Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #30 Ricardo | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: November 27, 2023Dans ce trentième épisode d'Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette, Ricardo s'ouvre avec franchise et générosité, au fil des cartes pigées. Un grand ami que je connais depuis longtemp...s, mais sa générosité m’a permis d’en apprendre davantage sur lui, sur sa relation avec ses parents, sa femme, ses filles. Il m’a offert des moments touchants et des confidences à cœur ouvert. ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant au randolph.ca et dès le 11 décembre partout au Québec. Visitez mon tout nouveau site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d'avance! ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15.
Transcript
Discussion (0)
Pour moi, ça a été un mariage parfait.
Parfait à la base parce que c'est deux jeunes qui sont bien,
sont profondément amoureux.
J'adore sa belle famille.
J'en parle et ça m'émeut.
Son bonheur.
C'est quelque chose d'être heureux.
Pour l'autre.
C'est comme... C'est réglé. C'est comme...
C'est réglé.
C'est ça qu'on veut comme parent.
Puis tu ne sais jamais combien de temps ça dure.
On ne le sait pas.
Tu peux avoir un accident de tour dans trois semaines.
Mais là, au moment où tu me parles,
elle, elle se nouvelle mariée.
Elle a sa maison.
Elle a du fun.
Elle a un groupe d'amis tripants.
Je les connais.
C'est beau.
Je suis touché parce que j'ai vécu ça.
Ce bonheur-là.
À notre façon, Brigitte et moi.
Et c'est son tour.
Puis ça, c'est pas garanti.
Le bonheur est pas garanti.
Comme la santé.
Comme toutes sortes d'affaires.
Oh!
Ouvre ton jeu est présenté par
Karine Jonca, la référence
en matière de soins pour la peau,
disponible dans près de 1000 pharmacies
au Québec.
Bonjour tout le monde. Aujourd'hui, mon invité,
c'est un gars que je connais bien.
J'ai toujours l'impression de rien faire dans la vie
quand je le rencontre parce que lui, il a toujours
56 000 projets. Puis j'ai l'impression
qu'il est dans un tournant de vie.
J'en vis. En tout cas, j'espère que les cartes
vont me permettre d'explorer ça avec lui
aujourd'hui. Je vous présente mon ami
Ricardo. Salut Marie-Claude.
C'est vrai que c'est spécial de faire
quelque chose avec quelqu'un que tu connais, puis qui t'aime, puis tu connais les enfants,laude. C'est vrai que c'est spécial de faire quelque chose avec quelqu'un
que tu connais, puis qui t'aime, puis tu connais
les enfants, puis tout. C'est comme,
on dirait pas qu'on travaille. On dirait pas,
hein? Non. Mais on travaille pas.
Mais on se connaît, puis tu me connais déjà pas mal, là.
Ben oui, mais comment tu vas?
Moi, je vais super bien. Je vais bien.
Puis c'est vrai, dans ta présentation,
t'as raison, je le sens,
j'en suis conscient,
je suis dans une transition de ma vie.
Puis des fois, quand je parle à d'autres gars de 55, 56, 57 ans,
c'est la même histoire pour presque tout le monde
parce que tes enfants finissent l'école ou partent de la maison.
Souvent, c'est comme un dernier stretch de carrière
où tu dis, je continue à faire ce que je fais.
C'est le dernier moment pour dire si je veux faire d'autres choses.
Now is the moment.
Tu te retrouves tout seul avec ta femme.
On note encore des sujets.
En tout cas, il y a comme beaucoup de questions
là-dedans, mais en même temps,
c'est le fun.
C'est un privilège d'avoir un choix.
Souvent,
tu n'as pas de choix dans la vie. Tu avvent, tu n'as pas de choix dans la vie.
Tu avances, tu n'as pas de choix.
Mais si tu as un choix et que tu le prends,
je trouve que déjà, on est privilégié.
Si tu es en santé, le reste, on s'en occupe.
Parce que ta santé, elle a déjà été plus fébrile.
Bien oui, c'est un bon terme.
Personne ne me l'avait décrit de même, fébrile.
J'avais des problèmes de santé qui étaient pas des gros,
qui étaient tous mineurs.
Mais le temps que tu le trouves,
ça m'a causé beaucoup de problèmes de voix, de poumons,
mais c'était pas des problèmes de poumons.
Moi, c'est simple.
Mon doc m'a dit,
« T'as ce que bien des gars de ton âge ont, OK?
Tes sphincters relâchent. »
J'avais dit pas tout en même temps, doc.
Il dit non, mais il dit ça, ça crée un peu de reflux.
Puis là, le reflux,
ça irrite la gorge. Ça fait que
des fois, un peu comme le nourrisson,
ça crée quelque chose qui ressemble à de l'asthme, mais qui en est
pas. Tu prends des pommes pour rien.
Mais le temps que tu trouves,
c'est quoi? Puis juste les allergies,
toi, t'es pareil comme moi. Les allergies
saisonnières, bien, il dit,
ça te fait tout le temps une espèce de petite rénite.
Tu ajoutes toutes des petites niaiseries.
Finalement, j'avais l'air d'être à l'agonie.
Puis, je n'avais rien, en fait, de grave.
J'avais des petites affaires à régler,
un peu d'alimentation à gérer.
Puis, là, je me sens mieux
que je ne me suis pas senti.
Oui, parce que ça apporte quand même de la fatigue.
C'est quelque chose que c'est rare qu'on en parle.
Mais quand on ne sent pas à 100 % notre énergie, c'est fatiguant quand même de la fatigue. C'est rare qu'on en parle, mais quand on ne sent pas à 100 % notre énergie,
c'est fatiguant quand même.
C'est de ne pas savoir
pourquoi qu'il est énervant.
Si quelqu'un dit « Mange plus de ça,
t'as bien de la peine
de ne plus manger ça ou de boire ça.
Comme moi, je ne prends plus de vin.
J'ai un éthérance au sulfite. J'adorais le vin.
Bon, les enfants étaient bien contents.
J'ai tout donné à cave à vin quasiment.
J'en garde pour les amis.
Mais c'est-tu un deuil quand même que tu as eu à faire?
Bien, pas...
Je dirais pas vraiment,
parce que je me suis tellement posé de questions
pendant ces trois ans-là où on le savait pas,
qu'une fois qu'ils disent ça, puis ça, ensemble,
ça causait ce que tu avais, tu te dis,
OK, si j'arrête ça, puis ça, je suis bien.
Finalement, tu te dis, pour être bien, c'est rien.
Tu sais, je boirais du gin tonic une bière
il y a quelque chose à faire
je te dirais moi je suis un résilient
quand c'est ça qui arrive
que ça ne changera pas
ça ne viendra pas
c'est ça enjoy
trouve toi un chemin
qui va être le fun
en même temps ça te permet de voir à quel point la puis c'est tout. Fait que là, en même temps, ça te permet de voir
à quel point la santé, c'est important.
Écoute, l'humilité,
tu vois quand même, on est petit, on n'est pas
fort, puis que tout est fragile.
Émotif, physique, tout.
Fait que finalement, des fois, c'est le fun
que ça nous arrive, parce que ça
te ramène sur la terre, puis finalement,
t'es plus dans la reconnaissance.
Tu dis, oui, c'est vrai.
On va en profiter. Est-ce que tu es prêt
à ouvrir ton jeu? Yes, madame.
Alors, c'est des cartes vertes.
Les cartes vertes,
je peux les poser
à pas mal tous les invités
qui sont là. Je les choisis quand même.
Mais,
n'importe qui pourrait y répondre.
Les cartes jaunes sont déjà
plus personnalisées.
Les cartes rouges...
Moi, je les ai toutes écoutées.
Quand je vais en Gaspésie, Brigitte,
elle est prête
à les download.
Parce qu'il y a des bouts...
À les télécharges.
À les télécharges, parce qu'il y a des bouts pour aller en Gaspés. À les télécharges, parce qu'il y a des bouts
pour aller en Gaspésie où il n'y a pas de réseau bain-bain.
Fait qu'on les télécharge,
puis là, on commence par, mettons, les siens ou les miens.
Ah, c'est intéressant.
Je suis d'attaque, moi.
Donc, les rouges, tu sais que ça s'adresse à toi.
Les mauves, si tu acceptes, si tu n'es pas tanné,
tu veux continuer, tu pourras me poser une question de ton choix.
Si tu acceptes d'y répondre.
Alors, je te fais brasser les cartes vertes, que tu peux brasser comme tu veux.
Tu m'en donnes quatre.
Tu vas en choisir une et je vais en choisir une.
Et c'est vrai, tu as le joker.
Si jamais tu dis...
Si tu es tanné de mes sous-questions,
peu importe, dès que tu déposes le joker,
je dois changer de question.
Je t'en donne une? Oui. Tu m'en donnes quatre.
Ah, d'accord.
Merci.
Alors, quel est le plus grand leg de ta mère?
Comment ton rapport à l'argent a évolué au fil de ta vie?
Quel est le trait de caractère sur lequel tu as dû travailler?
Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents et qui t'a manqué?
OK.
Tu vas-tu m'en reposer ça?
Parce que moi, j'ai une mémoire de poule.
On part...
Quel est le plus grand leg de ta mère?
Ou encore ton rapport avec l'argent?
Je fais juste en choisir une?
Oui.
Oh, c'est facile.
Quel est le trait, le caractère sur lequel tu as travaillé?
Puis qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents et qui t'a manqué?
Je vais essayer parce que je n'y ai jamais réfléchi.
Le plus grand leg de ma mère.
OK.
Parce que je n'ai jamais pensé à ça vraiment.
Qu'est-ce qu'elle m'avait laissé?
Une mère, ça laisse des tonnes d'affaires.
Mais qu'est-ce qu'elle m'aur de plus marqué? Comme trait de caractère ou comme
héritage?
Clairement, on en a parlé un peu.
Je pense que ma mère, beau temps,
mauvais temps, réussit.
En tout cas, elle réussit devant
ma soeur et moi à être heureuse,
à rire. Ma mère, c'est une ricaneuse.
C'était un bon public pour ma soeur
et moi. Je veux dire,
on n'avait pas besoin de faire grand-chose
pour qu'elle soit émerveillée et qu'elle arrive de bon cœur.
Ça a été une grande amoureuse.
Elle a trop aimé ou elle a aimé mon père
alors que ça ne lui était pas rendu.
En tout cas, le bout où nous, on était conscients,
on n'a pas été témoins du début de cet amour-là.
On a vu le bout qui était agonisant
ou pas sympathique. Par contre,
ma mère a connu l'amour de sa vie
à la fin de sa soixantaine.
Un grand amour.
Des fois, on l'appelait,
elle était un peu essoufflée.
On ne posait pas de questions.
Elle nous disait de rappeler.
Je trouvais ça merveilleux. je commençais à sortir avec Brigitte,
je me disais, ça, ça veut dire
que c'est pas une question d'âge.
Il y a une grande partie qui est dans notre tête.
C'est pas notre corps,
c'est tout dans notre tête, comment on
perçoit l'autre, puis qu'est-ce qui nous
excite physiquement, mentalement,
l'amour. Alors,
je pense que ça, c'est un grand
leg à nous approuver
qu'il n'y avait pas d'âge pour
être aimé, pour aimer
mais à notre juste valeur.
Peu importe le parcours
qu'on a eu avant. Tu peux tomber en amour
par-dessus la tête, faire l'amour
comme une déesse ou un dieu
à 80
à la façon de quelqu'un de 80
selon ton rythme, ton goût,
tes désirs, mais c'est possible.
Ça, Brigitte et moi, ça nous émerveillait.
Des fois, je disais, il s'appelait Christian.
Je disais, Christian, slack, OK? Parce que tes lettres
d'amour, toi et Jo, puis les massages, c'est beaucoup
de pression pour nous autres autour. On ne suit
pas ça, nous autres, OK? Bien, il dit, écris-en
des lettres, fais-en des massages.
Il était vraiment dans le moment où,
moi, cette femme-là, je l'aime.
C'est une belle histoire d'amour parce que c'était le mari
de la meilleure amie à ma mère.
Ils se sont déménagés au Québec
mai 68. Leur fils s'est fait
assassiner à Paris
pendant les émeutes.
Ils ont décidé de refaire leur vie au Québec.
Elle est tombée amie avec ma mère
et ils se sont ouvert un petit centre pour femmes
où il y avait manucure, massage
ma mère était coiffeuse
puis ils étaient bien ensemble
cette gang de femmes-là puis ça avait du fun
et lui était comme un peu le témoin de tout ça
et elle a eu le cancer
puis dans les derniers jours de sa vie
elle a dit à ma mère écoute t'es ma meilleure amie
t'es toute seule
ton mari est mort
tes enfants sont autonomes mon mari va être tout seul puis c'est vraiment un bon gars elle disait à ma mère, écoute, t'es ma meilleure amie, t'es toute seule, ton mari est mort,
tes enfants sont autonomes,
mon mari va être tout seul.
Puis c'est vraiment un bon gars,
tu devrais faire un bout avec.
Ma mère a dit, arrête là,
t'es mon amie, tu sais ça.
Elle a dit, arrête.
Puis tu sais, une Française,
une vraie Parisienne aristocratique,
elle en avait dedans,
elle a dit, je ne suis plus dans les mensonges.
Je m'en vais là, là. Aujourd'hui, demain, après-demain, je ne suis plus là.
Je te dis la vérité.
Puis il a commencé à lui demander d'aller au restaurant.
Ma mère, elle ne voulait pas.
Elle était comme dans la mémoire de son amie.
C'est ma soeur et moi qui avons dit, écoute-moi.
Tu n'es pas obligé de le marier.
Tu peux aller voir un film,
voir une pièce de théâtre,
manger au restaurant,
il te donne du chocolat, t'aimes ça,
mange-les. Tu verras.
Puis, on lui a donné
cette permission-là d'aimer
puis d'être aimé. Puis, elle l'a pris.
Puis, elle l'a bien fait.
Vraiment, on a aimé
ce gars-là dans notre vie
qui a ajouté même
dans notre vie des bouts
qu'on ne connaissait pas par ses origines françaises.
Nous autres, des huîtres à Noël,
il a baptisé Béatrice
avec du sauterne ses lèvres.
C'est comme, il faisait des affaires
qui n'étaient pas de notre culture,
mais qui étaient tellement le fun,
différents, puis c'était un homme
de conseil, tout ça pour dire
que l'amour est possible,
puis tu sais pas d'où il va arriver,
mais il faut juste être prêt puis se rester ouvert,
peu importe l'âge.
En quoi tu l'as vu changer à ce moment-là,
quand t'es tombé en amour?
Quand t'es aimé pour ce que t'es,
que l'autre te demande pas de changer,
qu'il t'aime, oui,
comme t'es,
bien tout à coup, j'ai l'impression,
moi, je l'ai toujours eu,
ça fait que c'est difficile de...
Mais je me mets à sa place.
Finalement, tu peux être toi-même.
Parce qu'avec ton père, c'était pas le cas.
Non, parce que mon père et ma mère se sont mariés
pour se sauver de leur vie
qu'ils n'aimaient pas.
Ma mère a poussé mon père à finir
ses études pour avoir un meilleur
emploi, tout ça. Mais à partir
du moment où tu règles ton premier problème,
puis ça, c'est vraiment une analyse externe,
genre si mes deux parents étaient là
aujourd'hui, c'est
la question que je leur demanderais. Avez-vous
senti, quand vous avez réglé
le problème de « je ne suis pas chez mes parents,
je suis sorti de la Gaspésie, je fais ça, je fais ça »,
avez-vous réalisé que finalement,
ce n'est pas l'un avec l'autre que vous auriez dû être?
