Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette - #68 Serge Denoncourt | Ouvre ton jeu avec Marie-Claude Barrette
Episode Date: August 19, 2024Dans ce soixante-huitième épisode d’Ouvre ton jeu, Marie-Claude reçoit le metteur en scène Serge Denoncourt. Fidèle à lui-même, il fait preuve d’une franchise rafraîchissante où il ne pre...nd aucun détour pour répondre aux questions qu’il pige. Il parle de son syndrôme d’Asperger, de sa peur intense de la mort, de sa vision du couple et de l’amour, en plus de s’ouvrir sur sa famille et sa jeunesse. ━━━━━━━━━━━ 00:00:00 - Introduction 00:23:30 - Cartes vertes 00:52:10 - Cartes jaunes 01:09:13 - Cartes rouges 01:21:41 - Cartes roses 01:34:10 - Carte mauve ━━━━━━━━━━━ L'épisode est également disponible sur Patreon, Spotify, Apple Podcasts et les plateformes d'écoute en ligne. Ouvre ton jeu sera présenté sur scène cet automne: le 20 octobre au Club Dix30 avec Chantal Lacroix et le 27 octobre à la Salle Albert-Rousseau avec P-A Méthot. Rendez-vous au ouvretonjeusurscene.ca pour réserver vos places. Vous aimez Ouvre ton jeu? C'est à votre tour d'ouvrir votre jeu avec la version jeu de société. Disponible dès maintenant partout au Québec et au https://www.randolph.ca/produit/ouvre.... Visitez mon site web : www.marie-claude.com et découvrez l'univers enrichissant du MarieClub, pour en apprendre sur l'humain dans tous ses états et visionner les épisodes d'Ouvre ton jeu, une semaine d’avance. ━━━━━━━━━━━ Ouvre ton jeu est présenté par Karine Joncas, la référence en matière de soins pour la peau, disponible dans près de 1000 pharmacies au Québec. Visitez le karinejoncas.ca et obtenez 15% de rabais avec le code ouvretonjeu15. Grâce à Éros et compagnie et notre niveau rose, obtenez 15% avec le code rose15 au erosetcompagnie.com
Transcript
Discussion (0)
Salut tout le monde, bienvenue à Ouvre ton jeu.
Je viens de terminer le jeu de Serge Dononcourt.
Serge, je le connais comme tout le monde, la télé,
je l'ai reçu une fois à une de mes émissions
où on avait parlé du sommeil.
Je le sais que c'est quelqu'un qui est...
c'est pratiquement un personnage dans le sens que
il a fait sa place comme metteur en scène,
mais il a aussi une réputation de dire les choses telles qu'elles sont,
de ne pas faire de détours, d'être impatient, d'être fougueux.
Et j'avais hâte de faire le Ouvre ton jeu
parce que je voulais dépasser justement
toute cette image-là que j'avais de lui.
Et vous allez voir, on est dans la vérité,
mais vraiment, il dit des choses
qu'on est moins habitué d'entendre
parce qu'on dirait que les gens, des fois,
ils vont garder ça pour eux.
À la question, par exemple,
« Quelle est ta part d'ombre? »
C'est des réponses qu'on est moins habitué d'entendre
autour de cette table-ci.
Mais combien vraie, combien utile.
Alors, j'ai l'impression que ça va vous faire
réagir et c'est toujours
bon de réagir parce que ça nous positionne
et je pense aussi que pour
plusieurs personnes,
on va se dire, enfin, quelqu'un
dit cette chose
avec autant de facilité
et garde, c'est sa vérité.
Alors, je suis très, très, très
contente de cette rencontre-là avec Serge Denoncourt.
Alors, je vous rappelle qu'on a deux partenaires principaux,
Karine Jonca Cosmétiques,
qui est là depuis le premier Ouvre ton jeu
et qui vous offre un rabais de 15 % sur les achats en ligne.
Alors, le code promo, c'est Ouvre ton jeu 15.
La même chose pour le niveau
Eros qui est notre niveau
qui est tout récent, qui est le niveau
avec les cartes roses
alors ce niveau Eros là, notre partenaire
c'est Eros et compagnie
alors ils vous offrent aussi un rabais en ligne
avec le code promo
rose15
et je vous rappelle qu'on est en spectacle avec Ouvre ton jeu
sur scène le 20 octobre
prochain au Club du 10-30
avec Chantal Lacroix.
Le 27 octobre, on s'en va à Québec.
C'est aussi un dimanche à 15h
à la salle Albert Rousseau
et cette fois-là avec
PA Méthode. On espère que vous serez
nombreux parce que c'est une expérience
qu'on va vivre
pour la première fois et il y aura
aussi le niveau public.
Donc, vous pourrez, en tout cas,
vous aurez l'occasion d'écrire une question
si vous avez envie de jouer
de cette façon-là à Ouvre ton jeu.
Alors, sur ce, il est temps
de laisser la place
au grand. J'ai envie de dire
le grand parce que vous allez voir avec tout ce qu'il dit,
vraiment, moi, j'ai retenu des choses,
mais d'être avec quelqu'un qui a autant de franchise,
autant d'honnêteté,
sans se préoccuper du regard des autres,
ça fait du bien.
Alors, place au grand, Serge Denoncourt.
Je vais aller d'un...
Mon rêve, c'est d'avoir mon nom dans le dictionnaire.
Puis qu'est-ce qu'on écrirait?
Ah, exactement ce que je pense de moi,
c'est-à-dire metteur en scène,
metteur en scène qui a eu une production importante
et significative au Québec.
Mais ça se pourrait.
Oui, ça se pourrait, mais...
Qu'est-ce que tu vas faire?
Admettons, demain, on annonce que dans le Petit Larousse...
J'ai réussi ma vie.
Ce n'est pas que c'est important pour moi d'avoir mon nom dans le Petit Larousse.
Ce que j'aime là-dedans, c'est que je suis mort.
Puis tu es encore là.
Toi, tu veux laisser une trace.
Oui.
Donc, avoir une statue.
Oui, puis sinon, j'ai choisi le métier où...
Tu sais, le théâtre, quand c'est fini, ça disparaît.
Ce ne sont pas des films, ce ne sont pas des émissions de télé.
J'ai choisi le métier le plus éphémère,
alors que j'aimerais ça laisser une petite trace
quelque part.
Ouvre ton jeu
est présenté par Karine Jonca,
la référence en matière de soins pour la peau,
disponible dans près de
1000 pharmacies au Québec.
Le jeu de table
Ouvre ton jeu est disponible
partout en magasin
et sur rendolf.ca
Aujourd'hui, je reçois,
quelques années, j'aurais dit
un homme de théâtre, parce que
je l'ai connu dans cet univers-là,
je l'entendais parler,
je le trouvais énergique.
Des fois, je n'étais pas d'accord
avec ce que tu disais, puis je pense que tu t'en fous
complètement qu'on soit d'accord ou pas.
Et c'est ce que j'aime. Parce qu'on pose souvent la question
dans le jeu, quelle importance
accordez-vous au regard des autres? Et j'espère
qu'il va piger cette question. J'ai envie
de comprendre comment on fait pour être
aussi dégagé, des fois
de l'opinion des autres et de s'assumer
autant. Alors, je suis fière d'être
avec vous aujourd'hui. J'ai l'impression que vous aurez un challenge
dans ce Ouvre ton jeu-là. Alors, je vous présente Serge Denonc toi aujourd'hui. J'ai l'impression qu'il va y avoir un challenge dans ce Ouvre ton jeu-là.
Alors, je vous présente Serge Denoncourt.
Salut, Serge. Salut, Margot. C'est vrai que
tu m'as provoqué, toi, les premières
fois que je t'entendais
en entrevue. Puis moi, j'aime.
J'aime ça parce que
t'es un personnage.
Je dis pas ça négativement, mais il y a quelque chose
de... Ta personnalité est très
forte et dominante. Parce que le monde pense qu'il y a
un personnage pour la télé,
mais non. Je suis comme ça
à l'apéritif, je suis comme ça
dans la vie, je suis comme ça dans ma vie amoureuse,
je suis comme ça avec mes amis.
Puis à la télé, j'ai décidé de ne pas changer
du tout, de ne pas polir l'affaire
et que si ça ne fait pas votre affaire, engagez-moi pas.
Je ne suis pas capable de changer.
Je viens de faire une émission qui s'appelle Serge à Paris.
Je dis à mon producteur,
si tu veux un animateur bien gentil,
ne prends-moi pas.
Je ne suis pas capable parce que ça va sortir tout seul
ou alors vous ferez beaucoup de montage.
Puis il a accepté.
Mais en même temps,
est-ce que des fois tu le remarques dans le regard de l'autre
que ça provoque quelque chose.
Alors, je n'ai pas changé.
Je dis encore toujours ce que je pense.
Je pense que je le dis quand même un petit peu
de façon moins blessante maintenant.
Je me suis rendu compte que ce n'était pas nécessaire
de blesser quelqu'un pour lui dire ce que tu avais à lui dire,
pour lui dire que tu n'étais pas content.
Tu as le pouvoir d'être agressif.
Fait que moi, maintenant,
puis les gens me connaissent,
ils me voient venir à deux kilomètres,
ils font « bon, il n'y a pas de bonne humeur ».
Mais oui, je le vois.
Puis moi, je n'ai pas de problème à m'excuser non plus.
Ah! Mais ça, ça change, ça donne
quand on est capable de s'excuser.
Là-dessus, je n'ai pas d'orgueil.
Je peux me tromper, puis je peux avoir gueulé pour rien,
puis je m'excuse.
Puis si la personne est capable de passer à autre chose,
c'est réglé pour moi.
Parce que tu sais, dernièrement, avec toutes les...
Des fois, on ne sait plus ce qu'on doit dire.
Tu le sais, on a l'impression qu'on marche
sur des oeufs, même si l'intention
est bonne, mais on sait maintenant
la façon
prend
beaucoup de place. Comment on dit les choses,
comment l'autre peut l'interpréter,
et ça nous amène tous à faire
une introspection par rapport à
se mettre comme une observation, comment
les autres réagissent. Est-ce que tu as eu à faire cet exercice-là?
Toutes les
dix minutes.
C'est-à-dire que, comment tu t'adresses
au restaurant à
un serveur qui ne t'a pas regardé depuis
45 minutes, mais que tu le sais que tu ne peux pas
te fâcher, que tu n' sais que tu peux pas te fâcher,
que t'as plus le droit de te fâcher.
Puis là, je fais, comment je fais ça pour lui dire quand même mon mécontentement?
Mais oui. Puis,
c'est pas une mauvaise chose qu'on soit obligé de s'adapter.
Par contre, moi, je dis
beaucoup aux plus jeunes autour de moi,
« Hey gang, donne-moi le mode d'emploi.
Aidez-moi un peu.
Parce que j'ai l'âge que j'ai, j'ai la vie
que j'ai, puis tout à coup,
parce que je t'ai pas
appelé Yel,
je suis un monstre, mais je le sais pas, je savais pas
moi que t'étais fluide.
Je le savais pas.
C'est pas écrit dans ton... Après ça, je m'en fous.
On va t'appeler ce que tu veux.
Je savais pas que ce que je viens de dire
est offensant. Sincèrement, je le savais pas. Puis je pensais pas que ce que je viens de dire est offensant, sincèrement je le savais pas
pis je pensais pas
explique moi ça, ok ben écoute
ça arrivera plus
j'ai pas de problème avec toute cette affaire là
de woke là
si c'est ce que
les plus jeunes ont envie de nous
nous enseigner
mais justement prenez le temps
de nous aider un petit peu
moi quand j'ai commencé à faire la mise en scène de Marie-Claude, tous les metteurs en scène enseigner, mais justement, prenez le temps de nous aider un petit peu.
Moi, quand j'ai commencé à faire la mise en scène de Marie-Claude,
tous les metteurs en scène pétaient des crises.
Pas moi plus que les autres.
Ça faisait partie de la description
de la job.
Puis là, on n'a plus le droit.
Je fais, OK, mais comment
je te dis que je ne suis pas content?
Parce qu'on a encore
le droit de ne pas être content.
Tu ne sais pas ton texte, tu arrives en retard,
tu manques de respect pour tes camarades.
Comment je te le dis,
ça, sans te vexer?
Parce que là, tu me vexes,
toi. Parce que ça aussi,
c'est-à-dire que ce n'est pas juste
parce que tu as moins de 30 ans que tu as le droit d'être vexé.
Nous, les plus de 30 ans,
on a le droit d'être vexé aussi par la façon dont de 30 ans, on a le droit d'être vexé aussi
par la façon dont on s'adresse à nous,
par la façon dont on nous traite,
parfois comme si on était des dinosaures.
Tu sais, moi, quand j'ai commencé ma carrière,
j'étais gay.
Puis ça prenait un certain courage
pour t'afficher.
Moi, je faisais les tapis rouges avec mon chum.
Là, maintenant,
les plus jeunes
me regardent, moi, gay, comme si j'étais
la femme la plus straight sur la planète.
Parce que je suis pas
genderfluid, non-binaire.
Là, je fais, hé, les amis, là,
il y a du monde avant vous qui se sont battus,
là, parce que d'être
gay, c'était pas...
c'était pas accepté par tout le monde.
Ben, il y en a encore qui le disent pas.
Il y en a encore, c'est-à-dire qui en font
un secret. Ça leur appartient,
mais je veux dire, c'est pas
facile pour tout le monde.
Ce que t'as fait, justement, ça fait quand même
quelques années de ça.
Ça fait beaucoup d'années.
J'ose pas dire.
Ça fait 45 ans.
45 ans, c'est sûr que si les jeunes
ou les gens, en tout cas, retournaient regarder, 45 ans, c'est sûr, si les jeunes ou les gens,
en tout cas, retournaient regarder les nouvelles
de cette époque-là,
ils n'en verraient pas beaucoup sur les tapis rouges.
Non, mais je me suis fait répondre, moi,
dans les dernières années,
ah oui, mais toi, c'est facile pour toi,
t'es un homme blanc homosexuel.
Je fais, voyons, excuse-moi, là,
homosexuel, gay, on a mené une bataille, on faisait partie, voyons, excuse-moi, homosexuel, gay,
on a mené une bataille,
on faisait partie,
LGBTQ+, on dirait que nous,
les hommes blancs, gays, on fait plus partie de ça,
on est trop straight.
Je fais, hé, les amis.
Puis aussi, il y a un petit devoir de mémoire,
c'est-à-dire que si t'as 22 ans,
puis que tu penses que tu reinventes le monde
parce que t'es genderfluide, on peut prendre
un café, puis je peux te raconter
des affaires
de 1976
puis de 1980,
puis du sida.
Mais c'est tellement important.
Tout a changé à ce moment-là.
Oui, oui, oui.
Moi, je me souviens, on dirait que j'ai 55 ans,
puis partout où j'arrivais, après l'université
il n'y avait plus de job, c'est la crise économique
on dirait qu'on se faisait tout couper
et le sida a coupé la liberté
et ce que tu dis c'est tellement intéressant
parce que souvent on parle de la transmission
entre les générations
moi c'est ça, cette histoire-là
justement de la sexualité
de la liberté parce que
moi la génération avant
l'a connue, toi tu l'as connue je l' que moi, la génération avant l'a connue.
Toi, tu l'as connue.
Je l'ai connue pas longtemps, mais je l'ai connue.
Tu l'as connue.
Jusqu'à 23 ans.
C'est ça, ça a existé.
Moi, j'ai des amis qui étaient des bébés boomers,
mais qui le sont encore,
mais je veux dire, ils ont connu une autre époque.
Moi, je ne l'ai pas connue.
Au moment où j'aurais pu le connaître,
c'est la peur.
La sexualité était associée à la peur.
Il n'y avait pas de liberté.
