Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #59 Kim Thúy | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette

Episode Date: June 17, 2024

Dans ce cinquante-neuvième épisode d’Ouvre ton jeu, je reçois l’écrivaine Kim Thúy. Cette femme sage à l’énergie contagieuse nous parle avec la plus grande authenticité de son adaptation... à une nouvelle culture, de sa vision de la famille et de la différence qu’a fait Valmond, son fils autiste, dans sa vie. Elle aborde également sa grande quête de liberté, la reconnaissance et les petites attentions qui font du bien. ━━━━━━━━━━━ 00:00:00 - Introduction 00:25:58 - Cartes vertes 01:01:20 - Cartes jaunes 01:39:51 - Cartes rouges 01:16:28 - Carte mauve ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Patreon, Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant partout au Québec et au https://www.randolph.ca/produit/ouvre-ton-jeu-fr/. Visitez mon site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d’avance. ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15.

Transcript
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Starting point is 00:00:00 Je ne suis pas supposée d'être ici. Tu sais, le bateau, il s'est défait 15 minutes après qu'on a débarqué du bateau. Et il s'est défait devant nos yeux, englouti dans la mer. Devant tes yeux. C'était grand comment, ton bateau? 10 mètres de long, on était 218 personnes. En tout cas, on était nombreux, disons. Heureusement, tu sais, les Vietnamiens, on est plus petits.
Starting point is 00:00:22 Donc, tu peux en mettre plus. Mais vous avez vu le bateau? Oui, parce qu'il y a une pluie qui est descendue, puis les vagues étaient un peu plus grosses. Une pluie normale, mais la mer était un petit peu plus mouvementée et les planches ont sauté. Toc, toc, toc. Parce que le bateau n'était pas fait pour être en haute mer, si tu veux.
Starting point is 00:00:46 Et donc, on a eu la chance d'avoir améri avant que la pluie tombe. Mais tu es encore sur la plage, tu viens de débarquer, ton linge est encore mouillé, et tu vois le bateau partir. Donc, tu sais que 15 minutes de plus, je ne serais pas ici avec toi. Ouvre ton jeu est présenté par Karine Jonca, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Le jeu de table Ouvre ton jeu
Starting point is 00:01:19 est disponible partout en magasin et sur rendolf.ca. Bonjour tout le monde. Aujourd'hui, je suis avec une femme libre et libérée, je trouve. Depuis le premier jour où je l'ai rencontrée, j'ai vraiment eu un coup de cœur
Starting point is 00:01:35 pour son intelligence émotionnelle, son intelligence tout court. C'est une femme allumée, qui s'intéresse à tout, qui a le goût de tout, qui a touché à plusieurs choses dans sa vie. Ce que j'aime, c'est qu'on dirait qu'elle ne cherche pas un parcours linéaire.
Starting point is 00:01:51 Alors, c'est une rencontre que j'attendais depuis longtemps. Bienvenue, Kim Thuy. Oh mon Dieu, c'est la plus belle introduction, je trouve, aux présentations. T'as utilisé deux adjectifs que j'adore. Libre et libérée. C'est deux choses différentes. On est d'accord? On peut être libéré
Starting point is 00:02:07 sans savoir comment être libre. Puis on peut être libre, mais pas se sentir en même temps tout à fait libéré. Donc c'est vrai que ces deux mots-là sont pas synonymes tant que ça. Non, absolument. Puis toi, je te sens libre et libéré.
Starting point is 00:02:24 Libéré, ça veut dire qu'on s'est pas toujours sentiée. Libérée, ça veut dire qu'on ne s'est pas toujours senti libre aussi. Libérée, ça veut dire qu'il y a eu une prise de conscience à un moment donné. Il y a eu des choses, des décisions à prendre pour... Parce que ça paraît quand quelqu'un comme toi, je trouve,
Starting point is 00:02:40 est libéré parce qu'il y a comme des couches d'expérience. Il y a une sagesse qui s'installe aussi à travers tout ça. Tu dois te dégager, en fait, des contraintes qui ont toujours été là. Le mot qu'on utilise, je sais que c'est compris de toutes
Starting point is 00:02:57 sortes de manières, mais de façon systémique, dans le sens où socialement, on a toutes sortes de rites, de coutumes, de morses qui ont l'air en sorte qu'on les suit sans questionner. Sans se questionner. On prend pour acquis les choses.
Starting point is 00:03:13 Oui, puis je me souviens de Ricardo qui racontait qu'on coupait toujours le jambon des deux bouts, puis il ne comprenait pas pourquoi on cuisait toujours le jambon en coupant les deux bouts. En faisant la recherche et tout ça, il a vu, ah, c'est juste parce que les chadrons, à l'époque, étaient trop petits.
Starting point is 00:03:29 Donc, on coupait le jambon pour que ça rentre dans le chadron, tu vois. Donc là, elle dit, bien, quand elle t'a compris ça, tu dis, bien, t'as pas besoin de couper les deux bouts. Ton chadron est assez gros maintenant. Et donc, c'est ça, c'est de remettre en question toujours ce qu'on est en train de faire, pourquoi on le fait.
Starting point is 00:03:48 Puis on peut être d'accord avec le rythme, on peut être d'accord avec cette contrainte-là, mais c'est par choix. Et donc, oui, on va se plier ou sinon suivre la contrainte, mais de façon libérée. Ou délibérée même. – Et ça, t'en as pris conscience
Starting point is 00:04:04 rapidement dans ta vie que tu pouvais remettre les choses en question? Je pense que j'avais pas le choix parce que je viens d'une culture très différente, si tu veux. J'ai été élevée jusqu'à l'âge de 10 ans avec la culture vietnamienne seulement. Donc, quand
Starting point is 00:04:19 on arrive ici, on acquiert une nouvelle culture. Et là, soudainement, t'as un comparatif. T'sais, quand t'as toujours bu de l'eau et que t'as jamais bu du thé, tu compares pas. C'est seulement une fois que tu bois du thé, tu te dis, ah, l'eau goûte vraiment différent que du thé. Qu'est-ce que je préfère?
Starting point is 00:04:35 Là, tu sais, bien, il y a pas de préférence. C'est des moments. Il y a des moments où t'as envie de prendre un thé, puis d'autres moments, t'as envie de prendre de l'eau. Tout simplement. Mais de connaître cette différence-là, donc la chance que j'ai eue, c'est d'avoir une, tu as envie de prendre de l'eau. Tout simplement. Mais de connaître cette différence-là. Donc, la chance que j'ai eue, c'est d'avoir une deuxième culture qui me permet de mettre en lumière l'une
Starting point is 00:04:52 et l'autre des deux cultures. Tu te dis, ah, comment ça, au Québec, on pèle vers l'intérieur, puis les Vietnamiens, on pèle vers l'extérieur. Le résultat est le même. Mais qu'est-ce qu'on adopte? Pourquoi? Tu sais, ça fait ça. Ah? D'où ça vient cette idée de peler en avant
Starting point is 00:05:09 ou en arrière? Et parce que j'ai vu ça quand je suis venu d'arriver au Québec, puis je trouvais ça très étrange. Tu vois, je suis toujours pas capable de peler vers l'intérieur. Écoute-moi, coupe! C'est ça, tu vois des choses que si on n'a pas vécu, par exemple, dans la culture vietnamienne, ça se peut qu'on ne voit jamais.
Starting point is 00:05:26 C'est ça, tu ne te poses pas la question. Je ne me positionne pas par rapport à ça, parce que je connais juste ça. Exactement, tu n'as jamais pensé que c'est possible de poler d'un bord, n'est-ce pas? Et parce que j'ai vu ça, j'ai remarqué que les livres en français, les mots, les pines de livres,
Starting point is 00:05:42 ça va de bas vers le haut, puis l'anglais de haut vers le bas. Ah, j'avais raison, il y a des livres ici. Le français, c'est de bas vers le haut puis regarde l'anglais à côté, c'est de haut vers le bas. Soudainement,
Starting point is 00:05:57 tu vois toutes sortes de possibilités que même dans un espace aussi restreint, c'est tout petit, les pines du livre. Il y a un code. Il y a un code. Et pourquoi une culture a adopté un sens, puis l'autre dans l'autre sens? Et c'est là où tu dis, ah, puis moi, je suis dans quel sens?
Starting point is 00:06:16 Soudainement, tu te dis, ah, j'ai le choix. Il y a un choix. Et ça, ça fait en sorte que tu questionnes de plus en plus sur tout. Tu sais, quand on venait d'arriver, j'étais peut-être en secondaire 2 ou 3, tu sais, les cours sur la sexualité commençaient. – Initiation à la sexualité.
Starting point is 00:06:35 – C'était quoi le titre, là, ma petite ancienne? – Oui, oui, absolument. – Oui, on était de la même époque, là, je pense. Et il fallait que les parents signent un document pour permettre aux enfants d'y aller. Puis mes parents ont refusé. Puis moi, à cet âge-là, je voulais être juste comme tout le monde.
Starting point is 00:06:54 Je voulais juste suivre le cours comme tout le monde. Puis là, mes parents ont dit, « Non, tu n'as pas besoin de ce cours-là, voyons. » Je commençais, je n'ai pas besoin. Puis là, je commençais à argumenter sur la notion de la virginité. Qu'est-ce que c'est que la virginité? Tu vois? Alors que si tu es Québécoise,
Starting point is 00:07:12 tu n'as peut-être pas besoin de te questionner sur « Ah, on doit-tu être vierge, pas vierge, avant le mariage? » Tu vois? Et là, mes parents ont été confrontés à cette question-là. Parce qu'eux, ils arrivaient avec, justement, leur culture, leur vision.
Starting point is 00:07:29 Bien oui, et d'une autre époque aussi, comme nous. Bien oui, mais tu sais, en même temps, je connais plusieurs personnes de deuxième génération que leurs parents ont vécu dans un autre pays, ils ont eu des enfants ici, et j'ai remarqué souvent,
Starting point is 00:07:44 je ne veux pas généraliser, mais que les parents restent avec l'image du pays, ils ont eu des enfants ici. Et j'ai remarqué souvent, souvent, je veux pas généraliser, mais que les parents restent avec l'image du pays qu'ils ont quitté. Sans que ce pays-là ait comme évolué comme le pays dans lequel ils ont choisi de continuer d'évoluer. Mais oui, c'est sûr. Mes parents parlent encore avec le
Starting point is 00:07:59 Vietnamien des années 70 qu'on a quitté. Mais ils n'ont pas vu le vietnamien qui a évolué comme la langue québécoise d'aujourd'hui, il y a 50 ans. C'est pas la même langue. Donc comme enfant qui a vécu ça,
Starting point is 00:08:15 est-ce que ça, c'est difficile, cette période-là? Est-ce que ça a été difficile? Non, je te dirais, je les remercie beaucoup, encore aujourd'hui, d'avoir préservé, de nous avoir continué à transmettre cette culture-là
Starting point is 00:08:29 qui me permet justement de faire cette comparaison, de questionner, d'aller vers l'avant et de ne pas renier quoi que ce soit. Parce que si tu renie cette culture-là, tu renie une part de qui je suis. Je suis en train de renier les dix premières
Starting point is 00:08:46 années de ma vie et mon visage, mon physique, je peux rien changer de ce physique-là. Et pourquoi est-ce qu'on doit renier alors qu'on vit dans un pays qui ne nous demande pas de le faire? Tu sais, il y a des pays où, aux États-Unis, tu peux avoir juste un passeport américain.
Starting point is 00:09:02 Tu dois renoncer à toutes tes autres citoyennetés si tu demandes la citoyenneté américaine. La citoyenneté canadienne ne te demande pas ça. Tu peux être aussi français et canadien. Tu peux être vietnamien et canadien si tu veux. Mais les Vietnamiens ne veulent pas.
Starting point is 00:09:18 Eux, c'est exclusif aussi. C'est juste vietnamien, tu vois. Donc, on est dans un pays extraordinaire qui nous offre cette possibilité d'être plusieurs. Je pense que c'est Baldwin qui a écrit à un moment donné
Starting point is 00:09:33 « I am multitudes ». On est plusieurs. On n'est pas... Oui, moi, je me considère femme dans un corps de femme, orientation sexuelle, femme hétéro et tout ça. Mais ça ne veut pas dire qu'il y a des moments
Starting point is 00:09:50 où peut-être qu'on trouve un peu penché vers le masculin. Ou parfois penché un petit peu vers enfant. Des fois, je suis Martine à la plage. Mais j'aime ce que tu dis, parce que c'est le large spectre de l'humain,
Starting point is 00:10:06 de nos états d'âme, nos états d'esprit qui, des fois, ne paraissent pas, mais qu'on ressent à l'intérieur. Tout à fait. Puis on doit se donner le droit de, des moments où je suis tout à fait vietnamienne dans mes valeurs, dans ma façon d'exprimer. Je sais que quand j'écris,
Starting point is 00:10:23 je suis très vietnamienne, en fait. Même si j'écris en français, je réfléchis en français, le rythme de la langue vient du vietnamien. Pourquoi? Parce que quand tu écris, tu le sais, on doit être silencieux. On n'a pas le choix. On est
Starting point is 00:10:40 tout seul avec les mots. Et il faut s'entendre, réfléchir, en fait. Et dans ce cas-là, je retombe dans la petite fille vietnamienne que j'étais. C'est-à-dire la petite fille très silencieuse que j'étais. Oui, je suis née timide,
Starting point is 00:10:56 mais en plus, tu vois, entre l'âge de 7 ans à 10 ans, j'ai vécu avec les communistes et c'était la période où on n'avait pas le droit de rien dire. Et dans quel sens? C'est que même à 7 ans, je devais me lever au milieu
Starting point is 00:11:11 de la classe et dénoncer un acte révolutionnaire, anti-révolutionnaire, anti-culturel ou anti-patriotique. Une fois par semaine. Tu te lèves, puis à 7 ans, t'as qui à dénoncer? Tes parents? Ta famille? C'est tout.
Starting point is 00:11:28 Et donc, à la maison, il faut pas que les gens parlent pour que les autres portent le poids de l'information. Parce qu'une fois que tu sais que ton père a lu un livre interdit, il faut que tu mentes.
Starting point is 00:11:43 Et il faut beaucoup de force pour mentir. Tu vois? Surtout pour une petite fille. Parce que tu veux protéger ton parent. C'est un conflit de loyauté incroyable. Mais oui, mais t'es obligée. Alors, tout le monde, on portait...
Starting point is 00:11:59 Et donc, à la maison, le plus possible, tu parles pas. OK? Et quand tu parles pas, ben, t'identifies pas tes émotions, tu n'identifies pas tes sensations, tu n'apprends pas ces mots-là. Et ça, pendant trois ans, de sept ans à dix ans, c'est beaucoup pour la formation d'une personne. C'est l'âge où tu identifies les émotions.
Starting point is 00:12:25 Et donc, je n'avais pas de mots pour rien. Quand t'as pas de mots pour identifier ton émotion, l'émotion n'existe pas. Tu sais, quand tu connais pas le mot frustration. Tu sais pas que t'es frustrée. Mais tu sais que tu vis quelque chose intérieurement qui est pas confortable. C'est ça. T'es juste pas confortable.
Starting point is 00:12:42 Tout le temps. Et en fait, le sentiment le plus commun ou constant, c'est la peur. Parce qu'on vivait avec des communistes dans notre maison, à l'intérieur de la maison. Il y avait 10 soldats qui vivaient avec nous.
Starting point is 00:12:58 Donc, on était sous surveillance 24 heures sur 24. Avais-tu peur de mourir? Pas à ce moment-là. La peur de mourir est sur le bateau. Tu vois? Mais je ne sais même pas si c'est la peur, parce qu'on avait déjà accepté qu'on s'en va vers la mort.
Starting point is 00:13:15 On était préparés à ça. Dans le sens où mon père, il savait tellement que ça allait être pénible qu'il avait apporté avec lui des pilules de cyanure. OK? Donc, si on rencontrait des pirates, si on se faisait attraper par la police, on pouvait mourir très rapidement. Donc, ils m'ont montré comment mourir rapidement.
Starting point is 00:13:37 C'est-à-dire, il fallait pas avaler la pilule, il fallait mettre sous la langue. Et fermer la bouche. Oui, puis ça, en quelques secondes, ça a l'air que ça passe plus vite en dessous de la langue. Et à 10 ans, t'apprends comment mourir. C'est quand même fou. Donc, tu peux pas...
Starting point is 00:13:54 T'apprends qu'il y a une mort. T'apprends que tu t'en vas vers la mort. Et voici la méthode la plus rapide pour le faire. Et oui, tu sais, sur le coup, t'es dans l'instinct de survie, en fait. Non, tu réfléchis pas à la peur. Tu sais juste que voici les gestes à faire.
Starting point is 00:14:13 C'est seulement après que tu as des mots pour identifier ce moment-là ou ces émotions-là. Mais pas sur le coup. Dans la maison dont il y avait dix soldats qui sont allés vivre avec vous,
Starting point is 00:14:29 est-ce que tu as vu tes parents changer comme enfants? Tout le monde. Tout le monde devait changer. On n'avait pas le choix. C'est quoi avant? C'est quoi votre vie avant? Avant, on était très choyés dans le sens où on faisait partie
Starting point is 00:14:44 de ceux qui avaient la chance d'avoir accès aux livres. On avait énormément de livres à la maison. Parce qu'il faut penser... Parce que c'était la bourgeoisie. Vous faisiez partie de la bourgeoisie. Vous connaissez un peu l'histoire du Vietnam, mais c'est les bourgeois qui étaient visés. C'est ceux qui avaient l'éducation.
Starting point is 00:14:58 Tous ceux qui étaient considérés comme étant capitalistes. Donc, si tu as une maison de plus d'un étage, on s'entend, c'est pas grand-chose. Et puis, tout ce qui est, comme tu dis, qui avait été... qui avait reçu une éducation quelconque. Et donc, tout de suite, tu fais partie de... Tu sais, puis on réalise
Starting point is 00:15:18 pas... Ici, on parle de la classe moyenne, qui est très grande. Dans des pays en zone de conflit, il y a pas cette classe moyenne. est très grande. Dans des pays en zone de conflit, il n'y a pas cette classe moyenne. C'est soit dans la misère, soit tu réussis à sortir du lot.
Starting point is 00:15:33 Mais la classe moyenne est très, très petite. Alors que nous, ici, c'est la classe moyenne. Elle est très importante. Et donc, dans une zone de conflit, le livre est un objet de luxe. Dans un pays pauvre aussi, le livre... Puis on recule d'il y a quand même 50 ans.
