Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #61 Philippe Lellouche | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: July 1, 2024Dans ce soixante-et-unième épisode d’Ouvre ton jeu, je reçois l’auteur, metteur en scène, acteur et animateur français Philippe Lellouche. J’apprends à le connaître en même temps que vou...s et il se livre avec générosité. Il me parle ainsi de son rapport particulier au Québec, des sacrifices qu’il a dû faire dans son métier, du lien spécial avec son père et de son propre rapport à la paternité. Il en profite pour parler également de son besoin d’être aimé, qui s’est calmé avec les années, et de son admiration pour sa mère. ━━━━━━━━━━━ 00:00:00 - Introduction 00:10:16 - Cartes vertes 00:28:55 - Cartes jaunes 00:50:31 - Cartes rouges 00:59:39 - Carte mauve ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Patreon, Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant partout au Québec et au https://www.randolph.ca/produit/ouvre-ton-jeu-fr/. Visitez mon site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d’avance. ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15.
Transcript
Discussion (0)
C'est important dans ta vie les femmes?
C'est pas important, ça a dirigé toute ma vie.
Ça a dirigé toute ma vie?
Non mais toute ma vie.
Alors si je suis tout à fait honnête avec toi,
moi j'ai fait acteur pour plaire aux filles.
J'en avais rien à foutre de Molière,
tu vois quand j'avais 16 ans.
Je voulais faire ça parce que j'avais compris que...
Je croyais avoir compris au cinéma
avec des copines un jour à l'école.
Je me souviens très bien de ça,
c'était un film qui s'appelait Paroles et Musique
de Chouraki
avec Christophe Lambert et Anconina
dans ce film. Et j'étais amoureux.
J'étais dans un lycée de filles. Ça aussi, c'était ma chance.
J'étais dans un lycée privé de filles
les premières années de la mixité.
C'est-à-dire qu'on était quatre garçons par classe.
Et les pensionnaires, filles, elles avaient une droite sortie le mercredi après-midi
pour aller au cinéma. Donc on les accompagnait, évidemment.
Et dans l'eau, il y avait une que j'aimais bien.
Et à la sortie du film, il y avait une dizaine de filles,
elles disent toutes, Richard Anconina, il est génial, il est beau.
Je dis, mais non, Richard Anconina, il n'est pas beau.
J'en parle tellement à l'aise que je lui ai raconté dix fois, Richard.
Je lui dis, il n'est pas beau, il a du charme, si tu veux,
mais il n'est pas beau.
Le beau gosse, c'est Christophe Lambert.
Elle me dit, oui, mais là, je l'ai vu en gros plan.
Et là, je me suis dit, bon, il me faut des gros plans.
C'est ça qui plaît aux filles, c'est quand tu passes en gros plan.
Ouvre ton jeu est présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau,
disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec.
Le jeu de table Ouvre ton jeu est disponible partout en magasin
et sur rendolf.ca.
Bonjour tout le monde.
Aujourd'hui, je vous présente quelqu'un que je ne connais pas très bien
et que je vais découvrir aussi à travers le podcast.
J'en ai profité parce que je trouve que sa vie est fascinante, intéressante.
C'est un réalisateur, un metteur en scène, un acteur, un animateur,
sûrement bien d'autres choses.
C'est un papa aussi.
Alors, il sera en tournée
au Québec à l'automne.
J'ai profité de sa présence à Montréal
pour le recevoir à Ouvre ton jeu.
Je vous présente Philippe Lelouch.
Bienvenue, Philippe.
Merci infiniment pour cette invitation.
Je te remercie beaucoup.
Ça me fait plaisir de te voir en personne.
Philippe, pourquoi Montréal? Parce que tu vas être en spectacle à Montréal et à Québec à l'automne.
Ce n'est pas la première fois que tu viens au Québec. Tu as déjà tourné au Québec parce que tu es acteur aussi.
Qu'est-ce qui fait que tu as envie de venir sur une scène montréalaise ou québécoise?
Alors, je suis obligé d'être honnête, parce que c'est
le principe de l'émission, j'ai bien compris. Absolument.
Il y a une raison qui est très sentimentale et qui
va certainement te paraître désuète,
mais j'avais une grand-mère bretonne
qui venait donc d'un autre siècle, qui avait connu
la guerre, etc., et qui parlait avec un accent
breton, et l'accent breton consistait à rouler
les ailes, comme ça, ce qui faisait qu'elle pouvait
être charriée,
et elle ne parlait pas un français correct,
et elle adorait, parce qu'elle retrouvait un peu ça chez les Québécois,
qu'elle connaissait très peu, mais elle en avait vu pendant le débarquement,
et surtout, elle était comprise par les Québécois.
Et son rêve, pourquoi? Je ne sais pas.
Elle rêvait d'aller au Québec.
Malheureusement, elle est morte avant que j'ai les moyens de l'emmener,
et à chaque fois que je viens là, vous voyez, ça m'émeut,
je pense à ma grand-mère que j'adorais.
Donc c'est une des raisons, elle m'a
transmis ce virus d'aimer le Québec
à travers ce qu'elle avait
idéalisé. Elle sentait une familiarité.
Oui, elle sentait ça, elle disait qu'il y avait des bretons
et à les îles Madeleine, elle s'appelait Madeleine.
Elle sentait que
ça devait être proche d'elle dans son cœurleine, elle s'appelait Madeleine elle sentait que ça devait être proche d'elle
dans son coeur, donc elle m'a transmis
ce truc là, et puis surtout
après d'un niveau purement artistique
d'abord moi j'aime les Québécois
pour tout un tas de raisons, mais je crois avoir
compris là, avec Nariman
Doumanjila qui est mon manager ici
en me promenant dans les rues un peu plus
en prenant mon temps
je crois avoir décelé quelque chose.
Il y a à la fois à Montréal comme à Québec,
la vieille Europe, la France qu'on connaît,
la France des provinces et la modernité américaine.
Et si vous voulez ça, je le retrouve chez les artistes
et dans le comportement des Québécois.
Le Québécois est à la fois très précis dans le langage, très très
précis, très imagé, très précis
et en même temps
spontané comme peuvent l'être les américains.
Et les artistes ont pris le meilleur des
deux côtés, c'est-à-dire qu'ils ont servi
les québécois de techniciens au cinéma
américain pendant des années, donc ils en ont
appris la substantifique moelle
et avec l'écriture de la vieille Europe.
Ce qui fait que le mélange des deux, c'est la quintessence
de ce qui se fait de mieux. Et donc moi j'arrive ici
sur la pointe des pieds en me disant, si j'arrive
à séduire ici où il y a une tradition des conteurs,
ici le stand-up, ça existe
depuis très longtemps en France, c'est très nouveau.
Autrefois les humoristes, ce qu'on appelle les humoristes
chez nous, c'était des mecs qui faisaient des sketchs.
Ils arrivaient, ils faisaient un sketch, un personnage,
le noir dans la salle, hop, ils arrivaient
avec un deuxième personnage.
Parler une heure et demie avec un micro à des gens,
ça, c'est pas nouveau au Québec,
ça l'est beaucoup plus en France, ça a à peine une dizaine d'années.
Et donc, quand j'ai commencé cet exercice-là,
je me suis dit, alors si ça passe au Québec, ça passera partout.
Moi, je suis allée l'année passée voir Michel Drucker,
qui faisait ce genre de spectacle sur sa vie en France, dans une petite salle.
Donc là, maintenant, vous allez venir le faire
au Québec. Je vais le dire dessus.
C'est ça que je suis en train de dire. On va le dire dessus.
Le spectacle porte un nom
anglais. C'est sûr qu'il y a d'autres personnes
qui l'ont soulevé.
Stand Alone. C'est bien ça?
Oui, exactement.
Pour nous, ici, c'est surprenant.
Parce qu'on n'est pas comme en France,
c'est-à-dire que la langue ici,
elle est menacée. Qu'est-ce
que vous répondez à ces...
Non, non, mais ça, c'est le rêve américain d'un gamin.
C'est-à-dire que je suis parti du principe que tout le monde
s'en fout complètement du titre des One Man Show.
On ne dit jamais, tiens, j'ai été voir
tel titre de Franck Dubosc. Je ne me souviens
même pas, moi. C'est l'artiste qu'on va voir.
Exactement. Donc je me suis dit,
puisque le titre, tout le monde s'en fout, je vais faire comme si
j'allais jouer à Las Vegas. Ça fait
trop classe d'avoir un nom genre, hey, stand-alone.
Voilà, mais je sais que, voilà,
c'est...
c'est...
J'y ai pas prêté plus d'intention que ça
et j'aime bien l'expression américaine qui veut dire
ça se tient tout seul, en fait. Absolument. Voilà, donc
j'ai... Voilà, c'était une façon de souligner que j'allais être tout seul
que j'allais être en stand-up
et en même temps de me dire c'est pas très important
mais je suis assez fan de ce comportement là
moi non plus je suis pas pour les anglicismes à tous les étages
et c'est sans filet à quelque part
oui complètement
c'est une première
et Jean-Michel Antille
qu'on connait bien
t'a aidé à travers tout ça.
Oui. Alors ça, c'est un coup de peau
parce que
je connaissais moi le travail de Jean-Michel Anctil
vu de Paris.
Et ça encore, c'est une idée
de Nariman. Elle m'a dit
aimerais-tu ça le rencontrer et voir s'il
voudrait collaborer à adapter ton spectacle.
Et je lui ai dit, si
il voulait bien, moi je serais vraiment super fier.
Et il a vu, par chance il a ri, donc c'est déjà pas mal. Et là on s'est rencontrés et on est
tombés dans les bras l'un de l'autre. C'est-à-dire que d'abord on est de la même génération,
et puis on rit des mêmes trucs, et on a les mêmes névroses je crois. On a même une petite fille,
tous les deux, qui a le même prénom. Donc on s'est trouvé un terreau commun, et en partant
de chez vous, là je vais dîner chez lui, voilà c'est devenu un copain vitesse grand v parce que parce que d'abord il a eu voilà on se comprend et là c'est lui qui
met dans l'adaptation d'un spectacle c'est quoi c'est il ya des mots français qui sont pas compris
ici au québec pour et l'inverse donc là il les traque il les a traqué dans le spectacle dans ça
tu le diras pas je peux pas comprendre à le remplacer par ça et puis à des passages du
spectacle qui sont très franco-français.
Par exemple, à un moment, je peux rester
dix minutes sur Anne Hidalgo, la maire de Paris, ça va
fasciner personne ici. Donc, il m'a dit,
plutôt que de parler de ça, on va le supprimer, puis on va
tirer plutôt ce sujet-là, qui là,
est très québécois aussi. Donc, voilà,
c'est en ce sens-là qu'il me file un coup de main.
Mais c'est excitant, dans une vie,
d'arriver ailleurs,
de séduire un nouveau public.
Bravo!
C'est excitant, oui, mais c'est
une vie sans risque.
Il n'y a que ça d'intéressant.
Je pense vraiment, avec l'âge aidant,
je pense qu'il n'y a que ça d'intéressant
dans la vie, c'est le risque.
Le reste, c'est plate, comme vous dites.
C'était quoi le plus grand risque que tu as pris?
L'amour.
Ton risque, l'amour pris? L'amour. T'en risques, l'amour?
Oui, bien sûr.
Bien sûr, parce que
je pense que
je pense qu'il n'y a pas de bonne issue à l'amour.
Voilà.
Je pense que c'est
je pense que c'est merveilleux
parce qu'on se sent vivant,
on a le cœur qui bat,
parce que
parce qu'à ce moment-là, on est, voilà,
c'est les vacances de la vie.
Tout se passe bien. Vous avez vu, quand on est amoureux, c'est les vacances de la vie. Tout se passe bien.
Vous avez vu, quand on est amoureux, tout le monde vous sourit dans la rue.
Il y a comme si on envoyait une énergie complètement folle.
Mais on sait que ce sentiment-là, il ne peut pas durer.
Alors, il va y avoir une fin qui est plus ou moins longue.
Enfin, qui est, en règle générale, assez courte.
Et donc, après, on va forcément à la déception.
Ou alors, à l'arrêt.
Parce que c'est une souffrance.
Parce que le vrai, celui dont on parle, toi et moi,
celui où l'autre te manque,
c'est une souffrance dès qu'il n'est pas là,
et donc ça, ça conduit forcément
à quelque chose de...
Ouais, c'est risqué.
Ça fragilise. Ça fragilise, ouais,
terriblement. Donc, voilà,
peut-être que ce que je n'aime pas,
philosophiquement, c'est-à-dire
cette espèce de...
ce qu'on appelle la complicité, tout ça,
ce qui... voilà, la sagesse,
c'est probablement plus raisonnable.
