Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #64 Maude Guérin | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: July 22, 2024Dans ce soixante-quatrième épisode, je reçois la comédienne, qui est aussi une de mes complices dans le MarieClub, Maude Guérin. Quelle belle discussion tout en vulnérabilité nous avons eue! J&...#39;ai vraiment appris à la connaître plus en profondeur. On parle notamment du deuil puisqu’elle a perdu plusieurs êtres chers dans les derniers mois. Elle raconte sa jeunesse, son départ de La Tuque et son processus de réconciliation avec la petite Maude. Bien sûr, son métier d’actrice y est abordé ainsi que sa relation de couple, qui lui apporte beaucoup de bien. ━━━━━━━━━━━ 00:00:00 - Introduction 00:15:43 - Cartes vertes 00:56:23 - Cartes jaunes 01:20:45 - Cartes rouges 01:34:00 - Cartes roses 01:46:39 - Carte mauve ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Patreon, Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Ouvre ton jeu sera présenté sur scène cet automne: le 20 octobre au Club Dix30 avec Chantal Lacroix et le 27 octobre à la Salle Albert-Rousseau avec P-A Méthot. Rendez-vous au ouvretonjeusurscene.ca pour réserver vos places. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant partout au Québec et au https://www.randolph.ca/produit/ouvre.... Visitez mon site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d’avance. ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15. Grâce à Éros et compagnie et notre niveau rose, obtenez 15% avec le code rose15 au erosetcompagnie.com
Transcript
Discussion (0)
Bonjour tout le monde, je viens de terminer un épisode avec Maude Guérin.
Faut pas manquer ça, je vous le dis.
Maude, ça fait longtemps que je la côtoie, mais je la connais pas tant.
Et là, j'ai l'impression de connaître cette femme-là qui a un parcours incroyable.
Mais c'est surtout qu'elle nous a livré ça avec énormément d'émotion aujourd'hui.
Ici, l'équipe
a versé des larmes.
C'était vraiment magnifique.
Je pense que Maud,
elle devient,
je ne sais pas, quand on l'entend, on se reconnaît
dans son histoire
puis on en apprend vraiment, vraiment
beaucoup sur elle. Alors,
il ne faut pas manquer ça.
Et je vais vous parler de mes partenaires,
parce que le podcast ne serait pas là sans les partenaires,
et ils sont vraiment précieux.
Donc, évidemment, Karine Jonca, qui me suit depuis déjà des années
et qui a accepté d'être la partenaire de cœur d'Ouvre ton jeu.
Donc, Karine Jonca Cosmétiques, elle vous offre un code promo.
C'est Ouvre ton jeu 15, qui vous donne 15 % de rabais des produits Karine Jonca.
Et aussi, maintenant, on a...
Attends, je n'ai pas les cartes, j'aurais aimé ça vous les montrer,
mais bon, vous allez les voir dans le jeu.
On a un niveau rose qui s'ai pas les cartes. J'aurais aimé ça vous les montrer, mais bon, vous allez les voir dans le jeu. On a un niveau rose
qui s'appelle le niveau Eros.
C'est des questions sur la séduction,
la sexualité, le romantisme.
Et c'est notre nouveau partenaire,
Eros et compagnie.
Donc, on trouvait ça vraiment intéressant
parce qu'on parle quand même souvent
de ces questions-là dans Ouvre ton jeu,
mais d'en faire vraiment un niveau
qui n'est pas là pour coincer personne,
mais d'aborder cet aspect de la vie
qui est essentiel,
qui fait partie de notre vie.
Donc, vous allez voir, avec Maud,
on va parler entre autres de séduction.
Je vous donne un petit indice. Donc, si
vous voulez faire des achats
chez Eros et compagnie,
voici le code promo.
C'est ROSE15. Donc, ça vous
donne 15% de rabais.
Alors, je les remercie fortement. Je trouve
ça le fun de travailler avec eux,
d'avoir les commentaires, ce qu'ils pensent,
ce qu'ils s'impliquent.
C'est des magnifiques partenaires. Et je vous
rappelle qu'on sera sur scène
à l'automne avec Ouvre ton jeu
le 20 octobre à 15h
au Club du 10-30, l'invité
Chantal Lacroix.
Le 27 octobre, nous serons à la
salle Albert Rousseau à Québec,
toujours à 15h, avec comme invité
Péa Méthode.
Alors, je vous attends, j'ai hâte de
vous voir. Et maintenant,
place à la grande Maud Guérin.
Tu sais, je suis fière,
Marie-Claude, parce que
je suis sortie de la tuque.
C'est pas rien.
Je suis fière, mais il a fallu que je me batte.
Puis il a fallu que je crois en moi. Puis il a fallu que je crois en moi.
Puis aujourd'hui, quand je me regarde dans le miroir,
justement, je me dis,
bien là, regarde, c'est la petite-fille de la tuque
qui est là avec tout ce qu'elle est,
tout ce qu'elle a appris.
Ça part de la petite-fille de la tuque.
Oui. Je veux plus l'oublier.
J'ai même, à un moment donné,
pris une distance avec ma famille.
Parce que, bon, peut-être parce que je me sentais fautive
de ne pas être présente avec mes parents.
Ma soeur était tellement là.
Mais c'est des choix qu'on fait dans la vie.
Ma soeur est restée et est demeurée à la tuque.
J'ai décidé de faire ma carrière
parce que c'était impossible de faire ça à la tuque.
Je me suis sentie souvent coupable
de ne pas m'occuper de mes parents
et de ne pas être près d'eux.
Quand ils sont morts, ça a fait
tout ce temps-là, j'ai vu,
mais pas assez.
Ouvre ton jeu est présenté par Karine Jonka,
la référence en matière de soins
pour la peau, disponible dans
près de 1000 pharmacies au Québec.
Le jeu de table
Ouvre ton jeu
est disponible partout en magasin
et sur rendolf.ca.
La femme qui est devant moi
m'a impressionnée en tant qu'actrice.
C'est vraiment une de mes actrices
préférées au Québec.
Je dis au Québec.
Une de mes actrices préférées,
ça va être suffisant,
je n'ai pas besoin de dire au Québec. Et j'ai eu la chance
de la recevoir aux émissions
que j'ai animées et j'ai tout de suite
su que cette femme-là
pourrait être mon amie. En tout cas, je voudrais
être son amie. Et elle
fait partie aussi de la plateforme
Le Marie Club. Elle a accepté
d'être avec moi dans le
club de lecture. D'ailleurs, il y a Sophie Préjean
et Glenn Tremblay.
Et aussi, elle anime des ateliers
dans le Marie Club. Alors, je suis vraiment
contente qu'elle fasse partie de mon
univers et qu'elle ait accepté
aujourd'hui d'ouvrir son jeu.
Bienvenue, Maud Guérin. – Merci.
– C'est un plaisir de te recevoir.
J'avais hâte d'être devant toi aujourd'hui
parce qu'on dirait que je te connais et que je ne te connais pas.
– Oui.
On a fait souvent des entrevues, mais sur des sujets précis quand tu venais aux émissions.
Quand on fait le club de lecture, on parle
de livres. Mais là,
d'aller tout azimut,
te découvrir,
c'est vraiment... J'avais hâte
à ça. Alors encore merci d'avoir
accepté l'invitation. Merci.
Comment tu vas présentement?
– Je vais mieux.
Je vais mieux, tranquillement.
Je viens de perdre mes parents, puis ça a été...
Bien, tu sais, c'est la première fois.
On vit ça une fois dans sa vie.
Mais tu le sais un peu, Marie-Claude.
Puis on pense qu'il y a un âge
pour ça, et il n'y en a pas.
Moi, je pensais
à mes parents, ils sont âgés, ils avaient tous les deux
86 ans. Ma mère
est décédée le 7 novembre et mon père
le 5 mai, six mois plus tard.
Et
je me remets tranquillement,
mais tu sais, je ne pète pas le feu.
Je réfléchis beaucoup.
Je fais beaucoup d'introspection.
Et c'est un gros virage pour moi
en ce moment. Un immense virage. Est-ce que c'est un gros virage pour moi en ce moment.
Un immense virage.
Est-ce que c'était des morts annoncées?
Annoncées?
Dans le sens, est-ce qu'elles étaient malades?
Oui, ma mère était en CHSLD depuis quatre ans.
Puis elle faisait de la démence.
Mais elle me reconnaissait, puis elle me reconnaissait.
Puis bon, il faut dire aussi que moi,
j'ai cinq ans et demi plus jeune que ma soeur.
On est deux filles. Et ma soeur habite à Latuc.
Et elle s'est occupée de ma mère pendant des années.
Puis elle s'occupait de mon père aussi avant qu'il décède.
Mais ma mère un peu plus longtemps que mon père.
Mais ma mère était en CHSLD,
puis elle allait très bien physiquement,
elle était assez bien.
Elle a passé à travers la COVID et tout, mais
dernièrement, elle avait eu la COVID
puis ça allait bien, puis à un moment donné,
un matin, elle ne se levait plus.
Elle était couchée au lit, puis elle s'est
mise à faire de la fièvre, puis ça a dégénéré.
Puis je pense que c'est ses poumons
qui l'ont emportée en premier.
Bon, elle avait les jambes très enflées,
fait que l'eau s'est comme communiquée aux poumons.
Et là, ma soeur m'a appelée.
Puis on est allé passer, je pense qu'on a passé
deux jours à son chevet.
Deux ou trois jours ensemble.
Je ne me souviens plus du temps.
Je suis mêlée avec mon père
parce que c'est tellement récent, tous les deux.
Et on est resté à son chevet pour l'accompagner
jusqu'à la fin, jusqu'à son dernier souffle.
Il y a même ma nièce qui jouait du violon.
Ma nièce est une violoniste à l'OM.
Puis elle jouait souvent du violon à mes parents.
Puis elle est venue avec nous.
Fait qu'on était les trois femmes.
C'est très, très émouvant.
Les trois femmes autour de ma mère.
Il y avait ma soeur, ma nièce, puis moi.
Puis toute la famille est venue vraiment la voir.
Mais elle n'était plus consciente.
Mais quand même, on lui tenait la main, on la touchait.
C'est quelque chose que je n'avais jamais vécu.
Assister au dernier souffle
de tes parents.
J'ai vu à ce moment-là, c'est drôle parce que mes parents
ne sont plus ensemble depuis que j'ai l'âge de 13 ans.
Mon père a quitté ma mère,
j'avais 13 ans.
Mais j'ai vu à la cérémonie qu'on a
fait à l'église pour ma mère, j'ai vu que
mon père, ça lui avait fait
un coup épouvantable.
C'est venu le chercher complètement
que ma mère décède. Puis ils disent que c'est
souvent ça. Même quand
ils sont plus ensemble. – Oui, c'est ça, parce que quand ils sont plus
ensemble, donc il y a
toujours eu un lien.
– Oui, il y a toujours eu un lien.
Mon père n'est jamais allé la voir à l'hôpital
parce qu'il n'était pas capable,
mais il me disait qu'à chaque fois qu'il passait devant l'hôpital pour s'en aller, prendre la route, il pensait à ma mère, puis il regardait l'hôpital, puis il disait « Je pense à toi, Nicole ».
Fait que je pense que pour lui, Nicole, c'était la mère de ses enfants. Fait que c'était comme très important.
Alors, je l'ai vu un peu dégringoler à la suite de ça, à la suite de la mort de ma mère.
Et puis, mon père, c'est ça,
six mois plus tard, est tombé malade.
Et il avait de la misère à respirer,
il avait de la misère à avaler la nourriture.
Puis, on a su qu'il y avait une tumeur entre l'œsophage
et l'estomac. Et donc, il n'était pas
capable d'avaler.
Tu sais, donc... Puis, il avait
de la misère aussi à respirer.
Ça faisait deux mois qu'il mangeait presque plus rien.
Et là, je disais à ma soeur, c'est assez.
Amenez-le à l'hôpital.
Je veux dire, il va mourir étouffé
ou il ne sera plus capable de respirer.
Puis il ne mangeait plus, ça fait qu'il maigrissait.
Et ils ont découvert une tumeur.
Ils l'ont amenée à l'hôpital de la Tuque.
Puis ils l'ont transférée à Trois-Rivières à un moment donné
parce que c'était trop.
Ils voulaient savoir ce qu'il y avait, puis ils ont découvert une tumeur.
Il a fait de la radiothérapie,
mais ça a rien fait.
La radiothérapie, c'était seulement
pour l'aider à avaler.
Et ça, ça a pas, ça a pas été
fructueux du tout.
Par la suite, il est revenu à la tuque,
à l'hôpital de la tuque, ils ont essayé
de le faire manger, puis
ils ont dit, écoutez, monsieur Guérin,
vous allez être intubé
jusqu'à la fin de vos jours, parce que vous ne serez pas
capable de manger.
Et il était donc gavé,
et ça, mon père ne voulait pas ça, parce que mon père,
il avait toute sa tête, lui.
Écoute, c'est incroyable. Mon père était un fan
de l'actualité,
et il retenait tous les chiffres. On dirait que c'était important pourualité. Et il retenait tous les chiffres.
On dirait que c'était important pour sa mémoire
de retenir tous les chiffres.
Des fois, il me parlait.
J'ai entendu ça, la guerre, c'est épouvantable.
Ce qui se passe en ce moment.
Puis, il me disait 3000 personnes.
Il nous met toujours des chiffres.
C'est très drôle parce que moi, je fais ça aussi dans mon métier.
C'est très important.
Pour la mémoire.
Pour la mémoire, les numéros de téléphone.
Essayer de...
Je suis comme une éponge.
J'essaie toujours de retenir les choses,
les adresses, les lieux.
Fait que j'ai dit, mon Dieu,
j'ai un peu ça de mon père, tu sais.
C'est comme des repères un peu intellectuels,
mais on essaie de savoir.
Quand j'écoute les nouvelles, moi aussi,
j'essaie de retenir les chiffres qui me sont dits.
Ça fait que c'est bien bizarre.
Il a été comme ça jusqu'à la fin?
Oui, il a été comme ça jusqu'à la fin.
Puis moi, je suis contente parce que je ne travaillais pas beaucoup.
Ce métier-là, c'est terrible parce qu'il arrive quoi que ce soit.
Si on est au théâtre, si on est en tournage,
on ne peut pas être là.
On ne peut pas lâcher.
Tu ne peux pas être là où tu devrais être à quelque part.
Non.
Il faut que tu sois à ton travail.
Exactement.
Donc, je ne travaillais pas parce que je viens de finir le cinquième rang
et j'ai un petit répit en ce moment.
Et Société Distinct était déjà tournée.
Ça fait que j'ai pu passer trois jours entiers à l'hôpital avec mon père,
à m'occuper de lui, à Trois-Rivières.
Je suis allée habiter
dans un Airbnb, puis j'ai
pris soin de lui pendant trois jours.
Puis j'ai été là matin, midi et soir
à jaser avec lui de
toutes sortes d'affaires. Fait que j'ai eu le temps
vraiment d'avoir des bonnes
conversations avec lui.
Donc, t'es en paix?
Oui. Oui, je suis
en paix, mais c'est tough. C'est... Oui, je suis en paix. Je suis en paix? Oui. Oui, je suis en paix, mais c'est tough.
C'est...
Oui, je suis en paix.
Je suis en paix avec tout ça,
mais on se sent orphelin.
Tu sais, quand les deux meurent,
c'est comme...
J'ai serré ma mère dans mes bras.
Ma soeur, ma mère, c'est drôle.
J'ai serré ma soeur dans mes bras au cimetière.
C'était très touchant, le cimetière.
On est tous un peu artistes dans la famille.
La cérémonie religieuse à l'église à Latuc,
c'est une église magnifique.
Nos mots, ma nièce qui jouait du violon,
mon chum qui a dit un poème,
il a dit un bout du monologue de Cyrano à mon père.
Il a dit un magnifique poème de Nazim Hikmet à ma mère.
Ça avait des allures de spectacle.
C'est drôle, les gens sortaient de l'église,
puis ils pleuraient leur vie, tu sais.
Puis j'ai dit, bien voyons, vous êtes bien émus,
mais ils trouvaient que c'était vraiment...
Les gens trouvaient qu'on était une belle famille,
parce qu'on n'est pas beaucoup,
on est vraiment tissés serrés.
Et c'est ça que ça m'a fait.
Je te dirais, la mort de mes parents,
ça me ramène à mes origines. Vra vraiment. Ça me ramène à la tuque. Ça me ramène la petite-fille de la tuque, que j'avais un peu camouflée. Parce que je suis devenue une actrice, parce que je suis partie. J'ai toujours été, tu sais, je me suis toujours sentie bien coupable d'être partie.
T'avais quel âge quand t'es partie?
17 ans.
Oh, t'étais très jeune.
Oui, j'étais très jeune.
Je suis allée étudier à l'école de théâtre de Saint-Hyacinthe et j'avais fait
un an à l'aide française à Trois-Rivières.
Puis moi, à 16 ans,
je voulais rentrer à l'école de théâtre,
mais ils m'ont dit, là, t'es pas mal.
Je suis arrivée à l'école de théâtre, je me souviens,
avec mon petit jeans délavé, puis mon coton ouaté rosse.
Écoute, le monde me regardait.
C'était tout des originals.
– Rosse comme un rouille, là.
– Oui, rosse comme un rouille.
Tu sais, dans le temps, les divans...
– Oui, rosse, moi aussi, dans cette couleur-là.
– Oui, oui, oui, oui.
– On dit plus ça aujourd'hui.
– Non, on dit plus ça, mais ça me rappelle tellement rosse.
– Oui. Fait que je suis arrivée là, de ma campagne
profonde, tu sais.
Puis les gens ont dit non, non, 16 ans, non.
C'est trop jeune.
Va faire tes classes.
Va étudier à Trois-Rivières.
Je suis allée en lettre française,
mais je n'allais pas à mes cours.
Je lisais du théâtre.
Je lisais du théâtre parce que je me préparais
à mon audition pour mes 18 ans.
