix.
Je me trouve très entière.
C'est pour ça que je porte toujours...
C'est pour ça qu'on t'aime aussi.
C'est pour ça que j'arrive assez sobrement.
Je trouve que je prends tellement de place de toutes les manières
que je n'ai pas besoin, tu comprends-tu?
Pas besoin d'arriver avec plein de
flof-lof. Je trouve que déjà, des fois,
moi, je me tape ces neiges.
Voyons, pourquoi tu parles aussi fort?
Pourquoi tu parles autant? Pourquoi?
Mais, tu sais, moi, j'ai eu beaucoup de témoignages
de femmes, puis de jeunes femmes.
Ça me fait du bien de voir dans ma télé,
parce qu'on n'en voit pas assez.
Tu sais, on voit des modèles standards.
Puis moi, j'ai été...
Tu sais, d'arriver à la télé, je peux-tu dire
que je ne m'attendais pas à être là un jour.
C'est vrai, c'était pas dans ton parcours, là. Bien été... Tu sais, d'arriver à la télé, je peux te dire que je ne m'attendais pas à être là un jour. C'est vrai, ce n'était pas dans ton parcours.
Pas en tout. Moi, j'ai étudié en économie. Je suis une gestionnaire de formation.
J'ai beaucoup été dans le milieu culturel, la gestion culturelle, mais pas...
Tu sais, je n'étais pas devant la caméra. On dirait que je n'ai jamais voulu aller là.
Et il y a beaucoup de choses qui m'ont amenée là, tu là, où je donnais déjà des conférences sur le financement
dans le milieu culturel.
J'animais des événements. En politique,
j'animais beaucoup de choses. Mais la télé,
je pense que déjà,
physiquement, je n'y ai jamais pensé.
Puis avec le physique, je me disais,
moi, je ne correspond à aucun standard.
Quand ils m'ont approchée
pour faire de la télé,
je n'y ai même pas pensé à mon physique, là.
Je me dis, eux autres, ils y croient, ils voient quelque chose.
Moi, je suis comme ça dans la vie.
Je suis très enthousiaste.
Fait que si quelqu'un, je te vois faire ça,
si j'embarque, c'est fini, là.
Il n'y a plus aucune barrière, je ne me pose plus
de questions, je me lance.
Moi, je n'ai pas peur de l'échec.
Si ça ne marche pas, regarde, l'heure est faite
puis c'est fini. C'est temps qu'on n'est pas en danger
de mort. Fait que j'ai foncé,
puis je ne nourris
pas beaucoup non plus les commentaires.
Il y en a qui m'ont fait des commentaires en partant.
La grosse, qu'est-ce que tu fais là? Va donc
te cacher. Tu devrais arrêter de manger.
Mais moi, ça ne m'atteint pas, honnêtement.
Ça ne m'atteint pas. Je pense que ça,
je suis bien faite pour ça.
Parce que ça ne m'atteint pas. Parce que tu es en grande faite pour ça. Parce que ça ne m'atteint pas.
Parce que tu es en grande santé mentale.
Si ça m'atteignait, j'aurais arrêté, c'est sûr.
Tu n'as jamais eu de pression
de certains employeurs ou de collègues
pour dire que ce serait le fun,
que ce serait un petit régime.
Je pense que je ne laisse pas de place à ça, Guylaine.
Je pense qu'il faut qu'ils me confrontent.
Oui.
C'est-à-dire que quelqu'un qui est très fragile à ça,
on dirait que les gens vont s'en permettre plus.
Plus, c'est vrai.
Ils vont y rappeler plus.
Ils vont...
Si moi, quelqu'un qui me parle de ces régimes,
déjà, ça m'embête.
Je trouve ça plate.
Je trouve qu'un régime, ça nous appartient.
C'est une non-conversation.
Ça nous appartient.
Tu mets-tu ton corps en carence alimentaire? Si oui,, ça nous appartient. C'est une non-conversation. Ça nous appartient. Tu mets-tu ton corps
en carence alimentaire?
Si oui, ça t'appartient.
Il y a quelque chose qui m'a beaucoup parlé.
J'aime beaucoup Bernard Lavallée, le nutritionniste
urbain. Il s'appelle nutritionniste urbain.