Je vais dire pire que ça. Je m'en souviens parce qu'elle était associée à la mort.
On avait peur de mourir.
On pensait à la mort. On rentrait
dans le lit avec quelqu'un.
On avait une angoisse de mort.
Ils n'ont plus ça
parce que maintenant, il y a une médication.
C'est quand même pas
il y a 200 ans.
Ça nous a restreints. C'est quand même pas... Il y a 200 ans. Ça nous a restreints.
C'est comme si on marchait
et on avait le vrai emploi.
Moi, j'étais un fidèle de tempérament.
Fait que, maintenant,
j'avais un chum, puis on s'est jurés
de faire attention.
Fidélité.
Mais faire attention.
On mettrait pas la vie de l'autre en danger.
Moi, j'ai un ami qui est décédé
du sida au début
des années 90.
Il n'y avait pas grand traitement.
Tu voyais la souffrance.
Tu voyais aussi le jugement,
la peur.
Quand c'est arrivé,
les gens ont oublié ça. On ne savait pas si ça se pognait
par une poignée de main, par un bec.
On ne le savait pas. De se pognait par une poignée de main, par un bec on le savait pas
fait que là tout à coup t'avais un ami
qui avait le sida qui était à l'hôpital
pis là on disait on va-tu le visiter
ou on le laisse mourir tout seul
parce qu'on va-tu le pogner en touchant
à sa poignée de porte, on ne savait pas
c'était
effectivement ça a changé complètement la vie sexuelle
du monde entier
on est tout le monde...
C'était la liberté. Et je te dirais,
c'est pas tellement sexuel que
c'était...
Fin 70, début 80, c'était le gros,
gros fun. C'était les années disco.
On sortait, on dansait,
bien sûr, on faisait l'amour,
etc. Il y avait une
insouciance qui était formidable. C'était comme les années
folles, mais c'était les années 80.
Mais en même temps, il n'y avait même pas encore
une grosse dette.
Je veux dire, l'arrivée des cartes de crédit
s'est faite dans les années 70.
Les REER sont arrivées un peu après,
parce qu'il y avait comme un surplus d'argent.
Même l'économie, tout était prospère.
Il est arrivé le début des années 80,
il y a eu une première crise.
Après ça, dans les années 90.
Mais il y avait quand même il y avait une, je pense
puis ça tu dis moi si c'est vrai, tout était possible
ah oui, mais je te jure
c'était
l'avenir était devant nous
c'était le gros fun des années
du début des années 80
et ça aussi
les plus jeunes n'ont pas vécu
puis moi je ne suis pas nostalgique du tout.
Je suis plus historique.
Mais c'est comme un devoir de transmission.
Oui, exactement.
Puis de dire, il y a une génération qui est la mienne,
et elle est un peu plus vieille aussi,
qui se sont beaucoup battues.
Personne ne se souvient de ça, que le pape est venu,
puis qu'ils ont vidé, cliné les rues de bargués et de
prostituées pour que la ville
ait l'air propre, puis que moi j'ai fait une manifestation,
je devais avoir, je sais pas, 20 queques,
pour qu'on dise,
un instant, on n'est pas des parias,
on n'en parle plus de ça, ça n'intéresse
plus personne, puis moi je veux pas dire,
dans mon temps, vraiment, j'haïs ça,
dans mon temps.
Mais ça fait partie de l'histoire.
Mais de dire, d'où tu vis...
Pas moi, vous, d'où vous venez.
Vous venez de ce Québec-là.
Puis là, moi, je parle des années 80.
Mais mon père...
Je veux dire, les gens allaient peu à l'université,
les familles d'ouvriers.
Le mot sexualité, voyons donc, ça existait pas.
On n'avait pas le droit,
puis tout le monde avait un mononcle
taponneux, puis on n'en parlait pas.
On vient de tellement loin
et en tellement peu de temps, le peuple québécois
a évolué, mais
à une vitesse incroyable
depuis la Révolution tranquille.
Le peuple québécois
a été d'une résilience, a évolué,
s'est éduqué,
s'est cultivé, s'est mis à manger d a évolué, s'est éduqué, s'est cultivé,
s'est mis à manger d'autres affaires,
s'est mis à voyager.
Et moi, je fais partie de cette génération-là
qui a profité de ça, de cette ouverture sur le monde.
Tu sais, je suis né en 62,
puis en 67, c'était l'Expo.
Oui.
T'en souviens-tu? Est-ce que t'es allé, toi, à l'Expo?
T'étais tout petit.
Si je m'en souviens, j'avais-ce que t'es allé, toi, à l'expo? T'étais tout petit. Si je m'en souviens,
j'avais 5 ans.
Mes parents m'ont amené.
Le carousel, tu sais le carousel de quelle famille?
Je suis monté dedans.
J'ai un souvenir précis. J'ai 5 ans,
j'ai un souvenir précis, tu vas comprendre pourquoi.
Le carousel a ralenti.
Puis ça s'est adonné que
j'étais de l'autre côté.
Il a arrêté de l'autre côté d'où mes parents étaient.
Je suis descendu.
Je n'ai pas trouvé mes parents.
Je me suis perdu dans une foule d'un million.
Et là, mes parents m'ont été très, très, très discrets, etc.
Et on a entendu dans tout l'Expo 67, Terre des hommes,
les parents du petit Serge de Noncourt
sont invités à venir le rechercher aux enfants perdus.
Mon père était tellement maudit
qu'il m'a pogné.
On est retourné dans le charbon.
On est retourné à Shawinigan.
J'ai fait honte, complètement honte.
Je me suis perdu à l'Expo 67.
C'est ça, mon souvenir.
C'est super, hein?
Je vais prendre mon souvenir.
Mais on a entendu ton nom
partout. Les parents du petit-sœur
de nos cours. Parce que ton père a eu peur.
Ben, premièrement, il a eu peur de m'avoir perdu
dans une foule comme ça. Mais moi,
chez nous, là,
il n'y avait pas personne qui était plus...
On ne disait pas notre nom dans des micros.
Moi, quand j'ai décidé d'être metteur en scène ou comédien,
mon père, il n'était pas...
C'est pas qu'il avait honte. il disait, on fait pas ça, nous autres.
On fait pas ça, on se met pas de l'avant.
On n'attire pas l'attention.
Imagine-toi, on n'attire pas l'attention.
C'était pacté, là.
Dans le gros micro, on a entendu ça.
Les parents du petit Serge Nonco,
pour mon père, ça veut dire aussi,
les parents du petit Serge Nonco,
qui est un total niaiseux de s'être perdu
pis de pas être descendu du bon bord.
J'avais honte.
J'avais l'impression que j'avais fait la gaffe du siècle.
Maintenant,
avec le recul, est-ce que t'en ris
aujourd'hui? Oui, j'en ris.
Mais t'as pas vu l'Expo 67?
J'en ai pas vu. À cause de ça.
Mon petit coeur a débattu beaucoup. Tu penses que t'as perdu tes parents.
T'as 5 ans, t'es dans une foule.
T'es avec des amis
plus, moins, plus, plus,
plus aventureux que moi. Eux autres, le carousel
était pas complètement arrêté. Ils ont débarqué devant
leurs parents. Moi, l'enfant parfait,
l'enfant plate, le premier de classe,
j'ai attendu que le carousel soit bien
arrêté pour être sécuritaire, mais de l'autre bord.
Mieseux.
Mais en même temps, ça devait être
la plus grande foule que t'aies jamais vue de ta vie
Je veux dire Expo 67
Ça n'avait pas de sens
Moi je, ben tu le sais je l'ai dit mille fois
Je suis Asperger donc j'ai des espèces de patentes
Dont avoir des souvenirs très très précis
Même très très jeune
Pis écoute je me souviens du gyrotron
Je me souviens de ce manège là
Je me souviens d'avoir pleuré
Pis d'avoir fait honte à mon père
Parce que mes petits amis, René Hébert et Michel Hébert,
sont montés sur un dromadaire, puis un éléphant.
Puis moi, je ne voulais pas.
Ça pue. Ça pue.
Je ne voulais pas monter là-dessus.
Mon père disait, voyons, on est partis de Shawinigan
pour venir à l'expo.
Asseyez-les, l'éléphant.
Non, je ne veux pas.
Écoute, je n'est pas un enfant tannant,
mais c'était précieux.
Mais là, tu comprends pourquoi maintenant.
Oui, oui.
C'est ça aussi la force d'un diagnostic.
Oui.
C'est que tu peux revoir ta vie avec ce filtre-là.
Absolument, absolument.
Mais moi, je suis pas...
Écoute, c'était un enfant...
Je jouais pas dehors, j'avais pas d'amis,
mais c'était un enfant heureux.
Malgré tout.
Mais c'est ça que c'était ton besoin.
Fait que tant pis, j'avais pas d'amis.
C'est pas grave, ça me manquait pas.
Donc, je sais pas, pour faire pitié,
ça me manquait.
J'étais très bien avec mes marionnettes pis mes livres.
Pis tes parents t'ont laissé aussi.
Ouais, ils ont été formidables là-dessus.
C'est ça, parce que t'aurais pu avoir des parents
qui comprennent pas ça.
Ils se sont essayés une couple de fois. Pourquoi tu vas pas jouer dehors? Ça me tente pas. Ça me tente pas. Ils ont été formidables là-dessus. C'est ça, parce que tu aurais pu avoir des parents qui ne comprennent pas ça. Ils se sont essayé une couple de cas.
Pourquoi tu ne vas pas jouer dehors?
Ça ne me tente pas.
Ça ne me tente pas.
Ils ont été formidables
d'acceptation de l'enfant différent.
Mais comme j'étais bon à l'école,
comme les professeurs n'avaient rien à dire contre moi,
j'étais un enfant tranquille.
Le fait qu'ils acceptaient ça,
tu ne te sentais pas différent?
Non, j'ai compris plus tard, en fait.
C'est ça, parce que comme t'étais bien dans ton environnement,
tes parents questionnaient pas ça quotidiennement.
Ben, eux, ils savaient parce que j'avais eu un diagnostic.
Ah, tu l'as eu jeune, ton diagnostic?
Oui, c'est un choix qu'ils ont fait.
Ah!
Oui, c'est un drôle de choix.
Ils l'ont pas dit ni à mes frères et sœurs,
à personne, en fait.
Fait qu'ils ont dit, moins de monde le sait,
plus lui, il fait sa vie, plus personne fait,
« Ah, le pauvre petit gars, il a un diagnostic. »
Moi, mon frère le sut il y a une dizaine d'années
quand je l'ai dit à la télévision.
Puis toi, tu le sus à quel moment?
Officiellement à 17 ans.
Parce que moi, je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui ne marchait pas.
J'ai comme un petit peu confronté mes parents qui m'ont dit, « Bien, tu as eu un diagnostic quand tu avais 17 ans. Parce que moi, je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui ne marchait pas. J'ai un petit peu confronté mes parents
qui m'ont dit,
« Tu as eu un diagnostic quand tu avais 5 ans. »
Parce qu'ils n'ont pas voulu médication.
Ils ont eu raison.
Je suis retourné voir un psychiatre qui m'a
diagnostiqué officiellement. J'ai fait, « C'est ça que j'ai. »
Ils ont fait, « Oui, mais
nous, on le savait. Mais ça va
bien. Tu vas à l'école. »
Voilà. Ils ont eu raison. Parce que je n'ai pas eu de passe-droit. Parce bien, tu vas à l'école. Voilà.
Ils ont eu raison.
Parce que je n'ai pas eu de passe-droit.
Parce que j'étais à l'Asperger.
Fais comme tout le monde.
Tu n'aimes pas ça, mais c'est pareil.
Tu y vas, tu es en groupe, avec plein de monde.
Tu pleures, tu as ton premier cours de natation,
tu es dans le milieu de la piscine, tu pleures.
C'est ça, c'est la vie.
Écoute, non, ils n'ont pas fait attention.
Ils ont décidé de m'élever comme mes autres frères et soeurs.
Pareil, pareil.
Sans forcer.
Sans forcer.
C'est ça que je trouve... En respectant ma personnalité.
C'est ça que je trouve de tes parents exceptionnels.
Ils ne te l'ont pas dit,
mais en même temps, ils n'ont pas joué.
Ils n'avaient pas non plus la tête dans le sable.
Non, puis ils savaient que, par exemple,
si je passais des heures et des heures à lire,
ils disaient, il est comme ça, il est comme ça,
tu veux qu'on fasse?
Il est comme ça, mais il est pas malheureux,
il nous dérange pas.
C'est ça, il comprenait que t'étais heureux là-dedans.
Il s'appelle que tes parents,
est-ce qu'ils sont encore vivants?
Non.
Ils sont décédés.
Parce que moi, mes parents m'ont eu,
ma mère m'a eu à 40 ans.
Ah oui, c'est vrai, mais oui.
Oui, oui.
Fait que c'est drôle,
parce que c'était des gens des années 50,
on va dire,
ils ont eu mes frères et soeurs dans les années 50.
Avec le recul, je me rends compte à quel point ils étaient
modernes.
Peut-être parce qu'ils avaient eu des enfants
plus tôt avec ma soeur et moi, ils étaient
tellement modernes.
On sortait,
à l'âge qui a de l'allure,
on sortait, on rentrait
tard. Ils nous disaient qu'ils n'étaient pas
contents, mais il n'y avait pas contents, mais il n'y avait pas
de crise, il n'y avait pas
de « faites attention à la drogue »,
c'était comme « faites vos expériences,
mais faites-le dans le respect », puis
mes amis adoraient mes parents
qui étaient les plus vieux de toute la
gang, tu sais.
Non, non, ça a été
pour des gens
pas éduqués, tu comprends ce que je veux dire?
Ils avaient une espèce
d'intelligence du cœur
qui était exceptionnelle.
Qui a surpassé tout le reste.
Est-ce que tu es prêt à ouvrir ton jeu?
Moi, je suis prêt. Tu n'as pas d'idée.
Alors, on a des cartes vertes
qui sont des cartes générales.
Mais tu sais, je les choisis quand même parce que... Ah, tu triches. Mais tu sais, je l'ai choisi quand même parce qu'il y a...
Ah, tu triches.
Bien, je triche.
Il faut quand même que j'écrive les cartes,
on s'entend.
Là, il y en a huit.
J'aurais pu t'en mettre cinquante,
mais on a choisi huit.
Ensuite de ça, et ça, c'est ton jeu.
Tu t'en vas avec ce jeu-là
parce que, tu sais,
même si les questions reviennent,
il n'y en a aucun qui va être identique.
Les questions jaunes commencent à être personnelles.
Les questions rouges,
ce sont des questions complètement personnelles. Les questions roses,
c'est un nouveau niveau qu'on a depuis quelques semaines,
Serge. C'est le niveau Eros.
Ma fille,
tu vas t'ennuyer.
Rare.
Mais on parle de sensualité,
sexualité, plaisir. On va dans
tous les aspects
du niveau Rose,
du nouveau Eros.
On a une question à la fin. Je garde toujours
sur une question qui est toute douce.
Et t'as ton joker. Si jamais tu veux pas répondre,
que t'es tanné de la sous-question...
J'ai hâte de voir.
Tu vas le déposer.
C'est pas mon genre.
Mais la minute que tu le déposes, je passe à une autre question.
Je respecte ça.
Donc, tu vas brasser les cartes et tu vas m'en donner cinq.
Tu vas en choisir une et je vais en choisir une.
Dans toutes les couleurs?
Ou juste dans les vertes?
Juste dans les vertes.
Après ça, on va faire la même chose pour les jaunes.
Comme tu m'en donnes cinq.
Ah, je t'en donne cinq?
Oui, oui, oui.
Tu m'en donnes cinq,
tu vas en choisir une
quand je vais te les lire.