Je suis rentrée à l'école de théâtre à 18 ans.
Wow!
Est-ce que tu es prête à ouvrir ton jeu?
Oui, bien sûr!
Parce que là, tu viens de mettre la table à un paquet de choses.
Et je tiens à t'offrir mes sympathies.
Je l'avais fait, mais c'est tellement récent.
Merci, Marie-Claude.
Vraiment, tu es généreuse d'accepter d'en parler.
Ça résonne toujours chez les gens.
Parce que ça, il n'y a personne à l'abri de ce que tu viens de raconter.
Perdre ses parents, c'est quelque chose qui nous habite,
soit qu'on l'a vécu ou soit qu'on l'anticipe aussi.
Oui, c'est vrai.
Alors, voici comment ça fonctionne.
Il y a les cartes vertes, Maud.
Oui.
Ça, c'est un jeu d'ailleurs qui est fait pour toi.
Tu vas partir avec après parce que même si les questions reviennent,
il n'y a pas un jeu pareil.
Ce ne sera pas nécessairement tout le temps les mêmes questions
pour les mêmes personnes. Oui. Ça, n'y a pas un jeu pareil. Ce ne sera pas nécessairement tout le temps les mêmes questions pour les mêmes personnes.
Ça, c'est des questions plus générales.
Les questions jaunes
commencent à être plus personnelles.
Les questions rouges sont des questions
personnelles pour toi.
Le nouveau niveau qu'on a depuis
quelques semaines à peine,
le niveau rose,
qui est le niveau éros.
Donc, on va
être plus coquins et coquines.
On sera plus coquines dans
ce niveau-là. Il y a toujours
une question à la fin. Tu vois, c'est une question hypothétique
que j'aime poser avant que les gens,
que les invités quittent. Et tu as ton
joker. Donc, si à un moment donné, tu trouves que ça va
trop loin, tu n'as plus envie de répondre,
tu n'es plus à l'aise, peu importe, tu le mets sur la table
et je vais changer de question.
OK. D'accord? D'habitude, je suis une frime
aux cartes, le joker.
Moi, je joue aux cartes beaucoup. Ah, bien oui, dans le fond.
Oui, mais je comprends.
Mais nous, c'est un pass. OK, c'est bon.
Peut-être qu'on le changera. On va t'écouter.
Peut-être qu'on le changera. Non, je ne veux pas changer.
Toi, tu es une joueuse de cartes. Oui, oui.
Je te donne des cartes, tu les brasses sur la table
et tu vas m'en donner six, s'il te plaît. Mon Dieu, on dirait qu'on fait un jeu de tares. Fait que je te donne des cartes. Tu les brasses sur la table et tu vas m'en donner six, s'il te plaît.
Mon Dieu, on dirait qu'on fait
un jeu de tarot.
Écoute, je vais revenir à mon cinq.
Cinq cartes.
C'est vrai que c'est ça.
C'est volontaire que ça ressemble à ça.
Parce que, tu sais, dans le fond,
moi, je ne sais pas ce que tu vas piger.
Je ne sais pas ce que tu vas répondre.
On est dans le vide.
J'adore ça
il y a pas de dossier
de recherche sur la table, il y a rien
on y va avec ce que tu dis
moi, tu sais, je voulais
tellement être sans filet
moi j'aurais aimé ça faire la télé en direct
tu sais, il arrive quelque chose, t'as pas le choix
moi j'aime cette
adrénaline-là.
Regarde, si j'étais
neurologue, je ne dirais pas ça parce que là,
tu perds quelqu'un, tu ne peux pas avoir d'improvisation.
Mais là,
dans ce que je fais,
la relation humaine, c'est formidable.
Qu'est-ce qui peut arriver? Un malaise
peut-être.
Moi, je trouve que comme téléspectatrice,
j'aime toujours voir ce que je n'aurais pas dû voir.
Ah, ça s'est arrivé.
C'est le derrière
la scène un peu, mais j'aime ça.
Alors, tu choisis une question
dans ce que je vais te dire et après, moi, je vais en choisir une
quand tu auras terminé d'y répondre.
Alors, à quel endroit te sens-tu en pleine
possession de tes moyens?
Quand je me regarde dans le miroir, je vois.
Quelle personne a fait une différence
dans ta vie? Quelle est ta plus grande
peur? Et sur quel trait de caractère
as-tu dû travailler?
OK. Là, c'est moi
qui choisis la question? Oui, à quel endroit
tu es en pleine peau? Donc, on choisit les questions
les plus faciles, non? Bien, ça dépend
comment tu veux jouer. OK.
Moi, je te laisse aller. Tu n'as pas besoin,
ce n'est pas nécessairement les questions,
c'est ce qui t'inspire.
Quand je me regarde dans le miroir, je vois
quelle personne a fait une différence dans ta vie,
quelle est ta plus grande peur,
et sur quel trait de caractère as-tu dû travailler.
OK.
Il y en a une qui est facile, c'est sur une scène
où je me sens le mieux.
Dans ma vie, c'est sur une scène.
Allons-y avec ça.
Mais moi, de toute façon, je vais t c'est sur une scène. – Bien, allons-y avec ça. – Mais, moi, c'est facile.
– Moi, de toute façon, je vais t'en reposer une après.
– Mais à quel moment t'as su ça,
que c'était sur une scène que
t'allais être bien?
– Bien, c'est-à-dire que ça m'a sauvée la scène.
Ça m'a sauvée parce
que j'étais au secondaire, puis
tu sais, dans une ville
comme Latuc, c'est quand même des
petites villes où tu décides pas d'être actrice du jour au lendemain.
Fait que toutes les jeunes qui étaient à côté de moi,
mes camarades qui étaient à l'école avec moi,
voulaient soit devenir avocats, soit vétérinaires,
soit, bon, une, je pense, qui est devenue un grand oncologue.
J'ai eu ça récemment.
Et mes comédiennes,
moi, j'ai découvert le théâtre à 13 ans
parce que c'est moi qui avais parti un cours de théâtre avec Jean-François Caron, j'ai découvert le théâtre à 13 ans parce que c'est moi qui avais parti à un cours de théâtre
avec Jean-François Caron, qui est un auteur de théâtre.
Puis j'avais rassemblé une couple d'amis,
puis on s'était dit, ah, ils ont fait du théâtre.
J'ai envie de toucher à ça.
Et on avait fait des monologues de Jacqueline Barrette.
Puis je me souviens d'avoir joué un monologue
qui devait être joué par un gars, Paul Léon
l'a révolté, et moi j'avais décidé de jouer ça.
Et quand j'étais
sur scène, quand je l'ai présenté, le monologue,
j'ai fait, mon Dieu,
j'ai comme, écoute, j'ai eu
des frissons, j'ai eu, je me suis
dit, mon Dieu, je suis faite pour ça.
J'étais comme heureuse
d'être sur scène, heureuse de donner
ça, heureuse de recevoir ce que le monde m'envoyait
comme onde, comme énergie.
Et j'ai fait, mon Dieu, je l'ai trouvé.
Parce que moi, j'étais une fille très complexée, très timide.
Complexée de quoi?
J'avais la peau blanche, translucide.
On me voyait les veines à travers la peau.
Souvent, je demandais des billets
pour ne pas aller en éducation physique. Je me voyait les veines à travers la peau. Souvent, je demandais des billets pour ne pas aller en éducation
physique. Je me trouvais grasse.
Je me trouvais... Je ne me trouvais
pas à mon goût. Je ne me trouvais pas jolie.
Et je trouvais ça dur.
Et quand j'ai commencé à faire
du théâtre, je n'étais pas
bien dans ma peau. Peut-être parce que je ne m'étais
pas trouvée encore et je ne savais pas trop
où je m'en allais. J'étais bonne à l'école, mais je n'étudiais pas tant que ça, mais j'avais quand même des bons résultats. J'étais dans la peau. Peut-être parce que je ne m'étais pas trouvée encore et je ne savais pas trop où je m'en allais. J'étais bonne à l'école, mais je n'étudiais
pas tant que ça, mais j'avais quand même des bons résultats.
J'étais dans la moyenne.
Mais il n'y avait rien qui était
spécifique à toi. Tu n'avais pas
un endroit où tu disais, là,
je me sens bien.
Tu ne l'avais pas trouvé.
Je n'avais pas d'atomes crochus non plus avec les gens que je côtoyais.
J'avais une grande amie, c'est tout,
mais j'étais très solitaire.
Et j'étais
beaucoup dans mon monde aussi. Mes parents se sont
séparés, j'avais 13 ans.
Comment t'as vécu ça?
C'était horrible. Je suis devenue un petit
diable. J'aurais pu
m'en virer.
J'aurais pu m'en virer.
J'ai pris du pot comme les jeunes
de cet âge-là.
Je sortais beaucoup, je ne le disais pas à ma mère, parce que j'habitais avec comme les jeunes de cet âge-là. Puis je sortais beaucoup.
Je ne le disais pas à ma mère parce que j'habitais avec ma mère.
Mon père était parti.
Donc, j'ai fait des crises.
Je n'ai pas été commode avec ma mère.
Je ne lui disais pas quand je rentrais, à quelle heure je voulais rentrer.
Je sortais avec des plus vieux.
J'avais 14 ans, je me souviens.
Puis j'avais sorti avec un gars de 20 ans sans lui dire.
Fait que j'étais comme un peu...
Non, non.
Mais c'est en réaction à la séparation?
Oui, en réaction à la séparation.
Parce que je voyais mon père, je mettais mon père
comme sur un piédestal.
Je l'ai toujours mis sur un piédestal.
C'est drôle parce qu'aujourd'hui, je me rends compte
que j'ai beaucoup
réagi par rapport à ma mère.
J'ai été très agressive par rapport à elle
parce qu'elle était un peu dépressive à ce moment-là
quand mon père est parti.
Alors, je la trouvais pas forte.
J'ai toujours trouvé que ma mère était comme un petit oiseau.
Sans me demander,
mais là, pose-toi des questions.
Regarde ce qu'elle vit. Peut-être que c'est pas facile.
Donc, ça faisait que t'as respecté moins
en ce moment-là?
Oui, j' la respectais moins.
Je ne la respectais pas du tout.
J'étais un peu délinquante.
Je veux dire, on s'entend.
Je l'ai couché à la maison.
Puis, je sentais ma mère tellement fragile
que j'avais l'impression que c'était moi
qui devais s'occuper d'elle.
Parce que ma soeur, elle, était déjà aux études à Québec.
Elle étudiait en musique.
Ah non, tu restais toute seule avec ta mère à ce moment-là?
Oui, j'étais toute seule avec ma mère pendant cinq ans et demi.
Donc, c'était énorme, tu sais, pour une jeune ado.
Et ma mère, je voyais bien qu'elle ne filait pas
et qu'elle était dépressive, tu sais.
Puis je trouvais ça dur parce qu'à un moment donné,
j'avais trouvé des Valium sur sa table de chevet, tu sais.
Puis je me disais, mon Dieu, elle en prend-tu trop?
Je me posais des questions.
Ça fait que ça a été une période très sombre.
Et je n'avais pas l'instinct de me confier à elle non plus.
Je pense que ça a été très dur pour elle.
– Il n'y a personne d'autre dans ta famille
qui t'en a parlé de ça?
– Non.
– Qui te disait, voici ce que ta mère vit,
parce que c'est dur de comprendre ce qu'elle vit
quand on est aussi jeune.
Oui. Non, personne
m'en a parlé vraiment parce que ma soeur était aux études.
Ma soeur faisait sa vie.
Tu sais, puis je pense qu'elle voulait pas trop
savoir les choses.
Elle voulait... Et je vais te dire,
je suis... D'ailleurs, je suis un peu
amnésique de mon enfance, de ces années-là.
Il y a plein... Il y a des
flashs qui me reviennent, mais j n'ai pas beaucoup de souvenirs.
C'est comme si j'avais évacué plein d'affaires
qui m'étaient désagréables,
des comportements que je n'aimais pas de ma mère.
Mais je me souviens d'une mère malheureuse,
d'une mère aussi qui chialait beaucoup
contre mon père,
qui parlait dans le dos,
chose qu'on ne doit pas faire à un enfant
quand il a cet âge-là.
Surtout pas.
Mais par la suite, c'est drôle parce que
depuis que ma mère est décédée, je lui parle
beaucoup. Là, j'étais en train de faire
une paix avec ça, puis je me rends compte
que ce n'est pas juste ma mère, ce n'est pas
elle la victime. C'est une victime,
mais mon père n'a pas
été correct totalement non plus.
Il est parti faire sa vie. Il s'occupait de nous monétairement, mais il n'a pas été correct totalement non plus. Il est parti faire sa vie.
Il s'occupait de nous monétairement,
mais il n'était pas là.
Il n'était pas...
Donc, ta maison était triste.
Oui, très triste.
Oui.
Et j'avais besoin d'une fuite, je crois.
C'est pour ça que quand j'ai découvert le théâtre,
bien, écoute, quand j'ai découvert le théâtre,
ça a été...
Ça m'a sauvée, carrément. Carrément. Souvent, j'ai découvert le théâtre, ça a été... Ça m'a sauvée. Carrément.
Carrément.
Souvent, j'ai une image dans ma tête
où je suis assise dans ma chambre, je regarde par la fenêtre
et je me dis un jour, je vais m'en aller.
Je savais que j'allais partir.
Je savais que j'allais partir tôt.
Et je savais que je n'allais pas faire ma vie à Tuc.
Parce que la vie à Tuc, c'était ou faire de la chasse
ou de la pêche ou du sport
ou du plein air.
À ce moment-là, ce n'était pas ça.
Il n'y avait pas beaucoup de culture.
À cette époque-là, parce qu'on recule de quelques années.
Oui, de plusieurs années.
De quelques années.
Mais non, ce n'était pas...
Tu avais un appel vers l'ailleurs
que tu savais qu'il allait être moins triste.
Oui.
Et ça, ça t'aidait.
Oui.
Et qu'est-ce que tu'as ressenti quand, justement,
quand t'as compris que le théâtre, la scène,
c'était pour toi, à l'intérieur de toi?
Ah bien, écoute, c'est comme...
C'est drôle parce que quand je suis entrée à l'école de théâtre,
ils m'ont posé la question,
qu'est-ce que t'attends, tu sais, du théâtre?
Puis écoute, j'avais juste 18 ans.
J'étais un bébé, là, tu sais.
Bien, j'ai dit, j'attends tout.
Je dis, je fais pas ce métier-là, je meurs.
Écoute, ils sont partis à rire, là.
Ils en revenaient pas. Ils se disaient, ben,
elle est intense.
Mais tu sais, quand tu vois que quelqu'un est intense
comme ça, tu te dis, OK, OK.
Mais tu le croyais?
Oui, oui, je le croyais. Oui, je travaillais dans des bars.
Je me souviens, je travaillais dans un bar,
le Saint-Sulpice, Saint-Denis. Oui, bon,
tu fais très bien de ça. Tu connais? Ben oui. Écoute, je suis rent dans un bar, le Saint-Sulpice, Saint-Denis. Oui, tu connais.
Je suis rentrée là, j'ai fait semblant que j'avais fait ça parce que mon père avait
l'hôtel Windsor à Latuc. Mon père était
propriétaire pendant plusieurs années
de l'hôtel Windsor.
Je leur disais, j'ai travaillé à l'hôtel,
j'ai servi, je vais vous faire ça comme ça.
C'était quand même la faune,
la rue Saint-Denis, encore aujourd'hui.
Et j'allais là, je me souviens, en vélo.
Écoute, je me promenais en vélo avec une vieille bécane à Montréal.
Puis j'allais servir.
Puis j'ai travaillé là pendant deux étés.
Et il y avait plein de monde qui voulait faire ce métier-là aussi,
qui servait dans des restos, un peu comme à New York.
Mais je leur disais que je voulais être comédienne
et tout le monde, rien de moi.
Écoute, j'ai fait rire beaucoup de moi,
la petite qui veut être comédienne.
Bien oui, tout le monde veut être comédienne.
C'est comme de l'ordre du rêve et non du réel.
Alors que toi, tu le savais.
Moi, j'étais persuadée.
Donc, quand tu as dit ta phrase, c'est ça,
où je vais mourir, tu étais convaincue
et tu les as convaincues comme ça?
Oui, je les ai convaincues.
Ils m'ont pris. Je suis sortie de l'école
à 21. Et à l'école de théâtre,
j'ai rencontré quelqu'un qui a été
mon pigmalion, qui est Jacques Zouvi.
Avec qui je suis sortie.
Ça a été ton chum.
Ça a été mon chum.
Qui était plus vieux que toi.
Il était plus vieux que moi.
Mais ça, c'est la première fois que je parle de ça.
Bien, je te dirais,
Alain le sait, puis Fred le sait.
Parce que c'est ses fils. Oui.
Mais ça a été
un grand amour dans ma vie, mais surtout
un grand mentor. Ça a été mon Pygmalion.
C'est pas une image, là. C'est pas
une métaphore. C'est lui qui m'a tout appris.
C'est... Je suis tombée en am'est lui qui m'a tout appris.
Je suis tombée en amour avec lui,
parce qu'il était mon professeur une session,
puis il nous disait nos commentaires de fin d'année.
Puis il m'a tenu la main,
puis il m'a dit, je sais pas ce qui se passe,
mais j'aimerais ça qu'on se revoie.
Puis moi aussi, il y avait comme une connexion entre lui et moi,
puis il m'avait dit souvent,
écoute, tu vas faire ce métier-là, c'est sûr.
Je te vois aller.
Puis tu as du bagout.
Puis tu as la personnalité pour ça.
Puis on a l'instinct.
Et là, on est tombés en amour.
Et on a gardé ça secret, je te dirais,
pendant au moins jusqu'à la fin.
Jusqu'à la fin de la troisième année parce qu'on ne voulait pas que ça sache.
Oh, tout le long, dans le fond, presque, de tes études.
Bien oui, de mes études. Je suis restée là trois ans.