Lui parle de
satiété. C'est beaucoup là-dessus
que j'ai commencé à travailler, peut-être depuis un an,
un an et demi, assez de reconnaître
ma satiété. Je ne suis pas une outre-mangeuse.
Je ne me suis... Tu sais, je n'ai pas de
troubles alimentaires. Je pense
juste que je suis une bonne vivante
puis je mange et je ne bouge
pas assez. Tu sais, il y a comme un...
Probablement que si j'étais plus équilibrée,
mais là, je pense qu'avec tout ce qui s'est passé, je vais
m'en aller vers quelque chose de plus sain
pour mon corps. Mais
il reste que là, je suis vraiment dans
ma satiété. Puis ça change les choses.
– Tu veux dire la reconnaître? – La reconnaître,
je pense, c'est mon enjeu,
moi, c'est ça. – Ah, oui, oui, oui.
– Tu sais, le sentir pleine, là,
pas obligé de ça.
Mais tu sais, Bernard Lavallée, il disait
c'est qu'on est tellement en abondance qu'on a
oublié qu'on a une satiété. Ça fait que je me disais,
moi, tous les régimes, ça m'emmerde complètement,
mais reconnaître ma satiété,
puis on verra où mon corps va me mener.
Moi, dans le fond, j'écoute mon corps.
Je pense qu'avec
ce que je fais, maintenant,
je pratique beaucoup le jeûne intermittent.
Ça a changé de quoi? Ça m'a donné de l'énergie.
Puis je vais voir ce que ça donne.
Mais je suis comme dans une période
de dégonflage.
Bizarre à dire.
Oui, tu as perdu du poids.
Je me demandais si c'était... Je me suis dit, es-tu au régime?
Non, je l'écoute.
Je te dis, Bernard Lavallée a débloqué.
Moi, je suis une gamer dans la vie.
Il a débloqué un niveau avec moi
en parlant de satiété.
Je me dis, ça, c'est intéressant de dire,
c'est drôle parce qu'à la maison, je fais tout le temps,
ma satiété me dit que c'est fini,
parce que j'en remangerais.
Tu comprends, mais je n'ai plus faim.
Ce que ça fait, c'est que je me sens bien
après avoir mangé.
Je suis en train de récupérer de l'énergie.
Il y a comme quelque chose,
avec le Dr Junot qui m'a parlé beaucoup
du jeûne intermittent,
tous les bienfaits sur le corps,
j'ai lu là-dessus.
Puis je me dis, OK, il faut que je le voie comme plus
biologique
que... C'est pas un régime.
Si t'as faim, tu manges.
Parce que régime, ça veut dire privation.
Ça m'emmerde.
Quel humain a envie
de volontairement se priver?
Puis moi, tu sais, je prône
tellement la liberté
que le régime,
puis on le sait, tout le monde l'a dit,
si tu te mets au régime, quand tu vas te remettre
en graissé, des fois, tu t'engraisses plus.
Il y a plein de...
Il y a déjà quelqu'un quand même
qui m'avait parlé de la chirurgie bariatrique,
quelqu'un proche de moi.
Comment t'avais réagi?
En fait, je pensais qu'elle parlait de ça
sans s'adresser à moi personnellement
tu vois comment je me sentais pas
concernée par ça
parce que pour moi ça
c'est un gros statement
pour moi la chirurgie bariatrique
je pense que si mon médecin
me disait t'es en danger de mort
c'est pas le cas du tout avec moi
mais peut-être que oui dans le fond ça existe
beaucoup aussi pour ces gens-là que le poids peut les tuer oui absolument, mais ça c'est pas le cas du tout avec moi, mais peut-être que oui, tu sais, dans le fond, ça existe beaucoup aussi pour ces gens-là
que le poids peut les tuer. Fait que là, tu dis...
Oui, mais ça, c'est quand t'es rendu à une extrême.
C'est ça, mais y aller... Ah non! Non, non, mais tu sais,
je me suis dit, ah oui, moi, ben non, ben non,
ben non, parce que je...
La privation, je vais mourir, là.
Moi, je peux pas être privée.
Ben non, mais c'est impossible. Aucun humain veut ça.
Non. Dans la vie, là,
est-ce que par moment, on se dit, moi, je choisis
de me priver dans la vie.
