Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #51 Sophie Grégoire | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: April 22, 2024Dans ce cinquante-et-unième épisode d’Ouvre ton jeu, j’ai l’honneur de recevoir Sophie Grégoire dans le cadre de la sortie de son livre Entre nous : mieux se connaître, mieux s’aimer. Elle... joue cartes sur table et partage les réflexions qui l’ont menée vers l’authenticité qu’elle connaît aujourd’hui. Elle nous sensibilise à l’importance de faire face à nos traumatismes pour mieux vivre. Elle aborde la transformation relationnelle qu’elle a vécue récemment dans sa vie amoureuse et familiale, les impacts d’avoir été la première dame du Canada et le rapport des femmes avec la sexualité. ━━━━━━━━━━━ 00:00:00 - Introduction 00:12:48 - Cartes vertes 00:41:48 - Cartes jaunes 01:09:00 - Cartes rouges 01:24:55 - Carte mauve ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant partout au Québec et au https://www.randolph.ca/produit/ouvre-ton-jeu-fr/. Visitez mon site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d’avance. ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15.
Transcript
Discussion (0)
Dans un couple, il y a un moment où, puis je pense que c'est dans tout couple, on se pose la question, qu'est-ce qu'on fait?
Selon nos chemins de vie, qu'est-ce qu'on fait?
Mais on est convaincu que dans une société comme la nôtre, quand succès veut dire mariage et séparation ou divorce veut dire échec,
et quand la vie au fond se passe entre les deux. Mais quand on est si étroit
dans le vocabulaire qui nous est
alloué pour parler de nos relations,
je pense
qu'on associe
une transformation
d'une relation, une restructuration
d'une relation à la fin.
À la fin
complète de quelque chose.
Je ne suis pas d'accord.
Et je pense que quand on est deux êtres humains,
qui savons encore ce qui est le cas,
qui se respectons encore, c'est le cas,
de transformer une relation, c'est un signe d'amour
quand ça veut dire qu'on peut libérer l'autre sur son chemin.
Tout en l'aimant.
Mais ça prend du courage, là.
Ouvre ton jeu est présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau,
disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec.
Le jeu de table Ouvre ton jeu est disponible partout en magasin et sur andolf.ca.
Bonjour tout le monde, bienvenue à cette édition spéciale d'Ouvre ton jeu,
où je vous présente ce livre qui est Mieux se connaître, mieux s'aimer entre nous,
écrit par Sophie Grégoire Trudeau.
Ça fait déjà plusieurs semaines que c'est planifié dans l'horaire cette rencontre-là.
J'avais vraiment très, très hâte de rencontrer Sophie
parce que j'ai beaucoup aimé ce livre.
Je vais en parler avec elle.
C'est quelque chose qui nous fait du bien.
Ce n'est pas un livre qu'on lit à la course.
C'est un livre qu'on lit d'abord pour soi.
Et on va pouvoir en parler avec elle.
Et évidemment, elle va ouvrir son jeu.
Bienvenue, Sophie Grégoire Trudeau.
Merci, Marc-Claude.
Alors, comment tu vas?
Ça va bien. Je réalise à 49 ans que...
Moi, je suis une amoureuse de la vie,
mais qu'à 49 ans, on n'est pas venus ici sur Terre
pour être heureux.
On est venus ici pour être conscients.
Et ma vie a fait que les bouleversements,
les opportunités uniques, l'amour qui soutient
tout ce que je fais,
qui est autour de moi,
m'a changé de l'intérieur jusqu'à l'extérieur.
Et je l'accueille.
Je l'accueille, je comprends qu'il y a de l'incertitude dans la vie.
Ça me rend moins anxieuse que ça me rendait avant de faire face à l'incertitude.
Et puis, oui, je pense que je vis une vie consciente
et je suis responsable de moi-même
et de mon authenticité
Qu'est-ce qui a été l'élément déclencheur
dans ta vie pour devenir responsable
de ton authenticité?
Je pense pas que ça a été un élément déclencheur
mais tu me fais penser à quelque chose, il y a pas longtemps dans une conférence
on m'a demandé, Sophie quand est-ce que t'as réalisé
que
en tant que
jeune fille, femme,
que ta vie ne serait pas comme celle des garçons
et des hommes autour de toi.
Ça relie ça à ta question.
Je pense que j'ai tellement vécu avec des messages contraires, paradoxaux.
Mon père me disait, sois toi-même, n'aie peur de rien, repousse tes limites. »
Il me poussait en bas des montagnes en ski, puis il me disait de sauter en bas des rochers.
Il me permettait de pousser mes limites physiques et psychologiques.
Et en même temps, j'étais élevée dans un contexte, puis une génération,
où il y avait des commentaires complètement désobligeants par rapport aux femmes,
des barèmes de beauté
étroits et
ignorants.
Et beaucoup, beaucoup aussi de
machisme ici et là.
Donc, ces messages paradoxaux-là,
je les ai intégrés à l'intérieur de moi,
puis je me suis dit, il y avait quelque chose de pas correct
là-dedans. J'étais pas bien. Puis moi, je me tenais
beaucoup avec les gars. J'adorais. J'avais des bonnes
amies-filles, mais j'aimais ça me tenir avec les
boys. Ils étaient intrépides, aventuriers,
puis je faisais du sport avec eux autres.
Puis je voulais être, tu sais, comme on dit,
part of the gang, là. Je voulais faire partie de la gang
de boys, mais en même temps,
je voulais être leur préférée, tu sais.
Je voulais être comme la fille qui protégeait, puis
qui aimait, puis qui trouvait belle.
Puis j'ai été très chanceuse, moi, d'avoir
des chums extraordinaires
qui m'ont vraiment ouvert assez le cœur
avec la vulnérabilité que j'ai pu me faire confiance
dans qui j'étais depuis un jeune âge,
mais encore une fois,
bombardée de messages paradoxaux dans ma propre famille
en essayant de sauver la dynamique entre mes parents.
C'était un chemin qui était psychologiquement un peu...
Il y avait plein de variantes, plein de nuances
qui faisaient pas de sens.
T'aurais pu prendre un autre chemin que celui que t'as pris.
Ça, tout le monde.
C'est ça. Mais t'avais comme une volonté.
Parce que quand tu parles de tes chums,
est-ce que tu penses que t'aurais pu avoir un chum
qui te fasse du tort?
Dans ce besoin de séduire,
où t'avais déjà ce caractère-là,
cet instinct-là,
pour aller vers la bonne personne?
Je pense qu'il n'y a personne qui est invincible
à certains
partenaires, féminins ou masculins,
qui pourraient être extrêmement manipulateurs
et que ça peut ne pas être dévoilé
dans un début de relation. Donc, je ne me pense
pas invincible à ça, mais
j'étais forte de caractère. Fait que s'il y avait un début de relation. Je ne me pense pas invincible à ça, mais j'étais forte de caractère.
S'il y avait un manque de respect
ou j'étais...
Regarde mon grand, c'est comme ça que ça va fonctionner.
Mais en même temps, une grande sensibilité,
une grande vulnérabilité.
Je suis une grande sensible.
J'ai le cœur sensible.
Puis vu que je suis enfant unique,
je pense que depuis
que je suis jeune, l'autre est comme une source de nourriture émotionnelle pour moi.
Et je suis très à l'affût de l'énergie de l'autre, de comment l'autre se prédispose émotionnellement, puis comment je peux aller le faire sentir mieux.
Parce que ma mère, des fois, elle avait souvent de la peine, puis la petite Sophie était comme « Mais là, qu'est-ce que je pourrais faire pour la... »
Je garde juste en parlant de ça déjà.
Je le ressens. Puis mon papa,
pourquoi il est émotionnellement distant?
Je veux l'aider, lui aussi. Puis pourquoi
les deux ne s'entendent pas? Ça, il faut
que je sauve la situation aussi. Mais pour une fille
unique, puis pour n'importe quel enfant,
c'est une cape qui est vraiment...
Tu ne peux pas porter ça comme un enfant.
Moi, ça me cherchait beaucoup quand tu parlais d'enfant unique.
Parce que moi, je ne suis pas une enfant unique.
Et je me disais, c'est vrai quand même qu'il y a un enjeu qui est différent.
C'est que tu portais beaucoup de pression sur tes épaules.
Oui.
Est-ce que tu avais l'impression, si tes parents,
on ne sent pas que ça va super bien,
est-ce que tu te sentais responsable de ça comme enfant?
Parce que souvent, les psychologues vont dire que les enfants...
C'est de ma faute, si.
...arrivent vite à cette conclusion-là.
Je pense que peut-être inconsciemment,
mais pas consciemment.
Je ne pense pas que je me disais
que c'est vraiment de ma faute que mes parents ne s'entendent pas.
Mais je pense que j'ai intériorisé le fait...
Vu que je ne peux pas les sauver,
il y a quelque chose qui ne doit pas aller en moi.
Tu trouvais qu'ils te manquaient quelque chose.
Pas assez bonne.
Pas assez bonne. Pas assez bonne.
Encore plus, encore plus.
Ça a toujours fait partie de ma personnalité.
Donc, la petite Sophie était comme ailleurs.
C'est-à-dire que tu cherchais
quelque chose au fond de toi.
T'étais plus difficile d'émerger.
Ah!
Oui. Je pense qu'on cherche tous
et toutes quelque chose au fond
de nous qu'on veut éclaircir.
Mais tu es arrivée jeune à cette phase-là.
Oui. C'est ça. C'est ça, Marc-Claude. C'est ça.
Je pense que la vie a suscité ça en moi et a fait que j'ai été une chercheuse de vérité à l'intérieur de moi-même.
Puis je me disais, quand j'ai commencé à souffrir de désordre alimentaire, comment ça se fait que moi, ça m'arrive à moi? J'avais cette capacité de détachement de moi-même,
mais en même temps, je te la
fasse complètement enfouie
dans ma propre compulsion, tu sais.
Donc, il y avait comme une danse entre ces deux mondes-là,
extérieur puis intérieur. Oui, tu as raison.
Est-ce que ça t'a fait du bien d'écrire ton livre?
Bien oui, ça fait du bien. Ça fait du bien
parce que j'ai beaucoup appris en écrivant
le livre. Et c'est un sujet
de prédilection, d'amour, de passion
à moi, puis à bien du monde,
depuis 20 ans
ou plus. Donc,
ça m'a donné des confirmations, ça m'a
amené plus d'interrogations
face à mon propre parcours,
mais aussi au fait que
j'ai toujours trouvé que
plus d'êtres humains je rencontre sur mon parcours de vie,
plus je me rends compte qu'on n'est pas si différents que ça. On veut tous être aimés pour qui on est. On veut se faire prendre, se faire toucher avec respect. On veut se faire regarder par quelqu'un qui est présent, qui n'est pas ailleurs. Et ça, ça rappelle toute la petite enfance du parent qui prend son bébé et peut-être qui est présent ou peut-être qui ne l ne l'est pas parce qu'il n'a jamais appris autrement. Puis ça, ça
vient me toucher parce que chaque bébé,
chaque enfant, c'est juste ça qu'on veut.
C'est pour notre survie aussi, l'attachement.
On en parle-tu un peu de l'attachement?
Tu sais de...
– Bien, tu en parles beaucoup. Tu vas
chercher aussi un psychologue
qui parle de tous les types d'attachement
et c'est pour ça que je trouve que ce livre-là
n'est pas un livre qu'on doit se presser de lire,
mais se l'approprier.
Tu as ton histoire à travers,
tu vas chercher tes réponses à toi aussi.
Je trouve ça beau le mot que tu viens d'utiliser,
parce que je pense que c'est s'apprivoiser.
Je pense que ce livre-là va permettre au lecteur
de s'apprivoiser avec un petit peu plus de patience
qu'on a dans la vie de tous les jours,
parce que c'est rendu un luxe de se reposer
et de prendre le temps d'eux.
Et aussi,
oui, tu as dit un autre mot,
de s'approprier soi-même.
On vit dans une société
qui récompense le reni de soi-même.
Les petites filles commencent à se détester
physiquement et mentalement,
puis les jeunes hommes aussi, mais de d'autres manières,
dès l'âge de 6-7 ans.
Puis là, on voit les désordres alimentaires
qui débutent
encore plus tôt.
On aurait-tu pensé vivre dans une société
où on dit à nos jeunes filles,
« Hé, ma grande, un jour,
je veux juste te dire, tu vas faire ça à ton visage,
tu vas faire ça à ton corps, puis tu vas t'aimer tellement
plus, puis les gens aussi vont te trouver plus belle. »
Je trouve qu'on est en train
de perdre tellement d'authenticité
au prix d'être
aimé. Parce que,
selon notre type d'attachement à notre enfance,
puis selon comment la personne
principale dans notre vie a pris soin de nous,
par le regard, par le toucher,
par la présence, par le jeu,
par l'humour, qui valait
d'un peu notre perception de la réalité. Est-ce que moi, comme enfant, ce que je vis à l'humour, qui valide un peu notre perception de la réalité.
Est-ce que moi, comme enfant,
ce que je vis à l'intérieur de moi, c'est-tu valide?
Mais ça, là, ça laisse des marques
tout au long de la vie,
dans le cerveau, dans le corps,
et le corps s'en souvient.
Là, la science est en train de nous démontrer
qu'il y a plein de livres qui se dévouent à ce contenu-là.
Le corps s'en souvient.
Il se souvient des traumatismes.
Et quand on essaie d'enfouir nos émotions
parce que ça fait trop mal,
un jour, ça ressurgit
par des mécanismes
qui ne sont pas supposés nous faire peur,
mais le cerveau s'en souvient tellement
que ces mécanismes-là,
qui ne sont pas des vrais...
pas des douleurs, mais des vrais... Comment tu dis ça? J'ai le mot « triggers » en anglais, ce n'est pas bon.
– Je comprends. – C'est pour venir nous chercher, nous provoquer. Ce n'est pas vraiment des vraies provocations, mais c'est que l'enfant en nous est encore actif.