Donc, après une session.
Après une session, après la première année.
Je dirais qu'on a été ensemble à peu près quatre ans et demi en tout.
Donc, deux ans pendant l'école.
C'est quand même difficile, l'anonymat amoureux.
Oui, c'est difficile, mais en même temps, c'est excitant parce que t'es jeune.
T'es comme... Non, on était
vraiment en amour. C'était pas
un kick.
Ça a été un homme extrêmement
important dans ma vie.
Moi, j'habitais avec une fille,
Geneviève Robitaille, qui a été ma grande,
grande amie, qui est décédée aujourd'hui.
Et là, c'était
dans le secret des dieux parce qu'on habitait ensemble,
Geneviève et moi, et on recevait Jacques
en cachette.
Il mettait, je pense, il y avait
une siroco à cette époque-là. Il la mettait
loin, il la mettait dans une rue un peu plus
loin pour ne pas faire de lien.
Et là, il venait manger à la maison.
Puis là, on parlait, écoute, de
toute la soirée de théâtre.
Tu as découvert le monde.
Oui, il m'a fait découvrir le monde. Et mon ami de cette époque-là, Geneviève, écoute, de toute la soirée de théâtre. – T'as découvert le monde. – Oui, il m'a fait découvrir le monde.
Et mon amie, de cette époque-là, Geneviève,
qui, elle, avait des parents qui étaient à l'Orchestre symphonique de Québec,
donc elle m'a fait découvrir les chanteurs français,
la musique classique. Lui m'a fait
découvrir Montréal, m'a fait découvrir...
Je me suis
découverte à travers lui,
comme femme, parce que ça a été
ma première relation.
Écoute, c'était quelque chose, là, tu sais.
Aujourd'hui, les jeunes, ils font tout ça à 13, 14 ans,
mais moi, j'avais 18 ans, j'avais jamais rien vécu.
Et il m'a parlé du métier.
Il m'a accompagnée dans ce métier-là.
Il m'a accompagnée à Montréal.
Et puis, à un moment donné, il m'a dit, OK, c'est assez.
Sors du nid.
Il m'a jetée en bas du nid, comme on dit.
Puis là, j'ai fait ma vie.
Mais c'est comme si j'avais besoin de...
C'est un petit peu ésotérique.
Bon, tu sais que Jacques Zouvi était un grand voyant.
Il y avait...
Non, je ne savais pas ça.
Oui, c'était un grand voyant qui faisait les lignes de la main,
mais qui n'avait pas besoin des lignes de la main
pour dire des choses aux gens.
Fait que j'ai habité avec lui aussi à Montréal
pendant quelques années.
Puis par la suite, bien, tu sais ça,
il m'a comme...
Là, ça devenait plus difficile parce que Jacques vieillissait.
Puis bon, il voulait pas...
Il trouvait que c'était gris comme vie pour moi.
Puis il m'a dit à un moment donné, il dit, t'as assez.
Il dit, t'es prête.
Il dit, va faire ta vie.
Va faire ta vie d'actrice.
Parce qu'il me disait des choses.
Il m'avait dit, écoute, tu vas être connue
autant que... Il m'avait parlé.
Mon Dieu, j'ai l'impression d'être dans mon salon.
Il m'avait parlé de Denise Pelletier.
Puis il m'avait parlé
de Marilyn Monroe. Il dit, tu vas être aussi malheureuse
que Marilyn Monroe en amour,
mais tu vas être aussi connue
que Denise Pelletier à l'époque.
Et
j'en revenais pas. Je restais avec ça parce que
c'est rare qu'il me faisait les lignes de la main. Je voulais pas.
J'aimais pas ça.
Mais est-ce qu'il y avait quelque chose de paternaliste
dans le fait de te dire
tu peux quitter le nid? Oui.
Oui, il y avait quelque chose de...
Il voyait que... Il savait qu'il n'? Oui, oui, il y avait quelque chose de... Il voyait que...
Il savait qu'il n'y aurait pas de débouchés
si je restais avec lui.
Et je sens qu'il le sentait, vraiment.
Il se disait, je veux pas.
Puis il voyait que je devenais un peu triste,
que je devenais un peu inactive
aussi dans les démarches que je faisais,
dans mon métier, tout ça.
Ça a été dur parce que, écoute,
moi, je voulais pas le laisser.
J'étais follement amoureuse.
Mais je sentais
qu'il avait raison.
Alors, je suis partie
et j'ai fait ma vie.
Il m'a accompagnée aussi un petit peu après
parce qu'il voyait que j'étais un peu ébranlée
de tout ça.
C'est la première fois que j'en parle peut-être parce que je suis prête
je ne voulais pas en parler parce que
je n'avais pas l'occasion non plus d'en parler, mais maintenant qu'il est décédé
pis tout ça, je...
Et ça a été très dur quand il est mort
aussi. Quand j'ai su son décès,
j'étais avec quelqu'un d'autre, un gars
de mon âge cette fois, pis j'ai trouvé ça dur.
Vous aviez combien de différences d'âge?
30 ans de différence. Tes parents, comment
ils ont réagi à ça? Mon père, il faisait
des jokes, il disait...
Pis il dit, ton grand-père, vas-tu venir au chalet?
C'était...
Mon père faisait des jokes
parce que sinon, il s'écroulait.
Je comprends. Il fallait qu'il...
Il fallait qu'il réagisse un peu.
Il fallait qu'il passe ça par le monde.
Il dédramatisait ça.
En même temps, mon père a été beaucoup un chaud lapin.
Mon père aimait beaucoup, beaucoup, beaucoup les femmes.
Fait que...
Puis il avait un charisme certain.
Mon père, c'était pas un homme très...
physiquement très beau,
mais qui avait énormément de charme
et qui écoutait énormément les femmes.
Fait que...
Fait qu'il comprenait un petit peu, je pense, ce que je vivais, tu sais.
Mais...
Parce qu'il est venu, genre, il est venu à la Tuque.
Il a connu ma nièce. Il a connu... J'ai il est venu à la Tuque, il a connu ma nièce,
il a connu, j'ai des photos de lui à la Tuque,
j'ai des photos avec ma famille.
Il adorait ma famille, mais...
Puis c'était drôle, parce qu'on se retrouvait à Noël avec Albert Miller,
avec, comme si c'était quelque chose.
Alain Zouvi.
Puis eux autres, ils me prenaient
un peu, je sens pas, je sais pas,
faudrait que j'en jase des fois de ça
avec Alain, parce que j'ai rejoué
avec Alain aussi, puis j'ai parlé avec Fred
aussi, qui a joué dans le cinquième rang, Fred Zoubi.
Mais c'est ça,
c'est qu'on se retrouvait dans les fêtes de famille
avec Albert Miller. Puis là,
je faisais, mon Dieu,
même j'avais joué avec Amulette Garneau.
Moi, j'ai joué avec Amulette Garneau à l'écran.
Fait que là, ça me faisait drôle de côtoyer tout ce monde-là, tu sais. Mais c'est comme j'avais joué avec Amulette Garneau. Moi, j'ai joué avec Amulette Garneau à l'écran. Ça me faisait drôle de côtoyer tout ce monde-là.
Mais c'est comme j'entrais dans le monde des arts
par la grande porte.
J'étais comme la petite fille qui sortait avec Jacques Zouvi.
Il se faisait la petite midinette.
Il se payait un time.
À un moment donné, ça va finir là.
C'est sûr qu'il y avait ça.
Si on vous regardait une première fois,
on a tous un peu cette image-là,
je pense. Je ne sais pas si c'est comme moi, mais
si on voit un homme avec une femme vraiment
plus jeune, on se demande
est-ce qu'elle est vraiment en amour avec?
Il y a comme un
questionnement, je pense,
à un moment donné, quand on voit que c'est vrai,
ça part. Mais si tu t'assis dans un café
et que tu vois un couple passer 30 ans, moi, c'est sûr que ça part. Mais si tu t'assis dans un café et que tu vois un couple passer
30 ans, moi, c'est sûr que
je ne suis pas dans le jugement,
mais j'aimerais ça connaître cette histoire-là.
Oui, on est curieux.
Oui, parce que tu dis, il y a quand même
quelque chose à franchir. Il y a quand même une barrière
à franchir qui est
invisible, mais qui est là
quand même à 30 ans.
Alors que vous, quand on vous connaissait, on comprenait
que c'était réciproque.
Oui, puis c'est très drôle parce qu'on a
su, à la troisième année
de mon école, là, les gens
ont su qu'on était
ensemble, tu sais. Et ça a paralysé
bien du monde. Ça a fait, bien,
voyons, tu sais. Puis c'était pas
politically correct d'être avec
son professeur. Oui, c'est sûr que c'était plus embêtant. Oui, que ça, c'était pas politiquement correct d'être avec son professeur.
– Oui, c'est sûr que c'était plus embêtant.
– Oui, que ça, c'était embêtant.
– Oui.
– Il peut y avoir des conflits d'intérêts.
– Oui, aussi.
Mais nous autres, on était très sages,
puis on faisait attention,
puis on était très respectueux.
Mais oui, oui, c'est quelque chose.
On allait dans les restaurants,
puis on le sentait, le regard.
Bon, ça, il était avec sa fille,
mais là, puis quand on se prenait la main,
on se donnait un petit bec.
On sentait que les têtes sont virées.
J'ai connu ça longtemps.
C'est une histoire qui est importante
dans ta vie.
C'est une grande histoire.
C'est ce qui m'a définie
comme femme, comme actrice.
Il t'a donné confiance en toi?
Énormément.
Parce que j'étais une petite fille qui sortait de la campagne.
Je ne savais rien. Encore aujourd'hui,
je vais te dire, Marie-Claude,
je me suis sentie souvent comme une petite fille.
D'ailleurs, des fois, dans le métier, on m'appelait
la petite Maud. Et ça m'énervait, ça.
La petite Maud. Je trouvais ça un peu péjoratif.
On dirait que je traînais
ma campagne derrière moi. Quand on me disait, oh, la petite Maud. Je me disais, peu péjoratif. On dirait que je traînais ma campagne derrière moi.
Tu sais, quand on me disait « Oh, la petite Maud! »
Je faisais « Mais voyons, la petite Maud! »
Des fois, ça m'achalait.
Mais c'est vrai que quand tu viens,
c'est un peu, c'est drôle parce qu'on va parler de Jean-Philippe Plot,
mais ce n'est pas un transfuge de classe à ce niveau-là,
mais un peu.
Quand tu sors de la campagne,
puis que tu arrives avec des intellectuels,
parce qu'il y a beaucoup d'artistes qui sont un peu
été l'eau, qui sont cultivés, qui ont une connaissance
générale assez énorme,
et je me sentais souvent
comme une petite fille qui sort de sa campagne.
Je me sentais
souvent...
Je ne sais pas, pas importante.
J'avais de la misère à prendre ma place.
Même quand je suis arrivée à l'agence
Goodwin, qui était la plus grosse agence à Montréal,
quand Camille m'a prise.
J'avais fait un théâtre d'été avec Donald Pilon,
qui m'avait dit, prends-la, la petite, elle va travailler.
Elle est bonne.
Je suis arrivée chez Camille.
J'arrive dans ses bureaux.
Écoute, c'était...
C'est cossu.
Je voyais bien que ces gens-là avaient les moyens.
Je me disais, mon Dieu, je rentre par la grande porte
à l'agence Goodwin.
Ça, j'essayais de ne pas le faire voir,
mais j'ai toujours été impressionnée par ça, tout le temps.
Des fois, ça me freezait.
Je me heurtais à ça constamment dans mon métier.
Il y a quelque chose de beau dans ce que tu dis,
d'apprécier,
de se laisser envahir,
puis pas dire que tout nous est dû non plus.
Non.
De dire, OK, wow,
puis si ça veut dire quelque chose,
s'ils m'appellent, ces gens-là,
s'ils me voient, il y a quelque chose.
Parce que des fois, il y a des gens
qui sont, on dirait, un peu blasés.
Mais toi, tu le voyais, ça.
Oui. Je le voyais, puis non seulement je le voyais,
quand j'étais à l'école de théâtre, il y en avait
qui avaient déjà joué au théâtre des variétés,
qui avaient déjà fait le métier.
Ça chantait haut et fort, ça parlait fort.
Moi, j'arrive avec mes petites...
Puis tu sais, le monde me regardait en voulant dire,
« Hey, la petite, elle ne t'offre pas longtemps
à l'école de théâtre, elle va durer un an,
puis ils vont en mettre à la porte.
Mais le monde me regardait
vraiment comme ça.
Mais as-tu trouvé ça dur, ça?
Oui, j'ai trouvé ça dur. Bien oui, parce que je ne savais pas par où prendre ça.
Je ne savais pas comment
me faire respecter.
Puis je n'avais pas cet âge-là.
Je suis encore une fille très naïve,
puis ça, je pense que c'est dû à mes origines.
Puis je pense que ça m'aide
aussi dans ce métier-là, mais
tu sais, moi, j'ai tellement désiré
faire ce métier-là, alors que
les gens qui étaient là à l'école de théâtre, eux autres, ils le faisaient.
Fait qu'il n'y avait pas besoin de le désirer.
Tu sais, quand on parle de transfuge de classe,
qu'on dit, les gens qui sont à l'aise,
sont à l'aise aussi physiquement.
Il y avait comme une dégaine qui n'était pas la même
que la mienne. Moi, j'étais comme
un peu...
Mais surtout, si on posait ce regard-là sur toi, il n'y a rien
pour aider à avoir de la dégaine.
Non. C'est le regard
des autres à un moment donné. D'ailleurs, tiens, j'ai envie
de te poser cette question-là. Oui.
Ah, mais non, tu ne l'as pas pigée.
Vas-y, vas-y.
Non, parce qu'il y a une question
qui était, tu sais, quelle importance est-ce que tu accords au regard des autres? Mais dans ce cas-y, vas-y. Il y a une question qui était quelle importance,
est-ce que tu accords au regard des autres?
Mais dans ce cas-là, je vais te poser celle-ci.
Quand je me vois dans le miroir,
je vois...
Mon Dieu.
Bien là, ça change tout, la mort de mes parents.
J'ai...
Eh boy.
C'est que je...
Je suis en train d'accepter.
Je suis en train d'accepter
la petite maude de la tuque
en ce moment. Je suis vraiment
en train de... Quand je te dis
que c'est un gros virage,
des fois,
j'ai toujours été mal d'être la petite
qui vient de la tuque.
Comme tu dis, c'était très confrontant.
Tellement qu'il y a du monde qui n'a pas été correct avec moi à certains égards parce qu'ils voyaient qu'il y avait une porte ouverte,
parce que j'étais naïve, parce que j'étais entière,
parce que je me donnais totalement quand je jouais.
Et j'aurais dûière, parce que je me donnais totalement quand je jouais. Et
j'aurais dû m'imposer plus. Je regrette
de ne pas m'avoir imposé plus.
– Mais tu n'avais peut-être pas ce qu'il fallait non plus
pour t'imposer à ce moment-là. – Non, je ne l'avais pas.
– Tu sais, ta naïveté, elle est belle,
ta naïveté. Parce que tu y
croyais, puis tu étais à la bonne place pour faire
ce que tu voulais. Tu n'étais pas
méfiante.. Non. Non.
C'est ça, je donnais le bon Dieu sans confession.
Puis ça, mon père est comme ça aussi.
Il était comme ça.
J'ai de la misère à parler au passé.
Mais oui,
j'étais juste ouverte. Mais tu sais, quand t'es
ouverte comme ça, même René
Richard-Cyr, des fois, il me disait,
il dit, « Maudit que t'es idone. Arrête de te
mettre face publique. Prends-toi un petit angle dans Sainte-Carmène-de-la-Maine. » Il me disait, il dit, maudit que t'es idone. Il dit, arrête de te mettre face publique. Prends-toi un petit angle
dans la scène de Carmen de la Main.
Il me disait, prends-toi un petit angle.
J'ai dit, pourquoi il prend-toi un petit angle? C'est bien plus beau
si Carmen, elle arrive, puis qu'elle est de même,
tu sais, devant le monde.
Puis il riait, tu sais, parce qu'il me trouvait
vraiment gotsée. – Parce que tu te protèges pas.
– Non, c'est ça. – Tu donnes tout.
– Oui.
– Et ça a été comme ça toute ta vie.
C'est ça qui est...
Je suis comme ça.
Je suis entière.
Mais des fois, dans ce métier-là,
et là, j'ai vu dans ce métier-là
qu'il y en a qui sont vilains.
Que ce n'est pas tous des bonnes personnes.
Il y a des bouts, faut-tu te mettre un angle.
Oui. Exactement.
Faut-tu te mettre un angle.
C'est important.
Exactement. Et ça, je l'ai pas appris.
Ben, je sais pas si Jacques
me l'avait appris, mais pas assez,
en tout cas. Parce que je me protégeais pas.
Parce que je me disais, ben, le monde,
il est beau, il est gentil, il est fin.
Tu sais, puis je me dis, pourquoi pas? Je saute
à pieds joints dans mon métier. Je saute
à pieds joints. Je m'en vais au TNM à la première.
Je m'en vais, je parle au monde.
Mais après ça, j'ai vu
qu'il y avait des protocoles qu'il fallait que je fasse attention.
Même au début, je faisais
des entrevues, puis je perlais.
Je revenais à la tuque, mon père, il dit, là, tu vas-tu
parler tout le temps de même?
Oublie pas que tu es une petite fille de la tuque, mon père, il dit là, tu vas-tu parler tout le temps de même, il me dit, oublie pas que t'es une petite fille de la tuque,
jamais d'où tu viens.
Et ça, j'ai fait par la suite,
j'ai fait de moi. C'est ça, aujourd'hui,
quand tu dis, t'as regardé dans le miroir,
aujourd'hui, je dis,
parce que j'ai plus
de notoriété que j'en avais
quand j'avais 18 ans,
tu sais, je suis fière, Marie-Claude,
parce que je suis sortie de la tuque.
C'est pas rien.