Starting point is 00:15:52 C'était extraordinaire d'avoir autant de livres à la maison. Et donc, oui, je faisais partie des extrêmement privilégiés du Vietnam, d'avoir accès à une très bonne éducation, d'avoir accès à des livres, d'être entourée d'une famille extraordinaire, je dois dire. Donc, j'ai appris beaucoup, même juste à être autour de la table. Donc, oui, c'était très choyé.
Starting point is 00:16:21 C'est un avant et un après déterminant dans une vie. Oui, ben oui. C'était drastique. Parce que pour tes parents aussi, j'imagine de vouloir protéger les enfants. Pour un parent de vivre ça aussi, de dire, il y a mes enfants qui sont là, c'est quoi la suite?
Starting point is 00:16:38 Oui, puis tu cherches juste la suite, mais la suite dans un contexte de ce genre-là, c'est même juste manger. Parce que tout devenait rationné par le gouvernement. Dans les années les plus dures, c'est 100 grammes de porc par famille
Starting point is 00:16:54 et par mois, donc une boulette de viande, par famille et par mois. Donc, ne serait-ce que comment faire pour acheter au marché noir et nourrir la famille. Tu vois, comment cacher ton or pour, tu sais, des tailles d'or.
Starting point is 00:17:09 Je me souviens des feuilles d'or que mon père, il défaisait les tuiles dans la salle de bain puis il cachait les feuilles d'or en dessous. On n'avait pas de place où cacher. Toutes les armoires étaient fermées par le gouvernement. On avait, tu sais, t'as pas...
Starting point is 00:17:25 Tu sais même pas où cacher tes choses. Tes choses. Puis il y a un sac de bijoux qu'on a caché dans... Pas de l'entretois, mais tu vois, les piliers sur la terrasse, le toit, quelqu'un nous a vus et ça a été confisqué.
Starting point is 00:17:42 Donc, tu sais, c'est compliqué, là. Ne serait-ce que juste cacher tes affaires, cacher des diamants. Tu sais, c'est tout petit. Et même, là, c'était difficile. Quand tu me racontes ça, Kim, as-tu l'impression que tu l'as vraiment vécu? Non.
Starting point is 00:17:57 Pour moi, c'est comme si c'était presque... Des fois, je me pense, je me dis, est-ce que ça a vraiment existé mais mes histoires si tu veux sont validées par toute la famille on était tellement nombreux tellement une autre réalité
Starting point is 00:18:15 ce que tu racontes toi t'es devant moi, t'es toute jeune, tu me racontes ça ça s'est vécu il y a pas si longtemps on parle pas d'il y a 300 ans c'est dans lau il n'y a pas si longtemps. On ne parle pas d'il y a 300 ans. C'est dans la même vie. Dans ta vie,
Starting point is 00:18:31 tantôt, je disais que tu n'avais pas une vie linéaire. Je n'ai pas l'impression que tu cherches non plus à avoir une vie linéaire, mais juste que ce que tu viens de raconter, c'est captivant. Parce que toi, ce n'est pas un livre que je lis, ce n'est pas un roman. C'est ton récit de vie.
Starting point is 00:18:45 Oui, mais en même temps, tu vois, la chance que... Ou sinon, je me suis donné la liberté d'emmener ces histoires-là pas de façon historique, c'est-à-dire avec des dates, avec le nombre de... Rien.
Starting point is 00:19:01 De se donner la liberté de jouer avec les mots aussi. D'aimer les mots. Parce que mon premier amour, c'était pas pour l'histoire. C'était pour être avec les mots. Et la différence est là, je te dirais. Mais quand tantôt tu disais
Starting point is 00:19:18 j'écris comme une Vietnamienne, c'est quoi la différence? Tu disais que c'est une question de rythme à ce moment-là? Oui, de retomber dans ce silence-là. Que tu as connu. Oui, d'être la petite fille silencieuse que j'étais. Parce que oui, on était
Starting point is 00:19:34 silencieux dans la famille, parce qu'on ne devait pas se parler, mais si tu es silencieuse dans ta famille, tu dois être silencieuse aussi dans ton quartier, dans ta ville, dans le pays. Donc, le pays au complet était dans le silence. C'est extraordinaire quand même
Starting point is 00:19:49 d'être élevée dans le silence. Donc, l'écriture est silencieuse. Mais ça prend de l'importance aussi, l'écriture. Extrêmement. Et c'est là où je te dirais, si je n'avais pas eu ces années-là, et que j'étais juste ce que je suis aujourd'hui, ce que je suis devenue, la version québécoise de moi-même si je n'avais pas eu ces années-là, et que j'étais juste ce que je suis aujourd'hui,
Starting point is 00:20:05 ce que je suis devenue, la version québécoise de moi-même, je n'aurais pas pu écrire. Parce que si tu n'as pas ce silence-là, tu n'as pas le temps d'observer. Et l'observation, pourquoi? Parce que quand tu vis sous surveillance, tu observes les policiers qui t'observent, mais tu observes aussi chacun de tes gestes
Starting point is 00:20:26 parce que tu sais qu'ils te voient. Alors, il faut que dans tes mouvements à toi, tu sois consciente de chacun des mots que tu dis, chacun des gestes que tu fais. Chaque morceau de viande du marché noir que tu manges, tu le sais que c'est du marché noir et que c'est illégal. Tu le goûtes, ton morceau de vi viande parce que tu sais d'où il vient. C'est beaucoup de peine, beaucoup de peine d'effort
Starting point is 00:20:52 pour arriver à cette petite tranche de viande-là. Et donc, tu mastiques longtemps dans ta bouche pour que tu honores, en fait, l'effort de tout le monde. Pas seulement de mes parents pour aller l'acheter, mais du fermier qui a caché le poisson, le cochon, puis la vendeuse qui a attaché la viande sur son corps pour venir
Starting point is 00:21:15 jusqu'à chez toi. Il y a tellement d'efforts pour arriver jusqu'à là. Tu deviens super conscient. Je ne sais pas comment tu dis ça, mais hyper conscient de tout ce qui se passe autour de toi. Et c'est grâce à ça que tu peux t'asseoir
Starting point is 00:21:32 et écrire par là-dessus. Je comprends davantage ta façon d'écrire les choses une fois que tu me racontes ça. Oui, tu vois le processus. Oui, parce que tu as une façon d'écrire qui est unique. Tu sais, moi, je me souviens quand j'ai lu Rue la sensation que j'ai eu Kim
Starting point is 00:21:50 c'est d'être dans ta tête parce que quand on pense on n'est pas non plus il n'y a pas une direction linéaire on est stroboscopique dans notre tête on se revient on pense à quelque chose on revient on pense à quoi on fait un lien on revient en arrière et je me souviens que c'est ce qui m'avait autant happé
Starting point is 00:22:06 dans ton écriture. La sensation d'être dans ta tête, de te connaître et toutes ces descriptions. C'est vraiment comme si on rentrait en toi puis on vivait à travers tes mots ce que t'as vécu. On voyage. C'est un don que t'as aussi.
Starting point is 00:22:21 Ou une liberté. La liberté, mais de trouver la bonne façon de le dire. Oui, libre dans ta façon d'écrire, parce que ce n'est pas commun, ta façon d'écrire. C'est parce que je n'avais pas étudié en littérature. Puis tu as écrit. Si j'avais étudié, j'aurais suivi les règles. Tu aurais formaté.
Starting point is 00:22:41 Oui. J'aurais compris que la structure, il faut que tu fasses un chapitre, puis l'autre chapitre. Non, toi, c'est déstabilisant quand on commence à te lire. Parce que si c'est ça qu'on recherche, et on se laisse aller, puis à un moment donné,
Starting point is 00:22:55 on dit, OK, mais où est-ce qu'on est rendu? Comment on a pu arriver là? C'est ce qui est fascinant de dérouter aussi le lecteur et la lectrice. C'est pour ça que je te parle de dérouter aussi le lecteur et la lectrice. C'est pour ça que je te parle de liberté, la liberté de l'ignorance.
Starting point is 00:23:11 Parfois, en anglais, il dit « ignorance is bliss ». T'es bénie par l'ignorance, quelque part. Oui. Je ne savais pas que j'écrivais un livre. Et donc, t'as la liberté de juste jouer avec les mots à partir d'une histoire que tu connais par cœur. T'as pas besoin
Starting point is 00:23:26 de trop de recherches ou quoi que ce soit, donc tu te laisses aller. Et cette liberté-là est libératrice ou libératoire. Je ne sais pas quel est le bon mot pour... – Oui, c'est vrai, peut-être libératrice, je dirais, mais là, peut-être que les deux sont bons,
Starting point is 00:23:42 mais j'ai aussi l'impression qu'il y a beaucoup de sensualité dans ton écriture. Ah! Je ne sais pas si je pensais à la sensualité plus que le sens oriel. Tu vois, tout est sens oriel pour moi parce que je n'ai pas l'intellect. Je n'ai pas la réflexion d'un intellectuel. Oui, sens oriel, c'est vrai.
Starting point is 00:24:03 Je suis sens oriel. Je parle des sens et non nécessairement, sensorielle. Je suis sensorielle. Je parle des sens et non nécessairement, je pense que ça devient sensuel. Oui, c'est organique. Parce que je vois la beauté du geste d'une prof, si tu veux.
Starting point is 00:24:19 Ma première prof. La façon que ses fesses bougeaient. C'était extrêmement rond. Dans maaient, c'était extrêmement, comment dire, rond. Dans ma tête, c'était pas sexuel du tout. Pour moi, c'était des fesses
Starting point is 00:24:34 tellement voluptueuses, que ça dégageait la richesse. Alors qu'on n'avait pas de fesses. On était tellement maigres. J'avais jamais vu des fesses comme ça. Puis là, elles bougent comme ça. Encore aujourd'hui,
Starting point is 00:24:52 je rêve de pouvoir bouger les fesses de cette manière-là. Parce que tu vois le mouvement. Je ne sais pas. Pour moi, c'était plus sensoriel. C'est ça, tu vois, je ne sais pas. Donc, pour moi, c'était plus ensoleillé. C'est ça, tu es capable de
Starting point is 00:25:08 nommer, de trouver les beaux mots pour nous le faire voir, sentir exactement. Est-ce que tu es prête à ouvrir ton jeu? Bien oui! Alors, voici comment ça va fonctionner, Kim. Les questions vertes, tu ne vas pas répondre à toutes ces questions-là, tu vas faire des choix.
Starting point is 00:25:24 Non, je veux! Les questions vertes, c'est des questions d'ordre général. Les questions jaunes, tu vois, on commence à les personnaliser. Les questions rouges, mes cartes veulent rester ensemble. Les cartes rouges, c'est des cartes très personnelles. Les cartes mauves, c'est des cartes hypothétiques. Si, il arriv arrivait ton joker si jamais dans mes sous-questions
Starting point is 00:25:48 t'es tanné de répondre à une question ou des fois on peut avoir un invité qui a un malaise mais le joker j'arrête on passe à autre chose ça va être long avant qu'on arrive au joker avec moi je vais te demander de brasser les cartes vertes ah général tu vas m'en donner
Starting point is 00:26:02 je vais pas le général je veux aller dans le super personnel. Tu m'en donnes cinq. Mais tu vois, des fois, ça vient très personnel. Je connais pas les réponses. De toute façon, je suis pas capable de répondre sans être personnel. Je vais te les lire.
Starting point is 00:26:18 Tu vas en choisir une et après, moi, je vais en choisir une. D'accord. Comment évoluer ta relation avec l'argent au fil du temps? Qu'est-ce qui te rend vulnérable? Quand je me regarde dans le miroir, je vais en choisir une. D'accord. Comment a évolué ta relation avec l'argent au fil du temps? Qu'est-ce qui te rend vulnérable? Quand je me regarde dans le miroir, je vois. Comment réagis-tu à l'autorité? Quelle personne a fait une différence dans ta vie?
Starting point is 00:26:36 Je vais commencer avec comment a évolué... Comment a évolué ta relation avec l'argent au fil du temps? Quand on est arrivés, on avait zéro sou. Mais mes parents ont réussi à ne jamais nous faire sentir pauvres. Et je parle ici, on était très conscients qu'on n'avait pas d'argent. Vous étiez pauvres? On était plus que pauvres. Ils n'osaient pas le dire, mais vous l'étiez. Non, on le savait.
Starting point is 00:27:01 Mes parents n'avaient jamais caché l'argent, le revenu qu'on gagnait. Ma mère et moi, on travaillait ensemble en couture et on faisait deux piastres par jour. Donc, je savais très bien combien d'argent qu'on faisait en tant que famille ensemble. Mais on ne s'est jamais sentis indignes à cause du manque d'argent qu'on avait. Ils ont réussi à nous faire ressentir ça. Je ne sais pas comment, je ne peux pas te le dire, mais pour eux, il n'y avait aucune décision qui avait
Starting point is 00:27:32 été prise basée sur l'argent. Donc, on regardait l'option qui était devant nous ou les options, puis on écartait l'argent. Et puis après ça, est-ce qu'on peut le faire ou non avec le budget qu'on avait? Mais d'abord et avant tout, il faut évaluer la chose dans son essence en soi. Et je te dirais, aujourd'hui, j'ai la même relation avec mes projets. Quand on me propose un projet,
Starting point is 00:28:01 je ne veux pas que mon agente me dise quel est le montant d'argent qui est rattaché à un projet, je ne veux pas que mon agente me dise quel est le montant d'argent qui est rattaché à un projet. Jamais. Je veux prendre connaissance, si tu veux, du projet sans cet élément dans l'équation. Et après, on peut en parler.
Starting point is 00:28:18 Mais je veux choisir sans. Je ne veux pas jamais donner le pouvoir à l'argent. L'argent ne pourra jamais m'avoir. Pourquoi? Parce que je sais comment vivre pauvrement. Financièrement, on parle de financièrement. Parce que je me sens extrêmement riche à l'intérieur.
Starting point is 00:28:38 Je n'ai pas besoin. Je peux vivre dans un 3,5. Je vais être aussi heureuse que dans une maison. Je ne laisse jamais l'argent avoir un contrôle sur moi. Donc ça, c'est ma relation avec l'argent. Et qu'est-ce que ça a changé du moment où, quand tu passes à cette grande pauvreté financière, à devenir... Cette aise financière. Oui, c'est ça, à devenir à l'reté financière, à devenir... Cette aise financière.
Starting point is 00:29:06 Oui, c'est ça, devenir à l'aise financièrement sans que ce soit nécessairement une préoccupation importante. Qu'est-ce que ça change, ça? La liberté. La liberté. Autant avant, oui, c'était très difficile de gagner un dollar pour nous, parce qu'on venait d'arriver, on n'avait pas d'expérience,
Starting point is 00:29:24 on ne savait pas où trouver les emplois. On est arrivé en pleine crise économique ici au Québec. C'était extrêmement difficile pour des immigrants qui venaient d'arriver. Aujourd'hui, je dis, ça ne me dérange pas d'aller laver
Starting point is 00:29:39 la vaisselle demain. Et je sais où aller chercher ces jobs-là. Et donc, ça ne me dérange pas. Tu n'as pas de préoccupation. Ce n'est pas ta sécurité. Il y en a qui vont chercher ça, justement, dans l'argent. Jamais. Toi, ce n'est pas là.
Starting point is 00:29:56 Moi, c'est ma santé, mes deux mains et mes deux pieds. Tant que je les ai, je me sens libre de refaire de zéro. Ça ne me dérange pas de recommencer de zéro. Je sais comment le faire. Et je n'ai pas besoin de beaucoup pour être heureuse. Mon seuil
Starting point is 00:30:13 de confort, il y en a que c'est là, tant d'argent. J'ai un ami qui a dit, tant que je n'ai pas mon 10 millions, je ne peux pas me sentir libre. Il faut que je continue à travailler jusqu'à mon 10 millions, 5 millions, peu importe. Chacun donne un seuil de confort.
Starting point is 00:30:31 Moi, c'est zéro. J'ai pas beaucoup de seuil. Si je suis capable de nourrir mes enfants, même pas mes enfants, mon plus vieux, il est avocat, il fonctionne tout seul. Mon deuxième est autiste, Alors, oui,
Starting point is 00:30:46 j'ai une responsabilité envers lui, mais même là, notre société fait en sorte qu'il y a un filet social. Donc, même si je mourrais demain, il va être correct financièrement, je dirais, puis j'ai déjà tout préparé pour lui. Il y en a assez jusqu'à la fin
Starting point is 00:31:01 de sa vie. Tout va bien. Oui, pour lui, c'est déjà réglé. Moi, je suis bien avec n'importe quoi, juste assez pour manger. Puis manger, là, écoute, un pain, une baguette chaude, ça me suffit. Je suis tellement contente de pouvoir manger
Starting point is 00:31:19 juste une baguette chaude. Je ne te dis pas que je n'apprécie pas un grand restaurant ou un grand repas, mais mon bonheur ne dépend pas du tout. Est-ce que c'est cette période-là dont tu décris depuis le début qui t'a forgée, qui a fait que tu es capable encore aujourd'hui d'avoir aussi peu besoin de choses pour être bien?
Starting point is 00:31:39 C'est grâce à ça. Et oui, il y a un moment d'insécurité financière. Ça reste avec toi pendant très longtemps, donc tu travailles, tu ramasses les sous et tout ça, mais jamais. Mes parents ont réussi à... je ne sais pas,
Starting point is 00:31:57 à m'éduquer de telle façon que je ne dépends jamais de l'argent. Et je suis tellement contente, parce qu'aujourd'hui, j'ai encore plus de possibilités de me refaire. En tant qu'immigrante à 10, 12 ans ou à 15 ans, c'était difficile. À 55 ans, je sais comment on va trouver une job aujourd'hui.
Starting point is 00:32:17 J'ai plein de réseaux. On venait d'arriver, on n'avait pas de réseau. Pas d'amis, pas de collègues, pas d'anciens camarades. Aujourd'hui, je sais que je peux appeler plein de gens. Je t'appellerai. Tu vois ce que je dis? Non, mais tu vois ce que je dis? Non, mais je comprends. C'est que tu as beaucoup de ressources.
Starting point is 00:32:34 Mais oui. Donc, pourquoi avoir peur? C'est ça. Il y a des gens qui auront peur. Tu es encore plus libre. Je suis encore plus libre aujourd'hui à 55 ans et j'ai encore moins besoin de choses à 55 ans qu'à 35. Je suis de plus en plus libre aujourd'hui à 55 ans et j'ai encore moins besoin de choses à 55 ans qu'à 35. Je suis de plus en plus libre du jeu de l'argent
Starting point is 00:32:50 sur moi. Jamais on m'aura. As-tu voulu redonner à tes parents aussi quand toi tu as commencé à faire des sous? Tout de suite. Dès que je commençais à avoir un peu de... À 14 ans, je me souviens,
Starting point is 00:33:06 j'avais un compte de banque très tôt. Mes parents nous ont ouvert tous un compte de banque quand on allait cueillir des fraises, des haricots et tout ça. Notre premier 5 piastres, on a ouvert un compte à la Caisse des jardins.