Est-ce que tu es prêt à ouvrir ton jus?
Complètement.
Alors, j'explique comment ça fonctionne.
Il y a les cartes vertes,
qui sont des cartes, je dirais, générales,
des questions qui sont générales.
On ne va pas répondre à toutes ces questions-là. Je vais t'expliquer.
C'est des questions plus générales.
Les questions jaunes commencent à être personnalisées.
Les questions rouges, c'est vraiment
des questions
qui sont dédiées,
qui vont avec ton cheminement.
Les questions mauves
sont des questions hypothétiques
où on parle beaucoup de la mort.
Et ça, c'est la protection.
C'est un joker. Parce que je pose
des questions, il y a des sous-questions.
C'est rare,
mais ça peut arriver de dire
OK, là, ça va être correct.
Et quand on met le joker, j'arrête
et je passe à une autre question.
Donc, je vais te demander de brasser les cartes
vertes
et de m'en donner quatre, s'il te plaît.
Et de ces quatre-là, je vais te les lire.
Un, deux, trois et quatre.
Et je vais te lire les quatre cartes.
Tu vas en choisir une et après, je vais en choisir une.
Donc, il y en a deux qu'on ne répondra pas.
D'accord.
Alors, quelle personne a fait une différence dans ta vie?
Comment réagis-tu à l'autorité?
Quelle importance accordes-tu au regard des autres?
À quel endroit te sens-tu en pleine possession de tes moyens?
Ah, les quatre sont formidables.
Alors, moi, je vais prendre la première.
Quelle personne a fait une différence dans ta vie?
Mon père.
Ça a été un rapport extrêmement complexe.
J'en parle sur scène, d'ailleurs.
Et j'ai l'impression que ça parle beaucoup aux gens.
Il y a une phrase que j'aime beaucoup,
qui est de Paul Valéry, qui dit
« Les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent
et se ressemblent par ce qu'ils cachent. »
Et il me semble très intéressant,
quand on monte sur scène,
et fortiori pour faire rire de montrer
ce qu'on cache et quand on monte ce qu'on cache on se rend compte que ça fait écho à plein plein
de gens dans la salle et moi quand je parle du rapport que j'ai eu avec mon père je vois bien
que les gens sont bouleversés parce que parce qu'il ya ce qu'on appelle l'effet miroir et mon
père pendant très longtemps j'ai pensé qu'ils s'en foutaient on n'était pas important pour lui parce
qu'il travaillait c'était ça les hommes de cette époque. L'éducation des enfants était confiée à la mère et les parents, les
pères, ils allaient travailler quoi. Ils devaient faire tourner la baraque comme on dit. Et moi je
vivais ça un peu comme un abandon. Je pensais qu'ils ne nous aimaient pas ou peu.
Vous étiez combien d'enfants dans la maison?
Deux. Il y a mon petit frère Gilles et moi.
Donc tu étais l'aîné?
Je suis l'aîné, ouais. Et puis il m'a fallu des années, mais presque à l'âge adulte,
autour de 20 ans pour rencontrer vraiment mon père.
Je pense qu'il attendait ça.
Donc il a été bouleversant,
parce que je crois que,
pour lui prouver à lui que j'existais,
j'ai franchi tout un tas d'étapes,
peut-être un peu courageuses, pour essayer de lui montrer que j'ai franchi tout un tas d'étapes peut-être un peu courageuses
pour essayer de lui montrer que j'étais là
et je me demande si je cherche pas encore
à l'être, mais après on s'est
on s'est trouvé, après on a eu des grandes conversations
Et comment vous vous êtes trouvé?
Je crois qu'à l'âge, il a eu un souci
un souci d'affaires
quand j'avais
19-20 ans et là je sais pas, il y a un truc qui s'est passé dans sa tête
et il a commencé à se dire
peut-être que l'important est pas la carrière
mais ma famille
parce que ça au demeurant je doute pas qu'il a toujours été amoureux
de ma mère, et là on s'est mis à se parler
mais c'est venu en même temps avec un truc
fou parce qu'il m'a dit tu fumes
alors que je fumais évidemment depuis que j'avais 15 ans mais je le cachais
mon père était pied noir d'Algérie
il fallait pas montrer, c'était un manque
de respect total, donc je me cachais pour fumer
et je dis ouais je fume, dis tu veux allumer une cigarette
et je me souviens que j'étais terrorisé
j'allumais une cigarette, je me disais
oh là là j'avais même pu fumer, parce qu'il y avait mon père qui me regardait
et ce soir là
ça a été vraiment un déclic, on a commencé à se parler
et c'est bien se parler
mais il m'impressionnait beaucoup
il était à la fois très autoritaire
et en même temps, jamais là où je l'attendais
mon frère il n'y a pas très longtemps a répondu
à une interview, il a dit
on a passé notre jeunesse, mon frère et moi
à regarder mon père comme un héros de cinéma
c'est peut-être pour ça qu'on est devenu acteur
et je crois qu'il a raison, je crois qu'il y avait quelque chose
c'est la seule personne au monde
qui m'impressionne encore
il m'est arrivé de rencontrer des grands m'impressionne encore. Voilà, je...
Mais t'arrivais de rencontrer des grands et des illustres, bien sûr,
j'étais, avec toute l'humilité
requise, j'étais très impressionné, etc.
Mais pas comme m'impressionnait mon père.
Voilà, donc c'est...
Je crois qu'on cherche encore à lui prouver...
Je me demande si parfois je cherche pas encore à lui prouver
des choses. — Il est décédé. — Oui, il y a 15 ans.
Mais je...
Voilà, il est omniprésent dans ma vie.
Je pouvais passer des journées,
quand il était là, à ne pas l'appeler.
Et aujourd'hui, j'y pense tous les jours.
Avant cette rencontre-là, dans la vingtaine,
à quoi tu t'attendais de lui?
Qu'est-ce qu'il aurait dû faire
pour être à la hauteur de tes attentes?
Mais je ne sais pas, vraiment.
Je pense que de temps en temps,
c'est bien mon fils,
je suis fier de toi.
C'est venu après.
Mais pas dans la prime jeunesse.
Je me suis construit,
à l'adolescent, j'étais carrément contre.
Je crois que c'est nécessaire, d'ailleurs.
Je le trouvais abruti. Je ne lest nécessaire d'ailleurs je le trouvais bruti
je l'aimais pas
il y a eu tout un phase
et puis après la compréhension
et après tout ça, on passe par plusieurs étapes
moi je me demande, alors je sais pas si c'est lui qui avait raison
ou s'il avait tort, moi qui suis papa aujourd'hui
lui il disait pas je t'aime, il nous prenait pas dans ses bras
c'était quelque chose qu'il fallait deviner
on l'a deviné plein de fois dans ses yeux
j'ai aucun doute sur le fait qu'il nous aimait.
Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'était pas démonstratif.
Et moi, je le suis peut-être
trop à l'inverse.
Oui, des fois, j'ai l'impression de me faire marcher dessus
par mes gosses, tout ça. Et je me dis,
waouh, ils osent des trucs que moi, j'aurais jamais fait avec mon père.
Donc, je pense qu'on n'est jamais...
Et malgré ça,
j'arrive avec mes fils, qui ont grandi aujourd'hui,
à avoir des reproches.
Donc, je me dis, bon, je crois que c'est la fameuse phrase de Françoise Dolto,
« Comme on va faire mal, faisons le moins de mal possible. »
Voilà. Mais on fera toujours mal.
En fait, je crois, vraiment.
En fait, il faut être le meilleur parent.
Oui, c'est ça.
Avec ce qu'on a.
Avec ce qu'on est.
Avec ce qu'on est, exactement.
Et comment ça t'a changé le décès de ton père?
Est-ce qu'il y a quelque chose qui est arrivé? Est-ce qu'on se sent, il y a une expression là, qu'on devient un homme?
Oui, c'est ça, c'est ce que j'allais vous répondre. C'est ce que j'allais te répondre. Oui, je suis devenu un homme ce jour-là, c'est-à-dire très tard.
Oui, parce que...
Donc, c'est comme dans la quarantaine.
Oui, c'est ça. Oui, oui, tout d'un coup, on passe premier de cordée, quoiée C'est-à-dire que c'est illusoire
Mais tant qu'on a ses parents vivants
On a une marche arrière
Qui est une marche arrière symbolique
Mais on se dit, voilà, il arrive un truc, je vais chez mon père
Il va me protéger, même si ça sert à rien
Il va pas régler tes problèmes bancaires, tes problèmes de coeur
Mais on sent qu'on a une marche arrière
Le jour où il est plus là, il n'y a plus de marche arrière
Et là tu te dis, en fait la famille
Là c'est moi maintenant, le premier de cordée
Alors ça change tout C', le premier de cordée. Alors, ça change tout.
C'est le premier de cordée, et souvent, ça nous rappelle
qu'on est les prochains à partir.
Oui, évidemment. Moi, ça me terrorise, évidemment.
Moi, je suis terrorisé par la mort, donc j'ai aucune
sagesse avec ça. Aucune, aucune, aucune.
Je suis terrorisé par ça.
Qu'est-ce que ça change au quotidien d'être terrorisé par la mort?
D'abord, ça fait de moi un hypochondriaque compulsif.
C'est-à-dire que j'ai un bouton, moi j'ai le cancer de la peau.
On en est vraiment un débile mental avec ça.
J'ai peur de rien sauf de ça.
C'est-à-dire de ce que je ne maîtrise pas.
J'ai l'impression, moi je suis très free de contrôle.
Par exemple, je n'ai jamais touché à la drogue ou à l'alcool.
Je n'ai jamais été ivre dans ma vie, moi.
Jamais. Parce que je déteste
perdre le contrôle. Donc c'est un truc
qui est dévrotique, certainement. Et donc,
ce qui ne rentre pas dans le cadre de ce que supposément
je peux contrôler, alors
et en l'occurrence, la maladie,
c'est ça. On n'a pas de prise. Voilà.
Donc ça me terrorise.
Donc c'est ma
faiblesse. Est-ce que tu as le numéro d'un médecin?
Bien évidemment. Que j'appelle une fois
tous les 15 jours. Et ça le fait rire.
Et comme il a compris ma maladie,
parce qu'en est une, chaque fois il me dit, à quoi tu penses? Parce qu'il sait bien que je pense le p Et comme il a compris ma maladie, c'en est une,
chaque fois, il me dit, à quoi tu penses?
Parce qu'il sait bien que je pense le pire.
Ben, si j'ai ça, c'est que j'ai peut-être ça.
Non, c'est pas ça du tout. Alors, dors tranquille, c'est rien du tout.
Et ça me rassure. Comme je lui fais confiance, ça me rassure.
Mais avant de connaître ce type-là,
j'étais capable d'aller voir trois médecins
pour que les trois me disent que j'ai rien.
Parce que je me disais, si les deux premiers sont incompétents.
Non, moi, ça va loin. Je te jure.
Mais ça veut dire que ça prend beaucoup de place
dans la tête. – Comme ça, il y a Michel
Drucker et moi. Avec Michel, on a des docteurs.
C'est Michel qui me l'a présenté, ce docteur-là.
Il s'appelle Marcel Ichoux.
Parce que... – Mais il ne traite pas
la maladie. Il traite l'anxiété. – Mais bien sûr.
Parce qu'il n'y a pas de maladie.
Tu connais l'histoire de l'hypocondriaque qui est mort
et sur sa tombe, il y a écrit, je vous l'avais bien dit.
Tu vois? tout est là.
C'est-à-dire qu'il y a évidemment,
c'est une peur panique.
Parce que la vie est une maladie mortelle.
Ben oui, mais elle est géniale. C'est la maladie que je préfère
au monde parce que j'adore la vie.
Mais le fait d'être hypochondriaque,
est-ce que ça rend encore la vie plus précieuse?
Moi, je crois, oui.
Je crois. Il y a un truc que ne connaissent pas
les gens normaux et que connaissent les hypochondriacs,
c'est que
quand le médecin te dit t'as rien,
mais c'est une renaissance.
C'est-à-dire que, par exemple, moi il m'est arrivé pour un bouton,
de me dire il n'est pas normal ce bouton,
et comme tout le monde sait que t'es hypochondriac,
tu vis une espèce de solitude atroce.
Parce que personne ne te croit.
Tu dis bon, je ne vais pas le dire,
et donc tu vis avec cette anxiété-là, et toi tu vois le pire,
t'es en obsèque déjà, tu t'imagines ton enterrement, tu dis c'est quand, bon, je ne vais pas le dire. Et donc, tu vis avec cette anxiété-là. Et toi, tu vois le pire. Tu es en obsèque déjà.
Tu t'imagines ton enterrement.
Tu dis, c'est quand même con.
Il me restait tout ça.