Et je suis fière, mais il a fallu que je me batte.
Puis il a fallu que je crois en moi.
Puis aujourd'hui, quand je me regarde dans le miroir,
justement, je me dis, bien là, regarde,
c'est la petite-fille de la tuque qui est là
avec tout ce qu'elle est, tout ce qu'elle a appris.
Ça part de la petite-fille de la tuque.
Oui. Je veux plus l'oublier.
J'ai même, à un moment donné, pris une distance avec ma famille.
Parce que, bon, peut-être parce que je me sentais fautive
de ne pas être présente avec mes parents,
puis ma soeur était tellement là.
Mais tu sais, c'est des choix qu'on fait dans la vie.
Ma soeur est restée, elle est demeurée à la tuque,
puis moi, j'ai décidé de faire ma carrière
parce que c'était impossible de faire ça à la tuque
mais je me suis sentie souvent coupable
de
pas m'occuper de mes parents, de pas être près d'eux
fait que quand ils sont morts ça a comme fait
mon dieu tout ce temps là
je les ai vus mais pas assez
donc ça va changer, c'est en train de changer
quelque chose en toi? Oui
beaucoup, bien là
j'ai serré fort ma soeur dans mes bras
puis je lui ai dit, écoute,
je suis là pour toi, je vais toujours être là.
Dans les bons et les mauvais coups,
les mauvaises affaires.
On est juste deux petites soeurs.
J'ai vu mon fils aussi, c'était beau.
Mon fils m'a pris dans ses bras au cimetière
puis il m'a dit, maman, je t'aime
tellement. C'est parce qu'il sait, maman, je t'aime tellement.
C'est parce qu'il sait que ça se peut qu'on meurt.
Il n'avait pas vécu ça avant.
Ça fait que c'est ça que je vois.
Ça t'a pris comme la mort pour te rapprocher de tes racines.
Oui.
De te rapprocher de ta famille,
d'où tu viens.
Parce que c'est vrai que...
Céline, disons, dans une de ses chansons,
elle disait, on ne change pas.
Je ne me souviens plus des mots,
mais ce sont les costumes qui changent.
Mais en dessous des costumes,
on est toujours la même personne.
Cette personne-là, c'est d'où tu viens,
avec qui tu as grandi. c'est ses formateurs.
Puis tu sais, René-Richard me l'avait dit une fois,
il dit, tu sais, l'affaire la plus difficile
dans ce métier-là, Maude, c'est de rester soi-même.
Parce qu'il y a tellement d'affaires qui arrivent,
tellement de monde, tellement de...
Puis en plus, tu joues des personnages.
Oui.
Tu sais, j'imagine qu'il y a des...
Est-ce que des fois, ça t'est arrivé
qu'un personnage t'a gardé
une teinte d'un personnage?
Oui, il y a des personnages.
Je me souviens d'avoir joué un genre de
wooboo dans une pièce de Serge Boucher
chez Duceppe.
Les bonbons qui sauvent la vie, ça s'appelait.
Et je faisais une fille qui était en prison
parce qu'elle avait tué sa coloc.
Et écoute, je fumais cigarette.
Dans ce temps-là, on avait le droit de fumer au théâtre.
Puis je fumais des cigarettes une après l'autre.
J'étais en prison, puis je me souviens,
Véronique Leflaguet faisait ma mère,
Michel Dumont faisait mon père, puis Isabelle Vincent
faisait ma soeur, puis je les recevais
un après l'autre. C'était ça, la pièce.
Puis j'étais, écoute,
j'étais là, tu sais, en pantoufles,
puis en, tu sais, une wobo, là, tu sais.
Et qui parlait tout le temps, tout le temps, une verbomoteur.
J'ai eu de la misère dans mon couple à ce moment-là
parce que je n'avais plus beaucoup d'estime de moi.
J'amenais un peu le personnage à la maison.
Je m'étais aperçue que je me sentais aussi wobo
un peu dans ma vie.
Mon chum m'avait dit une fois,
ce serait le fun que tu te mettes des petites robes
parce que je ne sais pas,
je traînais cette énergie-là.
Je ne traînais pas le personnage.
Non, mais c'est parce que je trouve
qu'être acteur,
actrice,
c'est quelque chose.
D'embrasser
quelqu'un d'autre,
d'avoir des moments d'intimité avec des gens.
C'est pour le travail.
Quand on n'est pas dans cet
univers-là, après ça,
de jouer une mère, de jouer une fille, de jouer une soeur,
de jouer une révoltée,
c'est de porter plusieurs
chaussures.
Quand tu donnes,
moi, je me donnais à 100 %,
il y avait un acteur qui m'avait dit,
je vais taire le nom,
mais j'avais trouvé ça plate,
il m'avait dit, tu sais,
tu pourrais t'économiser
puis ça passerait pareil.
J'ai dit non.
Mais alors, qu'est-ce qu'on retient de toi?
C'est ça, dans Feu,
on peut s'en parler de Feu.
Cette série-là a été marquante
avec Alexandre Goyette.
C'était un amour interdit.
Et là, moi,
tu sais, je t'ai toujours
trouvé extraordinaire, mais cette série-là, je pense
qu'il y en a des plus jeunes qui t'ont découvert
aussi dans cette série-là, parce que
on voyait toute ta nuance de jeu
avec ta famille
et tu sais
que t'as commis comme à quelque part
l'irréparable.
Et on sent ça
dans le silence,
juste dans ta gestuelle.
Ça prend un talent
hors norme, une expérience de vie.
Il y avait beaucoup
et les scènes de nudité.
Moi, je me surprenais
en en vouloir de plus en plus
parce que vos scènes étaient crédibles.
On n'était pas des voyeurs,
on comprenait qu'il y avait une chimie
des corps qui était plus forte
que tout.
C'était une série, j'imagine,
tu en as fait beaucoup parler de ça.
C'est quand même assez récent aussi.
Oui, aussi.
Je savais de quoi je parlais parce que j'avais déjà
vécu ça, un amour impossible
qui a caché.
Il y a ça aussi.
Le métier d'acteur, c'est le seul métier qui demande ça, le seul peut-être pas,
mais qui demande un vécu.
Tu peux pas jouer si t'as pas vécu.
Moi, je comprends ça.
Sinon, tu joues scolaire.
Y a pas de couche.
T'essaies de comprendre, mais tu l'as pas intériorisé.
Oui.
Moi, je l'ai vécu, je l'ai vécu à 18 ans
de vivre un amour interdit qu'il fallait que je cache
je savais un peu dans quoi
que tu vis dans ta tête
il y a des choses qui se passent mais toi il se passe d'autres choses en silence
exactement
puis il y a des filles
j'ai joué aussi beaucoup de filles
un peu démunies, moins bien hanties
je l'ai vu ça ça, à Tuck.
Mon père avait un hôtel.
Mon père, un moment donné, il avait un bar de danseuses
et j'étais devenue copine avec une des danseuses.
Je l'ai vu, ça.
Les serveuses un peu de l'univers de Michel Tremblay,
je les ai connues, ces serveuses-là.
C'était quasiment même à temps.
Ça, je suis contente de venir de là.
– Bien oui.
– Parce que ça, dans les milieux un peu plus bourgeois
ou mieux nantis, tu peux jouer d'autres choses aussi
de bien intéressantes, mais tu ne vois pas ça.
Tu ne vas pas là.
C'est pour ça que je me sens comme un poisson dans l'eau aussi
quand on me donne des personnages comme ça,
des personnages plus écorchés.
– Mais c'est ça,
dans ce que tu... Là où tu as souffert
du regard des autres, dans cet abandon-là
que tu as, cette entièreté-là
que tu as,
nous, comme téléspectateurs
ou spectateurs,
c'est ça qu'on aime.
C'est de dire...
Dans le sens qu'il n'y a plus de mode guérin.
Non, c'est ça que j'essaie.
Il y a le personnage qui est là, tu comprends,
dans Société Distincte,
qui est sur Club Illico.
Sur Club Illico.
Encore une fois,
à la première scène,
je dis, OK, je vais aimer ça.
Je t'ai vue, je vais aimer ça, c'est sûr.
Parce que tu as une espèce d'abandon,
une énergie, pis on sait pas
ce que ça envoie sur ton personnage
parce que tu sais, il y a quand même des fois, des acteurs
des actrices ont l'impression qu'ils ont toujours un peu
le même personnage
dans ton cas, ça arrive pas
tu nous surprends toujours
parce que tu plonges
c'est vrai
tu plonges complètement
ça t'a causé des soucis,
mais en même temps,
quand tu es dans ton rôle,
dans ce que toi, tu voulais faire dans ta vie,
ça te sert.
Oui, énormément.
Oui, je pense que tu ne peux pas te mouiller un peu
quand tu fais ce métier de fou.
C'est un métier de fou, on va le dire.
Tu ne peux pas être sur le bord de la piscine
et juste tremper l'orteil.
Non, non. Tu plonges. Mais est-ce que la vie ne devrait pas être un peu bord de la piscine pis juste tremper l'orteil non non tu plonges
mais est-ce que la vie devrait pas être un peu comme ça aussi
de plonger et non
de juste tester
la température de l'eau pis se poser
bien des questions
c'est drôle parce que quand je t'ai rencontré je me suis dit Marie-Claude est comme ça
elle plonge
quand t'as parti de ta plateforme pis ton podcast
j'ai dit c'est-tu extraordinaire
elle plonge
je sens beaucoup c'est-tu extraordinaire. À plonge. Je sens
beaucoup, c'est pour ça aussi peut-être qu'on est...
Je sens une énergie qui se ressemble
beaucoup. Puis c'est drôle parce que tu me parlais
de tes déménagements, tes plusieurs déménagements.
On a déménagé à peu près 21 fois
dans mon enfance. Fait qu'à travers
le Québec, mais quand même. – Tu sais, moi, j'ai fait un bout de ma maternelle
à Latuc. – Hein? – Bien oui,
dans mes déménagements. – Dans le patio!
– Dans tous mes déménagements. J'ai commencé à Port-Cartier
puis après ça, je suis partie à Latuc
puis j'ai fini à Montréal, ma maternelle.
Ben voyons donc.
J'ai habité quand même, puis on a habité
tout un autre été à Latuc.
Puis je suis retournée il y a quelques
années. Entre Shawinigan
et Latuc, le parc de la
Mauricie. S'il y a des gens qui nous
écoutent et qui n'ont pas vu ça encore,
c'est extraordinaire.
Toute la 155 nord.
C'est une route magnifique.
C'est incroyable. Et j'étais contente
de retourner à Latuc.
J'étais tout petite. Mais quand même,
pour moi, ça voulait dire quelque chose.
Ça fait partie de mes déménages.
Vous pouvez voir ça.
Mais ça m'a frappée quand tu m'as parlé de ça. Et moi, je pensais dire quelque chose. Ça fait partie de mes déménages. Je peux pas voir ça, c'est bon.
Mais ça m'a frappée quand tu m'as parlé de ça.
Et moi, je passais peut-être... Je passais jamais un an dans la même école. Fait que quand tu m'as
parlé, tu sais, ça nous aide à s'adapter,
mais aussi à découvrir
toutes sortes de mondes.
Mais tu sais, moi, il y a deux choses que ça...
Puis tu sais, j'aime ça en parler parce qu'il y en a beaucoup qui ont déménagé
puis qui ont jamais fait le lien entre les déménagements.
Moi, j'étais en suradaptation.
Je ne faisais que m'adapter,
Maude. Et le problème de ça, c'est que
tu ne sais plus qui tu es. Tu sais, quand tu es nouvelle,
premièrement, je n'avais plus de prénom.
Moi, c'était la nouvelle, la nouvelle,
la nouvelle. Bien là, la nouvelle,
elle ne connaît pas les habitudes.
Moi, je me mettais toujours au parfum.
Puis, tu sais,
c'est à 30 ans que je me suis rendue compte que, OKue compte que s'adapter, pour moi, c'est trop facile.
Ça va être mon premier réflexe de m'adapter.
Il a fallu que je me dise,
mais qu'est-ce que toi, tu veux?
C'est quoi ton besoin?
De ne plus reconnaître tes désirs.
C'est ça qui doit être dur.
Oui, c'est de m'arrêter et de dire,
non, je peux m'adapter,
mais je ne suis pas obligée de toujours m'adapter.
Après ça, l'autreapter. Et après ça, moi,
l'autre chose que ça a fait, c'est ma capacité,
ma facilité à me détacher.
Tu comprends? Parce que
c'est comme... Parce qu'il y avait toujours des départs.
Ben, c'est pour me protéger, parce que
pas de texto, puis de toute façon, tu peux pas traîner
autant de monde dans ta vie qui font partie
de huitièmes, il y a huit déménagements,
là. Mais ça,
moi, je me débranchais.
OK, bon, je vais aller me rebrancher avec d'autres mondes.
Mais là, en même temps, c'est dur.
C'est dur à demander aussi.
Tu devais être jeune.
J'ai fait ça à partir
en la maternelle.
Même au
cégep, j'ai redéménagé.
Le pire déménagement,
je pense, c'était en décembre.
J'ai fini dans une polyvalente
et j'ai fini dans une autre ville complètement
en secondaire 5.
Et ça, c'est difficile.
Arriver en janvier,
l'année du bal des finissants,
c'est...
C'est horrible, ça.
Ça, c'est déstabilisant pour vrai.
Même les cours ne sont pas tout à fait pareils, ce que t'as appris
les autres ils l'ont pas appris, fait que j'étais bien bonne dans des affaires
quand t'es arrivé les examens du ministère
il y a des bouts que j'avais jamais vu
fait que tu sais c'est pas facile
même les méthodes d'apprentissage
la méthode sablier, un moment donné j'ai fait avec les bâtons
de couleur, il y avait plus sonnillant
je pense qu'il y en avait deux, oui je sais c'était pas la même
non c'était une c'était au son, l'autre c'était pas la même. Non, c'était une, c'était au son.
Oui, exactement. C'est horrible.
C'est beaucoup d'adaptation.
Donc, c'est sûr que ça laisse
des traces. Puis tu sais, comme moi,
j'ai tout le temps envie de déménager.
J'ai vraiment de la misère.
Moi, tu sais,
à un moment donné, on magasinait un barbecue.
Puis le repris,
le vendeur, il dit, celui-là,
il est garanti à vie.
J'ai la vie, ça ne m'intéresse plus.
Moi, dans 5 ans, je vais être tannée,
je vais en avoir voulu un autre.
Dis-moi pas un barbecue. J'ai 25 ans
ou 30 ans, je ne veux pas un barbecue toute ma vie.
Non, non.
Moi, je m'en vais demain.
Les affaires garanties à vie,
c'est que je vais me tanner. Je me connais. Moi, c, je ne vais pas. Moi, les affaires garantissent la vie. C'est que je m'en t'amène.
Je me connais.
Ah oui, je te comprends.
Déménager, pour moi,
c'est comme découvrir un nouveau lieu.
C'est vraiment ce que je fais.
Je change bien des affaires tout le temps.
Moi, j'ai des amis.
Tu vas-tu arrêter de repeindre?
De repeindre, de changer des choses constamment.
Ça ne me tente pas.
J'aime ça. Ce que je fais, de découvrir, de changer des choses constamment. Ça me tente pas. J'aime ça.
Tu sais, comme là, ce que je fais, tu sais, de découvrir,
de rentrer dans ton univers, pour moi, là, ça fait
partie de ça. Oui, je comprends.
C'est comme, c'est nouveau à chaque fois,
c'est excitant. De découvrir
un nouveau monde, là. Oui, oui.
Ça nous amène,
on a des forces dues à ça,
mais aussi, il faut voir
que ça amène des petits travers, des fois.
Moi, j'ai tellement d'amis qui m'ont dit
« Mais, tu ne me rappelles plus.
Mais pourquoi? Mais, ah,
il fallait que je te rappelle. »
– T'es tellement habituée de passer
d'une amie à l'autre. – Ben oui, c'est dans ça.
Si tu passes à côté de toi, puis on va se voir,
puis on dirait qu'on va s'être vus
la veille, mais on dirait
que j'ai travaillé ça quand même dans les dernières années,
entretenir.
Parce que c'est important pour certains,
de créer des liens.
Des fois, je me disais, j'ai pas de sang, j'ai pas de bon sang.
Entretenir comme les liens du passé,
qui sont plus actuels, mais qui font partie de moi,
qui ont été super importants.
Mais c'est quand même, il faut que j'y pense.
Mais c'est drôle ce que tu dis,
parce que pendant, après l'enterrement, j'y pense. Mais c'est drôle ce que tu dis parce que pendant,
après l'enterrement, j'ai rencontré une fille,
Chantal Fortin, qui va
aller au secondaire avec moi.
Puis elle a dit, hey Maud, j'aimerais ça organiser
un conventum pour nos 60 ans
dans un an et demi ou deux ans.
Fait que là, j'ai dit, ben...
Puis ça, ça ne m'a jamais tenté. Ils m'invitaient
des fois, puis je faisais, oh non.
Bon, moi, je fais le métier que je fais.
– Les gens te reconnaissent, mais toi,
tu ne te connais pas nécessairement. – Pas nécessairement.
J'étais un peu gênée d'aller à un commentaire
et de me dire « Je ne me souviens plus de toi.
C'est quoi ton nom? »
Je disais à Chantal « Oui, on le fait, mais avant,
on va avoir une petite réunion et tu vas me dire le nom
de tout le monde. »
J'avais envie de le faire.
– Fais-le. Moi, je l'ai fait il y a quelques années
ça fait du bien
ça fait du bien de retourner
mais ça nous rappelle
il y a plein de souvenirs qui remontent
c'est nos racines aussi
tu vas adorer
moi c'est Alex Perron qui m'avait convaincue
je voulais pas y aller
je travaillais avec Alex Perron
il dit rien au don tu veux pas y aller
vas-y
c'est tes amis l'adolescence c'est une période qui est formatrice y aller. Je travaillais avec Alex Perron. Il dit, rien au don, tu ne veux pas y aller, vas-y. Je dis, mais pourquoi? Mais non,
c'est tes amis. L'adolescence
est une période qui est formatrice
de grandes découvertes. J'ai beaucoup déménagé
et eux autres, ils m'invitaient.