Au contraire, un être humain, il veut.
Non, c'est ça.
Il veut des choses. Il ne veut pas être en privation.
Parce que ceux qui font ce choix-là, ça va.
Moi, si j'avais été obligée de faire ce choix-là,
j'aurais eu une thérapie avant.
Je veux dire, je n'aurais pas pu me lancer
dans une intervention
avec autant de conséquences,
parce que ça a des conséquences après sur ta vie sociale,
sur un paquet de choses.
Ça fait que j'aurais fallu vraiment, je me lance.
Mais comme je n'ai jamais senti que j'avais un problème,
tu vois, peut-être que quelqu'un a dit,
« Tu as un problème, mais moi, je ne l'ai jamais senti. »
Parce que tu n'en as pas.
Moi, je suis bien.
C'est ça.
Moi, je suis bien.
J'aime faire à manger, j'aime manger,
j'aime recevoir les gens. Mais par contre, je te dirais que jest ça. Moi, je suis bien. J'aime faire à manger. J'aime manger. J'aime recevoir les gens.
Mais par contre, je te dirais que j'ai perdu un peu de poids
et ça me donne plus de mobilité.
Et ça, j'aime ça.
Tu comprends?
Parce que tu veux voyager.
Tu veux faire toutes sortes d'affaires.
Oui, oui.
Oui, fait que là, tu sais, mon tapis roulant m'interpelle plus, mettons.
Oui, oui, oui, je comprends.
J'ai hâte de refaire du kayak.
Moi, j'aime faire du kayak.
Je trouve que c'est plus facile de faire du kayak.
Ça, pour moi,
c'est des arguments intéressants.
Mais tu vois, tout ça
est dans une optique de prendre soin de soi.
Oui.
Dans une démarche de bien-être.
Ce n'est pas dans une démarche esthétique.
C'est dans une démarche de bien-être.
Et ça n'est jamais pour plaire aux autres. C'est pas dans une démarche esthétique, c'est dans une démarche de bien-être. Et ça n'est jamais pour
plaire aux autres. C'est ça.
Ça, c'est terrible.
C'est terrible. Quelqu'un qui veut manger de quoi
et il se sent coupable, pas pour lui, pour les autres
qui le regardent, ça se peut pas.
Tu sais, quand on parle de grossophobie,
tu sais, la grossophobie, c'est juste
foutre la paix aux autres. Tu sais, à quelque part,
c'est... Laissez donc vivre les gens.
Puis tu sais, quelqu'un qui est en surpoids,
il le sait en tabarouette
qu'il est en surpoids.
Laissons-le vivre.
En politique, j'en entendais
des fois des commentaires sur moi.
Je suis contente
parce que ça ne venait pas me chercher,
mais je me disais juste,
les gens ont le jugement facile.
Tellement.
Tu comprends?
C'est comme si je m'assoyais chez moi le soir
et je mangeais.
Oui, c'est comme si toi, tu t'assoyais le soir
avec une douzaine de beignes au miel.
Oui, oui.
C'est ça qu'a fait toi le soir.
Oui.
Ce que je trouve le plus difficile, je te dirais,
c'est s'habiller.
Oui.
Ça s'est amélioré, non?
Oui et non.
Oui, là, tu sais, il y a plein de temps,
il y a plusieurs boutiques, puis tu sais, il faut avoir cette curiosité-là
aussi, parce qu'il y a bien
des femmes qui sont gênées d'aller
dans les magasins puis demander
« Coudonc, avez-vous juste une grandeur plus grande? »
À un moment donné, moi, j'avais tout le temps...
Il y a une boutique que j'aime beaucoup, j'y vais souvent.
Puis l'autre fois, j'étais à Québec, dans cette boutique-là Puis la vendeuse, elle vient voir. Elle dit, « Madame Barrette, là maintenant, sur les racks, on l'a jusqu'à 14 ans. Si vous avez besoin de 16, 18 ou 20, il faut le demander. » Parce qu'ils ne trouvaient pas ça beau sur les présentoirs. Je ne savais pas quoi dire. J'étais, ok, ils cachent les grandeurs. Bien, elle a dit
oui, bien, oui. Bien, j'ai dit, et là,
tu imagines,
ça, ça m'écœure.