Donc, quand le médecin t'annonce que tu n'as rien,
mais écoute-moi,
tu es vivant.
Donc, tu renais à chaque fois.
Donc, ça, en ce sens-là, c'est pas mal.
Tu apprécies vraiment la saveur de la vie.
Moi, ma mère était hypochondriaque.
Puis, toute sa vie, elle a eu plein de cancers. Tu apprécies vraiment la saveur de la vie. Moi, ma mère était hypochondriaque.
Toute sa vie, elle a eu plein de cancers.
Et quand elle a eu le cancer,
moi, je pensais que ça allait taire l'hypochondrie.
Parce que tu sais, à quelque part, quand tu ne l'es pas,
tu te dis, bien là, c'est quasiment comme si elle l'a souhaité. Tu te dis, elle a tellement pensé ça.
Et non, ça n'arrête pas.
Je me disais, tu ne peux pas avoir plus
le cancer, pancréas, métastatique,
et non. Il y avait encore
d'autres choses, et l'anxiété
n'arrête jamais, parce qu'au contraire,
la peur de mourir devient
encore plus aiguë
à ce moment-là. Donc, il faut profiter de la vie. Et là, la santé,
elle est comment? – Elle est bonne, Dieu merci.
Non, non, elle est très, très bonne. – Là, c'est confirmé,
il n'y a pas longtemps et puis à côté de ça
comme on est des êtres tout à fait
paradoxaux
mon père est mort dans mes bras
du cancer du poumon et j'ai continué de fumer
pendant des années, donc tu vois il y a quelque chose
de complètement délirant là-dedans
c'est pas rationnel, bon alors il se trouve que le fait
d'avoir arrêté de fumer
bizarrement moi, enfin je fume, je vapote
mais je fume plus les cigarettes, ça m'a
calmé quand même. Je pense qu'intérieurement
tu sais tu as t'allumé une cigarette mais en coupable
je fais de la merde, je fais de la merde, je fume, faudrait pas
donc le fait d'avoir arrêté je pense ça m'a un peu
calmé l'hypochondrie mais enfin... Et qu'est-ce qui a fait
que t'as arrêté de fumer?
Florent Pagny
Ouais, on était avec Pascal
au Bispo, il venait d'avoir Florent au téléphone
qui lui a dit cette phrase incroyable.
Il dit, fais gaffe,
quand ça t'attrape,
ça te lâche plus.
Et Pascal Obispo et moi,
on s'est regardés,
on s'est dit, viens, on arrête.
On touche plus jamais une cigarette.
Parce que Florent a eu le cancer.
Parce que Florent a eu le cancer.
Et là, on s'est tapés dans la main
et on n'a plus,
et Pascal et moi,
plus fumé une cigarette depuis.
Et puis, je ne refumerai plus.
Ça y est, c'est fait.
Mais t'arrivais d'avoir l'envie du geste,
etc. C'est terminé. Je suis passé à autre chose.
À la vapote, bon, ça devient
une tétine. C'est pas plus beau,
tu vois. C'est même un peu moins viril.
Mais au moins, tu dis c'est mieux.
Voilà.
Je vais choisir une question.
Ben, moi,
tantôt, je disais
acteur, metteur en scène,
réalisateur, animateur,
je voyais chanteur aussi,
je vais poser la question là,
à quel endroit te sens-tu en pleine
possession de tes moyens?
Écoute, ça va te paraître étrange,
mais en ce moment, en étant seul sur scène,
il y a une liberté
que je m'accorde
et qui est accordée,
de fait, qui fait que
j'ai quelques copains, d'ailleurs, qui m'ont dit
là, t'es vraiment dans ton élément.
Parce que l'écriture est
une habitude
chez moi, j'ai besoin d'écrire régulièrement,
donc j'ai toujours écrit des comédies, évidemment, mais
souvent, il fallait que je nourrisse une arche
de quoi faire bouger,
parler à plusieurs personnages, etc.
Dans des pièces de théâtre.
Et là, tout à coup,
j'apprends pas. C'est-à-dire que je suis arrivé
en rodage avec des textes
à essayer, puis petit à petit, j'ai affiné mon discours,
etc. Puis de temps en temps, le soir, en fonction
des réactions, on se dit, tiens, je vais aller là.
Et puis ça marche, alors on le garde.
Donc il y a une liberté absolue
et puis surtout il y a un rapport
incroyable, en fait
je pense que c'est
à peu près ce que connaissent les chanteurs
ce rapport avec le public qui est fou
là ils viennent pour vous, c'est très égotique
comme métier, ils viennent vous voir
ils ont payé pour venir vous voir
et ils te disent vas-y fais-moi marrer ce soir
mais pas vas-y fais-moi marrer on va voir
non, il y a un truc
de copains qui viennent te voir en disant on va se marrer
donc il y a quelque chose de
très rassurant là-dedans
et en même temps, évidemment c'est très paniquant
parce qu'il faut y aller
mais voilà, je crois que c'est là
je crois que c'est là où je suis le plus heureux
après, je te dis pas, et ça je l'ai pas encore
expérimenté, que de chanter
avec un orchestre derrière comme Sinatra le faisait
ou comme les crooners le faisaient, ça doit être un truc
aussi dingo.
Je suis quand même assez à l'aise devant
les... Je suis assez à l'aise sur scène.
Voilà, la scène est un truc qui me...
qui me tient, quoi.
Parce que c'est la liberté, la scène, il n'y a plus
d'hypocondrie non plus sur la scène? Non, il n'y a plus rien.
Du tout. Plus rien du tout. Tout peut se passer. Alors là, c'est même fou la scène il n'y a plus d'hypocondrie non plus sur la scène non plus rien du tout
alors là c'est même fou
un jour je m'étais comme un crétin
j'avais joué au rugby sur la plage avec mes fils
la veille de jouer au festival de Ramatuel
et je me suis pété trois doigts de pied
mais alors vraiment la veille, j'avais le pied qui avait enflé
enfin c'était épouvantable, j'avais dit à Michel Bougenat
qui dirige ce festival, j'avais dit préviens les gens
que je vais boiter
il était sûr oui,
j'ai le pied en compote, j'avais mis de la glace toute la journée. Donc il prévient,
je n'ai pas boité de tout le spectacle, pas même eu la moindre douleur et au moment des saluts,
le pied a triplé de volume et là je marchais plus. Il y a quelque chose sur scène qui est quand même
assez incroyable, ça c'est sûr, il y a un truc qui te porte. Mais moi je l'avais vu ça, j'avais vu
Serge Régiani monter sur scène dans ses derniers concerts, il n'arriv qui te porte. Mais moi je l'avais vu, j'avais vu Serge Giani monter sur scène dans ses
derniers concerts, il n'arrivait même plus
à marcher, puis tout à coup il arrivait sur scène
léger comme une pâquerette. Il y a quelque chose
qui t'emmène, il y a une énergie quand même.
Ça c'est indéniable.
Mais oui, c'est l'endroit
où on est bien à la scène.
Au prix de nombreux sacrifices. Il faut sacrifier
beaucoup de choses quand même. Comme ses
enfants. Comme ses enfants.
Comme sa vie de couple.
Comme c'est un métier compliqué.
Quand on doit réussir,
quand il faut qu'on réussisse, on n'est pas à la maison souvent. Et donc, j'ai des
enfants, ça fait partie des reproches qu'ils m'ont fait,
dont on parle régulièrement. Qu'on a un peu
grandi sans papa.
Ils ont quel âge, présentement? Alors, le plus vieux a 29 ans.
La plus jeune a 5 ans.
Donc, elle, elle n'a pas connu ça, donc
papa plus vieux, papa heureux, parce que c'est vrai que c'est
la seule que j'ai vu grandir complètement.
Parce qu'en plus, il y a eu le Covid entre-temps, etc.
Mais parce que ta carrière est un peu
plus faite, t'es un peu plus...
Mais tu peux pas refuser du boulot quand
t'es jeune, un jeune papa, il faut nourrir sa
famille, il faut y aller. Alors, ils commencent
à le comprendre, parce qu'en plus, eux-mêmes,
ils épousent un métier artistique,
mais il y a quand même un truc, c'est qu'on a
sacrifié ça. Voilà.
Alors, est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est pas bien? Est-ce que ça donne
le bon exemple aux enfants? Parce que moi, le père qui est tout le temps
à domicile, ça m'énerve aussi, tu vois, tu te dis,
bon, bah oui, mais bon, comment ton fils
va comprendre le goût de l'effort s'il te voit rien foutre
toute la journée? Tu vois, je sais même pas quelle est la bonne
formule, mais, il se trouve
qu'à un moment, quand tu penses deux minutes que tu verras plus jamais ton fils petit, bon, bah ça fait du mal, voilà. Tu vois, je sais même pas quelle est la bonne formule, mais il se trouve qu'à un moment, quand tu penses deux minutes
que tu verras plus jamais ton fils petit,
bon, ben ça fait du mal, voilà.
Alors ça, je suis passé à côté.
Et je suis passé à côté, et puis les femmes.
C'est-à-dire quand tu vis en couple,
tout d'un coup... C'est important dans ta vie, les femmes.
C'est pas important, ça a dirigé toute ma vie.
Ça a dirigé toute ma vie.
Alors si je suis tout à fait honnête avec toi, moi,
j'ai fait acteur pour plaire aux filles.
J'en avais rien à foutre de me lire,
tu vois, quand j'avais 16 ans.
Je voulais faire ça parce que j'avais compris
que je croyais avoir compris
au cinéma avec des copines un jour,
à l'école. Je me souviens très bien
de ça. C'était un film qui s'appelait
Paroles et Musique,
de Chouraki, avec Christophe Lambert
et Anconina dans ce film.
Et j'étais amoureux, j'étais dans un lycée
de filles, ça aussi c'était ma chance. J'étais
dans un lycée privé de filles, les premières années
de la mixité, ce qui veut dire qu'on était 4 garçons par classe.
Et les pensionnaires, filles, elles avaient
une droite sortie le mercredi après-midi pour aller au cinéma.
Donc on les accompagnait évidemment. Et dans l'eau, il y avait
une que je aimais bien. Et à la sortie du
film, il y avait une dizaine de filles, elles disent
toutes, Richard Anconina, il est génial,
il est beau et tout. Je dis, mais non, Richard Anconina, il est génial, il est beau.
Je dis, mais non, Richard Anconina, il n'est pas beau.
J'en parle tellement à l'aise que je lui ai raconté dix fois, Richard.
Je lui dis, il n'est pas beau, il a du charme si tu veux, mais il n'est pas beau.
Le beau gosse, c'est Christophe Lambert.
Elle me dit, oui, mais là, je l'ai vu en gros plan.
Et là, je me suis dit, bon, OK, il me faut des gros plans.
C'est ça qui plaît aux filles, c'est quand tu passes en gros plan.
Et vraiment, je ne peux pas te dire autre chose que c'était ça le vrai moteur de mon envie d'acteur. C'était pour plaît aux filles, c'est quand tu passes en gros plan et vraiment, je peux pas te dire autre chose que c'était ça le vrai moteur
de mon envie d'acteur
c'était pour plaire aux filles, c'était pas autre chose
parce que tu te sentais vivant?
parce que
j'étais pas le beau gosse du lycée moi
quand j'étais petit, quand j'avais 12-13 ans
là je vous sais, ça commençait à te chatouiller les filles avant
tu penses qu'à jouer au foot et à te bagarrer avec tes copains
quand les filles arrivent dans ta vie
tu sens le manteau de l'enfance qui glisse.
Est-ce que tu voyais comme d'autres copains
qui avaient une attraction?
Oui, et puis je les trouvais bêtes.
Il y en avait un, je me souviens,
je ne vais pas citer son nom,
mais il était bête comme ses pieds,
mais il était beau.
Et toutes les filles étaient derrière lui.
Je me disais, ça ne peut pas.
Alors, j'avais fait cette espèce d'analyse,
tu vas voir, en me disant,
oui, à jour, elles vont passer à autre chose, les filles.
Elles vont se rendre compte, elles vont chercher autre chose.
Alors, c'est pendant ce temps-là
que tu développes
tes armes, qui sont
probablement l'humour,
des choses comme ça, tu vois.
En me disant, le jour où elles vont passer à autre chose, il faudra que je sois sur ce chemin-là.
Et je me suis dit, acteur, ça va
accélérer ce truc-là. Alors, après,
il y a une phase pas très mature,
où quand t'as 25 ans,
30 ans et que tu commences à plaire aux filles,
vraiment, t'en profites, tu te venges.
Et donc en fait, tu te rends compte après,
tu essaies d'accumuler comme ça
les conquêtes pour te rendre compte
bien des années après que c'est toi que tu salissais.
Mais t'as besoin de ça.
Il y a cette revanche à prendre.