Un, deux, trois, quatre, cinq. Donc, ça te permet de choisir une quand je vais te les lire. 3, 4,
5. Donc, ça te permet de choisir.
Oui. Quel sens
donnes-tu au mot famille?
Comment réagis-tu à l'autorité?
Sur quel trait de caractère as-tu
dû travailler? Quel défaut
tu ne voudrais donner
à personne? Qu'est-ce qui te rend
vulnérable?
Quel as-tu choisi? Donc, tu avais la famille, l'est-ce qui te rend vulnérable? OK. Quel as-tu choisi?
Donc, tu avais la famille, l'autorité,
le trait de caractère sur lequel tu as dû travailler,
le défaut que tu voudrais donner à personne
puis qu'est-ce qui te rend vulnérable?
Qu'est-ce qui me rend vulnérable?
Allons-y.
On parlait au tout début,
moi, l'opinion des autres ne me dérange pas.
Donc, ça ne me rend pas vulnérable
ce que les autres pensent de moi.
Ce qui me rend vraiment vulnérable,
c'est étrange parce que je n'ai pas d'enfant.
Je ne suis pas en couple.
Je n'ai pas de famille autour de moi.
J'ai plein de gens autour de moi.
Je ne supporte pas
les enfants malheureux.
Mais ça ne me tente même pas d'idée,
au point que j'ai créé
un projet en Serbie
avec des enfants qui vivent dans la rue.
Pas parce que je suis fin,
parce que je ne supporte pas
cette affaire-là.
Il faut que je fasse quelque chose.
J'ai une vie privilégiée,
je vis bien ma vie.
Ça se peut pas.
Pour vrai, là,
je chiale, puis je fais mon métier,
puis je fais mes affaires, puis j'ai une belle vie.
J'ai une vie, on va dire, de privilégiée.
Ce qui gâte
mon plaisir dans la vie,
c'est de savoir qu'il y a des enfants au Québec
qui ont pas un déjeuner tous les matins. de savoir qu'il y a des enfants au Québec qui n'ont pas un déjeuner tous les matins.
De savoir qu'il y a des enfants au Québec,
dans ma ville, qui sont abusés sexuellement.
Et je sais que ça a l'air d'une drôle d'affaire
parce que ça ne fait pas partie du tout de mon quotidien.
Ça me rend complètement...
Ça gâche ma vie, je ne sais pas comment dire,
mais ça...
Puis tout le monde fait,
mais pourquoi toi tu penses à ça?
Je ne le sais pas.
Est-ce que tu t'en souviens de la première fois?
Tu dis, moi j'ai une facilité à...
J'ai comme des moments qui ont eu une empreinte.
Est-ce que tu te souviens de la première fois
que tu as ressenti ça?
Mais je pense qu'enfant,
il y avait des enfants dans ma classe ou dans mon quartier
qui étaient moins...
Pourtant, on était pauvres, mais pauvres heureux.
Moi, j'ai vu
dans mon quartier à Shawingan des pauvres pauvres.
Des petites filles
qui avaient des vêtements rapiécés
et tout le monde riait de ces petites filles-là.
Moi,
je me faisais traiter de tapette quand j'avais 5 ans
et 6 ans.
Ça me faisait de la peine, évidemment, mais
moi, l'enfance malheureuse,
c'est qu'on n'est pas tous égaux
devant Dieu. C'est pas vrai.
C'est pas vrai.
Il y a des enfants qui ont une enfance
de merde.
Les enfants
à Gaza aujourd'hui. puis là je rentre pas
dans qui a raison, qui a tort.
Non, tu parles des enfants.
Les enfants à Gaza aujourd'hui,
ils n'ont pas de toit qu'ils perdent.
Voyons donc
qu'en 2024,
on laisse faire ça.
Voyons donc
qu'au Québec,
qu'on est un pays riche, même si on est endetté,
il y a des enfants qui ne mangent pas.
Je, je, je, Sam...
Moi, ça fait des années que je suis ambassadrice
pour les Auberges du coeur.
C'est des jeunes entre 12 et 30 ans
qui se ramassent dans la rue
et que les Auberges du coeur vont essayer de ramener, de donner un sens
à leur vie en fait, de retrouver un sens
à leur vie à travers toutes sortes de choses
mais tu sais quand je les rencontre
ces jeunes-là, puis qu'ils me racontent leur enfance
Serge, c'est
je veux dire c'est ta Joliette, c'est ta
l'Assomption, c'est ta Victoriaville
c'est ta Caprouge, tu comprends
tu écoutes parler
puis là tu dis ok toi
c'était ça ta vie
ton enfance puis tu me parles
encore c'est déjà
extraordinaire que tu sois capable de me parler
mais sais-tu pourquoi je pense
aussi que ça m'impressionne, moi je ne suis pas résilient
du tout
je ne suis pas résilient
quand je le vois chez les autres
j'admire ces gens-là
qui sont passés à travers des choses incroyables
puis qui sont là,
puis qui ont passé au travers,
puis qui parlent avec toi, avec moi,
alors que moi, mes toasts brûlent le matin
puis je ne vais plus aller répéter
parce que je suis en maudit.
Puis j'ai fait, moi,
avec mon groupe en Serbie,
le show a bien marché.
Puis là, on est invités au Lincoln Center,
un show extérieur,
une espèce de festival.
Et là, ça fait trois ans que je travaille là-dessus.
On est excités, on est à New York.
C'est la consécration.
Et ils annoncent une alerte météo.
Orage,
mais énorme, il faut tout annuler.
Je fais,
ben non, voyons, ça fait trois ans qu'on travaille là-dessus,
ça fait, on a payé,
on a des commanditaires qui ont payé les avions,
on est là, on est prêts.
Et l'orage est arrivé
exactement au moment du show.
Moi, je suis allé me cacher,
je pleurais, mais je pleurais.
Ma soeur était avec moi.
Elle est venue me chercher.
Elle a dit, il faut que tu viennes les voir.
Tu ne peux pas les laisser là.
Ils se demandent tous, il est où Serge?
Il est où Serge?
Je ne suis pas capable.
Je ne suis pas capable.
Là, je suis arrivé et ils ont fait.
Tu vois, Serge, nous, on est tellement malchanceux
que même pour notre spectacle à New York,
Dieu a décidé qu'il y avait une tempête.
Ils riaient.
Ils ont fait...
Il y a un monsieur d'un bar qui fait de la musique à New York qui nous a décidé qu'il y avait une tempête. Ils riaient. Ils ont fait un... Il y a un monsieur
d'un bar qui fait de la musique à New York
qui nous a invités. On a fait le show dans un gros
bar qui était plein.
Eux, résilience. Moi, là,
moi, là, j'en voulais justement
à Dieu, à Diable, à tous.
J'en ai voulu au monde entier
pendant des semaines.
Eux, c'était réglé. Alors que ça donnait rien.
Mais là, c'est grave parce que c'est
des petits gars de 12 ans et de 14 ans
qui me donnent une leçon de vie.
C'est peut-être de là aussi
mon espèce de lien avec ces enfants.
Il est en train de te dire,
ne perds pas de temps sur ce que tu ne contrôles pas.
Oui.
Il est en train de me dire aussi,
regarde Serge, nous autres,
un jour sur deux, on ne mange pas.
Il y a un orage. On va s'en remettre. »
Puis j'ai appris un peu.
Ça te fait travailler sur toi?
Oui, complètement.
Et qu'est-ce que ça t'apporte de côtoyer ces enfants-là?
Oh mon Dieu!
Tout.
Tout.
Ça a été le...
Mais pas juste ces enfants-là, d'ailleurs.
Moi, ça c'est la super guerre aussi.
Je suis très, très à l'aise avec les enfants.
Et les enfants m'adorent.
Et je fais pas bubu gugu.
Moi, je reste Serge de Nonco, bougon.
Puis je dis aux enfants,
« Ah, là, tu m'énerves.
Puis va te laver. »
Je leur parle comme ça.
Ils rient.
Ils sont morts de rire
parce qu'eux autres comprennent très bien
qu'il n'y a pas d'agressivité.
Il n'y a pas de méchanceté.
Eux, ils comprennent du premier coup.
J'ai le temps de raconter une histoire.
Et si tu as tout le temps.
Oui, je pense.
L'histoire qui me bouleverse le plus.
Moi, je m'en vais monter un chat
avec ces enfants-là qui ne mangent pas,
qui vivent dans des maisons en taule.
Puis personne ne s'occupe d'eux.
Puis je gueule, puis je gueule, puis je gueule.
Ils sont en retard.
Je suis tanné, on l'a appris cette chorégraphie-là,
voyons, vous êtes mous, qu'est-ce qui se passe?
Puis là, une journée, je fais,
hé Serge, t'arrêtes pas de gueuler après eux autres.
Alors que t'es supposé que tu fais un truc humanitaire
qui leur rend la vie pire
pire que leur vie sans toi
fait que je fais demain je vais leur parler
parce que c'est ça pis bon c'est cette affaire là
le lendemain il dit Serge on veut te parler
je fais non moi avant, non nous on veut te parler avant
je dis voyons
je voulais vous dire quelque chose, non on veut te parler
hier on est parti d'ici
pis on s'est réunis, la gang,
puis on a fait,
« Hey, là, moi, je suis tanné de me faire crier après.
Si on est là pour se faire crier après, tout ça. »
Puis là, on a discuté.
Puis on s'est dit,
« Mais qui crie après nous autres dans la vie? »
Personne.
Fait que si ça, j'écris,
ça doit être parce que lui,
il pense qu'on peut faire quelque chose. Fait qu'on voulait te remercier. Écoute, j'écris, ça doit être parce que lui, il pense qu'on peut faire quelque chose.
Ça fait qu'on voulait te remercier.
Écoute, j'ai pleuré.
J'ai pleuré comme un enfant devant eux.
Eux, ils avaient compris que toute cette crise-là,
puis tout, c'est parce que je les aimais.
Ce qui était le cas.
Mais j'ai des acteurs adultes, professionnels
qui ne comprennent pas ça.
J'ai plein de gens dans ma vie qui ne comprennent pas ça.
Ces petits culs-là,
ils ont fait « Crie, Serge.
Si c'est comme ça, toi,
tu peux nous dire que tu nous aimes.
Nous, tant qu'on sait que ça veut dire je t'aime. »
Probablement le moment
le plus bouleversant de ma vie.
Est-ce que tu as crié encore après?
Oui.
J'ai une affaire qui est drôle.
Si j'y retourne, mais là, moi, je ne suis pas là à temps plein.
Puis il y a un documentaire qui a été fait par Jean-Claude Labrecq là-dessus.
Je leur enseigne et tout.
Puis il y a des tout-petits que je ne connais pas,
qui sont formés par ceux que j'ai formés.
Puis quand je vais, les tout-petits,
ils veulent absolument avoir une classe avec moi,
de théâtre, tout ça.
Ils sont déçus quand je ne crie pas.
Fait que les plus grands m'ont dit,
fais semblant de te fâcher un petit peu,
parce qu'ils veulent avoir le même traitement
que nous, on a eu il y a 15 ans.
Quelle perception, hein?
Oui, c'est drôle.
Parce que toi, tu vois...
En fait, ce qui te rend, j'ai l'impression,
impatient, c'est probablement
de voir le potentiel
et de pas l'atteindre.
Un, mais eux, tout le monde m'avait dit, tu pourrais jamais faire un show avec eux.
Fait que j'avais une espèce d'affaire de
je vais prouver au monde entier que tu peux prendre
une gang de roms.
Puis prouver
qu'ils peuvent faire un show.
Ça a pris deux ans.
J'ai pleuré, j'ai crié,
mais on l'a fait, puis on a gagné
un prix au festival de jazz ici,
puis on est allé à New York, puis on est allé à Londres.
Mais moi, je le faisais pas pour moi.
Je voulais que eux le prouvent.
Puis quand je les voyais lâchés,
quand je me disais non, non.
Tu sais, il y avait un petit garçon.
J'avais fait, tu fait si vous travaillez fort
parce que là ils disent on est accepté nulle part
pis c'est vrai là
ils peuvent pas aller au centre-ville
ils se font cracher dessus, moi je les croyais
moyen mais ils m'ont dit viens avec nous
pis je suis allé avec eux pis je me suis fait cracher dessus moi
j'ai vécu le racisme par la bande
c'est une violence
infinie
ils disaient on a pas envie d'y aller
au centre-ville, on reste dans notre ghetto, etc.
J'ai fait, bien, l'art
est une façon
de convaincre les autres qu'on a une valeur.
Les Noirs aux États-Unis,
c'est comme ça qu'à un moment donné,
ils chantaient, ils dansaient,
et les gens les ont vus autrement.
Je leur dis,
je vous le dis,
je vais vous amener en Amérique
faire le show.
Ils ne croient pas à ça.
Fait qu'il y en a un qui me dit,
in your dream.
Le soir de la première,
au festival de jazz à Montréal,
je suis sur scène,
je présente le show
pour dire que c'est un show immunitaire.
Puis il y a un garçon qui s'appelle Sénad
qui ne croyait pas,
comme la plupart d'entre eux.
Et qui m'a dit,
je lui ai dit, je vais t'amener au festival de l'Ost,
il m'a dit, in your dream.
Et là, c'était extraordinaire.
Il m'a dit, Sénad, est-ce que tu peux venir sur scène,
s'il te plaît?
Il est venu, il y a 14-15 ans,
les gens l'applaudissent,
et j'ai fait, bien. Il est venu. Il y a 14-15 ans, les gens l'applaudissent et j'ai fait bienvenue
dans mon rêve.
Il m'avait dit, in your dream,
tu y es dans mon dream.
C'est un moment émotionnel.
Les gens pleuraient dans la salle. Moi, je pleurais sur scène.
Ils m'ont fait beaucoup pleurer, ces enfants-là.
Mais tu vois, moi, je suis un loyal.
Je suis toujours en contact avec eux.
Les plus vieux qui sont mariés, qui ont des enfants.
Parce que...
Parce qu'on a créé une vraie relation.
Puis après ça, tu ne fais pas bon.
Je l'ai fait.
Puis tu as été déterminant.
Pour certains, oui.
Pour certains, oui.
Ils ont compris que ton impatience, c'était de l'amour.
Oui.
Puis ils ont compris aussi que tous les gens qui n'ont aucune impatience avec eux, c'est parce qu'ils l'amour. Oui. Puis, ils ont compris aussi
que tous les gens
qui n'ont aucune impatience
avec eux,
c'est parce qu'ils s'en calissent.
Excuse-moi,
on peut sacrer
à ton podcast.
Ici, il n'y a pas de règle.
Il n'y a pas de règle
puis tu le fais en même temps,
c'est respectueux la façon.
Moi, je trouve
que ce que tu viens d'exprimer
en disant ça,
c'est une émotion.
Complètement.
Tu sais, les sacres,
il y en a pour qui c'est religieux.
Moi, des fois, je trouve que c'est un chemin rapide
pour... Moi, je trouve que ça fait du bien.
Ça fait du bien? Bien oui, ça fait du bien.
Ça fait du bien.
Est-ce que tu sacres beaucoup dans la vie? Beaucoup, beaucoup.
Beaucoup, beaucoup, mais avec...
Une drôle de phrase. Avec respect.
C'est-à-dire que je trouve que ça fait partie
de la langue québécoise.
Puis qu'on en fait des verbes.
Puis on s'en...
Les Italiens, ils utilisent
cazzo, qui veut dire pénis.
Et ils l'utilisent
à toutes les sauces, puis ils font des verbes,
etc. Nous, on sacre,
mais ça fait partie de...
Les Français, ils font pas de verbes
avec leur putain, etc.
Nous autres, on a une affaire.
On le conjugue.
On le conjugue.
Oui, oui, tout à fait.
Moi, je trouve pas que...
Je trouve qu'il y a une espèce de richesse drôle là-dedans.
Notre façon de blasphémer est quand même
colorée au Québec.