Starting point is 00:33:20 Il faut mettre 5 $ pour être membre. C'était long de trouver, de trouver 5 $. Dès qu'on a eu notre premier 5 $, mes frères et moi, on a mis dans ce compte-là pour ouvrir notre premier compte de banque, des trois enfants ensemble. – C'était très significatif, j'imagine. – Bien oui. Puis la banque se trouvait juste en-dessous de notre appartement.
Starting point is 00:33:39 Et dès que j'ai un peu plus... En tout cas, je travaillais et tout ça. Je disais à mes frères, je disais, là, on ne recevait pas d'argent de poche. On n'avait pas besoin. Sauf que je disais à mes frères, quand vous avez besoin d'argent, vous allez dans ce compte-là. Ne prenez jamais l'argent des parents.
Starting point is 00:33:59 Et ça, j'avais 14-15 ans. Et à partir de là, j'essayais le plus possible. Et mes frères, à un moment donné, ils ont payé l'hypothèque de mes parents sans m'en parler. Ils ont dit, pourquoi vous ne m'avez pas demandé de participer
Starting point is 00:34:17 aussi? Ils m'ont dit, tu t'es occupé de nous. C'est notre tour, il n'y a pas de problème. Donc, ils n'ont pas besoin de le demander, on s'en occupe. Vous êtes un clan. On est un clan, ensemble. Autant mes parents,
Starting point is 00:34:33 vraiment, s'occupent de moi sans jamais rien me demander. Comme là, on habite un semi-détaché, côte à côte. Les dépenses qu'ils font pour le jardin, la galerie, le toit ou quoi que ce soit, ils ne me le demandent pas. Et moi, de l'autre
Starting point is 00:34:49 côté, non, il n'y a pas de loyer, il n'y a rien. Ils habitent avec nous, c'est tout dans le semi-détaché, mais je pense qu'ils dépensent plus que le loyer. Tu sais, s'ils avaient payé un loyer, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de maison. Ils ont une maison.
Starting point is 00:35:05 On les a sortis de leur maison pour habiter avec nous. Donc, ils sont obligés de louer leur maison. Tu vois? Mais c'est de fonctionner en clan de cette manière-là parce que pour mes parents, c'était aussi une façon pour eux de nous soutenir dans notre investissement dans ce deuxième semis détaché collé au premier.
Starting point is 00:35:29 Et tes frères? Mes frères, oh mon Dieu, c'est comme juste là, ce week-end. Je disais, je ne sais pas où est-ce que j'ai mis les souliers de Valmont, mon fils autiste. Puis il venait juste de les donner. C'était des nouvelles chaussures, puis ils disaient je sais plus, dans les transferts d'autobus et tout ça
Starting point is 00:35:50 ils disaient on s'en occupe donc la semaine prochaine, ils disaient attends un peu, la semaine prochaine on t'en apporte puis là ils ont vu les sandales que j'ai achetées pour Valmont, puis ils sont comme c'est donc bien laid, voyons donc, c'est quoi ça donc ils ont décidé qu'ils achètent une autre paire pour Valmont et jamais ils sont encore assis. Voyons donc, c'est quoi ça? Ils ont décidé qu'ils achètent une autre paire pour Valmont.
Starting point is 00:36:07 Jamais ils vont me dire, ah, bien, tu me dois X. Jamais. Parce que... – Vous payez dans le clan. Vous êtes comme égaux dans ce clan-là. – Oui, oui. – Vous vous assurez, en tout cas, vous vous assurez pour les autres. – Oui, comme à un moment donné,
Starting point is 00:36:23 on a investi dans un terrain. Ma mère a trouvé un terrain. Elle dit, vous assurez pour les autres. Oui, comme à un moment donné, on a investi dans un terrain. Ma mère a trouvé un terrain. Elle dit, vous devriez mettre de l'argent là-dedans. Et mes frères m'ont appelée, puis j'ai dit, j'ai zéro argent. C'était dans le temps que j'avais mon restaurant. Donc, j'injectais de l'argent dans le resto. J'étais dans le rouge tout le temps. Et là, j'ai dit à mes frères, j'ai pas d'argent pour participer.
Starting point is 00:36:46 Il m'a dit, on va te prêter ta part. Donc, c'est les trois ensemble. Je sais pas quand est-ce que je vais pouvoir payer ma part, tu vois, le resto piquait du nez. Et il m'a dit, ben, tu payeras qu'on aura vendu, qu'on va
Starting point is 00:37:01 vendre le terrain. Comme ça, là, je dis, hein? Avec le profitre le terrain. Comme ça, je disais, hein? Avec le profit qui va te revenir, tu vas prendre la part, tu vas les rembourser. Bien là, j'ai dit, je n'ai pas besoin. Vous n'avez pas besoin de moi. Ils disent, bien non, c'est sûr qu'on n'a pas besoin de toi. Mais si on monte, on monte tout le monde ensemble.
Starting point is 00:37:20 Donc, tu vas avoir l'argent du profit, c'est tout. Donc, on avance le capital, puis tu vas recevoir ta part de profit. Donc, tout ce qu'ils avaient besoin de moi, c'est de dire oui. Mais c'est tout. Mais tu vois, donc, c'est vraiment, quand je te parle d'argent, pour moi, il n'y a pas de notion
Starting point is 00:37:38 d'argent entre nous. On ne calcule pas de cette manière-là du tout. Et en même temps, si ça va mal pour un, les autres arrivent. Exactement. Et ça, ça apaise.
Starting point is 00:37:53 Oui, mon frère est dentiste. Sa clinique était à côté du resto. Le midi, il venait manger. Quand il y avait trop de clients, il lavait la vaisselle. À la fin, il n'y avait plus de bouffe. Donc, il devait aller au hamburger à côté. Pour être pour ça,
Starting point is 00:38:09 chercher un lunch. Il lavait la vaisselle pendant que je servais le lunch. Ça fait partie de... Il y a cette entraide-là. Et sa clinique, quand il a voulu ouvrir sa clinique, ça coûte cher d'ouvrir une clinique, quand il a voulu ouvrir sa clinique,
Starting point is 00:38:26 ça coûte cher d'ouvrir une clinique. Tout le monde, on a mis de l'argent là-dedans pour qu'il ouvre sa clinique. Il disait, quand il voulait acheter un condo, tout le monde, on mettait de l'argent pour son condo. Peut-être qu'on ne fait pas rouler l'économie parce qu'on ne passe pas par la banque.
Starting point is 00:38:45 Pas trop. Vous faites rouler l'économie parce qu'on ne passe pas par la banque. Pas trop. Vous faites rouler vos affaires. Parce qu'en même temps, ça veut dire qu'il n'y a pas de dette. On essaie le plus possible. Essayer le plus possible de... J'auto-financer. Moi, j'aime quand on parle de tout ce qui est clan
Starting point is 00:39:01 parce que l'argent est tellement un tabou, Kim, encore aujourd'hui, quand on parle, je pense que l'argent est encore plus un tabou que le sexe. Il y a un malaise si tu dis que tu as un peu d'argent, tout de suite les gens vont dire, toi, tu es bien chanceuse. Mais quand tu n'en fais pas, il n'y a plus personne qui vient, personne qui ne dit rien.
Starting point is 00:39:17 Quand tu es dans le rouge, justement, il n'y a plus personne autour de toi. Il n'y a plus personne autour, c'est pour ça que on dirait qu'on les met sur la voie d'évitement. Mais c'est rare qu'on parle d'argent. Et la façon que tu en parles, je trouve que ça allège. Parce que ce n'est pas vrai que toutes les familles, on monte ensemble. J'aime cette expression-là de dire on monte ensemble, on se construit ensemble, on s'entraide.
Starting point is 00:39:43 Et bon, oui, l'argent, c'est quelque chose qu'on a de besoin, mais on n'y accorde pas tant de valeur que ça. – Puis je te dirais, c'est que quand on monte ensemble comme ça, veux, veux pas, si c'est ta soeur ou ton frère qui est dans la misère, tu t'inquiètes, n'est-ce pas? Tu t'inquiètes pour eux aussi.
Starting point is 00:39:59 Veux, veux pas, on s'inquiète pour nos proches. Alors pourquoi tu veux vivre cette inquiétude-là, alors que tu peux tendre la main pour que tout le monde soit bien et toi-même aussi? C'est pour ça que mon chum, en tout cas, il y a une des soeurs qui n'avait pas une propriété.
Starting point is 00:40:16 Elle vit dans un appartement. Elle a mon âge. Tout de suite, comme ça, je venais de le rencontrer. Ça ne faisait même pas un an. J'ai dit, hey Hey, t'as les moyens d'acheter un quadriplex, genre, pourquoi tu le ferais
Starting point is 00:40:32 pas avec ta soeur, d'investir avec elle? Peut-être qu'elle n'a pas l'argent pour la mise de fonds, toi tu fais tout, mais ça va se repayer avec les loyers, avec les années. Elle va avoir sa part comme ton terrain. Ben oui, pis j'ai dit, dans 5 ans, dans 10 ans,
Starting point is 00:40:50 elle va avoir sa retraite assurée. Tu as pu être inquiétée si elle va bien aller ou elle ne va pas bien aller. Est-ce qu'elle a fait assez d'argent pour avoir une pension confortable ou pas? Elle va avoir à elle un investissement. Et ça ne te coûte rien parce que ça va te revenir de toute façon. N'est-ce pas? Mais au lieu que
Starting point is 00:41:12 tu achètes des actions, achète ça parce que tu aides un humain pour vrai et cet humain, c'est ta soeur. Donc, tu n'as pas à t'inquiéter par la suite. Puis depuis, ça marche super bien. C'est une bonne conseillère financière. Oui, ben tu sais, de...
Starting point is 00:41:28 Ben de faire profiter les autres puis d'arrêter de regarder ça croître sur ton ordi. Ben oui. Mais tu imagines le sentiment. Ben oui. Tu t'enlèves du poids. Tu t'en rends même pas compte. Est-ce que tu penses te présenter en politique?
Starting point is 00:41:43 Oh mon Dieu, je sais pas comment suivre la ligne. C'est ça, parce que là, tu perdrais de la liberté. Mais tu sais, c'est... Parce que ce que tu dis, je trouve qu'il y a quelque chose au niveau économique d'intéressant à proposer. Tu sais, déjà... Ben oui. Moi, j'en parle souvent, mais je suis encore outrée
Starting point is 00:42:01 que dans plusieurs villes et villages au Québec, on n'ait pas le droit d'avoir des maisons bigénérationnelles parce qu'on perd des taxes ou des choses comme ça. Tu comprends? Ce n'est pas partout, il y a des endroits où c'est possible, mais pour moi, ça ne devrait même pas être un questionnement. Ce n'est pas un questionnement. Parce que sur le plan économique, sur le plan familial,
Starting point is 00:42:21 je veux dire, tu enrichis ton monde en faisant ça, en répartissant justement les dépenses avec plus de gens pour y contribuer, on enrichit une société. Pour l'environnement. Oui, l'environnement, la famille, tu sais, pour aussi, tu sais,
Starting point is 00:42:38 des fois, on s'isole quand on devient une personne plus âgée, et là, tu restes utile, tu restes... Tu restes... Oui! Tu tu sais j'ai proposé ça fait juste deux ans et demi mon chum et moi environ et je sais même pas c'est quoi la date mais en tout cas c'est quand même neuf disons mais dès qu'on a décidé ok on va vivre ensemble j'ai dit il faut que tu sortes tes parents de la résidence. Ils viennent habiter avec nous.
Starting point is 00:43:08 Et donc, ils ont aujourd'hui 87 et 90. Ils habitent avec vous? Bien oui. Ça se passe bien? Bien, plus que bien, dans le sens où, tu sais, quand sa maman est tombée, bien, on est à un étage d'elle. On l'entend tomber, OK? Donc, on descend tout de suite. Puis, on la rel un étage d'elle. On l'entend tomber.
Starting point is 00:43:26 Donc, on descend tout de suite. On la relève. C'est tout. Alors que si elle est à la résidence, c'est l'urgence. Parce que les infirmières n'ont pas le droit de la relever. Non, elle s'en va à l'urgence. Puis qu'est-ce qui arrive? Toi, mon chum, tu dois aller
Starting point is 00:43:41 jusqu'à l'urgence. Alors que là, t'as juste à descendre un escalier, puis t'es arrivé. Donc, tout le monde habite là. Il y a tes parents, d'un côté et de l'autre côté du mur mi-voyant. Raconte-moi, décide-moi ta maison. Ma maison est folle. Mais là, alors...
Starting point is 00:43:58 La maison qu'on appelle la maison de Valmont, OK? Dans la maison de Valmont, son papa et moi, on se relaie. Là. Donc, on la maison de Valmont. Dans la maison de Valmont, son papa et moi, on se relaie là. On ne bouge pas Valmont. Il soit confortable dans sa maison depuis 20 ans maintenant qu'il est là.
Starting point is 00:44:14 Et donc, son papa, sa blonde, est à Laval. Et donc, des fois, sa blonde vient, habite la maison avec son papa. Et moi, je suis avec mon chum. OK? Mais on a trouvé une maison à deux minutes de
Starting point is 00:44:30 marche. Donc, quand je me réveille à 7h, à 7h02, je suis rendu chez nous. Donc, c'est comme juste traverser la rue. Et là, tu vas vivre là la semaine? Alors, comment ça marche? Mes parents sont à côté de la maison de Valmont. Les deux semi-détachés, n'est-ce pas?
Starting point is 00:44:46 Et donc, le soir, je couche Valmont vers 10h30, 10h45, le soir. Puis je pars. En deux minutes, je suis rendue à l'autre maison. Et le matin, je reviens à 7h, 7h02, quand son papa est là. Quand son papa n'est pas là, je dors avec Valmont, à la maison de Valmont, avec mon chum. Donc, c'est vraiment une maison avec deux
Starting point is 00:45:11 pères de parents qui se relaient. Mais mon chum et le père de mes enfants, je ne sais même pas, parce que ex, ça veut dire qu'il est en dehors de ma vie, mais il n'est pas en dehors de ma vie. Au contraire, on est les plus grands amis
Starting point is 00:45:28 et les deux, ils se prennent des scotchs sans moi. Ils s'entendent super bien. L'autre fois, on a des problèmes de fourmi. Le papa de Valma n'était pas à la maison. C'est mon chum qui a appelé l'exterminateur pour la maison.
Starting point is 00:45:44 Donc, ils se parlaient, les deux gars, ensemble, à dire « Hey, ouais, j'ai appelé l'experimentateur. » Puis là, il dit « Ah, tu penses que c'est grave? » Je dis « Oui, oui, on prend l'experimentateur. » Tu vois, ils s'occupent de la maison comme si c'était
Starting point is 00:46:00 une maison familiale, tout le monde ensemble. Le dimanche, presque tous les dimanches, on mange chez mes parents. On réussit à avoir mon frère, son chum, mon fils, sa blonde, mon chum, le père de Valmont, Valmont, tout le monde autour de la table.
Starting point is 00:46:18 Pour la fête du papa des enfants, il était là avec sa blonde et la fille de sa blonde, avec mon chien. Tout le monde est autour de la table de mes parents. Et ça se passe bien? En plus que bien, mon Dieu, comme mes parents disent, ça parle bien trop.
Starting point is 00:46:35 Ils ne sont pas capables d'arbitrer un sujet, parce que tout le monde se parle moins. C'est ça. Il y a une harmonie. Je sais Puis c'est ça. Il y a pas de... Il y a une harmonie. Je sais que c'est comme un miracle.
Starting point is 00:46:50 J'en reviens pas. Est-ce que ça part de toi? Non. Pas que. C'est sûr qu'il faut une intention de départ. Mais après ça, je te dirais, l'intention de tout le monde, c'est comment faire pour que ça marche. Tu vois?
Starting point is 00:47:04 Comment faire pour continuer à s'aimer. Et tout le monde travaille c'est comment faire pour que ça marche. Comment faire pour continuer à s'aimer. Et tout le monde travaille dans ce sens-là. Donc, le père de mes enfants, peut-être qu'il y a des choses de moi qui les énervent encore, mais aujourd'hui, c'est accessoire.
Starting point is 00:47:20 C'est plus important. Est-ce que Valmont est le ciment de tout ça? Valmont est le ciment, est ça? Valmont est le ciment, est l'axe principal, est la raison d'être de cette harmonie-là. Parce que tout le monde, on doit devenir plus grand que soi pour être autour de lui.
Starting point is 00:47:36 Et tout le désir est d'être autour de lui. Si Valmont n'existait pas, mes parents ne seraient pas venus avec nous. Ils étaient très confortables dans la maison où ils étaient, mais ils voulaient être à côté de Valmont n'existait pas, mes parents ne seraient pas venus avec nous. Ils étaient très confortables dans la maison où ils étaient. Mais ils voulaient être à côté de Valmont pour m'épauler, mais aussi pour être avec Valmont. Pour l'aimer dans le quotidien, de façon physique. Parce que Valmont est non-verbal.
Starting point is 00:47:58 Donc, il faut être là, physiquement. Et après ça, mes frères, si Valmont n'était pas là, mes parents seraient allés, je ne sais pas, chez mes frères, si Valmont n'était pas là, mes parents seraient allés, je sais pas, chez mes frères ou chez moi, tu sais, ailleurs. On se verrait un peu partout. On n'aurait pas cette discipline parce que Valmont
Starting point is 00:48:14 nous impose l'immobilité d'une certaine manière. On doit tous revenir à cette adresse-là. Et le frère de Valmont, Justin, s'il n'y avait pas Valmont, je pense que je ne le verrais pas tous les week-ends. Il vient voir son frère.
Starting point is 00:48:32 Il vient voir son frère. Puis il vient un peu plus tôt pour l'emmener manger une crème lassée. Il passe sa blonde, la blonde de mon fils. Elle m'appelle et elle dit, « Ah, Kim, je vais être en rédaction pendant deux semaines pour sa thèse. » Et tout ça, elle dit « Si tu as besoin de moi, tu m'appelles. Je viens garder Valmont
Starting point is 00:48:52 et je viens dormir avec Valmont. Comme ça, vous pouvez sortir. » Elle est venue. C'est ça. Il y a cet amour-là qui tourne autour. Et je pense que sans Valmont, je n'aurais pas eu cette relation particulière avec ma belle-fille. Tu vois?