Marcel Pagnol disait, on guérit jamais de l'enfance.
Et je crois qu'il a raison. Il y a encore des traumatismes. Parce que t'avais comme un sentiment de rejet à quelque part. Marcel Pagnol disait, on ne guérit jamais de l'enfance. Et je crois qu'il a raison.
Il y a encore des traumatismes.
Parce que tu avais comme un sentiment de rejet à quelque part.
Oui, je me disais, mince, je ne suis pas beau.
Qu'est-ce que j'ai qui ne va pas?
Il y avait une urgence aussi de plaire.
Il y avait une urgence de plaire, voilà.
Mais je pense que ça a vraiment été essentiel dans ma vie.
Il y avait une de tes questions qui était,
est-ce que c'est important le regard des autres?
Ça ne l'est plus aujourd'hui
mais ça a été majeur
c'est-à-dire que tu commences ce métier
en tout cas moi, j'ai commencé ce métier en voulant être aimé
de tout le monde, je me suis vite rendu compte que c'était illusoire
puis après tu te rends compte que tu ne vas pas
être aimé de tout le monde, puis après tu es content
d'être détesté de certains parce que
toi-même tu les détestes
c'est-à-dire qu'il y a un moment où tu dis, ceux-là ça ne m'intéresse pas
qui m'aiment bien, de toute façon je m'en fous il y a presque après une certaine valeur tu les détestes. Tu vois, c'est-à-dire qu'il y a un moment où tu dis, ceux-là, ça ne m'intéresse pas, qu'ils m'aiment bien. De toute façon, je m'en fous.
Et puis, il y a presque après une certaine valeur
à être détesté de certains.
Mais ce temps-là, il est long.
Il est long.
Parce que souvent, on s'éloigne de soi-même
en plein plaire aux autres.
C'est ça.
C'est magnifique.
C'est ces phases de la vie où à 20 ans, par exemple,
tu refuses le compromis, tu as raison sur tous les sujets.
Tu sais.
À 20 ans, exemple tu refuses le compromis, tu as raison sur tous les sujets, tu sais, à 20 ans tu sais.
Voilà, tellement de compromis vont suivre cette période-là.
Pour ceux qui le doutent.
Après il y a les doutes, il y a les compromis, il y a tout ça.
Et puis arrive ce moment où tu as bien conscience que tu ne sais pas,
que tu juges moins, que tu vas moins vite.
Ce n'est pas la sagesse que Chateaubriand disait.
J'aime cette phrase, la sagesse est voisine du tombeau.
J'aime plutôt ça, Je refuse d'être sage.
Mais il y a quand même des choses que tu prends avec beaucoup plus de recul.
C'est l'expérience de la vie. Oui, bien sûr.
Ça, c'est important. Alors, on va passer
au niveau jaune. Je vais te demander de les
brasser et de m'en donner quatre aussi.
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Je vais te les lire.
Tu vas en choisir une.
Alors, un, deux, trois.
Je vais faire tout le temps la même.
Et la dernière.
Jusqu'à maintenant, ça se passe bien.
Je suis trop content.
C'est vraiment...
C'est un jeu qui permet de...
D'aller tellement loin.
Oui.
Sans savoir où est-ce qu'on va aller.
Bon, il faut dire que tu le fais bien.
Merci. Quel type d'amoureux es-tu?
Passionné.
Sur quel trait de caractère
as-tu dû travailler?
Qu'est-ce que tu n'as pas
reçu de tes parents et qui t'a manqué?
Quel est le plus
grand défi que tu as relevé?
Hum, dis donc.
Ben là, passionné,
il y avait déjà un début de réponse.
Il y avait un début de réponse, oui, on va prendre celle-là.
Ben on peut en prendre une autre.
Ouais, non, mais on peut prendre celle-là.
Non, oui, évidemment, je suis un amoureux passionné.
Ça devient mon métier quand je suis amoureux.
Je pense plus qu'à ça.
C'est pour ça que c'est dangereux.
Mais c'est pas dur un peu pour l'autre, ça?
Devenir un peu...
Non, c'est pas au terme de harcèlement ou de trucs comme ça. C'est pour ça que c'est dangereux. Mais c'est pas dur un peu pour l'autre, ça? Devenir un peu... Non, c'est pas au terme de harcèlement ou de trucs comme ça.
C'est pas une obsession.
Non, si, mais c'est une obsession interne.
C'est-à-dire que tout d'un coup, l'autre devient indispensable à tout.
Quand tu vas là, tu dis, il faudrait que je sois avec elle,
ce serait quand même magnifique de voir ça.
Je suis très, très fleur bleue, très romantique,
très chanson, variété france.
Moi, quand je suis amoureux, j'écoute que des niaiseries.
Tu vois?
D'ailleurs, moi, j'admire... Non, mais j'admire le mec qui est amoureux et brillant en même temps. On devient un peu débile quand je suis amoureux, j'écoute que des niaiseries. D'ailleurs, moi, j'admire le mec
qui est amoureux et brillant en même temps.
On devient un peu débile quand on est amoureux.
C'est-à-dire, on aime les chansons de rock voisine,
toi. C'est-à-dire, « Seul sur la plage ».
Tu comprends ce que je veux dire? C'est-à-dire que tout à coup,
on est... On trouve ça bien,
parce qu'il a raison. Tu vois, « Pourquoi tu pars
seul sur le sable, les yeux dans l'eau? »
Voilà. Il n'y a pas...
Et ceux qui sont célibataires pleurent en écoutant
cette chanson-là aussi. Ben oui, en disant j'aimerais bien vivre ça.
Ben oui, exactement. Donc c'est pour ça que, quand je dis ça,
c'est pas... C'est pour ça qu'il y a cette chanson-là
où on l'accorde. Je ne suis pas méprisant en disant ça.
Non, non, non, je comprends. Je dis juste,
voilà, il ne faut pas chercher midi à 14h.
On écoute Claude Barzotti,
Rock Voisine, on écoute
des chansons qui disent ce qu'on ressent, je t'aime,
parce que c'est magnifique d'être amoureux. Voilà, donc
je fais partie de ces amoureux-là, voilà.
C'est quoi la plus grande folie que t'as fait par amour?
J'avais piqué la voiture de mon père à 16 ans
pour aller rejoindre une fille qui était à Saint-Tropez.
J'avais pas le permis, évidemment.
J'avais fait tout à 220 km heure
pour juste aller l'embrasser et revenir.
Et mettre de l'essence et essayer de trafiquer
le compteur pour que mon père ne sorte pas.
Je lui ai dit que des années plus tard.
Mais je me dis, il faut être complètement dingue.
J'avais fait tout à 200, 700
km à 200 km heure.
Et puis, allez, retour.
Elle m'a dit, qu'est-ce que tu fais là? Je suis venu t'embrasser.
J'étais très content de moi. Je me disais, elle va m'aimer à mourir.
Un mec qui fait ça, c'est chevaleresque.
Voilà, mais je crois
que par amour,
je fais partie de ceux qui seraient prêts à tout.
On dirait un roman d'Alexandre Jardin.
Dans cette espèce de démesure.
Ah oui, j'ai aucune mesure.
Je n'en ai pas et je la refuse.
Est-ce que t'es facile à aimer?
Je crois.
Je crois.
En fait,
c'est compliqué.
Je peux avoir des côtés, évidemment,
de par mon métier, ça va être un pléonasme,
mais je peux avoir des côtés égotiques, égoïstes,
parfois. Je peux être râleur,
mais j'aime bien les...
Je peux être de mauvaise foi, mais la mauvaise foi, c'est la méchanceté
des gentils. C'est rare, un mec
qui est de mauvaise foi, tu sais qu'au fond, il est gentil.
Parce que la mauvaise foi, c'est vraiment un truc de...
C'est presque puéril.
Mais je n'ai aucune espèce de méchanceté, je le sais.
Je ne suis pas organisé dans ma tête pour être méchant
ou vicieux. Donc la seule
gloriole, la seule qualité que je peux me trouver
ou que les femmes qui m'ont aimé
me trouvent en général, c'est que
je ne les ai jamais fait souffrir.
Je ne suis pas tordu.
Je ne crois pas. Vraiment pas.
Mon père d'ailleurs me disait ça quand j'étais petit et jeiment pas. Mon père, d'ailleurs, me disait ça
quand j'étais petit, et je prenais ça comme une insulte.
Il était pied noir d'Algérie.
Il me disait, tu as la tête fraîche. Tu n'as pas de vis.
Tu es trop gentil, mon fils.
Quand il me disait ça, j'avais l'impression qu'il me traitait de con.
Je me disais, si, j'ai du vis.
Ça m'énervait. Je me disais, pourquoi?
Mais c'est vrai que je n'en ai pas. Je le sais.
La vie est trop belle pour ne pas perdre du temps à ça.
Donc, ça n'a rien de qualité. J'espère. Je pense sais. La vie est trop belle pour ne pas perdre du temps à ça. Donc c'est un élément de qualité.
J'espère, je pense. En tout cas,
ça aide à te regarder dans la glace en disant
je suis pas un salaud, je suis pas du côté des salauds.
Est-ce que t'as eu des peines d'amour?
Plein. Plein.
Plein, mais elles m'ont construite.
Ouais, certainement les fois
où j'ai le plus aimé, c'est là où j'ai été.
Évidemment où j'ai été. Mais parce que
c'est facile quand on est dragueur d'être stratège.
Quand on est amoureux, on peut plus être stratège.
C'est fini. On perd toute stratégie,
on devient débile. On dit tout ce qu'il faut
pas dire, on fait tout ce qu'il faut pas faire.
On est du genre à mettre des textos.
Toi, tout ce qu'un dragueur sait faire très bien,
ça t'arrive d'être de draguer parce que tu veux une conquête.
Alors là, tu sais t'y prendre.
Quand t'es amoureux, tu sais plus t'y prendre.
Est-ce que t'as été plus laissé que t'as laissé?
Non, je crois pas.
Non, je crois que c'est... Parce qu'il y en a des fois qui ont peur
et ils vont le faire avant. Non.
Ils ont peur de la mort. Non, mais je suis pas fan des fins.
Tu vois, ça relie
la mort. Partir, c'est mourir
un peu, disait l'autre. Donc je suis pas fan
de la fin.
Il m'est arrivé de ne plus
être amoureux et de
maintenir une histoire
pour de mauvaises raisons, pour les enfants, pour...
Alors que
c'est voué à l'échec.
Voilà, tu vois, à ce moment-là, j'ai manqué de courage.
Donc c'est facile de dire, spontanément,
je suis un homme, je suis viril, j'ai Dieu.
Et puis il y a des moments où on est des...
On a des comportements merdeux, quoi, voilà. Et j'ai Dieu. Et puis, il y a des moments où on a des... On a des comportements merdeux, quoi.
Voilà.
Et j'ai été merdeux aussi.
La question que je vais choisir...
Attends.
Ben, ça, on ne le sait pas encore.
Sur quel trait de caractère as-tu dû travailler?
Ah!
L'impulsivité.
J'ai une impulsivité.
Alors, je suis bélier.
Je suis du 30 mars. Tu as du bélier, ça a du caractère. Oui, c'est ça. Et puis, on estimpulsivité. J'ai une impulsivité. Alors, je suis bélier, je suis du 30 mars.
Le bélier, ça a du caractère.
Ouais, c'est ça. Et puis on est impulsif. On réfléchit tellement après, mon Dieu. Moi, j'ai
le nombre, tout ce que j'ai... Alors, des fois,
alors, c'est compliqué.
Mon analyse, c'est
qu'aujourd'hui, tout ce qu'on fait d'important,
on le fait sans réfléchir.
Ça, je suis à peu près convaincu de ça.
C'est l'instinct ça c'est l'instinct
tu vois par exemple
quand j'ai rencontré
les femmes que j'ai aimées je les suis tout de suite
j'ai pas réfléchi
quand je me suis dit je vais faire du one man show
j'ai pris la décision alors que tout va bien
que je pourrais continuer à vivre au théâtre sans prendre de risques
trop là tout d'un coup je me dis non je prends cette branche là
tout le monde dit c'est risqué ouais mais j'y vais
tout ce qui est important tu le fais sans réfléchir par contre, je me dis, non, je prends cette branche-là. Tout le monde dit, c'est risqué. Ouais, mais j'y vais. Tout ce qui est important, tu le fais sans réfléchir.
Par contre, si tu me dis, toi et moi, ce soir,
on va aller dîner, on va réfléchir au restaurant qu'on va trouver.
Tu vois? Voilà. Donc ça,
j'ai constaté que la réflexion
n'est pas forcément toujours bonne conseillère.
On réfléchit parfois.
Tout ce qui est important, en général, on n'a pas besoin
de le réfléchir. Voilà.