Ça a réglé un problème, mais ce n'était pas l'amour.
Ce n'était pas ça qui devait être.
Peut-être que ma mère était beaucoup plus en amour.
En fait, elle l'était clairement.
Mais ça va rester que c'est leur vie,
c'est leur truc, ça leur a appartenu.
Mais après, si tu vis ça,
où tu te dis,
« Ah! Je suis avec quelqu'un qui m'aime.
Puis quand j'ai envie de l'embrasser,
il a envie de m'embrasser.
Il me touche ça. »
Tu sais, c'est aimer.
– T'es content que ta mère ait connu ça.
– Bien, c'est parce que c'est tellement grandiose.
Ça a été un de mes plus grands souhaits dans ma vie.
Je me disais, moi, j'aimerais ça
aimer avec quelqu'un
qui m'aime. Tu sais, que ce soit
sain. On ne se crie pas après.
On ne se traite pas de nom. On peut être fâché
pour des affaires parce que du niaisage
de t'être encore en retard ou t'aurais pu faire un souper.
Mais tout le temps
dans le respect, dire, on
dépasse pas notre pensée avec des paroles qui vont rester.
On ne s'attaque pas sur notre famille, notre physique.
On s'entend sur comment on élève ces enfants-là au mieux de nos deux compétences.
Moi, j'ai ça. J'ai eu, j'ai ça.
Alors, des fois, je me disais, si demain je meurs,
je ne peux pas dire qu'il y a quelque chose que je regrette. Je peux dire
j'ai été aimé, puis j'ai aimé.
J'ai connu
ça. J'ai connu le bonheur
d'une amitié sincère. J'ai des amis
de gars, les mêmes depuis le secondaire,
où tu peux
tout dire, rire, pleurer.
Ils t'ont ramassé avec tes premières blondes,
découragé,
parce que moi,
j'étais tout le temps
un excessif dans tout.
Ils venaient me chercher.
C'est ton ex,
elle vient me chercher,
je n'ai plus quoi faire avec.
Bon, c'est fini,
il faut qu'il sorte.
Il n'arrête pas de broyer.
Moi, c'était moi, ça.
Moi, jamais.
Ah oui,
avec toi,
tu te faisais laisser.
Écoute,
ça finit assez égal.
Mais moi, c'était toujours dramatique,
mes affaires. Même si c'est moi
qui décidais que c'était fini,
je le regrettais dix minutes après.
Excessif.
Mon équilibre, je l'ai eu avec Brigitte.
C'est comme si j'avais appris.
Des fois, j'ai le goût de m'excuser à ces filles-là
que j'ai mal aimées.
Est-ce qu'il y en a eu beaucoup de filles?
Pas tant que ça. Trois, quatre, cinq.
OK.
Mais des fois, je dis,
on n'est pas bon au début.
On aime mal. Parce que finalement,
on essaie de se guérir des affaires
qui nous ont manquées à la maison ou en amitié.
Puis le vrai amour, il commence
quand? Je pense qu'il commence quand tu as guéri
un petit paquet de ces affaires-là.
Puis tu sais, la sensation d'aimer aussi,
il faut l'apprivoiser.
Mais toi aussi, tu as connu un grand amour.
Tu sais, on est privilégiés tous les deux.
C'est pareil.
Oui, mais c'est comme une sensation
qu'il faut t'apprivoiser aussi.
Puis c'est sur un long terme,
ça évolue différemment.
Mais Brigitte, est-ce qu'elle
t'a contenue dans
toute cette excessivité-là?
Ou elle a été capable de...
Elle m'a pas contenue, elle l'a organisée,
l'excessivité.
Ça, un, deux, trois, quatre.
Puis ça s'est pas fait...
Encore aujourd'hui, ça se fait pas
genre c'est elle qui décide.
C'est pas de même que ça arrive.
Mais vous êtes complémentaire.
À la fin du compte, elle va comme équilibrer
un excès ou je vais la pousser
dans un excès.
Mettons, elle voit quelque chose,
pis pourquoi tu l'achètes pas?
T'es tout le temps en train d'acheter des affaires aux autres.
Achète-les, les maudites bottes,
on n'en parlera plus. Elles sont belles,
elles te font. Qu'est-ce que t'attends?
Non, non, non, c'est trop cher.
Non, laisse faire.
Là, tu vas revenir ici avec moi dans trois semaines,
puis là, ils ne seront plus là.
Puis là, tu vas dire,
« mon petite botte, j'aurais dit, moi, je suis de même. »
Si tu l'aimes, puis tu en as besoin,
puis on les prend,
c'est comme un souvenir sans vacances.
Quand tu le vois, tu le pognes.
On ne va pas revenir dans deux jours
au cas où on l'ait vu
14 cents de moins cher ailleurs.
On règle ça. On passe à d'autres choses.
Quand tu te connais à ce point-là, tu sais
que l'autre va réagir de même.
Fait que regarde, on va tout régler ça tout de suite.
Ça devient quasiment des running gag
des fois. Parce que
même les enfants savent déjà
nos réactions chez vous. C'est pareil.
Nos enfants, ils nous connaissent par cœur.
Ils savent déjà comment on va réagir
dans à peu près toute situation.
Je me dis, quand ils sont seuls, les enfants,
quand ils parlent de nous comme parents,
tout ce qu'ils doivent se dire.
Oui, oui.
« Maman, elle va dire ça. »
« Papa, il va dire non. »
« Elle, elle va dire oui. »
On peut imaginer.
Avec des fois, leur préjugé,
parce qu'on change en vieillissant,
puis ce qui te
faisait rire ou pas rire, ou
fâché, c'est plus la même
chose à 30, à 40, ou là
à 56.
Il y a quelque chose
de... Mais je m'amuse de tout ça,
moi. Je me dis, bon, c'est ça.
Puis comme on dit au début,
c'est de la transition, fait que t'avances,
puis tu sais que c'est un long parcours.
Fait que le petit bout
où t'es pas sûr, puis
j'ai appris à plus me taire.
Ça paraît pas, là, en ce moment.
Mais je veux que tu parles, moi.
Mais je dirais que maintenant, quand il y a quelque chose
qui me...
qui me fait moins plaisir,
j'ai pas besoin de le régler dans la demi-heure.
Tu parles-tu dans ta famille?
Oui, dans le couple, famille.
Dans tous les aspects de ta vie.
Oui.
Surtout dans le privé.
Au travail, c'est autre chose.
Mais dans le privé, je me dis, bon,
ma fille fait ça, ça ne me tente pas,
je n'aime pas ça.
Est-ce que ça va changer notre vie
à soi, si on en parle
ou on n'en parle pas?
Je dirais que j'aime mieux
attendre le bon moment maintenant.
C'est quoi le moment, si tu le sens,
je ne parle pas d'une affaire catastrophique,
il faut que tu règles ce qui arrive rarement dans la vie,
mais peu importe quoi.
Mais je pense que je vais attendre un meilleur moment.
J'y vais au feeling.
Je ne suis pas pressé de le régler.
C'est la maturité. Là, là. Je ne suis pas pressé de le régler là.
Ça ne changera rien
que j'attende demain. Tu le sens,
ta blonde rentre
et tu voulais régler quelque chose.
Ce n'est peut-être pas le bonsoir.
Remarque, elle fait la même chose.
Tu rentres dans la maison et tu te dis,
« Oh my God, je suis à bout de ma journée.
Ce n'est pas là qu'elle va te dire,
écoute, j'avais une idée. »
T'aimeras pas ça, mais...
C'est-à-dire qu'on l'entendra pas de la bonne manière.
Fait que tu vas être entendu
mieux, dans le fond.
Toi, c'est le bon moment.
Ben oui. Mais ça, ça prend de la sensibilité.
Ça fait 30 ans qu'on est ensemble.
Ça peut attendre une nuit de plus.
C'est pas grave.
Le plus grand lègue de ta mère, c'est beau.
Je pense que c'est ça.
C'est l'amour.
L'amour est possible.
Comment ton rapport à l'argent a évolué au fil de ta vie?
Moi, je pensais que j'en aurais jamais.
Mais en fait, je voyais les gens avec,
quand tu es petit, je suis un petit gars,
je voyais un beau tracteur, je voyais une belle auto,
je voyais des affaires matérielles,
puis je me disais,
moi être vieux comme eux, ça vaut pas la peine,
je vais être vieux comme eux autres
quand je vais en avoir une.
Ça vaut pas la peine d'avoir ça à 30 ans ou à 40 ans.
Puis là, bien, tu sais,
t'as 56 finalement,
j'avais raison, mais en même temps,
la beauté,
c'est que moi, je ne suis pas un gars de... J'ai une maladie,
c'est les plantes et les vieilles maisons.
J'aime ça
planter des... faire des jardins.
J'en ai fait chez nous, j'en fais
chez des amis. J'aime ça créer
des environnements.
Puis parce que ça m'oblige à la patience.
Parce que tu ne peux pas faire pousser
une plante plus vite que ce que
c'était prévu. Tu peux pas tirer dessus. Il y a rien à faire.
Je peux acheter un arbre plus gros, mais tu sais,
il poussera pas plus vite. Puis ça,
oui, des fois, je mets trop d'argent sur
des vivaces, tu sais, des affaires de même.
Mais en même temps, je me dis, je vais avoir pendant
20 ans. Mais ton plaisir là-dedans,
c'est de participer comme à sa
croissance. Oui, c'est créatif. C'est créatif. Mais plaisir là-dedans, c'est de participer à sa croissance.
C'est créatif.
Moi, des chars, des boujoux,
du linge, ma garde-robe,
toutes les jeans sont bleues, toutes les chemises sont bleues ou blanches, les t-shirts sont blancs ou noirs.
C'est un peu drabe.
À matin,
avant que je parte ici, tantôt,
Brigitte m'a dit, t'es bien chic, je ne me suis pas regardé.
C'est vrai que c'est très beau.
J'ai jamais voulu mettre ça, moi
tous mes vestons sont bleus, j'ai étiré
ma main, faisais noir quand je suis parti ce matin
t'as pris lui, puis tantôt je me suis
vu aux toilettes, je me suis dit « je suis en vlo
ou moi aujourd'hui, je m'étais pas regardé de la journée
je fais qu'un veston de veste
ça devait être encore du roi bleu
mais ça a pas d'importance pour moi
puis plus je vieillis'a pas d'importance pour moi.
Puis plus je vieillis,
moins ça a d'importance.
Moi, j'aurais le même kit tous les jours.
Le reste, je serais bien content.
C'est drôle, parce que j'aurais pensé le contraire,
Ricardo, parce que ça, on t'a connu
avec tes chemises flyées.
Tu as été connu parce que tu avais
quelque chose de différent des autres.
Tes cheveux un peu plus longs, j'avais l'impression, même si je te connais bien,
ça, je ne savais pas que tu t'en foutais.
Maintenant, oui.
Un moment donné, j'ai arrêté ça, voilà, cinq, six ans.
OK, c'est récent, parce qu'avant, tu t'en occupais.
Bien, je m'en occupais.
Non, il y avait quelqu'un qui s'en occupait pour moi.
OK.
Puis là, tu étais au plus simple.
Il y avait toujours des stylistes à Toronto ou ici qui s'occupaient.
Puis un moment donné, je dis,
c'est bien plate, ce niaisage-là,
tout le temps changer les couleurs,
matcher les assises, une grande perte de temps.
Je dis, ça va être fini.
Vous allez tous me pogner ça.
Moi, je rentre dans le magasin,
puis s'il y a une chemise bleue, je l'essaye.
Brigitte, elle me dit, ça te fait bien,
je vais en prendre sept.
La même, ça?
La même, pareil, identique.
Là, il essaie de m'en vendre d'autres.
Vous savez, on a... Non, non, non, non, non.
Je veux rien savoir de tes couleurs, puis tes fleurs,
puis tes modèles. J'en veux pas.
Ça, cette fois, les jeans, ils me font
quatre fois.
D'un coup. Tu sais, quatre, c'est assez pour l'année.
C'est probablement que l'année prochaine...
Fait que t'es toujours habillé pareil. C'est comme un costume.
Oui. Je regarde toutes mes émissions
de télé, je suis à peu près tout le temps pareil.
Tout le temps, tout le temps. Puis
je trouve que c'est très rapide le matin.
Tu te lèves, tu le prends, c'est pareil.
Fait que tu dépenses pas là-dedans?
Pas beaucoup, non.
Est-ce que tu as eu des insécurités financières dans ta vie?
Bien oui, comme n'importe qui qui est entrepreneur.
Tu sais, je me souviens, il y a longtemps,
mais je me souviens, Brigitte et moi, on se disait,
OK, je pense qu'il va falloir vendre une auto.
Laquelle des deux on vendrait?
Laquelle qui est la plus maganée, que si on garde l'autre, on se disait, OK, je pense qu'il va falloir vendre une auto. Laquelle des deux on vendrait? Laquelle qui est la plus
méganée, que si on garde l'autre, on va être correct
plus longtemps? On se disait vraiment,
là, je ne sais pas ce qui va arriver.
Tu te poses
une question. Mais moi, je ne suis pas
angoissé par l'argent en même temps.
Y réfléchir. Mais moi,
je recevais mon prêt
et bourse quand j'étais étudiant.
Je partais chez P1 Import
j'achetais une plante, des verres
c'était mon environnement qui était important
un aquarium
il n'y avait plus une scène deux jours après
je me disais quand il n'y en aura plus
il va y en avoir d'autres
mes chums stressaient à mort
j'étais le premier parti en appartement
comment tu vas payer
ça va arriver
puis finalement ça arrivait tout le temps.
Quelqu'un m'appelait, j'allais travailler.
Moi, j'aime travailler.
Je suis un manuel aussi.
Appelle-moi, je suis là.
Mais toi, t'as vraiment beaucoup de talent.
Bon, non. J'ai des talents manuels.
On a chacun beaucoup de talent
dans des trucs qui sont plus...
Tu sais, comme...
C'est ça. Moi, je peux
tout faire, ce qui est manuel.
Je n'ai jamais fait de vêtements,
mais si tu me donnes un plan,
un patron...
Dis-moi comment ça fonctionne,
je suis convaincu,
ce ne sera pas chic, mais je suis capable de le faire.
Je peux faire des meubles, je peux faire une recette.
Tout ça, c'est pareil.
C'est une recette que tu suis.
Tu suis une méthodologie.
Si tu suis ça, YouTube,
écoute, je peins avec YouTube.
Je fais tout. Tu prends des mandarins.
C'est facile. Tu suis la recette.
Répète-les plusieurs fois.
Tu es bon.
Un peu comme sur ton site Ricardo
où on voit les recettes.
Après ça, on les fait.
Tout le monde est bon là-dedans. Calcule le
nombre d'heures que tu passes à faire ton
métier. Mais un dixième de ça
donne cuisine. T'es une chef.
Je dis à tout le monde, les gens se mettent
tellement de pression pour être bon en cuisine.
Oui, mais là,
on le fait jamais. Là, on reçoit.
Tu verrais être capable de faire un gâteau de noces.
Il y en a qui font ça tous les jours.
À l'année.
Puis ils ont encore, tu comprends,
ils veulent encore.