Starting point is 00:49:07 Et donc, tout le monde, on devient plus grand que soi. Il nous impose cette humilité-là de laisser l'égo à l'extérieur de la porte. Quand on rentre dans cette adresse-là, il n'y a plus d'égo, il n'y a plus personne qui est là avec son égo. C'est fini, on est tout nu. Bien, on est tout nu.. Bien, on est tout nus. Bien, oui.
Starting point is 00:49:26 Tout ça, oui, je trouve que c'est une grande histoire, une grande histoire d'amour. Donc, tu as raison, tu m'as demandé si c'était moi, je te dirais non, c'est Valmont, en fait. Et on lui doit beaucoup pour cette
Starting point is 00:49:41 humilité-là qu'on n'aurait pas eue sans lui. Quand je me regarde dans le miroir, je vois. Ah mon Dieu, c'est tellement rare que je me regarde. Je te dirais, je ne me reconnaîtrais pas sans brosse à dents. C'est ça le moment où...
Starting point is 00:49:57 Tu ne te regardes pas dans le miroir? Non. D'ailleurs, je ne sais pas de quoi j'ai l'air. J'ai complètement oublié. Je suis partie bien vite ce matin. Non. Mon miroir, tu sais, quand tu achètes du maquillage, on te donne des petits bidules gratuits. Oui, oui, oui, que tu ouvres en deux.
Starting point is 00:50:15 Oui, oui. Ma mère, elle en achète et elle en a. Puis elle me donne un parce qu'il faut que tu aies un peu de maquillage. Puis je n'ai rien. Donc, elle me donne ce petit bidule-là. Puis je te dirais, de temps en temps, des fois, puis j'ai rien. Donc, cette petite bidule-là, puis je te dirais de temps en temps, des fois, je l'ouvre, puis je vois rien parce que toute la poudre va sur
Starting point is 00:50:31 le miroir. Je sais pas. Peut-être que j'ai pas le temps de me regarder dans le miroir. Je préfère me regarder dans le regard des autres. Est-ce que le regard des autres change sur toi? Je m'y vois.
Starting point is 00:50:49 Et je me réajuste selon le regard qui est devant moi. Et j'essaie le plus possible que la personne devant moi voit que j'essaie de leur transmettre de l'affection. En tout temps. Pour redonner ce que j'essaie de leur transmettre de l'affection en tout temps
Starting point is 00:51:06 pour redonner ce que j'ai reçu quand je suis arrivée ici au Québec. Et j'ai pas assez d'une vie pour redonner ça. Comme aujourd'hui, juste celui qui fait du café, le barista, j'attendais son regard. Je veux lui dire que son café est extraordinaire. Puis il était très occupé,
Starting point is 00:51:24 il avait pas envie de me regarder, mais j'attendais. Tu vois, de façon consciente, je l'attendais pour lui dire « Il est magnifique, votre café. » Je voulais juste lui dire ça. Puis j'ai besoin de voir qui m'a vu
Starting point is 00:51:39 faire ça. Ça, c'est la personne que je veux être. Que j'ai pris le temps et que j'insiste. Oui, je sais que t'es stressée avec tous les cafés à faire, mais prends juste deux secondes
Starting point is 00:51:56 pour recevoir un compliment pour le travail que tu fais. Je veux rendre visible l'effort qu'il fait. Tu vois, de reconnaître tout ça. Donc, par exemple, je sais qu'on voit jamais la femme de chambre d'hôtel.
Starting point is 00:52:13 Puis je parle d'hôtel parce que je dors beaucoup dans les hôtels. Je voyage énormément pour le travail. Et comment tu fais pour rendre visible son geste que tu vois jamais? Tu la vois jamais, la femme de chambre. Puis je dis femme, parce que la plupart, ce sont des femmes.
Starting point is 00:52:29 Comment tu fais? Et j'ai pensé à toutes sortes de manières. Je replace-tu les oreillers pour que ça soit... Est-ce que je ramasse toutes les serviettes dans un tas? Est-ce que je ramasse tous les verres? Je fais ça, mais après ça, je me dis, ah, je laisse l'argent.
Starting point is 00:52:46 Mais je dis, oui, mais quand même, il manque quelque chose. Et donc, je prends toujours le temps d'écrire un mot. Merci et bonne journée. Je vous vois. Puis là, je laisse l'argent. Et là, je me vois à travers son oeil à elle quand elle va le lire.
Starting point is 00:53:04 Et ça, je veux voir ça. Je me me vois à travers son oeil à elle quand elle va le lire. Et ça, je veux voir ça. Je me vois seulement à travers le regard des autres en ce sens-là. Tu vois? Et je me juge à partir de là. De prendre ce temps-là. Si tu ne le fais pas... Oui, je me sens mal longtemps.
Starting point is 00:53:19 Est-ce que c'est Edmond aussi qui t'a apporté cet aspect-là, dans le sens que comme Edmond est non-verbal, les yeux sont ta principale source de communication. Le regard. Le geste. Je te parlais du regard
Starting point is 00:53:33 physique, oui, mais la plupart du temps, t'as pas le regard physique. Valmont, t'as pas ce regard-là. Pas nécessairement. Mais t'as le geste. J'ai le geste. Et comment on fait le geste? Puis ça, je reviens à mes 20 ans quand j'étais serveuse dans un
Starting point is 00:53:49 restaurant japonais. C'était le premier restaurant japonais avec des salles fermées, tatamis où tu t'assoies sur un coussin. Et la propriétaire qui était japonaise me disait, les gens rentrent en enlevant leurs pantoufles, n'est-ce pas?
Starting point is 00:54:05 Ils rentrent dans la salle. Après ça, ils restent dans la salle. Donc, toi, comme serveuse, tu dois tourner les pantoufles dans l'autre sens pour que quand ils ressortent, les pantoufles sont déjà dans le bon sens. Parce que quand ils rentrent, les pantoufles sont vers la salle. Mais quand ils sortent, il faut que
Starting point is 00:54:21 les pantoufles soient dans l'autre sens. Tu vois, c'est un geste tout petit que le client ne s'en aperçoit même pas. Mais il sait juste que c'est confortable ici, c'est extraordinaire, puis tu ne sais pas pourquoi. Et donc, ce geste-là, invisible, si tu veux, qu'on doit faire, est pour moi un pouvoir incroyable. Le pouvoir du geste invisible
Starting point is 00:54:44 pour donner à l'autre un sentiment de bien-être ou un sentiment de... Tu vois? De confort. Et j'aime tellement ces gestes, d'être l'auteur de ces gestes invisibles que tu ne le sens même pas.
Starting point is 00:54:58 Tu sais juste que c'est parfait. Tu sais, comme le père de Valmont, il voyageait beaucoup à l'époque. Il travaillait... En tout casmont il voyageait beaucoup à l'époque il voyageait beaucoup et ce que je faisais peu importe qu'il parte juste une journée ou deux jours, les draps étaient toujours changés
Starting point is 00:55:17 le moment où il revient, tout neuf pourquoi? parce qu'il arrive de l'hôtel où les draps sont propres tout le temps. Donc, comment tu fais pour prolonger ce sentiment de luxe, tu vois, d'être dans des draps neufs, dans des draps fraîchement lavis? Et donc, tu as envie de revenir à la maison et tu ne sais même pas pourquoi tu as envie de revenir à la maison.
Starting point is 00:55:42 Ou sinon, quand tu reviens à la maison, tu as le même confort qu'à l'hôtel. Je me souviens, j'avais fait simplement vedette avec toi il y a plusieurs années chez toi. Et tu m'avais dit que repasser les chemises du père de tes enfants à l'époque, c'était un geste d'amour. Tu étais la première personne à me répondre ça.
Starting point is 00:56:02 Mais là, tu dis ça, j'ai l'impression que c'est ça aussi. Oui, mais surtout de le repasser la nuit pour qu'il n'aperçoive pas que t'as mis de l'effort. Parce que si on voit ton effort, on ne porte que le poids de ton effort. Tu vois? Je voulais pas qu'il sente le poids de l'effort.
Starting point is 00:56:19 Je voulais qu'il ressente seulement le bien-être d'une chemise déjà repassée, toujours prête, t'en as toujours dans l'armoire. C'est tout. Tu te poses même pas la question pourquoi t'as toujours des chemises propres prêtes. Tu vois, c'est ça. C'est comme un hôtel.
Starting point is 00:56:36 Tu sais pas pourquoi quelqu'un a pensé à tout. Tes Q-tips sont là. Est-ce qu'on fait ça pour toi aussi? J'ai un amoureux qui pense à ce genre de détails. Tout le temps. Mais je dois dire, le père de mes enfants aussi. J'ai oublié de changer les tapis dans l'auto. C'est ça, il le fait.
Starting point is 00:56:57 C'est lui qui prend le rendez-vous pour changer les pneus. Pour moi, c'est ça. J'ai la tête folle un peu pour ces affaires-là. Donc, c'est déjà tout fait. Est-ce que quand on fait ces gestes silencieux, on attire les gestes silencieux des autres? Je pense que oui. Je pense que oui.
Starting point is 00:57:16 J'aime croire que la gentillesse emmène la gentillesse. On peut croire que ce c'est pas vrai, mais quand on le fait, il faut pas attendre un retour. Et ça, j'ai appris des Québécois qui m'ont reçu. Ils m'ont reçu pas pour que je dise merci, pour que je leur donne un cadeau, que je sois en gratitude. Quand on est arrivé,
Starting point is 00:57:38 puis qu'ils nous ont pris tout de suite à la première seconde dans les bras, c'était pour rien. C'est pour rien en retour. C'est un amour pur. Et c'est très rare dans la vie d'avoir cet amour pur, n'est-ce pas? Et je l'ai
Starting point is 00:57:54 vécu. Et donc, j'apprends à partir de ce moment-là comment faire pour aimer avec la plus grande pureté possible. Ne pas avoir d'attente. Tu aimes parce que tu aimes. C'est tout.
Starting point is 00:58:09 Il n'y a rien de retour. Quand tu laisses un mot à la femme de chambre, il n'y a rien en retour. Sauf la petite, petite pensée, hein? Que peut-être que ça lui donnait un petit, tu sais, une petite caresse sur l'épaule. Je sais que ton travail est difficile. Tu sais, je t'en parle, puis je suis très
Starting point is 00:58:30 émue de ça, parce que quand est-ce qu'on les remercie? Jamais. On donne du pourboire au portier, à celui qui t'apporte l'auto parce que t'es face à face. Mais plus l'hôtel est luxueux, moins on voit les femmes de chambre. Les chariots
Starting point is 00:58:45 ne sont pas dans le couloir, jamais. On ne permet pas à la femme de chambre d'avoir des chariots dans le couloir. Alors qu'elle pense au bien-être de l'autre tout le temps. Oui, pas un pli sur ton drap. Pas un pli. Pas un cheveu qui traîne.
Starting point is 00:59:01 C'est tough, là, de faire ce genre de travail aussi impeccable. Comment faire pour faire sentir au client qu'il est le premier à être dans cette chambre-là, qu'il n'y a jamais eu personne avant? C'est extraordinaire.
Starting point is 00:59:18 Tu sais, mais quand est-ce? Et tu vois, et ça, et en plus, c'est beaucoup le travail des femmes. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, oui. Et aujourd'hui, on peut même du travail des femmes immigrantes. C'est vrai.
Starting point is 00:59:34 Mais on ne pense jamais à elles. Tu sais? Donc, il faut les visibiliser. Il faut les rendre visibles. Et donc, c'est ma seule... Puis il n'y a pas de retour. Il faut aim rendre visibles. Et donc, c'est ma seule... Puis il n'y a pas de retour. Il faut aimer son retour. Parce que quand tu écris un mot,
Starting point is 00:59:49 c'est reconnaître le travail qui a été fait. Puis c'est aussi de leur dire, bien, ce que tu as fait, c'était la bonne chose. Oui, on apprécie. Il y a un retour. Tu as existé. Tu existes. Oui, c'est ça.
Starting point is 01:00:01 Parce que tu ne peux pas le dire, puis il y a un point de retour. Donc, il faut écrire des mots. On retient ça. Oui. Oui, c'est ça. Parce que tu peux pas le dire, puis il y a un point de retour. Donc, il faut écrire des mots. On retient ça. Oui. Puis si c'est dans un pays où la langue, je connais pas la langue, par exemple, juste dessiner un cœur. Tout le monde comprend ce langage-là.
Starting point is 01:00:16 T'en besoin de plus. Ou une face sourire. Un petit bonhomme sourire. Oui. C'est tout. Ça prend pas beaucoup pour pouvoir donner un petit moment de joie à quelqu'un. Tu sais, quand on a le pouvoir d'offrir de la joie,
Starting point is 01:00:32 c'est énorme. Tu sais, des fois, juste quelqu'un qui traverse la rue, on arrête la voiture, puis il y a un échange de sourire. Ça fait du bien. Ça fait du bien. Tu sais, t'as juste arrêté ta voiture pour laisser passer quelqu'un. Oui. Ou que c'est l'inverse. Soit c'est le piéton, quelqu'un qui... Alors qu'il doit arrêter parce qu'il y a des lignes,
Starting point is 01:00:47 mais quand même, on reconnaît... Oui. On reconnaît, merci de l'avoir fait. Juste cet échange-là, c'est vrai que ces petits gestes... Qu'on vit ensemble. Même si on ne connaît pas la personne, ça vient changer l'humeur. C'est le contrat social qu'on se donne.
Starting point is 01:01:06 C'est de dire, on s'adhère, on vit ensemble. C'est un petit mot de dire, on est sur la même planète, puis dans le même quartier. On vient de vivre un moment en même temps. Sans se connaître. C'est extraordinaire. Niveau jaune, ma chère. Tu m'en donnes quatre.
Starting point is 01:01:20 Quatre? C'est donc bien fun ce jeu-là là tu vas en choisir une je vais en choisir une quelle est ta définition du mot liberté? quel type d'amoureuse es-tu? qu'est-ce que la maternité t'a apprise?
Starting point is 01:01:37 qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents et qui t'a manqué? juste un des quatre? tu vas en choisir un des quatre liberté on en a parlé beaucoup. Donc, je vais te laisser... Quel type d'amoureuse es-tu? Qu'est-ce que la maternité t'a apprise?
Starting point is 01:01:51 Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents? Je vais toutes les répondre. La maternité, c'est vraiment l'humilité. Et si j'avais seulement Justin, probablement, je ne l'aurais pas apprise, l'humilité. Parce que Justin a eu la chance d'être né
Starting point is 01:02:11 avec tous les outils dont il a besoin pour vivre dans notre société. Donc, quand ça va bien, tu penses que tout doit aller bien. C'est ça, le problème. Quand ça va bien, tu dis... C'est pas là que tu fais les changements quand ça va bien. Non.
Starting point is 01:02:27 Puis tu as même des attentes que tout doit aller bien. Parce que tu as tout ce qu'il faut. Tu as tous les ingrédients. Il n'y a pas de raison à ce que tu rates ta recette. Exactement. Tu as raison. Mais là, il te manque des ingrédients. Là, tu dois être créatif
Starting point is 01:02:44 et tu dois vraiment suivre juste les ingrédients. Là, tu dois être créatif et tu dois vraiment suivre juste les ingrédients qui sont là. Et là, je reviens au Vietnam où, au marché, tu ne peux pas trouver ce que tu veux en tout temps dans une zone de conflit. Il y a des moments où il n'y a pas les ingrédients que tu veux.
Starting point is 01:03:00 En fait, beaucoup de fois, où tu n'as pas ce qu'il faut. Et donc, tu dois vivre avec ce qui est là. Donc, il y a un lâcher-prise déjà, n'est-ce pas? Alors que nous, maintenant, quand on va chez IGA... — On a des attentes. — Bien oui. — S'il y a pas ce que tu veux,
Starting point is 01:03:16 tu comprendras pas. — Exact. Et là, tu te plains, là, auprès de... — Oui, oui. C'est ça, l'étagère, c'est vide. — Où est la levure, là? Où est la levure? Tu t'en souviens? Oui, oui. Là, on capote parce qu'il n'y a pas de levure. Mais pour un Vietnamien ou une Vietnamienne
Starting point is 01:03:32 qui va au marché et que tu n'as pas ce qu'il te faut, c'est normal. La taille de soulier, il n'y avait jamais ta taille au Vietnam à l'époque. Parce que c'était importé. C'était des fendlings. C'est des chaussures parce qu'ils ne se vendaient pas ici
Starting point is 01:03:46 donc tout le monde, on portait soit trop grand soit trop petit, c'est jamais ta taille c'est normal donc l'inconfort est normal c'est le confort qui est anormal tu vois, alors que nous ici mon dieu c'est demi-taille puis en plus on met des semelles
Starting point is 01:04:03 puis bon en tout cas et donc Valmont est venu me rappeler qu'on doit s'adapter à la vie et non pas la vie qui doit s'adapter à nous. Alors qu'on vit dans une société où on peut exiger à la vie de s'adapter à nous. C'est ça qui est fou. On est dans un monde où on peut exiger à la vie de s'adapter à nous. C'est ça qu'il faut. On est dans un monde
Starting point is 01:04:26 où on peut exiger ça de la vie. Alors que non, dans la vraie vie, c'est que la vie... Mais c'est ce que les changements climatiques apportent, je trouve. Cette notion de on ne contrôle pas tout. On ne contrôle pas.
Starting point is 01:04:40 Et il y a des choses plus fortes que nous auxquelles on doit s'adapter. Toi, tu l'as vécu dans ta maison. Oui, avec Valmont. Comment t'as pris cette nouvelle-là? Comment t'as vécu ça, justement, cette grande adaptation-là? C'est ton enfant. Donc, dès le premier jour, tu dois t'adapter
Starting point is 01:04:58 déjà à l'enfant. Le défi, en fait, est au quotidien. Donc, c'est pas comme du jour au lendemain. Donc, c'est plus facile. Donc, t'apprends vraiment étape par étape pour arriver. Et quand on a eu le diagnostic, c'est juste la confirmation de quelque chose.
Starting point is 01:05:14 Parce que comme aussi, t'avais eu un enfant avant, des fois, quand c'est le premier, c'est plus difficile de noter de certains signaux au niveau du développement, peu importe. Et là, est-ce que toi, ça a été rapide où tu te dis qu'il y a quelque chose de différent?