Fait que je me dis...
Et puis quand j'étais petit, c'était interdit.
Moi, personne sacré chez nous.
Les premières fois que j'ai sacré, adolescent,
j'avais l'impression de faire une affaire complètement, complètement illégale.
C'est peut-être pour ça que j'aime ça aussi.
Mais tu sais, dans le documentaire de Céline Dion,
Je suis Céline Dion, il y a un moment où c'est très tragique,
où elle fait une crise.
Et après, elle chante, puis elle finit en disant « estic ».
Et quand elle a dit « hostique »,
il y a eu une grosse réaction dans la salle
parce qu'on se reconnaît dans le « hostique ».
Oui, et c'est une super méga star qui a dit « hostique ».
Oui, « hostique ».
On comprend le « je pars de loin, où est-ce que je m'en vais? »
On sentait tout ça.
C'est fou, ça nous appartient, ça.
Alors, je vais choisir ma question.
Oui.
Attends, attends, attends.
Quel défaut tu ne voudrais donner à personne?
L'impatience.
Puis là, c'est pas une affaire
genre, franchement, Serge, t'as des plus gros défauts que ça.
Non. J'ai plein, plein de défauts.
L'impatience est un vilain défaut.
Je suis impatient avec les autres,
je suis impatient avec moi,
je suis impatient au restaurant,
je suis impatient sur mes shows.
Donc, je crée une tension autour de moi,
continuelle,
que j'essaie évidemment de résorber.
Et c'est un défaut horrible
parce que toi, t'es pas heureux.
Non, c'est ça. Les autres sont pas heureux.
Ah oui, qu'est-ce qui se passe?
Qu'est-ce qu'on attend, là? Qu'est-ce qu'on attend?
Puis moi, je me suis rendu compte
de comment j'étais insupportable en voyant
à vas-y, lâche chez moi, Denis le filiatro
qui fait ça aussi.
Voyons, Jonathan, regarde le pan,
puis là, tout le monde fait, voyons, voyons, voyons, voyons.
Puis ça crée une espèce de...
– Bien, t'es plus toi-même, même, autour de quelqu'un d'impatient,
parce que t'as l'impression que t'es jamais à la bonne place.
– Exactement.
– Et t'as toujours l'impression que t'es incompétent.
– Bien oui, t'es pas à ton meilleur.
– Alors que moi, c'est jamais pour
rabaisser l'autre.
C'est que j'aimerais pour rabaisser l'autre.
C'est que j'aimerais ça que tout aille plus vite.
Parce que j'aimerais ça,
au lieu de faire 5 shows par année, en faire 10.
Puis avoir le temps de faire 10 voyages en plus. Mais après quoi tu cours, Serge Denoncourt?
Oui. C'est drôle,
le monde dit que je suis workaholic.
Non, je suis curieux. Je veux rencontrer du monde.
Je veux faire des shows.
As-tu peur de mourir?
Oh mon Dieu, oui.
Tu repousses la mort comme ça?
Oui, tu pourrais le dire, mais moi j'ai peur de mourir
pour des mauvaises raisons.
C'est-à-dire que si je meurs,
je ne le verrai pas le documentaire
sur Céline Dion, parce que je vais être mort,
je ne saurais pas si Trump rentre au pouvoir,
je ne saurais pas si le maudit
Poiliev va rentrer au pouvoir dans mon pays.
Je ne veux pas, mais je vais être mort.
C'est niaiseux, je le sais.
Ce n'est pas niaiseux, c'est ta réalité.
Ce n'est pas niaiseux.
Alors là, moi,
j'ai une liste de livres, tu n'as pas d'idée.
Il faut que je livre avant de mourir.
Des pays que je veux visiter avant de mourir.
Des shows que je veux monter avant de mourir.
Tu imposes ça aux autres.
Oui, absolument.
Mais moi, je leur dis aussi souvent ma phrase, c'est
« Hey, la vie est trop courte, on n'a pas le temps
de niaiser avec ça. La vie est trop courte,
on n'a pas le temps de s'angoisser
avec ça. La vie est trop courte. »
La vie est trop courte, mais ta vie est pleine en maudit.
Oui, ben écoute, on est juste une.
Oui, mais t'es-tu obligé de tout voir?
J'aimerais ça.
Mais je te jure.
Tu as ce désir-là.
Ma peine, là,
ma peine, c'est de dire, je ne pourrais pas visiter
tous les pays du monde.
Qu'est-ce que ça ferait si tu n'en visitais pas un?
Bien, rien.
J'aimerais ça le visiter.
Je suis un vrai curieux. Curieux des autres, curieux du monde.
Mais tu n'aimes pas le compromis. Non. La vie est trop courte, Marc-Claude, ça le visiter. Je suis un vrai curieux. Curieux des autres, curieux du monde. Mais t'aimes pas le compromis.
Non. La vie est trop courte, Marc-Claude, pour le compromis.
La vie est trop courte.
Je suis pas en couple parce que
la vie est trop courte pour être en couple.
Mais comme la vie, tu la vois courte,
est-ce que c'est pas une occasion de faire des choix,
justement?
J'en fais. Je suis obligé.
Mais là, tu vois, mettons,
moi, j'adore lire. J'adore les auteurs. Puis là, je me suisé Mais là tu vois, mettons Moi j'adore lire
J'adore les auteurs
Puis là je me suis rendu compte que je lisais beaucoup
Mais que j'avais jamais lu, mettons
Tolstoy, Zola
Puis là j'allais mourir sans avoir lu ces grands auteurs
Fait que j'ai fait une liste des grands, grands auteurs
Que j'ai pas lu
Puis là, faut que j'ai lu avant de mourir
Et si tu le trouves plate, Tolstoy, vas-tu le lire pareil?
Je le lis pareil
Pourquoi? Parce que là Puis là, il faut que j'aie lu avant de mourir. Et si tu le trouves plate, Tolstoy, vas-tu le lire pareil? Je le lis pareil.
Pourquoi?
Coché!
Mais là, c'est comme si les autres ont une importance.
Non, mais je me dis, voyons,
si tout le monde dit que c'est bon, ça doit être bon.
Mais c'est ça, donc, l'opinion des autres. Tu ne veux pas être à part.
Non, par curiosité, je me dis.
OK, par curiosité.
Tu vas jusqu'au bout.
Il y a quelque chose que tu ne comprends pas dans Tolstoy,
mais tu vas peut-être finir par comprendre.
Tu n'es pas un niaiseux, Serge.
Par contre, sur les œuvres d'art. Tu n'es pas un niaiseux, Serge. Par contre,
sur les œuvres d'art,
j'essaie d'être respectueux, puisque c'est mon métier,
d'aller jusqu'au bout.
Le nombre de fois que je suis parti d'un restaurant,
que je suis parti d'un...
Je suis sorti d'un avion en retard
parce que la vie est trop courte.
Puis que ça, je ne finis pas. Je ne finis pas mon repas
parce que ce n'est pas agréable, puis que je vais aller manger ailleurs
parce que la vie est courte, puis je veux manger ailleurs.
OK, t'es tout le temps comme ça? Oui, oui, oui.
Mais t'es-tu fatigué? Non.
OK. Non.
Mais les gens autour de toi, là,
ils sont-tu épuisés? Eux, ils sont fatigués.
Ils sont épuisés parce que c'est tes choix?
Oui. Tu vas trop vite pour qu'on fasse
des choix à côté de toi, là. Oui. Puis moi, je demande
à personne de me suivre, mais tu sais, je fais...
Je sais pas pour vous autres,
mais moi, je décris du site.
Je suis tanné de me faire traiter comme ça.
Je m'en vais.
Là, ils me disent, calme-toi.
Je ne vous dis pas de vous en aller.
Moi, je vais être de l'autre bord de la rue.
Le petit bar de l'autre bord de la rue
viendrait me rejoindre.
Je n'ai pas de patience.
Tu as ça envie de t'en aller?
Non.
Ça me fait quasiment peur. Non, parce que c'est moi qui parle. T'as-tu envie de t'en aller, là? Non. Ça me fait quasiment peur.
Non, parce que c'est moi qui parle. Je trouve ça intéressant.
J'adore.
J'adore ton honnêteté.
Moi, j'aime ça des gens comme toi.
Parce que
tu sais que tu... Mais c'est clair.
C'est clair. Tu marches pas sur des oeufs,
mais en même temps, ça fait trois fois que tu me dis
c'est peut-être niaiseux.
Ça m'étonne que tu dis ça.
Non, parce que moi, je pense que je fais plein d'affaires
qui sont niaiseuses.
Cette peur de la mort-là...
A-t-elle toujours été là, cette peur-là?
Aïe! Enfant, enfant, là.
Enfant, enfant.
Je me couchais le soir
en ayant peur de ne pas me réveiller le matin.
Je partais à l'école et sur la route pour redonner.
À l'époque, les enfants allaient à l'école à pied.
Pouvez-vous croire ça?
Sur le retour, je me disais tout à coup qu'il y a des voleurs,
des bandits qui sont allés à la maison
et qui ont tué mon père, ma mère et ma soeur.
J'arrive et je vais être tout seul.
J'arrivais à la maison en larmes.
Ma mère disait, « Qu'est-ce qu'il y a? Je avais peur
que vous soyez morts, qu'un bandit vous ait tué. »
Oui, c'est là depuis tout le temps.
Est-ce qu'il y a des moments
où tu n'y penses pas?
Je vais le dire autrement, il n'y a pas
une journée où je n'y pense pas.
Il n'y a pas une journée où je n'y pense pas.
Il n'y a pas un soir avant de m'endormir où je n'y pense pas. Pas que j'ai peur une journée où je n'y pense pas. Il n'y a pas un soir avant de m'endormir
où je n'y pense pas. Pas que j'ai peur de mourir dans la nuit,
mais de dire, je ne veux pas mourir,
je veux quand même savoir
ce qui va se passer demain.
Je veux être à la première
de Waitress.
Je veux voir mes amis.
Je veux être à la fête de ma soeur.
Je veux lire le prochain livre.
Alors que tu dis, quand je vais être mort...
As-tu peur de la maladie?
Si je suis malade
et que je souffre beaucoup,
mais que je peux aller voir des amis et voyager,
j'aime mieux ça que mourir.
Est-ce que tu poses des questions
genre, est-ce que tu vas être incinéré?
Est-ce que tu vas être enterré?
Est-ce que tu te rends jusque-là?
Non.
Ça, c'est trop lourd, ça.
Je vais être mort.
Qui va décider pour toi?
Je pense que c'est ma soeur qui va être poignée avec tout ça.
Est-ce que tu es en règle, ton testament?
Non.
La moindre moindre qui a peur de la mort,
ça n'existait pas.
Ça n'existait pas.
Je n'ai pas de testament.
Je n'ai pas.
Tu laisses le trouble aux autres.
Oui, je le sais. Je ne suisai pas de testament. Fait que tu laisses le trouble aux autres. Oui. Je sais.
Je suis pas fier de ça.
Je prépare à m'asseoir, faire un testament.
Parce que faire un testament, ça veut dire que je vais mourir un jour.
C'est sûr. Mais c'est très, très dur, faire un testament.
Tu sais, quand t'as des enfants,
on dit, bon, mettons, toi, tu meurs.
Tu meurs avec Mario.
Tu meurs avec Mario pis tes enfants.
Hein? Ben non. Ben non, ben ce scénario-là,
ça peut pas. Moi, ça se peut. Oui, mais les enfants... Mais vous, tu sais, Mario et toi, Mario et tes enfants. Non, ce scénario-là ne se peut pas.
Moi, ça se peut.
Oui, mais les enfants... Mario et toi, vous avez des enfants.
Tu réfléchis à tout ça, tu ne veux pas les laisser avec ça.
Moi, je n'ai personne.
Il y a quand même quelqu'un, tu as plein d'affaires.
Il y a des gens que j'aime.
Ton testament, il y a un exécuteur.
Il doit y avoir une espèce d'affaire de la loi.
C'est un fait qu'il y a de trop.
Si tu le faisais, tu simplifierais.
Je le ferais pour qui?
Pour toi. Tu le fais.
Tu as quand même travaillé toute ta vie,
tu as ramassé plein de choses dans ta vie.
Ça ne disparaîtra pas.
Qui va s'en occuper?
Mon parent le plus proche.
Si tu veux que ce soit ta soeur,
pourquoi tu ne l'écris pas?
Si je l'écris, ça veut dire que je vais mourir.
Tu vas mourir. Je ne veux pas te faire faire une crise de panique.
Toi, tu ne mourras pas.
Je ne pense pas.
Admettons, Serge. Là, on est rendu dans les affaires
de la vraie vie.
Tu sais, un...
Pas un certificat, mais en cas d'inaptitude,
un mandat. Ce n'est plus de même que ça s'appelle,
mais je pense que les gens vont comprendre.
Est-ce que tu as ça? Non.
Par contre, j'ai une entente.
Les yeux dans les yeux.
Avec ma soeur.
Légalement, ça vaut rien.
C'est légalement parce que ça, ça va vite.
Quand ça arrive...
Ma mère est morte de l'Alzheimer.
Puis moi, tout le monde autour de moi est averti
qu'à partir du moment où je me souviens plus de ton nom,
arrangez-vous pour que ça se termine.
Je veux pas avoir la la fin de ma mère
qui ne reconnaissait même pas ses enfants.
Ça, je ne veux pas ça.
Moi, je suis un gars, je pense, intelligent,
rapide, et je ne veux pas
finir ma vie comme quelqu'un
qui ne reconnaît pas ses proches.
Est-ce que tu trouvais que c'était dur pour ta mère?
C'était dur pour toi?
Alors, je suis très égoïste, ce que je vais te dire.
C'était dur pour moi. C'étaitdire pour toi? Alors, c'est très égoïste ce que je vais te dire. C'est-à-dire pour moi.
C'est-à-dire pour nous.
Elle, je ne sais pas.
On ne sait pas aussi si on a...
Oui, on ne sait pas, mais moi, j'ai fait quelque chose
dont je ne me vante vraiment pas.
C'est moi le dernier qu'elle a reconnu
dans les enfants.
Après ça, c'est même prendre pour mon père
qui était déjà mort.
Et moi, quand elle ne m'a plus reconnu,
je disais à mes frères et sœurs,
moi, je vous le dis, je ne vais plus l'avoir.
Ça me fait trop mal que ma propre mère
ne me reconnaisse pas son fils.
Hé, ma famille, moi, on est très...
C'est ton choix, il n'y a pas de problème.
Personne ne me fait de la morale, personne...
Donc, ça a pris cinq ans avant qu'elle meure.
Entre le moment où elle est morte et le moment où elle ne m'a pas reconnu. me fait de la morale, personne... Donc, ça a pris cinq ans avant qu'elle meure.
Entre le moment où elle est morte et le moment où elle ne m'a pas reconnue.
Et c'est très drôle parce que j'ai fait mon deuil
le jour où j'ai dit, c'est plus ma mère.
Elle ne me reconnaît pas.
Donc, j'ai fait mon deuil cinq ans avant.
C'était terminé. Parce que
dans les faits, elle n'existait plus.
Cette femme qui m'avait élevé,
qui m'avait initiée au théâtre,
qui était une femme hyper élégante,
elle n'existait plus.
Elle était morte, ma mère.
Il y avait une autre femme.
Mais qui avait quand même besoin de soins.
Alors, c'est sûr que si on m'avait dit
mes frères et soeurs, nous non plus, on ne s'en occupe plus,
j'aurais fait de mes moyens.
Je comprends.
Tant qu'elle avait des gens qui s'occupaient d'elle,
puis c'est très drôle parce que
c'est une maladie,
c'est dur pour les proches.
Alors ma soeur y allait beaucoup plus que moi.
C'est elle qui y allait deux, trois fois par semaine.