Mais parfois, j'ai été impulsif. Parfois, j'ai réagi
au quart de tour sur des trucs où j'aurais dû prendre le temps
de la réflexion. Parfois,
et je fais très attention maintenant, dans cette période
un peu trouble, à ce qu'on raconte quand on
passe à la télévision, en radio, par exemple, parce que des fois,
sur le coup de l'impulsivité,
tu vas dire quelque chose et tu l'auras mal dit,
pas suffisamment en mettant les formes,
etc. Donc là, il faut...
Parce que dès que c'est dans la sphère publique...
Oui, parce que tout d'un coup, tu dis ce mot-là
va être interprété comme ça. Alors que ce n'est pas du tout ce que tu voulais dire. En tout cas, pas que dès que c'est dans la sphère publique... Oui, parce que tout d'un coup, tu dis ce mot-là va être interprété
comme ça. Alors que ce n'est pas du tout ce que tu voulais dire.
En tout cas, pas aussi fort que c'est interprété.
Donc, il y a des moments où, évidemment, il faut tourner cette fois
sa langue dans sa bouche. Mais ce n'est pas mon fort.
Donc, c'est un truc sur lequel je travaille.
Je suis un impatient terrible.
Il faut que ça aille vite, quoi.
Dès qu'on me dit... C'est pour ça que le cinéma,
je m'ennuie très vite. Tu vois?
Sauf quand je réalise un film. mais quand on me dit on va faire ce film
là je dis deux ans là on est sûr
le temps de l'écriture, du casting
tout ça pour qu'en un mercredi le jour de la sortie
on connaisse l'heure
Est-ce que l'impatience augmente en vieillissant par rapport à ça?
Oui parce que le temps est plus court
Moi maintenant j'ai l'impression que Noël est collé aux vacances d'été
déjà tu vois donc ça me rend fou
avant quand j'étais môme les vacances d'été
ça n'en finissait pas et Et Noël, on l'attendait.
Là, maintenant, tu es fin août,
boum, c'est Noël.
C'est bouqué entre les deux. On sait tout ce qu'on va faire.
Donc, j'ai l'impression
que ça ne va pas aller en s'améliorant.
Donc, si tu veux, j'ai conscience du temps.
Donc, on priorise.
On fait plus attention.
Mais en devenant plus patient,
parce que c'est...
Non, c'est l'impulsivité.
En devenant moins impulsif,
ça veut dire qu'on prend plus le temps aussi.
Oui, c'est vrai.
On accorde plus de temps à ce qui se passe.
Oui, et en même temps,
par moments, on profite moins.
Par exemple, moi, j'ai ce truc-là.
J'ai l'achat impulsif.
J'ai envie d'un truc.
OK, ça, je veux savoir.
C'est quoi l'affaire de l'achat? Tout d'un truc, faut que je... Ok, ça je veux savoir. C'est quoi l'affaire de
l'achat? Tout d'un coup, je peux
me dire un matin, je veux changer de voiture,
donc je vais aller chez le concessionnaire
et je vais dire, je la veux tout à l'heure.
Il va me dire, non mais non, ce modèle-là, le temps
qu'on le... Non, non, sinon j'en veux pas.
Je la veux aujourd'hui.
Et tu dis, bon, faut être un peu taré. Ce matin,
hier soir, j'en voulais pas, mais dès que j'ai décidé que je la voulais,
il me la faut tout de suite. Bon, tu dis, t'es un peu... Eh ben, j'ai dit, il faut être un peu taré. Hier soir, je n'en voulais pas, mais dès que j'ai décidé que je la voulais, il me la faut tout de suite. Tu dis, tu es un peu...
J'ai beau le savoir, je me rends compte
que je suis comme ça. Il faut tout de suite.
Est-ce que tu fais des achats en ligne un peu?
Non, en ligne, non. Je ne suis pas un acheteur en ligne.
Mais tu crées des besoins facilement.
Oh là là, terrible.
Terrible. Non, mais je suis un fruit de la société de consommation.
C'est honteux.
Je le sais. Je sais. Est-ce que la famille
le rappelle des fois? Oui bien sûr, mais puis le comptable
surtout, tu vois c'est
on va dire Philippe tu vas te détendre un peu
ce mois-ci etc, j'ai un rapport
très particulier avec l'argent
je lui porte pas beaucoup de respect, il me le rend bien
Et comment ce rapport-là a évolué
au fil du temps? Pas beaucoup, il a pas beaucoup évolué
j'ai un certain, d'abord j'ai un peu de mépris pour les gens qui aiment l'argent.
Vraiment, pour l'argent.
C'est bien d'aimer gagner de l'argent.
Mais les gens qui aiment l'argent, souvent, ce sont des gens qui ne m'intéressent pas.
Je ne me demande pas
pourquoi. Je ne suis pas fasciné
par l'argent. Les gens qui aiment faire de l'argent...
Est-ce que tu en as déjà manqué?
Non. J'ai toujours débrouillé. Non, j'en ai jamais manqué.
Mais de toute façon,
il y a un copain un jour qui m'a dit un truc très juste, il m'a dit
quel que soit ce que tu gagnes, il te manque toujours 10%
et ça c'est vrai, j'ai rencontré même les mecs
infiniment riches, ils se disaient si j'avais 10% de plus
ce serait vraiment très bien, donc en fait
il y a une phrase dans la Torah
que j'aime beaucoup et qui dit
souviens-toi que l'argent doit être
ton esclave et non pas ton maître
ah j'aime bien cette phrase là
les gens qui sont dirigés par l'argent ça fait rare esclave et non pas ton maître. Ah, j'aime bien cette phrase-là. Voilà. Les gens qui sont dirigés
par l'argent, ça fait rarement des gens
très intéressants à qui t'as envie d'aller boire des coups, tu vois.
Ça fait des gens aussi qui prennent des décisions
qui viennent pas avec le cœur.
Ouais, voilà, tu vois.
J'ai pas envie de ces gens-là, quoi.
Alors, je suis très admiratif.
Ils ont pas des belles maisons, tout ça. En même temps,
on mange pas les murs, hein. Donc, tu vois...
Donc, tu pourrais partir avec rien
oui puis j'aimerais bien d'ailleurs
c'est à dire que moi j'ai toujours dit à mes gosses
moi je suis contre l'héritage
parce que je pense que tu les prives du plus beau chemin possible
qui est celui de se réaliser
moi tous les fils de riches que j'ai rencontrés
j'ai été élevé avec plein d'enfants de riches
et qui savaient qu'ils allaient hériter de papa
ça a pas fait forcément des grandes carrières
parce que ben ils savent ils savent qu'ils vont toucherériter de papa, ça n'a pas fait forcément des grandes carrières. Parce qu'ils savent.
Ils savent qu'ils vont toucher.
Donc, à quoi ça sert de se battre?
Alors que de se battre dans la vie,
c'est quand même magnifique.
De tomber même, c'est magnifique.
Les gens ont un mépris pour l'échec.
Moi, je ne souhaite pas qu'il arrive souvent,
mais je l'aime bien de temps en temps.
On n'apprend rien dans le succès.
Rien, zéro.
Tu n'apprends rien.
Dans l'échec, tu t'apprends sacrément.
C'est quand on se relève.
Parce que quand on se relève,
je trouve qu'on voit des choses qu'on n'avait pas vues.
Mais évidemment.
Ça nous force.
Ça nous force justement à savoir qui on est.
Et on devient plus fort dans l'échec.
Je suis d'accord.
Parce que pourquoi on s'arrêterait quand ça va bien?
C'est ça.
Donc, de donner,
de dire à tes enfants,
alors bien sûr,
ça part d'une noble attention
de dire,
oui, mais au moins,
ils auront un appartement,
etc.
Ben non,
parce que s'ils n'ont pas dosé,
ils seront obligés de le vendre
de toute façon,
donc ça ne sert à rien.
Et puis, tu leur enlèves,
là encore,
le truc magnifique
de se dire,
j'ai acheté ma première maison.
Mais est-ce que tu dis
pas d'héritage,
mais est-ce que tu leur en donnes comme au fur et à mesure?
Oui, alors ça, t'inquiète pas, ils ont bien compris la technique.
Ça, ça manque pas de
oui, oui, papa, j'ai besoin d'un portable,
papa, j'ai pas payé ce mois-ci, oui, bien sûr.
Mais c'est l'idée
qu'on va le bouffer.
Ils attendent pas après.
Démerdez-vous, parce que voilà, c'est ça.
Et puis ça m'arrange un peu, parce que comme ça,
ils vont pas la souhaiter trop vite.
Est-ce que tu as toujours voulu être père?
Oui, je crois.
Oui, je crois que j'ai voulu être père.
Après avoir voulu être un bon fils.
J'ai voulu être père, oui.
Oui, oui.
Après, je n'ai pas maîtrisé la complexité de la tâche.
C'est extrêmement compliqué.
C'est extrêmement compliqué.
Alors en plus, mon fils aîné a épousé
une carrière qui ressemble
à la mienne, et en France
de s'appeler Lelouch, c'est-à-dire passer
derrière moi et mon frère Gilles,
qui est très connu en France aussi.
Tu dis, voilà, c'est compliqué.
Qu'est-ce qu'il fait?
Mon frère? Sam, il est comédien
et puis il vient de reprendre.
Et ça marche très fort.
La première pièce que j'ai écrite
qui s'appelle
Le jeu de la vérité.
Et il la joue,
il l'a montée,
il s'est débrouillé,
il a été chercher ses copains
et tout ça, ses copines
et il a monté la pièce.
Mon Dieu, c'est un mélange.
En fait, quand je l'ai vue jouer,
ça, la première,
c'est vraiment
un juste milieu
entre la terreur totale et la fierté
c'est à dire que t'as peur évidemment
qu'il se trompe, en plus il jouait mon rôle, je le regardais
j'étais monstrueusement fier qu'il joue mes mots
puis qu'il les reprenne dans sa bouche
et puis en même temps de me dire pourvu qu'il se plante pas je peux pas l'aider
et voilà
je pense qu'en fait la terreur et la fierté
c'est ça qui
pourrait être déterminant du rôle de père
on a ça toute sa vie, on est entre la terreur qu'il arrive quelque chose et la fierté, c'est ça qui pourrait être déterminant du rôle de père.
On a ça toute sa vie.
On est entre la terreur qu'il arrive quelque chose et la fierté qu'il soit là.
Donc, c'est un drôle de truc d'être papa.
Est-ce que tu es le père que tu aurais voulu avoir?
Oui, mais malgré tout, je suis obligé de te dire que celui que j'ai eu,
c'est celui que je voulais avoir finalement.
Donc, c'est très compliqué de dire ça.
C'est dur parce qu'on le sait sur le tard.
Mais on le sait bien plus tard, on comprend tout.
Oui, plus tard, ça prend le sens.
Ah oui, oui.
Ah oui, oui, vraiment.
Donc, je ne sais pas.
Mais parfois, on est maladroit.
On se dit, tiens, moi, j'aurais aimé que mon père me dise ça.
Alors, je lui dis ça.
Puis, il me dit, tu m'emmerdes.
Alors, merde, ce n'est pas ça qu'il fallait dire.
Mais est-ce que ça exorcise
quelque chose? Dans le sens
que si on s'est jamais fait dire je t'aime
et de le dire,
est-ce que ça vient
réparer un manque
ou c'est comme la suite, c'est l'évolution?
Mais probablement le mien.
C'est probablement mon manque à moi.
Moi, je me dis, je vais leur dire, comme ça, ça va les rassurer.
En fait, ils le savent.
Ma petite fille qui a 5 ans, qui s'appelle Maddy,
je lui dis, viens, je vais te dire un secret.
Elle me dit, je sais ce que tu vas me dire, papa.
Je lui dis, ah bon, c'est quoi?
Elle me dit, tu vas me dire que tu m'aimes.
Voilà.
Et je me dis, merde, elle le sait.
Donc, en fait, ils n'en doutent pas.
Probablement, quand ils seront plus vieux,
peut-être qu'elle va dire, moi, j'avais la chance
d'avoir un père qui me l'a dit.
Mais on ne sait pas. En fait, on ne saura pas ce qu'on fabrique
dans l'instant et on ne maîtrise pas
le souvenir qu'ils auront de nous, et heureusement.
Et en même temps, j'ai envie de te dire que
l'ingratitude, c'est le plus beau cadeau qu'ils puissent te faire.
C'est-à-dire d'être ingrat, parce que je vois mes deux fils,
ils se barrent, ils s'en foutent. Des fois, ils n'appellent pas
pendant une semaine. En fait, ils sont ingrats, quoi.
Tu dis, merde, on a été les mettre dans des écoles privées,
on a dépensé des fortunes, machin. »
Ils s'en foutent. Il n'y a pas un « Merci, papa. »
Parce que c'est ton choix.