Un soufflé qui te dessouffle.
C'est ça, on en fait un
et on voudrait que ce soit parfait.
C'est pour ça que dans la période des fêtes
ou quand il y a un bout que tu reçois beaucoup,
tu avertis ta famille.
Je vous avertis, ça va être drabe.
Puis là, tu fais le même menu 20 fois.
Tout le monde qui vient chez vous,
tu le sens la même chose.
Un, ils ne le savent pas, d'une gang à l'autre.
Puis tu gardes ceux pour qui ce souper-là
va être le plus important pour la fin.
Il faut juste pour qu'ils ne sachent pas entre eux autres
que tu as des catégories.
Fait que nous autres, selon les années,
des fois, le dernier, ça pouvait être quelqu'un
qui, c'était un contrat qu'on voulait signer.
Mais ça peut être aussi ta mère
que tu veux impressionner.
C'est toi qui choisis. Mais toi, tu manges tout le temps la même affaire, c'était un contrat qu'on voulait signer. Mais ça peut être aussi ta mère que tu veux impressionner. C'est toi qui choisis.
Mais toi, tu manges tout le temps la même affaire, c'est ça?
Bien oui, c'est parce que si tu fais le même repas
quatre fois avec Mario,
tu le sais, ce qui prend plus de temps, moins de temps.
Moi, je peux te dire qu'il y a une année,
ton ragoût de pâtes de cochon et boulettes,
je pense que je l'ai fait six fois.
C'était quand même de l'ouvrage parce qu'on recevait beaucoup.
C'est l'orage.
Mais écoute, c'était de mieux en mieux. Mais c'est sûr.
Parce que je rajoutais des affaires, je
personnalisais. Puis c'est vrai qu'à la fin
de ce temps des fêtes-là... T'es une pro
de ça, zéro stress. Puis il n'y a plus de gaspillage
parce que tu... Ah, on a manqué de ça.
Puis ça, j'ai bien fait trop. Il a fallu que j'en
congèle. Ah non, t'as raison. Là, t'es comme ça,
à coche. Puis moi, je prends des notes. On prend
encore des notes. L'année prochaine,
on va en faire quatre portions de plus ou de moins. On prend encore des notes. L'année prochaine, on va en faire quatre portions de plus
ou de moins. On s'écrit.
Tout est dans la répétition.
C'est pour ça qu'on devient meilleur.
Du talent, oui, on peut avoir un intérêt.
Mais si tu as un intérêt pour quelque chose,
le reste, ça vient avec la pratique.
Demain, toi et moi, on peut se faire un show
de clarinette si on veut. Il faut juste s'y mettre.
Oui, il faut apprendre avec le bec.
C'est quand même, la clarinette, je t'avouerais
que c'est quand même un instrument difficile.
Moi, j'en ai une.
Tu as une clarinette? Un moment donné, je me suis dit,
moi, j'aimerais ça jouer des hymnes nationaux.
Mon premier, ça a été l'hymne israélien,
d'ailleurs. Puis, à la clarinette,
je me suis même ridiculisé
à la radio une fois, parce qu'ils m'étaient arrêté
avec une clarinette. Ils m'ont dit, pareil que tu joues, moi, j'ai aucun
orgueil. J'avais joué une tour d'épouvantable
que personne n'a reconnue, bien entendu.
Mais moi, j'ai du fun. Je trouve que c'est beau.
Je trouve qu'il y a quelque chose,
petite fleur, Sidney.
C'est beau.
Tu aurais pu être un clarinette. Non, là, tu pousses.
En tout cas, tu as du plaisir
à jouer. Par rapport à l'argent,
une dernière affaire.
Quand toi, tu étais jeune,
tu vivais quoi?
C'était la classe moyenne?
Moyenne. Je te dirais, au début, c'était moyenne
pas beaucoup.
Puis ensuite, ça a été moyen. Puis à la fin,
je dirais que ça a été un petit moyen
plus parce qu'on a quand même
voyagé avec mes parents. Tu sais, on est allé à Hawaii,
on est allé au Mexique. On s'est promenés beaucoup
sur la côte Est. Tu sais, c'est quelque chose... Mon père aimait beaucoup, beaucoup voyager avec mes parents. On est allé à Hawaii, on est allé au Mexique. On s'est promenés beaucoup sur la côte Est. Mon père
aimait beaucoup, beaucoup voyager, ma mère aussi.
Fait qu'on a eu un plus
côté voyage que je voyais
beaucoup de mes amis qui n'y avaient pas.
Et pour mon père, c'était bien important la nourriture.
C'est-à-dire que si on a les moyens
d'aller au restaurant, vous allez avoir les moyens de manger
ce que vous voulez.
Fait que nous autres, je me souviens
d'un
party d'été.
J'avais une tante qui est arrivée avec un cousin-cousine
puis
ils mangeaient pas la même chose que leurs parents.
Genre, ils mangeaient
du thé caché puis les parents mangeaient des T-bones.
Mon père était
furieux. Il avait engueulé
sa soeur. Il dit, regarde,
si t'as pas les moyens
d'en donner à tes enfants, ben mange-en
pas. On va manger tout le monde
la même chose. Moi, ça, c'est une
belle leçon parce que, pour lui,
on va manger ce qu'on a les moyens
de manger, puis on va le manger ensemble.
Il n'y avait pas d'histoire de deux tablés
puis si, puis on va rester
ensemble le soir pour retrouver sa femme.
Il se divorce autant, ce monde-là.
Mange avec tes enfants
et ça va changer ta famille.
Si tu en voulais à des enfants,
si tu n'en voulais pas, c'est une autre affaire.
Mais trop tard, ils sont là.
Mais manger ensemble,
ça, mon père disait, on ne va jamais chipper là-dessus.
Fait que nous autres, manger.
Puis étonnamment, un enfant,
je me souviens quand on a commencé à savoir lire,
ma soeur et moi,
on demandait ça coûte combien, ça?
Un enfant, c'est généreux.
À base, t'as pas le goût
à moins d'une exception puis d'un comique.
Peut-être que ton Charles aurait fait ça.
Mais c'est quoi qui coûte cher?
Puis je vais prendre ça. Mais d'instinct,
d'habitude, tu connais les moyens
de ta famille, puis t tu as envie, tu comprends
de choisir. Déjà que tes parents
te laissent choisir tout seul sur le menu,
ils t'aident à le lire, puis que là,
tu regardes, puis c'est une belle place
aussi que les parents disent, ça, ça
coûte tant, ça, ça coûte tant, le bœuf
est toujours plus cher, puis
tu dis pas, mange pas ça. Tu
t'indiques l'ordre de
grandeur de ce que c'est
pour que tes enfants puissent éventuellement
choisir par eux-mêmes en conscience.
Mais comment on va le faire?
En tenant compte?
Exactement.
On le fait comme adulte encore.
Oui, on le fait comme adulte, bien certain.
Regarde, on est chanceux économiquement.
Puis qu'est-ce que tu m'as dit tantôt,
on jasait avant qu'on commence?
Bien, avant d'aller au restaurant,
toute la famille, des fois, on y pense.
On regarde ça parce que ça a vraiment explosé comme coup.
Puis, tu sais, c'est comme un instinct
qu'il faut que tu transmettes à tes enfants aussi.
Absolument, parce que moi, je suis rendue à me dire,
bien, au lieu de mettre les sous au restaurant,
dans certains cas, on pourrait faire d'autres choses ensemble.
Je suis rendue à penser parce que ça coûte vraiment cher.
Mais Brigitte et moi, on a été chanceux parce que
la nourriture dans notre vie, on n'en a
jamais manqué.
On a toujours mangé aussi.
C'était la nature de notre job. J'inventais des recettes.
Alors moi, quand j'invente une recette
de dinde au mois de juillet,
la dinde n'est pas en spécial.
Moi, tout ce que j'achète n'est jamais
en spécial. Je suis jamais
dans la bonne saison.
À part, mettons, à l'achète n'est jamais en spécial. Parce que tu es toujours à... Je suis jamais dans bonne saison. C'est ça.
À part, mettons, à l'époque de l'Halloween,
si je veux faire des recettes de citrouilles,
c'est là, là.
Si j'en veux, parce qu'il n'a plus pendant la saison.
C'est facilement un an d'avance.
Un an d'avance.
Mais 90 % de ce qu'on va cuisiner est toujours hors saison.
Il va toujours être meilleur dans 3-4 mois.
Si j'invente un dessert aux fraises, puis si toute la fraise, tu comprends, de serre,
aussi bonne peut-elle être,
ça sera jamais comme des fraises d'été ou d'automne.
C'est autre chose, tu sais.
Fait que nous, on était payés pour manger,
pour tester des recettes au départ.
Fait qu'on est vraiment...
Des fois, on se pinçait parce qu'on avait des amis
qui faisaient vraiment un budget très serré pour la nourriture.
Puis on se disait, on est jeunes,
mais on ne pense pas à ça, nous autres.
On mange beaucoup et bien.
Ça, c'est un grand luxe.
Tu as raison.
Puis là, quand tu le dis aujourd'hui,
on dirait que c'est encore plus vrai.
Bien, assez de pièces à livres de beurre, c'est sûr.
Non, mais ça n'a pas de bon sens pour les femmes.
Mais pour les femmes, pour tout le monde,
les gens seuls, c'est quelque chose. Tu vas à l'épicerie,
à toutes les fois qu'on rentre à l'épicerie,
il faut réfléchir pour faire des achats
qui vont être porteurs.
Je suis content parce que dans nos équipes en cuisine,
on a toutes sortes de groupes d'âge.
Il y en a qui n'ont pas d'enfants, il y en a qui n'en ont plus.
Puis on se le fouette mentalement,
se le dire, il faut rester conscient.
On ne peut pas être dans notre bulle.
Qu'est-ce que...
Il y a des meetings de cuisine, justement,
sur le coût des choses. Comment on peut cuisiner
des protéines
en coûtant moins cher,
que ce soit équilibré? Il y a une réflexion
à avoir. Ça te ramène
vraiment sur la terre.
Il faut, parce que la personne qui se promène avec son panier d'épicerie,
on a tout un budget,
puis il y a des affaires. On s'est rendu
ce prix-là. Moi, je ne remarquais
pas ça avant, puis maintenant, j'ai des chocs.
C'est parce qu'on est dans des phases.
Des fois,
l'alimentation a explosé.
D'ici deux, trois ans, les salaires
vont rattraper, puis on va
retomber dans un équilibre. Là, on est en
déséquilibre alimentaire.
On a un retard économique.
Ça finit toujours par se rééquilibrer,
mais le temps que t'es pas dans
l'équilibre, il y en a qui payent le prix
de ça. Oui, absolument.
On va en vacances, nous autres, puis on fait des tournées
d'épicerie pour regarder ailleurs
il y a quoi comme produit laitier, c'est quoi la viande,
quel genre de poisson ils mangent, c'est quoi
les surgelés.
On aime ça, nous autres.
On regarde les paniers du monde,
surtout quand on va à une place où personne ne nous connaît.
On peut vraiment regarder longtemps et plus.
Ça vous inspire.
Ben oui.
C'est important.
Là, on revient en cuisine et on se dit,
la gang, telle herbe ou telle affaire,
il n'y a ça nulle part, à part à Montréal ou à Québec.
Comment on va faire si on reste à, je ne sais pas,
Prince-Albert, en Saskatchewan
il faut y penser
en fait ça devient stimulant, parce que là
il faut être créatif avec des paramètres
c'est beaucoup plus stimulant que de dire
fais-moi ce que tu veux
t'as raison, c'est la contrainte qui nous rend créatifs
alors ça tu m'en donnes trois
tu vas en choisir une
et je vais continuer à en choisir une
bon ok, terminé ça merci puis Tu m'en donnes trois. Tu vas en choisir une et je vais continuer à en choisir une. Bon, OK. T'as mis ça.
Merci.
Puis ça.
Alors, on est dans le niveau jaune.
Quel est le plus grand défi que tu as eu
à surmonter dans ta vie?
Quelle place prend l'amitié dans ta vie?
En quoi les femmes de ta vie...
Mon Dieu, le mot ta vie revient.
En quoi les femmes de ta vie t'ont influencée?
Moi, je dois tout aux femmes.
Tout, tout, tout, tout.
OK?
J'ai été élevé par des femmes vraiment...
J'avais des présences masculines.
Mais c'était des présences.
Mais la transmission réelle,
autant du savoir physique,
cuisiner, réparer des maisons avec ma grand-mère,
des trucs comme ça,
que le savoir émotif m'a été transmis par des femmes.
Ma grand-mère, ma mère, ma soeur,
certaines de mes cousines,
ensuite de ça, mes blondes.
Après ça, les femmes avec qui je travaille,
mes boss dans le quotidien.
Au bureau, à part mon bras droit en cuisine, Étienne,
puis notre directeur aux ventes, c'est que des femmes qui dirigent Ricardo Média.
C'est un hasard, ça arrivait de même.
Ça me plaît beaucoup.
J'ai une grande confiance dans le jugement.
Peut-être parce que je n'ai jamais été blessé
par les femmes du début de ma vie.
Ça a comme influencé le reste.
Puis je m'adresse de moins en moins juste aux femmes
parce que les hommes prennent de plus en plus leur place
culinairement dans une maison.
Puis c'est un grand plus.
Je le vois, moi, la différence entre il y a 30 ans
puis aujourd'hui,
puis les commentaires des gars de tout âge, puis aujourd'hui, puis les commentaires des
gars de tout âge. – Est-ce qu'ils sont différents,
les commentaires des hommes?
– Bien, c'est-à-dire que, à mon
grand plaisir, la nourriture,
en tout cas au Québec,
est presque finie d'être
dégenrée.
C'est-à-dire que cuisiner n'appartient plus
à un genre, mais appartient
à l'ensemble d'un couple ou d'une famille.
Qui a le temps, qui a les attitudes, qui aime ça.
Si tout le monde haït ça, on le partagera autrement.
Mais il y a comme un...
Je pense qu'il y a comme quelque chose qui s'en vient
qui est absolument unique.
Parce qu'à partir du moment où on partage les repas
puis la tâche du repas, c'est le cœur de la famille.
Le reste, c'est vraiment là.
Parce que de ce repas-là,
va faire la paix avant d'aller se coucher,
va faire les lunchs pour le lendemain à l'école,
va faire la continuité avec ce qui est arrivé dans la journée
parce que c'est là que tu vas résumer ce qui t'est arrivé.
On a reçu Jean-François Chicoine,
qui est venu nous parler. – Ben oui, un de mes bons amis.
– Ben exactement. – Puis j'y parle aux deux jours, Jean-François.
– Puis on parlait de l'importance
des repas, on parlait de l'alimentation,
mais tu sais, il y a quelque chose dans le monde, qu'est-ce qu'on met dans notre assiette,
mais comment on partage
le repas, puis on disait, c'est aussi
l'endroit où on apprend à argumenter.
– Ah oui, c'est un lieu de démocratie.
– Ben oui, parce que t'es pas d'accord, faut que tu reviennes le lendemain à la même table, tu peux pas fuir. – Oui, puis c'est l'endroit où on apprend à argumenter. C'est un lieu de démocratie. Oui, parce que tu n'es pas d'accord.
Il faut que tu reviennes le lendemain à la même table.
Tu ne peux pas fuir.
Puis c'est souvent là que nos enfants...