Et ma mère lui faisait toujours
« Ouais, ça fait longtemps que t'es pas venue. »
Puis une fois,
ma soeur s'effacée en disant
« Ouais, puis Serge, lui... » Et ma mère lui répond « Serge, il vient pas venu. » Puis une fois, ma soeur s'est fâchée en disant, « Ouais, puis Serge, lui. »
Et ma mère lui répond, « Serge, il vient tous les jours. »
C'est fou.
Alors que moi, j'y allais pas.
Donc, c'est dur pour qui?
C'est dur pour ma soeur.
C'est dur pour mon frère.
Pour moi, moins, parce que je me suis retiré.
Mais j'étais incapable.
Incapable parce que je l'avais perdue, ma mère.
Je l'avais perdue.
On n'avait plus de souvenirs communs.
Elle ne savait pas qui j'étais.
Moi, à partir de l'âge de 18 ans,
à mon anniversaire, j'envoyais des fleurs à ma mère.
J'ai écrit merci sur la carte, c'est tout.
À mon anniversaire.
Et je me suis dit, un suis dit un peu en quelle année
et je lui ai envoyé des fleurs
merci et elle a demandé à tout le monde
c'est qui ça, c'est qui qui m'a envoyé des fleurs
le jour de ma fête
ben tu fais un deuil
tu fais ma mère
c'est pas ce qui s'est passé le 16 avril
pis là c'est pas un deuil d'ego
c'est un deuil de relation avec une femme qui t'est passé le 16 avril. Puis là, c'est pas un deuil d'égo, là. C'est un deuil de relation
avec une femme
qui t'a donné la vie.
Oui, c'est ça.
Mais ton histoire,
j'imagine qu'il y en a beaucoup qui vont se reconnaître
dans cette difficulté-là.
Quand t'es pas reconnu, quel est le sens
d'être présent?
Et tes racines,
c'est-à-dire que cette personne-là
qui t'a faite, je ne parle pas juste accouchée,
qui t'a dit qu'on ne s'acrait pas,
qui t'a dit qu'on se tenait comme ça à table,
qui t'a pris dans ses bras,
qui t'a bordé la nuit à ne sais pas qui tu es.
Et toi, tu ne veux pas vivre ça.
Non, non, non.
Et tu ne fais pas de mandat
en cas d'inaptitude et ni de testament.
Mais là, peut-être, Marc-Claude,ut-être que tu es en train de me convaincre.
Moi, je trouve que
ça apporte la paix
et tu n'en laisses rien aux autres.
C'est décidé d'avance.
La personne va le savoir.
Après ça, tu n'as plus besoin de se penser.
Tu fais ça une fois. Après ça, c'est fini.
Pas une bonne journée.
Je n'ai jamais personne qui vaant que c'était vraiment le fun.
Toutes ces belles questions auxquelles j'ai pas envie de répondre.
Moi, j'ai plein d'amis.
J'ai une maison en Italie, j'ai un appartement à Paris,
j'ai un appartement à Montréal.
Tu penses que c'est compliqué, ton affaire?
Oui, puis qu'ils disent, fin testament, qui va?
Parce que moi, mon héritage n'est même pas le fun,
il est de trouble.
C'est terrible d'avoir un appartement à Paris.
Tu le veux-tu, Tu le veux-tu pas?
Faut que tu le mettes en vente avec des Français.
C'est ça.
Parce que c'est pas un...
Comme tu l'as dit, ça peut être un cadeau,
mais c'est pas un cadeau à gérer.
Ça fait que je pense
que la personne a mieux d'être prévenue.
Puis après ça, t'es en paix. T'as pas à refaire ça
à tous les cinq ans.
Je suis en paix, Marc-Claude, vu que je pense pas.
Ben, c'est ça, mais sauf que la personne qui...
C'est égoïste, mais c'est égoïste.
Moi, il y a quelqu'un qui va taillir un peu après, là.
Oui, mais en même temps, t'as un bel héritage.
Moi, je trouve qu'il faut
t'honorer ton héritage.
Non, mais t'as raison. Arrête, t'as raison.
C'est ta trace qu'il faut...
Mais je vais t'appeler. Dès que j'ai fait mon testament, je vais t'appeler.
Oui, parce que je trouve qu'il faut t'honorer tout ce que t'as construit, Serge.
Oui. T'sais, donne pas ça comme un paquet de troupes. Parfait. Ben, c'appeler. Dès que j'ai fait mon testament, je vais t'appeler. Oui, parce que je trouve qu'il faut t'honorer tout ce que t'as construit, Serge. Oui.
Tu te donnes pas ça comme un paquet de troupes.
Je te le dis. Je vais faire un petit chemin et je vais t'appeler.
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On les passe, tu m'en donnes quatre.
Moi, ma carte verte, on la tourne quand, là?
Bien, tu l'as déjà répondu.
Ah oui, t'as raison.
Je suis pas.
Bien, c'est pas grave.
Je suis là pour ça.
Je suis la maître du jeu.
Donc, tu m'en donnes quatre.
Mais quelle discussion intéressante.
Parce que là, je me rappelle que moi aussi,
mon testament, je vais y aller,
il n'est vraiment pas à jour.
Parce que c'est ça, moi aussi, je te questionne
parce que personnellement, je trouve que c'est
vraiment quelque chose de difficile.
As-tu de la facilité
à t'adapter? À quel moment
de ta vie as-tu dû te tenir debout?
Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes
parents et qui t'a manqué? Quel type d'amoureux as-tu dû te tenir debout? Qu'est-ce que tu n'as pas reçu de tes parents et qui t'a manqué?
Quel type d'amoureux es-tu?
Tu veux-tu choisir entre ces deux-là?
On peut répondre à ces deux-là.
On va commencer par, as-tu de la facilité
à t'adapter?
Néo!
Je m'attendais pas à un oui, mais à ce point-là...
Bien, c'est l'asperger. C'est ça, c point-là... C'est l'asperger.
C'est ça.
C'est une rigidité.
Donc, tu vois,
les gens pensent que je suis riche.
Je me suis acheté un appartement à Paris parce que je travaillais beaucoup là-bas.
Moi, je pense que t'es riche.
Je suis metteur enceinte.
Je sais pas, t'as tellement une vie éclatée.
Toutes mes sous, je les mets dans des appartements. J'ai pas d'argent placé, j'ai des... Parce que je ne sais pas. C'est ça, tu as tellement une vie éclatée. Non. Toutes mes sous, je les mets dans des apparts.
Je n'ai pas d'argent placé, j'ai des...
OK.
Parce que je veux profiter.
C'est ça, c'est ça. Toi, tu vis comme si...
Mais là, j'ai acheté un appartement, pas parce que j'en avais besoin.
Il y a des Airbnbs, mais je n'étais plus capable,
la super-gare n'était plus capable de passer d'un appartement à l'autre
et de se refaire un quotidien, des habitudes, replacer les meubles,
changer les draps parce que les draps piquent trop.
Fait que là, je me suis fait un appartement pour...
Alors non, je ne m'adapte pas facilement.
Mais c'est moi qui ai le contrôle de mon adaptation.
C'est-à-dire que si je dois, demain matin,
aller travailler en Afghanistan,
bien, je vais tout organiser mon affaire pour m'adapter.
Mais c'est tout un job.
C'est tout un chantier.
Ça te prend quoi, toi, dans ta vie, pour être bien?
Une routine.
Peu importe.
Une routine que j'ai choisie.
Avec un appartement où je me sens bien,
avec des draps qui piquent pas.
Parce que c'est ça aussi, t'as une hypersensibilité.
Oui.
Les gens qui ont ça, ils savent pas ça, mais
moi, ça m'a pris des années
à trouver les bons t-shirts, les bonnes chaussettes,
pour pas que ça me dérange,
la couture de la chaussette, la texture,
les draps.
Quand le bambou est arrivé,
je suis venu foufou comme de la marde.
OK, fait que ça, le bambou, ça marche.
Oui, ça marche.
Fait que t'arrives dans un Airbnb, alors moi, je me prépare avec mes draps partout dans le monde. il fout comme de la marde. Ça marche.
Tu arrives dans un Airbnb qui a des petits draps.
Je me prévenais avec mes draps partout dans le monde.
Tu le sais que tu es comme ça.
Après ça,
je te le disais tantôt, je ne suis pas résilient.
Je ne m'adapte pas.
Je ne suis pas
la fable,
le chêne et le roseau. Moi, il y a le danger que je casse. Je ne plie... Tu sais, la fable, le chêne et le roseau.
Moi, il y a le danger que je casse.
Je ne plie pas tant que ça.
Je ne plie pas tant que ça.
Mais je suis un chêne solide.
Est-ce que tu plies plus qu'avant?
Hum-hum.
Est-ce que ça rend pire, ça?
Non, ça ne rend pire pas.
Mais moi, je crois beaucoup à la chanson de Céline
et de Jean-Jacques Goldman.
Je ne change pas.
On ne change pas.
On ne change pas.
Oui.
Moi, je suis le petit Serge de nos cours de 5 ans
qui a juste appris à contrôler ses peurs, ses angoisses,
sa peur de ne pas être compétent,
de décevoir.
Mais je suis le même même.
Le même même même même.
Et je le reconnais.
J'ai 62 ans, puis je le reconnais, le petit Serge.
Alors, on s'améliore, mais on ne change pas.
Je suis sûr de ça.
Quand vous regardez votre enfant qui a 5 ans,
dites-vous que c'est lui
qui va avoir 20 ans et qui va avoir 30 ans
c'est le même
essayez de l'aider à s'améliorer
mais essayez pas de le changer
il changera pas
ses peurs, ses angoisses, ses bases
sont installées
on peut apprendre à vivre avec
mais on le sait que c'est là
t'as raison, c'est vrai qu'on ne change pas.
C'est vrai, mais cette chanson-là,
moi, je l'aime beaucoup, d'ailleurs.
C'est que des costumes qu'on porte.
Puis on fait semblant
pour traverser
à travers la société.
Moi, j'arrive chez nous le soir,
je me mets en boule,
en pyjama, je regarde la TV,
puis je suis le petit gars de 5 ans qui regardait
des bonhommes.
Puis t'es en sécurité.
Je suis bien.
C'est bien.
Moi, la COVID, je te dis comment j'étais bien.
Je te dis comment j'étais bien,
parce que venir te voir, aller en répétition,
moi, c'est un effort tous les jours,
en tant qu'aspergat,
c'est un effort que je fais avec plaisir.
Le théâtre m'a sauvé la vie.
Je suis obligé de fréquenter des gens,
donc je suis obligé
d'échanger.
Mais il faut que je me donne un coup de pied dans le cul
tous les matins. Quand la COVID est arrivée,
j'ai régressé, mais beaucoup,
beaucoup. J'ai dû voir un médecin.
Parce que moi,
tout seul,
devant ma télé, avec mon sleeping bag,
sur mon divan,
pas besoin de parler à personne,
ça a été un grand, grand, grand moment de bonheur.
J'ai pu faire ce que j'ai pas le droit de faire
depuis que j'ai 5 ans.
Là, j'avais le droit.
C'était même recommandé.
On te le conseillait fortement,
mais en fait, t'avais même pas le choix.
Tu devais rester chez toi.
Puis t'habitais seul. Après ça, là, tu n'avais même pas le choix. Tu devais rester chez toi. Puis tu habitais seul.
Après ça, là, tu vois, je ne me confie pas mal,
parce que c'est un petit peu dégueulasse ce que je vais te raconter.
J'habitais seul.
Moi, j'étais sûr qu'on allait mourir.
Je suis sûr qu'on allait mourir.
Ça ne vaut plus la peine d'investir dans quoi que ce soit.
J'étais devant CNN, je regardais les chiffres.
Je ne me lavais plus.
Je ne faisais plus la vaisselle. Je ne faisais plus le ménage. J'attendais de mourir. J'étais devant CNN, je regardais les chiffres, je me lavais plus. Je faisais plus la vaisselle.
Je faisais plus le ménage.
J'attendais de mourir. J'étais prêt.
Parce que tu voyais le nombre de morts
augmenter en temps réel.
Puis la super-guerre, en moi, faisait une affaire
qui a pas de bon sens. C'est devenu un toque.
J'avais le droit d'aller prendre ma douche
quand c'était un chiffron qui venait d'être atteint
en nombre de victimes.
J'avais le droit de me faire venir du Uber Eats quand, mettons, je m'étais mis un chiffron qui venait d'être atteint en nombre de victimes. J'avais le droit de
me faire venir du Uber Eats
quand, mettons, je m'étais mis un chiffre
de cas dans le monde.
Fait que des fois, je mangeais pas pendant trois jours
parce qu'on avait pas atteint le chiffre. Je prenais pas ma douche
pendant une semaine parce que j'y allais au million.
Moi, c'était les millions qui m'intéressaient.
Et
heureusement, quelqu'un soupçonnait
que j'allais pas bien, alors que moi moi je trouvais que j'allais très très bien
et contre
les règles
cette personne a pris son auto puis est venue chez nous
c'est quelqu'un qui a la clé de chez moi
puis qui a fait oh la la
oh la la la la la
elle a compris le désordre
j'avais même pas d'idée
c'était comme du hoarding
comme dans une mauvaise émission de TLC
donc syndrome de diogène quelque chose comme J'avais même pas d'idée. C'était comme du hoarding. Comme dans une mauvaise émission de TLC.
Oui, oui, oui. Donc,
syndrome de diogène.
Quelque chose comme. C'était sale.
C'était dégueulasse. C'était empilé.
Puis moi, je voyais vraiment pas le problème. On allait mourir.
Je ferais pas du ménage
dans mes derniers jours de vie.
Voyons.
J'irais pas me laver.
Prendre ma douche alors qu'on sait pas combien de temps
il nous reste à vivre
donc grosse grosse régression
donc dès que j'ai pu
j'ai pris un billet d'avion
pour aller à Paris pour pouvoir
parce qu'ils pouvaient être sur des terrasses
puis voir du monde
puis prendre un verre
et ça m'a plus ou moins sauvé il fallait que tu te re-socialises monde, puis prendre un verre,
et ça m'a plus ou moins sauvé le...
Il fallait que tu te re-socialises.
Parce que toi, t'en as pas besoin de façon naturelle.
Donc, c'est quelque chose que t'as
comme intellectualisé ce besoin-là.
Moi, c'est un devoir tous les jours de me socialiser.
C'est un devoir que je fais avec plaisir, puis les gens autour de moi,
je les aime, c'est des gens que j'aime, sinon
ils seraient pas là.
Mais moi, tu sais, toi, tu dois plus savoir comment
un enfant, genre un enfant de moins
de tant de mois,
si t'es pas devant lui, il sait pas que t'existes.
Exact. Moi, j'ai un peu ça.
T'as gardé ça.
C'est-à-dire que si nous, toi et moi, on se voyait
tous les jours, on devenait très amis.
Là, je m'en vais en Italie,
trois ans, puis on se voit pas. Je m'ennuie pas.
Je te vois pas. T'existes plus.
Puis je reviens à Montréal, on se voit.
Je suis content, content de te voir.
Mais je m'ennuie pas de toi.
T'es plus dans ma vie
pendant trois ans.
Drôle de syndrome,
ce syndrome d'asperger.
Mais tu te connais bien, puis je pense que ça va peut-être répondre
à des questions. Même la manière
que tu parlais de choisir ton chandail, tes draps, tes bas.
J'ai déjà entendu ça.
Des gens, non, moi, c'est juste ce type.
Moi, qui n'ai pas cet enjeu-là, si tu veux.
C'est compliqué, mais je comprends que c'est l'hypersensibilité du corps.