Starting point is 01:05:30 Oui, parce que je le mesurais avec Justin. J'avais une comparaison possible. Donc, on a, comment dire, saisi les difficultés de Valmont très rapidement, avant l'âge de 12 ans. C'est très rapide. Et tout de suite, on était dans le plan d'action. Comment faire pour l'aider à son plein potentiel?
Starting point is 01:05:54 On n'a jamais, son papa et moi, Francis et moi, on n'a jamais pensé une seule seconde à dire comment on fait pour guérir Valmont. De un, on a compris tout de suite que l'autisme, c'est une condition, c'est pas une maladie. Donc, pour guérir Valmont. On a compris tout de suite que l'autisme, c'est une condition. C'est pas une maladie. Donc, tu guéris pas ça. C'est comme être né garçon ou fille. Et oui,
Starting point is 01:06:14 il y en a qui sont pas bien dans l'identité biologique, mais ils changent. Autrement, la majorité, disons, c'est comme ça. C'est tout. Puis, t'acceptes ton enfant tel quel. Alors avec Valmont, tout ce qu'on a fait et tout ce qu'on continue à faire,
Starting point is 01:06:31 c'est de lui donner les outils nécessaires pour qu'il soit à son plein potentiel. Pourquoi son plein potentiel? Pour qu'il puisse être heureux, pour lui enlever le plus d'irritation et de frustration possible, pour qu'il puisse être en communication avec nous, pour qu'il puisse nous dire ce qu'il a besoin,
Starting point is 01:06:48 ce qui le rendrait heureux, ce qui le rendrait confortable. Et je te dirais, jusqu'à aujourd'hui, au moment T, aujourd'hui, je crois que Valmont est à 95 % heureux. Il a quel âge maintenant? 22 ans.
Starting point is 01:07:04 Et en tant que parent, tu le sais, tout ce qu'on espère, c'est que nos enfants soient heureux. Qu'ils soient astronautes, qu'ils soient plombiers, qu'ils soient... On veut juste qu'ils soient heureux. Et t'en es là. Il est heureux. Il est heureux. Et je me demande s'il est pas... Je suis capable de lire
Starting point is 01:07:20 Valmont plus que Justin. Parce que Justin, il a la parole. Il peut ne pas me laisser voir qu'il a ses inquiétudes, qu'il a ses angoisses, qu'il a ses doutes. Il est capable de jouer avec les mots, d'avoir un masque,
Starting point is 01:07:36 peut-être une apparence. Mais pas dans le cas de Valmont. Puis Valmont, il est collé à moi. Donc, je le sens. Juste le teint. Quand il se réveille, je sais qu'aujourd'hui, il y a quelque chose qui ne va pas. Je le connais jusqu'à ce point-là.
Starting point is 01:07:52 Puis comme de fait, une demi-heure plus tard, il y a une tempête électrique qui l'attaque. Il y a comme un mal de bloc. Alors que Justin, il peut ne pas me laisser voir tout de suite. Puis tu vois, ce matin, j'ai su que il a eu des maux de tête sévères, des migraines, Justin,
Starting point is 01:08:15 puis il ne m'en avait pas parlé. Puis je suis comme, mais pourquoi tu ne m'en avais pas parlé? Bien, il ne vit pas avec moi, donc je ne vois pas ces crises de migraine. Alors que pour Valmont, je le vois. Juste en regardant ça en train.
Starting point is 01:08:28 Est-ce que ça ralentit aussi le rythme, ça? Mon rythme à moi? Ton rythme à toi? Complètement. Heureusement. Je pense que c'est grâce à Valmont que je continue à être très ancrée. Tu vois? Sans Valmont, je pense que,
Starting point is 01:08:44 oh mon Dieu, je voyagerais 300 jours sur 365, j'aurais accepté des résidences à l'étranger, je me serais perdue dans le tourbillon. Avec Valmont, j'ai pas le choix, je reviens. Il y a comme un essentiel.
Starting point is 01:09:00 Oui, puis quand je suis avec Valmont, on est dans l'essence. Pas juste dans l'essentiel, on est dans l'essence. Pas juste dans l'essentiel. On est dans l'essence des choses. J'ai pas le choix. Il faut. Et donc, tu sais, pour Valmont, qu'on me donne un prix
Starting point is 01:09:16 ou qu'on me... Il s'en tape. T'es juste ma mère. OK, c'est tout. Et donc... Et ça, ça ramène, comme tu disais, à l'essence tout le temps. Mais oui. Tu peux pas être à côté.
Starting point is 01:09:32 Parce que ça a pas de valeur pour lui. Il a aucune valeur. Il veut juste sa mère. Et sa mère doit être juste sa mère. Rien d'autre. Et ça, ça te ramène exactement là où t'étais. Et ça, ça te ramène exactement là où tu étais. Et ça, il me ramène à toutes les cinq minutes. Donc, c'est très bon.
Starting point is 01:09:50 Tu vois? Juste le fait qu'on a essayé le taxi adapté pour aller chercher les personnes qui ont un handicap comme le moyen de transport en commun. Et le taxi est arrivé en retard. J'étais à Halifax en rencontre.
Starting point is 01:10:05 Mais si le téléphone sonne, que je sois en rencontre ou pas, je le prends. Quand je vois que c'est le centre 4 poches qui m'appelle, je le prends. Peu importe que ce soit le premier ministre ou le pape, je le prends, mon téléphone.
Starting point is 01:10:21 Je dois régler cette question-là avant tout. Ça te ramène pas mal à l'essence. Ça fait « Ouf! Je reviens. » Tu reviens, mais en même temps, ça fait qui tu es aussi.
Starting point is 01:10:36 Probablement. Et je remercie le ciel d'avoir ça. Et ça ramène tout le monde. Ça ramène mon chum. Je pense que c'est grâce à Valmont que lui, après avoir habité en couple seul sans ses parents pendant 36 ans,
Starting point is 01:10:51 est capable de vivre aujourd'hui avec ses parents. Et au début, la décoration, on a amené ce que les parents avaient à la maison. Puis c'est sûr qu'ils n'ont pas le même goût, disons, mon chum et ses parents. Puis j'ai dit, il faut que tu penses
Starting point is 01:11:08 que tu habites chez tes parents et non pas les parents qui viennent habiter avec toi. Perspective. OK? Donc, tu habites chez tes parents. Tu retournes chez tes parents. Donc, tu dois accepter leur maison. Ce qui les rend confortables.
Starting point is 01:11:24 Et nous, on s'adapte à eux et non pas l'inverse. À leur âge, ce n'est plus à eux de s'adapter à nous. Nous, on est encore assez jeunes pour s'adapter à eux. OK? Puis c'est le dernier chapitre. Tu n'auras pas la chance de vivre ça longtemps. Tu n'auras pas la chance de t'adapter à eux longtemps. Profite de cette flexibilité-là
Starting point is 01:11:49 que tu vas te donner à toi-même de t'adapter à eux. Autrement, tu n'auras plus l'occasion de t'adapter à qui que ce soit. Ta dernière chance. Quelle sagesse. Mais tu es d'accord avec moi? Je t'écoute parler, je bois tes paroles, Kim.
Starting point is 01:12:07 Dans leur décoration, bien oui, qu'est-ce que tu veux, ils sont d'une autre époque. Comme nos enfants vont réagir comme ça. Mais oui. Comme ton garçon de vieux jour. Mais il a bien réagi à ça, ton amoureux? Oui, oui, oui. Au début, c'est sûr que, comment je réagi à ça, ton amoureux? Oui, oui, oui.
Starting point is 01:12:25 Non, bien, tu sais, au début, c'est sûr que... Comment je te dirais ça? Il a fait toute sa vie adulte indépendant. Donc, de retourner... Tu sais, comment ça, mon père, il veut toujours s'asseoir à la table qu'on doit utiliser comme comptoir de cuisine, tu sais, devant le frigo.
Starting point is 01:12:44 Je lui ai dit, c'est le plus proche du frigo. Il a une mobilité un peu réduite. Pour lui, c'est le plus facile. Il s'assoit à cette table-là. Ça devient son bureau, si tu veux, dans la cuisine. Je lui ai dit, arrête.
Starting point is 01:12:59 C'est ça, son habitat naturel. C'est là. Quand tu dis s'adapter, ça passe par là. Bien oui. Il faut que tu le regardes avec ses yeux à lui et pas comme toi qui gambades en maison. Je pense que tu vas calmer bien du monde en disant ça parce que c'est vrai
Starting point is 01:13:15 qu'on a tendance, surtout dans nos maisons, à vouloir que les autres s'adaptent. Et là, de dire non, t'es l'enfant, ça doit t'adapter aux parents. Tu sais ce qu'on reçoit en retour? L'autre jour, son père était en train de ranger les papiers parce qu'il y a beaucoup de papiers.
Starting point is 01:13:32 C'est un fiscaliste. Il n'y avait pas du papier. Et là, il a retrouvé des lettres d'amour, la correspondance entre sa femme et lui. Et là, on est passé devant, on dit, qu'est-ce que tu fous là? Puis on voyait des vieilles enveloppes et on a commencé à lire. Écoute, tout le monde a pleuré.
Starting point is 01:13:52 Tellement c'était beau ce qu'il s'écrivait. Il signait ton lion qui est rugi d'amour à sa femme. Ça fait 60 ans qu'ils sont ensemble puis c'est extraordinaire, tu sais, ils ont eux-mêmes oublié
Starting point is 01:14:07 qu'ils ont été des amoureux, tu sais, à l'époque, et donc de relire ça ensemble, puis ça, tu peux pas avoir ces moments-là si tu venais juste pour souper. – Oui, c'est ça, un dimanche après-midi. – Ça arrive pas, ça. – Ce repas-là. – Oui. Tu sais, puis t'as pas
Starting point is 01:14:23 de moment où, écoute, si j'allais juste souper, je pourrais pas oser lui acheter un pyjama. Mais là, on vit ensemble. Et je les remercie. Parce qu'ils me connaissaient pas quand ils ont accepté, peut-être,
Starting point is 01:14:39 on s'était vus 5-6 fois. Et de faire confiance, de un. puis deux, l'audace de dire, OK, je vais oser exposer ma vulnérabilité devant quelqu'un que je viens de rencontrer.
Starting point is 01:14:56 Parce qu'ils sont dans des moments très vulnérables de leur vie, n'est-ce pas? De dignité, parce qu'ils ont besoin d'aide, ils sont fragiles, ils sont vulnérables, et oser exposer ça à une fille
Starting point is 01:15:11 qu'ils viennent de rencontrer. C'est énorme. Je reçois ça là comme une confiance incroyable. Jamais je pensais qu'ils allaient dire oui à moi. Une nouvelle fille dans leur vie. Mais t'imagines, c'est pas évident
Starting point is 01:15:29 de se montrer vulnérable. Mais ils sentent que t'es prête à accueillir ça aussi. Probablement. Écoute, j'ai acheté des bobettes. Puis il m'a dit, « Kim, non, j'ai besoin que ça monte en haut de mon ombri j'ai acheté des trop modernes
Starting point is 01:15:50 ah c'est drôle en fait c'est pas lui qui me l'a demandé mais tu sais dans la vache je voyais que c'était un peu usé je lui ai dit je vais y acheter des plus funky un peu tu t'es fait ramener non Kim ça me prend des fruit of the loom les plus funky un peu. Si t'es faite ramener. Oui.
Starting point is 01:16:08 Non, ça me prend des fruits of the loom. Mais j'adore qu'ils nomment, qu'ils te le disent au lieu de dire je vais... Donc, il se sent assez à l'aise. Ben oui. Et pas juste dire je suis pas bien. Non, mais c'est ça. Je les remercie vraiment beaucoup d'oser faire ça.
Starting point is 01:16:24 Ma question que j'ai choisie, c'est quel type d'amoureuse es-tu? Ah! J'aime beaucoup aimer dans des petits gestes du quotidien. Dans des petites affaires de rien. Ne serait-ce que juste
Starting point is 01:16:39 comme ce matin, il aime beaucoup le jus de pamplemousse frais. Et mon Valmont, il mange le pamplemousse, mais il ne prend pas le jus. Mais il extrait toujours le jus dans un verre parce qu'on a l'habitude de faire ça pour ne pas gaspiller. Et de penser là, parce qu'il est venu prendre Valmont et moi pour l'emmener au centre,
Starting point is 01:17:01 et de penser à juste apporter ce petit jus de pamplemousse dans l'auto pour dire j'ai pensé à lui apporter ça. J'adore ça. Je n'ai pas besoin de merci. Juste le geste que moi je le fais, je suis contente avec mon moi-même.
Starting point is 01:17:20 Je n'ai même pas besoin qu'il souligne ou qu'il dise quoi que ce soit. C'est presque un... Et tomber en amour dans la cinquantaine, est-ce que tu t'attendais à ça? Non. Non, non. J'avais déjà terminé. Je m'en allais chez les sœurs.
Starting point is 01:17:35 T'avais mis un X sur ta vie amoureuse. Oui, j'étais déjà comblée, si tu veux. J'avais l'impression que... Tu sais, la vie, pour moi, c'est comme un buffet. Puis à un moment donné, t'as... T'as plus faim. T'as plus faim. Et j'avais l'impression que la vie, pour moi, c'est comme un buffet. Puis à un moment donné, t'as plus faim. T'as plus faim. Et j'avais plus faim. Pas que je trouve pas que c'est beau,
Starting point is 01:17:51 ce qui est devant moi, mais j'étais comblée. J'étais dans la plénitude, dans la sérénité d'avoir reçu énormément de la vie. J'ai pas besoin de plus. J'étais prête. Et j'ai même fait de la recherche et tout ça. Je dis, le jour où je perds Valmont,
Starting point is 01:18:09 je m'en vais chez les soeurs. Et parce que, bon, l'espérance de vie des personnes autistes est moins bonne, je te dirais, que la moyenne. Et Valmont, il est né avec le cholestérol élevé,
Starting point is 01:18:29 génétiquement, parce que ça vient du lac Saint-Jean, je te dirais. – Son père vient de là. – Oui, et donc il est hypothéqué un peu. Il est en santé, mais on ne sait jamais. Donc, je suis déjà préparée. Le jour où je perds Valmont, je m'en vais chez les soeurs. Et je t'en ai déjà parlé, mais c'est sûr que j'espère
Starting point is 01:18:50 que Valmont s'en va avant moi. Parce que je veux être celle qui est là pour lui. – Mais tu sais, quand tu dis ça, c'est absolument contre-nature pour un parent. – C'est contre-nature. – Donc d'arriver à ce constat-là, ça prend un grand cheminement. – Oui, mais tout est contre-intuitif
Starting point is 01:19:07 avec Valmont. Pour l'aimer, quand il vient m'embrasser, ma bonne réaction, c'est ne pas bouger. Ne pas me virer de bord puis le prendre en même temps. Parce que ça, ça l'aurait. Il va s'en aller.
Starting point is 01:19:21 Il va manquer ton moment. Oui, donc ma façon de l'aimer, c'est tellement contre-intuitif, c'est rester droite, pas bouger pour qu'il ait le temps d'enlever mes cheveux, me donner un bec dans le cou, me toucher, puis s'en aller. OK? Ça, c'est...
Starting point is 01:19:38 Et oui, mais les premières fois, je le faisais comme une merde neurotypique, je te dirais. Je me vire de bord il est parti alors il faut et donc de l'extérieur, on peut regarder on va se dire, oh mon dieu, la mère froide
Starting point is 01:19:53 qui réagit pas mais c'est pas ça, si je veux recevoir son amour la manifestation de son amour il faut que je reste tranquille et avant que je l'embrasse je lui dis Valmont, m que je l'embrasse, je lui dis Valmont, maman va t'embrasser pour qu'il se prépare.
Starting point is 01:20:10 Puis il se prépare, tu le vois. Il est tout comme... Il est très affectueux, mais il faut que ce soit selon son rythme. Tu vois, quand je viens et je dis, ah, maman va te coller. Là, il ouvre sa couverture, puis il veut, puis il me fait coller, puis tout ça.
Starting point is 01:20:28 Mais c'est... Il faut que je lui dise. Donc, c'est très contre-intuitif, n'est-ce pas? Mais je... Avec le temps, tu t'habitues. Et t'as dû faire ce constat-là, que dans le fond, tu préférais
Starting point is 01:20:43 être à ses côtés s'il est... Tu veux l'accompagner jusqu'à sa fin, à lui. Oui, j'ai l'arrogance de croire que je suis la meilleure. Je suis celle qui le comprend le mieux. C'est pas vrai, mais dans ma tête,
Starting point is 01:20:59 je pense que je suis celle-là. Et j'aurais une paix d'esprit, si tu veux. Si je savais qu'il était accompagné, bien accompagné jusqu'à la fin. Donc, égoïstement, je me dis, il faut que je parte après. C'est moi qui ferme la porte.
Starting point is 01:21:21 C'est moi qui ferme la piste, tu vois. Et donc, j'étais déjà préparée à ça. J'étais bien avec ma vie. Ça me suffisait. Et je m'en allais chez les soeurs après Valmont, si je mourrais pas aussi. Et les soeurs Carmelites. C'était très le fun. Donc, cloîtrée?
Starting point is 01:21:36 Oui. Tu t'en allais cloîtrée? Oui. J'adore l'idée. J'adore ça. Mais en même temps, c'est consacrer ta vie à Dieu. Je sais pas si c'est Dieu qui m'a... Parce que j'ai pas de religion. C'est ça, Mais en même temps, c'est consacrer ta vie à Dieu. Je ne sais pas si c'est Dieu qui m'intéresse parce que je n'ai pas de religion.
Starting point is 01:21:49 C'est ça, parce que si tu vas chez les carmélites, ils sont un peu mariés à Dieu. Je ne savais pas. Toi, c'est la notion de cloîtrer. Je comprends parce que c'est comme dédier sa vie à une religion. Mais toi, dans le fond,
Starting point is 01:22:05 ça aurait été pour réfléchir. Juste me retirer. Et toi, tu aimes le silence. C'est un endroit dans lequel tu es bien aussi. Je suis très bien. En fait, je dis ça, mais je peux très bien être dans un cabanon au fond d'un bois,
Starting point is 01:22:16 puis je vais être bien aussi. Donc là, l'amour est arrivé comment? Accidentellement, comme ça. On avait une petite fenêtre de 10 secondes si on ne s'était pas croisé à ce moment-là on se serait manqué c'est 10 secondes, je te dis c'est 10 secondes c'est fou là, mais tu sais
Starting point is 01:22:33 la vie est étrange comme ça puis je ne cherchais pas, je ne cherchais certainement pas et tu sais quand on parle de coup de foudre c'est probablement ça tu comprends pas ce qui t'arrive en fait pis je
Starting point is 01:22:49 j'avais aucune idée pendant qu'on se parlait le café qui devait durer une heure a duré cinq heures pis c'était un café professionnel rien à voir avec rien mais ça a duré cinq heures pis c'était très professionnel.