Tu sais, tu es à la table, puis on a chacun un trois.
Un moment donné, il a fallu dire,
attends une minute, on va finir d'écouter ta soeur,
ton frère,
parce qu'il y en a qui prennent moins leur place.
Un moment donné, il y en a une qui dit,
moi, il n'y a jamais personne qui m'écoute. »
Puis là, tu dis, « Oui, tu as raison. Pourquoi?
Arrêtez de me couper. »
Mais toutes ces phrases-là, c'est du désir de s'exprimer.
Puis si quelqu'un dit à tes enfants,
« Moi, je pense que le lendemain à l'école,
peut-être qu'il va avoir le goth parce que son père,
c'est bon, c'est cette idée-là,
où il a raffiné sa pensée à la maison avec ses frères et soeurs.
À l'école, il va lever sa main, il va dire,
je ne suis pas d'accord. Puis il va être capable
d'argumenter ou je propose,
je veux ça, je pense
qu'on devrait... Parce qu'il l'a validé à quelque part.
Il l'a validé. Ah oui, moi je suis d'accord.
Puis c'est le moment où normalement
on va aussi apprendre le partage,
s'attendre les uns
et les autres, surtout si on a la chance d'avoir
une présence de grands-parents
ou de plus vieux ou plus jeunes.
Je dis souvent, dans une famille,
tu ne peux pas aller plus vite que le plus petit pas.
Tu peux, mais tu vas y aller tout seul.
Parce que tu as vécu ça aussi.
Ta mère est allée habiter chez toi.
Oui, elle a fini sa vie chez nous quand elle avait le cancer.
Puis ma mère, elle ne voulait pas
au début, comme toutes les mères, tu sais, ça veut pas faire
de troubles, ça veut pas déranger.
Puis j'avais dit, on a l'espace, on va transformer
le salon, ça va être ta chambre,
on est tous organisés pour ça.
C'était difficile parce qu'à un moment donné, il y avait aussi Brigitte
qui avait le cancer à peu près en même temps.
Mais elle m'avait dit, oui, mais je veux pas
être un poids,
tu seras pas un poids, mais tu vas travailler.
Elle m'avait dit, tu vas travailler? Oui. Parce qu'inévitablement, à un momentids, tu ne seras pas un poids, mais tu vas travailler. Tu vas travailler, oui.
Parce qu'inévitablement, à un moment donné,
on va être obligé
de t'attendre.
On va être obligé de t'aider.
Ça ne va pas être le fun.
Puis c'est là que ça va être ton rôle.
Ton rôle de grand-mère.
Puis on va pouvoir dire, toi,
mettons, la petite a dit,
c'est long, je veux me lever de table. Tu vas dire, grand-mons, la petite a dit, c'est long,
je veux me lever de table.
Tu vas dire, grand-maman t'a attendu
chaque bouchée
quand tu étais petite.
Puis aujourd'hui, on va attendre grand-maman.
Puis c'est le cycle naturel,
normal des choses.
Tu l'as fait avec ta mère,
puis ça nous manque peut-être
un peu, ça nous manque...
C'est quoi ça manque... Non, mais...
Non, mais t'as tellement raison, là.
Ce manque sociétal
qu'on a, puis quand on regarde
en fait,
la plupart des immigrants au Québec,
tu regardes comment
ça se passe dans les communautés asiatiques,
africaines,
moyennes-orientales.
Ils n'ont pas perdu ça.
Ce sens-là de
on est un clan qui s'est serré
et ça n'a pas d'importance
comment on va être à nos temps qu'on est ensemble.
On va suivre le rythme.
Quand on devient plus riche,
on oublie d'où on vient.
On oublie qu'il y en a qui se sont
sacrifiés pour nous autres.
Puis il faut que la marde pogne des fois
pour que tout à coup, on se retienne serré.
Tu sais, la COVID est arrivée.
Il y aurait un ouragan, il y aurait quelque chose.
Tout à coup, l'instinct humain de
on va s'entraider revient.
Mais dans une famille,
tout le monde va vivre des décès.
Tout le monde va vivre des naissances.
Puis si on les célèbre,
vraiment, célébr célèbre, vraiment,
célébrer une mort,
oui, il faut, à quelque part,
pas faire semblant que ça n'arrive pas.
Là, on va s'aider, puis après ça, on va brailler,
puis on va avoir de la peine,
puis ça va durer un an, cette peine-là,
le temps qu'on passe toutes les saisons.
Puis après ça, un jour, ça va devenir
un beau souvenir, puis on va se rappeler juste le positif. – Puis est-ce que le fait que ta mère habitait avec vous pendant qu'on passe toutes les saisons. Puis après ça, un jour, ça va devenir un beau souvenir et on va se rappeler juste le positif.
Puis est-ce que le fait que ta mère habitait avec vous
pendant qu'elle était malade,
est-ce que tu as l'impression que ça a apporté quelque chose
à ta famille, qu'il est resté quelque chose de ça?
Oui, oui, oui.
Oui.
Puis c'est surtout que ça dépend, tu sais,
l'âge des enfants, tu ne te souviens pas toujours
la même chose.
Mais vraiment, de pouvoir être ensemble tu te souviens pas toujours la même chose mais mais vraiment
de pouvoir être ensemble
de voir, tu sais, ne serait que
dans ton subconscient, tu sais ta grand-mère
est dans le salon puis est dans un lit
d'hôpital puis ça va pas puis tu sais
puis ils entendent
leur père dire attendez là
je vais aller changer
la couche à grand-maman puis tu reviens
puis tu fais ça.
Il y a quelque chose qui, je pense,
est aussi dans le mimétisme.
Des fois, quand des parents me disent,
moi, mes enfants, il y a ça cuisiné.
Tu sais, ça a peu d'importance.
Il y a des enfants qui, naturellement,
aiment la musique, le sport, le théâtre,
la peinture, peu importe.
Est-ce que vous mangez ensemble?
Si vous, vous mangez ensemble puis vous avez des amis à votre table
puis c'est vivant.
Un jour, ton gars puis ta fille s'en vont en appartement
puis ils vont rappeler, « Ta soeur, ça se pague,
c'était comment déjà? » La mission est
réglée. Souvent,
c'est le moment qui crée ça. À partir du moment
où t'es en appart, t'as un enfant,
tout à coup,
ce qu'ils ont vu revient.
Puis s'il manque des bouts,
ils t'appellent.
Puis c'était comment?
Puis c'est beau ça,
parce que là, c'est là que tu réalises,
OK, on ne l'a pas fait pour rien.
C'est aussi là que tu vois que tu as mis en place
ta culture familiale.
Tu sais qu'avec ton conjoint ou ta conjointe,
tu as fait ta propre bulle
familiale. Il y a une culture qui en découle.
Puis avec tous les défauts qu'on aura eu.
Oui. Tu sais, des fois, nos filles, nous autres,
ils n'ont pas la langue dans leur poche. Ils vont nous dire
ça, là, tu m'as fucké là-dessus.
C'est drôle. À cause de ta TV
et ça, puis ils te le disent.
Puis à quelque part, tu peux dire
je suis vraiment désolé. J'ai fait ce que j'ai pu,
mais tu continues, mais tu es conscient de ça.
Être conscient, c'est déjà
beaucoup, parce qu'après ça, eux autres
vont voir leur famille, puis ils vont essayer
de guérir leur propre blessure
de leur enfance, même si on
voudrait l'éviter le plus possible.
Des fois aussi, en ayant des enfants, on comprend
pourquoi nos parents ont agi comme ça.
Oui. Mon père est mort à l'âge que j'ai là.
Ça, comment tu le dis?
Un, je le voyais vraiment vieux.
Mais c'est sûr que la vie l'avait abîmé.
Peut-être que mes enfants
vont vieux aussi.
Mais c'est l'âge qu'il avait
quand il est parti.
Puis là, tu te dis, Caroline, tout ce qui a manqué
dans cette vie-là après,
tout ça. As-tu hâte que cette année-là soit passée pour toi? Non, tu te dis, Carline, tout ce qui a manqué dans cette vie-là après, tu sais, tout ça.
As-tu hâte que cette année-là soit passée pour toi?
Non, parce que déjà,
pour moi, j'ai déjà gagné à tous les points de vue.
Parce que, comme je disais au début,
moi, mon objectif,
c'était d'aimer une femme
de façon grandiose. C'est arrivé.
Demain, je peux être tout seul,
il peut m'arriver n'importe quoi,
ça partira jamais, ça.
Puis, tu sais, j'ai
trois filles extraordinaires,
on a tous nos qualités
puis nos défauts, puis quelqu'un m'avait
déjà dit, tu sais, la vie nous donne les enfants
dont on a besoin.
Il t'envoie pas ton clone, nécessairement.
Il t'envoie ce que t'as besoin
pour comprendre quelque chose puis grandir.
Fait que des fois, c'est réconfortant, Tu dis, OK, qu'est-ce que j'ai
à comprendre là-dedans?
Puis ça prend le temps que ça prend.
Mais moi, je suis un homme
satisfait. Tu pourrais mourir demain.
Oui. J'aurais la
frustration de ne pas voir ce que
mes enfants vont faire ou les
succès de mes amis ou ce qui arrive
autour de moi de grandiose. Mais ce que
je voulais faire,
je l'ai fait plus que ce que j'imaginais.
Fait que je suis comme dans un bonus perpétuel
de ce qui peut m'arriver.
Puis t'en es conscient.
J'en suis conscient, puis je touche la table,
je remercie le ciel,
merci à Sœur Angèle,
puis à tous les autres saints qui m'ont...
Tu parles bien.
Sœur Angèle a fait en sorte,
c'est elle qui t'a présenté Brigitte.
Oui, elle fait partie des femmes de ma vie.
Parce que tu as parlé
du cancer de Brigitte,
du cancer de ta mère qui a eu un chevauchement.
Comment tu t'es sentie, toi,
tu avais trois jeunes enfants,
c'est toutes les femmes de ta vie, entre autres,
tes trois filles, ta mère,
ta femme.
Comment tu t'es sentie intérieurement? As-tu peur de craquer
à ce moment-là? Pas craquer, mais
moi, tu sais, quand t'as des enfants,
des fois, le monde te dit
« Ah, ça change la vie, je suis
devenu mature, un homme, j'ai compris. »
Moi, j'ai rien vu pendant tout.
J'en ai eu trois. Il n'y avait aucune
différence avant, après. J'étais le même gars,
heureux, insouciant, la vie continue. Il n'y avait aucune différence avant, après. J'étais le même gars, heureux, insouciant,
la vie continue. Il n'a pas de problème.
Quand Brigitte a eu le cancer,
là,
je pense que je suis devenu
un homme. Parce que
tout à coup,
je pouvais perdre ce que j'aimais le plus.
Parce que je faisais souvent des fâches de moi,
entre ma femme et mes enfants,
prenez les enfants tout de suite.
Je peux offrir d'autres enfants avec ma femme. Moi, j'ai choisi
ma femme. Je n'ai pas choisi mes enfants.
Je les ai désirés, mais je ne les ai pas
choisis. Elle, je l'ai choisie.
Fait qu'elle, je vais la garder.
Puis là,
t'es comme, moi, je suis un gars aussi bien
traditionnel.
Moi,
l'idée de protéger
sa femme, ses enfants, gagner
notre vie, avoir...
Je suis très
traditionnaliste dans la façon
que j'ai été élevé, que je suis de ça.
Puis là, ton rôle numéro
un, qui est de
protéger ta famille,
tu n'as aucun pouvoir là-dessus. Tu ne peux rien
faire. Tu peux zéro.
À part être fin, présent, essayer d'être passé. Il n'as aucun pouvoir là-dessus. Tu ne peux rien faire. Tu peux zéro. À part être fin, présent,
essayer d'être passé.
Il n'y a rien que tu peux contrôler là-dedans.
Tu peux juste prier dans la science puis la médecine
puis tout ce que tu voudras parce que tu es comme
pogné. Oui, j'ai eu peur parce que je me
disais, mais moi...
Puis c'était des niaiseries.
Je me disais, mais comment je vais le montrer à se maquiller
s'il n'est pas là, je ne connais rien là-dedans
ça je ne sais pas
j'avais vraiment du terre à terre
où je me disais je ne peux pas être tout seul
il y en a qui le font
je te dirais que je me suis mis à penser
ok si je ne suis pas là
je me suis mis à faire des listes
je disais à Brigitte dans le fond
toi tu vas guérir
mais je peux mourir du coeur demain.
Qu'est-ce qui arrive si je ne suis pas là?
Je faisais des listes. OK, Brigitte, si jamais
je meurs, suis ce liste-là.
Ça, c'est pour le jardinier, pour le terrain.
Telle date, on coupe l'aides-sèdres.
Telle date, on fait ça. Toutes des listes.
Suis ça.
Ça sera comme si j'étais là.
Tout va bien aller.
Là, j'ai slacké et lisse.
Avec Brigitte, on s'est mis
beaucoup plus conscients, même pour la compagnie.
On avait des testaments refaits
et des prévisions sur qui
s'occupe de ça, puis les écoles.
On avait
vraiment à viser
notre entourage.
Qui s'occupe de quoi? Pourquoi?
Les enfants le savaient.
Vous ne serez pas tout seul.
Il y a du monde autour de nous autres.
On les a peut-être fuckés avec ça.
Mais c'était important pour nous autres de sentir qu'on allait
au moins essayer de prévoir ce qu'on pouvait.
Parce que c'est un peu la mort
qui avait cogné à la porte.
Elle n'est pas rentrée, mais elle était
arrivée proche.
Si ce n'est pas la mort, ça cogne à la porte en disant, écoute, ce n'est pas rentrée, mais elle est arrivée proche. En tout cas, si ce n'est pas la mort,
ça cogne à la porte en disant,
écoute, ce n'est pas toi qui mène tout.
C'est sûr que tu y penses.
Puis Brigitte, elle a le BRCA2,
donc elle a un gène qui est défectueux.
Donc, tu sais que c'est transmissible peut-être aux enfants à 50 %.
Puis tu sais aussi que ça peut revenirissible peut-être aux enfants à 50% puis tu sais aussi
que ça peut revenir
bon on fait quoi pour ça
tu deviens bien comme n'importe qui qui vit
avec
peu importe la maladie, on devient très connaisseur
dans cette patente-là
parce que tu te renseignes, tu lis, tu regardes
tu participes
mais Brigitte
elle ne se pose pas de questions.
Elle avance.
– À vie. – À vie.
Parce que quand il y a quelque chose,
à un moment donné,
ça l'angoissait, ce retour-là,
puis il y avait des masses.
Elle dit, regarde,
on va faire une reconstruction,
on va faire comme Angelina Jolie.
Puis bon.
Mais ça n'a pas été un drame perpétuel.
Elle est très forte.
C'est une toffe.
– Mais j'imagine que passer
au travers de cette épreuve-là,
c'est tout un défi dans une vie.
Je comprends.
Ça vous a encore rapproché?
Il y en a qui disent que la maladie
t'éloigne ou te rapproche.
C'est pour le meilleur
et pour le pire. On a signé pour ça.
Là, le pire est passé.
Le pire,
c'est perdre la personne que t'aimes.
À partir du moment où ça
s'est réglé, je veux dire,
tout va bien aller. L'important,
c'est qu'on soit là. Mais c'est une
résiliente, Brigitte, parce qu'elle aussi,
elle a eu un frère qui est décédé de la dystrophie
musculaire. Elle savait
c'était quoi aussi s'occuper des gens.