J'étais vraiment contente. Je te le dis, vas-y.
Oui, c'est vrai, je vais y aller.
T'as raison.
On est rendu au niveau jaune.
Tu m'en donnes quatre, s'il te plaît.
Non, mais c'est vrai que c'est confrontant.
Oui.
Moi, tu sais, les gens, il y en a,
sais-tu qu'il y a des gens qui m'ont dit,
si on avait su que tu allais être connue,
on t'aurait parlé.
J'étais...
Oh mon Dieu, que c'est poche!
Il y en a quelques...
J'ai eu des petits commentaires comme ça.
J'étais, ah, ça, c'est bizarre, par exemple.
Mais par contre, ça, c'était plus drôle
parce que tout l'amour,
le fait de revoir des amis,
de savoir où est-ce qu'ils sont rendus,
ce qu'ils ont vécu, c'est extraordinaire
en même temps.
Oui, c'est extraordinaire.
Non, ça me tente, je vais le faire.
Mais je suis prête à le faire.
C'est ça, parce que tu as envie de retourner
sur tes traces.
Oui, je suis là-dedans.
C'est une belle période, ça, quand même.
Voici les questions jaunes.
T'en choisis une.
As-tu déjà eu des craintes face à ton avenir professionnel?
As-tu négligé certains aspects de ta vie?
En quoi le rôle de mère t'a changé?
Quel type d'amoureuse es-tu?
Eh, mon Dieu! Certains aspects de ta vie. quel type d'amoureuse es-tu? eh mon dieu
certains aspects de ta vie
quel type d'amoureuse es-tu?
j'ai eu envie de répondre à ça parce que je suis beaucoup avec mon amoureux
en ce moment
je divulguerai pas trop d'affaires
mon chum il aimera pas ça
il est un peu sauvage
non mais quel type d'amoureuse
je suis je suis?
Je suis...
Je pense enveloppante.
Tu sais, mon chum,
il m'a écrit un mot sur Facebook
pour mon anniversaire.
Puis, je le fais
parce qu'il sent que t'as besoin en ce moment,
il dit, de recevoir de l'amour
après tout ce que t'as vécu.
Fait qu'il a dit
à cette femme bienveillante
et généreuse.
Puis tu sais, on se voit pas comme les
autres nous voient. Je lui dis, ah, c'est beau.
Puis là, il dit,
puis il nomme Maud Guérin. Je lui dis, pourquoi tu dis
Maud Guérin? Tu dis mon amour.
Puis là, il dit, ah non, là, là, tu vas
pas te mettre à critiquer mon mot, là.
Il dit mon guérin, parce que je veux que
le monde t'associe,
puis qu'il sache que c'est toi.
Fait que là, je voulais, tu sais,
je voulais dicter son mot.
Mais bienveillante et généreuse,
j'ai fait, ah oui, c'est drôle, je me vois
tellement pas comme ça, mais
en même temps, je pense
que je suis une amoureuse présente, très présente.
C'est important pour moi, l'amour.
Mais différemment, en vieillissant.
Ça veut dire quoi, ça?
Ça veut dire que jeune, écoute, j'allais
d'un chum, moi, je jouais une pièce de théâtre,
j'avais un kick, puis je jouais...
Tu déménageais souvent.
Oui, j'éménageais souvent!
Exactement!
Exactement!
Oui, oui, des fois, je suis un peu gênée
je suis passée d'un gars à l'autre
souvent
écoute je suis sortie de l'école j'avais 21 ans
pis là on faisait des shows de théâtre
pis il y avait des parties de dernière
pis à tous les soirs on était ensemble
on faisait des jokes
ben oui je butinais
pis j'ai été avec du monde aussi
j'ai eu des petites relations tu sais vraiment en tout cas que je butinais. Je butinais. J'ai été avec du monde aussi. J'ai eu des petites relations
vraiment...
En tout cas, je ne veux pas trop
aller loin, mais des gars
qui, on dirait, aimaient mon côté
bubble et mon côté très entier.
Ça me faisait du bien.
Eux autres, il y en avait
des fois qui avaient des petites vies plates.
Je pense que
ça les sortait de leur vie
un peu drame, tu sais, de rencontrer
une fille qui était toute bobo,
tu imagines, à 21 ans, je le suis encore aujourd'hui.
C'était quelque chose.
Fait que, à ce moment-là,
j'étais pas prête à être en couple.
Fait que mes relations, je pense la plus longue,
ça a été 5 ans. Puis ça, j'ai trouvé
ça très long, là, quand même.
Parce que tu l'avais été jeune, dans le fond.
Oui. C'est comme tu avais déjà vécu
quelque chose de profond.
De profond, oui. Déjà avec quelqu'un plus
vieux, tu sais, ça t'amène aussi ailleurs
comme relation. Oui.
Fait que là, t'avais envie de... De faire la folle.
Oui, de vivre ta jeunesse.
De vivre ma jeunesse, oui, oui.
Fait que... Puis aujourd'hui,
bien là, ça fait 15 ans qu'on est ensemble, moi et mon chum.
Bien là, c'est l'homme de ma vie.
C'est vraiment l'homme de ma vie.
Comment tu l'as su?
Je ne l'ai pas su tout de suite.
Je ne l'ai pas su tout de suite.
Mais on a travaillé ensemble,
puis c'est à travers ça que j'ai su que...
Je te dis ça, puis je vois
ses mains, parce que j'ai remarqué
ses longs doigts minces, ses grandes mains
puis mon chum c'est un poète
c'est un écrivain
c'est un homme de scène
c'est un philosophe aussi, c'est un grand philosophe
vraiment
puis c'est drôle parce qu'on parlait
c'est drôle parce qu'il est allé à l'émission de Jean-Philippe Plot
parler de l'émerveillement, qu'il connait bien
il a écrit un livre avec
Normand Bayargeon, fait que c'est toutveillement, qu'il connaît bien. Il a écrit un livre avec Normand Baillargeon.
C'est tout du monde. Il côtoie
beaucoup d'intellectuels. Des fois, je me dis, qu'est-ce que tu fais
avec moi? Moi, je suis une petite fille naïve
qui vient de l'actu. – Tu reviens tout le temps
là. – Oui. – C'est
vraiment ancré. – Oui.
– Tu dessinais. – Mon transfuge,
c'est ça, là. – Oui. – C'est pour ça que quand
j'ai lu Jean-Philippe Plot, j'ai fait, moi,
c'est avec les intellectuels. – Parce que si les gens se posent la question, c'est le livre « Rue du P j'ai lu Jean-Philippe Plot, j'ai fait, moi, c'est avec les intellectuels. Parce que si les gens se posent la question,
c'est le livre « Rue du Plessis »
de Jean-Philippe Plot, parce que
c'est notre livre du mois
de juin
dans le club de lecture du Marie-Claude.
C'est pour ça qu'on en parle, parce qu'on l'a lu.
On l'a proposé
dans le club de lecture, on l'a lu,
puis après ça, on a donné nos commentaires.
Mais c'est un livre qui est marquant, justement,
parce que les transfuges,
donc tu pars d'un milieu et tu t'en vas
dans un autre milieu, mais ton milieu initial
est toujours là, même si tu essaies
de le camoufler.
C'est comme ça revient,
l'essence est toujours là.
Puis ça revient beaucoup dans ma vie.
Puis tu vois, j'ai été...
Tu sais, c'est sûr que gamme, on chum. Puis tu vois, j'ai été... C'est sûr que mon chum...
On n'est jamais un couple, c'est pas bon.
Si on avait été deux intellos,
ça n'aurait pas marché, je pense.
C'est quoi un intello pour toi?
Premièrement, c'est quelqu'un qui a étudié.
Puis c'est drôle parce que mon chum,
c'est un intellectuel, mais il n'a pas étudié.
Il a fait un secondaire 5.
Bon, fait que déjà, il ne coche pas ça.
Oui, non.
Quelqu'un qui a étudié, mais quelqu'un qui pense aussi.
Mon chum, c'est un philosophe.
Mon chum, il s'interroge.
Il écoute ses dans l'air à tous les soirs.
C'est un qui aime les mots, qui aime la parole,
qui se pose de grandes questions existentielles
mais c'est sûr que l'intellectualité
c'est plus les études
mais moi je pense qu'on peut être un intellectuel
sans avoir étudié longuement
mais moi je me suis jamais
sentie comme ça
j'ai toujours l'impression
qu'un intellectuel c'est des êtres plus cart'ai toujours l'impression que un intellectuel, c'est des êtres plus cartésiens.
Alors que moi,
je suis plus dans le cœur. Moi, j'ai une intelligence
du cœur, ça je le sais.
Puis c'est pas péjoratif quand je dis ça.
Ça m'aide à mon...
C'est-à-dire que l'intellectuel, dans ta définition,
il est argumenté. Il est pas juste
non, je le sens. C'est je le sais,
voici pourquoi.
Oui, puis il se la pose, la question.
Il va vérifier. Il s'instruit.
Tu sais, moi, mon instruction,
j'ai fait l'école à Atuc, mais ce n'était pas les meilleures
écoles au monde, m'excuse, mes profs,
mais ce n'était pas les meilleures écoles au monde.
Puis, dans ce temps-là,
j'étais, je pense, plus dans le théâtre.
Tu sais, je faisais du théâtre tout le temps.
Fait que je pense que l'école, j'étais comme...
Fait que je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand-chose à l'école.
Je ne me sentais pas très connaissante
en connaissances générales,
en géographie, en histoire.
On dirait que mon chum, il m'a appris plein de choses
et il m'a ouvert sur bien des affaires.
On discute de plein de choses ensemble.
J'aime ça parce qu'il m'apprend.
Tu vois, c'est drôle parce que j'ai vécu ça avec Jacques.
Mon chum n'est pas plus vieux que moi, vraiment.
Mais j'aime ça apprendre avec mon amoureux.
Puis j'aime ça être déstabilisé.
Puis j'aime ça.
Puis je suis curieuse par rapport à ce qu'il fait,
à ce qu'il lit, à ses réflexions.
Puis c'est un gars qui est très enveloppant aussi
puis très amoureux. On est encore très amoureux après 15 ans. Puis c'est un gars qui est très enveloppant aussi,
puis très amoureux.
On est encore très amoureux après 15 ans.
Puis vous n'avez pas habité ensemble tout de suite, vous deux?
Non, non, ça a été long.
Non, non, on a eu un grand bout de garnette.
Il habitait à Québec,
puis il a voyagé pendant, je pense, 7 ans.
Ça fait que c'était difficile, tu sais.
Bien, c'était difficile.
C'était notre vie, parce que lui avait des enfants. Il a des enfants, puis moi, j'ai un enfant aussi. Donc, c'était notre vie parce que lui avait des enfants puis moi j'ai un enfant aussi
donc ça
mais c'est un gars de Québec
qui a toujours travaillé plus à Montréal qu'à Québec
mais là vous habitez ensemble
qu'est-ce que ça change d'habiter ensemble
je vais te dire
pas grand chose, on dirait qu'on a toujours habité ensemble
mais ça change qu'on est beaucoup ensemble
puis qu'on dort, on fait dodo ensemble.
Puis ça, on aime ça.
Et on plante des...
Tu sais, on a passé une journée...
Ma journée d'anniversaire hier, c'était de planter nos fleurs.
Là, on avait acheté des arbres.
Fait qu'on a planté un saule.
Il y a...
Et ça, filons au prix.
J'ai une amie qui s'occupait des animaux au cinquième rang
qui m'a offert un amélanchier.
Fait qu'on l'a planté.
On a acheté d'autres arbustes.
On plante des fleurs.
Puis là, on a une marmotte en arrière
qui vient d'avoir des petits bébés.
On est très contemplatifs.
On est très contemplatifs.
Mais vous avez le grand amour facile.
Ah, écoute, oui.
Ah oui, oui.
Nous autres, on est dans l'émerveillement
à chaque seconde.
À chaque seconde.
Puis ça, c'est pas une image.
C'est vrai.
Moi, il m'a appris ça, mon Dieu.
Ça m'émeut beaucoup.
Il m'a appris ça.
À t'émerveiller?
Oui, parce que je suis souvent, quand j'étais jeune,
j'étais souvent dans le devenir,
dans le faire mon métier, faire
qu'est-ce que je vais devenir, qu'est-ce que je vais
devenir, qu'est-ce que je vais faire, je vais aller habiter.
Ou tu sais, quand t'es pigiste, c'est pas évident dans ce
métier-là. Fait que je savais même pas
d'un à l'autre ce que j'allais gagner,
où j'allais être, quel contrat j'allais faire.
Fait que t'es toujours dans
qu'est-ce que... tu sais, dans l'avenir.
Et mon chum, il m'a appris
à vivre dans le présent, dans le moment
présent. Parce que lui, il est vraiment dans le moment présent.
Donc, ça calme l'anxiété?
Énormément. Énormément.
Puis, tu sais, je parle beaucoup.
Je suis comme un petit moulin à paroles.
Mon fils est pareil. Je l'appelais mon moulin à paroles.
Mais mon chum me dit souvent,
« Calme, calme, calme. »
Des fois, je parle, je fais « calme, calme, calme, calme. »
« Calme la tourterelle. » » Des fois, je parle, je fais « Calme, calme, calme. » « Calme, la tourterelle. »
Là, on regarde nos petits oiseaux.
Puis il m'apprend à être plus dans la...
dans le moment présent.
C'est le fun d'être juste là
et de ne pas parler.
Toi, qu'est-ce que tu y apprends?
Hé, mon Dieu!
J'imagine plein de choses, j'espère.
Je ne sais pas ce que j'y apprends.
Ben, tu sais,
ce qu'il aime de moi, c'est beaucoup mon côté...
Tu sais, je veux dire, on est pareil dans ce sens-là,
mais moi, je suis plus démonstrative.
Il dit, toi...
Parce qu'il m'écrit... Bon, souvent, il écrit sur Facebook
beaucoup, mon chum, puis maintenant,
il fait de la photographie qui accompagne ses textes.
Des fois, je suis la première lectrice de ce qu'il écrit. Puis là, puis maintenant, il fait de la photographie qui accompagne ses textes. Puis des fois, je suis la première lectrice
de ce qu'il écrit. Puis là, des fois,
j'ai écrit un poème hier, il dit,
je l'ai mis sur Facebook, tu me diras ce que t'en penses.
Puis là, j'y arrive, puis là,
je donne plein de commentaires. Je fais, ah ça, j'aime ça
quand tu parles de ça. Puis il dit, mon Dieu,
il dit, je sais pas ce que je ferais si je t'avais pas.
Il dit, t'es tellement une spectatrice extrême.
Parce que
je suis toujours très enthousiaste
quand je parle de César.
Il sait que c'est vrai.
Oui, parce que je ne mens pas.
On est comme ça, les deux. On ne ment pas.
What you see is what you get.
C'est drôle. Je ne sais pas pourquoi je dis ça.
Ce que tu vois, c'est ce que je suis.
Est-ce que tu pensais vivre ça,
une relation de 15 ans?
Jamais.
Jamais, je ne l'ai pas vu passer. Puis ça n Jamais. Jamais, je ne l'ai pas vu passer.
Puis ça n'a pas été facile.
Je ne l'ai pas vu passer.
Puis pourquoi ça n'a pas...
Pourquoi ça a continué, même si ça n'a pas été facile?
C'est l'amour.
Ah, c'est l'amour.
C'est l'amour.
Je n'aurais pas pu vivre...
Je sais que c'est l'homme de ma vie.
Je sais que c'est...
Je le sais profondément.
C'est la première fois que je sens ça.
Tu sais, Jacques Zouvi, je l'aimais,
mais je savais que c'était un passage
parce qu'à cause du décalage d'âge
et tout ça. Puis je savais qu'il était là
pour une raison spécifique.
C'est bien bizarre. C'est comme si ma vie
avait été...
Comme quand t'as regardé ta fenêtre,
tu savais que t'allais partir.
Là, on dirait que j'étais faite...
Tu sais, ce serait le fun que ça arrive
dans la vie à plein de monde.
Moi, je souhaite ça.
Quand tu sais ce que t'aimes dans la vie,
puis toi, je sais que tu le sais.
Je suis sûre que ça fait longtemps que tu le sais.
Quand tu sais ce que t'aimes,
puis quand t'es à la bonne place,
puis ça te nourrit,
il me semble que la vie est plus facile.
Oui.
Mais oui, ça calme quelque chose.
Oui.
C'est comme ton petit hamster intérieur,
il cherche, il veut trouver
cet équilibre-là aussi.
Oui.
Moi, je me souviens très jeune,
des fois, ma mère,
on se pognait.
Des fois, mon père me défendait.
J'étais là, non.
Un jour, je vais m'en aller, je vais faire autre chose
et toi, tu vas rester.
Il y avait comme
quelque chose de temporaire
dans ces moments-là. Il y en avait
de très bons moments.
Pour moi, c'est un passage.
Ma vie sera autre chose.
Ça a été ça aussi.
Je ne voulais pas
générer que je devienne le sang
d'une chicane ou peu importe.
Non, respectez-vous.
Moi, je suis capable d'en prendre mon manali
à un moment donné. Puis tu sais, mon manali,
je ne me suis pas sauvée. J'ai juste quitté
jeune, moi aussi, la maison à 17 ans
comme toi. Moi, je suis partie très jeune
de la maison. Où vous étiez, Marie-Claude?
À ce moment-là, moi, quand j'ai quitté,
mes parents étaient sur la rive nord de Montréal,
à Lavaltrie, et j'ai quitté pour Montréal, tout simplement.
Je me suis loin d'un appartement un jour,
puis j'ai habité dans mon appartement.
Mais j'avais besoin de liberté.