Mais même nous, les Asperger, il y a des groupes et tout qui disent,
il y a des nouvelles chaussettes qui viennent de sortir
ils n'ont pas de couture
c'est le fun
c'est de l'entraide
je t'avais choisi aussi
cette deuxième question
parce que tu dis
si je ne te vois pas, tu n'es pas là
quel type d'amoureux es-tu?
mauvais
je suis un amoureux es-tu? Mauvais.
Je suis un amoureux qui a appris parce que
j'ai pas ce besoin-là.
Moi, j'aime pas l'intimité.
Mais j'aime faire l'amour,
mais j'aime pas l'intimité.
Tout le collage.
Toi, les préliminaires, c'est pas tant ça.
Le collage, Seigneur. Le collage, c'est quoi, ça? Le collage, regarder un film collage. Toi, les préliminaires, c'est pas tant ça. Le collage, Seigneur.
Le collage, c'est quoi, ça?
Le collage, regarder un film collé.
Puis,
ah, mon Dieu,
puis ça, c'est toujours...
Donc, je pense que j'ai été un bon chum,
un bon amoureux, parce que je me forçais,
parce que je savais c'était quoi les codes.
Parce que c'est ça aussi, en aspergare,
on apprend en regardant les autres.
Ah, c'est ça qu'il faut faire.
Avant, je disais pas merci, s'il vous plaît.
On m'a comme dit,
là, je le dis trop.
Parce qu'on est un peu...
Alors, avec les amoureux, je le faisais, le collage,
mais j'aimais pas ça.
En plus, comme on a très peur
de...
de tout ce qui est inattendu. On en parlait, là.
Moi, dès qu'un
chum me laisse, c'est pas
deux semaines, trois mois, six mois,
c'est deux ans que je fonctionne plus.
Parce que tout mon quotidien
vient de revoler.
Puis j'essaie de me reconstruire, puis
il y a sûrement une peine d'amour là-dedans, puis une peine d'égo,
mais c'est...
Fait qu'il y a... Attends, je vais te dire ça exactement.
15 ans, j'ai décidé que j'aurais pu te chômer.
Parce que c'est trop difficile pour moi.
Ça me demande trop d'efforts.
Puis je ne suis pas heureux.
Je veux que je l'ai faite bien, voyons.
Mais est-ce que tu aimes?
Je pense que oui.
Je pense que oui,
mais avec cette étrange chose d'aspect.
C'est-à-dire que...
Oui, mais je suis tellement jaloux.
Maladivement jaloux.
OK, ça, c'est lourd, la jalousie.
C'est lourd pour soi, mais c'est lourd pour l'autre.
C'est une maladie.
Je suis jaloux, donc je ne suis pas heureux.
Là, tu fais des scénarios.
Je fais des scénarios, puis je casse tout dans la maison
parce qu'il m'a trompé,
parce qu'il est arrivé deux heures en retard.
Donc, quand l'autre arrive,
tu n'es pas dans le même état,
tu n'es pas dans le bon état. Ah, mais il m'a trompé, même s'il me dit que non.
Je ne le crois pas, parce que j'ai fait des scénarios.
Donc, je suis malheureux.
Quand il me laisse, même s'il me laisse parce que j'ai un caractère de merde,
non, non, moi, je suis sûr qu'il était quelqu'un d'autre,
j'espionne.
Fait que là, j'ai dit, mais voyons,
est-ce que tout ça en vaut la chandelle?
Et là, depuis 15 ans,
donc, j'ai plus de chum,
j'ai une vie sexuelle.
J'ai des amis,
des amitiés privilégiées,
on va dire.
Je me permets pas d'être jaloux avec ces gens-là
parce qu'il n'y a pas de contrat.
Il n'y a pas de relation.
Et mon Dieu que j'ai heureux.
Mon Dieu que j'aurais aimé savoir ça plus tôt.
Dans le fond, ça, ça satisfait ton besoin.
Oui, complètement.
Je pense aussi,
je pense pour vrai que je n'étais pas un mauvais chum
parce que je faisais des efforts,
des gros, gros efforts. Ça te mettait quand même dans des états... Oui, puis c'était des efforts. Ça ne venait pas, ce n'étais pas un mauvais chum parce que je faisais des efforts, des gros, gros efforts.
Mais ça te mettait quand même dans des états...
Oui, puis c'était des efforts.
Ça venait pas...
C'était pas spontané.
Il y a rien de ça qui était spontané.
C'est-à-dire que toi, aller te coller,
écouter la télé, coller,
ce serait vraiment pas ton réflexe.
À la limite, je le faisais en me disant,
bon, là, il faudrait bien que je le colle
parce qu'il va se dire, coudonc, il m'aime plus.
Mais il n'y a pas de...
Moi, avoir envie d'aller coller, ça n'a jamais existé. C'est un effort. Tout le temps, coudonc, il ne m'aime plus. Mais il n'y a pas de moi avoir envie d'aller coller.
Ça n'a jamais existé.
C'est un effort.
Tout le temps, tout le temps, tout le temps.
Fait que là, tu te dis, mais qui a décidé qu'il fallait être en couple?
Qui a décidé ça?
Puis moi, j'aime pas ça non plus.
Revenir le soir, comment ça a été ta journée?
Ça ne m'intéresse pas.
Ça ne m'intéresse pas. C'est-à-dire, ça ne m'intéresse pas
si tu es un acteur,
si tu es
comptable.
Ça ne m'intéresse pas comment ça a été ta journée.
J'aimerais ça vous voir arriver chez nous,
prendre un petit verre de vin,
regarder les nouvelles. Mais non, tu es en couple.
Tu es obligé de demander comment ça a été ta journée.
Puis, tu dis, Nicole, elle était encore
absente. Ça ne m'intéresse pas. Puis là, ça paraît quand ça ne t'intéresse pas de demander comment ça a été ta journée. Pis il te dit, ben Nicole, elle était encore absente. Ça m'intéresse pas.
Pis là, ça paraît quand ça t'intéresse pas.
Je pense que oui.
C'est ça. Donc, pour l'autre aussi, c'est des enjeux.
Oui. Pis lui-même,
il fait le bon chum.
Comment ça a été ta journée.
Ça t'intéresse pas de savoir
que chose, ça avait pas son texte.
C'est pas vrai. On fait semblant. On est en train de faire semblant.
Perde de temps. Perte de temps.
Perte de temps.
Mais on est-tu mortel?
C'est ça qui est fin.
C'est ça qui est fin dans le temps.
On en a beaucoup.
Tu sais quoi, mon rêve,
c'est d'avoir mon nom dans le dictionnaire.
Puis qu'est-ce qu'on écrirait?
Exactement ce que je pense de moi,
c'est-à-dire metteur en scène
metteur en scène
qui a eu une production importante
et significative au Québec.
Mais ça se pourrait.
Qu'est-ce que tu vas faire? Admettons
demain, on annonce que dans le Petit Larousse...
J'ai réussi ma vie.
C'est pas que c'est important pour moi d'avoir mon nom dans le Petit Larousse.
Ce que j'aime là-dedans c'est que je suis mort
pis j'existe quelque part
toi tu veux laisser une trace
donc avoir une statue
j'ai choisi le métier où, tu sais le théâtre quand c'est fini
ça disparaît, c'est pas des films
c'est pas des émissions de télé
j'ai choisi le métier le plus éphémère alors que j'aimerais ça
laisser une petite trace quelque part
c'est pas ça que dans 100 ans
pis c'est
c'est orgueilleux moi c'est ça dans 100 ans, quelqu'un me dit c'était une petite trace quelque part. C'est pas ça que dans 100 ans, c'est orgueilleux.
C'est pas ça, dans 100 ans,
quelqu'un dit, c'était qui ça, ce gars-là,
Serge Denonco?
Hein?
En termes de notes,
puis qu'on aille sur Google, sur Wikipédia,
puis quelqu'un dit,
il paraît que, ah ouais, j'aimerais ça.
Le boulevard Serge Denonco.
Ah ben là, je serais content, content.
C'est qui ça?
Mais c'est bébé, hein?
Parce que j'ai aucune raison de vouloir ça,
mais oui, j'aimerais ça.
C'est parce que tu le dis à voix haute.
Il y en a beaucoup qui sont là, mais ils le disent pas.
Tu vois, moi, tous les honneurs de mon vivant,
les prix...
Ça serait le temps, là.
Ça me dérange pas, ça m'intéresse pas.
Ah, ça t'intéresse pas?
Non.
Ça veut dire la même chose.
Non, non, non.
Moi, de gagner le meilleur show de l'année,
ça m'intéresse pas.
Ah, mais mettons, avoir l'ordre, à moins que tu l'aies déjà eu.
Non, je l'ai eu.
Ah, tu l'as déjà eu.
Puis ça?
Ben, voyons, je vais te raconter ça.
Tu vas voir comment ça n'a pas de bon sens.
On m'appelle, mon téléphone sonne le matin à 9h,
donc je n'ai pas de bonne humeur.
Je réponds, bonjour, c'est je ne sais pas qui de l'Ordre du Canada.
Je dis, oui, vous avez été nommé.
Ça ne m'intéresse pas.
Je raccroche.
On dirait que je ne comprends pas.
Elle me rappelle, elle dit, elle n'a pas compris.
Oui, vous avez été nommé pour être officier
de l'ordre. Je dis, non, mais madame,
pour vrai, ça ne m'intéresse pas.
Mon agent appelle pour dire,
voyons, est-ce que l'ordre du Canada
t'a appelé? Tu dis que ça ne t'intéressait pas.
Je dis, mais qu'est-ce qu'on fait avec ça? »
« Voyons, c'est un honneur de citoyen. »
« Oui, mais je n'en veux pas d'honneur. Je n'ai pas besoin d'honneur, moi. »
« Voyons, là, Michel-Marc Bouchard qui avait mis mon nom m'a appelé. »
« Voyons. »
« Moi, les honneurs, non. Qu'on se souvienne de moi. »
Mais tu n'as pas besoin de porter ton honneur.
« Oh, mon Dieu, non. » L'as-tu re porter ton honneur. Oh mon Dieu, non.
L'as-tu reçu finalement?
Oui, je l'ai reçu.
Puis, avais-tu quand même une fierté, quelque chose?
Bien, j'étais content de faire partie d'une communauté.
Il y avait Danny Laferrière avec moi.
Il a dit, bien, coudonc,
mais je n'ai pas ça.
Tu sais, j'ai gagné, à l'époque, il y avait des masques.
J'en ai gagné beaucoup pour mes shows.
Je ne sais pas, ces trophées-là.
Ça ne t'identifie pas.
Ça ramasse de la poussière. Je ne sais pas à quoi ça sert.
Moi, j'aimais ça que mes acteurs gagnent.
Mais moi, je m'en fous.
Pour vrai, en plus, ça a l'air de la fausse humilité,
mais pas du tout.
Moi, entre gagner un prix ou me faire appeler pour monter un super show,
j'aime mieux où on m'appelle.
Qu'on ait envie de travailler avec moi.
Elle m'a dit, t'as fait une belle job
l'année passée.
C'est fini. Niveau rouge.
Tu m'en donnes trois, s'il te plaît.
Je m'en souviens plus, niveau rouge. Niveau rouge,
c'est plus personnel.
Là, on ne parlait pas de toi.
Plus personnel que toi.
On était très loin de toi
présentement.
Mais c'est peut-être... Tu vas voir.
As-tu déjà regretté ce que tu as dit à quelqu'un?
Mon Dieu, oui.
Est-ce que tu t'es déjà rendu au bout de tes limites physiques ou psychologiques?
Quelle est ta part d'ombre?
On en choisit juste une dans ce niveau-là.
C'est drôle, hein?
Ils sont quand même plus personnels.
Quel est ta part d'ombre?
As-tu déjà regretté ce que tu as dit à quelqu'un?
Regarde, je vais répondre parce que c'est la même chose.
– Ah, OK. – Et les cartes se mettent une par-dessus l'autre. – OK, parfait.
– Hum...
Ma part, moi, je suis quelqu'un de malheureux.
Par tempérament.
Puis à 30 ans, j'ai accepté que ça allait être ça.
Donc, oui, j'ai une part d'ombre.
Je suis malheureux.
La vie est lourde. C'est lourd, la vie.
C'est pas drôle, la vie. C'est pas drôle de se lever le matin.
C'est pas le fun.
Je pense pas
justement, on en parlait il y a deux minutes,
d'être en couple avec moi. T'es en couple avec un gars
qui a quand même toujours un nuage au-dessus de lui.
Toute cette affaire-là
crée
mon côté
bougon
mon côté impatient
qui fait que je dis des choses qui blessent
et là à la question as-tu déjà regretté
une fois par semaine
une fois par semaine
je regrette ce que j'ai dit
la façon dont je l'ai dit
pourquoi j'avais besoin de dire ça
absolument regrette ce que j'ai dit, la façon dont je l'ai dit, pourquoi j'avais besoin de dire ça.
Absolument.
Absolument.
Puis évidemment, il y a des niveaux.
Il y a des affaires que je regrette,
puis que tu appelles, puis tu fais, je m'excuse,
j'étais juste impatient.
Puis il y a des affaires dures, dures, dures
que j'ai pu dire.
Mon frère est mort,
moi, mais dix ans avant sa mort,
je lui ai dit ce que je pensais
de lui profondément.
Et toute la...
le malaise que j'avais
avec lui, et je ne lui ai pas adressé
la parole pendant dix ans.
Puis il a eu un accident de voiture, puis il est mort.
Bien, c'est sûr que je regrette tout ce que je lui ai dit, puis de ne pas m'être ré parole pendant 10 ans. Puis il y a eu un accident de voiture, puis il est mort. Bien,
c'est sûr que je regrette tout ce que
je lui ai dit, puis de ne pas m'être réconcilié.
Fait que, ouais.
Est-ce que ça,
ce que tu as vécu avec ton frère,
ça change la donne? Non.
Bien non, peux-tu croire.
OK. Tu ne te dis pas, je serais mieux de
régler ça pendant que les gens sont vivants?
Parce que la mort est si vite arrivée.
Je me le dis, mais ma tête me le dit.
Mais t'es pas...
Là, vas-tu me lâcher avec la mort, Marc-Claude?
Ben, on dirait que les cartes sont là avec la mort, c'est fou.
Ma tête me le dit que j'aurais dû...
Moi, je suis rancunier.
Mais rancunier, là...
OK. Donc, toi, tu dis des choses
qui blessent.
Mais si je l'ai dit, c'est parce que
je considère que tu le méritais.
Mais tu vas...
C'est la façon que c'est dit.
Si j'ai été injuste, je m'excuse.
Mais souvent, je trouve que j'avais raison.
Puis t'es rancunier.
OK. Comment ça... Ça a l'air à prendre la place,es rancunier. OK, comment ça a l'air
à prendre la place, la rancœur?
Moi, si on se pogne
pour une raison ou une autre,
en général,
non, il peut y avoir des raisons.
Dès que tu me trahis, en amitié,
en amour, dès que tu me trahis, tu me trompes,
mais tu me trahis,
je prends le temps de te rencontrer pour te dire
tu n'existes plus.
Et là,
tu n'existes plus.
Le monde n'a pas le droit de nommer ton nom
à ma présence.
On se connaît depuis 20 ans.
On est assis un à côté de l'autre à une première
au TNM. Je ne t'adresse pas
la parole. Tu n'existes plus.
Et comment tu es en dedans dans ce moment-là?
Assez bien. Peux-tu croire?
T'as pas comme un petit frisson?
Les gens à côté de moi font,
t'es à côté de ma chambre de barrette,
t'es un petit chicané.
De qui tu parles?
Tu parles de qui?
T'as barré.
Ils font, oh mon Dieu, Serge, que t'es lourd.
Mais moi, t'existes plus.
T'en as beaucoup de gens comme ça qui existent plus?
Sur la surprise, ouais. Donc c'est complexe d'être à tes côtés beaucoup de gens comme ça qui n'existent plus? C'est la surprise.