Il y a toujours eu un amour de l'autre
dans Brigitte qui, moi, m'a plu dès le départ.
Je me dis, OK, les familles qui ont l'amour
puis la force pour s'occuper de quelqu'un
qui a une maladie ou un problème,
ça prend du monde très, très, très fort
puis avec beaucoup d'amour puis de résilience.
Je me dis, bien, elle, c'est ça.
À quel besoin profond
elle répond?
Au départ, elle a beaucoup répondu
à un besoin
de sécurité.
C'était vraiment,
je la trouvais, sans le savoir,
apaisante, sécurisante.
Tout était facile.
Il n'y avait jamais, jamais.
Brigitte disait, si elle dit,
c'est en maudit, on le règle, c'est fini.
Jamais dans notre vie, en 30 ans,
Brigitte a dit, si vous le trouvez au mois
quand tu m'as dit ça,
j'ai de la misère à me souvenir,
vous l'avez trois heures.
Moi, si une fille me faisait ça,
je la laisse sur le champ.
Je ne peux pas,
s'il y a de quoi qui ne va pas,
tu me le dis, mais Brigitte est de maille,
mais what you see elle est de même.
What you see is what you get. Au travail,
je pense qu'au travail, les gens l'aiment beaucoup pour ça parce que c'est
transparent. La justice,
l'équité, on le fait
de même. Les montées de l'aise,
c'est moi qui les fais à la maison.
Des fois, elle me dit, là, calme-toi,
puis là, je passe mes grands chevaux,
quand je ne suis pas content de quelque chose,
elle, elle rentre au bureau, c'est toujours le calme.
Moi, je suis une montée de lait perpétuelle.
Donc, elle a commencé par répondre à un grand besoin de sécurité.
Il y en a qui, peut-être, après ça, vont ailleurs, puis ça marche.
Puis moi, mon besoin de sécurité, je pense qu'à un moment donné, il est comblé.
Puis j'avais toute la télé aussi qui guérissait de l'estime de soi.
Tu sais, c'est fort du monde qui dit qu'il t'aime de façon quotidienne.
À un moment donné, tu es comme fort.
Puis là, nous deux, moi, je me suis dit, je suis chanceux.
Je suis bien là.
Je suis maintenant bien dans ma peau.
Il faut que ça serve à quelque chose.
Puis très tôt, c'est pour ça aussi que j'ai eu le goût de dire,
moi, j'aurais le goût de m'investir, pas sur 53 causes.
Tu sais, comme on en a deux majeures.
La transmission du savoir pour les jeunes en cuisine, beaucoup.
Alors, c'est un peu ça que je fais à travers le LabÉcole
et avec les écoles qu'on construit.
Puis ça, ça marche à merveille.
C'est super.
Puis à travers la tablée des chefs,
où je suis le porte-parole depuis quasiment 20 ans,
où on donne des cours de cuisine
en parascolaire à des enfants
dans presque toutes les écoles du Québec maintenant,
au Canada anglais, ailleurs,
pour travailler l'estime de soi,
l'autonomie alimentaire.
Je me dis, moi, c'est quelque chose que j'aime.
Ça a changé ma vie.
Je suis sûr que ça peut faire quelque chose dans la vie
d'un paquet de garçons et de filles.
On fait ça, puis c'est sûr,
le cancer touche toutes les familles au Québec.
Peu importe quel type.
Si on les met ensemble, il n'y a aucune famille
qui n'est pas touchée malheureusement par ça.
Comme hier,
avant-hier, l'automne, j'en fais beaucoup
des soupers de levée de fond
puis des trucs.
Puis il y a quelque chose de valorisant là-dedans
parce que quand tu reviens, tu te dis,
« Ah, wow, tu sais, comme il y a une chaire de recherche de plus,
il y a telle affaire qui va... »
Ça donne un sens.
Ça donne un sens.
Un sens important.
Puis on le dit souvent à nos enfants,
si on a la chance d'être ensemble en santé,
c'est notre devoir de faire quelque chose
pour ceux qui ne l'ont pas.
Il faut utiliser le talent qu'on a
pour que ce soit utile,
pas juste à soi.
Sinon, c'est juste égoïste.
Tout le monde peut le faire si on a
quelque chose à apporter.
Oui, mais à sa façon.
Il y en a qui font un chèque, il y en a d'autres qui servent de la soupe.
Tout ça
est important. Fais-le
à ta façon.
Oui, parce que tu sais, comme être bénévole, si tu le fais trois heures par
semaine, tu as un engagement.
Il faut que tu t'engages.
Mais ce trois heures-là, il est important pour les autres,
mais il est d'abord important pour toi.
Ils vont des chances aujourd'hui
quand on s'implique, on le fait d'abord
pour soi. Ben oui, je pense que oui.
Parce qu'on le fait, c'est le sens
de l'engagement aussi, pour moi. Mais c'est le sens de l'amour
aussi. Étonnamment,
il ne faut pas se perdre.
On se dit tout le temps, il ne faut pas se perdre en amour.
Mais en même temps,
on le fait pour soi.
Sinon, tu es un religieux.
Tu aimes l'autre. C'est ça.
Mais en fait, quand on est en amour,
c'est qu'on est d'abord dans une situation
de bien-être personnel.
Puis ça, si c'est pour durer longtemps,
il faut que tu sois dans cet état-là pour toi-même.
Puis par la bande, t'as envie de rendre l'autre heureux.
Mais il est supposé avoir de la facilité là-dedans.
Tu sais, je veux dire... Donc, le besoin qu'elle t'apporte maintenant
le besoin profond
c'est-à-dire pas qu'elle t'apporte quelconque
une de tes questions
quel est le plus grand défi que tu as sûrement
pris dans ta vie?
il y a un lien avec ce que tu viens de dire
c'est-à-dire que moi je suis
un gars de projet, je suis un gars
qui aime brainstormer trouver trouver des idées.
Mais mon grand défi, ça a toujours été de le faire aboutir.
Et Brigitte a comblé ce bout-là en disant,
non, non, on va en faire moins, mais on va le faire.
On ne va pas juste le dire, on va le faire.
Puis l'engagement, c'est facile.
Aimer pour deux ans, cinq ans, c'est facile, aimer pour deux ans,
cinq ans, c'est une pinotte ça.
Aimer longtemps,
pas lâcher ses amis, sa famille,
son travail, j'aurais sûrement
arrêté au moins deux fois
ce que je fais.
Puis Brigitte me disait,
si on veut faire une différence,
il faut que ton talent,
il serve encore à ça
un bout de temps. Il faut qu'on
s'investisse jusqu'au bout.
Puis, heureusement, je l'ai écouté,
parce qu'effectivement, comme les marathoniens,
chose que je ne serai jamais, disent,
à un moment donné, on pogne un deuxième souffle.
Bien,
dans tout engagement, à un moment
donné, si tu lâches
pas, tu restes. Là, je dis pas de rester
dans une relation malsaine.
Non, non, non, c'est ça, mais...
Mais dans le quotidien,
que ce soit du travail ou en amour,
je pense que si tu lâches, à un moment donné,
tu pognes
une espèce de deuxième
vie là-dedans, où il y a
de la paix, de la quiétude,
t'es plus
d'aucune façon en train de prouver
quoi que ce soit. Il y a comme un égo qui se nourrit.
Oui, il y a un abandon de dire, regarde,
si tu veux ronfler, ronfle.
Je ne dis pas ça,
mais tu sais, ça ne me dérange plus.
On est ensemble.
Tu sais, on est juste bien.
Ça, c'est vraiment super
de pouvoir atteindre. Hier,
j'ai mangé. Je te donne le vide-fond,
justement, puis j'étais à côté d'un couple.
Écoute,
il y avait 82, ce couple-là,
immigrants italiens,
extraordinaires, qui ont bien réussi,
puis eux autres, ils donnaient à ce souper-là.
Puis j'y regardais, ces deux-là,
là, puis encore, je repensais à ma mère
puis son chum, je disais, wow.
Écoute, des fois, là, il avait peut-être pris un verre de plus, le monsieur, tu sais. Puis sa femme, elle le regardait, puis je meensais à ma mère et son chum des fois il avait peut-être pris un verre de plus
le monsieur
sa femme elle le regardait
dans sa tête elle me disait
continue à jaser
avant je t'aurais dit slack
tu parles trop
dans ma tête à l'époque
elle aurait dit quelque chose
elle a regardé son vieux
il était bien, il faisait sa petite patane, puis tout le monde
était content. Puis elle,
le jugement des autres, ça ne la dérangeait plus.
C'est mon mari.
Puis c'est ça. Vieillir.
C'est pas simple, je pense. J'ai beaucoup, beaucoup
à apprendre encore.
Mais je pense que
quelque part, cette paix-là
est possible.
C'est beau quand t'en parles.
Bien, c'est beau.
Puis c'est pas rose tous les jours, puis on s'en pose
beaucoup de questions, des fois à cause des enfants,
du travail, mais
on se crie pas après, parce
qu'il y a de l'amour.
C'est des règles non écrites.
Je pense que oui. C'est quoi le secret
d'un couple? Je le sais pas. Tous ceux qui
écrivent des magazines à pas de temps, ils se séparent
un an après. Fait que tu te fermes
la trappe et tu dis pas un mot.
Mais ça, c'est tellement vrai.
Mais le respect,
les paroles,
la...
Les choses qui blessent. Oui.
Il y a des mots qui blessent. Moi, je suis content parce que même
une de mes filles m'a dit, papa, hier,
je t'ai trouvé raide avec maman.
Je lui ai dit, wow, OK, ça, c'est
sharp. Parce qu'elle
n'acceptera pas pour elle.
T'es consciente que ça,
ça se fait pas.
Puis là, bien,
je pense que c'est notre rôle aussi comme
cercle d'amis, des fois.
De dire à tes amis ou à une amie,
il me semble qu'hier,
on l'a tous vécu, un souper, il y a du malaise
parce que le couple se pogne un peu. »
Oui, comme tu échappes quelque chose.
Mais je pense que c'est notre rôle d'amis
de dire,
« Je ne suis pas sûr que c'était nécessaire
que tu y dises ça. »
Ou de cette façon-là, ou quand j'étais là.
Je pense qu'on a un rôle de groupe à faire.
Quand on dit, les enfants, vous avez un groupe qui va vous protéger,
si tout le groupe s'aime et se protège...
C'est vrai que des fois, dans des discussions avec des amis,
justement, il y a des sujets qu'on aborde moins,
et tout d'un coup, arrive sur la place publique,
puis t'entends l'autre te reprocher
quelque chose, ça, c'est douloureux.
Oui, mais je pense que ça se dit.
Mais la façon...
C'est vrai que de se le dire
quand on est entouré de gens
qui nous aiment, qu'on aime, ça fait une différence.
Puis tu sais ce que tu as dit tantôt,
des fois, il y a des couples, moi, que j'ai connus, qui étaient très, très
en osmose.
Puis là, tu te dis, nous, il me semble qu'on j'ai connus qui étaient très en osmose plus tu te dis
nous, il me semble qu'on n'est pas comme ça
il y a-tu quelque chose
puis finalement, ce couple-là
ça sépare quelques mois après
chaque couple a sa
façon de démontrer
son amour, ses lieux
il y en a que ça va être partout
devant les gens, il va y avoir beaucoup d'accolades
il y en a d'autres, c'est plus discret.
Mais ça appartient à chacun des couples.
Chaque couple crée sa forme de bulle.
Mais en même temps, quand tu es ami,
tu sais que tu as un groupe d'amis qui est là,
pour te dire, ah, on te l'a dit,
elle est folle, laisse-la.
Non, ce n'est pas dans ce sens-là.
C'est dans le sens où, à telle minute,
on a dit qu'on était des amis
et qu'on allait s'aider.
Ce n'est pas nos cas,
mais quand tu penses à la violence conjugale,
c'est sûr que tes amis de gars,
si tu sais que tes amis y éroffent,
je pense que c'est notre devoir de dire
« Regarde, je suis ton chum de gars,
mais ta femme, si tu ne l'aimes plus, laisse-la.
Mais ce que tu fais,
ce n'est pas acceptable. Ça se dit,
ces affaires-là.
Moi, heureusement, jamais.
Jamais. Mais je me souviens pendant la pandémie, à un moment donné,
j'écoutais, je ne sais plus quoi,
une émission en télé où il disait que
c'était extrêmement pénible parce que
comme tout le monde travaillait à la maison,
qu'il y avait beaucoup de femmes qui vivraient plus de violences parce que le seul échappatoire de leur vie qu'ils avaient, c'était extrêmement pénible parce que, comme tout le monde travaillait à la maison, qu'il y avait beaucoup de femmes qui vivraient plus de violence
parce que le seul échappatoire de leur vie qu'ils avaient,
c'était le travail.
Puis Brigitte et moi, ça nous avait comme un peu shakés
parce que si je faisais un ratio du nombre de pourcentages
de femmes qui avaient subi ou qui subissaient de la violence,
dans nos employés, il y a quelqu'un qu'on ne connaît pas
qui subit peut-être ça.
Puis tout de suite, avec les ressources
humaines, nous autres, notre directrice,
Carole, avait dit, on va dire à tout le monde,
si vous voulez rentrer au bureau, vous pouvez venir quand vous voulez.
Venez quand vous voulez. On s'en fout
des règlements et de la loi. Si vous voulez venir,
vous nous le dites, on va
s'organiser pour que
la sécurité et la santé soient protégées,
mais vous pouvez dire
chez vous, je suis obligé de rentrer au bureau,
mon boss l'exige.
Mais des fois, c'est des détails comme ça
où je me dis qu'en ligne,
on en fait-tu assez comme homme?
Je vais me mettre juste dans ma peau à moi comme homme
pour prévenir
ça, pour faire
en sorte que ça n'escalade pas,
qu'on l'arrête à la base.
Puis si tes amis de gars
sentent que toi, tu n'as pas de limite pour ça,
c'est pas possible,
bien des fois, c'est bien d'avoir un encadrement.
Il y a des gars qui ont besoin de sentir cette limite-là.
– Surtout, des fois,
quand ils sent semble que ça
vient de la femme,
tu sais, les femmes ont peur de parler parce que
si tu parles
à l'homme, à celui, en tout cas,
celui qui est violent, puis que ça vient
de l'autre, bien, c'est quoi?
Tu sais, quand tu vas fermer la porte, qu'est-ce qui va
se passer? Mais quand c'est quelque chose que
tu vois sans intervention,
il y a quelque chose, il y a un lien direct
où il n'y a probablement pas moins de conséquences
potentielles, en tout cas,
chez la victime.
En tout cas, il y a une réflexion à avoir,
de se dire, OK, si je ne sais pas comment intervenir,
bien, renseignons-nous.
Oui.
C'est quoi la meilleure façon d'intervenir?
Je vois quelque chose, ça ne nous plaît pas,
on n'a pas un bon feeling, qu'est-ce que je fais?
On peut se renseigner là-dessus.
Puis essayer d'être au mieux.
Tu sais, mon père était violent verbalement,
pas physiquement, mais ça te marque aussi.