Donc, pour nous, cette provocation-là, ça rappelle le traumatisme. Puis tu sais, quand on parle de traumatisme aujourd'hui, c'est pas juste ce qui s'est passé
dans notre vie qui était difficile,
qui nous a laissé des marques, mais c'est aussi ce qui
s'est pas passé qui aurait dû prendre forme.
Qu'on aurait dû ressentir
émotionnellement.
Cette nourriture émotionnelle
dont on avait tant besoin.
C'est pas juste ce qui est grave.
C'est ce qu'on a manqué, tu as raison. Et des fois, c'est plus difficile
de s'en rendre compte. Exactement.
Est-ce que tu es prête à ouvrir ton jeu?
Moi, je suis toujours prête à jouer.
Il y a des questions vertes.
On va en piger.
On ne va pas répondre à toutes ces questions-là parce que ça peut faire peur.
Les questions vertes, c'est des questions
qui sont plus génériques.
C'est-à-dire que
n'importe qui, je pourrais te poser ces questions-là.
Donc, peu importe l'invité,
je l'ai choisi différemment, mais quand même,
elle pourrait se poser à n'importe qui.
Les questions jaunes commencent quand même
à t'être plus dédiée. Les questions rouges,
c'est des questions qui sont vraiment...
À faire rougir. À faire rougir.
Mais peut-être, on va voir comment tu vas y répondre.
Les questions mauves, c'est hypothétique.
Et t'as un joker.
Et ça, à n'importe quel moment du jeu,
si tu trouves qu'il y a une sous-question,
peu importe, tu as envie qu'on passe à autre chose,
on ne l'utilise pas souvent, mais on l'utilise quand même.
Tu le mets sur la table et moi, je passe à une autre question.
Ce qui me permet, Sophie, de moi être à l'aise
de te poser les questions qui me viennent en tête
parce que je sais que tu peux m'arrêter.
D'accord.
D'accord, c'est ton filet de sécurité.
OK.
Donc, tu les brasses, tu peux les mélanger sur la table,
tu vas m'en donner cinq, je vais te les lire,
tu vas en choisir une et je vais en choisir une.
OK.
Donc, on est sans filet.
Merci.
De quoi as-tu peur?
Qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Pour être bien avec moi-même, je dois.
Quel sens donnes-tu
au mot famille?
Quelle importance accordes-tu au regard des autres?
Ah!
Ça me donne déjà le goût de pleurer. Qu'est-ce qu'on va faire?
On a des mouchoirs.
OK. On commence par quoi?
Mais tu décides. C'est moi qui décide?
T'en choisis une et j'en choisis une.
On répond qu'à deux questions.
– Seulement deux?
– Oui, oui.
– OK. De quoi as-tu peur?
– Qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Pour être bien avec moi-même, je dois.
Quel sens donnes-tu au mot famille?
Quelle importance accordes-tu au regard des autres?
– OK. Je vais être courageuse.
Je vais prendre celle à laquelle
je ne sais pas vraiment quoi répondre, mais
je vais laisser l'authenticité et la vérité sortir.
De quoi ai-je peur?
Moi, je ne suis pas une peureuse.
J'aimerais pousser mes limites
physiquement, mentalement.
Je pense que j'ai
peur
de vieillir seule.
Je pense que j'ai peur
d'un jour
d'être abandonnée.
Oui, je pense que j'ai peur de ça.
L'abandon, c'est un thème
qui revient souvent.
Tu l'associes beaucoup à ton père,
si je ne me trompe pas.
Il y a eu un changement, tu as déménagé
et il s'est passé quelque chose entre la campagne
et la ville?
Oui, je pense que c'est plutôt l'enfance à la...
Je te l'avais dit, j'allais pleurer.
L'enfance à la jeune femme.
Il y a beaucoup d'hommes de cette génération-là
qui ne savent pas comment composer avec ces changements-là.
Aussi, mon père composait avec ses propres traumatismes.
Mon père, c'est un amant de la nature,
c'est un amoureux, c'est un passionné.
Mais je comprends aujourd'hui qu'il vivait sa propre anxiété
intériorisée. Puis ces générations-là,
ça n'allait pas en thérapie.
Donc, des traumatismes qui n'ont pas été
examinés,
ça laisse des grosses traces.
Puis d'ailleurs, en tant que parent, moi, je pense
qu'un de nos plus grands rôles,
responsabilité plutôt,
c'est de regarder nos traumatismes pour ne pas laisser
un héritage traumatisant émotionnellement à nos enfants.
Donc, oui, je pense que c'est ça
ma peur. J'en ai pas vraiment d'autres
grandes peurs.
Mais quand tu dis vieillir seule, Sophie,
t'as trois enfants. Je sais!
Je sais que ça fait pas d'allure, je sais.
Mais quand même, c'est quelque chose...
Est-ce que toi, tu t'es déjà sentie seule
et tu veux pas retourner là?
Je pense que mon enfance
est parsemée d'un moment
de solitude.
Et ça, c'est le plus grand cadeau
qui soit. Puis moi, j'aime ça être seule.
Je fais des courses,
je fais des petites emplettes. Je ne sais pas,
je vais en quelque part pour travailler.
Je suis seule pendant quelques jours à l'hôtel.
J'aime ça être seule avec moi. Je suis habituée à ça.
Je suis indépendante. Mais être seule, seule,
dans l'ennui,
pas de la vie, mais du cœur,
qu'il y ait comme une espèce de rejet émotionnel
ou une indifférence
ou un retrait de la personne que j'aime,
tu vois, ça vient me chercher.
Puis pourtant, tu sais, j'ai 49 ans,
je sais très bien que
en ma présence, je ne suis jamais seule.
Parce que j'ai un amour de moi-même.
Mais c'est le regard de quelqu'un
d'autre qui est à ce moment-là.
Oui. Je pense que
l'unité,
la connexion et l'intimité
de moi envers un autre être,
moi, ce n'est pas à moitié quand j'aime.
Ça ressemble à quoi quand tu aimes?
C'est tellement vivant, curieux,
plein de jeux,
de naïveté,
de mélancolie,
de sensualité,
d'érotisme,
de poésie,
d'aventure.
On dirait que je prends
tout mon sens à travers ça.
Pour le meilleur
et pour le pire.
Tu sens exister pleinement?
On dirait que
en moi, il y a encore la petite Sophie,
mais c'est la même qu'aujourd'hui,
de version mature,
qui est tellement enjouée
de vivre et d'être humaine
dans ce corps-ci,
que je suis comme, est-ce que tu es aussi
excitée que moi? Est-ce que tu veux jouer?
On va-tu faire ça?
Veux-tu juste t'étendre ici et on va regarder les nuages?
Je suis un peu comme, Je ne sais pas si...
Je pense que je suis une poète dans l'âme.
Est-ce que c'est exigeant pour l'autre?
Bien oui!
Ça, c'est sûr!
Si tu demandais d'ailleurs aux partenaires
que j'ai eus dans ma vie, tu sais,
Justin aussi, évidemment.
Bien oui, oui, c'est l'é.
Des fois, peut-être trop.
Est-ce que si le regard n'est pas là, tu as l'impression d'être abandonné? Oui, oui, il yest l'air. Des fois, peut-être trop. Est-ce que si le regard n'est pas là,
tu as l'impression d'être abandonné?
Oui, oui, il y a une petite partie là.
Mais pas de manière, écoute, là, je veux dire.
Tu n'es pas maladie, mais quand même,
tu as un besoin d'exister dans le regard de...
De la personne de qui je suis prêt, oui.
Oui, et d'ailleurs, c'est sain.
Mais je vois d'où vient cet attachement-là
dans mon enfance
et
je pense que
récemment, j'ai pris des décisions où
tous les êtres humains, on vit au monde avec
les deux plus grands besoins, l'attachement,
donc d'être pris soin de, sous le regard,
le toucher, la présence de quelqu'un
pour notre survie, et
l'authenticité.
Comment est-ce que je peux sortir
tout l'aspect unique de ma personnalité?
Chaque être humain a ça.
Sans changer mon comportement
pour plaire et être aimé.
Mais on le fait toutes et tous.
– Absolument. Sans s'en rendre compte.
– Exactement. On le fait comme enfant et on le fait comme adulte.
Parce qu'on veut juste être aimé pour qui on est.
Pas se changer
pour correspondre à des canons
psychologiques ou mentaux
ou physiques.
Donc, oui, je pense que j'ai pris
les décisions dans les dernières années
où j'ai choisi mon authenticité au-delà
de mon attachement.
Ça a pris tout mon courage.
Il y a un passage
dans ce livre-là qui m'a particulièrement touchée.
Quand on comprend que tu prends la décision
de te séparer,
et c'est comme, est-ce que ça casse de l'extérieur?
Est-ce que ça casse de l'intérieur?
Il y a quelque chose d'un dilemme.
Puis, c'est pas nécessairement que je veux
que tu parles de cette relation-là qui est connue,
mais quand même, comme comme personne souvent dans notre vie
on va presque tous arriver à ces décisions-là
de séparation
mais ce dilemme
moi ça m'a profondément
touchée Sophie
parce que ça c'est absolument authentique
quand tu dis ça, il y a quelque chose
qu'on reconnaisse
ce mal-être et de dire si je veux que dis ça. Il y a quelque chose de... On reconnaît ce mal-être
et de dire, si je veux que ça continue,
il y a une décision à prendre.
Peu importe quelle sera la décision, ça sera difficile.
Des fois, dans la vie,
je pense qu'on a l'impression de...
Il y a un anneau de feu qui est comme au cirque.
C'est ma métaphore à moi,
mais je pense que tu vas comprendre.
Je pense que les gens vont comprendre.
Il y a comme un anneau de feu, puis tu penses,
si je saute à travers ça, non seulement ça va me brûler, ça va me faire mal, mais je ne sais tu vas comprendre. Je pense que les gens vont comprendre. Il y a comme un anneau de feu, puis tu penses, si je saute à travers ça, non seulement
ça va me brûler, ça va me faire mal,
mais je ne sais même pas où je vais atterrir. Je n'ai
aucune idée. Puis tu peux
rajouter un sac là-dedans, si tu veux.
Je comprends. C'est noir en arrière.
Tu vois le cercle, mais tu ne sais pas ce qu'il y a de l'autre côté.
Rien. Mais ce risque-là,
quand tu te connais
assez bien, tu dis, peu importe.
Je vais être correcte de l'autre bord parce que je fais confiance à la vie
puis je me fais confiance à moi
j'ai assez d'amour propre, j'ai assez de respect
envers moi-même, j'ai assez
de preuves d'amour autour de moi
fais confiance, vas-y
saute, puis là j'entends mon père, go soft
go
bien souvent de l'autre côté,
il y a de l'herbe. Ce ne sont pas des piquants
qui vont transpercer les pieds.
Mais il faut les prendre,
ces risques-là.
Puis l'autre grande leçon que j'ai apprise, c'est que
dans un couple,
il y a un moment où, puis je pense que c'est dans tout couple,
on se pose la question, « Qu'est-ce qu'on fait? » Sel, on se pose la question, qu'est-ce qu'on fait?
Selon nos chemins de vie, qu'est-ce qu'on fait?
Mais on est convaincus que dans une société comme la nôtre, quand succès veut dire mariage et séparation ou divorce veut dire échec,
et quand la vie, au fond, se passe entre les deux,
mais quand on est si étroits dans le vocabulaire qui nous est alloué pour parler de nos relations, je pense qu'on associe une transformation d'une relation, une restructuration d'une relation à la pense que quand on est deux êtres humains qui savons encore, ce qui est le cas,
qui se respectons encore, c'est le cas,
de transformer une relation,
c'est un signe d'amour quand ça veut dire qu'on peut libérer
l'autre sur son chemin.
Tout en l'aimant.
Mais ça prend du courage.
Ça prend de la communication ouverte.
Ça prend d'être prêt à se dire nos vérités.
Puis ça prend de l'effort.
Ça fait mal.
Tout le monde sait que de transformer une relation
avec quelqu'un que tu as aimé et que tu aimes encore,
ça fait mal.
Mais dans une société où on n'apprend pas,
ça veut dire quoi s'asseoir avec notre douleur
puis de ne pas se sentir complètement
envahie par cette douleur-là.
Ça, c'est l'autre, je pense,
l'autre travail relationnel qu'on est appelé
à faire. Puis dans le livre, j'en parle tellement.
Bien, moi, j'ai été appelée
directement à le faire, puis je le fais encore.
Puis par journée, c'est chaotique
à l'intérieur de moi, mais
je fais le travail puis j'ai la discipline.
Puis là, 49 ans, je suis capable de me dire ça à moi-même
puis d'en être fière. Je retourne sur mon
tapis de yoga, je m'assois
en silence.
Que ce soit des pleurs, de la sueur,
de l'effort, de l'abandon.
Je plonge.
J'y vais.
Tant pis. Ça va faire mal, tant pis.
Mais tu vas dans le ressenti.
Tu vas dans le ressenti, puis tu vas en être plus forte après.
La vie me le prouve.
Est-ce que quand c'est sorti publiquement, quand vous avez fait l'annonce,
ça a été un soulagement?
On était ensemble en famille
puis on se tenait fort.
Soulagement?
Je ne sais pas.
Parce que c'est dur, là.
Publiquement,
t'es la première dame du Canada,
elle est le premier ministre du Canada.
Moi, je m'en fous de ça, Marc-Laurent.
J'ai jamais vécu comme ça, moi.
C'est pour ça que je trouve ça important,
parce que de l'extérieur,
c'est comme immuable.
Tu comprends?
Mais de l'intérieur, vous êtes des humains.
Fait que toi, t'as pas vécu ça comme ça.
Non, mais c'est parce que moi,
j'ai rencontré des rois, des reines,
j'ai rencontré des célébrités, j'ai interviewé Brad Pitt.
OK, j'en ai vu, là, des personnes, des êtres
humains sur mon parcours.
Je suis pas du tout impressionnée, ni par les titres,
ni par l'illusion qui est la
célébrité ou l'aspect public. C'est du vent.