Ça veut dire que si tu rentres dans la boutique,
si tu ne sais pas qu'ils sont cachés,
tu ne demandes pas la grandeur.
Ou il y en a qui ont juste les plus grandes grandeurs en ligne.
Ils n'ont pas en magasin.
Ah, ils n'ont même pas en boutique.
Non, puis tu as des magasins
que c'est dans le fond complètement. Ça existe.
Glenn, je le sais. Moi, je m'habille
dans ces grandeurs-là.
Je suis capable aussi maintenant d'aller
chez Simon. Je vais être avec toutes les autres
grandeurs parce qu'ils sont comme en vraie grandeur
américaine. Tu comprends? Mais il y a des boutiques
un extra large. Je veux dire,
je n'y pense pas.
Il y en a d'autres. Ça va être correct. Ça dépend. Mais il reste qu' il y a des boutiques, un extra large, je veux dire, je pense pas, là, tu sais,
puis il y en a d'autres, ça va être correct.
Ça fait que ça dépend, mais il reste qu'il y a un... Ça, je trouve ça inacceptable.
Ça fait que si t'as déjà un problème avec ton corps,
la grandeur que t'habilles, t'es gênée,
bien, t'es mal pris présentement.
Puis il y a bien des jeunes dans cette situation-là.
Oui, c'est sûr, mais oui.
Et moi, ça m'écœure.
Tu sais, c'est sûr que des fois, on va dire comme H&M,
peut-être pas Zara, mais en tout cas H&M,
H&M, en fait,
ils habillent plus grand.
Je me disais, au moins pour les jeunes,
ils ont quand même des magasins,
mais il n'y en a pas tant que ça.
On devrait arrêter de camoufler.
On devrait mettre ces vêtements-là partout.
C'est terrible parce que,
j'ignorais ça.
Tu me l'apprends.
Écoute, t'es pas bien dans ta peau.
T'as 15 ans.
Tu vas magasiner.
Puis on te dit, la grandeur que tu portes,
on la met pas sur le plancher.
Mais oui!
Parce que c'est laid.
C'est terrible.
Puis tu sais, moi, j'ai travaillé avec des stylistes.
Des fois, bon, j'ai travaillé avec des stylistes sur une base permanente.
Puis ça, écoute, tu sais, moi, au début,
je me disais, mon Dieu, quand ils vont voir mon corps.
Mais écoute, il y en a qui sont extraordinaires. Des bons stylistes. Mais j'en ai eu des fois. sur une base permanente. Moi, au début, je me disais, mon Dieu, quand ils vont voir mon corps, mais
il y en a qui sont extraordinaires.
Des bons stylistes. Mais j'en ai eu des fois,
c'est juste pour une session de photos, c'est un styliste
que tu ne connais pas, qui vient avec le magazine
ou peu importe. Moi, j'en ai eu une à un moment donné.
Je pense que ça avait pu
m'apporter sa tante.
Elle l'aurait faite. Écoute,
les vêtements, elle n'avait même pas regardé
les grandeurs. Elle m'a dit, j'ai pris ce qu'il y avait de plus grand.
Ah, mon Dieu! Là, j'ai essayé les vêtements.
C'était presque lourd, tellement
que j'étais là, mais il y a tombé du tissu.
C'est incroyable. J'avais plus de
forme, j'avais plus rien. Je me souviens, il y a
une séance photo que j'ai faite annuler.
Je ne veux jamais voir ces photos-là.
Je veux dire, c'est quoi cette affaire-là?
Bien, j'ai peut-être pas
la taille idéale, mais j'ai quand même un corps avec des formes.
J'ai quand même des seins.
Mais t'es magnifique.
Mais un bon styliste, une bonne styliste
travaille avec le corps qu'il a et le magnifie.
Moi, je connais mon corps.
Moi, je sais ce qui me va pas.
Je sais ce qui me va.
Mais je me trouve belle, Guylaine.
Tu comprends?
T'as bien raison.
Puis il y a des matins, il me trouvait dans mon tadi.
Comme tout le monde. Mais comme tout le monde. Même si tu faisais. – Puis il y a des matins, il me trouvait dans mon ta-dit. – Comme tout le monde.