Donc, c'est complexe d'être à tes côtés.
Tous les chums qui m'ont trompé.
T'en as-tu vraiment trompé?
Oui, oui, oui.
OK, OK.
Oui, oui, oui.
Oui.
Parce que... J'ai vérifié tous les amis qui m'ont trahi.
Les amis qui m'ont trompé avec mon chum.
Ça n'existe plus.
Mais évidemment, ça existe,
puisque j'en fais un cas comme ça.
C'est une peine d'amitié aussi.
C'est un être humain que tu élimines de ta vie.
Mais je ne suis pas capable de pardonner.
Je ne suis pas capable.
Mes ex, il y a 20 ans ans qui m'ont fait mal,
je leur souhaite du mal.
Encore là, aujourd'hui.
Je le sais. Regarde comment je suis honnête.
C'est pas beau, là. C'est pas beau du tout,
du tout.
J'ai eu un ex méchant, méchant avec moi.
Méchant, méchant.
Mon téléphone sonne. C'est ma soeur qui a su.
Elle dit, X s'est fait frapper par un camion.
Fait que je fais
Y'es-tu mort? Elle dit non.
Je dis, ben tu me rappelleras quand t'auras quelque chose d'intéressant à me dire.
Clac!
Là, tout le monde fait, c'est une joke? Non!
Non!
Je trouve que cette personne-là devrait disparaître de la planète
parce que c'est une personne toxique.
Je vois pas d'intérêt à s'occuper de cet être humain la planète parce que c'est une personne toxique. Je ne vois pas d'intérêt
à s'occuper de cet être humain-là
qui est une personne méchante et toxique.
Fait que tu vois,
tu commences à rancunier.
– Bien, je comprends. Bien oui.
Puis c'est même dur à entendre.
Tu dis ça, OK.
Mais tu portes ça en toi. Est-ce que tu penses
que le fait... Je ne suis pas psychologue,
mais j'ai l'air d'avoir joué à la psychologie.
– Mais tu vois que quand même, on reste
toujours dans quel est ta part d'ombre. Oui, oui.
Est-ce que le fait de porter
cette rancœur-là et de l'accumuler,
parce que clairement, ça n'en va pas,
est-ce que c'est ce qui fait aussi que tu pourrais être impatient?
Peut-être.
Il y a quelque chose qui n'est pas léger à l'intérieur.
J'entends les gens, il y a des gens dont
l'enfant a été assassiné et qui pardonnent
au meurtrier de leur amant.
Moi, ça, pour moi, c'est des saints, ces gens-là.
Oui.
Parce que tout le monde, tous les gens qui ont vécu quelque chose de très dur
vont te dire, j'ai pardonné pour passer à autre chose.
De toute évidence, je n'ai pas compris ce concept-là, moi.
Parce que probablement que c'est vrai
que je pourrais me libérer
de ces fantômes-là.
C'est pas juste que je m'en libère pas.
Je veux pas m'en libérer.
Mais c'est ça, parce que si tu m'en remets,
on se parle plus, tu me revois.
Je prends quand même encore de la place dans ta tête
parce que tu me bloques.
T'es conscient de tout le monde.
Ben oui, alors ça serait simple de dire
« Salut Marie-Claude, on a pas le droit d'aller prendre un verre. »
Non.
Mais tu restes sur tes gardes.
Mais je le sais aussi que je te mets mal à l'aise
en niant ton existence.
C'est ce bout-là que t'aimes.
Complètement.
C'est de sentir que tu me fais réagir.
L'idée de vengeance,
je suis vraiment honnête avec toi,
l'idée de vengeance qui n'est pas un beau sentiment
chez l'être humain.
Moi j'ai ça.
Ça peut me prendre 10 ans, 20 ans. J'ai ça.
Me venger. T'attends dans le détour.
Oui. Me venger, là.
Ou la vie me venge. Souvent, c'est pas moi
qui va faire. La vie me venge.
Pis mes amis
qui me connaissent bien, fait, tu vas être content.
X.
Pis je suis content.
Mais être ton ami, c'est exigeant, là, être ton ami c'est exigeant
être ton ami
parce que tu ne peux pas être du côté des exclus
non
exactement
il y en a qui me le disent
là, je ne t'ai pas trahi
non
parce que si ça part dans ta tête
on ne revient plus si je fais je suis là on. Non. Parce que si ça part dans ta tête, on ne revient plus.
Oui, oui.
Si je fais, je suis là, je suis là.
On s'entend que tout ça,
je mets ça sur le dos des autres,
c'est un manque de confiance en moi.
Tellement.
C'est sûr, parce que c'est le point commun de tout ça.
Oui, ça veut dire que j'ai peur d'être trahi.
J'ai peur d'être trompé.
J'ai peur d'être trompé.
Oui, c'est clair.
Mais tu sais, j'aimerais tellement ça,
moi, avoir cette notion-là
du pardon.
Je ne veux pas ça.
Mais je pense que, honnêtement, ça te ferait du bien.
Je le sais bien.
Ça t'aiderait.
Mais je suis bien d'accord avec toi.
Moi, je pense que ça ferait, ouf, bon, OK.
Mais oui. Mais je suis d'accord avec toi.
Parce que tout ça, ça grue.
Là, moi, je me plais
à penser que ça nourrit
mon travail de mise en scène.
Cette part d'ombre en moi,
je la fais travailler aux acteurs.
Tu essaies de donner un sens.
Exactement.
Puis n'essaie pas de me l'enlever, le sens,
parce que ça me rassure de penser ça.
En tout cas, moi, ça ne me rassurerait pas
d'être ton ami.
Mais attends, je suis un bon ami. Non, mais ça, je rassurerait pas d'être ton ami. Parce que... Mais attends,
je suis un bon ami.
Non, mais ça, j'ai pas de doute, mais tu veux...
Justement, tu dis, OK, là,
ça, c'est précieux, il faut vraiment...
Mais si t'es pas une...
Si t'es pas une... Une traite?
Une traite, t'en auras pas de problème.
T'en auras zéro
problème.
Oh, Rose, pauvre toi. Puis ce que je trouve beau là-dedans, parce que moi, j'aime bien le fait que, regarde, quand t'es auras zéro problème oh Rose, pauvre toi ce que je trouve beau là-dedans, parce que moi j'aime bien le fait
que regarde, quand t'es pas là, t'es pas là, quand t'es là, t'es là
ça, j'aime beaucoup
t'entendre là-dessus, parce que
c'est que t'es plus dans ton moment
t'es là où ça se passe
il y a des gens que j'aime beaucoup ici, à Montréal
bon, je les vois pas, j'ai pas le temps, je fais une mise en scène
je suis avec toi, etc, je les vois pas
et je me suis acheté une toute petite maison
en Italie, où il y a un petit studio pour les amis
et là, le monde a dit
on va profiter, coudonc
ma soeur, des grands amis disent
écoute, si t'es amie avec Serge
prends le temps d'aller le voir en Italie
là, il y a juste une chose à faire
c'est s'occuper de toi
alors moi, là, j'ai le temps
là, là, je passe la journée
avec ces gens-là, on placote, on prend un verre de vin.
Tout le temps que je leur donne pas,
là, parce que
cet endroit-là a été créé pour ça.
C'est un endroit de vacances, c'est un endroit
de plaisir. Fait que là, puis moi,
j'adore ça être tout seul.
Mais si j'ai des... C'est pour ça que j'ai fait bâtir
un petit studio à côté pour pas que les gens
soient dans ma maison.
Mais t'es bien.
T'es bien en Italie, j'imagine.
Ah oui, oui, oui. Puis là, les gens viennent me voir
puis ils découvrent un autre Serge, beaucoup plus relax.
Beaucoup plus...
Il a plus d'humour dans le sens que...
On n'a pas été servis, on n'a pas été servis, coudonc.
Mais il prend le temps.
Il prend le temps de prendre les enfants de mes amis
pour aller les amener visiter un truc.
Mon trip, c'est de les amener
prendre un apéritif avec des cocktails
non alcooliques.
Ils ont 12 ans.
Des mocktails.
Des mocktails.
Ils trouvent ça chic parce qu'on est en Italie
et ils prennent des mocktails
dans des coupes à champagne.
Je fais ça sans les parents.
On parle d'amour et de la vie
avec une petite fille de 12 ans, je trouve ça formidable.
Fait que,
quand j'ai le temps,
je m'en occupe de mes amis.
Mais aimerais-tu ça avoir plus de temps
pour justement être dans cet état-là?
Bien, oui et non.
J'aime tellement ma job, Marie-Claude.
J'aime tellement ma job. J'aime tellement ça,
faire de la mise en scène.
Mais comme je ne suis pas un robot,
il faut que je prenne du temps.
Ce temps-là, quand je peux le prendre en Italie,
avec des amis, dans un autre
espace-temps,
je ne sais pas si tu es allé en Italie,
mais il y a comme quelque chose qui se passe.
Le vin rouge,
les pâtes, le soleil,
etc. Puis moi, je dis à mes amis,
on ne voit pas, on s'ennuie.
Bien, qu'est-ce que vous faites au mois de juillet?
Bien, prenez 10 jours, venez me voir en Italie.
Puis là, je suis ravi, ravi, content, content.
Puis là, je deviens un peu aspergal.
Je leur fais le guide.
C'est gratis.
Puis là, je leur dis, fermez vos yeux, fermez vos yeux.
On arrive en haut d'une falaise, je fais de la mise en scène.
De dévissement.
Mais l'autre, tu sais, ils font, voyons, on a un guide gratis, ami, d'un garsise, je fais de la mise en scène des visites. Mais d'autres, ils font, voyons,
on a un guide gratis, ami
d'un gars qui vit là depuis 40 ans.
Puis t'as du fun.
Mais t'as trouvé ta place.
Oui.
Toi, le niveau Eros, je le sais, ça te fait pas peur pas en tout.
Ben, on en a beaucoup parlé,
fait que je sais pas ce qu'on va dire.
Écoute, on en a fait six.
T'es en page cinq, t'en choisis une.
Fait qu'on s'est dit comme ça, on peut aller dans toutes les sphères.
Pour être sûr que tout le monde est à l'aise.
Je vois pas.
Je suis très à l'aise.
Tu peux en piger une et répondre.
Ah! C'est bon.
C'est laquelle?
Quel souvenir gardes-tu de ta première fois?
Alors. C'est comme si j'avais deux premières fois. souvenez, gardes-tu de ta première fois? Alors,
c'est comme si j'avais
deux premières fois.
La première fois à Touche-Pipi
avec les amis du quartier.
Mais c'est une première fois.
C'est une exploration.
Ouais, OK.
Et ma première,
première fois,
déception totale.
Tout ça pour ça.
Tout ce...
Tu veux dire, cette...
Bien...
Ce désir, c'est...
Mais pas juste ça, les films.
Les films, l'amour, la musique, l'amour, la vie sexuelle,
l'éveil de la vie sexuelle,
les grandes scènes d'amour au cinéma.
Puis là, tu te dis,
ça va être moi, ça va être moi, ça va être moi, ça va être moi, ça va être moi,
puis là, t'sais, non, non, puis là, t'es...
Parce que moi, c'était pas une relation sexuelle
avec n'importe qui, c'était avec
quelqu'un dont j'étais tombé amoureux.
Et puis là, l'excitation,
le climax,
l'orgasme,
j'étais...
Mais écoute donc, J'étais... Ben, écoute donc.
J'étais un petit peu...
beurré, sali,
humide, mouillé.
C'est fini, cette affaire-là.
Écoute donc.
C'est pas...
C'est pas...
Ton château de carte.
Je m'attendais à quelque chose.
Je sais pas à quoi je m'attendais.
Je m'attendais toujours bien qu'il ne sais pas à quoi je m'attendais.
C'était entrave, en tout cas.
Je m'attendais toujours bien qu'il y ait de la musique comme dans les films.
Mes enceintes, tu n'avais pas de mes enceintes.
Puis là, j'ai fait, voyons,
j'ai du sperme sur la bédaine.
Là, il faut que je fasse semblant
que je suis content, mais je veux juste me lever
pour aller m'essuyer ça et prendre une douche.
C'est ça que tout le monde
parle, que c'est supposé d'être
l'expérience de ta vie.
Mon Dieu, j'ai trouvé ça ordinaire.
Mais qu'est-ce que je te dis?
Tu pourrais pas dire
que j'ai pas été honnête avec toi, en tout cas.
Est-ce que
ça a été long avant
de faire
une mise en scène?
Mais veux-tu savoir quoi?
Alors après ça, premièrement,
j'ai su c'était quoi. Fait que là, je savais à quoi m'attendre.
Fait que là, j'étais le profite au maximum
de ce que t'aimes là-dedans, parce que ça va toujours bien finir
par un petit orgasme
avec une cuillerée
à soupe de sperme.
Ça finit toujours de même.
Et des fois, c'est super le fun.
Des fois, on rit.
Des fois, c'est agréable.
Mais des fois, c'est comme cette première fois-là.
Je me dis, voyons, toujours pour ça.
Moi, je fais du spaghetti,
j'étais à acheter du vin,
les maudits préliminaires.
Je fais une Netflix, tout ça.
Je trouve qu'on...
Je trouve qu'on met beaucoup d'emphase sur...
Il faut être heureux sexuellement, il faut avoir une vie sexuelle.
Je trouve qu'on met beaucoup d'emphase là-dessus.
Puis que, quand ça t'arrive,
quand il y a une complicité, une chimie sexuelle,
profitant, c'est formidable.
Ça n'arrive pas à toutes les cinq minutes. Ce n'est pas vrai avec tout le profite-en, c'est formidable. Ça n'arrive pas à toutes les cinq minutes.
Ce n'est pas vrai avec tout le monde. Des fois, c'est plate.
Les femmes,
je pense, vous le savez encore plus, que les gars,
comment ça peut être plate faire l'amour
quand c'est plate.
Que ton chum ou ton amant se zigne
sur toi alors que tu attends juste que ça finisse.
On est-tu obligé?
Combien de fois
vous faites l'amour par semaine?
Y a-tu un chiffre magique?
Non. Les sexologues vont tout le temps répondre à ça.
C'est l'entente du couple
ou des deux partenaires.
La fréquence,
ça appartient à cet espace-là.
Quand on parle de fréquence, je peux te dire
cette semaine, zéro. La semaine prochaine, zéro.
La semaine d'après, zéro. La semaine d'après,
huit fois. Parce que j'ai rencontré
quelqu'un, parce qu'il se passe de quoi, etc.
Puis là, j'ai arrêté de me dire, bien là...
Il n'y a pas de réponse à ça.
Il y a des sexologues qui vont dire,
il y a des couples, ça va être une fois par année,
mais ils s'entendent là-dessus.
L'enjeu dans le couple, c'est quand
il n'y a pas d'entendre
c'est-à-dire que le désir n'est pas le même
il voudrait avoir plus
de relations sexuelles
il y a quelqu'un qui n'est pas là
à ce moment-là dans sa vie
je pense que les gens
mentent beaucoup
sur leur vie sexuelle
ils en belissent, ils en rajoutent
moi le nombre de personnes que je vois qui font une petite face comme s'ils avaient une vie sexuelle. Ils embellissent, ils en rajoutent. Moi, le nombre de personnes que je vois
qui font une petite face comme s'ils avaient
une vie sexuelle wild,
je te crois pas.
Pourquoi t'as besoin de te vanter de ça?
Je te crois même pas.
C'est correct de dire, moi, je suis abstinent
depuis un bout de temps parce que ça m'adonne pas.
T'as le droit,
c'est pas mon cas,
mais t'as le droit, tu vois ça les jeunes woke, t'as le droit d'être asexuel, t'as le droit, c'est pas mon cas là mais t'as le droit, tu vois ça les jeunes t'as le droit d'être asexuel
t'as le droit de pas aimer ça
ou de pas avoir envie
c'est pas si grave
pis tu sais, quand t'as un partenaire
ben ça dédramatise aussi
parce que des fois c'est pas facile
de communiquer quand on arrive
dans la zone intime
mais d'être capable de le dire,
ça enlève la pression à tout le monde.