C'est de la confusion, c'est de l'illusion.
Puis à partir du moment où tu crois
ça pour vrai, c'est fini.
T'es en déconnexion avec toi-même et avec la vie.
Fait que moi, quand Justin est devenu un premier ministre,
j'ai pas commencé à le voir comme un premier ministre.
Moi, tout ce que je connais,
c'est l'âme de l'homme aux yeux bleu océan
que j'ai rencontré
puis que j'ai vu derrière ses yeux même.
C'est ça.
C'est lui.
C'est pas les titres.
Puis moi, je me suis jamais perçue
comme je suis la première dame.
Est-ce que le regard des autres a changé?
Le certain.
Certains autres.
Je pense que les gens qui avaient des rôles
importants et remplis d'amour
dans notre vie, non, absolument pas. Je pense que d'ailleurs,
ils diraient qu'en tout cas, ils me reconnaissent
moi. J'ai évolué,
je l'espère. Je me suis assagie, je me suis
calmée. Je vais moins vite.
Je suis plus tendre envers moi-même,
envers les gens que j'aime aussi, beaucoup plus patiente.
Puis,
oui, je pense qu'au moins j'ai eu cette confirmation-là.
Ça fait du bien.
Ça fait du bien, oui.
D'exister dans le regard des autres, d'exister pour qui
tu es sur le plan, comme tu disais,
au niveau authentique.
Parce qu'il y a quand même une phase,
peu importe comment on se perçoit,
il reste que c'est lancé dans le public.
Oui.
Ce que la plupart des couples ne connaîtront pas,
ne feront pas un communiqué de presse pour annoncer.
Tu sais, moi, toutes les fois que j'entends des séparations,
puis ça fait partie d'un parcours de vie,
souvent, moi, ça vient toujours me chercher.
Ça vient toujours m'attrister,
puis je me dis, qu'est-ce qu'ils sont en train de vivre?
Oui, moi aussi, je pense ça quand je vois des gens qui sont,
pas dans l'obligation, mais qui...
Tu sais, on vit dans une société où la vérité
est en distorsion complètement.
La libre-presse est en danger.
Donc, c'est important,
quand tu es dans l'œil du public,
partiellement dans ta vie,
de protéger la vérité
qui concerne ta réalité.
Alors, c'est la seule raison
pour laquelle on fait ça.
Si on n'était pas
dans l'œil du public, on n'aurait pas dû faire ça du tout.
Non, c'est ça. C'est une autre étape
supplémentaire, je trouve.
C'est comme un autre niveau.
Disons que pour les enfants, c'est moins cool.
C'est sûr. C'est sûr. Quand il y a des enfants, ça change tout.
Oui, en même temps,
ça amène cette relation-là
à poursuivre aussi.
Mais je suis fière,
puis ça me touche, je suis fière
parce que je sais que mes enfants
voient et se nourrissent de notre
dynamique, malgré une restructuration.
Et ils voient l'amour qui règne
encore. Ça,
c'est l'héritage émotionnel
que je veux leur laisser.
Parce que la vie, c'est pas facile.
Si un jour, ils tombent en pleine face
puis ils ont mal dans une relation,
ils vont savoir que c'est possible
de restructurer sans
préserver
la beauté
et l'histoire
d'une relation.
Ça, c'est important. Mais ça prend
de la maturité, ça prend de la patience.
C'est pas facile, là.
Oui, puis je pense que d'en parler
comme tu en parles, ça peut donner
de l'espoir à d'autres.
C'est juste que ça que je veux. C'est tout ce que j'espère,
bien sûr. Que ça se fait profondément.
C'est possible. C'est possible.
C'est pas facile, mais c'est possible.
Alors, la question que je vais choisir,
quelle importance accords-tu au regard des autres?
Et que ça, ça a changé au cours du temps.
Ça me fait sourire
quand je t'entends poser cette question-là.
Parce que je remercie
la vie, je me remercie
moi, au fond, avec plein d'humilité
du travail que j'ai fait
parce que j'ai dû prendre
la perception du monde, littéralement,
et le projeter à l'extérieur de la fenêtre.
De m'asseoir, de m'endormir la soirée,
de dire, si tu fais la bonne chose,
tu vas toujours avoir un sens de congruence,
d'intégrité, de vérité à l'intérieur de toi.
Et ça, ça n'a pas de prix.
Et d'ailleurs,
une des plus grandes leçons humaines que j'ai, c'est que
il y en a qui veulent du mal
aux autres. Il y en a qui sont
intéressés par le gossip ou les potins.
Mais la plupart des gens,
c'est du bon mot.
Puis moi, je fais confiance en l'humanité.
Je refuse de baisser les bras
puis de dire les forces destructives
ou noires ou celles qui veulent du mal.
Puis toi, tu sais très bien c'est quoi aussi.
Tu en as eu dans ta vie, toi aussi.
D'ailleurs, tout le monde, d'une manière ou d'une autre,
tu n'es pas obligé d'avoir un profil public pour savoir que ça existe.
Sur les réseaux sociaux aujourd'hui,
tous nos jeunes sont confrontés à ça.
Bien, je te dirais que
maintenant, j'ai envie de donner au monde
avec toute la certitude
et l'ouverture
en même temps de qui je suis.
Je sais, je les connais mes valeurs.
Je sais ce que j'ai à offrir au monde.
Je sais l'amour que j'ai en moi.
C'est rendu une stabilité, ça, qui ne peut pas m'être enlevée.
Puis en même temps, je reste ouverte au changement, à l'incertitude.
Je veux juste devenir une meilleure personne.
Donc, j'apprends encore, je sais que je vais faire des erreurs,
je sais que je vais me planter, mais c'est correct.
J'ai comme moins peur
de ça. – Bien, c'est souvent
quand on a un échec ou quand on traverse
une période difficile qu'on grandit.
– Oui. – Parce que quand ça va bien,
on se pose moins de questions, ça va bien.
– Oui, mais c'est facile à dire,
ça, mais je pense que quand,
là, je regarde le monde dans lequel on vit, c'est les enfants, dis les enfants qui sont toujours sur les écrans, ils jouent moins dans la nature, on est en train d'affecter le développement du cerveau chez l'enfant.
On veut les surprotéger parce qu'on est insécure, parce que le monde nous fait peur en tant que parents. On veut tout contrôler. Et là, ce qui arrive, c'est que dans cette période d'attente d'expérience, on l'appelle, c'est une période
d'attente d'expérience, surtout vers l'âge de 6 ans
et plus, que l'enfant prend
des petits risques à petits coups.
Bon, bien, s'il tombe en bas de l'arbre, puis j'ai dit, s'écorche le genou,
c'est pas grave. Il va faire
une expérience, ça fonctionne pas. Mais ça,
c'est ça qu'il faut. Il faut que l'enfant
apprenne dans son cerveau que les petits
risques à petits coups, il n'y a pas de problème.
Il développe sa résilience.
Il n'y a pas un parent qui le surveille aux deux
secondes, qui a peur qu'il y ait quelqu'un qui vienne le
prendre du parc.
Donc, quand arrive l'adolescence, puis l'âge
adulte, le cerveau a déjà appris,
je suis correct, je vais être correct. Alors,
l'âge adulte où c'est grand risque, grand
coût, est-ce qu'on a été entraîné pour ça?
Pour cette aventure-là? Moins.
Alors, on n'a plus la même résilience.
C'est grave, ça me donne des frissons de parler de ça,
parce que c'est pas mon avis, c'est la science,
c'est la recherche qui nous démontre ça.
– Oui, puis même, il y a beaucoup d'employeurs qui commencent à en parler aussi.
Que c'est...
que les plus jeunes qui arrivent au marché du travail
ont de la difficulté à prendre
des commentaires. Ils savent pas comment gérer.
Il y a moins de nuances.
Ils calibrent moins.
Donc, dès qu'il y a quelque chose,
ça prend des fois des proportions.
Envahissante. Envahissante, alors que c'est
un milieu professionnel.
C'est difficile.
Mais moi, ce que j'aimerais, ou j'aimerais
t'entendre, parce qu'on a en commun,
moi, c'est vraiment à petite échelle par rapport à toi,
mais quand on est la conjointe
d'un politicien,
il y a des bons sondages, il y a des mauvais sondages.
Il y a plus de mauvais que de bons.
On s'entend-tu que?
Il y a des événements, il y a toutes sortes de choses.
Et moi, je trouvais que le regard des gens changeait.
Il y avait de l'évitement quand ça allait mal.
Il y avait plus de téléphone ou de regard qui s'échangeait quand ça allait bien.
Moi, je me souviens quand j'allais faire mon marché
à Rivière-du-Loup, je le savais.
Je pouvais mesurer la température
de l'eau juste en me promenant dans les allées
par rapport à la politique parce qu'il y avait des malaises.
Est-ce que tu as ressenti ça?
C'est comme une position très particulière
être la conjointe d'un politicien.
C'est une position particulière.
D'ailleurs, j'ai beaucoup plus de compassion
puis d'empathie envers tous les conjoints,
conjointes de politiciens
qui sont vraiment exposés publiquement.
Vu que je ne m'étais jamais considérée
en tant que femme comme étant la conjointe de,
pas comme ça que je me définis, moi, comme être humaine.
Ça fait partie du prisme de qui je suis,
mais c'est pas qui je suis.
Quand on me posait la question,
je me souviens au début, c'est comment être la femme d'un premier ministre?
De quoi tu veux parler, vous autres? Moi, je suis à la maison
avec les enfants, je travaille, je fais
du bénévolat constamment. Ma vie,
c'est pas ce que vous voyez dans les médias
avec les photos cinq fois par année quand je suis sur la scène
internationale. C'est pas ça, ma vie.
Donc, il y a ce que je vois dans les médias
et ensuite, il y a ce que je vois dans les médias et ensuite, il y a ce que je vis
dans mon quotidien. Je veux voir
qu'il y a un fossé entre les deux.
C'est terrible. Il y a un grand, grand fossé.
C'est incroyable. Absolument.
Moi, on prenait toujours pour acquis que je ne travaillais pas,
que j'allaitais mes bébés 12 ans.
Arrête. Je me suis fait dire
par une grande réalisatrice au Québec,
productrice. Nous autres,
on pensait que Sophie, elle se fait faire des manucures.
Je ne sais pas trop quoi. Je suis sur un shoot photo.
Puis je reviens de travailler avec des filles
sur une fondation Filles actives.
Puis je viens de donner mon temps pour aller aider.
Je ne m'attends pas à ce que les gens reconnaissent
mon travail de bénévole.
Mais quand tu entends des affaires comme ça, tu te dis,
attends une minute. Ça, ça veut dire vraiment
que la réalité est en distorsion.
C'est grave.
Pas seulement pour nous, pour tout le monde.
Tout le monde, bien oui. Moi, j'avais des recherchistes
quand je suis arrivée dans le milieu de la télé,
c'est comme si tout d'un coup, j'existais.
Bon, on cherche justement
des femmes qui ont commencé à travailler à 40 ans.
Ah, mais c'est sûrement le mauvais numéro.
Moi, j'ai travaillé toute ma vie.
Non, non, mais avant d'être en télé,
tu faisais rien. Mais télé, tu faisais rien.
Mais quoi, je faisais rien?
Mais ça,
parce que la politique,
on dirait que ça mange les gens autour.
Les conjoints et conjointes,
ça peut... Puis moi aussi, être madame,
la femme de...
Encore aujourd'hui,
des fois, je me le fais dire,
même si ça fait longtemps que la politique est derrière nous,
et je réagis encore. Je suis
incapable de faire la paix avec ça.
D'accepter. – Quelle paix?
– Bien, tu sais, de dire, oui, c'est ça, je suis la femme de.
À tous les fois, je vais dire, bien, je suis Marie-Claude.
– Bien, c'est ce que, dans mon livre, je commence comme ça.
– Oui, exactement. – C'est une blague, là.
– Je me connaissais. – Oui.
Ah oui, bonjour, vous êtes la femme de. Je dis, oui, c'est Sophie,
ça me fait le plaisir de vous rencontrer.
Mais c'est pas méchant.
Pas du tout.
Ce n'est pas malin.
Mais sauf que ça peut être difficile pour nous, je trouve, à la longue.
C'est parce que moi, je suis une personnalité forte.
Donc, au début, je me dis, de quoi ils parlent, eux autres?
Ils ne comprennent pas que c'est moi.
Je tenais le fort à la maison.
Plus présente que ça, tu meurs.
J'avais tout en charge.
Donc, des fois,
ça me fait penser
aux mamans aussi qui sont à la maison
et pour qui on dénigre
cette relation-là, ce rôle-là.
Je trouve ça insultant.
Pour toutes les mamans.
C'est comme si tu ne faisais rien.
Ma mère a été qualifiée comme ça, ma propre mère.
Moi, je vais te dire,
je n'avais pas, je n'avais même pas ce qu'il fallait.
Même si j'avais voulu rester avec les enfants,
je n'avais pas
cette force-là presque parce que
on n'est pas gratifié.
– Pas du tout. – On n'est pas validé
beaucoup dans ce qu'on fait.
Des fois, en allant à l'extérieur, on est validé
dans le monde professionnel, mais
d'offrir ce temps-là,
ça devrait être reconnu.
Donc, toi, ta mère,
elle a été de ces femmes.
Moi, j'ai été élevée avec des femmes autour de moi.
Certaines d'entre elles ont bâti des empires
au Québec. Puis d'autres,
comme ma mère, qui ne travaillait pas,
qui était une infirmière en psychiatrie avant que je naisse,
une femme sensible, intelligente,
mais qui a arrêté de travailler quand elle m'a eue.
Parce que mon père faisait l'aller-retour
en Saint-Adèle et Montréal, parce qu'il
était banquier.
Donc, elle a comme mis sa vie professionnelle de côté
pour moi. Et elle me disait
souvent dans les cocktails, les gens,
« Bonjour, vous êtes qui, vous? » Puis elle disait,
« Je suis la femme de... Ah oui, vous faites quoi?