Moi, vraiment, j'avais besoin,
je ne voulais pas être redevable,
je ne voulais pas me justifier à quelle heure je rentrais,
je ne voulais pas me faire dire non sans raison.
Je n'avais plus envie de ça.
Je savais que ma vie
allait se passer ailleurs. Puis moi, j'étais tannée de m'obstiner.
Puis déjà, la politique
m'intéressait. J'avais d'autres gangs
parce que moi, la politique, ça a été comme
ma première constance dans ma vie.
De m'impliquer
avec des gens pour une cause
puis de se retrouver. Tu sais, pour moi,
c'était une fierté de revoir
le même monde un an après, deux ans
après. Il était encore là.
Tu sais, tu comprends
une constance. Puis une constance, c'est que
à un moment donné, tu deviens redevable.
Tu sais, quand je suis allée dans un village à
Kakuna, c'est ça aussi. Tu revois
tout le temps le même monde.
Ça te force aussi à être constante. C'est ça. Puis moi,vois tout le temps le même monde ça te force aussi à être constante
ça, puis moi ça m'a fait du bien
mais j'avais besoin de partir
pour être à la quête de ça
que j'ai trouvé presque beaucoup plus tard
quand même, c'est vrai quand j'habitais à Kakuna
que j'ai compris la force du groupe
vraiment, je m'impliquais en politique
mais j'avais un ancrage
c'était la première fois que mes racines, je regardais pas
d'en haut, mais ils étaient d'en haut.
Mais à un moment donné, j'avais envie de les sortir.
Oui, je comprends.
Moi, je me souviens, après trois ans, je regardais.
On avait tout rénové la maison.
Puis j'étais là, Marie-Auguste, là, on déménage-tu?
Bien, on a tout fait.
C'est fini. Bien, c'est ça.
C'est ça, on a tout fait.
On devrait aller.
Tu sais, c'est épuisant pour quelqu'un qui n'est pas
comme ça.
Mario, il aimait-tu ça?
On n'a jamais déménagé après. Il a gagné là-dessus.
Ce n'était pas rationnel
de vouloir déménager à ce moment-là.
Mais non, lui, il n'a pas ça.
Il n'a pas ce besoin-là,
mais ça l'amuse de m'observer.
Un peu comme dans mon couple.
Christian rit beaucoup de ce que je suis.
Il aime ça.
Je pense qu'il aime ça.
Parce que moi, je l'ai vu, le regard de Mario
quand tu as fait ta première récit.
Oui, mais il aime ça. C'est beau.
Il te regardait avec admiration et fierté.
C'est sûr.
Comme à Noël, j'étais dans un lit d'hôpital.
Je me suis cassée une vertèbre.
J'ai passé Noël dans ma chambre, mais dans un lit d'hôpital. Je me suis cassée une vertèbre. J'ai passé Noël dans ma chambre,
mais dans un lit d'hôpital.
Qu'est-ce que tu penses?
Ces moulures-là.
Dans ma tête, j'étais toute en train de refaire ma chambre.
C'était comme...
Je ne pensais plus à ma colonne.
Je me disais que ça ne marche pas.
J'ai commandé des affaires en ligne.
J'ai changé de mon lit d'hôpital.
J'ai changé plein d'affaires.
Mais c'est ça, ma tête.
On ne peut pas arrêter ça.
Il y a quelque chose de beau là-dedans.
Je pense que c'est ça pour les autres,
pour les conjoints, des fois qui sont un peu plus calmes,
ça amène de la vie.
Oui, exactement.
Mon chum, il me dit souvent,
t'es comme un petit oiseau.
T'es mon petit oiseau.
Il aime bien danser.
Moi, je le sais, il y a longtemps, il m'avait dit,
tu vas-tu vouloir encore changer quelque chose
tout le reste de ma vie?
Bien oui.
Ça n'arrêtera jamais.
Mais on ne change pas tout.
C'est juste qu'il faut des projets.
Oui, il faut avoir des projets.
Même s'ils sont petits.
Ça ne prend pas grand-chose.
Moi, je viens vite heureuse,
mais la stagnation,
quand c'est plate,
j'ai de la misère avec la platitude.
Le long fleuve tranquille.
– Non. – Ça prend une petite vague
de temps en temps. – Non. Parce que le long fleuve
tranquille, non, puis ce n'est même pas le long fleuve.
Mais tu sais, on fait le métier qu'on fait depuis des années.
Fait qu'à un moment donné, tu fais, bon,
je veux que ça bouge ailleurs.
– Oui, je veux que ça bouge ailleurs.
Oui, je veux que ça bouge, que ça rebondisse ailleurs.
Oui, oui.
La question que j'ai envie de te poser, en quoi le rôle de mère t'a changé?
Ah, bien, ça, c'est drôle parce que mon père m'a toujours dit,
mon père était un peu déçu quand je tombais en scène parce qu'il trouvait que c'était une entrave à mon métier.
Ah, oui, tu t'attendais-tu à ça?
Non, pas du tout.
J'ai pas aimé ça, tu sais.
Puis il disait, mais il me semble que c'est pas toi
qui va être une mère.
Il disait des grosses affaires.
De ton père?
Mon père, il m'a dit ça. Il l'a regretté plus tard.
Plus tard, il me l'a dit.
Il dit, t'es une merveilleuse mère, puis une chance.
Il m'a dit, avant de mourir, une chance.
Mais il trouvait, il dit,
ben voyons, où tu vas prendre le temps?
Élever un enfant, faire ta carrière,
t'occuper de... Parce que mon père, c'était comme bien important,
tu sais, mon métier.
Puis finalement, il a vu à quel point
Edmond était important pour moi.
Puis il a vu comment je mettais
beaucoup de temps pour Edmond.
Il m'a dit, t'es formidable.
Il dit, j'en reviens pas.
Il dit, tu réussis à mener ta carrière de front
avec ton fils, parce que mon fils,
il était beaucoup chez moi pendant 12 ans.
Je l'avais pas mal à temps plein.
Ça fait que
c'était ma priorité.
Non, moi, mon fils, ça m'a sauvé la vie.
Mais tu sais, je pense que tu le sais, mon fils, ça m'a sauvé la vie. Mais tu sais,
je pense que tu le sais, des enfants,
ça « ground ». Je comprends, je peux comprendre.
Tu vois, mon fils, c'est drôle, il n'en veut pas pour l'instant.
Il est avec sa blonde depuis 5 ans
et il n'en veut pas ni un ni l'autre.
Mais...
Il a quel âge présentement? 21.
Il a le temps encore, mais...
Mais c'est pas dans leur projet, en tout cas.
Non, c'est pas dans leur projet du tout.
Mais moi, quand j'ai eu Edmond,
puis j'aurais aimé ça en avoir un autre aussi,
mais j'ai pas été capable d'en avoir un autre.
Mais quand j'ai eu
Edmond, ça a été mon phare.
Ça a été mon rock.
C'était vraiment...
Puis j'ai pas tout mis.
On s'entend, j'ai pas tout mis dans Edmond. J'ai pas tout mis. On s'entend, j'ai pas tout mis
dans Edmond. J'ai pas tout projeté
à travers lui parce que je suis pas une mère
comme ça du tout. Mais
j'étais heureuse d'être une mère.
Pourtant, j'étais pas gaga. Moi, je suis pas gaga
avec les enfants. Il y en a qui sont gagas
avec les enfants.
Moi, je suis pas de même.
Les enfants me collent.
Les enfants et les animaux. Ils me collent.
Je fais, qu'est-ce que je fais?
Parce que ma soeur, elle, elle gaga des enfants.
Ma soeur, elle enseignait avec des petits, des grands.
Elle enseignait la musique toute sa vie.
Ma soeur, elle est toute
en rondeur.
Les enfants,
elles se collent sur elle. Elle dit, arrête de dire
que t'es pas gaga des enfants. Les enfants
vont tous vers toi. C'est vrai. Je suis comme, elle dit de dire que t'es pas gaga des enfants. Les enfants vont tous vers toi. »
Puis c'est vrai. Je suis comme...
Elle dit « Mon, t'es bonne. J'ai juste ça de doigt. »
C'est que t'as pas à jouer.
C'est-à-dire que t'as pas... Tu restes toi-même.
Oui.
Je comprends ce que tu veux dire.
« Ah, comment ça, tu sais, qu'on change de ton.
Toi, tu restes toi-même. » Et les enfants aiment ça.
Ils aiment ça, oui. J'aime ça.
Mais tu sais, je rêve pas d'être grand-mère.
Puis je pense pas à des affaires de mère.
Comme je rêvais pas d'être une mère.
Ça a été pas un accident,
parce qu'on avait quand même arrêté les moyens.
Mais quand même, un peu un accident.
On était surpris quand c'est arrivé.
On s'en ressemble.
Moi non plus, je rêvais pas d'être mère.
Ah non?
Pas du tout.
J'ai jamais rêvé de me marier.
J'ai jamais rêvé d'être mère.
Moi non plus.
Tu sais, le mariage, c'est le baptême d'Angela. C'était comme rêvé de me marier. J'ai jamais rêvé d'être mère. Le mariage, j'ai fait
le baptême d'Angela.
C'était comme un autre prétexte.
Tout à fait. C'était pas quelque chose pour moi
qui était symbolique tant que ça.
Mais en même temps, la minute que j'ai su
que j'étais enceinte, mais surtout quand je l'ai tenue
dans mes bras, je te dirais que c'est là
que j'ai compris.
La grossesse, oui,
mais j'avais un doute
par rapport à moi, pareil.
Puis quand je l'ai eu dans mes bras,
je ne vais plus jamais reposer de questions.
Ça a été terminé à ce moment-là.
Moi aussi.
On n'a pas besoin de rêver.
Souvent, on associe, c'est ça, la grossesse,
la maternité à un rêve.
Mais moi, dans le fond,
Mario, il en voulait tellement.
Quand je suis tombée enceinte, c'était
inattendu.
Je me souviens quand je lisais à Mario,
« Hey! »
« Hey! Écoute! »
Je n'ai même pas pensé à interrompre.
Je me disais, « Bon, regarde,
je suis enceinte. »
« OK, mais c'est son plan
aux jambes piscinesine comme tu disais tantôt
c'est formidable
je le sens
que t'es comme ça
c'est vraiment
la façon dont tu le dis
c'est comme ça
que je vis moi
tout le temps
je me dis
ok ça arrive
on plonge
on le fait
une autre aventure
mais la vie c'est ça
c'est une aventure
je trouve
absolument
avec
avec plein plein
des fois tu te dis
que c'est qu'on a fait?
Oui, oui.
Mon fouille dans le coffre à outils,
on va être capable avec ça.
On va être capable de naviguer là-dedans.
Mais c'est ça. Puis après ça,
je me suis dit, comment ça que je ne voulais pas
d'enfant? Mais c'est parce que je ne me voyais
pas. Je ne m'étais pas visualisée
avec... Puis là, tu vois, je vais être grand-mère.
Oui, j'ai vu ça. Je vais être grand-mère. Oui, j'ai vu ça!
C'est pas le fond!
C'est une autre affaire, tu sais.
Mais tu dois pas être gagante,
je vais être grand-mère.
Je le sais pas comment je vais réagir, parce que là,
au début, j'étais bizarre un peu. J'avais quasiment
oublié que c'était pas moi qui avais l'enfant, là.
Tu sais, dans le sens que j'étais vraiment inquiète
de pas encore avoir la couchette dans une
chambre, pis là, si le bébé arrive, tu comprends?
Puis je disais, mais c'est pas moi
c'est pas ma chambre, c'est mes enfants
c'est mes enfants
c'est ce que Nicolas, je l'aime tellement
le chum de ta fille
Nicolas et Angela
c'est eux les parents
s'ils ont besoin de moi
je serai là
Judy Richard m'avait
déjà dit ça, on avait fait une émission sur les grands-parents.
Elle a dit, moi, je le fais,
mon rôle, c'est d'abord pour mes
filles. Puis ça m'avait vraiment
fait réfléchir sans
être grand-mère, mais je trouvais ça
beau. Parce que c'est vrai, quand on a
besoin d'aide, quand on a un bébé,
des fois, on espérait,
entre autres, que nos parents arrivent
qui comprennent que
c'est nous qui avons besoin. C'est pas nécessairement
de bercer le bébé, mais c'est
de dire de... Prenez soin de moi.
Prenez soin de moi et demandez-moi comment
vous pouvez prendre soin de moi. C'est pas toujours une lasagne
la réponse, tu comprends? Non, non.
Oui, c'est pas toujours ça.
Ça peut être d'autres choses,
mais je me suis dit, il faut que
je me rappelle de ça si je deviens grand-mère.
Ah, c'est beau ça. Puis là, je me rappelle.
J'avais pas pensé à ça. Là, je me dis,
c'est ça qui est important. Eux, comment
ils sont, comment ils vont, de quoi ils ont
besoin. Et là, je serai là.
Ah, c'est beau ça. Je serai là pour eux. Parce que
ils sont beaux à avoir comme parents, mais on le sait,
il y a des enjeux. Oui. Puis moi, des fois,
je rêvais même... Surtout dans le monde où on vit.
Moi, j'ai eu beaucoup d'aide, puis malgré ça,
des fois, juste que quelqu'un
cogne à la porte et dit, OK, qu'est-ce que je peux faire?
Pas que je n'avais pas d'aide,
mais il y a quand même des moments
plus difficiles psychologiquement aussi
quand on est un jeune parent.
Est-ce que tu es prête à passer au niveau rouge?
Oui!
C'est un grand tarot.
C'est un tarot de deux jours.
Il y en a quatre, tu empiges trois.
Ça va bien, je trouve.
J'apprends vraiment à te connaître.
Oui, c'est vrai.
C'est formidable.
On devrait se faire ça à la maison avec les gens
qu'on connaît moins.
En plus, on a le jeu.
On ouvre ton jeu.
Tu peux faire ça avec ta famille à la maison.
Je vais le faire avec ma famille.
Tu peux des fois juste piger une carte.
Les témoignages qu'on a
de gens qui apprennent à se connaître.
Je ne savais pas que mon conjoint pensait ça.
Je ne savais pas que mon enfant.
C'est des gens que tu côtoies,
mais c'est quand que tu poses ces questions-là.
Si tu n'as pas un jeu.
En plus, la première règle, c'est la capacité d'écoute.
Puis la deuxième, c'est la bienveillance.
Fait que c'est tout.
Tu n'as pas besoin d'autre chose.
– Bien non. – Alors, voici les trois questions.
Tu en choisis une. Quel est ton rapport avec la mort?
Quelle est l'épreuve qui fut
la plus difficile à surmonter?
À quel moment de ta vie aurais-tu souhaité
que le temps s'arrête?
– Hé, mon Dieu, c'est bien dur.
Attends.
Quel est ton rapport avec la mort?
Quelle est l'épreuve qui fut la plus difficile à surmonter?
Et à quel moment de ta vie aurais-tu souhaité
que le temps s'arrête?
Hé, mon Dieu, la plus difficile à surmonter.
Je ne sais plus. Qu'est-ce que je fais?
C'est dur parce qu'on veut répondre à la plus facile.
C'est ça, le réflexe, hein?
Bien, peut-être. Je ne sais pas. Mais ce répondre à la plus facile. C'est ça, le réflexe? Bien, peut-être, je ne sais pas.
Mais ce serait laquelle, la plus facile?
Bien, mon rapport avec la mort,
parce que je suis tellement là-dedans.
Bien oui, absolument.
Bien oui, mais je n'aime pas ça.
Je ne suis pas trop dans eux,
parce qu'on parle de mort.
La mort fait partie de la vie.
Oui.
Moi, je trouve qu'il faut en parler,
parce que ça touche tout le monde.
Puis, on vit ça souvent en silence.
Donc, quand on a une occasion d'en parler,
je trouve sur la place publique,
ça fait du bien à tellement de monde.
Oui, c'est vrai.
On a tendance à le dire quand ça va bien,
mais à se taire quand ça ne va pas.
Puis, c'est pour ça qu'on se sent très isolée
quand ça ne va pas.
Parce qu'on ne sait pas.
Mais ici, il y a de la place pour ça.
Oui, mon rapport,
c'est comme
quand ça arrive, la mort, puis que ça nous frappe
parce que j'ai perdu mon chien aussi.
Je sais que ça fait bizarre.
Mais ça, tu l'as perdu de façon tragique.
Oui, c'est une horreur.
On est encore sous le choc de ça.
Mais,
oui, on a perdu mon chien.
Mon chum était chez moi.
J'étais ici, d'ailleurs, avec toi.
On avait fait un club de lecture.
Je m'en retournais à la maison.
Puis, je suis arrivée à la maison
puis mon chum était dans les marches de l'escalier
de la véranda.
Puis, on était en campagne, nous.
On a un boisé derrière.
Puis il était allé à 7 heures le soir,
il était allé promener jazz.
Il dit, je vais y faire une autre promenade.
Il avait fait deux promenades déjà dans la journée.
Puis il dit, je vais aller lui faire une autre promenade.
Puis je suis arrivée à la maison.
Puis habituellement, sur la route,
mon chum me dit, même ce soir,
il dit, appelle-moi sur la route pour me dire
si tu t'en viens, quand est-ce que tu t'en viens.
Là, je l'ai appelé, puis je suis
sur la route de
ma petite ville, puis
il répondait pas.
Puis je lui dis, OK, il a dû fermer son cellulaire.
Puis là, j'arrive, puis je le vois
assis sur les marches
de l'escalier, la tête dans les mains
en braillant, mais je le vois pas
de loin, tu sais, qu'il pleure.
Et j'arrive dans le stationnement
et là,
puis mon chum, il est très théâtral.
C'est un poète, mais c'est un homme de scène
aussi, fait qu'il marchait en long
et en large en se tenant la tête dans les mains.
J'ai dit, bon, il est arrivé de quoi
sa fille? J'ai pensé à des affaires,
Edmond est mort. Tu sais, les images
qui t'arrivent, là, c'est
infini. C'est incroyable
le cerveau. Je suis sortie de la voiture
et j'ai fait, bon, Edmond est mort. Il est arrivé
quelque chose à Edmond. Tu sais, tu penses tout de suite à ton fils.