Starting point is 01:23:05 Dans ma tête, professionnel. Dans le sens où on échangeait nos vies professionnelles. Rien d'extraordinaire. Je peux te parler aussi cinq heures. Je pense qu'on peut... Oui, on pourrait facilement. Facilement. Pour moi, il n'y a rien de particulier là-dedans.
Starting point is 01:23:22 Mais quand même, il y a un indice que tu es bien. Oui. Pour échanger aussi longtemps, si indice que tu es bien. Oui. Pour échanger aussi longtemps, c'est que tu es bien dans ce lieu-là avec cette personne-là. Oui. Puis tu sais, c'est le hasard des choses. Tu sais, qui fait que...
Starting point is 01:23:33 On s'est recroisés. Et là, tu sais, c'est comme... Oui, tout de suite. C'est quand tu l'as recroisé que tu as compris. Oui. Puis, mais... Est-ce que là, tu ne contrôlais plus? On n'y croyait'as recroisé que tu as compris. Oui. Puis, mais... Est-ce que là, tu ne contrôlais plus? On n'y croyait pas du tout, du tout, du tout.
Starting point is 01:23:48 Puis on ne s'était même pas, tu sais, physiquement, même pas touché le petit doigt. Il n'y a rien, rien, rien que l'échange, que la conversation à distance. À distance, j'étais en tournée. Il n'y avait pas de... tu sais, rien. Donc, il n'y avait pas de... Rien! Donc, il n'y avait pas d'attente, mais
Starting point is 01:24:07 la connexion était là. Puis, la vie nous a donné ça. Donc, tu te poses la question, est-ce que tu t'y lances ou pas? Mais à 50 ans, comme tu le sais, après 50 ans... On a exactement le même âge, on a 55 ans les deux.
Starting point is 01:24:24 Tu te dis... OK. Tu reconnais la beauté encore mieux à 55 ans qu'à 30 ans. Tu sais ce qui est rare, parce que t'en as assez vu. Et c'est là où... On se dit, bien...
Starting point is 01:24:41 Mais de toute façon, c'était pas un choix. Ça se contrôlait pas, ça. Ça se contrôlait pas. On. Ça se contrôlait pas. On se disait pas, on y va-tu, on y va pas. Il y avait pas cette option-là. C'était juste, eux, on est là. Et c'est tout. On est là. Est-ce que tu te reconnaissais dans ce que tu ressentais?
Starting point is 01:24:58 Ah, mon Dieu, c'est avec lui. Tout de suite, très rapidement, je me dis... Je lui ai dit comme ça, j'ai dit... C'est drôle, je n'avais jamais ressenti la soif de vivre. OK, je ne l'ai pas. Puis, j'avais la responsabilité de vivre, de ne rien gaspiller de la vie qui m'est accordée. Mais je n'ai pas la soif de vivre. Je peux mourir demain, puis je suis correcte avec ça. Vraiment, je l'avais pas pantoute, cette soif de vivre.
Starting point is 01:25:31 Oui, je trouve la vie extraordinaire, elle est tellement belle, mais j'en veux pas plus. J'ai pas la faim de ça. Zéro. Tu vois, je reçois juste ce qui m'arrive. Et donc, à 53 ans, de ressentir pour la première fois
Starting point is 01:25:51 la soif de vivre, l'envie de vivre. Mon Dieu, c'est vertigineux. Je ne l'avais jamais vécu. C'était... Mon Dieu, c'est ça. Tu vois? Et puis, tout de suite après,
Starting point is 01:26:06 pas seulement cette envie de vivre, mais de sentir tellement libre. Et je lui ai dit comme ça, je me suis jamais sentie aussi libre qu'avec lui. Il dit, qu'est-ce que tu veux dire? C'est-à-dire qu'on n'est pas ensemble? Non, libre d'être soi.
Starting point is 01:26:22 Libre de rêver. Libre d'aller aussi loin que tu veux. Tu n'as pas de contraintes, rien. Tu n'as pas à te tortiller pour rentrer dans un contenant ou quoi que ce soit. Et donc, il dit, on est un plus un égal trois. Donc chacun, on est entièrement qui on est est parce que l'autre nous permet de le faire et ensemble, on devient exponentiel. Tu vois.
Starting point is 01:26:50 Il dit 3, mais je dis peut-être 5. C'est pas 3, tu sais. Mais mathématiquement, je sais pas comment on calcule ça. C'est-à-dire quand vous unissez vos forces, on peut voir un couple des fois comme, tu sais, deux ronds, il y a une intersection. Non, c'est ça. Nous, c'est pas ça. Vous autres, c'est plus, c'est explosé. Oui, oui. Les deux ronds, là, sont là, puis là, il y a une intersection. Non, c'est ça. Nous, c'est pas ça. Vous autres, c'est plus... c'est explosé.
Starting point is 01:27:06 Oui, oui. Les deux ronds, là, sont là, puis là, il y a plein de... Quand les deux ronds se touchent, ça part. C'est un petit... Donc, cette liberté-là, je l'ai acquise. Je peux l'identifier et le vivre. Avant, j'étais libre pour moi-même,
Starting point is 01:27:21 si tu veux. Mais... Oui, je l'avais déployé, mais pas dans le quotidien presque. Alors qu'avec lui, j'ai ça, j'ai cette liberté-là et j'ai cette soif de vivre. Pas que j'ai peur de mourir,
Starting point is 01:27:38 pas du tout. Je peux mourir demain. Mais tu ne veux pas rien manquer, là. C'est ça? Ça ne me dérange pas de manquer. Sauf que pendant que c'est là, c'est extraordinaire de savourer, tu vois, de dire, ah,
Starting point is 01:27:53 mon Dieu, toutes ces saveurs qui s'ouvrent dans ta bouche, tu sais. C'est génial. Est-ce que ça t'a donné le goût de faire des projets? Oh, mon Dieu, on a comme 3000 projets sur la table. Pas dans le tiroir, sur la table. Justement, juste pour venir ici,
Starting point is 01:28:12 pendant 45 minutes, il y a 3000 projets qui sortaient par les oreilles. Puis lui est dans l'action. Il n'est pas comme moi. Moi, je ne suis pas très bonne pour mettre en œuvre une idée. Lui, il met en œuvre des idées. Alors, quand je lance une affaire, c'est ça. As-tu découvert quelque chose chez toi?
Starting point is 01:28:35 Tu parles quand même de la soif de vivre, c'est important. Mais dans ce que tu es profondément, est-ce que tu t'es découverte? Que j'avais beaucoup de... Que je savais pas encore comment profiter de toute cette liberté d'être. Donc, c'est avec lui que je vois encore plus la profondeur de cette liberté d'être.
Starting point is 01:28:57 Que je savais pas que ça existait. C'est un grand cadeau de la vie, ça. Oh, mon Dieu! Tu sais, je le souhaite au monde entier. Parce que... « Oh mon Dieu! » Je le souhaite au monde entier parce que se sentir entière, c'est incroyable. On est-tu d'accord que je mesure 4 pieds 11 et 3 quarts
Starting point is 01:29:17 et il ose dire que j'ai les plus belles jambes au monde? L'affaire, c'est qu'il réussit à me faire croire ça. Je me permets de croire ça, dans le sens où, peut-être pas avant, mais après 50 ans, tu dis tu te permets de croire
Starting point is 01:29:33 ce que les gens voient en toi et non pas ce que toi, tu te vois. Comment toi, tu te vois. Et j'ai dit ça à mon éditrice aussi, à Edouard, à un moment donné, il dit, mais comment tu fais, après 50 ans, rencontrer quelqu'un qui peut être confortable? Dans l'intimité.
Starting point is 01:29:49 J'ai dit, ben, il me croit belle. Pourquoi moi, je vais aller me dénigrer? Non, je vais me voir comme ses yeux me voient. Comme dans son regard, oui. Mais oui, il me trouve belle. Elle va me trouver belle aussi. Mais ça, c'est ce que ça a changé, justement,
Starting point is 01:30:07 dans ta confiance par rapport à ton corps? Avant, je m'en foutais un peu parce que j'étais séparée depuis un bon bout, depuis plusieurs années. Donc, mon corps, mon corps, il fonctionnait. Est-ce que ton corps fasse réagir un autre corps aussi? Ben oui, c'est extraordinaire. Tu te dis... En 55 ans, c'est quand même fou.
Starting point is 01:30:30 Parce qu'il y a cette dimension-là aussi de l'intimité, de cette zone-là qu'on partage avec peu de gens. Et là, tu avais pratiquement fait un X aussi sur cette zone-là. Oui. Alors, de redécouvrir quelqu'un d'autre, d'avoir une autre perception de ton corps aussi.
Starting point is 01:30:47 Tout à fait. Et de laisser. Tu sais, ce que tu dis, c'est grand. D'accepter ça. Et de pas dire, voyons donc, voyons donc. C'est pas ça. Oui, c'est ça parce que tu le vois. En plus, tu dis que tu te regardes pas dans le miroir. Quand tu dis que c'est dans le regard de l'autre,
Starting point is 01:31:04 ça t'amène aussi à accepter ça. – Bien oui. J'avais le complexe de gros mollets. Je ne sais pas d'où ça vient. Écoute, je n'ai jamais eu autant de photos de mes mollets. Et ça, il ne savait pas que j'avais un complexe de mes mollets. – Puis lui, il aime tes mollets. – Bien oui.
Starting point is 01:31:21 Il a vu mille photos de mes mollets. Pendant que je fais une conférence en avant, pendant que je marche ou je monte l'escalier, il dit, c'est incroyable tes mollets. Là, je suis comme, ah! Mais là, la première fois, mais après ça, je suis comme, oui, j'ai les plus beaux mollets au monde!
Starting point is 01:31:40 Mais ça apporte la légèreté, je trouve, de t'entendre dire ça. Mais, tu sais, ça fait du bien. Mais c'est vrai que... Puis je me demande si les femmes, on n'a pas plus cette tendance-là aussi à refuser. Oui, on refuse. Les compliments, on refuse ça,
Starting point is 01:31:55 puis on se braque à dire, mais c'est peut-être pas tout à fait ça qu'ils pensent. Exactement. On fait douter l'autre. Bien oui. Et pourquoi tu veux mettre dans la tête de l'autre que t'as des gros mollets? Tu sais, pourquoi tête de l'autre que tu as des gros mollets? Pourquoi tu veux lui dire
Starting point is 01:32:08 j'ai des gros mollets, ils sont pas beaux. Pourquoi tu dirais ça à quelqu'un? C'est drôle comment notre cerveau fonctionne. On se facilite pas la vie. Non. Alors que l'autre te dit t'as des beaux cheveux. Non, ce matin.
Starting point is 01:32:23 Pourquoi tu veux mettre dans la bouche de l'autre dans le regard de l'autre? Non, mes cheveux sont pas beaux cheveux. » « Ah non, tu sais, ce matin, ça... » « Non! Pourquoi tu veux mettre dans la bouche de l'autre, dans le regard de l'autre? Non, non, mes cheveux sont pas beaux. Il a dit que tes cheveux sont beaux. Crois-le, c'est tout. Quand je t'ai vu tout à l'heure, j'ai dit, ah, tu sais, je sais pas, il y a une certaine légèreté, je sais pas si
Starting point is 01:32:40 c'est parce que t'as changé, t'es sortie d'une structure assez grande, assez lourde. — Ah oui, oui, oui, oui, oui, oui, par rapport à ma vie télévisuelle mettons, niveau professionnel ça affecte toute la vie quand t'arrives dans plus de légèreté, moi c'est la spontanéité
Starting point is 01:32:56 qui me manquait beaucoup parce que je trouve que la spontanéité ça te permet justement de découvrir d'accueillir, de comprendre de se tromper, de recommencer. Ben oui, c'est de rire de soi aussi.
Starting point is 01:33:11 Moi, ça m'a ramenée dans une zone aussi de plus de vulnérabilité parce que quand t'es habituée de faire quelque chose, tu te poses moins de questions. Je n'étais pas sur un pilote automatique, mais quand même, il y avait une zone de confort. Alors là, tu te lances. Ce n'est pas trop que ça va donner.
Starting point is 01:33:27 Ce n'est pas trop que ça va marcher. Je ne me projette pas vraiment dans l'avenir. J'aime beaucoup être... Pour moi, ce que je fais, c'est toujours ce qui est le plus important. Je suis toujours absolument passionnée par ce que je fais. C'est ça. Quand je vais être tannée, je vais faire d'autres choses. Je vais être passionnée par d'autres choses.
Starting point is 01:33:42 Mais il n'y a pas de... Dans 5 ans, dans 10 ans. – On sera-tu encore là? – On ne sera pas, c'est ça, on ne sait pas. Mais tu sais, ce que tu dis, je trouve ça fondamental. En fait, il y a plein de choses que tu dis depuis le début que je me retrouve plus en spectatrice qu'en
Starting point is 01:33:58 intervieweuse. Quand tu dis, tu sais, acceptons le regard de l'autre. – Mais oui. – Parce que, à mots osus qu'on perd du temps, des fois, ne pas s'aimer, pas parce qu'on n'a pas quelqu'un qui nous aime devant nous, c'est parce qu'on ne veut pas le croire.
Starting point is 01:34:13 Oui, puis on se le refuse. Puis l'affaire, évidemment, on est d'accord qu'on doit s'entourer de gens qui nous aiment. Je dis, la vie est tellement courte, je n'ai pas assez de temps pour aimer ce que j'aime comme il faut. Comment je vais aimer? Alors, pourquoi se donner du mal?
Starting point is 01:34:30 Tout faire pour se faire aimer. Oui. Ah non, mais c'est correct. Tu sais, toi, t'aimes pas tout le monde. Alors, pourquoi tu t'attends à ce que tout le monde t'aime? Tout le monde t'aime, exactement. C'est correct, c'est correct. Il y en a qui aiment pas mes mollets. C'est correct. Vous avez le droit. Mais oui, puis c'est... Éc Vous avez le droit! – Oui!
Starting point is 01:34:47 Écoute, j'aime tellement, il y a tellement de monde avec qui j'aimerais passer plus de temps, puis j'ai pas assez de temps. Alors, pourquoi? Et donc, quand t'es entouré de gens qui te sont proches, qui sont bienveillants envers toi, crois-les. Et c'est eux
Starting point is 01:35:03 qui te voient mieux que toi. Et je dis toujours, je dis, tu peux pas voir ton dos. OK, mon chum, il sait pas, là, que son dos est un petit peu courbé ici. Mais là, il sait. Ah, mon Dieu, que je lui répète ça. Mais, tu sais, et l'expérience que je dis souvent, filmez-vous, là, dans une foule, là,
Starting point is 01:35:22 en train de marcher de dos, puis le montrer à des amis, en train de marcher de dos, puis le montrer à des amis, des proches et vous-même, puis vous allez voir, vous allez être la dernière personne à vous reconnaître dans la foule. Parce que les autres sont habitués à te voir de dos. Toi, quand est-ce que tu te vois de dos en train de marcher?
Starting point is 01:35:37 Jamais. Donc, il faut écouter aussi... C'est pour ça qu'on doit... Pour avoir tous les angles de soi-même aussi. Les angles qu'on ne voit pas, accepter le regard de l'autre. Oui, puis se reposer sur eux aussi. Shakespeare disait
Starting point is 01:35:53 « The beauty is in the eyes of the beholder ». La beauté dans celui qui admire à quelque part. Ça a l'air d'une phrase simple, ça. Mais c'est toute une discipline. Quand on l'accepte que la beauté est dans le regard de l'observateur, si on accepte ça,
Starting point is 01:36:12 je pense qu'on s'enlève comme une bûche de pression. Juste les enfants. Nos enfants pensent évidemment qu'on est la meilleure mère au monde. N'est-ce pas? Absolument. C'est la seule mère qu'ils connaissent aussi.
Starting point is 01:36:30 Alors, pourquoi on l'accepte pas? Pourquoi? Pourquoi on n'agit pas envers eux comme étant « Bien oui, je suis la meilleure mère qui existe. » Au lieu d'avoir plein de culpabilité de ce qu'on n'a pas fait. Ou de ce qu'on aurait pu. Alors qu'eux, ils ont'on n'a pas fait. Ou de ce qu'on aurait... De ce qu'on aurait pu,
Starting point is 01:36:47 alors qu'eux, ils ont vu ce que t'as fait. Et ça... Ils nous aiment avec nos défauts. Parce qu'ils sont les premiers à voir nos défauts. Ou nos faiblesses. J'aime pas dire défauts, mais... Les faiblesses. Puis ils les acceptent. Ils les acceptent depuis tout le temps. Puis quand ils vieillissent, bien, ils en rient. Ça devient...
Starting point is 01:37:04 Ça devient des blagues. Ça fait partie de toi. Maman, tu es encore tâchée. Maman, tu es encore tâchée. Justin va dire, maman, elle arrive toujours à l'heure juste. Ça l'énervait beaucoup quand elle était petite. Il n'est plus détaché,
Starting point is 01:37:24 mais tu es restée la même. Mais oui. Il n'y a pas d'autre mère. Vous êtes capable d'en rire. Mais oui. Et donc, je me donne tout à fait le droit de dire que oui, je fais la meilleure sauce de spaghettis ever. Parce que...
Starting point is 01:37:38 Ton fils et tes fils te l'ont dit. Parce que c'est leur première sauce de spaghettis. Tu sais, qu'est-ce que tu veux? C'est la meilleure. C'est la meilleure. Et c'est Michel première sauce à spaghetti. Tu sais, qu'est-ce que tu veux? C'est la meilleure. C'est la meilleure. Et c'est Michel Rivard qui m'a raconté que Antonin, son fils, est un grand chef.
Starting point is 01:37:54 C'est du mousseau et tout ça. Mais quand il revient à la maison, il veut le pâté chinois de son père. Puis son père essaie d'améliorer le pâté chinois. Il dit non, je veux la version traditionnelle. Parce que lui, c'est la nostalgie, les souvenirs. C'est ça le confort.
Starting point is 01:38:08 Ce goût-là veut dire quelque chose pour lui. Oui, ça, c'est mon père. C'est pas manger un pâté chinois. Je suis avec mon père. C'est tout. Et pourquoi... C'est là où tu te dis, mon fils est rendu un grand chef,
Starting point is 01:38:23 je devrais peut-être... Non, c'est pas ça que je veux. Je vais faire un pâté chinois déconstruit. Oui! Avec du canard. Steak, blé d'ingres, patates. Parce que lui, il est capable de le faire. Son déconstruit.