Je suis maman à la maison. » Puis là, la personne partait.
Ah! Donc ça, là, peut-être que c'est différent aujourd'hui,
mais la pression de...
Tu sais comment c'est important de rester à la maison
avec tes enfants, puis leur donner tout,
mais tu reviens au travail dans six mois,
tu vas être prête.
C'est paradoxal.
C'est comme pire que jamais, mais d'une autre manière.
Puis ton ventre d'accouchement, mais d'une autre manière. Puis ton ventre
d'accouchement, tu l'auras pu.
Puis t'es ride parce que t'as pas
dormi pendant des mois.
T'as fait quelque chose. Pardon?
Je refuse d'accepter ce
message-là. Et je vois des
millions de femmes
qui
l'ont intégré.
Ça me fait mal de voir ça.
Tu sais, ce ventre dont tu parles,
qui est si beau quand il y a un bébé
à l'intérieur, on touche le ventre,
mais
dès qu'on est accouché,
il faudrait que ça
disparaisse, alors qu'il t'a
servi à donner la vie.
Non, c'est...
On vit dans une culture,
je vais le répéter,
qui récompense le reni de
soi-même. Comment se détester
le plus possible et le plus vite
possible pour que les compagnies,
les messages, la culture nous
fassent sentir assez insécures pour que
la majorité de nos efforts soient concentrés sur
comment se changer pour être aimé.
Quoi?
Penses-tu vraiment que c'est pour ça qu'on est venu sur Terre?
Non. Parce que notre créativité,
elle est
insultée dans ce processus-là.
Notre sagesse,
notre
acceptation de soi,
mais c'est pas une magnifique
forme d'intelligence
qui nous relie les uns aux autres.
Ça me fait de la peine.
Ça me fait de la peine qu'on en soit rendu là. Mais je pense
qu'il y a un retour du balancier aussi parce que les gens
souffrent trop.
Toi, tu étais bien dans ce que tu as fait
et c'est ça qui est important.
Pas toujours. J'ai été dans le malaise pour
être dans l'aisance psychologique.
Je ne fais pas pitié.
C'est pas ça que je...
Mais c'est ton parcours. C'est mon parcours, je ne peux pas le changer.
Et d'ailleurs, en tant que quelqu'un
qui est sur le parcours de santé mentale depuis longtemps,
la santé mentale, ce n'est pas juste l'absence de maladies mentales,
c'est le tissu de notre vie.
Comment on dort, comment on se nourrit,
avec qui on se tient,
ce vers quoi on porte notre attention.
Et dans tout ce cercle-là,
on est à un traumatisme les uns des autres.
Ça, c'est une de mes plus grandes réalisations.
Toi ou moi, Marc-Claude, ou les personnes
qui écoutent ou qui regardent,
ça prend un traumatisme.
Un grand traumatisme dans ta vie,
un accident, un traumatisme émotionnel,
pour que ton cerveau change, ton rapport
à l'autre change, puis ton rapport à toi-même
se transforme aussi.
Ou une série de petits traumatismes
chroniques. Tu ne t'en rends pas compte,
mais c'est là. Puis à un moment donné,
ton système nerveux fait « je ne suis plus capable ».
Ton corps est en...
Il tremble
de l'intérieur. D'ailleurs,
Dr Gabor Maté, qui est un de nos plus grands
Canadiens de renom et qui traite
du traumatisme chez les gens,
qui touche tout le monde, hein? Petit trauma, comme j'ai dit, ou grand trauma, OK?
Tu sais, le sentiment de sécurité,
dans le triangle de Maslow,
la pyramide des besoins primaires
où il faut que tu aies de la nourriture sur ta table
puis un toit au-dessus pour te sentir en sécurité.
Si la sécurité émotionnelle n'est pas là,
ça, c'est pas juste le fait qu'il n'y a pas un tigre qui va te sauter dessus, là, OK, ou il y a un voleur qui s'en vient de faire mal, mais c'est aussi la présence de connexion humaine. Si t'as pas la sécurité, c'est, toutes les cartes, c'est jeté, c'est terminé. La sécurité, c'est le sentiment le plus important chez chaque être humain. Que tu sois dans une
grande maison avec 20 chars et des diamants,
si c'est ça ton rêve,
ou dans une tente dans la nature,
peu importe ta situation,
si tu ne te sens pas en sécurité,
ton système nerveux est en état d'alerte.
– Bien oui, puis tu développes le stress,
l'anxiété, ton hamster,
il n'arrête plus. – Voilà.
Ça touche n'importe qui.
– Mais un bébé, avant d'arrête plus. Voilà. Ça touche n'importe qui. Mais un bébé doit être...
Tu sais, un bébé, avant d'être aimé,
doit être sécurisé. C'est la première chose.
J'ai des frissons parce que
cette danse-là, j'appelle ça une danse
parce que c'est comme une synchronie.
C'est comme un rythme.
Entre la mère, ça peut être un père, une grand-mère,
une tante, je ne sais pas moi.
La personne qui a pris soin de toi, Marc-Claude,
je ne sais pas c'est qui quand tu étais petite.
Moi, c'était ma mère. C'est ta mère.
Disons quand tu pleurais, est-ce qu'elle
te prenait jusqu'à temps que tes pleurs
arrêtent complètement ou est-ce que
quand tu faisais...
C'était comme, OK bébé, c'est assez. Là, on va jouer
à d'autres choses. Regarde. Regarde ça. Regarde.
Regarde maman. Est-ce qu'elle
détournait ton attention aux trois quarts?
Est-ce que ton système nerveux était complètement balancé
et revenu au calme avant qu'elle passe à autre chose avec toi?
Comment elle te regardait dans tes yeux?
Puis pendant combien de temps?
Les gens ont de la misère aujourd'hui
à soutenir le regard de quelqu'un d'autre.
Ça peut être intimidant, ça peut être...
Ça peut provoquer des...
Oui!
On regarde plus un écran, on texte aux gens.
Exactement.
On a quasiment de la misère avec la voix.
On n'appelle plus les gens. Tu sais, moi, à un moment donné, je me suis rendue compte a quasiment de la misère avec la voix on appelle plus les gens
tu sais moi à un moment donné je me suis rendu compte que je disais à quelqu'un
est-ce que je peux t'appeler, je le textais
parce que je peux t'appeler
tu fais un FaceTime à quelqu'un sans leur dire
avant on appelait
je me disais ok je demande la permission aux gens
on est rendu ailleurs
mais tu sais l'expression faciale c'est la première chose
que l'être humain perçoit d'un autre
première chose
je pense que c'est mill première chose que l'être humain perçoit d'un autre. Première chose. Je pense que c'est millisecondes.
En une milliseconde,
c'est ça que tu détectes chez l'autre
être humain. Alors en pandémie, en isolation.
Tu sais, l'isolation, c'est une forme de torture
quand tu es en prison.
C'est pour une raison. Sans connexion humaine,
on souffre
énormément, mais la plus
belle source d'espoir, c'est que c'est la connexion
humaine qui peut nous guérir
et nous ramener.
Pour les fonctions cognitives,
la connexion humaine en jouant,
ça fait travailler le cerveau
et tu n'es pas isolé, tu es avec l'autre.
L'isolement crée des maladies
aussi. Il y a beaucoup,
moi, je travaille beaucoup avec
des aînés pour les sortir de l'isolement.
Puis ça change une vie.
L'espérance de vie
est plus grande si tu es entouré
et si tu communiques.
Mais les zones bleues sur la planète, il y a des reportages sur ça,
qui sont les zones où les gens
ont la plus grande longévité.
L'élément commun
à toutes les zones, c'est la connexion humaine.
Absolument. Il y en a qui sont intéressés. C'est sur Netflix toutes les zones, c'est la connexion humaine. Absolument.
Il y en a qui sont intéressés,
c'est sur Netflix, les zones B.
Niveau jaunes, tu les piques sur les bras.
Combien encore?
Tu m'en donnes quatre.
Quatre. On va faire la même chose dans le niveau jaune.
Tu vas en choisir une.
Je vais en choisir une.
Jusqu'à maintenant, ça va?
J'adore.
Voilà.
Tu vas voir, c'est plus personnel, comme je te disais.
Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents et qui t'a manqué?
Je vais changer le mot.
J'avais marqué trouble alimentaire, mais c'est désordre.
À quel moment as-tu su que tu avais un désordre alimentaire?
À quel moment de ta vie as-tu su que tu avais un désordre alimentaire? À quel moment de ta vie
as-tu dû te tenir debout?
Quel impact ont eu sur toi
les années où tu as porté le titre, je le mets
bien en guillemets, première dame du Canada?
Parce que c'est ça que tu étais pour là,
ensemble, les Canadiens.
Je pense que j'en parle
tellement dans le livre que celle-là,
on peut l'enlever, parce que j'en parle beaucoup.
À quel moment as-tu trouvé un trouble alimentaire? J'en parle beaucoup dans le livre que celle-là, on peut l'enlever parce que j'en parle beaucoup. À quel moment as-tu
trouvé un trouble alimentaire?
J'en parle beaucoup dans le livre, ça aussi.
Si tu veux, tu peux en reparler aussi.
À quel moment as-tu dû te tenir debout?
Je ne sais pas quoi répondre, donc celle-là encore.
Je vais être courageuse.
La prochaine, c'est quel impact
a eu sur toi ces années-là?
Je trouve qu'il y a quelque chose
de la négation dans...
Oui, c'est beau ça. On prend ça.
Tu veux prendre ça? OK. C'est deux là.
OK, parfait.
Bon, répète-moi-la, alors.
À quel moment de ta vie as-tu dû te tenir debout?
Ouf!
À plusieurs moments.
À plusieurs moments où
j'ai eu mal et j'ai dit
« J'ai mal. Pourquoi est-ce que tu agis comme ça?
C'est ma limite.
Ça m'a beaucoup servi.
C'est arrivé une couple de fois dans mes amitiés.
Moi, je ne comprends pas des fois,
ça c'est un apprentissage que j'ai dû faire
et que je fais encore.
Moi, je suis directe, je suis honnête.
Je ne passe pas par quatre chemins
pour partager quelque chose.
Des fois, ça peut sortir peut-être
trop brusquement.
J'ai fait mal aux gens que j'aimais.
Ça me fait de la peine
juste de penser parce que je veux jamais
faire mal à quelqu'un. J'ai pas cette intention-là.
Des fois,
je me suis pensée trop bonne dans la vie.
Puis je me suis faite reprendre
bien comme il faut.
Puis là, je me retrouvais dans ma chambre,
puis je pleurais, puis je me disais,
« Mais pourquoi t'es pas obligée de faire ça?
Reviens à toi-même.
Puis ces leçons-là, là, je les ai
intégrées, puis je les ai jamais oubliées.
Jamais. Puis pour moi,
se tenir debout, là, ça veut dire
être capable de se décomposer
pour se remettre ensemble.
C'est pas juste,
hey, tu sais, comme
je suis forte, là,
j'ai la situation sous contrôle,
je me tiens debout. » Non, c'est
plutôt d'aller dans
ta plus grande vulnérabilité
pour connaître tes défauts
pour pouvoir, après ça,
imposer tes limites de manière
intelligente, rationnelle.
Rationnelle.
Oui.
C'est-à-dire que tu les comprends,
tu les as... Moi, j'appelle ça se mettre en observation.
C'est comme si tu t'observes,
tu vois ta vulnérabilité.
Pas sous observation, quand même.
Mais tu sais, dans le genre où tu te regardes aller,
puis tu dis, OK, j'arrive toujours avec...
Tu sais, tu te rends vulnérable à toi-même
et tu acceptes de ne pas être parfaite.
Tellement.
Puis ça, c'est une forme de leadership émotionnel.
J'ai déjà entendu dire, c'est quoi le leadership émotionnel?
Ça veut dire quoi, ça?
De prendre une respiration profonde et vraie
quand on n'a pas envie.
D'être à l'écoute de quelqu'un qu'on n'a pas envie d'entendre.
D'être patient dans un conflit
quand on veut être impatient puis régler tout tout de suite,
d'être dans une situation d'inconfort
quand on n'a vraiment pas envie.
C'est ça, c'est ça le leadership émotionnel.
C'est d'être capable d'être dans un inconfort,
dans l'incertitude et de dire, attends une minute,
ça, ça crée une ouverture en moi. C'est Léonard Cohen, que j'adore, qui dit, tu sais, « There is a crack in everything, that's where the light comes in. » Il y a une ouverture dans tout, c'est là par où passe la lumière. Je crois beaucoup à ça. rupture pour repasser avec le fil de tendresse.
Comme c'est bien dit.
Tu sais,
j'ai des frissons parce que cette tendresse-là, est-ce qu'on l'a envers nous-mêmes?
Quand toi, tu fermes tes yeux le soir, Marc-Claude,
ou quand les gens qui écoutent,
quand vous êtes seul, comment vous vous parlez?
Est-ce que c'est comme l'amoureux
dont vous rêvez? Tendre,
présent, présent,
patient, doux.
Ce qui soutient.
Parce que cette conversation-là, puis ce ton-là,
on n'est pas encouragé à le développer avec nous-mêmes.
Puis tu sais, si on ne l'a pas envers
nous, c'est dur de l'exiger envers les autres.
Voilà. Quand on est
dur avec soi-même. C'est ça.
Tu sais, même, des fois, moi,
en réunion, les gens vont dire
« je parle pour parler, je vais parler pour rien dire. »
Des fois, j'ai arrêté de dire ça.
Juste ça, c'est mal
se traiter. Si tu dis
quelque chose, ça vaut
la peine. Si moi,
tu es devant moi, je veux t'entendre.
Si tu me dis « écoute-moi pas »,
pourquoi je ne t'écouterais pas?
Tu sais, je pense que des foisendre, si tu me dis, écoute-moi pas, pourquoi je t'écouterais pas? Je pense qu'on...
Des fois, on est plus dur qu'on pense envers soi-même.
Moi, je sais
que mon père était dur envers lui-même.