C'est le choix des parents.
C'est normal.
Et en fait, si tu t'es comporté normalement,
ils seront ingrats.
Et donc, il faut bénir le ciel qu'ils soient ingrats.
Voilà.
Il y a quelque chose de...
Mais tu reconnaîtras que ce n'est quand même pas un boulot facile
c'est pas facile, moi j'ai trois enfants
je vais être grand-maman
dans quelques mois, c'est une autre phase
c'est une autre phase de la vie
là c'est encore autre chose
dis-moi quand tu as tenu ton fils
le plus vieux c'est Sam
quand tu as tenu Sam dans tes bras
pour la première fois, comment tu t'es senti?
ah mon dieu
j'étais en larmes, bon j'ai les larmes faciles je suis très émotif tu as tenu Sam dans tes bras pour la première fois, comment tu t'es senti? Oh là, mon Dieu.
J'étais en larmes. Bon, j'ai les larmes faciles.
Je suis très émotif.
Et je me suis dit, wow,
ce petit bonhomme-là, c'est moi qui vais être responsable toute sa vie. Il compte sur moi, quoi.
Et là,
j'ai eu cette réaction-là pour les quatre.
Donc, en fait, j'adore les enfants.
Moi, il y a un truc de...
Donc,
je me suis dit, si je me souviens très bien, que je me suis dit
waouh, comment je vais pouvoir aimer
plus que ça, là? C'est pas possible.
Donc, si j'ai un deuxième enfant, comment je vais faire?
Oui, est-ce que je vais trouver l'espace?
Et c'est là qu'on se rend compte que le cœur est
merveilleusement fait, c'est que l'amour, ça s'additionne,
ça se divise pas. On se dit pas, tiens, j'aime un peu moins lui
pour laisser de la place à l'autre, non non
on aime, on aime, on aime, on aime
et alors après les petites filles, alors là c'est encore
autre chose, alors là, elles ont tout compris
c'est monstreux, là mes filles
elles me mènent mais par le bout du nez
mais à un niveau, je n'ai aucune
espèce d'autorité, c'est épouvantable
elles font ce qu'elles veulent de moi, mais vraiment
c'est honteux, je me souviens d'avoir
tu vois quand un, Sam, le premier,
était petit. Un jour, il crie
dans la chambre, la nuit.
Puis au bout d'un moment, j'y vais, hors de moi.
J'ai dit, maintenant, ça se fait!
Le moum, il s'arrête net.
Sa mère me dit, t'as été dur, mais la vache, c'est efficace.
Donc, ma deuxième femme, avec laquelle j'ai encore un fils,
je lui dis, tu vas voir,
je vais faire ça.
Et donc, je rentre, tu vas voir, je vais faire ça. Et donc je rentre,
pareil, et elle me dit, ça s'y est, là!
Elle me dit, oui, bon, tu vas le traumatiser,
enfin, tu connais maman. Puis elle me dit, bon, mais quand même,
t'as bien fait. Parce que du coup, ça s'est arrêté.
Et ma fille, la même chose. Elle m'a dit, là,
sa mère me dit, fais ce que t'as fait
avec Solal, avec le deuxième. Et je rentre
dans la chambre pour hurler, et quand je vois
ma petite fille dans son lit, elle me regarde, et puis elle me sourit,
je fais, ma chérie, il faut que t'arrêtes maintenant. Et je reviens dans la chambre, hurler. Et quand je vois ma petite fille dans son lit, elle me regarde et puis elle me sourit. Je fais, ma chérie, il faut que t'arrêtes maintenant.
Et je reviens dans la chambre, je me dis, bravo,
t'as vraiment été très efficace.
Je ne peux pas. Les filles, je ne peux pas.
Il y a un truc, c'est papa, je suis là pour les câlins.
Je m'en fous, tant pis.
Elle marche dessus, c'est pas grave. Je l'accepte.
Oui, puis il y a quelque chose avec le complexe.
Les filles veulent plaire aussi à leur père.
Ça marche.
Et ça marche.
Qu'est-ce que ça marche?
Clairement.
Papa, j'ai cassé mon portable.
Celle qui a 13 ans.
Viens dans tes bras.
Puis je sais qu'elle va me demander un truc.
Mais elle sait le faire.
Puis je suis content.
C'est mon boulot.
Ils ont été à ta première, j'imagine.
Oui.
C'est quoi les commentaires qu'ils t'ont fait?
Parce que je trouve ça beau.
Tu sais, pour l'enfant de voir ton père
encore prendre des risques, encore
explorer des nouveaux chemins.
C'est inspirant, non?
Je ne sais pas parce que pour eux, il y a un truc, ils sont nés, je faisais ça.
Donc il y a un truc, papa va travailler.
Mais tout seul sur scène?
Oui, mais je ne sais pas bien
s'ils réalisent. Ils s'en foutent un peu
et ça me plaît bien. Je ne voudrais pas
qu'ils me regardent avec trop d'admiration
parce que ce serait gênant pour eux.
J'ai pas envie qu'ils grandissent à l'ombre d'un gros chêne.
Voilà. Donc je
minimise toujours ce que je fabrique.
Par exemple, pour ma petite fille, la petite dernière,
c'est normal qu'un papa y passe à la télé.
Donc elle dit à ses copains
« Ton papa y passe quand à la télé? » Parce que pour elle,
les travails des papas, c'est passer à la télé.
Voilà. Donc je trouve ça super mignon.
Et il faut que ça dure.
Après, c'est un peu plus tard que ça devient à l'adolescence
quand on commence à venir leur parler de leurs parents
qui réalisent que leurs parents ne sont pas tout à fait
comme les autres.
Mais ils le gèrent et il faut les laisser apprendre
à gérer ça. En fait, là, encore une fois, il faut les laisser
se démerder.
J'ai envie de te parler de l'âge, Philippe,
parce que tu as un enfant qui a 29 ans
et une fille qui a 5 ans.
Comment on s'adapte comme père?
Est-ce qu'on est un père différent?
Parce que c'est quand même une grosse différence d'âge
entre les deux. Ils ont
24 ans de différence.
Comment on s'adapte à ça?
Ben, on ne change pas
vraiment. Non,
la différence entre les garçons et les filles,
moi, en tant que papa...
Parce que dans l'ordre,
il n'y a plus juste un garçon après...
C'est un autre garçon et après deux filles.
OK.
Bon, mes garçons disent que...
Mes filles, à juste raison,
elles disent que c'est plus facile pour elles.
Tu es plus facile.
Mais tu es ailleurs dans ta vie aussi.
Je suis ailleurs, voilà.
C'est ça, le truc.
C'est que ce n'est pas la même...
Ce n'est pas le même emploi du temps, tu vois.
Donc, c'est difficile. Je peux accorder... Je peux dire aujourd'hui, quand même... C'est pas le même emploi du temps, tu vois.
Donc c'est difficile. Je peux accorder... Je peux dire aujourd'hui, quand mon agent
m'appelle, je n'y vais pas, ça ne m'intéresse pas.
Est-ce que je ne peux pas me permettre à 30 ans?
Ou dire non. Alors là, je vais...
Tu peux exiger de ton producteur sur une tournée
ou de ton manager, dis, s'il te plaît,
accorde-moi tel mois, telle semaine, etc.
parce que j'ai besoin d'être avec mes enfants. Parce que tu ne peux pas
t'accorder. Tant que tu n'es pas une vedette,
tu ne peux pas exiger des choses.
Et voilà. Donc, il faut devenir une vedette pour exiger.
Voilà. Là aussi, c'est...
Ça change la donne.
Parce que tu sais, il y a des familles, des fois,
qui sont plus nombreux et qui vont s'obstiner sur
« Maman était comme ça,
papa était comme ça », mais ils ont tous raison
parce que le papa et la maman étaient différents
à certains moments de leur vie.
Oui, c'est ça. Parce qu'on ne peut pas être la même personne.
Et comment la fratrie
se porte? Super bien.
Alors eux, par contre, ils n'ont pas du tout...
J'ai jamais entendu dans leur bouche demi-frère ou demi-sœur.
Ah oui. Non, non, ils sont frères et sœurs
et ce que j'adore
par-dessus tout, c'est quand je les entends
comploter contre moi.
Ça, j'adore ça. Ça, c'est quand je les entends comploter contre moi. Ça, j'adore ça.
Ah, qu'est-ce que j'aime ça.
Quand je les vois, ils se parlaient, puis ils envoient
leur sœur pour dire, papa, ce soit
vraiment... J'adore ça. Donc, je fais semblant
des fois de me faire avoir. Il y a des fois où je me fais
avoir volontairement. Est-ce que c'est quelque chose que tu es fier,
ça? Oui, bien sûr.
Oui, bien sûr. Parce que même si
ils ne sont pas nécessairement de la même maman,
arriver à faire une fratrie,
qu'ils se considèrent frères et sœurs...
Ils sont du même amour. J'ai aimé leur maman.
C'est à chaque fois ce que je leur dis.
J'ai aimé vos mamans, pas de la même façon,
mais je les ai aimées comme vous, je vous aime différemment.
J'ai aimé vos mamans différemment.
Tous autant que vous êtes, vous êtes des enfants de l'amour.
C'est beau parce que ce n'est pas si facile à réussir.
Non, mais je dis pas que j'ai réussi, mais j'essaye.
C'est une bagarre.
Oui, mais déjà, la fratrie se porte bien.
Oui, ça c'est chouette.
C'est un beau cadeau aussi pour les plus vieux.
Oui, je suis d'accord.
En plus, c'est des petites sœurs, ils jouent les aînés,
donc ils en prennent soin, tout ça c'est mignon, vraiment.
Est-ce que là, je vais t'en demander, on passe au niveau rouge,
de m'en donner deux.
Il y en a moins.
Merci.
Ah ben, celle-là,
on y a répondu. Je vais t'en faire plus d'une autre,
parce que c'est le rôle du père. C'est moi qui le repose.
Alors, as-tu négligé
certains aspects de ta vie?
Quel moment de ta vie
aimerais-tu supprimer?
Spontanément, tu vois, j'allais encore te dire la mort de mon père,
mais je ne peux même pas te dire ça parce que c'est un moment qu'il a fallu vivre
et j'aurais détesté qu'il meure si je n'avais pas été là.
Tu étais avec lui quand c'est arrivé?
Oui, il était dans mes bras. Il est mort dans mes bras, vraiment.
Il y a des choses qui m'ont marqué.
Il a eu un regard fou avant. Quelques secondes,
quelques minutes, ce serait
difficile à déterminer, mais il a eu un regard
comme de la
surprise ou de la peur,
je sais pas bien ce que c'était, mais il a vu quelque chose.
Et là, ça, ça m'a beaucoup
marqué, et puis c'était mon rôle.
J'étais là, voilà. Et il m'a dit
cette phrase sublie, il m'a dit, mais c'est l'ordre naturel
des choses, et papa papa ça part avant ses enfants
heureusement
donc j'allais dire j'ai envie de supprimer ce moment là
mais ce serait supprimer pour remplacer par quoi
non
écoute bizarrement
bizarrement non
j'aurais pas d'élément à supprimer
tout ce qui a fait mon histoire participe à ce que je suis.
Et non pas que je sois particulièrement fier de ce que je suis,
mais c'est moi.
Est-ce que tu as l'impression que plus on vieillit,
moins qu'on a le moment à supprimer?
Parce qu'il y a un sens avec le temps.
Tu as raison. Je pense que tu as raison.
Il y a du sens.
Et moi, je crois quand même en Dieu profondément.
Et je crois que des fois,
ce qu'on prend pour des échecs c'est un coup de main
il y a des fois on s'est cogné dans la porte
on se dit merde pourquoi on n'est pas passé là, bah il valait mieux qu'on passe pas là
parce que par où on est passé c'est mieux
donc il faut attendre de juger
moi j'ai toujours l'impression que la vie
c'est très difficile
de la lire, c'est exactement comme un éventail
qu'on voudrait lire alors qu'il est
un quart ouvert, c'est impossible de voir le dessin
qu'il y a sur l'éventail s'il est un quart ouvert.
C'est quand l'éventail est ouvert qu'on comprend le dessin.
Et bien moi
j'ai à peu près la même vision de la vie.
Je pense que c'est trop tôt pour lire les choses.
On va les comprendre un jour.
Donc j'ai cette espèce
de
sagesse à me dire
bon,
c'est pas grave si c'est un échec,
bon, c'est que ça ne devait pas se faire.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut
abandonner avant la fin. Il faut aller jusqu'au bout,
toujours des choses, et quand au bout du bout,
ça ne marche pas, alors là, on peut lâcher.
Oui, parce que sinon, c'est de l'acharnement.