Starting point is 01:38:36 C'est vrai, quand on va dans nos familles, on veut manger les mêmes affaires. Parce qu'on a la mémoire. La mémoire du cœur aussi, les sens, c'est de l'amour. J'aime beaucoup cuisiner pour les enfants et j'en fais encore aujourd'hui,
Starting point is 01:38:53 je force des top-aware sur eux autres, sur mon fils et ma belle-fille, parce que quand est-ce qu'on a le pouvoir de créer la mémoire de quelqu'un? Qu'on soit a le pouvoir de créer la mémoire de quelqu'un? Tu sais, qu'on soit assez important pour rester dans la mémoire. C'est très rare.
Starting point is 01:39:11 Et donc là, avec la nourriture, depuis qu'ils sont tout petits, bien, tu as le pouvoir de créer la mémoire. La mémoire du premier curry, la mémoire du riz qui cuit dans la maison, le premier sandwich automatique. C'est toi qui crées cette mémoire du riz qui cuit dans la maison, le premier sandwich automatique, c'est toi qui crées cette mémoire-là.
Starting point is 01:39:29 Parce qu'aujourd'hui, je peux plus, là. Il y a 24 ans, il vit tout seul, il, tu sais. – C'est une mémoire importante. Puis tu sais, quand t'arrives en couple, ces deux cultures-là, ça amalgame aussi, ça rencontre. On n'a pas tous la même mémoire, puis on refait ça avec nos enfants.
Starting point is 01:39:46 – Bien oui, bien oui. – Est-ce que tu es prête à passer au niveau rouge? – Oui, oui, oui. – Tu m'en donnes trois. – Trois? – Il va juste en rester. – Il y en a de moins en moins. – Bien oui. À quel besoin profond de ton amoureux répond-il? Ça, c'est une question que je n'aide pas au Jeannette Bertrand, que j'aime beaucoup. As-tu négligé
Starting point is 01:40:01 certains aspects de ta vie? Quel moment ou période de ta vie fut le plus ou la plus éprouvante? Je vais répondre à celle-là. Parce que les autres, on en a parlé un peu. Quel moment au période de ta vie
Starting point is 01:40:17 fut le plus éprouvant? Mon amoureux te dirait que j'en ai très peu parlé de mon adolescence. Ou je dirais, je définirais cette période-là avec, si je devais utiliser un seul mot, c'est la honte ou l'humiliation, si tu veux. Et la honte, dans ce sens, je te donne un exemple, puis tu vois tout de suite. Tous les enfants, on doit remplir les formulaires,
Starting point is 01:40:46 le numéro de téléphone du père, le nom du parent avec le numéro de téléphone au bureau et à la maison, n'est-ce pas? Oui, dans les formulaires conventionnels. Tu connais ça, la directrice d'école. Oui, exactement. Ça prend des numéros au travail.
Starting point is 01:41:02 Et mes parents, durant les premières années, c'était très difficile. Ils changeaient de travail à tous les mois, presque. Les usines fermaient. C'était en 79-80. Comme tu disais tantôt, c'est la crise économique. C'est là que les taux d'intérêt ont augmenté. Les gens perdent leur maison. Ça a été une période très, très noire
Starting point is 01:41:18 au Québec. Même pour les Québécois de souche, c'était difficile. Au niveau économique, c'était une période qui a frappé tellement de monde. Parce que comme les taux d'intérêt ont augmenté, les gens n'avaient plus... C'était comme 18 % ou quelque chose de tôt.
Starting point is 01:41:33 Les maisons, les gens ne pouvaient même plus payer leurs maisons. Il y a eu des faillites. Les usines fermées. Donc, mes parents ne pouvaient pas avoir un numéro de téléphone au travail. Surtout quand tu travailles dans une usine. Personne ne te donne un numéro de téléphone.
Starting point is 01:41:53 Et donc, je ne pouvais jamais remplir cette case-là. Et donc, tu as presque la honte de dire, « Oh mon Dieu, tu ne peux même pas faire la chose de base que tous les enfants pouvaient le faire. À l'adolescence, c'est une période où on veut faire comme tout le monde. Oui. Là, tu as honte de tes parents.
Starting point is 01:42:15 La difficulté, c'est que j'ai connu mes parents dans des situations très privilégiées, avec un chauffeur, avec des... Je ne sais pas quel est le bon mot, mais des gens qui travaillaient à la maison pour nous. J'avais Nounou 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mes frères
Starting point is 01:42:38 avaient leur propre Nounou. On était vraiment entourés, aidés, soutenus et tout ça. Et tu arrives ici, c'est eux qui font le ménage. C'est eux qui... Donc, quand tu fais le ménage de chez quelqu'un, tu n'as pas un numéro de téléphone.
Starting point is 01:42:55 Puis ça, c'était avant les téléphones cellulaires. Donc, tu ne peux pas donner un numéro de téléphone. Tu ne peux pas avoir un numéro de téléphone quand tu es concierge dans une école. Bien, concierge dans une école. Quand tu fais l'entretien ménager. – Tu n'as pas de bureau, c'est ça. – Tu n'as rien. Tu n'as pas de point d'attache.
Starting point is 01:43:15 Et donc, tu as honte de tes parents qui ne fonctionnent pas comme les autres parents. Et donc, c'est une période d'adaptation qui était dans la honte, beaucoup. Puis j'ai honte aujourd'hui d'avoir eu honte parce que je regarde en arrière, puis je n'ai que de l'admiration pour mes parents d'avoir réussi
Starting point is 01:43:35 à recommencer de zéro, tu vois, à partir de zéro dollar, au moins que zéro, parce qu'on avait une dette envers le gouvernement pour notre billet d'avion pour venir ici. Donc, on recommençait à moins que zéro. qu'on avait une dette envers le gouvernement pour notre billet d'avion pour venir ici. On recommençait à moins que zéro. Et ils ont bûché une journée à la fois, une heure à la fois.
Starting point is 01:43:54 Et mon père me racontait qu'il livrait les pizzas et les restos chinois, en tout cas selon le jour. Et il dit que des fois, on lui donnait 25 sous pour boire. Puis il remettait les 25 sous
Starting point is 01:44:10 dans la boîte à mâles de la personne. Il ne voulait pas? C'était... Pour lui, c'était... Ce n'était pas un réel pour boire. C'était presque insultant de donner... Ce n'était pas un 25 sous. Je te dis 25 sous, mais peut-être un 5 sous à l'époque.
Starting point is 01:44:26 Ça, c'était pas, mettons, un 2 $ ou... Non. Tu trouvais que c'était pas... C'était presque la façon insultante. Tu te donnes un 5... Il a gardé sa dignité, ton père. J'ai pas besoin de ton 5 sous. Mais de l'autre côté, tu sais,
Starting point is 01:44:40 on avait tellement pas d'argent, Marie-Claude, mais la communauté, encore une fois, on fonctionne en clan, là. Quand quelqu'un achetait une maison, tout le monde mett tellement pas d'argent, Marie-Claude, mais la communauté, encore une fois, on fonctionne en clan, quand quelqu'un achetait une maison, tout le monde mettait de l'argent ensemble pour faire la mise de fonds et après, on retirait cet argent pour la prochaine personne. Et ils négociaient notre première maison à 38 000.
Starting point is 01:45:00 Imagine, 38 000, ils voulaient descendre à 36 000. Et le couple vendeur, le mari disait, ma femme vient de tomber enceinte. On a perdu, il a perdu son emploi. C'est pour ça qu'il doit vendre la maison. Et mon père n'a pas négocié. Il a accepté que ce soit 38 000 à 18 % de l'auto hypothécaire.
Starting point is 01:45:25 Donc, c'était très lourd pour nous. Alors que ma mère et moi, on faisait 2 piastres par jour. Tu sais, c'est sûr qu'on pense aujourd'hui, 2000, c'est quoi? Mais 2000, à l'époque, pour nous, à 2 $ par jour, c'est long avant que tu arrives à 2000. Et il a décidé que non, on ne négocie pas. Dans des moments difficiles,
Starting point is 01:45:46 dans un jeune couple qui commence, on est encore capable de travailler. Et qu'est-ce qu'il faisait? Il était livreur à gagner 25 cents de type de pourboire. Puis il ne négociait pas sur le 2000. Tu sais, quand je te disais que la valeur de l'argent, l'argent ne devait jamais avoir un contrôle sur nos décisions, c'était ça.
Starting point is 01:46:09 Pour lui, moralement, c'était pas possible. Et ça, je savais pas à l'époque comment apprécier mes parents. J'avais juste honte qu'ils soient livreurs. J'avais juste honte qu'ils soient... Quand. J'avais juste honte qu'il soit...
Starting point is 01:46:25 Quand on te demandait ce que faisaient tes parents, est-ce que tu le disais? Pas tout de suite. Tu vois? À l'époque. Et à l'époque, on ne me demandait pas. J'étais trop jeune. Tu sais, secondaire 1, 2. Je pouvais juste regarder au loin, là,
Starting point is 01:46:42 mes camarades de classe qui étaient classe qui portaient des polos Ralph Lauren, je m'en souviens encore de l'époque, alors que nous, on portait encore du linge que les gens nous donnaient. Mais les marques, je vais en profiter parce que moi,
Starting point is 01:47:00 j'ai appris rapidement à mes enfants, je suis loin d'être parfaite, mais ça, moi aussi, quand j'étais plus jeune, je n'avais pas nécessairement accès. Moi, j'ai appris rapidement à mes enfants. Je suis loin d'être parfaite, mais ça, moi aussi, quand j'étais plus jeune, je n'avais pas nécessairement accès. Moi, j'étais comme toi, Ralph Polo. C'était vraiment ça. C'est les preppys. Oui, exactement.
Starting point is 01:47:14 Je cherchais exactement les preppys où vraiment, je trouvais que c'était la première fois de ma vie que j'avais un contact avec une identification basée sur le nom de quelqu'un qu'on ne connait pas qui est sur un chandail. Ça, ça voulait dire quelque chose. Je me souviens à l'époque aussi, quelqu'un qui avait des broches. Puis ça voulait dire que ses parents avaient bien réussi.
Starting point is 01:47:35 Heureusement, on n'en est plus là. Mais je trouve que ça faisait vraiment une ligne, ça distinguait. Et moi, rapidement, mes enfants, quand il y en a qui ont voulu avoir des marques, j'étais non. La marque, c'est ton nom.
Starting point is 01:47:51 C'est pas ce que tu portes. Parce que ça fait ce que tu viens de dire. Ça fait une différence quand on peut pas l'avoir, cette marque-là, puis que les jeunes s'identifient à ça. Il y a quelque chose, moi, j'ai beaucoup aimé quand mes enfants, ils ont eu des uniformes ou des collections de vêtements
Starting point is 01:48:06 pour aller à l'école. Je me disais, au moins... Ça met tout le monde sur le même pied. Oui, exact, parce que ça fait mal ce que tu racontes. Même aujourd'hui, tu y repenses. Oui, mais je y repense dans le sens où j'étais trop jeune et trop fragile pour être sûre de moi
Starting point is 01:48:25 et dire je suis fière de mes parents d'avoir traversé ça. Mais heureusement ça n'a pas duré trop longtemps. Est-ce que tu amenais des enfants chez toi? Oui, oui, oui par exemple parce que c'est très drôle il travaillait dans un dépanneur un perrette
Starting point is 01:48:41 et ce perrette-là était à Westmount était vraiment sur le bord de Westmount. Et donc, on a loué un appartement près du Chemin de Fer. Mais c'était Westmount. Mais Chemin de Fer. Tu vois, c'était vraiment pour les bonnes, si tu veux, à l'époque. Et donc, on était là.
Starting point is 01:48:58 Et étrangement, mes frères allaient à une école publique, mais à Westmount. Et donc, il y avait des enfants de Westmount qui allaient là. Et ils voulaient tous venir chez nous. Puis dans la chambre de mes frères, ils étaient déjà trois, avec la laveuse dedans, avec les cordes à linge dans la chambre.
Starting point is 01:49:14 Puis ils voulaient dormir avec eux autres. Parce qu'ils étaient bien chez vous. Oui, puis ils se battaient pour pouvoir rester dans un petit appartement où on était sept, avec une toilette. Tu sais, comme c'était... Écoute, ça pouvait pas être plus... Comment dire? Démunis.
Starting point is 01:49:32 – Rudimentaire. – Oui. – T'avais l'essentiel, encore. Tantôt, tu parlais d'essence. – Il y avait que l'essentiel. – Ils se battaient pour dormir chez nous. Tu peux-tu croire? C'est pour ça que je te disais, mes parents ont été
Starting point is 01:49:45 extraordinaires parce qu'ils ont très rapidement nous donné cette sérénité d'être juste soi. Ce n'est pas l'environnement qui change, qui t'est. OK? C'est pas parce que t'as pas d'argent que t'es pas capable d'être digne. La dignité ne vient
Starting point is 01:50:01 pas avec l'argent. Et ça, en fait, il l'avait déjà montré dans le camp de réfugiés. Dans un camp de réfugiés, t'es tellement dans des situations extrêmes, extrêmes en... mon Dieu, pas seulement financiers, mais
Starting point is 01:50:17 un extrême dans tout, dans les sensations, dans les sentiments, dans les émotions et tout ça. Donc, on devient animal très vite. On oublie toutes les inhibitions sociales. Et on devient très féroce dans ces contextes-là. Oublie la moralité, oublie tout ça. Ça s'en va dans le poubelle.
Starting point is 01:50:41 Et mes parents nous ont gardés dans la ligne. Jamais. On se vend pour quoi que ce soit. Il n'y a personne qui peut t'acheter pour quoi que ce soit. Tes valeurs sont... doivent être toujours protégées. OK? Et donc,
Starting point is 01:50:58 je te parle de cette période de honte, mais c'est peut-être normal pour une ado de se sentir honteuse. Je pense que oui. Je pense qu'on a... En tout cas, nos parents, c'est pas-être normal pour une ado de se sentir honteuse. Je pense que oui. Je pense que nos parents, ce n'est pas nécessairement nos idoles non plus. Pas tout de suite, pendant cette période-là. Pendant cette période-là, c'est que ça revient,
Starting point is 01:51:14 mais il y a quand même un bout où on veut se dissocier, se distinguer, puis on veut ressembler à nos amis. Comme ça, on ne veut pas tant ressembler à notre famille, mais nos amis. Et toi, la ligne qu'il y avait à compléter, ça faisait ta distinction parce que tu n'avais rien à écrire sur cette ligne-là.
Starting point is 01:51:29 Oui. Et donc, ça ne durait pas si longtemps. Sauf que pendant tout mon secondaire, par contre, j'étais invisible à l'école. Complètement. Je n'étais même pas intimidée. On ne me voyait pas. À cause de ça. Et donc, c'est peut-être une période
Starting point is 01:51:46 qui m'a construite beaucoup ou qui m'a fait travailler, si tu veux, de dire, bien, je n'ai pas le choix de... Je n'ai pas accès au monde externe, au extérieur, donc je dois me construire un monde intérieur. Et ce monde intérieur-là, probablement, est la base de l'écriture. Tu vois, parce que j'étais à la table,
Starting point is 01:52:08 à la cafétéria, où personne nous voyait. On passait à côté, puis c'est comme si j'étais pas là. Alors que t'observais. Oui. Et encore aujourd'hui, tu sais, en dehors du Québec, je te dirais, je suis assez invisible, là. Tu sais, il y avait...
Starting point is 01:52:23 J'étais très étonnée, à un moment donné, j'étais en Suède puis quelqu'un m'a reconnue dans la rue je me suis dit, ben voyons donc mais bon, enfin et juste là, à Halifax j'étais complètement invisible, il y avait deux deux caissiers dans un café
Starting point is 01:52:40 puis ils servaient les autres et mon chum qui était à cinq pieds de la caisse il disaient les autres et mon chum, qui était à cinq pieds de la caisse, il disait bonjour à mon chum alors que je suis devant. Il me voyait pas. Et quelque part, j'aime beaucoup cette période-là d'être invisible.
Starting point is 01:52:56 C'est comme un pouvoir. Parce que pendant que t'es invisible, tu voyais la réaction de tout le monde, comment les gens interagissent. T'es pas dans l'action, t'es à l'extérieur. Puis est-ce que tu te souviens au moment où ça t'a plus dérangé que tes parents n'aient pas
Starting point is 01:53:12 la même vie que les autres parents? Ça a été très vite. Je te dirais, ça a duré peut-être une année au début. Mais ça t'a quand même marqué. Ah, mais c'est sûr, c'est sûr. Mais à l'époque, je savais pas que c'était normal. Tu sais, mon fils,
Starting point is 01:53:28 il n'a pas voulu que j'aille à son école, là, tu sais. Au secondaire. Parce qu'il ne voulait pas, parce que tu es une mère, parce qu'on te connaît, il ne voulait pas vivre ça, là. Non, parce qu'avant, tu sais, je suis invitée dans des classes de français, là, tu sais, parce qu'ils faisaient lire rue pas vivre ça. Non, parce qu'avant, je suis invitée dans des classes de français.
Starting point is 01:53:46 Parce qu'ils faisaient lire rue et tout ça. Dès qu'il a commencé, je ne suis plus allée. Je ne voulais pas non plus. Tu vois, il y a toutes sortes de raisons. On veut toujours se dissocier. Des parents. Des parents. Parce qu'en y allant, en étant une mère connue,
Starting point is 01:54:03 ça fait aussi que lui... Il n'a pas sa place. Après ça, il est associé à toi. Il perd une partie de son identité. Mais oui, il faut qu'il se construise, n'est-ce pas? Donc, j'étais d'accord avec lui qu'il ne fallait pas que j'y aille. Mais ça parle beaucoup, ce qu'on est en train de dire, par rapport à cette période-là
Starting point is 01:54:21 où on essaie de se connaître puis on ne veut pas d'interférences. Exactement. Moi, je mets tout ça sur le dos de l'immigration. Mais peut-être que tous les ados le vivent. Moi, je pense que oui. J'avais peut-être un double problème.
Starting point is 01:54:38 Pas le problème même. En plus, c'est sûr que quand tu arrives à un nouvel endroit, tu ne dois pas déjà avoir la même confiance. Il doit déjà avoir un doute d'installer. C'est sûr. Il y a quelque chose de... Tu ne ressembles à personne.
Starting point is 01:54:53 Il y a une plus grande vulnérabilité. À mon école, on était trois Asiatiques en tout. Déjà, tu as la différence qui est physique, donc on voit en premier. Si tu as un doute, c'est déjà beaucoup. Tu as envie que tout le reste soit pareil. Exact. Ton français est à peu près.