Très, très dur.
Je sais qu'il m'aimait, mais
d'une certaine manière,
j'ai ressenti ça envers moi.
Moi aussi, j'ai été dur
avec les gens que j'ai aimés par moments aussi.
Mais je suis tellement tendre
qu'il y avait des moments où
ça compensait pour ça, j'imagine.
Je pense que
c'est le plus grand travail qu'on va faire
au cours d'une vie que d'être tendre envers
soi-même. Puis cette sagesse-là, c'est le plus grand travail qu'on va faire au cours d'une vie que d'être tendre envers soi-même.
Puis cette sagesse-là, c'est une... Comme tu dis, ça nous permet de nous observer nous-mêmes.
C'est le plus gros cadeau qu'on peut s'offrir, définitivement.
Quand tu étais en trouble alimentaire, quand tu vivais ton désordre alimentaire,
est-ce que ça, c'est une façon d'être dure envers soi-même?
Bien sûr.
Jamais assez bonne.
Tu sais, les troubles alimentaires,
boulimie, anorexie,
orthorexie, bigorexie,
boulimie nerveuse,
le naïmite, comme on dit,
c'est la même chose que toutes les autres formes
de compulsion. Premièrement, dans le cerveau,
c'est le même
mécanisme
qui est
stimulé,
que ce soit la cocaïne, mais les drogues,
le sexe, le jeu, peu importe
c'est quoi, ou même les diètes
sans cesse, l'obsession avec l'apparence
corporelle. Les déserts alimentaires,
c'est le bout de l'iceberg.
Puis en dessous,
il y a un manque de nourriture émotionnelle.
C'est la même chose pour tous les gens qui essayent
de, comment tu dis ça,
de refroidir ou de geler
leur douleur.
Puis on le fait tous, d'une manière ou d'une autre.
Donc j'ai compris, par moment,
pendant que je souffrais d'un désordre alimentaire,
que j'étais triste.
J'avais une grande tristesse.
Puis moi, j'avais une joie de vivre,
et j'ai une joie de vivre contagieuse.
Les gens m'appellent depuis que je suis petite, leur soleil.
Je reçois ça encore aujourd'hui, c'est pour vrai, tu sais.
Parce que moi, je veux que les autres aiment tellement la vie autant que moi,
que je veux tout leur donner pour qu'ils puissent avoir cet engouement-là.
J'ai ça depuis que je suis née, je ne sais pas d'où ça vient. Probablement de l'amour
et de l'énergie que mes parents avaient envers la vie.
Parce que mes deux parents adorent la vie.
Donc, je pense que ça,
ça m'a été donné.
Puis, cette lumière-là,
elle ne peut pas s'éteindre.
Elle a été testée, par exemple.
Il y avait un...
un rétrogradeur.
Oui, exactement.
Elle ne s'est jamais éteinte, mais...
C'est drôle que tu dis ça parce que, tu sais quoi?
Moi, j'adore comment une chambre ou une pièce est illuminée.
Même dans les restaurants ou peu importe, au supermarché,
moi, les néons, ça me fait capoter.
Tu veux baisser la lumière.
Toujours.
Moi, je baisse toujours les lumières.
On baisse les lumières.
D'ailleurs, la science est en train de nous prouver,
le soir, les grosses lumières éclairées,
c'est vraiment pas bon pour se préparer pour le sommeil.
Puis, je suis une fanatique de chandelles.
Moi, j'aime les chandelles ici.
Alors, oui, ce rétrogradeur-là
de l'âme, de l'émotion,
si on est
capable de le doser,
on se donne tous les outils
pour être assez sécure à l'intérieur
de nous, pour ne pas avoir peur des différences de l'autre.
Rosemary Charest, que tu connais bien.
Oui, une psychologue extraordinaire.
Que j'adore, qui est dans mon livre, qui dit, les gens qu'elle a rencontrés dans une vie les plus malheureux sont ceux qui ne sont pas capables de faire confiance à l'autre.
J'ai essayé de me placer dans cette situation-là.
Moi, je ne suis pas comme ça.
Moi, je fais confiance aux autres.
C'est ma prédisposition.
Ça doit faire mal de vivre de même.
Ça doit faire mal de ne pas plus avoir
eu confiance en ses propres parents,
par exemple.
– Tu es sur la défensive tout le temps.
– Ah, ça me fait tellement mal de penser à ça.
– Tu protèges ton territoire tout le temps, tout le temps.
– Exact. Tu n'es jamais en sécurité.
– Non, tu ne laisses personne rentrer. – Non, ça fait bien trop mal. – Imagine, tu agrandges ton territoire tout le temps, tout le temps. – Exact. Tu n'es jamais en sécurité. – Non, tu ne laisses personne rentrer.
– Mais non, ça fait bien trop mal.
– Imagine, tu agrandis ton territoire,
donc tu ne veux pas qu'ils viennent.
Imagine, tu les vois venir de loin.
C'est ça aussi l'isolement dans certains cas.
– C'est une forme de torture émotionnelle.
– Il y en a, c'est non volontaire, mais exactement.
Je voulais juste te dire qu'à la table ici,
à un moment donné, j'ai reçu Varda.
– Oui! – Que tu connais. – Oui! – Puis elle nous parlait de son premier enfant. je voulais juste te dire qu'à la table ici à un moment donné j'ai reçu Varda oui
que tu connais
oui
puis elle nous parlait
de ce qu'elle a
son premier enfant
elle était jeune
puis elle nous
elle l'a nommé
elle a dit
il y a Sophie Grégoire
qui a toujours été là
quoi
qui venait garder
qui se prêtait volontaire
qui a jamais été
dans le jugement
qui était juste
je suis là
si t'as besoin
ça m'émeut
quand tu me dis ça
j'ai l'impression
que j'ai pas du tout fait...
Je me souviens pas vraiment d'avoir pris ça entre mes mains
puis avoir dit « Faut que je l'aide. »
C'était juste normal.
Je suis pas rentrée dans sa vie privée,
mais à l'école, je me souviens,
moi, je prenais des belles notes de cours.
J'aimais ça.
Il fallait que ça soit propre, qu'il y ait des belles couleurs, peut-être.
Et puis, j'étais une étudiante aguerrie. J'étais bonne à l de cours. J'aimais ça. Il fallait que ça soit propre, qu'il y ait des belles couleurs. Et puis, j'étais une étudiante à Guéry.
J'étais bonne à l'école. J'étais curieuse.
Puis Varda, elle arrivait, puis tu sais,
elle, il fallait qu'elle prenne soin de son petit avant.
Puis je la regardais, j'étais comme, mais attends une minute,
elle va faire comment pour arriver, elle?
Je dis, tiens, prends mes notes.
Ça, c'est l'enfant. Ça, c'est Sophie.
Est-ce que tu veux goûter à mon plat?
Est-ce que tu veux partager ça?
Est-ce que tu veux mes vêtements? Moi? Est-ce que tu veux partager ça? Est-ce que tu veux mes vêtements?
Moi, tout ce que je veux, c'est de donner.
Même que de recevoir, pour moi,
ça me fait trembler.
Quand quelqu'un me fait une douceur,
je suis comme, ah, mais merci.
Ça me touche, ça me fait pleurer,
je ne sais pas pourquoi.
Quand quelqu'un met sa main sur moi,
je me dis, non, mais comment ça va pour vrai?
Ah, ah, ça vient me chercher. Ça m ça même cherché ça même donc quand quelqu'un dit
ça pour moi ça jamais été un effort de donner c'est je vis comme ça mais tu vois ça l'a marqué
mais ça ça me touche énormément de soi le pour elle ça me touche je sais si on aime rose marie
charrette puis je vais passer à d'autres questions après,
mais je l'ai reçue souvent dans les émissions que j'ai faites,
puis je la reçois aussi dans le Marie-Club.
Puis, à un moment donné, elle a donné l'exemple des poupées russes.
Puis honnêtement, avant de venir ici,
j'ai cherché des poupées russes, j'en ai pas trouvé,
parce que je voulais t'offrir ça.
– Ah!
– Parce qu'elle dit, dans la vie,
des fois, on va montrer notre grosse poupée,
mais il y en a différentes.
Et celle qu'on cherche toujours, c'est celle qui est dure, la dernière.
Ça, c'est
notre essence, qui on est.
Et je trouve que ton livre,
c'est un peu ça, ça nous dépouille,
ça l'enlève des poupées pour trouver
celle qui est dure, celle qui est
le cœur, celle qui est notre essence.
– Marie-Claude,
quand j'étais petite, j'adorais jouer avec une poupée russe.
Il y en avait une dans ma maison.
Je ne sais pas trop pourquoi quelqu'un nous avait donné ça.
J'ai passé des heures à jouer,
puis à les sortir, puis les remettre.
C'était la plus petite.
Puis la plus petite, elle me fascinait tellement.
Puis tu as tout à fait raison.
Je pense que toute ma vie,
j'ai été à la recherche de la petite. Mais c'est bizarre qu'elle soit dure, qu'elle soit solide. figure-là qui est toujours en nous,
moi, je la vois souvent dans le cœur,
les cheveux tous ébouriffés
parce que tu sais que j'ai une grosse crinière de lionne.
Puis quand j'étais petite, ma mère me faisait des tresses.
Une heure après, c'était tout partout.
Les genoux écorchés.
Mais ça, c'est Sophie.
Puis cette Sophie-là,
elle ne se soucie pas du regard du monde.
Elle est libre.
Puis elle est bien.
Elle est à l'écoute de l'environnement.
Puis là, j'en prends soin d'elle.
Puis elle est peut-être solide justement parce que
je n'ai jamais arrêté de faire le travail de pouvoir la comprendre.
Mes déserts alimentaires ont été des périodes extrêmement dures dans ma vie,
mais ça a été un cadeau à la fin de compte.
En fin de compte.
Parce que tu as dû travailler, tu as dû apprendre
à savoir qui était Sophie, justement.
Oui, puis je le dis ça aux gens qui ont des compulsions.
C'est le plus beau cadeau dans le pire
des emballages.
L'emballage, il pue, il est laid, il n'est pas beau.
Il est mal collé.
Le pire cadeau
que tu aurais pu t'imaginer visuellement.
Mais si tu as la patience
et tu prends le courage de l'ouvrir,
d'aller vraiment voir,
je pense que tu goûtes à ce que c'est
de vraiment être un être humain
et tout le potentiel humain.
Ça, ça me fascine.
Le potentiel humain.
Regarde la planète sur laquelle on vit en ce moment.
Le potentiel humain est enarde la planète sur laquelle on vit en ce moment. Le potentiel humain est en danger. De par
l'environnement, de par la polarisation,
la division entre les êtres humains, de par
les forces noires qui nous guettent, de par
l'intelligence artificielle, de par
du fossé entre les riches et les pauvres,
de par le fait qu'on abuse la planète.
Mais le potentiel
humain, si on arrête d'y croire,
si on arrête de le développer,
ils vont gagner, les méchants.
C'est notre responsabilité de devenir l'individu de qui on est.
La meilleure version de soi-même.
Exactement.
Trouver sa petite poupée.
J'aime ça. On va regarder ça.
Trouver sa petite poupée.
La solide.
La petite solide.
Oui, c'est ça.
C'est elle qui est la seule qui est dure
parce que là, elle, c'est la fin.
C'est le cœur. C'est la fin. C'est le cœur.
C'est le cœur.
C'est le cœur.
On a tout enlevé, la para.
Mais il y a des fois, des gens,
on dirait qu'on va se protéger en mettant...
On ne va pas montrer tout de suite la petite,
parce que c'est notre vulnérabilité.
Mais tout le monde essaie de se protéger.
C'est correct.
Si tu en es conscient de ce que tu fais.
C'est ça, mais si tu sais qu'est-ce que tu protèges.
Oui.
Tu sais?
Oui.
C'est ça qui est important.
Tellement.
La dernière question jaune, je suis contente qu'elle soit sortie.
Parce que ça, je me demandais si ça avait eu un impact sur toi.
Parce que je trouve qu'on en a parlé quand même tantôt un peu,
mais il y a une question d'abnégation aussi.
De mettre sur la glace certaines choses.
D'avoir aussi des militants, tu sais.
Quand on est premier ministre, on est un chef de parti,'avoir aussi des militants.
Quand on est premier ministre, on est un chef de parti,
il y a des militants. Il y a beaucoup
de couches de gens qui
gravitent autour. Et des fois, on ne veut pas
faire de tort à personne parce qu'on n'est quand même pas
une personne élue.
Mais on fait quand même partie
des porte-parole.
Tu as pris la parole.
Quand tu parlais, il y avait quand même,
ça pouvait des fois,
est-ce que ça pouvait nuire? Il y a quand même un stress
qui est là. Est-ce que ça t'a changé?
Oui, au passage,
oui.
En plein milieu des tornades, oui.
Ça m'a changé parce que
ça m'a
fait voir
des courants
et des forces destructrices
qui existent partout dans les sphères de la société,
pas juste en politique.
Non.
Que j'ai voulu comprendre davantage.
Mais quand ça prend place
et qu'il y a un stress chronique qui s'installe,
parce que ta sécurité émotionnelle et physique
est en danger à chaque jour,
puis celle de tes enfants aussi, puis de ton partenaire,
tu sais c'est quoi.
Parce que vous avez eu des menaces.
Tout le temps, il y en a tout le temps.
Tu te dis, là, t'essaies de repousser,
tu sais, penser à vous dans votre vie en ce moment,
c'est quoi qui fait qu'il vous inquiète,
c'est quoi votre plus grande insécurité.
Puis là, disons qu'il y a des menaces par rapport à votre sécurité
à tous les jours, de différentes manières.
Si tu es un prof à l'école, si tu es un élève,
peu importe, un partenaire abusif,
je ne sais pas c'est quoi.
Mais on en a tous, c'est tout.
Et là, à un moment donné, tu te dis,
attends une minute,
ça, c'est les forces extérieures,
mais qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de moi?
Puis qu'est-ce qui se passe dans mon monde immédiat,
autour de moi?