– Mais comme tout le monde. – Même si tu faisais 110 livres,
il y aurait des matins que tu trouverais l'aide.
– Exactement. Fait que c'est ça.
Fait que tu sais, j'essaie de pas toujours
parler de ça parce que je trouve que c'est donné
trop d'importance à quelque chose qui en a pas tant
dans ma vie. Mais je suis là,
les gens me voient, et je trouve
que juste ça... – C'est important.
– Ça disait à des gens, bien, bien, regarde, même si je suis ronde, je trouve que juste ça, ça dit à des gens,
bien, regarde, même si je suis ronde,
je peux aussi faire ça.
Je peux aussi donner mon opinion.
Je peux aussi refuser d'être jugée.
Toi, tu dis ronde. Tu ne dis pas grosse.
Bien, je dis plus ronde que grosse.
Parce qu'on dirait grosse.
Je trouve ça un mot quand même difficile.
Grosse.
Bien, en même temps, je vais me dire,
moi, je vais faire des jokes aux enfants, je vais dire, la grosse arrive. Des fois, je dis ça en humour
de moi-même. Mais
moi, j'aime mieux dire, sois
voluptueuse, ronde. Je trouve
qu'il y a quand même des beaux mots
pour décrire ça. Parce
que quelqu'un qui veut être méchant va te
traiter aussi de grosse.
Tu comprends? La personne, elle ne va pas dire, elle est voluptueuse. Elle va te traiter aussi de grosse. Ah oui, c'est le mot et la nuance, je la comprends.
La personne, elle ne va pas dire, elle, elle va luptueuse.
Elle va dire, toi, la grosse, la grosse torche, la grosse...
C'est pour ça, peut-être, que ce mot-là,
je trouve qu'il est attribué des fois à de l'intimidation.
Alors que quelqu'un qui est rond,
quelqu'un qui est tout en rondeur,
moi, je trouve ça beau.
Ou tu as une forte poitrine,
des fois, ils vont dire poitrine généreuse,
au lieu de dire des gros seins.
Je trouve qu'en se donnant des mots
qui veulent dire la même chose,
mais qui sont plus doux,
ça nous apporte aussi de la douceur.
Parce que, tu sais,
il faut s'aimer dans la vie.
Parce que ce corps-là,
il fait qu'on est encore là aujourd'hui,
puis il nous permet de faire bien des choses.
Il est peut-être plus gros quand tu embarques sur la balance,
mais ce corps-là, il te permet de faire bien des affaires.
C'est une nuance que tu apportes à laquelle je n'avais pas réfléchi.
Parce que moi, dans ma tête, grosse, ce n'était pas péjoratif,
comme on dit, mince, maigre, gros, petit.
Oui.
Mais tu as bien raison. On dit gros pour insulter aussi.
Oui, c'est ça.
Tu sais, la grosse,
si tu entends, Sarah, tu veux la grosse,
ça vient,
qu'est-ce que tu veux dire?
Ça vient te chercher.
Si tu disais, regarde, elle est toute en rondeur
ou tes formes généreuses,
il y a plein de mots. Ce n'est pas pour
éviter, on le sait ça,
mais c'est juste que ce mot-là peut être servi
et ça peut blesser.
Il y en a qui sont détruits par ce mot-là.
C'est pour ça que c'est cette question-là qui m'est venue.
Parce que pour moi, je te l'ai dit souvent,
que je te trouvais belle.
Tu es une femme qui réussit,
qui a des projets formidables,
qui voyage, qui a un chum, qui a des enfants.
C'est important de dire, qui a des projets formidables, qui voyage, qui a un chum, qui a des enfants.
C'est important de dire
que ce n'est pas ça qui fait la force
de quelqu'un.
Je te dirais même, Guylaine,
que moi, je ne dis même pas...
Je me souviens, j'ai des réalisateurs, des fois,
qui me disaient, toi, tu n'es pas exigeante.
Moi, je ne dis même pas camoufler ça.
Regarde, je suis ce que je suis.
Puis moi aussi, des fois, je me réagis.
Ah, mon Dieu, oui, c'est ordinaire.
Puis là, des fois, je suis un peu découragée
comme n'importe qui, tu sais, tu comprends?