Sinon, c'est de la fainéantise. Sinon, on se dit, non, mais ça ne marche pas.
Non, non, non, va au bout d'abord.
Va au bout et après, tu verras si ça marche ou ça ne marche pas.
Oui, puis il y a une limite à s'acharner.
Savoir arrêter aussi au bon moment.
Moi, j'ai interviewé beaucoup de gens
à travers les années
et les personnes les plus âgées, c'est toujours
celles qui ne pleurent pas. Parce qu'elles sont
en paix. Moi, j'en reviens pas de la
différence. Parce que des fois,
ils ont vécu des choses incroyables,
mais il y a un sens.
Alors que quand, des fois, on a 30, 40 ans,
on est dans l'urgence que les choses
arrivent, on ne comprend pas que ça ne nous arrive
pas ou que ça nous est arrivé.
Et à un moment donné,
c'est à force d'interviewer des gens,
c'est quand même émouvant,
mais il n'y a pas de larmes. Parce que c'est
comme assumé,
c'est internalisé,
ça fait partie de l'histoire.
Oui, tu as raison. Mais j'ai même rencontré,
il y avait un type comme ça qui était
mort il y a quelques années maintenant, mais qui était un ami très cher
qui avait vécu les camps de concentration.
J'étais toujours bluffé parce qu'il
souriait tout le temps. Et il aimait la vie
et il aimait les gens. Après
toutes les horreurs qu'il avait vécues,
il arrivait à être optimiste.
Et il me disait, c'est mon histoire.
De toute façon, je suis toujours épaté par... C'est ça la vraie force.
La vraie force, c'est le sourire.
Quelqu'un qui vous sourit, il y a quelque chose de...
Je ne suis pas très impressionné.
Moi, j'ai été très bagarreur quand j'étais môme et tout ça.
J'ai encore un fond dans ma tête, tout ça, mais
beaucoup moins, évidemment. Heureusement avec l'âge.
Mais ceux qui m'impressionnaient... C'est comme les gens,
vous savez, quand plein de gens parlent, le seul qui se tait,
c'est lui qui assourdit tout le monde.
Voilà. C'est
pareil. Quand tout d'un coup, il y a un mec qui dit rien
depuis le départ, son silence, il est assourdissant.
Eh ben, c'est la même chose.
Quelqu'un qui sourit toujours, c'est une force
monumentale. Le sourire, c'est irrésistible.
Et ma mère,
qui est née avec cette recette magique,
et qui en doit probablement beaucoup de choses, mon frère
et moi, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Ma mère me disait toujours, elle tenait ça
de sa grand-mère, souris à la vie et la vie va te sourire.
Voilà, et elle a fait que ça, ma mère.
Elle s'appelle comment ta mère?
Elle s'appelle Isabelle, elle est toujours là.
Elle est toujours là, c'est ton père, il est toujours là.
Elle est toujours là, heureusement là, c'est ton père, ta mère est toujours là heureusement parce que
c'est un ange, je peux pas dire autre chose
ma mère dit jamais du mal de personne
elle a toujours vu le verre à moitié plein
plutôt qu'à moitié vide, tout va s'arranger
toujours, je peux l'appeler
pour lui annoncer à pire des catastrophes, maman j'ai plus d'argent
c'est pas grave mon chéri, ça va s'arranger
mais pas avec eux, pas parce qu'elle est
bête ou stupide ou naïve
elle le pense vraiment.
Elle a toujours imaginé le meilleur.
Donc, c'est ce que
j'ai dit toujours quand on me dit « Mais c'est rare
de frères qui réussissent dans ce métier, etc. »
J'ai dit « Mais c'est ma mère. Elle n'en a jamais douté.
Si votre mère vous dit en permanence
que vous êtes les champions du monde, vous allez le devenir.
Si ma mère le dit, c'est que c'est vrai.
Donc, le secret de la réussite
d'un homme, c'est sa mère.
Si sa mère l'a élevé en disant « tu vas réussir tout ce que tu veux, mon fils.
Moi, je peux te donner le plus bel exemple.
On a le baccalauréat chez nous en France.
C'est pas l'équivalent ici, mais tu sais, le diplôme de fin de lycée, quoi.
Ben, ici aussi, c'est un baccalauréat.
C'est un baccalauréat, oui.
Et moi, la première fois, je l'avais raté à deux points à l'oral.
Et c'était finalement le premier échec de ma vie.
Je n'avais pas connu l'échec. Et là, j'étais fou furieux, j'étais fou de rage, etc. Et très triste. Et normalement une
mère qui n'en a pas le bac, elle vous engueule un peu. Et moi elle me voit triste et enragée comme
ça, j'étais en voiture avec elle, celle qui m'avait emmené chercher les résultats, elle a mis sa
voiture sur le bas côté. Elle m'a dit « Philippe, avec ou sans bac tu seras un grand bonhomme. Quand
ta mère te dit ça le jour de ton
premier échec, qu'est-ce que tu veux qu'il t'arrive?
Alors je l'ai cru. Voilà.
Je sais pas si elle a réussi, si je suis un grand bonhomme ou pas.
Mais en tout cas, je suis... Voilà.
Donc ma mère, sa fierté, c'est la carrière de ses fils,
mais on lui dit sans arrêt, on te la doit.
C'est toi, c'est toi.
Elle a validé. Ah mais elle a validé tout le temps, toutes les étapes.
Est-ce que tu la gardes, ta mère?
Ah ouais, bah oui. Non mais moi, je suis... Attention, moi je l'appelle deux fois par jour. Même ici, je suis au Québec, j'appelle ma tout le temps, toutes les étapes. Est-ce que tu la gardes ta mère? Ah oui, ah bah oui.
Non mais moi je suis, attention, moi je l'appelle deux fois par jour.
Même ici je suis au Québec, j'appelle ma mère le matin, le soir.
C'est pas possible pour moi de pas... Mais parce qu'elle l'a toujours fait.
Et maintenant elle fait la même chose avec ses petits-enfants.
C'est-à-dire ils ont des soucis, elle s'en occupe.
Alors elle m'appelle, elle me dit alors ton fils Sam, il faut que tu fasses ça.
Voilà, elle est que préoccupée par le bien des siens, mais elle ne voit que le bien.
Donc elle a pas de doute sur ce qui va arriver
parce que pour elle, c'est bien. Même encore aujourd'hui,
elle est aussi. Ah oui, elle a 82 ans et elle est comme ça.
Est-ce qu'elle est en santé? Elle est en pleine santé.
Elle fait n'importe quoi. La dernière fois, mon fils
rentre très tard de la Côte d'Azur.
Il arrive à minuit
à la gare à Paris, à 50 kilomètres de chez elle.
Elle a été le chercher. Elle a pris la voiture.
Elle a dit, je ne vais pas le laisser tout seul, garde-lui. Je lui ai dit, tu a pris la voiture, elle a dit, je ne vais pas le laisser tout seul, garde-lui.
Je lui dis, tu as raison, il vaut mieux lui qui a 30 ans
ne pas le laisser tout seul, garde-lui,
et toi prendre ta voiture à 82 ans,
en traversant la forêt, etc.
Mais elle n'a pas 82 ans dans sa tête, elle en a 18.
Voilà, donc il y a cette espèce de...
Elle a cet optimisme permanent,
et cette joie de vivre permanente.
Ma mère n'est jamais triste.
Donc tu te sens toujours aimée?
Toujours aimée.
Ah ben, ça, terriblement.
Est-ce qu'elle écoute tout ce que tu fais?
Oui, bien sûr.
Ah, puis alors, mon frère paille.
Donc, vous l'occupez.
Ah oui, complètement.
Ah oui, non, ça, elle est occupée.
Parce que, vous savez, vous êtes dans la sphère publique.
Oui, oui.
Donc, elle doit aussi en parler avec ses amis,
avec les gens qui l'entourent.
Elle devient un personnage en étant votre mère.
Oui, oui, c'est ça.
Et puis, les gens, gentiment, souvent la flattent sur la carrière de ses fils
elle est très contente mais très humble
parce que pour les parents ça change quelque chose
on lui dit à chaque fois on te le doit
mais ce qui est vrai on doit vraiment ça à ma mère
quel beau témoignage pour une mère
tu sais
de toujours trouver que les choses vont bien aller
ça c'est magnifique, ça c'est une force
dans la vie. Il faut se rappeler de ce que tu dis
je trouve, parce que des fois
on peut peut-être avoir l'air de douter
parce qu'on manque d'enthousiasme
ou de validat, tu sais, il faut
valider dans le fond
ça de pas douter, je me souviens
d'un jour, un animateur
télé en France très connu pour lequel je commençais
à travailler, mais j'étais rien j' très connu, pour lequel je commençais à travailler.
Mais j'étais rien, j'avais 20 ans, j'écrivais pour lui derrière, mais j'étais le 60ème sur la liste.
Et il était venu à la maison, j'étais très fier de l'emmener chez mes parents et tout ça.
Et ma mère, plusieurs fois, répète « quand mon fils sera connu? »
Puis au bout d'un moment, il dit « mais vous dites ça comme si c'était sûr que votre fils allait être
connu, elle dit oui mais c'est sûr
et ça l'avait bluffé et il m'en parle encore
maintenant, il dit tu te rends compte ta mère le savait
ben oui mais c'est ça
c'est elle qui a programmé ça, pas de doute
voilà pas de doute
et elle est encore comme ça
et pourvu que ça dure longtemps
je te souhaite en tout cas que ça dure longtemps
parce que t'es en forme à 92 ans c'est bon
ouais c'est chouette
alors c'est le niveau hypothétique, le niveau mauve.
Tu es en pigeonne.
Une seule. Allez, la première.
Avec quelle personne décédée aimerais-tu partager un repas?
Bon, alors,
mon père est tellement évident que je ne vais pas te donner
ce truc-là, puis j'en parle suffisamment
sur scène. Les gens qui viendront voir comprendront
en quel rapport. Parce que tu es très nostalgique.
En tant que spectacle, tu peur de se prendre beaucoup de...
Chez les morts, il y a de l'illustre.
Il y a...
Allez, on va essayer de prendre
quelqu'un de connu.
Ah, mais si t'appelles quelqu'un dans ta famille,
un ami, il n'y a pas de...
Quelqu'un qui te vient
spontanément avec qui tu te dis, lui, j'aimerais...
Ma grand-mère, alors.
Alors, ma grand-mère
Madeleine
qui me manque terriblement, qui était une femme extrêmement courageuse
qui était bretonne
et qui a pris ses deux enfants
mon oncle qui est parti il y a quelques années
ma mère sous le bras
parce qu'elle a été, mon grand-père s'est barré
très vite
elle s'est retrouvée fille mère avec deux enfants
juste après la guerre
et elle est venue, elle a pris le train pour arriver à Paris et travailler dans des cantines barré très vite. Elle s'est retrouvée fille-mère avec deux enfants, juste après la guerre.
Elle a pris le train pour arriver à Paris et travailler dans des cantines.
Modestement, elle a travaillé
toute sa vie. Elle a élevé ses enfants toute seule.
Elle a même
réussi à mettre de l'argent de côté.
Ça me sidérait. Avec ce qu'elle gagnait, elle arrivait à mettre de l'argent de côté.
Enfin bon, une femme
équitée, que j'aimais
par-dessus tout.
Qu'est-ce que tu lui dirais? que je l'aime ça c'est sûr
et je lui dirais
je pense souvent
aller acheter une maison en Bretagne
parce qu'elle était de là-bas juste pour sa fierté à elle
pour me dire comme elle est partie
j'ai l'impression un peu
pas fière d'elle
parce que la pauvre elle y était pour rien, son mari l'avait un peu pas fier d'elle. Parce que la pauvre, elle y était pour rien.
Son mari l'avait abandonnée.
Rattraper son...
Rattraper son histoire.
Probablement.
Qu'est-ce que tu aurais envie de lui poser comme question?
Est-ce que t'es bien là-bas?
Est-ce que t'es heureuse?
Est-ce que tu crois qu'il y a une vie après la mort?
Ah, j'en suis certain.
J'en suis certain, puis j'espère, parce que
je suis obligé de le croire, parce que j'ai envie de les retrouver.
Alors, il faut vraiment qu'il y ait quelque chose après.
Est-ce que tu as des signes?
Il m'arrive d'en avoir, oui.
Il m'arrive d'en avoir.
Je les crois vrais.
Tous les jours,
on a des signes merveilleux. Il n'y a pas très longtemps,
j'ai vu un truc.
En fait, on est tellement noyé dans nos histoires Il n'y a pas très longtemps, j'ai vu un truc... En fait,
on est tellement noyé dans nos histoires
qu'on oublie souvent de lever la tête.
Et quand on lève la tête, il y a du merveilleux tous les jours.