Est-ce que c'est vraiment le reflet de la réalité?
Puis d'avoir peur pour la sécurité de ses enfants,
n'importe quelle mère n'aime pas ça.
C'est clair, là.
Donc, à un moment donné, il faut que tu fais des compartiments.
Tu sais, on dit que les hommes sont bons à la compartimentalisation.
Je ne suis même pas capable de dire le mot, pour dire.
Oui, mais compartimenter. Comp mot pour dire. Oui, mais à compartimenter.
Compartimenter.
J'ai eu de la misère à compartimenter.
Donc ça, ça m'a appris
à créer des petits tiroirs,
à ouvrir à différents moments.
Et je pense que j'ai compris
c'est quoi être au service des gens.
Premièrement, quand tu te
retrouves dans un rôle où les
gens croient en ton rôle,
ou t'appelles première dame,
ou peu importe, même si moi, j'y croyais pas que c'est...
Moi, je pensais que c'est juste Sophie, là.
C'est pas un rôle que je joue,
que je joue, c'est juste moi.
Puis je vais donner comme je peux, avec les qualités
que j'ai. Puis les défauts que j'ai des comme je peux, avec les qualités que j'ai,
puis les défauts que j'ai des fois,
mais non, que j'ai toujours, mais qui s'articulent par moments.
J'ai dû réviser
comment mon corps
réagissait au stress. J'ai dû
faire attention.
J'ai dû
créer de la distance
entre la critique constante
et qui on est
qui je suis
qui mon partenaire est
qui mes enfants sont
pour me rassurer
sinon là tu te laisses
tu te laisses
je veux pas dire manger par tout ça
mais gruger un peu, tu sais.
Oui, oui, oui.
Tu le sais, là.
Oui, c'est-à-dire que tu suis trop les vagues.
Exactement.
Tu n'as plus où ça t'amène,
donc tu perds une direction, tu perds ta direction.
Mais la leçon que j'ai intégrée avec les années,
ça fait quand même presque 12 ans,
pas d'être élue premier ministre,
mais d'être sur le chemin politique.
C'est comme, ouais.
C'est que c'est pas personnel.
Ce sont des mouvements
de population. Ce sont
des insécurités,
la peur,
des fois un manque
de connaissances.
La vérité étant en distorsion dans notre société.
Donc, les gens se font une perception erronée d'une réalité. Ça, c'est grave, par exemple.
Ça, il faut travailler à changer ça en tant que société parce que c'est grave.
Ça nous guette à tout point de vue. Alors, j'ai créé une distance et j'ai compris
que ce qui se passait dans ma vie de tous les jours était beaucoup plus vrai que ce qui pouvait me faire peur de l'extérieur.
Que la majorité des gens
ne me veulent pas du mal.
Et que je suis en sécurité.
Et que
dans les contextes où j'ai besoin de sécurité,
la sécurité y est.
Puis on est protégé.
Plus loin que ça,
je ne peux rien contrôler.
À un moment donné... Donc, tu as appris le lâcher-prise.
Oui.
Oui.
Ça fait mal.
C'est dur, le lâcher-prise.
Parce que ça laisse place à l'incertitude,
puis le cerveau humain déteste l'incertitude.
Mais dans mon livre, je parle du grand psychologue
Philippe Stutz,
qui est l'acteur, le comédien, Hilarant, Jonah Hill,
lui, il l'a comme psychologue, tu sais,
puis il a fait un documentaire sur leur relation,
qui est extraordinaire. Si jamais tu n'as pas vu ça,
c'est à voir. – Oui, je n'ai pas vu le documentaire.
– Ça s'appelle Stutz. C'est magnifique.
Et ces deux hommes, de voir la vulnérabilité
émotionnelle entre ces deux hommes-là,
c'est une leçon pour tous les hommes sur la planète.
Qui, qu'on insulte à tous les jours avec la notion de masculinité qu'on leur impose aussi.
Je l'ai toujours dit ça. Je trouve ça épouvantable.
Nos petits garçons et nos hommes sont beaucoup plus matures, sages et magnifiques
que ce qu'on laisse entendre par, encore une fois, des courants de pensée
qui vont piquer dans l'insécurité et la peur des garçons.
Et qui leur disent « Hey, man up! »
C'est pas ça que ça veut dire.
Et il n'y a personne qui est invisible à ces courants-là.
Parce qu'on est tous insécures d'une manière ou d'une autre.
Fait que je te dirais que, pour répondre directement à la question,
j'ai jamais pensé que j'étais dans un rôle,
pendant que j'étais dans un rôle pendant que
j'étais comme première dame
c'est comme ça qu'on va appeler ça, non officiel
du Canada
et je me suis révisée
de l'intérieur
pour me rappeler
que je suis là pour être au service de l'autre
et que si je me laisse
divaguer de mon chemin,
si je me laisse me faire faire peur
ou m'intimider,
je déroge de mon service à l'autre.
Peu importe si mon partenaire
est en politique. Ma vie à moi.
Moi, je veux être au service de l'autre.
C'est ça que je veux faire. Je veux que l'autre
soit aussi en amour avec la vie que moi.
Puis pour ça, ça veut dire
que les gens doivent regarder leur traumatisme.
Je comprends enfin mon essence de femme.
Puis ça m'émeut parce que ça prend du temps
d'être en paix avec ça.
Ça prend du temps.
Puis il y en a qui ne le sauront jamais.
Mais je sais.
Mais ça prend du courage.
Tu te dis quelquefois le mot courage.
Oui.
Le mot courage, ça veut dire aussi
faire face, accepter peut-être qu'il y aura des changements. Tu sais, et ça, ça fait peur, le change courage. Le mot courage, ça veut dire aussi faire face, accepter peut-être qu'il y aura
des changements.
Et ça, ça fait peur, le changement.
Très peur. Donc, des fois,
on ne va pas dans des zones parce qu'on sait
que si on s'avance, on avance.
On est bien dans nos couvertures douillettes.
Il y en a peut-être qui ne nous suivront pas.
Ou il y en a peut-être d'autres
qu'on va peut-être découvrir des choses qu'on ne connaît pas aussi.
Si on avance, qui et quoi on perd?
C'est ça.
Mais si on avance,
qui est le seul moyen de se développer dans la vie
et d'évoluer, il n'y a jamais d'évolution sans crise.
C'est clair.
– Et en même temps, si tu n'avances pas,
le doute est toujours là.
Si j'avais...
Il peut avoir des regrets.
Des fois, il vaut mieux...
Il peut avoir même des remords de ne pas l'avoir fait.
Il n'y a rien de pire que ça.
Les remords, c'est épouvantable.
Tu sais, quand j'enseigne le yoga et la méditation,
que ce soit des jeunes ou des adolescents
ou des adultes,
à la fin de la session,
quand tout le monde est en position du défunt,
donc sur le dos, les jambes allongées
puis les bras allongés, puis les yeux fermés,
comme un enfant,
en petits pyjamas à pattes,
qui dorme, tout le petit corps ouvert,
que je lui mangerais tout rond,
ça me rappelle mes enfants, ou tous les enfants,
je les mangerais tous tout rond.
C'est un cadeau,
c'est un don,
un moment de silence
entre êtres humains,
parce qu'on n'a pas encore compris que le repos et le calme, c'est notre version la plus belle de soi.
Et un esprit et un cerveau au repos, c'est le seul moyen dont on a pour faire sens de la vie. Surfatigué, épuisé, les femmes, les mères,
les messieurs qui ne rejoignent pas les deux bouts, stressé,
anxieux au travail. On est
dans un mode de survie au lieu
d'être dans un mode de création.
Et puis les structures de notre société
n'aident pas à ça non plus. Alors de
penser qu'on ne mérite pas le repos
et le jeu. Tu sais, un animal
qui arrête de jouer,
souvent c'est parce qu'il est malade. Mais on est
pareil. Nous, en tant que mammifères
humains, on est pareil.
Oui, oui. Mais la capacité d'émerveillement,
elle s'éteint souvent.
Exactement. Alors que c'est ce qui
nous anime, cette capacité
d'émerveillement-là. Puis tu sais, le jeu,
ça ne veut pas dire juste jouer aux cartes,
ou jouer au Monopoly ou au Scrabble.
Le jeu non structuré,
j'en parle dans le livre,
puis ça, c'est venu me toucher comme tu ne peux même pas t'imaginer.
Ça va te toucher, je le sais.
Gordon Neufeld,
qui est un des plus grands spécialistes de l'enfance
et de l'adolescence, il nous en parle
dans le livre. Il s'est fait appeler en Ukraine
durant la guerre.
Parce que les professeurs ne savent plus comment gérer le stress
des petits amours, des petits
enfants. Parce que
les enfants entendent les bombes tomber ou ils savent
qu'il y a toujours quelque chose, un danger qui les guette.
Puis, les
enseignants lui ont demandé, mais qu'est-ce qu'on
fait? Qu'est-ce qu'on fait?
Il a dit, vous prenez le curriculum,
vous mettez ça de côté,
vous laissez les enfants jouer.
Parce que quand un enfant joue,
même si les bombes tombent,
son cerveau lui dit,
mon petit gars, ma petite fille,
t'es en sécurité.
Fait que ces bombes-là qui peuvent tomber dans notre famille,
à l'école,
dans les organisations dans lesquelles on travaille,
puis là, on n'est pas en train de comparer
les bombes d'une guerre avec celles qui sont...
– À notre dimension à nous.
– Exactement. Des traumatismes
qui nous guettent.
Puis du mal qui guette.
Si on continue à jouer,
à se sentir libre
de jouer, d'avoir de l'humour
dans notre vie, d'avoir une connexion
humaine saine, on va être capable
de passer au travers.
– Puis tu parles de Victor
Frankel aussi dans ton livre. – Oui.
– Qui voit aussi
le fait d'avoir
aussi la vie à quelque part comme un jeu,
alors qu'il était dans les camps de concentration,
il s'en est sorti,
puis il y a
toute une leçon de vie à travers tout ça.
– Mais lui, ce qu'il dit,
d'avoir vécu les camps de concentration
puis d'avoir vu tellement de gens autour de lui mourir,
c'est que les gens qui n'ont pas
cette confiance spirituelle
qu'on va appliquer, ce n'est pas religieux là,
mais qui n'ont jamais ressenti
de part de comment ils ont été élevés
ou peu importe leur expérience de vie,
qu'il y a une force plus grande
que nous, que ce que l'on voit à l'œil
qui nous unit.
Juste à le dire, j'ai des réflexions.
Ça nous unit en tant qu'être humain.
Et c'est plus grand que toutes les différences
qui peuvent nous diviser.
Il faut laisser aller ça.
Il faut l'accueillir à quelque part, ça aussi.
Puis je pense que ça,
ça nous est confirmé de par les relations
d'amour et d'amitié qu'on a entre les êtres humains.
Oui, il faut laisser.
Il faut laisser aller.
Non, mais tu cites vraiment beaucoup.
Moi, j'ai pris plein de notes dans mon cellulaire
de « il faut que j'aille lire sur cette personne-là ».
Tu m'as fait découvrir plusieurs spécialistes
à travers.
C'est un commentaire que j'ai souvent
et ça me fait plaisir parce que
peut-être que ça va mener sur une autre piste,
pour chaque personne.
Oui.
Tant mieux.
Bien oui, oui, parce qu'il y a des choses
qui viennent plus nous chercher,
qui ne sont pas réglées. Ça, j'ai
envie d'aller plus loin. Alors, on est
rendu au niveau rouge. Tu vas me donner
trois questions, trois cartes.
Je cherche
le nom. La vita
est belle. Attends,
tu vas dire quoi parce que tu me
chavires. Non,, ce que je vais dire
par rapport à ça, c'était
la notion de jeu. Tu te souviens,
tu avais le père avec son garçon
et dans les camps de concentration.
– Qui marche comme un pantin soldat.
– Oui, il sait qu'ils sont dans un camp de concentration
et jamais il dit à son fils.
– J'ai trouvé ça tellement beau, cette scène-là.
Je l'ai écrite sur papier
il y a quelques jours avant qu'on se rencontre Marie-Claude
parce que quelqu'un m'a demandé une des scènes qui t'a le plus renversée
dans un film, bien c'est celle-là
ben c'est...
non mais parce que quand tu parles
le jeu puis on parle de
de Victor, tu sais je veux dire je pense
à cette scène-là, parce qu'on dirait
qu'elle était vraie
l'humour du coeur
peut dédramatiser
n'importe quel traumatisme humain.
Moi, cette scène-là
m'a changée.
Oui, moi aussi.
Je me disais, OK,
il faut savoir s'amuser.
Puis pas seulement ça,
c'est que ça aurait pu être toi ou moi
dans ce camp de concentration-là.
Nous, on a juste été bien loqueuses, OK?
C'est-à-dire que tu ne changes pas
la destinée, mais tu modifies quand même la façon de vivre ce parcours-là. Nous, on a juste été bien loqueuses, OK? C'est-à-dire que tu changes pas la destinée,
mais tu modifies quand même la façon
de vivre ce parcours-là. Oui.
De croire en la bonté humaine.
Oui. C'est tout. À tout coup, sans arrêt,
sans jamais lâcher. Et sans dramatiser.
Oui, mais ça...
C'est déjà... Le drame est déjà tellement grand.
Oui, mais on dramatise tellement.
Parce qu'on a tellement peur
d'être abandonnée.
Exactement.
C'est pour ça qu'on dramatise.
On revient toujours à cet abandon-là.
Bien oui.
Niveau rouge, j'en choisis une.
Est-ce que tu t'es déjà rendue au bout de tes limites physiques ou psychologiques?
Non.
Excusez, j'ai déjà répondu.
Quel est le pire événement que tu as vécu? Si je te pose cette question-là,
c'est parce que tu l'as posée, toi,
quand tu es retournée au collège Brébeuf.
Tu as posé cette question-là à des jeunes filles.
Quand on est en parle.
Quel est le pire événement que tu as déjà vécu?