Des fois, il y a des vêtements, je me dis,
je me suis comme affalée,
oh boy, c'est pas ma meilleure prise de vue.
Mais c'est... On le sait, nous autres,
les actrices, on dit, c'est du linge qui est beau debout,
assis, arc. Oui, exact.
Assis, ça va plus du tout, tu sais.
Mais je te dirais quand même, pour être
bien honnête, pour les prochaines
années, c'est sûr que je veux
un corps en santé.
Présentement, tout va bien.
Mais il reste qu'en vieillissant,
je trouve qu'il faut se donner des chances pour
vieillir en santé. Je parle pour moi.
J'ai quand même une famille...
Moi, j'ai des tantes qui sont mortes dans la cinquantaine
de maladies cardiaques.
Fait que, tu sais, je le sais que ça existe.
Fait que je me dis, je trouve aussi bien de...
Mais de m'amuser.
Tu comprends?
De faire du sport, j'aime faire de la marche.
Tantôt, t'as dit, tu sais, pour être bien,
je dois m'occuper de moi.
Bien, moi, je pense que je suis rendue là. À dire, je dois m'occuper de moi, bien moi, je pense que je suis rendue là.
À dire, je dois m'occuper de moi,
mais m'occuper de moi, c'est aller marcher.
Pour moi, ça me fait du bien à ma tête.
C'est faire du sport. Bien là, du sport,
moi, c'est du kayak,
de la raquette l'hiver.
Oui, mais on ne fera pas les Olympiques
dans quatre ans, de toute façon.
Non, je ne pense pas qu'on va faire les Olympiques.
Ce n'est pas ça, c'est que ce véhicule-là qu'on a,
qui est notre corps, cette enveloppe-là,
on veut qu'il nous amène le plus loin possible
et dans le plus grand bonheur possible.
On ne veut pas que ce corps-là nous empêche
de faire des choses.
Exactement.
Merci de m'avoir posé cette question-là.
Écoute, parce que je sentais que tu avais
toute l'ouverture du monde,
puis je trouvais ça important que tu en parles,
parce que oui, il y a des jeunes femmes présentement,
des jeunes filles qui s'empêchent
de vivre des choses.
Je le sais tellement.
Parce qu'elles ne correspondent pas aux critères,
aux normes de la beauté qu'on a décidées là,
parce qu'à d'autres époques, c'était autre chose.
C'est maintenant qu'on est prêts avec ça.
Oui, puis je trouve que les jeunes
en parlent de plus en plus.
Je trouve qu'elles montrent leur forme aussi de plus en plus,
même s'il y a un bourrelet.
Tu sais, parce qu'on était à la chasse des bourrelets.
Bien oui.
Pendant tout le temps.
Mais en même temps, elles le font,
mais c'est comme prendre parole de faire ça, tu sais.
Oui, c'est un acte, je te dirais, presque politique.
Oui, absolument.
C'est quasiment un acte politique.
Moi, je me dis, si je peux donner confiance aux gens,
même si tu es enrobée,
tu as toute ta tête, tu peux dire ce que tu veux,
puis tu t'habilles comme tu veux, puis tu fais ce que tu veux.
Puis après ça, tu dis aux gens,
si mon corps vous dérange, ça ne m'appartient pas.
Réglez vos bibittes
avec ce qui vous trotte dans la tête.
Mais moi, je t'aime,
puis je te trouve magnifique. Moi aussi, je t'aime et je te trouve magnifique.
Moi aussi, je t'aime, Guylaine Tremblay.
Merci d'avoir joué. Ça s'est super bien passé.
Super. J'ai adoré ça.
C'est très le fun.
Écoute, moi, je retiens
ta peine d'amour.
C'était touchant quand t'en as parlé
parce que t'avais une trahison en plus.
Aussi, ta grande vulnérabilité
quand t'as parlé de ça et quand t'as parlé aussi de ta difficult vulnérabilité quand tu as parlé de ça,
puis quand tu as parlé aussi de ta difficulté d'avoir des enfants,
à quel point ça peut
nous rentrer dedans. Je pense que ça
parlait à bien du monde. Bien, merci.
Merci à toi. C'est un grand bonheur d'être avec toi.
Et nous, on se dit à la prochaine
avec un autre invité. Puis merci d'avoir été là. you