Tous les jours, il y a du merveilleux.
Il n'y a pas très longtemps, comme ça, j'étais dans Paris,
il faisait gris, les gens
klaxonnaient, il y avait un bordel noir.
J'ai vu une scène absolument
remarquable, je ne sais même pas si quelqu'un oserait la mettre dans un film.
Il y avait un SDF qui était là
avec une petite pancarte
sans domicile fixe
avec une pancarte comme ça qui disait
j'ai besoin d'argent pour manger
et je vois une nounou
parce que c'était vraisemblablement la nounou
qui traînait deux gosses par les mains
parce qu'elle était en retard pour les emmener à l'école
mais je voyais que c'était pas la maman
et à un moment le petit garçon passe
et je tombe par hasard sur cette à un moment, le petit garçon passe et je regarde vraiment, je tombe par
hasard sur cette scène et je vois
le petit garçon regarder son domicile fixe
comme ça, le suivre des yeux. Mais il est
entraîné parce qu'elle le tire par la main. Et à un moment,
il lâche la main de sa nounou, il revient
en arrière. Il a été faire un câlin au monsieur.
Cette scène,
ça m'a bouleversé. J'ai pleuré en regardant
ça. Je me dis, mon Dieu, ce que c'est
joli. Voilà. Et et ça le merveilleux
quand on le regarde, quand on prend le temps
d'essayer de le trouver tous les jours
alors on le trouve, mais il faut le chasser
c'est comme, je pense que même
d'être heureux c'est une décision, il faut prendre
la décision de chercher le merveilleux
tout le temps, et là
alors il arrive des choses merveilleuses
alors quand on décide de trouver
le drôle des situations,
ce qui est quand même l'essentiel de mon métier,
alors on prend les sujets les pires,
et on essaye de les torturer jusqu'à les rendre drôles,
parce que le message passera mieux.
Oui, on les dédramatise.
On les dédramatise.
Parce qu'ils font partie de la vie.
Mais ce que je comprends aussi,
c'est quand on a une maman comme la tienne,
ça devient une inspiration. Oui, terrible. Terrible, mais c'est quand on a une maman comme la tienne, ça devient une inspiration.
Oui, terrible.
Mais c'est aussi un problème.
Parce que,
si tu veux, ta maman t'a tellement aimée.
Tellement.
Et de façon totalement inconditionnelle.
Qu'après, t'as tendance à penser que l'amour,
c'est ça. Ça veut dire que ça peut
t'amener à faire beaucoup d'erreurs, à chercher
une femme qui va t'aimer comme une mère. Or, une femme
va pas t'aimer comme une mère. Elle aimera ses enfants
comme une mère, mais pas toi. Donc ça veut dire
qu'on part avec un petit décalage. On se dit, mais
pourquoi elle m'aime pas comme ma mère? Pourquoi elle me
pardonne pas tout comme ma mère?
Inconditionnellement, etc. Et donc,
faut comprendre que l'amour de ta mère, il y a que
toi et ta mère qui peut te le donner, et que toi,
la femme que tu vas choisir, elle va aimer comme ça tes enfants.
Mais toi, il faut apprendre
à être aimé comme un homme, mais pas comme un enfant.
Et voilà. Et ça, ça peut emmener plein d'hommes
tout le long de leur vie à chercher cet amour-là
c'est illusoire. Et puis heureusement,
parce qu'une femme n'est pas là, t'es mollet.
Ça t'a pris... Oh, ça m'a pris quelques années, ouais.
Avant de comprendre ça. Avant de comprendre ça, ouais.
De me dire, ben non, elle ne pourra pas m'aimer comme ça.
Je lui disais, une femme amoureuse... Mais moi, ça m'a même
posé d'autres problèmes. J'ai appris
très tard qu'une femme pouvait être méchante.
C'est-à-dire que je me disais, non,
la méchanceté, ça, c'est la particularité
des hommes. Les femmes, elles sont gentilles.
Parce que, évidemment, mon modèle, c'était ma mère.
Une femme, elle est gentille. Eh ben non,
il y a des femmes méchantes aussi. Mais il m'a fallu
des années. Mais je vous assure, quand je vous dis des années,
je pense que je l'ai compris à l'âge de 50 ans, vous voyez.
Je me suis dit, ah oui, il y a des femmes qui sont vraiment des saloperies.
Parce que pour moi,
il y a un côté... D'ailleurs, mon ex-femme
qui était comédienne et qui jouait dans mes pièces me le reprochait
souvent, elle me dit, t'écris toujours des rôles où les
femmes sont chiantes, quoi. Elles sont angéliques,
elles sont compréhensives,
elles avaient pas tort. C'est vrai que
d'ailleurs, il y a
une de mes pièces où la femme est un ange,
les autres, à chaque fois, elles ramènent les mecs à la raison
il y a ce côté
je peux pas te dire à quel point j'aime les femmes
il y avait une idéalisation
non mais encore maintenant je les aime les femmes
il y a un truc que je... tu vois dans la situation
dans laquelle on se trouve aujourd'hui je trouve que les femmes ont tellement
plus de couilles que les hommes quoi je vois tellement
de femmes courageuses alors c'est pas grave
s'il y en a dans l'autre... et les femmes compensent beaucoup
les femmes ontent beaucoup.
Les femmes ont autant dans le milieu de travail que dans leur vie personnelle.
C'est même sûr que dans le milieu de travail,
à la base, souvent, elles vont en faire plus.
C'est comme naturel d'en faire plus.
Et puis regarde une femme amoureuse,
ce qu'elle est capable de faire.
Moi, je suis fasciné, il n'y avait pas très longtemps
en France, comme ça, il y avait une femme
qui avait appris à piloter des hélicoptères
pour aller faire évader son mec de prison.
Je me disais, mais si ça,
c'est pas de l'amour. Non, mais tu vois,
c'est romanesque.
C'est-à-dire qu'une femme amoureuse,
elle va... Alors, une femme qui aime plus,
nous, on dit, on tourne la page, elle jette le livre.
Ça, on a compris. Une femme qui aime plus, c'est fini.
Faut même plus y revenir, tu la récupéreras pas.
Mais le temps qu'elle t'aime, mon Dieu, ce qu'elle t'aime.
Donc, mais toutes
les femmes sont capables de choses dont je pense
que nous sommes parfaitement incapables.
Moi, je suis un inconditionnel
des femmes. D'abord, elles ont toutes changé
ma vie. Ma mère en premier lieu, la première
femme qui m'a fait tourner, c'était une réalisatrice,
Marion Sarrault, qui est plus de ce monde, mais que
j'aime d'amour. C'est elle qui t'a donné
la chance de devenir acteur. De devenir acteur,
mon premier agent, c'était une femme.
C'est elle qui m'a donné la chance. En fait, les femmes,
moi, dans ma vie, ça a été
essentiel.
C'est pour ça que c'est toujours compliqué
pour moi de
comprendre
les gros
cons. Tous les mecs qui se comportent
mal avec des femmes. Tu te dis, mais t'es à quel endroit?
C'est-à-dire que je me dis, ce mec-là n'a pas eu de mère,
n'a pas eu de soeur, n'a pas eu de tante, pour se comporter mal avec unees à quel endroit? C'est-à-dire que je me dis, ce mec-là a pas eu de mère, a pas eu de sœur, a pas eu de tante,
pour se comporter mal avec une femme.
Tu vois, c'est des choses
qui m'échappent.
Je comprends pas ce truc.
– Est-ce qu'avec tes copains, avec tes amis
masculins, est-ce que vous parlez
de ça? – Oui, on en parle.
– C'est aussi de ce que vous vivez
comme émotion, parce que souvent, on va dire que les hommes
sont pris en dedans
ils vont le manifester avec des gestes et non
avec des mots, est-ce que t'arrives
à nommer tes émotions?
Oui, c'est assez curieux d'ailleurs parce que
l'homme bizarrement est beaucoup plus pudique
les copains sont beaucoup plus pudiques que les copines
par exemple quand t'es amoureux d'une femme
tu vas rarement raconter tes ébats sexuels
les filles elles le font entre elles
je suis toujours surpris je me dis merde vous avez raconté ça mais nous on sexuels. Les filles, elles le font entre elles.
Je suis toujours surpris.
Je me dis, merde, vous avez raconté ça.
Mais nous, on ne fait pas ça. Les garçons ne font pas ça.
Ils vont dire, je l'aime. Ils vont dire, non, ce n'est pas une histoire importante. Ou ils vont dire, oui, je suis amoureux. Et quand ils sont
amoureux, immédiatement, il y a une sphère du secret
qui s'installe. Donc, on va parler des sentiments,
mais on ne va parler jamais
de l'intimité. C'est très bizarre. Les hommes sont plus pudiques
à ce sujet-là. – Est-ce qu'avec l'âge,
tes amitiés prennent de plus en plus
de profondeur?
Oui, mais alors, j'ai cette chance
d'avoir toujours mes amis d'enfance.
C'est-à-dire que mes vrais amis
sont mes copains d'enfance
que je connais depuis que j'ai 15 ans.
Donc, tu n'as rien à dire presque, qu'ils te comprennent.
Oui, on se connaît par cœur.
Et puis, c'est formidable parce qu'ils n'en ont rien à foutre
de ce que je fabrique. C'est pareil. Ça, c'est tellement
détendant
alors évidemment j'ai des copains qui font ce métier
mais assez peu finalement
parce que j'ai les copains
j'ai assez de potes
voilà, je la refuse pas l'amitié
mais je la cherche plus
tu vois?
je comprends, ben oui parce que ça prend du temps quand même
il faut s'occuper de ses amis, je suis d'accord
dernière question Philippe qu'est Dernière question, Philippe.
Qu'est-ce que le petit Philippe aurait dû savoir?
Je vais reprendre la phrase de Jean Dormesson.
Il faut savoir que la vie est parfois très compliquée.
Mais Jean Dormesson avait dit ça peu de temps avant de mourir et je trouve ça absolument magnifique.
Il avait dit merci pour les roses et merci pour les épines.
C'est magnifique.
Oui, c'est très beau.
C'est trop psychophobe.
Il y avait une invitée aussi qui a dit une phrase qui est incroyable.
On dirait que ça prendrait des t-shirts avec ce genre de phrases-là
ou des endroits pour se le rappeler.
Se le rappeler que c'est ça la vie.
C'est pas juste noir, c'est pas juste blanc.
C'est un mélange de tout.
Et heureusement.
Si c'était tout le temps que merveilleux,
ce serait presque chiant, ce serait plate.
J'adore cette expression.
Quand vous dites ça, les Québécois,
c'est plate.
Ça veut tout dire.
On ne veut pas dire ça de Stan Olon, par exemple.
Non, je n'ai pas envie de vous dire ça.
Je ne veux pas qu'on le dise.
Mais j'aime cette expression.
C'est plate, mais oui, c'est plate.
Tu vois, et puis on apprécie encore plus le bonheur
quand on a traversé des périodes compliquées.
Par exemple, tu te souviens, et on arrive à en rire.
Ce qui est merveilleux quand on s'ouvre,
c'est de se dire un jour je rirai de cette situation
qui pour l'instant me terrifie.
Voilà, mais savoir que les choses passent
et que de toute façon, quand même,
tu seras d'accord avec moi pour dire que ça aura une fin.
Donc tout ça est un jeu de rôle.
À la fin, ça va se finir. On ne va rien emmener
avec nous, si ce n'est le souvenir qu'on va laisser aux gens.
C'est le seul truc dont il faut se soucier. Le reste.
Le reste, c'est vivre le moment.
Oui, c'est ça. C'est vivre la vie.
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter, Philippe?
De revenir te voir plein de fois. J'ai adoré ce moment.
Mais vraiment, j'ai adoré.
Moi aussi.
Oui.
En tout cas, j'ai l'impression de te connaître davantage, évidemment.
Mais merci de t'être prêté au jeu.
C'est avec joie.
T'étais complètement volontaire.
T'as pas utilisé le joker.
Non.
Voilà, pour un mec qui aime le risque,
tu vois, j'avais envie de le dire dès le départ,
je m'en servirais pas.
Mais en tout cas, j'espère que ce sera à la le départ, je ne m'en servirais pas. – En tout cas,
j'espère que ce sera à la hauteur de tes
ententes, qu'est-ce que tu vas vivre sur scène au Québec.
– Tu vas venir me voir. – Certain que je vais aller te voir.
Je vais aller te voir
à Montréal à l'automne, donc c'est stand-alone.
– Oui. – Merci beaucoup. – Merci à toi
de m'avoir reçu. À très vite. – À très vite.
Alors, merci à tout le monde d'avoir été là et on se dit
au prochain podcast. Bye-bye.
Cet épisode était présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau au Québec.
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