J'ai pensé
à nos enfants.
Et il était allé
promener jazz à 7h le soir
juste avant que j'arrive.
Et puis, il y a
un camp qui s'appelle le Camp Ollier, en arrière
de chez moi. On se promène
là. Bon, moi, je suis là depuis le mois de septembre.
Ça fait pas longtemps qu'on est déménagés.
Puis, il y a plein de monde qui promènent leur chien
sans laisse, tu sais. Puis, il y a des pancartes
dans le Camp Ollier. C'est un camp de 6 à...
Je vous prends 6 à
16 ans, là, pour les jeunes.
Puis, je pense que c'est des jeunes qui ont des fois un peu plus de misère.
En tout cas, un camp de jeunes.
Il s'en va se promener avec Jazz.
Au pivot, il dit qu'il ne va jamais par là,
mais il est allé au bord de l'eau parce qu'il y avait des outardes.
Il dit, viens-t'en mon chien, on va aller se promener au bord de l'eau.
Mon chum fait de la photo, son appareil dans le cou. Il se met à faire de la photo. À dix pieds de mon chien, on va aller se promener au bord de l'eau. Et mon chum fait de la photo, fait qu'il a son appareil dans le cou,
puis il se met à faire de la photo.
Et à dix pieds de mon chum, il y a un piège.
Un énorme piège, là, du début de la colonie.
Tu sais, les gros pièges en métal qui ferment avec un spring.
Puis tu mets le pied dedans, puis ça, ça ferme.
Alors, mon chum m'a...
Écoute, ça s'est passé en une fraction de seconde
pendant qu'il faisait une photo mon chien regardait
les outardes puis Jazz
c'est un chien intense comme nous autres
un chien qui nous a demandé beaucoup
d'énergie, beaucoup de présence
parce que c'est un caniche royal noir
mais très très
très particulier, très royal
et très demandant émotivement
pas au niveau de l'énergie, mais
il aimait la vie, il mordait dans la vie,
il était curieux de tout. Puis des fois, il allait dans le bois,
mais il venait au rappel, mais des fois,
il s'est sauvé deux fois parce qu'il sentait
les affaires dans le bois. Fait que là,
il était à dix pieds de mon chum, puis il a senti quelque chose,
puis mon chum a entendu un cri.
Puis il a entendu quelque chose
fermé en métal, puis Jazz avait la tête
dans le piège.
Alors, ça a été, écouteoute ça a été comme une scène de film
mon chum
pis mon chum c'est un gars
c'est d'une intensité
c'est pas celui qui est posé
pis qui va dire maintenant qu'est-ce qu'il a
tu sais quand tu dis
son enfant ça aurait été la même affaire
il a essayé d'ouvrir le piège
de toutes ses forces il s Il a essayé d'ouvrir le piège de toutes ses forces.
Il s'est blessé, d'ailleurs.
Et il hurlait au secours.
Au secours, c'est rare que tu cries ça.
Dans ta vie, tu cries pas
au secours. C'est comme dans les romans.
Il a crié au secours.
Il a hurlé au secours.
Et personne venait.
Il était pas capable d'ouvrir. Il pensait qu'il était
encore vivant. Mais dans ta tête, ça va
vite. Il se disait, je vais le sauver, je vais le sauver.
Et il est parti à court
chercher deux gars
qui étaient dans un champ
avec du bois.
Je sais pas trop où il est allé,
mais il a quand même accouru pour aller chercher
deux hommes qui sont venus l'aider
à sortir le chien du piège.
Mon chum, il voyait bien que les gars se disaient que c'aider à sortir le chien du piège. Puis mon chum, il voyait bien
que les gars se disaient
c'est quand même juste un chien.
Mon chum, c'est un artiste.
C'est sûr que nous autres,
il était en larmes,
puis il était dans tous ses états.
Finalement, ils ont réussi à le sortir du piège.
Puis là, mon chum, écoute,
il a tiré Jazz avec le collier
pour l'amener jusqu'à la route.
Il est allé chercher, il a couru pour aller chercher la voiture.
Il était quand même loin, là, tu sais.
Il a couru pour aller chercher la voiture,
pour amener le chien.
Il ne pouvait pas laisser le chien, là.
Et là, il a fait un post sur Facebook
racontant l'histoire.
Mais mon chum est un conteur incroyable.
Fait qu'écoute, on a eu 4000 et plus de partages.
On a eu 2000 commentaires, on a eu
des petits likes
écoute c'est énorme, on s'attendait pas
à ça, à avoir autant de
mais moi je savais, ça m'a pris du temps
avant de comprendre que c'était toi
c'était ton chien, oui beaucoup de monde dit ça parce que moi
ils me nommaient pas Christian, ils voulaient pas me nommer
parce qu'ils savaient que ça engendrait
beaucoup de... parce que quelle histoire
ça on dirait que j'avais même pas envie de la parce qu'ils savaient que ça engendrait beaucoup de... – Parce que quelle histoire!
On dirait que je n'avais même pas envie de la lire jusqu'à la fin.
– Non, parce que tu voyais un peu... Ça commence très guilleret.
– Oui, puis là, tu te dis comment...
Ce n'est pas ça qu'on veut comme final.
Mais c'est un deuil animalier.
C'est important, un deuil animalier.
– C'est important.
On se posait la question encore ce matin,
parce qu'on en parle... C'est fou. On se posait la question encore ce matin parce qu'on en parle.
C'est fou.
On en parle tous les matins parce que
j'étais beaucoup, beaucoup avec ce chien-là. J'adore
les animaux. Moi, j'aurais pu faire ça dans la vie.
Je le sais, être accompagnée des animaux,
être avec les animaux tout le temps.
J'ai un côté très sauvage. Je suis un
gémeau. J'adore le monde, mais j'ai un côté très
sauvage. Et chaque matin,
il était dans sa cage, Jazz,
puis j'ouvrais la cage, je préparais la cafetière,
je le flattais,
je le sortais, je rentrais,
je préparais le café, je donnais la nourriture.
Un chien, c'est dans ta vie,
24 heures sur 24, tu le sais.
Ça impose une routine aussi, un chien.
Oui. Puis c'est toujours dans tes pattes.
Moi, il me suivait jusqu'aux toilettes.
Puis j'y apprenais beaucoup de choses,. Puis j'apprenais beaucoup de choses.
Jazz, j'apprenais à rester,
à faire le mort, à tourner autour de moi.
J'adorais ça. J'aurais pu faire ça.
J'aime ça.
Puis je jouais à balle avec,
je jouais au frisbee, on jouait au ballon, au soccer.
Je veux dire, il n'y a rien que je n'ai pas fait avec mon chien.
On prenait des grandes marches en forêt ensemble.
La neige, ça d'autre.
Mais c'était un cheval, mon chien.
C'était comme un pur sang. Puis neige, ça d'autre, mais c'était un cheval, mon chien. C'était comme un pur sang.
Fait que... Puis on a tellement mis d'énergie sur ce chien-là.
Fait que...
Mais mes enfants, à travers ça,
encore, comme la mort de mes parents,
mes enfants sont arrivés.
Mes enfants, nos enfants ont été
extraordinaires.
Ils sont arrivés, puis ils m'ont pris dans leurs bras.
Mon fils ne m'a jamais vu
comme ça parce que je hurlais,
je criais, je pleurais.
Puis là, quand mon chum,
mon chum, il n'avait pas capable de me dire
que c'était Jazz. Puis je me disais,
dis-moi où est Jazz? Puis je cherchais Jazz
et je ne le voyais pas.
Puis là, mes enfants m'ont pris dans leurs bras
et ils pleuraient à chaud de l'air.
Puis il y avait même le grand garçon de Christian Joe
qui était là
pis qui tremblait
écoute ils m'ont jamais
ils nous ont jamais vu dans un état pareil
c'est dur parce que tu veux pas que tes enfants vivent ça
tu sais
je veux pas qu'ils me voient dans des états
c'est tellement immense
c'est tellement dramatique
et on a passé la soirée ensemble.
Là, Isabelle a fait disparaître tout ce qui appartenait à Jazz
avant que je rentre dans la maison.
Puis je voulais le voir, puis Christian l'avait mis à côté de la chaîne,
puis il avait recouvert d'une couverture.
Alors, il a été là quand même pendant une journée
parce qu'il fallait l'amener au vétérinaire.
Mais ça a été...
J'ai appris
beaucoup à travers ça, parce que
mes enfants ont été tellement... Je dis mes
enfants parce que j'appelle beaucoup
la blonde d'Edmond, ma fille, parce qu'elle a
habité avec nous pendant la pandémie, pendant
un an et demi.
Fait que voilà,
j'ai trouvé ça
très dur. Puis j'ai de la misère à
comprendre. J'ai beaucoup de misère avec les gens qui ont de la misère à comprendre. J'ai beaucoup de misère avec les gens
qui ont de la misère avec les enfants
ou qui ont de la misère avec les animaux.
Je ne comprends pas ça.
Parce que je trouve que c'est la base de la vie.
Les enfants, l'enfanté,
avoir des animaux,
être près des animaux, de la nature,
c'est du vivant.
Et ça, c'est primordial pour moi.
Je pense qu'on oublie ça sur cette terre
en ce moment. C'est pas pour rien que ça va mal.
On oublie qu'on est dans
le vivant. Les arbres, la forêt,
la nature, l'eau, le fleuve,
les lacs et les animaux,
c'est pareil, c'est vivant.
Et alors, il ne faut pas
dénigrer ça.
L'être humain fait des choses extraordinaires,
mais des choses aussi épouvantables. On le voit en ce moment.
On est en train de détruire la Terre.
Jazz, il était...
Moi, j'ai toujours eu des chiens
dans ma vie, puis ça remonte à mon
adolescence, où j'avais un chien,
puis je me confiais à lui énormément.
J'ai toujours voulu un chien,
puis ma mère était allergique, fait que mon père
a hésité pendant des années, puis finalement,
on en avait acheté un. Il était venu à Québec m'acheter un chien.
Mais c'est beaucoup de pertes.
Oui, c'est ça.
C'est que c'est arrivé un après l'autre.
Ça a été ma mère, après ça, j'ai perdu mon chien,
après ça, mon père.
Fait que c'est...
Oui, c'est beaucoup de pertes.
Mais je remonte la pente en ce moment.
Je pleure ici. Mais je me laisse pleurer aussi. Mais ça, je me dis remonte la pente, là, en ce moment. Là, je pleure ici.
Mais je me laisse pleurer aussi.
– Mais ça, je me disais, pleurer, c'est tellement sain.
– Oui. – Pleurer,
refouler les larmes,
tu sais,
ça...
Moi, je trouve que c'est se montrer
aussi vulnérable. C'est ce que, aussi,
on oublie dans cette... Tu sais,
on est aussi dans un monde de performance ou comment ça va, ça va, c'est ce que, aussi, on oublie dans cette, tu sais, on est aussi dans un monde de performance
ou comment ça va, ça va,
c'est la réponse qu'on devrait donner
et pas, bien, ça va moyen
ou parce que là, ça veut dire, ah, mais qu'est-ce
qui s'est passé? Tu sais, on n'a même pas le temps
de se rendre jusque-là. – Non, on ne veut pas.
Bien, on ne veut pas. Tu sais, quand tu dis, ah, ça va,
oui, oui, ça va, ah, ça, ça m'énerve.
Ça va, ça va.
– Oui, tu sais, dire ça va quand ça ne va pas, tu sais. – Oui, même dans les cocktails, des fois, dans les soirées, moi, je, ça va. Ça m'énerve. Ça va, ça va. C'est-à-dire, ça va quand ça ne va pas.
Oui. Même dans les cocktails,
des fois, dans les soirées, moi, je fais attention maintenant.
Quand je parle à quelqu'un, je parle à quelqu'un.
Je ne regarde pas en arrière
pour voir qu'est-ce que je manque. Je parle à la personne.
C'est pour ça que j'haïs ça, des fois,
les cocktails et les soirées.
Parce que ça va vite, c'est qu'on butine.
C'est un autre état d'esprit.
Mais c'est vrai que dire, ça va quand ça ne va pas »,
des fois, il y en a qui ne sont pas intéressés
à la réponse.
Il te demande comment ça va, mais il faudrait
idéalement que tu dises que ça va super bien.
Donc, de montrer, je trouve,
de pleurer, c'est mort.
C'est sain.
Oui, c'est sain.
On pleure beaucoup, mon chum et moi, en ce moment.
Puis Jazz, on le parle beaucoup aussi. Puis mes parents.
Je parle beaucoup à ma mère, à mon père.
Ils sont présents plus que jamais. C'est fou.
Ah oui, hein?
Est-ce que tu as des photos d'eux?
Oui, j'ai toutes mises dans ma chambre. J'ai comme fait
un genre de présentoir avec leurs photos.
Avec des colliers
de ma mère.
Mon père aussi. J'ai une photo que j'ai mise dans la
véranda, en ski nautique. mise dans la véranda en ski nautique
parce que mon père était fou de ski nautique.
C'est des beaux souvenirs.
Avec des chandelles.
Il y a un présentoir
pour jazz aussi.
Es-tu prête à changer de sujet complètement?
Le niveau Eros.
Ça va me faire du bien.
Alors, on s'en va dans le niveau Eros.
Tu me donnes...
Tu piges cinq cartes et tu vas en choisir une.
Attends, t'en as-tu plus que...
Non, t'en as six. Je me disais, on dirait que t'en as juste cinq.
OK, oui, c'est ça.
Je te laisse un choix parce que le niveau Eros...
C'est touché.
Je ne veux pas rendre personne
mal à l'aise avec ça.
En même temps, ça ne se veut pas...
C'est plus... je trouve que ça fait
partie de la vie, cet aspect-là,
le côté romantique, sentimental, sexuel.
Alors voici, tu en choisis une.
Préfères-tu séduire
ou te faire séduire?
As-tu déjà eu une peine d'amour?
Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir sur la
sexualité à 20 ans?
Quelle est ta définition du mot désir?
De quelle façon ta sexualité a évolué
au fil du temps?
– Eh, mon Dieu!
– Ta définition du mot désir.
– Qu'est-ce que tu aurais
voulu savoir sur la sexualité à 20 ans?
C'est déjà une peine d'amour.
Ça, tu as quand même répondu.
– Oui.
– Préfères-tu séduire ou te faire séduire?
Et de quelle façon ta sexualité a évolué
au fil du temps?
– Bien, moi, j'aime bien cette question-là.
Oui, t'aimes ça, on parle de séduction,
j'aime ça.
Bien, c'est drôle parce que
je me suis toujours
laissée séduire par les garçons.
Je pense que
jamais je suis allée vers un garçon.
Peut-être plus Christian
maintenant. Parce que Christian, je n'ai pas fait les premiers pôles, mais je pense que jamais je suis allée vers un garçon peut-être plus Christian maintenant
parce que Christian, j'ai pas fait les premiers pas
mais je sens
j'ai-tu fait les premiers pas?
non, non
le dis-tu?
c'est un peu des deux, Christian c'est un mélange des deux
parce qu'on sentait
que notre coeur battait très fort
à chaque fois qu'on était ensemble
mais
quand j'étais jeune,
je n'étais pas capable d'aller vers les gars.
Qu'est-ce qui te bloquait?
Je ne le sais pas.
Fais-tu dans ton éducation?
Peut-être.
Non, mais je pense que c'est la peur du refus.
La peur d'être rejetée.
Parce que je ne me suis jamais trouvée
bien pétante.
En fait, tu sais,
je me disais,
il va me dire...
Il faut dire aussi que j'étais avec
ma grande amie d'enfance.
C'était une fille qui avait toutes minces,
avec les cheveux longs jusqu'aux fesses.
C'était toujours elle qui pognait.
Moi, j'étais toujours l'amie des gars.
La meilleure chum.
À qui les gars se confiaient, par exemple.
Se confiaient sur les filles? – Oui.
– Concernant les filles? – Oui,
mais de tout. Non, j'étais comme
one of the boys. – Mais t'étais bien dans ce rôle-là.
C'était pas un rôle... – Oui, j'étais bien,
mais des fois, je trouvais ça dur.
– T'aurais voulu faire partie de ces histoires-là
toi aussi. – Oui.
J'en ai fait partie à 14 ans quand je t'ai dit
que j'étais sortie avec un gars de 20 ans.
J'ai fait un grand gars avec une salopette de jeans
qui me composait des chansons à la guitare.
Ça, c'était très le fun.
Mais c'est toujours les autres, les gars qui sont venus vers moi.
C'est drôle.
Je me pose encore la question, mais je pense que c'est ça.
C'est la peur d'être rejetée, du refus.
Et comment on réussit à te séduire?
L'humour est une chose
bien importante pour moi.
Moi, je suis contente que mon chum
soit drôle. Il est très drôle.
Il est capable d'être sérieux, tout de suite,
mais il est très drôle. Moi, j'aime rire.
J'aime ça beaucoup.
Mais mon chum, il m'a séduite
parce que
j'adore la voix de cet homme-là.
J'adore le...
La première fois que je l'ai rencontré, je me souviens,
on avait fait un show de poésie au TNM.
Il y avait à peu près 50 acteurs qui étaient demandés.
Puis mon chum, il n'était pas très connu du monde du théâtre.
Puis Henri Chassé était avec moi dans les coulisses.
Puis c'était des poèmes russes.
Puis c'était comme une soirée russe. Puis c'était comme une soirée russe.
Puis c'était Louis Moffett qui avait fait à mise en scène.
Puis je l'ai vu.
Je ne le connaissais pas.
On n'avait pas travaillé ensemble encore.
Puis je l'avais vu sur scène.
Mais je n'étais pas en amour.
C'est juste que je l'avais entendu dire un poème.
Puis lui, il savait par cœur son poème.
Il était ça de long.
Puis il le savait par cœur.
Puis il y avait un pianiste.