Puis ça, toi, moi avec Brigitte, c'est une des affaires,
moi j'avais dit, la relation avec l'argent que tu parlais,
je dis, moi, c'est pas vrai que je vais jamais dire à ma femme, c'est moi qui payitte, c'est une des affaires. Moi, j'avais dit, puis tu sais, la relation avec l'argent que tu parlais, je dis, moi,
c'est pas vrai que je vais jamais dire à ma femme,
« Hey, c'est moi qui paye, c'est moi qui décide. »
Moi, j'ai donné
tous mes chèques de paye à Brigitte.
« Occupe-toi-en. »
Parce que toi, tu l'as entendu, cette phrase-là?
Bien, tout le temps. Fait que moi, je m'étais dit,
c'est pas vrai que dans mon couple, on va vivre ça.
Moi, je suis marié pour le meilleur et pour le pire.
De toute façon, je me disais, si on se sépare,
on a trois enfants.
Je veux dire,
je veux que tu sois dans un état
physiquement
favorable pour que
ces enfants-là passent cette épreuve-là
qui n'est pas désirée, mais
qui est là.
Des parents qui se déchirent sur
de l'argent, des trucs, il y en a plein. On en voit,
on en connaît.
Ce n'est pas souhaitable.
Moi, je m'étais dit, ce n'est pas vrai que je vais vivre ça.
Tu as été quand même pas mal en réaction.
Oui. En réaction positive,
dans le sens où, moi, j'étais en
réaction à un père
qui, je trouvais, aimait mal
pour toutes sortes de raisons que j'y pardonne.
Lui, il a manqué d'amour.
On pourrait faire sa propre analyse à lui.
Mais moi, j'avais envie d'autre chose.
Puis je trouve ça merveilleux
qu'on ne soit pas obligé de revivre
ce que nos parents ont vécu.
On peut le faire différemment, bien.
Je le suis, moi.
Ce n'est pas ça que je voulais.
Ce n'est pas ça que j'ai.
Ce n'est pas ça que j'ai eu. À travers la cuisine, je le suis, moi. C'est pas ça que je voulais, c'est pas ça que j'ai. C'est pas ça que j'ai eu.
Fait que, je veux dire, puis des fois,
à travers la cuisine, tu sais, je le répète,
les gars, on a la vie qu'on mérite
puis qu'on veut. Vous allez faire
ce que vous voulez.
Puis quand je dis la vie qu'on mérite, c'est pas par rapport à ce qui arrive.
Tu mérites le meilleur.
Le meilleur
te convient très bien.
Il y a pas de raison
peu importe comment ça se passe
à la maison
on va faire notre spag
puis on va le manger
ensemble puis après ça ta vie elle commence
aujourd'hui à 11 ans
12 ans, 15 ans, 14 ans
c'est là, on la prend en main
puis tu en fais ce que tu veux
tu parles des hommes, il y en a beaucoup pour qui parler,
c'est quand même difficile.
Il y a des groupes d'hommes qui existent.
Je trouve qu'on n'en parle pas assez de ça,
mais il y a des espaces où on peut écouter.
Des fois, on n'a pas besoin de parler, moins d'écouter.
Parce que ça fait quoi quand on regarde les statistiques
sur la violence conjugale?
Ce qui se passe dans une maison,
ce que des enfants voient,
ce que des enfants vont répéter malheureusement
parce que c'est leur modèle.
Mais tu as raison, il faut apprendre à parler.
Puis tu sais, des fois,
tu peux parler beaucoup comme moi,
mais tu n'as rien dit non plus.
La communication, c'est tellement important.
Il devrait y avoir des cours de ça à l'école.
Comment exprimer quelque chose
qu'on ressent, quelque chose qu'on veut,
quelque chose qu'on ne veut pas.
Brigitte, on avait organisé chez nous
des fois des ateliers corporatifs
avec des spécialistes
qui viennent t'expliquer
comment désamorcer quelque chose,
comment expliquer. Puis quand tu as des
techniques,
puis malheureusement, on les oublie trois semaines après.
Tu te dis, mais c'est donc bien merveilleux.
Puis tu le vois que tout est dans la façon de s'exprimer ou d'exprimer.
On n'est pas bon là-dedans.
Parce que notre émotif rentre.
Parce que chacun a son tempérament.
Parce qu'il y a 12 000 raisons.
Mais ça, on n'a pas appris.
Puis il y a, à un moment donné, Karine Gartua,
qui était à l'époque, je pense,
présidente de l'Ordre des psychiatres du Québec,
qui voulait que dans les écoles primaires,
je pense que ça s'est fait quand même
dans quelques écoles,
qu'on parle des émotions, qu'on les nomme,
qu'on dit quelles sont les émotions
qu'on ressent, comment on les ressent,
comment on peut les exprimer.
Parce que c'est souvent là, le problème,
c'est qu'on a une congestion d'émotions
et on n'est pas capable de les exprimer correctement.
Oui. On a peur de blesser des fois l'autre
ou on ne sait pas comment dire les choses,
que ce soit au travail ou à la maison encore.
Puis finalement, c'est pire parce que plus que tu t'en retiens,
moins... Puis en plus, la colère, on que plus que tu t'en retiens, moins...
En plus, la colère, on va dire, tu ne peux pas être fâché.
Calme-toi. Mais tu sais, la colère,
c'est quand même, ça fait partie des émotions.
C'est une émotion qui est là pour protéger ton
territoire. Tu ne fais pas une colère
pour rien. Mais ce n'est pas en la
camouflant que tu la désamorces,
la colère.
Des fois, tu peux
commencer ton discours en disant, regarde, ça va sortir tout croche, n'est enlèvement. Des fois, tu peux commencer ton discours
en disant, regarde, ça va sortir tout croche,
n'importe comment. Je ne sais pas si ça va être...
Bon. Fait que là, tu mets l'autre
dans une attitude, OK.
Ça se peut que ce soit n'importe quoi,
mais un coup que tu pars,
puis il faut que tu aies le temps. Tu sais, quand je dis,
il faut choisir le bon moment.
Bien, tu sais, c'est pas
5h30, 6h45 avant d'aller
à un souper que finalement, tu règles
une affaire. Tu sais, ça prend du temps.
Puis des fois, tu te dis, OK, le temps,
c'est quoi le meilleur temps? Bon, OK, des fois,
tu te dis, bon, je vais attendre que les enfants soient au sport.
Je vais attendre ça. Tu sais, on essaye
de trouver le meilleur moment.
C'est pas toujours...
Pour être bien reçu. Bien oui.
Pour mettre les chances. Autant pour le travail
encore, parce que pour moi, c'est pareil.
C'est des relations d'amour qu'on a
à haine, que ce soit avec
le travail, avec nos couples.
Comment on organise ça pour que
finalement, ce soit paisible? On passe quand même
la moitié de notre vie au travail et plus.
C'est énorme. Il faut trouver une façon
que ce soit un lieu valorisant.
Es-tu prêt à passer au niveau rouge?
alors tu m'en donnes deux
et on répond seulement à une question dans les rouges
elle est sortie de ça
celle-là
Ferré chantait
avec le temps va tout s'en va
qu'est-ce que le temps est devenu pour toi?
es-tu le père que tu aurais
voulu avoir?
C'est la deuxième qui me touche plus.
Mais
le temps, je pense...
C'est drôle parce que le temps
passe, puis
tu le sais qu'il en reste de moins en moins.
Puis je pense que c'est tout le temps l'heure de faire des choix sur
qu'est-ce que ça ne me dérange pas de ne pas faire ou de ne plus faire,
dans mon cas.
Professionnellement, je me suis dit,
j'ai dit que je voulais faire le tour du monde 12 fois.
On l'aura fait une fois.
Ce sera assez.
Je ne vais pas continuer pour de l'orgueil.
Là, j'ai des choses plus importantes à faire,
que je dois faire.
Il faut être capable de se le dire.
Le temps, pour moi, est de mon côté.
Je suis de plus en plus heureux, de plus en plus en paix. Je commence à comprendre un peu pourquoi j'agissais bien ou mal quand j'étais plus jeune. Je suis assez heureux de vieillir. Il y a ça. Moi, je pense que c'est une bonne chose qu'on meure. Je ne voudrais pas vivre éternellement
parce que je ferais juste remettre
à demain. Là, je veux
vivre. Je veux aimer.
Je veux triper. Je veux faire ce que j'ai à faire.
Puis arrêter de faire ce que
je ne veux pas vraiment.
C'est important, la mort.
Pas trop
tôt. Je veux dire, c'est frustrant
quand ça arrive vite, mais à un moment donné, tu te dis
« Wow, OK, c'est le temps de laisser la place
puis il y a une autre gang qui le font. »
Peut-être que dans mille ans, ils penseront autrement.
Mais moi, je me dis que ça m'oblige
à être rigoureux
dans mon bonheur,
dans ce que j'ai envie d'être ou pas.
Parce qu'à un moment donné, j'aurais plus les capacités.
Et justement, de respecter
les étapes de la vie.
Oui. De ne pas vouloir
rester éternellement jeune non plus.
Écoute, ça, c'est drôle, parce que
moi, j'aime bien TikTok, tu sais, trop.
Puis, des fois,
Alexandre au bureau, c'est un jeune
créatif, dynamique, qui s'occupe
de nos médias sociaux. Des fois, je fais
des niaiseries, puis je dis, là, là,
toi, t'es le boss, OK?
Je veux pas avoir de l'air
du goutte de 56 qui pense qu'il y a 26.
Fait que si je fais une niaiserie
puis qu'elle est drôle juste au party de Noël,
tu me le diras puis on la diffusera
au party de Noël. On va pas mettre ça
sur les réseaux publics.
C'est important, je pense, d'avoir l'âge
qu'on a au mieux qu'on peut.
Tant mieux si on a de l'air plus jeune.
Tu le quittes, mais pas jouer à être jeune.
Jeune, c'est quand tu es jeune.
Là, je suis encore en super forme,
j'ai plein d'affaires que je veux faire,
plein de projets, mais j'ai 56 ans.
Pour faire semblant que j'ai 33,
puis je couds le body, c'est pas ça.
Je trouve ça triste, ceux qui font ça.
Je me dis, j'ai pas envie de ça.
Comme je n'ai pas envie d'être le boss,
je le dis tout le temps et je le répète,
je ne veux pas être le boss de 80
qui s'accroche, qui pense qu'il est le meilleur
pour faire la job. Ce n'est jamais vrai.
Tu peux être un bon consultant,
un bon mentor, tu peux être présent,
mais à un moment donné,
il faut qu'il y ait un autre genre
de dynamisme qui arrive. Puis d'une génération
à l'autre, c'est pareil. Mais il y en a qui s'accrochent.
Ça détruit la famille, ça détruit
l'entreprise, ou ça
retarde les changements
qui se feraient. Puis tu sais,
si ça ne va pas aussi bien que tu voudrais,
ça change quoi dans ta vie?
Tu es rendu à 70,
80, 90. Tu l'as fait de ton bout.
Sois heureux de ce que t'as
puis laisse-les faire leurs erreurs.
Laisse-les faire ce qu'il y a à faire.
Puis sois témoin de ça.
Pas pour dire, je vous l'avais dit.
Pour dire, attendez, vous l'avez essayé de même,
j'ai peut-être une idée.
Ça, c'est positif.
C'est vraiment dans la transmission.
Mais c'est parce qu'il y a beaucoup plus de bonheur,
puis c'est beaucoup plus gratifiant de voir...
Tu sais, je disais, moi, dans ma tête,
ça fait des années que Brigitte Pimont se dit,
quand moi, je vais arrêter,
j'aimerais ça le transmettre à quelqu'un,
ce bonheur-là d'enseigner la cuisine au quotidien.
C'est Isabelle Deschamps qu'on avait choisie
parce que c'est une fille humble, le fun,
qui a le talent pour le faire,
qui mérite ça.
Mais le bonheur que j'aurai un moment donné,
je vais la regarder de chez nous,
puis je vais être en train de faire d'autres choses,
puis je vais dire, ah, je savais, je savais.
Mon plus grand orgasme professionnel,
ça va être de dire,
quand tu vois du monde autour de toi qui réussissent ailleurs, tu sais,
Martin Picard, il est avec Normand Laprise,
tu sais, il y a beaucoup de monde
dans la cuisine, on le voit
beaucoup dans le cirque, tu as des
sous-chefs, puis tu le sais qu'un jour, ce gars-là,
ce fille-là, il a bien trop de talent,
il va faire ou elle va faire quelque chose de
grandiose, mettons, en cuisine ailleurs.
Mais à moins que tu sois un sans-cœur,
ça te fait de la peine quand
ils partent, parce que tu sais que tu pars quelqu'un.
Mais en même temps, tu te dis,
« Go on in, regarde, c'est beau ça,
ce qui arrive. »
Il y a quelque chose qui fleurit,
puis tu auras participé un petit peu à ça.
Un peu comme quand tes enfants
sacrent leur camp, puis que
tu trouves ça plate, qu'ils te textent pas assez souvent.
Mais en même temps, quand ils t'appellent,
ils disent « Oh, j'ai tellement
fait une affaire tripante », puis ils te racontent
leur moment, bien c'est sa vie.
Tu sais?
Toi, tu t'ennuies comme parent,
mais elle est en train de faire
sa vie. – Ta plus vieille, là, Béatrice,
s'est mariée l'été dernier. – Oui.
– Comment t'as vécu ça? – J'ai encore mal au pied,
je pense. – T'as dansé? – J'ai dansé jusqu'à dernier. Comment tu as vécu ça? J'ai encore mal aux pieds, je pense.
Tu as dansé? J'ai dansé jusqu'à 3 heures du matin.
Écoute, ça a été un vrai...
Pour moi, ça a été un mariage parfait.
Parfait à la base parce que c'est deux jeunes
qui sont bien, sont profondément amoureux.
J'adore sa belle famille.
J'en parle et ça m'émeut.
Son bonheur.
C'est quelque chose d'être heureux.
Pour l'autre.
C'est wow.
C'est comme...
C'est réglé.
C'est ça qu'on veut comme parent.
Tu sais.
Tu ne sais jamais combien de temps ça dure.
On ne le sait pas.
Tu peux avoir un accident de tour dans trois semaines.
Mais là, au moment
où tu me parles,
elle, c'est une nouvelle mariée.
Elle a sa maison. Elle a du fun.
Elle a un groupe d'amis trippant.
Je les connais.
C'est beau. Je suis
touché parce que
j'ai vécu ça,
ce bonheur-là,
à notre façon, Brigitte, puis moi,
et c'est son tour.
Puis ça, c'est pas garanti.
Le bonheur est pas garanti,
comme la santé,
comme toutes sortes d'affaires.
So wow!
As-tu l'impression, Brigitte,
toi, vous lui avez transmis ça,
ce goût de l'amour?
Bien, définitivement. Tu sais, on transfère... Tu sais, Brigitte, toi, où il avait transmis ça, ce goût de l'amour? Bien, définitivement.
Tu sais, on transfère...
Tu sais, quand je disais, c'est pas grave
si les enfants ne trippent pas sur la cuisine,
un moment donné, ils partent et font des affaires.
Béatrice, ça n'a jamais été la cuisinière de la famille
dans mes trois, là.
Ça avait toujours été Clémence qui trippait sa cuisine.
Puis maintenant, tu sais, elle est avec son mari,
puis ils reçoivent leurs amis,
puis les amis se reçoivent,
puis ça a pris une grande...
Ils ne sortent pas d'un bar comme toi et moi on faisait
quand tu étais jeune.
Non, non. Ils mangent ensemble.