Parce qu'elle a l'air dure, mais c'est parce que
je voulais dire qu'elle vient de ton livre.
En quoi ton énergie sexuelle
et ta sensualité ont dérangé?
Ça, tu en parles, puis je ne comprenais pas tout à fait.
Je vais mettre une question par rapportrangé. Ça, tu en parles, puis je ne comprenais pas tout à fait. Je vais mettre une question
par rapport à ça.
Oh!
J'ai envie
de te laisser choisir
pour te donner
la liberté de l'intervieweur.
Mais veux-tu que je choisisse ou tu veux choisir?
C'est toi qui vas choisir.
Je te laisse choisir.
Je vais prendre la plus difficile.
Je m'en veux déjà,
mais je vais prendre la plus difficile.
Ça, c'est là.
En quoi ton énergie sexuelle et ta sensualité ont dérangé?
Ont dérangé ma mère
dans son inconfort
par rapport à son propre corps. Ma mère me souvent dit,
j'ai appris à travers toi, par rapport à la sensualité, puis le fait d'être femme,
puis comment s'affirmer là-dedans, comment prendre sa place. J'étais très à l'aise dans mon corps,
parce que moi, j'ai fait confiance en mon corps physique depuis un jeune âge, parce que mon père
m'a permis de pousser mes limites physiques.
Alors, j'ai eu confiance dans mon corps. Et je pense que cette confiance-là
à travers l'activité physique,
à travers prendre des risques,
m'a servi lors de mes relations
sensuelles, érotiques.
Je n'avais pas peur du risque.
Je me sentais en confiance.
Cela dit, j'avais des partenaires
qui m'offraient
cet environnement de confiance-là.
Ça a dérangé.
Moi, j'adorais Madonna.
Je me souviens de son livre Sexe.
Je ne savais pas de quel bord le regarder.
Son livre était fermé. Je me souviens, il y avait un cellophane.
Je me souviens très bien de ce livre-là.
On l'achetait.
Peut-être que j'ai déchiré le plastique.
Je le virais de bord
je le regardais du bon sens
il y avait des photos là-dedans
j'étais comme wow
moi j'étais aventureuse
dans l'âme
je voulais expérimenter
et
c'est pas tout le monde qui est
à l'aise avec ça
je me suis jamais sentie jugée par mes amis,
mais si mes amis étaient là pour lire cette question-là,
ils feraient comme, oh boy!
Oh boy!
C'est fini!
OK.
Oui, moi, je...
Pour moi, étant dans une relation de connexion physique,
c'est comme peindre une toile.
C'est comme écrire des paroles d'une chanson. C'est un langage.
La sexualité, c'est un
langage. C'est une intimité
émotionnelle et physique.
Donc, une partie de ma
personnalité
s'explore et se
décline à travers ça.
Je pense que ça
dérange aussi dans une
famille où le ton n'était pas sexuel
ou sensuel, il n'y avait pas d'allusion à ça.
Et quand j'en ai entendu parler,
ça, c'est des commentaires que j'entendais,
je me souviens quand j'allais à notre
maison de campagne au chalet
de mon grand-père, des affaires
épouvantables que je ne répéterais même pas.
Et que pour moi,
j'entendais ça,
je me souviens d'une, c'était
quelque chose comme, « Es-tu belle,
ta petite sœur, elle n'est pas pire. Envoye! »
J'ai entendu ça, moi,
dans ma vie, dans mon enfance.
C'est dégoûtant.
Ensuite,
au camp, quand j'en parlais,
Cindy est dans le buisson.
Tout le monde répondait,
« Viole!
Écoute, les affaires,
ni queue ni tête.
Puis moi, je suis une féministe, je suis quelqu'un qui s'est battue puis qui va continuer à se battre
pour le droit des femmes, des filles à travers le monde,
qui est bafouée juste parce qu'on est des femmes puis des filles.
Fait que ces messages paradoxaux-là,
je pense m'ont poussé
à prendre le contrôle
de ma sexualité,
de ma sensualité.
Et
je ne sais pas si ça
dérangeait, mais ça
a probablement
peut-être bousculé.
J'ai repris tes mots.
Parce qu'à un moment donné, tu dis déranger.
Peut-être que ça a dérangé.
C'est pour ça.
Sinon, je n'aurais pas mis
déranger. Souvent, j'ai euon, je n'aurais pas mis dérangé.
Souvent, j'ai eu des amis qui ont dit,
« Quoi? Tu voudrais faire quoi? »
Ou genre, « On va aller voir Sophie.
On va savoir ce qu'elle en pense. »
Je me souviens même, à un moment donné,
ma meilleure amie m'avait dit,
« Si tu es là, je me sens en sécurité. »
Pour faire des affaires avec mon chum.
Pas là, dans la salle,
mais si tu es là, pas loin.
Puis que tu me dis que c'est correct, c'est correct.
Donc, t'étais
comme une conseillère?
Oui. Dans mon groupe,
j'ai pas vraiment beaucoup de tabous.
J'espère.
Puis avec tes enfants, est-ce que...
Adrien est quand même assez jeune.
Est-ce que tu...
Est-ce que tu fais de l'éducation sexuelle?
– Bien oui.
Nous autres, à table,
dans notre cuisine,
on s'engueule, on pleure, on rit,
on se pitch en bas du...
Mon fils, mon petit garçon
est en haut du réfrigérateur
pendant que je suis en train
de faire de la cuisine
puis il joue à un jeu,
là, avec sa soeur.
Tout se passe dans notre cuisine.
Puis on parle de tout.
Puis oui, absolument,
souvent, je vais faire des allusions à la sexualité,
comme si de rien n'était, comme si on parle de banane puis de pomme.
Des fois ça passe, sans problème, parce que mes enfants ne sont pas barrés.
Ça je peux te dire ça.
Moi je suis née dans une maison, on n'était pas barrés.
J'ai entendu toutes les couleurs, toutes les saveurs.
J'ai vu, pas vu, mais il y en avait pour tous les goûts.
Je pense que mes enfants savent que je n'ai pas vraiment de malaise à ce point de vue-là,
mais je ne suis pas certaine qu'ils veulent entendre tout ça à table accusée.
Des fois, c'est comme « Maman, t'es toi, arrête! »
Parce que tu es la mère, c'est sûr.
Est-ce que tu penses que tu pourrais écrire ou faire un documentaire ou quelque chose
sur la sexualité, la sensualité?
Absolument, aucun problème avec ça.
Parce que pour les femmes, il y a encore
une gêne
à quelque part de
dire je prends ce pouvoir-là
qui est celui de ma sexualité,
de ma sensualité. C'est une énergie
aussi. Non, mais on dit
aux femmes, tu sais,
elle a l'air d'une porn star, mais
elle ne dit pas comme ça, par exemple. Danses, tu sais, sois libre, so d'une pointe star, mais agit pas comme ça, par exemple.
Danse, tu sais, sois libre,
sois toi-même, mais attention à tes hanches,
quand tu es aguichante, quand tu fais ça.
Excuse-moi, mais la vie,
encore une fois, est d'un spectre à l'autre.
On peut être tout ça, sans se sentir
trop prude ou
trop la madone, tu sais.
Puis je pense que
tu as raison, Marc-Lône,
la plupart des femmes ont encore
un malaise à exprimer leur sexualité
et leur sensualité. Mais on se fait dire
de l'exprimer de manière tellement tordue.
Mets ces cils-là,
mets ces cheveux-là, mets ces seins-là.
Enlève tes rides.
Mets ta poitrine comme ça.
Ta tête devrait être comme ça, là, au lit
il faut que tu te comportes comme ça si tu veux que ton chum
soit aussi excité que ce qu'il voit dans les films pornos
c'est quelque chose
c'est trop de prise de conscience
non c'est le contraire
il n'y en a pas de prise de conscience
c'est comme une espèce
de reni de soi-même encore une fois
je comprends ce que tu veux dire, c'est-à-dire que pendant
c'est que tu penses à trop'est-à-dire que pendant,
tu penses à trop d'affaires.
Tu n'es pas mis dans ta tête. Tu n'es pas dans l'abandon.
Tu n'es pas dans ta présence de corps.
Parce que ça prend l'abandon.
Oui, puis ça prend des hommes
qui sont bien dans leur peau
et qui aiment les femmes pour qui elles sont.
Oui.
Est-ce que tu as déjà fait peur à des hommes?
Peur.
Par le fait que tu assumes,
c'est-à-dire où tu es disposée... Non, je ne pense pas peur.
Non, je n'en ai pas eu...
Ça ne se peut pas, là.
Non, je n'ai pas vu de la peur
dans leurs yeux, non.
Mais de la surprise ou...
Ou de...
De la surprise positive, peut-être.
Positive, oui, oui.
Il y en a aussi qui m'ont guidée vers là,
qui c'est magnifique aussi.
J'aime guider comme j'aime guider aussi.
Mais je pense qu'on a tout un travail à faire
au niveau de la sensualité et de la sexualité
de la femme encore dans notre société.
Puis qu'on arrête
d'être bombardée avec des messages qui nous demandent
de nous transformer pour
ressembler à des gens qui n'existent pas.
Mais ça, je pense que dans la sexualité et sensualité féminine,
ça a beaucoup d'importance, ce que tu dis.
Bien oui.
D'être gênée des fois de se montrer.
Donc, ça enlève la connexion avec son corps,
ça enlève cette liberté qui exige à quelque part
une vie sexuelle aussi épanouie.
Ça enlève le goût de l'amour, qui est le goût, qui est la forme de présence la plus
belle au monde. On n'est pas obligé d'avoir la sexualité dans notre vie, d'ailleurs,
le spécialiste en parle dans mon livre, pour se sentir épanoui. Mais le toucher humain,
en toute sécurité
et dans l'abandon, absolument.
Puis ça, c'est le début d'une sexualité.
Ou ça peut être juste
une partie d'une sexualité. Il y a des gens
qui n'ont pas de sexualité,
de pénétration en tant que telle, mais qui sont
épanouis dans leur intimité.
Ça ne devrait pas nous dire quelque chose, ça?
Mais qu'est-ce qu'on doit faire
pour arriver à cette liberté-là?
Il faut regarder nos traumatismes de plein fouet.
Il faut regarder comment on a été élevés dans notre enfance
et les traces que ça a laissées en nous.
Il faut avoir le courage d'avoir mal,
parce que c'est dans ce mal-là que se trouvent toutes nos réponses.
Puis ça ne veut pas dire qu'il faut s'auto-flageller
et se faire mal.
Ce n'est pas ça. C'est que
quand on se regarde
dans notre
pure vérité, ça fait mal.
Comme société, ça fait mal.
Parce que ça fait mal de s'avouer le mal
qu'on a fait aux gens qui sont venus avant nous,
que ce soit les communautés autochtones,
la colonisation et tout ça. Ça fait mal.
Ce n'est pas le fun de voir ça. Mais il faut y faire face pour évoluer.
C'est la même chose chez l'individu.
Si on ne se rend
pas responsable de notre processus
de devenir qui on est,
on vit d'une manière inconsciente.
Parce que la conscientisation, c'est ça.
Est-ce que le yoga qui est arrivé
dans ta trentaine environ dans ta vie,
tu étais déjà
à l'aise de tout ça,
mais est-ce que ça encore approfondit ce chemin-là?
Absolument.
Tu sais, le yoga, les gens pensent,
tu sais, tu es assise sur un coussin et tu ne bouges pas,
ou il faut que tu sois super flexible
pour mettre tes pieds en arrière de ton cou.
Ce n'est pas ça, là.
Ce n'est pas ça du tout.
Yoga, ça veut dire «yoke».
«Yoke», en anglais, ça veut dire « d'amener ensemble »,
disons, dans un œuf, le blanc puis le jaune,
de l'amener ensemble.
De revenir à ta nature propre,
d'enlever toutes les espèces de voiles et de confusions,
d'illusions,
qui font que tu n'es pas capable de connecter avec toi-même
et avec l'autre,
de par tes traumatismes, de par tes expériences de vie,
pour revenir à ton essence pure.
Dans une pause de yoga, bien que ça peut être une pause très relaxante ou très demandante, et moi j'en essaye
plusieurs, ce qui est le plus important, c'est que ta respiration soit plus grande que ta pause.
Toujours. C'est ça le yoga. C'est le leadership émotionnel. Prendre cette grande respiration quand
t'as pas envie ou quand t'es dans un effort que tu penses que comment je fais pour me tenir comme
ça sur mes deux mains avec mes genoux dans les airs, c'est parce que je suis
capable de respirer consciemment et que je vais au-delà de l'effort dans la présence. Que tu
sois dans une relation puis t'as un conflit, que tu sois au travail, ça va pas avec ton employeur,
que tu sens une émotion de colère avant de frapper quelqu'un.
Peut-être que c'est ça ton traumatisme.
Le leadership émotionnel, c'est de savoir ce qui se passe dans ce moment-là
pour être capable de contrôler tes propres actions.
À la fin d'une session de yoga, souvent, je ramène tout le groupe,
parce que souvent les gens sont endormis, sont dans le calme total.
Ils sont dans un état de bien-être.
– Magnifique. Et ça, c'est la plus belle chose à voir.
Tous ces corps-là, ces esprits-là,
dans une sensation de bien-être, de sécurité.
Souvent, je veux dire,
amenons nos mains sur notre tête
pour que nos pensées
soient les plus claires possibles.
Ensuite, d'amener les mains aux lèvres,
que nos pensées claires nourrissent nos paroles
remplies de compassion envers nous-mêmes et envers l'autre. Et finalement,vres, que nos pensées claires nourrissent nos paroles remplies de compassion envers nous-mêmes
et envers l'autre, et finalement, au cœur,
que nos pensées claires et que nos
mots tendres
et remplis de compassion guident
nos actions sages
pour le bien-être de soi-même et de tout le monde
autour de nous.
Est-ce que tous les corps peuvent faire du yoga?
Tous les corps peuvent faire du yoga. Tu peux faire du yoga sur une chaise, si tu veux.