Puis là, il était seul en scène.
Puis il disait son poème.
J'ai fait, mon Dieu.
Je trouvais qu'il avait l'air de Jacques Brel
sur scène.
J'étais, je faisais, mon Dieu.
Puis là, il avait Henri Chassé à côté de moi, puis je dis,
qui est ce gars-là? Il dit, tu connais pas
Christian Vizina? Il dit, voyons, il dit, c'est le spécialiste
de la poésie au Québec,
tout ça. Mais je lui dis, voyons,
il est bien bon. Il dit, oui,
il est bon. Je l'admirais.
À ce moment-là, c'était vraiment de l'admiration.
Par la suite, on a travaillé ensemble.
Mais il t'a séduite
déjà à ce moment-là.
Est-ce que toi, tu es séductrice dans ton couple?
Est-ce que
tu aimes sentir
que tu séduis
l'autre?
Oui, mais je ne le fais
pas tant que ça.
Tu sais, des fois, mon chum, il me dit...
Un matin, j'étais comme en pyjama,
puis il me dit, t'es belle.
J'ai dit, ah oui, j'ai dit,
ah bien, qu'est-ce que tu veux manger?
Puis là, tu sais, je fais ça toujours.
Tu t'es pas restée longtemps dans cette zone-là.
Non, mais quand je suis dans l'intimité,
oui, je suis capable d'être séductrice.
Mais dans le quotidien, j'ai de la misère avec ça. Ça dépend comment
je me sens.
Ça dépend comment je me...
Mais j'avoue qu'il va falloir que je fasse attention
parce que là, je viens de sortir aussi de cinquième rang.
Fait que je m'habille beaucoup en campagne.
En carotté. Oui!
En chemise carotté.
Avec des grosses bottes.
Fait que là, il va falloir...
C'est ça, Ça serait le fun aussi
que tu t'achètes des petits tropes d'été.
Il va falloir que je ressorte
un peu ma féminité.
Oui, parce que dans le fond, le vêtement joue un rôle.
Des fois, oui.
Dans comment on se sent.
Ça peut être ça, des fois.
Comme le costume d'un personnage.
Ça dépend dans quel vêtement tu te sens bien.
Mais en même temps, la chemise carottée,
des fois, ça peut être aussi on fait quoi ensemble. Ça dépend dans quel vêtement tu te sens bien. Mais en même temps, la chemise carottée,
des fois, ça peut être aussi,
on fait quoi ensemble? Il y a quelque chose de séduisant,
je trouve, tout dépendant
de l'intention qu'on lui donne.
Mais lui, dans le fond, ce qu'il dit, c'est quand
il voit la femme, ta féminité.
Il aime ça.
Il est bien dans cette zone-là.
Mais il me trouve toujours,
je te le dirais, que c'est extraordinaire
de se sentir belle tout le temps.
Ah, Seigneur! Oui, oui. C'est assez
incroyable. Ça, je veux qu'on en parle un autre.
Parce que des fois,
je trouve que les femmes,
souvent, si on se fait dire qu'on est belle jeune,
on dit non, elle a tellement des plus belles.
On va vite se comparer.
On va vite rejeter ça
parce que c'est comme ça qu'on y croit plus ou moins. Je ne sais pas si tu es d'accord avec ça. Il y a comme une comparer. On va vite rejeter ça parce que c'est comme si on y croit plus ou moins.
Je ne sais pas si tu es d'accord avec ça.
Il y a comme une comparaison.
Mais d'accepter
de se le faire dire parce que
l'autre y croit,
c'est comme s'il faudrait le comprendre jeune, je trouve.
Oui, il faudrait découvrir ça jeune.
Comme ce que je viens de te dire,
je m'en veux parce que j'ai raté
des maudites belles occasions.
Avec des beaux acteurs.
Puis je les revois aujourd'hui, puis on rit,
puis on se regarde parce que je me dis, maudit,
j'aurais pu avoir de quoi avec lui.
Parce que tu n'y croyais pas? Parce que je ne sentais pas
qu'il y avait quelque chose. Je ne l'ai pas senti.
Si j'avais senti une petite affaire,
j'aurais pu y aller ou j'aurais pu juste m'essayer.
Juste ça, je regrette.
Prends les devants.
C'est ça que tu regrettes, de ne pas avoir...
Tu as attendu.
Oui.
Mais tu as dû être déçue une fois,
parce que quand tu attends,
il ne fait pas signe.
Quand même, j'ai eu beaucoup de garçons
qui sont venus vers moi.
Mais pas tant que ça.
Je n'ai pas eu tant d'amour que ça dans ma vie.
Mais j'ai eu des relations un peu plus...
Est-ce que dans ce temps-là,
quand t'attends d'être séduite,
est-ce que tu choisis
ou t'es dépendante
de ceux qui viennent vers toi?
C'est du désir de l'autre.
C'est que t'existes dans ce regard-là.
C'est que tu t'oublies, tu t'adaptes.
Ça, c'est une grande adaptation.
Oui. Et ça, c'était
pas rare parce que tu dis, est-ce que j'ai vraiment
voulu avoir quelque chose avec
lui? Est-ce que j'ai vraiment
voulu ça ou c'est parce qu'il est venu vers
moi et que je me suis dit, là, il me trouve
belle, moi, y aller. Je me suis
posé cette question-là aussi
souvent. Parce que souvent, on voit des gens
qui sont vraiment en mode
« je veux me faire séduire ».
Oui.
Ils sont en attente et moi, je trouve que ça,
c'est comme une voie de contournement.
Oui.
C'est-à-dire que ce n'est pas directionnel.
Bon, je séduis l'autre, donc c'est bon,
mais son besoin personnel là-dedans,
il est comblé comment?
Oui, c'est ça. Je ne sais pas.
Non, oui, il y a un petit manque ici.
Je sais que je me pose la question maintenant.
Je me dis que c'est drôle.
J'en avais déjà parlé à Christian.
J'ai dit que c'est drôle.
J'ai toujours été séduite.
Mais Christian, tu vois, ça s'est fait pas mal ensemble.
Parce que c'est l'art qui nous a rassemblés aussi.
C'est notre métier qui nous a rassemblés.
Mais tu as osé avancer aussi.
Oui, oui.
Mais pas comme gros gens comme devant.
Parce que tu voulais le séduire aussi cette fois-là.
Tu as été séduite, mais tu voulais démontrer ton intérêt.
Oui, je voulais démontrer mon intérêt.
Mais je n'ai pas fait les premiers pas nécessairement.
Puis je voyais qu'ils étaient quand même intéressés
puis on était ensemble.
Mais ça s'est fait très naturellement
puis c'est une façon bien le fun,
bien ensemble.
– Tu l'as choisi aussi.
Tu ne t'es pas fait choisir.
Ce n'était pas un sens unique.
– Non, pas du tout. – Mais ça, c fait choisir. C'était pas un sens unique.
Mais ça, c'est important.
Je trouve qu'il y a une leçon dans ce que tu dis par rapport aux femmes d'accepter de se faire dire
qu'on est belle et se sentir belle.
Oui.
Ça transparaît quand tu sens belle.
Ça transparaît.
Il y a des gens, des fois, tu le vois dans leur
gestuel,
ils sont bien, puis ça n'a rien
à voir avec l'apparence physique.
C'est comment on se sent
à l'intérieur et on le voit
à l'extérieur. Tu sais, ça part
dans cette histoire-là, je trouve,
de voir quelqu'un qui,
ses yeux sont lumineux,
puis la personne qui va vers l'autre.
Et souvent, on s'en fâche,
mais dans toutes les images de beauté
qu'on nous met aussi dans la tête,
c'est sûr que...
Parce que la beauté, Sarah Bernard,
elle disait, il ne suffit pas d'être belle,
il faut le charme.
C'est vrai.
Je veux dire, on en connaît des gars,
des laiderons qui ont eu plein de femmes dans leur vie.
On connaît Édith Piaf aussi
qui a eu plein d'hommes dans sa vie.
Je dis, ce n'est pas une question de physique, on le sait bien.
Non, mais il faut se le rappeler.
Il faut se le rappeler, parce que
c'est important de se trouver
belle, je trouve. Puis belle,
pas dans le sens d'être vaniteuse,
c'est d'être confortable
avec qui on est.
Puis des fois, si ça nous aide de
s'habiller d'une manière parce que ça vient représenter
comment on se sent, moi, j'aime ça aussi.
Oui, c'est vrai.
Moi, j'ai en vacances, je ne m'habille pas comme dans vie.
Non, c'est vrai.
C'est étrange.
C'est vrai, oui.
J'en apporte des petites robes.
Moi aussi, les vacances, il y a comme un autre
quelque chose qui apparaît.
Tu es dégagée de plein la fin.
Exactement.
Moi, tu m'assoies dans un avion,
je n'ai déjà plus habillée pareil.
– Oui, c'est vrai.
– Mais tu sais, moi, des vacances, c'est faire ma valise.
Moi, partir, on est peut-être maintenant.
– Moi, j'aime ça aussi.
– Dis-moi qu'on parle de façon impromptue,
on ne l'a pas prévu. Moi, je suis prête.
Mais il y a quelque chose là-dedans,
dans la liberté, en tout cas, il y a un questionnement
à avoir. Puis quand on nous disait
que tes belles-moines amies m'avaient dit, il y a juste une réponse à avoir. Puis quand on nous disait que t'es belle, mon ami m'avait dit, bien, tu sais, il y a juste une réponse
à ça, c'est merci.
Ah oui, c'est vrai.
Et non, oui, bien là, moi, tu dis ça
parce que, tu sais, c'est comme...
Oui, oui, oui.
Tu sais, ton chum, il t'a trouvé belle en pyjama.
Oui, oui, le matin, j'étais comme bien simple.
Je parlais, puis j'ai dit, veux-tu un autre café?
Puis il m'a dit, t'es belle.
T'es beau!
Je suis belle là, là. Il a dit, oui, oui, t'es belle là.
Ah, mais ça, ça donne
la confiance. Oui.
Tu sais, de se sentir belle dans le regard
de l'autre. Oui, c'est important.
Faut pas ignorer ça, t'as raison.
Dernière question, mon bébé.
Boy, oui. Où te vois-tu
dans dix ans?
Eh, mon Dieu!
Je vais t'avouer que c'est une drôle de question
parce qu'après ce que j'ai vécu,
je sais que la mort est peut-être proche
et on ne le sait pas.
Je n'ai pas envie de me projeter dans 10 ans.
Mais il y a une chose que je demande
depuis qu'on s'est installé
dans notre maison à la campagne,
c'est, tu sais, on a une vie qui est pas compliquée,
là, mon chum pis moi, mais je demande
d'être ensemble encore pendant
10 ans, pis des fois, je regarde
au ciel, pis je parle à mes parents,
pis je dis, aïe, là, là, donnez-nous un petit répit,
pis là, je veux qu'on soit ensemble au moins
10 ans, là, tu sais, dans ce maison-là,
pis qu'on soit heureux. J'ai pas de ce maison-là, puis qu'on soit heureux.
Je n'ai pas de désir, moi, de mon métier ou pas.
Je pense que je vais encore jouer dans dix ans, j'espère.
Tu aimes toujours ça?
Oui, j'aime toujours ça.
Mais c'est sûr que ça aussi, c'est un autre virage, mon métier.
Je l'aime d'amour,
mais je ne veux plus faire n'importe quoi non plus.
Je n'ai pas fait n'importe quoi.
J'ai un très beau parcours, ce n'est pas ça mais je veux plus faire n'importe quoi non plus. J'ai pas fait n'importe quoi. J'ai un très beau parcours, c'est pas ça que je veux dire.
Mais j'aimerais ça avoir la chance de plus
choisir mes projets
personnels et autres,
mais des projets de cœur.
J'ai envie de
plus mettre
en avant mes désirs.
Puis de m'écouter.
C'était quoi ton projet de vie?
Le projet qui t'a
pu se transporter sur le plan professionnel,
par exemple?
Mon Dieu, bien, Belle-Sœur a été
un projet extraordinaire. Quand on était allés jouer
à Paris, j'avais jamais vécu une chose comme ça.
Les salles pleines, au rond-point
à Paris.
Ça, ça a été fabuleux. Puis mon fils
est venu à Paris. On avait chacun notre appart.
Mon chum est venu.
C'était vraiment... Ça, ça a été
un des projets les plus importants.
Mais tous les projets ont été
bien satisfaisants parce que
je suis choyée.
J'ai travaillé avec des grands.
J'ai travaillé avec Hélène Loisel, avec Gisèle Schmitt,
avec Yves Desgarniers, René Richard,
Serge Delonco. Je ne me mettrais pas à nommer parce qu'il y en a
qui vont dire « Mais là, tu ne m'as oublié. »
Mais tu sais, j'ai fait des projets extraordinaires.
J'ai joué dans 5 Tchékov.
Des actrices qui rêvent de jouer Tchékov.
J'ai travaillé avec Marcel Sabourin, Guynadon.
Tu sais, je veux dire, tous mes héros.
Écoute, Jean-Louis Millette. J'ai travaillé avec mes héros... Écoute,
Jean-Louis Millette, j'ai travaillé avec mes héros
d'enfance.
Je parle des...
Parce que pour moi, c'est important, les pionniers,
ceux qui ont défriché le terrain.
Mais j'ai fait du théâtre, j'ai fait de la télé,
j'ai fait du cinéma.
Je pense que des fois, je me dis,
je mourrais aujourd'hui ou demain.
Je n'ai pas peur de la mort, moi.
Je n'ai pas peur.
Quelles traces tu laisses?
Je ne sais pas si on laisse des traces tant que ça.
Je sais que je vais laisser des traces dans le cœur
de ceux vraiment qui sont près de moi.
Je ne sais pas si on laisse des traces tant que ça.
J'espère que je vais laisser des petites traces
dans le cœur des gens.
Moi, en tout cas,
je parle encore à Jean-Louis Millette
avant de rentrer sur scène.
Je parle à André Brassard des fois
avant de rentrer sur scène.
Il va laisser une trace?
Oui. Hélène Loisel.
Je leur parle.
Michel Dumont.
C'est sûr que je leur parle avant d'entrer en scène.
Je dis « Aidez-moi.
J'ai besoin d'énergie ce soir. Je suis fatiguée. »
Puis dans la belle, ça, je ne me pose pas la question.
Je sais que mon fils, mon chum...
J'aimerais ça peut-être partir avant mon chum.
Je ne voudrais pas qu'il parte avant.
Ces temps-ci, j'en ai assez.
J'avoue que la coupe est pleine.
Oui, oui, oui.
Je ne veux pas...
Est-ce que tu as un repos prévu?
Oui, j'ai tout le mois de juillet.
C'est comme si c'était main gros.
J'ai tout le mois de juillet,
mais je recommence à la répéter au théâtre
début août.
Mais en même temps, Marie-Claude,
tu le sais, ça nous fait du bien de travailler.
Oui, mais des fois, c'est de dormir aussi.
Oui, parce que le deuil,
c'est un choc physique aussi.
Oui, tu as raison. Et le corps, Parce que le deuil, c'est un choc physique aussi. Oui, c'est raison.
Et le corps, des fois, a besoin
de se reposer, d'un répit.
Après ça, oui, ça fait du bien pour la tête
de recommencer
et de donner un sens à chacune de ses journées.
Mais le corps,
les journées que tu as passées avec ta mère
et ton père avant qu'ils meurent,
c'est énormément d'énergie.
Tu en magazines tellement de choses.
On parle beaucoup de la tête et le cœur,
mais le corps...
Le corps subit tout un choc.
Pleurer, c'est exigeant.
Pleurer, prendre de l'énergie,
pleurer, avoir de la peine.
Je n'ai jamais autant pleuré, je pense.
Ça nous vide, pleurer.
Des fois, il faut...
Mon chum, il y a encore des soubresauts
de jazz. Il y a des images qui reviennent.
Un choc post-traumatique.
Il va consulter quelqu'un parce que c'est quelque chose.
Parce que ça, on parle du deuil,
mais pour moi, le deuil a comme une fonction
de convalescence.
Après un terrible choc
qui est le départ de quelqu'un qu'on aime.
Je prends du temps puis j'en ai
besoin de ce temps-là. Le mois de juillet,
on n'est pas là encore, mais
j'en ai besoin de ce temps-là.
C'est précieux pour moi.
La campagne, puis je m'en vais me baigner dans mon lac
la semaine prochaine. Je m'en vais voir
un petit chien. Lundi, je m'en vais
voir un petit lagoto.
Je te montrerai une photo.
Mais ça, ça doit t'animer, ça.
Ah, ça, écoute.
Ma psy, c'est ça.
C'est rare que je parle de ma psy.
Mais là, j'en avais besoin de la revoir.
Puis elle me dit, écoute, quand tu parles d'un chien,
elle dit, tes yeux s'allument.
Oui, oui, oui.
Moi, j'ai besoin d'un chien dans ma vie.
Puis mon chum, il aurait pu attendre, lui, à l'été prochain.
Puis il aurait pu vouloir faire son deuil,
mais en même temps, il dit, je sais que t'en as besoin.
Je sais que ça te manque. Je le sens
dans ton corps. Je le sens dans ton énergie.
Je m'en vais voir un petit lagoto
de deux mois lundi.
Ça se peut qu'on le prenne fin
juin. Ça me laisse un mois
pour l'élever.
J'ai bien hâte.
Tu vois, quand ce podcast-là va sortir,
c'est à quelque part en juillet.
Donc là, on se projette
en juillet. Donc, tu es avec ton petit
pitou sur le bord de ton lac
en train de te reposer.
On te souhaite que du beau.
Merci Marie-Claude.
Que du beau.
Merci Maud Guérin.
Merci à tout le monde d'avoir été là
Je pense qu'aujourd'hui, les mouchoirs
ont dû être utiles en t'écoutant
vraiment, merci
Je disais tantôt
je voulais te connaître davantage
et l'impression de
te connaître davantage, merci
de cette ouverture-là Merci.