C'est vraiment... C'est sûr qu'il y a du
Brigitte là-dessus. Je veux dire, je vois bien,
je rentre, puis elle aime
ma passion pour les fleurs.
Il y a tout le temps
un petit bouquet ici. Puis elle aime
ça profondément, faire ça.
Fait que je me vois à travers
son Louis-Félix, puis elle.
Je me dis... Puis quand je dis
que ça me touche, c'est parce que
en fait,
en vieillissant, je suis beaucoup
plus sensible à la joie et à la
tristesse des autres.
Parce que tu n'as vécu des petits bouts.
Moi, des fois, je me dis, voyons,
t'es bien rendu, Momoun.
Je pleurais parce que j'entendais quelqu'un
qui me racontait quelque chose de triste
dans mon restaurant.
Mais t'es capable de te mettre à la place de l'autre.
C'est de l'empathie.
Puis de sentir cette douleur-là
que la personne te raconte
ou le bonheur qu'elle te raconte.
Ça, je trouve ça...
J'aurais jamais vécu ça à 20 ans, 30 ans.
Je trouve ça merveilleux d'être capable
puis d'être heureux
de m'émouvoir
autant d'une chose triste qu'heureuse.
J'essaie de prendre toutes les bonnes.
Tu sais, ce mariage-là, c'était un grand party.
Puis les soeurs, puis les cousins.
Tu sais, comme ça a dans cousins. Ça a dansé,
ça a été ce que ça doit être.
Une célébration, puis une unification
de deux familles.
C'est pas juste deux personnes dans ma tête.
Moi, un mariage, c'est deux familles qui s'unissent
pour les aider
au meilleur de nos connaissances.
Puis sa belle-famille
est exactement de même aussi.
Fait que moi, ça, je veux dire,
c'est le top.
Tu sais, Clémence est à Londres
en train de faire une maîtrise.
Puis elle a du goth de la mort.
Tu sais, je veux dire, partir
loin de ta famille,
beau temps, mauvais temps. Tu sais, on y parle,
je pense, deux fois par jour, mais
tu sais, il y a des journées, tu te dis, oh boy,
me semble que je serais mieux chez nous. On se ferme la trappe, tu sais, parce que elle est là-bas, là. Tu sais, je pense, deux fois par jour. Il y a des journées où tu te dis, « Oh boy, il me semble que je serais mieux chez nous. »
On se ferme la trappe parce qu'elle est là-bas.
Mais elle, elle vit ça.
Elle ne s'est pas empêchée de partir
en se disant, « Je vais m'ennuyer de ma grand-mère,
que j'adore. »
Sa grand-mère, elle disait,
« Je t'en sens, tout va bien.
Now is the moment.
C'est ça que tu veux faire? Vas-y.
Peu importe ce qui arrive
après. Jamais t'étudies
trop. Tout ce que tu fais
finit par s'amalgamer.
Si je n'avais pas fait les THQ et
ensuite Radio-Télédiffusion,
ma vie ne serait pas là.
Peu importe ce que tu fais, tu vas chercher dans tout.
Je ne savais pas. Les deux sont mis.
Tu sais, puis ma plus jeune,
écoute, Jeanne, elle, elle ne tout. Je ne savais pas. Les deux sont mis. Tu sais, puis ma plus jeune, qui, écoute,
Jeanne, elle, elle ne m'a rien coûté, elle.
Elle, là,
ça ne coûte rien, cet enfant-là, OK?
Ça n'a pas coûté de broche, ça ne coûte pas de linge,
ça ne coûte rien.
Et là, elle me dit,
je ne suis pas trop sûre,
je voulais être un travailleur social,
je ne peux plus réfléchir. Oui, réfléchir,
ça va me coûter bien moins cher un an à réfléchir que tes sœurs avec toutes les études
et la patente. Elle est aussi
dans un bonheur
de découverte d'elle-même
à Montréal, dans son appartement,
son premier appartement,
que j'aime bien décorer
à sa personnalité.
C'est son environnement.
C'est son environnement et ça y ressemble. C'est complètement différent de ses sœurs, mais n'est pas à mienne. C'est son environnement. C'est son environnement, puis ça y ressemble.
C'est complètement différent de ses soeurs,
mais c'est tout à fait elle.
Puis là, on se planifie un voyage tous les deux ensemble.
On va partir deux semaines ensemble.
On est en train de se préparer.
Ton rôle de père, c'est un rôle auquel tu accordes
beaucoup d'amour.
Tu sais, au début, tu m'as vu,
je t'ai touché parce que
je suis quand même un gars
qui se pose beaucoup de questions tout le temps.
T'espères tout le temps
être un père pas pire.
Tu voudrais les protéger
de 12 millions d'affaires.
Des journées, t'es convaincu
que c'est pas pire. Des journées, tu te trouves poche.
Tu te dis, j'aurais pu réagir autrement.
Des fois, j'écoute un ami, comment il a parlé à sa fille.
Je dis, shit, j'aurais dû dire ça
de même. Peut-être que je ne l'ai pas dit.
Je l'ai-tu bien dit?
Tu te poses des questions comme parent.
Moi, j'ai des filles. Je ne sais pas
comment un père qui a des gosses
pose des questions, mais moi, j'ai trois filles.
On a toutes les angoisses
autour
de la sécurité physique, mentale,
autour de l'apparence, autour de 12 000 affaires
auxquelles on n'aurait peut-être pas pensé il y a 30 ans.
Mais là, c'est là.
Je fais-tu bien ça? Je l'ai-tu faite mal?
Je peux-tu réparer quelque chose?
Tu sais, comme tu es toujours en train
de te reposer ces questions-là.
Puis des fois, c'est eux autres qui désangoient,
ils ne stressent pas, OK? Tu es super, la vie va bien.là. Puis des fois, c'est eux autres qui désengouillent, déstressent pas, OK?
T'es super, la vie va bien.
Puis d'autres fois, tu sais ça, c'est...
Mais en même temps, c'est exaltant.
Parce que si j'avais une certitude,
il se passerait plus rien, tu sais.
Mais vous avez une grande franchise dans ta famille.
Ah, c'est, je te dirais.
Je te dirais que mon genre actuel,
une fois, il nous a dit,
ça fait cinq ans qu'ils sont ensemble,
il dit, moi, les deux premières années
que je suis retourné chez nous, j'étais brûlé.
Chaque soir, brûlé, mort,
parce que c'était trop intense.
Moi, ça parle, ça rit, ça crie, ça broye,
on recommence, on mange.
Tu sais, c'est comme, on est autour de la table.
Mais les choses se disent.
Eh boy, oui.
Mais tu sais, quand t'es habitué
d'être d'une famille très calme,
tu rentres chez nous, nous autres, d''es habitué d'être d'une famille très calme, tu rentres chez nous,
nous autres, d'après moi, une famille d'Italiens, de Grecs ou de Latins, n'importe
où, ça doit ressembler à ça, d'après moi.
C'est animé. C'est très, très
animé. Mais tu le sais, quand on mange enceinte
avec les enfants, c'est
pas plat. On s'entend
plus à six enfants qui ont
toutes des opinions politiques,
économiques, sociales.
Oui, qui ont leurs personnalités différentes.
Mais c'est beau, ça.
Moi, si je dis
« On va aller souper chez vous »,
les enfants, si je ne les évite pas,
ils vont dire « Ben là, comment ça?
Qu'est-ce qui se passe? Il faut qu'il y ait une raison majeure.
Ils sont à l'extérieur du pays ou quelque chose. »
Parce que c'est le genre d'affaires qu'ils vont aimer.
Oui, mais c'est beau, la famille.
Dans ce podcast-là,
on en parle souvent parce que
peu importe les questions, le chemin
amène rapidement à la famille.
C'est notre base.
Ce sont nos valeurs.
C'est ce qui nous anime dans la vie.
Même quand la famille te détruit, te nuit
ou les chicane parce que...
Elle a une influence dans toute ta vie.
Des fois, le monde me dit, ta famille, t'a nuit ou des chicanes parce que faut pas, tu sais des fois le monde me
dit ah ta famille c'est tellement beau
genre quand tu grattes
parce qu'on arrivait avec
toutes les familles sont pareilles
il y a des trahisons, il y a des peines
il y a des non-dits
des tempéraments qui s'entendent moins avec
d'autres pour mettre de l'eau dans son vin
il y a tout ça, la perfection elle existe
pas, tu sais, puis quand on a un moment de grâce,, elle n'existe pas.
Quand on a un moment de grâce,
tantôt, j'étais ému.
Quand tu me poses une question de même,
ça me ramène, OK, en ce moment,
ça va bien.
Tu sais, comme mes trois filles vont bien,
puis ma femme,
puis moi.
Ces moments-là me rentrent dedans.
Combien de temps ça dure, encore une fois. Tu sais que c'est comme... Fait que ces moments-là me rentrent dedans, en disant, OK, ouf.
Puis combien de temps ça dure, encore une fois.
Ben oui.
Tu sais, tu te dis, merci.
Mais c'est vrai, les gens disent,
ah, ben oui, ça va bien, ben attends une minute,
avec un microscope, tu ouvrais d'autres choses.
Ben, tu sais... Mais c'est le...
Moi, surtout en anglais, on dirait le big picture,
mais c'est comme le recul qu'il faut observer de la famille.
C'est avec un recul, dire, ah, c'est ça, ma famille.
Oui.
Tu sais, parce que des fois, on la regarde de trop près, mais quand on observer de la famille. C'est avec un recul que tu te dis, ah, c'est ça ma famille. Parce que des fois, on la regarde
de trop près, mais quand on parle
de la famille, il faut prendre un recul. Il y a quelque chose
de la différence entre le quotidien
et qu'est-ce qu'on vit quand on pense
à la famille. – Oui, où tu te dis, OK, des fois,
on se pogne, mais mettons qu'il y en a une
ou un qui est dans la misère.
Qu'est-ce qui arrive? Tu sais que toute la gang arrive à court.
– Ça, c'est beau.
Mais comment on peut ne pas se pogner alors qu'on a
de la misère des fois à s'endurer soi-même?
C'est quelque chose, partager ta vie,
partager avec les enfants.
Puis en plus, quand les enfants sont capables
de s'exprimer, ils vont te le dire.
Là, t'as poussé. Là, je ne suis pas d'accord.
Pourquoi ils te remettent en question?
Puis c'est les moments d'émancipation.
Ça devient des adultes.
Il y a un moment donné, il y en a une qui peut être adulte à 17 ans. L'autre, c'est les moments d'émancipation ça devient des adultes il y a un moment donné
il y en a une qui peut être adulte à 17 ans
l'autre c'est 24
mais c'est comme
c'est quand ce moment là où
c'est correct
je m'en occupe
ok c'est correct
tu prends un repas de recul
puis t'en ris avec tes aimés après
elle m'a dit slack pas
c'est sûr Slack Ricardo,
Slack Mario, Slack...
Ça me le dit, ça vaut quelque chose,
elle te le dit parce qu'elle le tient.
Est-ce que tu veux continuer avec une question mauve?
Écoute, moi tu sais, j'ai peur de rien.
Fait que tu réponds.
Si tu avais
un moment à supprimer de ta vie,
ce serait lequel?
C'est dur parce que même les trucs
qui t'ont ou blessé ou fâché
ou tout ça, ont aussi
participé à forger, quitter.
Veux-tu en piger une autre?
Non, mais dans le sens où je ne suis pas sûr
que j'éliminerais quelque chose.
Parfois, ça peut être
un petit moment, ça peut être... Oui, OK, Dans le bon... Ça peut être un petit moment, ça peut être...
Oui, OK, je le sais.
Ça peut être un gros moment.
Mais là, faut-tu que je te le raconte?
Faut-tu me le dire? Faut-tu y répondre?
Là, ma fille Jeanne va rire
de moi. Elle va me dire,
reviens-en. Mais
on parlait de père,
il y a une couple d'années, on était en France.
Ma plus jeune adore l'équitation.
Elle ne fait pas ça de façon...
Elle aime les chevaux.
On était en vacances en France.
Je vois un truc qui dit
équitation sur la plage.
Je me disais, ça va être trippant.
Je demande aux trois.
Mes deux plus jeunes disent, on y va.
On s'en va là.
On se ramasse à une place.
Le monsieur est un peu agressif,
on n'aime pas son ton,
il crie après les autres enfants,
on est peut-être une quinzaine sur les chevaux,
je suis un peu figé,
c'est très autoritaire,
il part au grand galop,
mais comme on aurait pu se tuer.
Et là, on arrête.
Là, il voit bien qu'on est en maudit.
Et là, il nous engueule.
C'est parce que vous êtes des pas bons.
Puis c'est à vous autres de ne pas vous inscrire.
Puis là, j'ai figé.
Ma fille aurait pu se tuer, OK?
Mais vraiment. Elle avait, écoute, du sang sur les mains. Ça a été un moment d'ai figé. Ma fille aurait pu se tuer, OK? Mais vraiment.
Elle avait, écoute, du sang sur les mains.
Tu sais, ça a été un moment d'horreur.
Bien, je m'en veux encore du pas y avoir pétail.
J'aurais dû m'avancer et y mettre mon poing dans la face.
Ou à tout le moins y dire,
t'es vraiment un ignorant.
Parce qu'il n'y a personne qui est ici pour aller aux Olympiques.
Ça peut être un moment magique.
C'est la mer, on est là ensemble avec des bêtes magnifiques.
Tout est là pour un moment qui est gravé dans toutes nos mémoires.
Puis toi, tu transformes ça en marde compétitive.
Et non seulement ça, ça va passer vite,
tu nous le remets sur le dos.
Écoute, je suis revenu dans l'auto,
je pense que ça m'a pris un mois,
j'ai dit, j'aimerais ça m'excuser,
j'ai comme, je devais vous protéger,
je ne l'ai pas fait.
J'aurais dû me lever.
Tu as figé à ça.
J'ai figé.
J'aurais dû me lever et dire,
wow, ça va faire.
Tes chevaux, tu vas les ramener, nous autres, on s'en va d'ici.
Tu es un malade.
Je ne l'ai pas fait.
Puis je me suis toujours dit après, je comprends ceux qui vivent quelque chose,
peu importe quoi, puis qui fichent.
Je me suis dit, pourquoi tu n'as pas réagi?
Pourquoi tu n'as rien dit?
Je me suis dit, OK, ça doit être ça qui se passe.
Il y a un moment où tu dois réagir
puis tu réagis pas
ou mal ou pas au bon moment.
Puis j'en ai reparlé, puis on s'en est reparlé.
Puis on est arrivé à la maison, on s'est vidé le sac
à Brigitte. Elle, elle pensait,
tu sais, t'es en vacances,
tu penses qu'ils vont rentrer dans la maison pour dire
« Hey, c'était-tu? Comment c'était? »
Le paysage, tout était...
Écoute, ça a été...
Dix ans après, je pense qu'on s'en parle encore.
C'est parce que t'as eu peur.
Parce que s'il était arrivé quelque chose
à une des filles,
jamais j'aurais pu me le pardonner.
J'aurais dit, c'est de ma faute.
J'ai pas arrêté ça au bon moment.
Des fois, t'es dans un accident d'auto,
tu comprends plus rien.
Non, non, non. Là, j'aurais pu dire, wow.êté ça au bon moment. Tu sais, des fois, tu es dans un accident d'auto, tu ne comprends plus rien. Non, non, non.
Là, j'aurais pu dire, wow!
C'est intéressant comme moment.