Moi, je connais un enseignant qui est quadriplégique et qui enseigne le yoga.
Il s'est tellement mis en
connexion avec le corps qu'on appelle
le...
souple, le corps plus...
C'est quoi ce sort-là? Subtil.
Que
lui, il ne fait même pas les poses, mais il est tellement
en connexion avec le corps subtil
qu'il guide les autres et c'est un professeur extraordinaire.
Donc, oui, le yoga, ce n'est pas seulement de faire la split.
Même si toi, tu fais la split.
C'est parce que moi, j'étais déjà dans un état physique
où je pouvais pousser mon corps.
C'est ça.
Je l'ai poussé.
Moi, je n'étais pas capable de la faire au début, la split.
Pas du tout.
Par exemple, moi, ça ne serait pas faire la split. Il y a probablement d'autres choses qui seraient me pousser mon corps. C'est ça. Je l'ai poussé. Moi, je n'étais pas capable de la faire au début, la split. Pas du tout. Par exemple, moi, ça ne serait pas faire la split.
Probablement d'autres choses qui seraient me pousser
autant que tu t'es poussée pour faire ça.
Absolument. C'est exactement ça. Mais c'est important de le dire
parce que des fois, on a ce ça à, justement,
cette grande souplesse.
Puis là, on se dit, bien, moi, je ne pourrai jamais.
La souplesse, elle est psychologique avant tout
au yoga.
Ce n'est pas...
Les yogis les plus avancés ou les professeurs avancés le disent toujours. Quand tu vois un étudiant qui n'est pas... Les yogis les plus avancés
ou les professeurs avancés le disent toujours.
Quand tu vois un étudiant
qui n'est même pas capable de s'asseoir accroupi
tellement ses hanches sont...
Les muscles sont serrés, étendus,
mais que cette personne-là est capable
de prendre des grandes respirations
et d'être en présence calme,
c'est du yoga avancé.
J'adore ce que tu dis.
Voilà.
Tu payes une question mauve. On est rendu dans les questions hypothétiques avec quelle personne décédée aimerais-tu partager un repas
une personne que tu as connu que j'ai connu oui oxy difficile ça. Attends une minute là. À moins que tu aies vraiment une tablée,
que tu en aies plus qu'une.
Non.
Une personne décédée avec qui je voudrais m'asseoir.
Ma grand-maman.
Ma grand-maman Aline,
qui est morte des conséquences de l'Alzheimer.
Qui a été dans une relation
pas facile, émotionnellement,
qui était une femme brillante, drôle, sportive,
que j'ai vue dépérir à l'œil nu.
Aline, on la célèbre encore du côté de ma mère
et mes oncles
qui ont grandi dans une maisonnée
où c'était pas facile du tout
quand ils parlent de leur mère Aline
c'est comme une source de...
c'est comme un baume pour l'âme
et je pense qu'on lui a pas assez dit
elle a entendu tellement de critiques
dans sa vie
je voudrais lui dire à quel point
elle était magique, fantastique.
Son sucre à la crème était débile.
Puis elle m'en faisait quand elle venait me visiter.
Elle m'a touchée l'âme.
Moi, je rencontre des gens qui ont des grands titres,
des grands accomplissements.
Il y en a que j'ai rencontrés qui sont décédés.
Je pense que quand tu me poses
cette question-là, ce qui me vient en tête
et au cœur le plus rapidement, c'est les personnes
de qui j'ai été proche.
Qui probablement n'ont pas changé le monde
comme les autres que j'ai rencontrés.
Mais qui m'ont chavéré moi
dans mon cœur. Puis ça, ça en est une.
Elle n'était pas connue du monde.
Mais grand-maman Aline,
je l'aimais.
Je l'aimais, puis tu me fais penser
que j'aurais voulu rencontrer
grand-maman Madeleine, la mère de mon père,
qui est morte d'un cancer fulgurant du sein.
Et
je le sais qu'elle les a aimées,
ses enfants, puis eux autres aussi
ont souffert à leur manière, parce que j'ai entendu
plein d'histoires. J'aurais aimé ça la connaître plus.
J'aurais aimé ça.
Et quelles questions tu aurais envie de poser à ta grand-mère Aline?
Pourquoi tu es restée si longtemps
dans son couple?
Sans rien comparer, là.
Mais tu aimerais savoir pourquoi.
Oui.
Alors, la dernière question, Sophie.
Est-ce que la petite
Sophie serait fière de la femme
que tu es?
Oui, parce que je prends soin de la
petite Sophie. Puis j'arrêterai
jamais. Parce que de prendre
soin de la petite Sophie, ça veut dire d'être
capable de prendre mieux soin du monde,
des gens autour de moi,
puis d'aider le plus que je peux.
Puis je l'aime, moi, la vie.
Puis je la berce.
J'aimerais ça que tout le monde puisse se sentir aussi amoureuse
d'être tout simplement vivante.
Puis ça me rend sensible à la souffrance des autres.
Tout m'émeut, moi.
Peut-être trop.
Oui. Mais je pense pas
que c'est de la fierté. Je pense que c'est
de la paix.
Est-ce que t'aurais pu dire ça à 20 ans?
Non. Bien non.
Mais c'est aussi le luxe de l'âge.
Exactement. Puis tu sais, ça me fait
de la peine juste de dire ça parce que on vit dans une société pour qui l'âge, c'est aussi le luxe de l'âge exactement ça me fait de la peine juste de dire ça parce que
on vit dans une société pour qui
l'âge c'est un insulte
puis on
on met nos gens âgés de côté
puis là il y a une espèce de passage
d'initiation
dans la vie
à l'âge plus mature
qui est bafoué
et on perd énormément
d'expérience, de sagesse
et d'introspection
en se traitant comme ça.
Absolument. On devient homogène.
Oui.
On dirait qu'on doit tous se ressembler.
Oui.
C'est de l'ouverture.
Quant au fond, la diversité
et la différence de l'autre
fait de nous la plus grande richesse
en tant qu'être pensant.
Parce que quand on pense à diversité,
il faut aussi penser à âge.
Tellement!
C'est vrai, on pense corps, diversité, corps.
Culturel, c'est vrai.
Mais on parle vraiment de cette diversité-là
qui devient une complémentarité
quand on est tous ensemble sans penser à l'âge.
On a peur du processus naturel des choses.
Le changement,
encore une fois. Encore une fois, parce que le corps
change. Dis-moi, est-ce que
tes parents ont lu? Oui.
Es-tu nerveuse?
Mes parents l'ont lu
dès les débuts.
Dès les débuts, parce que tu parles beaucoup
de tes parents
dans cette histoire qui est la tienne. l'ont lu dès les débuts. Dès les débuts, parce que tu parles beaucoup de tes parents dans
cette histoire qui est la tienne.
Et tu es
très authentique quand tu parles d'eux.
Mais on sent qu'il y a
beaucoup d'amour. Oui, oui, c'est plein d'amour.
Mais tu dis les choses. Oui.
Telles qu'elles sont.
Puis ce que j'ai décidé de mettre dans le livre, c'est respectueux.
C'est plein d'amour. Je ne pointe
pas du doigt, mais je veux que les gens comprennent qu'on ne peut jamais dire, bien, c'est de laux, c'est plein d'amour. Je ne pointe pas du doigt, mais j'ai vu que les gens comprennent
qu'on ne peut jamais dire, c'est de la faute
à mes parents, ce n'est que ça. Non.
Mais de l'enfance, il y a
cette musique
qui reste à l'intérieur de nous
et qui fait qu'on entend les autres musiques
d'une manière
très unique à soi.
Des fois, on n'entend pas
la musique qui joue vraiment parce que notre propre musique
est trop forte dans notre tête.
Puis je pense que ça, dans une société stressée,
anxieuse, où on vit à un rythme
effréné, on entend
plus le bruit que la grande musique.
Donc on n'a pas la mélodie.
Exactement.
Est-ce que pour toi, le fait d'avoir parlé
de cette façon-là,
d'avoir été à la quête de toi-même,
de dire d'où ça vient, d'où ça part, pourquoi,
tu vas chercher aussi l'avis de spécialiste,
est-ce que ça t'a apporté une paix encore plus grande?
D'avoir écrit le livre?
Oui.
Je veux dire que les experts que j'ai interviewés,
qui sont des êtres humains comme toi et moi,
ils se dévouent à créer plus de paix
à l'intérieur des gens,
en comprenant la neurobiologie
de comment on est formé.
Notre cerveau, il y a 200 000 ans.
Il n'a pas vraiment changé depuis 200 000 ans.
C'est comme notre disque dur,
mais la programmation de part comment on a été élevé,
nos expériences de vie varient d'individu en individu.
Ça m'a amené de la paix
parce que ça m'a permis de comprendre davantage
l'insécurité des gens.
Et que, par exemple, la haine,
ça vient d'un grand, grand, grand désir de connexion
qui n'est pas présent.
De comprendre d'où vient l'inconfort des gens,
d'où vient l'insécurité, d'où vient l'ignorance,
d'où vient la souffrance.
Et ça, ça m'amène de la paix.
D'avoir une meilleure compréhension
de l'être humain en général
m'amène de la paix à l'intérieur de moi
parce que ça me permet de m'adapter
sans être envahie
par le stress que ça peut impliquer
de s'adapter dans la vie.
C'est ça que ça fait.
Et tu te vois où dans 10 ans, Sophie Grégoire?
Ah, mon Dieu!
En quelque part dans la nature,
avec des gens que j'aime,
puis encore au service,
de la manière que moi, je peux le faire.
C'est pas précis.
Je pense que j'ai appris
à m'ouvrir à l'incertitude.
Mais il faut qu'il y ait de la nature.
Il faut qu'il y ait du grand vent.
Puis tu as une courbe de transmission.
Oui. Je veux tenir les reines aussi.
Des fois, je vais les laisser tomber pour que mon cheval
puisse y aller librement. J'adore
monter à cheval et d'aller
vite.
Mais en même temps, oui,
j'ai cette espèce de lâcher prise, d'abandon
tout en étant bien avec
qui je suis.
Quand tu parles du surf,
tu dis que tu es en état d'apesanteur sur la vague.
Moi, j'avais peur.
Oh mon Dieu!
Tu aimes vraiment les sensations fortes.
J'ai tellement eu peur en surf.
Mais tu es la première personne qui décrit
que je comprends c'est quoi le feeling.
Tu l'as-tu compris?
Parce que, OK, là,
tu t'en vas vers ta vague, OK?
T'es au crawl sur ta planche,
OK? Puis là, il faut que
tu plonges en dessous de la vague,
puis tu sens le mouvement de la vague passer par-dessus toi,
puis des fois, tu ne plonges pas au bon moment,
puis là, mon ami, là,
t'as de l'eau, là, partout, OK? Dans toutes
les parties de ton corps, OK? Qui rentrent.
Et là, tu te retrouves de l'autre côté
du whitewash qu'on appelle, où est-ce que les vagues
sont toutes perturbées.
Là, tu te retrouves dans les grandes vagues en arrière.
Ces grandes vagues-là,
elles ne sont pas là pour t'écraser, mais il faut que tu ailles
les chercher correctement. Puis une fois que
tu la vois venir, puis que tu commences
à encore rentrer
tes bras dans l'eau, puis que
tu te mets un petit peu à la même vitesse que la vague
et elle te soulève.
Il faut que tu te lèves rapidement.
Puis là, quand tu te lèves rapidement,
tu es légère comme une plume.
Tu es en état de...
Ça dure une à deux secondes, OK?
Et là, tu vois le bas de la vague.
Puis là, vous foutez, il va.
Ça me donne des frissons juste avant de parler.
C'est une sensation qui crée une compulsion. Parce que c'est pour ça que les gens, ils vont pour une autre vague puis une la vague. Puis là, vous foutez, il va. Ça me donne des frissons juste avant de parler. C'est une sensation
qui crée une compulsion.
C'est pour ça que les gens, ils vont pour une autre vague, puis une autre vague.
Tu m'as fait comprendre ça.
Parce qu'il y a du danger, là, dans ce sport-là.
Ah oui, je me suis fait très peur en surf.
Je me suis déjà cassé une dent.
J'avais la dent coupée en deux,
puis je l'ai limée avec une lame à ongles.
Parce que c'était l'été, puis il n'y avait pas de dentiste où est-ce que j'étais.
C'est super.
Merci, Sophie,
de t'être arrêtée ici dans le studio
d'Ouvre ton jeu, d'avoir pris le temps.
Cette discussion-là me fait du bien.
Ton livre,
je vais le garder,
comme je te dis, j'ai pris des notes.
Tu donnes des outils.
Oui.
Et aussi, tu nous donnes ton histoire.
Moi, ça fait longtemps aussi
que je te regarde ici et là,
puis tu es une amoureuse de l'âme humaine,
puis tu es une curieuse. C'est contagieux.
Merci à toi aussi.
On est sur un chemin parallèle.
On l'est toutes et tous, on ne s'en rend pas compte.
Et là, je vais peut-être me mettre au yoga.
Let's go!
J'aimerais ça, parce qu'il y a quelque chose dans la respiration.
C'est tellement déterminant dans une vie et d'en être conscient
et d'amener ça ailleurs.
C'est la seule fonction
volontaire du corps
qu'on ne contrôle pas au fond,
mais que l'on peut contrôler.
C'est une fonction qui se fait naturellement.
On respire, même si tu portes ton attention sur quelque chose d'autre.
Ton corps continue à respirer.
Mais c'est la seule fonction
de ce type-là que tu peux contrôler en tant qu'être humain.
C'est quand même fascinant.
C'est fascinant.
Alors, merci.
Je veux dire, le livre, c'est mieux se connaître,
mieux s'aimer entre nous.
Merci, Sophie Grégoire Trudeau.
Parce que c'est tout juste son livre.
S'il te plaît.
Juste Sophie, c'est correct.
Juste Sophie, c'est en masse.
Sophie, c'est en masse.
Merci, Sophie.
Bye-bye tout le monde.
Merci d'avoir été là.
Cet épisode était présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau au Québec.
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