Starting point is 01:55:13 Tu sais, tu n'es pas bonne en sport parce que tu es petite. Tout est contre toi, d'une certaine manière. C'est fou, cette période-là. Quand même, on pourrait parler à n'importe qui qu' période-là, quand même. On pourrait faire, parler à n'importe qui qu'on arrête sur la rue.
Starting point is 01:55:30 Si on parle d'adolescence, on va arriver à quelque part. On va arriver à une zone plus vulnérable, une zone de fragilité, une zone où souvent on ne s'aimait pas non plus. On ne se connaissait pas. On est-tu des enfants? On est-tu des adultes? Moi, j'ai trois enfants,
Starting point is 01:55:45 puis celui du milieu, je vais toujours me souvenir des fois, quand il était avec sa plus grande soeur, quand il était ado, il devenait comme un jeune adulte. Puis quand il était avec sa plus petite soeur, il jouait à toutes sortes de jeux, il l'accompagnait. Je voyais comme les deux personnalités très distinctes en lui, mais en essayant de trouver son milieu dans tout ça.
Starting point is 01:56:03 C'est ça, c'est ça. Puis c'est compliqué, parce qu'il s'est trouvé son milieu dans tout ça. C'est ça, c'est ça. Puis c'est compliqué. Parce qu'elle s'est trouvée l'équilibre. C'est dur. Mais c'est ce qui nous construit. Absolument. On passe pas par là. Souvent, j'ai pas fait de crise
Starting point is 01:56:18 d'adolescence. J'avais pas le privilège de le faire. On était en instinct de survie. On se reconstruit. On reconstruit notre vie et tout ça. Donc, oublie les crises d'adolescence. Et donc, je me dis, si ce n'est pas maintenant que je le fais, ma crise,
Starting point is 01:56:35 tu as plus de moyens. Les crises sont plus grosses. Tu fais ta crise de la cinquantaine? Oui! Elle a l'air bien heureuse, cette crise. Tu m'en donnes seulement une dans les mots c'est les questions hypothétiques on en a parlé
Starting point is 01:56:49 mais je vais quand même te la poser tu meurs demain, est-ce que tu pars en paix? complètement parce que je ne suis pas supposée d'être ici le bateau il s'est défait 15 minutes après qu'on a débarqué du bateau et il s'est défait devant nos yeux, englouti dans la mer.
Starting point is 01:57:10 Devant tes yeux. C'était grand comment, ton bateau? 10 mètres de long, on était 218 personnes. En tout cas, on était nombreux, disons. Heureusement, les Vietnamiens, on est plus petits. Non, tu peux en mettre plus. Mais vous avez vu le bateau? Oui, parce qu'il y a une pluie qui est descendue
Starting point is 01:57:26 puis les vagues étaient un peu plus grosses. Une pluie normale, mais la mer était un petit peu plus mouvementée et les planches ont sauté. Toc, toc, toc. Parce que le bateau n'était pas fait pour être en haute mer, si tu veux. Et donc, on a eu la chance d'avoir améri avant que la pluie tombe. Mais t'es encore sur la plage,
Starting point is 01:57:50 tu viens de débarquer, ton linge est encore mouillé, et tu vois le bateau partir. Donc, tu sais que 15 minutes de plus, je serais pas ici avec toi. Donc, tout ce qui vient après, c'est un bonus.
Starting point is 01:58:06 Et comme je t'avais dit tout à l'heure, on avait déjà accepté la mort. Avec les pilules de cyanure. Oui. Donc, je suis... Je suis déjà après la mort, si tu veux. Je vis déjà ma deuxième vie. Donc, il y a pas de...
Starting point is 01:58:21 Je veux dire, c'est ça. Tout ça, c'est du bonus. C'est du temps en surplus que j'ai. Je ne suis pas supposée d'être là. Et donc, la paix, on l'a faite déjà dans le bateau. On a déjà accepté cette mort. Est-ce que c'est la base de cette liberté-là? Oui.
Starting point is 01:58:43 Oui, tout à fait. Et tu sais que tout est éphémère. Oui, on se le répète, quand on n'a pas eu la chance, et je dis chance ici, d'être très proche, d'être intimement lié à cette fin-là, on peut juste le faire de façon théorique,
Starting point is 01:59:02 de façon intellectuelle, mais pas dans les pores de ta peau, dans les guts, comme on dit, dans les tripes. Dans les tripes, tu vis ta faim. Ta faim est devant toi, là. Et donc, la liberté, je ne sais pas si c'est la liberté de l'éphémère ou pas, mais probablement que cet éphémère-là,
Starting point is 01:59:27 cette notion de l'éphémère, te donne la liberté, te donne l'humilité. Tu n'as pas à travailler pour l'avoir. Pour toi, par exemple, disons que tu n'as jamais vécu de situation très violente ou grave, je ne sais pas, je te dis ça comme ça. Si on n'a pas vécu ça, on doit travailler sur soi pour
Starting point is 01:59:48 se répéter que la vie peut s'arrêter n'importe quand. Moi, je le sais. Je n'ai pas à travailler, donc je l'ai facile. Tu l'as compris rapidement dans ta vie. En fait, tu l'as ressenti. Bien oui, puis c'est facile. À partir de là, tu n'as pas à travailler rien.
Starting point is 02:00:05 Tu sais, je te le dis, je l'as ressenti. Bien oui, puis c'est facile. À partir de là, tu n'as pas à travailler rien. Tu sais, je te le dis, je l'ai en bonus. Alors que tout le monde doit réfléchir, méditer, aller travailler. Toi, est-ce que tu médites? Bien non, je n'ai pas le temps. On pourrait penser que tu es tellement sage, mais comme tu dis, ça vient de là.
Starting point is 02:00:25 Ça vient de cette ligne mince entre la vie et la mort. Et tu es restée du côté de la vie. Puis aussi, je te dirais, on a déjà vécu dans un monde au milieu, ni avec les morts, ni avec les vivants. Dans un camp de réfugiés, tu n'es pas mort, mais tu n'es pas vivant non plus. Dans le sens
Starting point is 02:00:48 où vivant, t'as une identité, t'as un territoire, t'es rattaché à quelque part, à quelqu'un. Dans un camp, t'es pas rattaché à aucun territoire. C'est un nomad's land. C'est un coin près d'une forêt prêtée par un
Starting point is 02:01:04 pays près d'une forêt prêtée par un pays, près d'une forêt, n'importe où, mais un espace prêté au commissariat des réfugiés. Tu sais, c'est éphémère. Pas seulement que ce camp-là est éphémère pendant que tu es là. Non, à tout moment, un camion pourrait arriver et dire tout le monde dans le camion, on vous transfère ailleurs. Tu ne sais pas quand.
Starting point is 02:01:29 Tu sais juste qu'il y a un camion qui vient. On ne donne pas de préavis, rien, parce que tu n'as rien à ramasser de toute façon. Tu fais juste monter dans le camion. Donc, tu sais que même là où tu es, c'est éphémère, d'avance. Tu n'as pas d'identité. Parce que tu dois délaisser toute ton identité,
Starting point is 02:01:48 ta nationalité, tout ça, quand tu t'enfuis. Non, tu n'es plus vivant. Tu peux disparaître, puis il n'y a personne qui va savoir. Personne ne va chercher. Non. Mais tu n'es pas mort. Parce que tu respires encore.
Starting point is 02:02:03 Tu dois encore te nourrir. Tu dois encore être esclave de ton corps. OK? Qui est exigeant. Qui est exigeant. Parce qu'il cherche une place où faire ses besoins. Juste ça. C'est aussi niaiseux que ça. Tu dois encore te gratter parce que les insectes
Starting point is 02:02:17 te démangent, parce que t'as des poux dans les cheveux. Ton corps t'inflige plein de supplices. T'es même pas mort. T'es esclave de ton corps. C'est fou, là. Et donc, t'es comme entre les deux. Comme ça.
Starting point is 02:02:35 Pendant longtemps. Et quand t'es entre les deux pendant longtemps, bien, tu disparais. Tu disparais envers toi-même. Tu n'es plus là. Tu es un mécanisme de défense. Oui. Tu trouves comme un espace
Starting point is 02:02:52 où la douleur est moins ressentie, où on ne l'a pas vécue, comme tu dis. On court toute sa vie pour essayer de comprendre peut-être le sens de ce que toi, tu as vécu. On ne peut pas le ressentir. C'est ça. C'est pas dans les primes.
Starting point is 02:03:07 Fait que toi, c'est sûr qu'une fois que t'as connu ça, t'apprécies tout le reste. C'est ça. Aujourd'hui, quand je vais, je ressens juste un frisson, je suis contente. Je te jure. Je suis comme, mon Dieu, j'ai un frisson. Dernière question, Kim. Est-ce que la petite Kim serait fière
Starting point is 02:03:25 de la femme que tu es? – Fière ne fait pas partie du vocabulaire ni de mon chême de pensée. Je ne sais pas pourquoi on serait... Je ne comprends pas cette question-là. – Dans le sens que si la petite Kim, d'où elle est partie,
Starting point is 02:03:44 dans tout ce que tu viens de raconter, te regardait aujourd'hui, est-ce que cette petite Kim, d'où elle est partie, dans tout ce que tu viens de raconter, te regardait aujourd'hui, est-ce que cette petite Kim-là aurait pu croire que la grande Kim serait là où elle est? Non. Même moi, la grande Kim qui me regarde pour demain, je ne croirais pas. C'est fier dans ce sens-là.
Starting point is 02:04:03 Dans le sens de, on part de là, on se recrée une vie. Je ne veux pas refaire ton histoire, mais tu pars de loin pour te recréer et en plus, on te connaît, on te reconnaît. Ton œuvre est connue internationalement. Tu es une maman extraordinaire. Tout ce que tu as raconté,
Starting point is 02:04:20 je veux dire, on peut encore parler. On aurait pu refaire un autre jeu au complet. Mais est-ce que cette petite-là qui est arrivée ici avec des doutes, avec peut-être une incompréhension du fonctionnement, après ça, de voir qu'il y a des différences, fière dans ce sens-là, c'est-à-dire que j'ai tout parcouru ça
Starting point is 02:04:38 et j'ai... Je te dirais je suis soulagée. Pas fière. Soulagée. Pas fière. Soulagée. Soulagée de ne pas avoir gaspillé tout ce qu'on m'a offert. OK? On m'a offert la liberté ici.
Starting point is 02:04:56 On m'a offert l'éducation. On m'a offert l'affection pure, comme je dis, le premier moment. Cet amour pur. – Sans échange. – Sans échange, sans attendre. Et j'ai l'impression que j'ai appris, j'ai compris ce qu'ils m'ont donné.
Starting point is 02:05:14 Donc, je suis soulagée que j'ai compris, que je n'ai pas gaspillé. Alors, je dirais, le mot que j'utiliserais, ce serait que aujourd'hui, à 55 ans, je suis soulagée que je n'ai ce qui me rassure un peu c'est que je crois que je
Starting point is 02:05:50 je suis devenue un peu utile il y a des moments où on me rappelle que ah ce que je fais là est utile tu sais un livre c'est polluant c'est du papier c'est tout ça mais quand tu rencontres quelqu'un qui dit ah Kim grâce au livre,
Starting point is 02:06:06 j'ai vécu le deuil de ma mère plus facilement. Là, tu te dis, ah, OK, ça justifie un peu la pollution. Tu vois ce que je veux dire. Et là, j'ai pris un avion pour aller à Lisbonne, pour montrer le film, et qu'on vienne me témoigner
Starting point is 02:06:21 que, ah, je me souviens de cette femme d'origine syrienne qui m'a dit, grâce à vous aujourd'hui, je vais oser dire que le Portugal est mon pays. Je dis, OK, ça justifie un tout petit peu toute la pollution que j'ai faite avec l'avion. Est-ce que j'aurais pu faire ça sur Zoom? Peut-être.
Starting point is 02:06:47 Mais cette chaleur-là... Tu n'aurais pas eu cet échange-là. D'avoir ce câlin-là physique. Entre nous, probablement, ça a tout changé. Tu vois. Et ça a tout changé. Non, ça a changé son point de vue sur son pays adoptif.
Starting point is 02:07:04 Et je me dis, à chaque fois que je répète mon arrivée ici au Québec, mon but, c'est de nous rappeler à nous tous qu'on a été grands, qu'on a été capables de cette beauté-là, qu'on est capables de cet amour pur. C'est vrai que ce n'est pas tous les immigrants qui arrivent ici qui ont cette chance-là. Mais je nous rappelle qu'on est cap arrivent ici qui ont cette chance-là. Mais je nous rappelle qu'on est capable d'offrir cette chance-là. En tant qu'humain, on est capable d'être grandiose.
Starting point is 02:07:35 Et je suis là pour témoigner de l'impact de ce geste grandiose, qui semblait très simple à l'époque. C'est un câlin. Mais imagine, 45 ans plus tard, c'est un câlin. Mais imagine, 45 ans plus tard, c'est ce que je suis devenue, grâce à ce moment-là.
Starting point is 02:07:51 Une demi-seconde de temps. Mais il faut que ça vienne de ce cœur pur. Et on est ça. On est pur. Très souvent, c'est ce que je reproche à nous, les Québéès souvent, c'est ce que je reproche à nous, les Québécois,
Starting point is 02:08:08 c'est non. Moi, je m'exclus de ça parce que je me sens très fière et je me vante de qui nous sommes. C'est d'avoir cette pureté-là. Mais normalement, on nous dit toujours, on se dit, oh, on est simple. Non, on n'est pas
Starting point is 02:08:23 simple. On est pur. Et pur, c'est différent que simple. Non, on n'est pas simple. On est pur. Et pur, c'est différent que simple. Tellement, tellement, c'est vrai. Une eau pure, c'est difficile d'y atteindre. Une eau qui ne goûte pas le chlore, qui ne goûte pas ci, qui ne goûte pas ça, c'est très difficile. Une eau pure.
Starting point is 02:08:42 Je veux qu'on change de perspective. Qu'on se voit à quel point on est beau. Parce que si on ne se voit pas, on ne se protège pas. On ne protège pas cette beauté-là. On n'en crée pas. Donc, je veux, et peut-être que je suis devenue militante
Starting point is 02:09:00 en ce sens-là, de dire « Come on, on doit se reconnaître. On doit se voir grand. Parce qu'on est grand. Et on est capable d'être grand. Sinon, on le fait pas. » Donc, il faut le croire quand on se le dit. Oui. Et faire confiance
Starting point is 02:09:16 à mon regard. Oui. Tu vois, on est revenu beaucoup à ça, la confiance du regard de l'autre. Oui. Puis ça donne un sens à être ensemble aussi. Oui. Parce que c'est quand on est en contact avec l'autre qu'on grandit. On grandit tellement.
Starting point is 02:09:34 Avec mon chum, si j'ai une phrase à utiliser pour nous décrire, c'est « Avec toi, je suis moi ». Puis c'est ça. On est capable d'être ça les Québécois qui m'ont reçu avec eux je suis devenue moi ils m'ont dit
Starting point is 02:09:50 montre nous comment tu manges comment tu coupes ta carotte à la vietnamienne en coupant une petite fleur ils étaient bien impressionnés de ma petite fleur de carotte mais d'avoir cette curiosité là et moi de l'autre côté de vouloir aller n'importe où. Peu importe où ils nous emmenaient, on y allait.
Starting point is 02:10:10 Puis je l'ai souvent raconté, mais c'est vrai, c'est tellement drôle. Le camping. Ils nous ont emmenés au camping, les enfants. Et au retour du camping, mes parents nous ont demandé c'était quoi le camping. Puis là, c'est comme le camp de réfugiés. C'est comme dormir dans une tente. Pas d'eau, pas de feu, rien.
Starting point is 02:10:33 Pas de toilette. Là, mes parents ont dit, tu vois, on est arrivé dans le meilleur pays au monde. Ici, là, c'est tellement confortable que les gens cherchent des situations où ils peuvent s'infliger de l'inconfort. C'est-tu extraordinaire, quand même? On est fous de même.
Starting point is 02:10:50 On a l'eau qui sort du robinet. Non, non, non. On veut aller dans une place où il n'y a pas d'eau. Il faut qu'on apporte nos petites bouteilles. Non, on ne dort pas sur le matelas trop moelleux. Non, non. Dans un sac de couchage avec des petites roches dans le dos.
Starting point is 02:11:06 C'est quoi ça? Que c'est drôle ça. Tu vois? Que c'est drôle. C'est encore ta vision, tes deux visions. Oui. Qui te font dire ça. Oui.
Starting point is 02:11:18 C'est de l'observation. Oui. Puis en même temps, c'est tellement vrai. Oui. Puis là, tu apprécies ton pays encore plus. Tu te dis, oh mon Dieu, les gens sont tellement confortables. Donc, on sait qu'on est arrivé dans un lieu. Je ne sais pas si je crois au paradis,
Starting point is 02:11:36 mais pour moi, le paradis est ici. Écoute, ça va être le mot de la fin. Je trouve que le paradis est ici. Oui, le paradis est ici. Bien oui, le paradis est ici. On devrait en profiter. Merci, Kim Thuy. Merci. Merci.
Starting point is 02:11:50 C'est vraiment comme une classe de maître. Oh mon Dieu. Je l'ai reçu comme ça aujourd'hui en écoutant tes paroles. Puis je suis sûre que les gens qui nous regardent ou qui nous écoutent viennent de vivre un voyage avec toi. On dirait qu'on revisite aussi notre propre vie, mais tu as une perspective qui est différente. Tu nous amènes des angles,
Starting point is 02:12:12 des fois des points morts qu'on ne voit pas, des angles morts. C'est pour ça que je suis là. Sinon, ça ne sert à rien de m'avoir. Non, ça sert. Merci Kim Thuy, je te souhaite tout ce que tu veux. Moi, j'aurais aimé rester 5 heures
Starting point is 02:12:27 je vais te donner le jeu, tu pourras le faire avec ton amoureux si tu veux on en fait des affaires de même, on se questionne souvent, oui c'est important, la communication d'échanger, d'arrêter de juste ruminer, mais de nommer
Starting point is 02:12:44 ah non, le soir à 1h30 du matin, on se dit, OK, on va continuer la conversation demain, parce que là, il est rendu 1h30, il faut se coucher. – Wow, merci tout le monde. Merci d'avoir été là, puis encore merci Kim Thuys. – Merci, merci. – Cet épisode était présenté par Karine Jonca, la référence en matière de soins pour la peau au Québec.
Starting point is 02:13:11 Le jeu de table Ouvre ton jeu

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