Ça va trop loin.
Je l'éliminerais.
Tu sais, ça, ce moment-là,
où je le referais autrement,
mais c'était comme,
je n'ai pas aimé ça, cette sensation-là.
Ça te reste, tu ne l'as pas oublié.
Oui, parce que j'ai de la misère à confronter.
Si j'allais voir mon thérapeute,
je dirais, mais pourquoi?
Pourquoi j'ai réagi mal comme ça
plutôt que d'être en protection?
Regarde, ce sera une...
Est-ce que tu as une question pour moi?
Tu sais, toi, tu poses toutes les questions.
Puis je te connais assez.
Quand l'émission est arrêtée,
puis que tu étais blessé par surtout la façon dont ça a été fait,
dans ce temps-là,
parce que je trouve qu'on se ressemble quand même beaucoup
toi
tu t'es dit
j'ai envie de me venger
ou j'ai envie d'oublier
mais pas de me venger
c'est pas dans ma nature
mais j'avais envie de me relever
tu sais j'avais
oublié, non, moi j'oublie jamais rien jver. J'avais oublié, non. Moi, j'oublie
jamais rien. J'aimerais ça, des fois, oublier
des affaires.
Ça me revient vite.
Moi, je n'oublie pas. J'ai vraiment beaucoup de réflexes.
On dirait de survie.
Quand j'ai vécu quelque chose, quand j'arrive dans...
Mais la façon que...
Moi, c'est bien important,
la façon de faire les choses.
Moi, la manière que ça m'a bousculée, c'est bien important, la façon de faire les choses. Moi, la manière que ça m'a bousculée,
c'était comme...
J'ai trouvé ça dur de continuer à le faire.
Une fois que tu sais que tu te fais virer,
puis tu dois continuer pendant des semaines
à faire la même chose, dans le même lieu,
avec les mêmes personnes.
Les personnes de mon équipe technique
et de mon équipe de contenu, c'est extraordinaire.
Il y a des gens
qui ne me voulaient plus.
Il faut vivre avec ça.
Ça, pour moi, c'est un grand travail.
Ricardo, vraiment,
il a fallu que j'aille puiser profondément.
Je pense qu'il y a 10 ans, j'aurais tout sacré.
Ça ne t'empêchait pas de dormir?
Il y a du monde qui aurait fait
une dépression avec ça.
C'est difficile de rentrer à tous les jours
quand tu ne te sens pas désiré.
C'est dur de ne pas se sentir désiré.
Mais non.
Mais tu sais quoi?
Ça fait que j'aurais peut-être dû reconnaître des signaux.
Mais en fait, je voyais qu'il y avait des affaires aussi,
que j'avais des lumières rouges.
Mais je ne pouvais pas quitter en plein vol.
J'avais l'impression d'être en plein vol.
Mais avant, j'aurais sauté. J'aurais sauté en bas de l'avion. J'aurais dit, regarde, ce n'est pas grave, mais je ne serai pouvais pas quitter en plein vol. J'avais l'impression d'être en plein vol. Mais tu sais, avant, j'aurais sauté.
J'aurais sauté en bas de l'avion, puis j'aurais dit, regarde,
c'est pas grave, mais je serais plus dans cet avion-là.
J'ai pas eu ce réflexe-là parce que
je savais aussi que c'était très personnalisé
ce qui s'est passé.
Il y a des gens, je pense que mon âge,
mon caractère,
c'est mon caractère, parce que je suis quelqu'un
qui a du caractère, puis pour une femme, des fois, avoir
du caractère, c'est pas positif.
Mais moi, pour moi, ça veut dire savoir ce que je veux,
savoir ce que je veux pas.
Je connais tellement les gens
qui me suivent. Je les vois,
je les croise. Moi, j'ai toujours fait tout pour eux.
C'est comme, non, ça,
quand je suis pas d'accord avec quelque chose,
au plan professionnel, c'est parce que j'ai l'impression
d'être la courroie de transmission.
J'ai pas le droit de dire oui à quelque chose
pour plaire alors que je vais déplaire
à ma raison
d'être là. Tu comprends? C'est les gens.
Fait que j'ai appris
beaucoup et j'ai décidé et j'ai
compris c'était quoi avoir un vent de face.
Pourtant, c'est pas que j'en ai pas eu en politique.
On dirait qu'une fois que je suis
sortie de cette
aventure-là,
je me suis dit, moi, dans le fond,
j'avais un méchant vent de face depuis assez longtemps,
où je demandais quoi, c'était non, ce ne sera pas possible,
c'était ardu.
Tu sais, quand tu essaies, puis là, finalement, c'est difficile.
Je ne m'en suis pas rendue compte que le vent était aussi fort.
Mais c'est en quittant, puis en arrivant ici,
avec Humano Productions,
puis avec l'équipe avec laquelle je travaille,
je me disais, mais c'est ça, un vent de dos?
J'en veux plus de vent de face.
– Tomber dans quelque chose de paisible.
– Oui, parce que dans la vie personnelle,
on a des vents de face.
La maladie, c'est un vent de face.
La trahison, c'est un...
Il y a des choses qui arrivent à nos proches.
On ne peut pas s'écarter du vent tout le temps.
On apprend dans la vie, je trouve,
à avoir des angles différents
pour que ça nous frappe moins.
Mais des fois, il nous frappe sans qu'on le voit venir.
Mais je me dis, dans une vie professionnelle,
c'est évitable.
Surtout à 54 ans,
où j'ai quand même plus de liberté
que j'en avais avant.
J'en veux plus de ça. Ça m'aura
appris ça, que je l'ai laissé
quand même, ce vent-là, prendre de la force
sans m'en rendre compte.
Et maintenant, c'est terminé.
Là, je travaille avec un vent
en dos et je me dis que toute mon
espèce de créativité,
parce que le vent de face tue la créativité
aussi. À un moment donné, tu te...
– Ça te déstabilise tout le temps. – Tu te réduis,
tu te ralentis, tu sais, le vent
devient fort, tu te ralentis, tu te ralentis,
puis après ça, t'es comme un peu en désaccord
avec toi, mais tu te rends pas compte pourquoi.
Et là, là, c'est comme si depuis,
mettons, le mois de septembre,
je comprends tellement d'affaires. Je vais dire,
je les laisse. C'est moi qui pensais pas
me laisser faire. Bien, ça a marché. Je me dis, je les laisse. C'est moi qui ne pensais pas me laisser faire.
Bien, ça a marché.
À la longue, je suis en train de muser.
Et là, c'est comme si je prends mon envol professionnel,
mais j'ai appris beaucoup sur le plan personnel.
Quand j'ai été alitée longtemps pour mon fils Charles,
j'ai appris beaucoup de choses sur le plan personnel.
J'avais l'impression que j'avais des amis
que c'était pas un vent de face,
mais que je traînais de force.
Tu comprends? Des amis qui m'apportaient rien.
Des amis que c'est moi
qu'il fallait tout le temps, puis je me sentais tout le temps coupable
parce que je retournais pas l'appel assez vite.
À l'époque, il n'y avait pas encore de texto.
Ça, ça me sauve dans mes amitiés.
Mais je l'ai compris à 30 ans
dans ma vie personnelle.
Mais dans ma vie professionnelle,
je viens de le comprendre.
Puis travailler, entourer de gens.
Je pense que Brigitte, puis toi,
ça a toujours été un exemple aussi.
Vous vous entourez bien.
C'est vrai que c'est un grand plus
d'avoir des gens autour de nous
qui croient en nous,
qui sont professionnels,
autant dans la vie personnelle que professionnelle.
Ça, c'est dans n'importe quel milieu de travail.
Quand on dit être sur son X,
ça veut dire, quand t'es au théâtre,
puis t'as un X, c'est sur une scène,
ça veut dire que t'es au meilleur endroit
pour avoir le meilleur son
puis le meilleur éclairage
pour ta salle.
Mais dans la vie professionnelle,
moi, c'est comme s'il y a quelque chose
qui voulait me m'enlever
de sur mon X. Moi, j'étais là, non, je vais
rester sur mon X, mais ça prend
un effort, ça fatigue
autant physiquement que psychologiquement.
Alors moi, j'ai appris beaucoup.
Alors tu sais, maintenant, je te dis,
je ne retournerai plus là. Tu sais, si on me disait
tu reprends ton émission parce que je me le fais
demander à tous les jours,
autant j'ai adoré ça,
mais je ne retournerais pas là.
Regarde ici.
Dans le fond,
tu fais les entrevues
comme tu rêvais de les faire.
À ta vitesse, tu choisis.
Tu le fais.
On aime ça venir te voir.
C'est relax.
Mais c'est profond, c'est te voir. C'est relax. Mais c'est profond,
c'est humain, puis c'est
simple. Tu sais, moi, j'ai
jamais aimé les affaires compliquées.
Tu vas piger une question dans une piscine.
Tu sais, là, tu vois, il y a un jeu,
c'est simple, mais tu comprends, tu sais,
parce que des fois, la télé, c'est un peu...
J'exagère, mais j'exagère, mais en même temps,
Peter McLeod, je me souviens,
il était venu à deux filles le matin
il me dit là, tu vas-tu me faire
une question dans une piscine parce que je pêche
partout où je vais, il y a des concepts
c'est vrai, il y a plein d'émissions avec des concepts
j'en ai fait plein d'émissions avec des concepts
je sais pas que j'ai pas aimé ça, mais c'est vrai
que des fois ça devient compliqué
mais moi je suis pas bonne là-dedans
moi je suis pas bonne quand
je passe par... je fasse
un détour. Moi, j'aime ça, la ligne droite
dans la vie. Je suis comme ça.
Ça fait que... Et là, ici, c'est
la ligne droite. Puis tu sais, j'ai d'autres choses
qui vont être annoncées. On travaille
sur des gros projets. Puis tu sais,
mon but, moi, c'est toujours d'outiller les gens,
de garder cette relation-là.
Puis moi, j'appelle ça mon monde.
Je pense qu'on est beaucoup,
quand on t'écoute, on se reconnaît
dans toi, gars ou fille,
dans le sens où ta curiosité,
ta force, c'est que tu poses
une question,
tu te dis, bien, j'aurais aimé ça,
il poser ce question-là. Je pense que les bons
animateurs, c'est comme ça.
Ils posent la question à ma place.
Moi, j'écoute le balado dans l'auto, mais la question qui suit, des fois, c'est comme ça. C'est-à-dire qu'il pose la question à ma place. Moi, j'écoute le balado dans l'auto,
mais la question qui suit,
des fois, c'est ça que tu poses.
– Oui, bien, c'est ça, parce que c'est pas...
– Je trouve ça le fun de me dire, OK, bien, écoute,
c'est parfait, j'ai...
À la fin de l'entrevue, j'ai ce que je voulais.
– Probablement, Ricardo, parce que je suis instinctive,
j'aime pas les affaires
préparées d'avance. C'est pour ça que le jeu,
je sais pas qu'est-ce qu'il va obligé. – Non, exactement,
il y a pas de recherche, il y a rien.
Moi, t'as pas fait de pré-entrevue pour venir ici.
Moi, ça, à un moment donné, je me dis... What you see is what you get.
Moi, des fois, je disais, écoutez, là,
je l'ai gagné ce point-là au fil du temps,
mais je me disais, j'ai l'expert devant moi,
j'ai l'invité devant moi, il va répondre?
Pourquoi j'ai besoin de savoir ce qu'il va me dire avant?
Et puis le pire des cas, quelqu'un qui te pose une question,
tu peux dire, je ne sais pas.
C'est pour ça que quand tu m'écoutes, tu te dis,
j'aurais posé la même question, puis je suis à la même place que toi.
Je n'ai pas plus de préparation.
La dernière question, Ricardo, que je pose à tout le monde.
La lampe d'Aladin existe.
Quels sont tes trois vœux?
Ça, c'est ton jeu. Tu t'en vas avec.
C'est-tu vrai?
Oui, c'est à toi.
Il est fait pour toi.
Ah, bien, c'est bien de faire.
Tu vas avec.
Mes trois vœux.
Je triche un peu, genre, que le monde que j'aimerais s'en s'en tait.
Oui, je comprends.
Parce que c'est le fun d'être vieux.
Moi, ma belle-mère, je capote dessus.
Mais c'est le fun d'avoir des grands-parents en santé autour de soi.
Parce qu'ils t'amènent tout le temps à un autre point de vue, quelque chose.
Donc j'aimerais ça pouvoir être en santé longtemps.
Ensuite de ça,
j'aimerais ça,
avant de mourir, être capable
de savoir que les enfants vont manger
à l'école.
Qu'ils puissent
être bien.
La société assure.
Oui.
On est riche.
Il n'y a pas de raison qu'on ne le fasse pas.
Puis qu'on le fasse différemment.
On n'a pas besoin de copier ce que les autres font.
Mais il y a tellement d'organismes au Québec qui sont déjà actifs dans ça.
Quand je parle d'un programme
universel, c'est pas
la même affaire pour tout le monde.
Quand on parle d'universel, c'est
que les enfants qui ont besoin d'être nourris
le soient, et le soient dans leur
milieu, avec quelque chose qui
corresponde à leur milieu.
Que ce soit par le type de nourriture, la façon
de le manger,
que chaque milieu reste maître de qui il est,
qu'on ne fasse pas un truc de bureaucratie
avec un moment privilégié comme manger.
Ça, ça serait un vœu.
J'aimerais ça qu'avant de mourir, je le voie, vraiment.
Puis le troisième,
si dans la mémoire de mes petits-enfants,
je pouvais être aussi trippant
que ce que j'ai trouvé que ma grand-mère était.
Ça, j'aimerais ça
parce que je sais que ça reste
après. Quand tu as des enfants,
ou, j'ajoute un ou,
des jeunes que tu prends
sous ton aile.
Mon parrain, il n'avait pas d'enfant,
mais j'étais son enfant aussi.
On sait que notre éternité existe par ce monde-là.
Parce que tant que ta mémoire est là, tu n'es pas mort.
Ma grand-mère est morte il y a longtemps.
Elle avait 97 ans quand elle est morte.
Mais elle est encore vivante parce qu'on en parle,
parce que je vois son livre de recettes,
ces affaires. Puis,
c'est important si on peut pour être,
pour une, ne serait-ce qu'une personne,
laisser un souvenir
après sa mort, dire, ce professeur-là
a changé ma vie,
le voisin, la voisine, ma grand-mère,
ma mère, mon père.
Dire, on est capable de dire
qu'on a
f***.
Hé, ça, c'est drôle!
On a plus d'électricité!
Tu voulais que je m'en aille? T'avais pas besoin de fermer
les lumières. Écoute, on dirait
qu'on a demandé Hydro-Québec. Ça arrive-tu souvent, ça?
Ben, c'est la première fois que ça nous
arrive, Ricardo. On finit ça
pas d'électricité avec mon cellulaire.
Ouais. Hé, merci, Marie-Claude.
Ah, merci. C'était un plaisir, comme d'habitude.
J'ai appris à te connaître encore plus,
à t'aimer encore plus.
On se connaît tellement.
C'est beau t'écouter.
J'ai beaucoup aimé mon rengis.
C'était un grand plaisir.
Il n'y a rien pour nous arrêter.
Il n'y a plus d'électricité et on continue.
Bye bye tout le monde.
Merci d'avoir été là.
Un grand bonheur. Bye-bye.
Cet épisode était présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau au Québec.