Mais ce n'est pas tout le monde qui est capable de le dire.
Je le sais.
Mais souvent, c'est une cause de séparation
dans les couples, l'aspect sexuel.
Parce qu'il y a comme une déception
ou encore...
C'est pour ça que ce que tu disais tout à l'heure,
les couples qui sont au même diapason,
qui ont la même envie, la même fréquence.
Il y en a peu.
Tu sais, quand on pense que
chez les hommes, ton top
c'est à 17-18 ans,
chez les femmes, c'est à 35.
Déjà, ça veut dire, puis je vous le souhaite
mesdames, que toutes les femmes de 35
devraient se trouver un jeune amant
qui les satisfasse complètement
puis qui est en forme.
Mais la société
ne fonctionne pas tellement comme ça.
Non, c'est ça. Pas tout à fait.
Après ça, tu as les femmes qui accouchent.
Pas pour tout le monde, mais j'ai des amis
qui n'avaient plus le goût.
Mais le gars, lui, encore...
Mon Dieu, c'est compliqué.
Quand on accouche, on est en train d'allaiter,
on est épuisé, le bébé est quand même passé par le vagin.
Dans certains cas, si t'as eu une césarienne,
t'as eu une chirurgie.
– Je trouve que Dieu a assez bien fait les choses,
sauf ça.
– C'est tough, pour me dire.
La ménopause, c'est...
– Tout ça.
La ménopause chez les femmes,
je ne suis pas un expert, je ne m'avancerai pas.
– Je vais te ramener.
– C'est une chose, ma mère nous a fait souffrir à sa ménopause, les femmes, puis là, je ne suis pas un expert, je ne m'avancerai pas. Non, non, mais je vais te ramener. C'est une chose, moi, ma mère,
elle nous a fait souffrir à sa ménopause,
tu n'as pas d'idée.
J'avais 5-6 ans,
puis à moins 30 dehors,
toutes les fenêtres étaient ouvertes,
on avait nos habits de skidoo.
Elle disait, je m'en fous, moi j'ai chaud.
Je m'en souviens précisément,
mais l'andropause qui existe,
je peux te le dire,
tu as un moment à l'andropause qui existe, je peux te le dire, tu as un moment à l'andropause
où, quand ça arrive,
où tu redeviens
un adolescent.
Et c'est là, le démon du midi,
que les gars lâchent leur femme,
puis ils s'achètent des pantalons
en cuir, une moto, puis ils s'en vont
avec une jeune fille, beaucoup trop jeune pour eux.
Mais ça existe.
Je l'ai vécu, moi.
C'est comme si t'avais 15 ans.
Fait que t'avais envie de...
Est-ce que t'allais vers des gars plus jeunes que t'avais...
Non, c'était pas tant ça. C'était une grosse libido.
OK. OK.
Puis mon médecin m'avait dit, ben, profite-en.
Ça, c'est la crise de l'endropo juste avant que tout ça...
Ça existe.
C'est hormonal.
Fait que là, il faudrait qu'on le dise,
que les femmes sachent que ton mari est vers une crise,
occupe-toi-en, puis que les hommes
sachent aussi c'est quoi la...
Occupe-toi-en ou en tout cas, parle-les-en.
Oui, mais c'est mal fait, parce qu'au moment où nous autres,
on a le goût... Là, je fais comme si j'étais
bien hétéro, tu sais.
Au moment où nous autres, on a le goût,
vous, les femmes... Mais de quoi je me mêle?
Je connais pas.
C'est parce que pour les femmes,
tu sais, moi, je peux parler des femmes,
c'est qu'il y a beaucoup de fluctuations
dans les changements hormonaux.
Il y a la charge mentale aussi
quand t'as les enfants ou quand t'es proche aidant
qui prend bien de la place.
Et pour plusieurs femmes,
l'aspect préliminaire, c'est important.
Pour justement, tu sais, comme mettre ça,
je veux dire, comment que je dirais ça
mais
essayer de descendre cette énergie-là
de la charge mentale, passer à autre chose
tu comprends?
parce que sinon tu vas-tu
tu vas-tu avoir une relation sexuelle
sinon tu penses
c'est une espèce de chambre de décompression
oui c'est un sas
tu comprends les préliminaires deviennent un sas
puis ça peut commencer par un texto le matin c'est comme on se prépare tranquillement tu comprends il les préliminaires deviennent un sas. Puis ça peut commencer par un texto le matin.
C'est comme on se prépare tranquillement.
Tu comprends, il se passe quelque chose.
Mais pour une femme, souvent,
« Hey, là, minute, excuse-moi, mais je suis ailleurs. »
Alors que les hommes, c'est plus instinctif.
Il y a une différence.
Puis qu'on soit entre deux femmes, deux hommes,
il y a quand même aussi des différences entre les individus.
Je veux pas généraliser, mais tu sais,
dans toute la littérature, tu sais, tout ce qui est écrit,
puis, tu sais, moi, je l'ai vécu aussi,
c'est, on a beaucoup de changements hormonaux,
on a beaucoup de choses dans nos têtes, puis,
mais faut le dire, faut le communiquer,
et oui, la ménopause aussi, c'est pas
pareil, tu sais, t'as la périménopause, la ménopause,
il y a des femmes qui vont dire, moi, j'ai vu aucun changement,
puis il y en a d'autres qui vont dire
écoute, la sécheresse vaginale, la baisse
de libido, la fatigue
je me sentais différente dans mon corps
je me sentais pas désirable
parce que souvent quand la ménopause arrive
l'andropause, on est au top de notre carrière
on est bien occupé
pis là, tout à coup
arrive cette affaire-là
qui... toi tu t'es senti possédé par ta libido? hé là là, j à coup, arrive cette affaire-là qui...
Toi, tu t'es senti possédé
par ta libido?
J'avais 15 ans. J'avais des boutons.
J'avais de l'acné.
Puis là, t'avais quel âge dans le vrai?
50, quelque chose.
OK, c'était hormonal pour vrai.
Puis là, avais-tu l'impression
d'être impuissant?
Pas d'être impuissant, mais d'être tout puissant.
Bien, pas tout puissant. J'avais comme juste le médecin me l'a dit, puis j? Pas d'être impuissant, d'être tout puissant. Non, pas tout puissant.
J'avais comme juste le médecin me l'a dit,
puis j'ai fait, mon Dieu, je vais en profiter.
J'en ai profité.
T'en as profité.
Oui, j'en ai profité.
T'as eu du fun?
Beaucoup.
Beaucoup.
Parce que je trouve qu'on fait beaucoup mieux l'amour
à 50 ans qu'à 22 ans.
Oui.
Je trouve qu'on sait ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas.
Fait que oui.
Oui, parce que moi, jeune,
et Dieu sait,
j'ai consommé,
je pense plus
comme ma gaspissette
que parce que j'avais moi-même
beaucoup de plaisir.
J'aimais être...
T'aimais séduire?
Ouais, ouais.
C'était ça ça mon gros fun.
Pour vrai. C'était vraiment ça.
Pis j'étais quand même un gars de bar.
J'allais dans les discos. J'aimais séduire.
Et c'est le grand choc de la vie ça.
Parce qu'à un moment donné, t'es beau,
les gens se retournent sur ton passage.
Tu marres dans le rue, les gens se retournent.
Pis un jour, ils se retournent plus.
Pis là tu fais,
OK,
qu'est-ce qui me reste de séduisant
ça
c'est un moment dans ta vie où tu dois te dire
j'ai-tu une belle personnalité
moi je suis drôle, je suis intéressant
parce que l'affaire de se retourner
sur son passage
n'existe plus
puis moi je vais être un deuil de ça
quand c'est arrivé
puis personne ne me regarde c'ai fait un deuil de ça quand c'est arrivé puis personne ne me regarde
c'est
un gros deuil
là t'es-tu en paix avec ça?
oui complètement
mais tu l'as senti
pour une femme aussi on le sent
cette transition là
le regard de l'autre
c'est plus la même chose
non mais tu sais, j'ai toujours
la phrase que j'haïs, là.
Mettons,
Serge Dononco, il est beau.
Puis le jour où tout à coup, la phrase,
elle devient, Serge Dononco, c'est un bel homme.
Tu le sais
que c'est terminé, que vient de se passer
quelque chose, là.
Michel Louvin, c'est un bel homme.
Bernard de Rome, c'est un bel homme. Bernard Derome, c'est un bel homme.
Puis, je ne sais pas qui,
Éric Bruno, il est beau.
Tu sais que tu viens de tomber dans une autre catégorie.
Mais tu y as goûté quand même à Yébo.
Oui, j'y ai goûté.
La dernière question, c'est drôle parce que
souvent, ce n'est pas celle-là qui est en dernière question.
Puis, je l'ai choisie pour toi.
Puis, écoute,
il y en a qui n'ont rien à dire
sur cette question-là. J'avais un feeling
avec toi. Qu'est-ce que tu veux qu'on
retienne de toi?
Non, mais j'ai quelque chose à dire.
Bien oui. Puis
je suis contente que ce soit
cette dernière question-là.
Tu sais, il y a beaucoup de blagues à mon sujet,
puis des blagues que je fais moi-même,
puis un personnage télévisuel,
tout ça, le bougonneux, le ci, le ça.
Moi, j'aimerais ça qu'on dise de moi,
aujourd'hui, de mon vivant,
mais franchement, que j'étais généreux.
Généreux de mon temps.
Si tu as besoin de mon temps,
je te le donne.
Si tu es dans la marde monétairement, je te le donne.
Si
tu as de la misère avec ton rôle,
je vais prendre tout le temps qu'il faut pour qu'on y arrive.
Même si je suis impatient,
même si je parle fort,
parce que je pense que c'est une des plus belles qualités.
Il faut être généreux.
Il faut être généreux avec les autres.
Il faut être généreux avec soi.
Il faut être généreux.
Et ce n'est pas une affaire de quantité,
une affaire de qualité.
Hier, quelqu'un que je ne connais pas tant que ça,
que je ne suis pas tant ami,
m'a appelé pour se confier.
Je dis à une amie en disant
d'où est partie du principe
elle, qu'elle allait se confier
à moi, pourquoi
elle dit bien
étrangement toi qui as une grande gueule
t'écoutes bien
tu juges pas
pis moi je juge jamais
tu sais moi j'ai des adultes
dans ma vie qui ont eu des enfants
pis qui ont demandé à leur enfant
c'est une espèce de, pas de tradition mais de façon de faire
autour de moi
de dire je sais que tu me diras pas tout
je veux que tu choisisses un adulte
dans notre cercle
à qui tu vas aller te confier
si t'es dans la merde de quelque chose
que tu veux pas nous dire à tes parents.
La plupart des ados m'ont choisi moi.
Je suis sûr de trouver Marie-Claude avec des histoires.
Des histoires de...
Ah!
Et tous ces ados-là
savaient qu'il va se fâcher,
il sera pas content,
mais il jugera pas.
Puis t'sais, là, je nommerera pas. Pis t'sais, là,
je nommerai personne, pis je...
Mais t'sais, d'avoir des petites filles
enceintes, qui veulent se faire avorter,
pis qui veulent pas le dire à leurs parents.
Gros cas de conscience.
Il faut que tu sois honnête, honnête.
Fait que je fais, je te le dis.
Je vais le dire à tes parents.
Non, non, non, non, non, mais je te jure
qu'ils ne feront pas d'histoire.
Puis là, tu appelles les parents.
Là, j'ai juré
qu'elle ne se ferait pas chicaner.
Fait que vous ne faites moi pas ça,
parce que là, j'ai un lien de confiance, etc.
Je raconte ça pour te dire,
cette générosité-là, entre guillemets,
je l'ai.
Je l'ai avec plaisir,
avec bonheur d'accompagner
un autre être humain.
Surtout,
s'il est en train de se construire,
cet être humain-là,
j'ai beaucoup, beaucoup d'adolescents, moi, dans ma vie,
filles, gars,
etc.
Ces êtres humains, j'en ai du temps pourolescents dans ma vie, filles, gars, etc. C'est les êtres humains qui sont...
J'en ai du temps pour eux.
J'en ai.
Pour les amener au théâtre,
pour discuter, pour parler.
Oui.
Mais c'est ça que j'aimerais
qu'on retienne de moi.
Pas tout le personnage public.
C'est un bel homme généreux. Bien... Plus généreux qu'euxienne de moi. Pas tout le personnage public. C'est un bel homme généreux.
Bien, plus généreux
que... Mais ouais.
Mais généreux, j'aime ça parce que
quand tu parlais des roms tantôt, les jeunes
que tu as accompagnés,
c'est de la générosité.
Je pense que oui,
mais tu sais, la générosité,
on le sait tous,
c'est parce que ça nous rapporte.
C'est correct que ça nous rapporte.
Moi, ces moments-là, avec des plus jeunes,
j'apprends sur cette nouvelle génération-là.
Avec les Roms, j'ai appris la résilience.
Cette générosité-là,
elle t'est toujours remboursée. Oui.
Tu ne perds jamais. Ce n'est pas comme de l'argent que tu prêtes à quelqu' t'est toujours remboursée.
Tu ne perds jamais.
Ce n'est pas comme de l'argent que tu prêtes à quelqu'un qui ne te rembourse jamais.
Si tu prends le temps d'écouter quelqu'un,
si tu prends le temps d'accompagner quelqu'un,
je te jure que ça te revient.
Oui, mais quand tu as l'élan de la générosité,
tu sens le retour après.
Tu le constates.
Yvon Deschamps, qui s'est toujours impliqué
socialement, disait qu'on ne s'impliqueiqué socialement disait on s'implique pas pour les autres
on s'implique pour soi
ça veut dire que tu vas faire le bon choix
aussi d'implication
qui va te parler et c'est là que tu deviens
extrêmement généreux et tu t'en vas pas
tu vas pas fuir parce que tu l'as d'abord
choisi pour toi
mais aussi
pis moi je suis pas catho
mais on est là,
je ne sais pas combien de milliards
d'êtres humains sur la Terre,
à un moment donné,
si un de ces milliards-là
à côté de toi souffre
puis que tu peux faire quelque chose,
je pense qu'il faut le faire.
Je pense qu'il faut le faire.
Moi, je suis sauvage, je n'ai pas besoin des autres,
mais je comprends quand même
que je vis avec plein de monde autour de moi.
Dans une société.
Parmi ces gens-là, il y a des gens qui ne vont pas bien
et que je suis peut-être là,
à ce moment-là dans leur vie,
la solution, la réponse,
ou en tout cas, le proche aidant.
Je n'ai pas le choix
parce que sinon,
tout va virer
tout croche dans le monde
si on fait pas ça. Là, je te parle pas d'aller faire
des oeuvres humanitaires avec tes amis
autour de toi.
À la hauteur de ce que t'as envie de faire.
Merci, Serge de Noncourt, de ta vérité.
Ça a été un plaisir.
S'il y a une affaire que j'avais pas prévue,
c'était de parler de la sexualité féminine.
Je te prends à parler de n'importe quoi, mais je n'avais pas
prévu. Mais tu n'as entendu parler déjà.
C'est ça, on sent quand même
que tu as côtoyé la sexualité féminine.
Merci, Marc-Claude. Merci, ça a été
vraiment un plaisir de t'avoir à
Ouvre ton jeu. Merci tout le monde d'avoir été là.
Écoute, je suis heureuse de te susciter de
vivre réaction. Tu me diras ça.
On te dira ça. Bye bye.
Cet épisode était présenté par
Karine Jonca, la référence en matière
de soins pour la peau au Québec.
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